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725 GEODIVERSITAS • 2002 24 (4) © Publications Scientifiques du Muséum national d’Histoire naturelle, Paris. www.geodiversitas.com Controverses géologiques sur le Cambro-Ordovicien de la Montagne Noire (France) à l’aube du XX e siècle : les contributions de Jean Miquel (1859-1940) José Javier ÁLVARO UMR 8014 CNRS, Cité Scientifique SN5, Université de Lille I, F-59655 Villeneuve d’Ascq (France) [email protected] Daniel VIZCAÏNO 7 rue Jean-Baptiste Chardin, Maquens, F-11090 Carcassonne (France) [email protected] Álvaro J. J. & Vizcaïno D. 2002. — Controverses géologiques sur le Cambro-Ordovicien de la Montagne Noire (France) à l’aube du XX e siècle : les contributions de Jean Miquel (1859- 1940). Geodiversitas 24 (4) : 725-752. RÉSUMÉ Jean Miquel fut un naturaliste amateur qui participa, à la charnière entre les XIX e et XX e siècles, à l’élaboration des premières chartes stratigraphiques du Cambro-Ordovicien du versant méridional de la Montagne Noire (Languedoc). Sa connaissance détaillée de la géologie régionale des environs de sa localité natale (Barroubio) lui a permis de subdiviser correctement les affleurements à partir de critères lithologiques et paléontologiques, plus pré- cisément en ce qui concerne le Cambrien inférieur-moyen et l’Arenigien (Ordovicien inférieur). Il est l’inventeur de cinq espèces de trilobites et d’une espèce d’échinoderme cambriens. Le présent article retrace l’évolution des idées concernant la paléontologie et la stratigraphie du Paléozoïque inférieur en Languedoc au cours de la vie de Miquel, afin de mieux comprendre l’influ- ence en Montagne Noire des découvertes paléontologiques réalisées, par ailleurs, au Pays de Galles, en Amérique du Nord, en Bohême et dans le massif Armoricain. MOTS CLÉS Cambrien, Ordovicien, Montagne Noire, France, paléontologie, stratigraphie, histoire des sciences.

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Controverses géologiques sur le Cambro-Ordovicien de la Montagne Noire(France) à l’aube du XXe siècle : les contributions de Jean Miquel (1859-1940)

José Javier ÁLVAROUMR 8014 CNRS, Cité Scientifique SN5,

Université de Lille I, F-59655 Villeneuve d’Ascq (France)[email protected]

Daniel VIZCAÏNO7 rue Jean-Baptiste Chardin, Maquens, F-11090 Carcassonne (France)

[email protected]

Álvaro J. J. & Vizcaïno D. 2002. — Controverses géologiques sur le Cambro-Ordovicien dela Montagne Noire (France) à l’aube du XXe siècle : les contributions de Jean Miquel (1859-1940). Geodiversitas 24 (4) : 725-752.

RÉSUMÉJean Miquel fut un naturaliste amateur qui participa, à la charnière entre lesXIXe et XXe siècles, à l’élaboration des premières chartes stratigraphiques duCambro-Ordovicien du versant méridional de la Montagne Noire(Languedoc). Sa connaissance détaillée de la géologie régionale des environsde sa localité natale (Barroubio) lui a permis de subdiviser correctement lesaffleurements à partir de critères lithologiques et paléontologiques, plus pré-cisément en ce qui concerne le Cambrien inférieur-moyen et l’Arenigien(Ordovicien inférieur). Il est l’inventeur de cinq espèces de trilobites et d’uneespèce d’échinoderme cambriens. Le présent article retrace l’évolution desidées concernant la paléontologie et la stratigraphie du Paléozoïque inférieuren Languedoc au cours de la vie de Miquel, afin de mieux comprendre l’influ-ence en Montagne Noire des découvertes paléontologiques réalisées, parailleurs, au Pays de Galles, en Amérique du Nord, en Bohême et dans lemassif Armoricain.

MOTS CLÉSCambrien,

Ordovicien, Montagne Noire,

France, paléontologie, stratigraphie,

histoire des sciences.

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ABSTRACTGeological controversies about the Cambrian-Ordovician of the Montagne Noire(France) at the beginning of the 20th century: Jean Miquel’s (1859-1940) contri-butions.Jean Miquel is one of the most important amateur naturalists who con-tributed, across the transition of the 19th and 20th centuries, to the improve-ment of the first Cambro-Ordovician stratigraphical charts on the southernMontagne Noire (Languedoc). A detailed knowledge of the regional geologyon the area surrounding the locality where he was born (Barroubio) permittedhim to subdivide properly these outcrops according to lithological and pale-ontological features, mainly the Lower-Middle Cambrian and the Arenigian(Lower Ordovician). He defined five Cambrian trilobite species and oneechinoderm species. This paper offers a panorama of the evolution of historicconcepts developed in the paleontology and stratigraphy of the LanguedocianLower Paleozoic during Miquel’s life. This allows a better understanding ofthe influence in Languedoc of the first paleontological findings that tookplace in other regions, such as Wales, North America, Bohemia and theArmorican Massif.

l’époque se trouvent de nombreuses citations depaléontologues amateurs, tels que l’abbé Filachou(curé de Cassagnoles), les docteurs Granel (Saint-Pons) et Villebrun (Saint-Chinian), MM. Salleset Lignières (respectivement instituteurs àFerrals-les-Montagnes et à Babeau), Escot(Cabrières), Rouayroux (maire de Cassagnoles),Azaïs, etc. Un de ces amateurs, Jean Miquel, aconsacré sa vie à la recherche stratigraphique etpaléontologique des affleurements qui entourentsa localité d’origine (Barroubio). Il a publié seulet conjointement une dizaine de notes scien-tifiques dans des revues régionales et nationalesqui ont été considérées comme des contributionsclés pour l’élaboration d’une échelle strati-graphique détaillée en Montagne Noire. Notretravail présente un aperçu historique de larecherche menée sur le Paléozoïque inférieur duversant méridional de la Montagne Noire jusqu’àla thèse de Thoral (1935), laquelle a déterminéune nouvelle orientation des recherchesgéologiques.En 1927, les laboratoires de géologie deMontpellier et du Muséum national d’Histoirenaturelle de Paris ont acheté ce qui restait à cette

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KEY WORDSCambrian,

Ordovician, Montagne Noire,

France, paleontology, stratigraphy,

history of sciences.

INTRODUCTION

Le Languedoc possède une longue tradition derecherche menée par des naturalistes amateurs. Sasituation géographique (incluant partiellement laMontagne Noire, la vallée de l’Aude, les Pyrénéeset les côtes méditerranéennes) en fait un lieu pri-vilégié qui stimule une tendance naturelle pour ladécouverte. Un des cas les plus frappants a étél’essor spontané d’un réseau de naturalistes ama-teurs passionnés par la géologie et la paléontolo-gie favorisant une activité remarquable au coursde deux périodes : à la transition entre les XIXe etXXe siècles (que l’on va traiter ici) et, plus tard,entre les années 1960 et 1990 avec RobertCourtessole. Depuis la découverte et la publica-tion des premiers fossiles cambro-ordoviciens enMontagne Noire jusqu’à la publication de lathèse de Thoral (1935), l’activité de recherchescientifique concernant le Paléozoïque inférieurdu versant sud de la Montagne Noire a été nour-rie par les découvertes de ces amateurs. Ceux-ciont apporté aux spécialistes un matériel clé pourla compréhension de l’histoire naturelle duLanguedoc. Dans les travaux scientifiques de

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époque de son immense collection de fossiles.Ces collections ont été étudiées en détail parThoral (1935) puis sont malheureusementtombées dans l’oubli. Une partie de la collectionMiquel déposée au Laboratoire de Géologie duMuséum a récemment été remise à jour dans lecadre de ce travail. La redétermination de plus de2300 trilobites sera bientôt disponible sur unebase de données du Muséum. Cela devrait reva-loriser une partie du patrimoine paléontologiquedu Languedoc et servir de catalyseur pour denouvelles générations de chercheurs.

LA VIE ET L’ŒUVRE DE JEAN MIQUEL

Jean Miquel (Fig. 1) est un exemple remarquablede naturaliste pluridisciplinaire. Juriste (il aobtenu sa licence en droit à l’université deToulouse) et propriétaire vigneron à Barroubio,sa référence professionnelle sur les listes de laSociété géologique de France était « Propriétaire,Barroubio, par Aigues-Vives (Hérault) ». Sacuriosité naturelle l’a amené à cultiver plusieurssciences naturelles et historiques, telles que labotanique, la géomorphologie, l’agriculture(Miquel 1898), la préhistoire (il a fouillé de nom-breux dolmens) et l’archéologie. Plusieurs notespeuvent être trouvées dans les publications dessociétés savantes régionales de l’époque, commeles sociétés d’études scientifiques de l’Aude etde Béziers, et les bulletins géographique duLanguedoc et de la Société archéologique deBéziers. Parfois, c’est Miquel lui-même qui aédité à ses frais quelques-unes de ses contribu-tions. Les plus citées tiennent compte de lapaléontologie et de la stratigraphie duPaléozoïque inférieur de la région qui environneson village natal (Barroubio), mais il a égalementtravaillé dans tous les affleurements phanéro-zoïques du Pardailhan, du Minervois et desCorbières. Ses contributions concernant lesdinosaures ont été le thème monographiqued’une exposition réalisée récemment à Cazouls-les-Béziers. Autodidacte, géologiquement parlant, il doit sapassion pour cette discipline à sa rencontre avec

son premier maître, le professeur Cannat, alorsprésident de la Société d’histoire naturelle deBéziers. En 1891, ce dernier lui a fait dé-couvrir un modèle géologique de Cabrières, luienseignant ainsi ses premières notions de géolo-gie, et l’a mis en contact avec le professeur deRouville de Montpellier. D’autres rencontres ontété aussi fertiles, telles que celles du DrCoulouma, avec qui il a partagé ses connaissanceset recherches archéologiques, géomorphologiqueset agricoles, du Professeur Depéret, qui va l’ini-tier aux recherches sur les terrains mésozoïques etcénozoïques, et encore du Professeur Feaut deMontpellier de qui il va acquérir ses connais-sances en botanique. Miquel a maintenu des rela-tions épistolaires avec les grands paléontologueseuropéens de l’époque, tels que Grönwall,Barrande (qui a visité Barroubio), Stubblefield,Howell, etc. De plus, il a organisé et participé àde nombreuses expositions naturalistes et excur-sions ; il était donc ouvert à toute rencontre decaractère scientifique avec les « notables » dudépartement. Après 1925 il ne sortait pratique-ment plus sur le terrain mais rangeait et étiquetait

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FIG. 1. — Portrait de Jean Miquel.

