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Compagnies indépendantes de théâtre de Suisse romande quelles possibilités d’amélioration de la diffusion internationale ? Mémoire de Diplôme de formation continue en gestion culturelle Violaine DuPasquier Pré-Landry 47 2017 Boudry Tél 079 220 01 49 13 juillet 2010 / 15 octobre 2010 Evaluateur : M. Eric Lavanchy Expert : M. Claude Farine Diplôme de formation continue en gestion culturelle organisé par les Universités de Genève et Lausanne et l’association Artos Session 2008-2010 Travail tiré à 3 exemplaires, envoyés à Eric Lavanchy, Claude Farine et Ana Rodriguez

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Compagnies indépendantes de théâtre de Suisse romande quelles possibilités d’amélioration de la diffusion internationale ? Mémoire de Diplôme de formation continue en gestion culturelle Violaine DuPasquier Pré-Landry 47 2017 Boudry Tél 079 220 01 49 13 juillet 2010 / 15 octobre 2010 Evaluateur : M. Eric Lavanchy Expert : M. Claude Farine Diplôme de formation continue en gestion culturelle organisé par les Universités de Genève et Lausanne et l’association Artos Session 2008-2010 Travail tiré à 3 exemplaires, envoyés à Eric Lavanchy, Claude Farine et Ana Rodriguez

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SOMMAIRE 1 Résumé 3 2 Problématique 4 3 Hypothèse 5 4 Terrain d’investigation 5 4.1 Compagnies concernées 5 4.2 Définition du mot indépendant 5 4.3 Aides et relais 6 5 Enquêtes 6 5.1 Parcours et regards de compagnies indépendantes

suisses romandes 7 5.2 Parcours et regards de personnalités du monde

du théâtre suisse romand 20 5.3 Clins d’œil de personnalités du théâtre français 34 5.4 Les soutiens à la diffusion et à la diffusion 34 5.5 Les relais / réseaux suisses et internationaux 41 6 Analyse 42 6.1 De la création à la diffusion 42 6.2 La diffusion internationale 45 6.3 Aides financières 47 7 Conclusion 48 7.1 Rencontres théâtrales 48 7.2 Une ambassade de la création artistique théâtrale suisse à Avignon 51 7.3 Vitrine du théâtre suisse romand au CCSP (Centre Culturel Suisse de Paris) 52 Entre ouvertures et contraintes 7.4 Fonds des théâtres suisses romands pour la diffusion 53 7.5 CORODIS + Organe de promotion et de diffusion des spectacles romands

extension des missions et actions de la CORODIS 54 7.6 Conclusion finale 56 8 Bibliographie / Sources 57 9 Lexique 57 10 Annexes - Questionnaire aux compagnies 57 11 Remerciements 57

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1 Résumé

Ce mémoire veut témoigner du parcours mené par les compagnies indépendantes de théâtre de Suisse romande pour accéder au marché international et souhaite analyser de quelle manière les aides à la diffusion peuvent être améliorées.

L’expérience d’une tournée à l’étranger, pour une compagnie, passe inévitablement (exception faite de cas plutôt rares) par une première tournée sur le marché suisse. La première étape de ma recherche était de démontrer les moyens à disposition des compagnies pour tourner dans nos régions déjà (moyens structurels, financiers, relais, réseaux etc.), les critères d’un marché un peu saturé, et voir quelles sont les difficultés de ce tortueux chemin vers une « gloire » internationale hypothétique.

Cette enquête fera apparaître différents regards sur la situation de la diffusion des compagnies indépendantes, au travers de témoignages, de rencontres et d’opinions de metteurs en scène, directeurs de théâtre, chargés de diffusion ou administrateurs de compagnies, responsables d’institutions, puis listera les soutiens financiers existants en Suisse, ainsi que les différents réseaux artistiques suisses et européens. Puis seront évoqués brièvement les regards de théâtres français et de l’ONDA (Office nationale de diffusion artistique, France). Et enfin nous passerons à l’analyse, qui évoquera en premier lieu le parcours des compagnies de la création à la diffusion internationale, pour finir par quelques propositions pouvant améliorer ces relais internationaux, dont mon hypothèse ou plutôt ma proposition d’un organe de promotion et de diffusion du théâtre romand. Remarques : - Pour simplifier l’écriture, la plupart des termes au pluriel (metteurs en scène, directeurs par exemple) sont déclinés au masculin (que les féministes veuillent bien m’en excuser). - Toutes les structures, associations, écoles et autres organismes sujets à abréviation (HETSR par exemple) feront l’objet d’un petit lexique en fin de document. - Tous les livres que j’ai lus ou consultés ainsi que les articles de journaux, mais relativement peu cités par ailleurs malgré qu’ils aient largement contribué à construire ces quelques réflexions, sont listés dans la bibliographie, également en fin de document.

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2 Problématique

Le théâtre suisse romand peine à s’exporter et en premier lieu les compagnies indépendantes. Cette constatation n’est pas nouvelle et à vrai dire tend à se répéter depuis quelques années. Pour quelques « élus » qui sont parvenus à sortir des frontières pour des raisons que nous évoquerons plus loin, combien d’autres appelés sur le marché du théâtre romand ont dû limiter la présentation de leurs créations dans le court circuit des théâtres romands et souvent seulement dans leur canton, voire dans leur Ville ? Le marché du théâtre en Suisse romande étant petit, le nombre de représentations proposées dans les théâtres réduit, et les échanges entre les différentes régions linguistiques rares, la durée de vie des spectacles est extrêmement courte, et tend même à se rétrécir. Effet collatéral de cette réalité, le nombre de spectacles proposés par les nombreuses compagnies de Suisse romande crée entre elles une concurrence toujours plus intense. Dès lors, seul le marché international pourrait permettre à ces créations de prolonger leur existence, et aux compagnies de se développer sous d’autres auspices et d’autres cieux. Mais les possibilités de s’exporter, sur le marché francophone notamment, sont loin d’êtres évidentes et le chemin est semé d’embûches. Pourquoi un théâtre français ou belge engagerait-il une compagnie suisse dans leur pays, alors que leur propre marché est déjà saturé, pour des raisons similaires ? La mise en place d’une tournée par ailleurs requiert en outre beaucoup d’énergie, des moyens structurels et financiers importants, et un travail administratif assez complexe. Cela pour quel bénéfice ? Pourtant, certaines compagnies y parviennent. Ont-elles plus de talent, disposent-elles de relais plus efficaces, de moyens plus conséquents, ou ont-elles su être au bon endroit, au bon moment ? Les voies du succès et de l’accès au marché international sont-elles les mêmes pour tous ? Lors de la création d’un spectacle par une jeune compagnie, la question de trouver un lieu pour le réaliser et le présenter en ayant les fonds nécessaires est déjà primordiale. C’est la première difficulté, la création en elle-même n’étant heureusement pas encore considérée comme telle. Elle trouve sa solution dans un intense travail de relations publiques : démarches auprès des autorités, des institutions, auprès d’autres organismes (fondations, etc.) pour obtenir des soutiens financiers. Demandes auprès des théâtres, des centres culturels, pour trouver des lieux de répétition voire de création, voire de représentation. Une fois que ces conditions sont réunies, que les représentations ont suscité un écho favorable de la part du public, de la presse et des professionnels (pour peu que ceux-ci se soient déplacés) vient très naturellement l’envie de tourner, de montrer à d’autres regards, sous d’autres cieux le résultat de tant de travail. Et cela déjà dans sa propre région, son propre pays (ce qui ne va pas de soi dans un pays morcelé par le fédéralisme et le cantonalisme en matière de promotion culturelle), puis en terre française, francophone, ou même au-delà. Une des questions de ma recherche est de découvrir pourquoi et comment une compagnie de théâtre de Suisse romande parvient finalement à franchir ces frontières, ou pas. Est-ce un objectif en soi, et quels en sont les difficultés, les écueils, les facilités, les critères ? Quels sont les relais, les moyens, et sont-il suffisants ? Ce questionnement passera par toute une série de problématiques liées au travail de diffusion, à savoir la politique de soutien financier de la diffusion par les Villes et Cantons de Suisse romande, la politique de soutien des autres organes de subventionnement (Pro Helvetia, Corodis, Migros, Loterie Romande, mais aussi les fondations privées), la politique également des théâtres de création ou d’accueil envers la création théâtrale romande.

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3 Hypothèse

Je pense que nous avons dans le théâtre romand de vrais talents qui ne demandent qu’à se faire connaître et à voyager. En dépit des compagnies qui sont arrivées toutes seules à sortir des frontières helvétiques, il m’apparaît que tout le monde n’est pas égal devant le marché international. Il est clair qu’avant toute chose, il faut bien sûr du talent, savoir le mettre en œuvre pour créer de bons spectacles. Mais par la suite il faut faire montre de toutes sortes de qualités hors de la sphère artistique elle-même pour pouvoir gérer son parcours: des qualités de manager, de maître en relations publiques, d’expert marketing, de spécialiste en diffusion et en gestion. En outre, la première difficulté est déjà de sortir de ses frontières cantonales. S’il est vrai que les frontières cantonales se sont ouvertes depuis quelques années, un certain atavisme cantonal se fait encore sentir de la part de certains décideurs locaux. Tout cela pour obtenir le relais, le contact qui va soudain tout déclencher, être l’amorce pour franchir l’étape supérieure de la reconnaissance. On a beau dire que le talent est une évidence et qu’il se fait toujours remarquer d’une manière ou d’une autre, mais pour cela, il faut être vu, et par conséquent relayé, aidé, quelque peu poussé sur le devant de la scène, en premier lieu en Suisse, puis à l’étranger. C’est peut-être ce relais, cette promotion, qui manque aux compagnies indépendantes. Un organe central suisse romand qui ferait des actions significatives pour promouvoir et diffuser le théâtre romand dans les autres régions linguistiques de Suisse, en francophonie, et à l’étranger dans un sens plus large aurait ainsi toute sa raison d’être dans notre région. Reste à savoir quel serait précisément son action, son financement et ses dimensions. C’est en ayant cette hypothèse à l’esprit que j’ai rencontré toutes les personnes qui m’ont accueillie dans le cadre de leur travail. 4 Terrain d’investigation

Pour mener à bien ce travail, et dans les temps donnés, il m’a fallu resserrer mon champ d’investigation. 4.1 Compagnies concernées En effet, questionner toutes les compagnies indépendantes créant tous types de spectacles en Suisse romande aurait été un travail de Titan. J’ai donc exclu de ma recherche le théâtre jeune public, les arts de la rue, le nouveau cirque et partiellement la performance, certaines créations de théâtre contemporain étant parois très performatives. Dès lors, ma recherche s’est concentrée sur certaines compagnies indépendantes présentant du théâtre moderne et contemporain et dont le parcours les a menées pour certaines sur le marché international, et pour d’autres non. 4.2 Définition du mot indépendant Quant à la notion d’indépendant, je la définis ainsi : une compagnie qui n’a pas de lieu fixe pour créer et qui n’est pas « institutionnalisée» ; du mot indépendant découle une fragilité due à un statut qui peut être remis en cause d’un jour à l’autre. Rien n’est jamais acquis. Paradoxalement, ces compagnies dépendent énormément des autorités qui les subventionnent.

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4.3 Aides et relais Pour comprendre encore mieux la situation, j’ai questionné différentes personnalités du théâtre suisse romand (théâtres, Villes, Cantons, organes de subventionnement) pour avoir leur regard sur la question de la diffusion ; répertorier également les différentes aides à la tournée et les relais (festivals, rencontres professionnelles, théâtres, associations, etc.) qui existent à ce jour. Puis, obtenir quelques avis et regards de directeurs de théâtre français ainsi que du responsable théâtre de l’ONDA sur le théâtre suisse et suisse romand. Et enfin lister les différents réseaux qui existent au niveau européen et francophone. 5 Enquêtes

Pour tenter de répondre à ces nombreuses interrogations, et comme indiqué dans le point terrain d’investigation, j’ai souhaité rencontrer quelques compagnies en fonction de leurs différents parcours; certaines sont confirmées et tournent actuellement plutôt en Suisse romande, d’autres tournent régulièrement à l’étranger, et enfin il y a les compagnies plus jeunes qui tentent déjà d’exister sur le marché romand. Le critère de la situation géographique a également été pris en compte. Ne pouvant pas toutes les rencontrer, un questionnaire a été envoyé à d’autres compagnies pour compléter mon enquête. Au total, les réponses de dix-sept compagnies et une agence (la seule de Suisse romande) qui représentent différents artistes. (onze rencontres et sept questionnaires retournés complétés sur 25 ce qui est lamentablement peu), soit : Compagnie Pasquier-Rossier, compagnie du Passage, Théâtre de l’écrou, L’Alakran, Teatro Malandro, compagnie Marin, compagnie Ad-apte, compagnie Marielle Pinsard, compagnie SuperTropTop, Tutu productions (agence représentant Massimo Furlan notamment), compagnie L’Outil de la Ressemblance, Carré rouge compagnie, compagnie 93, SAT studio, compagnie Un air de rien, compagnie De jour comme de nuit, 2b company, ACmoser compagnie. Les questions posées traversent leurs parcours de la diffusion suisse romande à la diffusion internationale pour finir sur la question cruciale des aides et relais existants et de leurs possibilités d’amélioration. J’ai également rencontré différentes personnalités du théâtre romand (directeurs de théâtre, institutions ou organe de financement etc.) dont les témoignages sont résumés ci-dessous et qui m’ont amené à mieux comprendre la situation : Robert Bouvier, Théâtre du Passage ; François Marin, Théâtre de Valère ; Philippe Macasdar, Théâtre St-Gervais ; Sandrine Kuster, Arsenic; Karine Grasset, Corodis. ; Daniel Imboden, Pour-cent culturel Migros. D’autres personnes rencontrées de visu ou par téléphone ont construit ma réflexion mais sans que je transcrive directement leurs propos : Barbara Suthoff et René Gonzalez, Théâtre de Vidy, Jean-Luc Borgeat, comédien, Claudine Corbat administratrice de compagnies, Anne-Catherine Sutermeister, directrice du Théâtre du Jorat, Joel Aguet, journaliste, historien du théâtre, Martha Monstein, section théâtre Pro Helvetia, Daniel Jeannet, ancien directeur du Centre culturel Suisse de Paris, Olivier Kaeser co-directeur actuel du CCSP. Enfin, j’évoquerai les quelques clins d’œil de personnalités du théâtre français sur le théâtre venant de Suisse ou Suisse romande.

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5.1 Parcours et regards de certaines compagnies indépendantes 5.1.1 Rencontre avec Cristina Martinoni – Compagnie Marielle Pinsard, Lausanne La compagnie Marielle Pinsard a été créée en 2000 à Lausanne. 1er spectacle : Comme des couteaux en 2001, puis Blonde unfuckingbelievable Blond présenté à la Bâtie en 2002. Depuis, elle a monté un nombre impressionnant de spectacles, parmi lesquels Nous ne tiendrons pas nos promesses (2008) et Pyrrhus Hilton (2007). Assistante à la production et par la suite administratrice de la compagnie Marielle Pinsard Cristina Martinoni a suivi le parcours anticonformiste de Marielle Pinsard; elle a accepté de parler un peu de son travail, de Marielle Pinsard et de la diffusion. Cristina s’occupe surtout de l’administration, de la production et un peu de la diffusion en invitant les directeurs de théâtres et en se chargeant des relances. Actuellement, Marielle Pinsard est souvent invitée par les théâtres directement. Heureusement, car Cristina trouve le travail de diffusion particulièrement difficile, car cela exige un carnet d’adresses acquis avec beaucoup d’années de travail et de rencontres, beaucoup de temps, d’énergie, de la ténacité et pour des résultats pas toujours garantis. Marielle Pinsard a le statut un peu particulier d’auteur, performeur et metteur en scène. Cela lui ouvre les portes d’un milieu, d’une niche artistique qui reconnaît ses talents en Suisse et parfois même plus en France. Ces réseaux, il faut également les maintenir ; Cristina tient un listing de contacts régulièrement mis à jour, auxquels sont envoyées les invitations et les informations sur l’actualité de la compagnie. Subventions / Finances

La compagnie bénéficie du contrat de confiance de la Ville de Lausanne sur 3 ans, donné il y a 2 ans déjà. Le contrat de confiance du canton de Vaud, si alloué à la suite du contrat de confiance de la Ville, permettrait à la compagnie de consolider sa structure et de continuer le travail de promotion commencé avec le premier contrat de confiance. La compagnie reçoit ponctuellement des aides de la part de la Loterie Romande et de Pro Helvetia. Elle a également fait une demande auprès de la Corodis pour son premier spectacle mais cela ne s’est pas très bien passé. Après un accord oral, la Corodis n’a pas gardé son engagement mettant ainsi la compagnie en pertes. Depuis lors, on a évité de leur demander ; notre première expérience ne nous permettait plus d’avoir confiance dans l’équipe Corodis en place. Marielle Pinsard a cependant d’autres apports financiers sous la forme de bourses d’écriture et puis elle bénéficie, de manière intermittente, des prestations de la caisse chômage. Structure

Cristina n’a pas de poste à proprement parler, ni de pourcentage fixe, puisqu’elle travaille au projet, ce qui implique une grande flexibilité. La politique défendue est de partager les montants alloués à l’année selon le projet. Tout le monde est donc payé au même tarif. La compagnie aime l’esprit de troupe, elle a donc ses fidélités tout en restant libre de ses choix. Tournées / Productions

Si les productions sont nombreuses, les tournées restent assez rares. Cela vient de la spécificité de l’auteure, qui préfère créer, faire des performances, des rencontres. En Suisse romande, peu de directeurs de théâtre programment ses spectacles ; elle a cependant été accueillie trois fois au Festival d’Avignon (IN). Il est clair que sa personnalité dérange et son travail n’est pas apprécié par tout le monde.

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Néanmoins, elle voyage beaucoup entre Paris et Bruxelles et fait des rencontres qui suscitent échanges artistiques et projets. Ses choix en matière de distribution peuvent jouer un rôle au niveau de la diffusion. En effet, elle n’engage pas que des comédiens suisses, ce qui peut compléter progressivement un carnet d’adresses et des relais appréciables. Marielle Pinsard a été invitée à Martigues (Festival Ac’toral) par Hubert Colas, qui avait lu ses textes, pour faire une lecture et mise en espace. C’est là qu’elle a été repérée par un des programmateurs d’Avignon qui lui a donné ensuite une carte blanche. Dans son travail d’auteur, elle écrit parfois sur commande, à la demande de metteurs en scène ; mais il arrive aussi que ses textes soient repris par d’autres compagnies. Relais théâtres suisses

Philippe Macasdar (Théâtre St-Gervais) est un vieux compagnon de route de Marielle Pinsard, dans le cadre de son travail d’écriture notamment. Il est la personne qui peut le mieux parler de ses pièces. Au fil des années, l’Arsenic, et sa directrice Sandrine Kuster, sont devenus également des partenaires réguliers dans l’évolution et les orientations artistiques de la compagnie. Personnalité

Cristina souligne que la reconnaissance internationale vient également de la personnalité du créateur et de ses visions artistiques. Certains metteurs en scène sont plus actifs, ouverts, tandis que d’autres se montrent plus passifs, fermés. Marielle Pinsard aime se confronter à des personnes, des milieux différents. Elle fait des spectacles autour de thématiques comme la nourriture ou se rapproche des écoles (Pyrrhus) pour leur proposer une collaboration. Elle fait un théâtre qui n’est pas consensuel et qui se démarque. Ses projets l’occupent sur plusieurs années ; une fois le sujet choisi, elle le creuse, le regarde sous différents angles ; c’est un vrai processus de recherche, suscité par son incessante curiosité et sa soif de rencontres. Ce renouvellement constant l’empêche de tomber dans toute forme de routine. Diffusion internationale

D’après Cristina, il manque clairement en Suisse romande des théâtres qui soient des lieux de création et de diffusion et qui proposent des relais vers l’extérieur pour ce type de productions. Le fait que les compagnies soient soutenues et relayées par un directeur de théâtre suisse romand donne clairement un crédit supplémentaire vis-à-vis des directeurs étrangers. Un des problèmes est que certains directeurs de théâtre, qui sont également metteurs en scène, privilégient en premier lieu leur travail et font des échanges avec les théâtres étrangers sans en faire profiter les autres.

Il y a le théâtre de Vidy qui accueille actuellement un peu plus de metteurs en scène suisses romands, mais il a tendance à s’en désintéresser si la production n’est pas promise à un succès commercial. Pour développer l’accès au marché international, peut-être faudrait-il plus d’agences qui s’occupent de la promotion et diffusion des compagnies suisses romandes (par exemple Tutu Production). Il y en a relativement peu à ce jour.

