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Consolidation de la paix
Institut de formation aux opérations de paix™
Auteur du Cours
George F. Oliver, Ph.D.
Éditeur de la Serie
Harvey J. Langholtz, Ph.D.
Consolidation de la paix
Institut de formation aux opérations de paix™
Auteur du Cours
George F. Oliver, Ph.D.
Éditeur de la Serie
Harvey J. Langholtz, Ph.D.
Photo de couverture : Photo ONU #66414 par Martine
Perret. L’équipe de maintien de la paix pakistanaise
de l’Opération des Nations Unies au Burundi (ONUB)
charge, dans des hélicoptères, du matériel électoral
de la Commission électorale nationale indépendante
(CENI) qui sera livré à toutes les provinces ayant
participé au référendum national le 28 février 2005
sur le projet de constitution post-transition, reporté à
trois reprises. 20 février 2005.
© 2020 Institut de Formation aux Opérations de Paix. Tous droits réservés.
Peace Operations Training Institute 1309 Jamestown Road, Suite 202 Williamsburg, VA 23185, États Unis www.peaceopstraining.org
Première édition : 2019 par George F. Oliver, Ph.D.
Les informations contenues dans cette publication ne reflètent pas nécessairement les opinions de l’Institut de formation aux opérations de paix, de(s) l’Auteur(s) du cours, des organes des Nations Unies ou des organisations affiliées. L’institut de formation aux opérations de paix est une ONG internationale à but non lucratif enregistré auprès de l’Internal Revenue Service of the United States of America sous le numéro 501 (c)(3). Même si tous les efforts ont été déployés afin de vérifier le contenu de ce cours, l’Institut de formation aux opérations de paix et l’Auteur (s) n’assument aucune responsabilité à l’égard des opinions et des informations contenues dans le texte, qui ont été obtenues dans les médias libres et d’autres sources indépendantes. Ce cours a été rédigé à des fins pédagogiques et d’enseignement, cohérent avec la politique et la doctrine des Nations unies, mais n’instaure ou ne promulgue aucune politique ou doctrine des Nations Unies. Des opinions diamétralement opposées sont parfois fournies sur certains sujets, afin de stimuler l’intérêt, et sont en accord avec les normes académiques libres et justes. La version originale du cours est en langue anglaise. Les autres versions peuvent varier légèrement de la version originale. Les traducteurs consentent tous les efforts possibles en vue de préserver l’intégrité des informations contenues.
L’Institut de formation aux opérations de paix remercie le Dr David Curran,
de l’Université Coventry et le Col. Jesus Gil Ruiz, de l’armée espagnole pour
leur aide dans la préparation de ce cours.
Consolidation de la paix
v
INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX
Table des matières
Avant-propos ix
Remerciements xi
Méthode pédagogique xii
Leçon 1 Introduction à la consolidation de la paix 13
Section 1.1 Introduction 14
Section 1.2 Évolution du concept de consolidation de la paix 15
Section 1.3 Théories à la base du concept de consolidation de la paix 17
Section 1.4 Importance accordée par les Nations Unies à la consolidation de la paix 24
Section 1.5 Relation entre consolidation de la paix et développement 30
Section 1.6 Défis en matière de sécurité internationale — États défaillants 34
Section 1.7 Évolution du système étatique moderne 36
Section 1.8 Acteurs de la consolidation de la paix 39
Section 1.9 Avenir de la consolidation de la paix 45
Section 1.10 Résumé 47
Leçon 2 L’Agenda pour la paix 52
Section 2.1 Introduction à l’Agenda pour la paix 53
CONSOLIDATION DE LA PAIX
INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX
vI
Section 2.2 Contexte de l’Agenda pour la paix 54
Annexe I Supplément à l’Agenda pour la paix 59
Leçon 3 Les Nations Unies et la consolidation de la paix 62
Section 3.1 Introduction au rôle des Nations Unies dans la consolidation de la paix 63
Section 3.2 Origines de la consolidation de la paix des Nations 66
Section 3.3 Architecture de la consolidation de la paix des Nations Unies 71
Section 3.4 Autres rapports et études sur la consolidation de la paix des Nations Unies 83
Section 3.5 Enseignements tirés sur la consolidation de la paix des Nations Unies 90
Section 3.6 Conclusion 94
Leçon 4 Évolution des concepts associés à la consolidation de la paix 98
Section 4.1 Aperçu général de l’évolution de la consolidation de la paix 99
Section 4.2 La Banque mondiale et la consolidation de la paix 101
Section 4.3 Positionnement des États-Unis à l’égard de la consolidation de la nation (consolidation de la paix) 104
Section 4.4 Organisation pour la coopération économique et le développement 117
Section 4.5 Alliance pour la consolidation de la paix 124
Section 4.6 Discussion finale 128
Leçon 5 Planification et mise en œuvre de la consolidation de la paix 132
Section 5.1 Introduction 133
Section 5.2 Principes de la consolidation de la paix 136
Section 5.3 Planification de la consolidation de la paix 143
CONSOLIDATION DE LA PAIX
INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX
vII
Section 5.4 Conclusion relative à la planification de la consolidation de la paix 169
Leçon 6 Histoire de la Sierra Leone et son basculement dans la guerre civile 174
Section 6.1 Introduction 176
Section 6.2 Les débuts de l’histoire de la Sierra Leone 178
Section 6.3 La route vers l’indépendance 182
Section 6.4 Une démocratie instable : coups d’État et contrecoups 185
Section 6.5 Le Front révolutionnaire uni 188
Section 6.6 Coups, chaos et intervention militaire 191
Leçon 7 Maintien de la paix en Sierra Leone : intervention armée et emploi de soldats de la paix 200
Section 7.1 L’Accord de paix de Lomé et le début du maintien de la paix des Nations Unies 201
Section 7.2 Intervention britannique 206
Section 7.3 La fin de la guerre grâce au maintien de la paix élargi 212
Section 7.4 La consolidation de la paix devient partie intégrante du maintien de la paix 215
Leçon 8 Consolidation de la paix en Sierra Leone 224
Section 8.1 L’Accord de paix de Lomé revisité 225
Section 8.2 Le Bureau intégré des Nations Unies en Sierra Leone 227
Section 8.3 Les trois premières années de redressement de la Sierra Leone (2005–2007) 232
Section 8.4 Les cinq années suivant le redressement de la Sierra Leone (2008–2012) 238
Section 8.5 Le revers dû à la maladie à à virus Ebola (2013–2016) 246
Section 8.6 Résumé de la consolidation de la paix en Sierra Leone 250
CONSOLIDATION DE LA PAIX
INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX
vIII
À propos de l’auteur : George F. Oliver, Ph.D. 261
Instructions pour l’examen final 263
CONSOLIDATION DE LA PAIX
INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX
Ix
Ce cours présente aux étudiants le concept de consolidation de la paix. La consolidation de la paix est apparue
au cours des deux dernières décennies comme l’un des concepts les plus immuables du système des Nations Unies.
Le travail des Nations Unies en matière de consolidation de la paix s’est accentué depuis la publication en 1992 de
l’Agenda pour la paix par l’ancien Secrétaire général des Nations Unies Boutros Boutros-Ghali et la création e 2005
de la Commission de consolidation de la paix sous la direction de l’ancien Secrétaire général des Nations Unies
Kofi Annan. D’autres organisations internationales ont également élaboré des programmes en vue de renforcer la
consolidation de la paix dans des États fragiles et défaillants.
Le concept de consolidation de la paix visait initialement à aider les pays à se rétablir suite à un conflit violent,
mais, ces dernières années, il a été étendu à la prévention des conflits dans les pays faibles et fragiles. Pendant plus
de 70 ans, les Nations Unies ont déployé des soldats de la paix pour aider les nations à se relever de guerres internes
ou externes. Toutefois, la capacité de la communauté internationale à aider les pays à se remettre pleinement d’un
conflit violent était insuffisante : après le retour à la sécurité dans les États en crise et le retrait des soldats de la
paix, les nations se retrouvaient livrées à elles-mêmes. Lorsque la Guerre froide a pris fin en 1989, de nouveaux
pays ont accédé à l’indépendance. Souvent, la lutte pour le pouvoir et le contrôle a entraîné de violentes guerres
civiles. À l’époque, les pays sortant de la domination coloniale ont souvent connu des troubles. Pour aider les pays
dans le besoin, les opérations de paix des Nations Unies et d’autres missions de maintien de la paix parrainées au
niveau régional ont augmenté en taille et en portée pour résoudre ces problèmes de sécurité. Alors que les soldats
de la paix s’efforçaient de rétablir la sécurité dans ces États défaillants ou nouvellement formés, il est devenu évident
qu’il était nécessaire de faire davantage que de simplement rétablir la sécurité et fournir une aide humanitaire. Les
nations ont également besoin d’aide en matière de gouvernance, de reconstruction des infrastructures, de systèmes
économiques, d’état de droit et de réconciliation. Les Nations Unies et d’autres missions de maintien de la paix
parrainées au niveau régional ont commencé à élaborer des programmes en vue d’aider les nations en difficulté à
devenir des membres actifs de la communauté internationale. L’idée d’aider les nations à se remettre d’une guerre
ou d’un conflit violent sous-tend le domaine de la consolidation de la paix.
L’Agenda pour la paix a abordé le concept de consolidation de la paix après les conflits. Depuis, le concept de
consolidation de la paix a fait l’objet d’études approfondies de la part de praticiens, d’universitaires et de décideurs
politiques.
La première leçon de ce cours introduit le concept de consolidation de la paix ainsi que certains des acteurs —
à savoir les organisations internationales (par exemple les Nations Unies, la Banque mondiale, l’Union européenne
[UE], l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est [ANASE]) et les organisations non gouvernementales (ONG) —
travaillant dans le domaine de la consolidation de la paix. La leçon 2 porte sur l’Agenda pour la paix, le document
clé qui a stimulé la consolidation de la paix dans le monde. Pendant plusieurs années, des acteurs essentiels ont
continué à s’appuyer et à développer les idées présentées dans l’Agenda pour la paix. L’ancien Secrétaire général
Kofi Annan, successeur de Boutros-Ghali, a davantage développé les concepts relatifs à la consolidation de la paix
Avant-propos
CONSOLIDATION DE LA PAIX
INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX
x
au travers de plusieurs études, ce qui a finalement conduit à la création de l’architecture de consolidation de la paix
des Nations Unies, qui comprend la Commission de consolidation de la paix, le Fonds pour la consolidation de la paix
et le Bureau d’appui à la consolidation de la paix. La leçon 3 expose les idées et évolutions des Nations Unies en
matière de consolidation de la paix. La leçon 4 donne un aperçu des spécialistes et des praticiens de la consolidation
de la paix, alors que de nouvelles idées ont continué à émerger de 2003 à 2010. La leçon 5 se concentre sur la
planification de la consolidation de la paix et explore les différentes méthodes de planification et de préparation des
opérations de consolidation de la paix. Les Nations Unies ont leur propre approche en matière de planification de la
consolidation de la paix, tout comme d’autres nations ou des ONG qui ont des approches différentes. Les leçons 6,
7 et 8 se concentrent sur les efforts de consolidation de la paix en Sierra Leone, offrant un examen approfondi
d’un pays qui est passé de la guerre civile au maintien de la paix, puis à la consolidation de la paix. Cette analyse
approfondie expose le type d’informations requis pour entreprendre une mission de consolidation de la paix.
–George F. Oliver, Ph.D.
Université George Mason
École d’analyse et de résolution de conflits
CONSOLIDATION DE LA PAIX
INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX
xI
Je suis profondément honoré par la demande du Dr Harvey Langholtz d’élaborer un cours sur la consolidation
de la paix à l’attention de l’Institut de formation aux opérations de paix (POTI). Le POTI est une merveilleuse
organisation ayant énormément contribué au travail des soldats de la paix dans le monde entier.
Le Dr Langholtz connaît mon vif intérêt pour le maintien de la paix depuis des années. Cet intérêt a été la
raison pour laquelle il m’a été demandé de me joindre à l’Autorité provisoire de la coalition, l’organisation américaine
chargée de la reconstruction de l’Irak après l’opération Iraqi Freedom. Ces efforts n’ont pas été couronnés de succès.
A mon retour aux États-Unis, je me suis inscrit à un programme de doctorat à l’École d’analyse et de résolution des
conflits de l’Université George Mason. Je suis profondément redevable à nombre de mes professeurs de m’avoir
ouvert leur cœur et leur esprit. Parmi eux, en particulier le Dr Dennis Sandole et le Dr Howon Jeong, ayant tous deux
rédigé des ouvrages sur la consolidation de la paix.
Avant même d’entreprendre mes études supérieures, j’ai réalisé que les soldats de la paix devaient s’impliquer
dans la reconstruction d’un pays après la guerre - la consolidation de la paix après un conflit. Mes études m’ont
ouvert les yeux sur le domaine de la consolidation de la paix. Elles m’ont permis de comprendre les théories qui
sous-tendent la consolidation de la paix, les stratégies de consolidation de la paix et les complexités de cette noble
entreprise. Tout en poursuivant mes études, j’ai travaillé avec l’institut des États-Unis pour la paix (USIP) et avec
l’aide de quelques autres personnes dévouées, j’ai pu diriger un cours sur la consolidation de la paix pour l’USIP.
Mes recherches et mes études doctorales étaient axées sur le rôle des militaires dans la consolidation de la
paix. En général, les armées nationales sont organisées et formées pour combattre au cours de guerres impliquant
leurs nations, mais de nombreux pays engagent leurs armées dans le maintien de la paix. Au moment où j’écris
ces lignes, 124 nations fournissent des unités militaires aux efforts de maintien de la paix des Nations Unies. Mes
recherches m’ont amené à conclure que les organisations militaires peuvent non seulement assurer la sécurité –
mais également contribuer à la consolidation de la paix. En conséquence, mon intérêt pour la consolidation de la paix
n’a cessé de croître. La rédaction de ce cours m’a permis de mettre sur papier bon nombre de mes pensées et de
mes idées. Je suis donc reconnaissant au POTI de m’avoir demandé d’élaborer ce cours. J’espère que vous en tirerez
des enseignements.
Je suis également reconnaissant à mon épouse, qui m’a soutenu dans la rédaction de ce cours. En tant que
professeur à temps plein, une grande partie de mon travail se fait en soirée et en fin de semaine, loin de ma famille.
Ma femme m’a encouragé dans mon travail. Mes enfants, pour la plupart adultes et hors de la maison, ont également
soutenu mes efforts. Pour cela, je suis profondément reconnaissant à toute ma famille, au Dr Langholtz et aux
conseillers de la faculté de l’Université George Mason.
–George F. Oliver, Ph.D.
Université George Mason
l’École d’analyse et de résolution des conflits
Remerciements
CONSOLIDATION DE LA PAIX
INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX
xII
Méthode pédagogique
Ce cours autorégulé vise à donner une flexibilité aux étudiants dans leur approche à
l’apprentissage. Les suggestions suivantes visent à motiver et guider les étudiants concernant
quelques éventuelles stratégies et les attentes minimales pour suivre et réussir ce cours :
• Avant de commencer à étudier, consultez l’intégralité du cours. Notez les objectifs des leçons
qui vous permettront d’avoir une idée de ce qui sera examiné tout au long du cours.
• Le contenu vise à être pertinent et pratique. Au lieu de mémoriser des détails, efforcez-vous de
comprendre les concepts et les perspectives globales du système des Nations Unies.
• Mettez en place des lignes directrices sur la manière dont vous voulez gérer votre temps.
• Étudiez le contenu de la leçon et les objectifs d’apprentissage. Au début de chaque leçon,
orientez-vous vers les points principaux. Si vous le pouvez, lisez le texte deux fois afin de vous
assurer une compréhension et une assimilation maximum, et espacez vos lectures.
• Lorsque vous finissez une leçon, répondez au questionnaire. Pour toute erreur, retournez à la
section correspondante et relisez-la en retenant les informations correctes.
• Après avoir étudié toutes les leçons, préparez-vous pour l’examen final en révisant les points
principaux de chaque Leçon. Puis, connectez-vous à votre classe en ligne et passez l’examen
final en une seule session.
» Accédez à votre classe virtuelle à l’adresse suivante : <https://www.peaceopstraining.org/fr/users/user-login/?next=/users/> du monde entier.
• votre examen sera noté électroniquement. Si vous obtenez la note de passage de 75 % ou une
note supérieure un Certificat de réussite vous sera remis. Si vous obtenez une note inférieure à
75 % vous aurez la possibilité de passer une deuxième version de l’examen final.
Éléments principaux de votre classe virtuelle »
• Accès à tous vos cours ;
• Un environnement d’examen sécurisé pour finaliser votre formation ;
• Accès à des ressources de formation additionnelles, y compris des
suppléments multimédias aux cours ;
• Possibilité de télécharger votre Certificat de réussite pour tout cours
complété ;
• Forums dans lesquels discuter des sujets pertinents avec la Communauté
POTI.
13
Contenu de la leçon » Objectifs de la leçon »
INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX
CONSOLIDATION DE LA PAIX
LEÇON
Section 1.1 Introduction
Section 1.2 Évolution du concept de
consolidation de la paix
Section 1.3 Théories à la base du concept de
consolidation de la paix
Section 1.4 Importance accordée par les Nations
Unies à la consolidation de la paix
Section 1.5 Relation entre consolidation de la
paix et développement
Section 1.6 Défis en matière de sécurité
internationale — États défaillants
Section 1.7 Évolution du système étatique
moderne
Section 1.8 Acteurs de la consolidation de la paix
Section 1.9 Avenir de la consolidation de la paix
Section 1.10 Résumé
• Identifier l’origine des idées qui ont évolué vers le
concept de consolidation de la paix.
• Connaître les définitions des Nations Unies relatives
au maintien de la paix, au rétablissement et à la
consolidation de la paix.
• Comprendre les relations entre le maintien de la
paix, la consolidation de la paix et le développement.
• Décrire les origines du système étatique moderne
et l’objectif du système étatique.
• Être conscient du fait que les États défaillants
et fragiles ont besoin d’être aidés à travers des
activités de consolidation de la paix.
• Comprendre certaines des idées et théories
relatives à la consolidation de la paix.
• Identifier les nombreux acteurs impliqués dans le
cadre général de la consolidation de la paix.
La consolidation de la paix est apparue au cours des deux dernières décennies comme l’une des principales fonctions du système des Nations Unies.
Photo ONU #619327 par Loey Felipe.
