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LE JOURNAL FRANÇAIS DES ÉTATS-UNIS Avril 2012 www.france-amerique.com Guide TV5Monde ROOSEVELT 2012 Un appel au New Deal François Cluzet HÉROS ATTACHANT D’INTOUCHABLES FOIE GRAS Bientôt prohibé aux USA BORDEAUX OU NAPA Quel type de vin êtes-vous ?

France-Amérique Avril 2012

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Numéro d'Avril 2012

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LE JOURNAL FRANÇAIS DES ÉTATS-UNIS Avril 2012

www.france-amerique.com

Guide TV5Monde ROOSEVELT 2012 Un appel au New Deal

François CluzetHÉROS ATTACHANTD’INTOUCHABLES

FOIE GRAS Bientôt prohibé aux USA

BORDEAUX OU NAPAQuel type de vin êtes-vous ?

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SOMMAIRE

CinémaDes Intouchables en Amérique

PortfolioLa France et les Françaisvus par The New Yorker

HistoireHenri IV, roi du marketing

Point Final Père Siffert, l’âme des Français de San Francisco

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Instantanés

Annuaire

Petites annonces

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Vie en France

Chronique écopar Isabelle Delalex

Chronique Livres par Jean Le Gall

Roosevelt 2012 Un appel au New Deal

Food & Wine12 Le foie gras en porte-à-faux14 France vs Californie : la guerre des vins a toujours lieu18 Saveurs : la pâtisserie selon Dominique Ansel

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Photographie : Jonas Cuénin www.jonascuenin.com

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L E J O U R N A L F R A N Ç A I S D E S É TAT S - U N I S

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Publisher Louis F. Kyle, 212-221-6700 ext. [email protected] Editor in ChiefGuénola Pellen, 212-221-6700 ext. [email protected] New York Mathilde Fassin, 212-221-6700 ext. [email protected]étaire de RédactionAgnès KerrArt Direction & Design Fabio CutróWeb Editor Gaétan Mathieu, 212-221-6700 ext. [email protected] Katia Bitsch, Isabelle Delalex, Jean Le Gall, Mylène Hassany, Rita Jammet, Hervé Lalau, Anne Prah-Perochon, Curtis RooseveltCopy Editing Marie-Nicole Elian, Laure DupontMarketing & Digital CoordinatorsCC Glenn & Gina Lorenz, 212-221-6700 [email protected] [email protected] AdvertisingJulie Singer, 212-221-6700 ext. [email protected] & [email protected]@francetoday.comSubscription Fulfillment ManagerAhjin Kim, 212-221-6700 ext. [email protected]

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VIE EN FRANCE

Les jeunes électeurs représentent 13 % du corps électoral. Plus abstentionnistes et plus inconstants dans leurs choix, comment abordent-ils l’élection présidentielle ? Entretien avec Anne Muxel, auteur du livre Avoir 20 ans en politique. Les enfants du désenchantement, et directrice de recherche au Centre de Recherches Politiques de Sciences Po.

Propos recueillis par Agnès Kerr

Vous dites que la politique est une histoire de fa-mille. Les jeunes votent-ils comme leurs parents ?

La famille joue toujours un rôle impor-tant dans la formation des choix poli-tiques. La politique est même ce qui se transmet le mieux. Les deux tiers des Français, jeunes et moins jeunes, s’inscrivent dans la continuité de l’orientation politique de leurs parents, gauche, droite, ou ni gauche ni droite. Mais en termes de vote, c’est moins affirmé. On peut voter à gauche ou à droite comme ses parents, mais pour un autre parti à l’intérieur du camp de la gauche ou du camp de la droite.

Les enfants de la génération Mit-terrand font-ils aujourd’hui partie de la génération Marine ?À la veille de l’élection présidentielle de 2012, 20 % des 18-24 ans déclarent leur intention de voter pour Marine Le Pen au premier tour, soit une proportion un peu supérieure à celle que l’on trouve dans l’ensemble de l’électorat. Marine Le Pen sait attirer une partie de la jeu-nesse sortie du système scolaire de façon précoce et sans diplôme, déjà au travail, connaissant des difficultés d’insertion professionnelle et ressentant un manque de reconnaissance sociale. Mais il y a un vrai clivage entre cette jeunesse et la jeunesse étudiante qui se tient très à distance du Front national, s’y oppose même souvent et est toujours assez mar-quée à gauche.

Observe-t-on des différences en-tre les jeunes femmes et les jeunes hommes ?Les jeunes femmes, même à niveau d’instruction égal, restent toujours plus en retrait de la politique que les jeunes hommes. Elles s’intéressent moins à la politique politicienne. Elles ont aussi un niveau de connaissance politique plus restreint. Néanmoins, elles sont présentes sur le terrain de l’action col-lective. Elles viennent à la politique par des valeurs ou des causes qui dépassent la seule sphère de la politique stricto sensu. En matière de choix politiques, lors de l’élection présidentielle de 2007, elles avaient nettement plus voté pour Ségolène Royal que les jeunes hom-mes. Enfin, elles sont nettement plus en retrait de la tentation du vote pour le Front national.

Aux États-Unis, les jeunes ont porté Obama à la présidence. Peuvent-ils faire pencher la balance à gauche en 2012 ?À un peu moins de trois mois du scru-tin, les intentions de vote des jeunes privilégient nettement François Hol-lande. Les 18-24 ans représentent en France 13 % du corps électoral et le vote des jeunes sera bien sûr décisif sur l’issue du scrutin.

En savoir plus : Avoir 20 ans en poli-tique. Les enfants du désenchantement, Anne Muxel, Ed. Seuil, 2010. ■

jeuneLe bulletin

La génération Internet a-t-elle les mêmes pratiques politiques ou militantes que ses aînés ?La généralisation d’Internet et des ré-seaux sociaux a développé non seule-ment des nouvelles représentations de la politique, mais aussi de nouvelles pra-tiques. La circulation de l’information politique sur le Net induit non seule-ment une exigence démocratique d’un type nouveau, mais aussi une demande plus pressante de résultats adressée aux politiques. Par ailleurs, les modèles clas-siques de militantisme partisan ne sont plus en usage. Aujourd’hui les jeunes se mobilisent au travers d’actions col-lectives directes, sans la médiation des organisations politiques traditionnelles, comme par exemple les flashmob (mo-bilisation éclair) qui sont organisées à partir des réseaux sociaux et d’une dif-fusion sur le Net.

Quelles sont les valeurs ou les thé-matiques qui sont déterminantes chez les 18-30 ans dans le choix d’un candidat ?L’honnêteté et l’engagement sont les qualités que les jeunes réclament en pre-mier. Mais surtout ils attendent que cet engagement politique débouche sur des mesures concrètes. Ce sont moins les discours que les actions qui sont atten-dues. Ce qui caractérise le rapport des jeunes à la politique aujourd’hui est cet alliage entre des idéaux universalistes et un pragmatisme en matière politique, comme au sujet de l’économie.

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EXPO

EXPO

Robert Combas à LyonL’un des pères de la Figuration libre des années 80 fait son grand come-back au musée d’Art contemporain de Lyon dans une exposition rétrospective plutôt originale. Au son de hits rock issus de la discothèque de Robert Combas, le visiteur pourra (re)découvrir tout l’univers coloré et musical du peintre. Plus de 600 œuvres - peintures, sculptures et dessins, créations visuelles et sonores - sont exposées sur les trois étages du musée. L’artiste sera présent quotidiennement sur les lieux. On pourra ainsi le voir à l’œuvre dans une reproduction à l’identique de son atelier parisien. Des œuvres inédites seront créées sous l’œil des visiteurs. Robert Combas se mettra également en scène lors de quelques concerts rock de son groupe Sans Pattes.

« Greatest Hits », jusqu’au 15 juillet 2012 au musée d’Art contemporain de Lyon.

Picasso intime à RoubaixLe peintre espagnol ouvre les portes de son atelier au musée La Piscine de Roubaix, grâce à des clichés inédits du pho-tographe américain David Douglas Duncan. Une exposition hors du commun qui rend hommage à la fois à l’artiste et au photojournaliste américain, qui l’a immortalisé à plusieurs reprises en plein travail, dans l’intimité de son atelier. Ainsi, une série de clichés pris entre 1956 et 1973 sont exposés aux côtés des œuvres de Picasso, opérant une sorte de mise en abîme entre les œuvres du peintre et les photographies. Le jeu consistait à retrouver les œuvres qui apparaissent sur les photographies pour les besoins de l’exposition. Elles sont issues de collections particulières ou publiques et se concen-trent sur une période très créative de Picasso, particulière-ment portée sur la sculpture. On y retrouvera notamment La Tête de Taureau ou encore La Guenon et son petit. Un dialogue original entre deux arts, à découvrir jusqu’au 20 mai dans le Nord de la France.

« Picasso à l’œuvre. Dans l’objectif de David Douglas Duncan », jusqu’au 20 mai 2012 au musée La Piscine de Roubaix.

VIE EN FRANCE

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Pablo Picasso dansant devant Baigneurs à la Garoupe, 1957. Cannes, Villa la Californie, collection particulière.