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5.1.2 Rencontre avec Marie Fourquet – Compagnie Ad-apte, Lausanne La compagnie Ad-apte a été créée en 2004 par Marie Fourquet et Philippe Soltermann. Elle défend un théâtre de création et d’écriture contemporaine. Ils ont créé ensemble plusieurs spectacles en Belgique et en France avant de s’installer à Lausanne. Marie Fourquet et Philippe Soltermann sont auteurs, metteurs en scène et comédiens. La ligne artistique de la compagnie est un théâtre engagé, un regard ironique et empreint d’humour sur notre monde contemporain. Soutiens financiers

À ce jour, la compagnie est soutenue ponctuellement par le Canton de Vaud et la Ville de Lausanne, soit deux aides à la tournée et une aide ponctuelle sur le fonds pluridisciplinaire. Elle n’a aucune subvention fixe venant du fonds pour le théâtre, ni de la Ville ni du Canton. Heureusement, le Pour-cent culturel Migros et la Loterie Romande y pourvoient pour les créations. Et la Corodis ainsi que le programme du Pour-cent culturel Migros « Prairie » suppléent à cela pour les tournées, pour autant que les critères soient remplis. La Loterie Romande, du côté de Genève les a également aidés lors de créations au théâtre Stt-Gervais. Puis d’autres soutiens viennent parfois de fondations et de Pro Helvetia pour des tournées. Dans ce contexte, trouver des coproductions avec les théâtres d’accueil est essentiel à la compagnie pour garantir la réalisation de leurs créations (près du quart de la production). Structure

Marie Fourquet et Philippe Soltermann n’ont pas de salaires fixes payés par la compagnie. Marie ajoute que sur son spectacle Pour l’instant je doute, elle a pu se payer six mois de salaire à 100%. C’est la première fois depuis 10 ans. Par contre, elle a parfois des fonds pour l’écriture de ses spectacles et Philippe donne des cours. Au niveau de l’équipe, la compagnie a des fidélités surtout avec le scénographe et l’éclairagiste, mais pas spécialement avec les comédiens. Diffusion

Tourner pour eux signifient être vus, et ainsi pouvoir développer des relations, des réseaux, même s’ils jouent parfois à perte. Lorsqu’elle était en France, Marie Fourquet travaillait avec un théâtre à Roubaix (le Garage théâtre) qui était partenaire de ses spectacles. Depuis qu’elle est en Suisse, les réseaux français et belges se sont réduits, surtout en Belgique. En Suisse romande, ils ont le soutien du Théâtre St-Gervais puisqu’ils sont tous deux auteurs résidents et qu’ils peuvent bénéficier d’une coproduction pour leurs créations (la 3ème en 2012). Grâce aux contacts de Philippe Macasdar, des programmateurs se sont déplacés pour voir leur travail. Ils ont eu ainsi des ouvertures sur le théâtre de Montreuil ainsi qu’au CCSP (Centre Culturel Suisse de Paris). L’Arsenic fait également un bon travail de relais auprès des lieux de théâtre étrangers. La diffusion est clairement une priorité pour la compagnie Ad-apte, et Marie Fourquet sent qu’elle est en train de passer un nouveau cap en Suisse. Le suivi, le management et la recherche de partenaires coproducteurs sont très importants à ce stade. Un autre enjeu crucial réside dans les conditions de tournée. On en parle peu, mais une tournée exige une équipe soudée, une logistique qui fonctionne et la présence presque constante du metteur en scène, ce qui l’empêche de faire quoi que ce soit d’autre.

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Festival d’Avignon

La compagnie Ad-apte souhaite un jour pouvoir s’y produire. Mais le OFF est très coûteux pour des résultats loin d’être garantis, et il n’y a pas de soutien financier de Pro Helvetia. L’autre alternative est de passer par le biais des lieux de théâtre sur place, mais cela reste très difficile. Améliorer l’accès au marché international ?

Pour Marie, l’amélioration de l’accès au marché international devrait devenir un vrai enjeu des politiques culturelles des Villes et des cantons. Parallèlement, les compagnies doivent en faire leur priorité et engager leur travail sur ce point ; faire travailler leurs réseaux, bouger, faire des rencontres, s’intégrer dans le réseau européen. Au niveau financier, certains fonds existent mais ils ne sont pas suffisants. Et par ailleurs, il faudrait un vrai relais vers l’extérieur, qu’aurait pu devenir le CCSP par exemple ; mais leur salle n’étant pas adaptée au théâtre, ils ne peuvent présenter que de petites formes ; cela ne peut pas devenir une vitrine représentative. Marie ajoute qu’avant toute chose, il faut une bonne facture du travail, des metteurs en scène et des comédiens qui aient le niveau pour se « confronter » à l’international. A ce jour, heureusement, la HETSR fait un travail de formation qui met sur le marché des comédiens d’excellent niveau. 5.1.3 Rencontre avec Geneviève Pasquier – Compagnie Pasquier-Rossier, Lausanne C’est avec un large sourire que Geneviève Pasquier le déclare : la compagnie Pasquier-Rossier a été créée en 1991 par Nicolas Rossier et Geneviève Pasquier, il y aura donc bientôt 20 ans ! Le premier spectacle de la compagnie a plu d’emblée à René Gonzalez, du Théâtre de Vidy, qui les a invités à créer le suivant en 1993 L'eunuque de Zanzibar ou les prodiges de l'amour chez lui. Ils avaient environ 26 ans. Cette création a été appréciée de certains directeurs de théâtres français invités par le directeur du théâtre de Vidy et cela leur a ouvert les premières portes françaises. C’était une première carte de visite, mais Nicolas Rossier avait de son côté un carnet d’adresse grâce au TNS (Théâtre National de Strasbourg – Ecole supérieure d’art dramatique) où il avait fait ses écoles de comédien et ensuite son travail de comédien, avant de se diriger vers la mise en scène. Leur style de théâtre ? La plupart du temps, ce sont des textes non théâtraux avec un fort accent mis sur le texte et le jeu des comédiens. Un penchant pour l’absurde, le décalé, et de manière assez ludique. Si ce sont des pièces de répertoire, il y aura un report dramaturgique, un angle original. Geneviève Pasquier aime expérimenter. Ce n’est pas un but en soi mais un goût. Nicolas Rossier pencherait peut-être plus du côté classique. A eux deux, ils se complètent parfaitement. Subventions

La compagnie a reçu le contrat de confiance de l’Etat de Vaud et deux fois celui de la Ville de Lausanne (75'000.- par saison durant trois saisons). Bien sûr, le fait qu’ils aient tourné a favorisé l’accès aux contrats de confiance. La Loterie Romande ainsi que la Corodis soutiennent régulièrement les tournées de la compagnie, de même que diverses fondations, le Service culturel de la Migros-VD parfois ou le Pour-cent culturel Migros. Le contrat de confiance de la Ville de Lausanne arrive à son terme. « La compagnie va devoir remettre les compteurs à zéro » sourit Geneviève Pasquier. Volontairement, ils n’ont pas lancé de nouveaux projets pour la saison 10-11 pour se consacrer à la tournée de LékombinaQueneau mais réfléchissent à une nouvelle création pour la saison 2011-2012.

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Structure

Les rôles de Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier dans la compagnie diffèrent selon les projets. Parfois metteur en scène, parfois collaborateur artistique de l’autre, parfois comédien. Ils sont payés au projet comme les autres protagonistes de la création ; personne n’est payé à l’année. Parallèlement à leur activité dans la compagnie, chacun accepte des mandats de son côté. L’administration de la compagnie fait l’objet d’un mandat extérieur et c’est relativement fluctuant. Pour la diffusion ? Ce sont eux qui s’en chargent, intégralement. Créations et diffusion

En général, a compagnie Pasquier-Rossier réalise une création par année. Celle de 2009 Lékombinaqueneau (17ème création de la compagnie) a séduit et fera une belle tournée en Suisse romande (10 lieux) en automne 2010. Le spectacle n’est pas trop coûteux, comprend 4 comédiens, et a bénéficié d’un partenariat avec le Théâtre des Osses et une coproduction avec la Grange de Dorigny. C’est un bel équilibre entre l’objet artistique, les contraintes financières et de tournée. La compagnie tourne depuis 2004 essentiellement en Suisse romande et la plupart du temps grâce à des coproductions comme pour Le Château (2008), coproduit par les théâtres Nuithonie, Arsenic et St-Gervais. Le spectacle est coûteux, lourd, et emploie 11 comédiens : impossible dans ces conditions de tourner sans soutiens financiers. D’autres spectacles ont été présentés à l’étranger lors de coproductions avec le Théâtre de Vidy ou grâce à certains contacts français de Nicolas Rossier. Le corbeau à quatre pattes a connu un large succès en 2000 lors des Rencontres théâtrales de Pro Helvetia et a pu tourner en Suisse et à l’étranger pendant une période de trois ans (Liban, France, Suisse allemande). Ces relais, comme ceux des autres coproducteurs et notamment Philippe Macasdar du Théâtre St-Gervais, sont importants et peuvent servir de tremplin. A ce jour, ils se consacrent en priorité aux créations et à une tournée suisse plutôt qu’à la diffusion internationale. Pourquoi ? « Il aurait fallu engager un chargé de diffusion, car essayer de tourner à l’étranger demande beaucoup de temps et d’énergie » argumente Geneviève Pasquier. Dès lors, ils ont préféré mettre leur énergie et leurs moyens sur la création. Améliorer l’accès au marché international ?

Pour améliorer la diffusion, Geneviève Pasquier pense qu’il faudrait encore développer des plates-formes telles que les Rencontres théâtrales de Pro Helvetia (2000) ou les Journées de théâtre contemporain (2009), mais de manière plus régulière, créer des événements en Suisse ou à l’étranger qui puissent servir de vitrines pour le théâtre romand. Et en matière de type de spectacle ? « Actuellement, si l’on veut espérer tourner en France, il faut présenter un produit original, avec une identité particulière, trouver une niche, un créneau pas encore occupé, relève Geneviève. Or pour nous, cela ne doit pas être un but en soi. » 5.1.4 Rencontre avec Jacqueline Corpataux – Théâtre de l’Ecrou, Fribourg Jacqueline Corpataux est comédienne, née à Fribourg. Son parcours l’a menée des cours de théâtre du Conservatoire de Fribourg jusqu’à Paris, où elle va poursuivre sa formation d’actrice avec notamment Ariane Mnouchkine, Giovanna Marini, Patrice Bigel, Carlo Boso (commedia dell’arte) ou encore Luc Fritsch (directeur de l’école de théâtre «Interstice Studio»). De retour à Fribourg, elle cofonde le Théâtre de l’Ecrou en 1987 dont elle est la seule administratrice depuis 1999.

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Le premier spectacle de l’Ecrou sera la création, dans les Etablissements psychiatriques désaffectés de Marsens, d’une pièce écrite autour des textes de Tennessee Williams, Les larmes du vieux crocodile, dans une mise en scène de Luca Nicolaj. Suit en 1988 la création au Belluard de Fribourg d’une pièce écrite par Jacqueline Corpataux, Un fauteuil devant la mer (mise en scène Fabio Pacchioni), qui remporta le «Prix des Lettres Romandes» en 1990. Puis s’ensuivirent de nombreuses créations et de collaborations, placées sous le signe des fidélités artistiques. Ainsi des metteurs en scène Matthew Jocelyn, qu’elle a connu à Paris, de Patrick Haggiag, de Gérard Guillaumat pour ne citer que les plus connus, puis de Thierry Crozat et bien d’autres. Elle est à l’initiative de multiples créations, d’écritures et de productions théâtrales qui tournent en Suisse, en France, en Tchécoslovaquie et jusqu’en Russie. Elle collabore régulièrement avec la compagnie des Artpenteurs, avec laquelle elle part en tournée en 2006-2007 en Afrique avec le spectacle Kardérah.

Soutiens financiers

Sa compagnie lui assure une indépendance qui lui convient. Outre l’animation et l’administration de son théâtre, elle fonctionne en intermittence, en tant que comédienne, avec le(s) autre(s) théâtres romands. Elle est heureuse d’être soutenue par le canton de Fribourg qui, à une certaine époque, ne faisait pas preuve d’une grande ouverture à l’égard du théâtre. Aujourd’hui, une vraie relation de confiance existe entre le Canton et le Théâtre de l’Ecrou. Elle ne reçoit pas du Canton d’aides spécifiques pour les tournées, mais il y a parfois des exceptions si Pro Helvetia entre en matière. Par ailleurs, elle reçoit des soutiens de la Corodis. Ensuite tout est affaire de coproductions avec des théâtres suisses romands ou français. Elle a été la première à Fribourg à lancer une coproduction tripartite (un théâtre français, le Canton de Fribourg, le Théâtre de l’Ecrou). Créations et diffusion

Depuis 99, Jacqueline Corpataux gère seule la compagnie et vit de son métier. Pour ses créations, il est nécessaire de trouver des coproductions pour tourner et donc d’avoir des contacts avec les directeurs de théâtre. « C’est une affaire de rencontres » dit-elle. Au début de sa carrière, elle a rencontré Matthew Jocelyn (ancien directeur de la Comédie de l’Est, à Colmar, il est actuellement directeur de la Canadian Stage Company de Toronto) qui est devenu un ami. Il a été le premier partenaire-coproducteur de ses spectacles et a pu obtenir des subventions sur la France. Plusieurs coproductions se sont faites avec lui. Cela lui a ouvert des portes sur le théâtre français et elle a pu créer un petit réseau dont fait partie notamment Patrick Haggiag. « Avant les directeurs de théâtre ne répondaient pas facilement, maintenant un peu plus. Il faut être tenace. Ne pas lâcher. » Ensuite, il y a deux ans environ, un partenariat culturel entre le Canton de Fribourg et l’Alsace a vu le jour sous forme d’échanges artistiques permettant à des compagnies fribourgeoises d’aller jouer en Alsace et inversement. Elle a pu bénéficier de cet échange avec son spectacle la Trilogie de la Villégiature. Depuis les collaborations sont régulières avec l’Alsace. Améliorer la diffusion des compagnies romandes ?

« La qualité du spectacle, avant tout, ça doit tenir ! » lance Jacqueline Corpataux. « Mais le talent et le succès sont des valeurs très subjectives. » Et d’ajouter qu’actuellement, il y a foisonnement de jeunes comédiens qui créent leurs compagnies à l’issue de leur formation. C’est bien sûr une bonne chose et montre l’esprit créatif qui habite ces comédiens. Mais ensuite, ces nouvelles compagnies doivent faire leurs preuves. Pour cela, il ne faut pas rester dans nos murs, il faut bouger, rencontrer, se créer des contacts à l’étranger. Pour Jacqueline Corpataux, les théâtres qui accueillent les compagnies en Suisse romande devraient tous leur faire profiter de leurs réseaux de diffusion. Et s’affirmer de manière concrète comme garants, défenseurs de leur travail. Mais évidemment il n’existe aucune

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institution qui constitue la panacée en matière de consécration théâtrale. Il est clair que rien n’est acquis et que tout est à remettre sur le métier. Par ailleurs, le développement des partenariats avec les pays transfrontaliers pourrait s’avérer fructueux. A l’exemple de Fribourg avec l’Alsace, ou de la région Rhônes-Alpes (INTERREG), cela peut amener des ouvertures certaines pour des compagnies suisses romandes. Avignon ? A en croire Jacqueline Corpataux, utiliser le festival comme une vitrine du théâtre suisse est à double tranchant. Ce cadre est devenu presque trop prestigieux, et ne débouche pas forcément sur des suites concrètes. Il faudrait plutôt un genre de festival itinérant qui présenterait non seulement le « meilleur » du théâtre suisse ou suisse romand mais également d’autres créations francophones. Quant à la Corodis, qui fait déjà un travail performant, il faudrait peut-être qu’elle s’engage plus à favoriser la création de réseaux vers l’extérieur. « Le lien est fondamental sur et hors plateau » affirme Jacqueline Corpataux en guise de conclusion. 5.1.5 Rencontre avec Véronique Maréchal – Tutu Production, Genève Véronique Maréchal est l’une des associés de l’agence Tutu Productions. Elle et Simone Toendury ont créé l’agence en 2007, une structure de production et de diffusion de créations scéniques contemporaines basée à Genève. Leurs activités se concentrent dans le domaine de la danse contemporaine, de la performance, de l’installation et de la vidéo-danse. Les artistes que l’agence défend actuellement sont : Cindy Van Acker, Massimo Furlan, Nicole Seiler avec un mandat à l’année et Marco Berrettini de manière ponctuelle. Les mandats sont différents selon les artistes : certains regroupent la production et la diffusion, tandis que d’autres se limitent à la diffusion. Tutu production est une des seules agences avec une identité propre en Suisse romande ; certaines personnes sont char Finances

En général, pour un mandat annuel de diffusion, l’agence demande l’équivalent d’un salaire de chargée de diffusion entre 40 et 60%. Ce sont des honoraires garantis mensuels. A cela s’ajoutent les frais administratifs et de tournée. Au niveau de sa structure, l'agence a bénéficié d'un soutien ponctuel de la Loterie romande pour l'acquisition de matériel (informatique et mobilier). Tutu production est une des seules agences professionnelles de ce type en Suisse romande. Et ça marche ? « Ça tourne tout juste, mais pas de misérabilisme ! » lance Véronique. Le budget global des tournées est géré en général avec la collaboration de l’administration de la compagnie. Mais encore, cela dépend si c’est le mandat porte sur la diffusion ou la production, ou les deux. Il est clair que toutes les tournées ne sont pas bénéficiaires et que des soutiens financiers extérieurs sont indispensables. Et ces soutiens sont souvent demandés par les compagnies elles-mêmes. Diffusion, réseaux

Véronique et son associée vont le plus régulièrement possible à des rencontres européennes de bureaux de production/diffusion. Par exemple, dans le cadre de réseaux européens comme l’IETM ou dans des festivals comme Latitudes contemporaines à Lilles. Cela permet de voir comment les autres travaillent et de se faire des contacts. Les contacts s'accroissent également au fil des tournées. Comme elles travaillent avec quatre artistes, leurs chances sont multipliées!

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Leur réseau s'est également agrandi à travers des partenaires comme le Théâtre de la Cité internationale, Pascale Henrot, Les Subsistances à Lyon, le Festival d'Avignon, etc. qui sont des cartes de visites importantes permettant d'accéder à d'autres programmateurs habituellement « injoignables ». Par ailleurs, les artistes ont apporté leurs différents contacts privilégiés. En trois ans d'activités, leur carnet d'adresse a doublé. Artistes, exemple de Massimo Furlan

Les artistes qu’elles défendent sont plutôt bien « cotés » en ce moment, et notamment Massimo Furlan (artiste en résidence au Théâtre de la Cité à Paris, et bénéficiaire d'un contrat de confiance avec la Ville de Lausanne durant les saisons 2009-2010, 2010-2011 et 2011—2012). Pourquoi ? Tutu Production, comme l’indique Véronique, a représenté Massimo Furlan dès octobre 2007, alors qu'il était au début d'une notoriété grandissante. Son travail s’approche parfois de la performance, ou de ce que l’on pourrait appeler théâtre visuel. Certains programmateurs préfèrent ses performances à ses pièces, qu’il nomme créations scéniques. Son succès vient de sa particularité, relève Véronique, qui ajoute que non seulement il a du talent mais il surprend et il touche avec intelligence et folie. Ce qu’il propose sort du cadre, est inclassable. Par ailleurs, il a le sens de l’à-propos, notamment avec sa pièce sur le football l’année du la Coupe du monde (Numéro 10). N’est ce pas un peu « marketing » ? « Non, rétorque Véronique, c’est juste en phase avec l’actualité et les sujets de société. » Pour tourner les spectacles de Massimo Furlan, il a d’abord fallu viser juste, cibler les bons lieux, trouver les bons relais. Ses spectacles ne passent pas forcément la porte des théâtres institutionnels, mais trouvent leur place dans des festivals ou des lieux culturels un peu pointus. Mais depuis qu’il a passé à Avignon par deux fois, cela lui conféré une certaine reconnaissance internationale et d’autres portes se sont ouvertes. Il présente son nouveau spectacle 1973 à Avignon cette année. Est-ce qu’une tournée de Massimo Furlan est forcément rentable ?

Oui, c’est indispensable. Mais sans les aides à la tournée provenant du Pour-cent culturel Migros, de la Corodis et de Pro Helvetia, cela serait difficile. Tous les contrats sont négociés en collaboration avec l’administratrice de la compagnie Numero23prod (la compagnie de Massimo Furlan). Améliorer la diffusion des compagnies romandes ?

Il faudrait une plate-forme à l’extérieur pour promouvoir le spectacle vivant suisse et suisse romand notamment, propose Véronique. Créer une antenne à l’étranger plutôt que d’essayer de faire venir les potentiels intéressés chez nous. Pro Helvetia devrait pouvoir développer ce projet.

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5.1.6 Rencontre avec Florence Crettol – Teatro Malandro, Genève-Meyrin Florence Crettol est administratrice à plein temps du Teatro Malandro depuis trois ans et demi. Avant d’être engagée dans la compagnie, elle était déjà une fidèle admiratrice du travail du metteur en scène colombien Omar Porras. Elle a bien voulu répondre me parler du parcours de la compagnie de Suisse romande qui tourne le plus à l’étranger… Historique

Omar Porras a créé le Teatro Malandro en 1990 à Genève après avoir passé six ans à faire du théâtre de rue à Paris. Il s’installe dans le squat genevois Le Garage et y crée ses premiers spectacles. En 1991, Ubu roi d'Alfred Jarry donne le ton d'un travail caractérisé par un univers baroque, un métissage des cultures, des comédiens masqués, une conscience du corps et une forte présence musicale, le tout conçu de manière organique. Très vite, la compagnie est remarquée et programmée dans différents lieux, notamment au Festival des Arts de Nyon, mais aussi au Festival de la Cité à Lausanne : elle commence à émerger des milieux artistiques et alternatifs locaux. Il y a ensuite une série de spectacles dont certains seront de vrais tournants décisifs pour l’avenir de la compagnie. La Visite de la vieille dame, pour lequel il reçoit le Prix romand du spectacle indépendant. Les grandes scènes internationales s’ouvrent à la compagnie, toujours établie quant à elle dans un squat. L’invitation de Claude Stratz en (Othello,1995) à la Comédie de Genève marque sa première entrée dans un lieu institutionnel. Puis suivra une étape importante, celle de l’investissement des anciens ateliers Sécheron à Genève, où il installera de nombreux espaces artistiques, techniques et administratifs qui rendront possibles la concentration et l'interactivité entre les différentes dimensions du travail durant les créations. Depuis, le Teatro Malandro multiplie les créations (Noces de sang, 1997, créé à la Comédie de Genève, Bakkhantes, Ay ! Quixote, etc.), et les succès, les tournées internationales allant de Suisse en France, en passant par l’Allemagne, puis l’Amérique du Sud, ou encore le Canada et le Japon. En 2003, la compagnie doit quitter les ateliers qu’elle occupe et s’installe en tant que compagnie résidente au Forum Meyrin, où elle travaille encore aujourd’hui. Mais à ce jour, la compagnie se cherche toujours un lieu à elle. Entre 2003 et 2010, la compagnie connaît de nouveaux succès avec une première incursion dans le conte musical (L’Histoire du soldat) qui lui ouvrira les portes de l’opéra, puis avec la reprise de la Visite de la vieille dame, la création de El Don Juan qui l’amènera jusqu’en Belgique, puis de Maître Puntila et son valet Matti, qui tournera en Espagne puis au Japon. Suit Les Fourberies de Scapin, coproduit et accueilli par le Théâtre Forum Meyrin et le Théâtre de Carouge en 2009, qui tournera en France, au Japon et en Amérique latine. Sa prochaine création 2010, créée à Châteauvallon, tourne autour de la figure de Simon Bolivar. Finances

Aujourd'hui, le Teatro Malandro est la première compagnie théâtrale de Suisse romande à être soutenue conjointement par la Ville de Genève (150'000.-), l'Etat de Genève (150'000.-), Pro Helvetia (100'000.-) et la Ville de Meyrin (40'000.-). C’est un contrat de confiance sur trois ans (2008-2010). Par ailleurs, des demandes sont faites auprès de la Loterie romande, de diverses fondations, et de la Corodis pour certaines tournées. Le budget du Teatro Malandro se situe entre 1,8 et 2,8 millions de francs suisses par année.

