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Conférence sur le sens de la vie - Jadida Locations · Web viewConférence sur le sens de la vie Qu'est ce que la philosophie ? Comment la définir ? Il n'existe pas à ce jour de

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Conférence sur le sens de la vie

Qu'est ce que la philosophie ? Comment la définir ?

Il n'existe pas à ce jour de définition précise et consensuelle de la philosophie. C’est un mode de pensée, un ensemble de réflexions et d’interrogations.

La meilleure réponse que je puisse en donner est que la philosophie est l'art d'observer le monde pour s'y adapter, au mieux . Bien entendu c'est un vaste programme ;-)

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Nous allons donc envisager ce soir certains thèmes pour vous aider à y voir plus clair.

La question principale que tout le monde se pose est le sens de l'existence. Quel est le sens de la vie ? The meaning of life ?

La plupart des gens en fait ne se posent pas cette question car préfèrent s'en remettre aux dogmes déjà établis. Ceux que leur culture et leur religion ont établis pour eux, génération après génération.Nous les respectons mais l'un ne nuit pas à l'autre, et il n'y a aucun mal à se poser des ques-tions existentielles.

La vie a t’elle un sens ?

C’est pour tenter de répondre à cette question que j’ai développé une analyse philosophique sous la forme conviviale d’enquêtes journalistiques. Avec une certaine dose d' humour afin que ce soit plus accessible et pour ne pas sombrer dans le pompeux académique.

Les thèmes que nous allons donc aborder sont les suivants :

- Quel est le sens de la vie au niveau sociologique ?

- Pourquoi et comment s’acheminer sur les chemins du bonheur

- Quel est notre part d’ interactivité avec le monde qui nous entoure. Quels sont les leviers philosophiques qui permettent de l’appréhender et de nous y adapter.

- Nous découvrirons ensuite la vision du sens de la vie d’un grand scientifique comme Albert Einstein et de l’écrivain à succés Bernard Werber.

- Enfin nous résumerons en épilogue ce que cet apport de connaissance nous a révélé.

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1er Thème : - Quel est le sens de la vie au niveau sociologique ?

Pour y répondre je me suis servi de l'ouvrage d’ Henri Laborit " Eloge de la fuite   ". Henri Labori était un neurobiologiste (l'inventeur des tranquillisants) qui était également spécialiste du comportement humain. Il va ici nous faire part de son analyse de l’homme dans la société, sous la forme de ce que j’appelle des interview-fiction, dont mon livre « Enquêtes sur le sens de la vie »  est parsemé. Les questions de l’interview ont été inventées mais les réponses sont conformes à 99 % à ce qu’on dit ou écrit les auteurs interviewés.

Sonia

– Bonjour professeur, pour commencer, pourriez-vous nous donner une définition rapide du "sens de l'existence" pour vous ?

Jacky

–  Le sujet est bien vaste, mais pour résumer ma pensée, tout tient en ces mots : La seule rai-son d'être d'un être, c'est d'être !

–  Heum... Certes ! Et nous n’ignorons pas non plus qu’être ou ne pas naitre telle est la ques-tion. Méééé plus précisément, qu'est ce qui peut bien pousser l'homme à agir perpétuellement de façon aussi ...disons "irraisonnée" ?

 –  Et bien la raison source qui le pousse à agir c'est la  recherche d'une valorisation de lui-même. A ses yeux, et à ceux de  ses contemporains. Dans la quête de ce but, dans la société, il lui faudra gravir un à un tous les échelons de la hiérarchie  sociale, afin de satisfaire son goût pour la dominance.Si son environnement social fait en sorte qu'il ne puisse plus agir  d'une façon ou d'une autre, il se trouvera  alors plongé en situation "d'inhibition de l'action".  Il deviendra dés lors violent, soit envers lui–même en agissant sur son propre organisme, sous forme  par exemple de dépression ou d'ulcère à l'estomac. Ou bien alors, en agissant  "physi-quement" violemment  envers les autres. Dans la mesure où la société le lui permet, évidem-ment !

– Evidemment. Mais dans ce cas pourquoi l'homme ne peut-il trouver d’autres moyens plus pacifiques pour se valoriser sans bousill… heu … sans annihiler les autres ?

– Tout simplement parce que s'il est vrai que nous ne sommes que le reflet du regard des autres, ces autres sont néanmoins nos ennemis, des envahisseurs de  notre territoire gratifiant, des compétiteurs dans l'appropriation des objets et des êtres, que nous désirons.

C’est simple ! Dés que l'on met deux hommes ensemble sur le même territoire, il y aura tou-jours forcément  un exploiteur et un exploité, un maître et un esclave,  un heureux et un mal-heureux. Alors moi je dis qu'il y en a marre des autres ! De cet ennemi sournois au visage hypocrite, qui sans même nous faire crier, nous tue à petit feu, nous envahi, nous exploite, nous viole, nous pille, nous bouffe, nous ...

–  Calmez-vous! Calmez-vous Professeur! Elevons plutôt le débat vers des domaines plus

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harmonieux. Notre monde n’est pas fait que de dominants et de dominés. L’on peut y trouver également de l’amour par exemp..

 –  L’amour ? Quel amour ? L'amour c'est le mot de passe qui permet d'ouvrir  les cœurs, les sexes, les sacristies et les communautés humaines.  C'est un mot qui ment à longueur de jour-née, et qui a toujours  laissé libre cours à la violence. La violence des justes et des bien pen-sants.

 – Sans doute, sans doute, Mais d’un autre côté, quoi de plus merveilleux  que  l'amour ? Entre deux êtres, par exem ...

