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Consolidation de la paix Institut de formation aux opérations de paix Auteur du Cours George F. Oliver, Ph.D. Éditeur de la Serie Harvey J. Langholtz, Ph.D.

Consolidation de la paix

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Page 1: Consolidation de la paix

Consolidation de la paix

Institut de formation aux opérations de paix™

Auteur du Cours

George F. Oliver, Ph.D.

Éditeur de la Serie

Harvey J. Langholtz, Ph.D.

Page 2: Consolidation de la paix
Page 3: Consolidation de la paix

Consolidation de la paix

Institut de formation aux opérations de paix™

Auteur du Cours

George F. Oliver, Ph.D.

Éditeur de la Serie

Harvey J. Langholtz, Ph.D.

Photo de couverture : Photo ONU #66414 par Martine

Perret. L’équipe de maintien de la paix pakistanaise

de l’Opération des Nations Unies au Burundi (ONUB)

charge, dans des hélicoptères, du matériel électoral

de la Commission électorale nationale indépendante

(CENI) qui sera livré à toutes les provinces ayant

participé au référendum national le 28 février 2005

sur le projet de constitution post-transition, reporté à

trois reprises. 20 février 2005.

Page 4: Consolidation de la paix

© 2020 Institut de Formation aux Opérations de Paix. Tous droits réservés.

Peace Operations Training Institute 1309 Jamestown Road, Suite 202 Williamsburg, VA 23185, États Unis www.peaceopstraining.org

Première édition : 2019 par George F. Oliver, Ph.D.

Les informations contenues dans cette publication ne reflètent pas nécessairement les opinions de l’Institut de formation aux opérations de paix, de(s) l’Auteur(s) du cours, des organes des Nations Unies ou des organisations affiliées. L’institut de formation aux opérations de paix est une ONG internationale à but non lucratif enregistré auprès de l’Internal Revenue Service of the United States of America sous le numéro 501 (c)(3). Même si tous les efforts ont été déployés afin de vérifier le contenu de ce cours, l’Institut de formation aux opérations de paix et l’Auteur (s) n’assument aucune responsabilité à l’égard des opinions et des informations contenues dans le texte, qui ont été obtenues dans les médias libres et d’autres sources indépendantes. Ce cours a été rédigé à des fins pédagogiques et d’enseignement, cohérent avec la politique et la doctrine des Nations unies, mais n’instaure ou ne promulgue aucune politique ou doctrine des Nations Unies. Des opinions diamétralement opposées sont parfois fournies sur certains sujets, afin de stimuler l’intérêt, et sont en accord avec les normes académiques libres et justes. La version originale du cours est en langue anglaise. Les autres versions peuvent varier légèrement de la version originale. Les traducteurs consentent tous les efforts possibles en vue de préserver l’intégrité des informations contenues.

L’Institut de formation aux opérations de paix remercie le Dr David Curran,

de l’Université Coventry et le Col. Jesus Gil Ruiz, de l’armée espagnole pour

leur aide dans la préparation de ce cours.

Page 5: Consolidation de la paix

Consolidation de la paix

v

INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX

Table des matières

Avant-propos ix

Remerciements xi

Méthode pédagogique xii

Leçon 1 Introduction à la consolidation de la paix 13

Section 1.1 Introduction 14

Section 1.2 Évolution du concept de consolidation de la paix 15

Section 1.3 Théories à la base du concept de consolidation de la paix 17

Section 1.4 Importance accordée par les Nations Unies à la consolidation de la paix 24

Section 1.5 Relation entre consolidation de la paix et développement 30

Section 1.6  Défis en matière de sécurité internationale —  États défaillants 34

Section 1.7  Évolution du système étatique moderne  36

Section 1.8 Acteurs de la consolidation de la paix 39

Section 1.9 Avenir de la consolidation de la paix 45

Section 1.10 Résumé 47

Leçon 2 L’Agenda pour la paix 52

Section 2.1 Introduction à l’Agenda pour la paix 53

Page 6: Consolidation de la paix

CONSOLIDATION DE LA PAIX

INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX

vI

Section 2.2 Contexte de l’Agenda pour la paix 54

Annexe I Supplément à l’Agenda pour la paix 59

Leçon 3 Les Nations Unies et la consolidation de la paix 62

Section 3.1 Introduction au rôle des Nations Unies dans la consolidation de la paix 63

Section 3.2 Origines de la consolidation de la paix des Nations 66

Section 3.3 Architecture de la consolidation de la paix des Nations Unies 71

Section 3.4 Autres rapports et études sur la consolidation de la paix des Nations Unies 83

Section 3.5 Enseignements tirés sur la consolidation de la paix des Nations Unies 90

Section 3.6 Conclusion 94

Leçon 4 Évolution des concepts associés à la consolidation de la paix 98

Section 4.1 Aperçu général de l’évolution de la consolidation de la paix 99

Section 4.2 La Banque mondiale et la consolidation de la paix 101

Section 4.3 Positionnement des États-Unis à l’égard de la consolidation de la nation (consolidation de la paix) 104

Section 4.4 Organisation pour la coopération économique et le développement 117

Section 4.5 Alliance pour la consolidation de la paix 124

Section 4.6  Discussion finale  128

Leçon 5 Planification et mise en œuvre de la consolidation de la paix 132

Section 5.1 Introduction 133

Section 5.2 Principes de la consolidation de la paix 136

Section 5.3  Planification de la consolidation de la paix  143

Page 7: Consolidation de la paix

CONSOLIDATION DE LA PAIX

INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX

vII

Section 5.4  Conclusion relative à la planification de la consolidation de la paix 169

Leçon 6 Histoire de la Sierra Leone et son basculement dans la guerre civile 174

Section 6.1 Introduction 176

Section 6.2 Les débuts de l’histoire de la Sierra Leone 178

Section 6.3 La route vers l’indépendance 182

Section 6.4 Une démocratie instable : coups d’État et contrecoups 185

Section 6.5 Le Front révolutionnaire uni 188

Section 6.6 Coups, chaos et intervention militaire 191

Leçon 7 Maintien de la paix en Sierra Leone : intervention armée et emploi de soldats de la paix 200

Section 7.1 L’Accord de paix de Lomé et le début du maintien de la paix des Nations Unies 201

Section 7.2 Intervention britannique 206

Section 7.3  La fin de la guerre grâce au maintien de la paix élargi 212

Section 7.4 La consolidation de la paix devient partie intégrante du maintien de la paix 215

Leçon 8 Consolidation de la paix en Sierra Leone 224

Section 8.1 L’Accord de paix de Lomé revisité 225

Section 8.2 Le Bureau intégré des Nations Unies en Sierra Leone 227

Section 8.3  Les trois premières années de redressement de la Sierra Leone (2005–2007) 232

Section 8.4 Les cinq années suivant le redressement de la Sierra Leone (2008–2012) 238

Section 8.5 Le revers dû à la maladie à à virus Ebola (2013–2016) 246

Section 8.6 Résumé de la consolidation de la paix en Sierra Leone 250

Page 8: Consolidation de la paix

CONSOLIDATION DE LA PAIX

INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX

vIII

À propos de l’auteur : George F. Oliver, Ph.D. 261

Instructions pour l’examen final 263

Page 9: Consolidation de la paix

CONSOLIDATION DE LA PAIX

INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX

Ix

Ce cours présente aux étudiants le concept de consolidation de la paix. La consolidation de la paix est apparue

au cours des deux dernières décennies comme l’un des concepts les plus immuables du système des Nations Unies. 

Le travail des Nations Unies en matière de consolidation de la paix s’est accentué depuis la publication en 1992 de 

l’Agenda pour la paix par l’ancien Secrétaire général des Nations Unies Boutros Boutros-Ghali et la création e 2005

de la Commission de consolidation de la paix sous la direction de l’ancien Secrétaire général des Nations Unies

Kofi Annan. D’autres organisations internationales ont également élaboré des programmes en vue de renforcer la 

consolidation de la paix dans des États fragiles et défaillants.

Le concept de consolidation de la paix visait initialement à aider les pays à se rétablir suite à un conflit violent, 

mais, ces dernières années, il a été étendu à la prévention des conflits dans les pays faibles et fragiles. Pendant plus 

de 70 ans, les Nations Unies ont déployé des soldats de la paix pour aider les nations à se relever de guerres internes

ou externes. Toutefois, la capacité de la communauté internationale à aider les pays à se remettre pleinement d’un

conflit violent était insuffisante : après le retour à la sécurité dans les États en crise et le retrait des soldats de la 

paix, les nations se retrouvaient livrées à elles-mêmes. Lorsque la Guerre froide a pris fin en 1989, de nouveaux 

pays ont accédé à l’indépendance. Souvent, la lutte pour le pouvoir et le contrôle a entraîné de violentes guerres

civiles. À l’époque, les pays sortant de la domination coloniale ont souvent connu des troubles. Pour aider les pays

dans le besoin, les opérations de paix des Nations Unies et d’autres missions de maintien de la paix parrainées au

niveau régional ont augmenté en taille et en portée pour résoudre ces problèmes de sécurité. Alors que les soldats 

de la paix s’efforçaient de rétablir la sécurité dans ces États défaillants ou nouvellement formés, il est devenu évident 

qu’il était nécessaire de faire davantage que de simplement rétablir la sécurité et fournir une aide humanitaire. Les

nations ont également besoin d’aide en matière de gouvernance, de reconstruction des infrastructures, de systèmes 

économiques, d’état de droit et de réconciliation. Les Nations Unies et d’autres missions de maintien de la paix

parrainées au niveau régional ont commencé à élaborer des programmes en vue d’aider les nations en difficulté à 

devenir des membres actifs de la communauté internationale. L’idée d’aider les nations à se remettre d’une guerre

ou d’un conflit violent sous-tend le domaine de la consolidation de la paix. 

L’Agenda pour la paix a abordé le concept de consolidation de la paix après les conflits. Depuis, le concept de 

consolidation de la paix a fait l’objet d’études approfondies de la part de praticiens, d’universitaires et de décideurs

politiques.

La première leçon de ce cours introduit le concept de consolidation de la paix ainsi que certains des acteurs — 

à savoir les organisations internationales (par exemple les Nations Unies, la Banque mondiale, l’Union européenne

[UE], l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est [ANASE]) et les organisations non gouvernementales (ONG) — 

travaillant dans le domaine de la consolidation de la paix. La leçon 2 porte sur l’Agenda pour la paix, le document

clé qui a stimulé la consolidation de la paix dans le monde. Pendant plusieurs années, des acteurs essentiels ont

continué à s’appuyer et à développer les idées présentées dans l’Agenda pour la paix. L’ancien Secrétaire général

Kofi Annan, successeur de Boutros-Ghali, a davantage développé les concepts relatifs à la consolidation de la paix 

Avant-propos

Page 10: Consolidation de la paix

CONSOLIDATION DE LA PAIX

INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX

x

au travers de plusieurs études, ce qui a finalement conduit à la création de l’architecture de consolidation de la paix 

des Nations Unies, qui comprend la Commission de consolidation de la paix, le Fonds pour la consolidation de la paix

et le Bureau d’appui à la consolidation de la paix. La leçon 3 expose les idées et évolutions des Nations Unies en

matière de consolidation de la paix. La leçon 4 donne un aperçu des spécialistes et des praticiens de la consolidation 

de la paix, alors que de nouvelles idées ont continué à émerger de 2003 à 2010. La leçon 5 se concentre sur la

planification de la consolidation de la paix et explore les différentes méthodes de planification et de préparation des 

opérations de consolidation de la paix. Les Nations Unies ont leur propre approche en matière de planification de la 

consolidation de la paix, tout comme d’autres nations ou des ONG qui ont des approches différentes. Les leçons 6, 

7 et 8  se concentrent  sur  les efforts de consolidation de  la paix en Sierra Leone, offrant un examen approfondi 

d’un pays qui est passé de la guerre civile au maintien de la paix, puis à la consolidation de la paix. Cette analyse

approfondie expose le type d’informations requis pour entreprendre une mission de consolidation de la paix.

–George F. Oliver, Ph.D.

Université George Mason

École d’analyse et de résolution de conflits 

Page 11: Consolidation de la paix

CONSOLIDATION DE LA PAIX

INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX

xI

Je suis profondément honoré par la demande du Dr Harvey Langholtz d’élaborer un cours sur la consolidation

de la paix à l’attention de l’Institut de formation aux opérations de paix (POTI). Le POTI est une merveilleuse

organisation ayant énormément contribué au travail des soldats de la paix dans le monde entier.

Le Dr Langholtz connaît mon vif intérêt pour le maintien de la paix depuis des années. Cet intérêt a été la

raison pour laquelle il m’a été demandé de me joindre à l’Autorité provisoire de la coalition, l’organisation américaine

chargée de la reconstruction de l’Irak après l’opération Iraqi Freedom. Ces efforts n’ont pas été couronnés de succès. 

A mon retour aux États-Unis, je me suis inscrit à un programme de doctorat à l’École d’analyse et de résolution des

conflits de  l’Université George Mason.  Je suis profondément  redevable à nombre de mes professeurs de m’avoir 

ouvert leur cœur et leur esprit. Parmi eux, en particulier le Dr Dennis Sandole et le Dr Howon Jeong, ayant tous deux

rédigé des ouvrages sur la consolidation de la paix.

Avant même d’entreprendre mes études supérieures, j’ai réalisé que les soldats de la paix devaient s’impliquer

dans  la reconstruction d’un pays après  la guerre -  la consolidation de  la paix après un conflit. Mes études m’ont 

ouvert les yeux sur le domaine de la consolidation de la paix. Elles m’ont permis de comprendre les théories qui

sous-tendent la consolidation de la paix, les stratégies de consolidation de la paix et les complexités de cette noble

entreprise. Tout en poursuivant mes études, j’ai travaillé avec l’institut des États-Unis pour la paix (USIP) et avec

l’aide de quelques autres personnes dévouées, j’ai pu diriger un cours sur la consolidation de la paix pour l’USIP.

Mes recherches et mes études doctorales étaient axées sur le rôle des militaires dans la consolidation de la

paix. En général, les armées nationales sont organisées et formées pour combattre au cours de guerres impliquant

leurs nations, mais de nombreux pays engagent leurs armées dans le maintien de la paix. Au moment où j’écris

ces lignes, 124 nations fournissent des unités militaires aux efforts de maintien de la paix des Nations Unies. Mes 

recherches m’ont amené à conclure que les organisations militaires peuvent non seulement assurer la sécurité –

mais également contribuer à la consolidation de la paix. En conséquence, mon intérêt pour la consolidation de la paix

n’a cessé de croître. La rédaction de ce cours m’a permis de mettre sur papier bon nombre de mes pensées et de

mes idées. Je suis donc reconnaissant au POTI de m’avoir demandé d’élaborer ce cours. J’espère que vous en tirerez 

des enseignements.

Je suis également reconnaissant à mon épouse, qui m’a soutenu dans la rédaction de ce cours. En tant que

professeur à temps plein, une grande partie de mon travail se fait en soirée et en fin de semaine, loin de ma famille. 

Ma femme m’a encouragé dans mon travail. Mes enfants, pour la plupart adultes et hors de la maison, ont également

soutenu mes efforts.  Pour  cela,  je  suis  profondément  reconnaissant  à  toute ma  famille,  au Dr  Langholtz  et  aux 

conseillers de la faculté de l’Université George Mason.

–George F. Oliver, Ph.D.

Université George Mason

l’École d’analyse et de résolution des conflits

Remerciements

Page 12: Consolidation de la paix

CONSOLIDATION DE LA PAIX

INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX

xII

Méthode pédagogique

Ce cours autorégulé vise à donner une flexibilité aux étudiants dans leur approche à

l’apprentissage. Les suggestions suivantes visent à motiver et guider les étudiants concernant

quelques éventuelles stratégies et les attentes minimales pour suivre et réussir ce cours :

• Avant de commencer à étudier, consultez l’intégralité du cours. Notez les objectifs des leçons

qui vous permettront d’avoir une idée de ce qui sera examiné tout au long du cours.

• Le contenu vise à être pertinent et pratique. Au lieu de mémoriser des détails, efforcez-vous de 

comprendre les concepts et les perspectives globales du système des Nations Unies.

• Mettez en place des lignes directrices sur la manière dont vous voulez gérer votre temps.

• Étudiez le contenu de la leçon et les objectifs d’apprentissage. Au début de chaque leçon,

orientez-vous vers les points principaux. Si vous le pouvez, lisez le texte deux fois afin de vous 

assurer une compréhension et une assimilation maximum, et espacez vos lectures.

• Lorsque vous finissez une leçon, répondez au questionnaire. Pour toute erreur, retournez à la 

section correspondante et relisez-la en retenant les informations correctes.

• Après avoir étudié toutes les leçons, préparez-vous pour l’examen final en révisant les points 

principaux de chaque Leçon. Puis, connectez-vous à votre classe en ligne et passez l’examen

final en une seule session.

» Accédez à votre classe virtuelle à l’adresse suivante : <https://www.peaceopstraining.org/fr/users/user-login/?next=/users/> du monde entier.

• votre examen sera noté électroniquement. Si vous obtenez la note de passage de 75 % ou une

note supérieure un Certificat de réussite vous sera remis. Si vous obtenez une note inférieure à 

75 % vous aurez la possibilité de passer une deuxième version de l’examen final.

Éléments principaux de votre classe virtuelle »

• Accès à tous vos cours ;

•  Un environnement d’examen sécurisé pour finaliser votre formation ;

•  Accès  à  des  ressources  de  formation  additionnelles,  y  compris  des 

suppléments multimédias aux cours ;

•  Possibilité  de  télécharger  votre  Certificat  de  réussite  pour  tout  cours 

complété ;

• Forums dans lesquels discuter des sujets pertinents avec la Communauté

POTI.

Page 13: Consolidation de la paix

13

Contenu de la leçon » Objectifs de la leçon »

INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX

CONSOLIDATION DE LA PAIX

LEÇON

Section 1.1 Introduction

Section 1.2 Évolution du concept de

consolidation de la paix

Section 1.3 Théories à la base du concept de

consolidation de la paix

Section 1.4 Importance accordée par les Nations

Unies à la consolidation de la paix

Section 1.5 Relation entre consolidation de la

paix et développement

Section 1.6  Défis en matière de sécurité 

internationale — États défaillants 

Section 1.7  Évolution du système étatique 

moderne

Section 1.8 Acteurs de la consolidation de la paix

Section 1.9 Avenir de la consolidation de la paix

Section 1.10 Résumé

• Identifier l’origine des idées qui ont évolué vers le 

concept de consolidation de la paix.

• Connaître les définitions des Nations Unies relatives 

au maintien de la paix, au rétablissement et à la

consolidation de la paix.

• Comprendre les relations entre le maintien de la

paix, la consolidation de la paix et le développement.

• Décrire  les origines du système étatique moderne 

et l’objectif du système étatique. 

• Être conscient du fait que les États défaillants

et fragiles ont besoin d’être aidés à travers des

activités de consolidation de la paix.

• Comprendre certaines des idées et théories

relatives à la consolidation de la paix.

• Identifier  les nombreux acteurs  impliqués dans  le 

cadre général de la consolidation de la paix.

La consolidation de la paix est apparue au cours des deux dernières décennies comme l’une des principales fonctions du système des Nations Unies. 

Photo ONU #619327 par Loey Felipe.

