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Direction Nationale 22 et 23 novembre 2008 Courrier n° 2 20 / 11 / 12 Sommaire . Projet de résolution pour le Congrès Mondial (IV° Internationale) page 2 . Remarques sur le texte proposé à la discussion pour le Congrès Mondial (Mathieu Patrick) page 6 . Pour que le congrès aide les camarades de l’organisation à jouer pleinement leur rôle dans la construction du NPA (Galia, Jean-François, Yvan) page 11 . Fraction, Unité des révolutionnaires ou parti anticapitaliste large (Aguirre) page 13 . NPA : un processus au milieu du gué (Louis-Marie) page 20 . Il faut rectifier (Denis Godard) page 24 . 2 propositions de modification (Denis Godard) page 27 . Bilan et perspectives (Commission nationale Formation) page 28 . Quels profils pour quels portes parole du NPA ? Fanny (Paris) page 32

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Direction Nationale 22 et 23 novembre 2008

Courrier n° 2

20 / 11 / 12

Sommaire . Projet de résolution pour le Congrès Mondial (IV° Internationale)

page 2 . Remarques sur le texte proposé à la discussion pour le Congrès Mondial (Mathieu Patrick)

page 6 . Pour que le congrès aide les camarades de l’organisation à jouer pleinement leur rôle dans la construction du NPA (Galia, Jean-François, Yvan)

page 11 . Fraction, Unité des révolutionnaires ou parti anticapitaliste large (Aguirre)

page 13 . NPA : un processus au milieu du gué (Louis-Marie)

page 20 . Il faut rectifier (Denis Godard)

page 24 . 2 propositions de modification (Denis Godard)

page 27 . Bilan et perspectives (Commission nationale Formation)

page 28 . Quels profils pour quels portes parole du NPA ? Fanny (Paris)

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PROJET RESO 16E CM ROLE ET TACHES DE LA IVE INTERNATIONALE

1. La préparation du prochain congrès mondial s’inscrit dans un contexte marqué par une combinaison sans précédent historique d’une crise économique globale et d’une crise écologique planétaire. C’est un tournant majeur. Cette double crise démontre la faillite du système capitaliste et met à l’ordre du jour la réorganisation et la reconstruction d’un mouvement ouvrier anti-capitaliste. Elle va tendre tous les rapports sociaux et accroitre toutes les contradictions du système. Les attaques sociales et économiques et les contre réformes libérales vont redoubler contre les classes populaires. Les conflits et les guerres risquent de se multiplier. Les catastrophes écologiques frapperont des millions d’êtres humains. C’est une nouvelle période historique qui s’annonce. De nouveaux rapports de forces entre puissances impérialistes émergent dans l’économie et la politique mondiale, avec l’émergence de nouvelles puissances capitalistes comme la Chine, la Russie, l’Inde, le Brésil. La conjugaison de l’affaiblissement de l’hégémonie américaine et de l’aggravation de la concurrence inter-capitaliste entre l’Europe, la Russie, l’Asie et les USA a aussi des prolongements géostratégiques dans de nouvelles configurations politiques et militaires, avec un rôle accru de l’OTAN, et de nouvelles tensions internationales. 2. Le rouleau compresseur néo-libéral continue à provoquer la résistance sociale et politique des peuples. Dans certains pays d’Europe - France, Grèce, Allemagne, Pologne, Italie, - les luttes sociales ont pesé centralement sur la scène politique, mais ces luttes ne sont pas suffisantes pour bloquer ou inverser les tendances lourdes de l’offensive capitaliste. Elles n’arrivent

pas à surmonter les processus de division, de fragmentation du salariat. Ces luttes restent défensives. Elles ne trouvent pas, encore, leur traduction, en termes de conscience anti-capitaliste. Au Moyen-Orient, la résistance des peuples aux occupations et aux agressions occidentales et israéliennes se maintiennent, en Palestine, en Irak et au Liban. Même si le Hamas et le Hezbollah sont aujourd’hui les principales références politiques dans cette résistance, il existe des secteurs situant leur action dans le cadre d’une libération sociale autant que nationale. L’Amérique latine reste le continent à plus forte explosivité sociale, même si c’est avec des inégalités et des limites dans des pays comme L’Argentine et le Brésil. C’est là ou se sont manifestées des expériences de rupture partielle avec l’impérialisme, notamment au Venezuela, en Bolivie et en Equateur. Dans une série de pays capitalistes émergents ou résultant de la restauration capitaliste - Chine, Inde, Russie - le tourbillon de la globalisation tend à prolétariser des centaines de millions d’être humains. Mais cette nouvelle puissance sociale, qui peut jouer un rôle clé dans les années qui viennent ne s’est pas encore dotée d’organisations - syndicales, associatives, politiques indépendantes de masse à la hauteur des enjeux de cette réorganisation mondiale. 3. Ce qui dans la conjoncture historique actuelle donne la globalisation capitaliste change aussi le cadre d’évolution et de développement de la gauche traditionnelle. Les marges de manœuvres des bureaucraties réformistes sont considérablement réduites. Du réformisme sans réformes au réformisme avec contre-réformes, la social démocratie ou des forces équivalentes dans une série de pays dominés ou en en voie de développement, connaissent une évolution vers le social-libéralisme, c’est à dire que ces forces endossent directement les politiques néo-libérales et néo-conservatrices. Toutes les

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forces, qui peu ou prou, sont liées politiquement ou institutionnellement au social-libéralisme ou au centre gauche sont entraînées dans ces changements qualitatifs du mouvement ouvrier. Les forces ex- ou post staliniennes poursuivent leur déclin. Elles tentent de le freiner en s’accrochant aux forces dominantes de la gauche libérale. La combinaison de résistances sociales et de ces mouvements des appareils de la gauche traditionnelle libèrent de nouveaux espaces pour la gauche radicale. Elle met à l’ordre du jour , la réorganisation et la reconstruction d’un mouvement ouvrier sur de nouveaux axes, Ceux de l’anti-capitalisme et de l’éco-socialisme. 4. C’est dans ce cadre que se posent les problèmes de construction de la IV et de construction de nouveaux partis anti-capitalistes et de nouveaux regroupements internationaux. Nous l’avions traduit, dés 1992, donc dans les deux derniers congrès mondiaux, dans le triptyque « Nouvelle époque, nouveau programme, nouveau parti », développé dans les textes de l’Internationale. La IVe Internationale est confrontée, de manière globale, à une nouvelle phase de sa mutation. Les militants, noyaux, courants ou organisations marxistes révolutionnaires doivent se poser le problème de la construction de formation politiques larges, anti-capitalistes, révolutionnaires dans la perspective d’une nouvelle représentation politique indépendante des travailleurs. Cela est vrai à l’échelle de chaque pays et à l’échelle internationale. Sur la base de l’expérience de la lutte de classes, du développement du mouvement altermondialiste, des luttes de résistances et des mobilisations anti-guerre des dix dernières années, et en particulier sur la base des enseignements tirées de l’évolution du PT brésilien de Refondation communiste en Italie, des débats de la gauche anti-libérale française, les marxistes révolutionnaires se sont engagés

dans la construction du PSOL au Brésil, de Sinistra Critica en Italie, du nouveau parti en France. L’expérience du Bloco de Esquerda au Portugal participe aussi de ce mouvement. L’objectif est celui de partis anticapitalistes larges. Il ne s’agit pas de reprendre les vielles formules de regroupement des seuls courants révolutionnaires. L’ambition est de rassembler au delà des seules forces révolutionnaires. Celles-ci peuvent être un point d’appui dans ce processus de rassemblement à condition qu’elles orientent clairement pour construire ces partis anti-capitalistes. Même s’il n’ y a pas de modèle, chaque processus de regroupement tenant compte des spécificités et rapports de forces nationaux, notre objectif doit être, donc, de rechercher à construire des forces politiques larges anti-capitalistes indépendantes de la social-démocratie et du centre gauche, des formations qui rejettent toute politique de participation ou de soutien à des gouvernements de collaboration de classes, aujourd’hui, de gouvernements avec la social démocratie ou le centre gauche. C’est sur la base d’une telle perspective que nous devons nous orienter. Ce que nous savons des expériences de décantation et de réorganisation en Afrique et en Asie pèse dans le même sens. C’est au travers de ce processus que nous pouvons connaître un nouvel essor. C’est cette question qui doit cadrer le prochain congrès de la IV. 5. Voilà le cadre, dans le quel nous devons aborder les rapports entre la construction de la IVe Internationale et une politique de rassemblement anti-capitaliste à l’échelle nationale et internationale, en particulier européenne. Comment transformer la IVe Internationale pour en faire un outil efficace dans la perspective d’un nouveau rassemblement international ? c’est la question centrale qui doit être discutée au prochain congrès de l’Internationale. C’est ce que nous avons déjà commencé à faire, avec des résultats limités, il faut le