 –  Tut tut tut ! L’amour ce n'est que désir et inter-gratification ! Déjà parce qu'il n'existe pas d'espace suffisamment étroit pour enfermer deux êtres à l'inté-rieur d'eux-mêmes. Dés que cet ensemble s'ouvre sur le monde, celui-ci va en se refermant sur eux, s'infiltrer entre leur relation privilégiée. De plus il ne faut surtout pas essayer de faire coïncider cette image avec l'être qui a donné naissance à cette pulsion d’amour ! Avec ce pauvre homme ou cette malheureuse qui a déjà fort à faire avec les pulsions que lui dicte son  inconscient !

–  Mouais ! Finalement votre vision du monde n'est pas bien joasse !

–  Pardon ?     –  Heuu... Je me disais que le parcours que suit le débat n'est guère gratifiant pour nos egos.

–  Votre ego n’est jamais que la représentation et la conscience que vous avez de vous-même !

–  C’est cela oui… mais heuu… Où en étais-je ? Ah Oui ! Il reste toutefois indéniable que l’homme demeure néanmoins un être magnifiquement doué. Ne serait-ce que par ses fantas-tiques possibilités dans le domaine créatif. Parlons de l’art par exemple. N'y a t-il pas là ma-tière à trouver une solution, pour chercher remède à nos souffrances existentielles ?

 –  Il est certain que c'est dans l'imaginaire, bien plus que dans la société qui l'entoure, que l'homme peut atteindre, sinon le bonheur du moins un mieux-être certain.

–   (Ouf!)

– ... car l'imaginaire est cette fonction spécifiquement humaine qui permet à l'homme, contrai-rement à l'animal, d'ajouter de  l'information. De transformer le monde qui l'entoure afin de  prendre la fuite, et ainsi échapper à l'aliénation vers laquelle la société l'encu... pardon... l'ac-cule !

 – Certainement méééé, dans ce domaine précis, l'imaginaire ! N’y a t’il ici matière à trouver heuu... une source afin de mettre fin, enfin à nos  angoisses Docteur ?

–  Non ! Et là je suis formel ! Car toute activité créatrice, si elle ne débouche pas sur un pro-cessus de production de marchandises a peu de  chances d'assurer à celui qui l'exprime, une situation dans le système hiérarchique des dominances .

 –  Encore ! Mais la société pour vous ne se résume donc qu'a une course effrénée de ses

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constituants vers le haut de la hiérarchie. Course dans laquelle l'individu  n’aurait finalement aucun libre arbitre ? Aucun choix, sinon peut-être celui de s‘assumer en tant que maillon d’une chaine où il serait totalement passif ?

– Tout à fait ! Vous en doutiez ? Hé bien prenez la peine de jeter un regard objectif vers  cette société dans laquelle l’homme vit. Dans cet environnement, c’est déjà très rarement lui qui choisit le travail qu'il effectuera toute sa vie. Et même si c’est le cas, il sera condamné inévita-blement par l'impossibilité dans laquelle il se trouve  d’échapper à l'engrenage de la machine sociale.

– Sans doute, mais tout le monde doit bien travailler pour vivre. Et cela n’a pas que des incon-vénients. Karl Marx, je crois ne disait il pas que le travail c’est la liberté.   – Quelle liberté ? Celle d’aller consommer ? Mais c'est bien pour  pallier à ses chaines que l'on  essaie de compenser cette insatisfaction narcissique par l’accumulation de biens, dans les pays capitalistes.  Car c’est bien ainsi que vivent les hommes : Prisonniers de la machine  qu’ils ont eux mêmes bâtis .... Du moins tant que l'engrenage fonctionne bien ! Et l’engrenage, c’est bien sûr l’homme, infime  pièce d'une machine appelée société, extrêmement bien huilée.

– Aïïï !   Heuuu... Mais tout de même, la société des hommes ne se résume pas à une course effrénée vers le profit ?  –  Bien sûr que si ! Or maintenir le profit, c'est mettre à sac la planète sans se soucier de ceux qui ne possèdent pas l'information technologique. C'est aboutir à la création  de monstres éco-nomiques multinationaux, dont la seule règle est  leur propre survie. Survie qui n'est réalisable que par leur dominance planétaire.

– Gasp ! Et pour conclure ce débat sur une note plus optimiste, subsiste t ‘il un espoir d’évolu-tion positive pour la planète et pour l'homme, subséquemment ?

– Très franchement je n'en vois point poindre ... Il me semble  cependant, du point de vue économique, qui est rappelons-le, un  domaine primordial pour la survie physique et  morale de l'espèce que... les marchands se sont installés sur le  parvis de nos cathédrales et que ce sont eux qui occupent l'espace jusqu'à l'horizon des terres émergées.

 – ??? ... Oui,  charmante parabole bibli…  heuu…  très habile métaphore professeur mais pourriez-vous développer un tout petit peu votre idée ? Pour le commun des mortels, que cela signifie-ce ?

–  Hé bien, c’est clair. Il me semble qu'aussi longtemps que la propriété  privée des matières premières, de l'énergie, et de l'information technique n'aura pas été supprimée. Aussi long-temps qu'une gestion planétaire n'aura pas été organisée et établie sous la forme d'une "démo-cratie planétaire", subsisteront alors des disparités internationales, sources de bien des conflits. –  Aaah enfin du positif ! Sur ce souhait de démocratie planétaire,  je vous rejoins totalem...

–  Mais, à supposer même que toute propriété privée ou étatique  soit supprimée, il restera à résoudre le système hiérarchique de dominance planétaire qui ne manquera pas alors de s'ins-

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tituer.