Introduction à la consolidation de la paix 1

Page 14: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

14

Section 1.1 Introduction

La consolidation de la paix est apparue au cours des

deux  dernières  décennies  comme  l’une  des  principales 

fonctions  du  système  des  Nations  Unies.  Toutefois,  les 

Nations Unies ne sont pas la seule organisation à travailler

dans le domaine de la consolidation de la paix. D’autres

organisations internationales telles que l’Union européenne

(UE), l’Union africaine (UA) et l’Organisation des États

américains (OEA) viennent en aide aux nations défaillantes

et fragiles en s’appuyant sur le concept de consolidation de la

paix. Divers gouvernements nationaux et organisations non

Le Secrétaire général António Guterres (au centre) prend la parole lors de la réunion de la Commission de consolidation de la paix

sur « Le leadership, la responsabilité et la capacité à soutenir la consolidation de la paix et à maintenir la paix ». 7 septembre 2018.

Photo ONU #773852 par Eskinder Debebe.

Page 15: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

15

gouvernementales  (ONG)  contribuent  également  en  fournissant  des  ressources  humaines  et  financières  en  vue 

d’aider les nations à se rétablir à la suite de conflits violents.

La consolidation de la paix a pour fonction de combler le fossé entre le maintien de la paix et le développement

en aidant les nations à devenir des membres actifs de la communauté internationale. Elle consiste essentiellement à

aider les nations à se rétablir après des conflits violents, qu’il s’agisse de guerres civiles ou de conflits entre États. Le 

rétablissement après un conflit armé constitue un processus à long terme qui nécessite l’investissement de quantités 

importantes de ressources, en particulier humaines et financières. 

La consolidation de la paix constitue une entreprise complexe impliquant une multitude d’acteurs. Chaque

organisation aborde la question de la consolidation de la paix de façon différente. Initialement, il n’existait pas de 

définition universellement acceptée de  la consolidation de  la paix. Toutefois, au cours de  la dernière décennie,  le 

concept de consolidation de la paix a évolué et les différentes définitions ont convergé en un cadre reconnu. Cette 

leçon introduira et se concentrera sur la définition de la consolidation de la paix des Nations Unies, dans la mesure où 

une définition largement acceptée de la consolidation de la paix fait toujours l’objet de discussions. Il n’existe pas de 

théorie reconnue de la consolidation de la paix permettant actuellement d’orienter le travail des professionnels dans

ce domaine, mais il existe cependant certains fondements théoriques. Par conséquent, le processus de consolidation

de la paix peut paraître confus et est souvent complexe.

Section 1.2 Évolution du concept de consolidation de la paix

De nombreux acteurs considèrent que le terme « consolidation de la paix » est apparu dans le rapport de 1992 

du Secrétaire général Boutros Boutros-Ghali intitulé l’Agenda pour la paix. Ce rapport explorait le regain d’intérêt

pour  le rôle des Nations Unies  lorsque  la Guerre  froide a pris fin. Le 31  janvier 1992,  le Conseil de sécurité des 

Nations Unies organisait pour la première fois une réunion avec les chefs d’État de chacun des membres du conseil. 

Les  chefs  d’État  ont  demandé  au  Secrétaire  général  d’élaborer  «  une  analyse  et  des  recommandations  sur  les 

moyens de renforcer et de rendre plus efficace la capacité des Nations Unies en matière de diplomatie préventive, de 

rétablissement et de maintien de la paix dans le cadre des dispositions de la Charte »1.

Le Secrétaire général a passé six mois à élaborer les recommandations visant à renforcer le rôle des Nations

Unies. Son rapport exposait la façon dont les Nations Unies pourraient utiliser leurs services à des fins de diplomatie 

préventive et la façon dont elles pourraient faire un meilleur usage des forces militaires dans le cadre du maintien de la

paix. Le Secrétaire général est allé plus loin en introduisant les termes « rétablissement de la paix » et « consolidation 

de la paix après les conflits ». Le rapport présentait la consolidation de la paix comme suit :

« Au lendemain d’une guerre internationale, la consolidation de la paix peut prendre la forme de projets concrets de coopération, deux ou plusieurs pays s’engageant ensemble dans une coopération dont le but ne serait pas seulement de contribuer au développement économique et social, mais aussi de renforcer la confiance, condition si décisive de la paix. Je pense par exemple à des projets dans le cadre desquels les États joindraient leurs forces pour développer l’agriculture, améliorer les transports ou utiliser des ressources qu’ils doivent partager, comme l’eau ou l’électricité, ou encore à des

1) Conseil de sécurité des Nations Unies, Note du Président du Conseil de sécurité, S/23500, 31 janvier 1992, 3.

Page 16: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

16

programmes communs qui permettraient de faire tomber les barrières entre nations en facilitant les voyages ou les échanges culturels et en exécutant des projets, mutuellement bénéfiques, axés sur la jeunesse et l’enseignement. La réduction des sentiments d’animosité au moyen d’échanges d’étudiants et d’enseignants ou de réformes des programmes scolaires peut être essentielle pour éviter que ne resurgissent des tensions culturelles et nationales qui risquent toujours de conduire à la reprise des hostilités »2.

Le Secrétaire général Boutros-Ghali a promu l’idée que les Nations Unies avaient un rôle à jouer afin d’aider les 

parties hostiles à parvenir à un accord et de mettre fin aux conflits violents par le biais de la diplomatie. Il a fondé 

son argument en faveur de l’engagement des Nations Unies dans le rétablissement de la paix sur le chapitre vI de

la Charte des Nations Unies. Il a considéré que les Nations Unies pouvaient mettre à profit leurs bons offices afin 

de parvenir à la négociation d’un accord entre deux parties à un conflit, qu’il s’agisse de guerres entre États ou de 

conflits  internes.  Les diplomates,  qu’ils  appartiennent  aux Nations Unies  ou qu’ils  soient  commandités par  elles, 

peuvent recourir à la négociation et à la médiation afin de mettre fin aux conflits3. Le recours aux soldats de la paix

constitue l’un des nombreux outils fréquemment utilisés afin de ramener la stabilité dans des sociétés frappées par 

la guerre. Le Secrétaire général Boutros-Ghali a toutefois identifié des lacunes au niveau des méthodes appliquées 

en vue de rétablir la paix dans des nations en proie à des conflits violents. Le rétablissement de la paix peut mettre 

temporairement fin à un conflit alors que les soldats de la paix assurent la sécurité, mais il reste beaucoup à faire 

pour qu’une nation retrouve une société pacifique et fonctionnelle une fois la sécurité rétablie. C’est là que réside le 

rôle de la consolidation de la paix après un conflit. 

Le Secrétaire général Boutros-Ghali n’était pas le premier à introduire le terme « consolidation de la paix » au 

sein de la communauté internationale. L’intellectuel norvégien Johan Galtung — que beaucoup considèrent comme le 

fondateur des études sur la paix et les conflits — a introduit le terme « consolidation de la paix » en 1976. Galtung 

avait été directement témoin de la guerre. En effet, il a vécu enfant dans la Norvège occupée par les nazis. Après 

2) Assemblée générale des Nations Unies et Conseil de sécurité des Nations Unies, L’Agenda pour la paix : Diplomatie préventive, rétablissement de a paix et maintien de la paix, Rapport du Secrétaire général, A/47/277-S/24111, 17 juin 1992, sect. vI, para. 56.

3) Assemblée générale des Nations Unies et Conseil de sécurité des Nations Unies, L’Agenda pour la paix, sect. vI, para. 37.

Le Conseil économique et social

(ECOSOC) examine l’Agenda pour

la paix. De gauche à droite : Nitin

Desai, Secrétaire général adjoint à

la coordination des politiques et au

développement durable ; S.R. Insanally

(Guyane), Président de l’Assemblée

générale ; Le Secrétaire général

Boutros Boutros-Ghali ; Ambassadeur

Richard Butler (Australie), président

de l’ECOSOC. 28 juin 1993. Photo ONU

#286691 par UN Photo.

Page 17: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

17

avoir obtenu deux doctorats et enseigné pendant de nombreuses années, Galtung a entamé des recherches et a

enseigné dans le domaine des études sur la paix. Galtung n’a toutefois jamais pu dissocier la paix de la guerre.

Dans une publication de 1968, Galtung écrivait  «  les  sciences  sociales  ont  apporté davantage de  connaissances 

sur la guerre que sur la paix »4. Dans son esprit, la paix représentait davantage que la simple absence de guerre.

Dans cette même optique, il ne pouvait pas distinguer complètement la paix de la violence. Il a déclaré que « les 

termes ‘paix’ et ‘violence’ [sont] liés l’un à l’autre de sorte que la ‘paix’ peut être considérée comme ‘l’absence de

violence’ »5.

Section 1.3 Théories à la base du concept de consolidation de la paix

Nombre d’intellectuels et d’acteurs de la consolidation de la paix estiment que la consolidation de la paix ne

jouit pas de fondements théoriques. Toutefois, cette affirmation n’est pas tout à fait exacte : en effet, il existe de 

nombreux concepts théoriques associés à la consolidation de la paix.

Comme mentionné précédemment, Johan Galtung est l’un des premiers chercheurs dans le domaine de la

paix et ses théories méritent d’être davantage examinées. Avant d’aborder les théories de Galtung relatives à

la consolidation de la paix, il est important de comprendre certains des autres concepts qu’il a développés. Ces

concepts englobent la violence directe et structurelle ainsi que la paix positive et la paix négative. La violence directe

est définie comme les actions entreprises soit par le recours à la force soit par la menace du recours à la force en 

vue d’engendrer un préjudice physique. La violence directe peut comprendre le meurtre, le viol, les agressions

sexuelles, la torture ou le passage à tabac6. Par opposition, Galtung considérait la violence structurelle comme

une injustice sociale. Le Dr Denis Sandole, Professeur en analyse et en résolution de conflits à l’Université George 

Mason aux États-Unis, a affiné les idées avancées par Galtung en définissant la violence structurelle comme « une 

situation dans laquelle les membres de certains groupes nationaux, ethniques, raciaux, religieux, de classe, de

genre, professionnels, régionaux et d’autres groupes ‘minoritaires’ se voient refuser l’accès aux ressources politiques, 

sociales, économiques, éducationnelles et sécuritaires ainsi qu’à d’autres ressources typiquement administrées et

détenues par les groupes dominants traditionnels »7.

Selon Galtung, la violence directe tue rapidement alors que la violence structurellement tue lentement8. Il

est facile de comprendre la violence directe. Les guerres constituent des actes de violence directe, tout comme

l’affrontement physique entre deux individus ou deux groupes. La violence structurelle constitue pour sa part une 

forme de violence silencieuse et souvent invisible. Galtung se réfère à la violence structurelle comme à une injustice 

ou une inégalité engendrée par les institutions sociales. Le racisme, l’ethnocentrisme, l’élitisme, le sexisme ou le

nationalisme constituent donc autant des formes de violence structurelle dans la mesure où ils contestent le droit

d’un ou de plusieurs groupes d’individus à satisfaire leurs besoins fondamentaux. Cela peut inclure le fait d’empêcher

l’accès à une alimentation de qualité, à l’eau potable, aux soins de santé, à l’éducation ou à d’autres services sociaux. 

La violence structurelle se manifeste partout dans le monde. Les Albanais du Kosovo ont subi une violence

structurelle  infligée par  le gouvernement yougoslave. Un rapport de 2012 a  révélé que  le gouvernement kenyan 

empêchait activement certains groupes minoritaires au sein du pays d’accéder à la citoyenneté ou à la représentation,

leur interdisant ainsi l’accès aux services gouvernementaux de base. Les Tamouls au Sri Lanka, le système de castes 

4) Johan Galtung, Peace : Research, Education and Action, Essays in Peace Research, vol. 1 (Copenhague : Christian Ejlers, 1975), 29.5)   Johan Galtung, « Violence, Peace and Peace Research », Journal of Peace Research, vol. 6, no. 3, 1969, 168.6) Johan Galtung, Peace, War and Defense : Essays in Peace Research, vol. 2 (Copenhague : Christian Ejlers, 1976), 308.7) Dennis J. D. Sandole, Peacebuilding : Preventing Violent Conflict in a Complex World (Cambridge : Polity Press, 2010), 60.8) Galtung, Peace : Research, Education and Action.

Page 18: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

18

en Inde, les Afro-Américains aux États-Unis et les Indiens autochtones en Amérique centrale et du sud sont autant

d’exemples de populations victimes de l’une ou l’autre forme de violence structurelle. Il existe partout dans le monde

des exemples de politiques visant à empêcher certaines populations d’exprimer leur plein potentiel et pratiquement

aucune nation ne fait exception.

En poursuivant son analyse portant sur la paix, Johan Galtung a développé de nouveaux concepts liés à la

consolidation de la paix : la paix positive et la

paix négative. La paix négative constitue,

selon  Galtung,  «  l’absence  de  violence 

organisée entre des groupes humains

majeurs tels que les nations, mais également

entre des groupes raciaux ou ethniques »9.

L’action des soldats de la paix est

généralement  couronnée  de  succès  lorsqu’il 

s’agit de traiter des situations de paix

négatives. Par exemple, après  la conclusion 

d’un accord diplomatique entre deux groupes

ou nations, des soldats de la paix peuvent

être déployés afin de mettre fin à la violence 

directe. Par le biais de l’intervention des

soldats de la paix, l’absence de violence

implique qu’une paix négative a été atteinte.

Toutefois,  cela  ne  signifie  pas  qu’une  paix 

positive  soit  atteinte  et  cela  ne  signifie  pas 

non plus la fin de la violence structurelle. 

La paix  positive  appelle  à un « modèle 

de coopération et d’intégration entre des groupes humains majeurs »10. La paix négative et la paix positive sont des

concepts importants pour les acteurs de la consolidation de la paix. Lorsque les hostilités directes prennent fin (c.-

à-d. lorsque la violence directe prend fin), la paix négative est atteinte. Toutefois, l’obtention d’une paix négative ne 

traite pas les causes profondes du problème ayant engendré la situation d’hostilités ouvertes. Une paix positive ne 

peut s’instaurer qu’à travers une analyse approfondie et une grande coopération entre les parties au conflit. La paix 

positive recouvre de nombreux aspects, notamment la réconciliation des différentes opinions des groupes impliqués, 

la fin de la discrimination et l’ouverture de l’accès aux ressources et aux programmes gouvernementaux. Toutefois, 

il n’existe pas deux conflits similaires. Chaque conflit comporte des aspects uniques et spécifiques. Un agent de la 

consolidation de la paix doit donc procéder à une analyse minutieuse et détaillée afin d’identifier les causes sous-

jacentes du problème. L’atteinte d’une paix positive signifie que les causes profondes du conflit ont été traitées et 

résolues et ce processus demande du temps.

Dans son article « Violence, Peace, and Peace Research », Galtung a décrit les relations entre la violence directe 

et structurelle et la paix négative et positive (voir la figure 1-1)11. La fin de la violence directe peut mener à la paix 

négative alors que la fin de la violence structurelle peut amener la paix positive. La paix positive peut être atteinte 

uniquement en mettant fin à la violence structurelle et en identifiant et en résolvant les causes profondes du conflit. 

9) Galtung, Peace : Research, Education and Action, 29.10) Galtung, Peace : Research, Education and Action, 29.11)  Galtung, « Violence, Peace and Peace Research ».

Figure 1-1

Violence

Personnelle

(Directe)

Structurelle

(Indirecte)

Absence de violence personnelle

ou

Paix négative

Absence de violence structurelle

ou

Paix positive

Paix

(Également appelée

« injustice sociale »)

(Également appelée

« justice sociale »)

Source : Johan Galtung, « Violence, Peace, and Peace Research », Journal of

Peace Research, vol. 6, no. 3, 1969, 182.

Les concepts élargis de violence et de paix selon Johan

Galtung

Page 19: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

19

La paix négative est en réalité une fausse paix. Même en l’absence de meurtres, de mutilations ou de torture, la

population peut continuer à souffrir. La paix positive doit être atteinte en déterminant les causes profondes du conflit 

ainsi qu’en travaillant étroitement avec les parties au conflit en vue de résoudre leurs différends. La paix positive ne 

peut être obtenue que lorsque les parties elles-mêmes parviennent à une solution, mais les acteurs internationaux

peuvent toutefois jouer un rôle important dans l’identification de ces différends. 

La majorité  des  conflits  violents  prennent des  années 

avant d’émerger et il faut également de nombreuses

années avant de parvenir à les résoudre. Le président serbe

Slobodan Milosevic a mobilisé le nationalisme serbe contre

les musulmans le 28 juin 1989 en rappelant la bataille de

Kosovo Polje en 1389, lors de laquelle les forces turques ont

envahi l’Europe du Sud-est. En substance, le fait d’invoquer

l’histoire a attisé la violence qui a débuté en Bosnie au

début des années 1990 et qui s’est par la suite transformée

en conflit au Kosovo à  la fin des années 1990. De même, 

le  conflit  violent  qui  a  éclaté  au  Rwanda  en  1994  prenait 

sa source à  la fin du 19e  siècle  lorsque  le pouvoir colonial 

allemand avait octroyé des avantages spéciaux au peuple

Tutsi. Le conflit a culminé après l’indépendance du pays en 

1962. En 2019, ni le Kosovo ni le Rwanda n’étaient encore

parvenus à atteindre une paix positive, mais, grâce à l’aide 

de la communauté internationale, les deux pays avancent

dans la bonne direction.

Galtung a développé le concept de consolidation de la paix à travers ses premiers écrits sur la paix, la paix

négative et positive et la violence directe et indirecte (structurelle). Dans un article de 1976 présenté à l’Institut de

recherche sur la paix d’Oslo, Galtung exposait les concepts de maintien de la paix, de rétablissement de la paix et de

consolidation de la paix12. À l’époque, le maintien de la paix constituait un aspect bien connu de la réponse apportée

par  les  Nations  Unies  aux  conflits mondiaux, mais  les  termes  «  rétablissement  de  la  paix  »  et  «  consolidation 

de  la paix » demeuraient  toutefois  inconnus. Le concept de  rétablissement de  la paix —  lorsque des diplomates 

interviennent lors de conflits violents afin de négocier des accords — constituait bien entendu une pratique courante, 

mais celle-ci n’était pas associée au terme de « rétablissement de la paix ». Galtung a donc vu une relation linéaire 

entre le rétablissement de la paix, le maintien de la paix et la consolidation de la paix. Le rétablissement de la

paix correspondait au processus de négociation permettant d’amener les parties au conflit à une certaine forme de 

compréhension et d’accord. Les soldats de la paix créaient  les conditions d’une paix négative en mettant fin à  la 

violence directe. La consolidation de la paix allait plus loin afin d’identifier et de résoudre les causes profondes du 

conflit et d’œuvrer en vue de mettre fin à la violence structurelle et de progresser vers l’atteinte d’une paix positive. 

L’article de Galtung, « Three Approaches to Peace : Peacekeeping, Peacemaking and Peacebuilding » (« Trois 

approches réalistes du problème de la paix : le maintien de la paix, le rétablissement de la paix et la consolidation 

de la paix »), n’a pas joui d’une grande visibilité jusqu’à ce que le Secrétaire général Boutros-Ghali introduise

le concept de « consolidation de  la paix après  les conflits » dans son texte précurseur  l’Agenda pour la paix. La

première édition de l’Agenda pour la paix exposait chacune des trois approches de la paix telles que définies par 

12) Galtung, Peace, War and Defense, 282–304.

Le Secrétaire général Kofi Annan (à gauche) a une

discussion informelle avec Lakhdar Brahimi, son

conseiller spécial, avant son départ d’Irak à la suite de la

mission de crise d’inspection des armes à Bagdad (Irak).