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ses anciennes trouvailles ainsi que celles que luiamenaient ses ouvriers et collaborateurs. Il aéchangé une partie de sa vaste collection de fos-siles avec plusieurs musées et universitéseuropéens (Copenhague, Lille, Lund,Montpellier, Paris, Prague, etc.) où, encoreaujourd’hui, il est possible de trouver les « collec-tions Miquel ».Le premier travail géologique de Miquel (1893)souligne le caractère autodidacte et spontané deses recherches paléontologiques et strati-graphiques, attirant immédiatement l’attentiond’autres chercheurs. L’activité scientifique dans lePaléozoïque inférieur de la Montagne Noire étaitdivisée à cette époque en deux groupes d’opinionet d’influence souvent opposées : d’une part, JulesBergeron, professeur à l’École centrale (Paris),archiviste (1885), vice-secrétaire (1888-1889) etsecrétaire (1890-1891) de la Société géologiquede France et, d’autre part, Paul Gervais deRouville, doyen et professeur honoraire de la fa-culté des sciences de Montpellier, et le professeurDelage de la même université, qui ont développéun contact plus étroit avec les amateurs de larégion languedocienne, tel que Miquel. C’est faceà ces deux tendances que Miquel a développé sonactivité de recherche et subi la confrontationentre ces professeurs. La rivalité nourrie par cessavants n’a disparu qu’après leurs décès (Rouvilleen 1907 et Bergeron en 1919), ce qui a alors per-mis à Miquel de continuer ses recherches sanspolémiques au cours des décennies suivantes,jusqu’à l’arrivée d’une nouvelle génération dechercheurs, tel que Joseph Blayac (décédé en1937), directeur de thèse de Marcel Thoral.

« Si mes conclusions sont bonnes ce sera unepierre ajoutée à ce grand édifice que nos maîtresont si bien échafaudé ; si elles sont fausses, quemon inexpérience et ma bonne volonté me val-lent un peu d’indulgence » (Miquel 1893).

« Le mémoire de Miquel serait susceptible deplusieurs critiques qui auraient surtout à desincorrections de langage dues à l’inexpérience del’auteur qui en est à ses débuts de la géologie ;mais il dénote chez lui une excellente méthode

d’observation qui fait présager d’autres décou-vertes de sa part » (Bergeron 1893b).

« Dès ses premiers débuts (1892) un jeune obser-vateur, aussi passionné qu’intelligent, éclos spon-tanément à l’art de l’observation. M. JeanMiquel, qui eut le grand mérite de savoir, entoute simplicité, sans préjugé ni objectif systéma-tique, noter, dans l’ordre où elles s’offraient à lui,les différentes masses minérales qu’il rencontraitdans le trajet, mille fois fait par lui, de Barroubio,où il habite, jusqu’au hameau de Coulouma […].M. Miquel releva un à un, les divers termes del’admirable série qui se déployait sous ses pas, etles énuméra dans sa modeste mais très importantenotice.Amicus egomet mihi, sed magis amica veritas »(Rouville 1893b).

Son style littéraire montre ses grandes connais-sances géographiques et stratigraphiques de sarégion, ainsi qu’un strict raisonnement logique :il a toujours différencié les contacts strati-graphiques des contacts tectoniques, au contrairede quelques-uns de ses contemporains. La com-pétition développée à l’aube de la recherchepaléontologique parmi les amateurs de la région afavorisé la « répartition » des gisements : chacunpossédait le « nom » de son découvreur et étaitrarement fouillé par d’autres naturalistes. Cettesituation a amené Miquel à éviter la descriptiontopographique ou géographique détaillée desgisements fossilifères. Toutefois, ses descriptionsgéologiques et stratigraphiques sont remarquablespar leurs précisions, toujours orientées vers unesubdivision litho- et biostratigraphique desaffleurements. C’est à l’aide de cette descriptionstratigraphique que ses gisements ont pu êtreredécouverts. Son raisonnement stratigraphiquepermet de considérer ses travaux comme de véri-tables livrets-guides de géologie régionale.D’autre part, l’absence de documentation biblio-graphique nécessaire à la description et à la déter-mination de nouvelles espèces fossiles l’a amenéà envoyer son meilleur matériel fossile à des spé-cialistes professionnels. Ses travaux ne possèdentpas, par ailleurs, de commentaires concernant

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l’origine et l’évolution des espèces et des théo-ries évolutives tellement discutées à ce momentlà : il semblait plus sensible à l’utilité des fos-siles pour la subdivision des unités strati-graphiques.Son corps repose dans le cimetière de la chapellede Saint-Jean-de-Dieuvaille, au fond d’une gorgequi environne Barroubio. Entourée de dallessombres, celle de Mme et M. Miquel a été tailléedans un calcaire à coraux du Dévonien de laMontagne Noire.

LE PALÉOZOÏQUE INFÉRIEUR DANS LE SUD-OUEST DE L’EUROPE À LA FIN DU XIXe SIÈCLE

LE CAMBRIEN

Roderick I. Murchison et Adam Sedgwick ontintroduit dans la littérature géologique les termes« Cambrien » et « Silurien » en 1835. Ces natura-listes ont présenté une communication conjointeà la British Association, intitulée « On theSilurian and Cambrian Systems, exhibiting theorder in which the older Sedimentary Strata suc-ceeded each other in England and Wales », danslaquelle la succession stratigraphique de la« Grauwacke Formation » était décrite et subdi-visée. Sedgwick a différencié une succession deschistes et de grès, en-dessous des premièrescouches fossilifères, qu’il a nommée « CambrianSystem » (d’après une variation latine de l’anciennom celtique du Pays de Galles, Cumbria). Il asubdivisé les affleurements septentrionaux duPays de Galles en Cambrien inférieur, moyen etsupérieur sans définir d’unités lithostrati-graphiques strictes. D’autre part, Murchison adéfini le « Silurian System » (nom romain qui faitréférence à une tribu celte de la région) dans leShropshire et sur les marges du Pays de Galles,comprenant un ensemble de schistes et de cal-caires fossilifères qu’il a subdivisés, du plus ancienau plus récent, en Llandeilo, Caradoc, Wenlocket Ludlow. Chaque unité était caractérisée parson contenu fossile, qu’il a illustré en 1839. Parcontre, les travaux de Sedgwick ne possédaientpas d’illustrations de fossiles et leur publication

postérieure (Sedgwick 1855, 1873) a mis en évi-dence leur appartenance partielle (jusqu’auCaradoc) au Silurien de Murchison. Cette coïnci-dence a provoqué une longue dispute accompa-gnée d’une attitude irréconciliable entre eux(Secord 1986). Toutefois, la meilleure documen-tation et les influences de Sir Murchison et de sescollaborateurs ont entraîné l’inclusion de la tota-lité du Système Cambrien dans le Silurien (Basset1991). Sedgwick (1852) a redéfini le Cambrieninférieur, d’un point de vue lithostratigraphique,comme étant composé des Groupes de Bangor(Llanberis slates et Harlech Grifts) et de Festiniog(Lingula flags, Tremadoc slates et Arenig slates),en utilisant les termes de Tremadoc et d’Arenig(d’après le Tremadoc Bay et l’Arenig Fawr) défi-nis auparavant par Ramsay (1866), Salter (1866)et Belt (1867) (Fig. 2). Le Cambrien supérieur deSedgwick (1852) comprenait les couches de Bala,qui appartiennent actuellement à l’Ordoviciensupérieur, et les calcaires de Woolhope (Silurienactuel [Stubblefield 1956 ; Cowie et al. 1972]).Cette confrontation s’est terminée quand, aprèsles décès de Murchison (1871) et de Sedgwick(1873), Lapworth (1879a, b) a dénommé« Ordovician System » (d’après le nom d’unetribu celte qui habitait le Pays de Galles) les suc-cessions interposées entre le Cambrien et leSilurien. L’Ordovicien contenait les couchessupérieures du Cambrien de Sedgwick (Arenig etBala) et le Silurien inférieur de Murchison(Llandeilo et Caradoc).Pendant cette période, Joachim Barrande étudiaiten Bohême des couches fossilifères qu’il aattribuées, par comparaison avec les travaux bri-tanniques, au Système Silurien de Murchison.Dans sa monographie de 1852, il a décrit et illus-tré un vaste ensemble d’environ 4000 espècesnouvelles, dont le premier registre fossile estdénommé « faune primordiale » (étage C). Cetassemblage fossile est actuellement mis en rela-tion avec le Cambrien moyen et correspond auxunités stratigraphiques contenant les trilobites dela famille des paradoxididés. Le terme « primor-diale » exprimait une croyance montrant que cesfossiles représentaient l’apparition de l’activitéorganique sur la Terre. Sa « faune seconde »

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comprenait des trilobites de type Asaphus,Trinucleus et Remopleurides assignés au Silurieninférieur (étage D) et, enfin, sa « faune troisième »(étages E-H) comprenait le Silurien inférieur auDévonien moyen (Kr̆íz̆ & Pojeta 1974 ; Chlupác̆1999).La comparaison détaillée des terrains cambrienss’est développée à partir de la corrélation paléon-tologique des affleurements du Pays de Galles, dela Suède, des États-Unis et de la Bohême, dont legroupe fossile le mieux représenté était celui destrilobites. Wahlenberg (1821) est l’un des pion-niers de l’étude de ce groupe, dont Brongniart(1822) a différencié les genres Agnostus etParadoxides (les agnostidés et paradoxididésactuels). Par la suite, Paradoxides a été séparéd’Olenellus (les olenellidés) par Dalman (1827).

Brögger (1876) a reconnu l’apparition strati-graphique antérieure des olenellidés par rapportaux paradoxididés en Suède et en Norvège(Angelin 1852-1854). Cela a été utilisé par Walcott(1888) qui a proposé que la faune à Olenelluscaractérisât le Cambrien inférieur tandis que legenre Paradoxides caractériserait le Cambrienmoyen européen. Le premier Paradoxides du Paysde Galles (P. hicksii) a été identifié par Salter(1864) dans les Lingula flags comme le premierreprésentant de la faune primordiale de Barrande.Le premier olenellidé britannique a été décrit parLapworth (1888) dans le Shropshire, en dessousdes niveaux à Paradoxides.Aux États-Unis, Walcott (1886) a proposé l’assi-gnation au Cambrien d’un ensemble de roches(déjà dénommées cambriennes dans le manuel de

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FIG. 2. — Schéma synthétique de l’évolution des termes stratigraphiques utilisés dans la corrélation du Cambrien et de l’Ordovicieninférieur en Grande-Bretagne au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle.

