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Conduite th6rapeutique actuelle devant une ingestion de produit caustique F. VICARI ****, J.-M. FRIOT **'::, P. BOISSEL **, H. LAMBERT *, P. CORDIER * * Service de r~animation et centre antipoison (P~ Larcan) ** Service de chirurgie C (P~ Grosdidier) *** Service d'O.R.L. (U Wayof) **** Service de m~decine H (P' Schmitt), C.H.U. de Nancy Present therapeutic approach after an ingestion of caustic products L'dtude r6trospective d'une sdrie de 49 ma- lades adultes hospitalisds dans un service de rdanimation mddicale pour une ingestion acci- dentelle (16 cas) ou volontaire (33 cas) de produit caustique, a permis de ddfinir l'attitude thdrapeutique actuelle h l'dgard de ces intoxi- cations qui ndcessitent la collaboration des rdanimateurs, des oto-rhino-laryngologistes, des endoscopistes digestifs et des chirurgiens. En ce qui concerne les ingestions de produit caustique faible, ou de faible quantitd de pro- duit caustique fort (infdrieur ~. 50 ml), notre attitude est tout ~ fait identique ~. celle proposde par les auteurs marseillais (J. Di Costanzo) rap- portde dans cette revue. Par contre en ce qui concerne les ingestions de quantitd importante (plus de 50 ml) de produit caustique fort concentr6 (acide chlorhydrique, sulfurique, for- mol, soude, potasse, ammoniaque, eau de javel concentrde), la fibro-endoscopie doit &re dga- lement rdalisde dans les premieres heures et permet non seulement de ddfinir le type de ldsions qui sont toujours dans ce cas, au mini- mum du stade II et le plus souvent du stade III, et surtout de ddterminer leur dtendue. Lorsque ces ldsions sont dtendues sur toute la Iongueur de l'0esophage et 5, l'estomac, et que le pH du liquide gastrique est proche de celui du produit caustique, l'intervention chirurgicale d'oesopha- gectomie avec ou sans gastrectomie associ6e et mise en place d'une jdjunostomie d'alimenta- tion, rdalis6e dans les premibres 24 heures apr6s l'ingestion, apparah comme la seule pos- sibilit6 de prdvenir le ddc~:s de ces malades, dfl soit ~ des troubles gdndraux graves au cours des premiers jours (dtat de choc analogue ~. celui des brfdds, hdmolyse intra-vasculaire mas- sive, coagulopathie de consommation), ou ?a des syndromes infectieux incontr61ables, soit de type mddiastinite, soit de type pdritonite, secondaires b. des perforations par chute des escarres ndcrotiques de la paroi cesophagienne et gastrique, du 8e au 10~ jour de l'dvolution. Cette attitude thdrapeutique rdalisde chez deux ma[ades (tentative d'autolyse par ingestion de 200 et de 300 ml de soude caustique pure) a permis de rdaliser une transplantation co- lique dans de bonnes conditions alors que pr6- cddemment, six cas tout ~ fait comparables dtaient ddcddds soit dans les premibres 48 heu- res en dtat de choc (2 cas), soit de mddiasti- nite (3 cas) ou de pdritonite (1 cas). Tirds b. part : W H. LAMBERT. Centre antipoison. H6pital Central, 54000 Nancy (France). Mots-clPs: (Esophage, estomac. Ldsions corrosives. Endoscopie. Trailements mddical et chirurgical. Key-words : Oesophagus, s:omach. Corosive injuries. Endoscopy. Medical and surgical managements. Acta Endoscopica et Radiocineoatographica Tome VII - N" 4 - 1977 319

Conduite thérapeutique actuelle devant une ingestion de produit caustique

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Conduite th6rapeutique actuelle devant une ingestion de produit caustique

F. VICARI ****, J.-M. FRIOT **'::, P. BOISSEL **, H. LAMBERT *, P. CORDIER *

* Service de r~animation et centre antipoison (P~ Larcan)

** Service de chirurgie C (P~ Grosdidier)

*** Service d 'O .R .L . ( U Wayof )

**** Service de m~decine H (P' Schmit t ) , C .H.U. de Nancy

Present therapeutic approach after an ingestion of caustic products

L'dtude r6trospective d'une sdrie de 49 ma- lades adultes hospitalisds dans un service de rdanimation mddicale pour une ingestion acci- dentelle (16 cas) ou volontaire (33 cas) de produit caustique, a permis de ddfinir l'attitude thdrapeutique actuelle h l'dgard de ces intoxi- cations qui ndcessitent la collaboration des rdanimateurs, des oto-rhino-laryngologistes, des endoscopistes digestifs et des chirurgiens.

En ce qui concerne les ingestions de produit caustique faible, ou de faible quantitd de pro- duit caustique fort (infdrieur ~. 50 ml), notre attitude est tout ~ fait identique ~. celle proposde par les auteurs marseillais (J. Di Costanzo) rap- portde dans cette revue. Par contre en ce qui concerne les ingestions de quantitd importante (plus de 50 ml) de produit caustique fort concentr6 (acide chlorhydrique, sulfurique, for- mol, soude, potasse, ammoniaque, eau de javel concentrde), la fibro-endoscopie doit &re dga- lement rdalisde dans les premieres heures et permet non seulement de ddfinir le type de ldsions qui sont toujours dans ce cas, au mini- mum du stade II et le plus souvent du stade III, et surtout de ddterminer leur dtendue. Lorsque ces ldsions sont dtendues sur toute la Iongueur