23 février 1998. Photo ONU #1080 par John Isaac.

Page 20: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

20

Galtung — le rétablissement de la paix, le maintien de la paix et la consolidation de la paix. Boutros-Ghali a toutefois 

utilisé le terme « consolidation de la paix après les conflits ». L’Agenda pour la paix stipule « Au lendemain d’une 

guerre internationale, la consolidation de la paix peut prendre la forme de projets concrets de coopération, deux ou

plusieurs pays s’engageant ensemble dans une coopération dont le but ne serait pas seulement de contribuer au

développement économique et social, mais aussi de renforcer la confiance, condition si décisive de la paix »13. Le

concept de consolidation de la paix se concentrait sur les guerres entre États, tout comme les agents du maintien

de la paix l’avaient fait depuis la première mission de maintien de la paix déployée en 1948. De 1992 à 1995, les 

Nations Unies ont été confrontées aux défis associés au maintien de la paix dans le cadre de guerres intra étatiques 

(pour les conflits en Bosnie, au Cambodge, au Rwanda et en Somalie). Les efforts des Nations Unies pour le maintien 

de la paix en Bosnie et en Somalie ont échoué et le Cambodge n’a pour sa part constitué qu’une réussite partielle.

En conséquence, en 1995, le Secrétaire général a publié le Supplément à l’Agenda pour la paix. Le Supplément

décrivait la consolidation de la paix après les conflits comme un processus complexe nécessitant l’intégration aussi 

bien des Nations Unies que des parties au conflit. Boutros-Ghali a compris ce que Johan Galtung décrivait comme la 

violence structurelle et a pris conscience que les programmes soutenus par les Nations Unies devaient répondre aux

préoccupations de la population dans les domaines politiques, économiques et sociaux.

Des questions importantes ont émergé à la fin du 20e siècle quant au rôle des soldats de la paix. Depuis la fin 

de la Guerre froide, les Nations Unies et les forces régionales de maintien de la paix ont commencé à faire face à des

conflits complexes. Nombre de ces conflits étaient des guerres internes (intra étatiques) et non des guerres entre 

États (interétatiques). Les missions de maintien de la paix en Bosnie, au Rwanda et en Somalie ont été soldées par

un échec et de nombreux acteurs de la communauté internationale ont commencé à remettre en cause l’intérêt du

maintien de la paix.

Le Secrétaire général Kofi Annan, qui a  succédé à Boutros-Ghali au poste de Secrétaire général en 1997, a 

demandé à l’ambassadeur Lakhdar Brahimi, ancien premier ministre algérien et Représentant spécial du Secrétaire

général (RSSG) en Haïti, d’analyser les opérations de paix des Nations Unies et de formuler des recommandations

quant à  la  façon dont  les efforts des Nations Unies en matière de maintien de  la paix pourraient être améliorés. 

Lakhdar Brahimi a mené une analyse en profondeur et a soumis son rapport, Étude d’ensemble de toute la question

des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects, au Secrétaire général en août 2000. Au total, le

rapport Brahimi formulait 56 recommandations en vue d’améliorer la performance des opérations de maintien de

La Secrétaire générale adjointe Amina Mohammed

(au centre) est accueillie par David Shearer (au

centre à droite), RSSG pour le Soudan du Sud et

Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan

du Sud (MINUSS), alors qu’elle et sa délégation

arrivent à Juba. Mme Mohammed était dans le

pays pour promouvoir l’importance des femmes

dans la prévention des conflits, la consolidation

de la paix et le développement. 3 juillet 2018.

Photo ONU #767983 par Nektarios Markogiannis.

Page 21: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

21

la paix. Tout comme l’avaient formulé Boutros-Ghali et Galtung, le rapport Brahimi portait sur l’objectif des Nations

Unies visant à apporter la paix dans des sociétés déchirées par la guerre à travers le rétablissement de la paix, le

maintien de la paix et la consolidation de la paix. Le rapport définissait la consolidation de la paix comme « l’action 

menée après les conflits, en vue de reconstituer des bases propres à affermir la paix et de fournir les moyens d’édifier 

sur ces bases quelque chose de plus que la simple absence de guerre »14. En substance, Brahimi recommandait que

les Nations Unies fassent davantage que de simplement atteindre une paix négative et qu’elles luttent en vue de

parvenir à une paix positive.

D’autres chercheurs ont répondu à l’appel du Secrétaire général Boutros-Ghali qui demandait que la consolidation

de la paix soit analysée. L’un des premiers à avoir exploré le concept fut le Dr John Paul Lederach. En tant que

chercheur-praticien, le Dr Lederach a eu l’occasion de travailler en dehors de l' Université Eastern Mennonite aux

États-Unis. Le travail qu’il a réalisé dans de nombreuses zones de conflit lui a permis de développer certaines des 

premières théories relatives à la consolidation de la paix. Dans le premier des six ouvrages qu’il a consacrés à la 

consolidation de la paix, Lederach écrivait : « J’estime que la ‘consolidation de la paix’ représente davantage que la 

simple reconstruction après un accord. La consolidation de la paix s’entend ici comme un concept global qui englobe, 

génère et soutient l’ensemble des processus, approches et étapes nécessaires pour transformer un conflit en une 

relation plus durable et pacifique »15. En substance, selon Lederach, la consolidation de la paix ne doit pas seulement

se concentrer sur les scénarios d’après conflits dans la mesure où les concepts associés à la consolidation de la paix 

peuvent constituer des outils utiles en vue d’aider les nations à éviter les conflits violents. Ce concept a retenu de 

plus en plus d’attention au cours des dernières années. 

Lederach défend l’idée que la réconciliation — la diminution des tensions existant entre les parties à un conflit 

— doit faire partie du processus de consolidation de la paix. Le processus de réconciliation est généralement accepté 

comme un aspect fonctionnel de la consolidation de la paix alors que des approches plus récentes de la consolidation

de la paix tendent à considérer la réconciliation comme un élément de l’état de droit. La réconciliation réunit les

parties autour de la table afin qu’elles discutent, expriment leurs griefs et résolvent leurs différends pacifiquement. 

Elle doit donc faire partie de la consolidation de la paix.

Roland Paris a affirmé que  le  concept de consolidation de  la paix ne disposait d’aucun  fondement  théorique 

et il a formulé un paradigme unique visant à orienter l’action des agents de la consolidation de la paix16. Paris

considérait que les agents de la consolidation de la paix doivent avoir une situation finale précise à l’esprit lorsqu’ils 

travaillent à la reconstruction d’un État et qu’ils doivent œuvrer pour mettre en place une démocratie libérale basée

sur l’économie de marché. Comme exposé dans son article, Paris présentait plusieurs approches alternatives de la

consolidation de la paix. Il a finalement défendu l’idée que les agences et organisations travaillant pour aider un État 

défaillant à se rétablir suite à une guerre doivent lutter non seulement pour construire un État démocratique basé sur

une économie de marché ouverte, mais qu’ils doivent également ralentir le processus, en insistant sur le fait que la

consolidation de la paix requiert au moins 10 années d’efforts de la part de la communauté internationale. 

Dans son ouvrage, Peacebuilding in Post Conflict Societies, Ho-Won Jeong, professeur en analyse et en

résolution de conflits à l’Université George Mason, a déclaré que la consolidation de la paix avait évolué à partir de 

la réponse internationale apportée aux concepts de maintien de la paix et d’aide humanitaire17. Il s’accordait avec le

14) Assemblée générale des Nations Unies et Conseil de sécurité des Nations Unies, Étude d’ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects, A/55/305–S/2000/809, 21 août 2000, 3.

15) John Paul Lederach, Building Peace : Sustainable Reconciliation in Divided Societies (Washington D.C. : US Institute of Peace Press, 1997), Introduction Partie II.

16)  Roland Paris, « Peacebuilding and the Limits of Liberal Internationalism », International Security, vol. 22, no. 2, automne 1997.17) Ho-Won Jeong, Peacebuilding in Post Conflict Societies : Strategy and Process (Boulder, CO et Londres : Lynn Rienner Publishers, 2005).

Page 22: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

22

Secrétaire général Boutros-Ghali quant au fait que la consolidation de la paix venait combler le vide existant entre le

maintien de la paix et le développement durable. Il a également défendu l’idée que nombre d’activités relatives à la

consolidation de la paix manquaient d’orientation ou de vision. De ce fait, les parties impliquées dans un processus

de consolidation de la paix peuvent se voir investir diverses ressources sans engendrer le moindre avantage à long

terme pour le pays où les activités sont menées.

Le Dr Jeong s’accordait également avec Roland Paris quant au fait que la consolidation de la paix ne s’appuyait

sur aucun fondement théorique. Il a également observé qu’il n’existait pas de listes de contrôle applicables dans

le cadre de la consolidation de la paix. Le Dr Jeong a déclaré : « l’objectif de la consolidation de la paix ne réside 

pas seulement dans  le  fait de réduire  les violences physiques et  la souffrance matérielle [violence directe], mais 

également dans l’atteinte de l’autosuffisance [paix positive] »18.

Dans Peacebuilding : From Concept to Commission, Rob Jenkins, professeur en sciences politiques au Hunter

College et au Graduate Center de l’Université de New York aux États-Unis, affirme que le Secrétaire général Boutros-

Ghali s’est concentré uniquement sur la consolidation de la paix après les conflits alors qu’il existe une autre forme 

de consolidation de la paix intervenant avant l’éruption des conflits19. Jenkins avait en partie raison. À l’époque, les

Nations Unies ont essentiellement cherché à mettre fin aux conflits violents résultant de la guerre. L’ancien Secrétaire 

général Boutros-Ghali a en effet reconnu que la consolidation de la paix pouvait prendre place avant l’irruption d’un 

conflit violent, mais il a également déclaré que la consolidation de la paix après les conflits constituait un programme 

sur lequel les Nations Unies pouvaient travailler lorsque des soldats de la paix étaient déployés.

En 1970, Ted Robert Gurr a publié l’ouvrage primé Why Men Rebel20. Gurr a effectué une analyse des guerres 

survenues  au  cours  des 170 années précédentes. Selon  lui,  10 des 17 guerres  les  plus meurtrières  étaient  des 

guerres internes et il a cherché à comprendre pourquoi les populations se rebellaient ou se soulevaient contre les

autorités établies. Gurr a finalement démontré la théorie de la privation relative : la différence entre ce que le peuple 

a (les capacités) et ce que le peuple espère avoir (les attentes) peut constituer un indicateur de violence21.

Toutes les personnes dans toutes les sociétés à travers le monde luttent pour une vie meilleure, mais la vision de

l’avenir d’un individu est tempérée par la réalité. Une personne nourrit généralement des attentes quant à la façon

dont elle pourrait améliorer son existence. Les guerres internes engendrent un déséquilibre au niveau de ce concept.

Selon Gurr,  tant que  la différence entre  les conditions de vie réelles de  la population et  la  façon dont elle aspire 

à vivre reste constante, la probabilité que des violences surviennent est faible. En revanche, une augmentation

de  la  différence  entre  les  capacités  et  les  attentes  peut  conduire  à  la  frustration  et  à  la  violence22. Lorsque les

conditions sociales changent au sein d’un pays, la qualité de vie de la population décline alors que ses attentes

restent constantes, la différence entre la réalité et les attentes devient alors un indicateur de violences futures. Cette 

situation est souvent la conséquence d’injustices sociales ou de ce que Galtung a appelé la violence structurelle.

De même, si les conditions de vie de la population demeurent constantes, mais que les attentes augmentent

(que ce soit en raison de facteurs internes ou externes) sans être comblées, la violence peut alors faire irruption. Ces

dynamiques doivent retenir l’attention des agents de la consolidation de la paix. Il arrive souvent, après un conflit 

violent, que des agents externes de la consolidation de la paix soient déployés dans un pays en vue d’améliorer les

conditions de vie. Les agents de la consolidation de la paix ne doivent pas faire trop de promesses. Les capacités

restent les mêmes alors que les attentes augmentent et cette différence peut également mener à la frustration et à 

18) Jeong, Peacebuilding in Post Conflict Societies, 21.19) Rob Jenkins, Peacebuilding : From Concept to Commission (Londres : Routledge, 2013).20) Ted Robert Gurr, Why Men Rebel (Princeton, NJ, US : Princeton University Press, 1970).21) Gurr, Why Men Rebel, 24.22) Gurr, Why Men Rebel, 37.

Page 23: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

23

la violence. Certains chercheurs se sont référés à la théorie de la privation relative de Gurr comme à la « théorie des 

agents de la consolidation de la paix »23.

Les modèles  de  conflits  développés  par  divers  chercheurs  sont  susceptibles  d’aider  les  futurs  acteurs  de  la 

consolidation de la paix à comprendre leur rôle. Des chercheurs et praticiens ont analysé les concepts avancés dans

l’Agenda pour la paix. Dans Preventing Violent Conflict, un ouvrage commandité par l’Institut des États-Unis pour la

paix, Michael S. Lund s’est concentré à la fois sur la diplomatie préventive et sur le rétablissement de la paix24. Pour

que  les  praticiens  puissent mettre  fin  aux  guerres,  ils  ont  besoin  d’un modèle  de  la  façon  dont  les  guerres  se 

déroulent. La figure 1-2 présente le modèle de Lund. Bien que le modèle explique à quel moment un diplomate peut 

s’engager dans des négociations visant à prévenir un conflit, si  la diplomatie préventive se révèle  inefficace pour 

mettre fin à la violence, les agents du rétablissement de la paix doivent alors trouver une solution au conflit et en 

arriver à déployer des agents du maintien et de la consolidation de la paix. Lund a utilisé l’intérieur de l’arche pour

décrire divers conflits survenus après la Guerre froide. 

Oliver Ramsbotham, Tom Woodhouse, et Hugh Miall ont adopté une approche similaire dans leur ouvrage,

Contemporary Conflict Resolution25. En reprenant les théories de Galtung sur la violence, la guerre et la paix,

Ramsbotham,  Woodhouse  et  Miall  ont  développé  le  modèle  présenté  dans  la  figure  1-3.  La  partie  gauche  du 

diagramme décrit les approches adoptées face à un conflit alors que la partie de droite décrit les approches adoptées 

pour résoudre un conflit violent. Le centre du sablier représente la portée ou l’étendue possible de l’action politique 

ou de la négociation (rétablissement de la paix). C’est lorsqu’un conflit évolue en guerre que l’action politique sera 

la plus limitée. Toute guerre doit un jour prendre fin et le modèle montre donc comment résoudre une guerre. Sur 

23)  George F. Oliver, « Breeding the Phoenix : An Analysis of the Military’s Role in Peacebuilding », Thèse de doctorat, Université George Mason, 2012.24) Michael S. Lund, Preventing Violent Conflict : A Strategy for Preventive Diplomacy (Washington, D.C. : US Institute of Peace Press, 1996).25) Oliver Ramsbotham, Tom Woodhouse et Hugh Miall, Contemporary Conflict Resolution (Cambridge : Polity, 2005).

Source : Créé à partir de l’ouvrage de Lund, Preventing Violent Conflict, 1996.

Imposition de la paix

Maintien de la paix

Après-conflit

Consolidation de la paix

Diplomatie en temps de paix

Diplomatie préventive

Diplomatie de crise

Rétablissement de la paix

Durée du conflit

Guerre

Crise

Paix instable

Paix stable

Cycle de vie d’un conflit

Figure 1-2

Page 24: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

24

la droite du diagramme, il est à noter que la consolidation de la paix peut prendre place aussi bien avant qu’après 

une guerre.

Ramsbotham, Woodhouse, et Miall ne proposent pas de définition de la consolidation de la paix, mais ils affirment 

que « la consolidation de la paix soutient le travail de rétablissement et de maintien de la paix en traitant les causes 

structurelles et les relations à long terme entre les belligérants »26. Contemporary Conflict Resolution analyse ce

modèle dans le détail et aborde chacune des étapes du processus de résolution des conflits. Un chapitre entier est 

consacré à la réconciliation et un autre à la culture. Il s’agit d’un des meilleurs ouvrages relatifs à la résolution de

conflits, sur lequel s’appuient de nombreux cours universitaires à travers le monde. 

Section 1.4 Importance accordée par les Nations Unies à la consolidation de la paix

Comme mentionné dans la section 1.2, le Secrétaire général Boutros-Ghali a introduit le terme « consolidation 

de la paix » au sein du système des Nations Unies. L’échec du système des Nations Unies à gérer les conflits en 

Bosnie (1992-1995), en Somalie (1992-1995) et au Rwanda (1993-1996) est venu menacer les concepts relatifs au

rétablissement de la paix, au maintien de la paix et à la consolidation de la paix après les conflits tels qu’exposés 

dans l’Agenda pour la paix. Les Nations Unies avaient déployé ces trois missions avec l’espoir que l’Organisation

pourrait occuper un rôle plus  important dans  la réponse apportée aux conflits après  la fin de  la Guerre froide. Il 

s’agissait de missions difficiles et les soldats de la paix ont été déployés au milieu de guerres civiles sans bénéficier 

d’une orientation et de capacités adaptées. Ces missions ont donc été des échecs. Le Secrétaire général Boutros-

26) Ramsbotham, Woodhouse et Miall, Contemporary Conflict Resolution, 30.

Différence

Contradiction

Polarisation

Violence

Guerre

Cessez-le-feu

Accord

Normalisation

Réconciliation

Portée de l’action politique

Escalade et désescalade du conflit Approche du conflit

Transformation du conflit

Règlement du conflit

Endiguement du conflit

Règlement du conflit

Transformation du conflit

Opérations de paix

Consolidation de la paix culturelle

Consolidation de la paix structurelle

Rétablissement de la paix

Maintien de la paix

Limitation de la guerre/imposition de la paix

Maintien de la paix

Rétablissement de la paix

Consolidation de la paix structurelle

Consolidation de la paix culturelle

Modèle en sablier de la résolution de conflit

Figure 1-3

Source : Créé à partir de Ramsbothan, Woodhouse et Miall, Contemporary Conflict Resolution, 2005.

Page 25: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

25

Ghali a alors publié le Supplément à l’Agenda pour la paix en 199527. La consolidation de la paix après les conflits 

constituait toujours une partie intégrante de sa vision révisée en matière de réponse apportée aux conflits par les 

Nations Unies.

Les erreurs commises lors des missions en Bosnie, en Somalie et au Rwanda ont contribué à ce que Boutros-

Ghali ne soit pas reconduit pour un second mandant au poste de Secrétaire général. En 1996, l’Assemblée générale

a élu Kofi Annan en tant que Secrétaire général. Annan avait servi en tant que Secrétaire général adjoint pour les 

opérations de maintien de la paix sous Boutros-Ghali et beaucoup le percevait comme ayant joué un rôle honnête dans

le cadre des missions qui s’étaient soldées par un échec. Annan était un diplomate des Nations Unies expérimenté qui

possédait une bonne compréhension du système des Nations Unies. En tant que chef du Département des opérations 

de maintien de la paix (DOMP)28 pendant la période difficile qui a marqué le début des années 1990, Annan a été 

le témoin direct des défis auxquels les opérations de paix étaient confrontées à la suite de la Guerre froide. Tout 

comme Boutros-Ghali, il projetait la mise en place d’une force de maintien de la paix plus active et efficace. Il a été 

profondément marqué par les erreurs commises en Bosnie, en Somalie et au Rwanda. Annan a demandé à Lakhdar

Brahimi de procéder à une étude approfondie des opérations de maintien de la paix des Nations Unies et de formuler

des recommandations en vue d’améliorer la performance des actions menées. Le rapport qui en a découlé, le rapport

Brahimi, contenait 56 recommandations, dont l’une consistait à intégrer la consolidation de la paix dans les missions

de maintien de la paix des Nations Unies.