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LA CHRONIQUE ÉCO

Selon la « 15th Annual Global CEO Survey 2012 » de PWC*, 56 % des chefs d’entreprises américains déclarent avoir en-

registré des pertes en relation directe avec la crise de la dette souveraine européenne l’an dernier. Souvenons-nous que ces entreprises ont des reve-nus en euros qui correspondent à une activité économique tangible et non spéculative. Le spectre d’un retour à la drachme, l’escudo, la peseta et la lire donne des cauchemars à ces crédi-teurs. Un retour à des monnaies natio-nales serait accompagné de pertes de revenus proportionnelles à la dévalua-tion des termes de change entre l’euro et ces nouvelles monnaies. Tant que l’euro reste la monnaie d’échange, les entreprises négociant avec ces pays du sud de l’Europe peuvent limiter leurs pertes en utilisant des techniques de couverture de risques de change sur les marchés financiers (les currency swaps). Ces techniques de gestion de risque ne peuvent être utilisées pour des monnaies qui n’existent pas en-core.

Dans ce contexte, le succès de l’opération de refinancement de 206 milliards des 368 milliards de la dette publique globale grecque tenue par ses créanciers privés le 8 mars 2012, a réduit la probabilité de l’abandon de l’euro par certains pays membres. Cette restructuration a le mérite de ne pas exacerber les déficits des fi-nances publiques. En effet, ce sont les investisseurs qui, en échangeant leurs anciens titres contre des nouveaux, enregistrent une perte estimée à 53,5 % en termes nominaux.

La décote réelle de ces titres (en prenant en compte les intérêts futurs) serait de 73 à 74 %. Cet échange vo-lontaire de titres était une condition

Isabelle Delalex est chargée de cours en finance et économie à l’université Pace et Columbia de

New York, après avoir été analyste et directrice de recherche dans le

secteur bancaire.

sine qua non pour débloquer une aide de 130 milliards d’euros en pro- venance du Fonds monétaire interna-tional et de l’Union européenne, afin de rembourser les créances souve-raines de la Grèce.

Cela fait des mois que les créan-ciers institutionnels résistent à une solution comprenant une perte en capital. Pourquoi se sont-ils donc por-

tés volontaires pour prendre le bouillon et accepter ces nouveaux titres d’une valeur si décotée ? La réponse courte : 26 % de quelque chose vaut mieux que 100 % de rien. Le droit grec qui régit les obligations éligibles à l’échange ne comprend pas de clauses « pari passu » qui protégeraient les investisseurs. Les nouveaux titres échangés à perte sont régis par le droit anglo-saxon qui pro-tège mieux les créanciers. De plus, comme les prises de pertes sont vo-lontaires, la Grèce aura moins de mal à attirer les capitaux à l’avenir. On peut également s’attendre à ce que cette restructuration volontaire des dettes souveraines réduise l’utilité des CDS (Credit Derivative Swaps), ces instru-ments de couverture contre la défail-lance utilisés pour assurer les pertes sur les créances. Étant hautement spécu-latifs, les CDS ont été comparés à des « outils financiers de destruction mas-sive ». Leur usage réduit serait plutôt une bonne nouvelle.

Pour l’heure, l’Europe semble laisser derrière elle le risque de dé-faut de paiement de la dette souver-aine grecque et il est raisonnable de pen-ser que d’autres pays européens vont suivre la voie ainsi tracée par la Grèce. Mais si les dettes européennes peuvent être ainsi allégées, il sera dif-ficile à l’Europe du Sud de redevenir solvable à long terme en restaurant sa compétitivité, sans abandonner l’euro pour une monnaie nationale dévaluée. Il y a encore plus de 10 % des entrepri- ses globales qui disent ne pas avoir de plans de contingence spécifiques pour faire face à l’éventualité de l’abandon de l’euro par certains des membres de l’Union européenne. Il serait pourtant sage de ne pas écarter ce risque à moy-en terme. ■* PriceWaterHouse Coopers LLC

“ 26 % de quelque chose vaut mieux que

100 % de rien ”

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combat ses instincts autodestructeurs

L’Europe

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LIVRES LA CHRONIQUE

et sa fille, respectivement Germaine et Marthe de Boismênil, vivent là, entou-rées de quelques personnages secon-daires qui entretiennent leur ennui et polissent leur inaction.

Rapidement, Dormond confirme l’excellente réputation de son profes- sionnalisme. Il attise néanmoins le res-sentiment de Marthe et du vieux pale-frenier car sûrement ressentent-ils la na-ture fondamentale de l’écuyer : dominer à tout crin, dominer les femmes et les chevaux. Il est certes laid au premier abord, mais le temps d’un regard plus appuyé, Dormond se fait séduisant, son charme envoûte et sitôt déshabille, joignant la menace à l’exécution, com-me un baiser de vampire peut plaire et horrifier à la fois (selon les honnêtes té-moignages).

Juillet arrive, les quelques femmes du château s’assujettissent à la bestialité de l’été et aux projets de Dormond. Il est une saloperie toute masculine : il laisse traîner des ouvrages licencieux

Jean Le Gall aime le mot, qu’il soit beau ou gros. Il vit et respire l’écriture. Chaque mois, il vous

emmène dans son univers, au gré de ses lectures. [email protected]

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F anny Agostini a fait son ap-parition dans le monde quoti-dien. C’était il y a un peu plus d’un an. Depuis, nous sommes

forcément nombreux à avoir entendu son pépiement optimiste, à l’avoir re-marquée dans le vacarme télévisuel. Fanny Agostini est une présentatrice météo. Aujourd’hui vaguement incon-nue, Fanny Agostini méritera bientôt la renommée. Elle est fascinante, Fanny, avec sa bobine de commerçante sympa, figure des Halles, héroïne du centre du Bourg. Elle sent bon la faisselle, l’AOC, le rocamadour, la presse quotidienne ré-gionale. On l’imagine à vélo, harcelée de lumières estivales, la robe fleurie, ses genoux plus brillants que du beurre véritable. Ce qu’elle devient suggestive lorsque, sa main à plat sur la carte de France, elle nous paraît caresser la poi-trine velue d’une gloire locale. Naïve comme une toile du Douanier Rousseau, elle ne voit ni épouvante ni corruption à flirter avec la France. Et soudain Fanny s’enhardit, ses yeux explosent : « Regar-dez-moi ce bon gros soleil ! » nous dit-elle, ainsi qu’elle désignerait un énorme con-combre sur son étal. C’est un fait tout à fait vérifié, Fanny Agostini adore le soleil. Un matin d’octobre, il y avait des petits soleils partout sur notre Hexagone et Fanny était par-delà le plaisir, toute saisie d’une extase émouvante qui me fit regretter l’époque, si elle existât un jour, où la beauté n’était pas encombrée du vice. Une nuit que les draps me col-laient, j’ai formé ce rêve étrange : où Fanny Agostini serait invitée au château de « Mont-Dragon ». Laissez-moi vous ra-conter la suite.

Nous sommes au cœur du Limou-sin, en 1942. Quelques ruisseaux, le moutonnement des collines, un val-lon, quand apparaît le fameux château : « Avec ce cintre brillant et ces rectangles de lu-mière épars, le château de Mont-Dragon pre-nait plus encore l’aspect d’un décor de théâtre d’où allaient sortir, en costumes fantastiques, les acteurs de quelque opéra de rêve et de mystère ». Georges Dormond découvre Mont-Dragon ; il vient y prendre ses fonctions d’écuyer principal. Une veuve

pour que la jeune Marthe s’en empare et apprenne ce que les conventions adultes lui dissimulent de honteux et d’universel ; il joue avec sa mère aban-donnée et la comble là où la nature fait sourdre le plaisir. Germaine qui, digne en toutes circonstances, obéit jusqu’aux instructions les plus folles de l’écuyer et se déshabille complètement, aux limites du jardin, en plein jour : « le vent lui ai-guisait les seins et les faisait durcir. Il passait entre ses bras et son torse, entre ses cuisses, y insinuant une caresse révulsive comme le sourire ordinaire de Georges ».

Georges Dormond, son « sourire si-nueux », son « visage de plâtre », ses « yeux experts », fait cabrer les juments et les femmes. Réduire, soumettre, humi-lier : la force de sa sécheresse. « Dormond s’était levé de mauvaise humeur bien qu’il eût pu, dans la soirée précédente, renouveler sa provision de tabac. N’aimer personne ne va pas sans conséquence, ni sans poids. Il y a pour les cœurs égoïstes de durs matins ». Oui, Dormond reste insensible, le cœur ra-corni, inatteignable. J’en suis venu à me demander quel phénomène ou quelle femme pourrait le faire vaciller, quelle femelle de bonté pure pourrait annuler la puissance de ses procédés et convertir ses perversions en sentiments ; j’en étais à ces questions, encalminé dans mon ca-napé, quand la météo du jour m’apporta la réponse. Seule Fanny Agostini. ■

En 1950, Julien Gracq écrivit : « Le seul roman français qui m’ait vraiment intéressé depuis la Libération, est un roman obscur de Robert Mar-gerit, Mont-Dragon ». On sait combien Gracq était avare d’honneurs, pour lui-même et pour les au-tres. C’est dire l’immense qualité de ce roman qui, j’en jure déjà, sera le bagage d’une vie.

Seule Fanny Agostini

Mont-Dragon, Robert Margerit, Éditions La Table Ronde, collection la petite vermillon

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10 FRANCE - AMÉRIQUE AVRIL 2012

IDÉES

Par Curtis Roosevelt

Depuis la mort du président Franklin D. Roosevelt en 1945, son administration a été l’exemple de ce qui peut être réalisé par un gouvernement. Il a, en particulier, relevé le défi de la Grande Dé-

pression dont les conséquences sociales ont affecté de façon désastreuse le peuple de toute une nation. De nos jours, il de-meure une référence pour tous les hommes politiques qui sou-haitent opérer des changements afin de protéger le peuple de l’avidité des milieux d’affaires et des institutions financières. Les journalistes et les experts politiques invoquent régulière-ment les douze années de présidence de Roosevelt. (Ronald Reagan dans son discours d’investiture à la présidence a si fréquemment mentionné Franklin D. Roosevelt que le New York Times le surnommait le lendemain, Ronald D. Roos-evelt !). Franklin D. Roosevelt a donné aux Américains une forme d’administration et un style de leadership, auxquels se mesurent tous les gouvernements successifs.