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reconnaître, dans le cadre des conférences de la gauche anti-capitaliste ou d’autres conférences internationales. Sur le plan international, nous avons multiplié, sur cette base politique, les conférences et les initiatives de convergences et de rassemblement international : la constitution de la gauche anti-capitaliste européenne (GACE-EACL), avec le Bloc de gauche portugais, l’Alliance Rouge et Verte danoise, le SSP écossais. Nous avons travaillé avec des organisations comme le SWP anglais. D’autres partis - même réformistes de gauche - qui ont eu à tel ou tel moment une évolution politique « à gauche », comme Refondation communiste d’Italie, le SP hollandais ou Synaspismos ont aussi participé à ces conférences. Nous avons tenu aussi des conférences internationales d’organisations révolutionnaires et anticapitalistes, lors des forums sociaux mondiaux de Mumbai en Inde ou Porto Alegre au Brésil. Sur ce plan, nous avons tissé des liens de solidarité avec le PSOL brésilien, dans sa rupture avec le PT de Lula. Nous avons soutenu les efforts de nos camarades italiens pour construire une alternative anti-capitaliste à la politique de la direction de Refondation communiste en Italie. Ces quelques éléments montrent le type d’orientation que nous voulons mettre en œuvre. La dernière conférence qui s’est tenu en mai-juin 2008 à Paris montre aussi les nécessités et possibilités d’action et de discussion communes d’un nombre important d’organisations et courants de la gauche anti-capitalistes en Europe. A partir de la conférence de Paris, il faut maintenant continuer, en Europe, cette politique de réunion et conférences ouvertes sur des thèmes de réflexion stratégique et programmatiques et d’action communes au travers de campagnes ou d’échéances de mobilisation internationale. 6. La IVe Internationale a joué et joue encore un rôle fonctionnel pour garder vivante l’histoire du courant marxiste révolutionnaire, « comprendre le monde »,

confronter les analyses et les expériences de militants, de courants ou organisations révolutionnaires et rassembler des organisations, des courants et des militants qui partagent la même vision stratégique et les mêmes choix de regroupements larges sur des bases révolutionnaires. L’existence d’un cadre international qui permette de « penser la politique » est un acquis indispensable à l’intervention des révolutionnaires. L’internationalisme conséquent doit poser la question d’un cadre international. Mais pour des raisons historiques qu’elle a elle-même analysées, la IVe Internationale n’a pas la légitimité pour incarner elle-même la nouvelle internationale de masse dont nous avons besoin. Aussi dès qu’il s’agit de faire un pas en avant dans le rassemblement des forces anti-capitalistes, ces nouvelles organisations, notamment en Europe et en Amérique latine ne peuvent s’inscrire ou adhérer à tel ou tel regroupement se réclamant de la IVe Internationale, et cela quelque soit le référent –ex-morénistes divers, lambertistes, IST (SWP), CWI (SP britannique) ou autres variantes du trotskysme Notons, néanmoins, une différence majeure, entre la IVe et tous ces regroupements, au delà des positions politiques, et ce qui est à mettre au compte de la IVe, c’est que celle-ci est basée sur une coordination démocratique de sections et de militants, alors que les autres regroupements internationaux sont des « internationales-fractions » ou des coordinations basés sur des « partis-fractions » qui ne respectent pas les règles de fonctionnement démocratique, en particulier le droit de tendance. Les limites historiques de ces courants « trotskystes » internationaux, comme d’autres courants ex-maoistes, ou ex communistes empêchent aujourd’hui d’avancer dans la cristallisation de nouveaux regroupements internationaux. Quand aux appels de Chavez ou d’autres à de nouvelles internationales, ils ne se situent pas sur le même terrain. Ils posent bien évidemment des problèmes de base politiques mais

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aussi de relations entre les Etats et les organisations. Dans les rapports de forces actuels, la politique pour avancer vers une internationale de masse doit plutôt emprunter la voie de conférences ouvertes et ponctuelles sur des questions politiques centrales, -actions, campagnes, thèmes spécifiques ou débats-, qui permettent la convergence et l’émergence de pôles anticapitalistes et révolutionnaires. Dans les nouveaux partis anticapitalistes qui peuvent se former dans les années à venir, et expriment l’étape actuelle de combativité, d’expérience et de conscience de secteurs les plus engagés dans la recherche d’une alternative anti-capitaliste, se pose et se posera la question d’une nouvelle internationale. Nous agissons et nous agirons pour qu’elle ne se pose pas en terme de choix idéologiques ou historiques sous peine de division et d’éclatement. Elle doit se poser sur un double plan, la convergence politique réelle sur des tâches d’intervention internationale et le pluralisme des nouvelles formations qui doivent réunir des courants d’origines diverses : trotskystes divers, libertaires, syndicalistes révolutionnaires, nationalistes révolutionnaires, réformistes de gauche. Aussi en général, lorsqu’il y a eu concrètement des avancées vers de nouveaux partis, nous avons proposé que le nouveau parti large anti-capitaliste fonctionne avec droit de tendance ou courant, et que les partisans de la IVe Internationale dans ces nouveaux partis s’organisent sous des formes à déterminer, en fonction des situations spécifiques à chaque parti. Nos camarades italiens dans Refondation communiste, portugais dans le Bloc de gauche, danois dans l’Alliance Rouge et Verte, ou brésiliens dans le PSOL, sont organisés, sous des formes particulières en courant IVe Internationale ou en courants luttes de clases avec d’autres sensibilités politiques. Les formes et le contenu des militants de la IV dans le NPA en France seront à discuter dans le

processus même de construction du nouveau parti. 7. Dans ce mouvement nous sommes confrontés à des désynchronisations entre construction du parti à l’échelle nationale et construction de nouveaux regroupements internationaux. Il peut y avoir dans la situation actuelle ou dans les années qui viennent de nouveaux partis anti-capitalistes dans une série de pays, mais l’émergence d’un nouveau rassemblement international ou à plus forte raison de nouvelle Internationale n’est pas, à cette étape, envisageable. Tout en affirmant une politique de rassemblement international, cela confirment les responsabilités particulières de la IVe, et donc la nécessité de son renforcement. Nous pouvons et nous cherchons à représenter un cadre d’organisation attractif, démocratique, pour des organisations révolutionnaires qui partagent les mêmes projets politiques que le nôtre. C’est dans cette dynamique que se sont situés les camarades philippins, que se situent les camarades pakistanais, les camarades russes et que pourraient se situer demain les camarades polonais ou maliens, par exemple. 8. Nous avons, effectivement, un rôle particulier reconnu par une série courants politiques. Nous pouvons être les seuls à pouvoir faire converger des forces politiques d’origines diverses.. C’est par exemple ce que nous disent, en Amérique latine, les camarades vénézuéliens de l’UNT et d’autres courants de gauche du processus bolivarien. C’est aussi le cas en Europe, dans le cadre des relations de la GACE et de celles tissées avec d’autres courants . Aussi, le prochain congrès mondial doit être une étape importante de rencontre de toutes ces forces.. Ce congrès sera un congrès de la IV et il n’y aura pas de dépassement organisationnel à cette étape. Mais, il y aura peut être plus d’observateurs et d’invités à notre prochain

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congrès mondial que de sections membres ; Cela indique les faiblesses de nos forces, mais aussi le pôle d’attraction que nous représentons et cela peut être, une chance pour faire jouer à la IV un rôle de « facilitateur » de convergences dans la perspective de nouveaux rassemblements internationaux. 9. Du coup, pour nous consolider et jouer ce rôle, toutes les instances de la IV doivent être renforcées : réunion régulières, comités internationaux, voyages, échanges entre les sections. Il faut renforcer l’activité de l’Internationale déployé ces dernières années : Le fonctionnement régulier des instances de direction de la IV -Bureau, réunion des BP européens, CI (Comité international)- se sont tenus chaque années représentant une trentaine d’organisations doivent assurer la continuité organisationnelle de notre courant international. Le camp de Jeunes qui s’est tenu chaque année avec près de 500 cdes doit avoir une place centrale pour le travail jeune de nos sections. L’institut de formation a pris un nouvel essor. Il faut maintenant organiser regulierement les écoles , les séminaires, et assurer un équilibre de sa gestion et de son animation... La IV doit aussi ouvrir ses réunions et son institut. L’institut a une place centrale non seulement pour former les cadres des sections mais aussi pour contribuer aux échanges entre courants et expériences internationales diverses. Le séminaire sur le changement climatique ouvert à une série d’experts internationaux est un bon exemple. Comme d’autres réunions, il indique la nécessité et la possibilité que nous soyons un creuset d’élaboration programmatique sur les questions essentielles que se posent les courants révolutionnaires et anticapitalistes. Les réunions femmes, jeunes, de syndicalistes doivent aussi être ouvertes aux autres. transformées dans

cette perspective. Bref, dans les temps qui viennent, et sur une orientation visant à la construction d’un nouveau rassemblement international ou d’une nouvelle internationale, la IVe - comme cadre international - constitue un atout essentiel pour les marxistes révolutionnaires. Remarques sur le texte proposé à la discussion pour le Congrès Mondial Alain Mathieu (LCR) Patrick Tamerlan (LCR) Quelques remarques sur le texte proposé à la discussion pour le Congrès Mondial. Il réaffirme au début quelques idées qui pourraient faire accord, notamment dans les deux premiers paragraphes où il est dit : « La combinaison de résistances sociales et de ces mouvements des appareils de la gauche traditionnelle libèrent de nouveaux espaces pour la gauche radicale. Elle met à l’ordre du jour la réorganisation et la reconstruction d’un mouvement ouvrier sur de nouveaux axes, Ceux de l’anti-capitalisme et de l’éco-socialisme. » « Il ne s’agit pas de reprendre les vielles formules de regroupement des seuls courants révolutionnaires. L’ambition est de rassembler au delà des seules forces révolutionnaires. Celles-ci peuvent être un point d’appui dans ce processus de rassemblement à condition qu’elles orientent clairement pour construire ces partis anti-capitalistes. Même s’il n’ y a pas de modèle, chaque processus de regroupement tenant compte des spécificités et rapports de forces nationaux, notre objectif doit être, donc, de rechercher à construire des forces politiques larges anti-capitalistes indépendantes de la social-démocratie et du centre gauche, des formations qui rejettent toute politique de participation ou de soutien à des gouvernements de