Introduction à la consolidation de la paix 1
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
14
Section 1.1 Introduction
La consolidation de la paix est apparue au cours des
deux dernières décennies comme l’une des principales
fonctions du système des Nations Unies. Toutefois, les
Nations Unies ne sont pas la seule organisation à travailler
dans le domaine de la consolidation de la paix. D’autres
organisations internationales telles que l’Union européenne
(UE), l’Union africaine (UA) et l’Organisation des États
américains (OEA) viennent en aide aux nations défaillantes
et fragiles en s’appuyant sur le concept de consolidation de la
paix. Divers gouvernements nationaux et organisations non
Le Secrétaire général António Guterres (au centre) prend la parole lors de la réunion de la Commission de consolidation de la paix
sur « Le leadership, la responsabilité et la capacité à soutenir la consolidation de la paix et à maintenir la paix ». 7 septembre 2018.
Photo ONU #773852 par Eskinder Debebe.
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
15
gouvernementales (ONG) contribuent également en fournissant des ressources humaines et financières en vue
d’aider les nations à se rétablir à la suite de conflits violents.
La consolidation de la paix a pour fonction de combler le fossé entre le maintien de la paix et le développement
en aidant les nations à devenir des membres actifs de la communauté internationale. Elle consiste essentiellement à
aider les nations à se rétablir après des conflits violents, qu’il s’agisse de guerres civiles ou de conflits entre États. Le
rétablissement après un conflit armé constitue un processus à long terme qui nécessite l’investissement de quantités
importantes de ressources, en particulier humaines et financières.
La consolidation de la paix constitue une entreprise complexe impliquant une multitude d’acteurs. Chaque
organisation aborde la question de la consolidation de la paix de façon différente. Initialement, il n’existait pas de
définition universellement acceptée de la consolidation de la paix. Toutefois, au cours de la dernière décennie, le
concept de consolidation de la paix a évolué et les différentes définitions ont convergé en un cadre reconnu. Cette
leçon introduira et se concentrera sur la définition de la consolidation de la paix des Nations Unies, dans la mesure où
une définition largement acceptée de la consolidation de la paix fait toujours l’objet de discussions. Il n’existe pas de
théorie reconnue de la consolidation de la paix permettant actuellement d’orienter le travail des professionnels dans
ce domaine, mais il existe cependant certains fondements théoriques. Par conséquent, le processus de consolidation
de la paix peut paraître confus et est souvent complexe.
Section 1.2 Évolution du concept de consolidation de la paix
De nombreux acteurs considèrent que le terme « consolidation de la paix » est apparu dans le rapport de 1992
du Secrétaire général Boutros Boutros-Ghali intitulé l’Agenda pour la paix. Ce rapport explorait le regain d’intérêt
pour le rôle des Nations Unies lorsque la Guerre froide a pris fin. Le 31 janvier 1992, le Conseil de sécurité des
Nations Unies organisait pour la première fois une réunion avec les chefs d’État de chacun des membres du conseil.
Les chefs d’État ont demandé au Secrétaire général d’élaborer « une analyse et des recommandations sur les
moyens de renforcer et de rendre plus efficace la capacité des Nations Unies en matière de diplomatie préventive, de
rétablissement et de maintien de la paix dans le cadre des dispositions de la Charte »1.
Le Secrétaire général a passé six mois à élaborer les recommandations visant à renforcer le rôle des Nations
Unies. Son rapport exposait la façon dont les Nations Unies pourraient utiliser leurs services à des fins de diplomatie
préventive et la façon dont elles pourraient faire un meilleur usage des forces militaires dans le cadre du maintien de la
paix. Le Secrétaire général est allé plus loin en introduisant les termes « rétablissement de la paix » et « consolidation
de la paix après les conflits ». Le rapport présentait la consolidation de la paix comme suit :
« Au lendemain d’une guerre internationale, la consolidation de la paix peut prendre la forme de projets concrets de coopération, deux ou plusieurs pays s’engageant ensemble dans une coopération dont le but ne serait pas seulement de contribuer au développement économique et social, mais aussi de renforcer la confiance, condition si décisive de la paix. Je pense par exemple à des projets dans le cadre desquels les États joindraient leurs forces pour développer l’agriculture, améliorer les transports ou utiliser des ressources qu’ils doivent partager, comme l’eau ou l’électricité, ou encore à des
1) Conseil de sécurité des Nations Unies, Note du Président du Conseil de sécurité, S/23500, 31 janvier 1992, 3.
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
16
programmes communs qui permettraient de faire tomber les barrières entre nations en facilitant les voyages ou les échanges culturels et en exécutant des projets, mutuellement bénéfiques, axés sur la jeunesse et l’enseignement. La réduction des sentiments d’animosité au moyen d’échanges d’étudiants et d’enseignants ou de réformes des programmes scolaires peut être essentielle pour éviter que ne resurgissent des tensions culturelles et nationales qui risquent toujours de conduire à la reprise des hostilités »2.
Le Secrétaire général Boutros-Ghali a promu l’idée que les Nations Unies avaient un rôle à jouer afin d’aider les
parties hostiles à parvenir à un accord et de mettre fin aux conflits violents par le biais de la diplomatie. Il a fondé
son argument en faveur de l’engagement des Nations Unies dans le rétablissement de la paix sur le chapitre vI de
la Charte des Nations Unies. Il a considéré que les Nations Unies pouvaient mettre à profit leurs bons offices afin
de parvenir à la négociation d’un accord entre deux parties à un conflit, qu’il s’agisse de guerres entre États ou de
conflits internes. Les diplomates, qu’ils appartiennent aux Nations Unies ou qu’ils soient commandités par elles,
peuvent recourir à la négociation et à la médiation afin de mettre fin aux conflits3. Le recours aux soldats de la paix
constitue l’un des nombreux outils fréquemment utilisés afin de ramener la stabilité dans des sociétés frappées par
la guerre. Le Secrétaire général Boutros-Ghali a toutefois identifié des lacunes au niveau des méthodes appliquées
en vue de rétablir la paix dans des nations en proie à des conflits violents. Le rétablissement de la paix peut mettre
temporairement fin à un conflit alors que les soldats de la paix assurent la sécurité, mais il reste beaucoup à faire
pour qu’une nation retrouve une société pacifique et fonctionnelle une fois la sécurité rétablie. C’est là que réside le
rôle de la consolidation de la paix après un conflit.
Le Secrétaire général Boutros-Ghali n’était pas le premier à introduire le terme « consolidation de la paix » au
sein de la communauté internationale. L’intellectuel norvégien Johan Galtung — que beaucoup considèrent comme le
fondateur des études sur la paix et les conflits — a introduit le terme « consolidation de la paix » en 1976. Galtung
avait été directement témoin de la guerre. En effet, il a vécu enfant dans la Norvège occupée par les nazis. Après
2) Assemblée générale des Nations Unies et Conseil de sécurité des Nations Unies, L’Agenda pour la paix : Diplomatie préventive, rétablissement de a paix et maintien de la paix, Rapport du Secrétaire général, A/47/277-S/24111, 17 juin 1992, sect. vI, para. 56.
3) Assemblée générale des Nations Unies et Conseil de sécurité des Nations Unies, L’Agenda pour la paix, sect. vI, para. 37.
Le Conseil économique et social
(ECOSOC) examine l’Agenda pour
la paix. De gauche à droite : Nitin
Desai, Secrétaire général adjoint à
la coordination des politiques et au
développement durable ; S.R. Insanally
(Guyane), Président de l’Assemblée
générale ; Le Secrétaire général
Boutros Boutros-Ghali ; Ambassadeur
Richard Butler (Australie), président
de l’ECOSOC. 28 juin 1993. Photo ONU
#286691 par UN Photo.
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
17
avoir obtenu deux doctorats et enseigné pendant de nombreuses années, Galtung a entamé des recherches et a
enseigné dans le domaine des études sur la paix. Galtung n’a toutefois jamais pu dissocier la paix de la guerre.
Dans une publication de 1968, Galtung écrivait « les sciences sociales ont apporté davantage de connaissances
sur la guerre que sur la paix »4. Dans son esprit, la paix représentait davantage que la simple absence de guerre.
Dans cette même optique, il ne pouvait pas distinguer complètement la paix de la violence. Il a déclaré que « les
termes ‘paix’ et ‘violence’ [sont] liés l’un à l’autre de sorte que la ‘paix’ peut être considérée comme ‘l’absence de
violence’ »5.
Section 1.3 Théories à la base du concept de consolidation de la paix
Nombre d’intellectuels et d’acteurs de la consolidation de la paix estiment que la consolidation de la paix ne
jouit pas de fondements théoriques. Toutefois, cette affirmation n’est pas tout à fait exacte : en effet, il existe de
nombreux concepts théoriques associés à la consolidation de la paix.
Comme mentionné précédemment, Johan Galtung est l’un des premiers chercheurs dans le domaine de la
paix et ses théories méritent d’être davantage examinées. Avant d’aborder les théories de Galtung relatives à
la consolidation de la paix, il est important de comprendre certains des autres concepts qu’il a développés. Ces
concepts englobent la violence directe et structurelle ainsi que la paix positive et la paix négative. La violence directe
est définie comme les actions entreprises soit par le recours à la force soit par la menace du recours à la force en
vue d’engendrer un préjudice physique. La violence directe peut comprendre le meurtre, le viol, les agressions
sexuelles, la torture ou le passage à tabac6. Par opposition, Galtung considérait la violence structurelle comme
une injustice sociale. Le Dr Denis Sandole, Professeur en analyse et en résolution de conflits à l’Université George
Mason aux États-Unis, a affiné les idées avancées par Galtung en définissant la violence structurelle comme « une
situation dans laquelle les membres de certains groupes nationaux, ethniques, raciaux, religieux, de classe, de
genre, professionnels, régionaux et d’autres groupes ‘minoritaires’ se voient refuser l’accès aux ressources politiques,
sociales, économiques, éducationnelles et sécuritaires ainsi qu’à d’autres ressources typiquement administrées et
détenues par les groupes dominants traditionnels »7.
Selon Galtung, la violence directe tue rapidement alors que la violence structurellement tue lentement8. Il
est facile de comprendre la violence directe. Les guerres constituent des actes de violence directe, tout comme
l’affrontement physique entre deux individus ou deux groupes. La violence structurelle constitue pour sa part une
forme de violence silencieuse et souvent invisible. Galtung se réfère à la violence structurelle comme à une injustice
ou une inégalité engendrée par les institutions sociales. Le racisme, l’ethnocentrisme, l’élitisme, le sexisme ou le
nationalisme constituent donc autant des formes de violence structurelle dans la mesure où ils contestent le droit
d’un ou de plusieurs groupes d’individus à satisfaire leurs besoins fondamentaux. Cela peut inclure le fait d’empêcher
l’accès à une alimentation de qualité, à l’eau potable, aux soins de santé, à l’éducation ou à d’autres services sociaux.
La violence structurelle se manifeste partout dans le monde. Les Albanais du Kosovo ont subi une violence
structurelle infligée par le gouvernement yougoslave. Un rapport de 2012 a révélé que le gouvernement kenyan
empêchait activement certains groupes minoritaires au sein du pays d’accéder à la citoyenneté ou à la représentation,
leur interdisant ainsi l’accès aux services gouvernementaux de base. Les Tamouls au Sri Lanka, le système de castes
4) Johan Galtung, Peace : Research, Education and Action, Essays in Peace Research, vol. 1 (Copenhague : Christian Ejlers, 1975), 29.5) Johan Galtung, « Violence, Peace and Peace Research », Journal of Peace Research, vol. 6, no. 3, 1969, 168.6) Johan Galtung, Peace, War and Defense : Essays in Peace Research, vol. 2 (Copenhague : Christian Ejlers, 1976), 308.7) Dennis J. D. Sandole, Peacebuilding : Preventing Violent Conflict in a Complex World (Cambridge : Polity Press, 2010), 60.8) Galtung, Peace : Research, Education and Action.
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
18
en Inde, les Afro-Américains aux États-Unis et les Indiens autochtones en Amérique centrale et du sud sont autant
d’exemples de populations victimes de l’une ou l’autre forme de violence structurelle. Il existe partout dans le monde
des exemples de politiques visant à empêcher certaines populations d’exprimer leur plein potentiel et pratiquement
aucune nation ne fait exception.
En poursuivant son analyse portant sur la paix, Johan Galtung a développé de nouveaux concepts liés à la
consolidation de la paix : la paix positive et la
paix négative. La paix négative constitue,
selon Galtung, « l’absence de violence
organisée entre des groupes humains
majeurs tels que les nations, mais également
entre des groupes raciaux ou ethniques »9.
L’action des soldats de la paix est
généralement couronnée de succès lorsqu’il
s’agit de traiter des situations de paix
négatives. Par exemple, après la conclusion
d’un accord diplomatique entre deux groupes
ou nations, des soldats de la paix peuvent
être déployés afin de mettre fin à la violence
directe. Par le biais de l’intervention des
soldats de la paix, l’absence de violence
implique qu’une paix négative a été atteinte.
Toutefois, cela ne signifie pas qu’une paix
positive soit atteinte et cela ne signifie pas
non plus la fin de la violence structurelle.
La paix positive appelle à un « modèle
de coopération et d’intégration entre des groupes humains majeurs »10. La paix négative et la paix positive sont des
concepts importants pour les acteurs de la consolidation de la paix. Lorsque les hostilités directes prennent fin (c.-
à-d. lorsque la violence directe prend fin), la paix négative est atteinte. Toutefois, l’obtention d’une paix négative ne
traite pas les causes profondes du problème ayant engendré la situation d’hostilités ouvertes. Une paix positive ne
peut s’instaurer qu’à travers une analyse approfondie et une grande coopération entre les parties au conflit. La paix
positive recouvre de nombreux aspects, notamment la réconciliation des différentes opinions des groupes impliqués,
la fin de la discrimination et l’ouverture de l’accès aux ressources et aux programmes gouvernementaux. Toutefois,
il n’existe pas deux conflits similaires. Chaque conflit comporte des aspects uniques et spécifiques. Un agent de la
consolidation de la paix doit donc procéder à une analyse minutieuse et détaillée afin d’identifier les causes sous-
jacentes du problème. L’atteinte d’une paix positive signifie que les causes profondes du conflit ont été traitées et
résolues et ce processus demande du temps.
Dans son article « Violence, Peace, and Peace Research », Galtung a décrit les relations entre la violence directe
et structurelle et la paix négative et positive (voir la figure 1-1)11. La fin de la violence directe peut mener à la paix
négative alors que la fin de la violence structurelle peut amener la paix positive. La paix positive peut être atteinte
uniquement en mettant fin à la violence structurelle et en identifiant et en résolvant les causes profondes du conflit.
9) Galtung, Peace : Research, Education and Action, 29.10) Galtung, Peace : Research, Education and Action, 29.11) Galtung, « Violence, Peace and Peace Research ».
Figure 1-1
Violence
Personnelle
(Directe)
Structurelle
(Indirecte)
Absence de violence personnelle
ou
Paix négative
Absence de violence structurelle
ou
Paix positive
Paix
(Également appelée
« injustice sociale »)
(Également appelée
« justice sociale »)
Source : Johan Galtung, « Violence, Peace, and Peace Research », Journal of
Peace Research, vol. 6, no. 3, 1969, 182.
Les concepts élargis de violence et de paix selon Johan
Galtung
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
19
La paix négative est en réalité une fausse paix. Même en l’absence de meurtres, de mutilations ou de torture, la
population peut continuer à souffrir. La paix positive doit être atteinte en déterminant les causes profondes du conflit
ainsi qu’en travaillant étroitement avec les parties au conflit en vue de résoudre leurs différends. La paix positive ne
peut être obtenue que lorsque les parties elles-mêmes parviennent à une solution, mais les acteurs internationaux
peuvent toutefois jouer un rôle important dans l’identification de ces différends.
La majorité des conflits violents prennent des années
avant d’émerger et il faut également de nombreuses
années avant de parvenir à les résoudre. Le président serbe
Slobodan Milosevic a mobilisé le nationalisme serbe contre
les musulmans le 28 juin 1989 en rappelant la bataille de
Kosovo Polje en 1389, lors de laquelle les forces turques ont
envahi l’Europe du Sud-est. En substance, le fait d’invoquer
l’histoire a attisé la violence qui a débuté en Bosnie au
début des années 1990 et qui s’est par la suite transformée
en conflit au Kosovo à la fin des années 1990. De même,
le conflit violent qui a éclaté au Rwanda en 1994 prenait
sa source à la fin du 19e siècle lorsque le pouvoir colonial
allemand avait octroyé des avantages spéciaux au peuple
Tutsi. Le conflit a culminé après l’indépendance du pays en
1962. En 2019, ni le Kosovo ni le Rwanda n’étaient encore
parvenus à atteindre une paix positive, mais, grâce à l’aide
de la communauté internationale, les deux pays avancent
dans la bonne direction.
Galtung a développé le concept de consolidation de la paix à travers ses premiers écrits sur la paix, la paix
négative et positive et la violence directe et indirecte (structurelle). Dans un article de 1976 présenté à l’Institut de
recherche sur la paix d’Oslo, Galtung exposait les concepts de maintien de la paix, de rétablissement de la paix et de
consolidation de la paix12. À l’époque, le maintien de la paix constituait un aspect bien connu de la réponse apportée
par les Nations Unies aux conflits mondiaux, mais les termes « rétablissement de la paix » et « consolidation
de la paix » demeuraient toutefois inconnus. Le concept de rétablissement de la paix — lorsque des diplomates
interviennent lors de conflits violents afin de négocier des accords — constituait bien entendu une pratique courante,
mais celle-ci n’était pas associée au terme de « rétablissement de la paix ». Galtung a donc vu une relation linéaire
entre le rétablissement de la paix, le maintien de la paix et la consolidation de la paix. Le rétablissement de la
paix correspondait au processus de négociation permettant d’amener les parties au conflit à une certaine forme de
compréhension et d’accord. Les soldats de la paix créaient les conditions d’une paix négative en mettant fin à la
violence directe. La consolidation de la paix allait plus loin afin d’identifier et de résoudre les causes profondes du
conflit et d’œuvrer en vue de mettre fin à la violence structurelle et de progresser vers l’atteinte d’une paix positive.
L’article de Galtung, « Three Approaches to Peace : Peacekeeping, Peacemaking and Peacebuilding » (« Trois
approches réalistes du problème de la paix : le maintien de la paix, le rétablissement de la paix et la consolidation
de la paix »), n’a pas joui d’une grande visibilité jusqu’à ce que le Secrétaire général Boutros-Ghali introduise
le concept de « consolidation de la paix après les conflits » dans son texte précurseur l’Agenda pour la paix. La
première édition de l’Agenda pour la paix exposait chacune des trois approches de la paix telles que définies par
12) Galtung, Peace, War and Defense, 282–304.
Le Secrétaire général Kofi Annan (à gauche) a une
discussion informelle avec Lakhdar Brahimi, son
conseiller spécial, avant son départ d’Irak à la suite de la
mission de crise d’inspection des armes à Bagdad (Irak).
23 février 1998. Photo ONU #1080 par John Isaac.