La référence au New Deal comprend bien plus qu’une sé-rie de législations qui ont changé le paysage américain, tant au plan économique que social. Pendant ses quatre premières années à la Maison Blanche, Franklin D. Roosevelt a réussi à

créer une relation de confiance avec ses concitoyens, difficile à expliquer, mais qui fut unique en son genre et efficace. La relation privilégiée de Franklin D. Roosevelt avec les Améri-cains est clairement évidente dans ses victoires électorales. Il remporta même une immense victoire pour les démocrates aux élections de mi-mandat de 1934, comparée à la défaite des Démocrates au Congrès en 2010.

« Roosevelt 2012 » est une formule abrégée qui vise d’abord à attirer l’attention sur l’option catastrophique prise par les gouvernements en Europe - et à un moindre degré aux USA - des politiques dites d’austérité. En fait, les politiques d’austérité actuelles pourraient nous mener à une autre Grande Dépression. Elle vise deuxièmement à mettre l’accent sur le besoin urgent de « stimuler » l’économie. On pourrait conclure, ironiquement, que notre objectif consiste à sauver le capitalisme de lui-même! (C’est ce qu’a fait le New Deal en 1933).

« Roosevelt 2012 » utilise la référence à Roosevelt pour montrer le type d’actions qui sont nécessaires pour faire face aux crises d’aujourd’hui. Par exemple, des programmes sem-blables à ceux mis en œuvre dans le cadre du New Deal, qui ciblaient directement les besoins des personnes qui avaient

Pour un nouveau

New DealChroniqueur au Huffington Post, Curtis Roosevelt a occupé différentes fonctions au sein des Nations unies de 1964 à 1983. Petit-fils de Franklin Roosevelt, il a publié en 2008 un livre de mémoires Too Close to the Sun : Growing Up in the Shadow of My Grandparents Franklin and Eleanor Roosevelt. Il vit actuellement en France et est signataire de l’appel « Roosevelt 2012 », à l’initiative de l’économiste Pierre Larrouturou et d’un collectif de citoyens et de personnalités diverses, parmi lesquelles Stéphane Hessel, Edgar Morin, Michel Rocard ou encore Lilian Thuram.

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IDÉES

perdu leur travail ou leur logement. Et, tout aussi im-portant, des réglementations qui limitaient les excès des financiers et des hommes d’affaires, qui laissés à leur li-bre arbitre, fonçaient sous la bannière de la « libre entre-prise ». À titre personnel, Roosevelt les a défiés en disant en 1936 : « l’entreprise privée, à vrai dire, est devenue trop privée. Elle est devenue un privilège, non plus une liberté d’entrepren- dre… Ces royalistes économiques se plaignent que nous essayons de détruire les institutions américaines. Ce dont ils se plaignent en réalité, c’est que nous cherchons à leur retirer leur pouvoir ».

Pourquoi nos gouvernements ne réalisent-ils pas que sans donner au peuple un pouvoir d’achat, la relance économique est en panne ? Faire comprendre cela aux peuples et à leurs gouvernements est la tâche difficile de Roosevelt 2012. Comme c’était le cas dans les années 20, lorsque les chefs de gouvernement en Europe et en Améri-que voulaient à tout prix favoriser les intérêts financiers aux dépens des intérêts du reste d’entre nous. Aujourd’hui, les politiques gouvernementales visant à sauver nos économies sont de nouveau focalisées sur les banques et sur le maintien du statu quo pour les financiers et la communauté des af-faires. Et tout cela au nom de la bonne marche des affaires.

Sur son site internet, « Roosevelt 2012 » propose 15 réformes qui doivent être envisagées d’urgence par les lé-gislateurs des pays européens. Des personnes plus « réali-stes » pourraient dire qu’aucune de ces réformes ne sera accomplie avant que nous soyons plongés dans une crise plus profonde. Nous ne sommes pas aussi pessimistes. Que faut-il faire ? Comme disait Franklin D. Roosevelt dans son discours inaugural en 1933 : « Cette nation demande que l’on agisse, et que l’on agisse maintenant ». ■En savoir plus : www.roosevelt2012.fr

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Quelles mesures prioritaires préconisez-vous pour enrayer la crise ?Le monde est très menacé aujourd’hui par d’immenses déséquilibres financiers, à commencer par celui des États-Unis, puis par l’excès de plusieurs dizaines de tril-lions de dollars de liquidités financières internationales, prêtes à s’engouffrer dans toute spéculation disponible. Or, les autorités des banques privées refusent les mesures de précaution nécessaires car cette situation est source de gros revenus pour elles. Nous avons donc créé le collectif « Roosevelt 2012 » pour améliorer l’information du public sur ces sujets et lui permettre ainsi de peser sur

les pouvoirs politiques. Il est en effet urgent de séparer les activités des banques gérant des dépôts, de celles qui fi-nancent le risque et peuvent donc spéculer. Il faut aussi stériliser les paradis fiscaux, en interdisant aux banques installées dans des pays de droit de faire toutes opéra-tions avec eux. Les agences de notation doivent être soumises à un statut public, et les produits dérivés décon-nectés de toute activité réelle interdits, comme est en train de le faire l’Europe avec les Credit Default Swaps (CDS) « nus ». ■

Ancien Premier ministre socialiste, Michel Rocard vient de publier Mes points sur les « i », propos sur la pré-sidentielle et la crise, aux éditions Odile Jacob.

Question à Michel Rocard

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12 FRANCE - AMÉRIQUE AVRIL 2012

Mathilde Fassin

Après de multiples combats perdus ces dernières an-nées (dans l’Oregon, Washington, le New Jersey, le Maryland, New York, le Maine…), les militants anti foie gras ont obtenu en 2004 une loi qui interdit

sa fabrication et sa vente en Californie. Elle entrera en vigueur le 1er juillet 2012, huit ans après avoir été votée. Le principal producteur local, l’entreprise Sonoma Foie Gras, avait obtenu du Congrès californien ce délai pour qu’il puisse s’y préparer. Et pourtant, le voici de nouveau en campagne contre cette décision.

Depuis novembre, le microcosme des producteurs de foie gras américains s’agite pour tenter de faire révoquer la loi. « On y était bien arrivés à Chicago ! », rappelle Ariane Daguin, à la tête de la société D’Artagnan, premier distributeur de foie gras fondé aux États-Unis. La principale ville de l’Illinois avait voté la proscription en 2006, mais elle a été annulée dès 2008.

« Par contre, on n’avait affaire qu’à une ville, un conseil municipal. Et on avait le soutien du maire. En Californie, ça va être plus difficile », annonce la Française installée à New York.

Un repas 100 % foie grasCette chef d’entreprise a rassemblé les quelques éleveurs des États-Unis et du Canada en deux associations : l’AFA (Artisan Farmers Alliance), créée au moment de la lutte à Chicago, et Chefs, fondée à l’automne pour une mobilisation en Califor-nie, qui arrive certes tardivement. « On n’a pas perdu espoir, mais c’est dur de revenir sur une loi déjà votée, d’autant plus que le Congrès s’est renouvelé depuis 2004, donc les personnes qui y siègent aujourd’hui ne sont pas au fait du débat. »

Les producteurs de foie gras se sont rencontrés fin février en Californie et ont engagé un lobbyiste pour promouvoir leur cause. « Quand on va là-bas, on croirait être à un enterrement. Mais

Emblème de la gastronomie de luxe française, le foie gras est sur le point d’être interdit en Californie. Les associations de défense des droits des animaux mènent un combat acharné contre le procédé du gavage,

indispensable pour obtenir ce mets raffiné.

Le foie gras en porte-à-faux

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la bataille n’est pas finie ! », s’exclame Rick Bishop, directeur des ventes et du marketing à Hudson Valley Foie Gras, sur la Côte Est. « Et au pire on peut toujours avoir recours à la désobéissance civile. Quand l’interdiction était en vigueur à Chicago, on aurait dit un retour à la prohibition des années 1930. À la manière des speak- easies, il y avait des dîners confidentiels, tard le soir, dont le lieu était annoncé à la dernière minute, et qui servaient du foie gras. »

Plusieurs chefs cuisiniers font déjà de la résistance sur la Côte Ouest. En octobre, le Français Ludo Lefebvre a préparé, avec Jon Shook et Vinny Dotolo, un repas 100 % foie gras. Fumé, rôti, à la vapeur, fouetté en chantilly et même liquéfié : le foie gras était servi sous toutes ses formes, en huit plats, pour alerter les Américains sur son interdiction à venir. Jon Shook, co-propriétaire du célèbre restaurant Animal à Los Angeles, annonce pourtant la couleur : « On servira du foie gras jusqu’à la dernière minute, mais après on ne va pas désobéir à la loi. » Les amateurs se sont pressés pour profiter, tant qu’ils peuvent. En vingt minutes, les 320 places pour les deux soirées étaient vendues.

Était aussi de la partie un groupe de manifestants. Ras-semblés devant le restaurant Animal, ils scandaient des slo-gans contre la torture des animaux. Les associations telles que Animal Protection and Rescue League (APRL) dénoncent la cruauté du gavage, qui consiste à nourrir les canards à l’excès, à l’aide d’une gaveuse enfoncée dans leur œsophage. Elles condamnent cette pratique, qui entraînerait « des problèmes respiratoires, un stress chronique, un alourdissement qui empêche les animaux de voler et se déplacer, et un taux de mortalité élevé ». Elles insistent également sur le fait que le foie gras est l’organe d’un « animal malade ».