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géologie de Dana en 1881) en introduisant lestermes d’Acadien et de Potsdamien pour la subdi-vision du Cambrien ancien et récent. Dana avaitinclus les schistes de Géorgie (contenant la fauneà Olenellus) dans le Potsdamien. Toutefois,Walcott (1886) a considéré les schistes deGéorgie comme plus anciens que ceux duPotsdamien et a même proposé la possibilité dedistinguer le Cambrien moyen ou Horizongéorgien. En 1888, Walcott a présenté un résuméde ses travaux à Terre-Neuve où il montra que lesfaunes à Olenellus étaient plus anciennes que lesfaunes à Paradoxides. Il a appliqué cette décou-verte en 1889, sans toutefois utiliser le termeGéorgien. Cependant, le même auteur a montrédans un tableau (1891 : 360) la première subdivi-sion du Cambrien en Géorgien (Cambrieninférieur), Acadien (moyen) et Potsdamien(supérieur), subdivision qui a été largement uti-lisée en Europe au cours de la première moitié duXXe siècle, malgré certaines modifications dumême auteur (Walcott 1903, 1912).Les controverses développées autour des limitesentre les systèmes Cambrien, Ordovicien etSilurien en Grande-Bretagne et la multiplicité desterminologies utilisées pour les unités strati-graphiques de Bohême et des États-Unisexpliquent l’application tardive de cette nomen-clature dans le SW de l’Europe. Dans la régionCantabrique (NW Espagne), Schulz (1834, 1835)a différencié un « Groupe de Transition » pourdénommer les affleurements situés entre lesroches cristallines azoïques (plus anciennes) et lesniveaux riches en charbon (actuel Carbonifère).Par comparaison avec la stratigraphie britan-nique, Ezquerra del Bayo (1850) l’a désignécomme « Grupo de la Grawaka » en associant leCambrien et le Silurien. Mais Egozcúe &Mallada (1876) sont les premiers à différencier leCambrien de la région Cantabrique, après ladécouverte par Casiano del Prado (in Prado et al.1860) de la faune primordiale de cette région.Dans les Chaînes Ibériques (NE Espagne),Verneuil (1862) et Verneuil & Collomb (1853,1864) reconnaissent pour la première fois laprésence de la faune primordiale, qui a été car-tographiée séparément (Capas de Paradoxides)

dans la Carte géologique de l’Espagne et du Portugal(Verneuil & Collomb 1864). La faune primor-diale ainsi que les premiers archéocyathes espa-gnols ont aussi été découverts en Sierra Morena(Sud de l’Espagne) par Macpherson (1878). Enfin, ce n’est qu’en 1888 que la faune primor-diale (Cambrien moyen) a été décrite en France(Ferrals-les-Montagnes, Hérault) par Bergeron(1888a, b). Les premiers archéocyathes et trilo-bites du Cambrien inférieur ont été reconnus enMontagne Noire par Bergeron (1894a) et Blayac& Thoral (1931a, b), tandis que les premiers tri-lobites et échinodermes du Cambrien supérieurn’ont été décrits que récemment (Feist &Courtessole 1984 ; Ubaghs 1998).

L’ORDOVICIEN INFÉRIEUR

En ce qui concerne la corrélation du Tremadoc-Arenig, Lapworth (1879a) avait proposé la basede l’Arenig comme début de l’Ordovicien tout enconsidérant le Tremadoc comme une partie duCambrien supérieur, ce qui n’a jamais été utiliséhors des îles Britanniques (dernière révision dansFortey et al. 2000). L’abondance des graptolitesdans les roches du Tremadoc a encouragé l’intro-duction par la communauté internationale duTremadoc dans l’Ordovicien. Cet accord n’a étépossible qu’au cours des années 1980 par l’inter-médiaire de l’International Cambrian-Ordovician Boundary Working Group.Lapworth (1879b) avait aussi présenté des cor-rélations entre le Pays de Galles et la Suède ;plusieurs synthèses venaient d’être publiées sur lesujet (Linnarsson 1876, 1878) dans lesquelles labase du Tremadoc était définie à la basedes schistes à Dictyonema (un graptolite).L’apparition « soudaine » de graptolites planc-toniques au cours de cet intervalle géologique aconstitué un outil de corrélation très important,utilisé classiquement pour définir la limite cam-bro-ordovicienne. Lapworth et ses deux disciples(Elles et Wood) ont proposé une subdivision duTremadoc à partir des biozones à graptolites dansune « suite » (faciès) schisteuse. Par contre, cegroupe fossile est presque absent dans une autre« suite à shelly fossils » (coquilles) des facièscarbonatés et silicoclastiques grossiers, où la

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biozonation a été proposée sur la base des bra-chiopodes, des bryozoaires et des coraux. Cesdeux approches ont abouti à la définition de deuxéchelles chronostratigraphiques parallèles parfoisdifficiles à relier. Cette double échelle n’a étéhomogénéisée que récemment : bien que la limitecambro-ordovicienne fût souvent située à l’ap-parition du graptolite Dictyonema [Rhabdinopora]flabelliformis, la limite mondiale a été définitive-ment adoptée à Terre-Neuve à l’apparition duconodonte Iapetognathus fluctivagus selon lesdirectives de la IUGS/ICS Cambrian-OrdovicianBoundary Working Group (Cooper & Nowland1999). De plus, le Tremadocien et l’Arenigiensont actuellement deux étages régionaux britan-niques sans valeur internationale (Webby 1998).En Montagne Noire, malgré l’homogénéitélithologique mise en évidence au cours de la tran-sition cambro-ordovicienne, le Tremadoc a étédéterminé par l’assemblage des trilobites Euloma(actuel Proteuloma)-Niobe (Niobella), malgrél’assignation erronée de plusieurs faunes(attribuées actuellement à l’Arenig) associées àdes gastéropodes (anciennement dénommésBellerophon) et des céphalopodes (orthoceratidés).Compte-tenu de l’apparente absence de grapto-lites dans le Tremadoc languedocien, leschercheurs se sont fondés principalement sur letravail de Brögger (1896), qui a offert une visiond’ensemble du Tremadoc européen à partir d’unerévision de l’assemblage de trilobites à Euloma-Niobe. Bulman & Stubblefield (1927) ont repriscette analyse dans la région anglaise duShropshire, où ils ont proposé une corrélation desfaunes trémadociennes de la région atlantique.Toutefois, suivant l’opinion de Thoral (1935),« la faune du Tremadoc anglais se révèle très dif-férente de celle du Languedoc et, apparemment,est moins riche ».La distinction entre les trilobites cambriens et tré-madociens a toujours été évidente en MontagneNoire, mais ce n’est pas le cas des trilobites tré-madociens et arénigiens ; même actuellementcette limite est difficile à reconnaître. Les faunesfossiles de l’Arenig languedocien ont été les pre-mières découvertes et considérées comme unniveau de référence, aussi important que celui de

la faune primordiale du Cambrien moyen.L’Arenig a été d’abord étudié et défini au Pays deGalles septentrional, où deux zones à graptolitesont été rapidement reconnues. En Scandinaviel’Arenig était plus riche en trilobites, principale-ment le genre Asaphus. Dans le massif Armoricainl’Arenig a toujours été mis en relation avec unesuccession terrigène grossière, qui dans unpremier temps a donné son nom à l’étageArmoricain (Rouault 1851), ensuite à une forma-tion (la Quartzite Armoricaine ; Dalimier 1863)et, enfin, à un type de faciès diachrone typique del’Ordovicien inférieur du Sud-Ouest de l’Europe.L’étude des brachiopodes et des ichnofossiles ajoué un rôle clé dans la reconnaissance del’Arenig en Montagne Noire. Ici, les premiersnaturalistes ont retrouvé un registre fossile richeet diversifié, composé de trilobites (Niobe,Calymene, Remopleurides, Ampyx), de bra-chiopodes (Orthis, Lingula et surtout l’espècearmoricaine Lingula lesueuri), de graptolites et,enfin, des premières traces fossiles décrites enEurope (Vexillum, Fucoides, Bilobites, etc.).Dans la nappe de Pardailhan (terrain de prédilec-tion de Miquel) le Dévonien repose directementsur l’Arenig. C’est la raison pour laquelle la plu-part des contributions de l’amateur de Barroubion’ont pas dépassé l’Ordovicien inférieur.

LE CAMBRIEN DE LA MONTAGNE NOIRE

MÉRIDIONALE

La première preuve paléontologique de l’exis-tence de la faune cambrienne en Montagne Noirea été apportée par Bergeron (1888a, b). Par lasuite, Bergeron (1889) a subdivisé le Cambrienen trois sous-étages (Fig. 3) : 1) l’Annélidien,comprenant des grès (dépassant plusieurs cen-taines de mètres) à traces d’annélides ; 2) leParadoxidien, où il distingue (a) des schistes decouleur lie-de-vin (4 m) renfermant des trilobitesproches des faunes bohémiennes et britanniques,tels que Paradoxides, Arionellus et Conocoryphe ;dans certains cas, ces schistes sont verts et conti-ennent alors Paradoxides, Ptychoparia et l’échino-derme Trochocystites ; (b) des schistes jaunes(5 m) renfermant Paradoxides et Agnostus ; (c) desschistes verts plus gréseux (3 m), riches en

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Le Paléozoïque inférieur en Montagne Noire (1850-1940)

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FIG. 3. — Diagramme de corrélation des unités stratigraphiques du Cambrien et de l’Ordovicien inférieur (Tremadoc-Arenig) du ver-sant sud de la Montagne Noire jusqu’en 1935.