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Structure L’équipe permanente est formée d’une administratrice/chargée de diffusion à 100%, un responsable logistique des tournées à 80%, une chargée de communication/presse à 80%, une chargée de relations publiques à 60%, une comptable à 60% et un metteur en scène à 150% ! Au niveau des comédiens, il y a une fidélité de troupe, sans qu’il s’agisse de contrats exclusifs. Et puis, il y a bien sûr Fredy Porras, le frère, qui signe pratiquement toutes les scénographies. L’équipe en tournée est en général formée de 9 comédiens, 6 techniciens, et une personne qui peut être l’assistant de la mise en scène, l’administratrice ou le responsable logistique. Lieu de création Les créations se font dans des locaux extérieurs, à la Cité bleue à Genève, ou dans les théâtres coproducteurs en Suisse ou en France). Les bureaux sont situés au Théâtre Forum Meyrin. Coproducteurs A chaque nouvelle création, il faut trouver des coproductions. Mais comme les fidélités existent, il est rare de ne pas en trouver. Par contre, les coproducteurs français ont de moins en moins d’argent, en raison de la conjoncture actuelle difficile en France. Les niveaux de production peuvent être assez divers. Ainsi, certaines participations à des coproductions peuvent n’engager que des moyens ou des investissements relativement modérés, par exemple dans le cadre de festivals internationaux (Malaga), mais de telles plates-formes restent très intéressantes pour le rayonnement de la compagnie. Travail de diffusion Omar Porras a constitué un volumineux carnet d’adresses, créé notamment par le biais de rencontres sur des scènes internationales, comme le Théâtre de Vidy ou le Théâtre de la Ville à Paris. Mais ce type carnet doit être soigneusement entretenu ! En général, pour les tournées, c’est lui qui s’occupe des contacts, si besoin est, et ensuite c’est Florence Crettol qui prend le relais. « En fait, remarque Florence, au-delà de la qualité de ses spectacles, sa meilleure carte de visite, c’est lui. » Il est intéressant de souligner que lors de la conception d’un spectacle, Omar Porras tient compte immédiatement des impératifs de la tournée au niveau de la structure, du décor et du nombre de comédiens. Ces données sont intégrées au projet dès l’établissement de la maquette. Tournées Les longues tournées sont tout juste rentables, et encore pas toujours. Les frais de transport et de déplacement sont énormes (par exemple le transport du décor par bateau au Japon). Le Teatro Malandro fait, depuis son spectacle El Don Juan , environ 150 représentations par année. En 2010, il est prévu de tourner deux spectacles en même temps de juin à décembre.

Un tel succès, pourquoi et comment ?

Florence Crettol parle de son parcours et de sa personnalité, qui ont permis à Omar Porras de développer une esthétique propre et une solide détermination. Depuis toujours, à l’en croire, Omar Porras a eu la volonté farouche de faire tourner ses spectacles. Ensuite, c’est un metteur en scène en permanente créativité, qui évolue et se remet sans cesse en question. « Omar Porras, ajoute-t-elle, aime nouer des relations, et développer ses réseaux internationaux. Un jour il est parti en France avec son précédent administrateur pour rencontrer des directeurs de théâtre et leur présenter son travail avec DVD et dossiers sous le bras. Son caractère est ainsi fait ; il aime prendre des risques et cela lui plaît d’aller voir ailleurs et se confronter aux autres. Il a l’esprit conquérant, est perfectionniste et exigeant. Et puis, indéniablement, il aime l’idée de troupe et si on veut maintenir cet esprit, il faut tourner. »

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Type de spectacle Il n’aime pas se restreindre à un public particulier et aime proposer des spectacles qui plaisent aux gens, accessibles à tous, joyeux et festifs. Depuis 2005, on lui propose de faire des mises en scène d’opéra. Avenir Le Teatro Malandro fête ses 20 ans cette année, avec 20 spectacles. Le succès est là… quelles seraient les nouvelles perspectives ? Omar Porras avait postulé à la direction de la Nouvelle Comédie mais il n’a pas été retenu. Sa nouvelle création Bolivar, fragments d’un rêve, créée au théâtre de Châteauvallon a reçu des critiques enthousiastes et a une belle tournée en perspective.

«Tout ce que j'ai appris, je le dois à l'effort.» Omar Porras

5.1.7 Rencontre avec Barbara Giongo – Compagnie L’Alakran, Genève L’Alakran, tel que le définit Barbara Giongo, se définit comme une compagnie d'activisme et d'agitation théâtrale à Genève (Boucher espagnol, 1997, Ubú !, 2000, Optimistic vs Pessimistic, 2005 ). Elle y travaille comme chargée de production et diffusion depuis 10 ans environ. Elle est salariée à 80% et Oskar Gomez Mata, metteur en scène, à 100%. Une administratrice les seconde à 30% et un technicien est occupé à 5% à l’année (1 jour par mois). Ensuite, les autres personnes sont engagées selon les besoins du projet en cours. Finances En 2008, la compagnie a reçu le contrat de prestation du canton de Genève sur trois ans. À ce jour, une nouvelle demande est en cours, qui a finalement reçu une réponse positive… le contrat a été reconduit pour 2011-2012-2013 ! Par ailleurs, la Ville de Genève leur a attribué dès 2006 une aide annuelle sur trois ans renouvelables. Ces aides sont primordiales pour la compagnie même si elle tourne beaucoup. Elle est en effet considérée comme l’une des rares compagnies à tourner régulièrement à l’étranger. Par ailleurs, les théâtres français notamment y voient un certain crédit donné à la compagnie. Barbara ajoute que l’une des exigences de la Ville et du Canton de Genève est le rayonnement à l’extérieur et c’est en partie pour cela que ces aides leur ont été attribuées. Avec le canton, un bilan est fait tous les trois ans ; c’est très important car cela détermine si l’aide sera renouvelée ou non. Rentabilité des tournées

« Les tournées sont légèrement bénéficiaires, juste ce qu’il faut… » souligne Barbara. Pas de quoi devenir riches, mais ça tourne. Et cela en payant les comédiens et les techniciens correctement. Un élément important est la fidélité de l’équipe ; n’étant pas une troupe à proprement parler (les membres ne sont pas payés à l’année mais sur les projets), les échanges d’idées et un certaine continuité dans le travail de création n’en sont que plus importants. Mais cela reste précaire car avec la crise, les cachets sont en baisse, surtout en France. Diffusion

En fait, L’Alakran tourne plus à l’étranger qu’en Suisse romande. Parce que son travail correspond à quelque chose de spécial, qui n’existe pas ailleurs. Une singularité, un particularisme, un univers qu’on pourrait oser nommer théâtre contemporain expérimental, voire avant-gardiste.

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Mais ce succès est également dû à certains soutiens, tels celui Philippe Macasdar au Théâtre Saint-Gervais dans lequel L’Alakran a été invité en résidence, ou celui l’Arsenic, qui sont semble-t-il les deux seuls théâtres de Suisse romande à programmer régulièrement les créations d’Oskar Gomez Mata. Des créations trop pointues pour les autres ? « Au début, Boucher espagnol, personne n’en voulait » observe Barbara Giongo. « Et puis finalement, il a tourné 5 ans. Aux Rencontres théâtrales de Pro Helvetia, des programmateurs ont vu le travail d’Oskar Gomez Mata et quelque chose s’est déclenché. » Les spectacles de L’Alakran sont par ailleurs régulièrement traduits en italien, en espagnol ou en allemand (par sur-titrage ou en engageant des comédiens qui parlent plusieurs langues), ce qui ouvre d’autres perspectives internationales. Barbara dirige le travail de production et pour ce qui est de la diffusion, elle et Oskar Gomez Mata se répartissent les pays, en fonction des langues qu’ils possèdent, les pays hispanophones revenant bien entendu à ce dernier. Pour L’Alakran, la priorité est de tourner. Par conséquent ils ne ménagent pas leurs efforts pour y parvenir. La tournée est intégrée dans le processus de création. Entre déplacements dans les rencontres professionnelles, dans les réseaux internationaux, et la traduction des pièces, Barbara se rend également régulièrement aux rencontres organisées par l’IETM (cf.« Relais internationaux »). Cette année, elle ira à Berlin et à Bilbao. Le résultat n’est pas toujours immédiat, mais on finit par se faire des contacts avec d’autres compagnies et on découvre d’autres structures, d’autres horizons. La compagnie entretient également des relations suivies avec des théâtres en Suisse allemande, qui lui permettent de développer leurs tournées outre-Sarine. L’Alakran avait déjà participé en 2005 au Festival Est-Ouest, organisé notamment par la Dampfzentrale et le Schlachthaus. Et enfin, leur prochaine création a été pré-achetée par le Theaterhaus Gessnerallee à Zürich. Festival d’Avignon

« Il n’y a pas de recette » fait remarquer Barbara. « il faut du temps, de la patience, de l’endurance. Vincent Baudriller (l’un des directeurs du festival d’Avignon) a suivi le travail d’Oskar Gomez Mata depuis 2003 quand il a vu Cerveau cabossé à Paris, et puis, il a été tenu au courant de ses productions régulièrement, jusqu’au jour où il a dit : je vous prends cette année. Le spectacle Kaïros a été présenté à Avignon en 2009. Barbara ajoute que cela s’est passé de la même manière pour le Centre Culturel Suisse à Paris, qui par ailleurs reste une vitrine de choix pour la création théâtrale. Relais en Suisse romande A la question, et le Théâtre de Vidy ? Barbara répond : « On défend le fait de se produire et se diffuser par nos propres moyens. Et puis, nous n’entrons pas dans leur ligne de programmation. » Elle ajoute que d’autres théâtres mettent sur pied des rencontres pour parler de la diffusion des compagnies (exemple les débats c’est déjà demain organisés par la Comédie) ou relayer leur travail (Journées du Théâtre Contemporain). Les focus sur la création théâtrale romande sont à renouveler constamment. Un organe de diffusion suisse romand ? Personne ne va vendre mieux les spectacles d’une compagnie que le metteur en scène ou les chargés de diffusion, dit-elle. Mais en complémentarité, pourquoi pas ? en créant un catalogue des artistes suisses romands. De toute façon, une politique globale est à revoir.

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5.1.8 Rencontre avec Dorian Rossel, metteur en scène – Compagnie STT Diplômé de l’École Serge Martin à Genève (1994-97), Dorian Rossel est actif depuis une douzaine d’années au cinéma et au théâtre, en tant que comédien et metteur en scène. Après l’expérience au sein du collectif « Demain on change de nom » où il cosigne différentes créations comme la série des « HLM » (Bâtie 2002), il a choisi depuis cinq-six ans de s’investir dans des projets personnels. Ses créations : Les Jours Heureux (Arsenic 2004), Gloire & Beauté-Liquidation totale (Arsenic 2006), Panoramique Intime (L’Echandole 2007), Je me mets au milieu mais laissez-moi dormir (Théâtre de l’Usine 2007), Libération sexuelle (Arsenic 2008), Quartier lointain (Comédie 2008) et Soupçons (Comédie 2009). Dans ses spectacles, Dorian Rossel dresse un portrait de notre époque et de l’expérience que les individus en font avec ludisme et poésie. Il développe un théâtre accessible mais exigeant, singulier et contemporain. La Compagnie STT

La compagnie SST (SuperTropTop) est une association fondée à Lausanne en 2003. Un de ses buts est de soutenir le travail de création de Dorian Rossel. Depuis la création de l’association, neuf spectacles ont été montés et ont tourné en Suisse romande, en Suisse allemande et en France. Equipe permanente : Jusqu’à présent, ils ne sont que quelques-uns à être (très peu) payés. Mais chaque année, une vingtaine de personnes au minimum sont engagées. Subventions

La compagnie peut compter sur le soutien de l’Etat de Genève, de Pro Helvetia, de Loterie romande, de la Ville de Lausanne ainsi que de Corodis. Le Pour-cent culturel Migros, programme « Prairie» la soutient également. Relais, coproductions

Plusieurs créations de la compagnie STT ont été présentées à l’Arsenic à Lausanne et à l’Usine à Genève. Par la suite, plusieurs spectacles ont été coproduits avec la Comédie de Genève, parmi lesquels notamment Quartier lointain et Soupçons. Une collaboration à long terme s’est établie, qui a apporté un certain crédit au travail de Dorian Rossel, pour qui les coproductions sont essentielles pour pouvoir tourner. La compagnie est toujours coproductrice de ses spectacles et garde une maîtrise au niveau du budget. L’administratrice de la compagnie fait le lien avec les partenaires et gère le planning. C’est également la compagnie qui crée sa propre communication. Promotion, diffusion

Pour Dorian Rossel, la diffusion des créations théâtrales est une condition sine qua non de la survie des compagnies. La Suisse, estime-t-il, doit développer la promotion et la diffusion des arts de la scène. Des pays tels que la Belgique et la Hollande n’ont pas hésité à beaucoup investir dans ce domaine, forts du constat qu’à terme, la culture ramène de l’argent, c’est bien connu ! Il faudrait donc commencer par se renseigner sur leur manière de faire. Actuellement, ajoute-t-il, il y a de l’argent pour produire mais rarement pour financer des reprises donnant une deuxième chance aux spectacles « réussis » de vivre une nouvelle vie en Suisse ou à l’étranger. Et avant toute chose, il faut être visible. Et faire venir les programmateurs. Sandrine Kuster (Arsenic) lui a souvent conseillé de cibler les lieux qui correspondant à son travail. Un de ses rêves était de présenter une de ses créations au Lieu unique, à Nantes. Et cela s’est finalement réalisé avec deux spectacles (Soupçons et Je me mets au milieu mais laissez-moi dormir).

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Les tournées à l’étranger amènent un regard neuf sur ses créations. C’est important. Les Journées de théâtre contemporain sont un des moyens pour promouvoir les spectacles. Mais indique Dorian Rossel, la commission de sélection actuelle comporte trop de gens du métier, dont les inclinations sont souvent dictées par leur intérêt particulier (certains directeurs de lieu défendent leur poulain ou s’ils sont metteurs en scène parfois leur propre spectacle). Il faudrait une commission de sélection composée de personnes extérieures ayant un regard avant tout artistique sur les projets qui leur sont soumis. Il y avait également le Prix des compagnies indépendantes, lancé par Jacques Gardel quand il était à l’Arsenic. Il faudrait le réactualiser. Quant à Pro Helvetia, elle initie certes des projets intéressants, mais ses moyens sont trop limités. En outre, elle a peu d’impact au niveau de la promotion et de la diffusion. Dans tous les cas, ce sont les forces de diffusion qui font défaut. Une idée ? Dorian Rossel imagine que chaque théâtre de Suisse romande pourrait mettre deux mille francs dans un fonds de reprise de spectacles. A creuser… Projets

Le spectacle Quartier Lointain, après avoir été mis en attente de l’acquisition des droits, va probablement pouvoir tourner. René Gonzalez a vu trois spectacles de la compagnie à L’Arsenic (le premier il y a six ans et les deux de la saison passée (Je me mets au milieu mais laissez-moi dormir et Quartier lointain) ; le Théâtre de Vidy va devenir producteur délégué du spectacle pour une éventuelle tournée en automne 2011. Pour Quartier lointain, il y a eu une sorte de buzz qui s’est produit, peut-être parce que cela s’adresse à un public jeune et qui connaît la BD. Pour Soupçons, tous les programmateurs qui ont vu le spectacle ont souhaité l’acheter ! La tournée sera également prise en charge par le Théâtre de Vidy. Il est clair que le Théâtre de Vidy-Lausanne a un carnet d’adresses et des relations privilégiées avec certains lieux avec lesquels ils collaborent régulièrement que la Comédie n’a pas puisqu’elle tourne peu. Enfin, deux nouvelles créations seront présentées. La Tempête, d’après W. Shakespeare, spectacle destiné au jeune public, en coproduction avec Am Stram Gram. C’est une production plutôt lourde, avec dix comédiens. Pour la tournée indique Dorian, c’est la qualité du spectacle qui décidera ; le secteur jeune public à moins de débouchés pour les spectacles à grande distribution. Puis ce sera L’usage du monde de Nicolas Bouvier, en coproduction avec le Théâtre de Vidy-Lausanne, la Comédie de Genève et l’Arc-Scène nationale du Creusot (France).

5.2. Parcours et regard de personnalités du monde du théâtre suisse romand

5.2.1 Rencontre avec François Marin, Théâtre de Valère, Compagnie Marin, Sion-Lausanne François Marin est directeur d’un théâtre (Le Théâtre de Valère dès 2005), et d’une compagnie (La Compagnie Marin dès 1994). De par ses nombreuses fonctions, il a une vision particulièrement aiguisée du théâtre romand. Sa première réaction à la problématique de mon mémoire est de remettre en quelque sorte les pendules à l’heure : « Toutes les compagnies à Lausanne et en Suisse romande n’ont pas vocation à sortir des frontières, et par ailleurs elles n’en ont pas forcément le niveau. Ce n’est pas méprisant pour les compagnies de dire cela. Elles touchent un certain public ici, font un travail de proximité et de découvreur. »

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Il ajoute que les mots les plus régulièrement utilisés en ce moment par les autorités en termes de théâtre sont « diffusion » et « médiation culturelle ». L’aspect de la diffusion est devenue aujourd’hui une exigence qui amène presque certaines compagnies à parler de tournée avant même de parler d’objet artistique. Cet impératif de « devoir absolument tourner » est le fruit de la politique de nombreux gestionnaires culturels. Mais tourner nécessite des moyens plus importants, car les aides sont peu nombreuses. Certains pensent que l’ouverture de la HETSR Manufacture a augmenté le nombre de compagnies. François Marin n’est pas de cet avis mais reconnaît qu’il y a désormais plus de comédiens sur le marché. Ce d’autant plus que depuis 1998, les conditions de chômage ont évolué, passant de 6 mois de délai cadre à 12 puis si la nouvelle révision de la LACI passe à 18 mois dès 2011. Sa compagnie, ses projets

Son travail théâtral trouve son origine dans la présentation des écritures contemporaines, de textes qui l’intéressent, qui le touchent, et dans son envie de les mettre en adéquation avec le public. Il lit une septantaine de textes par année et en choisit cinq à six par saison. Il tient à continuer une démarche cohérente. La plupart de ses spectacles comporte deux à sept comédiens au maximum. Au-delà de sept, le projet devient relativement coûteux, et l’implication d’un partenaire institutionnel sera nécessaire. Diffusion

Ses spectacles se jouent régulièrement dans les théâtres de Suisse romande. Mais pour François Marin, tourner n’était pas au départ prioritaire. Son premier spectacle, Comme un ciel de Chagall, pour lequel la compagnie a été créée, a très bien marché, notamment grâce au Théâtre de Vidy-Lausanne. Cela l’a fait connaître en Suisse romande. Ensuite en 2002, un autre spectacle en coproduction avec le Théâtre de Poche de Genève a marqué un autre étape pour lui. Cela lui a apporté une visibilité genevoise et cette entrée dans une institution a représenté pour lui un pas important. Depuis, les portes des théâtres romands lui sont régulièrement ouvertes. Tous ses spectacles se jouent au moins dans deux cantons voire plus, au cours de 25 à 60 représentations par année. Quelques expériences à l’étranger ont vu le jour depuis les Rencontres théâtrales 2000 de Pro Helvetia où l’un de ses spectacles avait été présenté. Par la suite, il a eu des propositions pour aller jouer au Liban, puis en Tunisie et à Mulhouse. Mais maintenant qu’il a une réputation établie en Suisse romande, il est clair que l’objectif est de sortir des frontières… Son théâtre de Valère représentera-t-il un atout pour s’exporter ? Etonnamment, il ne l’envisage pas, ne souhaitant pas entrer dans une dynamique d’échanges avec son lieu de théâtre. De plus, il ne peut proposer qu’une seule date de représentation et par là-même il lui semble qu’il n’est sans doute pas un partenaire suffisamment fort pour entrer dans une politique d’échange. Par ailleurs, il ne désire pas par éthique promouvoir cette politique de renvoi d’ascenseur : c’est la qualité des spectacles qui doit prévaloir pour le public et le théâtre. Des démarches auprès des théâtres français devront être effectuées (envois des dossiers, de DVD, relances, etc.), et il faudra persuader les directeurs de théâtres de faire le déplacement en Suisse.