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
20
Galtung — le rétablissement de la paix, le maintien de la paix et la consolidation de la paix. Boutros-Ghali a toutefois
utilisé le terme « consolidation de la paix après les conflits ». L’Agenda pour la paix stipule « Au lendemain d’une
guerre internationale, la consolidation de la paix peut prendre la forme de projets concrets de coopération, deux ou
plusieurs pays s’engageant ensemble dans une coopération dont le but ne serait pas seulement de contribuer au
développement économique et social, mais aussi de renforcer la confiance, condition si décisive de la paix »13. Le
concept de consolidation de la paix se concentrait sur les guerres entre États, tout comme les agents du maintien
de la paix l’avaient fait depuis la première mission de maintien de la paix déployée en 1948. De 1992 à 1995, les
Nations Unies ont été confrontées aux défis associés au maintien de la paix dans le cadre de guerres intra étatiques
(pour les conflits en Bosnie, au Cambodge, au Rwanda et en Somalie). Les efforts des Nations Unies pour le maintien
de la paix en Bosnie et en Somalie ont échoué et le Cambodge n’a pour sa part constitué qu’une réussite partielle.
En conséquence, en 1995, le Secrétaire général a publié le Supplément à l’Agenda pour la paix. Le Supplément
décrivait la consolidation de la paix après les conflits comme un processus complexe nécessitant l’intégration aussi
bien des Nations Unies que des parties au conflit. Boutros-Ghali a compris ce que Johan Galtung décrivait comme la
violence structurelle et a pris conscience que les programmes soutenus par les Nations Unies devaient répondre aux
préoccupations de la population dans les domaines politiques, économiques et sociaux.
Des questions importantes ont émergé à la fin du 20e siècle quant au rôle des soldats de la paix. Depuis la fin
de la Guerre froide, les Nations Unies et les forces régionales de maintien de la paix ont commencé à faire face à des
conflits complexes. Nombre de ces conflits étaient des guerres internes (intra étatiques) et non des guerres entre
États (interétatiques). Les missions de maintien de la paix en Bosnie, au Rwanda et en Somalie ont été soldées par
un échec et de nombreux acteurs de la communauté internationale ont commencé à remettre en cause l’intérêt du
maintien de la paix.
Le Secrétaire général Kofi Annan, qui a succédé à Boutros-Ghali au poste de Secrétaire général en 1997, a
demandé à l’ambassadeur Lakhdar Brahimi, ancien premier ministre algérien et Représentant spécial du Secrétaire
général (RSSG) en Haïti, d’analyser les opérations de paix des Nations Unies et de formuler des recommandations
quant à la façon dont les efforts des Nations Unies en matière de maintien de la paix pourraient être améliorés.
Lakhdar Brahimi a mené une analyse en profondeur et a soumis son rapport, Étude d’ensemble de toute la question
des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects, au Secrétaire général en août 2000. Au total, le
rapport Brahimi formulait 56 recommandations en vue d’améliorer la performance des opérations de maintien de
La Secrétaire générale adjointe Amina Mohammed
(au centre) est accueillie par David Shearer (au
centre à droite), RSSG pour le Soudan du Sud et
Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan
du Sud (MINUSS), alors qu’elle et sa délégation
arrivent à Juba. Mme Mohammed était dans le
pays pour promouvoir l’importance des femmes
dans la prévention des conflits, la consolidation
de la paix et le développement. 3 juillet 2018.
Photo ONU #767983 par Nektarios Markogiannis.
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
21
la paix. Tout comme l’avaient formulé Boutros-Ghali et Galtung, le rapport Brahimi portait sur l’objectif des Nations
Unies visant à apporter la paix dans des sociétés déchirées par la guerre à travers le rétablissement de la paix, le
maintien de la paix et la consolidation de la paix. Le rapport définissait la consolidation de la paix comme « l’action
menée après les conflits, en vue de reconstituer des bases propres à affermir la paix et de fournir les moyens d’édifier
sur ces bases quelque chose de plus que la simple absence de guerre »14. En substance, Brahimi recommandait que
les Nations Unies fassent davantage que de simplement atteindre une paix négative et qu’elles luttent en vue de
parvenir à une paix positive.
D’autres chercheurs ont répondu à l’appel du Secrétaire général Boutros-Ghali qui demandait que la consolidation
de la paix soit analysée. L’un des premiers à avoir exploré le concept fut le Dr John Paul Lederach. En tant que
chercheur-praticien, le Dr Lederach a eu l’occasion de travailler en dehors de l' Université Eastern Mennonite aux
États-Unis. Le travail qu’il a réalisé dans de nombreuses zones de conflit lui a permis de développer certaines des
premières théories relatives à la consolidation de la paix. Dans le premier des six ouvrages qu’il a consacrés à la
consolidation de la paix, Lederach écrivait : « J’estime que la ‘consolidation de la paix’ représente davantage que la
simple reconstruction après un accord. La consolidation de la paix s’entend ici comme un concept global qui englobe,
génère et soutient l’ensemble des processus, approches et étapes nécessaires pour transformer un conflit en une
relation plus durable et pacifique »15. En substance, selon Lederach, la consolidation de la paix ne doit pas seulement
se concentrer sur les scénarios d’après conflits dans la mesure où les concepts associés à la consolidation de la paix
peuvent constituer des outils utiles en vue d’aider les nations à éviter les conflits violents. Ce concept a retenu de
plus en plus d’attention au cours des dernières années.
Lederach défend l’idée que la réconciliation — la diminution des tensions existant entre les parties à un conflit
— doit faire partie du processus de consolidation de la paix. Le processus de réconciliation est généralement accepté
comme un aspect fonctionnel de la consolidation de la paix alors que des approches plus récentes de la consolidation
de la paix tendent à considérer la réconciliation comme un élément de l’état de droit. La réconciliation réunit les
parties autour de la table afin qu’elles discutent, expriment leurs griefs et résolvent leurs différends pacifiquement.
Elle doit donc faire partie de la consolidation de la paix.
Roland Paris a affirmé que le concept de consolidation de la paix ne disposait d’aucun fondement théorique
et il a formulé un paradigme unique visant à orienter l’action des agents de la consolidation de la paix16. Paris
considérait que les agents de la consolidation de la paix doivent avoir une situation finale précise à l’esprit lorsqu’ils
travaillent à la reconstruction d’un État et qu’ils doivent œuvrer pour mettre en place une démocratie libérale basée
sur l’économie de marché. Comme exposé dans son article, Paris présentait plusieurs approches alternatives de la
consolidation de la paix. Il a finalement défendu l’idée que les agences et organisations travaillant pour aider un État
défaillant à se rétablir suite à une guerre doivent lutter non seulement pour construire un État démocratique basé sur
une économie de marché ouverte, mais qu’ils doivent également ralentir le processus, en insistant sur le fait que la
consolidation de la paix requiert au moins 10 années d’efforts de la part de la communauté internationale.
Dans son ouvrage, Peacebuilding in Post Conflict Societies, Ho-Won Jeong, professeur en analyse et en
résolution de conflits à l’Université George Mason, a déclaré que la consolidation de la paix avait évolué à partir de
la réponse internationale apportée aux concepts de maintien de la paix et d’aide humanitaire17. Il s’accordait avec le
14) Assemblée générale des Nations Unies et Conseil de sécurité des Nations Unies, Étude d’ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects, A/55/305–S/2000/809, 21 août 2000, 3.
15) John Paul Lederach, Building Peace : Sustainable Reconciliation in Divided Societies (Washington D.C. : US Institute of Peace Press, 1997), Introduction Partie II.
16) Roland Paris, « Peacebuilding and the Limits of Liberal Internationalism », International Security, vol. 22, no. 2, automne 1997.17) Ho-Won Jeong, Peacebuilding in Post Conflict Societies : Strategy and Process (Boulder, CO et Londres : Lynn Rienner Publishers, 2005).
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
22
Secrétaire général Boutros-Ghali quant au fait que la consolidation de la paix venait combler le vide existant entre le
maintien de la paix et le développement durable. Il a également défendu l’idée que nombre d’activités relatives à la
consolidation de la paix manquaient d’orientation ou de vision. De ce fait, les parties impliquées dans un processus
de consolidation de la paix peuvent se voir investir diverses ressources sans engendrer le moindre avantage à long
terme pour le pays où les activités sont menées.
Le Dr Jeong s’accordait également avec Roland Paris quant au fait que la consolidation de la paix ne s’appuyait
sur aucun fondement théorique. Il a également observé qu’il n’existait pas de listes de contrôle applicables dans
le cadre de la consolidation de la paix. Le Dr Jeong a déclaré : « l’objectif de la consolidation de la paix ne réside
pas seulement dans le fait de réduire les violences physiques et la souffrance matérielle [violence directe], mais
également dans l’atteinte de l’autosuffisance [paix positive] »18.
Dans Peacebuilding : From Concept to Commission, Rob Jenkins, professeur en sciences politiques au Hunter
College et au Graduate Center de l’Université de New York aux États-Unis, affirme que le Secrétaire général Boutros-
Ghali s’est concentré uniquement sur la consolidation de la paix après les conflits alors qu’il existe une autre forme
de consolidation de la paix intervenant avant l’éruption des conflits19. Jenkins avait en partie raison. À l’époque, les
Nations Unies ont essentiellement cherché à mettre fin aux conflits violents résultant de la guerre. L’ancien Secrétaire
général Boutros-Ghali a en effet reconnu que la consolidation de la paix pouvait prendre place avant l’irruption d’un
conflit violent, mais il a également déclaré que la consolidation de la paix après les conflits constituait un programme
sur lequel les Nations Unies pouvaient travailler lorsque des soldats de la paix étaient déployés.
En 1970, Ted Robert Gurr a publié l’ouvrage primé Why Men Rebel20. Gurr a effectué une analyse des guerres
survenues au cours des 170 années précédentes. Selon lui, 10 des 17 guerres les plus meurtrières étaient des
guerres internes et il a cherché à comprendre pourquoi les populations se rebellaient ou se soulevaient contre les
autorités établies. Gurr a finalement démontré la théorie de la privation relative : la différence entre ce que le peuple
a (les capacités) et ce que le peuple espère avoir (les attentes) peut constituer un indicateur de violence21.
Toutes les personnes dans toutes les sociétés à travers le monde luttent pour une vie meilleure, mais la vision de
l’avenir d’un individu est tempérée par la réalité. Une personne nourrit généralement des attentes quant à la façon
dont elle pourrait améliorer son existence. Les guerres internes engendrent un déséquilibre au niveau de ce concept.
Selon Gurr, tant que la différence entre les conditions de vie réelles de la population et la façon dont elle aspire
à vivre reste constante, la probabilité que des violences surviennent est faible. En revanche, une augmentation
de la différence entre les capacités et les attentes peut conduire à la frustration et à la violence22. Lorsque les
conditions sociales changent au sein d’un pays, la qualité de vie de la population décline alors que ses attentes
restent constantes, la différence entre la réalité et les attentes devient alors un indicateur de violences futures. Cette
situation est souvent la conséquence d’injustices sociales ou de ce que Galtung a appelé la violence structurelle.
De même, si les conditions de vie de la population demeurent constantes, mais que les attentes augmentent
(que ce soit en raison de facteurs internes ou externes) sans être comblées, la violence peut alors faire irruption. Ces
dynamiques doivent retenir l’attention des agents de la consolidation de la paix. Il arrive souvent, après un conflit
violent, que des agents externes de la consolidation de la paix soient déployés dans un pays en vue d’améliorer les
conditions de vie. Les agents de la consolidation de la paix ne doivent pas faire trop de promesses. Les capacités
restent les mêmes alors que les attentes augmentent et cette différence peut également mener à la frustration et à
18) Jeong, Peacebuilding in Post Conflict Societies, 21.19) Rob Jenkins, Peacebuilding : From Concept to Commission (Londres : Routledge, 2013).20) Ted Robert Gurr, Why Men Rebel (Princeton, NJ, US : Princeton University Press, 1970).21) Gurr, Why Men Rebel, 24.22) Gurr, Why Men Rebel, 37.
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
23
la violence. Certains chercheurs se sont référés à la théorie de la privation relative de Gurr comme à la « théorie des
agents de la consolidation de la paix »23.
Les modèles de conflits développés par divers chercheurs sont susceptibles d’aider les futurs acteurs de la
consolidation de la paix à comprendre leur rôle. Des chercheurs et praticiens ont analysé les concepts avancés dans
l’Agenda pour la paix. Dans Preventing Violent Conflict, un ouvrage commandité par l’Institut des États-Unis pour la
paix, Michael S. Lund s’est concentré à la fois sur la diplomatie préventive et sur le rétablissement de la paix24. Pour
que les praticiens puissent mettre fin aux guerres, ils ont besoin d’un modèle de la façon dont les guerres se
déroulent. La figure 1-2 présente le modèle de Lund. Bien que le modèle explique à quel moment un diplomate peut
s’engager dans des négociations visant à prévenir un conflit, si la diplomatie préventive se révèle inefficace pour
mettre fin à la violence, les agents du rétablissement de la paix doivent alors trouver une solution au conflit et en
arriver à déployer des agents du maintien et de la consolidation de la paix. Lund a utilisé l’intérieur de l’arche pour
décrire divers conflits survenus après la Guerre froide.
Oliver Ramsbotham, Tom Woodhouse, et Hugh Miall ont adopté une approche similaire dans leur ouvrage,
Contemporary Conflict Resolution25. En reprenant les théories de Galtung sur la violence, la guerre et la paix,
Ramsbotham, Woodhouse et Miall ont développé le modèle présenté dans la figure 1-3. La partie gauche du
diagramme décrit les approches adoptées face à un conflit alors que la partie de droite décrit les approches adoptées
pour résoudre un conflit violent. Le centre du sablier représente la portée ou l’étendue possible de l’action politique
ou de la négociation (rétablissement de la paix). C’est lorsqu’un conflit évolue en guerre que l’action politique sera
la plus limitée. Toute guerre doit un jour prendre fin et le modèle montre donc comment résoudre une guerre. Sur
23) George F. Oliver, « Breeding the Phoenix : An Analysis of the Military’s Role in Peacebuilding », Thèse de doctorat, Université George Mason, 2012.24) Michael S. Lund, Preventing Violent Conflict : A Strategy for Preventive Diplomacy (Washington, D.C. : US Institute of Peace Press, 1996).25) Oliver Ramsbotham, Tom Woodhouse et Hugh Miall, Contemporary Conflict Resolution (Cambridge : Polity, 2005).
Source : Créé à partir de l’ouvrage de Lund, Preventing Violent Conflict, 1996.
Imposition de la paix
Maintien de la paix
Après-conflit
Consolidation de la paix
Diplomatie en temps de paix
Diplomatie préventive
Diplomatie de crise
Rétablissement de la paix
Durée du conflit
Guerre
Crise
Paix instable
Paix stable
Cycle de vie d’un conflit
Figure 1-2
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
24
la droite du diagramme, il est à noter que la consolidation de la paix peut prendre place aussi bien avant qu’après
une guerre.
Ramsbotham, Woodhouse, et Miall ne proposent pas de définition de la consolidation de la paix, mais ils affirment
que « la consolidation de la paix soutient le travail de rétablissement et de maintien de la paix en traitant les causes
structurelles et les relations à long terme entre les belligérants »26. Contemporary Conflict Resolution analyse ce
modèle dans le détail et aborde chacune des étapes du processus de résolution des conflits. Un chapitre entier est
consacré à la réconciliation et un autre à la culture. Il s’agit d’un des meilleurs ouvrages relatifs à la résolution de
conflits, sur lequel s’appuient de nombreux cours universitaires à travers le monde.
Section 1.4 Importance accordée par les Nations Unies à la consolidation de la paix
Comme mentionné dans la section 1.2, le Secrétaire général Boutros-Ghali a introduit le terme « consolidation
de la paix » au sein du système des Nations Unies. L’échec du système des Nations Unies à gérer les conflits en
Bosnie (1992-1995), en Somalie (1992-1995) et au Rwanda (1993-1996) est venu menacer les concepts relatifs au
rétablissement de la paix, au maintien de la paix et à la consolidation de la paix après les conflits tels qu’exposés
dans l’Agenda pour la paix. Les Nations Unies avaient déployé ces trois missions avec l’espoir que l’Organisation
pourrait occuper un rôle plus important dans la réponse apportée aux conflits après la fin de la Guerre froide. Il
s’agissait de missions difficiles et les soldats de la paix ont été déployés au milieu de guerres civiles sans bénéficier
d’une orientation et de capacités adaptées. Ces missions ont donc été des échecs. Le Secrétaire général Boutros-
26) Ramsbotham, Woodhouse et Miall, Contemporary Conflict Resolution, 30.
Différence
Contradiction
Polarisation
Violence
Guerre
Cessez-le-feu
Accord
Normalisation
Réconciliation
Portée de l’action politique
Escalade et désescalade du conflit Approche du conflit
Transformation du conflit
Règlement du conflit
Endiguement du conflit
Règlement du conflit
Transformation du conflit
Opérations de paix
Consolidation de la paix culturelle
Consolidation de la paix structurelle
Rétablissement de la paix
Maintien de la paix
Limitation de la guerre/imposition de la paix
Maintien de la paix
Rétablissement de la paix
Consolidation de la paix structurelle
Consolidation de la paix culturelle
Modèle en sablier de la résolution de conflit
Figure 1-3
Source : Créé à partir de Ramsbothan, Woodhouse et Miall, Contemporary Conflict Resolution, 2005.
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
25
Ghali a alors publié le Supplément à l’Agenda pour la paix en 199527. La consolidation de la paix après les conflits
constituait toujours une partie intégrante de sa vision révisée en matière de réponse apportée aux conflits par les
Nations Unies.
Les erreurs commises lors des missions en Bosnie, en Somalie et au Rwanda ont contribué à ce que Boutros-
Ghali ne soit pas reconduit pour un second mandant au poste de Secrétaire général. En 1996, l’Assemblée générale
a élu Kofi Annan en tant que Secrétaire général. Annan avait servi en tant que Secrétaire général adjoint pour les
opérations de maintien de la paix sous Boutros-Ghali et beaucoup le percevait comme ayant joué un rôle honnête dans
le cadre des missions qui s’étaient soldées par un échec. Annan était un diplomate des Nations Unies expérimenté qui
possédait une bonne compréhension du système des Nations Unies. En tant que chef du Département des opérations
de maintien de la paix (DOMP)28 pendant la période difficile qui a marqué le début des années 1990, Annan a été
le témoin direct des défis auxquels les opérations de paix étaient confrontées à la suite de la Guerre froide. Tout
comme Boutros-Ghali, il projetait la mise en place d’une force de maintien de la paix plus active et efficace. Il a été
profondément marqué par les erreurs commises en Bosnie, en Somalie et au Rwanda. Annan a demandé à Lakhdar
Brahimi de procéder à une étude approfondie des opérations de maintien de la paix des Nations Unies et de formuler
des recommandations en vue d’améliorer la performance des actions menées. Le rapport qui en a découlé, le rapport
Brahimi, contenait 56 recommandations, dont l’une consistait à intégrer la consolidation de la paix dans les missions
de maintien de la paix des Nations Unies.