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Paradoxides géants, de nombreux Conocoryphe etdes échinodermes tel que Trochocystites ; 3)l’Olénidien (terme utilisé par comparaison avecles séries de l’Amérique du Nord) formé d’unensemble de grès et de schistes avec des débris deTrochocystites et des fragments de trilobitesindéterminables. Cette première subdivision stratigraphique deFerrals-les-Montagnes a ensuite été complétée parde nouvelles découvertes dans la région dePardailhan (Bergeron 1889, 1892). Cela a amenéune importante recherche de fossiles cambriensdans d’autres contrées de la Montagne Noire,notamment par de Rouville, Delage et Miquel,lesquels ont modifié la succession et la termino-logie stratigraphique en distinguant dans leCambrien de l’Hérault trois termes ou groupesqu’ils « dénomment provisoirement en l’absencede documents paléontologiques suffisants »(Delage et al. 1893) : 1) Antéparadoxidien (1200-1500 m d’épaisseur, comparé aux Llamberisslates), formé par le Grès de Marcory et surmontéde marbres saccharoïdes, de calcaires et dedolomies trouvés dans la région située entreVélieux et Coulouma ; 2) Paradoxidien (25-30 md’épaisseur, comparé aux Menevian et HarlechGroups), comprenant des schistes verts, jaunes,rouges et lie-de-vin, et contenant la faune décritepar Bergeron ; 3) Postparadoxidien (1200-1500 m d’épaisseur, comparé aux Tremadocslates et Lingula flags), formé d’une alternance deschistes et de quartzites avec des intercalationscalcaires, surmonté par l’Arenig déjà individualisépar Bergeron. Ensuite, Rouville (1893a, b) et Rouville et al.(1893) ont remplacé ces termes par ceux plussimples de Cambrien inférieur, moyen etsupérieur. La poursuite des recherches va permet-tre de trouver de nouveaux gisements, certainscités par Bousquet et al. (1893), Miquel (1893,1894) et Rouville et al. (1893, 1894). Miquel(1894) a rattaché l’Olénidien de Bergeron auCambrien moyen et a dénommé provisoirementBarroubien les couches de la transitionCambrien-Arenig, signalant quelques nouveauxfossiles. Bergeron (1893a, b) a critiqué la nomen-clature utilisée par le trio Rouville-Delage-Miquel

et a introduit certaines modifications à la succes-sion stratigraphique cambrienne, qui sera à nou-veau critiquée par les naturalistes du Languedoc(Bergeron 1894b, 1895b). D’après Bergeron, leCambrien inférieur est formé de dolomies, decalcaires noirs et de calcaires gris clair (il y décou-vre les premiers archéocyathes dans le secteurMarso-Cartouyre) qui passent aux schistes fossi-lifères du Cambrien moyen. Toutefois, ilprésente deux données ambiguës : l’existenced’encrines dans les calcaires gris-noir (assimiléspar ses opposants au Dévonien) et la détermina-tion des Grès de Marcory comme un faciès duPotsdamien (Cambrien supérieur). C’est Miquel(1895) qui a maintenu (correctement) les Grès deMarcory comme base des terrains cambriens, tan-dis que Bergeron (1895a) a considéré que seulsles calcaires à Archaeocyathus constituaient leGéorgien (Cambrien inférieur).Au cours de la Réunion extraordinaire sur laMontagne Noire, organisée par la Sociétégéologique de France (Bergeron 1899), et duCongrès international de 1900 (Bergeron 1900),Bergeron a établi une subdivision du Cambrienqu’il ne modifiera plus. Celui-ci est subdivisé enGéorgien (qui commence seulement à partir descalcaires renfermant parfois des encrines),Acadien (contenant les trilobites associés àParadoxides) et Potsdamien (azoïque). Miquel(1905) a ensuite proposé une succession dif-férente et plus complète de l’Acadien : 1) hori-zons inférieurs, comprenant les calcaires àArchaeocyathus et les premiers schistes à faune detrilobites composée de Paradoxides, Cteno-cephalus, Conocoryphe, Liocephalus, Holocephalina,Ptychoparia, Solenopleura, Liostracus, Agraulos,Agnostus, Strenuerella ?, Microdiscus, Corynexochuset le brachiopode Acrothele ; 2) horizons intermé-diaires, ou faune primordiale de Bergeron, com-prenant Paradoxides, Ctenocephalus, Conocoryphe,Ptychoparia, Agnostus et l’échinoderme Trocho-cystites ; 3) horizons supérieurs, comprenant unefaune variée composée de Paradoxides, Cono-coryphe, Ctenocephalus, Ptychoparis, Agnostus,Dorypige , Senotheca, Hyolithes, Kutorgina ,Linnarssonia, Acrothele, Trochocystites, Stroma-tocystites, Eocystites et Arenicolites.

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Miquel (1910) a étudié en détail l’Acadiensupérieur en proposant une nouvelle subdivisionstratigraphique. Dans des schistes à intercalationscalcaires il a trouvé une faune qu’il a envoyée aupaléontologue scandinave Grönwall pour déter-mination. Elle comprend des cystidés et des trilo-bites, notamment Paradoxides cf. forchhammeri(mal déterminée à partir d’une librigène isolée),ce qui a permis à Miquel de proposer une pre-mière corrélation biostratigraphique avec leCambrien des pays scandinaves. Miquel a résumétoutes ses observations dans une monographie de1912, travail considéré par Thoral (1935) comme« le plus important de tous ceux publiés sur lastratigraphie du Cambrien et du Silurien de laMontagne Noire ». Par la suite, Bergeron etMiquel ont conservé leurs subdivisions strati-graphiques respectives, publiées précédemment.Toutefois, les travaux de Blayac & Daguin(1922) et Termier (1925) ont adopté la subdivi-sion stratigraphique proposée par Miquel.À partir de 1928, plusieurs événements vont bous-culer la conception du Cambrien en MontagneNoire : la révision des terrains primaires de lafeuille de Bédarieux, la découverte de la faune aca-dienne dans les monts de Lacaune (versant nordde la Montagne Noire) par Blayac & Thoral(1931a, b), et la thèse de doctorat que Thoral aréalisée sous la direction de Blayac (Thoral 1935).Une nouvelle étape de recherches a commencé aucours des années 1930, influencée principalementpar Thoral et par la révision de la plupart des cartesgéologiques de la Montagne Noire.

L’ORDOVICIEN INFÉRIEUR DE LA MONTAGNE

NOIRE MÉRIDIONALE

Fournet & Graff (1849, 1850) ont découvert lespremiers fossiles ordoviciens, 40 ans avant ceuxdu Cambrien, aux environs de Neffiès (Hérault).Ils ont été d’abord assimilés au Silurien,Dévonien et Carbonifère par Verneuil (1849).En 1850, Fournet a signalé la présence de trilo-bites (tel qu’Asaphus), de graptolites et de bra-chiopodes (Orthis) dans ces schistes, qu’il a datésdu Silurien inférieur. La détermination en Montagne Noire del’Ordovicien britannique a été réalisée à partir de

l’étude de quatre groupes fossiles : les bra-chiopodes, les trilobites, les graptolites et lestraces fossiles. Concernant les trilobites, Bergeron(1888a, b, 1889) a utilisé les premiers trilobitesordoviciens comme éléments de corrélation avecles dépôts recouvrant ceux de la faune primor-diale. L’existence de faunes du Tremadoc britan-nique a été reconnue par Bergeron (1888a, b) ausein de schistes gréseux qui ne possèdent pas dedifférences lithologiques avec les niveauxinférieurs cambriens, mais qui sont reconnais-sables par l’apparition d’une faune absolumentdifférente, composée de trilobites des famillesAsaphidae et Calymenidae, ainsi que desgastéropodes de type Bellerophon. Bergeron(1888c) a d’abord hésité à rapporter ces faunes auTremadoc, compte-tenu de l’ambiguïté de cetteunité en Grande-Bretagne où on continuait àmélanger des unités du Cambrien et del’Ordovicien. Pour bien préciser que cette faunenouvelle devait occuper la base de l’Ordovicien,Bergeron l’a rapprochée de celle de l’Areniginférieur, dont l’âge et la stratigraphie étaientbien établis. Par la suite, Brögger (1896) etPompeckj (1902) ont rapporté correctementcette faune du Languedoc au Tremadoc britan-nique.D’autre part, la découverte du brachiopodeLingula lesueuri [Ectenoglosa lesueuri (Rouault,1850)] (Tromelin & Gasset 1877 ; Tromelin1879) au Sud de Roquebrun a permis rapide-ment de corréler les unités gréseuses ordovi-ciennes du Languedoc avec le Grès Armoricainoù les chercheurs bretons et normands avaientdéjà réalisé d’importantes découvertes.Les premiers graptolites arénigiens ont été trouvéssur une colline au Nord-Ouest de Cabrières,nommée le bois de Boutoury, qui a donné sonnom aux « Schistes de Boutoury ». Un autreaffleurement important se trouve dans la vallée deLandeyran, près de Saint-Nazaire-de-Ladarez,d’où les noms de « Schistes de St-Nazaire àPhyllograptus » ou de « Schistes à Calymènes »,d’après les trilobites associés. Après plusieursréférences à l’existence de graptolites enMontagne Noire (Frech 1887 ; Bergeron 1889 ;Rouville 1889), c’est Barrois (1892, 1893) qui a

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décrit neuf espèces de graptolites en ajoutant« que les schistes de Boutoury appartiennent àl’Arenig moyen du Sud du Pays de Galles ».En ce qui concerne les traces fossiles, la plupartdes ichnofossiles arénigiens du versant sud de laMontagne Noire ont été assimilés à ceux déjàdécrits dans le massif Armoricain. Après la recon-naissance des premiers Bilobites en Bretagne, ceterme a été utilisé pour décrire toute sorte detrace bilobée et est devenu obsolète après ladescription de Cruziana par d’Orbigny (1842).La première référence en Montagne Noire estcelle de Christol (1851) qui a présenté desBilobites provenant des terrains « siluriens » deClermont-l’Hérault, d’où provient d’ailleursl’ichnoespèce Bilobites monspeliensis Saporta. Laprésence des Bilobites et des Fucoides enMontagne Noire et dans le massif Armoricain aété utilisée par Saporta (1882) dans sa polémiqueavec le naturaliste suédois Nathorst concernant lanature des traces fossiles. Saporta (1884) a définiaussi l’espèce (d’algue) Vexillum rouvillei d’aprèsdes échantillons recueillis aux environs deCabrières (Hérault). Le professeur de Montpellier(Rouville 1893b ; Rouville et al. 1894) a définiune unité stratigraphique informelle, les schistesgréseux à Cruziana, Bilobites et Vexillum, commel’a fait Miquel (1895) pour les Grès Armoricainsà Bilobites. Dans ces deux cas il s’agit des grèsarénigiens assimilés à la Quartzite Armoricaine.Auparavant, Lapparent (1883) avait aussi pro-posé une charte chronostratigraphique provisoirepour le Paléozoïque inférieur en utilisant laprésence de certaines traces fossiles dans ces deuxrégions. Son étage Armoricain (dont la partieinférieure comprenait les Grès à Bilobites typiquesde l’Arenig) correspondait à la « faune seconde »de Barrande (1852) recouverte d’un étageBohémien, riche en Chondrites, correspondant àla « faune troisième » de Barrande.Lors de la Réunion extraordinaire de la Sociétégéologique de France à Montpellier, Rouville(1869) a proposé la subdivision des terrains silu-riens en « Schistes à Asaphes » à la base, etquartzites et « Grès de Glauzy » (actuellementOrdovicien supérieur) au sommet, succession qui aété maintenue par Graff (1874). La position strati-