La Californie, un marché essentiel« De tels arguments touchent le grand public très rapidement », expli-que Lindsay Rajt, directrice des campagnes de PETA (People for the Ethical Treatment of Animals). « Les gens connaissent mal le foie gras, mais il leur faut peu de temps pour comprendre com-ment il est fait. » D’ailleurs, plusieurs grandes chaînes de ma-gasins (comme Whole Foods) et des chefs de renom (par ex-emple Judd Canepari, du restaurant El Bizcocho, à San Diego) ont déjà cessé de proposer du foie gras dans leurs rayons ou sur leur carte, après les campagnes des associations.

Difficile pour les producteurs de lutter contre cette op-position puissante, qui « s’appuie sur des photos choc » selon Ariane Daguin. Rick Bishop soutient qu’elles « véhiculent une idée fausse » et invite tout un chacun à venir voir les palmipèdes de Hudson Valley Foie Gras, comme preuve de leur bonne santé.

À défaut de pouvoir abroger la loi, il espère pouvoir ob-tenir une exemption, qui s’appliquerait aux éleveurs garan-tissant la qualité de vie de leurs animaux. « Los Angeles est un haut lieu de consommation du luxe. Hudson Valley Foie Gras vend à lui seul 200 foies chaque week-end à LA. Et San Francisco est une ville clé pour la gastronomie, avec des chefs innovants », souligne Rick. « C’est sûr que si l’interdiction passait en Idaho, je ne m’en ferais pas autant ! »

Foie maigre et faux grasAriane Daguin fait l’essentiel de son chiffre d’affaires sur la Côte Est mais Rick Bishop, lui, estime à 20 % la part de son business en Californie. « On va peut-être devoir supprimer 30 à 40 postes », regrette-t-il. « D’autant que la compétition va être encore plus rude pour se partager les marchés restants. Certains

producteurs risquent de devoir mettre la clé sous la porte », redoute Rick Bishop, qui se prépare depuis trois ans en développant sa clientèle dans d’autres États.

Pour les entreprises françaises, cette interdiction n’a guère de conséquence. De toutes façons, il n’y a plus d’établissement agréé pour l’exportation du foie gras depuis deux ans. « Les contraintes sanitaires sont draconiennes », explique Marie-Pierre Pé, secrétaire générale du Comité interprofessionnel du foie gras (CIFOG). « Et en plus, jusqu’au 1er janvier dernier, les expor-tations de foie gras étaient taxées à 100 %, à cause de l’affaire du bœuf aux hormones. Donc les établissements français se sont désintéressés de ce marché. » Pour autant les producteurs de l’Hexagone sui-vent de près ce qui se passe outre-Atlantique. « C’est un pays en avance sur les tendances et peut-être que cette interdiction est vouée à se répandre », note Marie-Pierre Pé.

Lindsay Rajt, de PETA, rappelle qu’une quinzaine de pays à travers le monde ont déjà interdit le foie gras. Certains pro-posent des alternatives, à base de foie non gavé ou de foie de poulet élevé en plein air. Ou encore des terrines végéta- riennes, sous le nom de faux gras, très répandues en Belgique et en Angleterre notamment. Ariane Daguin, chez D’Artagnan, a goûté ces préparations et reconnaît qu’elles sont « très bonnes ». « Mais elles n’ont rien à voir avec du vrai foie gras, c’est de la rigolade ! » D’ailleurs, l’appellation foie gras est strictement réservée au foie obtenu par gavage et les terrines produites autrement ne peuvent l’endosser. Le chef Jon Shook fait donc des provisions, en espérant que l’interdiction ne tienne pas trop longtemps : « Je vais garder des stocks de foie gras dans mon congélateur, pour mon usage personnel ! » ■

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Nous sommes en 1976. Quand Steven Spurrier orga-nise une dégustation, à Paris, mettant aux prises des vins californiens et des grands crus français, lui-même n’imagine pas que les Californiens puissent

l’emporter. À l’époque, aucun doute, la France du vin domine le monde. Et pourtant… À la surprise générale, et face à un jury français, un domaine quasi inconnu en Europe – et même à New York –, le Château Montelena 1973, un chardonnay de la Napa, remporte la palme du côté des blancs, devant le Meursault de Roulot. Même chose du côté des rouges, où le Napa Cabernet-Sauvignon 1973 de Stag’s Leap l’emporte devant Mouton-Rothschild, Montrose et Haut-Brion – excu-sez du peu. La plupart des dégustateurs sont même incapables d’identifier à coup sûr les deux origines.

Ce qu’il est convenu d’appeler depuis le Jugement de Paris, s’il ne déclenche pas la guerre de Troie, suscite de fortes réac-tions. Les Français, faisant preuve d’un manque évident de fair play, mettent immédiatement en cause la rigueur de la dégus-tation. Mais plusieurs rééditions de ce « Jugement » les années suivantes, confirment grosso modo les résultats. D’abord à San Francisco, en 1978. Là, en blanc, c’est Chalone Winery qui l’emporte, devant Montelena. Le premier vin français est 4e - le Puligny-Montrachet Les Pucelles 1972 du Domaine Leflaive. En rouge, Stag’s Leap 1973 conserve la première place, tandis que Mouton-Rothschild n’arrive qu’en 4e position. Bien sûr, Bordelais et Bourguignons ont beau jeu de dire que le jury, cette fois, est majoritairement américain.

la guerre des vins a toujours lieuEn 1976, une dégustation à l’aveugle menée par onze experts reconnus, dont neuf Français, concluait à la supériorité des vins californiens sur les vins fran-

çais. Trente-six ans plus tard, le débat déchaîne toujours les passions.

Hervé Lalau

vsFrance CalifornieLa Dégustation de 1976 vue par le réalisateur Randall Miller dans son film Bottle Shock (2008).

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In vino veritasLas ! Les dégustations réalisées pour le 10e, puis pour le 30e anniversaire du premier Jugement voient à nouveau la victoire des Californiens. Aussi bien pour les vins jeunes que pour les vins des millésimes de la première dégustation. La preuve que les vins californiens vieillissent au moins aussi bien que les vins français. Et pourtant, cette fois, les Français avaient exigé que les vins soient dégustés en deux groupes distincts : les jurés savaient s’ils dégustaient un Bordeaux ou un Californien. On peut bien sûr discuter le choix des vins – les grands crus de Bordeaux, notamment, ne sont pas toujours les plus plaisants en dégustation, surtout jeunes. Des vins plus simples, mais plus ouverts, plus fruités, auraient peut-être eu plus de chance face aux Californiens. Quant aux Bourgognes – même les plus grands – ils ont traversé une mauvaise passe dans les années 70 et 80. Mais au-delà de la polémique, un fait surnage : la France n’a plus l’exclusivité des grands vins.

Le Jugement de Paris et tous ceux qui ont suivi ont eu le mé-rite de relancer la concurrence entre le Nouveau et l’Ancien Monde du Vin. Objectivement, les deux en ont bénéficié : en moyenne, le Bordeaux d’aujourd’hui est bien meilleur qu’il y a 35 ans. Il est prêt à boire plus tôt, plus plaisant, moins austère. Et je ne parle pas seulement des Grands Crus. Le vin califor-nien, lui, n’est plus ce blanc fatigant qui puisait dans le chêne ce que ses rendements ne lui permettaient pas d’atteindre dans le raisin, ni ce rouge alcooleux et sucraillon. La finesse a fait une apparition remarquée de L.A. à Frisco, c’est la nouvelle star sur Sunset Boulevard. Essayez un peu la syrah de Qupé, à Bien Nacido, vous m’en direz des nouvelles.

Le « made in USA » peine à s’exporterMalgré tout, en France, les vins californiens restent largement méconnus. Rares sont les cavistes qui en proposent, même à Paris, et aucun supermarché n’en accueille. Il faut dire que la France reste globalement fermée aux vins étrangers – non du fait d’un protectionnisme d’État, mais au nom d’une cer-taine idée de l’exception culturelle ; et puis aussi par crainte d’effaroucher le manifestant qui sommeille en tout viticulteur, notamment dans le Sud de la France, où on a le sang aussi chaud qu’un 14 Juillet à Lézignan-Corbières. Les vins cali-forniens ne percent guère plus sur les marchés plus ouverts. En Belgique, dans les Pays scandinaves, au Québec, aux Pays-Bas, ils sont loin derrière les autres vins du Nouveau Monde – Chili, Argentine, Australie, Afrique du Sud, Nouvelle Zé-lande. La faute au prix, principalement. D’une part, la Califor-nie ne peut concurrencer les premiers prix que proposent les Chiliens et les Argentins, sa main-d’œuvre étant plus chère. De l’autre, ses grands vins n’ont pas assez de notoriété pour justifier leurs tarifs plus élevés.