–  Oui oui ne vous inquiétez pas pour çà Professeur ! Je suis persuadé qu’un jour vos démons seront terrassés, jetés au bas  de leurs échelles dominantes et que la révolut... heuu la démo-cratie vaincra ! Merci en tout cas pour cette très réconfortante analyse des hommes et de la société.

Intervention Mahfoud

(Après lecture) :   Une dernière phrase pour condenser la pensée d’Henri Laborit : « Tant que l'on n'aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont ils utilisent leur cerveau et tant que l'on n'aura pas dit que cela a toujours été pour dominer l'autre, il y a peu de chance qu'il y ait quoi que ce soit qui change »

Bon, ceci est une vision sociologique du sens de la vie, pas très optimiste il est vrai. Passons à présent à une autre vision plus zen des choses.

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- Pourquoi et comment s’acheminer sur les chemins du bonheur

Une des définition-clé de la philosophie stipulant que « Philosopher c'est chercher le chemin du bonheur », nous interrogerons à ce sujet le Dalaï Lama qui a beaucoup à nous apprendre sur sa vision philosophique du sens de la vie.

Sonia

–  Ŏ Vénérable, pourriez-vous tenter de nous éclairer en nous faisant partager votre vision du sens de la vie ?

Jacky

– Pour répondre à votre question je dirais que, sans aucun doute pour moi, le véritable but de la vie c’est la recherche du bonheur ! L’espoir d’atteindre un bonheur authentique et durable.

–   Certes mais comment …heuu…

–  L’atteindre ? Par l’exercice de l’esprit ou plus exactement en écoutant notre âme, notre cœur et notre esprit. Cela consiste à éliminer les facteurs qui causent  la souffrance et à culti-ver les chemins qui mènent au bonheur. Telle est la voie !

–  Mais heuu… votre sainteté, avez vous une recette pour y parvenir, des conseils à nous pro-diguer, des clés pour ouvrir les portes de cette félicité ?

–  Hé bien c’est de notre état d’esprit que dépend notre bonheur et par conséquent de notre capacité à nous satisfaire de ce que nous avons. Notre tendance à comparer avec ce que les autres ont de plus que nous, comme argent, beauté, plaisirs, engendre l’envie, la frustration et le chagrin. Il suffit de retourner ce point de vue positivement, en nous comparant par exemple à ceux qui sont moins chanceux, et hop, ainsi serons-nous satisfaits .

–  Cependant , heu… votre seigneurie, au niveau de la satisfaction matérielle, le souci est que dans notre monde, il est très difficile de nous satisfaire de ce que nous possédons. Car notre société repose sur l’acquisition matérielle, l’appât du gain et la soif de vouloir être et surtout posséder toujours plus.

–  J’en suis fort conscient. Aussi faut-il faire attention à ne pas céder aux sirènes de la convoi-tise. Car la convoitise conduit à la frustration, étant donné que sa raison d’être est l’assouvis-sement. Or le souci c’est qu’une fois l’objet du désir obtenu, l’on reste frustré car nous ne sommes toujours pas satisfaits. Du coup, l’on s’en détache pour passer à un autre.

En fait, pour se rendre compte de la valeur de ce que l’objet provisoire de nos désirs nous ap-

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portera, il faut se poser cette simple question : Cela va t’il ou non vraiment me procurer du bonheur ? En y répondant, on pointe du doigt ce qui est essentiel, l’objet véritable de notre désir. La frustration de ce que l’on se refuse devient alors très secondaire et nous atteignons alors le contentement, clé importante du bonheur.

–  Fort bien vu en ce qui concerne nos désirs matériels, votre éminence. Mais en ce qui concerne nos états mentaux, comment, dans le tumulte de nos pensées, parvenir à trier le bon grain de l’ivraie, si j’ose dire.

–  Notre esprit renferme effectivement des milliers de pensées ou d’états d’esprits différents. Le bonheur, c’est éloigner de notre esprit ce qui lui est nocif, les pensées mauvaises qui nous gâchent la vie, pour se satisfaire de ce que l’on a déjà.

L’essentiel tient en ces mots : Identifier et cultiver les états mentaux positifs. Identifier et éli-miner les états mentaux négatifs. En fait le premier pas dans la quête du bonheur, c’est cet apprentissage.

–  Voilà une sage démarche, bien  pratique et rationnelle, heu… votre honneur. Et quel serait pour vous la définition d’une personne équilibrée, capable justement de peser le pour et le contre dans la cacophonie de sa psyché  ?

– Je dirais qu’une personne chaleureuse empreinte de compassion, une personne de cœur est  équilibrée. Si la compassion, la gentillesse et l’affection vous anime, cela vous donne la clé de votre serrure intérieure et vous communiquez du même coup bien plus facilement avec les autres. La chaleur humaine permet l’ouverture. Vous découvrirez ainsi que tous les êtres hu-mains sont comme vous. Tout simplement !

–   Mais votre altesse,  si cela est si simple pourquoi y a t’il tant de gens qui ne sont pas heu-reux ?

–  Atteindre le bonheur authentique exige de transformer le regard que l’on porte sur le monde et sa propre manière de penser. Cela ne se fait d’ailleurs pas sans les autres. L’amour, la compassion, l’attention aux autres nous apporte le bonheur car du premier jour jusqu’à la mort, l’on se nourrit de l’affection des autres !

Intervention Mahfoud sur le bonheur

–  Cependant heu… grand maître, tout le monde ne nourrit pas d’affection à notre égard ! Même si nos intentions sont bienveillantes, la réciprocité n’est pas forcément au rendez vous. On trouve en autrui, des pulsions de rejet, de jalousie, de haine qui entraveront cette quête du bonheur.