graphique des couches de Glauzy, dont la faunefossile venait d’être étudiée par Koenen (1886), aété précisée par plusieurs notes (Rouville 1887a-f).La première contribution de Bergeron (1887a)sur l’Ordovicien permet de distinguer deux hori-zons en Montagne Noire (Fig. 3) : 1) les GrèsArmoricains ou premier horizon fossilifère silu-rien ; et 2) les schistes à Asaphus et Acidaspis duSilurien moyen. Ensuite, Bergeron (1887b) aproposé une succession plus complète, compre-nant : 1) des schistes argileux à nodules calcairesrenfermant des Asaphus, Agnostus, Calymene etVexillum (Silurien moyen) ; 2) des grès àVexillum et Bilobites à la base et à Lingula lesueuriau sommet ; 3) des schistes à grands Asaphes ;4) des schistes à Orthis actoniae et O. calli-gramma ; et 5) des calcaires à O. actoniae et cys-tidés. Les deux derniers groupes correspondaientaux couches de Caradoc et de Bala de Grande-Bretagne.La succession stratigraphique ordovicienne desenvirons de Cabrières, publiée par Frech (1887) etRouville (1887a-f), est similaire à celle qu’a établieBergeron (1887a). Bergeron a présenté la décou-verte de la faune primordiale (Bergeron 1888a, b)et nommé les premiers trilobites provenant del’Ordovicien inférieur de Cassagnolles : Agnostusferralsensis, Calymene filacovi, Megalaspis filacovi etAsaphelina barroisi. La thèse de Bergeron (1889),complétée par la description des nouvelles espèces(Bergeron 1893c), est de grande importance pourla détermination stratigraphique de l’Ordoviciende la Montagne Noire. Ce « Silurien moyen »comprend : 1) les schistes à Bellerophon (70-80 md’épaisseur), renfermant Bellerophon oehlerti,Megalaspis filacovi, Agnostus ferralsensis, Asaphelinabarroisi, Vexillum rouvilllei et Bilobites monspelien-sis ; 2) les Grès Armoricains (50 m) à Vexillum,Lingula lesueuri, L. crumena et Dinobolusbrimonti ; 3) les schistes à Asaphus fourneti,A. graffi, A. aff. nobilis, Illaenus lebescontei,Amphion aff. lindaueri, Orthis sp. et des grapto-lites ; 4) les schistes de Glauzy, renfermantplusieurs brachiopodes du genre Orthis ; cesschistes passent à des calcaires à cystidés.Par la suite, Barrois (1892) a étudié la répartitiondes graptolites en France et décrit les espèces

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languedociennes, en distinguant : 1) les schistes àBellerophon oehlerti ; et 2) les schistes à Asaphusfourneti. À la suite de ce travail, Bergeron (1892)a modifié la série de l’Arenig, à savoir, de bas enhaut : 1) schistes à Calymene filacovi et Asaphelinabarroisi ; 2) schistes argileux à Agnostus, Ampyx,Dalmanites et Didymograptus ; 3) schistes àAmphion ; et 4) Grès à Vexillum et Bilobites. Cesquatre niveaux appartiendraient à l’Areniginférieur et seraient recouverts par les Grès à lin-gules de l’Arenig moyen.Rouville & Delage (1892) ont subdivisél’Ordovicien de Cabrières en : 1) Arenig (schistesde Boutoury et Grès Armoricains, comprenantles schistes gréseux à Bilobites et les grès à Lingulalesueuri) ; 2) Llandeilo inférieur (schistes àAsaphus) ; et 3) Caradoc (Grès de Glauzy).Barrois (1893) a décrit Rouvilleigraptus richard-soni de Cabrières en confirmant l’âge arénigiendes schistes de Boutoury. Bergeron (1893c) décritun nouveau trilobite envoyé par Miquel, qu’ildénomme Asaphelina miqueli, en signalant quetoutes les espèces d’Asaphelina sont cantonnéesdans l’Arenig inférieur.En 1893, Miquel publie sa première note sur lagéologie des terrains primaires du département del’Hérault. Il nomme Postcambrien ou Silurieninférieur les grès qui surmontent le Paradoxidiende Coulouma. Il donne une longue liste de fos-siles du Silurien moyen et, en 1894, propose unezonation (litho/bio)stratigraphique de l’Arenig,où les zones A et B représenteraient l’Areniginférieur, les zones C et D l’Arenig moyen, et lazone E l’Arenig supérieur : zone A : schistesgréseux à Orthis et Asaphidés, dont les principauxfossiles sont des orthocères et cyrtocères (?),Redonia (?), Orthis, lingules, Angelina (?),Agnostus, Calymene filacovi, Asaphidés, Asaphus,Ogygia, Asaphelina et Beyrichia ; zone B : schistesà petits nodules à orthocères, Bellerophon,Lingulella, Orthis, cystidés, astéries et asaphidés ;zone C : schistes gréseux à Vexillum, dont lesnodules livrent des orthocères, Bellerophon,Orthis, Redonia, Nucula, Avicula, Orthonota,Asaphus, Niobe, Asaphelina miqueli, graptolites,Vexillum et Bilobites ; zone D : Grès Armoricainsà Vexillum halli, Bilobites, Lingula lesueuri, L. cru-

mena, Dinobolus brimonti et Asaphus tyrannus ;zone E : schistes de Boutoury à Didymograptus v.fractus, Agnostus, Ogygia, Dalmanites, Calymene,Asaphus, Acidaspis, Remopleurides et Ampyx.Rouville (1894) et Rouville et al. (1894) ont pro-posé de légères modifications stratigraphiques,mais Miquel (1895) a confirmé la compositionde l’Arenig telle qu’il l’avait définie l’année précé-dente. Les notes de Miquel sont vivement cri-tiquées par Bergeron (1895b) qui estime que lasuccession de l’Arenig est fondée sur des faunesinsuffisamment étudiées, ce qui l’encourage àdécrire plusieurs espèces nouvelles.En 1896, Brögger a réalisé une révision desfaunes à Euloma et Niobe (trilobites) dans lemonde et réétudié la faune de l’Arenig inférieurdécrite par Bergeron : la plupart des détermina-tions sont rectifiées. Certains schistes sont équiva-lents des calcaires à Ceratopyge de Scandinavie et,par conséquent, correspondent à l’étage 3a deBrögger ou Tremadoc de Grande-Bretagne : àpartir de ce moment, le terme Tremadoc serautilisé par les chercheurs français (Bergeron1898a, b). En 1899, Bergeron a proposé unenouvelle succession stratigraphique pourl’Ordovicien de la Montagne Noire : 1)Tremadoc : schistes à nodules, qui livrentAsaphelina barroisi, Asaphelina miqueli, Niobelignieresi, Bellerophon oehlerti et orthocères ; 2)Arenig inférieur et moyen : schistes de Boutoury,reposant sur les schistes à Amphion à Cabrières(les trilobites appartiennent à des espèces nondécrites, tandis que les graptolites ont été décritspar Barrois en 1892) ; 3) Arenig supérieur àVexillum rouvilllei, Cruziana monspeliensis,Vexillum halli et Lingula lesueuri ; 4) Llandeilo :schistes à Asaphus, Illaenus et Didymograptuseuodus ; 5) Grès de May : grès à Calymenellaboisseli ; 6) étage de Bala et de Caradoc : schistes àOrthis et bancs calcaires à cystidés.Au cours des excursions effectuées lors de laRéunion extraordinaire sur le versant méridionalde la Montagne Noire, Bergeron (1899) essaie deprouver l’existence de cette série, mais Miquel (inBergeron 1899) souligne que la série siluriennede Boutoury est renversée. Enfin, dans le livret-guide de la Montagne Noire, Bergeron (1900) ne

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laisse dans le Tremadoc que les schistes à Euloma-Niobe ; il range dans l’Arenig inférieur les schistesà Orthocères et les schistes à Asaphelina miqueli,conclusion maintenue par Thoral (1935).Pompeckj (1902) adopte les idées émises parBrögger (1896) et décrit Shumardia miqueli,Agnostus cf. bavaricus, Orthis christianiae etLingulella lepis du Tremadoc inférieur.Barrois (1904a, b) annonce la découverte dePhyllograptus angustifolius dans l’Hérault et rangedans l’Ordovicien les termes suivants, de bas enhaut : 1) schistes de Saint-Nazaire à Trilobites ;2) les mêmes schistes à Phyllograptus ; 3) schistesde Boutoury à Didymograptus ; et 4) schistes deCassagnolles à Euloma-Niobe, tout en réalisantune corrélation avec la Scandinavie. Par la suite,Bergeron (1912) maintient la série stratigraphiquequ’il avait proposée en 1900, et Miquel (1912)propose la série la plus complète : 1) Tremadocieninférieur (à trois horizons) et supérieur (à troisfaciès) ; 2) Ordovicien inférieur ou Arenigien :Grès Armoricain à Lingula lesueuri et schistes àAmphion et Phyllograptus ; 3) Ordovicien moyenou Llandeilien : schistes à Calymene de Boutouryet schistes à Barrandia ; 4) Ordovicien supérieur ouCaradocien : à trois faciès, Grès à Trinucleus, cal-caires à O. actoniae et calcaires à Echinosphaerites.Selon Thoral (1935), « le savant géologue deBarroubio [Miquel] publie la liste complète desfossiles recueillis dans chacune de ces subdivisions.C’est cette succession qui a été admise jusqu’à cejour par tous les géologues languedociens. Onverra par la suite que j’ai été amené à la modifier ence qui concerne l’Arenig et le Llandeilo inférieur[...]. À mon avis, si la série des horizons ordovi-ciens de la Montagne Noire est aussi confuse, celatient à ce que les auteurs ont utilisé dans leurspublications, des termes [lithostratigraphiques]non définis du point de vue stratigraphique ».