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collaboration de classes, aujourd’hui, de gouvernements avec la social démocratie ou le centre gauche…. C’est cette question qui doit cadrer le prochain congrès de la IV. » Il y a cependant à préciser que cette situation non seulement « libère de nouveaux espaces pour la gauche radicale », mais qu’elle entraîne aussi des contradictions au sein du mouvement ouvrier, syndical, de même que dans et autour les partis traditionnels de la gauche, que ce soit les PS ou les PC. Sinon on ne comprend pas les phénomènes nouveaux de fractures ou de divisions qui, sans produire d’emblée des partis clairement anticapitalistes, créent des espaces ou des forces politiques qui occupent une partie de la gauche de la social-démocratie. Quelles qu’en soient nos analyses, il ne faut pas nier que ce qui s’est passé en Allemagne avec Die Linke, indique un état de crise des partis traditionnels que l’on retrouve sous d’autres formes en Grèce, en France, en Italie et ailleurs, qui change le paysage politique à gauche depuis ces dernières années. Par contre, d’autres paragraphes du document ne tirent pas toutes les leçons de cette analyse, généralisant une tactique de construction engagée dans un ou deux pays seulement, sans correspondre pas à ce que nous pouvons faire dans la majorité des pays européens. 1) Le projet semble revenir en arrière sur le type de rassemblement qui s’était opéré avec la GACE pour définir un autre type de regroupement, autour de ce qui s’est fait à Paris en juin 2008. « La dernière conférence qui s’est tenu en mai-juin 2008 à Paris montre aussi les nécessités et possibilités d’action et de discussion communes d’un nombre important d’organisations et courants de la gauche anti-capitalistes en Europe. A

partir de la conférence de Paris, il faut maintenant continuer, en Europe, ». Il faut revenir sur cette conférence de Paris, puisqu’elle est donnée comme modèle et point d’un nouveau départ. Elle n’a pas été organisée à partir de la GACE, comme l’étaient les conférences précédentes. Elle a été prise en charge par la seule LCR française. Elle n’a rassemblé plus d’organisations en nombre parce qu’étaient présents de petites organisations trotskystes ou d’extrême-gauche qui n’avaient pas accès aux conférences de la GACE, qui, elle, fixait un minimum de seuil d’implantation. Il y avait une dizaine de groupes grecs, plusieurs groupes dans de nombreux pays, tous les groupes de la 4° Internationale, qu’ils soient engagés ou non dans un processus de regroupement anticapitaliste. A l’exception du Danemark et de Synapismos grec, les représentants des partis larges existants (Italie, Portugal, Espagne, Respect, Allemagne) étaient représentés par nos camarades 4° internationale au sein de ces regroupements. Concrètement, il y avait tous les camarades européens qui participent déjà au Comité International annuel en février. Cette conférence voulait, à partir de l’anniversaire du mai 68 français, promouvoir le type de regroupement anticapitaliste que la LCR envisageait d’engager avec le NPA. Mais ce n’était, à ce stade, qu’une « rumeur » d’un futur parti, pas encore existant. La première réunion nationale des comités NPA n’ eu lieu que fin juin, après, et le premier congrès n’aura lieu qu’en janvier 2009. Sur la trentaine de militants français présents, 100 % étaient membres de la LCR, aucun militant non-LCR du « nouveau parti ». La conférence a adopté une déclaration de 15 lignes, moins bien, moins élaborée, avec moins d’objectif communs que ne le faisaient, difficilement, les rassemblements de la GACE. Des organisations participantes à la GACE ont été étonnées de la manière peu démocratique dont cette conférence a été convoquée, sans se préoccuper de respecter

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un minimum de concertation entre les organisations qui avaient participé à la GACE. Des camarades de certaines de nos sections, où il ‘y a pas de regroupement en cours, y ont trouvé avantage par rapport aux conférences de la GACE où ils n’étaient pas représentés, mais cela ne saurait nous dispenser d’une réflexion plus générale : cette conférence est-elle un point de départ, un progrès, une clarification apportée, par rapport aux conférences de la GACE ? Est-elle le protoype de la nouvelle internationale que nous envisageons ? A l’évidence, non. Il y a plusieurs raisons. La première vient du recul, dans plusieurs pays, de la perspective de regroupements larges. Les échecs en Ecosse, en Grande Bretagne, notamment ont affaibli les possibilités de regroupement de la GACE. Mais quel bilan devons nous en tirer ? Pouvons-nous tirer un trait sur la politique du SWP en Grande-Bretagne dans la scission de Respect, et considérer le SWP comme un partenaire partageant avec nous la perspective de regroupements larges ? Du moins, un débat s’impose avec le SWP comme avec d’autres forces de l’extrême-gauche en Europe, débat/critique qui est absent du document proposé pour le congrès mondial. La seconde vient du fait que des regroupements se développent en Europe, qui traduisent une première étape de rupture partielle avec le social-libéralisme, sans pour autant faire naitre d’emblée des « partis anticapitalistes » autour de courants « révolutionnaires » ; Ils produisent des formes de rassemblement partidaires intermédiaires auxquels des forces militantes de la de la gauche anticapitaliste peuvent parfois participer en s’appuyant sur une première dynamique de rupture. Les contradictions sont vives dans ces regroupements, les questions clés restant celle de la participation

gouvernementale ou du soutien à des coalitions se situant sur le terrain de la gestion sociale-libérale, ainsi que l’implication dans les mouvements sociaux pour en traduire politiquement les aspirations. L’expérience italienne ne percute pas seulement la gauche italienne, mais toute la gauche européenne : Rifondazione dans un gouvernement de centre gauche, c’est une question qui fait débat dans Die Linke, Syrisa, le SP aux Pays-Bas, la gauche à la gauche du PS en France, et d’autres. Mais il faut aussi reconnaître que de telles forces émergentes sont le signe d’une période de regroupement et reconstruction au sein du mouvement ouvrier, qui va s’accentuer avec les effets de la crise economique de l’automne 2008, accelerant aussi la crise du social- libéralisme. Cette période va, pendant un certain temps, laisser ouverte plusieurs possibilités de regroupement partidaire, à gauche de la social-démocratie,sans forcémment renforcer d’emblée un « regroupement anticapitaliste » basé essentiellement sur des organisations d’extrême-gauche. La troisième raison vient de l’ambiguité des perspectives proposée par la LCR, et qu’on retrouve dans ce document de préparation du congrès mondial. Le regroupement « anticapitaliste » doit-il se faire autour des courants révolutionnaires ou plus largement ? Sera-t-il « pluraliste », ouvert à différents courants, de cultures et références politiques différentes ? La question se pose en France avec le NPA : va-t-il aller au delà des « courants révolutionnaires » ou d’une partie d’entre eux, va-t-il exprimer la nécessité de l’organisation politique pour des dizaines de milliers de militants du mouvement social ? Ou va – il se restreindre autour de la LCR, force dominante de la nouvelle construction politique ? Il y a une contradiction dans le document : d’une part, on parle de « la réorganisation et la reconstruction d’un mouvement

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ouvrier sur de nouveaux axes, ceux de l’anti-capitalisme et de l’éco-socialisme », et de « rassembler au delà des seules forces révolutionnaires ». Mais d’autre part, on ne donne comme exemple que le nouveau parti en France, Sinistra Critica en Italie, et la sortie de 3 ou 4 centaines de camarades espagnols de Izquierda Unida, qui n’en sont pas vraiment l’illustration, quelle que soit la pertinence des politiques engagées dans ces pays. Si la sortie de Rifondazione s’imposait à nous, on ne peut ignorer que cela se fait dans un contexte de recul et de défaite, sur le terrain politique et social, de la gauche italienne. Et l’exemple italien (la sortie imposée pour reconstituer une force de plusieurs centaines de camarades autour essentiellement de notre courant) ne résume pas l’ensemble des tactiques politiques que nous pouvons mener en Europe, d’autant que les ondes de choc n’ont pas fini d’ébranler les forces politiques de la gauche italienne. Il est par ailleurs curieux que le document ne considère l’exemple du Bloc de Gauche au Portugal que comme « participant aussi », donc pas vraiment, au processus de regroupement anticapitaliste. En fait il en est un des meilleurs exemples de ce qui peut être fait : un rassemblement pluraliste de courants différents, une politique en direction de l’ensemble du mouvement ouvrier et de ses contradictions. Sauf à considérer comme un défaut majeur le fait que le Bloc de Gauche participe aussi bien aux réunions de la GACE qu’à celles du Parti de la Gauche Européenne. C’est aussi le cas des courants impliqués dans des processus de large rassemblement, et c’est difficilement évitable ; Dans tous les cas où d’autres courants que le notre sont investis dans un regroupement, ceux-ci participent aux débats dans plusieurs types de rassemblements européens à la gauche de la social démocratie. Si l’enjeu est bien de « reconstruire » le mouvement ouvrier en Europe, on ne peut refuser d’intervenir sur le terrain des contradictions qui traversent, par exemple, les forces qui sont

dans le Parti de la Gauche Européenne. Il y a bien un enjeu dans ce débat européen : faire progresser l’idée d’une politique et d’une issue gouvernementale rompant avec la gestion libérale du système. Tout parti de masse réellement existant sera confronté à la nécessité de disputer et de convaincre au sein de l’espace plus large dégagé à gauche des PS. Espace que les PC en crise ne peuvent occuper seuls et sans risque de divisions. C’est aussi pour cela qu’il faut persévérer dans une GACE qui rassemblerait de vrais partis pluralistes qui, au delà des courants « révolutionnaires », pourrait devenir un instrument bien plus utile pour peser dans ces débats. Restreindre notre politique au regroupement de partis formés des seuls « courants révolutionnaires » nous empécherait de peser dans la « reconstruction ». Aussi la conférence de Paris ne peut être le « point d’appui », dans sa méthode, comme dans le type de forces rassemblées. Il faut revenir à un processus qui s’appuyerait réellement sur une coordination voulue et organisée par les partis pluralistes existants dans la GACE. 2) Le rassemblement de Paris devait permettre de tester l’idée d’une « liste européenne » dans plusieurs pays pour les élections de 2009. Il s’est avéré que cela ne correspondait pas à une possibilité ou à une volonté partagée, et les différences de tactique électorale par pays peuvent être différentes. Il aurait fallu aussi trouver un accord politique sur l’Europe que nous défendons, la briéveté du communiqué final prouvant qu’on n’en est pas là. Il faut noter qu’en France, le débat sur la tactique électorale pour les élections de 2009 est ouvert dans le Nouveau Parti Anticapitaliste. Son document provisoire d’orientation considère que « sur la base de ce plan d’urgence pour l’Europe, nous sommes ouverts à toutes les discussions envisageant des possibilités de constituer des listes communes aux élections européennes, en France, et nous proposerons à toutes les forces