–   Nous les bouddhistes pensons que la nature humaine est fondamentalement portée à la bonté et à la compassion. Les pulsions de haine et d’agressivité ne sont pas une composante

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essentielle de la nature humaine. Elles surviennent seulement après que la quête d’amour et d’affection se soient soldées par un échec. Nous ne sommes pas nés dans le but de compliquer les choses, de nuire aux autres. Pour que notre vie ait une valeur il faut consolider les qualités fondamentales de l’humanité . Comme la tolérance, le respect, la compassion. C’est cela qui donne du sens à la vie. Elle devient alors plus paisible et plus heureuse.

–  Certainement heuu …Grand océan de sagesse. Vous avez en somme une vision tout à fait positive et plus qu’amicale des êtres humains

–  On peut dire cela. Il y a d’ailleurs plusieurs formes d’amitié mais l’amitié authentique re-pose sur un véritable sentiment humain de proximité intégrant le partage et la communication. Et dans ce genre de relation, la compassion a son rôle à jouer.

–  Oui, la compassion. Encore et toujours. Pouvez-vous nous en donner une définition ?

–  La compassion se définit sommairement par un état d’esprit  non violent, non offensif, non agressif. C’est une posture mentale qui souhaite voir les autres se dégager de leurs souffrances et qui  va de pair avec le sens de la responsabilité et du respect d’autrui.

–  Je ne suis malgré tout pas convaincu par le côté « bon et compassionnel » de la nature hu-maine. Ce monde est plein de prédateurs. Et souffrance et douleur font également trop ample-ment partie de notre humble existence.

– Personne n’échappe à la douleur. C’est la réalité ! Il n’y a pas lieu de se dérober à la souf-france. Elle fait partie de la vie. On peut néanmoins s’en libérer. En comprendre et en suppri-mer les causes permet d’atteindre la libération.

–   Encore faut-il en avoir les ressources intérieures.

–  Certainement ! Mais ce n’est pas si difficile. Selon la pensée bouddhiste, l’ignorance, le désir sans frein, la colère, sont les racines de la souffrance. Ce sont là les trois poisons de l’es-prit. L’important étant de ne pas céder à la colère et la haine qui sont les pires obstacles à la com-passion et à l’altruisme.

–  En fait, si j’ai bien compris plus l’on est dominé par l’empathie, l’altruisme, la compassion, plus cela diminue notre anxiété et améliore notre confiance en nous.

–  C’est bien cela. Aussi longtemps que nous sommes conscients de ce don merveilleux qu’est l’intelligence humaine,  et de notre capacité d’en faire un usage positif, alors en un sens nous possédons la santé mentale intérieure. Ce mécanisme permet de faire face à toutes les situa-tions sans perdre espoir, ni confiance en soi.Car il faut bien garder à l’esprit que tous les êtres possèdent en eux, ce que nous appelons " la nature du Bouddha ". Le potentiel de la perfection, du complet éveil.

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–  Et Dieu dans tout çà ? Si nous possédons tous, ce que vous appelez la nature du Bouddha, alors il fait aussi partie intégrante de nous ?

–  Il n’y a pas de notion de Dieu dans le bouddhisme. Le bouddhisme n'est pas une religion au sens strict du terme auquel vous êtes habitué. C'est une spiritualité, une voie de la sagesse.Le Bouddha n'est pas un dieu et n'est pas vénéré comme tel.  Il n’est qu’un homme qui a trou-vé une méthode pour atteindre la conscience suprême, "l'Eveil ", qui mènera à ce que nous appelons "le Nirvana" .

En fait, il y a deux niveaux de spiritualité. Le premier est en rapport avec nos convictions reli-gieuses. Le problème c’est que nous sommes plus de sept milliards d’êtres humains en ce monde, tous différents avec une telle multiplicité de situations individuelles ! En un sens , je crois que ce dont nous avons besoin c’est de sept milliards de religions différentes !

– Sept milliards ! Une religion par être humain ! –  Oui pourquoi pas. Puisque nous n’arrivons pas à nous entendre ici bas avec un nombre li-mité de religion, alors autant que chacun fasse valoir la sienne ! … Non, ce qu’il faudrait c’est apprécier à sa juste valeur toutes les grandes traditions religieuses de la planète et tenter de tisser des liens plus étroits entre elles. C’est là un effort collectif que nous pouvons faire pour le bien de l’humanité. 

La religion devrait servir de remède pour aider à résoudre les conflits et la souffrance du monde au lieu d’être une source de conflits supplémentaire.Lorsqu’on y réfléchit, l’on se rend compte qu’il n’est nul besoin de temples, nul besoin de philosophies compliquées. Notre cerveau et notre cœur sont nos temples en fin de compte ! 

–  En fait, si j’ai bien compris vos propos,  si l'on veut devenir un véritable être humain et donner un sens à son existence, il est essentiel d'avoir un cœur bon,  et foi en l’humanité. Tout le reste suivra… Merci encore infiniment pour avoir pris le temps de nous immerger dans votre océan de sagesse. » 

(Après lecture) Redescendons sur terre pour faire la synthèse de ces deux premières inter-views qui nous plongent finalement dans une certaine perplexité car contradictoires.  Maître Laborit affirmant quelque part, comme Thomas Hobbe *,  que  « l’homme est un loup pour l’homme » tandis que Maître Dalaï Lama voit plutôt la nature humaine  fondamentale-ment portée à la bonté et à la compassion,  pour peu qu’on apprenne à l’éveiller ou plus exac-tement à la réveiller en nous.