Le Secrétaire  général  Kofi Annan  a  considéré  que  si  la  tâche  lui  incombait  de  faire  évoluer  le  système  des 

Nations Unies, il aurait alors besoin de données et de recherches solides venant étayer les changements qu’il serait

amené à opérer. Le rapport Brahimi ne constitue qu’une des nombreuses études spéciales commanditées par le

Secrétaire général. Anand Panyarachun, ancien premier ministre de la Thaïlande, a présidé le comité pour Un monde

plus sûr : notre affaire à tous en 2004. Le rapport déclarait que « il faut absolument se pencher sérieusement sur 

les multiples aspects de l’entreprise de consolidation de la paix à long terme, et faute d’investir assez dans cette

entreprise, une reprise du conflit devient probable »29.

Enfin, en préparation du soixantième anniversaire des Nations Unies, le Secrétaire général Annan a publié l’un 

de ses rapports les plus connus, « Dans une liberté plus grande ».

Selon ce document, « Environ  la moitié des pays qui  sortent d’une guerre  retombent dans  la violence dans 

les cinq années qui suivent »30. Le rapport recommandait la création d’une Commission de la consolidation de

la paix (CCP) au sein du système des Nations Unies et d’un Bureau d’appui à  la consolidation de  la paix (BACP) 

complémentaire au sein du Secrétariat. Sur la base de ce rapport et de ces recommandations, le Conseil général

et l’Assemblée générale ont approuvé la création de la CCP et du BACP en décembre 200531. La leçon 3 de ce cours

retrace l’histoire et les réussites de la CCP ainsi que des politiques du BAPC.

27) Assemblée générale des Nations Unies et Conseil de sécurité des Nations Unies, Supplément à l’Agenda pour la paix : rapport de situation présenté par le Secrétaire général à l’occasion du cinquantenaire de l’organisation des Nations Unies, A/50/60-S/1995/1, 25 janvier 1995.

28) Le DOMP a été réorganisé pour devenir le Département des opérations de paix depuis le 1er janvier 2019. 29) Assemblée générale des Nations Unies, Un monde plus sûr : notre affaire à tous, Rapport du Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces,

les défis et le changement, A/59/565, 2 décembre 2004.30) Assemblée générale des Nations Unies, Dans une liberté plus grande : développement, sécurité et respect des droits de l’homme pour tous, Rapport

du Secrétaire général, A/59/2005, 21 mars 2005, 31.31)  Conseil  de  sécurité  des Nations Unies,  « Résolution 1645  (2005) », S/RES/1645  (2005),  20 décembre 2005  ; Assemblée générale  des Nations 

Unies, « Résolution 60/180 », A/RES/60/180, 30 décembre 2005.

Page 26: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

26

Lignes directrices des Nations Unies pour le maintien de la paix et la consolidation de la

paix

Les Secrétaires généraux Boutros Boutros-Ghali et Kofi Annan, ainsi que les rapports publiés par des agents du 

maintien de la paix de premier plan tels que Lakhdar Brahimi et d’autres spécialistes ont contribué au développement

des définitions du maintien de la paix, du rétablissement de la paix et de la consolidation de la paix adoptées par les 

Nations Unies. Il a fallu des années aux Nations Unies pour finalement parvenir à créer une doctrine applicable par 

tous les États membres. Le DOMP a finalement fait paraître sa doctrine en 2008. Les définitions du maintien de la 

paix, du rétablissement de la paix et de la consolidation de la paix ont été intégrées dans le document Opérations de

maintien de la paix des Nations Unies : Principes et orientations (également connu comme la « Doctrine Capstone »). 

Les définitions directement tirées de cette doctrine sont présentées ci-dessous : 

» « Le rétablissement de la paix concerne les conflits en cours et comprend, normalement, des actions diplomatiques visant à mener les parties en conflit à un accord négocié. Le Secrétaire général des Nations Unies peut exercer ses ‘bons offices’ afin de faciliter la résolution d’un conflit suite à une demande du Conseil de sécurité et/ou de l’Assemblée générale ou Le rôle changeant des opérations de maintien la paix des Nations Unies chapitre II bien de sa propre initiative. Les envoyés, les gouvernements, les groupes d’États et/ou les organisations régionales sont susceptibles de participer aux actions du rétablissement de la paix. Le rétablissement de la paix peut également être l’œuvre de groupes non officiels et 

Source : Adapté de DOMP/DAM, Opérations de maintien de la paix des Nations Unies : Principes et

orientations, 2008. Figure 1-4

Page 27: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

27

non gouvernementaux ou d’une personne agissant de manière indépendante.

» Le maintien de la paix est une technique conçue pour préserver la paix, aussi fragile soit-elle, une fois que les combats ont cessé et pour appuyer la mise en œuvre des accords facilités par ceux qui sont chargés du rétablissement de la paix. Fondées sur un modèle, essentiellement militaire, d’observation du cessez-le-feu et d’interposition entre des forces à l’issue d’une guerre entre États, les opérations de maintien de la paix ont intégré au fil des années un ensemble complexe d’éléments civils, militaires et policiers, œuvrant ensemble pour jeter les bases d’une paix durable.

» La consolidation de la paix comprend des mesures ciblées visant à réduire les risques de reprise d’un conflit et à jeter les bases d’un développement durable, notamment à travers le renforcement des capacités nationales en matière de gestion des conflits à tous les niveaux. La consolidation de la paix est un processus complexe de longue durée qui vise à créer les conditions nécessaires pour une paix durable. Les activités de consolidation de la paix visent les causes structurelles profondes d’un conflit armé à travers une approche globale. Les mesures de consolidation de la paix se concentrent sur les enjeux ayant un impact sur le fonctionnement de l’État et de la société. À cet égard, elles cherchent à augmenter les capacités

Olof Skoog (deuxième à partir de la droite), représentant permanent de la Suède auprès de l’ONU et

président de la CCP, prend la parole lors de l’ouverture de la session annuelle de 2015. Également sur

la photo (en partant de la gauche) : Oscar Fernández-Taranco, Sous-Secrétaire général à l’appui à la

consolidation de la paix ; Secrétaire général adjoint Jan Eliasson. 23 juin 2015. Photo ONU #635620

par Mark Garten.

Page 28: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

28

de l’État à accomplir ses fonctions essentielles de façon efficace et légitime »32.

Les étudiants du cours relatif à la consolidation de la paix doivent être en mesure de reconnaître certains des

termes développés par Galtung figurant dans ces définitions. Les termes sont liés à Galtung, mais cette définition de 

la consolidation de la paix comprend d’autres notions telles que la « violence structurelle »  et l’essence même de la 

paix positive.

Il existe une relation étroite entre le rétablissement de la paix, le maintien de la paix et la consolidation de la paix,

ainsi qu’avec la résolution des conflits. Les relations entre ces concepts se chevauchent considérablement, comme 

l’illustre la figure 1-4. Il ne s’agit là que d’un modèle général. Dans la réalité, les conflits peuvent se caractériser par 

un processus évolutif (comme montré par la figure 1-2) allant du rétablissement de la paix à l’imposition de la paix 

et du maintien de la paix à la consolidation de la paix. D’autres conflits peuvent passer directement de la phase de 

rétablissement de la paix à la phase de consolidation de la paix. Il n’existe pas deux conflits similaires. Si le processus 

de consolidation de la paix parvient à faire avancer un pays vers une paix durable,  les efforts de développement 

menés par d’autres nations, organisations internationales et ONG peuvent alors venir aider davantage une nation à

se remettre sur pied.

La figure 1-4 montre clairement que le maintien de la paix fait partie intégrante de la consolidation de la paix. 

Des rapports récents publiés par les Nations Unies et le Secrétaire général ainsi que le travail mené sur le terrain

dans le cadre de plusieurs missions de maintien de la paix démontrent bien ce concept.

Dernières évolutions des Nations Unies en matière de consolidation de la paix

En juillet 2009, le DOMP a publié un nouveau document, L’Agenda pour un nouveau partenariat : un nouvel

horizon pour les opérations de maintien de la paix de l’ONU. Le rapport, généralement dénommé « Rapport nouvel 

horizon », a été élaboré pour faire progresser le maintien de la paix des Nations Unies et tirer profit des progrès 

réalisés grâce au rapport Brahimi. Le Rapport nouvel horizon « appelle à un renouvellement du partenariat pour 

le maintien de la paix des Nations Unies afin de définir un nouvel horizon – une série d’objectifs atteignables dans 

l’immédiat et à long terme – afin d’aider le maintien de la paix des Nations Unies à répondre aux défis actuels et 

futurs »33.

L’un des enjeux cruciaux exposés dans le Rapport nouvel horizon réside dans le rôle joué par les soldats de la

paix dans le processus de consolidation de la paix. Le rapport indique que, dans nombre des missions actuelles, « les 

soldats de la paix jouent le rôle de premiers consolidateurs de la paix »34. Le partenariat associé à ce nouveau

concept  est  spécifiquement  axé  sur  la  consolidation  de  la  paix.  Les  soldats  de  la  paix  doivent  travailler  avec  le 

personnel civil des Nations Unies, d’autres organisations internationales et des ONG.

La section du rapport intitulée « Partenariat dans l’action » identifie trois aspects essentiels et pratiques devant 

intervenir afin d’améliorer  le maintien de  la paix moderne :  le déploiement plus rapide des soldats de  la paix,  la 

clarification des rôles, des missions et de la planification ainsi que la gestion de conflit35. La section portant sur la

clarification des  rôles et missions se concentre sur  les soldats de  la paix devant assurer  la  fonction de premiers 

consolidateurs de la paix.

32) DOMP/DAM, Opérations de maintien de la paix des Nations Unies : Principes et orientations (New York : Nations Unies, 2008), 17–18.33) DOMP/DAM, Agenda pour un nouveau partenariat : un nouvel horizon pour les opérations de maintien de la paix de l’ONU (New York : Nations Unies,

2009), iii.34) DOMP/DAM, Agenda pour un nouveau partenariat, 5. 35) DOMP/DAM, Agenda pour un nouveau partenariat, 18-25.

Page 29: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

29

Le Rapport  nouvel  horizon  s’attache  à  un  terme  relativement  nouveau,  «  le maintien  de  la  paix  robuste  ». 

Les missions de maintien de la paix des Nations Unies sont guidées par les objectifs et missions définies dans les 

résolutions respectives du Conseil de sécurité. Les opérations de paix contemporaines dans des États fragiles ou

défaillants sont susceptibles de comporter un élément de maintien de la paix robuste. Le maintien de la paix robuste

comporte deux composantes. La première concerne l’autorisation de recourir à  la force afin de protéger les civils 

ou d’exécuter le mandat, autorisé en vertu du chapitre vII de la Charte des Nations Unies. La seconde composante

concerne les actions de consolidation de la paix. Selon l’ancien Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien

de la paix Jean-Marie Guéhenno, « de nos jours, le maintien de la paix des Nations Unies ne consiste plus seulement 

à patrouiller le long des lignes de cessez-le-feu, mais implique souvent l’utilisation des forces militaires et le

commencement du travail de construction de la nation afin de rétablir des pays dévastés par des conflits internes »36.

Le Rapport nouvel horizon employait des termes similaires : « les soldats de la paix des Nations Unies jouent un rôle 

essentiel dans la consolidation de la paix après les conflits, dans la création de conditions propices aux activités de 

rétablissement et de développement et dans  l’accomplissement de tâches  indispensables à  la stabilisation et aux 

premiers efforts de consolidation de la paix »37.

L’un des principaux axes du partenariat consiste à instaurer de meilleures relations entre les soldats de la paix et

les agents de la consolidation de la paix. Bien que la consolidation de la paix soit essentiellement une fonction civile,

les soldats de la paix peuvent apporter leur aide dans ce processus. Le Rapport nouvel horizon définit les priorités 

immédiates de la consolidation de la paix en termes de soutien à la sécurité, de processus politiques, de fourniture

de services de base (eau, électricité, soins de santé et éducation), de restauration des fonctions gouvernementales

essentielles et de relance de l’économie38.

Le Rapport nouvel horizon reconnaît le rôle de plus en plus important que les soldats de la paix peuvent jouer

dans la consolidation de la paix et appelle à un partenariat étroit dans l’action. Le partenariat avec les soldats de la

paix implique les civils travaillant pour le DOMP, d’autres agences des Nations Unies, les gouvernements civils locaux,

d’autres organisations internationales, les nations donatrices et les ONG. Tous doivent travailler main dans la main

en appliquant une stratégie intégrée afin qu’une mission de maintien de la paix robuste puisse être couronnée de 

succès. 

Le document New Horizon Initiative : Progress Report No. 2 soulignait et insistait sur l’importance de l’intégration

du maintien de la paix et de la consolidation de la paix39. Ce rapport exposait « trois rôles importants des soldats 

de la paix dans (a) l’aide apportée aux autorités nationales pour articuler les priorités, (b) l’assistance apportée

aux efforts menés par d’autres acteurs et (c)  la mise en œuvre directe d’une série  limitée d’actions »40. La New

Horizons Initiative défend fermement l’idée que le maintien de la paix et la consolidation de la paix se confondent,

d’où le terme « maintien de la paix robuste ». Les rôles joués par le personnel militaire, le personnel civil travaillant 

au sein de la mission des Nations Unies, du personnel civil travaillant pour d’autres agences des Nations Unies,

d’autres organisations internationales et le gouvernement local doivent tous s’inscrire dans une vision commune en

vue d’atteindre les objectifs et tâches futurs de la mission de maintien de la paix des Nations Unies. Un rapport du 

Secrétaire général publié en 2014, Consolidation de la paix au lendemain d’un conflit, déclarait que « La consolidation 

de la paix représente la somme des efforts déployés pour créer les fondations d’une paix durable après un conflit »41.

36)  Jean-Marie Guéhenno, « Contemporary Peacekeeping Is State-Building : The UN Embraces ‘Robust Peacekeeping’, Including Use of Force », European Affairs, vol 7, No 1-2, printemps/été 2006.

37) DOMP/DAM, Agenda pour un nouveau partenariat, 22. 38) DOMP/DAM, Agenda pour un nouveau partenariat, 23. 39) DOMP/DAM, The New Horizons Initiative : Progress Report No. 2 décembre 2011 (New York : Nations Unies, 2011).40) DOMP/DAM, The New Horizons Initiative : Progress Report No. 2, 9.41) Assemblée générale des Nations Unies et Conseil de sécurité des Nations Unies, Consolidation de la paix au lendemain d’un conflit, Rapport du

Secrétaire général, A/69/399-S/2014/694, 23 septembre 2014, para. 3.

Page 30: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

30

En 2015, l’Assemblée générale a établi la CCP, une commission indépendante créée pour analyser l’architecture

de la consolidation de la paix des Nations Unies. La CCP a indiqué que la consolidation de la paix était directement

liée à l’objectif premier des Nations Unies, tel que défini dans la Charte, visant à « préserver les générations futures 

du fléau de la guerre »42. Selon ce rapport, les Nations Unies devraient adopter un regard nouveau concernant la

consolidation de la paix. Nombre d’agences et départements des Nations Unies ont un rôle à jouer, tout comme

d’autres  organisations  internationales,  les  États membres,  les  institutions  financières  et,  plus  important  encore, 

les  nations  affectées.  La CCP et  son  Fonds pour  la  consolidation de  la  paix  (FCP)  ainsi  que  le BACP  constituent 

un  bon  début,  mais  il  est  nécessaire  d’affiner  davantage  l’approche  de  la  consolidation  de  la  paix  des  Nations 

Unies. Le rapport de la CCP insiste sur un certain nombre d’améliorations recommandées43. Ces recommandations

comprennent :

• La  consolidation  de  la  paix  nécessite  l’intégration  de  l’ensemble  du  système  des  Nations  Unies  et  pas 

uniquement de la CCP.

• La CCP doit occuper plus qu’un simple rôle consultatif. Les rôles supplémentaires de la CCP doivent

comprendre davantage d’interactions avec d’autres agences des Nations Unies, notamment le Conseil

de  sécurité,  une  coordination accrue en dehors du  système des Nations Unies,  la  levée de  fonds et  un 

engagement actif dans la planification de la consolidation de la paix. 

• Le Secrétariat doit accroitre le rôle qu’il joue dans la planification stratégique de la consolidation de la paix 

et intégrer davantage d’éléments du système des Nations Unies dans le processus de planification. 

• Le Secrétaire général doit nommer des hauts dirigeants qualifiés pour diriger l’équipe de pays des Nations 

Unies (UNCT) dans le cadre des opérations de paix, y compris les opérations de maintien et de consolidation

de la paix.

• Le Conseil de sécurité et le Secrétaire général doivent travailler plus étroitement avec d’autres institutions

par le biais d’un partenariat. En premier lieu avec la Banque mondiale et les organisations régionales.

• Les Nations Unies doivent trouver des moyens de renforcer le financement de la consolidation de la paix. 

• Les médiateurs des Nations Unies doivent lutter pour parvenir à des accords de paix reflétant l’ensemble 

des parties impliquées dans le processus de consolidation de la paix.

• La consolidation de la paix ne doit plus seulement intervenir dans des situations d’après conflits, mais doit 

également porter plus largement sur la prévention des conflits. 

La consolidation de la paix reste un concept relativement nouveau pour les Nations Unies et des améliorations

sont nécessaires dans ce domaine. Le message transmis par le rapport de la CCP était clair : la consolidation de la

paix constitue une fonction importante du système des Nations Unies. 

Section 1.5 Relation entre consolidation de la paix et développement

La  définition  de  la  consolidation  de  la  paix  intègre  la  notion  de  «  développement  ».  Elle  affirme également 

que la consolidation de la paix constitue un processus à long terme. Cela doit amener à soulever au moins deux

questions : quelle est  la différence entre la consolidation de la paix et  le développement et combien de temps le 

processus de consolidation de la paix doit-il durer ?

42) Nations Unies, Charte des Nations Unies, 26 juin 1945, Préambule. 43) Assemblée générale des Nations Unies, Défi du maintien de la paix Rapport du Groupe consultatif d’experts sur l’examen du dispositif de consolidation

de la paix, A/69/968-S/2015/490, 30 juin 2015, 45–54.

Page 31: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

31

Les  différences  entre  la  consolidation  de  la  paix  et  le  développement  sont  subtiles  et  souvent  difficiles  à 

distinguer. Comme mentionné précédemment, la consolidation de la paix comble l’écart entre le maintien de la paix

et le développement. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) est une agence de grande

importance depuis sa création en 1965. Le PNUD est venu en aide aux peuples désavantagés partout à travers le

monde et, depuis 1990, il s’est axé sur le développement humain en se concentrant sur les individus plutôt que

sur l’aide apportée aux gouvernements nationaux. Le Rapport sur le développement humain de 1990 du PNUD

définissait le développement comme : 

« Un processus qui conduit à l’élargissement de la gamme des possibilités qui s’offrent à chacun. En principe, elles sont illimitées et peuvent évoluer avec le temps. Mais quel que soit le stade de développement, elles impliquent que soient réalisées trois conditions essentielles : vivre longtemps et en bonne santé, acquérir un savoir et avoir accès aux ressources nécessaires pour jouir d’un niveau de vie convenable. Si ces conditions ne sont pas satisfaites, de nombreuses possibilités restent inaccessibles »44.