Le Secrétaire général Kofi Annan a considéré que si la tâche lui incombait de faire évoluer le système des
Nations Unies, il aurait alors besoin de données et de recherches solides venant étayer les changements qu’il serait
amené à opérer. Le rapport Brahimi ne constitue qu’une des nombreuses études spéciales commanditées par le
Secrétaire général. Anand Panyarachun, ancien premier ministre de la Thaïlande, a présidé le comité pour Un monde
plus sûr : notre affaire à tous en 2004. Le rapport déclarait que « il faut absolument se pencher sérieusement sur
les multiples aspects de l’entreprise de consolidation de la paix à long terme, et faute d’investir assez dans cette
entreprise, une reprise du conflit devient probable »29.
Enfin, en préparation du soixantième anniversaire des Nations Unies, le Secrétaire général Annan a publié l’un
de ses rapports les plus connus, « Dans une liberté plus grande ».
Selon ce document, « Environ la moitié des pays qui sortent d’une guerre retombent dans la violence dans
les cinq années qui suivent »30. Le rapport recommandait la création d’une Commission de la consolidation de
la paix (CCP) au sein du système des Nations Unies et d’un Bureau d’appui à la consolidation de la paix (BACP)
complémentaire au sein du Secrétariat. Sur la base de ce rapport et de ces recommandations, le Conseil général
et l’Assemblée générale ont approuvé la création de la CCP et du BACP en décembre 200531. La leçon 3 de ce cours
retrace l’histoire et les réussites de la CCP ainsi que des politiques du BAPC.
27) Assemblée générale des Nations Unies et Conseil de sécurité des Nations Unies, Supplément à l’Agenda pour la paix : rapport de situation présenté par le Secrétaire général à l’occasion du cinquantenaire de l’organisation des Nations Unies, A/50/60-S/1995/1, 25 janvier 1995.
28) Le DOMP a été réorganisé pour devenir le Département des opérations de paix depuis le 1er janvier 2019. 29) Assemblée générale des Nations Unies, Un monde plus sûr : notre affaire à tous, Rapport du Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces,
les défis et le changement, A/59/565, 2 décembre 2004.30) Assemblée générale des Nations Unies, Dans une liberté plus grande : développement, sécurité et respect des droits de l’homme pour tous, Rapport
du Secrétaire général, A/59/2005, 21 mars 2005, 31.31) Conseil de sécurité des Nations Unies, « Résolution 1645 (2005) », S/RES/1645 (2005), 20 décembre 2005 ; Assemblée générale des Nations
Unies, « Résolution 60/180 », A/RES/60/180, 30 décembre 2005.
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
26
Lignes directrices des Nations Unies pour le maintien de la paix et la consolidation de la
paix
Les Secrétaires généraux Boutros Boutros-Ghali et Kofi Annan, ainsi que les rapports publiés par des agents du
maintien de la paix de premier plan tels que Lakhdar Brahimi et d’autres spécialistes ont contribué au développement
des définitions du maintien de la paix, du rétablissement de la paix et de la consolidation de la paix adoptées par les
Nations Unies. Il a fallu des années aux Nations Unies pour finalement parvenir à créer une doctrine applicable par
tous les États membres. Le DOMP a finalement fait paraître sa doctrine en 2008. Les définitions du maintien de la
paix, du rétablissement de la paix et de la consolidation de la paix ont été intégrées dans le document Opérations de
maintien de la paix des Nations Unies : Principes et orientations (également connu comme la « Doctrine Capstone »).
Les définitions directement tirées de cette doctrine sont présentées ci-dessous :
» « Le rétablissement de la paix concerne les conflits en cours et comprend, normalement, des actions diplomatiques visant à mener les parties en conflit à un accord négocié. Le Secrétaire général des Nations Unies peut exercer ses ‘bons offices’ afin de faciliter la résolution d’un conflit suite à une demande du Conseil de sécurité et/ou de l’Assemblée générale ou Le rôle changeant des opérations de maintien la paix des Nations Unies chapitre II bien de sa propre initiative. Les envoyés, les gouvernements, les groupes d’États et/ou les organisations régionales sont susceptibles de participer aux actions du rétablissement de la paix. Le rétablissement de la paix peut également être l’œuvre de groupes non officiels et
Source : Adapté de DOMP/DAM, Opérations de maintien de la paix des Nations Unies : Principes et
orientations, 2008. Figure 1-4
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
27
non gouvernementaux ou d’une personne agissant de manière indépendante.
» Le maintien de la paix est une technique conçue pour préserver la paix, aussi fragile soit-elle, une fois que les combats ont cessé et pour appuyer la mise en œuvre des accords facilités par ceux qui sont chargés du rétablissement de la paix. Fondées sur un modèle, essentiellement militaire, d’observation du cessez-le-feu et d’interposition entre des forces à l’issue d’une guerre entre États, les opérations de maintien de la paix ont intégré au fil des années un ensemble complexe d’éléments civils, militaires et policiers, œuvrant ensemble pour jeter les bases d’une paix durable.
» La consolidation de la paix comprend des mesures ciblées visant à réduire les risques de reprise d’un conflit et à jeter les bases d’un développement durable, notamment à travers le renforcement des capacités nationales en matière de gestion des conflits à tous les niveaux. La consolidation de la paix est un processus complexe de longue durée qui vise à créer les conditions nécessaires pour une paix durable. Les activités de consolidation de la paix visent les causes structurelles profondes d’un conflit armé à travers une approche globale. Les mesures de consolidation de la paix se concentrent sur les enjeux ayant un impact sur le fonctionnement de l’État et de la société. À cet égard, elles cherchent à augmenter les capacités
Olof Skoog (deuxième à partir de la droite), représentant permanent de la Suède auprès de l’ONU et
président de la CCP, prend la parole lors de l’ouverture de la session annuelle de 2015. Également sur
la photo (en partant de la gauche) : Oscar Fernández-Taranco, Sous-Secrétaire général à l’appui à la
consolidation de la paix ; Secrétaire général adjoint Jan Eliasson. 23 juin 2015. Photo ONU #635620
par Mark Garten.
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
28
de l’État à accomplir ses fonctions essentielles de façon efficace et légitime »32.
Les étudiants du cours relatif à la consolidation de la paix doivent être en mesure de reconnaître certains des
termes développés par Galtung figurant dans ces définitions. Les termes sont liés à Galtung, mais cette définition de
la consolidation de la paix comprend d’autres notions telles que la « violence structurelle » et l’essence même de la
paix positive.
Il existe une relation étroite entre le rétablissement de la paix, le maintien de la paix et la consolidation de la paix,
ainsi qu’avec la résolution des conflits. Les relations entre ces concepts se chevauchent considérablement, comme
l’illustre la figure 1-4. Il ne s’agit là que d’un modèle général. Dans la réalité, les conflits peuvent se caractériser par
un processus évolutif (comme montré par la figure 1-2) allant du rétablissement de la paix à l’imposition de la paix
et du maintien de la paix à la consolidation de la paix. D’autres conflits peuvent passer directement de la phase de
rétablissement de la paix à la phase de consolidation de la paix. Il n’existe pas deux conflits similaires. Si le processus
de consolidation de la paix parvient à faire avancer un pays vers une paix durable, les efforts de développement
menés par d’autres nations, organisations internationales et ONG peuvent alors venir aider davantage une nation à
se remettre sur pied.
La figure 1-4 montre clairement que le maintien de la paix fait partie intégrante de la consolidation de la paix.
Des rapports récents publiés par les Nations Unies et le Secrétaire général ainsi que le travail mené sur le terrain
dans le cadre de plusieurs missions de maintien de la paix démontrent bien ce concept.
Dernières évolutions des Nations Unies en matière de consolidation de la paix
En juillet 2009, le DOMP a publié un nouveau document, L’Agenda pour un nouveau partenariat : un nouvel
horizon pour les opérations de maintien de la paix de l’ONU. Le rapport, généralement dénommé « Rapport nouvel
horizon », a été élaboré pour faire progresser le maintien de la paix des Nations Unies et tirer profit des progrès
réalisés grâce au rapport Brahimi. Le Rapport nouvel horizon « appelle à un renouvellement du partenariat pour
le maintien de la paix des Nations Unies afin de définir un nouvel horizon – une série d’objectifs atteignables dans
l’immédiat et à long terme – afin d’aider le maintien de la paix des Nations Unies à répondre aux défis actuels et
futurs »33.
L’un des enjeux cruciaux exposés dans le Rapport nouvel horizon réside dans le rôle joué par les soldats de la
paix dans le processus de consolidation de la paix. Le rapport indique que, dans nombre des missions actuelles, « les
soldats de la paix jouent le rôle de premiers consolidateurs de la paix »34. Le partenariat associé à ce nouveau
concept est spécifiquement axé sur la consolidation de la paix. Les soldats de la paix doivent travailler avec le
personnel civil des Nations Unies, d’autres organisations internationales et des ONG.
La section du rapport intitulée « Partenariat dans l’action » identifie trois aspects essentiels et pratiques devant
intervenir afin d’améliorer le maintien de la paix moderne : le déploiement plus rapide des soldats de la paix, la
clarification des rôles, des missions et de la planification ainsi que la gestion de conflit35. La section portant sur la
clarification des rôles et missions se concentre sur les soldats de la paix devant assurer la fonction de premiers
consolidateurs de la paix.
32) DOMP/DAM, Opérations de maintien de la paix des Nations Unies : Principes et orientations (New York : Nations Unies, 2008), 17–18.33) DOMP/DAM, Agenda pour un nouveau partenariat : un nouvel horizon pour les opérations de maintien de la paix de l’ONU (New York : Nations Unies,
2009), iii.34) DOMP/DAM, Agenda pour un nouveau partenariat, 5. 35) DOMP/DAM, Agenda pour un nouveau partenariat, 18-25.
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
29
Le Rapport nouvel horizon s’attache à un terme relativement nouveau, « le maintien de la paix robuste ».
Les missions de maintien de la paix des Nations Unies sont guidées par les objectifs et missions définies dans les
résolutions respectives du Conseil de sécurité. Les opérations de paix contemporaines dans des États fragiles ou
défaillants sont susceptibles de comporter un élément de maintien de la paix robuste. Le maintien de la paix robuste
comporte deux composantes. La première concerne l’autorisation de recourir à la force afin de protéger les civils
ou d’exécuter le mandat, autorisé en vertu du chapitre vII de la Charte des Nations Unies. La seconde composante
concerne les actions de consolidation de la paix. Selon l’ancien Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien
de la paix Jean-Marie Guéhenno, « de nos jours, le maintien de la paix des Nations Unies ne consiste plus seulement
à patrouiller le long des lignes de cessez-le-feu, mais implique souvent l’utilisation des forces militaires et le
commencement du travail de construction de la nation afin de rétablir des pays dévastés par des conflits internes »36.
Le Rapport nouvel horizon employait des termes similaires : « les soldats de la paix des Nations Unies jouent un rôle
essentiel dans la consolidation de la paix après les conflits, dans la création de conditions propices aux activités de
rétablissement et de développement et dans l’accomplissement de tâches indispensables à la stabilisation et aux
premiers efforts de consolidation de la paix »37.
L’un des principaux axes du partenariat consiste à instaurer de meilleures relations entre les soldats de la paix et
les agents de la consolidation de la paix. Bien que la consolidation de la paix soit essentiellement une fonction civile,
les soldats de la paix peuvent apporter leur aide dans ce processus. Le Rapport nouvel horizon définit les priorités
immédiates de la consolidation de la paix en termes de soutien à la sécurité, de processus politiques, de fourniture
de services de base (eau, électricité, soins de santé et éducation), de restauration des fonctions gouvernementales
essentielles et de relance de l’économie38.
Le Rapport nouvel horizon reconnaît le rôle de plus en plus important que les soldats de la paix peuvent jouer
dans la consolidation de la paix et appelle à un partenariat étroit dans l’action. Le partenariat avec les soldats de la
paix implique les civils travaillant pour le DOMP, d’autres agences des Nations Unies, les gouvernements civils locaux,
d’autres organisations internationales, les nations donatrices et les ONG. Tous doivent travailler main dans la main
en appliquant une stratégie intégrée afin qu’une mission de maintien de la paix robuste puisse être couronnée de
succès.
Le document New Horizon Initiative : Progress Report No. 2 soulignait et insistait sur l’importance de l’intégration
du maintien de la paix et de la consolidation de la paix39. Ce rapport exposait « trois rôles importants des soldats
de la paix dans (a) l’aide apportée aux autorités nationales pour articuler les priorités, (b) l’assistance apportée
aux efforts menés par d’autres acteurs et (c) la mise en œuvre directe d’une série limitée d’actions »40. La New
Horizons Initiative défend fermement l’idée que le maintien de la paix et la consolidation de la paix se confondent,
d’où le terme « maintien de la paix robuste ». Les rôles joués par le personnel militaire, le personnel civil travaillant
au sein de la mission des Nations Unies, du personnel civil travaillant pour d’autres agences des Nations Unies,
d’autres organisations internationales et le gouvernement local doivent tous s’inscrire dans une vision commune en
vue d’atteindre les objectifs et tâches futurs de la mission de maintien de la paix des Nations Unies. Un rapport du
Secrétaire général publié en 2014, Consolidation de la paix au lendemain d’un conflit, déclarait que « La consolidation
de la paix représente la somme des efforts déployés pour créer les fondations d’une paix durable après un conflit »41.
36) Jean-Marie Guéhenno, « Contemporary Peacekeeping Is State-Building : The UN Embraces ‘Robust Peacekeeping’, Including Use of Force », European Affairs, vol 7, No 1-2, printemps/été 2006.
37) DOMP/DAM, Agenda pour un nouveau partenariat, 22. 38) DOMP/DAM, Agenda pour un nouveau partenariat, 23. 39) DOMP/DAM, The New Horizons Initiative : Progress Report No. 2 décembre 2011 (New York : Nations Unies, 2011).40) DOMP/DAM, The New Horizons Initiative : Progress Report No. 2, 9.41) Assemblée générale des Nations Unies et Conseil de sécurité des Nations Unies, Consolidation de la paix au lendemain d’un conflit, Rapport du
Secrétaire général, A/69/399-S/2014/694, 23 septembre 2014, para. 3.
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
30
En 2015, l’Assemblée générale a établi la CCP, une commission indépendante créée pour analyser l’architecture
de la consolidation de la paix des Nations Unies. La CCP a indiqué que la consolidation de la paix était directement
liée à l’objectif premier des Nations Unies, tel que défini dans la Charte, visant à « préserver les générations futures
du fléau de la guerre »42. Selon ce rapport, les Nations Unies devraient adopter un regard nouveau concernant la
consolidation de la paix. Nombre d’agences et départements des Nations Unies ont un rôle à jouer, tout comme
d’autres organisations internationales, les États membres, les institutions financières et, plus important encore,
les nations affectées. La CCP et son Fonds pour la consolidation de la paix (FCP) ainsi que le BACP constituent
un bon début, mais il est nécessaire d’affiner davantage l’approche de la consolidation de la paix des Nations
Unies. Le rapport de la CCP insiste sur un certain nombre d’améliorations recommandées43. Ces recommandations
comprennent :
• La consolidation de la paix nécessite l’intégration de l’ensemble du système des Nations Unies et pas
uniquement de la CCP.
• La CCP doit occuper plus qu’un simple rôle consultatif. Les rôles supplémentaires de la CCP doivent
comprendre davantage d’interactions avec d’autres agences des Nations Unies, notamment le Conseil
de sécurité, une coordination accrue en dehors du système des Nations Unies, la levée de fonds et un
engagement actif dans la planification de la consolidation de la paix.
• Le Secrétariat doit accroitre le rôle qu’il joue dans la planification stratégique de la consolidation de la paix
et intégrer davantage d’éléments du système des Nations Unies dans le processus de planification.
• Le Secrétaire général doit nommer des hauts dirigeants qualifiés pour diriger l’équipe de pays des Nations
Unies (UNCT) dans le cadre des opérations de paix, y compris les opérations de maintien et de consolidation
de la paix.
• Le Conseil de sécurité et le Secrétaire général doivent travailler plus étroitement avec d’autres institutions
par le biais d’un partenariat. En premier lieu avec la Banque mondiale et les organisations régionales.
• Les Nations Unies doivent trouver des moyens de renforcer le financement de la consolidation de la paix.
• Les médiateurs des Nations Unies doivent lutter pour parvenir à des accords de paix reflétant l’ensemble
des parties impliquées dans le processus de consolidation de la paix.
• La consolidation de la paix ne doit plus seulement intervenir dans des situations d’après conflits, mais doit
également porter plus largement sur la prévention des conflits.
La consolidation de la paix reste un concept relativement nouveau pour les Nations Unies et des améliorations
sont nécessaires dans ce domaine. Le message transmis par le rapport de la CCP était clair : la consolidation de la
paix constitue une fonction importante du système des Nations Unies.
Section 1.5 Relation entre consolidation de la paix et développement
La définition de la consolidation de la paix intègre la notion de « développement ». Elle affirme également
que la consolidation de la paix constitue un processus à long terme. Cela doit amener à soulever au moins deux
questions : quelle est la différence entre la consolidation de la paix et le développement et combien de temps le
processus de consolidation de la paix doit-il durer ?
42) Nations Unies, Charte des Nations Unies, 26 juin 1945, Préambule. 43) Assemblée générale des Nations Unies, Défi du maintien de la paix Rapport du Groupe consultatif d’experts sur l’examen du dispositif de consolidation
de la paix, A/69/968-S/2015/490, 30 juin 2015, 45–54.
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
31
Les différences entre la consolidation de la paix et le développement sont subtiles et souvent difficiles à
distinguer. Comme mentionné précédemment, la consolidation de la paix comble l’écart entre le maintien de la paix
et le développement. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) est une agence de grande
importance depuis sa création en 1965. Le PNUD est venu en aide aux peuples désavantagés partout à travers le
monde et, depuis 1990, il s’est axé sur le développement humain en se concentrant sur les individus plutôt que
sur l’aide apportée aux gouvernements nationaux. Le Rapport sur le développement humain de 1990 du PNUD
définissait le développement comme :
« Un processus qui conduit à l’élargissement de la gamme des possibilités qui s’offrent à chacun. En principe, elles sont illimitées et peuvent évoluer avec le temps. Mais quel que soit le stade de développement, elles impliquent que soient réalisées trois conditions essentielles : vivre longtemps et en bonne santé, acquérir un savoir et avoir accès aux ressources nécessaires pour jouir d’un niveau de vie convenable. Si ces conditions ne sont pas satisfaites, de nombreuses possibilités restent inaccessibles »44.