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Parmi la pléthore d’autres spectacles sur le marché, qu’est-ce qui pourra faire la différence chez François Marin ? « C’est un travail de longue haleine. Il faut faire reconnaître une signature, et pas vendre un produit. C’est une question de travail, de rencontres, de temps. » …Et bien sûr de relais, de partenaires. Si certaines personnalités du théâtre romand aiment votre travail et en parlent, c’est déjà un élément qui peut vous permettre d’aller plus loin. Philippe Macasdar (Théâtre de Saint-Gervais), Sandrine Kuster (Arsenic) font cela, le théâtre de Carouge et Nuithonie également, à leur niveau et avec leurs moyens. Et Vidy ? Le critère est plus économique ; ils ne font pas du forcing s’ils n’y croient pas. Quels sont les critères d’un spectacle qui pourrait tourner ? L’identité, l’esthétique, la ligne, et puis la rhétorique du répertoire. Bref, une rencontre entre des publics qui aiment le pointu et le classique. A en croire François Marin, en matière de diffusion, rien n’est jamais acquis. En premier lieu, c’est ce qui se passe sur le plateau qui est important. Mais ensuite il faut une équipe de tournée sur laquelle on puisse compter. Les régisseurs généraux ayant une vraie conscience des tournées sont peu nombreux en Suisse. Et de plus en plus, les théâtres ne peuvent accueillir un spectacle que pour une, voire deux dates. Par ailleurs, en Suisse, certains comédiens rechignent à partir en tournée longtemps. Au-delà de quatre mois, c’est très difficile (voir Omar Porras avec Les Fourberies de Scapin). Peut-être est-ce une crainte de disparaître du réseau pendant un certains laps de temps.. Subventions

La compagnie a bénéficié d’un premier contrat de confiance après six ans d’activité, qui s’est ensuite renouvelé et dès 2008 a bénéficié du soutien de Théâtre Pro VS. Il reçoit souvent un soutien de la Corodis, mais cela ne suffit pas, c’est subsidiaire. Le Pool des théâtres romands

François Marin est président du Pool. Les réunions du Pool servent d’échanges artistiques entre directeurs de théâtres d’accueil et de production sur les spectacles vus ou à voir en Suisse romande. Depuis 4 ans, une journée est organisée en collaboration avec la Corodis (Commission romande de diffusion des spectacles) et l’UTR (Union des théâtres romands) au début de l’année durant laquelle des metteurs en scène parrainés par les membres du Pool présentent leur nouvelle création en huit minutes. Pour avoir accès à ce speed dating il faut être parrainé par un des membres du Pool. François Marin trouve cette manière de faire fructueuse et a ouvert la présentation de ces prestations à des spectateurs extérieurs directement concernés, subventionneurs, agents culturels, etc. (Daniel Imboden, Migros, Martha Monstein, Pro Helvetia, CCSP, Thierry Vautherot, Groupe des 20 Rhône-Alpes). Les théâtres d’accueil encouragent plus qu’avant les compagnies romandes ; ils ont pratiquement tous leur « vitrine » du théâtre romand dans leur saison.

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5.2.2 Rencontre avec Robert Bouvier, comédien, metteur en scène, directeur de la

Compagnie du Passage et du Théâtre du Passage La Compagnie du Passage a été créée en 2003 et sa première création, Lorenzaccio, est partie en tournée dans les théâtres de Suisse et de France (Vidy-Lausanne, Quartiers d’Ivry, Schauspielhaus de Bâle, Forum Meyrin, etc.). A suivi en 2004, Une lune pour les déshérités, qui a connu un égal succès. Puis Eloge de la faiblesse en 2005, Cinq hommes en 2006, qui ont fait de belles tournées et pour le second un mois au Théâtre de la Tempête à Paris. Enfin les Gloutons en 2007 (qui n'a pas tourné car trop lourd au niveau du décor, du nombre de comédiens etc..), les Estivants en 2008 (qui a été joué en Suisse principalement). Enfin, deux coproductions françaises avec Marion Bierry (metteuse en scène), 24 heures de la vie d’une femme présentée à Paris, en France et en Suisse, et Les peintres au charbon, créée en 2009, qui tourneront en reprise lors de la saison 10-11. Soutiens financiers

La Compagnie du Passage est subventionnée par le Canton et la Ville de Neuchâtel, ainsi que par le syndicat intercommunal du Théâtre régional de Neuchâtel, et soutenue occasionnellement par la Loterie romande, la Fondation Sandoz, Pro-Helvetia, la Corodis, Théâtre Pro-VS et la Stanley Thomas Johnson Foundation. La compagnie est autofinancées à 50%, indique Robert Bouvier, qui souligne aussi qu’elle est indépendante du Théâtre du Passage. En fait, elle est en résidence (permanente) au Théâtre du Passage, à qui elle reverse un pourcentage de ses recettes. En contrepartie, elle peut y répéter, mais avec quelques contraintes liées à l’accueil. Son directeur, qui n’est pas engagé à plein temps au Théâtre du Passage, dédie le reste de son temps à sa compagnie. Le personnel administratif (chargé de diffusion ainsi que la secrétaire-comptable) est engagé à temps partiel et payé directement par la compagnie. Diffusion de la compagnie

La tournée à l’étranger n’est pas une mission absolue de la compagnie. Mais pour prolonger la durée de vie du spectacle et également par rapport aux comédiens, il faut essayer de tourner le spectacle plus qu’une saison. Et le marché suisse étant très petit, il faut aller voir ailleurs. « Ici, un spectacle est plus facile à repérer qu'en France » relève Robert Bouvier. Le Théâtre du Passage est parfois un outil, une monnaie d’échange pour la compagnie et ses tournées internationales. Mais tourner fait également parler du Théâtre du Passage : la compagnie endosse ainsi en quelque sorte des habits d’ambassadeur lors de ses tournées, ce qui est important en termes d’image. La tâche du chargé de diffusion ? Elle est fondamentale. Elle implique la rédaction et l’envoi de dossiers, les relances par courrier électronique ou par téléphone, et un important travail d’organisation des tournées. Mais un contact entre directeur et metteur en scène reste assez primordial. Réseaux

Avant d’être metteur en scène, Robert Bouvier était comédien et quand il est arrivé au Théâtre du Passage, il avait joué dans 36 spectacles et mis en scène un seul. Ses réseaux, il les a développés grâce aux tournées qu’il a faites en tant que comédien. Il a ainsi pu relancer les théâtres où il avait passé, notamment avec son spectacle François d’Assise, qui se révéla être une excellente carte de visite.

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Des tournées qui tournent ?

Les tournées ne sont pas toujours faciles à boucler financièrement, surtout si l’on veut payer correctement les comédiens. Souvent la tournée se solde par un déficit, heureusement comblé par la Corodis et/ou Pro Helvetia. En revanche, certains spectacles comme François d’Assise sont rentables (ce qui est miraculeux) et peuvent ainsi compenser les chiffres rouges des autres. Cinq hommes également était un spectacle pas trop lourd en matière de décor et d’équipe, et qui de ce fait a bien marché financièrement. Robert Bouvier privilégie les équipes mixtes en engageant dans ses projets des Neuchâtelois, des Suisses romands et des Français, qu’il s’agisse de comédiens, de régisseurs, etc. Bien sûr, engager un Jean-Quentin Châtelain, Anne Benoît, Catherine Rich, ou Serge Merlin peut être un atout supplémentaire à présenter. Relais vers l’extérieur

Robert Bouvier considère des manifestations comme les Rencontres théâtrales de Pro Helvetia comme un bon outil en matière de relais, tout comme les Journées du Théâtre contemporain en regard des productions locales. Les théâtres Saint-Gervais à Genève et l’Arsenic à Lausanne jouent aussi un rôle important à ce niveau. D’autre part, le « speed-dating » organisé par le Pool des Théâtres romands lui semble un bon moyen pour les metteurs en scène de se faire voir, remarquer. Festival d’Avignon : une maison de la Suisse à Avignon ? L’idée avait été creusée par David Junod (ancien directeur administratif du Théâtre du Passage), Françoise Courvoisier (directrice du Théâtre de Poche), et lui-même il y a quelque temps, mais elle ne s'est pas révélée très probante. Robert Bouvier signale encore le rôle du Théâtre Nuithonie à Fribourg, qui fait un excellent travail de relais pour les compagnies, avec des échanges avec l’Alsace à la clé. Il précise que Nuithonie est un lieu de création et de production, et que sa mission est de programmer 50% de compagnies romandes. Compagnies de théâtres suisses romandes

Pour Robert Bouvier, il est clair que la HETSR suscite à chaque volée de comédiens qui terminent leur cursus la création de compagnies. Ces jeunes comédiens en fin de formation ne reçoivent pas forcément de propositions, alors ils initient leurs propres projets en engageant des metteurs en scène ou en le devenant. Mais selon Robert Bouvier, cela n’est pas véritablement un problème. Les directeurs des théâtres d’accueil de Suisse romande se déplacent pour voir les productions romandes et les intègrent de plus en plus souvent dans leur saison. Et le Pool de théâtres romands est très solidaire des créateurs romands. Il y a également plus de spectacles suisses romands sur les routes, à l’exemple de l’Alakran, Gilles Jobin, Massimo Furlan qui sont vraiment reconnus à l'étranger sans parler de la compagnie de danse Alias et du Teatro Malandro. « L’effet René Gonzalez » du Théâtre de Vidy-Lausanne y a contribué d’une certaine manière. Il lui semble qu’on assiste aujourd’hui à un bel élan du théâtre suisse romand ; Dorian Rossel, Joel Maillart, Adrien Rupp et Sylviane Tille, sont de fortes personnalités à suivre. Et bien sûr, la relève dont notamment tous les élèves sortant de la Manufacture (HETSR).

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5.2.3 Rencontre avec Sandrine Kuster – L’Arsenic théâtre, Lausanne

En quoi consiste le soutien de l’Arsenic aux compagnies, et lesquelles ? Plutôt jeunes et émergentes ?

L’Arsenic accueille les 1er et 2e spectacles de jeunes compagnies mais également de celles en phase d’être confirmées, mais parfois également les créations de metteurs en scène confirmés. Cela représente donc trois générations de metteurs en scène, en quelque sorte. Par exemple, les compagnies de Nicole Seiler et Gilles Jobin pour la danse, et puis pour le théâtre celles de Marie Fourquet, Andrea Novicov, Denis Maillefer, Massimo Furlan, Omar Porras. Le Théâtre 2.21 a également une vocation d’accueillir régulièrement les compagnies dites émergentes. L’Arsenic, au niveau de la diffusion, a pour objectif principal de faire venir des programmateurs, directeurs de théâtre, etc. aux représentations. Pour cela, elle a constitué un fichier dont chaque fiche signalétique mentionne le lieu, le contexte artistique, les capacités, la tendance artistique, etc. Ce fichier est mis à jour régulièrement avec les directeurs et les artistes qui ont passé à l’Arsenic. Pour chaque spectacle, une sélection très ciblée est faite et une invitation personnalisée est lancée aux professionnels de la branche susceptibles d’être intéressés par ce spectacle. En général une vingtaine de directeurs sont invités aux représentations à l’Arsenic et aux autres dates de la tournée. Ensuite une relance est faite, en général par téléphone. On s’associe également à d’autres théâtres pour leur proposer d’aller voir d’autres spectacles lors de leur passage en Suisse. Une collaboration est également faite avec d’autres agences, par exemple pour Massimo Furlan avec Tutu Productions. L’appui de l’Arsenic apporte une crédibilité auprès des théâtres potentiellement intéressés. Y a-t-il beaucoup ou trop de compagnies en Suisse romande ?

Depuis les années 70, le nombre de compagnies est clairement en hausse. À l’époque, c’était plus compliqué de monter quelque chose, d’avoir des subventions ; Aujourd’hui, nous assistons à une démocratisation du métier. Le théâtre est plus engagé, plus performatif, peut-être plus facile d’accès en un sens. Dès les années 80, des fonds ont été créés pour le théâtre indépendant. Cela lui a donné des ailes, des envies (cf. l’essai Sous les pavés la scène d’Anne-Catherine Sutermeister). Pour en revenir aux aides de l’Arsenic…

L’Arsenic encourage les créations des compagnies locales avant tout, à savoir lausannoises, éventuellement vaudoises, mais pas au-delà, qui représentent quelque 60% de sa programmation. Le reste est de l’accueil, pour des compagnies de Suisse romande ou de l’étranger. L’Arsenic se veut un tremplin. Pourquoi tel créateur plutôt qu’un autre ?

Pour la sélection, il faut se méfier des réseaux qui disent que tel spectacle est génial. Et que tout le monde va prendre. Il faut essayer de garder une certaine distance pour se différencier et garder sa personnalité. Bien sûr, les réseaux existent et le réseautage est très important. L’Arsenic a des fidélités avec des théâtres en Belgique, en France et en Suisse. Ce sont des théâtres de même famille, avec des directions et démarches artistiques similaires. L’ONDA et le Pool des théâtres romands sont également des sources d’appuis et de conseils importantes.

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Les ingrédients d’un spectacle qui va tourner ?

La qualité est essentielle. L’idée, le concept doivent être inventifs. Le traitement et la manière de se placer par rapport au texte, la pertinence du propos... Entrent aussi en ligne de compte le temps de travail, la préparation, la réflexion, l’organisation du travail. Tout cela est important et indique un certain mûrissement. Et puis enfin, il y a le risque artistique. Omar Porras, par exemple, a roulé sa bosse, s’est bougé et a su convaincre. Mais s’il n’était pas bon, il ne pourrait pas durer. Il a construit également ses réseaux, et des fidélités au cours de ses voyages. Il est original et a de la personnalité. Andrea Novicov, c’est pareil. Dorian Rossel, lui, a été accueilli à l’Arsenic pendant trois ans. Puis également à Genève. Cela donne le temps de construire un réseau, ensuite il a été pris à la Comédie. Idem pour Marielle Pinsard qui tourne bien, ainsi que pour Denis Maillefer, qui propose une théâtre de l’intime, un théâtre des gens, frais, avec des thématiques d’aujourd’hui. Le parcours du combattant ?

En général, il faut 3 spectacles à une compagnie ou un metteur en scène pour asseoir son idée, sa personnalité, sa démarche. Si le travail est solide, en général une subvention suit. Suivent les 4e, 5e et 6e spectacles, qui sont un travail sur le long terme, une affirmation du travail de la compagnie. Arrive alors le contrat de confiance (de la Ville de Lausanne ou du Canton de Vaud) qui confère un certain statut. Et enfin, dès le 7e spectacle et pour les suivants, les coproductions se réalisent ainsi que les tournées… Ensuite pour durer, il faut se diversifier, jongler entre les institutions et son statut d’indépendant, être parfois comédien et metteur en scène, auteur, faire des lectures, des créations, des tournée, multiplier les ressources ! Fonds pour les tournées

Outre les subventions habituelles (Villes et cantons, Migros, Pro Helvetia, Corodis), les coproductions des théâtres (L’Usine, St-Gervais, le Grütli ou encore la Bâtie) sont très utiles pour aider les compagnies à tourner. Cela apporte non seulement une visibilité mais une crédibilité vis-à-vis des programmateurs, des institutions. Plateformes , relais, échanges

L’Arsenic a participé avec d’autres théâtres à la mise sur pied d’actions de promotion et de diffusion du théâtre suisse romand, notamment : - Les Journées du Théâtre Contemporain dont la première édition a eu lieu en novembre 2009 a été créée sur le même modèle que celui des Journées de Danse. Durant trois jours, onze compagnies suisses réparties dans six théâtres de Genève et de Lausanne présentent leurs créations. Cette plateforme a pour objectif de soutenir la diffusion en Suisse et à l’étranger, et s’adresse principalement aux programmateurs nationaux et internationaux. L’idée est de renouveler ces journées tous les deux ans dans un canton différent, et pourquoi pas d’élargir un jour aux autres régions linguistiques. - Les Opérations Colporteurs, qui existent depuis 12 ans, en collaboration avec les théâtres Le Poche à Genève, Château-Rouge à Annemasse et la Maison des Arts de Thonon-Evian. L’objectif est de proposer au public des sorties pour découvrir des spectacles en France voisine, à Lausanne et à Genève. Ces « opérations » sont parfois l’occasion pour les artistes suisses de présenter leur travail (comme Marielle Pinsard en 2007).

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- Le Pool des théâtres romands, dont fait partie l’Arsenic, se réunit six fois par année pour échanger et communiquer sur les spectacles et proposent aux metteurs en scène de venir présenter leur création (voir chapitre « Relais suisses ») Quels autres relais ?

Le Centre Culturel Suisse de Paris devrait jouer ce rôle. Tout comme la Bâtie, avec ses journées professionnelles. Quelle évolution pour la diffusion internationale ?

Sandrine Kuster indique qu’il y a 20 ans, les compagnies suisses tournaient beaucoup moins. Et depuis ces sept dernières années, cela a évolué de manière conséquente. Les deux tiers des spectacles sont coproduits ou repris dans un ou deux lieux dans l’année de la création ou l’année suivante. Bien sûr, les principaux metteurs en scène qui s’exportent actuellement restent Omar Porras, Andrea Novicov, Denis Maillefer, L’Alakran, Oskar Gomez Mata, autant de créateurs qui savent provoquer, interpeller, qui prennent des risques et présentent des thématiques fortes. Il n va de même pour Massimo Furlan, qui s’est dans un premier temps fait connaître à travers ses performances, qui ont souligné son extrême originalité. 5.2.4 Rencontre avec Karine Grasset, de la Corodis (Commission romande de diffusion des

spectacles), Lausanne Buts

La Corodis existe depuis 1993. Elle est soutenue par tous les cantons suisses romands ainsi que par le canton de Berne et par de nombreuses Villes (17), ainsi que par la Loterie romande. La Corodis a pour mission de favoriser la diffusion et la promotion des spectacles suisses romands en Suisse, particulièrement en Suisse romande et à l’étranger. La Corodis œuvre à prolonger la durée de vie des spectacles et à permettre leur reprise en tournée par l’attribution de soutiens financiers. Par spectacle, il est entendu toute production théâtrale ou chorégraphique réalisée par des professionnels et présentée en public. Karine Grasset est secrétaire générale. C’est elle qui gère les dossiers de requêtes. Autant dire qu’elle au courant de tout ce qui se crée en matière de théâtre ou de danse en Suisse romande. Ce qui lui fait constater que le nombre de requêtes est en constante augmentation. La Corodis soutient la diffusion de spectacles par le biais de deux fonds. - Fonds avec visionnement : l’attribution d’un soutien se fait sur la base de critères précis

(voir sous www.corodis.ch), accompagnés d’un jugement artistique. Pour qu’une demande de soutien passe en commission, le spectacle doit avoir été visionné au préalable. Le spectacle en question doit être de qualité avec un résultat artistique avéré, ce qui laisse une certaine marge de subjectivité dans l’estimation dudit spectacle.

- Fonds sans visionnement : les membres de la commission, de par leurs connaissances en matière de spectacle, peuvent juger de la qualité des dossiers présentés. La programmation et l’engagement financier de quatre lieux au minimum attestent du professionnalisme et de la qualité artistique des projets. Il est en outre demandé des garanties budgétaires.

La Corodis s’efforce de donner des soutiens au plus près possible de ce qui est demandé dans la requête.

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Activités

Outre ses activités de répartition de fonds, elle s’est alliée avec le Pool des théâtres romands (Théâtres d’accueil) ainsi que l’UTR (Union des Théâtres Romands) pour réaliser différents projets visant à augmenter les possibilités de promotion et de diffusion des spectacles.

Il s’agit d’une part de la publication depuis quatre ans d’un cahier présentant les spectacles des compagnies et théâtres romands en tournée pendant la saison (suppléments encartés dans les quotidiens 24 Heures et Tribune de Genève). Ce cahier est également distribué dans tous les théâtres et institutions culturelles de Suisse romande. Et d’autre part, de la réalisation d’un autre projet, visant une meilleure circulation des spectacles romands dans les théâtres de Suisse romande. Cela consiste à demander aux directeurs de théâtres (membre Pool-UTR) de mettre en commun sur un volet du site internet de la Corodis trois projets de création qu’ils coproduisent et défendent pour la saison suivante. Puis chacun vote ensuite pour cinq projets. Selon le résultat du vote, quelques metteurs en scène sont invités à présenter leur projet aux directeurs de théâtre dans l’espoir d’un éventuel préachat par d’autres salles. C’est également une occasion pour les artistes de faire des rencontres et de nouer de précieux contacts. «Chaque metteur en scène est introduit par le directeur qui parraine son projet, explique Karine Grasset, responsable de la Corodis. Du reste, toute l’initiative est à mettre au bénéfice des directeurs qui ont décidé de mieux soutenir la création locale.» (Le Temps, MP Genecand, 9.2.2010)

Nouvelles ambitions ?

Le souhait de la Corodis pour cette saison 2010-2011 est de faire un bilan de ses 17 ans d’existence et d’activités au regard de l’évolution de la situation des compagnies dans ce même laps de temps. Cela lui permettra de voir s’il est nécessaire de faire évoluer ses outils et son fonctionnement. Dans le cadre de sa collaboration avec le Pool et l’UTR, la Corodis ambitionne de faire évoluer le projet de promotion de la création théâtrale et chorégraphique suisse romande en particulier auprès des professionnels étrangers. L’idée d’un site internet Corodis/Pool/UTR a été évoquée, qui présenterait une sélection de spectacles de qualité, ainsi mis en valeur non seulement auprès des professionnels mais également auprès du public. On y découvrirait les spectacles avec les dates de tournées, les fiches techniques et dossiers de diffusion. Une nouvelle brochure quant à elle pourrait être envoyée aux structures étrangères, de manière ciblée en fonction du type de spectacle. Cela apporterait un crédit supplémentaire aux spectacles. Toutes ces actions nécessitent des fonds supplémentaires. Leur souhait était que le site soit mis en ligne fin septembre 2010, mais l’ouverture du site a été reportée d’une année. Donc à suivre, pour une finalisation heureuse et prochaine, espérons-le. Evolution du théâtre romand et de ses compagnies ?

Selon Karine Grasset, il y a une dynamique particulière en ce moment. M. Jean-Paul Perez, le « Monsieur Théâtre » de l’ONDA (Office national de diffusion artistique, France) ne la compare-t-il pas à celle qui prévalait en Belgique dans les années 90 ? Une telle référence constitue plutôt un bon signe... Combien de soutiens par année ?

La Corodis a accordé 39 soutiens sans visionnement et 36 avec visionnement en 2009. Le budget de la Corodis pour 2010 est de CHF 727'000.- avec CHF 395'000.- pour le fonds sans visionnement, CHF 235'000.- pour le fonds avec visionnement, CHF 97'000.- pour le fonctionnement.

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Avez-vous entendu parler d’un fonds style Regio (cinéma) mais pour le théâtre ?