L’article scientifique publié par Sabina Alkire pour le PNUD en 2010 a établi que le concept de développement 

44) PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 1990 (New York : Nations Unies, 1990), 10.

Les objectifs de développement durable ont remplacé Les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en 2015. Vous

pouvez visiter le site internet des Objectifs de développement durable : <https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/>.

Figure 1-5

Page 32: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

32

était resté globalement inchangé depuis 199045.

Le Secrétaire général Annan a introduit Les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en avril 2000

dans son rapport Nous les peuples : le rôle des Nations Unies au XXIe siècle46. Ce rapport encourageait l’Assemblée

générale à élaborer et à voter une résolution relative à l’amélioration des conditions de vie de tous les peuples à

travers le monde d’ici 2015. Au printemps 2015, les OMD comprenaient :

• L’élimination de l’extrême pauvreté et de la faim,

• Assurer l’éducation primaire pour tous,

• La promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes,

• La réduction de la mortalité infantile,

• L’amélioration de la santé maternelle,

• Combattre le vIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies,

• La préservation de l’environnement, et

• Mettre en place un partenariat mondial pour le développement47.

Les rapports récents de l’Assemblée générale sur les OMD ont indiqué que d’énormes progrès ont été accomplis 

en vue de l’atteinte de chacun de ces objectifs. Un examen des rapports des Nations Unies relatifs à ces objectifs

de développement a démontré l’attention constante portée aux individus plutôt qu’aux États. Dans son rapport de

clôture sur les OMD, le Secrétaire général Ban Ki-moon déclarait :

« Les OMD ont permis de sortir plus d’un milliard de personnes de l’extrême pauvreté, de réaliser des progrès remarquables dans la lutte contre la faim, de permettre à un nombre encore jamais atteint de filles d’aller à l’école et de protéger notre planète. Ils ont engendré des partenariats nouveaux et innovants, ont galvanisé l’opinion publique et montré l’extrême importance de la mise en place d’objectifs ambitieux. En plaçant les personnes et leurs besoins immédiats au premier

45)  Sabina Alkire, « Human Development  : Definitions, Critiques, and Related Concepts », United Nations Development Programme (UNDP) Human Development Reports Research Paper, 7 novembre 2010.

46)  Kofi A. Annan, Nous les peuples : le rôle des Nations Unies au XXIe siècle (New York : Département de l’information des Nations Unies, 2000).47)  Nations Unies, « Les objectifs du Millénaire pour le développement », consulté le 2 août 2018. Disponible à l’adresse suivante : <https://www.un.org/fr/millenniumgoals >.

Une équipe de 30 médecins vietnamiens arrive à Juba

pour commencer son service au sein de la MINUSS. Le

reste du contingent de 63 personnes est arrivé deux

semaines plus tard. C’était la première fois que des

médecins vietnamiens faisaient partie d’une opération

de maintien de la paix des Nations Unies. L’équipe

a remplacé le contingent médical du Royaume-Uni,

qui assurait la santé et le bien-être des soldats de la

paix des Nations Unies à l’hôpital de niveau II de la

base des Nations Unies à Bentiu, au Soudan du Sud.

2 octobre 2018. Photo ONU #781324 par Isaac Billy.

Page 33: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

33

plan, les OMD ont refaçonné la prise de décisions à la fois dans les pays développés et les pays en développement »48.

En septembre 2015, les dirigeants mondiaux se sont à nouveau réunis au siège des Nations Unies à New York 

et ont célébré l’ouverture de la 70e session de l’Assemblée générale. Ils ont applaudi la communauté internationale

pour être parvenue à atteindre nombre des OMD pour la date fixée en 2015, mais ont également appelé à ce que les 

efforts se poursuivent. Le 21 octobre 2015, l’Assemblée générale a adopté une résolution établissant 17 nouveaux 

Objectifs  de  développement  durable  devant  être  atteints  d’ici  2030.  La  figure  1-5  présente  ces  objectifs.  Cette 

attention continue portée au développement, combinée aux efforts soutenus de consolidation de la paix dans des 

États fragiles et défaillants, aura un impact positif sur les conflits à travers le monde. 

Alors que les programmes de développement sont davantage orientés vers les individus, la consolidation de la

paix se concentre pour sa part sur l’aide apportée aux gouvernements nouveaux ou existants afin de concevoir des 

programmes destinés à aider les individus. L’interaction avec le gouvernement local existant constitue un élément

crucial des programmes de consolidation de la paix, aussi bien ceux menés par les Nations Unies que par d’autres

organisations. C’est là une différence majeure entre la consolidation de la paix et le développement. 

L’autre différence porte sur la durée dans le temps. Il n’existe pas de démarcation claire entre le moment où la 

consolidation de la paix prend fin et celui où le développement commence dans la mesure où ces deux concepts se 

chevauchent largement. La même chose est vraie concernant la relation entre le maintien de la paix et la consolidation

de la paix. La figure 1-6 illustre la façon dont ces concepts se confondent. Le maintien de la paix peut avoir une 

portée à court  terme (de 1 à 10 ans) visant à mettre fin aux affrontements et aux conflits violents alors que  le 

développement durable peut prendre 25 ans ou plus. Entre les deux se trouve la consolidation de la paix, qui peut

prendre de 5 à 25 ans avant d’arriver à son terme. Il n’existe pas de règle ou d’échéancier absolus dans ce domaine 

étant donné que chaque processus de consolidation de la paix est différent et présente des caractéristiques propres. 

48) Nations Unies, Rapport sur Les objectifs du Millénaire pour le développement (New York : Nations Unies, 2015), Avant-propos, 2. Disponible à l’adresse suivante : <https://www.un.org/fr/millenniumgoals/>.

Maintien de la paix Consolidation de la paix

Développement Paix durable

Relations entre le maintien de la paix, la consolidation de la paix et le développement

Niv

eau

d’ef

fort

Durée

5 ans 10 ans 25 ans+

Figure 1-6

Page 34: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

34

Section 1.6 Défis en matière de sécurité internationale — États défaillants

Le système de sécurité internationale fait face à de nombreux défis. Des conflits sévissent partout à travers le 

monde. En 2015, la violence qui a éclaté en Ukraine et dans différentes zones d’Afrique a fait la une des médias. 

Des manifestations en faveur de la démocratie ont débuté en Syrie en 2011 et ont conduit à une guerre civile qui

demeurait non-résolue en 2018. En 2016, la BBC annonçait :

« Plus de 250 000 Syriens ont perdu la vie au cours du conflit armé qui a duré quatre ans et demi et avait commencé par des manifestations contre le gouvernement avant de dégénérer un une véritable guerre civile. Plus de 11 millions de personnes ont été chassés de leur foyer alors que les forces fidèles au Président Bashar al-Assad et celles s’opposant à son pouvoir combattaient — ainsi que les militants djihadistes de l’État islamique autoproclamé »49.

En 2017, le nombre de morts s’élevait à plus 400 000. Le système international ne manque donc pas de défis à 

relever.

Le SIPRI Yearbook de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) déclarait que

des tendances positives étaient apparues dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales à l’aube du

21e  siècle, mais que ces  tendances semblent s’être éclipsées50. Le « 2015 Yearbook – Summary »  formulait une 

conclusion tout aussi  inquiétante : «  les premières constatations rapportées au début de l’année 2015 suggèrent 

qu’il y a eu plus de guerres en 2014 qu’au cours de toute autre année depuis l’an 2000. Rétrospectivement, 2014

apparaît comme étant une année particulièrement violente »51. Le résumé se poursuit ainsi : « en regardant l’avenir, 

l’identification des États fragiles pourrait constituer un élément essentiel dans la compréhension des menaces futures 

et dans la préparation d’une intervention appropriée »52.

Comme mentionné précédemment, nombre des problèmes de sécurité auxquels les Nations Unies et d’autres 

organisations régionales sont confrontées surgissent dans des nations fragiles ou défaillantes. Depuis le début du 21e

siècle, les Nations Unies ont accordé une plus grande attention aux États fragiles, défaillants ou en déroute. Ces pays 

constituent les principales sources de conflits du monde moderne.

Après la fin de la Guerre froide, les États-Unis ont été de plus en plus préoccupés par les pays dont les institutions 

étatiques sont défaillantes. Les États-Unis ont déployé d’importants contingents militaires en Somalie et en Haïti et le

nombre croissant d’États ayant émergé à la fin de la Guerre froide est venu accroître leurs préoccupations. En réponse 

à une demande émanant du vice-président américain Al Gore, l’agence centrale américaine de renseignements

(CIA) a financé un groupe d’experts afin qu’ils étudient  la question de  la défaillance étatique. Leurs  troisième et 

dernier rapport fournissait la première liste d’États fragiles et défaillants53. Dans un article, les auteurs de l’étude

déclaraient :

« La défaillance et l’effondrement des États sont de nouvelles appellations désignant une forme de crise politique sévère dont les évènements du début des années 1990 en Somalie, en Bosnie, au Libéria et en Afghanistan sont des exemples. Dans tous ces cas, les institutions de l’État central étaient tellement

Page 35: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

35

affaiblies qu’elles n’étaient plus en mesure de maintenir l’autorité ou l’ordre politique à l’extérieur de la capitale et parfois même pas dans la capitale. De telles défaillances étatiques surviennent généralement dans des situations de conflits civils violents et généralisés, souvent accompagnés de graves crises humanitaires. Ces conditions peuvent précéder ou suivre l’effondrement institutionnel de l’état et sont souvent des facteurs déterminants de cet effondrement. Globalement, elles s’inscrivent toutes dans le cadre d’un syndrome de grave crise politique qui, dans des cas extrêmes, entraîne l’effondrement de la gouvernance »54.

La CIA a créé un groupe d’éminents spécialistes et a demandé à des organisations telles que le Fonds pour la

paix de procéder à des analyses plus poussées des États défaillants. Le Fonds pour la paix, une organisation de

recherche  indépendante et sans but  lucratif qui  travaille dans  le but de prévenir  l’apparition de conflits violents, 

publie chaque année depuis dix ans son Indice des États fragiles (FSI). Le FSI est un « classement annuel de 178 

pays qui se fonde sur les différentes pressions qu’ils subissent et qui impactent leur degré de fragilité »55. Le FSI est

utilisé « afin d’élaborer des idées visant à promouvoir une plus grande stabilité à travers le monde [et de] favoriser 

le dialogue, encourager le débat et surtout aider à orienter les stratégies en vue d’une sécurité durable ». Le site du

FSI du Fonds pour la paix constitue un bon point de départ pour analyser les États concernés par un processus de

consolidation de la paix.

Le FSI du Fonds pour la paix utilise 12 indicateurs permettant de déterminer la fragilité d’un État. Cette

analyse  approfondie  et  précise  utilise  un  logiciel  d’évaluation  des  conflits  (CAST)  afin  d’étudier  les  domaines 

suivants : pressions démographiques, réfugiés et personnes déplacées internes, développement économique, appareil

de sécurité, services publiques, droits de l’homme et état de droit, griefs collectifs et fuite de la population, pauvreté

et déclin économique, légitimité de l’État, élites communautaires et intervention externe. Les analyses combinées

de l’ensemble de ces facteurs fournissent un score relatif à la fragilité d’un État. La communauté internationale se

concentre normalement sur les nations figurant dans le haut du classement (les nations les plus fragiles). En 2018, 

54)  Daniel Esty,  Jack Goldstone, Ted Robert Gurr, Barbara Harff, Pamela T. Surko, Alan N. Unger et Robert Chen, « Failed States and  International Security : Causes, Prospects, and Consequences », 1998.

55)  Fonds pour la paix, « Fragile States Index and CAST Framework Methodology », 13 mai 2017.

Bience Gawanas (à gauche), Secrétaire général

adjoint et conseiller spécial pour l’Afrique,

s’entretient avec Finda Koroma, vice-présidente

de la Commission de la Communauté économique

des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), avant

une réunion tenue dans le cadre des Dialogues sur

l’Afrique 2018 , sur le thème « Appui du système des

Nations Unies à l’opérationnalisation du lien entre

paix, sécurité, droits de l’homme, action humanitaire

et développement en Afrique - en mettant l’accent

sur le Sahel ». 18 octobre 2018. Photo ONU #782806

par Manuel Elias.

Page 36: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

36

les Nations Unies ont mené des activités de consolidation de la paix aussi bien à travers des missions de maintien de

la paix que des missions politiques spéciales dans 8 des 10 pays figurant dans le haut du classement du FSI : Soudan 

du Sud (1), Somalie (2), Yémen (3), Syrie (4), République centrafricaine (5), République démocratique du Congo

(6), Soudan (7) et Afghanistan (9)56. La République centrafricaine est  la seule nation figurant au programme de 

consolidation de la paix des Nations Unies, alors que cinq autres pays ont figuré dans le haut de la liste des États 

fragiles à un moment donné.

Les États fragiles et défaillants constituent un terrain fertile pour l’émergence de conflits violents. Les racines de 

la violence directe et structurelle sont ancrées dans ces pays et les solutions nécessaires vont au-delà de l’instauration

d’une paix négative et impliquent un processus plus complexe d’instauration d’une paix positive. Les participants au

cours sur la consolidation de la paix doivent comprendre le système étatique, la façon dont il a évolué et son impact 

sur d’autres enjeux de sécurité à l’échelle mondiale.

Section 1.7 Évolution du système étatique moderne

Le système étatique moderne s’est mis en place en 1648 

à la suite de la guerre de Trente Ans et de la signature des

traités de Westphalie. La guerre de Trente Ans avait déstabilisé

une grande partie de l’Europe sur le plan économique et

décimé  près  de  la  moitié  de  sa  population.  À  l’époque,  la 

France constituait le pouvoir dominant en Europe : le Cardinal

Jules Mazarin aidé de Jean-Baptiste Colbert a procédé à une

étude économique de l’Europe centrale. Le commerce était

inexistant  en  raison  des  guerres  opposant  les  différentes 

principautés. Il fallait agir pour que l’Europe parvienne à se

redresser. Après près de cinq années de recherche, le Cardinal 

Mazarin  a  proposé  l’adoption  d’un  traité  qui  bénéficierait  à 

tous et mettrait fin aux longues années de guerre. Les Traités 

de Westphalie ouvraient au commerce les principales voies

navigables européennes, établissaient la liberté de religion et

définissaient les différents États d’Europe57.

L’Encyclopédie de philosophie de Stanford donne un

aperçu de l’impact des Traités de Westphalie :

« Le système des États souverains qui s’est imposé en Europe avec les Traités de Westphalie s’est propagé partout dans le monde au cours des trois siècles suivants pour atteindre son point culminant avec le déclin des empires coloniaux européens au milieu du 20e siècle, lorsque l’État est devenu la seule forme de régime politique à couvrir la

56) Les 10 pays occupant le haut du classement sont le Soudan du sud, la Somalie, le Yémen, la Syrie, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, le Tchad, l’Afghanistan et le Zimbabwe. Le Fonds pour la paix, « Indice des États fragiles 2018 », 2018. 

57)  Pierre Beaudry, « The Economic Policy That Made the Peace of Westphalia », 30 mai 2003.

Le Secrétaire général Ban Ki-moon (deuxième à

droite, au premier rang) à l’ouverture du 23e Sommet

de l’Union africaine à Malabo. À la droite de M. Ban se

trouve Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, président de

la Guinée équatoriale. Deuxième à gauche, Nkosazana

Dlamini Zuma, présidente de la Commission de l’Union

africaine. 26 juin 2014. Photo ONU #593272 par

Eskinder Debebe.

Page 37: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

37

totalité de la surface du globe. Aujourd’hui, les normes associées à la souveraineté sont inscrites dans la Charte des Nations Unies »58.

Le  système  étatique  a  évolué  depuis 

la signature des Traités de Westphalie. Max

Weber, philosophe et économiste allemand, a

défini  l’État  comme «  détenant  le monopole 

de l’usage de la force »59. Cependant, un

État est plus que le garant de la sécurité.

Selon Francis Fukuyama, politologue de

l’Université de Harvard,  l’État moderne offre 

un  «  un  exemple  très  attrayant  combinant 

la sécurité matérielle des économies de

marché à la liberté politique et culturelle de la

démocratie libérale »60. Fukuyama reconnaît

par ailleurs que tous les États sont différents 

et  présentent  des  difficultés  et  des  besoins 

spécifiques.  Robert  Rotberg,  universitaire 

américain ayant beaucoup écrit sur les États

défaillants, explique que l’État moderne

existe afin de fournir des biens et services aux citoyens au sein de ses frontières. Les États agissent également dans 

l’intérêt de leurs citoyens en définissant des objectifs nationaux et des politiques économiques. Lorsque des conflits 

surgissent, l’État fournit un outil permettant de statuer sur le différend : la loi. La fonction la plus importante d’un 

État est, selon Rotberg, de garantir la sécurité61.

Ni Fukuyama ni Rotberg n’ont  formulé une définition précise de  l’État. Cela s’explique par  le  fait qu’il existe 

de nombreux types d’États à travers le monde. Toutefois, l’État est généralement considéré comme une entité

politique définie par des frontières géographiques établies par défaut, à la suite de guerres ou d’accords. Au sein 

de ces frontières, l’État édicte des lois qui régissent le comportement de la population et il établit des mécanismes 

de résolution des différends et d’application des  lois. Tous  les États ne garantissent pas  les  libertés associées au 

système étatique moderne. En outre, tous les États ne fournissent pas de services à leurs citoyens. Les États les 

plus performants disposent de systèmes permettant de fournir les services suivants : énergie, eau, assainissement, 

routes, télécommunication, soins de santé et éducation. Des démocraties, des monarchies et même des autocraties

existent dans le monde actuel. Tous les États ne sont pas les mêmes, mais le système étatique est capital. 

Il existe aussi le concept d’État-nation. Quelle est donc la différence entre une nation et un État ? La spécificité 

du concept de nation est fondée sur le terme latin « natio », qui signifie la naissance, la tribu ou la race62. Selon le

dictionnaire Merriam-Webster, une nation constitue « une communauté de personnes composée d’une ou plusieurs 

58)  Dan Philpott, « Sovereignty », dans The Stanford Encyclopedia of Philosophy, 8 juin 2010, ed. Edward N. Zalta.59)  Max Weber, « Politics as a Vocation », 1919. Traduction et introduction par by H. H. Gerth et C. Wright Mills (Philadelphie : Fortress Press, 1965), 2.60) Francis Fukuyama, State-Building : Governance and World Order in the 21st Century (Ithaca, NY : Cornell University Press, 2004), 2.61)  Robert  I. Rotberg, « The Challenge of Weak, Failing and Collapsed States » dans Leashing the Dogs of War : Conflict Management in a Divided

World », eds. Chester Crocker, Fen Olser Hampson et Pamela Aall (Washington D.C. : US Institute of Peace Press, 2007), 84.62)  Peter Ravn Rasmussen, « ‘Nations’ or ‘states’ an attempt at definition », 20 juillet 2001. Disponible en anglais à l’adresse suivante : <https://www.

globalpolicy.org/component/content/article/172/30341.html>.

Vote au premier tour des élections législatives à Bangui, RCA. 22

novembre 1998. Photo ONU #21103 par Evan Schneider.

Page 38: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

38

nationalités et dotée d’un territoire plus ou moins défini et d’un gouvernement »63. Le même dictionnaire définit l’État 

comme un « organe politiquement organisé de personnes occupant généralement un territoire défini »64.