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anticapitalistes, en Europe, une discussion qui étudie la possibilité d’une apparition commune lors de ces élections » . Ce sera un des enjeux du débat du 1° congrès du NPA. Des collectifs antilibéraux, des courants alternatifs, le PCF et des éléments de la gauche du PS font des déclarations indiquant que la perspective d’une liste de rassemblement opposée à l’Europe libérale, se basant sur les acquis du « non » de gauche en France est une possibilité. Ce n’est pas une certitude non plus, et cela dépendra aussi de la bataille politique que nous mènerons sur ses délimitations politiques. Cela indique cependant qu’il faut faire la différence entre des coalitions électorales éventuelles, et les regroupements qui visent à former des partis anticapitalistes. Les deux peuvent se mener sans pour autant réduire l’arc de force d’une coalition électorale aux seules forces prêtes à se rassembler dans un parti anticapitaliste. Plutôt que de chercher une liste unique européenne aux élections, il serait préférable que notre congrès mondial ait à l’ordre du jour l’adoption d’un document de propositions politiques face à la crise du capitalisme, développant les axes d’une politique alternative de gauche rompant avec le social-libéralisme. Cela pourrait être utile à tous nos camarades, quels que soient leur engagement dans tels ou tel regroupement partidaire, ou dans telle ou telle coalition aux européennes 3) L’autre question qui fait débat dans le document, c’est la confusion entretenue à plusieurs endroits entre la volonté de construire une nouvelle internationale anticapitaliste de masse, et la « transformation » de la 4° internationale elle-même en une nouvelle internationale. « Aussi, le prochain congrès mondial doit être une étape importante de rencontre de toutes ces forces … Ce congrès sera un congrès de la IV et il n’y aura pas de dépassement organisationnel à cette étape.

Mais, il y aura peut être plus d’observateurs et d’invités à notre prochain congrès mondial que de sections membres ; Cela indique les faiblesses de nos forces, mais aussi le pôle d’attraction que nous représentons et cela peut être, une chance pour faire jouer à la IV un rôle de « facilitateur » de convergences dans la perspective de nouveaux rassemblements internationaux. « Nous devons bien entendu inviter comme observateurs les forces avec qui nous travaillons. Mais nous devons être clairs sur le fait que le Congrès de la IV° n’est pas en lui-même un congrès de partis anticapitalistes larges, ni une «étape » vers ce but. A faire cela, nous échoueront sur les deux tableaux : Beaucoup se sentiront manipulés s’ils ont l’impression d’être entrainés dans les débats de la 4° internationale, et la discussion entre les groupes de la 4° internationale sera faussée. Nous voulons que soit réaffirmée la perspective déjà acquise par la 4°, (y compris dans les statuts) : travailler dans tous les pays dans le but d’une nouvelle internationale de masse anticapitaliste. Nous devons discuter les chemins pour parvenir, dans chaque pays, à rassembler des partis anticapitalistes pluralistes et de masse. Mais nous ne voulons pas « transformer » la IV° en pseudo internationale de masse. La IV° est un courant politique qui défend cette perspective, mais cette perspective n’est pas le rassemblement « autour » de la 4° Internationale. Elle sera le résultat d’une convergence politique bien plus large, après une série d’expériences de travail et de débats communs, de vrais partis larges qui décident de former un nouveau rassemblement international. La 4 ° internationale sera un des courants de cette nouvelle internationale, et sans doute pas dominant vu les forces relativement faibles dont nous disposons à l’échelle internationale.

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Nous avons actuellement le même débat en France. Le NPA doit –il être, à terme , lié à la 4° Internationale ? La nouvelle internationale sera-t-elle une « transcroissance » de la 4° internationale, comme semble l’être le NPA par rapport à la LCR ? La majorité de la direction de la LCR reconnaît que le NPA ne peut être section de la 4° Internationale, mais seulement dans un premier temps. Elle laisse ouverte la question pour le 2° ou le 3° congrès du NPA ! En attendant, elle propose que le NPA verse la cotisation qui était celle de la LCR et participe au CI et au Bureau. Elle s’oppose pour l’instant à ce que les partisans de la IV° créent une association pour prendre en charge ces questions. De deux choses l’une : ou bien le NPA est un vrai parti pluraliste et large, et il doit déterminer démocratiquement ses relations internationales avec d’autres partis du même type, dans le but de participer à un regroupement international large. A ce moment là, une association regroupant les partisans de la 4° Internationale en son sein est nécessaire. Ce serait aussi une garantie de pluralisme au sein du nouveau parti, sans chercher à manipuler le NPA afin qu’il prenne en charge les taches qui étaient celles de la LCR. Ou bien il n’est qu’un rassemblement « autour » de la LCR, mais il ne sera pas le « pivot » d’une nouvelle internationale, et il aura de grandes difficultés à débattre à agalité avec des organisations qui ont réalisé, elles, de vrais regroupements pluralistes (l’Alternative Rouge Verte au Danemark, le Bloc de Gauche au Portugal, Syriza , d’autres …). La perspective d’une « Nouvelle Internationale » ne peut se réduire, comme il est dit dans le texte, à la « mutation » ou à la « transformation » de la 4 ° Internationale, mais doit chercher un vrai rassemblement au sein duquel nous accepterons d’être un de ses courants. Procéder tel que le propose le texte n’ aboutirait sans doute pas à une véritable nouvelle internationale, mais pourrait par

contre aboutir à détruire la 4° internationale comme courant en tant que tel, remplacé par un vague regroupement à peine plus élargi à certains « courants révolutionnaires », sans saut qualitatif et avec moins de consistance programmatique. Un texte pour le Congrès Mondial doit dégager des principes, un objectif , une orientation politique communs, que chaque section cherche à faire avancer. Quelles que soient les situations : sections/partis indépendants affiliés à la 4°, courant engagés dans la construction de parti anticapitalistes pluralistes, ou encore courants participants à un regroupement plus large visant à décanter une perspective de convergence ultérieure. Pour que le congrès aide les camarades de l’organisation à jouer pleinement leur rôle dans la construction du NPA Galia, Jean-François, Yvan C’est une évidence, la dissolution de l’organisation est le fruit de profondes évolutions positives qui nous conduisent à penser que la Ligue n’est plus le cadre approprié pour relever le défi de la nouvelle période à laquelle est confronté le mouvement ouvrier. Les vieilles organisations révolutionnaires issues de mais 68 et façonnées par les longues années de domination du réformisme social-démocrate et stalinien doivent opérer une mue pour s’investir dans la construction d’un nouveau parti. C’est ce que la grande majorité de l’organisation a eu l’audace de faire, indiscutable preuve de santé révolutionnaire bien plus convaincante que tous les radicalismes de formule qui justifient souvent le conservatisme de petits groupes. Pour que cette audace soit féconde nous avons besoin de prendre la mesure de nos propres évolutions, que

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chacun s’approprie l’expérience collective afin de participer pleinement à l’animation du nouveau parti. C’est un des objectifs du dernier congrès de l’organisation. Notre évolution a remis en cause les vieux schémas tactiques voire stratégiques tels que la majorité les définissait dans les années 90. Nous raisonnons et définissons notre politique non plus en dépendance des vieux appareils mais bien en fonction des intérêts de l’ensemble du mouvement ouvrier. Nous raisonnons en tant que « nouveau parti anticapitaliste, un parti qui se bat jusqu'au bout contre le système, un parti pour la transformation révolutionnaire de la société » pour reprendre les termes des Principes fondateurs. C’est cela le sens essentiel de la formule du changement d’échelle utilisée pour décrire la différence entre le NPA et la Ligue. Ce changement d’échelle implique une série de transformations dans nos façons de faire qu’il nous faut discuter collectivement pour que ces évolutions soient plus fructueuses qu’elles ne déstabilisent. C’est ce qui réunit la majorité en opposition aux camarades qui restent sur les vieux schémas majoritaires de la force nouvelle comme regroupement au sommet dans un cadre politique non-délimité où la LCR resterait fraction organisée. Ce schéma a conduit à bien des erreurs, il est aujourd’hui sans pertinence. La perspective d’un nouveau parti s’inscrit clairement dans la compréhension de la nouvelle période et des tâches du mouvement révolutionnaire, sortir des habitudes de minoritaires éternels opposants pour penser, agir en parti en réponse aux besoins, aux intérêts généraux de l’ensemble du mouvement ouvrier. La principale manifestation de ce changement d’attitude a été la clarification du rapport parti-front unique. Si l’unité est une préoccupation constante de notre politique, il est désormais acquis qu’elle ne nous conduit nullement à nous effacer, à amoindrir nos propres délimitations mais qu’elle consiste, au contraire, à définir dans chaque cas le terrain commun

d’action sans taire nos propres idées et perspectives et en menant le débat. Cette capacité nouvelle a été au cœur de la progression de nos idées tant dans les mobilisations que dans les élections. Elle est la force du NPA. Développer, armer cette capacité d’initiative associée à la recherche constante de l’unité et au débat public démocratique, renforcer la cohésion nécessaire est au centre de nos préoccupations dans le cadre de la préparation du congrès du NPA. Ce qui implique que le congrès de dissolution de la Ligue soit en mesure de faire un bilan critique de notre propre évolution collective pour donner toute leur place aux militants de la Ligue dans le processus, définir politiquement cette place, nos tâches et notre rôle. Nous sommes confrontés de ce point de vue à un problème politique important qui se traduit par une démobilisation d’un large secteur de l’organisation. Il semble qu’aujourd’hui, près de la moitié des membres de la LCR n’ait pas pris leur carte au NPA. On ne peut pas se contenter d’analyser ce phénomène comme un simple problème d’organisation ou de lassitude. Il s’agit d’un problème politique de fond qui renvoie à la difficulté qu’il y a eu dans la première phase d’initiation du processus à définir notre propre rôle. On ne peut insister sur le fait que les militants de la Ligue doivent être en minorité, s’adapter à des idées qui nous sont parfois hostiles, faire de la non-adhésion à la Ligue un critère pour être membre du Can sans démobiliser les camarades de l’organisation. Une telle attitude alimente les inquiétudes de ceux qui pensent que le NPA entraînera nécessairement une dissolution de nos idées. Il est nécessaire, et possible au moment où nous entrons dans une nouvelle phase du processus, de rectifier le tir. Notre souci doit être de représenter le processus tel qu’il se déroule, de façon pragmatique, à la base, de l’armer politiquement, d’aider à son homogénéisation autour d’une