Il n’y a pas de projet du type Fonds Regio pour la théâtre actuellement. Néanmoins, signale Karine Grasset, il y a un projet ambitieux qui s’appelle « Label + théâtre romand » dont le but serait d’accorder un soutien exceptionnel à la production de deux spectacles théâtraux d’envergure chaque année, à la condition notamment que trois lieux s’engagent. Un montant de CHF 200'000.- environ alimenté par les cantons par le biais de la CDAC (Conférence des chefs de service et délégués aux Affaires culturelles) serait attribué à chacun des projets. 5.2.5 Rencontre avec Philippe Macasdar – directeur du Théâtre Saint-Gervais, Genève Le Théâtre Saint-Gervais : une politique de soutien aux compagnies indépendantes

Le Théâtre Saint-Gervais est un des théâtres qui soutient le plus les compagnies indépendantes de théâtre de Suisse romande. Quelles sont ses motivations et en quoi consiste ce soutien ? Philippe Macasdar commence par me retourner la question. D’abord, que veut dire indépendant ? Qui n’a pas de lieu fixe ? Qui ne bénéficie pas de la structure d’une institution en sous-main ? Contrairement à ce qui se dit généralement, ces compagnies sont parfois plus dépendantes que l’on croit. A ses yeux, la Compagnie du Passage et le Théâtre des Osses ne sont pas des compagnies indépendantes. Ensuite il y a les théâtres institutionnels qui créent et font tourner leurs spectacles. Pour revenir à la question, Philippe Macasdar me propose un petit retour en arrière et une explication sur les trois axes du Théâtre Saint –Gervais : 1. La maison des compagnies (résidences, associations, partenariat coproduction) 2. La maison des langues (Genève internationale, échanges avec des compagnies

étrangères) 3. La maison des plaisirs (le legs pluridisciplinaire, repris à son compte, en continuant

l’entremêlement des arts) Philippe Macasdar me dit qu’il a observé une chose simple : en Suisse romande, il est plus simple de faire un, deux voire trois spectacles que de se développer ensuite sur les trois à six suivants. Cette limite est due au nombre de représentations possibles ainsi qu’à l’espace de diffusion restreint de la Suisse romande. Partant de ce constat, Philippe Macasdar a trouvé intéressant de faire des « contrats de compagnonnage » avec certaines compagnies sur trois ou quatre ans. Il choisit, repère quatre compagnies qui en sont généralement à leur quatrième ou cinquième spectacle et leur propose un contrat de compagnonnage qui peut prendre diverses formes (création, diffusion, reprise). Et quel que soit le résultat, Philippe Macasdar va jusqu’au bout. Il a arrêté très jeune la mise en scène mais a eu dès lors envie de pouvoir prendre part à un compagnonnage assumé. Les premières compagnies étaient :

- Le Théâtre de l’Esquisse, travail avec handicapés mentaux. - Compagnie des Basors : 3 créations. - Compagnie du Revoir, Anne Bisang : 3 créations, 1 reprise. - Compagnie Organon : 4-5 créations.

Ces compagnies ont toutes tourné en Suisse et France (du moins en France voisine) et ont ainsi développé leur potentiel de diffusion.

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L’Alakran (et son metteur en scène Oskar Gomez Mata) a été un compagnon de 1997 à 2005. Révélé surtout par son spectacle Boucher espagnol, il est passé par Paris au Théâtre de la Cité internationale, en Espagne et dans toute l’Europe francophone. En 1998, une carte blanche de Philippe Favre à Lyon a été donnée à Philippe Macasdar. L’Alakran en a fait partie puis Christian Geoffroy-Schlitter sur sa proposition a été programmé à Bonlieu-Scène nationale d’Annecy. Le Théâtre Saint-Gervais a suivi et soutenu également le travail de la compagnie Marielle Pinsard par des apports structurels et financiers. Dès 2000-2001 : sont mis à disposition des compagnies des espaces de répétition, des postes de travail, un soutien administratif et financier. Puis des résidences d’auteur ou de projet sont proposées avec notamment Marie Fourquet, Jérome Richer, Philippe Soltermann et Julie Gilbert. Pour la prochaine saison, deux types de résidence sont prévus : - Résidences de création, avec trois metteurs en scène et leurs compagnies : Christian

Geffroy Schlittler et L’agence Louis François Pinagot, Jérôme Richer et la compagnie des Ombres, Eric Salama et la compagnie 94.

- Résidences de projet : Marie Fourquet et Philippe Soltermann avec la compagnie Ad-apte, Julie Gilbert, José Lillo avec la Compagnie Attila entertainment et Dominique Ziegler, construiront un projet ou écriront une pièce qui sera produite la saison prochaine.

Pour Philippe Macasdar, le Théâtre Saint-Gervais est une communauté d’esprits, de destins, de disputes. Il permet de créer les conditions pour faire émerger des confrontations, des questionnements. Philippe Macasdar est un parrain, un relais. Mais comme il le dit : « Cela a toujours un revers. Si ça réussit, on dit que c’est du copinage, sinon ça passe aux oubliettes. »

Plateformes, relais, échanges

La mise en œuvre de projets transfrontaliers avec la France s’est avérée fructueuse. Par exemple La Banane Bleue (1998-2002), cofondée avec Bonlieu-Scène Nationale d’Annecy. La mise en place de ce projet a permis de soutenir financièrement et d’accompagner artistiquement des équipes de Rhône-Alpes et de Suisse, en collaboration avec les structures culturelles de part et d’autre de la frontière. S’en est suivi Articule en 2009 un projet d’échanges proposés par Labelle Voisine. Avec le Théâtre la Croix-Rousse à Lyon, d’autres collaborations et échanges permettent de faire découvrir le théâtre suisse et/ou genevois par le biais du partenariat Rhône-Alpes. Puis dès 2009, le festival transfrontalier EXTRA a vu le jour, organisé par les trois structures partenaires ADC Genève (Association de danse contemporaine), Théâtre Saint-Gervais Genève et Bonlieu-Scène nationale d’Annecy. Ce festival propose une programmation internationale consacrée aux jeunes artistes qui explorera le thème des frontières, et en favorisant notamment la circulation des spectacles européens et extra-européens. Lors de l’édition Extra-10, sur neuf jours, cinq artistes suisses ont pu présenter leurs créations (Marielle Pinsard, Gilles Jobin, Julie Gilbert, Philippe Soltermann, Fabrice Gorgerat). Egalement créées en 2009, Les Journées du Théâtre contemporain sont un partenariat entre le théâtre Saint-Gervais, le Théâtre du Grütli et le Théâtre de l’Usine à Genève et le Théâtre 2.21, La Grange de Dorigny et L’Arsenic à Lausanne.

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Cette première édition, indique Philippe Macasdar, a notamment permis à Salvador Garcia, directeur de Bonlieu-Scène nationale d’Annecy, de découvrir Dorian Rossel, Jérôme Richer et Christian-Geoffroy Schlitter. Les critères de succès

A cette question, Philippe Macasdar énumère en vrac : qualité, force, singularité, potentiel dans l’espace de la création contemporaine, force de conviction et des équipes également, intelligence, conscience de la proposition, capacité de renouvellement et de remise en question, capacité d’indépendance et de liberté, prégnance, et… des subventions bien sûr ! Et si cela peut marcher ? En soi, ce n’est pas forcément une mauvaise question à se poser... Et finalement, cela peut faire partie des critères de sélection Diffusion et subventions

De son point de vue de « diffuseur », Philippe Macasdar affirme qu’il faut miser sur un « truc », sur l’intérêt qu’on peut susciter. L’Alakran et le Teatro Malandro, tout en étant très différents, n’ont-ils pas les mêmes qualités ? Singularité, esthétique et couleur propre, personnalité. Pourtant comme tout le monde, Omar Porras a commencé au bas de l’échelle et le succès n’a pas toujours été au rendez-vous. Mais il a su se différencier et durer. Marielle Pinsard, quant à elle, a su créer ses propres relais. Mais il lui a fallu quatre à cinq ans d’insistance pour arriver au festival d’Avignon. Il y a dix ou quinze ans, la diffusion en Suisse ou à l’étranger n’était pas une absolue nécessité. Maintenant, on sent une attention particulière sur le besoin de tourner et cela est en outre fréquemment demandé par les autorités subventionnantes, comme gage de qualité et de rayonnement vers l’extérieur. Depuis, l’aide à la diffusion s’est peu à peu développée. Certains metteurs en scène n’aiment pas tourner, d’autres ne pensent qu’à ça. Certains préfèrent se concentrer sur leur travail, d’autres bougent beaucoup. L’aide des cantons et des Villes est essentielle. Mais elle doit rester un appui et ne pas encourager les théâtres d’accueil à brader les cachets des spectacles. Le cachet ne devrait pas être discuté si le spectacle est vraiment désiré. Bien qu’en définitive, de l’avis de Philippe Macasdar, le principal obstacle à la tournée ne réside pas tant dans son financement que dans la difficulté à trouver des lieux où se produire.

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5.2.6 Rencontre avec Daniel Imboden, Migros Pour-cent culturel Daniel Imboden est responsable du programme Prairie et du prix Premio, au service du Pour-cent culturel Migros. Il y travaille depuis 3 ans. Daniel Imboden précise que la Migros soutient la culture à raison d’1% de son budget annuel et la grande moitié va aux écoles (Ecoles-club Migros). Le principal projet de la Migros pour soutenir les productions théâtrales est le programme Prairie. Son budget est d’environ 400-500'000.- par année. C’est fluctuant indique Daniel Imboden. Cela dépend des projets présentés et surtout de la possibilité de tourner. Le but de ce programme est de permettre à des pièces de théâtre d’être jouées régulièrement et dans de nombreux théâtres en soutenant annuellement, par le biais d’une coproduction, cinq productions de compagnies suisses qui ont déjà une reconnaissance au niveau local. La sélection est effectuée sur la base de proposition de théâtres indépendants partenaires, soit Kaserne Basel, Schlachthaus Theater Bern, Theater Chur, Théâtre du Grütli Genève, Théâtre St.Gervais Genève, Arsenic Lausanne, Fabriktheater Rote Fabrik Zürich, Theaterhaus Gessnerallee Zürich. Ces derniers sont renforcés dans leur rôle d’initiateurs du monde théâtral suisse. Outre la contribution financière à la production, le programme peut également prendre également en charge une partie des frais de représentations lors de tournées. En général ce sont pour des tournées en Suisse mais ce n’est pas exclu de soutenir si le tournée se passe également à l’étranger indique Daniel Imboden. Sur la saison 2009-2010, des compagnies suisses romandes ont bénéficié de cette aide (Christian-Geoffroy Schlitter, Cie Belgo-suisse, Cie Ad-apte, Cie Eponyme, cette dernière étant hélas déjà entrain de se dissoudre) Daniel Imboden prend son travail à cœur et est un fervent défenseur de ces jeunes compagnies et des objectifs de ce programme. Pour lui, le but est d’instaurer un dialogue avec elles et de les soutenir avec de vraies coproductions, mais pas de politique de pré-achat. Il se déplace au moins une fois par semaine en Suisse romande pour aller voir un spectacle et échanger avec les directeurs de théâtre. Il est assez critique avec le système de subventions en Suisse romande notamment. Pour lui, il y a trop de commissions qui n’ont pas assez de pouvoirs et dont les membres ne sont pas assez formés artistiquement. Et il y a trop d’intermédiaires qui empêchent de prendre des décisions selon un politique culturelle faite de choix. De manière générale, il souhaite que les choix soient plus ciblés et qu’ils soient assumés jusqu’au bout. C’est une question de mentalité. Le consensus helvétique ? Bien sûr il y a beaucoup de productions et de compagnies mais il faut mettre un focus sur certaines pour qu’elles se développent. Mais certains ont pu sortir des frontières helvétiques à l’exemple d’Omar Porras et son univers baroque, festif, et Massimo Furlan, et Yan Duyvendack dont les performances séduisent beaucoup. Egalement Zimmermann & de Perrot qui ont vraiment décollé depuis que le Théâtre de Vidy-Lausanne a fait tourner leur spectacle Gaff-aff. Les jeunes compagnies ont des moyens pour faire leur premiers pas dans le monde théâtral mais par contre, il n’est pas facile de durer. Certaines croient qu’après un spectacle, elles sont établies mais au contraire, c’est à cette étape qu’il faut continuer à créer, à chercher, être tenace.

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Premio

est un prix d’encouragement pour les arts de la scène à l’intention de jeunes compagnies ou collectifs de jeunes travaillant à titre professionnel, et proposant des créations théâtrales et chorégraphiques novatrices. Les lauréats reçoivent une contribution de Fr. 20 000 pour leur production. En outre, les participants à la demi-finale et à la finale peuvent nouer de précieux contacts et relais en vue d’éventuelles représentations publiques. Les cachets de ces représentations sont pris en charge par le Pour-cent culturel Migros et la fondation Ernst Göhner. Le concours a lieu chaque année. Premio est financé par plus de 30 institutions théâtrales de toute la Suisse et a conquis une solide réputation auprès des créateurs du théâtre et de la danse, des organisateurs et du public. Cette année, Zooscope Production de Lausanne a gagné le premier prix avec La loi d’interaction. Suivi de Diagnose Diagnose, Magic Garden, Bâle, puis de Please advise as necessary du Collectif californium 248 de Genève, et enfin Where are your beans, kids ? de Valentine Paley à Vevey. La compagnie Alexandre Doublet de Lausanne avait reçu le premier prix en 2008 pour Il n’y a que les chansons de variété qui disent la vérité. Services culturels Migros régionaux

Les 10 coopératives locales sont complètement autonomes et elles choisissent leur stratégie. Certaines organisent leurs rayons culturels comme les fruits et légumes dit Daniel Imboden. C’est parfois plus lié à leur marketing qu’un véritable soutien artistique. Mais le service culturel de la Coopérative Migros Vaud a choisi de soutenir la compagnie Ad-apte par exemple, ce qui est une bonne chose. Autres programmes

Coopération avec les petites scènes : En proposant une collaboration active à une sélection de petites scènes suisses, le Pour-cent culturel Migros veut resserrer les liens entre les artistes, les agences et les programmateurs/organisateurs de spectacles. Par ce soutien, le Pour-cent culturel Migros contribue à diminuer le risque généralement porté par les organisateurs locaux, souvent bénévoles. De plus, les artistes sont activement soutenus par des possibilités de se produire sur scène. Quant au public, il peut découvrir de nouveaux talents et des spectacles étonnants sur des petites scènes de sa région. Petits scènes participantes : Altes Kino Mels, Alte Turnhalle / Kultur in Engelburg KiE, Café-Théâtre LE ROYAL, Chäslager Stans, Commission culturelle, Châtel-St-Denis, CPO Croix d'Ouchy, Kulturhaus Rosengarten Grüsch, Kulturkeller La Marotte, Kellertheater Bremgarten, Kellertheater «die Tonne», Kellertheater im Vogelsang, Altdorf, La Vouta, Lavin / Lö da cultura, inscunter e fuormaziun, Meck à Frick, Oberwalliser Kellertheater Brig, Scala Wetzikon, Schlosskeller Fraubrunnen, Sigristenkeller Bülach, Somehuus Sursee, Théâtre du Dé, Evionnaz, Théâtre Hameau – Z'Arts, Werdenberger Kleintheater fabriggli

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5.3. Clins d’œil de personnalités du théâtre français La plupart des directeurs français contactés par mail ou par téléphone sont assez unanimes quand on leur demande pourquoi ils ont engagé dans leur saison théâtrale une compagnie suisse romande. Parce que le spectacle leur plaît, qu’il est de qualité, qu’ils apprécient le metteur en scène et son travail. Le fait qu’il soit suisse ou pas n’est pas vraiment important. Ça a un côté exotique me dit un des directeurs, en plaisantant. Mais vient ensuite la question des relais, des visibilités. Comment ces spectacles parviennent-ils aux oreilles et aux yeux des programmateurs français ? Le plus souvent, en étant relayé par d’autres personnalités françaises du théâtre qui voyagent, parfois par les directeurs suisses qu’ils connaissent. Et également en se déplaçant dans les rencontres théâtrales en Suisse auxquelles ils sont conviés. Egalement par le biais du festival d’Avignon où l’on peut voir quelques artistes suisses cette année ! A la question de l’identité du théâtre suisse romand, il y a peu de réponses.. et l’identité du théâtre français.. que peut-on en dire ? il y a des artistes, des metteurs en scène, la nationalité n’est pas vraiment importante. Néanmoins, il est signalé un certain particularisme, une autodérision, un humour, un côté décalé qui pourrait se remarquer en ce moment chez certains metteurs en scène suisses. Du côté de l’ONDA, et son spécialiste en théâtre M. J.P. Perez, ll semble qu’il se passe des choses en Suisse, à l’exemple de la Belgique des année 90. Certains artistes en tous les cas sortent du lot et font parler d’eux. Yan Duyvendack, L’Alakran, Cindy van Acker, Gilles Jobin et Zimmermann & de Perrot. Par ailleurs, il a déjà des connaissances de metteurs en scène suisses dont il aime le travail et qu’il suit régulièrement (Andrea Novicov et Denis Maillefer). L’ONDA dans ses rencontres professionnelles convie de temps à autre des directeurs ou metteurs en scène suisses. Cela pourrait se développer en lien avec la Corodis. 5.4. Les soutiens à la création et la diffusion

Boucler un budget de tournée en étant bénéficiaire est souvent de l’ordre de l’impossible. La plupart des tournées ne sont pas viables sans le soutien des autorités, institutions, fondations. Pourquoi ? Le cachet du spectacle devrait tenir compte des frais effectifs de tournée (salaires comédiens, techniciens, chargée de diffusion, frais de communication, location matériel, frais de reprise de costumes-accessoires-maquillage, frais de déplacement de l’équipe et de transport du décor, taxes etc) et d’une petite marge supplémentaire. Le marché artistique n’échappant pas aux lois de l’offre et de la demande, ce cachet de base sera revu et corrigé selon différents paramètres, dont la qualité du spectacle, sa forme, son sujet, et éventuellement sa durée, la notoriété du metteur en scène ou de la compagnie, son potentiel de public, les relais ou relations à son actif, la période à laquelle est la tournée, le nombre de représentations, etc.. le cachet final est donc évalué et fixé en fonction de ces données et du vécu de la compagnie. Puis, ces paramètres seront inévitablement pris en compte lors de la négociation du montant du cachet entre la compagnie et le théâtre d’accueil. Un autre paramètre va intervenir également dans la discussion, celui des soutiens à la tournée. Selon les demandes que la compagnie aura faites, et si les critères de base sont respectés, elle pourra peut-être recevoir des soutiens à la tournée de - de la Ville et du canton où elle réside - de la Corodis - de Pro Helvetia (tournées à l’étranger) - du Pourcent culturel Migros En fonction des soutiens reçus, cela apportera une marge de manœuvre aux compagnies pour la discussion avec l’éventuel théâtre intéressé. Mais en général, il s’agit de baisser le

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cachet afin que le spectacle soit pris. Les directeurs de théâtres le savent et forcément en usent quelque peu. En France, certains théâtres –– négocient le cachet et les frais effectifs (frais de déplacement, transport, défraiement, hébergement), et attendent de savoir si Pro Helvetia peut les « soulager » d’une partie de ces frais, sachant que la fondation soutient les tournées par le biais d’aides aux transports et déplacement. Les aides sont-elles apportées aux compagnies ou aux théâtres d’accueil ? Tout cela entraîne des manœuvres de tous les côtés pour tirer son épingle du jeu. Cela en fait partie. Mais qui est le gagnant, qui est le perdant ? la prise de risque est quand même plus élevée chez la compagnie. 5.4.1 Subventions des autorités – quelques exemples

Voici quelques exemples de types des subventions octroyées par les Villes de Lausanne et de Genève. Entre les aides ponctuelles à la création et à la diffusion ainsi que les contrats de confiance, les politiques d’aides à la création et à la diffusion sont relativement transparentes. Le système du saupoudrage est toujours d’actualité ; et même décrié, il finit par contenter beaucoup de monde. A l’instar de Daniel Imboden qui s’insurgeait contre ce manque de direction et de choix, ce système a encore de beaux jours devant lui. Ville de Genève Création La Ville de Genève octroie des soutiens à la création et la production théâtrale, en priorité à des créations genevoises pour des spectacles prioritairement présentés en Ville de Genève. Critères : - Le parcours effectué par la compagnie ou par le metteur en scène ; les deux premiers

spectacles publics d’une compagnie, ou d’un metteur en scène, ne peuvent bénéficier d’une subvention.

- L’intérêt prévisible pour la vie culturelle et artistique locale. - L’équilibre du budget prévu ; les cachets et salaires seront compatibles avec les minimums

définis par le Syndicat suisse romand du spectacle. - Les partenariats prévus pour des représentations ultérieures dans une institution d’une

autre localité. - Le lieu et les dates de représentation prévues ; priorité pourra être donnée aux projets

prévus dans des salles bénéficiant d’une subvention de fonctionnement. - Les projets dont le coût paraîtra disproportionné par rapport à la jauge de la salle, au

nombre d’artistes engagés, aux salaires prévus, ainsi que par rapport à l’engagement des partenaires, pourront être refusés. (cf document de la Ville de Genève « Théâtre – critères d’attribution de subventions à la création théâtrale indépendante », entrée en vigueur 1.12.2005)

Diffusion Outre la création, la Ville de Genève soutient les échanges et tournées à l’extérieur de Genève. Le Département de la Culture a pour objectifs de favoriser le rayonnement de la vie culturelle genevoise, de promouvoir le travail des artistes vivant à Genève et de stimuler les échanges culturels. Critères : - Les bénéficiaires peuvent être des artistes professionnel-le-s domicilié-e-s à Genève ou

des organismes culturels (producteurs, productrices, associations, institutions, fondations, etc.) présentant le travail des artistes genevois-e-s à l’extérieur de Genève.

- La cohérence et la crédibilité du projet, en particulier du point de vue de son budget, de son contenu et de sa probable réalisation.

- L’intérêt du projet du point de vue de la promotion du travail de l’artiste ou de la promotion de la vie culturelle genevoise.

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- Les prestations offertes par le partenaire invitant (cachet, frais de voyage, frais d’hébergement et de repas, frais techniques, salle ou lieu d’exposition, promotion, etc.). (cf document de la Ville de Genève « Echanges et tournées – critères d’attribution de subventions aux échanges culturels », entrée en vigueur 1.12.2005)

Ville de Lausanne La Ville de Lausanne et son service de la culture propose aux compagnies ou metteurs en scène professionnels des subventions pour - Le soutien à la création théâtrale : attribué à tout projet théâtral destiné au public

lausannois ou de l’agglomération lausannoise. Il est également possible pour les metteurs en scène soutenus régulièrement de faire une demande pour une création destiné au jeune public. Les montants varient entre 10'000.- (premières mise en scène) et 40'000.-.