Les différences entre  les États et  les nations peuvent se révéler particulièrement  importantes. Si un État est 

défaillant, est-il possible pour un pouvoir extérieur de reconstruire l’État ou la nation en question ? Il est particulièrement 

important de comprendre  les différences entre État et nation. Un pouvoir extérieur peut certainement aider à  la 

reconstruction des institutions d’un État, mais il ne peut en revanche pas reconstruire les institutions d’une nation.

Seul le peuple de cet État est en mesure de reconstruire les institutions de la nation. Le terme « nation » implique 

que la population d’un État a accepté la notion de l’existence d’un État et a développé un sentiment de fierté et de 

respect à l’égard de cette nation. Le peuple se construit une identité à partir de cette nation.

L’ouvrage de Fukuyama, State-Building : Governance World Order in the 21 st Century, opère une distinction 

entre les concepts d’édification de la nation et d’édification de l’État. Il défend l’idée que le terme « édification de 

la nation » constitue une appellation américaine impropre fondée sur notre héritage culturel. Lorsqu’il s’agit d’aider

un pays à se rétablir après une guerre, le terme « édification de l’État » est plus approprié. Des acteurs extérieurs 

ne peuvent pas construire des nations, ils ne peuvent que fournir un mécanisme d’organisation et de mise en place

d’un État. Fukuyama a écrit que des efforts extérieurs pouvaient aider à construire un État, mais que « si une nation 

parvenait à sortir de ces efforts, il s’agissait davantage d’une question de chance que de planification »65.

Fukuyama a peut-être tort. Une organisation qui aide un État à se rétablir ou à contrecarrer le cours de la

défaillance d’un État peut avoir un impact sur le sentiment de nationalisme. Le fait de promouvoir un sentiment de

nationalisme peut favoriser la création de l’identité d’une nation. Dans le monde post-moderne, les nations n’ont

pas besoin de se construire sur une distinction de sang ou de race. L’identité nationale peut se former à partir de

plusieurs groupes ethniques se rassemblant pour créer une identité nationale propre. Katrina Korostelina, professeur

en analyse et en résolution de conflits l’Université George Mason, expose bien ce fait : « l’élément central du concept 

d’identité nationale réside dans la place des minorités ethniques au sein d’une nation : que celles-ci soient opprimées

par la majorité ou au contraire qu’elles jouissent de la possibilité de préserver leur héritage culturel ethnique »66.

63)  Merriam-Webster, « Nation », consulté le 6 août 2018. Disponible en anglais à l’adresse suivante : <https://www.merriam-webster.com/dictionary/nation>.

64) Merriam-Webster, « State », consulté le 6 août 2018. Disponible en anglais à l’adresse suivante : <https://www.merriam-webster.com/dictionary/state>.

65) Fukuyama, State-Building, 99.66)  Karina V. Korostelina, « Identity Conflicts : Models of Dynamics and Early Warning », dans Handbook of Conflict Analysis and Resolution, eds. Dennis Sandole, Sean Byrne, Ingrid Sandole-Staroste et Jessica Senehi (New York : Routledge, 2009), 110.

Une femme et un enfant au camp de

réfugiés de Za’atri, accueillant des

dizaines de milliers de Syriens déplacés

par le conflit, près de Mafraq, en

Jordanie. 7 décembre 2012. Photo ONU

#537295 par Mark Garten.

Page 39: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

39

Selon Korostolina, les nations peuvent construire leurs identités de différentes façons : ethnique, multiculturelle ou 

civique. Le concept de civisme constitue la notion selon laquelle la population d’un État établit un contrat informel

reconnaissant l’autorité de l’État et que, en retour, l’État accepte leur identité ethnique.

Que se passe-t-il donc lorsqu’une nation ou un État échoue à prendre soin de son peuple ? De quelle façon la

défaillance d’un État peut-elle avoir un impact sur d’autres populations au sein d’autres nations ? Dans son livre,

Fixing Fragile States, Seth Kaplan, chercheur à l’Université Johns Hopkins aux États-Unis, a intégré un chapitre

intitulé « Why Fragile States Matter » (« De l’importance des États fragiles »). Selon Kaplan : 

« Les États fragiles sont largement reconnus comme une menace aussi bien à la sécurité internationale qu’à la sécurité de leurs voisins, ainsi qu’au bien-être de leurs propres peuples. Leurs environnements de non-droit propagent l’instabilité au-delà des frontières, constituent des refuges pour les terroristes, les trafiquants de drogues et les trafiquants d’armes, menacent l’accès aux ressources naturelles et condamnent des millions de personnes à la pauvreté »67.

Kaplan poursuit en déclarant que près de deux milliards de personnes – sur les un peu plus de sept milliards 

d’êtres humains  sur Terre – pâtissent de  situations d’effondrement des  institutions étatiques.  Les  conflits  armés 

touchent  près  des  trois  quarts  de  ces  deux  milliards  de  personnes.  Le  livre  publié  en  2007  par  l’économiste 

britannique Paul Collier, The Bottom Billion, s’intéresse étroitement au 14 % d’êtres humains sur la planète qui sont 

considérés comme étant « en bas »68. Ces personnes sont prises dans de nombreux pièges qui font que leurs États 

demeurent les plus pauvres au monde. Selon Collier, ces personnes vivent essentiellement comme au 14e siècle et 

continuent à régresser. 73 % du « milliard d’en bas » ont enduré une guerre civile ou en subissent toujours une. 

Collier poursuit en disant que l’aide au développement n’est pas la bonne réponse et que la solution réside dans la

bonne gouvernance. Il défend l’idée que les nations développées doivent venir en aide aux nations défaillantes sans

quoi ces dernières ne rentreront jamais dans le 21e siècle. 

C’est pour toutes ces raisons que la communauté internationale a ouvert les yeux sur le problème posé par les 

États fragiles et défaillants. Les États fragiles et défaillants sont la source de conflits violents et la consolidation de la 

paix a un rôle à jouer que ce soit dans la prévention des conflits violents ou dans l’aide apportée pour qu’une nation 

se reconstruise après un conflit.

Une multitude d’acteurs doivent être impliqués pour que le processus de consolidation de la paix soit couronné

de  succès dans des États  fragiles  et  défaillants.  Il  va de  soi  que  les Nations Unies  en  font  partie.  Pratiquement 

toutes les missions de maintien de la paix des Nations Unies prennent ou ont pris place au sein d’un État fragile

ou défaillant. Les efforts de maintien de la paix des Nations Unies sont généralement menés à la suite d’une forme 

ou l’autre de conflit violent. A compter de 2018, les Nations Unies mènent des missions de maintien de la paix au 

sein de 14 États fragiles ou défaillants. Pratiquement toutes ces missions de maintien de la paix comportent une

composante de consolidation de la paix. Toutefois, les Nations Unies ne sont pas la seule organisation impliquée dans

la consolidation de la paix. Des organisations internationales telles que l’Union européenne, l’Organisation du traité

de l’Atlantique Nord (OTAN) et l’Union africaine jouent leur rôle et les ONG jouent également un rôle essentiel.

Section 1.8 Acteurs de la consolidation de la paix 67) Seth D. Kaplan, Fixing Fragile States : A New Paradigm for Development (Westport, CT, US : Praeger Security International, 2008), 2.68) Paul Collier, The Bottom Billion : Why the Poorest Countries are Failing and What Can Be Done About It (New York : Oxford University Press, 2007).

Page 40: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

40

Les Nations Unies et la consolidation de la paix

Comme mentionné précédemment, les Nations Unies constituent un acteur de premier plan dans l’aide apportée

à la reconstruction des nations sortant d’une guerre. Un examen des rapports du Secrétaire général portant sur

toute mission de maintien de la paix spécifique démontre l’engagement des Nations Unies dans la consolidation de 

la paix. Le rapport publié par le Secrétaire général en juillet 2015 sur une de ses missions de maintien de la paix les

plus récentes, à savoir la Mission multidimensionnelle integree des Nations Unies pour la stabilisation en Republique

centrafricaine (MINUSCA), contient des sections décrivant le travail réalisé dans les domaines de la sécurité, de la

gouvernance et des élections ainsi que les programmes relatifs à la situation socio-économique, à l’aide humanitaire

à la justice et à l’état de droit, à la réconciliation et aux droits de l’homme. Le rapport comprend également une

analyse relative au travail du PNUD69.

Dans son rapport de 2014, Consolidation de la paix au lendemain d’un conflit, le Secrétaire général Ban Ki-moon

déclarait : « La consolidation de la paix représente la somme des efforts déployés pour créer les fondations d’une 

paix durable après un conflit. Les activités sont réalisées par  les opérations de maintien de  la paix,  les missions 

politiques spéciales et les équipes de pays des Nations Unies, constituées d’institutions, fonds et programmes ». Le

rapport soulignait également le travail réalisé par certaines ONG70.

Le  système  des  Nations  Unies  est  composé  d’un  large  éventail  d’organisations  susceptibles  d’apporter  leur 

contribution aux processus de consolidation de la paix. Le PNUD en fait partie et d’autres organisations telles que

l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Programme alimentaire mondial (PAM), le Fonds des Nations Unies

pour l’enfance (UNICEF) et l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sont quelques-unes des agences

des Nations Unies impliquées dans la consolidation de la paix. Chacune de ces agences des Nations Unies a son

propre domaine de compétence et travaille à l’échelle mondiale afin d’aider les peuples et les nations à se rétablir 

suite à un conflit violent ou, dans une perspective plus large, afin d’atteindre les Objectifs de développement durable 

et de prévenir les conflits. Comme l’a mentionné le Secrétaire général Ban Ki-moon dans son rapport de 2014 sur la 

consolidation de la paix, ces agences des Nations Unies sont intégrées au sein de l’équipe de pays (UNCT).

Les organisations régionales et la consolidation de la paix

Dans nombre de ses rapports, le Secrétaire général a insisté sur la nécessité de l’aide apportée par les États

membres et les organisations régionales dans le cadre du maintien de la paix. Aussi bien l’UE que l’OTAN se sont

largement impliquées dans l’aide apportée en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo en vue de rétablir des institutions

nationales après les conflits violents qui ont marqué la fin des années 1990. L’OTAN a fourni les soldats de la paix 

alors que l’UE a aidé à rétablir des institutions nationales au sein d’États fragiles.

Depuis que l’Organisation de l’unité africaine est devenue l’Union africaine en 2002, l’organisation régionale a

beaucoup fait pour la prévention et la résolution des conflits en Afrique. L’UA a conçu son Conseil pour la paix et 

la sécurité sur le modèle du Conseil de sécurité des Nations Unies. Sa fonction consiste à promouvoir la paix et la 

sécurité en Afrique. En plusieurs occasions, des forces de maintien de la paix conjointes ONU-UA ont été déployées

côte à côte dans le cadre de missions de maintien de la paix.

L’UA a également mis en place un Cadre pour la reconstruction post-confit et le développement (RPCD). Selon 

l’UA,  «  la  politique  de  l’UA  dans  le  cadre  de  la  RPCD  est  destinée  à  servir  d’orientation  pour  la  formulation  de 

politiques et de stratégies globales qui élaborent des mesures visant à consolider la paix et à prévenir la reprise de

la violence, à promouvoir le développement durable et à tracer la voie vers la croissance et la réhabilitation dans des

69) Conseil de sécurité des Nations Unies, Rapport du Secrétaire général sur la situation en République centrafricaine, S/2015/576, 29 juillet 2015. 70) Assemblée générale des Nations Unies et Conseil de sécurité des Nations Unies, Consolidation de la paix au lendemain d’un conflit, 2.

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LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

41

pays et des régions sortant d’un conflit »71. À travers ce cadre, l’UA a participé à des activités de consolidation de la

paix dans des États fragiles.

D’autres organisations régionales ont également participé à des activités de consolidation de la paix.

L’Organisation des États américains (OEA) a beaucoup œuvré en Haïti et l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est

(ANASE) a travaillé dans des nations déchirées par les conflits telles que le Cambodge et le Timor-Leste. 

La Banque mondiale est probablement la principale organisation à apporter son soutien à la consolidation de

la paix. Elle a créé un Fonds pour les États et la consolidation de la paix (SPF), comparable au FCP. Depuis sa

création en 2008, le SPF a versé 322,7 millions de dollars US à 46 pays afin de les soutenir dans leurs efforts de 

consolidation de la paix. La Banque mondiale travaille en coopération avec d’autres acteurs de la consolidation de la

paix, notamment la CCP72.

L’UE fournit également un appui important aux programmes de consolidation de la paix et d’aide humanitaire.

En 2013, elle a consacré 18,6 milliards de dollars US à l’aide au développement. L’UE a également créé un nouveau

bureau, le Service européen pour l’action extérieure (EEAS), chargé de superviser l’ensemble des actions menées en

dehors de l’UE. Ces activités comprennent les efforts de consolidation de la paix soutenus par l’Union européenne. 

L’UE a joué un rôle actif dans les efforts de consolidation de la paix menés en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo. 

La Mission « état de droit » de l’Union européenne au Kosovo (EULEX) a joué un rôle déterminant pour réinstaurer 

des programmes de promotion de l’état de droit au Kosovo73. EULEX a constitué un des plus vastes efforts entrepris 

par  l’UE en matière de politique étrangère. Malgré des avancées au niveau du système judiciaire, de  la police et 

du système pénal, EULEX n’a pas été une totale réussite. Il existe des points de vue divers quant aux raisons pour 

lesquelles ces efforts ont ou non été couronnés de succès. Quoi qu’il en soi, l’UE a entrepris des actions innovantes 

dans le domaine de la consolidation de la paix. Récemment, la Commission européenne a créé un fonds fiduciaire 

destiné à soutenir les efforts de consolidation de la paix dans le pays74.

Les ONG et la consolidation de la paix

Les ONG existent depuis plus de 100 ans. L’histoire des ONG remonte à Henry Dunant. Après avoir été témoin de 

la bataille de Solferino au cours de la deuxième guerre d’indépendance italienne, Dunant a organisé les femmes de 

la communauté afin de prendre en charge les plus de 23 000 soldats morts ou mourants. Cette expérience a conduit 

à la création du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en 1863. Bien que le CICR soit une organisation

internationale, l’idée d’organisations communautaires venant en aide aux personnes frappées par la guerre a pris de

l’ampleur.

Nombre d’ONG se sont créées au début du 20e siècle en réponse à la Première Guerre mondiale. Depuis lors, le 

nombre d’ONG n’a cessé d’augmenter. Les Nations Unies reconnaissent l’importance du rôle joué par les ONG dans

l’Article 71 de leur Charte. Le nombre d’ONG a particulièrement augmenté au cours des années 1980 et 1990. 

Il est difficile de déterminer  le nombre exact d’ONG œuvrant actuellement à travers  le monde. Il peut s’agir 

de grandes ou de petites structures, locales ou internationales. David Lewis, professeur en politique sociale et en

développement à la London School of Economics au Royaume-Uni, a estimé que le nombre d’ONG pourrait s’élever à

71)  Union africaine, Département pour la paix et la sécurité, « Reconstruction post-conflit et développement (RPCD) de l’Union africaine », 23 novembre 2015.

72)  Banque mondiale, « Fonds pour la construction de la paix et de l’État », consulté le 22 août 2018. Disponible en anglais à l’adresse suivante : <http://www.worldbank.org/en/programs/state-and-peace-building-fund>.

73) EULEx, site internet d’EULEx, consulté le 6 août 2018. Disponible en anglais à l’adresse suivante : <http://www.eulex-kosovo.eu/>.74)  Commission  européenne,  «  La  république  centrafricaine  »,  consulté  le  22  août  2018.  Disponible  à  l’adresse  suivante  : <https://ec.europa.eu/

europeaid/node/97714_en>.

Page 42: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

42

100 00075. Il a également indiqué que les Nations Unies

ont enregistré environ 35 000 ONG actives.

Selon la World Association of Non-Governmental

Organizations, une ONG « est considérée comme toute 

organisation sans but lucratif n’émanant pas d’une entité

gouvernementale ou d’un accord intergouvernemental

et qui est organisée au niveau local, national, sous

régional, régional ou international »76. Les ONG

peuvent prendre tout type de formes et poursuivre

divers objectifs. Elles peuvent aller de grandes ONG

internationales dotées de budgets s’élevant à des

milliards de dollars à des petites ONG travaillant au sein

de  leurs  propres  communautés  et  financées  par  des 

dons de la part de la population locale.

Les 10 principales ONG dans le monde, selon

le classement de NGO Advisor et de The Global Journal,  travaillent  dans  différents  domaines  en  vue  d’aider 

les populations à  travers  le monde. Mercy Corps, une des 10 principales ONG, « a pour vocation d’atténuer  les 

souffrances, la pauvreté et l’oppression en aidant les gens à créer des collectivités sûres, productives et justes »77.

Parmi ses activités, le personnel de Mercy Corps, composé de plus de 4000 employés, aide les réfugiés syriens et

fournit une formation technique précieuse à la population en la République centrafricaine (RCA). Au total, Mercy

Corps travaille dans 47 pays à travers le monde et dispose d’un budget d’un peu plus de 315 millions de dollars US.

Selon Mercy Corps, 87 % de leurs ressources sont consacrées à des programmes destinés à aider les populations78

(une bonne mesure de l’efficacité des ONG consiste à analyser la proportion de leurs revenus consacrée à l’aide aux 

populations. Le Code d’éthique [2014] de la World Association of Non-Governmental Organizations estime qu’il faut

idéalement qu’une proportion dépassant 80 % du total des revenus soit consacrée aux programmes).

Selon The Global Journal, une des principales ONG actives dans la consolidation de la paix est Search for

Common Ground (SFCG). Sa mission est simple : « Mettre fin aux conflits violents. C’est notre objectif — notre appel 

à l’action »79. L’organisation affirme : « au lieu de démolir  le monde existant, nous consacrons notre action à en 

construire un nouveau. Nous y œuvrons à travers une forme de consolidation de la paix appelée transformation de

conflits. Cela signifie que nous cherchons à opérer des changements au niveau des interactions quotidiennes entre 

les groupes de personnes impliqués dans un conflit afin qu’ils travaillent ensemble pour construire leur communauté, 

en optant pour  la résolution conjointe des problèmes plutôt que pour  la violence »80. SFCG n’est pas une grande

organisation. Elle n’emploie qu’environ 450 personnes et son équipe est composée à 83 % de personnel local. La

majeure partie de son action s’inscrit dans le cadre de la réconciliation, mais l’organisation apporte également son

aide dans d’autres domaines. En Sierra Leone, SFCG a aidé à élaborer un plan stratégique pour les élections de

2012. Ce furent les premières élections non violentes dans le pays depuis la fin de la guerre civile. En République 

75)  David Lewis, « Nongovernmental Organizations, Definition and History » dans International Encyclopedia of Civil Society, eds. Helmut Anheier et Stefan Toepler (New York : Springer, 2010), 1056–1062.

76)  World Association of Non-Governmental Organizations, « Connecting & Serving NGOs Beyond Borders », consulté le 22 août 2018. Disponible en anglais à l’adresse suivante : <https://www.wango.org/about.aspx>.

77)  Mercy Corps, « About us », consulté le 22 août 2018. Disponible en anglais à l’adresse suivante : <https://www.mercycorps.org/about-us/>.78)  Mercy Corps, « Financial information and annual reports », consulté le 22 août 2018. Disponible en anglais à l’adresse suivante :    <https://www.mercycorps.org/about-us/financials>.79)  SFCG, « Our Mission », consulté le 22 août 2018. Disponible en anglais à l’adresse suivante : <https://www.sfcg.org/our-mission/>.80)  SFCG, « Our Mission ».