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compréhension claire de la période et des tâches et non simplement par un œcuménisme éclectique. Poursuivre dans ce sens serait d’autant plus inadéquat que cette attitude a pour corollaire de mettre l’organisation en position de fraction. Non, nous sommes tous du NPA. Nous n’avons pas à être gênés d’assumer nos propres débats. Ils participent des débats de la construction du NPA. Ils sont utiles et nécessaires. La tâche du congrès est de donner leur place pleine et entière aux militants de la Ligue, de définir nos tâches dans le processus et pour cela de tirer clairement les enseignements des évolutions accomplies depuis 1995 par l’organisation. C’est la condition même pour mobiliser les camarades, renforcer le processus. C’est le meilleur moyen également de consolider à la base le processus par des discussions politiques et ouvertes, sans aucun tabou, avec celles et ceux qui nous rejoignent, et d’éviter ce qui nous menace parfois, la fuite en avant dans l’activisme en réduisant les réunions à des discussions sur nos interventions et la répartition des tâches. Notre propre courant a participé de cette évolution de l’organisation et de l’extrême gauche entamée au lendemain de 1995, d’abord hors de la Ligue puis dans la Ligue, en apprenant à combiner constamment débat politique, fermeté d’idées et ouverture, recherche constante de l’unité pour savoir, à chaque étape, différencier l’essentiel du secondaire sans rien taire, en refusant les comportements de fractions, majoritaire ou minoritaire. Depuis le dernier congrès notre souci a été de renforcer la Pfa, la politique qu’elle défendait. C’est dans ce souci que s’inscrivait tout notre travail et en particulier notre travail autour de Débat militant. Aujourd’hui, une fois achevée la phase préparatoire à la fondation du nouveau parti commence un large travail de construction qui, pour nous, est inséparable de la défense du matérialisme militant, le marxisme comme on a coutume de

l’appeler. Les discussions préparatoires au congrès sont un moment très important sur le chemin de la formation d’une conscience commune. Dans le nouveau parti, la continuité de notre travail s’inscrira dans cette volonté de participer, chacune et chacun à son niveau, au développement du matérialisme militant dans l’objectif de répondre aux besoins des luttes, de développement du parti lui-même, de son influence. Tenter de faire vivre le meilleur des luttes passées, c’est tenter de participer, avec nos moyens, à actualiser la conception du socialisme qu’Engels défendait dans sa brochure « Socialisme utopique, socialisme scientifique ». Ce travail, il nous faudra le mener à tous les niveaux sans que nous puissions aujourd’hui définir les cadres dans lesquels il s’inscrira ni la forme ou les formes qu’il pourra prendre. Cette discussion nous ne pourrons l’avoir qu’après le congrès de fondation en fonction des choix que chacun sera amené à faire. Nous ne pouvons que souhaiter que ce travail s’intègre pleinement dans le travail même du parti. Quand, de fait, nous serons tous du NPA, quel que soit son nom. A propos de la fraction : Unité des révolutionnaires ou parti anticapitaliste large. Aguirre.(29 octobre) Un débat sur l’orientation de la fraction me paraît aujourd’hui indispensable au moment où il est vraisemblable que celle-ci va entrer dans le NPA et qu’elle n’y vient pas les mains dans les poches mais en menant débats et offensive politiques sur une orientation qui, à mon sens, est contradictoire avec celle que nous avons définie lors de notre dernier congrès national. Cette discussion est d’autant plus nécessaire que jusqu’ici « nous » n’avons

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pas mené un tel débat et plutôt adopté une posture pour le moins bienveillante et a-critique, sans parler d’une certaine fascination que la fraction semble exercer auprès de camarades de la PFA. Par ailleurs, je ne sais pas très bien qui est le « nous » puisqu’aucune discussion n’a eu lieu, ni au sein de la DN, ni au sein de la PFA sur le sujet. Quant à la réunion qui s’est tenue le 25 octobre pour discuter avec la fraction, on ne sait pas exactement qu’elle a été son statut oscillant entre une réunion Ligue-Fraction ouverte au CAN ou une réunion CAN-Fraction. Au passage, la délégation de la Ligue était nombreuse (8, je crois). Je pense que c’est beaucoup et qu’il y a quelques déséquilibres quand on pense que nous n’avons envoyé qu’un observateur silencieux à la réunion de Politis. Une nouvelle réunion, cette fois-ci uniquement entre la LCR et la fraction, est prévue. Est-ce imaginable d’avoir à cette occasion une discussion un minimum collective ? Pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté, la fraction, comme Clémentine Autain et comme Jean-Marc Rouillan, est la bienvenue et a toute sa place dans le NPA. Dans un tel parti, il est normal qu’existe un courant révolutionnariste, empreint également d’ouvriérisme et un brin dogmatique et sectaire. Par ailleurs, il peut évoluer positivement dans le cadre du processus et aussi y apporter sa contribution positive sur une série de questions. Maintenant, je ne suis pas pour que ce soit sa ligne actuelle qui soit celle du NPA car elle est terme à terme contradictoire avec la construction d’un tel parti. J’y reviendrais. Précisons encore, si nécessaire, que la fraction est composée de militants éminemment respectables, engagés dans un combat de longue haleine pour renverser le capitalisme. Le problème n’est pas là évidemment. Il réside dans le fait qu’aujourd’hui son orientation se résume à celle dont elle pense qu’elle était celle de Lutte ouvrière jusqu’à la fin des années quatre-vingt, y compris en ce qui

concerne les modes de construction et de fonctionnement. Mais la nostalgie ne constitue pas une orientation. Il y a de plus un autre problème : c’est que la fraction existe en tant que telle depuis plus de quinze ans, avec une majorité de leurs membres hors de Lutte ouvrière, et que pour exister de manière séparée, dans une telle situation, avec la dureté des rapports politiques au sein de LO, elle n’a pu le faire qu’en blindant ses militants sur des bases idéologiques et programmatiques, sinon pourquoi rester dans un groupe politique de moins de 100 militants si on ne pense pas qu’on défend des idées essentielles et qu’aucune autre organisation ne le fait. Or, quinze ans dans une telle situation, cela crée inévitablement des déformations politiques et organisationnelles. Une des différences entre la fraction et Voix des Travailleurs, c’est que Voix des travailleurs était très majoritaire dans deux villes, Bordeaux et Rouen, et que cela l’a conduite à se comporter dans ces deux villes comme une véritable organisation politique, ce qui a d’ailleurs favorisé le processus de fusion-intégration au sein de la LCR. Et puis, quelque part, Voix des travailleurs a eu « la chance », si j’ose dire, de s’être fait exclure dix ans plus tôt de Lutte ouvrière. La lecture de Convergences révolutionnaires et des diverses contributions de la fraction est éclairante sur leur orientation et aussi, au passage, sur leur appréciation de ce qu’est la LCR et sa direction. Quelques citations pour le démontrer, en commençant par la plus récente, qui témoigne des limites de son évolution politique. Ainsi, Jacques Morand écrit ainsi le 26 septembre après l’exclusion de la fraction de Lutte ouvrière : « Dans la période qui vient, à moins d’un changement drastique dans le paysage de l’extrême gauche, il ne pourra pas se constituer un grand parti communiste révolutionnaire dans ce pays sans que LO, en tout ou en grande partie, en soit partie prenante. C’est vrai aussi de la LCR

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d’ailleurs, et d’autres groupes ou courants sans doute (j’adore le « sans doute »). C’est bien pourquoi nous avons reproché à la LCR de lancer le NPA sans essayer vraiment de chercher un accord avec LO. Une erreur qu’elle risque de payer par un échec, mais aussi, plus grave, une indication du genre de parti qu’elle entend aujourd’hui construire : plutôt gauche de la gauche réformiste que révolutionnaire. » C’est clair, c’est explicite et cela corrobore d’autres déclarations de la fraction. Un petit florilège : « En revanche, c’est cette perspective (contre la politique d’émiettement des directions syndicales, unifier les luttes vers un mouvement d’ensemble -note du rédacteur -) que seuls les révolutionnaires trotskystes présentent à l’occasion de ces élections. […] A l’extrême-gauche, c’est Arlette Laguiller, en ayant refusé d’emblée de s’égarer dans les molles ambiguités d’un rassemblement “à la gauche de la gauche“ (autrement dit contrairement à l’orientation majoritaire de la LCR qui a essayé de lever les obstacles pour aboutir à une candidature unitaire – note du rédacteur -), qui représente le plus résolument cette perspective ». (18 mars 2007) « Alléchant » le projet de la LCR de construire un nouveau parti selon la fraction. « Mais cela demande pourtant quelques clarifications. D’abord pourquoi des militants communistes devraient-ils limiter leurs prétentions aujourd’hui à vouloir construire un parti “anticapitaliste“ ? Car l’ambiguïté de la formule laisse en suspens une question de taille : « l’objectif est-il de s’opposer à certains méfaits du capitalisme ou de le renverser ? (Franchement poser la question est assez insultant !) Et dans ce dernier cas, par des réformes ou par la révolution ?». La suite laisse entrevoir un espoir… : « On peut certes imaginer des situations où une organisation regroupant trotskistes et réformistes radicaux serait une étape nécessaire pour construire le

parti révolutionnaire ». Mais il est bien vite balayé puisque, dans la phrase suivante, il est écrit : « Encore faudrait-il que ces réformistes radicaux, sans être convaincus au départ de la nécessité de la révolution… n’en soient pas des adversaires acharnés et irréductibles, absolument pas susceptibles d’être convaincus dans le cours de la lutte des classes ». (Au passage, cette appréciation est également insultante). Pire encore : «Ou bien ira-t-elle (la LCR) au bout de sa position, reconnaissant qu’il n’y a aujourd’hui en France “d’anticapitalistes » que les révolutionnaires et en s’adressant donc à eux, en particulier à Lutte ouvrière ». 29 juin 2007 Et encore : « Bien sûr, le projet de la LCR est encore flou ou ambigu. Elle le sait d’ailleurs elle-même puisqu’elle convoque un congrès en janvier prochain pour le définir plus précisément et décider s’il s’agit proposer un nouveau PSU, ou pour prendre un exemple plus récent d’un « Die Linke » à la française, ou au contraire un parti clairement révolutionnaire ». Et d’expliquer que cela dépendra pour partie des partenaires de la Ligue. Et d’ajouter conséquemment : « C’est la première raison pour laquelle nous pensons que notre organisation, Lutte ouvrière, doit se proposer d’exploiter avec la LCR si les conditions sont réunies pour la formation d’un parti révolutionnaire plus large que les actuelles organisations. Car dans les conditions présentes, et quel que soit le succès de la campagne d’adhésions à la LCR qui a suivit le succès électoral d’Olivier Besancenot, un tel parti ne peut naître que de l’alliance entre les groupes révolutionnaires existants et évidemment d’abord les plus importants d’entre eux ». (27 septembre 2007) Après avoir indiqué que tous les révolutionnaires devraient espérer un succès du projet de la LCR, la fraction