- La diffusion : des subventions annuelles sont accordées pour des tournées de spectacle de théâtre en Suisse et à l’étranger, a priori aux compagnies ou metteurs en scène lausannois. Le montant dépend du projet et du budget présenté dont il n’est qu’une participation.

- L’accueil : des subventions ponctuelles peuvent être accordées pour la présentation d’un spectacle dans une salle de Lausanne, aux metteurs en scène ou compagnies de l’extérieur, pour autant que les lieux qui les accueillent n’ait pas de budget suffisant.

- Le contrat de confiance : est une aide à la création prévue sur une période de trois ans. La compagnie bénéficiaire est tenue de présenter deux créations à Lausanne. Le but est d’offrir à une compagnie prometteuse du théâtre indépendant lausannois de meilleures conditions de création et lui permettre de se développer sur la durée. Le montant est de 75'000.- par saison, pendant trois saisons. Ce contrat est une aide pour tenter de prolonger la durée de vie d’un spectacle en permettant à l’artiste de le faire tourner. Les contrats de confiance ont été établis à Lausanne dès 1996.

Les compagnies suivantes ont pu bénéficier cette année du contrat de confiance La compagnie Marielle Pinsard, Le Théâtre en flammes, la compagnie Numero23Prod, et celle des Jours Tranquilles.

- La bourse de compagnonnage, en partenariat avec le canton de Vaud, est destinée aux metteurs en scène émergents pour faire un assistanat à la mise en scène auprès d’une compagnie confirmée ainsi qu’un stage auprès d’un metteur en scène non romand. La deuxième année sera consacrée à a création d’un spectacle en collaboration avec la compagnie d’accueil. La bourse est de 60'000.- sur deux ans.

Canton de Fribourg / Ville et agglomération de Fribourg Dans le canton de Fribourg, diverses collectivités publiques financent les activités culturelles. Il s’agit notamment de l’Etat, de la Loterie romande (semi-publique), des Communes et des associations de communes, telles que Coriolis pour le Grand-Fribourg. Canton de Fribourg

L’aide à la création professionnelle est prioritairement du domaine de l’État. Les créateurs/créations professionnels sont désignés par l’État. L'Etat contribue à la promotion des activités culturelles, principalement dans le domaine de la création (= production de produits culturels). L'Etat intervient à titre subsidiaire en matière d'animation culturelle. L'Etat soutient la création professionnelle à condition d'un soutien financier direct ou indirect par la ou les collectivité(s) locale(s) directement concernée(s) (par soutien financier indirect, il faut entendre l'octroi d'une subvention au lieu où est produite la création). L'Etat peut soutenir des animations si elles ont un caractère occasionnel et un rayonnement supra local. La Loterie romande soutient (en accord avec l'Etat) les lieux permanents et/ou les animations répétitives, ainsi que les créations.

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Le Service de la culture a pour missions, d'une part de mettre en œuvre la politique de l'Etat en matière de promotion des activités culturelles, en particulier par l'octroi de subventions, d'autre part d'exercer la surveillance sur les institutions culturelles de l'Etat et de veiller à leur coordination. Instituée en 1982 par le Conseil d'Etat, la Commission cantonale des affaires culturelles est un organe consultatif rattaché administrativement à la Direction de l’instruction publique, de la culture et du sport. Le Conseil d’Etat et la Direction peuvent lui conférer une compétence de décision sur des objets particuliers. La Commission est consultée sur : • le projet de programme gouvernemental dans le domaine de la promotion des activités

culturelles ; • le projet de budget relatif à la promotion des activités culturelles ; • les critères d’attribution des subventions ; • l’attribution des subventions, les achats et les commandes ; • les projets de lois et de règlements relatifs aux affaires culturelles ; • toute question culturelle de portée générale dont la Direction la saisit. Subventions attribuées Subvention ordinaire Une subvention ordinaire consiste en une aide financière annuelle destinée à contribuer aux frais administratifs courants d’une association, d’une société ou d’un groupe culturel. Elle est octroyée aux conditions suivantes : • le requérant ou la requérante exerce une activité jugée prioritaire pour la vie culturelle du canton ; • le requérant ou la requérante peut justifier d’une activité régulière de plusieurs années

Subvention extraordinaire (Garantie de déficit) Une subvention extraordinaire consiste en une aide financière unique destinée à soutenir une manifestation ou une animation qui a un caractère occasionnel. Elle peut consister également en une garantie de déficit pour un montant déterminé. Elle est octroyée aux conditions suivantes : • le requérant ou la requérante est une personne de droit privé ; ce peut être une

personne de droit public lorsque la Direction participe avec elle à une opération de décentralisation ou d’échange culturels ;

• la manifestation ou l’animation envisagée a lieu sur le territoire cantonal, à moins qu’il ne s’agisse d’une opération de décentralisation ou d’échange culturels organisée sous l’égide de la Direction ;

• la manifestation ou l’animation envisagée a un rayonnement supralocal ; • la manifestation ou l’animation envisagée est jugée prioritaire pour la vie culturelle de

la région concernée ; • la manifestation ou l’animation envisagée est soutenue financièrement par la ou les

collectivités locales directement concernées ; • la subvention ou la garantie de déficit demandée a un caractère subsidiaire.

Aide à la création ponctuelle Une aide à la création consiste en une aide financière ou tout autre moyen approprié destinés à soutenir un projet de création qui a une relation étroite avec la vie culturelle du canton. Elle est octroyée aux conditions suivantes : • le requérant ou la requérante a son domicile légal dans le canton ; si tel n’est pas le

cas, le projet doit avoir une relation étroite avec la vie culturelle du canton ; • le projet envisagé est jugé digne d’intérêt ;

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• le requérant ou la requérante doit justifier d’une formation professionnelle achevée ou en cours ou d’une expérience jugée équivalente dans le domaine d’expression concerné ;

• le requérant ou la requérante doit être en mesure de financer au minimum la moitié du coût total du projet de création.

A titre d'aide à la création ponctuelle, la DICS peut également procéder à des achats ou à des commandes d'oeuvres (art. 14 RAC).

Aide à la création pluriannuelle Une aide pluriannuelle à la création consiste en une aide financière destinée à : • un groupe de créateurs ou créatrices professionnels ; • un opérateur culturel ou une opératrice culturelle dont l’activité principale consiste à

produire des créations professionnelles originales. Le ou la bénéficiaire ne peut revendiquer l’obtention d’une autre forme de subvention. Sont réservées les opérations de décentralisation ou d’échange culturels organisées sous l’égide de la Direction. En plus des conditions établies pour une aide à la création ponctuelle, les conditions suivantes doivent être remplies : • le requérant ou la requérante doit justifier de trois années consécutives d’activité

artistique dans le canton et y exercer une part significative de son activité ; • l’activité du requérant ou de la requérante est jugée prioritaire pour la vie culturelle du

canton ; le support juridique du requérant ou de la requérante doit être une personne morale ;

• le requérant ou la requérante doit posséder une organisation artistique et administrative permanente ;

• les recettes propres et les apports de tiers doivent constituer plus de la moitié des recettes totales annuelles.

En Ville de Fribourg, dans le cadre du budget annuel voté par le Conseil général, chaque demande de subventions est : examinée par le Service culturel, préavisée par la Commission culturelle de la Ville (pour ce qui est des demandes en cours

d’année), décidée par le Conseil communal ;

Dans le cadre de Coriolis Promotion (Association de communes pour la promotion des activités culturelles), chaque demande de subventions est : examinée par le Service culturel, préavisée par la Commission culturelle régionale, décidée par le Comité de direction (composé des représentants politiques des communes

membres) ; Chaque décision est le fruit d’une réflexion qui doit tenir compte, dans la mesure du possible, de la pertinence du projet, des besoins exprimés par les requérants, des moyens à disposition et de l’entrée en matière (prioritaire ou subsidiaire) d’autres collectivités publiques et privées. Le Service culturel, les commissions culturelles, composées majoritairement de représentants non politiques, et les organes décisionnels appliquent des critères d’octroi de subventions basées sur des cadres légaux, des règlements et des objectifs stratégiques claires, mais en évolution permanente. Le soutien à l’animation culturelle professionnelle (c’est-à-dire aux organisateurs ou aux lieux d’animation) incombe prioritairement aux associations de communes. Les organisateurs, respectivement les lieux d’animation professionnels d’importance régionale sont désignés par Coriolis Promotion. Cet organisme créé en 2001 comprend les cinq communes de

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Fribourg, Villars-sur-Glâne, Givisiez, Granges-Paccot et Corminboeuf. Elles se sont unies sur la base du rapport Objectif 2006 « Fribourg, pôle de compétence artistique » (cf Rapport de l'Entente intercommunale pour la réalisation d'infrastructures culturelles dans l'agglomération fribourgeoise.. ) , et sous l’égide du préfet de la Sarine afin de créer durant la législateur 2001-2006 les conditions cadres pour le développement de la plate-forme culturelle fribourg. (Cf Extrait de Concept Coriolis -www.coriolis-fr.com). Au 31 décembre 2009, l’association de communes, Coriolis Promotion, a été dissoute. Le concept Coriolis a fait l’objet d’une évaluation demandée à Stéphanie Torche (Evaluation d’un politique culturelle régionale, 23.06.2009), en juin 2009, A partir du 1er janvier 2010, c’est l’Agglomération de Fribourg qui a repris les droits et obligations de cette association. Selon les statuts, la tâche de promotion des activités culturelles régionales de Coriolis Promotion sera reprise par l’Agglomération au 1er janvier 2010. 5.4.2 Soutiens des institutions / fondations Corodis

Se reporter à la rencontre avec Karine Grasset. www.corodis.ch

Pro Helvetia division Théâtre

Pro Helvetia encourage la création théâtrale professionnelle de Suisse et sa diffusion dans d’autres régions linguistiques du pays ainsi qu’à l’étranger, à la condition expresse qu’il s’agisse d’ensembles de renommée suprarégionale. La division Théâtre soutient : - Tournées en Suisse et à l’étranger - Projets de médiation - Echanges de savoir, séjours de recherche, visionnements - Productions et coproductions L’aide de Pro Helvetia est soumise aux conditions suivantes: - Le projet doit avoir un lien explicite avec la Suisse et présenter un intérêt national. - Le projet doit être accessible au public. - Le projet doit être réalisé professionnellement et en collaboration avec des institutions

culturelles ou des organisateurs reconnus. - D’autres bailleurs de fonds, publics ou privés, doivent participer à son financement. En

revanche, une subvention parallèle d’autres instances fédérales est exclue. Tournées en Suisse : Pro Helvetia encourage les échanges entre les régions linguistiques. Peuvent bénéficier d’un soutien: - Les tournées, dans d’autres régions linguistiques de Suisse, de troupes de théâtre

indépendantes et d’ensembles institutionnels; - Les festivals et manifestations renforçant les échanges entre les régions de Suisse. Tournées à l’étranger Pro Helvetia accorde des subsides aux troupes de théâtre suisses en tournée à l’étranger lorsqu’elles sont invitées par des institutions et des festivals de renommée internationale. En règle générale, le montant du subside est calculé en fonction des frais de déplacement et de transport. Une tournée ne peut être soutenue que si elle comporte au moins trois représentations. Peuvent bénéficier d’un soutien:

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- Les tournées de troupes de théâtre indépendantes au rayonnement suprarégional; - Les tournées d’institutions de théâtre de renommée internationale. Productions et coproductions Pro Helvetia soutient la création de nouvelles productions théâtrales. Peuvent bénéficier d’un soutien: - Les productions de troupes de théâtre suisses indépendantes au rayonnement

suprarégional; - Les coproductions de troupes de théâtre suisses indépendantes et de compagnies

étrangères. Pro Helvetia accorde son soutien à la condition qu’il y ait au moins dix représentations en tout dans la Ville où a lieu la première ainsi que dans un autre lieu de Suisse. Dans le cas de coproductions avec des compagnies étrangères, des représentations doivent obligatoirement être données en Suisse. Les reprises ne sont susceptibles d’être soutenues que s’il s’agit de productions exceptionnelles, dont au moins dix représentations sont assurées et dont la dernière représentation remonte à quatre ans. Département fédéral des affaires étrangères (DFAE)

Le DFAE dispose d’un crédit annuel de 1.5 mio de francs pour mettre en œuvre des projets culturels à l’intention des représentations suisses à l’étranger. Les activités culturelles du DFAE doivent mettre en lumière les valeurs de la politique étrangère de la Suisse. Elles assurent ainsi le rayonnement de la Suisse à l’étranger et créent les conditions d’un dialogue permanent avec les autres pays. La culture est, pour le DFAE, une composante essentielle de la défense des intérêts de la Suisse. En mai 2005, un accord intervenu, à la demande des représentations à l’étranger, entre la conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey et le conseiller fédéral Pascal Couchepin a précisé la répartition des compétences entre le DFAE et Pro Helvetia: les projets de plus de 10 000 francs sont du ressort de la Fondation, alors que ceux inférieurs à ce montant relèvent du DFAE. La Conférence des délégués cantonaux aux affaires culturelles (CDAC)

est une conférence spécialisée de la CDIP. Tous les cantons y sont représentés, en règle générale par le ou la responsable de l'office cantonal de la culture. La CDAC traite les questions d'encouragement de la culture. Elle assure la coordination en matière d'exécution et l'échange d'informations et d'expériences entre les cantons. Elle étudie les propositions et les demandes d'intérêt national et recommande aux cantons les projets méritant selon elle d'être soutenus financièrement. Elle conseille les organes politiques de la CDIP sur les questions de politique et d'encouragement de la culture. Pour-cent culturel Migros

Se reporter à la rencontre avec Daniel Imboden. www.kulturprozent.ch Fondations

Aides à la création et parfois à la diffusion Fondation Leenaards www.leenaards.ch/fr/ Fondation Ernst Göhner www.ernst-goehner-stiftung.ch Fondation Sophie et Karl Binding www.binding-stiftung.ch Autres fondations sous : www.swissfoundations.ch

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5.5 Les relais / réseaux suisses et internationaux Les relais, réseaux et associations professionnelles suisses : - Pro Helvetia, compass compass.prohelvetia.ch - Corodis www.corodis.ch - Centre culturel Suisse à Paris www.ccsparis.com - Journées du Théâtre contemporain www.journeestheatrecontemporain.ch - Union des théâtres romands www.utr.ch - Société suisse du Théâtre - Basis, Bureau Arts de la scène des indépendants suisses www.basisnet.ch - ATP Association artistes-théâtre-promotion Suisse www.ktv.ch - La Bâtie, Genève (journées professionnelles) www.batie.ch/2010 - Comédie, Théâtre du Loup Genève (c’est déjà demain) www.comedie.ch - Theater.ch www.theater.ch - Promotion culturelle www.promotionculturelle.ch - Pool des théâtres romands. Le Pool est un rassemblement des théâtres d’accueil et en

2010 va se structurer en association. Le but initial est de faire des échanges artistiques puis il s’est intéressés aux politiques culturelles ainsi qu’ à la promotion des spectacles romands.

Manifestations et relais transfrontaliers/échanges - Festival EXTRA www.festival-extra.com - Labelle voisine http://labellevoisine.ch - INTERREG www.regiosuisse.ch/cte/interreg-1/interreg-1/#introduction-interreg Les relais / réseaux internationaux - Centre national du Théâtre, France www.cnt.asso.fr - ONDA Office National de Diffusion artistique, France www.onda.fr - IETM Informal European Theatre Meeting

Réseau international des arts du spectacle www.ietm.org - On the move www.on-the-move.org - Lab for culture www.labforculture.org - Relais Culture Europe www.relais-culture-europe.org - Welcomeeurope.com www.welcomeeurope.com - Théâtre contemporain France www.theatre-contemporain.net - Festival scènes étrangères, Stéphan Frimes, Roubais, France - Festival des créations émergentes, Mme Troli, Paris, France - Festival Focus, Manège-Maubeuge www.lemanege.com - Festival coup de cœur francophone, Montréal www.coupdecoeur.qc.ca - Culture Europe International www.culture-europe-international.org - Banlieues d’Europe www.banlieues-europe.com - Fondation européenne de la culture www.eurocult.org - Le portail de la culture en France www.culture.fr - The European Network of Information Centres for the Performing Arts (ENICPA) www.enicpa.net - Pépinières européennes pour jeunes artistes www.art4eu.net - La Bourse Rideau, réseau indépendant diffuseurs, Montréal www.rideau-inc.qc.ca - SuisseTHEATRE ITI: un nouveau nom, une nouvelle direction

L’ITI (International Theatre Institute) a été fondé en 1948 sous le parrainage de L’UNESCO et est un réseau international d’art scénique et des domaines qui y sont attachés. Plus de nonante pays y sont représentés, qui possèdent des centres nationaux. Membre fondateur de ce fantastique réseau international, Le Centre Suisse ITI s’est attribué un nouveau nom en décembre 2006, suite à un vote de ses membres: SuisseTHEATRE ITI www.iti-swiss.ch

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6 Analyse Cette analyse comporte de multiples aspects. En effet, pour essayer de savoir comment améliorer les possibilités d’accès au marché international des compagnies, il faut comprendre leur parcours, leurs envies, savoir comment elles ont créé leurs réseaux, connaître leurs ressources financières et humaines. Il faut également comprendre le processus de création des spectacles en Suisse romande et leur diffusion, la politique des lieux de création et d’accueil, la politique culturelle des cantons et Villes de Suisse romande et savoir quels sont les relais suisses vers l’extérieur. Ainsi, après l’évocation des différents parcours de metteurs en scène et de compagnies, dont on peut constater la fragilité de certains, et l’optimisme d’autres. Après la rencontre de personnes influentes dans l’octroi de subventions ou décisives dans des choix de programmation de théâtres, et à la lumière des informations recensées, j’ai choisi de présenter cette analyse en partant du parcours de la création à la diffusion internationale et en en détaillant les étapes, les jalonnant d’exemples tirés de mes rencontres et réflexions.

6.1. Parcours. De la création à la diffusion La vie d’une compagnie peut débuter de manière très diverse. Parfois par l’élan d’une seule personne (en général le metteur en scène) qui rassemble ensuite une équipe pour les créations ; d’autres fois par le rassemblement d’artistes avec des buts artistiques communs. Mais souvent, à un stade où l’affirmation du/des créateurs se fait sentir et où l’envie de présenter son travail de manière plus visible dans les théâtres régionaux, auprès du public et des autorités devient pressante. Ainsi, les compagnies se constituent, souvent en association à but non lucratif, dont la structure est assez simple à mettre en place et par laquelle ils peuvent par ailleurs prétendre à des subventions. 6.1.1 Lieux de création et de coproduction Une fois la compagnie établie, les artistes recherchent, travaillent, essaient de nouvelles formes et souhaitent réaliser leur premier spectacle. Trouver un lieu pour créer le spectacle, est leur premier obstacle à franchir. Puis si ce lieu n’est celui de la représentation, il faut trouver le théâtre où le spectacle pourrait être présenté au public et aux professionnels du théâtre. Car n’en déplaise à un grand homme d’un grand théâtre lausannois, le talent même s’il est une évidence doit pouvoir se rendre visible. Et c’est parfois loin d’être évident car les lieux de création sont littéralement pris d’assaut. La plupart des compagnies néanmoins débutent dans des salles comme celles du Pulloff, du 2.21 à Lausanne, de L’Oriental à Vevey, de l’Usine à Genève, ou sur d’autres petites scènes avant d’essayer de franchir les portes des autres théâtres plus institutionnels de la Suisse romande comme le Grütli, la Comédie, Le Poche, Saint-Gervais à Genève, Nuithonie à Fribourg, le TPR Heure bleue La Chaux-de-Fonds, l’Arsenic et la Grange de Dorigny, et le théâtre de Vidy à Lausanne. Les contrats passés avec les théâtres de petite à moyenne envergure passent d’une location des lieux avec recettes pour les artistes, à de petites coproductions qui limiteront les risques financiers. Pour les plus grosses structures, si le spectacle n’est pas pris en simple accueil, cela peut faire l’objet d’importantes coproductions qui prennent en charge tout ou partie des frais de la création.

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Une des jeunes compagnies interrogées telles que la compagnie Ad-apte a, depuis sa création en 2004, passé par nombre de petits lieux pour être à ce jour résidente (auteur) à St-Gervais, et régulièrement programmée dans ce théâtre ainsi qu’à L’Arsenic depuis 2008. Les compagnies De jour comme de nuit, et 2b company créées respectivement en 2005 et 2006 ont fait également font leur chemin en passant également par le Grütli ou le théâtre du Loup à Genève, par Nuithonie à Fribourg ou encore à l’ABC à la Chaux-de-Fonds.

La compagnie Un air de rien, entre jeunesse et âge de raison (bientôt 10 ans) créera son prochain spectacle au théâtre de Vidy-Lausanne après avoir fréquenté les mêmes lieux (Pulhoff puis Arsenic) que les autres plus jeunes compagnies.

C’est le cas également de Dorian Rossel qui a présenté les premiers spectacles de sa compagnie Supertroptop à l’Arsenic, jusqu’à ce qu’une coproduction lui soit proposée à la Comédie de Genève pour deux spectacles. A ce jour d’autres coproductions lui ont été proposées par Am Stram Gram à Genève et par le théâtre de Vidy-Lausanne.

Il y a également des formes artistiques qui ne sont accueillies que dans certains théâtres, à l’exemple de compagnies confirmées comme celles de Marielle Pinsard ou L’Alakran, dont le travail passe les portes de St-Gervais et de L’Arsenic ou du Grütli, mais rarement celles d’autres théâtres en Suisse romande. En effet, pour Cristina Martinoni de la cie Marielle Pinsard, il manque des lieux de création et de diffusion pour ce type de travail. Massimo Furlan, également, qui tourne beaucoup à l’étranger, présente ses créations uniquement à l’Arsenic.