La Californie, nouvelle Mecque des Grands Vins? Les winemakers californiens n’ont cependant plus rien à envier à leurs homologues français. L’université Davis est à la pointe de l’œnologie. Ce sont les grandes familles françaises du vin qui envoient aujourd’hui leurs rejetons faire leurs stages entre Napa et Sonoma, si ce n’est dans l’Oregon… Les Américains ont découvert les vertus d’un concept typiquement européen : le terroir. À côté des monstres industriels de la Central Valley, avec leurs rangs de vigne longs de plusieurs miles, il y avait une place pour des entreprises à taille plus humaine. Celles-

ci ont refait, en accéléré (nous sommes en Amérique, time is money) le parcours des moines de Cîteaux, défrichant, expéri-mentant, s’efforçant d’adapter à chaque sol, à chaque exposi-tion le meilleur cépage. Ils ont même bénéficié de nos erreurs, en évitant de les reproduire. Le vignoble californien est de fait sûrement plus bio, ou en tout cas moins chimique, que le français. Enfin, le marché américain s’est beaucoup sophisti-qué. On ne fait pas de grands vins s’il n’y a pas de débouché. Or, ces quarante dernières années, au moins deux généra-tions d’œnophiles, non seulement passionnés, mais curieux, ouverts sur le monde, ont émergé aux États-Unis. D’ailleurs, la consommation américaine de vin augmente régulièrement quand celle de la France s’effrite. Comme les Américains font généralement les choses en grand, ils n’ont pas oublié de donner à leurs affaires une dimension touristique, ce qui fait qu’aujourd’hui, un amateur de vin a plus de chance de trouver une cave ouverte et proposant des dégustations dans la Rus-sian River que dans le Médoc. Parallèlement, les importateurs, les revendeurs, les restaurants américains ont accompagné le mouvement. La Californie a encore pas mal d’efforts à faire pour asseoir sa réputation viticole sur les marchés extérieurs. Pourtant, elle ne manque pas d’atouts. Elle regorge de micro-climats, de nouveaux terroirs à potentiel – notamment les plus difficiles, les plus secs ou les plus gélifs. Elle a fait ses mala-dies de jeunesse ; elle a intégré la technologie, il lui reste à se débarrasser de ce qui, dans la technologie, formate les vins. À ce prix, elle pourra non seulement continuer à disputer aux Français la couronne des vins les plus prestigieux, mais surtout, commencer à vraiment nous surprendre avec des vins inimitables. ■

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A Vous cherchez un vin plaisirB Vous cherchez un vin de terroir C Vous cherchez un vin de vigneronD Vous cherchez une étiquette que vous serez fier de mettre sur votre table pour impressionner vos amis par votre connaissance du vin en général et de la Californie en particulier

Vous êtes dans la catégorie A ? Je préconise plutôt le chardonnay Jack-son Hills de Kendall Jackson (Sonoma) ou le Zinfandel Old Vine de Dry Creek. Au passage, n’oubliez pas que le zinfandel est le cousin du primitivo des Pouilles, sinon son frère jumeau. Cela lancera la conversation, et pour peu que vos con-vives aient un peu de sang italien…

Vous êtes dans la catégorie B ou C ? Choisissez le Carneros de Buena Vista (pinot noir ou chardonnay). Pourquoi ? Parce que Carneros, zone fraîche expo-sée aux vents du Pacifique, où les raisins

mûrissent lentement, est un vrai terroir, au sens de confluence entre sols, microcli-mat et usages viticoles. Ses vins sont élé-gants, pleins de vivacité. Ils ont aussi un très beau potentiel de garde. Le chardon-nay est un superbe pied de nez à la mode de l’ABC (Anything But Chardonnay), qui comme toutes les modes, a sa part d’exagération parce qu’elle exclut sans discernement. Buena Vista sont parmi les vrais pionniers de la Californie viti-cole, ils en ont connu toutes les époques, tous les travers, toutes les modes du vin, de la surproduction à la prohibition, en passant par le bodybuilding, mais ils ont maintenu le cap.

Vous êtes dans la catégorie D ? J’ai le regret de vous dire que rien, en Californie, n’atteint encore le statut d’un Latour, d’un Yquem, d’un Haut-Brion ou d’un Romanée-Conti. Mais puisque vous souhaitez boire non seulement iconic, mais également californien, alors

FOOD & WINE

Quel type de vin êtes-vous ? choisissez Montelena – d’abord, c’est très bon, et en plus, si vous expliquez que ce vin a régulièrement battu les meilleurs chardonnays de Bourgogne dans les compétitions internationales, « ça devrait le faire ».

En rouge, je vous recommande l’Opus One – le 1984 est à boire. Comme il s’agit d’un joint venture en-tre Rothschild et Mondavi, en mettre sur votre table serait une belle occasion de célébrer la vieille alliance franco-américaine. Évoquez ensuite les mânes de Benjamin Franklin et du marquis de La Fayette, vous aurez là de quoi mettre vos invités dans une bonne ambiance. Le Montelena Cabernet-Sauvignon n’est pas non plus à dédaigner. ■Hervé Lalau est un journaliste viticole français, établi en Belgique. Chevalier du Mérite agricole et Prudh’omme de Saint-Émilion, il est aussi ad-ministrateur de l’Association de la Presse du Vin et Committee Member, Circle of Wine Writers. Il collabore notamment aux magazines In Vino Veri-tas et Eurowine. Il anime également le blog Chro-niques Vineuses, ainsi que le blog coopératif Les 5 du Vin.

http://hlalau.skynetblogs.be/

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Alors, ce soir, ce sera Bordeaux ou Napa ? Vous hésitez encore ? Voici quelques repères pour choisir un vin californien.

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ÉDUCATION

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LES MIGNARDISES D’UNE ÉTOILE DE LA PÂTISSERIE

SAVEURS

Lancé sur la scène gastrono-mique new-yorkaise en tant que chef pâtissier du restaurant Daniel où il a officié du-

rant six ans, Dominique Ansel ouvre à Soho, dans le quartier branché de New York, sa nouvelle pâtisserie, « Dominique Ansel Bakery ». Originaire de Beauvais, Dominique An-sel a commencé sa formation culinaire à 16 ans. Il entre chez Fauchon, où le cé-lèbre pâtissier Florian Bellanger le forme, puis parcourt ensuite le globe pendant 7 ans, avec pour mission d’ouvrir des bou-tiques pour la fameuse maison. En 2006, Florian le présente au grand chef Daniel Boulud, qui était à la recherche d’un

chef pâtissier pour Daniel, son restau-rant new-yorkais aux 3 étoiles Miche-lin. Une belle période de succès s’ensuit. Travailleur talentueux, doté d’un natu-rel charmant, Dominique Ansel réin-vente les classiques français tels que le Kouign Amman breton, qu’il renomme avec malice DKA – Dominique Kouign Amman (imaginez un croissant caramé-lisé, recette datant de ses années chez Fauchon), ou les cannelés bordelais. Il apporte à son cheesecake son savoir-faire à la française, tout en légèreté, et ajoute à ses macarons une saveur yankee « pea-nut butter & jelly ». Le plus beau compli-ment qu’il puisse recevoir de ses nom-breux clients : « On se croirait à Paris ».

Rita Jammet

Le chef pâtissier se réjouit de l’arrivée à New York d’autres fameux pâtissiers et boulangers français, tels que Ladurée, Café Pushkin ou Paul et Kaiser. « C’est une émulation, et il y a de nombreux ama-teurs friands de grande qualité ». Dans le fu-tur, Dominique Ansel envisage d’ouvrir un petit nombre de pâtisseries à New York, où l’on pourra déguster ses spé-cialités. Il se lancera aussi dans la vente par Internet de ses confections que tous les gourmands du continent nord-amé-ricain pourront goûter ! ■

Dominique Ansel Bakery,189 Spring Street, New York

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SAVEURS

Ah les madeleines ! À déguster en lisant À la recherche du temps perdu, en se rappelant du temps passé, et peut-être des méthodes an-cestrales, telle celle utilisée par les producteurs du Cerdon du Bugey, minuscule appellation du département de l’Ain, à mi-chemin entre Lyon et la Suisse. Vinifié à partir des cépages gamay et poulsard, ce vin doux mousseux est un excellent complément à la madeleine. L’effervescence naturelle de ce vin donne de l’allant au dessert sans l’alourdir.Si vous êtes à la recherche d’un vin liquoreux plus classique mais qui étonnera vos convives, je vous propose un autre grand vin français malheureuse-ment méconnu, le Pacherenc du Vic Bilh. Cette vendange tardive qui nous vient de Gascogne, sur les mêmes aires d’exploitation que le Madi-ran, est faite à partir des cépages courbu et petit manseng. Le nom nous vient du patois local et signifie « Les Piquets en Rang du Mont Bilh » et ce vin aux arômes de miel, zestes d’orange et citron est un superbe mariage avec la madeleine.Si votre repas demande un nom connu, restons sur un excellent Sauternes. 2007 est LE grand millésime des 10 dernières années de cette appellation et les vins commencent à bien se dé-guster. Affecté par le Botrytis Cinerea, ce champi-gnon qui se développe sur la peau des raisins et donne sa majesté aux vins de la région, ce vin a de subtils arômes bruyère, miel d’acacia et citron vert. Sa fin de bouche vivace termine le repas sur une note rafraîchissante malgré sa sucrosité. Un grand moment. Marcel Proust approuverait.