Pour le premier, le sens de la vie est d’être dominateur pour ne pas être dominé. Pour le se-cond, le sens de la vie, c’est la quête du bonheur.L’on peut déjà en tirer une conclusion : Nos pensées sont influencées par notre environnement et notre culture, car l’homme vit en collectivité. Mais nos actes sont fonction du discours inté-rieur que nous nous tenons.

Et si l’homme et à travers lui le monde était tout simplement ce que nous en faisons ?

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C’est ce que nous allons vérifier en analysant ce processus d’interactivité.

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- Quel est notre part d’interactivité avec le monde qui nous entoure. Quels sont les leviers philosophiques qui permettent de l’appréhender et de nous y adap-ter.

   Une constante qui me parait de plus en plus évidente est que le monde est ce que nous en faisons ou du moins ce que nous tentons d'en faire.

Cette idée n’est certes pas nouvelle. Ainsi  Jean-Paul Sartre pensait que " l'existence précède l'essence ", c'est-à-dire que nous surgissons dans le monde, puis nous existons et finalement nous nous définissons par nos actions dont nous sommes pleinement responsables. (Ce cou-rant philosophique se nomme l’existentialisme)

A noter que le Dalaï Lama nous suggère la même chose « Cultiver sans cesse un état mental positif, induira un état positif intérieur comme extérieur .» C’est ce que l’on nomme le karma.Agir transforme donc bien le monde qui par réaction influence nos actions en retour.

C’est donc une forme d’interactivité. En effet le simple fait de croire en une assertion comme par exemple: « L’homme est fondamentalement un être bon », crée cette possibilité au niveau de l’individu, puis par effet boule de neige à l’échelle de la planète. Celui qui coupe une rose dérange une étoile

Cependant, me direz-vous, si le monde est ce que j’en fais, pourquoi ne puis-je pas mieux décider du cours de mon destin ? Pourquoi ne puis-je y réaliser mes rêves ?  En clair, com-ment çà marche ?

La réponse est dans la question : Il faut simplement chercher le mode d’emploi.

Chercher comment l’on fonctionne et à quoi l’on pourrait bien servir, est à mes yeux, sinon le sens de la vie, tout du moins le but de notre vie. Cela ne se fait pas tout seul, ni très vite. Comme nous l’avons vu avec le Dalaï Lama, il faut pour cela  multiplier de bonnes et mau-vaises expériences et savoir les analyser pour progresser.

 Le plus gros souci pour modeler le monde à notre guise est que n'y étant pas seuls il faut "faire avec" les multiples autres souhaits de nos congénères, qui heureusement aspirent à peu prés aux mêmes désirs que nous de façon générale.  (En gros réussir leur vie via l’améliora-tion de leurs conditions matérielles, croitre et se multiplier). Il nous faut donc « faire avec » nos semblables qui malheureusement développent leurs egos la plupart du temps via des rap-ports de force insupportables à nos dépends (en assouvissant leurs pulsions de pouvoir et de domination comme nous l’a rappelé le Professeur Labori) .

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 En effet, autrui nous fait être. Le problème est que si l'autre nous fait être à sa convenance, il peut donc aussi nous déformer à volonté. Pour comprendre l’autre, il faut garder à l’esprit que les humains sont un peu comme des éponges.  Ils ont tendance à épouser les idées d'autrui avant de fabriquer leur propre jugement. Et le plus souvent ils adoptent celles du plus grand nombre, parce que c'est plus facile de vivre dans le moule qu'en écart de la société.

Intervention Mahfoud sur la société, la foule , la matrice, la peur d’être seuls ou un dan-ger.

Comme vous le voyez nous vivons dans un monde d’interactivité. Et si cette interactivité règne partout dans le monde des hommes, alors c’est probablement également le cas dans l’univers.Je pense en effet qu’à un niveau plus subtil,  tout sur cette planète baigne dans un flux infini de créativité et qu’il suffit d’y puiser pour donner vie à ce que nous souhaitons.

En examinant la biodiversité, il apparaît clairement que le monde végétal et animal se trans-forme sans cesse en fonction de la nécessité de la survie de l’espèce. La sélection naturelle intervenant constamment pour réguler le tout, afin de maintenir une sorte de grand plan d’en-semble, allant du plus petit au plus grand, du plus faible au plus fort. Car tout est lié, tout est interconnecté.

Mahfoud : La mort se nourrit de la vie, l’équilibre, l’énergie...

Pour l’homme, sa  formidable adaptation vient sans nul doute du fait qu’il a su saisir cette énergie créatrice environnante. D'abord pour y survivre , ensuite pour modeler le monde selon ses désirs.

Car  ce qui est certain, c'est que nous  interagissons, nous, ensemble des cerveaux humains avec la planète et même probablement avec l'univers. Non seulement par nos actions phy-siques mais également  par des sortes de champs de force interactifs .

En effet, le monde n'est pas ce qu'il semble être. L’énergie et la matière par exemple ne sont que deux aspects différents d’une même réalité.

«  Nous savons à présent grâce à la physique quantique que tout ce que ce que nous perce-vons comme de la matière dure n'est pour l'essentiel que de l'espace vide traversé par un cou-rant d'énergie. La  physique quantique permet d’observer que si nous considérons ces courants d'énergie  à des échelles de plus en plus petites, des résultats spectaculaires s'ensuivent. Tous les objets prenant simultanément une nature d’onde et de particule dans les échelles microsco-piques.

De plus, des expériences ont montré que si l'on découpe des petits fragments d'énergie, ceux qu'on appelle des particules élémentaires et qu'on les observe, le simple fait de les observer suffit à modifier le résultat de l'observation. Comme si ces particules subissaient l'influence du résultat attendu par l'expérimentateur.