PRINCIPALES CONTRIBUTIONSPALÉONTOLOGIQUES DE JEAN MIQUEL

La découverte de la faune primordiale à Ferrals-les-Montagnes a favorisé la recherche de nou-veaux gisements fossilifères, ainsi que l’étude de

leurs successions stratigraphiques. Bergeron(1888a, b) a décrit la présence de sept espèces detrilobites identiques ou très similaires aux faunesprimordiales de Bohême. Miquel a reconnu aucours de ses recherches l’existence d’une grandediversité fossile qu’il aurait pu décrire, mais qu’ilse contenta simplement de citer comme « novaspecies » informelles. Ces dernières ont étédécrites a posteriori (plus d’un demi-siècle après)par Thoral (1935), Sdzuy (1961) et Courtessole(1973). Indécision ? Peut-être est-ce la pressionexercée par la rivalité entre de Rouville etBergeron qui a obligé Miquel à maintenir uneattitude prudente et à se consacrer à la strati-graphie cambro-ordovicienne de sa région derésidence : les combes de Barroubio. Cela expli-querait l’envoi de quelques exemplaires de « novaspecies » à d’autres spécialistes (tel que Asaphelinamiqueli Bergeron 1893c), l’existence d’uneunique monographie systématique réalisée parMiquel (1905) et l’envoi d’une association nou-velle de trilobites au paléontologue scandinaveGrönwall. Sa contribution sur l’Ordovicieninférieur est seulement de type stratigraphique.« M. Jean Miquel, de Barroubio, m’a fait parvenirau mois de novembre 1893 des pygidiums qu’ilne connaissait pas encore ; il les avait trouvés entrès grande abondance dans le ruisseau de Saint-Cels, près de Saint-Chinian […]. J’ai été trèsheureux de la dédier à notre nouveau confrèreM. Miquel, qui est le premier à me l’avoir faitconnaître avec ses principaux caractères »(Bergeron 1893c).Nous devons à Miquel la définition de cinqespèces de trilobites et d’une espèce d’échino-derme cambriens, décrits dans sa monographiepaléontologique de 1905. Il s’agit de Stroma-tocystites cannati [Cambraster cannati (Miquel,1905)], Paradoxides rouvillei [Eccaparadoxidesrouvillei (Miquel, 1905)], Holocephalina holo-cephala Miquel, 1905, Liostracus couloumanus[Velieuxia couloumana (Miquel, 1905)], Cory-nexochus delagei Miquel, 1905, Conocorypheheberti var. pseudooculata [Conocoryphe pseudoocu-lata Miquel, 1905] et Solenopleura cannatiMiquel, 1910, espèce décrite sur les indicationsépistolaires de Grönwall.

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D’autre part, Miquel (in Coulouma & Miquel1933) a proposé la distinction de quelquesespèces qui restaient à dénommer : 1)« Ptychoparia nova specie, qui possède desaffinités avec Sao hirsuta de Bohême, PtychopariaRybeyroi [Solenopleuropsis (Manublesia) ribeiro] dela région Cantabrique et P. Barthouxi [Badulesiatenera] du Maroc » ; 2) il souligne que « Soleno-pleura cf. tener [Badulesia tenera] fut considérépar Matthew comme la meilleure pièce de liaisonentre l’Acadien du Vieux [Gondwana] et duNouveau Monde [Laurentia] » ; 3) « les agnos-tidés Agnostus cf. rex, Microdiscus cf. punctuatus etM. cf. sculptus ont autant et plus d’analogie avecles espèces du New Brunswick qu’avec celles duPays de Galles [Avalonie] » ; 4) « Agraulos res-semble aux formes longues du Pays de Galles(Agraulos longicephalus) et aux formes courtes deBohême (Agraulos ceticephalus) ». Enfin, il recon-naît, pour la première fois dans le Cambro-Ordovicien de la Montagne Noire une grandequantité d’espèces de trilobites définies ailleurs(voir Annexe, Figs 4-7).

PROBLÉMATIQUES GÉOLOGIQUES ET PALÉONTOLOGIQUES

L’APPLICATION DE L’UNIFORMITARISME

Depuis Lyell (1830-1833) la sédimentation étaitconsidérée comme un processus graduel sanstenir compte des arrêts de sédimentation, del’érosion liée à des variations eustatiques ou iso-statiques et des orogenèses. La nature des discor-dances stratigraphiques n’était pas correctementinterprétée. Par conséquent, entre deux unitésstratigraphiques caractérisées par leur contenufossile, il fallait trouver les dépôts intermédiairesreconnus dans d’autres régions. La logique per-mettait de soupçonner ainsi l’existence d’uneunité stratigraphique (avec son contenu fossilecaractéristique) là où l’on ne trouvait qu’une suc-cession azoïque ou son absence par contact tec-tonique.

« La nature n’a pas eu d’arrêts ou de soubresautsdans le dépôt des terrains stratifiés » (Miquel 1894).

LE CHOIX DE LA TERMINOLOGIE

STRATIGRAPHIQUE

La découverte de fossiles similaires (et parfoisidentiques) dans différents pays a amené les natu-ralistes à corréler chronologiquement les rochesqui les contenaient. L’insuffisance et l’ambiguïtédes termes de corrélation stratigraphique ont crééun problème dans les comparaisons entre lescouches stratigraphiques et leur contenu fossile.Au cours de la transition entre les XIXe et XXe siè-cles la plupart des corrélations était fondée sur lesaffinités paléontologiques (au niveau le plus sou-vent générique) et, accessoirement, lithologiques.Les concepts de faciès et d’unités litho- et bio-stratigraphiques n’étaient pas tout à fait dévelop-pés, ce qui a engendré des discussions quant à lasimilitude de certains fossiles au sein de litholo-gies différentes et de domaines géographiques trèséloignés ou, au contraire, la ressemblancelithologique entre des unités stratigraphiquesd’âge très différent.

« [Concernant] les connexions avec le Cambriende l’Espagne, décrit pour la première fois parCasiano del Prado [1860]. Barrois et Bergeron[…] ont signalé des analogies entre les schistesparadoxidiens des deux pays, d’un point de vuestratigraphique et paléontologique (Paradoxidespradoanus). Les bandes de calcaire rouge [griotte]séparées entre elles par des lits de schistes égale-ment rouges correspondent à nos calcschistesamygdalins rouges ou lie de vin. […] Le grès quiest presque une quartzite où l’on n’a trouvéd’autres fossiles que des Bilobites, présente tous lescaractères de notre Barroubien » (Miquel 1893).

« Les grès de Marcory [Cambrien inférieur] ne cons-tituent pas un étage distinct [Rouville et al. 1894],antérieur aux calcaires cambriens, mais un facièsspécial de Potsdamien [Cambrien supérieur !].Peut-être ont-ils été considérés comme plus anciensque les calcaires parce que sur le versant sud [de laMontagne Noire] on y trouve deux intercalationscalcaires, comparables à celles que j’ai signalées plushaut du côté de Cazillac ; mais ce sont là de simplesaccidents dûs à des plis et l’on n’a pas affaire àl’étage calcaire lui-même » (Bergeron 1894b).

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Dans les premiers travaux sur la Montagne Noireles auteurs mélangent souvent les concepts de« formation », « assise », « étage » et « terme ».Ceux-ci, ainsi que la subdivision d’étage (zone),sont définis à partir d’un assemblage fossileassocié à une lithologie. Par conséquent, lescomparaisons entre des unités stratigraphiquespossédaient un caractère à la fois litho- et bio-stratigraphique. Pour les comparer ils ont utiliséles expressions « attacher », « rattacher » et « rap-porter » des unités stratigraphiques contenant unregistre fossile, sans distinguer parfois s’il s’agis-sait des corrélations litho- ou biostratigraphiques.En paléontologie et en géologie il faut essayer demaintenir la nomenclature la plus ancienne, ce quipermet d’éviter la prolifération de termes pourdésigner un fossile ou une unité stratigraphique.Les naturalistes pionniers dans l’étude duPaléozoïque inférieur de la Montagne Noire ontréalisé de nombreuses comparaisons avec desunités stratigraphiques définies au Pays de Galleset aux États-Unis. Ces comparaisons ont permis dereconnaître le Cambrien (Géorgien, Acadien etPotsdamien) et l’Ordovicien inférieur (Tremadocet Arenig) dans les régions languedociennes malgrél’absence d’espèces fossiles communes aux affleure-ments britanniques et américains. Le plus souvent,l’unité comparée se situait au-dessus ou en-dessousd’une unité corrélée correctement : le Paradoxidien(ou schistes à Paradoxides) et les grès à caractèrearmoricain (Arenig) étaient les références duPaléozoïque en Montagne Noire. Par conséquent,deux solutions étaient envisageables : 1) on utilisaitun terme importé (britannique ou américain) mal-gré l’absence de fossiles communs ou le caractèreazoïque de la succession, ou 2) on définissait uneunité locale provisoire (tel que le Barroubien, entreles unités identifiées comme Cambrien et Arenig)modifiable en fonction des découvertes futures.Malgré la ressemblance taxinomique du contenufossile avec celui de l’Espagne (trilobites de larégion Cantabrique et des Chaînes Ibériques) et dela Bohême, les unités stratigraphiques ont hérité dela terminologie britannique (décrite au Pays deGalles par Sedgwick et Murchison) et américaine(proposée en Terre-Neuve par Walcott), comme lesoulignent les paragraphes suivants.

Le Précambrien« Quant aux assises inférieures aux calcaires[Cambrien inférieur], si elles renferment des grès,elles renferment aussi et surtout des phyllades etse lient trop intimement aux schistes à séricitepour qu’on puisse les en séparer ; il semble doncplus naturel de les rattacher au Précambrien »(Bergeron 1893b).

« Il y a une erreur pétrographique [lithologique] ;elles doivent être rattachées au Cambrien car ellessont constituées essentiellement de grès siliceux.Ce ne sont pas des caractères précambriens [!] »(Rouville 1893a).

Le Cambrien s.l.« La série cambrienne de l’Hérault y est divisée entrois groupes, l’Antéparadoxidien, le Paradoxidienet le Postparadoxidien, dont la terminologie et lesassimilations avec les termes du Cambrien del’Angleterre, ne paraissent pas à M. Bergeron jus-tifiées. Si Bergeron avait lu notre note de 1893 unpeu plus attentivement, il aurait vu que la termi-nologie qu’il critique n’a été créée et employéeque provisoirement, et qu’elle est justifiée par lefait même qu’elle s’applique à des formations quepersonne n’est actuellement en mesure de syn-chroniser [corréler] avec aucun horizon classique »(Rouville 1893a ; Rouville et al. 1894).

« Les seules assises cambriennes dont l’âge soitétablie avec certitude appartiennent au Cambrienmoyen ou Acadien […], mais il n’est pas demême pour les niveaux qui leur sont supérieurs etinférieurs. C’est uniquement pour des raisonsd’ordre stratigraphique qu’ils ont été classés dansle Cambrien, et, si leur attribution au Géorgienou Cambrien inférieur et ou Potsdamien ouCambrien supérieur est très vraisemblable, dumoins elle n’est pas certaine par suite de l’absencede faunes caractéristiques » (Bergeron 1899).