Le drapeau de la République du Zimbabwe (à droite)

flottant au siège des Nations Unies à New York. 14 juillet

2016. Photo ONU #685716 par Loey Felipe.

Page 43: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

43

démocratique du Congo (RDC), SFCG œuvre pour résoudre  le problème de  la violence sexuelle et au Népal, elle 

promeut l’égalité des femmes. SFCG est l’une des ONG les plus innovantes dans l’identification et la résolution des 

causes profondes des conflits. 

BRAC est une autre ONG jouissant d’une grande reconnaissance. En mars 2018, NGO Advisor, une organisation

indépendante qui accompagne le secteur non lucratif, a désigné BRAC comme ONG de l’année dans le domaine du

développement, pour la troisième année consécutive. BRAC dispose d’un budget opérationnel annuel de plus d’un 

milliard de dollars US. Le Dr Muhammad Musa, Directeur exécutif de BRAC, a déclaré :

« Notre dynamisme est l’une de nos principales forces… BRAC va au-delà de la définition traditionnelle des ONG et a développé un modèle unique et intégré afin d’engendrer un changement social positif, notamment à travers des programmes de développement, des entreprises sociales, des investissements et l’université. L’année 2017 a constitué un jalon dans l’action de BRAC puisque nous avons également étendu notre action à la gestion de crises humanitaires afin de porter secours aux près d’un million de ressortissants du Myanmar contraints au déplacement, les Rohingyas, et arrivant dans le sud du Bangladesh. Nous continuerons à évoluer et à nous concentrer sur une approche de développement humanitaire, afin de maximiser l’impact de notre action aussi bien pour les personnes déplacées que pour les communautés d’accueil. À long terme, nous visons à mettre notre expertise à profit afin d’aider les populations frappées par des crises partout dans le monde »81.

Les ONG ne sont pas  la panacée en termes de résolution de conflits et de consolidation de  la paix. Dans un 

chapitre du livre publié par l’institut des États-Unis pour la paix (USIP), Leashing the Dogs of War, Diana Chigas,

une chercheuse de l’Université Tufts aux États-Unis, a affirmé que certaines ONG pouvaient faire davantage de mal 

que de bien. Un des chapitres louait l’action des ONG tout en la critiquant. Selon Chigas, les conflits ne peuvent pas 

laisser de place aux amateurs, souvent recrutés au sein des ONG. Par définition,  les ONG sont des organisations 

indépendantes qui travaillent pour le compte de leurs organismes donateurs. Elles ne coordonnent souvent pas

leurs programmes avec les autres ONG ni même avec le gouvernement national. Les ONG travaillant au sein d’un

pays particulier n’ont souvent pas d’orientation stratégique. Chigas et d’autres spécialistes82 affirment que le fait de 

s’appuyer sur les ONG induit une dépendance vis-à-vis de la communauté des ONG plutôt qu’à l’égard des systèmes 

étatiques. Dans leur article « The New Colonists », Michael Cohen, Maria Figueroa Küpçü et Parag Khanna écrivaient 

que, après la fin de la guerre civile au Cambodge en 1991, le gouvernement cambodgien a délégué la fourniture 

de soins médicaux aux ONG83.  Le  travail effectué par  les ONG dans ce domaine est  tellement efficace, écrivent-

ils,  qu’«  il  est  difficilement  imaginable  que  le  gouvernement  reprenne  bientôt,  voire  jamais,  la  charge  de  cette 

responsabilité »84.

81)  BRAC, « BRAC ranked top global NGO of 2018 », 26 mars 2018. Disponible en anglais à l’adresse suivante : <http://www.brac.net/latest-news/item/1145-brac-ranked-top-global-ngo-of-2018>.82)  E.g. Michael Cohen, Maria Figueroa Küpçü et Parag Khanna, « The New Colonialists », Foreign Policy, 7 octobre 2009.83)  Cohen, Küpçü et Khanna, « The New Colonialists ».84)  Cohen, Küpçü et Khanna, « The New Colonialists ».

Page 44: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

44

La conclusion est que les ONG peuvent avoir des impacts aussi bien positifs que négatifs lorsqu’il s’agit d’aider

des  États  fragiles  à  sortir  d’un  conflit.  Leur  travail  est  en majorité  bénéfique, mais  est  susceptible  d’engendrer 

des  problèmes  de  dépendance.  En  Afghanistan,  les  ONG  fournissent  80 %  des  services,  ce  qui  était  source  de 

préoccupations pour l’ancien président afghan Hamid Karzai85. Oliver Richmond, de l’Université de Manchester au

Royaume-Uni, a publié plusieurs ouvrages consacrés à la consolidation de la paix et a bien résumé le rôle des

ONG : « la recherche de nouvelles approches qui apparait implicitement dans l’Agenda pour la paix, notamment à

travers la diplomatie préventive et la vaste utilisation par les Nations Unies de formes plus larges de maintien de la

paix complétées par des approches de consolidation de la paix en vue de stabiliser les conflits, a conduit à prendre 

conscience du fait que la communauté des ONG peut être amenée à jouer un rôle crucial »86.

Programmes nationaux soutenant la consolidation de la paix

Les ONG et les organisations régionales ne sont pas les seules à aider les États fragiles et défaillants à se

reconstruire après un conflit et à prévenir les conflits. Nombre de nations à travers le monde consacrent également 

d’importantes sommes d’argent afin d’aider les États fragiles. Des organisations telles que l’Agence des États-Unis 

pour le développement international (USAID), Affaires mondiales Canada (AMC), l’Agence japonaise de coopération 

internationale (JICA) et le ministère britannique du Développement international (DFID) consacrent d’importantes 

sommes d’argent pour aider au développement à travers le monde. Il est difficile de calculer exactement le total 

de l’aide apportée par les pays, mais la figure 1-8 donne un bon aperçu des sommes consacrées aux programmes 

d’aide et de développement. Nombre de ces pays développés concluent des contrats avec des ONG afin d’aider les 

États qui nécessitent un appui en termes de consolidation de la paix. Au Japon, par exemple, la JICA contribue à la

paix et à la stabilité dans des pays tels que l’Afghanistan et le Pakistan, qui se sont engagés dans un processus de

consolidation de la paix et de reconstruction. La JICA travaille également activement au Sri Lanka, où le processus

de développement progresse depuis la fin du conflit civil en 2009, et au Népal, où elle travaille en vue de construire 

la nation et de formuler une nouvelle constitution87. Affaires mondiales Canada se concentre sur la consolidation de 

la paix à travers son Programme pour la stabilisation et les opérations de paix (PSOP) : « PSOPs appuie les efforts 

du Canada au sein de l’ONU, y compris au Conseil de sécurité et, le cas échéant, en vue de renforcer la capacité et

l’efficacité des opérations de paix de l’ONU, réformer les pratiques collectives de maintien de la paix et de consolider 

de la paix et favoriser un ordre international fondé sur des règles »88.

Tableau 1-1 : Top dix des donateurs pour l’aide extérieure, 201689

Classement Pays AOD *

1 États-Unis 33 589 $

2 Allemagne 24 670 $

3 Royaume-Uni 18 013 $

4 Japon 10 368 $

5 France 9 501 $

6 Pays-Bas 4 988 $

7 Suède  4 870 $

8 Italie 4 856 $

9 Norvège  4 352 $

85)  Cohen, Küpçü et Khanna, « The New Colonialists ».86)  Oliver Richmond, « Post-Westphalian Peace-Building : the Role of NGOs », dans Martin Journal of Conflict Resolution (Moscou : University de l’Idaho,

2001), 6.87)  JICA, « Asie du sud : Coopération pour une croissance à long terme intégrant la diversité de la région », Rapport annuel de la JICA 2014, 37.88)  Gouvernement du Canada, AMC, « Programme pour la stabilisation et les opérations de paix », 18 octobre 2018. 89)  OCDE, « L’aide au développement augmente de nouveau en 2016 », 11 avril 2017.

Page 45: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

45

10 Espagne 4 096 $

Section 1.9 Avenir de la consolidation de la paix

Après avoir analysé la façon dont le concept de consolidation de la paix est né, il est important de se tourner 

vers  l’avenir et de voir vers quoi  il est possible d’aller. Vous déjà pris connaissance des diverses définitions de la 

consolidation de la paix et des multiples communautés qui travaillent dans ce domaine. Alors que vous poursuivrez

la lecture de ce cours, les contradictions entre les différentes approches adoptées en matière de consolidation de la 

paix apparaîtront comme évidentes. Ceci étant dit, le concept de consolidation de la paix commence à s’implanter et

à prendre de l’ampleur.

Certaines organisations souhaitent que le concept de consolidation de la paix reste vague, tandis que d’autres

voudraient un concept plus défini et homogène. Un nombre croissant d’organisations prend conscience de l’intérêt 

de combiner les efforts en vue d’aider une nation à se rétablir suite à une guerre. Au lieu de diminuer, le nombre 

de guerres — en particulier de guerres internes ou civiles — demeure constant ou légèrement en hausse. Le SIPRI

Yearbook 2017 alerte quant au fait que les guerres, en particulier les guerres sociales, continuent de progresser90. Il

mentionne que « l’augmentation du nombre de conflits ces dernières années [2014-2016] est en grande partie due 

à la propagation de l’État islamique (groupe salafiste djihadiste), qui transforme souvent des conflits actifs, ce qui a 

pour conséquences que ceux-ci sont considérés comme de nouveaux conflits »91. Sur les 49 conflits armés actifs en 

2016, 47 étaient des conflits interétatiques92. Cela fait quatre décennies que la situation demeure inchangée avec

plus 40 conflits armés éclatant chaque année (voir la figure 1-7). Selon le rapport 2017 de l’Institut de recherche sur 

la paix d’Oslo (PRIO), « Trends in Armed conflict » (tendances en matière de conflits armés), « le nombre de conflits 

90) SIPRI, SIPRI Yearbook 2017 (Oxford : Oxford University Press, 2017).91) SIPRI, SIPRI Yearbook 2017, 27.92) SIPRI, SIPRI Yearbook 2017.

*AOD signifie « aide officielle au développement nette », millions de dollars US

Source : Dupuy et al., « Trends in Armed Conflict, 1946–2016 », PRIO, 2017, 3.

Figure 1-7

Page 46: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

46

armés dans le monde en 2016 était de 49… plus de 102 000 personnes ont été tuées en conséquence directe des 

conflits armés en 2016, ce qui constitue un déclin par rapport aux 131 000 morts de 2014 et aux 119 000 de 2015. 

Pourtant, le niveau de violence actuellement observé est plus important qu’il ne l’a jamais été depuis la fin de la 

Guerre froide, 2016 ayant été la cinquième année la plus meurtrière depuis 1989 »93.

Le nombre de conflits armés va continuer à générer des efforts de consolidation de la paix à travers le monde 

lorsque  les conditions se prêtent à mettre en œuvre de  telles activités. La médiatisation de  la souffrance et des 

morts endurées par les peuples peut permettre de stimuler les efforts visant à mettre fin aux affrontements et à 

avancer vers la reconstruction après les conflits. En 2018, l’attention de la communauté internationale s’est portée 

sur la détresse des Rohingya au Myanmar, les problèmes du peuple syrien et les troubles au Mali. Les accords de 

paix jouent un rôle important au sein de la communauté internationale et, lorsqu’ils sont conclus, les peuples et

les gouvernements du monde répondent par un engagement à apporter leur aide. L’argent constitue un facteur

déterminant de la consolidation de la paix. Cela coûte cher d’aider une nation à se rétablir suite à une guerre,

mais les fonds affluent lorsque l’on parvient à éveiller  l’intérêt à mettre fin à un conflit violent. Les organisations 

internationales, les gouvernements nationaux et les citoyens contribuent à aider les peuples à se rétablir. C’est

l’expression du meilleur de la nature humaine.

Toutefois, la même chose n’est pas vraie concernant la prévention des conflits. Premièrement, les conflits sont 

difficiles à prédire. Même la fragilité d’un État ne constitue pas un indicateur exact de la survenue de conflits armés 

futurs. La liste FSI de 2018 plaçait le Zimbabwe comme le dixième État le plus fragile dans le monde. En 2016, le 

Zimbabwe occupait la seizième place dans le classement des nations les plus fragiles et apparaissait en quatrième 

place en 2010. Dans les années 1970, le Zimbabwe a connu une guerre civile qui a porté Robert Mugabe au pouvoir.

En 2017, un coup d’État a permis de renverser Mugabe. Le Zimbabwe est sans aucun doute un pays qui fait face à

d’importantes difficultés. Le long règne de Mugabe a été marqué par l’hyperinflation et des sanctions internationales. 

En 2014, l’UE a levé les sanctions et a fourni une aide de 234 millions € au Zimbabwe pour la période allant de 2014 à

202094. À présent que Mugabe n’est plus au pouvoir, il est possible d’espérer une transition démocratique. L’UE reste

toutefois prudente quant au fait d’engager son aide au profit du Zimbabwe. En avril 2018, le Commissaire européen 

à la coopération internationale et au développement a effectué une visite dans le pays et s’est engagé à investir 23 

millions € dans le domaine de la santé, avec des ONG qui se chargeront d’accomplir la majeure partie des activités95.

Le Zimbabwe était considéré par certains analystes comme un terrain propice à une guerre civile, mais c’était

avant que Mugabe ne soit forcé à quitter la présidence. La situation du Zimbabwe constitue un bon exemple de

la  difficulté  de  prédire  les  conflits  armés.  Les  organisations  internationales  ont moins  tendance  à  consacrer  des 

ressources,  aussi  bien  humaines  que financières,  à  la  prévention  des  conflits  armés.  Pour  que  les  organisations 

internationales agissent, il faut que la crise ait éclaté et qu’elle soit médiatisée : une crise purement hypothétique ne

suscitera pas d’actions. L’aide au développement, pour sa part, se concentre souvent sur des projets à petite échelle

qui ne confluent pas vers la mise en place d’une stratégie gouvernementale cohérente de la nation hôte96. Le Bureau

américain des conflits et des opérations de stabilisation concentre son action sur la prévention des conflits. Toutefois, 

cette organisation a rencontré des difficultés à s’assurer un financement. Il semble que le financement accordé à la 

prévention de conflit ne soit pas de la même importance que lorsqu’il s’agit d’aider une nation à se rétablir suite à 

une guerre.

93)  Institut de recherché sur la paix d’Oslo, « Trends in Armed Conflict », 2017.94)  David Smith, « EU resumes aid to Zimbabwe as relations with Robert Mugabe thaw », The Guardian, 18 février 2015. 95)  Commission européenne, « L’UE est prête à accélérer son soutien au Zimbabwe au cours de son processus de transition », 9 avril 2018. 96)  Michael Lund, « Conflict Prevention : Theory in pursuit of policy and practice » dans The SAGE Handbook of Conflict Resolution, eds. Jacob Bercovitch,

victor Kremenyuk et I. William Zartan (Londres, Thousand Oaks, New Delhi et Singapore : SAGE Publications, Ltd., 2009), 273–307.

Page 47: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

47

Les ONG sont généralement davantage engagées que les pays dans la prévention des conflits. Bien qu’il soit 

difficile de déterminer avec précision  le nombre d’ONG travaillant à travers  le monde, on estime qu’il y en aurait 

entre 50 000 et 100 0000. Les ONG  investissent des milliards de dollars à  l’échelle mondiale — majoritairement 

destinés aux nations en développement. La majorité des projets sont menés à une relativement petite échelle et peu

d’entre eux s’intègrent dans un aspect plus large de soutien au gouvernement national. Dans son essai « Conflict 

Prevention : Theory in pursuit of policy and practice », Michael Lund indique que les organisations internationales

s’engagent en réalité dans la prévention des conflits, mais que les budgets qui y sont affectés ainsi que des exemples 

de succès avérés dans ce domaine sont difficiles à identifier97. Il explique également que l’écart entre ce qui devrait

être fait et ce qui est réellement entrepris demeure particulièrement important. Cet essai, ainsi que son autre ouvrage 

Preventing Violent Conflict, encourage les nations développées, les organisations internationales et certaines ONG

internationales à œuvrer en vue de prévenir les conflits98. Il affirme cependant qu’il est nécessaire de contraindre 

certains gouvernements à prendre soin de leurs populations. Selon Lund, « si la menace du recours à la force n’est 

pas appuyée par une force crédible en cas de non-respect des obligations, ils courent le risque de favoriser les actes

d’agression en pointant du doigt le bluff des acteurs internationaux »99.

On peut toutefois se réjouir du fait que nombre de nations développées, d’organisations internationales et même

certaines ONG concentrent leur action sur la prévention des conflits. Comme nombre de théoriciens l’ont affirmé, la 

consolidation de la paix n’est pas un processus s’inscrivant exclusivement dans le cadre de situations post-conflits et 

elle peut également être utilisée en vue de prévenir les conflits. 

Avec l’intérêt croissant de la communauté internationale pour la consolidation de la paix, l’avenir de ce concept

semble pouvoir s’appuyer sur des bases solides. Comme mentionné précédemment, la consolidation de la paix

nécessite l’investissement de ressources importantes, y compris d’une volonté politique, de ressources humaines et

d’argent. Tant que la volonté politique demeure forte, les ressources humaines et financières suivront. 

Section 1.10 Résumé

Cette leçon rattache les origines du concept de consolidation de la paix à certains des chercheurs sur la paix les

plus influents du 20e siècle. Les partisans de la consolidation de la paix comme Johan Galtung, John Paul Lederach et 

Boutros Boutros-Ghali ont eu un impact majeur sur le terrain.

Depuis le début du 21e siècle, le concept de consolidation de la paix n’a cessé de remporter d’avantage d’adhésion 

et d’intérêt. Le maintien de la paix et la consolidation de la paix sont apparus comme des missions essentielles des

Nations Unies. En outre, de nouvelles idées ont émergé quant à la façon de procéder aux activités de consolidation

de la paix, mais ces idées n’ont pas rendu la tâche plus simple. Il est très complexe de parvenir à coordonner des 

activités de consolidation de la paix au sein d’États fragiles ou défaillants en raison du nombre important d’acteurs

impliqués. L’enseignement le plus important tiré du maintien de la paix moderne est qu’il est essentiel d’aider le

gouvernement de la nation fragile concernée à progresser afin qu’il soit en mesure d’assumer la responsabilité de 

répondre aux besoins de sa population.

Dans le chapitre suivant, nous examinerons le Supplément à l’Agenda pour la paix. Après cette  leçon, vous 

étudierez le fonctionnement de la CCP. D’autres leçons présenteront les défis intellectuels posés par la consolidation 

de la paix et proposeront de nouveaux concepts et théories en la matière. Ces idées permettront de poser des bases 

de compréhension à mettre en pratique lors de la planification de missions de consolidation de la paix.  

97)  Lund, « Conflict Prevention : Theory in pursuit of policy and practice ».98) Michael S. Lund, Preventing Violent Conflict : A Strategy for Preventive Diplomacy (Washington D.C. : US Institute of Peace Press, 1996).99)  Lund, « Conflict Prevention : Theory in pursuit of policy and practice », 306.