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ajoute « du moins si c’est un parti ouvertement révolutionnaire que la LCR entend construire, et pas seulement anticapitaliste, écologiste, altermondialiste… ce qui reste ambigu et flou sur la question du réformisme ». Plus loin : « En l’absence de luttes sociales majeures, ce niveau supérieur ne pourra être atteint qu’au travers du regroupement des organisations révolutionnaires existantes dont le nombre de militants, aussi restreint soit-il, est sans doute nettement supérieur à celui des nouveaux adhérents amenés par nos succès électoraux, y compris le dernier en date, celui de la LCR ce printemps dernier. […] De ces échecs passés (l’unité de LO et de la LCR) est né un sentiment de scepticisme dans nos deux organisations et amène aujourd’hui la LCR à déclarer la plus grande méfiance devant toute idée de fusion “par le haut“. Mais est-il vraisemblable d’envisager la construction d’un parti qui ne pourra se faire s’il n’y a pas un regroupement des militants existants, sans que le processus comprenne aussi, même si ce n’est pas seulement (j’aime le “pas seulement“), le rapprochement voulu, discuté et décidé des organisations existantes ? ». (4 octobre 2007) Le 28 octobre, la fraction persiste : « LO doit donc répondre positivement à la LCR. Nous affirmer publiquement comme un partenaire […] mais un partenaire communiste révolutionnaire marquerait clairement le caractère politique de l’entreprise. L’affichage d’une volonté commune des deux principales organisations affirmerait, encore mieux que le programme ou le sigle (vous comprenez pourquoi cette question risque malheureusement de prendre une trop grande importance) de l’éventuel nouveau parti, l’ancrage de celui-ci dans le camp des révolutionnaires. Il sélectionnerait sans aucun doute ceux qui viendraient à lui, suffisant à coup sûr pour écarter les courants de la gauche de la gauche qui ne

veulent pas avoir à se dire clairement révolutionnaires, sans écarter les travailleurs ou jeunes, qui sont peut-être d’abord altermondialistes, écologistes, guévaristes, internationalistes, féministes, voire se disent PCF (j’aime ce patchwork et la pointe de mépris, politique bien sûr)… mais n’ont aucune réticence à se reconnaître aussi révolutionnaires, et qui l’ont prouvé en votant pour un candidat qui appartient à une organisation communiste révolutionnaire ». Sur les dernières municipales, dans le numéro 55 de Convergences révolutionnaires, après avoir critiqué LO de se présenter au premier tour sur des listes d’Union de la gauche, la fraction critique ensuite le fait que la LCR envisage la possibilité de fusion technique au second tour, ce qui, selon elle, relève quelque part du même opportunisme. Mais elle fait une critique plus globale de l’orientation de la LCR lors de cette échéance électorale : « Pour ce qui est de la LCR, il est à craindre que si elle réussit à se présenter au premier tour dans un grand nombre de villes, elle le fasse sous sa griffe « 100% à gauche » qui n’est pas un positionnement de classe, ou sous une étiquette encore plus floue en cas d’alliance avec des “associatifs“, écologistes, ou autres “citoyens“ qui voudront mettre en avant des catalogues en faveur des crèches, espaces verts, etc. plutôt qu’un programme de défense des intérêts des travailleurs (c’est vrai que revendiquer des crèches n’a rien à voir avec la défense des intérêts des travailleurs et des…travailleuses). Comme il est à craindre que son projet d’utiliser cette campagne pour regrouper “ large“ dans un futur parti, ne l’incite à montrer davantage son profil “gauche de la gauche“ que son profil révolutionnaire ». Et l’on pourrait multiplier et multiplier les citations qui vont toutes dans le même sens. Et lisez aussi l’article d’Huguette Chevireau dans le dernier numéro de Critique communiste. Au-delà des

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multiples procès d’intention qui forment l’essentiel de sa contribution, que dit-elle ? « Mais curieusement, alors même que tous ceux qui ont voté Olivier Besancenot (et précédemment Arlette Laguiller) n’ont pas été particulièrement effrayés par les termes de « communiste » et « révolutionnaire », voilà que la Ligue communiste fait preuve d’une étrange prudence dès lors qu’elle en appelle à un nouveau parti. Plus question de parti révolutionnaire, expression sans doute trop directe, mais de « parti pour la transformation révolutionnaire de la société ». On ne parle plus de « renverser » le capitalisme, ce serait trop clair, mais de « rupture avec le capitalisme », « d’invention du socialisme du XXIe siècle ». Bref, toute une novlangue pour révolutionnaires honteux, qui préfèrent « reconstruire du neuf à gauche » plutôt que, tout bêtement, construire un parti révolutionnaire. […] L’autre justification implicite de tous ces euphémismes et périphrases est de n’écarter personne et d’accueillir dans le nouveau parti des déçus de la gauche ou des syndicalistes qui ne se disent pas eux-mêmes révolutionnaires. Le problème, c’est que ce beau calcul ne correspond pas à ce qui se passe dans les comités d’initiative. Nous avons eu souvent l’impression que c’était plutôt les camarades de la LCR eux-mêmes qui tenaient un discours bien en retrait par rapport aux attentes des participants. L’ennui, dans toute cette frilosité terminologique, disons tactique (j’aime le “disons tactique“), c’est que les mots ont tout de même un sens et qu’à force d’euphémismes, c’est tout le programme qu’on édulcore. Quand on parle de « transformation révolutionnaire de la société », on ne parle ni de révolution sociale, ni du renversement du pouvoir politique. Tout le monde peut se retrouver dans ces révolutions sociétales.(Et le meilleur pour la fin) A ce compte-là, l’agent le plus efficace de « la transformation révolutionnaire de la

société », c’est le capitalisme lui-même, lequel ces dernières décennies a sans doute prolétarisé la majeure partie de la planète. En quarante ans, depuis 1968, bien des « transformations révolutionnaires de la société » ont eu lieu… sauf justement la révolution qui nous intéresse. Même chose pour « reconstruire du neuf à gauche ». Au Parti socialiste, dont il s’agit en priorité de se démarquer, tout le monde veut aussi « reconstruire du neuf ». La différence, c’est que la Ligue propose de « changer de gauche, pas changer la gauche ». Soit. Mais pour quelle nouvelle gauche ? Une gauche pas franchement révolutionnaire ? Comme la plupart des gauches qui se sont relayées dans l’histoire ? Non, disent les camarades de la LCR, car cette fois, il faudrait « réinventer le socialisme du XXIe siècle ». Mais en l’occurrence, réinventer quoi ? S’agit-il de se démarquer du stalinisme ? Dans ce cas autant se revendiquer sans ambages du trotskisme. Ou s’agit-il d’en rabattre sur le marxisme révolutionnaire ? La fraction a eu la pire des positions de la gauche révolutionnaire au moment de la campagne du « non de gauche », elle n’était pas d’accord avec ce que nous avons fait lors des municipales, elle n’est pas d’accord avec la perspective de construction d’un parti regroupant tous les anticapitalistes et les révolutionnaires (les deux termes ne sont effectivement pas synonymes). Elle veut construire un parti révolutionnaire strictement délimité, ce qui passe, pour elle, par l’unité des révolutionnaires, essentiellement, pour ne pas dire exclusivement, par l’unité LO-LCR (les seuls révolutionnaires étant bien entendu en dernière instance les trotskistes, et particulièrement ceux de LO). Globalement, elle pense que c’est LO la tenante de la défense du programme trotskiste au cours de ces cinquante dernières années (« Et il est incontestable que si l’extrême-gauche dans ce pays a