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 En d'autres termes, le fond même de l'univers à sa source, ressemble à une sorte d'énergie pure, malléable selon les intentions humaines, d'une manière qui pose un défi à notre vieille explication mécaniste du monde.

Les cerveaux humains pourraient donc tout à fait être des générateurs d'idées interactifs, ca-pables de recevoir de l’énergie de l’univers et de la transformer.

C’est pourquoi, de par sa capacité de réception des ondes créatrices dans lesquelles nous bai-gnons, les postulats créés par les humains comme " l’homme est un être de pure bonté ", ou au contraire, " l’homme est une machine faite pour la guerre " ne dépend que de nous. Ou plus exactement du nombre de gens et de l’intensité, de la ferveur qu’ils mettent à  créer ce champ d’énergie. Ce qui donnera naissance à l’une ou l’autre de ces réalités.

Ainsi si tous les gens du monde souhaitaient qu'une sorte de miracle arrive en unissant leurs pensées, leur " énergie " en même temps, il est plus que probable que leur souhait se réalise-rait. C'est ce que l’on qualifie souvent de "miracle de la foi ".

Intervention Mahfoud sur les religions.

Et le sens de la vie dans tout cela ? Nous venons de voir que le monde en fin de compte est ce que nous en faisons. Le sens de notre vie n’est peut être que d’encourager notre volonté inventive à parvenir à bâtir un monde idéal. En un sens, l’être humain peut être considéré comme une sorte d’entité créatrice, proba-blement en interaction avec des forces invisibles qui nous échappent. Qu’importe le nom qu’on leur donne, ou qu’on lui donne.6mn10 - 26mn 30

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- Découvrons à présent la vision du sens de la vie d’un grand scientifique comme Albert Einstein et de l’écrivain à succès Bernard Werber.

Albert Einstein, cet immense physicien a immortalisé son nom à la postérité grâce à ses pres-tigieux travaux sur la relativité, mais également de par ses points de vue théologiques et ses pensées philosophiques. Il reste cité à tout bout de champ tel n'importe quel grand philosophe et pour cause... Petite anecdote au sujet de ses travaux. Einstein était un intuitif. Il "rationnali -sait" par le calcul mathématique tout ce qu'il pressentait.

Sonia

– Cher Albert Einstein, pourriez-vous nous donner votre vision du sens de la vie ?

Mahfoud

– En apparence, la vie n'a aucun sens, et pourtant, il est impossible qu'il n'y en ait pas un.  Celui qui ressent sa propre vie et celle des autres comme dénuées de sens est fondamentale-ment malheureux, puisqu'il n'a aucune raison de vivre. Il n'y a d’ailleurs que deux façons de vivre sa vie : l'une en faisant comme si rien n'était un miracle, l'autre en faisant comme si tout était un miracle.

–  Et vous aviez choisi la seconde option. Pourriez-vous également nous livrer votre point de vue sur l’univers qui nous entoure, et de la place de l’homme en son sein ? Toujours philoso-phiquement parlant, j’entends.

– L’être humain fait l’expérience de son être, de ses pensées et de ses sensations comme étant séparés du reste d’un Tout que nous appelons l’Univers. Une sorte d’illusion d’optique de sa conscience. Cette illusion est pour nous une prison, nous restreignant à nos désirs personnels et à une affection réservée à nos proches. Notre tâche est de nous libérer de cette prison en élargissant le cercle de notre compassion afin qu’il embrasse tous les êtres vivants et la nature entière dans sa splendeur !

– La compassion ? Pensez-vous qu’elle fasse partie intégrante de la conscience que l’homme a de lui-même ? Une sorte de cadeau divin ? D’ailleurs, croyez-vous en Dieu, professeur ?

– Dans mon enfance, j’étais un garçon très religieux. Mais à 12 ans j’ai commencé à lire des livres scientifiques, des bouquins de vulgarisation, et je suis arrivé à la conclusion que la plu-part des histoires racontés dans la Torah n’étaient que des récits Mythiques. J’ai cessé d’être croyant presque du jour au lendemain. S’il y a quelque chose en moi que l’on puisse appeler "religieux" ce serait mon admiration sans bornes pour les structures de l’univers. Ce qui est certain, c’est que la plus belle chose que je puisse éprouver, c'est le côté mystérieux de la vie. C'est le sentiment profond qui se trouve au berceau de l'art et de la science véri-table. »

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La vision de Bernard Werber

Il me semble intéressant d’avoir les points de vue sur la vie, de Bernard Werber, auteur Fran-çais de romans bizarres et innovants où se mêlent enquêtes policières, aventure,  fantastique, sagesse et philosophie vendus à plusieurs millions d’exemplaires sur toute la planète. Je m’ex-plique son succès par le fait qu’il est quelqu’un de très en phase avec son temps.

Sonia

– Bernard Werber, pourriez vous nous donner votre vision du sens de la vie ? Comme je sais que la question est vaste et un peu personnelle, tout du moins quel est le but vers lequel nous voguons sur l’océan de la vie ?

Jacky

–  Joli çà. Je vais le noter quelque part. Hé bien il me semble que le but de Tout est d’évoluer . Je pense que nous sommes ici sur cette terre pour vivre l’aventure de la conscience et dans cette optique j’essaie d’augmenter chaque jour mon niveau de conscience.

Aujourd’hui, les gens qui ont le pouvoir sont ceux qui peuvent communiquer. C’est déjà le signe que nous sommes sortis de la matérialité pure. Les informations qui circulent dans le monde entier augmentent le niveau de conscience. Plus personne ne peut ignorer le niveau de pollution, le trou dans la couche d’ozone, le changement climatique

–  A propos de ce flux d’informations qui accroit notre niveau de conscience, vous écrivez dans " l’Empire des anges   " il me semble, que l’envie de savoir est le plus puissant moteur humain.