Quant à la compagnie Pasquier-Rossier qui a une esthétique relativement différente des compagnies précédemment citées, elle a créé son deuxième spectacle en 1993 au théâtre de Vidy-Lausanne. Puis elle a fait son chemin parfois à l’étranger, mais essentiellement en Suisse romande depuis 2004 où elle tourne régulièrement ; elle possède un circuit de théâtres relativement fidèles même si rien n’est acquis d’avance. Même chose pour Jacqueline Corpataux et le théâtre de l’Ecrou dont le parcours éclectique l’a menée de Fribourg à Paris, et qui a tourné en Suisse et à l’étranger, et pour les compagnies Marin et 93 dont les lieux renouvellent leur confiance à chaque création. (Crochetan, Pulloff, Oriental)

Pour une compagnie de canton périphérique comme L’outil de la Ressemblance à Neuchâtel, il est intéressant et paradoxal de remarquer qu’elle n’a jamais eu de difficultés à présenter ses spectacles dans son canton ; même si les moyens sont très limités, elle a toujours, depuis sa création en 2002, trouvé des lieux où créer et même se faire coproduire par le Théâtre Populaire Romand et/ou le Théâtre du Passage. Par contre, dépasser déjà les frontières cantonales est pour elle un premier palier difficile à franchir. Est-ce le fait d’être hors circuit lémanique, est-ce le fait de relais de directeurs de théâtre ? toujours est-il que son metteur en scène Robert Sandoz a conclu un contrat de coproduction avec le théâtre de Carouge pour sa prochaine création. Quant au Teatro Malandro, qui tourne déjà dans le monde entier, il lui faut néanmoins trouver à chaque création des coproducteurs et des lieux pour travailler. Mais avec les années, il a pu se créer des fidélités. Si certains ont leur heure de gloire, il n’en demeure pas moins que trouver un lieu de création et évoluer dans les hautes sphères du théâtre romand reste difficile. Même pour les compagnies existant depuis une dizaine d’années ou plus. La plupart ont suivi le même parcours, cette « ascension » vers les théâtres institutionnels mais reviennent parfois à de petites scènes par choix, par fidélité, selon les spectacles, et hélas parfois car elles ne trouvent pas d’autres lieux, ou n’ont pas réussi à franchir les frontières nationales.

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On le constate, pour les uns comme pour les autres, il devient, au fur à et mesure des créations, indispensable de trouver des théâtres qui s’impliquent financièrement. Cela assure les coûts de production bien sûr, mais cela ouvre également les portes d’autres théâtres et annonciateur de tournées plus vastes et donc d’une durée de vie du spectacle plus longue. Par ailleurs, les coproductions amènent un crédit supplémentaire à la compagnie auprès d’éventuels autres subventionneurs.

Ceux qui ne trouvent pas de coproduction avec des théâtres peuvent réaliser leur spectacle mais il faut trouver d’autres ressources et faire avec les moyens du bord.

6.1.2 Profession créateur-gestionnaire A partir du 2ème ou 3ème spectacle, une jeune compagnie commence à se développer, à consolider son travail, pour autant qu’elle existe encore. Le metteur en scène en général est en général seul (à moins d’un collectif) à mener la barque administrative de sa compagnie. De plus en plus, les artistes sont appelés à professionnaliser la structure de leur compagnie pour répondre aux besoins des différentes requêtes liées à l’administration, aux recherches de fonds et à la diffusion. Il s’agit de décharger les créateurs de ces obligations afin qu’ils se consacrent pleinement à leur art. Dès lors, ils souvent parfois obliger d’engager quelqu’un pour se débarrasser de ces obligations. 6.1.3 Relais médiatiques Les médias, quels qu’ils soient, ont un rôle primordial à jouer dans la diffusion d’un spectacle. Les compagnies et les théâtres se les arrachent pour obtenir l’article qui va faire la promotion de la prochaine création et ainsi pouvoir attirer les professionnels et le public. Suit parfois la critique qui, si elle est bonne, va contribuer à promouvoir le spectacle dans un dossier de diffusion. Or les médias sont de moins en moins nombreux… 6.1.4 Relais des professionnels, théâtres et directeurs En Suisse romande, les théâtres institutionnels accueillent, créent ou coproduisent des spectacles, selon les missions qui leur ont été attribuées par les autorités ou la fondation qui les gère. Certains ont pour vocation de soutenir le théâtre indépendant suisse romand, d’autres font de simples accueils selon leurs sensibilités et leur choix. Et parfois les missions ne sont pas si claires. Néanmoins, le regard et l’avis du professionnel sur le travail du créateur, en plus de celui du public et des médias, est attendu avec impatience. Si son travail est considéré comme étant de qualité, il pourra compter sur le soutien et la fidélité de certains directeurs de théâtre qui, outre leur proposent un accueil ou une coproduction, font un véritable travail de relais, non seulement auprès des autres structures romandes mais également auprès de théâtres étrangers. Ainsi pour les compagnies Marielle Pinsard, Ad-apte, Pasquier-Rossier, L’Alakran, le théâtre Saint-Gervais et l’Arsenic jouent un rôle de passeurs indispensables ; grâce à eux de nombreuses portes de théâtres français se sont ouvertes. Il faut remarquer que le théâtre St-Gervais avec ses collaborations transfrontalières (Festival Extra, voir sous…) favorise grandement les échanges franco-suisses avec Bonlieu, scène nationale d’Annecy. Pour d’autres compagnies comme Un air de rien, De jour comme de nuit, Carré Rouge, leurs avis sont plus mitigés ; cela dépend des théâtres qu’ils soient d’accueil ou de création mais les relais sont difficiles car les directeurs sont très occupés. Les théâtres, de création en particulier, devraient leur faire profiter de leurs réseaux de diffusion, ce qui n’est de loin pas le cas.

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Selon Cristina de la compagnie Marielle Pinsard, même si l’Arsenic et St-Gervais existent, il manque des lieux dont les missions soient clairement la création et la diffusion, et le soutien au théâtre indépendant. Dorian Rossel, quant à lui, a également passé à l’Arsenic qui a été de très bon conseil pour lui, avant d’être accueilli à la Comédie, puis maintenant au Théâtre de Vidy et à Am Stram Gram. Pour François Marin, directeur du Pool, le théâtre de Carouge et Nuithonie font également des relais à leur niveau et selon leurs moyens. Notamment dans le cadre de cet échange de compagnies théâtrales entre l’Alsace et le canton de Fribourg. Par ailleurs, ils font partie du réseau de quelques théâtres d’accueil et de création qui participe à une journée que ce qui a été appelé « speed dating théâtral », c’est-à-dire la présentation, par certains metteurs en scène parrainés par un des membres du Pool, de leur nouvelle création. Cela a été organisé en collaboration avec la Corodis et L’UTR. Par ailleurs, outre cette action, le trio Pool-UTR-Corodis envisage la création d’un site internet pour promouvoir le théâtre romand ainsi qu’un éventuelle publication remplaçant celle qui avait été éditée par 24h et la Tribune de Genève. Les journées du Théâtre contemporain sont également source de relais importants. Un festival sur trois jours durant lesquels onze compagnies de Suisse romande présentent leurs récentes créations dans six théâtres de Genève et de Lausanne. Cette plate-forme a pour objectif de soutenir la diffusion en Suisse et à l’étranger, et s’adresse principalement aux programmateurs nationaux et internationaux. Elle offre la possibilité unique de découvrir un programme de spectacles sélectionnés spécialement pour cette occasion. Les journées professionnelles de la Bâtie sont un source de réseaux importants également. Enfin, depuis quelques années, les instances du théâtre romand se préoccupe de la circulation des spectacles romands et à ce jour, de plus en plus de théâtres, même si cela n’est jamais satisfaisant, accueillent, coproduisent les compagnies du théâtre indépendant. 6.2 La diffusion internationale

Franchir les frontières ou rester dans les limites du territoire des théâtres suisses romands ? That is the question..

Sur les dix-sept compagnies et une agence interrogées, trois n’ont jamais tourné à l’étranger. Pour L’outil de la Ressemblance, c’est leur l’ambition, après le premier palier franchi : Genève. Pour la 2b company c’est un but important car disent-il leur recherche théâtrale n’intéresse qu’une poignée de gens en Suisse romande. Quant à la troisième Un air de rien, pour l’instant ce n’est pas une priorité pour eux.

Les autres compagnies expliquent les raisons pour lesquelles elles sont arrivées sur le marché international ; pour Marielle Pinsard, dont le travail est assez particulier, il s’agit souvent de rencontres dans une niche artistique ; il ne faut pas avoir peur de bouger, d’aller voir ailleurs. Beaucoup évoquent les contacts et relais du théâtre St-Gervais, ainsi que de l’Arsenic ou encore du théâtre de Vidy, tout en précisant que ces contacts doivent être soigneusement entretenus.

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Les compagnies les moins récentes parlent des contacts qu’elles ont noués lors de leurs études théâtrales, ou de leurs voyages et qui constituent le début d’un carnet d’adresses. D’autres encore ont alimenté leurs contacts par le biais de rencontres internationales. La question de la langue est également évoquée ; en effet si l’on peut traduire son spectacle dans d’autres langues, cela peut ouvrir des perspectives déjà au niveau des autres régions linguistique de Suisse mais également internationales. Les aspects positifs que les compagnies interrogées ont retirés des tournées à l’étranger sont les suivants :

- L’agrandissement de leur réseau pour de futures coproductions - La visibilité et le développement des relations - La rencontre de publics et de regards différents - Une amélioration du spectacle - Un questionnement riche sur le sens de leur travail - La mise en perspective du travail - Une équipe plus soudée - Plus de reconnaissance en Suisse Les aspects négatifs que les compagnies interrogées ont retirés des tournées à l’étranger sont les suivants :

- Il faut une équipe soudée, une logistique qui fonctionne et souvent la présence du metteur en scène

- Parfois les organisateurs sont mal organisés - Manque d’intérêt de Pro Helvetia - Il faut engager un chargé de diffusion - Il faut présenter un produit original, avec une identité particulière - L’ « opération » tournée coûte parfois plus qu’il ne rapporte Les réponses à la question comment améliorer l’accès au marché international ? - Cela doit devenir un vrai enjeu des politiques culturelles des Villes et cantons. - Les compagnies doivent bouger, faire des rencontres, se créer des contacts à l’étranger - Il faut essayer d’intégrer le réseau européen - Augmenter les moyens financiers, les financements des reprises de spectacle - Faire un travail de qualité qui ait le niveau pour se confronter à l’international - Créer un vrai relais à l’extérieur, qu’aurait pu devenir le CCSP - Améliorer l’accès aux réseaux de diffusion des directeurs de théâtre - Développer les partenariats avec les pays transfrontaliers - Développer plus d’agences comme Tutu Production - Créer un festival itinérant - Faire en sorte que la Corodis s’engage plus à favoriser la création de réseaux vers

l’extérieur - Les compagnies doivent se déplacer dans les rencontres internationales comme l’IETM. - Créer une plate-forme pour promouvoir le spectacle vivant à l’extérieur, avec l’aide de Pro

Helvetia - Avoir l’esprit conquérant, insister, ne pas lâcher - La Suisse doit développer la promotion et la diffusion des arts de la scène à l’exemple de

la Belgique - Renouveler les journées du théâtre contemporain - Réactualiser le prix romand du théâtre indépendant - Créer une vitrine du festival d’Avignon - Festival, plate-forme de diffusion centrée sur le théâtre contemporain - Un changement plus fréquent des directeurs de théâtre, avec une mission politique claire,

un cahier des charges et une volonté artistique plus cohérente.

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6.3. Aides financières

Pour les compagnies indépendantes, les aides à la création sont diverses. Elles proviennent d’une part des différentes autorités (communes, Villes, cantons, confédération-Pro helvetia) qui agissent souvent de manière subsidiaire ; d’autre part d’organismes et fondations privées.

Il existe d’énormes différences entre les cantons et Villes de Suisse romande dans les budgets attribués à la création théâtrale mais également dans la manière de répartir les subventions. Certains différencient clairement création et diffusion, d’autres donnent des subventions globales, ou alors n’octroient aucune aide à la diffusion.

Ces distinctions proviennent notamment de politiques culturelles remaniées au cours des années et des expériences avec le milieu culturel. Il est évident que les cantons de Genève et Vaud ainsi que les Villes de Lausanne et Genève, de par la multitude d’activités artistiques qui se produisent et du nombre d’artistes qui y créent, ont dû à plusieurs reprises se remettre en question et revoir leur politique culturelle en fonction des revendications du monde artistique et de son évolution. Ils ont dès lors mis en place des formules de subventionnement qui essayent s’adapter au mieux aux nombreuses demandes.

A Lausanne par exemple, il existe des subventions ponctuelles pour la création et la diffusion, ainsi que des contrats de confiance attribués à certaines compagnies prometteuses; elles doivent en contrepartie s’engager à réaliser deux créations pendant cette période. Ce contrat de confiance, formule existant depuis 1996, leur permet de voir les prochains trois ans de manière un peu plus sereine, et d’engager des personnes pour activer leur développement de manière significative.

Le canton de Vaud quant à lui donne des aides ponctuelles, de manière subsidiaire, aux compagnies, et propose pour certains artistes expérimentés des conventions de subvention de durée déterminée (anciennement contrat de confiance) sur quelques années. Des subventions régulières sont données aux lieux, manifestations etc. Le fonds d’aide à la création théâtrale est enfin une autre aide complémentaire pour les compagnies professionnelles et indépendantes.

Aucune compagnie ne peut bénéficier des deux contrats de confiance de Lausanne et du Canton de Vaud en même temps ; une forme d’alternance s’est installée. La compagnie Marielle Pinsard bénéficie d’un contrat de la part de la Ville de Lausanne et espère bien à la suite décrocher le contrat du canton de Vaud pour consolider encore sa structure. D’autre compagnies comme Le théâtre en Flammes, Des jours tranquilles, Numéro23prod sont également bénéficiaires d’un contrat de confiance. La compagnie 93 qui n’a rien reçu de la Ville de Lausanne a par contre bénéficié du contrat vaudois.

La compagnie Ad-apte n’a obtenu aucun contrat de confiance ni de la Ville de Lausanne ni du canton de Vaud. Elle reçoit uniquement des aides ponctuelles.

La compagnie Pasquier-Rossier a reçu une fois le contrat du canton de Vaud et deux fois de la Ville de Lausanne. Mais ne recevra plus rien dès l’année prochaine.

Quant à la compagnie Marin qui est basé à Lausanne elle a obtenu un contrat de confiance deux fois et dès 2008 un soutien de Théâtre Pro VS.

La compagnie de Dorian Rossel, STT est soutenue par l’Etat de Genève, et la Ville de Lausanne.

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Le Teatro Malandro est une exception puisqu’il est le seul à bénéficié d’une convention entre Ville de Genève, Etat de Genève, Ville de Meyrin et Pro Helvetia.

L’Alakran quant à lui, bénéficie d’un contrat de prestation du canton de Genève sur trois ans, qui a été reconduit jusqu’en 2013. Ainsi qu’une aide sur trois ans de la Ville de Genève.

D’autre part, d’autres aides sont apportées par le Pourcent culturel Migros, Pro Helvetia ainsi que diverses fondations. D’autres soutiens à la création et la diffusion existent auprès des fondations et organismes privés. (Cf point 5.4 les soutiens à la création et diffusion)

7. Conclusion Au fil de cette enquête, j’ai pu constater que tous les artistes ont envie de sortir des frontières helvétiques et de confronter leur travail à d’autres regards, à quelques exceptions près. En fait il s’agit plutôt pour les compagnies d’établir des priorités par rapport à leur parcours. Les quelques soutiens financiers qu’elles reçoivent les encouragent à créer et à tourner en Suisse romande, plus qu’à partir sur les routes. Car il y a de nombreuses étapes à franchir avant la réalisation d’une tournée qui nécessite un travail exigeant et de longue haleine : Invitation des directeurs de théâtre, invitation de médias, envoi d’un dossier sur le spectacle avec captation, disponibilité de l’équipe, relances, planification de la tournée, négociation des contrats, recherches de fonds etc… Le temps et l’énergie nécessaires pour essayer de mettre sur pied une tournée à l’étranger est parfois décourageant et nécessite souvent, pour autant que l’on ait les ressources financières adéquates, l’engagement d’une personne supplémentaire afin de pouvoir se consacrer au travail artistique. Et cela est valable pour des jeunes et moins jeunes compagnies. Dès lors, pour aider les compagnies à franchir cette étape, faire ce pas vers le territoire international, il faut des aides financières mais il faut également mettre en place d’autres actions aidant à la promotion et à la diffusion. Au cours de mes différentes rencontres, nous avons évoqué différentes possibilités pour améliorer l’accès des spectacles romands à la scène internationale. Pour des questions de temps, mon enquête auprès des compagnies s’est centrée sur les compagnies de théâtre contemporain, moderne. En excluant le jeune public, les arts de la rue, le nouveau cirque et la danse. Mais bien entendu, ces propositions peuvent inclure toute forme de discipline artistique. 7.1 Rencontres théâtrales Les rencontres théâtrales de Pro Helvetia ont été évoquées par certaines compagnies et directeurs de théâtre rencontrés ; la 4ème et dernière édition a eu lieu en 2000 et présenta en collaboration avec 13 théâtres de Suisse romande le travail de 17 compagnies dans les lieux de Genève, Lausanne, La Chaux-de-Fonds et Neuchâtel. Le théâtre contemporain romand est de qualité mais encore trop peu connu hors de ses frontières. Peu de productions trouvent des partenaires pour des coproductions ou des reprises de leurs spectacles, tant à l’intérieur de la Suisse qu’à l’étranger. Ce projet avait l’ambition de tenter de combler une lacune importante de la politique culturelle, située entre l’aide à la création et l’aide à la diffusion : la promotion, l’établissement de réseaux, pour des spectacles de qualité. Communiqué de Pro Helvetia novembre 2000.

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La programmation incluait des reprises et créations émanant tant des théâtres institutionnels que des compagnies indépendantes et se voulait une représentation aussi significative que possible du théâtre de Suisse romande basé sur la programmation de saison des différents partenaires. Cela a débouché sur des ouvertures prometteuses pour certaines compagnies. La compagnie Pasquier-Rossier a par la suite tourné en Suisse et à l’étranger pendant trois ans avec son spectacle Le corbeau à quatre pattes. Egalement pour l’Alakran, dont le travail a été vu par les programmateurs et quelque chose s’est déclenché affirme Barbara Giongo son administratrice. Enfin pour François Marin qui a présenté un spectacle qui a eu des propositions pour jouer au Liban, en Tunisie, en France. Ces rencontres n’ont plus été renouvelées. Pourquoi ? contactée, Martha Monstein, responsable de la section théâtre de Pro Helvetia, indique que les directions des théâtres de Suisse romande n’étaient pas réellement satisfaits, que cela n’avait pas été très porteur. Les reproches principaux étaient que la sélection était trop large, trop hétérogène, qu’il fallait cibler davantage et que cinq jours s’avéraient trop court pour susciter un réel intérêt des programmateurs étrangers. Daniel Jeannet, ancien directeur du CCSP (1992-2001) confirme. Le choix était souvent très consensuel et il a suffit de quelques spectacles de très moyenne qualité pour que cela entraîne le tout dans une image très faiblarde de la création théâtrale suisse romande ; et c’est dommageable pour les spectacles de qualité qui existent bien sûr. C’est d’ailleurs à l’issue de ces rencontres que Zimmermann et de Perrot ont été révélés. Et d’ajouter que dans ce genre de manifestations, il faudrait un comité de sélection formé de gens avec des regards extérieurs, indépendants du milieu théâtral suisse romand. Ceci avec l’objectif d’une création exigeante, de qualité. D’autres rencontres été organisées par le biais de Pro Helvetia en lien avec de directeurs de salles au festival de la Bâtie, mais elles ont été arrêtées également, apparemment par le peu d’expérience des organisateurs dans le domaine de la diffusion. Malgré les critiques, de nombreuses personnes du milieu théâtral romand, ainsi que les créateurs reconnaissent que le concept de rencontres théâtrales est intéressant pour promouvoir et diffuser les spectacles du théâtre romand auprès de programmateurs, directeurs de théâtres étrangers. La première édition des Journées de théâtre contemporain s’est tenue en novembre 2009, cette fois initiée par l’Arsenic à Lausanne. Sur trois jours, onze compagnies et créateurs présentent leurs récentes créations dans six théâtres de Genève et de Lausanne. L’objectif est le même finalement que les rencontres de Pro Helvetia, à savoir montrer aux programmateurs suisses et étrangers une sélection de spectacles du théâtre romand et ainsi soutenir leur diffusion nationale et internationale. Le bilan en a été très positif d’après les organisateurs, que ce soit par la collaboration et les synergies mises en place par les six lieux partenaires que par les différentes retombées auprès des compagnies sélectionnées. Sur 46 inscrits (1 italien, 1 belge, 13 français, 31 suisses), 40 programmateurs au final se sont déplacés. Apparemment, la majorité des compagnies (Alakran, S upertroptop, Jours tranquilles, Marielle Pinsard, Christian Geffroy Schlitter, Pasquier-Rossier, Maya Bösch, Marc Liebens, Sandro Attilio Palese, Jérôme Richer) ont eu un retour positif que ce soit un engagement ferme de théâtres suisses, français ou belges ou de précieux contacts à développer.

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Avenir ?

Il est important de pérenniser une telle plate-forme qui peut devenir un des importants outils permettant aux compagnies de théâtre de Suisse romande de se faire connaître et d’espérer pouvoir dépasser les frontières cantonales voire nationales.

Bien évidemment et comme le relève Sandrine Kuster de l’Arsenic, ils espèrent que ces journées puissent être ouvertes à d’autres régions de Suisse romande, et éventuellement à d’autres régions linguistiques par la suite.

Sélection

Un des points sensibles que je relèverai est le problème de la sélection.