Page 48: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

48

Tableau 1-2 : Principaux documents des Nations Unies relatifs au maintien de la paix et à la

consolidation de la paix

Titre du document Date de publication

L’Agenda pour la paix (A/47/277) 17 juin 1992

Supplément à l’Agenda pour la paix

(À/RES/51/242)

26 septembre 1995

Rapport présenté par le Secrétaire général en application de la

résolution 53/35 de l’Assemblée générale : La chute de Srebrenica

(A/54/549)

15 novembre 1999

Rapport de la commission indépendante d’enquête sur les actions

de l’Organisation des Nations Unies lors du génocide de 1994 au

Rwanda (S/1999/1257)

16 décembre 1999

Nous les peuples : le rôle des Nations Unies au XXIe siècle mars 2000

Rapport du Groupe d’étude sur les opérations de paix de

l’Organisation des Nations Unies (Rapport Brahimi) (A/55/305

–S/2000/809

21 août 2000

Résolution 55/2 adoptée par l’Assemblée générale des Nations

Unies : Déclaration du Millénaire (A/RES/55/2)

18 septembre 2000

Un monde plus sûr : notre affaire à tous — Rapport du Groupe

de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le

changement (A/59/565)

2 décembre 2004

Dans une liberté plus grande : développement, sécurité et respect

des droits de l’homme pour tous, Rapport du Secrétaire général

(A/59/2005)

21 mars 2005

Résolution 1645 du Conseil de sécurité des Nations Unies (2005)

(S/RES/1645 [2005]) — création de la CCP 

20 décembre 2005

Résolution 60/180 adoptée par l’Assemblée générale : La

Commission de consolidation de la paix (A/RES/60/180)

30 décembre 2005

Opérations de maintien de la paix des Nations Unies : Principes et

orientations des Nations Unies

18 janvier 2008

Agenda pour un nouveau partenariat : un nouvel horizon pour les

opérations de maintien de la paix de l’ONU

juillet 2009

Défi du maintien de la paix : Rapport du Groupe consultatif

d’experts sur l’examen du dispositif de consolidation de la paix

(A/69/968 –S/2015/490)

30 juin 2015

Résolution 70/1 adoptée par l’Assemblée générale des

Nations Unies : Transformer notre monde : le Programme de

développement durable à l’horizon (A/RES/70/1)

21 octobre 2015

Rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé

d’étudier les opérations de paix — Unissons nos forces pour la

paix : privilégions la politique, les partenariats et l’action en

faveur des populations (A/70/95–S/2015/446)

17 juin 2015

Page 49: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

49

Rapport du Secrétaire général : Restructuration du pilier paix et

sécurité de l’Organisation des Nations Unies (A/72/525)

13 octobre 2017

Rapport du Secrétaire général : Consolidation et pérennisation de

la paix (A/72/707 –S/2018/43)

18 janvier 2018

Page 50: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

50

Questionnaire de fin de Leçon »

1. Boutros Boutros-Ghali a rédigé l’Agenda pour la paix en ____.

A. 1992

B. 1993

C. 1996

D. 1998

2. VRAI ou FAUX : La consolidation de la paix a constitué une partie intégrante du système des Nations Unies depuis sa création en 1945.

A. vrai

B. Faux

3. La consolidation de la paix est destinée à combler l’écart existant entre ____.

A. Le maintien de la paix et le rétablissement

de la paix

B. Le rétablissement de la paix et le

développement

C. Le maintien de la paix et le développement

D. Aucune de ces réponses

4. _____ a introduit pour la première fois le terme « consolidation de la paix » en 1976.

A. Kofi Annan

B. Boutros Boutros-Ghali

C. Johan Galtung

D. John Paul Lederach

5. Johan Galtung définit la « paix négative » comme ____.

A. L’absence de violence physique

B. L’absence de violence structurelle

C. L’existence d’accords de paix négociés

D. Le fait de traiter les causes sous-jacentes

d’un conflit

6. Le maintien de la paix peut avoir une visée à court terme (un à 10 ans) avec pour objectif de mettre fin aux affrontements ou à un conflit violent, mais le développement durable peut prendre ____ ou plus.

A. 10 ans

B. 15 ans

C. 25 ans

D. 50 ans

7. VRAI ou FAUX : Des soldats de la paix des Nations Unies sont déployés dans l’ensemble des 10 États répertoriés comme les plus fragiles dans la liste des États fragiles du Fonds pour la paix (FSI).

A. vrai

B. Faux

8. _____ inclut généralement des mesures destinées à gérer les conflits en cours et implique habituellement une action diplomatique visant à amener les parties hostiles à la négociation d’un accord.

A. Le maintien de la paix

B. Le rétablissement de la paix

C. La consolidation de la paix

D. Le développement

9. Quel est le Secrétaire général des Nations Unies à l’origine du Rapport Brahimi ?

A. Boutros Boutros-Ghali

B. Kofi Annan

C. Ban Ki-moon

D. Dag Hammarskjöld

10. Les origines du système étatique moderne remontent ____.

A. À  la  fin  de  la  guerre  de  Trente  Ans  et  à  la 

signature des Traités de Westphalie

B. À la signature de la Charte des Nations Unies

et la création du Conseil de sécurité

C. À la fin de la Première Guerre mondiale et la 

création de la Ligue des Nations

D. À la fin de la Première Guerre mondiale et à 

la signature du Traité de versailles

Les réponses à ce questionnaire figurent à la page suivante.

Page 51: Consolidation de la paix

LEÇON 1 | INTRODUCTION À LA CONSOLIDATION DE LA PAIx

51

Questionnaire de fin de Leçon »

Réponses »1. A

2. B

3. C

4. C

5. A

6. C

7. B

8. B

9. B

10. A

Page 52: Consolidation de la paix

CONSOLIDATION DE LA PAIX

INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX

254

Appendice A : Liste des acronymes

Acronyme  Signification

ACCORD  Centre africain pour la résolution constructive des conflits 

ACDI Agence canadienne de développement international

ADRA Agence adventiste du développement et de l’aide humanitaire

AfC Un Agenda pour le changement (An Agenda for Change)

AfP Alliance pour la consolidation de la paix

AFRC Conseil révolutionnaire des forces armées

AJCI Agence japonaise de coopération internationale

AMC  Affaires mondiales Canada

ANASE Association des nations de l’Asie du Sud-Est

APC  Congrès de tout le peuple 

APRONUC Autorité provisoire des Nations Unies au Cambodge

AUSA Association de l’Armée des Etats Unis

BACP Bureau d’appui à la consolidation de la paix

BCAH   Bureau de la coordination des affaires humanitaires

BINUCSIL Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone

BINUSIL Bureau intégré des Nations Unies pour la Sierra Leone

BIRD Banque internationale pour la reconstruction et le développement

CAD Comité d’aide au développement

CAFOD Agence catholique pour le développement Outre-mer

CAST  Outil d’évaluation des conflits 

CCP Commission de consolidation de la paix des Nations Unies

CCQAB Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires

CCSSP Projet de sûreté et de sécurité de la communauté du Commonwealth

CDC Centre de contrôle des maladies

CEDEAO Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest

CF Commandant de la force

CIA Agence centrale de renseignement des États-Unis

CICR Comité international de la Croix rouge

Page 53: Consolidation de la paix

CONSOLIDATION DE LA PAIX

INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX

255

CLIPs Projets communautaire à haute intensité de main d’œuvre

COOPI Cooperazione Internazionale

CSIS Centre d’études stratégiques et internationales

CvR Commission de vérité et de réconciliation

DAM Département d’appui aux missions des Nations Unies

DAP   Département des affaires politiques des Nations Unies 

DDR Désarmement, démobilisation et réintégration

DERC Centre de district pour la lutte contre Ebola

DFID  Ministère du développement international 

DOMP Département des opérations de maintien de la paix de l’ONU

DOP Département des opérations de paix

DPPA  Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix

DSRP Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté

ECOMOG Groupe d’observateurs militaires de la Communauté économique des États de Afrique de l’Ouest

ECOSOC Conseil économique et social des Nations Unies

EI Etat islamique

EO Executive Outcomes

EULEX   Mission « état de droit » de l’Union européenne au Kosovo 

FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture

FCP Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix

FFOM Forces, faiblesses, opportunités et menaces

FICR Fédération Internationale des Sociétés de la Croix Rouge et du Croissant Rouge

FMI Fonds monétaire international

FNL Forces nationales de libération

FNUAP Fonds des Nations Unies pour la population

FORPRONU Force de protection des Nations Unies

FSI Indice sur la fragilité des États

GANUPT Groupe d’assistance des Nations unies pour la période de transition en Namibie

Page 54: Consolidation de la paix

CONSOLIDATION DE LA PAIX

INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX

256

GAR Gestion axée sur les résultats

HCR Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés

HIPPO Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix des Nations Unies

IAP  Evaluation et planification intégrées 

IDA Association internationale de développement

IMPP Processus de préparation des missions intégrées

IRF Dispositif d’intervention immédiate

ISAF Force internationale d’assistance et de sécurité

ITF Equipe intégrée

IvP Institut vie et Paix

JICA Agence japonaise de coopération internationale

MINUAD Mission conjointe des Nations unies et de l’Union africaine au Darfour

MINUAR Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda

MINUSCA Mission multidimensionnelle integree des Nations Unies pour la stabilisation en Republique centrafricaine

MINUSIL Mission des Nations Unies en Sierra Leone

MINUSS Mission des Nations Unies au Soudan du sud

MOE   Mesure d’efficacité 

MONUC Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo

MOP Mesure de performance

MOU Mémorandum d’accord

NACS Stratégie nationale anticorruption

NERC Centre national de réponse à Ebola

NPFL Front national patriotique du Libéria

NPRC Conseil national provisoire de gouvernement

NRC Conseil national de la réforme

OCDE Organisation de coopération et de développement économiques

OEA Organisation des États américains

OECE Organisation européenne de coopération économique

Page 55: Consolidation de la paix

CONSOLIDATION DE LA PAIX

INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX

257

OMD Les objectifs du Millénaire pour le développement

OMS Organisation mondiale de la santé

ONG Organisation non gouvernementale

ONUC Opération des Nations Unies au Congo

ONUSOM Opération des Nations Unies en Somalie

ONUST Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve

OSC Organisations de la société civile

OSCE Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe

OTAN Organisation du Traité de l’Atlantique nord

PAM Programme alimentaire mondial

PBSO Bureau d’appui à la consolidation de la paix

PCRD Cadre de la politique de reconstruction et de développement post-conflit 

PDI Personne déplacée à l’intérieur

PEP Projet d’évaluation de la consolidation de la paix

PIB Produit intérieur brut

PJHQ   Siège permanent conjoint 

PMDC Mouvement du peuple pour le changement démocratique

PME&L   Outil de planification, de suivi, d’évaluation et d’apprentissage 

PMESII Politique, militaire, économie, social, infrastructure et information

PNB Produit national brut

PNP Parti national du peuple

PNUD Programme des Nations Unies pour le développement

PRF   Mécanisme de financement du relèvement pour la consolidation de la paix

PRIO Institut international de recherche sur la paix d’Oslo

PSOP Programme pour la stabilisation et les opérations de paix

QIP Projet à impact rapide

R2P   Responsabilité de protéger 

RAP Recherche-action participative

Page 56: Consolidation de la paix

CONSOLIDATION DE LA PAIX

INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX

258

RCA République centrafricaine

RDC République démocratique du Congo

RPG lance-roquette

RSASG Représentant spécial adjoint du Secrétaire général

RSS Réforme du secteur de la sécurité

RSSG Représentant spécial du Secrétaire général

RUF Front révolutionnaire uni

SEAE Service européen pour l’action extérieure

SFCG Search for Common Ground

SIPRI Institut international de recherche sur la paix de Stockholm

SLA Armée de la Sierra Leone

SLP Police de la Sierra Leone

SLPP Parti du peuple de la Sierra Leone

SLST Sierra Leone Selection Trust

SPF Fonds pour la construction de la paix et de l’Etat

TRC Commission de vérité et de réconciliation

UA Union africaine

UCDP   Programme de données sur le conflit de l’Université d’Uppsala

UE Union européenne

UNCT Equipe de pays des Nations Unies

UNDAF Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement

UNHQ   Siège des Nations Unies 

UNICEF Fonds des Nations unies pour l’enfance

UNITAF  Force d’intervention unifiée

UNMEER Mission des Nations Unies pour la lutte contre Ebola

UNMO Observateur militaire des Nations Unies

UPP   Parti progressiste unifié 

USAID Agence des États-Unis pour le développement international

USGS Commission géologique des États-Unis

USIP Institut des États-Unis pour la paix

Page 57: Consolidation de la paix

CONSOLIDATION DE LA PAIX

INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX

259

VIH  Sigle de virus d’immunodéficience humaine (virus responsable du sida)

YMCA Union chrétienne de jeunes gens

Page 58: Consolidation de la paix

CONSOLIDATION DE LA PAIX

INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX

260

Appendice B : Missions de maintien de la paix actuelles

» Vous êtes à la recherche de statistiques ou d’autres données concernant le maintien de la paix dans le monde aujourd’hui ? Rendez-vous sur la page de ressource du Département des opérations de maintien de la paix des Nations Unies pour des informations à jour concernant les opérations actuelles de maintien de la paix et les autres missions des Nations Unies :

» <www.un.org/en/peacekeeping/resources/>.

établie: 1978établie: 2011établie: 1974établie: 2007établie: 1999établie: 2003établie: 1991établie: 2014

établie: 2013établie: 2011

FINULFISNUAFNUODMINUADMINUKMINULMINURSOMINUSCA

MINUSMAMINUSS

Force intérimaire des Nations Unies au LibanForce intérimaire de sécurité des Nations Unies pour AbyeiForce des Nations Unies chargée d'observer le désengagementOpération hybride Union africiane-Nations Unies au DarfourMission d'administration intérimaire des Nations Unies au KosovoMission des Nations Unies au LibériaMission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidentalMission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaineMission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au MaliMission des Nations Unies au Soudan du Sud

ê MONUSCO

ONUSTUNFICYPUNMOGIP

Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en Rép. dém. du CongoOrganisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la tr veForce des Nations Unies chargée du maintien de la paix á ChypreGroupe d’observateurs militaires des Nations Unies dans I’Inde et le Pakistan

établie: 2010établi: 1948

établie: 1964établi: 1949

MINUSMAMali

MONUSCORép. dém. du Congo

FISNUAAbyei

MINUADDarfour

UNMISSSoudan du Sud

MINUKKosovo

MINUSCARép. centrafricaine

MINURSOSahara occidental

UNMOGIPInde et Pakistan

FINULLiban

ONUSTMoyen-Orient

FNUODSyrie

UNFICYPChypre

Octobre 2019Carte n°4259 Rév. n°26(F) Organisation des Nations Unies Bureau de l’informatique et des communications

Section de l’information géospatiale 

OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Carte des Opérations de Maintien de la Paix d’ONU par section de la cartographique, octobre 2019: <https://reliefweb.int/sites/

reliefweb.int/files/resources/OP%C3%89RATIONS%20DE%20MAINTIEN%20DE%20LA%20PAIX%20DES%20NATIONS%20

UNIES.pdf>.

Page 59: Consolidation de la paix

CONSOLIDATION DE LA PAIX

INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX

261

À propos de l’auteur : George F. Oliver, Ph.D.

Il possède une expérience diversifiée en matière de stratégie de sécurité nationale, de coordination interorganismes et d’efforts multinationaux pour assister les sociétés sortant d’un conflit. Gestionnaire, leader et formateur dévoué, il possède des capacités exceptionnelles en matière de planification stratégique, d’opérations, de gestion des crises et de résolution de conflits, en particulier les conflits internationaux.

Pendant son service actif dans l’armée américaine, George F. Oliver a servi dans diverses unités d’infanterie légère, de ranger, de forces spéciales et aéroportées à travers le monde. Il a notamment été coordonnateur adjoint de l’aide humanitaire pour l’Autorité provisoire de la coalition en Irak, directeur de l’Institut des opérations de maintien de la paix et de la stabilité de l’armée américaine à Carlisle, en Pennsylvanie et conseiller militaire de l’ambassadeur des États-Unis aux Nations Unies.

George F. Oliver, titulaire d’un doctorat (PhD), a servi 31 ans dans l’armée américaine avant de se tourner vers une car-rière universitaire. Il a enseigné, écrit et animé des confé-rences dans le monde entier sur le rôle de l’armée dans les opérations de paix et la consolidation de la paix.

Page 60: Consolidation de la paix

CONSOLIDATION DE LA PAIX

INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX

262

En novembre 2005 il rejoint la faculté du US Naval War College à Newport, Rhode Island. Il est professeur d’opérations militaires interarmées et enseigne la planification au niveau opérationnel au cours supérieur et au cours inférieur. Il est un expert en études sur la paix, en relations internationales, en planification opérationnelle et en sécurité nationale.

George F. Oliver est titulaire d’un doctorat (PhD) de l’École d’analyse et de résolution des conflits de l’Université George Mason, d’une maîtrise en affaires de l’Université de la Caroline du Sud, d’une maîtrise en affaires de sécurité nationale du US Naval War College et d’une licence en génie de la US Military Academy.

Page 61: Consolidation de la paix

CONSOLIDATION DE LA PAIX

INSTITUT DE FORMATION AUX OPÉRATIONS DE PAIX

263

« Poursuivez votre expérience de formation POTI »

• Visiter <http://www.peaceopstraining.org/fr/courses/> pour une liste de tous les

cours disponibles.

• Si une catégorie d’étude particulière vous intéresse, telle que les Droits de l’Homme, la

Logistique ou les Études militaires, pensez au Programme de certificat POST disponible dans

six domaines de spécialisation. Voir les exigences :

<http://www.peaceopstraining.org/fr/specialized-training-certificates/>.

• Restez en contact avec le POTI en visitant notre page communautaire et en discutant avec d’autres

étudiants via les médias sociaux et en partageant des photos de votre mission. Visiter <http://www.

peaceopstraining.org/fr/community/> pour plus d’information. Lors de la réussite de l’examen,

votre nom figurera également sur le Tableau d’honneur.

Format et sujet

L’examen final est un examen à choix multiples accessible depuis la Salle de classe en ligne. La

plupart des examens contiennent 50 questions. Chaque question contient quatre choix (A, B, C et D).

Il n’y a qu’une bonne réponse. Les questions de l’examen portent sur toutes les leçons de cours et

peuvent également porter sur les informations figurant dans les annexes et appendices. Les questions

ne porteront pas sur le contenu des vidéos.

» Accéder à l’examen depuis votre salle de classe en ligne via le lien suivant <www.peaceopstraining.org/users/courses/> et cliquer sur le titre du cours.

» Sur le site du cours, cliquer le bouton rouge « Commencer l’examen ».

Limite de temps

Il n’y a pas de temps limité pour l’examen. Cela permet à l’étudiant de lire et étudier attentivement

la question et de consulter le texte du cours. En outre, si l’étudiant ne peut compléter l’examen en une

fois, il peut sauvegarder l’examen et le reprendre sans être noté. Le bouton « Sauvegarder » est situé

au bas de l’examen, à côté du bouton « Soumettre mes réponses ». Appuyer sur le bouton « Soumettre

mes réponses » mettra fin à l’examen.

Note de passage

Pour réussir l’examen, un score de 75 % minimum est nécessaire. Un certificat électronique

d’accomplissement sera remis aux étudiants ayant réussi. Un score inférieur à 75 % implique l’échec à

l’examen. Les étudiants ayant échoué se verront remettre une seconde version alternative de l’examen

qui peut également être réalisé sans limite de temps. Un certificat électronique d’accomplissement sera

remis aux étudiants ayant réussi ce second examen.

Instructions pour l’examen final