L’article scientifique publié par Sabina Alkire pour le PNUD en 2010 a établi que le concept de développement
44) PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 1990 (New York : Nations Unies, 1990), 10.
Les objectifs de développement durable ont remplacé Les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en 2015. Vous
pouvez visiter le site internet des Objectifs de développement durable : <https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/>.
Figure 1-5
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
32
était resté globalement inchangé depuis 199045.
Le Secrétaire général Annan a introduit Les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en avril 2000
dans son rapport Nous les peuples : le rôle des Nations Unies au XXIe siècle46. Ce rapport encourageait l’Assemblée
générale à élaborer et à voter une résolution relative à l’amélioration des conditions de vie de tous les peuples à
travers le monde d’ici 2015. Au printemps 2015, les OMD comprenaient :
• L’élimination de l’extrême pauvreté et de la faim,
• Assurer l’éducation primaire pour tous,
• La promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes,
• La réduction de la mortalité infantile,
• L’amélioration de la santé maternelle,
• Combattre le vIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies,
• La préservation de l’environnement, et
• Mettre en place un partenariat mondial pour le développement47.
Les rapports récents de l’Assemblée générale sur les OMD ont indiqué que d’énormes progrès ont été accomplis
en vue de l’atteinte de chacun de ces objectifs. Un examen des rapports des Nations Unies relatifs à ces objectifs
de développement a démontré l’attention constante portée aux individus plutôt qu’aux États. Dans son rapport de
clôture sur les OMD, le Secrétaire général Ban Ki-moon déclarait :
« Les OMD ont permis de sortir plus d’un milliard de personnes de l’extrême pauvreté, de réaliser des progrès remarquables dans la lutte contre la faim, de permettre à un nombre encore jamais atteint de filles d’aller à l’école et de protéger notre planète. Ils ont engendré des partenariats nouveaux et innovants, ont galvanisé l’opinion publique et montré l’extrême importance de la mise en place d’objectifs ambitieux. En plaçant les personnes et leurs besoins immédiats au premier
45) Sabina Alkire, « Human Development : Definitions, Critiques, and Related Concepts », United Nations Development Programme (UNDP) Human Development Reports Research Paper, 7 novembre 2010.
46) Kofi A. Annan, Nous les peuples : le rôle des Nations Unies au XXIe siècle (New York : Département de l’information des Nations Unies, 2000).47) Nations Unies, « Les objectifs du Millénaire pour le développement », consulté le 2 août 2018. Disponible à l’adresse suivante : <https://www.un.org/fr/millenniumgoals >.
Une équipe de 30 médecins vietnamiens arrive à Juba
pour commencer son service au sein de la MINUSS. Le
reste du contingent de 63 personnes est arrivé deux
semaines plus tard. C’était la première fois que des
médecins vietnamiens faisaient partie d’une opération
de maintien de la paix des Nations Unies. L’équipe
a remplacé le contingent médical du Royaume-Uni,
qui assurait la santé et le bien-être des soldats de la
paix des Nations Unies à l’hôpital de niveau II de la
base des Nations Unies à Bentiu, au Soudan du Sud.
2 octobre 2018. Photo ONU #781324 par Isaac Billy.
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
33
plan, les OMD ont refaçonné la prise de décisions à la fois dans les pays développés et les pays en développement »48.
En septembre 2015, les dirigeants mondiaux se sont à nouveau réunis au siège des Nations Unies à New York
et ont célébré l’ouverture de la 70e session de l’Assemblée générale. Ils ont applaudi la communauté internationale
pour être parvenue à atteindre nombre des OMD pour la date fixée en 2015, mais ont également appelé à ce que les
efforts se poursuivent. Le 21 octobre 2015, l’Assemblée générale a adopté une résolution établissant 17 nouveaux
Objectifs de développement durable devant être atteints d’ici 2030. La figure 1-5 présente ces objectifs. Cette
attention continue portée au développement, combinée aux efforts soutenus de consolidation de la paix dans des
États fragiles et défaillants, aura un impact positif sur les conflits à travers le monde.
Alors que les programmes de développement sont davantage orientés vers les individus, la consolidation de la
paix se concentre pour sa part sur l’aide apportée aux gouvernements nouveaux ou existants afin de concevoir des
programmes destinés à aider les individus. L’interaction avec le gouvernement local existant constitue un élément
crucial des programmes de consolidation de la paix, aussi bien ceux menés par les Nations Unies que par d’autres
organisations. C’est là une différence majeure entre la consolidation de la paix et le développement.
L’autre différence porte sur la durée dans le temps. Il n’existe pas de démarcation claire entre le moment où la
consolidation de la paix prend fin et celui où le développement commence dans la mesure où ces deux concepts se
chevauchent largement. La même chose est vraie concernant la relation entre le maintien de la paix et la consolidation
de la paix. La figure 1-6 illustre la façon dont ces concepts se confondent. Le maintien de la paix peut avoir une
portée à court terme (de 1 à 10 ans) visant à mettre fin aux affrontements et aux conflits violents alors que le
développement durable peut prendre 25 ans ou plus. Entre les deux se trouve la consolidation de la paix, qui peut
prendre de 5 à 25 ans avant d’arriver à son terme. Il n’existe pas de règle ou d’échéancier absolus dans ce domaine
étant donné que chaque processus de consolidation de la paix est différent et présente des caractéristiques propres.
48) Nations Unies, Rapport sur Les objectifs du Millénaire pour le développement (New York : Nations Unies, 2015), Avant-propos, 2. Disponible à l’adresse suivante : <https://www.un.org/fr/millenniumgoals/>.
Maintien de la paix Consolidation de la paix
Développement Paix durable
Relations entre le maintien de la paix, la consolidation de la paix et le développement
Niv
eau
d’ef
fort
Durée
5 ans 10 ans 25 ans+
Figure 1-6
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
34
Section 1.6 Défis en matière de sécurité internationale — États défaillants
Le système de sécurité internationale fait face à de nombreux défis. Des conflits sévissent partout à travers le
monde. En 2015, la violence qui a éclaté en Ukraine et dans différentes zones d’Afrique a fait la une des médias.
Des manifestations en faveur de la démocratie ont débuté en Syrie en 2011 et ont conduit à une guerre civile qui
demeurait non-résolue en 2018. En 2016, la BBC annonçait :
« Plus de 250 000 Syriens ont perdu la vie au cours du conflit armé qui a duré quatre ans et demi et avait commencé par des manifestations contre le gouvernement avant de dégénérer un une véritable guerre civile. Plus de 11 millions de personnes ont été chassés de leur foyer alors que les forces fidèles au Président Bashar al-Assad et celles s’opposant à son pouvoir combattaient — ainsi que les militants djihadistes de l’État islamique autoproclamé »49.
En 2017, le nombre de morts s’élevait à plus 400 000. Le système international ne manque donc pas de défis à
relever.
Le SIPRI Yearbook de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) déclarait que
des tendances positives étaient apparues dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales à l’aube du
21e siècle, mais que ces tendances semblent s’être éclipsées50. Le « 2015 Yearbook – Summary » formulait une
conclusion tout aussi inquiétante : « les premières constatations rapportées au début de l’année 2015 suggèrent
qu’il y a eu plus de guerres en 2014 qu’au cours de toute autre année depuis l’an 2000. Rétrospectivement, 2014
apparaît comme étant une année particulièrement violente »51. Le résumé se poursuit ainsi : « en regardant l’avenir,
l’identification des États fragiles pourrait constituer un élément essentiel dans la compréhension des menaces futures
et dans la préparation d’une intervention appropriée »52.
Comme mentionné précédemment, nombre des problèmes de sécurité auxquels les Nations Unies et d’autres
organisations régionales sont confrontées surgissent dans des nations fragiles ou défaillantes. Depuis le début du 21e
siècle, les Nations Unies ont accordé une plus grande attention aux États fragiles, défaillants ou en déroute. Ces pays
constituent les principales sources de conflits du monde moderne.
Après la fin de la Guerre froide, les États-Unis ont été de plus en plus préoccupés par les pays dont les institutions
étatiques sont défaillantes. Les États-Unis ont déployé d’importants contingents militaires en Somalie et en Haïti et le
nombre croissant d’États ayant émergé à la fin de la Guerre froide est venu accroître leurs préoccupations. En réponse
à une demande émanant du vice-président américain Al Gore, l’agence centrale américaine de renseignements
(CIA) a financé un groupe d’experts afin qu’ils étudient la question de la défaillance étatique. Leurs troisième et
dernier rapport fournissait la première liste d’États fragiles et défaillants53. Dans un article, les auteurs de l’étude
déclaraient :
« La défaillance et l’effondrement des États sont de nouvelles appellations désignant une forme de crise politique sévère dont les évènements du début des années 1990 en Somalie, en Bosnie, au Libéria et en Afghanistan sont des exemples. Dans tous ces cas, les institutions de l’État central étaient tellement
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
35
affaiblies qu’elles n’étaient plus en mesure de maintenir l’autorité ou l’ordre politique à l’extérieur de la capitale et parfois même pas dans la capitale. De telles défaillances étatiques surviennent généralement dans des situations de conflits civils violents et généralisés, souvent accompagnés de graves crises humanitaires. Ces conditions peuvent précéder ou suivre l’effondrement institutionnel de l’état et sont souvent des facteurs déterminants de cet effondrement. Globalement, elles s’inscrivent toutes dans le cadre d’un syndrome de grave crise politique qui, dans des cas extrêmes, entraîne l’effondrement de la gouvernance »54.
La CIA a créé un groupe d’éminents spécialistes et a demandé à des organisations telles que le Fonds pour la
paix de procéder à des analyses plus poussées des États défaillants. Le Fonds pour la paix, une organisation de
recherche indépendante et sans but lucratif qui travaille dans le but de prévenir l’apparition de conflits violents,
publie chaque année depuis dix ans son Indice des États fragiles (FSI). Le FSI est un « classement annuel de 178
pays qui se fonde sur les différentes pressions qu’ils subissent et qui impactent leur degré de fragilité »55. Le FSI est
utilisé « afin d’élaborer des idées visant à promouvoir une plus grande stabilité à travers le monde [et de] favoriser
le dialogue, encourager le débat et surtout aider à orienter les stratégies en vue d’une sécurité durable ». Le site du
FSI du Fonds pour la paix constitue un bon point de départ pour analyser les États concernés par un processus de
consolidation de la paix.
Le FSI du Fonds pour la paix utilise 12 indicateurs permettant de déterminer la fragilité d’un État. Cette
analyse approfondie et précise utilise un logiciel d’évaluation des conflits (CAST) afin d’étudier les domaines
suivants : pressions démographiques, réfugiés et personnes déplacées internes, développement économique, appareil
de sécurité, services publiques, droits de l’homme et état de droit, griefs collectifs et fuite de la population, pauvreté
et déclin économique, légitimité de l’État, élites communautaires et intervention externe. Les analyses combinées
de l’ensemble de ces facteurs fournissent un score relatif à la fragilité d’un État. La communauté internationale se
concentre normalement sur les nations figurant dans le haut du classement (les nations les plus fragiles). En 2018,
54) Daniel Esty, Jack Goldstone, Ted Robert Gurr, Barbara Harff, Pamela T. Surko, Alan N. Unger et Robert Chen, « Failed States and International Security : Causes, Prospects, and Consequences », 1998.
55) Fonds pour la paix, « Fragile States Index and CAST Framework Methodology », 13 mai 2017.
Bience Gawanas (à gauche), Secrétaire général
adjoint et conseiller spécial pour l’Afrique,
s’entretient avec Finda Koroma, vice-présidente
de la Commission de la Communauté économique
des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), avant
une réunion tenue dans le cadre des Dialogues sur
l’Afrique 2018 , sur le thème « Appui du système des
Nations Unies à l’opérationnalisation du lien entre
paix, sécurité, droits de l’homme, action humanitaire
et développement en Afrique - en mettant l’accent
sur le Sahel ». 18 octobre 2018. Photo ONU #782806
par Manuel Elias.
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
36
les Nations Unies ont mené des activités de consolidation de la paix aussi bien à travers des missions de maintien de
la paix que des missions politiques spéciales dans 8 des 10 pays figurant dans le haut du classement du FSI : Soudan
du Sud (1), Somalie (2), Yémen (3), Syrie (4), République centrafricaine (5), République démocratique du Congo
(6), Soudan (7) et Afghanistan (9)56. La République centrafricaine est la seule nation figurant au programme de
consolidation de la paix des Nations Unies, alors que cinq autres pays ont figuré dans le haut de la liste des États
fragiles à un moment donné.
Les États fragiles et défaillants constituent un terrain fertile pour l’émergence de conflits violents. Les racines de
la violence directe et structurelle sont ancrées dans ces pays et les solutions nécessaires vont au-delà de l’instauration
d’une paix négative et impliquent un processus plus complexe d’instauration d’une paix positive. Les participants au
cours sur la consolidation de la paix doivent comprendre le système étatique, la façon dont il a évolué et son impact
sur d’autres enjeux de sécurité à l’échelle mondiale.
Section 1.7 Évolution du système étatique moderne
Le système étatique moderne s’est mis en place en 1648
à la suite de la guerre de Trente Ans et de la signature des
traités de Westphalie. La guerre de Trente Ans avait déstabilisé
une grande partie de l’Europe sur le plan économique et
décimé près de la moitié de sa population. À l’époque, la
France constituait le pouvoir dominant en Europe : le Cardinal
Jules Mazarin aidé de Jean-Baptiste Colbert a procédé à une
étude économique de l’Europe centrale. Le commerce était
inexistant en raison des guerres opposant les différentes
principautés. Il fallait agir pour que l’Europe parvienne à se
redresser. Après près de cinq années de recherche, le Cardinal
Mazarin a proposé l’adoption d’un traité qui bénéficierait à
tous et mettrait fin aux longues années de guerre. Les Traités
de Westphalie ouvraient au commerce les principales voies
navigables européennes, établissaient la liberté de religion et
définissaient les différents États d’Europe57.
L’Encyclopédie de philosophie de Stanford donne un
aperçu de l’impact des Traités de Westphalie :
« Le système des États souverains qui s’est imposé en Europe avec les Traités de Westphalie s’est propagé partout dans le monde au cours des trois siècles suivants pour atteindre son point culminant avec le déclin des empires coloniaux européens au milieu du 20e siècle, lorsque l’État est devenu la seule forme de régime politique à couvrir la
56) Les 10 pays occupant le haut du classement sont le Soudan du sud, la Somalie, le Yémen, la Syrie, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, le Tchad, l’Afghanistan et le Zimbabwe. Le Fonds pour la paix, « Indice des États fragiles 2018 », 2018.
57) Pierre Beaudry, « The Economic Policy That Made the Peace of Westphalia », 30 mai 2003.
Le Secrétaire général Ban Ki-moon (deuxième à
droite, au premier rang) à l’ouverture du 23e Sommet
de l’Union africaine à Malabo. À la droite de M. Ban se
trouve Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, président de
la Guinée équatoriale. Deuxième à gauche, Nkosazana
Dlamini Zuma, présidente de la Commission de l’Union
africaine. 26 juin 2014. Photo ONU #593272 par
Eskinder Debebe.
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
37
totalité de la surface du globe. Aujourd’hui, les normes associées à la souveraineté sont inscrites dans la Charte des Nations Unies »58.
Le système étatique a évolué depuis
la signature des Traités de Westphalie. Max
Weber, philosophe et économiste allemand, a
défini l’État comme « détenant le monopole
de l’usage de la force »59. Cependant, un
État est plus que le garant de la sécurité.
Selon Francis Fukuyama, politologue de
l’Université de Harvard, l’État moderne offre
un « un exemple très attrayant combinant
la sécurité matérielle des économies de
marché à la liberté politique et culturelle de la
démocratie libérale »60. Fukuyama reconnaît
par ailleurs que tous les États sont différents
et présentent des difficultés et des besoins
spécifiques. Robert Rotberg, universitaire
américain ayant beaucoup écrit sur les États
défaillants, explique que l’État moderne
existe afin de fournir des biens et services aux citoyens au sein de ses frontières. Les États agissent également dans
l’intérêt de leurs citoyens en définissant des objectifs nationaux et des politiques économiques. Lorsque des conflits
surgissent, l’État fournit un outil permettant de statuer sur le différend : la loi. La fonction la plus importante d’un
État est, selon Rotberg, de garantir la sécurité61.
Ni Fukuyama ni Rotberg n’ont formulé une définition précise de l’État. Cela s’explique par le fait qu’il existe
de nombreux types d’États à travers le monde. Toutefois, l’État est généralement considéré comme une entité
politique définie par des frontières géographiques établies par défaut, à la suite de guerres ou d’accords. Au sein
de ces frontières, l’État édicte des lois qui régissent le comportement de la population et il établit des mécanismes
de résolution des différends et d’application des lois. Tous les États ne garantissent pas les libertés associées au
système étatique moderne. En outre, tous les États ne fournissent pas de services à leurs citoyens. Les États les
plus performants disposent de systèmes permettant de fournir les services suivants : énergie, eau, assainissement,
routes, télécommunication, soins de santé et éducation. Des démocraties, des monarchies et même des autocraties
existent dans le monde actuel. Tous les États ne sont pas les mêmes, mais le système étatique est capital.
Il existe aussi le concept d’État-nation. Quelle est donc la différence entre une nation et un État ? La spécificité
du concept de nation est fondée sur le terme latin « natio », qui signifie la naissance, la tribu ou la race62. Selon le
dictionnaire Merriam-Webster, une nation constitue « une communauté de personnes composée d’une ou plusieurs
58) Dan Philpott, « Sovereignty », dans The Stanford Encyclopedia of Philosophy, 8 juin 2010, ed. Edward N. Zalta.59) Max Weber, « Politics as a Vocation », 1919. Traduction et introduction par by H. H. Gerth et C. Wright Mills (Philadelphie : Fortress Press, 1965), 2.60) Francis Fukuyama, State-Building : Governance and World Order in the 21st Century (Ithaca, NY : Cornell University Press, 2004), 2.61) Robert I. Rotberg, « The Challenge of Weak, Failing and Collapsed States » dans Leashing the Dogs of War : Conflict Management in a Divided
World », eds. Chester Crocker, Fen Olser Hampson et Pamela Aall (Washington D.C. : US Institute of Peace Press, 2007), 84.62) Peter Ravn Rasmussen, « ‘Nations’ or ‘states’ an attempt at definition », 20 juillet 2001. Disponible en anglais à l’adresse suivante : <https://www.
globalpolicy.org/component/content/article/172/30341.html>.
Vote au premier tour des élections législatives à Bangui, RCA. 22
novembre 1998. Photo ONU #21103 par Evan Schneider.