Les critères de sélection des spectacles présentés ne sont pas énoncés de manière très claire. Comme le mentionne le dossier de presse, cette plate-forme mise sur quelques artistes qui savent conjuguer le local avec l’international. Cette programmation n’est certes pas exhaustive mais elle témoigne d’une tendance forte. D’autres équipes, dans les éditions à venir, prendront le relais. Cette manifestation étant subventionnées par les cantons de Vaud et Genève ainsi que les Villes de Lausanne et Genève, il est plus que probable que les artistes présentés soient genevois ou vaudois, et même lausannois et par conséquent issus du « giron » des théâtres organisateurs. Cela peut être légitime mais la donne sera différente si ces journées sont organisées dans le canton de Neuchâtel, Fribourg ou Valais, même s’il est vrai que la majeure partie des compagnies de théâtre contemporain réside dans l’arc lémanique. Il serait dommageable que chaque région souhaite mettre en avant ses créateurs alors qu’un des objectifs de ces journées doit être de montrer des spectacles de qualité avant toute chose. Même si Pro Helvetia apporte également son soutien, garantissant ainsi un « crédit » fédéral, ne serait-il pas mieux que cette manifestation si elle doit être appelée à être itinérante soit financée par tous les cantons selon une répartition, comme l’est par exemple la Corodis, ou par le biais de la Conférence des cantons. Par ailleurs, le moyen de garantir une sélection à la fois ouverte et exigeante est d’avoir une commission formée de personnalités de confiance au regard extérieur complétant celui des théâtres organisateurs. La prochaine édition pourrait développer encore son potentiel : - en proposant différentes tables rondes afin de susciter le débat autour de thématiques

liées à la culture, au théâtre, à la politique, etc.. - en proposant des salons d’artistes permettant aux artistes sélectionnés de présenter

leurs productions et leurs démarches artistiques dans des espaces intimes favorisant la discussion

- en permettant aux non-sélectionnés de laisser leurs dossiers de présentation et captations à des endroits prévus à cet effet

- et enfin pour donner encore plus de force à cette action, il serait bien de la rendre annuelle à l’exemple de beaucoup de festivals ou de rencontres en France comme les Latitudes ou le Focus théâtre FR à Maubeuge/Mons.

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7.2 Une ambassade de la création artistique théâtrale suisse à Avignon Fondé en 1947 par Jean Vilar, le Festival d'Avignon est aujourd'hui l'une des plus importantes manifestations internationales du spectacle vivant contemporain et présente chaque année, en juillet, une quarantaine d'œuvres de théâtre, de danse, et aussi d'arts plastiques ou de musique. Le Festival réussit l'alliance originale d'un public populaire avec la création internationale. Avignon, c'est également un esprit : la Ville est un forum à ciel ouvert, où les festivaliers parlent des spectacles et partagent leurs expériences de spectateurs. Un mois durant, tous peuvent avoir accès à une culture contemporaine et vivante. Le festival d’Avignon est un grand mythe auquel de nombreuses compagnies souhaiteraient participer. Il est vrai que cette plate-forme prestigieuse revêt une grande importance au sein du milieu théâtral européen. « Filer en Avignon, c’est découvrir le meilleur d’un certain théâtre européen » exprime Alexandre Demidoff dans le Temps du 7.6.2010 Parmi ces meilleurs, il y avait cette année plusieurs artistes suisses Massimo Furlan, Cindy van Acker, Zimmermann & de Perret, Foofwa d’imobilité, sans parler de Christoph Marthaler un des artistes associés du festival. Ils ont été conviés à participer au IN par le directeur artistique Vincent Baudriller. A Avignon, il y a également le OFF comprenant différents théâtres d’Avignon accueillant des artistes de tous pays. Depuis 2006, théâtres et artistes ont créé une maison commune Avignon festival & compagnies, qui a pour but de rassembler, promouvoir et soutenir les actions menées autour de la création artistique, son rayonnement à travers le territoire en relation avec Avignon et son festival OFF. De nombreuses compagnies suisses tentent leur chance dans le OFF en essayant d’être programmé dans un des théâtres mais le plus souvent en payant une fortune pour louer une salle où présenter leur spectacle. Ces compagnies ne reçoivent pas de soutien de Pro Helvetia alors que cette dernière soutient les artistes engagés dans le IN. Marielle Pinsard a été accueillie plusieurs fois dans le IN. L’Alakran également une fois en 2009 avec le spectacle Kaïros après avoir rencontré plusieurs fois le directeur du festival. Marie Fourquet de la compagnie Ad-apte n’est pas prête d’y aller : « le OFF est très coûteux et les résultats loin d’être garantis ». Jacqueline Corpataux qui a été cette année dans OFF, indique « qu’utiliser le festival comme vitrine peut s’avérer à double tranchant. Ce cadre est presque trop prestigieux et cela ne débouche pas forcément sur des ouvertures concrète ». Pourquoi ne pourrait-on pas proposer d’investir un lieu dans le OFF d’Avignon et y présenter le meilleur de la création théâtrale et chorégraphique contemporaine suisse, à l’exemple du théâtre des Doms pour la Belgique qui programme des travaux artistiques contemporains belges francophones durant le festival d’Avignon et qui, entre les mois de septembre à juin, proposent des résidences aux artistes de différentes disciplines (chanson, hip-hop, danse, musique..) J’ai posé cette à Martha Monstein de Pro Helvetia en juillet dernier. Elle m’a formellement dit que Pro Helvetia n’avait pas les moyens d’acquérir un lieu à Avignon pour y accueillir une telle programmation.

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Doris Ouvrard-Naclério qui a travaillé de près sur le sujet m’a indiqué son point de vue. Tout est une question de moyens, effectivement. Avoir un théâtre à l’année pour la Suisse en Avignon paraît impensable et beaucoup trop coûteux. Elle a imaginé une formule plus flexible, sous la forme d’une antenne qui proposerait aux lieux d’Avignon des spectacles de compagnies suisses. 10 spectacles parmi un certain nombre proposés par les cantons finançant l’opération seraient sélectionnés par un comité. Ce bureau aiderait également les compagnies au niveau de l’infrastructure, l’hébergement, la promotion, la diffusion. L'agence Carré d'choc, Marion Noelle à Couvet (NE) a ouvert un petit théâtre de 142 places à Avignon, appelé Théâtre Girasole. Peut-être, serait-il intéressant de voir quelle collaboration est possible avec ce petite théâtre. 7.3 Vitrine du théâtre suisse romand au CCSP (Centre Culturel Suisse de Paris) Entre ouvertures et contraintes Le Centre Culturel Suisse de Paris a changé de direction il y a deux ans. Depuis en effet 2008, il est dirigé par deux directeurs Jean-Paul Felley et Olivier Kaeser. Leur prédécesseur avait axé la programmation assez nettement sur les arts plastiques. Il faut savoir que Daniel Jeannet, le directeur du CCSP de 1990 à 2002 y présentait régulièrement du théâtre venant de compagnies suisses. C’était à l’époque un vrai relais pour le théâtre suisse romand. Oskar Gomez Mata, Robert Bouvier, Jean-Quentin Châtelain pour ne citer qu’eux ont joué au CCSP et cela leur a ouvert les portes d’autres théâtres parisiens comme celui de la Cité Internationale dirigé à l’époque par Nicole Gautier. J’ai eu un entretien avec Olivier Kaeser pour lui demander dans quelles mesures lui et son collègue pouvaient intégrer dans leur programmation les créations du théâtre suisse romand. Selon Olivier Kaeser , le mot « vitrine du théâtre suisse » n’est pas satisfaisant. C'est-à-dire pas juste une vitrine. Leur concept de programmation part sur une considération assez générale et unitaire des différentes disciplines artistiques, une réelle volonté de pluridisciplinarité due également aux outils à disposition (deux espaces d’exposition, une salle de spectacles ainsi qu’une librairie). Il leur paraît important bien sûr de rendre visible les artistes suisses et d’assurer leur promotion. Mais ils souhaitent valoriser cela par plusieurs biais, notamment en participant financièrement à la réalisation de nouvelles œuvres dans le cas des arts plastiques et de miser sur la création d’événement ou de soirées mixtes accueillant artistes suisses et français par exemple. Dans ce cadre, les arts de la scène ont des contraintes qui ne facilitent pas leur accueil. Par ailleurs, le domaine du théâtre est nettement plus coûteux puisque l’accueil d’une pièce de théâtre correspond parfois au budget de plusieurs soirées comportant d’autres disciplines. Cela étant, L’Alakran a pu présenter cette année au CCSP un spectacle et une exposition vivante. Puis, le CCSP a été coréalisateur (participation moins élevée que coproducteur) de l’accueil de Soupçons de Dorian Rossel. Yan Duyvendack est également venu présenter un spectacle.

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Puis ils ont eu le plaisir de donner une carte blanche l'année passée à Jean-Yves Ruf, alors directeur de l’HETSR, qui a convié Krystian Lupa metteur en scène, auteur et pédagogue polonais, ainsi que 5 écoles parisiennes pour une master class. Il est clair que le CCSP privilégie dans le domaine de la scène, les petites formes et les œuvres performatives, ceci en raison du coût et des contraintes spatiales et que leur sensibilité de manière générale va plus vers un théâtre contemporain et de tendance performative que vers un théâtre classique. De plus, ils n'apprécient pas tellement les pièces jouées dans une autre langue avec des surtitres ; le théâtre venant de Suisse allemande ou Suisse italienne n’est donc pas ou très peu programmé. A la question s’ils envisagent éventuellement, comme l’a fait Daniel Jeannet à son époque, de collaborer avec certains théâtres parisiens pour accueillir des créations théâtrales plus importantes, Olivier Kaeser me dit que oui, c’est une possibilité que le CCSP va tenter l’année prochaine avec un spectacle de l’Alakran au centre Georges Pompidou ainsi qu’au théâtre de la Cité internationale. Le CCSP s’impliquera financièrement dans ce partenariat. La communication liée au spectacle sera établie de manière commune. Il est prévu également une master class avec Oskar Gomez Mata. A chaque création, le CCSP invite toutes les directions de théâtres parisiens ainsi que les médias. Au niveau du public, 2/3 viennent de Paris et région parisienne, 1/3 est international ou suisse. Les relations avec les théâtres en région sont un peu plus difficiles à suivre bien qu’ils reçoivent tous la communication et leur nouveau journal Phare. Le CCSP fera des transformations en 2012 qui l’obligeront à programmer hors murs. Dès lors, ce sera l’occasion de tester des partenariats et d’autres cas de figure sur place. A suivre donc. 7.4 Fonds des théâtres suisses romands pour la diffusion A l'exemple du fonds des programmateurs initié depuis 2008 par Reseau danse, il serait judicieux de demander à chaque théâtre d'accueil et de création de Suisse romande un montant de CHF 2'000.- par année pour alimenter un fonds à la diffusion. Il n'est pas nécessaire de créer une nouvelle structure pour gérer ce fonds. Cela pourrait s'ajouter à l'extension des activités de la Corodis+. Le soutien consisterait à donner :

- Une garantie de tournée dans quatre lieux dans au moins trois cantons différents - Une aide financière à la création

Un comité de formé de représentants des théâtres donateurs sélectionnai

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7.5 CORODIS + Organe de promotion et de diffusion des spectacles romands / extension des missions et actions de la CORODIS.

La plupart des compagnies indépendantes qui m’ont ouvert leurs portes ont en effet bénéficié de subventions pour leurs premiers spectacles; il n’en reste pas moins que ces aides ne règlent pas le problème du lieu, et que si elles peuvent soutenir un projet d’exportation à l’étranger, elles ne le facilitent pas en amont. Prises entre les contraintes matérielles, financières et temporelles, les compagnies indépendantes manquent de disponibilité et surtout de temps pour se promouvoir à l’extérieur. Le travail du Théâtre Saint-Gervais, de l'Arsenic pour augmenter la visibilité de ces créations à l’extérieur est unanimement reconnu, mais en regard du nombre de troupes qui cherchent à se faire connaître et dont le travail ne manque ni d’imagination ni de qualités, est-ce suffisant ? Le problème, me semble-t-il, c’est que cette visibilité internationale tant espérée par les compagnies indépendantes ne peut survenir qu’après. Après qu’on a déjà fait l’assaut des lieux de représentation, après qu’on a déjà fait le siège des organes de subventionnement, après qu’on a épuisé en Suisse romande les quelques salles où l’on a réussi à se promouvoir. Et encore faut-il être parvenu à être considérée comme une compagnie « confirmée »… Mon hypothèse de départ imaginait justement une structure plus « en amont ». Non un organe de subventionnement ou de soutien, mais un vrai organe de promotion et de diffusion qui pourrait être une extension des missions et actions de la Corodis. Son rôle serait celui d’un passeur vers l’extérieur. Il devrait donc cultiver les contacts avec les théâtres étrangers, les festivals et les rencontres, et nouer des relations privilégiées avec des directeurs de salle et des décideurs culturels. D’autre part, il devrait connaître parfaitement l’état de la création théâtrale en suisse romande et être ouvert à toute forme de création qui prend naissance en terres romande. Son rôle serait donc de faire la promotion à l’étranger de créations nées sous nos cieux. Pur marketing ? Oui, si bien compris. Car rien ne servirait de proposer systématiquement à tout le monde tout ce qui se fait. Le ciblage, les niches de créations, les salles très orientées ou les salles plus grand public, ou encore pour jeune public, etc., ces critères ainsi que d’autres plus pointus (esthétique, style, langue, auteurs, etc.) devraient être pris en compte pour assurer à chaque compagnie candidate au soutien d’un tel organe le maximum de chances de décrocher des propositions. Il sera nécessaire pour atteindre ces objectifs de centraliser au sein d’une même association toutes les différentes actions à mener. Actions menées et aides apportées actuellement par la Corodis - Des aides à la diffusion distribuées aux compagnies (danse+théâtre) par le biais d’un

fonds avec visionnement et sans visionnement - Un « speed dating théâtral » consistant à demander aux directeurs de théâtres (membre

Pool-UTR) de mettre en commun sur un volet du site internet de la Corodis trois projets de création qu’ils coproduisent et défendent pour la saison suivante. Puis chacun vote ensuite pour cinq projets. Selon le résultat du vote, quelques metteurs en scène sont invités à présenter leur projet aux directeurs de théâtre dans l’espoir d’un éventuel préachat par d’autres salles. C’est également une occasion pour les artistes de faire des rencontres et de nouer de précieux contacts.

- Un projet de promotion de la création théâtrale et chorégraphique suisse romande en particulier auprès des professionnels étrangers., dans le cadre de sa collaboration avec le Pool et l’UTR.

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L’idée d’un site internet Corodis/Pool/UTR, qui présenterait une sélection de spectacles de qualité, ainsi mis en valeur non seulement auprès des professionnels mais également auprès du public. On y découvrirait les spectacles avec les dates de tournées, les fiches techniques et dossiers de diffusion. Le souhait de la Corodis était que le site soit mis en ligne fin septembre 2010, mais l’ouverture du site a été reportée d’une année.

- Une nouvelle brochure promotionnelle quant à elle pourrait être envoyée aux structures étrangères, de manière ciblée en fonction du type de spectacle. Cela apporterait un crédit supplémentaire aux spectacles.

Nouvelles missions, activités - Mener des actions de promotion fortes et ciblées auprès des professionnels suisses et

étrangers (mailing, newsletter, envoi info sur les spectacles du moment aux professionnels suisses et étrangers, site internet), selon un choix établi par un comité de gens avertis, et en fonction du type de spectacle

- Représenter le théâtre romand dans les rencontres et festivals suisses et internationaux (IETM, ONDA, ITI, Avignon etc..) en essayant de développer des échanges et de favoriser les rencontres avec des créateurs romands

- Proposer, soutenir, développer des initiatives telles que les Journées de théâtre contemporain, le festival Extra (Genève-Annecy), la regrettée Labelle voisine, ainsi que d'autres échanges et manifestations interrégionales avec les pays limitrophes ou les autres régions linguistiques de Suisse

- Initier et favoriser la création d'une antenne du théâtre suisse à Avignon - Réactualiser le Prix romand du spectacle - Maintenir des relations régulières avec le CCSP (Centre Culturel Suisse à Paris), et

assurer une information régulière sur l'actualité des spectacles romands. Eventuellement suggérer certains programmes.

- Se préoccuper de la diffusion des compagnies des cantons périphériques (Jura, Neuchâtel, Valais, ) par rapport à l'arc lémanique.

- Tenir à jour un listing des compagnies, théâtres romands ainsi que des théâtres, lieux, structures européennes par genre, famille artistique, région, etc.. en lien avec le site internet prévu.

- S'intéresser davantage aux programmes culturels et subventions européennes - Centraliser les données et informations relatives au spectacle vivant en Suisse romande,

en collaboration avec Artos notamment, et toute autre association active dans le domaine du soutien aux artistes du spectacle vivant (Basis, ACT, )

- S'approcher du Pourcent culturel Migros pour ouvrir et intégrer au sein de la Corodis un second bureau culturel en Suisse romande avec les mêmes missions que celui de Genève (mise à disposition d’ordinateurs, copieurs, imprimantes, appareils de photo, caméras, leur permettant d’élaborer des différents dossiers artistiques, de promotion, de presse et créer des captations, échanges.)

(Fabien Ruf, service culturelle de la Ville de Lausanne l'ayant évoqué du bout des lèvres lors de son récent passage à la Radio Suisse Romande)

- Essayer d'être mieux représenté au niveau de la Suisse romande dans les associations nationales faîtières (souvent en Suisse alémanique) relatives à la culture et spécifiquement au spectacle vivant.

- Gérer le futur éventuel fonds des théâtres suisses romands pour la diffusion - Autre option :mettre sur pied un festival itinérant du théâtre suisse/suisse romand en

Europe

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Ressources humaines Il est clair que ces changements ne changent rien au niveau des subventions attribuées aux compagnies par le biais des deux fonds de la Corodis. Mais ils impliquent de manière indispensable une augmentation des ressources humaines. En effet, la secrétaire général occupé à temps partiel actuellement ne pourra mener de fronts. Une personne supplémentaire à 50% au minimum serait nécessaire. Pour l'établissement des bases de données nécessaire au site, un(e) civiliste pour être engagé(e) ou quelqu'un placé par le chômage. Par ailleurs, certaines de ces actions doivent se planifier sur un certain laps de temps avant d'être réellement effectives. Il convient dès lors d'établir un planning stratégique. Membres de la Corodis J'ai consulté quelques membres de la Corodis; hélas je n'ai pu avoir que ces retours, dont voici la teneur Madame Dominique Perruchoud, nouvelle Présidente de la Corodis, service de la culture du canton de Genève, pense en effet que cette réflexion devrait être menée, au sein même de la Corodis et que la diffusion doit être encouragée en Suisse romande. Elle ajoute que ces dernières années des efforts ont été consentis par les pouvoirs publics, mais des améliorations restent nécessaires. Par ailleurs, dit-elle, un nouveau fonds label + est en cours qui favorisera la diffusion. Mais ce n'est pas qu'au travers de moyens financiers qu'il faut agir, mais aussi d'autres actions qui devraient être développées. M. Jacques Cordonner, service de la culture du canton du Valais Voici dans votre liste les actions qui nous paraissent pertinentes : - en représentant le théâtre romand dans les rencontres et festivals suisses et

internationaux (IETM, ONDA, ITI, Avignon etc..) - en proposant, soutenant, développant des initiatives telles que les Journées de théâtre

contemporain, le festival Extra (Genève-Annecy), la regrettée Labelle voisine, ainsi que d'autres échanges et manifestations interrégionales avec les pays limitrophes ou les autres régions linguistiques de Suisse

Par ailleurs, il nous semble qu’une coordination des politiques de soutien au théâtre de création en vue de favoriser des coproductions qui peuvent être soutenues conjointement par plusieurs entités est à développer. M. Jean-Marc Voisard, service de la culture du canton du Jura Il faut élargir les missions de la CORODIS et augmenter le soutien financier à cette dernière, et ajouter aux actions à mener : en ouvrant des antennes à Avignon (Paris = CCSP?), Bruxelles, etc.. 7.6 Conclusion finale A la relecture de ces différentes alternatives permettant de développer la promotion et la diffusion des spectacles romands et d'assurer des relais vers l'extérieur, il est clair que cette idée d’un outil de promotion spécifique pour l’exportation intéresse la plupart des gens que j’ai rencontrés. Les autres propositions pourraient être toutes intégrées dans le "giron" de la CORODIS afin que cet organe central puisse réunir toutes les informations, compétences, relais, réseaux afin de contribuer à la diffusion internationale du théâtre romand.

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8. Bibliographie, Sources Livres Bernard Bengloan : La Muette. Le théâtre en Suisse romande (1960-1992). Coll. Polemikos. Editions l’Age d’Homme, Lausanne 1994. Jean-Yves Pidoux : Langhoff à Lausanne. L’ouragant lent. Editions d’En-Bas –Theaterkultur-Verlag, Lausanne - Bâle, 1994. Anne-Catherine Sutermeister : Sous les pavés, la scène. L’émergence du théâtre indépendant en Suisse romande à la fin des années 60. Editions d’En-Bas- Theaterkultur-Verlag, Lausanne - Bâle, 2000. Raymon De Temkine : Le Théâtre en l’état. Editions THEATRALES, Paris 1992 Anne Roulet : La diffusion, de l’ambition à la réalité... Mémoire de certificat en gestion culturelle session, Lausanne 2000-2002. Presse Le théâtre romand en mal de relève – Marie-Pierre Genecand Le Temps 16.9.2008 La jeune garde théâtrale se rebiffe - Marie-Pierre Genecand Le Temps 25.9.2008 Le Théâtre romand ou l'importance d'être constant – Joel Aguet – Culture Enjeu 7.9.2005 DVD Maurizio Giuliani : Entretiens André Steiger, Philippe Macasdar. Giulma Film Production, Genève 2008. 9. Lexique - ONDA Office national de diffusion artistique - HETSR Haute Ecole de Théâtre de Suisse romande - CCSP Centre culturel Suisse de Paris - IETM Informal European Theatre Meeting Réseau international des arts du spectacle - LACI Loi sur l'assurance chômage - UTR union des théâtres romands - CORODIS commission romande de diffusion des spectacles 10. Annexes - Questionnaire aux compagnies 11. Remerciements A François, à Numa A Blaise A Jacques et Madeleine A toutes les personnes qui ont bien voulu répondre à mes requêtes et questions A mes amis et toute ma famille