Le Dû’s Wines 600 Washington Street, New York, NY 10014 Tel. +1 212-924-6999 • www.leduwines.com

INGRÉDIENTS pour 60 mini-madeleines

100 g. de beurre (3 ½ oz)15 g. de sucre roux (½ oz)95 g. de sucre (3 ½ oz)120 g. de farine (4 ½ oz)4 g. de levure (baking powder)140 g. d’œufs entiers (3 œufs)zeste d’1 citron, râpé finement ou hâché

PRÉPARATIONPréchauffer le four à 375° Fahrenheit (180° Celsius).Faire fondre le beurre dans une petite casserole à feu doux, y ajouter le sucre roux, mélanger jusqu’à obtention d’une texture

homogène. Dans un bol, mélan-ger ensemble, avec un fouet, le sucre, la farine, la levure puis ajouter les œufs à température ambiante. Ajouter le mélange beurre-sucre roux, puis le zeste de citron. Laisser reposer 2 à 3 heures avant la cuisson.Beurrer des moules à mini-ma-deleines (20 par plaquette de moules). Mettre l’appareil dans une poche, puis remplir aux 3/4 de la hauteur des moules à madeleines, cuire au four jusqu’à ce que les madeleines aient une coloration blonde. Servir encore un peu chaudes. ■

Les Madeleines selonDominique Ansel

1 Cerdon du Bugey « Méthode Ancestrale », Domaine Renardat-Fache $ 24.99

2 Pacherenc du Vic Bilh, Pierre Laplace 2009 $ 14.99

3 Château Rayne-Vigneau, Sauternes 2007 $ 61.99

La sélection de Jean-Luc Le Dû

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CULTURE CINÉMA

N’y voyez aucun lien avec The Untouchables, de Brian De Palma. Si la proximité du titre peut prêter à confusion, Intouchables (Untouchable en anglais) est un film bien hexagonal. Il tire son scénario de

l’histoire vraie de Philippe Pozzo Di Borgo, retracée dans son livre, Le Second souffle. Campé par François Cluzet dans le film, cet aristocrate tétraplégique embauche comme aide à domicile Driss (Omar Sy), un « jeune de cité » d’origine séné-galaise, tout juste sorti de prison. Le film retrace la curieuse

mais profonde relation qui va s’établir entre ces deux hommes, qu’a priori tout oppose.

« Le titre Intouchables fait référence à la cinquième caste indien-ne, ces gens mis au ban de la société, comme nos deux personnages. Driss est plein de vie, mais il est noir, pauvre et vient de la ban- lieue. Son handicap est purement social. En face, Philippe incarne à sa manière la France des privilèges. Une France riche et blanche, mais paralysée », résument les réalisateurs Olivier Nakache et Éric Toledano. Nourri de cette parabole autour du corps, le film

Film événement avec près de 20 millions d’entrées en salles en France (contre 2,5 pour The Artist),

Intouchables arrive sur grand écran américain le 25 mai prochain. Attendue au tournant par la critique améric-aine, cette comédie dramatique autour du handicap a

déjà remporté l’adhésion du public new-yorkais.

Guénola Pellen

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CINÉMA CULTURE

enchaîne les blagues sur le handicap physique et les problèmes d’intégration, pour mieux les démonter.

« Le film traite du handicap avec humour mais bienveillance. C’est un sujet sensible, qui amène souvent la pitié ou la compassion. C’est un sujet presque tabou », reconnaît François Cluzet, qui a rencontré Philippe Di Borgo pour mieux s’imprégner de son rôle. « Cet homme est prisonnier de son corps, il ne peut pas bouger. Ça ne l’empêche pas d’être solaire, ni de s’amuser ». Le rire univer-sel distillé par le film fait tomber les barrières. « On a pris le parti de rire de tout, même des sujets les plus graves », assurent les réalisateurs qui réfutent le politiquement correct.

Cela donne lieu à des scènes déjà cultes, comme celle où Philippe demande un M&M’s à Driss et que celui-ci lui répond « pas de bras, pas de chocolat ! ». Ou ce dialogue en forme de faux quiproquo dans lequel Driss pratique l’autodérision : « Philippe – Vous connaissez Berlioz ? – Driss : Bien sûr que je con-nais Berlioz. Mieux que vous ! Philippe – Mais je suis un spécialiste de Berlioz ! – Driss – Ah oui, de quel bâtiment ? Philippe – Avant d’être un quartier, c’est un compositeur célèbre, enfin ! Driss – Mais je sais, c’est une vanne ! » (Éclats de rire).

Harvey Weinstein, l’ami américainDerrière le succès du film se trouve un homme d’affaires américain : Harvey Weinstein. Cet influent producteur d’Hollywood, déjà responsable des quatre Oscars du Discours d’un roi (The King’s Speech) a grandement contribué, par son influence et sa campagne de lobbying, à faire de The Artist, qu’il a coproduit, le grand vainqueur des derniers Oscars. Aux États-Unis, il distribuera aussi les Intouchables. « Il a tout de suite senti le potentiel du film qu’il a décidé de distribuer sur le territoire américain alors qu’il n’était même pas encore monté », s’étonnent encore les réalisateurs. Chevalier des Arts et des Lettres, Harvey Weinstein s’apprête à être décoré prochaine-ment de la Légion d’honneur par Nicolas Sarkozy en signe de reconnaissance.

Le succès d’Intouchables aux États-Unis paraissait donc as-suré. Pourtant, si les critiques françaises ont quasi unanime-ment plébiscité le film à sa sortie, la réception américaine pourrait être compliquée par la délicate question raciale. Outre-Atlantique, certaines plumes suspectent le film d’une condescendance un brin raciste, derrière sa prétendue bien-veillance. Un journaliste du magazine américain Variety, Jay

Weyssberg, a ainsi dénoncé les stéréotypes raciaux et sociaux du film.

« Intouchables (…) flirte avec un racisme digne de La Case de l’Oncle Tom, qu’on avait espéré ne plus jamais revoir sur les écrans américains », a-t-il écrit dans les colonnes du magazine en décembre dernier. « Driss n’est traité que comme le singe d’un spectacle de cirque, avec tout ce que cela comporte comme connotations racistes, expliquant au Blanc coincé comment s’amuser en remplaçant Vivaldi par Boogie Wonderland et lui montrant comment bouger sur le dancefloor. (…) Ce rôle est à peine éloigné de celui du joyeux esclave domestique d’antan, qui divertit le maître ».

Pour les réalisateurs, ce type d’accusation reflète surtout le fossé culturel qui existe entre la France et les États-Unis : « La question raciale reste délicate aux États-Unis où la relation Blanc-Noir est tout de suite interprétée. D’un point de vue américain, un film est raciste à partir du moment où les rôles du Noir et du Blanc ne sont pas interchangeables. Cela peut paraître gros, mais c’est loin d’être stupide ».

Loin de se laisser démonter, les réalisateurs rappellent que même le public allemand, réputé pointilleux, a très bien reçu le film. « La scène dans laquelle Omar Sy déguise François Cluzet

en Hitler, en lui taillant une moustache empruntée au Führer et en lui demandant si cela ne lui ‘donne pas envie d’envahir des pays’ les a fait rire aux éclats. Cela ne devrait donc pas poser trop de problèmes aux États-Unis », se rassurent les réalisateurs. « Les critiques en France se demandaient comment attaquer le film. Quand cet article d’un journaliste américain est paru, ils l’ont aussitôt mis en exergue en caricaturant : ‘Les Américains n’ont pas aimé le film’. Le César d’Omar Sy a clos le débat ».

Cette mauvaise presse dissuadera-t-elle les cinéphiles américains de se rendre dans les salles ? L’accueil réservé au film, projeté en ouverture du festival annuel Rendez-Vous with French Cinema en mars dernier, laisse présager un tout autre scénario. « Les gens ont été très réceptifs au film. Il y a eu des éclats de rire tout le long du film et un concert d’applaudissements à la fin », se réjouissent Olivier Nakache et Éric Toledano, au len-demain de la projection new-yorkaise. Un remake des Intouchables à l’américaine serait en outre déjà sur les rails. L’acteur Colin Firth, lui-même oscarisé pour son rôle dans Le Discours d’un roi en 2011, un film dont le scénario n’est pas sans rappeler celui des Intouchables, serait même pressenti pour reprendre le rôle de François Cluzet. ■

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PORTFOLIO

Guénola Pellen

Retracer 80 ans d’histoire franco-américaine par l’humour ! C’est le pari réussi de Jean-Loup Chiflet, qui a rassemblé, traduit et commenté 300 dessins publiés dans The New Yorker entre 1925 et 2006. Depuis la fascination des Américains pour la haute couture jusqu’au différend diplomatique de la guerre en Irak, l’auteur du guide humoristique d’anglais courant Sky my husband ! explore ces relations d’amour et de désamour en trois parties chronologiques aux titres évocateurs : « French Kiss » (1925-1939), « La Fayette nous revoilà ! » (1940-1966) et « Je t’aime moi non plus » (1967-2006). Spirituels, envolés, cruels mais jamais neutres, ces cartoons désopilants livrent une version de l’histoire très subjective, renvoyant dos à dos les ego et les travers nation-aux, pour le plus grand plaisir du lecteur. Un ouvrage à (re)découvrir d’urgence. ■

Jean-Loup Chiflet, La France et les Français, The New Yorker, 300 dessins, Arènes 2006) et en collection poche (200 dessins) chez Points, 2010.

La France et les Français vus par The New Yorker

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PORTFOLIO

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HISTOIRE

Le 1er août 1589, Henri III, le dernier des Valois, dé-signait Henri de Navarre (1553-1610 ) comme seul hériter légitime, mais lui laissait une France au bord de la ruine. En devenant Henri IV, celui qui inau-

gurait la dynastie des Bourbons, avait peu d’atouts en main : protestant dans un royaume catholique, cette succession était loin d’être reconnue par tous. Il réussit néanmoins à relever le pays et devint le roi de France le plus aimé.