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
38
nationalités et dotée d’un territoire plus ou moins défini et d’un gouvernement »63. Le même dictionnaire définit l’État
comme un « organe politiquement organisé de personnes occupant généralement un territoire défini »64.
Les différences entre les États et les nations peuvent se révéler particulièrement importantes. Si un État est
défaillant, est-il possible pour un pouvoir extérieur de reconstruire l’État ou la nation en question ? Il est particulièrement
important de comprendre les différences entre État et nation. Un pouvoir extérieur peut certainement aider à la
reconstruction des institutions d’un État, mais il ne peut en revanche pas reconstruire les institutions d’une nation.
Seul le peuple de cet État est en mesure de reconstruire les institutions de la nation. Le terme « nation » implique
que la population d’un État a accepté la notion de l’existence d’un État et a développé un sentiment de fierté et de
respect à l’égard de cette nation. Le peuple se construit une identité à partir de cette nation.
L’ouvrage de Fukuyama, State-Building : Governance World Order in the 21 st Century, opère une distinction
entre les concepts d’édification de la nation et d’édification de l’État. Il défend l’idée que le terme « édification de
la nation » constitue une appellation américaine impropre fondée sur notre héritage culturel. Lorsqu’il s’agit d’aider
un pays à se rétablir après une guerre, le terme « édification de l’État » est plus approprié. Des acteurs extérieurs
ne peuvent pas construire des nations, ils ne peuvent que fournir un mécanisme d’organisation et de mise en place
d’un État. Fukuyama a écrit que des efforts extérieurs pouvaient aider à construire un État, mais que « si une nation
parvenait à sortir de ces efforts, il s’agissait davantage d’une question de chance que de planification »65.
Fukuyama a peut-être tort. Une organisation qui aide un État à se rétablir ou à contrecarrer le cours de la
défaillance d’un État peut avoir un impact sur le sentiment de nationalisme. Le fait de promouvoir un sentiment de
nationalisme peut favoriser la création de l’identité d’une nation. Dans le monde post-moderne, les nations n’ont
pas besoin de se construire sur une distinction de sang ou de race. L’identité nationale peut se former à partir de
plusieurs groupes ethniques se rassemblant pour créer une identité nationale propre. Katrina Korostelina, professeur
en analyse et en résolution de conflits l’Université George Mason, expose bien ce fait : « l’élément central du concept
d’identité nationale réside dans la place des minorités ethniques au sein d’une nation : que celles-ci soient opprimées
par la majorité ou au contraire qu’elles jouissent de la possibilité de préserver leur héritage culturel ethnique »66.
63) Merriam-Webster, « Nation », consulté le 6 août 2018. Disponible en anglais à l’adresse suivante : <https://www.merriam-webster.com/dictionary/nation>.
64) Merriam-Webster, « State », consulté le 6 août 2018. Disponible en anglais à l’adresse suivante : <https://www.merriam-webster.com/dictionary/state>.
65) Fukuyama, State-Building, 99.66) Karina V. Korostelina, « Identity Conflicts : Models of Dynamics and Early Warning », dans Handbook of Conflict Analysis and Resolution, eds. Dennis Sandole, Sean Byrne, Ingrid Sandole-Staroste et Jessica Senehi (New York : Routledge, 2009), 110.
Une femme et un enfant au camp de
réfugiés de Za’atri, accueillant des
dizaines de milliers de Syriens déplacés
par le conflit, près de Mafraq, en
Jordanie. 7 décembre 2012. Photo ONU
#537295 par Mark Garten.
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
39
Selon Korostolina, les nations peuvent construire leurs identités de différentes façons : ethnique, multiculturelle ou
civique. Le concept de civisme constitue la notion selon laquelle la population d’un État établit un contrat informel
reconnaissant l’autorité de l’État et que, en retour, l’État accepte leur identité ethnique.
Que se passe-t-il donc lorsqu’une nation ou un État échoue à prendre soin de son peuple ? De quelle façon la
défaillance d’un État peut-elle avoir un impact sur d’autres populations au sein d’autres nations ? Dans son livre,
Fixing Fragile States, Seth Kaplan, chercheur à l’Université Johns Hopkins aux États-Unis, a intégré un chapitre
intitulé « Why Fragile States Matter » (« De l’importance des États fragiles »). Selon Kaplan :
« Les États fragiles sont largement reconnus comme une menace aussi bien à la sécurité internationale qu’à la sécurité de leurs voisins, ainsi qu’au bien-être de leurs propres peuples. Leurs environnements de non-droit propagent l’instabilité au-delà des frontières, constituent des refuges pour les terroristes, les trafiquants de drogues et les trafiquants d’armes, menacent l’accès aux ressources naturelles et condamnent des millions de personnes à la pauvreté »67.
Kaplan poursuit en déclarant que près de deux milliards de personnes – sur les un peu plus de sept milliards
d’êtres humains sur Terre – pâtissent de situations d’effondrement des institutions étatiques. Les conflits armés
touchent près des trois quarts de ces deux milliards de personnes. Le livre publié en 2007 par l’économiste
britannique Paul Collier, The Bottom Billion, s’intéresse étroitement au 14 % d’êtres humains sur la planète qui sont
considérés comme étant « en bas »68. Ces personnes sont prises dans de nombreux pièges qui font que leurs États
demeurent les plus pauvres au monde. Selon Collier, ces personnes vivent essentiellement comme au 14e siècle et
continuent à régresser. 73 % du « milliard d’en bas » ont enduré une guerre civile ou en subissent toujours une.
Collier poursuit en disant que l’aide au développement n’est pas la bonne réponse et que la solution réside dans la
bonne gouvernance. Il défend l’idée que les nations développées doivent venir en aide aux nations défaillantes sans
quoi ces dernières ne rentreront jamais dans le 21e siècle.
C’est pour toutes ces raisons que la communauté internationale a ouvert les yeux sur le problème posé par les
États fragiles et défaillants. Les États fragiles et défaillants sont la source de conflits violents et la consolidation de la
paix a un rôle à jouer que ce soit dans la prévention des conflits violents ou dans l’aide apportée pour qu’une nation
se reconstruise après un conflit.
Une multitude d’acteurs doivent être impliqués pour que le processus de consolidation de la paix soit couronné
de succès dans des États fragiles et défaillants. Il va de soi que les Nations Unies en font partie. Pratiquement
toutes les missions de maintien de la paix des Nations Unies prennent ou ont pris place au sein d’un État fragile
ou défaillant. Les efforts de maintien de la paix des Nations Unies sont généralement menés à la suite d’une forme
ou l’autre de conflit violent. A compter de 2018, les Nations Unies mènent des missions de maintien de la paix au
sein de 14 États fragiles ou défaillants. Pratiquement toutes ces missions de maintien de la paix comportent une
composante de consolidation de la paix. Toutefois, les Nations Unies ne sont pas la seule organisation impliquée dans
la consolidation de la paix. Des organisations internationales telles que l’Union européenne, l’Organisation du traité
de l’Atlantique Nord (OTAN) et l’Union africaine jouent leur rôle et les ONG jouent également un rôle essentiel.
Section 1.8 Acteurs de la consolidation de la paix 67) Seth D. Kaplan, Fixing Fragile States : A New Paradigm for Development (Westport, CT, US : Praeger Security International, 2008), 2.68) Paul Collier, The Bottom Billion : Why the Poorest Countries are Failing and What Can Be Done About It (New York : Oxford University Press, 2007).
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
40
Les Nations Unies et la consolidation de la paix
Comme mentionné précédemment, les Nations Unies constituent un acteur de premier plan dans l’aide apportée
à la reconstruction des nations sortant d’une guerre. Un examen des rapports du Secrétaire général portant sur
toute mission de maintien de la paix spécifique démontre l’engagement des Nations Unies dans la consolidation de
la paix. Le rapport publié par le Secrétaire général en juillet 2015 sur une de ses missions de maintien de la paix les
plus récentes, à savoir la Mission multidimensionnelle integree des Nations Unies pour la stabilisation en Republique
centrafricaine (MINUSCA), contient des sections décrivant le travail réalisé dans les domaines de la sécurité, de la
gouvernance et des élections ainsi que les programmes relatifs à la situation socio-économique, à l’aide humanitaire
à la justice et à l’état de droit, à la réconciliation et aux droits de l’homme. Le rapport comprend également une
analyse relative au travail du PNUD69.
Dans son rapport de 2014, Consolidation de la paix au lendemain d’un conflit, le Secrétaire général Ban Ki-moon
déclarait : « La consolidation de la paix représente la somme des efforts déployés pour créer les fondations d’une
paix durable après un conflit. Les activités sont réalisées par les opérations de maintien de la paix, les missions
politiques spéciales et les équipes de pays des Nations Unies, constituées d’institutions, fonds et programmes ». Le
rapport soulignait également le travail réalisé par certaines ONG70.
Le système des Nations Unies est composé d’un large éventail d’organisations susceptibles d’apporter leur
contribution aux processus de consolidation de la paix. Le PNUD en fait partie et d’autres organisations telles que
l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Programme alimentaire mondial (PAM), le Fonds des Nations Unies
pour l’enfance (UNICEF) et l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sont quelques-unes des agences
des Nations Unies impliquées dans la consolidation de la paix. Chacune de ces agences des Nations Unies a son
propre domaine de compétence et travaille à l’échelle mondiale afin d’aider les peuples et les nations à se rétablir
suite à un conflit violent ou, dans une perspective plus large, afin d’atteindre les Objectifs de développement durable
et de prévenir les conflits. Comme l’a mentionné le Secrétaire général Ban Ki-moon dans son rapport de 2014 sur la
consolidation de la paix, ces agences des Nations Unies sont intégrées au sein de l’équipe de pays (UNCT).
Les organisations régionales et la consolidation de la paix
Dans nombre de ses rapports, le Secrétaire général a insisté sur la nécessité de l’aide apportée par les États
membres et les organisations régionales dans le cadre du maintien de la paix. Aussi bien l’UE que l’OTAN se sont
largement impliquées dans l’aide apportée en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo en vue de rétablir des institutions
nationales après les conflits violents qui ont marqué la fin des années 1990. L’OTAN a fourni les soldats de la paix
alors que l’UE a aidé à rétablir des institutions nationales au sein d’États fragiles.
Depuis que l’Organisation de l’unité africaine est devenue l’Union africaine en 2002, l’organisation régionale a
beaucoup fait pour la prévention et la résolution des conflits en Afrique. L’UA a conçu son Conseil pour la paix et
la sécurité sur le modèle du Conseil de sécurité des Nations Unies. Sa fonction consiste à promouvoir la paix et la
sécurité en Afrique. En plusieurs occasions, des forces de maintien de la paix conjointes ONU-UA ont été déployées
côte à côte dans le cadre de missions de maintien de la paix.
L’UA a également mis en place un Cadre pour la reconstruction post-confit et le développement (RPCD). Selon
l’UA, « la politique de l’UA dans le cadre de la RPCD est destinée à servir d’orientation pour la formulation de
politiques et de stratégies globales qui élaborent des mesures visant à consolider la paix et à prévenir la reprise de
la violence, à promouvoir le développement durable et à tracer la voie vers la croissance et la réhabilitation dans des
69) Conseil de sécurité des Nations Unies, Rapport du Secrétaire général sur la situation en République centrafricaine, S/2015/576, 29 juillet 2015. 70) Assemblée générale des Nations Unies et Conseil de sécurité des Nations Unies, Consolidation de la paix au lendemain d’un conflit, 2.
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
41
pays et des régions sortant d’un conflit »71. À travers ce cadre, l’UA a participé à des activités de consolidation de la
paix dans des États fragiles.
D’autres organisations régionales ont également participé à des activités de consolidation de la paix.
L’Organisation des États américains (OEA) a beaucoup œuvré en Haïti et l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est
(ANASE) a travaillé dans des nations déchirées par les conflits telles que le Cambodge et le Timor-Leste.
La Banque mondiale est probablement la principale organisation à apporter son soutien à la consolidation de
la paix. Elle a créé un Fonds pour les États et la consolidation de la paix (SPF), comparable au FCP. Depuis sa
création en 2008, le SPF a versé 322,7 millions de dollars US à 46 pays afin de les soutenir dans leurs efforts de
consolidation de la paix. La Banque mondiale travaille en coopération avec d’autres acteurs de la consolidation de la
paix, notamment la CCP72.
L’UE fournit également un appui important aux programmes de consolidation de la paix et d’aide humanitaire.
En 2013, elle a consacré 18,6 milliards de dollars US à l’aide au développement. L’UE a également créé un nouveau
bureau, le Service européen pour l’action extérieure (EEAS), chargé de superviser l’ensemble des actions menées en
dehors de l’UE. Ces activités comprennent les efforts de consolidation de la paix soutenus par l’Union européenne.
L’UE a joué un rôle actif dans les efforts de consolidation de la paix menés en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo.
La Mission « état de droit » de l’Union européenne au Kosovo (EULEX) a joué un rôle déterminant pour réinstaurer
des programmes de promotion de l’état de droit au Kosovo73. EULEX a constitué un des plus vastes efforts entrepris
par l’UE en matière de politique étrangère. Malgré des avancées au niveau du système judiciaire, de la police et
du système pénal, EULEX n’a pas été une totale réussite. Il existe des points de vue divers quant aux raisons pour
lesquelles ces efforts ont ou non été couronnés de succès. Quoi qu’il en soi, l’UE a entrepris des actions innovantes
dans le domaine de la consolidation de la paix. Récemment, la Commission européenne a créé un fonds fiduciaire
destiné à soutenir les efforts de consolidation de la paix dans le pays74.
Les ONG et la consolidation de la paix
Les ONG existent depuis plus de 100 ans. L’histoire des ONG remonte à Henry Dunant. Après avoir été témoin de
la bataille de Solferino au cours de la deuxième guerre d’indépendance italienne, Dunant a organisé les femmes de
la communauté afin de prendre en charge les plus de 23 000 soldats morts ou mourants. Cette expérience a conduit
à la création du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en 1863. Bien que le CICR soit une organisation
internationale, l’idée d’organisations communautaires venant en aide aux personnes frappées par la guerre a pris de
l’ampleur.
Nombre d’ONG se sont créées au début du 20e siècle en réponse à la Première Guerre mondiale. Depuis lors, le
nombre d’ONG n’a cessé d’augmenter. Les Nations Unies reconnaissent l’importance du rôle joué par les ONG dans
l’Article 71 de leur Charte. Le nombre d’ONG a particulièrement augmenté au cours des années 1980 et 1990.
Il est difficile de déterminer le nombre exact d’ONG œuvrant actuellement à travers le monde. Il peut s’agir
de grandes ou de petites structures, locales ou internationales. David Lewis, professeur en politique sociale et en
développement à la London School of Economics au Royaume-Uni, a estimé que le nombre d’ONG pourrait s’élever à
71) Union africaine, Département pour la paix et la sécurité, « Reconstruction post-conflit et développement (RPCD) de l’Union africaine », 23 novembre 2015.
72) Banque mondiale, « Fonds pour la construction de la paix et de l’État », consulté le 22 août 2018. Disponible en anglais à l’adresse suivante : <http://www.worldbank.org/en/programs/state-and-peace-building-fund>.
73) EULEx, site internet d’EULEx, consulté le 6 août 2018. Disponible en anglais à l’adresse suivante : <http://www.eulex-kosovo.eu/>.74) Commission européenne, « La république centrafricaine », consulté le 22 août 2018. Disponible à l’adresse suivante : <https://ec.europa.eu/
europeaid/node/97714_en>.
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
42
100 00075. Il a également indiqué que les Nations Unies
ont enregistré environ 35 000 ONG actives.
Selon la World Association of Non-Governmental
Organizations, une ONG « est considérée comme toute
organisation sans but lucratif n’émanant pas d’une entité
gouvernementale ou d’un accord intergouvernemental
et qui est organisée au niveau local, national, sous
régional, régional ou international »76. Les ONG
peuvent prendre tout type de formes et poursuivre
divers objectifs. Elles peuvent aller de grandes ONG
internationales dotées de budgets s’élevant à des
milliards de dollars à des petites ONG travaillant au sein
de leurs propres communautés et financées par des
dons de la part de la population locale.
Les 10 principales ONG dans le monde, selon
le classement de NGO Advisor et de The Global Journal, travaillent dans différents domaines en vue d’aider
les populations à travers le monde. Mercy Corps, une des 10 principales ONG, « a pour vocation d’atténuer les
souffrances, la pauvreté et l’oppression en aidant les gens à créer des collectivités sûres, productives et justes »77.
Parmi ses activités, le personnel de Mercy Corps, composé de plus de 4000 employés, aide les réfugiés syriens et
fournit une formation technique précieuse à la population en la République centrafricaine (RCA). Au total, Mercy
Corps travaille dans 47 pays à travers le monde et dispose d’un budget d’un peu plus de 315 millions de dollars US.
Selon Mercy Corps, 87 % de leurs ressources sont consacrées à des programmes destinés à aider les populations78
(une bonne mesure de l’efficacité des ONG consiste à analyser la proportion de leurs revenus consacrée à l’aide aux
populations. Le Code d’éthique [2014] de la World Association of Non-Governmental Organizations estime qu’il faut
idéalement qu’une proportion dépassant 80 % du total des revenus soit consacrée aux programmes).
Selon The Global Journal, une des principales ONG actives dans la consolidation de la paix est Search for
Common Ground (SFCG). Sa mission est simple : « Mettre fin aux conflits violents. C’est notre objectif — notre appel
à l’action »79. L’organisation affirme : « au lieu de démolir le monde existant, nous consacrons notre action à en
construire un nouveau. Nous y œuvrons à travers une forme de consolidation de la paix appelée transformation de
conflits. Cela signifie que nous cherchons à opérer des changements au niveau des interactions quotidiennes entre
les groupes de personnes impliqués dans un conflit afin qu’ils travaillent ensemble pour construire leur communauté,
en optant pour la résolution conjointe des problèmes plutôt que pour la violence »80. SFCG n’est pas une grande
organisation. Elle n’emploie qu’environ 450 personnes et son équipe est composée à 83 % de personnel local. La
majeure partie de son action s’inscrit dans le cadre de la réconciliation, mais l’organisation apporte également son
aide dans d’autres domaines. En Sierra Leone, SFCG a aidé à élaborer un plan stratégique pour les élections de
2012. Ce furent les premières élections non violentes dans le pays depuis la fin de la guerre civile. En République
75) David Lewis, « Nongovernmental Organizations, Definition and History » dans International Encyclopedia of Civil Society, eds. Helmut Anheier et Stefan Toepler (New York : Springer, 2010), 1056–1062.
76) World Association of Non-Governmental Organizations, « Connecting & Serving NGOs Beyond Borders », consulté le 22 août 2018. Disponible en anglais à l’adresse suivante : <https://www.wango.org/about.aspx>.