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grosso modo davantage maintenu le cap que bien d’autres, sans rester marginale, cela doit beaucoup à la politique volontariste de LO en direction de la classe ouvrière et à sa capacité à ne pas cèder à l’opportunisme auquel les autres courants trotskistes se sont trop souvent abandonnés » (29 juin 2007) et elle a une bien piètre appréciation, au-delà de ses déclarations d’intention, de ce qu’est la Ligue et sa direction : « Du côté de la LCR la tentation, que l’on voit déjà poindre, sera surtout grande de se croire, déjà, fort du meilleur score de tous les partis à la gauche du PS, le noyau d’une nouvelle tentative de construction d ‘une “gauche de la gauche » réformiste mais “anti-libérale“… Et de repartir ainsi vers ses vieux démons. Plutôt que de s’atteler directement à la tâche de construire un parti ouvrier de la lutte des classes. C’est la tâche de notre organisation de défendre cette perspective-là et de peser sur la LCR pour la maintenir ou l’entraîner sur ce terrain ». Merci Olivier Belin, c’est l’auteur de l’article, de veiller ainsi sur la virginité révolutionnaire de la LCR, mais cette dernière n’a aucunement besoin de garde-chiourme politique, si patenté soit-il. La conclusion est claire ; si la Fraction est la bienvenue dans le NPA, nous devons débattre de ses positions, polémiquer sur les points sur lesquels nous ne sommes pas d’accord. C’est d’ailleurs manquer de respect à la Fraction de ne pas discuter de son orientation, des textes qu’elle produit. Le problème, c’est que non seulement nous ne l’avons pas fait, mais nous avons adopté une attitude brossant dans le sens du poil, conciliante, a-critique. Ainsi quand la fraction, perfide, dit en substance : « si vous voulez construire un parti qui rassemble les révolutionnaires et les anticapitalistes, cela pose un problème car si vous employez les deux termes, c’est qu’ils ne sont pas réductibles l’un à l’autre et donc que ce parti ne sera pas véritablement révolutionnaire puisqu’il

sera composé pour partie de militants qui ne se considèrent pas comme révolutionnaires (au sens strict du terme comment l’entend LO), quelle est la réponse que nous avons faite : « Nous l’avons dit et écrit. Nous voulons construire un nouveau parti anti-capitaliste et révolutionnaire », le terme parti révolutionnaire étant utilisé à trois reprises. Il ne s’agissait pas là d’une perspective mais d’un projet immédiat, le NPA devant être au départ un parti anticapitaliste et révolutionnaire (1). Or, nous n’avons jamais écrit cela dans les thèses : nous avons bien dit un parti qui regroupe tous les anticapitalistes et les révolutionnaires pour révolutionner la société, ce qui n’est pas identique à construire un parti anticapitaliste et révolutionnaire. (2) Et à ne pas débattre, on laisse la fraction développer ses positions, sans parler du fait qu’elle trouve, semble-t-il, quelques relais au sein de la Ligue. Voilà, je trouve que la fraction occupe trop de place dans le processus de construction du NPA, et je suis d’avis qu’il faut débattre publiquement avec elle des divergences politiques importantes que nous avons avec elle. Sauf, bien évidemment, si on pense qu’on est d’accord sur l’essentiel puisque nous sommes tous les deux ((la LCR et LO) révolutionnaires, et de surcroît trotskistes. Mais si tel devait être le cas, cela signifierait que les thèses que nous avons adoptées lors du dernier congrès national étaient factices et chacun en tirera les conséquences qui conviennent. (1) Il y a un autre débat, d’une autre nature : le NPA n’est-il qu’une étape, qu’une médiation vers la construction d’un véritable parti révolutionnaire pur sucre, pur fruit ? Des camarades défendent cela. Je ne suis pas d’accord avec un tel schéma préétabli. Je pense par contre que le NPA sera un des endroits, j’espère le principal, où se forgera une direction révolutionnaire digne de ce nom. Quand on lit les productions de certain-e-s, qui préconisent, de fait, un parti révolutionnaire

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ultradélimité, il n’y a alors jamais eu de partis révolutionnaires dans l’histoire du mouvement ouvrier. Car, après tout, jusqu’en avril 1917, la perspective du parti bolchévik se résumait à faire en sorte que la bourgeoisie prenne le pouvoir… Ce n’est qu’a posteriori, à des moments où la lutte des classes atteint un niveau de confrontation qui pose la question du pouvoir, qu’on peut caractériser de révolutionnaire ou non un parti. Mais le débat sur cette question, nous avons le temps de l’avoir tranquillement. Deux autres brèves remarques :

a) A le lecture des contributions dans Critique communiste – et de ce point de vue celle de Jean-François est éclairante – celles et ceux qui insistent sur l’importance des acquis du courant trotskiste, parfois, mais bien rarement, des autres courants révolutionnaires –mais peut-être n’y a-t-il pour eux de révolutionnaires conséquents que les trotskistes ? -, ne définissent jamais précisément ce que sont ces acquis et en quoi ils sont opérants pour définir aujourd’hui une orientation politique conséquente.

b) Mettre à chaque détour de phrase l’adjectif révolutionnaire, expliquer que ce serait dramatique que cet adjectif ne figure pas dans le nom du nouveau parti, a quelque chose de pathétique et de dérisoire. Par ailleurs, ce n’est pas parce qu’on écrit qu’on est révolutionnaire qu’on l’est. Cela ne pourrait que prêter à sourire si cela n’avait pas un effet pervers, c’est introduire insidieusement que certain-e-s ne le sont pas s’ils/elles refusent d’utiliser systématiquement cet adjectif, si ils/elles pensent que ce n’est pas opportun de le mettre, par exemple, dans le nom nouveau parti. C’est aussi agaçant quand la plupart des donneurs de leçons en

affirmations révolutionnaires n’ont jamais sorti un canif de leur vie…

(2) Ceci dit, il y a dans le débat au sein de la Ligue, mais aussi pour partie avec la fraction, un problème sémantique sur le sens de l’adjectif révolutionnaire. Si révolutionnaire veut dire que nous sommes pour renverser le capitalisme et instituer une société socialiste sans exploitation et sans oppressions, une société dirigée par les producteurs associés pour reprendre les termes de François Chesnais, ce qui implique conséquemment de remettre en cause la propriété privée des moyens de production, il n’y a guère de problème.Parfois même, curieusement, être révolutionnaire signifierait pour l’essentiel être partisan de la centralisation des luttes et les meilleurs opposants aux bureaucraties syndicales qui organisent la dispersion : « Le véritable point d’achoppement actuel entre une politique révolutionnaire et celles des appareils, c’est précisément ce refus de centraliser les combats locaux et sectoriels, cet acharnement à parcelliser et diviser les luttes des travailleurs comme de la jeunesse. Ce serait aussi toute la différence entre un authentique parti révolutionnaire et une simple formation“anticapitaliste » chapeautant gentiment les diverses formes de contestations locales, sans contester centralement tous ceux qui font obstacle à la centralisation des luttes ». Laissons de côté le « gentiment » et une explication par trop mécanique du fait de l’absence de luttes d’ensemble ne serait due qu’à la politique des directions syndicales, pour le reste, il n’y a pas de problème. Personne dans le NPA n’est opposé à ce qui est dit ci-dessus par Huguette Chevireau. De même, lorsque qu’elle écrit: « L’enjeu, pour la classe ouvrière, est de disposer d’une force politique nationale susceptible d’initier une véritable politique de front unique pour la convergence des luttes et des mobilisations, et, pour ce faire, d’interpeller réellement les appareils traditionnels ou de les contester et les

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combattre quand ils tournent le dos aux intérêts du monde du travail. Reste à savoir si le nouveau parti se fixera cet objectif. En tout cas, il est le nôtre », elle peut être rassurée, c’est un objectif, une ambition qui est partagée par tous les membres du NPA. Le débat n’est pas là. Mais, pour défendre une telle orientation, il n’est pas nécessaire d’être un révolutionnaire au sens strict du terme, tel qu’il a été employé traditionnellement, aussi bien au sein de LO que de la LCR. Le discriminant entre révolutionnaire et réformiste radical et conséquent, qui se fixe donc aussi comme objectif de renverser le capitaliste au profit d’un socialisme démocratique, autogestionnaire, féministe et écologiste, portait sur les moyens pour y arriver : situation de double pouvoir, armement des travailleurs, des paysans, destruction de l’appareil État, entre autres… C’est sur les moyens qui permettront de renverser le capitalisme que nous laissons toute une série de débats ouverts. Ouverts… NPA : un processus au milieu du gué Louis-Marie 20 novembre 2008 Deux mois avant le congrès de fondation du NPA, il est nécessaire de faire le point sur le processus. Deux éléments contradictoires émergent de la coordination ders collectifs NPA du 8 et 9 novembre. D’une part une vitalité incontestée des collectifs de base, qui ont prouvé par la portée des débats que le projet a un sens. D’ores et déjà, la composition sociale du NPA est substantiellement différente de celle de la LCR. De nombreux militants ont pris en charge cette « construction par

en bas » du NPA. Faisons attention à ne pas les décevoir, à les écouter. Il faut certes prendre en compte ce qui est insuffisant : la majorité des collectifs de la région parisienne a envoyé des délégués LCR ; peu de collectifs ont vraiment fait remonter des amendements ; le débat sur les européennes, dans mon groupe a mobilisé les seuls militants de la LCR. Mais ceci n’empêche pas que l’on sent que « quelque chose se passe ». L’intérêt autour de nous pour la démarche ne se dément pas, notamment dans le milieu syndical, même si de nombreux syndicalistes attendent encore pour s’engager. Dans le même temps, le processus marque le pas : remontée faible encore des cartes, pas de nouvelle vague d’adhérents… Le risque existe donc que la traduction politique de ce processus encourageant ne se fasse pas, et que l’on revienne en arrière. Un des problèmes principaux est que le NPA est un processus qui se veut partir du bas, mais qui s’intègre à une organisation politique existante, et présente nationalement. Les craintes des militants du NPA (souvent exprimées par les militants du CAN), que la LCR préparerait d’avance et collectivement les réunions (même si nous savons que ce n’est pas vrai) expriment que cette confrontation, surtout au niveau central de la LCR et du NPA, est ressentie fortement. Il faut que ces problèmes soient discutés, dans la LCR et dans le NPA, et non écartés au nom du consensus. Situation politique L’absence de luttes sociales pèse sur l’étape actuelle de construction du NPA. Parce qu’un « parti des luttes » se construit plus facilement quand il est sollicité pour aider ces luttes, voire les susciter. La demande de nombreuses personnes qui se tournent vers nous est que ce nouveau parti serve à quelque chose, change leur