de l'0esophage et 5, l'estomac, et que le pH du liquide gastrique est proche de celui du produit caustique, l'intervention chirurgicale d'oesopha- gectomie avec ou sans gastrectomie associ6e et mise en place d'une jdjunostomie d'alimenta- tion, rdalis6e dans les premibres 24 heures apr6s l'ingestion, apparah comme la seule pos- sibilit6 de prdvenir le ddc~:s de ces malades, dfl soit ~ des troubles gdndraux graves au cours des premiers jours (dtat de choc analogue ~. celui des brfdds, hdmolyse intra-vasculaire mas- sive, coagulopathie de consommation), ou ?a des syndromes infectieux incontr61ables, soit de type mddiastinite, soit de type pdritonite, secondaires b. des perforations par chute des escarres ndcrotiques de la paroi cesophagienne et gastrique, du 8 e au 10 ~ jour de l'dvolution. Cette attitude thdrapeutique rdalisde chez deux ma[ades (tentative d'autolyse par ingestion de 200 et de 300 ml de soude caustique pure) a permis de rdaliser une transplantation co- lique dans de bonnes conditions alors que pr6- cddemment, six cas tout ~ fait comparables dtaient ddcddds soit dans les premibres 48 heu- res en dtat de choc (2 cas), soit de mddiasti- nite (3 cas) ou de pdritonite (1 cas).

Tirds b. part : W H. LAMBERT. Centre antipoison. H6pital Central, 54000 Nancy (France).

Mots-clPs: (Esophage, estomac. Ldsions corrosives. Endoscopie. Trailements mddical et chirurgical.

Key-words : Oesophagus, s:omach. Corosive injuries. Endoscopy. Medical and surgical managements.

Acta Endoscopica et Radiocineoatographica Tome VII - N" 4 - 1977 319

REFERENCES

Th~se CORDIER P. -- Les intoxications par ingestion de caustiques chez l'adulte (~ propos de 47 observations personnelles). Th~se M6decine, Nancy, 1977.

The retrospective study of a series of 49 adult patients, hospitalized in an Intensive Care Unit after an accidental (16 cases) or voluntary (33 cases) ingestion of caustic pro- ducts, leads to the definition of the present therapeutic approach of these intoxications, which require .the collaboration of resuscitation specialists with otorhinolaryngology and diges- tive endoscopy specialists and surgeons.

Concerning the ingestions of low caustic products or of a low quantity of strong caustic product (inferior to 50 ml), our approach is quite identical to that reported by the authors from Marseilles (J. Di Costanzo) in that journal. On the contrary, concerning the ingestions of a high quantity (superior to 50 ml) of strong concentrated caustic products (hydrochloric acid, sulfuric acid, formol, caustic soda, po- tash, ammonia concentrated bleaching solu- tion), fibro-endoscopy must be worked out in the first hours following the ingestion and it enables not only to define the type of lesions, which are always in that case to a minimum of stage II and generally of stage III, but also and especially to determine the extent of these

lesions. When these lesions extend along the oesophagus and to the stomach and when the pH of the gastric liquid is quite similar to that of the caustic product, the oesophagectomy, as- sociated or not with gastrectomy and the setting up of nutrition jejunostomy, carried out in the course of the first 24 hours after the ingestion, seems to be the only possibility of avoiding these patients' death, due either to severe ge- neral disorders during the first days (state of shock similar to that of burned people, massive intra-vascular hemolysis, consumption coagu- lopathy) or to uncontrollable infectious syn- dromes, of a mediastinitis type or of a peri- tonitis type secondary to perforations due to a drop of the necrotic scabs of the oesophageal and gastric wall, from the 8th to the 9th day of the evolution. That therapeutic approach worked out in two patients (attempted autolysis by ingestion of 200 and 300 ml of pure caustic soda) enabled to carry out a colic transplan- tation under satisfactory circumstances, whe- reas 6 patients with similar cases died during the first 48 hours in a state of shock (2 cases), of mediastinitis (3 cases) or of peritonitis (1 case).

N. D. L. R.

De toute ~vidence les attitudes th~rapeutiques qui se d~gagent de ces deux articles ne sont pas identiques.

Si l'endoscopie prdcoce ne se discute pas, si l'inutilitd des cortico'ides et des sondes nasogastriques est admise, de m~me qu'une nutrition parent~rale totale hypercalorique aux stades II et III, les marseillais ont tendance ?l faire int~gralement con]iance ~ cette derniOre et d n'inter- venir qu'en cas de complication ou bien plus tard au stade des s~quelles ; alors que les nancdiens ne leur accordent pas la m~me conJiance et ont plus tendance dans certains stades III graves

intervenir pr(cocement en dehors m~me de route perforation.

Une attitude simpliste consisterait ~ dire qu'ils ne parlent pas des m~mes malades.

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Une confrontation approJondie des dossiers des deux ~quipes nous para~trait profitable.

~ A C T A E N D O S C O P I C A ~> souhaite ouvrir ici une discussion et invite toute autre ~quipe comp~tente sur ce sujet ~ donner son opinion.

After reading these two articles, we notice that the therapeutic approaches are different.

Both admit early fiberscopy and exclude the systematic use o[ steroids, and of nasogastric tubes. They also admit immediate protection o[ the U.G.I. tract by total parental nutrition at a high caloric level [or stages II and III.

But whereas the authors Jrom Marseille have total confidence in the parental nutrition and interfere only when complications occur or later for sequalae, the authors from Nancy do not trust parental nutrition and tend to interJere early in some serious stage III cases, even when there is no perforation.

It would be too simple to say they do not speak about the same patients.

A closer review of each department's case report, would seem profitable.

~ A C T A E N D O S C O P I C A ~> wishes here to open the discussion and invites anyone compe- tent to write and tell oi this experience.

Acta Endoscopica et Radioeinematographica Tome VII - N" 4 - 1977 321