77) Mercy Corps, « About us », consulté le 22 août 2018. Disponible en anglais à l’adresse suivante : <https://www.mercycorps.org/about-us/>.78) Mercy Corps, « Financial information and annual reports », consulté le 22 août 2018. Disponible en anglais à l’adresse suivante : <https://www.mercycorps.org/about-us/financials>.79) SFCG, « Our Mission », consulté le 22 août 2018. Disponible en anglais à l’adresse suivante : <https://www.sfcg.org/our-mission/>.80) SFCG, « Our Mission ».
Le drapeau de la République du Zimbabwe (à droite)
flottant au siège des Nations Unies à New York. 14 juillet
2016. Photo ONU #685716 par Loey Felipe.
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
43
démocratique du Congo (RDC), SFCG œuvre pour résoudre le problème de la violence sexuelle et au Népal, elle
promeut l’égalité des femmes. SFCG est l’une des ONG les plus innovantes dans l’identification et la résolution des
causes profondes des conflits.
BRAC est une autre ONG jouissant d’une grande reconnaissance. En mars 2018, NGO Advisor, une organisation
indépendante qui accompagne le secteur non lucratif, a désigné BRAC comme ONG de l’année dans le domaine du
développement, pour la troisième année consécutive. BRAC dispose d’un budget opérationnel annuel de plus d’un
milliard de dollars US. Le Dr Muhammad Musa, Directeur exécutif de BRAC, a déclaré :
« Notre dynamisme est l’une de nos principales forces… BRAC va au-delà de la définition traditionnelle des ONG et a développé un modèle unique et intégré afin d’engendrer un changement social positif, notamment à travers des programmes de développement, des entreprises sociales, des investissements et l’université. L’année 2017 a constitué un jalon dans l’action de BRAC puisque nous avons également étendu notre action à la gestion de crises humanitaires afin de porter secours aux près d’un million de ressortissants du Myanmar contraints au déplacement, les Rohingyas, et arrivant dans le sud du Bangladesh. Nous continuerons à évoluer et à nous concentrer sur une approche de développement humanitaire, afin de maximiser l’impact de notre action aussi bien pour les personnes déplacées que pour les communautés d’accueil. À long terme, nous visons à mettre notre expertise à profit afin d’aider les populations frappées par des crises partout dans le monde »81.
Les ONG ne sont pas la panacée en termes de résolution de conflits et de consolidation de la paix. Dans un
chapitre du livre publié par l’institut des États-Unis pour la paix (USIP), Leashing the Dogs of War, Diana Chigas,
une chercheuse de l’Université Tufts aux États-Unis, a affirmé que certaines ONG pouvaient faire davantage de mal
que de bien. Un des chapitres louait l’action des ONG tout en la critiquant. Selon Chigas, les conflits ne peuvent pas
laisser de place aux amateurs, souvent recrutés au sein des ONG. Par définition, les ONG sont des organisations
indépendantes qui travaillent pour le compte de leurs organismes donateurs. Elles ne coordonnent souvent pas
leurs programmes avec les autres ONG ni même avec le gouvernement national. Les ONG travaillant au sein d’un
pays particulier n’ont souvent pas d’orientation stratégique. Chigas et d’autres spécialistes82 affirment que le fait de
s’appuyer sur les ONG induit une dépendance vis-à-vis de la communauté des ONG plutôt qu’à l’égard des systèmes
étatiques. Dans leur article « The New Colonists », Michael Cohen, Maria Figueroa Küpçü et Parag Khanna écrivaient
que, après la fin de la guerre civile au Cambodge en 1991, le gouvernement cambodgien a délégué la fourniture
de soins médicaux aux ONG83. Le travail effectué par les ONG dans ce domaine est tellement efficace, écrivent-
ils, qu’« il est difficilement imaginable que le gouvernement reprenne bientôt, voire jamais, la charge de cette
responsabilité »84.
81) BRAC, « BRAC ranked top global NGO of 2018 », 26 mars 2018. Disponible en anglais à l’adresse suivante : <http://www.brac.net/latest-news/item/1145-brac-ranked-top-global-ngo-of-2018>.82) E.g. Michael Cohen, Maria Figueroa Küpçü et Parag Khanna, « The New Colonialists », Foreign Policy, 7 octobre 2009.83) Cohen, Küpçü et Khanna, « The New Colonialists ».84) Cohen, Küpçü et Khanna, « The New Colonialists ».
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
44
La conclusion est que les ONG peuvent avoir des impacts aussi bien positifs que négatifs lorsqu’il s’agit d’aider
des États fragiles à sortir d’un conflit. Leur travail est en majorité bénéfique, mais est susceptible d’engendrer
des problèmes de dépendance. En Afghanistan, les ONG fournissent 80 % des services, ce qui était source de
préoccupations pour l’ancien président afghan Hamid Karzai85. Oliver Richmond, de l’Université de Manchester au
Royaume-Uni, a publié plusieurs ouvrages consacrés à la consolidation de la paix et a bien résumé le rôle des
ONG : « la recherche de nouvelles approches qui apparait implicitement dans l’Agenda pour la paix, notamment à
travers la diplomatie préventive et la vaste utilisation par les Nations Unies de formes plus larges de maintien de la
paix complétées par des approches de consolidation de la paix en vue de stabiliser les conflits, a conduit à prendre
conscience du fait que la communauté des ONG peut être amenée à jouer un rôle crucial »86.
Programmes nationaux soutenant la consolidation de la paix
Les ONG et les organisations régionales ne sont pas les seules à aider les États fragiles et défaillants à se
reconstruire après un conflit et à prévenir les conflits. Nombre de nations à travers le monde consacrent également
d’importantes sommes d’argent afin d’aider les États fragiles. Des organisations telles que l’Agence des États-Unis
pour le développement international (USAID), Affaires mondiales Canada (AMC), l’Agence japonaise de coopération
internationale (JICA) et le ministère britannique du Développement international (DFID) consacrent d’importantes
sommes d’argent pour aider au développement à travers le monde. Il est difficile de calculer exactement le total
de l’aide apportée par les pays, mais la figure 1-8 donne un bon aperçu des sommes consacrées aux programmes
d’aide et de développement. Nombre de ces pays développés concluent des contrats avec des ONG afin d’aider les
États qui nécessitent un appui en termes de consolidation de la paix. Au Japon, par exemple, la JICA contribue à la
paix et à la stabilité dans des pays tels que l’Afghanistan et le Pakistan, qui se sont engagés dans un processus de
consolidation de la paix et de reconstruction. La JICA travaille également activement au Sri Lanka, où le processus
de développement progresse depuis la fin du conflit civil en 2009, et au Népal, où elle travaille en vue de construire
la nation et de formuler une nouvelle constitution87. Affaires mondiales Canada se concentre sur la consolidation de
la paix à travers son Programme pour la stabilisation et les opérations de paix (PSOP) : « PSOPs appuie les efforts
du Canada au sein de l’ONU, y compris au Conseil de sécurité et, le cas échéant, en vue de renforcer la capacité et
l’efficacité des opérations de paix de l’ONU, réformer les pratiques collectives de maintien de la paix et de consolider
de la paix et favoriser un ordre international fondé sur des règles »88.
Tableau 1-1 : Top dix des donateurs pour l’aide extérieure, 201689
Classement Pays AOD *
1 États-Unis 33 589 $
2 Allemagne 24 670 $
3 Royaume-Uni 18 013 $
4 Japon 10 368 $
5 France 9 501 $
6 Pays-Bas 4 988 $
7 Suède 4 870 $
8 Italie 4 856 $
9 Norvège 4 352 $
85) Cohen, Küpçü et Khanna, « The New Colonialists ».86) Oliver Richmond, « Post-Westphalian Peace-Building : the Role of NGOs », dans Martin Journal of Conflict Resolution (Moscou : University de l’Idaho,
2001), 6.87) JICA, « Asie du sud : Coopération pour une croissance à long terme intégrant la diversité de la région », Rapport annuel de la JICA 2014, 37.88) Gouvernement du Canada, AMC, « Programme pour la stabilisation et les opérations de paix », 18 octobre 2018. 89) OCDE, « L’aide au développement augmente de nouveau en 2016 », 11 avril 2017.
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
45
10 Espagne 4 096 $
Section 1.9 Avenir de la consolidation de la paix
Après avoir analysé la façon dont le concept de consolidation de la paix est né, il est important de se tourner
vers l’avenir et de voir vers quoi il est possible d’aller. Vous déjà pris connaissance des diverses définitions de la
consolidation de la paix et des multiples communautés qui travaillent dans ce domaine. Alors que vous poursuivrez
la lecture de ce cours, les contradictions entre les différentes approches adoptées en matière de consolidation de la
paix apparaîtront comme évidentes. Ceci étant dit, le concept de consolidation de la paix commence à s’implanter et
à prendre de l’ampleur.
Certaines organisations souhaitent que le concept de consolidation de la paix reste vague, tandis que d’autres
voudraient un concept plus défini et homogène. Un nombre croissant d’organisations prend conscience de l’intérêt
de combiner les efforts en vue d’aider une nation à se rétablir suite à une guerre. Au lieu de diminuer, le nombre
de guerres — en particulier de guerres internes ou civiles — demeure constant ou légèrement en hausse. Le SIPRI
Yearbook 2017 alerte quant au fait que les guerres, en particulier les guerres sociales, continuent de progresser90. Il
mentionne que « l’augmentation du nombre de conflits ces dernières années [2014-2016] est en grande partie due
à la propagation de l’État islamique (groupe salafiste djihadiste), qui transforme souvent des conflits actifs, ce qui a
pour conséquences que ceux-ci sont considérés comme de nouveaux conflits »91. Sur les 49 conflits armés actifs en
2016, 47 étaient des conflits interétatiques92. Cela fait quatre décennies que la situation demeure inchangée avec
plus 40 conflits armés éclatant chaque année (voir la figure 1-7). Selon le rapport 2017 de l’Institut de recherche sur
la paix d’Oslo (PRIO), « Trends in Armed conflict » (tendances en matière de conflits armés), « le nombre de conflits
90) SIPRI, SIPRI Yearbook 2017 (Oxford : Oxford University Press, 2017).91) SIPRI, SIPRI Yearbook 2017, 27.92) SIPRI, SIPRI Yearbook 2017.
*AOD signifie « aide officielle au développement nette », millions de dollars US
Source : Dupuy et al., « Trends in Armed Conflict, 1946–2016 », PRIO, 2017, 3.
Figure 1-7
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
46
armés dans le monde en 2016 était de 49… plus de 102 000 personnes ont été tuées en conséquence directe des
conflits armés en 2016, ce qui constitue un déclin par rapport aux 131 000 morts de 2014 et aux 119 000 de 2015.
Pourtant, le niveau de violence actuellement observé est plus important qu’il ne l’a jamais été depuis la fin de la
Guerre froide, 2016 ayant été la cinquième année la plus meurtrière depuis 1989 »93.
Le nombre de conflits armés va continuer à générer des efforts de consolidation de la paix à travers le monde
lorsque les conditions se prêtent à mettre en œuvre de telles activités. La médiatisation de la souffrance et des
morts endurées par les peuples peut permettre de stimuler les efforts visant à mettre fin aux affrontements et à
avancer vers la reconstruction après les conflits. En 2018, l’attention de la communauté internationale s’est portée
sur la détresse des Rohingya au Myanmar, les problèmes du peuple syrien et les troubles au Mali. Les accords de
paix jouent un rôle important au sein de la communauté internationale et, lorsqu’ils sont conclus, les peuples et
les gouvernements du monde répondent par un engagement à apporter leur aide. L’argent constitue un facteur
déterminant de la consolidation de la paix. Cela coûte cher d’aider une nation à se rétablir suite à une guerre,
mais les fonds affluent lorsque l’on parvient à éveiller l’intérêt à mettre fin à un conflit violent. Les organisations
internationales, les gouvernements nationaux et les citoyens contribuent à aider les peuples à se rétablir. C’est
l’expression du meilleur de la nature humaine.
Toutefois, la même chose n’est pas vraie concernant la prévention des conflits. Premièrement, les conflits sont
difficiles à prédire. Même la fragilité d’un État ne constitue pas un indicateur exact de la survenue de conflits armés
futurs. La liste FSI de 2018 plaçait le Zimbabwe comme le dixième État le plus fragile dans le monde. En 2016, le
Zimbabwe occupait la seizième place dans le classement des nations les plus fragiles et apparaissait en quatrième
place en 2010. Dans les années 1970, le Zimbabwe a connu une guerre civile qui a porté Robert Mugabe au pouvoir.
En 2017, un coup d’État a permis de renverser Mugabe. Le Zimbabwe est sans aucun doute un pays qui fait face à
d’importantes difficultés. Le long règne de Mugabe a été marqué par l’hyperinflation et des sanctions internationales.
En 2014, l’UE a levé les sanctions et a fourni une aide de 234 millions € au Zimbabwe pour la période allant de 2014 à
202094. À présent que Mugabe n’est plus au pouvoir, il est possible d’espérer une transition démocratique. L’UE reste
toutefois prudente quant au fait d’engager son aide au profit du Zimbabwe. En avril 2018, le Commissaire européen
à la coopération internationale et au développement a effectué une visite dans le pays et s’est engagé à investir 23
millions € dans le domaine de la santé, avec des ONG qui se chargeront d’accomplir la majeure partie des activités95.
Le Zimbabwe était considéré par certains analystes comme un terrain propice à une guerre civile, mais c’était
avant que Mugabe ne soit forcé à quitter la présidence. La situation du Zimbabwe constitue un bon exemple de
la difficulté de prédire les conflits armés. Les organisations internationales ont moins tendance à consacrer des
ressources, aussi bien humaines que financières, à la prévention des conflits armés. Pour que les organisations
internationales agissent, il faut que la crise ait éclaté et qu’elle soit médiatisée : une crise purement hypothétique ne
suscitera pas d’actions. L’aide au développement, pour sa part, se concentre souvent sur des projets à petite échelle
qui ne confluent pas vers la mise en place d’une stratégie gouvernementale cohérente de la nation hôte96. Le Bureau
américain des conflits et des opérations de stabilisation concentre son action sur la prévention des conflits. Toutefois,
cette organisation a rencontré des difficultés à s’assurer un financement. Il semble que le financement accordé à la
prévention de conflit ne soit pas de la même importance que lorsqu’il s’agit d’aider une nation à se rétablir suite à
une guerre.
93) Institut de recherché sur la paix d’Oslo, « Trends in Armed Conflict », 2017.94) David Smith, « EU resumes aid to Zimbabwe as relations with Robert Mugabe thaw », The Guardian, 18 février 2015. 95) Commission européenne, « L’UE est prête à accélérer son soutien au Zimbabwe au cours de son processus de transition », 9 avril 2018. 96) Michael Lund, « Conflict Prevention : Theory in pursuit of policy and practice » dans The SAGE Handbook of Conflict Resolution, eds. Jacob Bercovitch,
victor Kremenyuk et I. William Zartan (Londres, Thousand Oaks, New Delhi et Singapore : SAGE Publications, Ltd., 2009), 273–307.
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
47
Les ONG sont généralement davantage engagées que les pays dans la prévention des conflits. Bien qu’il soit
difficile de déterminer avec précision le nombre d’ONG travaillant à travers le monde, on estime qu’il y en aurait
entre 50 000 et 100 0000. Les ONG investissent des milliards de dollars à l’échelle mondiale — majoritairement
destinés aux nations en développement. La majorité des projets sont menés à une relativement petite échelle et peu
d’entre eux s’intègrent dans un aspect plus large de soutien au gouvernement national. Dans son essai « Conflict
Prevention : Theory in pursuit of policy and practice », Michael Lund indique que les organisations internationales
s’engagent en réalité dans la prévention des conflits, mais que les budgets qui y sont affectés ainsi que des exemples
de succès avérés dans ce domaine sont difficiles à identifier97. Il explique également que l’écart entre ce qui devrait
être fait et ce qui est réellement entrepris demeure particulièrement important. Cet essai, ainsi que son autre ouvrage
Preventing Violent Conflict, encourage les nations développées, les organisations internationales et certaines ONG
internationales à œuvrer en vue de prévenir les conflits98. Il affirme cependant qu’il est nécessaire de contraindre
certains gouvernements à prendre soin de leurs populations. Selon Lund, « si la menace du recours à la force n’est
pas appuyée par une force crédible en cas de non-respect des obligations, ils courent le risque de favoriser les actes
d’agression en pointant du doigt le bluff des acteurs internationaux »99.
On peut toutefois se réjouir du fait que nombre de nations développées, d’organisations internationales et même
certaines ONG concentrent leur action sur la prévention des conflits. Comme nombre de théoriciens l’ont affirmé, la
consolidation de la paix n’est pas un processus s’inscrivant exclusivement dans le cadre de situations post-conflits et
elle peut également être utilisée en vue de prévenir les conflits.
Avec l’intérêt croissant de la communauté internationale pour la consolidation de la paix, l’avenir de ce concept
semble pouvoir s’appuyer sur des bases solides. Comme mentionné précédemment, la consolidation de la paix
nécessite l’investissement de ressources importantes, y compris d’une volonté politique, de ressources humaines et
d’argent. Tant que la volonté politique demeure forte, les ressources humaines et financières suivront.
Section 1.10 Résumé
Cette leçon rattache les origines du concept de consolidation de la paix à certains des chercheurs sur la paix les
plus influents du 20e siècle. Les partisans de la consolidation de la paix comme Johan Galtung, John Paul Lederach et
Boutros Boutros-Ghali ont eu un impact majeur sur le terrain.
Depuis le début du 21e siècle, le concept de consolidation de la paix n’a cessé de remporter d’avantage d’adhésion
et d’intérêt. Le maintien de la paix et la consolidation de la paix sont apparus comme des missions essentielles des
Nations Unies. En outre, de nouvelles idées ont émergé quant à la façon de procéder aux activités de consolidation
de la paix, mais ces idées n’ont pas rendu la tâche plus simple. Il est très complexe de parvenir à coordonner des
activités de consolidation de la paix au sein d’États fragiles ou défaillants en raison du nombre important d’acteurs
impliqués. L’enseignement le plus important tiré du maintien de la paix moderne est qu’il est essentiel d’aider le
gouvernement de la nation fragile concernée à progresser afin qu’il soit en mesure d’assumer la responsabilité de
répondre aux besoins de sa population.
Dans le chapitre suivant, nous examinerons le Supplément à l’Agenda pour la paix. Après cette leçon, vous
étudierez le fonctionnement de la CCP. D’autres leçons présenteront les défis intellectuels posés par la consolidation
de la paix et proposeront de nouveaux concepts et théories en la matière. Ces idées permettront de poser des bases
de compréhension à mettre en pratique lors de la planification de missions de consolidation de la paix.
97) Lund, « Conflict Prevention : Theory in pursuit of policy and practice ».98) Michael S. Lund, Preventing Violent Conflict : A Strategy for Preventive Diplomacy (Washington D.C. : US Institute of Peace Press, 1996).99) Lund, « Conflict Prevention : Theory in pursuit of policy and practice », 306.