Le Cambrien inférieur« Si les assises inférieures du Cambrien de l’Héraultreprésentent réellement les Llamberis slates, leurnom était tout trouvé ; c’est le Géorgien, admismaintenant par la plupart des géologues, et il n’était

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pas besoin de créer un nom qui ne peut préciseraucun âge » (Bergeron 1893b).

« Il y a dans ce passage, d’abord une leçon d’éru-dition que nous n’acceptons pas ; ensuite unecritique à laquelle nous avons déjà répondu.Nous avons déclaré que nous n’avions encore rientrouvé dans notre Cambrien inférieur, laissantainsi entendre, à ceux qui ne sont pas systéma-tiquement sourds, que le temps nous a fait défautpour y chercher avec le soin voulu […]. Ne con-naissant pas la faune du groupe sédimentaireinférieur au Paradoxidien, nous ne nous sommespas crus fondés à le synchroniser avec un étage[…]. Le nom d’Antéparadoxidien ne nous ayantpas encore fourni des caractères paléontologiquespermettant de la rapporter avec certitude à unhorizon de la série classique, a reçu provisoire-ment le nom Antéparadoxidien » (Rouville 1893a ;Rouville et al. 1894).

« Bergeron a rapporté les schistes (avec quelquesarticles de cystidés) à l’Olénidien, bien qu’il aittoujours été impossible d’y trouver le moindrefragment d’Olenellus » (Miquel 1894).

Le Cambrien supérieur« La même critique peut être faite au nom Post-paradoxidien. D’ailleurs, il est bien vraisemblablequ’une partie correspond au Postdamien [sic] etl’autre à la base de l’Arenig inférieur » (Bergeron1893b).

« Mais ce n’est pas certain, en tant que l’étagen’aura rien fourni, fidèles à notre principe den’affirmer rien dont nous n’ayons la certitude,nous lui maintiendrons logiquement un nom quine précise pas son âge, et nous nous abstiendronsde le synchroniser avec quoi que ce soit »(Rouville 1893a ; Rouville et al. 1894).

Le Barroubien« Je vais donner à notre échelle géologique unétage nouveau, inédit jusqu’ici […] comprisentre deux étages classiques, celui de la faune pre-mière [Cambrien] et celui de l’Arenig » (Miquel1893).

En 1893, Miquel se « laissa impressionner par lapuissance de leurs assises et par l’étendue de leursaffleurements ; je leur attribuai un rôle plusimportant sans doute qu’il convenait ; je vis enelles un sous-étage nouveau […], j’en fis lePostcambrien. Quelques mois après, MM DeRouville et Delage reprenaient l’étude […] del’étage Barroubien, d’après l’hameau où habitaitMiquel. Le mot Barroubien a été donné avanttout comme un terme provisoire ; il désigne uneformation composée d’empiètements sur lesétages voisins ; et il est destiné à disparaître le jouroù il sera possible de fixer la part qui revient àchacun d’eux. Je viens d’en détacher à la base,avec le Cambrien supérieur des assises très impor-tantes ; je vais lui enlever au sommet, avecl’Arenig inférieur, une bande aussi considérable[…]. Le nom de Barroubien ne laisse rienpréjuger et de rappeler en même temps une desrégions […]. Ainsi donc, en créant ce nomBarroubien, nous n’avons eu nullement l’inten-tion de créer un étage nouveau, nous avons voulusimplement désigner un groupe de sédiments quenous soupçonnons devoir disparaître, en tant queterme de notre série primaire, sous cette dénomi-nation, mais que nous conservons tel quel,jusqu’à nouvel ordre, parce que nous ne sommespas actuellement en mesure de le synchroniserd’une façon précise avec quoi que ce soit […].Notre étage Barroubien ne nous a encore fourniaucune trace de fossiles ; toutefois, […], où sem-ble finir le Barroubien et où semble commencerl’Arenig, quelques formes qui appartiennentincontestablement à la faune seconde [deBarrande] […]. Nous voici en présence d’uneformation, comprise entre un Paradoxidien biencaractérisé et un Arenig dont les caractères nesont pas moins incontestables » (Rouville 1893a ;Rouville et al. 1894).

Le Tremadoc« Le Tremadoc anglais est un étage sur lequel ondiscutera longtemps encore ; et je ne crois pasqu’il faille apporter ce mot dans notre géologie,mais il y a dans l’Hérault une formation ana-logue. Des couches puissantes de plus de millemètres se soudent en bas avec les schistes à

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Paradoxides et passent en haut par une transitioninsensible à l’horizon de l’Arenig » (Miquel1893).

L’Arenig« Bien que je ne partage pas sa manière de voirrelativement aux divisions et aux termes àemployer dans la classification du Cambrien[…]. Quant aux divisions qu’il introduit dansl’Arenig inférieur, elles sont fondées surtout surdes caractères lithologiques qui n’ont pas grandevaleur ou sur des données paléontologiques qui,selon moi, ne sont pas encore établies avec assezcertitude. La faune de cet Arenig n’est connue, eneffet, que par des fossiles trouvés de différentscôtés et non en superposition » (Bergeron1895b).

LA MÉTHODE D’ÉCHANTILLONNAGE

La plupart des fossiles provenaient de chantiers,d’affleurements ou de gisements étendus où l’onne tenait pas compte (comme c’est le cas de nosjours) de la provenance stratigraphique précisedes exemplaires. Cela favorisa la définition de« zones » ou « termes » caractérisés par un assem-blage fossile, aux limites souvent ambiguës. Lavaste étendue et la méconnaissance des affleure-ments forçaient les naturalistes à se consacrer àl’étude des gisements riches en fossiles :

« Pour donner la faune, ne fut-ce que d’un seulétage […] il faut attendre souvent bien desannées, jusqu’à ce qu’on ne rencontre plus deformes nouvelles. C’est le cas pour la faune duParadoxidien, qui, depuis quelque temps, malgréles recherches les plus actives de M. Miquel, nefournit plus de types nouveaux […]. Mais il n’enest pas de même pour l’Arenig inférieur, oùchaque année amène la découverte de formesnouvelles, grâce à l’ardeur infatigable de MM.Escot, Miquel et Villebrun » (Bergeron 1893c).

« Coulouma est inépuisable. Il m’a fourni, cetteannée, plusieurs milliers de bons échantillons quim’ont permis de me procurer par échanges unetrès bonne collection de fossiles primaires, et, cequi est plus précieux encore pour moi, le noyau

d’une bonne bibliothèque géologique […]. J’aien ce moment dans mes réserves […] plus de sixcents têtes de Conocoryphe rouayrouxi » (Miquel1894).

La position stratigraphique permet actuellement dereplacer les espèces dans le temps et de reconnaîtreleurs variations intra-spécifiques. Cette rechercheavait déjà été envisagée par Miquel, qui proposeplusieurs caractères intra-spécifiques graduels,actuellement considérés comme caractères diagnos-tiques d’espèces différentes de trilobites :

Ctenocephalus coronatus, « allongeant progressive-ment ses pointes génales jusqu’à l’embrassementcomplet de tout son corps » ; Ptychoparia rouay-rouxi, « accentuant sa ponctuation depuis le plusléger chagriné jusqu’à la granulation du type deMunier-Chalmas & Bergeron » ; et Conocephalitesheberti var. pseudo-oculata [sic], qui « met une liai-son entre les espèces aveugles et les espèces ocel-lées » (Miquel in Coulouma & Miquel 1933).

LA PRIORITÉ DANS LA PUBLICATION

DES RÉSULTATS

La rareté des périodiques scientifiques à la fin duXIXe siècle a empêché la publication rapide desdécouvertes paléontologiques. La plupart des ama-teurs présentaient leurs résultats dans des réunionsextraordinaires de la Société géologique de Franceet dans des sociétés scientifiques départementales(Montpellier, Béziers) ou locales. L’attente lors despublications de ces colloques a suscité des discus-sions concernant la paternité de certaines idées etconclusions, comme par exemple la premièredécouverte de fossiles ou l’identification correctede l’ordre des unités stratigraphiques :

« Je suis très disposé à admettre, m’en rapportantau témoignage de son professeur et doyen, M. deRouville, que M. Delage a la priorité morale dansla découverte de la superposition du Paradoxidienaux calcaires cambriens » (Bergeron 1894b).

« Bergeron avait d’ailleurs reconnu son erreur et[…] il avait rectifié l’ordre de superpositioncomme il convenait […]. Bergeron reconnaît

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cependant que la priorité appartient bien àMiquel puisqu’il a publié sa note en ignorantcette rectification, qui n’a pas été imprimée »(Bergeron 1895b).

« Pour qui sait lire, M. Bergeron dit en substanceà M. Miquel : Vous avez publié la découverteavant moi, mais je l’ai fait avant vous » (Rouville1893a ; Rouville et al. 1894).

LES CONTROVERSES

Une importante polémique s’est développée entreBergeron et les professeurs de Rouville et Delage.L’habitude des naturalistes de publier les lettres etles réflexions personnelles comme notes dans lesrevues scientifiques (telle que les Comptes Rendussommaires de la Société géologique de France) nouspermet actuellement de retracer la confrontationacharnée entre certains chercheurs. Le caractèrerespectueux des textes scientifiques n’a pasempêché d’introduire des remarques très amères :« Nous ne sommes pas d’humeur batailleuse etnous fuyons, d’instinct, les discussions inutiles.Mais étant donné les tendances et le caractèreessentiellement critique de la note de Bergeron,nous ne pouvons pas nous empêcher d’y répon-dre, et nous allons le faire, en suivant pas à pasnotre savant contradicteur dans son argumenta-tion, de manière à ce qu’il ne subsiste plus, suraucun fait contesté, le moindre doute dansl’esprit de personne […].C’est tout, et c’est vraiment assez, car nous nesavons rien de plus pénible que les discussionsanalogues à laquelle nous avons été entraînés.Mais on comprendra qu’elle était nécessaire etnos lecteurs nous pardonneront de la leur avoirfait subir » (Rouville 1893a).

« Je terminerai ma réponse, comme d’ailleurscette discussion, en déclarant que le peu de justiceque me rendent mes contradicteurs, ne m’em-pêche pas d’apprécier leurs travaux à leur justevaleur » (Bergeron 1894b).

« Je regrette vivement d’avoir eu à entretenir laSociété [géologique de France] de questions aussipeu intéressantes que le sont celles soulevées par

cette polémique. J’ai répondu cette fois encoreaux attaques dont j’ai été objet, de crainte quemon silence ne fût mal interprété ; mais je suisparfaitement résolu à ne pas continuer une dis-cussion qui tend à prendre caractère depolémique personnelle, en tout point contraireaux traditions de la Société géologique »(Bergeron 1895b).