–  Tout à fait. A mon niveau, j’essaie de créer des passerelles entre toutes les connaissances et tours les savoirs.  J’aime quand les gens se posent des questions qu’ils ne se posaient pas avant. Ceux qui lisent réfléchissent par eux mêmes et ne se laissent pas manipuler, d’où mon envie de répandre un élan vers la connaissance. D’ailleurs la liberté vient du savoir.

–  Dans ce cas, quels conseils pouvez-vous nous donner  pour évoluer vers cette connaissance de façon totalement indépendante ?

–  Hé bien déjà il faut commencer par lire. Tout simplement parce que ceux qui lisent sont capables de se forger une pensée personnelle, alors que ceux qui regardent la télévision n’ont que la vision réduite de la pensée commune. Lire c'est se donner les outils de construire sa liberté et sa force.D’ailleurs savez-vous que le monde est dirigé par des gens qui lisent. Ceux qui ne lisent pas seront probablement amenés à obéir à ceux qui lisent. 

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–  Je vois. Commencer par lire, puis si possible écrire et être lu ? Ce qui, dans votre cas est une réussite incontestable. J’ai bien compris que votre but est de faire changer la perception du monde et le niveau de conscience de vos lecteurs. Sinon, mis à part vos ouvrages, que nous conseilleriez vous comme lectures ?

–  Il faut lire de tout. A titre personnel, j’ai commencé par Rabelais, Lafontaine, Edgar Poe, Jules Verne dans un premier temps. Puis par Agatha Christie, Lovecraft, Flaubert dans un second temps. Ensuite par Isaac Asimov,  Franck Herbert et surtout le meilleur pour la fin , Philip K Dick. A mon avis le plus visionnaire et le plus original.

–  De la science fiction également ? Moi j’adore, mais pensez-vous  que ce style de lecture est utile pour évoluer ? D’ailleurs au niveau des ventes c’est un secteur plutôt en récession.

–  Et je le déplore vivement ! La science fiction est un laboratoire philosophique ! Un ques-tionnement sur l’avenir de l’humanité. Car ni les politiciens, ni les économistes, ni les philo-sophes ne le font plus. Ils savent que c’est tellement complexe qu’ils vont se planter. Or on a tué la science fiction depuis les années 70 en lui refusant toute promotion dans les médias et donc crevé l’œil qui regarde l’horizon. Avec la science fiction la philosophie n’est plus uniquement intellectuelle mais démonstrative et en action. C’est le dernier endroit où il y a des gens qui s’autorisent à avoir une vision sur le futur.

–  Une vision du futur. C’est un thème qui vous est cher. Pouvez-vous nous parler de votre site internet " L’arbre des possibles  " ? Un super site interactif qui reflète bien votre désir d’universalité et votre souhait de faire progresser l’humanité car chaque internaute peut y pos-ter ses idées sur sa vision du futur.

–  Bien sûr. Il s’agit d’un arbre virtuel où tous les internautes qui ont des idées sur le futur viennent les mettre comme des feuilles sur un arbre. Les feuilles se combinent les unes aux autres, ce qui donnerait à priori tous les futurs possibles.L’idée est que tout ce qui est bien aujourd’hui a été pensé par nos ancêtres et par conséquent  tout ce qui pourra être bien dans le futur doit être pensé maintenant. Nous devons imaginer une manière globale de penser le futur de l’humanité pour que celle ci soit moins dure.

–  Mais ne craignez vous pas que les gens ne postent des visions trop négatives ? Ce qui risque par résonnance, passez moi l’expression, de nous retomber sur la gueule ?

–  Très juste. C’est pourquoi, il faut construire notre vision comme quelque chose qui nous donne l’envie de le construire et de le créer. Car si on le gère mal, çà va juste nous apporter de l’angoisse. Tout comme il faut écrire le livre que l’on a envie de lire, il faut penser le monde que l’on a envie de vivre !

–  Donc quelque part le monde est ce que l’on en fera. Tout comme le monde est déjà ce que l’on en a fait ? La direction qu’il prend ne peut être imputable qu’aux décisions humaines ?

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–  C’est évident. D’autant plus que grâce à l’outil internet, on a accès à toutes les connais-sances.  C’est juste que l’on n’a pas assez d’outils intellectuels pour pouvoir cheminer dans ce savoir. En fait sur internet on nous dit tout mais on n’y fait pas attention.

–  J’apprécie votre niveau de conscience … votre humanité en fait. Et vu le nombre de lec-teurs que vous avez,  je suis loin d’être le seul. Comment en êtes vous arrivé là ?

–  Quelque part ma vie est un microcosme de l’humanité et, chaque jour, j’essaie effective-ment d’augmenter mon niveau de conscience. C’est le sens que j’ai donné sinon à la vie, du moins à ma vie. Pour cela , je tente constamment de me mettre dans la situation qui me per-met de profiter au mieux de mon imaginaire, et d’en faire profiter mon entourage.

–  En leur donnant des conseils philosophiques ?

– Oui, mais c’est de la philosophie fiction . La philosophie dans le sens de base du terme si-gnifie : Qui aime la sagesse. Mon but est de donner envie aux gens d’être sages, de s’ou-vrir…  Le plus beau compliment que pourrait me faire un lecteur, ce serait : Vous avez chan-gé ma perception du monde.

– Une dernière question, avez-vous d’autres conseils à nous prodiguer pour réussir notre vie ? Pour lui donner du sens ?