Par Anne Prah-Perochon

Henri IVQui se souviendra dans 100 ans des slogans « La France forte » de Nicolas Sarkozy ou « Le changement, c’est maintenant » de François Hollande ? En revanche, la fameuse apostrophe « Paris vaut bien une messe » prêtée à Henri IV lorsqu’il abjura le protestantisme le 25 juillet 1593, appartient à la légende. Une légende préparée par la propagande royale du vivant du monarque !

roi du marketing

Si Henri IV est le plus populaire des rois de France, c’est bien sûr pour ses qualités de bonhomie, de charisme, de courage et de finesse politique, mais aussi parce qu’il était doté d’un sens aigu de la « propagande » et savait mieux que quiconque susciter des images flatteuses qui étaient ensuite diffusées à ses sujets.

Artistes et artisans au service de la propagandeConscient de ses faiblesses lors de son accession au pouvoir, Henri IV doit commencer par conquérir les esprits, aussi s’entoure-t-il de gens habiles à le présenter sous un jour flatteur, en faisant valoir les hauts faits de son règne. À cet égard, toutes les ressources de l’époque - portraits, mé- dailles, sculptures - sont utilisées, mais surtout l’imprimerie qui permet sous forme de tracts et d’estampes de propager les nouvelles dans le royaume et de diffuser à multiples exemplaires l’image d’un souverain dynamique, coura-geux et victorieux. Henri IV est le premier roi à utiliser l’imprimerie à des fins de communication.

Le monarque s’entoure d’artistes et d’artisans chargés d’illustrer ses faits et gestes. Les peintres officiels, Jacob Bunel et Franz II Pourbus, multiplient les portraits qui sont copiés à plusieurs exemplaires pour être envoyés dans les cours royales étrangères et ensuite reproduits - à prix modéré - sous forme d’estampes vendues à la population par les libraires imprimeurs.

Grâce à ces procédés, les traits du roi - grand front, long nez, moustache et barbe étalée sur une large fraise blanche - sont connus bien au-delà du cercle limité de la cour. Dans les portraits en buste, on le voit porteur d’une écharpe blanche qui deviendra la couleur emblématique des Bourbons et le symbole de la monarchie jusqu’à la Révolution.

Outre la diffusion de ses traits, le roi s’assure de l’ample répercussion des informations qu’il estime essentielles pour illustrer les grandes étapes de sa reconquête du ro-yaume. C’est ainsi qu’à la suite de la bataille d’Ivry le 14 mars 1590, au cours de laquelle il prononce le célèbre « Ralliez-vous à mon panache blanc ! », il délivre, avec un sens « moderne » de la communication politique, un commu-niqué militaire soulignant cette victoire qui projette sur lui un éclat particulier. En effet, jusqu’à ce moment-là, il avait fait la guerre en rebelle, en partisan ; dès lors, il ob-tient la considération due à un général victorieux.

De même sait-il mobiliser tous les moyens d’information à sa disposition pour justifier sa conversion au catholicisme (il changera six fois de religion !) en juillet 1593 dans la nécropole royale de Saint-Denis, suivie de son sacre en février de l’année suivante dans la cathédrale de Chartres, puisque Reims, lieu traditionnel des sacres, est encore aux mains des Ligueurs catholiques qui refusent de l’admettre pour roi, même converti à leur religion.

Quant à son entrée pacifique dans Paris le 27 mars 1594, son importance majeure est soulignée par les abon-dantes illustrations de ce thème. Une scène du graveur officiel Léonard Gaultier montre le souverain en cavalier casqué et cuirassé posant au milieu d’une foule compacte aux portes de Paris qui vient de le reconnaître comme roi. Ces images frappantes, ne laissant aucun doute sur la soumission de la capitale, sont immédiatement diffusées

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Henri IV en Mars. Huile sur toile du début du XVIIe siècle attribué à Ambroise Dubois.

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sous forme d’estampes aux quatre coins du royaume, comme le sont d’ailleurs les reproductions de la promulgation de l’Édit de Nantes le 30 avril 1598. Cet édit, qui autorise le culte protestant et accorde aux calvinistes les mêmes droits qu’aux catholiques, est une étape capi-tale pour apaiser les passions religieuses au nom de l’intérêt national.

Attentif à communiquer avec son peuple, Henri IV fait distribuer des tracts pour rassurer ses sujets sur son état de santé après l’attentat manqué de Jean Châtel, le 27 décembre 1594. Il s’en tire avec une blessure à la lèvre supérieure mais s’empresse de faire une déclaration qui sera immédiatement répercutée dans toute la capitale: « Il y a, Dieu merci, si peu de mal, que pour cela je ne m’en mettrai pas au lit de meilleure heure ». Le triomphe militaire du roi assuré, les propagan-distes lui attribuent les images et les in-signes des dieux et héros de l’Antiquité, Hercule, Persée, Mars ou Jupiter, redé-couverts à la Renaissance. L’estampe de Jean Le Clerc (1594) le présentant sous les trais de Persée délivrant Andromède, est le premier portrait mythologique d’un roi de France, genre qui aura un immense succès au siècle de Louis XIV. Elle sera suivie vers 1600 du tableau de Toussaint Dubreuil, peintre officiel du roi, représentant le souverain en demi-dieu sous les traits d’Hercule terrassant l’hydre de Lerne, symbole de la Ligue.

Le vert-galantAyant recouvré son royaume, pacifié et réconcilié les différentes factions, Henri IV peut, sans déroger, perdre quelque peu de son caractère guerrier ou my-thologique. Presque cinquantenaire et toujours sans héritier légitime, il ob-tient l’annulation de son mariage avec la reine Marguerite (la reine Margot) et épouse la princesse italienne Marie de Médicis. La naissance tant attendue d’un dauphin (le futur Louis XIII), le 27 septembre 1601, à Fontainebleau, est un événement majeur pour le roi et la con-tinuité de la dynastie Bourbon. On fait appel l’année suivante au graveur officiel Léonard Gaultier pour produire une scène montrant le monarque s’amusant

avec ses filles et le jeune dauphin, sou-vent reproduite à l’époque. Dans le tab-leau peint par Jean-Auguste Ingres, que l’on peut admirer au Petit-Palais et inti-tulé Le roi Henri IV recevant l’ambassadeur d’Espagne, on voit le roi à quatre pattes dans son cabinet, le dauphin à cheval sur son dos, et demandant à l’ambassadeur d’Espagne ahuri de la scène: « Monsieur l’Ambassadeur, avez-vous des enfants ? » Notons que cet épisode a été « manip-ulé » longtemps après les faits, puisque le tableau d’Ingres est de 1817. En ré-alité la scène en question s’est passée le 3 novembre 1599 (donc avant la naissance du dauphin Louis) alors que le roi jouait avec les enfants illégitimes qu’il avait eus de sa favorite Gabrielle d’Estrées ! Ingres passe sous silence la paillardise proverbiale d’Henri IV (on lui connaît plus de 60 maîtresses !) et le fait que, mé-langeant enfants légitimés et bâtards, le roi avait transformé le château de Saint-Germain-en-Laye en vaste poupon-nière. Géniteur de six enfants légitimes et treize enfants naturels (légitimés ou pas), le monarque est l’un des plus pro-lifiques, ce qui lui vaut le nom de vert-galant, sans nuire à sa légende.

Henri IV est un personnage lé-gendaire qui n’a jamais cessé d’être au cœur de la mémoire nationale et qui s’est adapté aux différentes époques. Sous Louis XIV, il incarne la figure de l’« Honnête Homme » ; sous la Ré-gence, il devient libertin. Voltaire qui a écrit un long poème en son honneur, La Henriade, le voit comme un apôtre de tolérance, les Encyclopédistes com-me un despote éclairé avant la lettre, Napoléon Ier comme un grand chef de guerre et la Troisième République com-me proche du peuple. De nos jours, il apparaît comme le grand pacificateur. ■

Les « petites phrases » d’Henri IV• Ralliez-vous à mon panache blanc.• Paris vaut bien une messe.• Je veux que chaque laboureur de mon royaume puisse mettre la poule au pot le dimanche.• Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France.

Vocabulary Bonhomie = genialityHauts faits = heroic deedsFraise = ruff

Cuirassé = armouredEstampe = engravingFavorite = the king’s mistress

HISTOIRE

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26 FRANCE - AMÉRIQUE AVRIL 2012

ENTREPRENDRE

C’est en 1921, dans la petite fromagerie de Léon Bel, à Lons-le-Saunier (Franche-Comté) que la vache rouge

voit le jour. Rapidement, le sourire du bovidé séduit la planète et les boîtes de fromage fondu en portions enva-hissent le monde. Dès 1929, « La vache qui rit » s’exporte au Royaume-Uni. Elle débarque ensuite au Danemark, en Belgique, en Espagne, aux Pays-Bas. La joyeuse vache globe-trotteuse est aujourd’hui présente dans 120 pays, on l’appelle « Die lachende Kuh » en Alle-magne, « Vesela krava » en République Tchèque, « Krowka smieska » en Po-logne, « Con bo cuoi » au Vietnam. On entend même le rire de la « Vessiolaia bourionka » en Russie. Chaque jour, 10 millions de portions de « La vache qui rit » sont consommées dans le monde. L’équivalent de 500 fois la hauteur de la tour Eiffel, si on empilait les boîtes rondes.

À la conquête des USA Aux États-Unis, le succès se fait attendre. La vache qui rit débarque en 1970, mais durant 30 ans, le sympathique bovidé français reste dans l’ombre du géant de l’agroalimentaire Kraft avec son célèbre « Philadelphia ». « Au départ, les États-Unis ne faisaient pas partie de la stratégie de développement du groupe, on vendait pour les expatriés français, aujourd’hui ce n’est plus

L’Amérique sourit à la vache qui rit

du tout le cas » explique Éric de Poncins, le patron de Bel America. « Notre cible aux États-Unis ce sont les femmes actives âgées de 28 à 35 ans », précise Éric de Poncins. « Notre objectif est de conserver notre place sur le secteur du ‘snacking’ sain ». En France pourtant « La vache qui rit », c’est le fromage des enfants alors com-ment expliquer qu’outre-Atlantique, ce sont les femmes qui en raffolent ?