Cette discussion a atteint son maximum aumoment de la publication par Rouville et al.(1894) d’une lettre personnelle de Bergeronadressée à Miquel, où il déclarait avoir vu dansl’opuscule sur Saint-Chinian-Coulouma (Miquel1893) « quelques vérités noyées dans beaucoupd’erreurs ». Par la suite, Miquel a présenté sesexcuses devant Bergeron, lettre par la suitepubliée par ce dernier :

« J’ai été très heureux de recevoir […] une lettrede M. Miquel, me disant sa surprise et sa peine devoir que dans cette polémique à laquelle il esttout à fait étranger, bien que son nom y soitattaché, il est fait allusion à ma lettre et à mavisite » (Bergeron 1894b).

Enfin, Rouville & Delage (1894) ont mis fin àcette polémique en arguant de la parole deMiquel comme justification de ses actes. Miqueln’a pas signé cette dernière note et n’a pas pour-suivi les collaborations avec les professeurs deMontpellier :

« Mais [nous ne pouvons pas] laisser, sansréponse, l’accusation d’avoir publié indiscrète-ment un passage d’une lettre privée, écrite par M.Bergeron à M. Miquel. Ils [nous] pensent que lepassage en question n’était plus un secret parsuite de la persistance avec laquelle M. Miquels’était plu à le répéter à tout venant. D’ailleurs,aussitôt après la publication de leur [notre]mémoire, et avant qu’aucun exemplaire fûtenvoyé, M. Miquel en prenait connaissance, et,tout en disant qu’il eut préféré que le passage citéde M. Bergeron ne fût pas publié, il déclaraitsigner des deux mains leur réponse » (Rouville &Delage 1894).

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CONCLUSIONS

Jean Miquel est l’un des naturalistes pionniersqui a développé activement la recherche enpaléontologie et en stratigraphie du Paléozoïqueinférieur du versant méridional de la MontagneNoire. Sa connaissance détaillée des affleure-ments cambro-ordoviciens des environs deBarroubio a permis d’éviter de graves erreurs decorrélation stratigraphique proposées par ailleurspar d’autres chercheurs et professeurs universi-taires. Il a décrit cinq espèces de trilobites et uneespèce d’échinoderme cambriens dans sa mono-graphie de 1905.Les naturalistes du XIXe siècle ont réalisé de nom-breuses comparaisons et corrélations avec lesunités stratigraphiques définies au Pays de Galles(empruntant les termes Cambrien, Ordovicien,Tremadoc et Arenig) et en Amérique du Nord(les subdivisions cambriennes en Géorgien,Acadien et Potsdamien), malgré l’absenced’espèces communes avec les affleurements bri-tanniques et américains. Seul une unité strati-graphique a été proposée en Montagne Noirepour les sédiments considérés comme « azoïques »entre les séries bien datées du Paradoxidien(Cambrien moyen) et de l’Arenig. Cette unité, leBarroubien (Miquel 1893), a été vivement cri-tiquée et est tombée dans l’oubli à cause desdécouvertes des faunes trémadociennes.Malheureusement l’activité de naturaliste ama-teur développée par Jean Miquel a souffert de lapolémique scientifique entre les professeursBergeron (Paris) et de Rouville (Montpellier).L’utilisation et la publication par ces derniers deslettres privées de Miquel montrent comment à lafin du XIXe siècle la rivalité des scientifiques « pro-fessionnels » pouvait affecter négativement l’ac-tivité désintéressée des amateurs qui leurfournissaient du matériel paléontologique. Il nefaut pas oublier que la plupart des collectionspaléozoïques qui datent du XIXe, et parfois du XXe

siècle, ont été faites par des chercheurs amateurs.Une grande quantité des espèces définies par deschercheurs universitaires est fondée sur cematériel, actuellement dispersé au sein de nom-breux musées et laboratoires de recherche. Un

siècle après les recherches de Miquel le courrierélectronique a remplacé les « lettres ouvertes » desrevues scientifiques permettant ainsi aux rivalitésentre chercheurs de s’exprimer : les moyens decommunication ont changé, les polémiques per-sonnelles… à peine.

Remerciements Les auteurs remercient les membres du Muséumnational d’Histoire naturelle de Paris (Labora-toire de Géologie) pour les facilités offertes, parti-culièrement E. Vennin et P. de Wever. Ce travaila été complété par la collaboration biblio-graphique de J. L. Amalric (organisateur de l’ex-position Miquel à Cazouls-les-Béziers), A. R.Palmer et A. Perejón, et par les relectures deC. Babin, A. Blieck, J. Gaudant, N. Santarelli etd’un rapporteur anonyme. Nous sommes trèsreconnaissants à Mme Bourdel, petite-fille deJean Miquel, pour ses informations complémen-taires. Ce travail est une contribution aux projetsATI 15-52, PB98-1625 et PARSYST.

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Le Paléozoïque inférieur en Montagne Noire (1850-1940)

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FIG. 4. — Trilobites déposés au Laboratoire de Géologie du Muséum national d’Histoire naturelle, Paris (acronyme Gs) ; A, cranidiumde Calodiscus foveolatus Howell, 1935 (Gs 2000/1) ; B, cranidium de Pseudoperonopsis sallesi (Munier-Chalmas & Bergeron, 1889)(Gs 2000/2) ; C, pygidium de Pseudoperonopsis sallesi (Munier-Chalmas & Bergeron, 1889) (Gs 2000/3) ; D, cranidium deLeiagnostus thorali (Howell, 1935) (Gs 2000/4) ; E, pygidium de Eccaparadoxides mediterraneus Pompeckj, 1901 (Gs 2000/5) ;F, céphalon et une partie du thorax de Eccaparadoxides brachyrhachis Linnarsson, 1883 (Gs 2000/6) ; G, cranidium deEccaparadoxides rouvillei (Miquel, 1905) (Gs 2000/7) ; H, pygidium de Eccaparadoxides rouvillei (Miquel, 1905) (Gs 2000/8) ; I, exem-plaire complet de Corynexochus delagei Miquel, 1905 (Gs 2000/9) ; J, cranidium de Agraulos longicephalus (Hicks, 1872) (Gs2000/10) ; K, cranidium de Bailiella levyi Munier-Chalmas & Bergeron, 1889 (Gs 2000/11) ; L, pygidium de Bailiella levyi Munier-Chalmas & Bergeron, 1889 (Gs 2000/12). Échelles : A, G, I, L, 5 mm ; B-D, J, K, 2 mm ; E, 4 mm ; F, H, 1 cm.

ANNEXE

A

B

C

D

E

F

G

H

I

J

K

L

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Álvaro J. J. & Vizcaïno D.

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FIG. 5. — Trilobites déposés au Laboratoire de Géologie du Muséum national d’Histoire naturelle, Paris (acronyme Gs) ; A, cranidiumde Parabailiella languedocensis Thoral, 1946 (Gs 2000/13) ; B, cranidium de Conocoryphe heberti Munier-Chalmas & Bergeron, 1889(Gs 2000/14) ; C, cranidium de Ctenocephalus (Ctenocephalus) bergeroni Thoral, 1946 (Gs 2000/15) ; D, cranidium de Pardailhaniahispida Thoral, 1945 (Gs 2000/16) ; E, cranidium de Badulesia granieri (Thoral, 1935) (Gs 2000/17) ; F, cranidium de Solenopleuropsis(Manublesia) ribeiro (Verneuil & Barrande, 1860) (Gs 2000/18) ; G, cranidium de Solenopleuropsis (Manublesia) levisilimbata Thoral,1948 (Gs 2000/19) ; H, cranidium de Solenopleuropsis (Solenopleuropsis) multigranifera Thoral, 1948 (Gs 2000/20) ; I, cranidium deSolenopleuropsis (Solenopleuropsis) rouayrouxi Munier-Chalmas & Bergeron, 1889 (Gs 2000/21) ; J, cranidium de Velieuxiacouloumana (Miquel, 1905) (Gs 2000/22). Échelles : A, F, H-J, 2 mm ; B, E, 1 cm ; C, G, 5 mm ; D, 6 mm.

A B

C

D

E

FG

HI

J

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Le Paléozoïque inférieur en Montagne Noire (1850-1940)

751GEODIVERSITAS • 2002 • 24 (4)

FIG. 6. — Trilobites déposés au Laboratoire de Géologie du Muséum national d’Histoire naturelle, Paris (acronyme Gs) ; A, exem-plaire presque complet de Paramegalaspis immarginata Thoral, 1935 (Gs 2000/23) ; B, exemplaire enroulé de Hanchungolithus pri-mitivus (Born, 1921) (Gs 2000/24) ; C, pygidium de Megitaspis (Ekeraspis) filacovi bergeroni (Thoral, 1935) (Gs 2000/25) ;D, cranidium de Dreyfussina exophtalma (Dreyfuss, 1948) (Gs 2000/26) ; E, céphalon et une partie du thorax de Asaphellus frequens(Thoral, 1935) (Gs 2000/27) ; F, cranidium de Asaphellus frequens (Thoral, 1935) (Gs 2000/28) ; G, cranidium, thorax et pygidium deTaihungshania miqueli (Bergeron, 1894) (Gs 2000/29) ; H, cranidium et partie du thorax de Euloma (Euloma) filacovi (Bergeron, 1889)(Gs 2000/3). Échelles : A, F-H, 1 cm ; B, C, 5 mm ; D, 4 mm ; E, 2 mm.

A B

C

D

E

F

G

H

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Álvaro J. J. & Vizcaïno D.

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FIG. 7. — Trilobites déposés au Laboratoire de Géologie du Muséum national d’Histoire naturelle, Paris (acronyme Gs) ; A, céphalonde Toletanaspis borni (Dean, 1966) (Gs 2000/31) ; B, exemplaire complet de Symphysurus angustatus angustatus (Sars & Boeck,1837) (Gs 2000/32) ; C, exemplaire presque complet de Colpocoryphe thorali Dean, 1966 (Gs 2000/33) ; D, pygidium deParamegalaspis immarginata Thoral, 1935 (Gs 2000/34) ; E, moulage en latex d’un pygidium de Taihungshania miqueli (Bergeron,1894) (Gs 2000/35) ; F, pygidium de Paramegalaspis guiraudi Thoral, 1935 (Gs 2000/36) ; G, Symphysurus angustatus angustatus(Sars & Boeck, 1837) et Cyclopygidae (Gs 2000/37) ; H, Agnostidae gen. et sp. indet. (Gs 2000/38). Échelles : A, B, D, H, 1 cm ; C, F, G, 5 mm ; E, 1,6 cm.

A B C

D E

F

G

H