–  C’est simple : Trouvez votre mission, trouvez ce en quoi vous avez un talent particulier et utilisez-le afin d’être en phase avec vous-même. Réussir sa vie, c’est trouver son talent, trou-ver sa mission et la réaliser ! Pour cela, il faut trouver un lieu, une forme d’expression , sortir de sa pression intérieure .

Il me semble que chaque individu à une pression intérieure qui est son moi authentique et qui a envie de sortir et de s’exprimer. Nous pouvons le faire par une forme d’art quelconque mais aussi en faisant de la cuisine pour les autres, en s’occupant et éduquant ses enfants . C’est une forme d’expression. Car si l’on n’exprime pas cette pression intérieure, elle va finir par nous ronger et se retourner contre nous. Il est donc important de repérer cette énergie, de la faire sortir et de la répandre autour de soi pour être en phase avec vous-même et le monde…

(Après lecture) Voilà. Pour synthétiser tout cela, Bernard Werber nous a communiqué ce qui l’anime : Sa vision du monde est simple : C’est d’élever notre propre niveau de conscience et de parta-ger nos connaissances et notre savoir. Quand à sa vision du sens de la vie : Elle est d’identifier notre « mission » sur cette terre et de la réaliser pour être en harmonie avec autrui et surtout avec nous-mêmes. En clair, trouver sur cette terre ce pour quoi l’on est doué et bouger pour le réaliser. 

Sur ce dernier point, l’idée n’est d’ailleurs pas nouvelle.

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 Dans "Candide " Voltaire concluait par « Il faut cultiver notre propre jardin ». Ce qu’il entendait probablement par là, c’est que l’esprit de l’homme est au départ englué, plein de mauvaises herbes, mais s’il se cultive, s’il lit, s’il s’instruit, ce jardin sans nul doute donnera ses fruits. A condition d’être patient et de persévérer car il faut bien sûr ensemencer et savoir attendre une récolte qui s’avère parfois décevante avant d’être féconde. 

Avant de quitter Bernard Werber, je souhaite le citer une dernière fois : « La seule épreuve réelle en cette vie est le libre arbitre. Tout ce que l’on veut, on l’obtient. Le problème c’est qu’on se trompe de désir. L’on essaie de réduire notre malheur au lieu de construire notre bonheur. »

***

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EPILOGUE

Pour terminer voici quelques extraits de l’Epilogue de mon essai sur le sens de la vie. J’y ai choisi de faire dialoguer 2 personnages : Jacky et un ami déprimé qui vient de lire son livre.

Jacky

–  Alors qu’est ce que tu penses de mon bouquin ?

Mahfoud

–  Hé bien… Il contient des choses intéressantes, c’est assez bien écrit et bien documenté. Mais pour être franc je n’y ai pas vraiment trouvé de réponses à mes questions existentielles. En fait, je ne sais toujours pas quel est le sens de ma vie.

–  Je pense que ce que tu me reproches c’est de ne pas te donner un mode d’emploi . Le souci, c’est qu’il n’y a pas de réponse globale à la question du sens de la vie. La réponse est inscrite en chacun de nous. Le sens de notre vie sur cette terre c’est certainement d’y découvrir ce que l’on est venu y faire.

–  Oui mais si on n’y parvient pas ?

–  Il reste bien sûr la possibilité d’oublier de se poser des questions. Il y a pas mal de gens qui vivent bien comme çà. Ceux qui  ont le loisir de prendre le temps de la réflexion. Celui qui se lève tous les matins pour chercher comment il va pouvoir manger, ou le paysan qui part culti-ver sa terre à l’aube ne se pose certainement pas ce genre de questions.

–  Sans doute mais je n’ai pas de terre à cultiver.

–  Alors justement, cultive ton propre jardin intérieur et suis les conseils de ce livre. Relis les chapitres qui t’interpellent et demandes-toi comment les appliquer dans la vie courante. Agis, analyse tes échecs et tu trouveras tes propres réponses.

Il y a des leviers, des forces, qui peuvent agir sur notre destin et dont il faut tenir compte. Tu sais, il n’y a pas vraiment de hasard de destinée. Il y a ce que l'a vie t'a donné comme ba-gage dès la naissance…et ce que tu en fais. Ce sont ces deux forces qui font de toi ce que tu es et ce que tu seras !Aussi n’aies pas peur d’être toi-même avec tes qualités et tes défauts. D’ailleurs Jean Cocteau disait « Ce que les autres te reprochent, cultive-le. C’est toi ! »

–  Bon d’accord. Mais tout ce discours ne m’apporte pas les réponses que j’attendais. Je te demande quel est le sens de la vie, et tout ce que tu trouves comme réponse, c’est :  « Trouve

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le sens de TA vie ». C’est incohérent ! … Tout comme l’est la vie. Pour moi, elle n’a pas de sens, d’ailleurs. Ce n’est qu’une absurdité.

–  Pas tant qu’il n’y paraît ! Tu penses que la vie est absurde ? Est- ce qu’elle te semblerait moins aberrante si l’on t’en avait révélé le sens, à travers des dogmes dés le premier jour ? Certainement pas ! Nous avons trop besoin de notre propre liberté de penser. Le chemin de la découverte du sens de la vie est long et tortueux … mais captivant.

Chaque âge de notre vie apporte son lot de révélations et lui apporte du sens. Le but final étant probablement, lorsque l'on atteint la lisière de la vie, de quitter ce monde en toute sérénité. Ayant fait de notre mieux pour lui donner du sens.

*FIN*

Lire le livre en intégralité : https://www.amazon.fr/dp/B007S83WYI

Tous les livres de Jacky Bourgogne : http://www.amazon.fr/Jacky-Bourgogne/e/B00770G5P0

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