Le succès grâce à un best-seller En fait, le fromage fondu français doit son succès à un best-seller The South Beach Diet écrit par Arthur Agatston, un cardiologue américain spécialiste de l’obésité. Dans cet ouvrage, paru en 2003, qui s’est vendu à des millions d’exemplaires, le médecin recommande de manger chaque jour un encas conte-nant de « La vache qui rit » allégée. Le succès est fulgurant, en quelques semaines, l’usine de Leitchfield (Ken-tucky) ne parvient plus à répondre à la demande. Le site français de Lons-le-Saunier est appelé à la rescousse. Chaque semaine, cinq conteneurs maritimes de quinze tonnes sont expédiés aux USA. En un an, les ventes explosent de 250 % et le chiffre d’affaires atteint 47 mil-lions d’euros. En 2006, l’effet de mode s’essouffle peu à peu, mais l’habitude est restée. Le groupe Bel grignote peu à peu des parts de marché. Entre 2008 et 2011,

(Baby) Bel en AmériqueLe groupe Bel compte deux sites de production aux États-Unis, à Leitchfield dans le Kentucky et à Little Chute dans le Wisconsin. La construction d’un troisième site sera lancée cet été, à Brookings dans le Dakota du Sud. On y pro-duira uniquement du Mini Babybel, autre fleuron du groupe, dont les ventes explosent. 8000 tonnes de Mini Babybel sont vendues chaque année aux USA. Bel Brands pré-voit d’embaucher environ 200 per-sonnes lorsque l’usine sera opéra-tionnelle d’ici 2014.

son chiffre d’affaires est passé de 80 à 200 millions d’euros. Le succès de la vache rouge peut faire pâlir de jalousie sa marque rivale « Philadelphia ». De-puis un an, le fromage américain tente timidement de s’imposer en France, sur les pâturages natals de « La vache qui rit ». Mais pour Kraft, la conquête du pays des 365 fromages, ne sera sans doute pas une partie de rigolade ! ■

Aux États-Unis, « The Laughing cow » a une bonne raison de sourire. La célèbre vache française est parvenue à conquérir le royaume du cream cheese. Depuis quelques années, les ventes du fromage fondu triangulaire explosent outre-Atlantique. Une fabuleuse success-story.

Katia Bitsch

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«J’ i ai eu le temps de m’organiser en 36 ans » avoue en toute modestie le Père Siffert. Quand un Français lui pose une question de gé-néalogie, l’ancien curé de l’église française

Notre Dame des Victoires n’a pas besoin de beaucoup de temps pour retrouver les informations nécessaires dans ses registres. Quand il ne connaît pas la réponse de mémoire. Pourtant, ces documents officiels auraient pu disparaître en 1906 lors du tremblement de terre qui provoqua Le grand in-cendie de San Francisco. « Les curés américains ont sauvé les objets de valeur comme des calices en or. Mais à l’église française, ce sont les registres depuis 1856 qui ont été préservés des flammes. Nous som-mes l’église de San Francisco avec les plus vieux registres ». Cette mine d’or, pourtant, ne serait rien sans une connaissance ap-profondie des vagues d’immigrations françaises. Heureuse-ment pour les expatriés à la recherche de leurs ancêtres, le Père Siffert a étudié l’histoire de la communauté française dès son arrivée aux États-Unis, en 1975. Il se préparait alors à devenir le curé de l’église Notre Dame des Victoires. « C’était une né-cessité pour exercer mon ministère d’ouvrir les registres de baptêmes et de mariages.»

De l’exil politique à la financeLe Père Siffert a ainsi découvert que depuis 1900, de nom-breux Français se sont installés dans la baie de San Francisco à la recherche d’argent et de travail. « Sauf qu’à l’époque, ce n’était pas dans l’informatique mais pour les terres et le bétail qu’il y avait ici. La plupart du temps, ces Français venaient de régions rurales pauvres. Ils avaient une famille nombreuse et envoyaient une grande partie de leur salaire en France. Ils étaient jardiniers, bergers ». Ainsi se sou- vient le Père Siffert, 300 personnes du village d’Arette dans les

Pyrénées se sont installées dans la région de San Francisco au début du XXe siècle. De très nombreux Béarnais ont égale-ment tenté l’aventure américaine au début du siècle. Certains ont créé les fameuses « French laundry », d’autres vendaient des chapeaux et d’autres enfin travaillaient dans la restaura-tion. Mais avant même l’arrivée des Pyrénéens, les premiers à avoir traversé l’Atlantique ont été les Lorrains. Un exil dû à l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine par l’Allemagne en 1871. « Ils ne voulaient pas être Allemands, alors ils sont venus ici. » Aujourd’hui encore existe à San Francisco l’association La Gauloise, fondée à l’époque par ces irréductibles Lorrains.

Une figure emblématiqueAu-delà des recherches généalogiques, le Père Siffert, 81 ans, est encore très actif au sein de la communauté française de San Francisco, même s’il n’est plus le curé de l’église française. C’est à lui que l’on doit la création des bourses scolaires pour les enfants de l’école élémentaire catholique Notre Dame des Victoires. Chaque année, grâce à des dons, le Père Siffert col-lecte plus de 100 000 dollars. « Maintenant l’État ne nous aide plus. Avant la France nous donnait 200 dollars, mais ça s’est arrêté lorsque François Mitterrand est venu au pouvoir. En même temps, une si petite somme à partager entre 300 élèves… ». Aujourd’hui encore, il est très occupé entre baptêmes, mariages et enter-rements. « C’est comme si j’avais une petite ville de 30 000 habi-tants à ma charge ». Le Père Siffert se rend régulièrement aux différentes réunions organisées par les associations. Il assistait encore cette semaine à un repas de l’association Les Chasseurs, où se sont réunis plus de 200 Basques. « San Francisco a une com-munauté française. C’est l’histoire qui le dit ». ■

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les Français de San Francisco, Étienne Siffert le sait. L’ancien curé de l’église française de la ville se passionne aujourd’hui pour la généalogie de la communauté française et est incollable sur les différentes

migrations des Hexagonaux à San Francisco.

Gaétan Mathieu

Le Père Siffert, l’âme des Français de San Francisco

POINT FINAL

Le Père Siffert a été curé de l’église Notre Dame des Victoires de 1975 à 2004.Inauguration de l’église, le 12 septembre 1915.

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INSTANTANÉS

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1 Atlanta, GA – Du 6 au 11 mars, le Toulousain Joël Suhubiette était en résidence à Atlanta. Le directeur de la chorale Les Élé-ments était déjà venu avec son groupe en 2010 pour une série de concerts, et était de retour pour des master classes à la Georgia State University (photo) et à Georgia Tech.

2 Salem, OR – Du 1er au 4 mars, un groupe d’étudiants améri-cains de Willamette University ont proposé quatre représenta-tions des Fourberies de Scapin, dans la langue de Molière. Le projet avait été lancé par le Fran-çais Fabien Poète (à gauche), qui est assistant de français à l’université. © Cameron Hill

3 Houston, TX – Le 2 mars, l’artiste plasticienne franco-mal-

gache Voahangy Ramariavelo Grenier (à gauche) organisait le vernissage de l’exposition Ho-rizons francophones qui réunit 11 artistes francophones, dont le peintre québecois Stéphane Lemay. © Mahaly Randrianavony

4 San Francisco, CA – Le 28 février, le réalisateur français Claude Lanzmann était au Jew-ish Community Center pour parler de son livre Le lièvre de Patagonie, paru en 2009, de la réalisation de son célèbre film Shoah (1985) et de ses souvenirs de guerre.

5 Washington, DC – Le 1er mars, à la Maison Française, Mariette Job a inauguré l’escale améric-aine d’une exposition itinérante consacrée à sa tante, Hélène Berr, une jeune étudiante de

Paris qui, dans son journal, a té-moigné au quotidien du sort des Juifs sous l’Occupation avant d’être déportée.

6 San Francisco, CA – Le 28 février, les élèves du Café lit-téraire du Lycée Français La Pérouse ont accueilli l’écrivain haïtien Dany Laferrière, prix Médicis 2009 pour L’Énigme du retour.

7 Boynton Beach, FL – Le 1er

mars, le consul général Gaël de Maisonneuve a remis la mé-daille de la Légion d’honneur à Antony Spaich et plusieurs au-tres vétérans américains, dont une femme, en remerciement de leur rôle joué dans la libération de la France lors de la Deuxième Guerre mondiale.

8 Portland, OR – Le 21 février, l’Alliance Française de Port-land organisait la 4e édition de la French Night avec les Trail Blazers, l’équipe de basket de la ville. Beverly Voytko, membre du bureau de l’Alliance Fran-çaise, a ainsi pu rencontrer deux joueurs français, Nicolas Batum (à gauche), des Blazers, et Tony Parker, des San Antonio Spurs. © Isaac Peretz

9 New York, NY – Le 28 février, la première adjointe au maire de Paris, Anne Hidalgo (en bas à droite), est venue participer à la 56e Commission de l’ONU sur le statut des femmes et rencontrer l’équipe socialiste qui entoure Corinne Narassiguin (en bas au milieu), candidate aux législa-tives pour l’Amérique du Nord.

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