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
48
Tableau 1-2 : Principaux documents des Nations Unies relatifs au maintien de la paix et à la
consolidation de la paix
Titre du document Date de publication
L’Agenda pour la paix (A/47/277) 17 juin 1992
Supplément à l’Agenda pour la paix
(À/RES/51/242)
26 septembre 1995
Rapport présenté par le Secrétaire général en application de la
résolution 53/35 de l’Assemblée générale : La chute de Srebrenica
(A/54/549)
15 novembre 1999
Rapport de la commission indépendante d’enquête sur les actions
de l’Organisation des Nations Unies lors du génocide de 1994 au
Rwanda (S/1999/1257)
16 décembre 1999
Nous les peuples : le rôle des Nations Unies au XXIe siècle mars 2000
Rapport du Groupe d’étude sur les opérations de paix de
l’Organisation des Nations Unies (Rapport Brahimi) (A/55/305
–S/2000/809
21 août 2000
Résolution 55/2 adoptée par l’Assemblée générale des Nations
Unies : Déclaration du Millénaire (A/RES/55/2)
18 septembre 2000
Un monde plus sûr : notre affaire à tous — Rapport du Groupe
de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le
changement (A/59/565)
2 décembre 2004
Dans une liberté plus grande : développement, sécurité et respect
des droits de l’homme pour tous, Rapport du Secrétaire général
(A/59/2005)
21 mars 2005
Résolution 1645 du Conseil de sécurité des Nations Unies (2005)
(S/RES/1645 [2005]) — création de la CCP
20 décembre 2005
Résolution 60/180 adoptée par l’Assemblée générale : La
Commission de consolidation de la paix (A/RES/60/180)
30 décembre 2005
Opérations de maintien de la paix des Nations Unies : Principes et
orientations des Nations Unies
18 janvier 2008
Agenda pour un nouveau partenariat : un nouvel horizon pour les
opérations de maintien de la paix de l’ONU
juillet 2009
Défi du maintien de la paix : Rapport du Groupe consultatif
d’experts sur l’examen du dispositif de consolidation de la paix
(A/69/968 –S/2015/490)
30 juin 2015
Résolution 70/1 adoptée par l’Assemblée générale des
Nations Unies : Transformer notre monde : le Programme de
développement durable à l’horizon (A/RES/70/1)
21 octobre 2015
Rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé
d’étudier les opérations de paix — Unissons nos forces pour la
paix : privilégions la politique, les partenariats et l’action en
faveur des populations (A/70/95–S/2015/446)
17 juin 2015
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
49
Rapport du Secrétaire général : Restructuration du pilier paix et
sécurité de l’Organisation des Nations Unies (A/72/525)
13 octobre 2017
Rapport du Secrétaire général : Consolidation et pérennisation de
la paix (A/72/707 –S/2018/43)
18 janvier 2018
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
50
Questionnaire de fin de Leçon »
1. Boutros Boutros-Ghali a rédigé l’Agenda pour la paix en ____.
A. 1992
B. 1993
C. 1996
D. 1998
2. VRAI ou FAUX : La consolidation de la paix a constitué une partie intégrante du système des Nations Unies depuis sa création en 1945.
A. vrai
B. Faux
3. La consolidation de la paix est destinée à combler l’écart existant entre ____.
A. Le maintien de la paix et le rétablissement
de la paix
B. Le rétablissement de la paix et le
développement
C. Le maintien de la paix et le développement
D. Aucune de ces réponses
4. _____ a introduit pour la première fois le terme « consolidation de la paix » en 1976.
A. Kofi Annan
B. Boutros Boutros-Ghali
C. Johan Galtung
D. John Paul Lederach
5. Johan Galtung définit la « paix négative » comme ____.
A. L’absence de violence physique
B. L’absence de violence structurelle
C. L’existence d’accords de paix négociés
D. Le fait de traiter les causes sous-jacentes
d’un conflit
6. Le maintien de la paix peut avoir une visée à court terme (un à 10 ans) avec pour objectif de mettre fin aux affrontements ou à un conflit violent, mais le développement durable peut prendre ____ ou plus.
A. 10 ans
B. 15 ans
C. 25 ans
D. 50 ans
7. VRAI ou FAUX : Des soldats de la paix des Nations Unies sont déployés dans l’ensemble des 10 États répertoriés comme les plus fragiles dans la liste des États fragiles du Fonds pour la paix (FSI).
A. vrai
B. Faux
8. _____ inclut généralement des mesures destinées à gérer les conflits en cours et implique habituellement une action diplomatique visant à amener les parties hostiles à la négociation d’un accord.
A. Le maintien de la paix
B. Le rétablissement de la paix
C. La consolidation de la paix
D. Le développement
9. Quel est le Secrétaire général des Nations Unies à l’origine du Rapport Brahimi ?
A. Boutros Boutros-Ghali
B. Kofi Annan
C. Ban Ki-moon
D. Dag Hammarskjöld
10. Les origines du système étatique moderne remontent ____.
A. À la fin de la guerre de Trente Ans et à la
signature des Traités de Westphalie
B. À la signature de la Charte des Nations Unies
et la création du Conseil de sécurité
C. À la fin de la Première Guerre mondiale et la
création de la Ligue des Nations
D. À la fin de la Première Guerre mondiale et à
la signature du Traité de versailles
Les réponses à ce questionnaire figurent à la page suivante.
LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx
51
Questionnaire de fin de Leçon »
Réponses »1. A
2. B
3. C
4. C
5. A
6. C
7. B
8. B
9. B
10. A
CONSOLIDATION DE LA PAIX
INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX
254
Appendice A : Liste des acronymes
Acronyme Signification
ACCORD Centre africain pour la résolution constructive des conflits
ACDI Agence canadienne de développement international
ADRA Agence adventiste du développement et de l’aide humanitaire
AfC Un Agenda pour le changement (An Agenda for Change)
AfP Alliance pour la consolidation de la paix
AFRC Conseil révolutionnaire des forces armées
AJCI Agence japonaise de coopération internationale
AMC Affaires mondiales Canada
ANASE Association des nations de l’Asie du Sud-Est
APC Congrès de tout le peuple
APRONUC Autorité provisoire des Nations Unies au Cambodge
AUSA Association de l’Armée des Etats Unis
BACP Bureau d’appui à la consolidation de la paix
BCAH Bureau de la coordination des affaires humanitaires
BINUCSIL Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone
BINUSIL Bureau intégré des Nations Unies pour la Sierra Leone
BIRD Banque internationale pour la reconstruction et le développement
CAD Comité d’aide au développement
CAFOD Agence catholique pour le développement Outre-mer
CAST Outil d’évaluation des conflits
CCP Commission de consolidation de la paix des Nations Unies
CCQAB Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires
CCSSP Projet de sûreté et de sécurité de la communauté du Commonwealth
CDC Centre de contrôle des maladies
CEDEAO Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
CF Commandant de la force
CIA Agence centrale de renseignement des États-Unis
CICR Comité international de la Croix rouge
CONSOLIDATION DE LA PAIX
INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX
255
CLIPs Projets communautaire à haute intensité de main d’œuvre
COOPI Cooperazione Internazionale
CSIS Centre d’études stratégiques et internationales
CvR Commission de vérité et de réconciliation
DAM Département d’appui aux missions des Nations Unies
DAP Département des affaires politiques des Nations Unies
DDR Désarmement, démobilisation et réintégration
DERC Centre de district pour la lutte contre Ebola
DFID Ministère du développement international
DOMP Département des opérations de maintien de la paix de l’ONU
DOP Département des opérations de paix
DPPA Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix
DSRP Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté
ECOMOG Groupe d’observateurs militaires de la Communauté économique des États de Afrique de l’Ouest
ECOSOC Conseil économique et social des Nations Unies
EI Etat islamique
EO Executive Outcomes
EULEX Mission « état de droit » de l’Union européenne au Kosovo
FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
FCP Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix
FFOM Forces, faiblesses, opportunités et menaces
FICR Fédération Internationale des Sociétés de la Croix Rouge et du Croissant Rouge
FMI Fonds monétaire international
FNL Forces nationales de libération
FNUAP Fonds des Nations Unies pour la population
FORPRONU Force de protection des Nations Unies
FSI Indice sur la fragilité des États
GANUPT Groupe d’assistance des Nations unies pour la période de transition en Namibie
CONSOLIDATION DE LA PAIX
INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX
256
GAR Gestion axée sur les résultats
HCR Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés
HIPPO Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix des Nations Unies
IAP Evaluation et planification intégrées
IDA Association internationale de développement
IMPP Processus de préparation des missions intégrées
IRF Dispositif d’intervention immédiate
ISAF Force internationale d’assistance et de sécurité
ITF Equipe intégrée
IvP Institut vie et Paix
JICA Agence japonaise de coopération internationale
MINUAD Mission conjointe des Nations unies et de l’Union africaine au Darfour
MINUAR Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda
MINUSCA Mission multidimensionnelle integree des Nations Unies pour la stabilisation en Republique centrafricaine
MINUSIL Mission des Nations Unies en Sierra Leone
MINUSS Mission des Nations Unies au Soudan du sud
MOE Mesure d’efficacité
MONUC Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo
MOP Mesure de performance
MOU Mémorandum d’accord
NACS Stratégie nationale anticorruption
NERC Centre national de réponse à Ebola
NPFL Front national patriotique du Libéria
NPRC Conseil national provisoire de gouvernement
NRC Conseil national de la réforme
OCDE Organisation de coopération et de développement économiques
OEA Organisation des États américains
OECE Organisation européenne de coopération économique
CONSOLIDATION DE LA PAIX
INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX
257
OMD Les objectifs du Millénaire pour le développement
OMS Organisation mondiale de la santé
ONG Organisation non gouvernementale
ONUC Opération des Nations Unies au Congo
ONUSOM Opération des Nations Unies en Somalie
ONUST Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve
OSC Organisations de la société civile
OSCE Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe
OTAN Organisation du Traité de l’Atlantique nord
PAM Programme alimentaire mondial
PBSO Bureau d’appui à la consolidation de la paix
PCRD Cadre de la politique de reconstruction et de développement post-conflit
PDI Personne déplacée à l’intérieur
PEP Projet d’évaluation de la consolidation de la paix
PIB Produit intérieur brut
PJHQ Siège permanent conjoint
PMDC Mouvement du peuple pour le changement démocratique
PME&L Outil de planification, de suivi, d’évaluation et d’apprentissage
PMESII Politique, militaire, économie, social, infrastructure et information
PNB Produit national brut
PNP Parti national du peuple
PNUD Programme des Nations Unies pour le développement
PRF Mécanisme de financement du relèvement pour la consolidation de la paix
PRIO Institut international de recherche sur la paix d’Oslo
PSOP Programme pour la stabilisation et les opérations de paix
QIP Projet à impact rapide
R2P Responsabilité de protéger
RAP Recherche-action participative
CONSOLIDATION DE LA PAIX
INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX
258
RCA République centrafricaine
RDC République démocratique du Congo
RPG lance-roquette
RSASG Représentant spécial adjoint du Secrétaire général
RSS Réforme du secteur de la sécurité
RSSG Représentant spécial du Secrétaire général
RUF Front révolutionnaire uni
SEAE Service européen pour l’action extérieure
SFCG Search for Common Ground
SIPRI Institut international de recherche sur la paix de Stockholm
SLA Armée de la Sierra Leone
SLP Police de la Sierra Leone
SLPP Parti du peuple de la Sierra Leone
SLST Sierra Leone Selection Trust
SPF Fonds pour la construction de la paix et de l’Etat
TRC Commission de vérité et de réconciliation
UA Union africaine
UCDP Programme de données sur le conflit de l’Université d’Uppsala
UE Union européenne
UNCT Equipe de pays des Nations Unies
UNDAF Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement
UNHQ Siège des Nations Unies
UNICEF Fonds des Nations unies pour l’enfance
UNITAF Force d’intervention unifiée
UNMEER Mission des Nations Unies pour la lutte contre Ebola
UNMO Observateur militaire des Nations Unies
UPP Parti progressiste unifié
USAID Agence des États-Unis pour le développement international
USGS Commission géologique des États-Unis
USIP Institut des États-Unis pour la paix
CONSOLIDATION DE LA PAIX
INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX
259
VIH Sigle de virus d’immunodéficience humaine (virus responsable du sida)
YMCA Union chrétienne de jeunes gens
CONSOLIDATION DE LA PAIX
INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX
260
Appendice B : Missions de maintien de la paix actuelles
» Vous êtes à la recherche de statistiques ou d’autres données concernant le maintien de la paix dans le monde aujourd’hui ? Rendez-vous sur la page de ressource du Département des opérations de maintien de la paix des Nations Unies pour des informations à jour concernant les opérations actuelles de maintien de la paix et les autres missions des Nations Unies :
» <www.un.org/en/peacekeeping/resources/>.
établie: 1978établie: 2011établie: 1974établie: 2007établie: 1999établie: 2003établie: 1991établie: 2014
établie: 2013établie: 2011
FINULFISNUAFNUODMINUADMINUKMINULMINURSOMINUSCA
MINUSMAMINUSS
Force intérimaire des Nations Unies au LibanForce intérimaire de sécurité des Nations Unies pour AbyeiForce des Nations Unies chargée d'observer le désengagementOpération hybride Union africiane-Nations Unies au DarfourMission d'administration intérimaire des Nations Unies au KosovoMission des Nations Unies au LibériaMission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidentalMission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaineMission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au MaliMission des Nations Unies au Soudan du Sud
ê MONUSCO
ONUSTUNFICYPUNMOGIP
Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en Rép. dém. du CongoOrganisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la tr veForce des Nations Unies chargée du maintien de la paix á ChypreGroupe d’observateurs militaires des Nations Unies dans I’Inde et le Pakistan
établie: 2010établi: 1948
établie: 1964établi: 1949
MINUSMAMali
MONUSCORép. dém. du Congo
FISNUAAbyei
MINUADDarfour
UNMISSSoudan du Sud
MINUKKosovo
MINUSCARép. centrafricaine
MINURSOSahara occidental
UNMOGIPInde et Pakistan
FINULLiban
ONUSTMoyen-Orient
FNUODSyrie
UNFICYPChypre
Octobre 2019Carte n°4259 Rév. n°26(F) Organisation des Nations Unies Bureau de l’informatique et des communications
Section de l’information géospatiale
OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES
Carte des Opérations de Maintien de la Paix d’ONU par section de la cartographique, octobre 2019: <https://reliefweb.int/sites/
reliefweb.int/files/resources/OP%C3%89RATIONS%20DE%20MAINTIEN%20DE%20LA%20PAIX%20DES%20NATIONS%20
UNIES.pdf>.
CONSOLIDATION DE LA PAIX
INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX
261
À propos de l’auteur : George F. Oliver, Ph.D.
Il possède une expérience diversifiée en matière de stratégie de sécurité nationale, de coordination interorganismes et d’efforts multinationaux pour assister les sociétés sortant d’un conflit. Gestionnaire, leader et formateur dévoué, il possède des capacités exceptionnelles en matière de planification stratégique, d’opérations, de gestion des crises et de résolution de conflits, en particulier les conflits internationaux.
Pendant son service actif dans l’armée américaine, George F. Oliver a servi dans diverses unités d’infanterie légère, de ranger, de forces spéciales et aéroportées à travers le monde. Il a notamment été coordonnateur adjoint de l’aide humanitaire pour l’Autorité provisoire de la coalition en Irak, directeur de l’Institut des opérations de maintien de la paix et de la stabilité de l’armée américaine à Carlisle, en Pennsylvanie et conseiller militaire de l’ambassadeur des États-Unis aux Nations Unies.
George F. Oliver, titulaire d’un doctorat (PhD), a servi 31 ans dans l’armée américaine avant de se tourner vers une car-rière universitaire. Il a enseigné, écrit et animé des confé-rences dans le monde entier sur le rôle de l’armée dans les opérations de paix et la consolidation de la paix.
CONSOLIDATION DE LA PAIX
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262
En novembre 2005 il rejoint la faculté du US Naval War College à Newport, Rhode Island. Il est professeur d’opérations militaires interarmées et enseigne la planification au niveau opérationnel au cours supérieur et au cours inférieur. Il est un expert en études sur la paix, en relations internationales, en planification opérationnelle et en sécurité nationale.
George F. Oliver est titulaire d’un doctorat (PhD) de l’École d’analyse et de résolution des conflits de l’Université George Mason, d’une maîtrise en affaires de l’Université de la Caroline du Sud, d’une maîtrise en affaires de sécurité nationale du US Naval War College et d’une licence en génie de la US Military Academy.
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INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX
263
« Poursuivez votre expérience de formation POTI »
• Visiter <http://www.peaceopstraining.org/fr/courses/> pour une liste de tous les
cours disponibles.
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Logistique ou les Études militaires, pensez au Programme de certificat POST disponible dans
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étudiants via les médias sociaux et en partageant des photos de votre mission. Visiter <http://www.
peaceopstraining.org/fr/community/> pour plus d’information. Lors de la réussite de l’examen,
votre nom figurera également sur le Tableau d’honneur.
Format et sujet
L’examen final est un examen à choix multiples accessible depuis la Salle de classe en ligne. La
plupart des examens contiennent 50 questions. Chaque question contient quatre choix (A, B, C et D).
Il n’y a qu’une bonne réponse. Les questions de l’examen portent sur toutes les leçons de cours et
peuvent également porter sur les informations figurant dans les annexes et appendices. Les questions
ne porteront pas sur le contenu des vidéos.
» Accéder à l’examen depuis votre salle de classe en ligne via le lien suivant <www.peaceopstraining.org/users/courses/> et cliquer sur le titre du cours.
» Sur le site du cours, cliquer le bouton rouge « Commencer l’examen ».
Limite de temps
Il n’y a pas de temps limité pour l’examen. Cela permet à l’étudiant de lire et étudier attentivement
la question et de consulter le texte du cours. En outre, si l’étudiant ne peut compléter l’examen en une
fois, il peut sauvegarder l’examen et le reprendre sans être noté. Le bouton « Sauvegarder » est situé
au bas de l’examen, à côté du bouton « Soumettre mes réponses ». Appuyer sur le bouton « Soumettre
mes réponses » mettra fin à l’examen.
Note de passage
Pour réussir l’examen, un score de 75 % minimum est nécessaire. Un certificat électronique
d’accomplissement sera remis aux étudiants ayant réussi. Un score inférieur à 75 % implique l’échec à
l’examen. Les étudiants ayant échoué se verront remettre une seconde version alternative de l’examen
qui peut également être réalisé sans limite de temps. Un certificat électronique d’accomplissement sera
remis aux étudiants ayant réussi ce second examen.
Instructions pour l’examen final