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quotidien. Mais en l’absence de luttes, la construction du NPA est plus introspective, Le congrès sera d’une autre portée si d'ici janvier, ont lieu des luttes. L’absence de luttes significatives renforce la tendance à être un parti principalement propagandiste. La construction du NPA devient quelquefois une fin en soit, en oubliant qu’un parti est d’abord un outil. C’est notamment dans le domaine des réponses à la crise que nous sommes attendus. Nous pouvons répondre avec des réponses généralistes, expliquant que les capitalistes profitent de la crise pour remettre en cause toujours plus d’acquis, que seul le socialisme pourra permettre de sortir de cette crise. Face à la crise, notre seule réponse serait : le socialisme… Mais ce serait passer à côté de nos responsabilités, et des attentes que mettent en nous de nombreux militants, dans le NPA et en dehors : l’organisation du rapport de force pour que ce ne soit pas les salariés qui « paient la crise ». Il faut que le NPA soit davantage tourné vers l’extérieur, que son développement s’appuie sur des campagnes unitaires, associant le maximum de personnes, militants, courants, y compris politique. La véritable démonstration de notre projet, nous la ferons sur le terrain, par notre efficacité face à Sarkozy et à la crise économique, pas par un discours convainquant de dénonciation du capitalisme. Au delà des luttes, il faut que le NPA retrace des perspectives politiques. On ne peut réduire notre positionnement à l’opposition par des luttes à Sarkozy associée à la construction du NPA. Il faut aussi un prolongement politique aux luttes, et cela ne peut être le NPA seul qui offre cette issue politique. Il faut donc savoir s’adresser aux courants qui se dégagent du PS aujourd’hui : « Nous engagerons des discussions au niveau local et éventuellement national avec les courants issus de la crise du PS et du PCF, les collectifs anti-libéraux, les équipes du

mouvement social et du mouvement syndical, les révolutionnaires dont Lutte ouvrière. » (Thèses politiques adoptées au XVIIème congrès de la LCR, janvier 2008). Des choix pour le NPA Le débat dans la LCR, à l’occasion du lancement de cette idée, faisait état de deux éléments : d’une part la nécessité, face à Sarkozy et au « rouleau compresseur » que nous prévoyions, de reconstruire un rapport de force ; d’autre part, la disponibilité d’une série de personnes, désemparées ou en colère face à l’inertie de la gauche. Nous avions alors décidé de lancer un

nouveau parti anticapitaliste : « Un tel

parti à influence de masse s’adresse à tous

ceux et celles qui veulent construire ou

reconstruire une nouvelle force politique

vraiment à gauche, dans le camp des

travailleurs » (Thèses politiques adoptées

au XVIIème congrès de la LCR, janvier

2008).

Nous avions alors choisi de laisser ouvert

le positionnement stratégique de ce parti

« Cette nouvelle formation politique ne

tranchera pas dès le départ toutes les

questions tactiques et stratégiques. Une

série de débats resteront ouverts, mais elle

aura clarifié sur la base de l’expérience

politique les problèmes clés qui sont

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aujourd’hui posés dans les luttes et les

processus politiques. En particulier,

l’indépendance vis-à-vis de l’Etat et de ses

institutions, le rapport aux institutions

(participation aux processus électoraux et

action des élu-e-s) subordonné à

l’intervention dans les luttes et le

mouvement social, le rôle central de

l’auto-émancipation et de l’autogestion de

la population dans la transformation

sociale, le rejet de toute participation à des

gouvernements de gestion de l’Etat et de

l’économie capitaliste. » (idem).

Autrement dit, la LCR proposait que le nouveau parti ne se définisse pas d’emblée comme révolutionnaire. Il s’agissait d’associer largement ceux qui veulent se battre contre Sarkozy, pas de privilégier seulement les « révolutionnaires ». Nous considérons que ce choix est plus que jamais justifié, face à la crise économique et à la volonté des capitalistes de faire passer des hypothèses de sortie de crise par une défaite des salariés. Il faut construire un parti anticapitaliste large. Par le biais du nom à donner au NPA, ce débat revient aujourd’hui. Ce débat appartient aujourd’hui au NPA et à ses militants. Pour certains, il s’agirait de définir le choix stratégique du parti en faveur de la révolution, en intégrant dans son nom le terme de révolutionnaire. Beaucoup de gens du NPA ne voient pas d'objection eu terme Révolutionnaire, au sens de changer radicalement la société.

Mais d'autres en font une arme de guerre contre des réformistes hypothétiques. Pour eux, c'est un signe de fermeture et de contrôle, de délimitation entre ce qu’ils estiment convenir à un parti dit « révolutionnaire » et les autres. Il faut prendre conscience que le NPA est un processus : il a pour vocation d’agglutiner, puis d’associer, peu à peu, dans les années qui viennent, tous ceux qui se reconnaissent dans son combat et dans sa construction. On ne peut le fermer aujourd’hui par rapport à des présupposés programmatiques qui ne seraient pas tranchés dans la pratique. La question du nom du nouveau parti fait partie de ces gadgets qui ont occupé beaucoup de place dans la tradition de la LCR au détriment d’une discussion politique sur ce qui fonde les choix. Attention à ce que notre nouveau parti, fragile dans ses fondements, ne devienne pas un champ d’affrontement aux enjeux mal mesurés par la plupart des militants. Il vaut mieux ajourner ce débat et rester sous le signe d’un « parti anticapitaliste », terme signifiant le refus du capitalisme et la volonté de se battre contre lui, sans demi-mesure. Avec tous ceux qui s’y inscrivent. Le NPA doit être aussi un cadre de débat collectif. Enfin, de façon plus générale, un effort particulier doit être fait pour approfondir le débat au sein du NPA. La démission de Xavier du CAN, à travers ce qu’elle soulève : « le cumul des urgences rejette en arrière plan ce qui, selon moi, devrait être au cœur de nos préoccupations, l’appropriation collective des textes fondateurs de notre identité politique », doit nous amener à réfléchir plus sur l’élaboration collective. Celle-ci ne peut se réduire à des textes construits à partir des enrichissements des collectifs, elle doit s’appuyer sur des contributions individuelles et collectives que le collectif national doit susciter.

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Xavier cite la question des bulletins intérieurs sans cesse repoussés depuis juin. La crainte que les débats de la LCR se reporteraient sous la même forme dans le NPA est à la fois fausse (le cadre du NPA est de toutes façons différent), et sous-estime la richesse que représente, de toutes façons, les débats dans la LCR. Des militants du NPA ressentent ce pluralisme LCR comme un enrichissement, donnons-leur raison en sachant élargir nos débat, et non les réduire, à de nouveaux protagonistes. Enfin, on ne peut faire l’impasse d’une élaboration théorique au sein du NPA. Il faut proposer que les notions telle la Révolutions, les institutions, la religion, etc fassent l’objet de débats (par exemple, trois ou quatre contributions de quelques pages sur un même thème, sous format d’une revue électronique simplifiée : ceci complètera le système de presse envisagé avec le NPA. A laisser ces débats de fonds de côté, on aboutit à l’incompréhension. Et si la fusion Contretemps / critique communiste représente un apport pour l’avenir, elle ne peut aboutir à renvoyer à la périphérie de la nouvelle organisation l’élaboration collective. Il faut rectifier (Denis Godard) La crise du capitalisme et celle de la gauche agissent comme des révélateurs à la fois de l'importance de l'initiative que nous avons prise en lançant le NPA mais aussi des faiblesses dans notre manière de le construire. C'est maintenant, alors que la dynamique est positive, notre crédit élevé et les contre-offensives balbutiantes (criminalisation de l'ultra-gauche, gauchisation du discours du PS, création du parti de la gauche...) que nous devons rectifier. Le NPA doit correspondre à un véritable changement, non seulement quantitatif mais aussi qualitatif par rapport à ce qu'était la LCR.

Le NPA doit être un parti populaire dans son implantation, ses modes d'intervention et d'organisation comme dans son programme. Son pivot devrait être dans l'articulation agitation/stratégie là où celui de la LCR était plutôt propagande/théorie. Implantation et stratégie Bensaïd qualifiait il y a quelques années le parti d' "opérateur stratégique". Il y a une première condition pour qu'une organisation puisse remplir ce rôle, sa surface militante. C'est-à-dire le nombre de ses militant-e-s, leur répartition dans les principaux lieux où se mène la lutte et la légitimité qu'ils/elles y ont. C'est ce qui détermine la capacité à opérer stratégiquement, c'est-à-dire à y défendre une stratégie et être en capacité de la mettre au test et donc de la développer. La deuxième condition est qu'il faut... une stratégie. Par définition la stratégie n'est pas une science exacte. Puisqu'elle correspond au chemin que l'on définit pour atteindre un but, la stratégie est en évolution constante en fonction des contextes qui changent ainsi que des tests de l'expérience. Elle s'élabore cependant à partir des propriétés du système dans lequel on opère, de l'analyse que l'on fait des tendances générales de la période que l'on traverse et des forces dont on peut disposer. Le lancement du NPA est politiquement juste parce qu'il met en adéquation le type de réponse absolumment nécessaire dans la situation pour faire progresser le mouvement et infléchir dans son sens le rapport de forces avec la classe dirigeante et le type d'organisation qui rend possible cette réponse. Type de réponse L'accélération de la crise du système impose de construire des réponses politiques car, cette fois, personne ne peut contourner le fait que c'est la logique

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globale du système qui est en crise. Les classes dirigeantes elles-mêmes ont dû élever les enjeux à ce niveau : le G20 qui s'est tenu à Washington est un sommet des chefs d'Etat des plus grandes puissances. La construction des luttes (grèves, manifestations...) et des types d'organisations unitaires qui favorisent celles-ci (syndicats, associations, fronts...) est une base incontournable de toute réponse. Le poids d'une organisation unie autour de la nécessité d'une confrontation globale avec le capitalisme doit permettre de commencer à surmonter les obstacles mis dans le développement de cette résistance par des directions paralysées et paralysantes. Le NPA devrait ainsi par exemple être moteur pour que se construise et se fédère une tendance "lutte de classes" dans les syndicats (capable par ailleurs de surmonter les divisons syndicales). Mais il faut aussi que se propage l'idée et dès que possible de premières tentatives pour mettre en place, au sein des entreprises comme dans les quartiers des éléments de contre-pouvoir, de formes d'organisation revendiquant des éléments de contrôle par les travailleurs dans les entreprises et les couches populaires dans les quartiers. S'il est juste de revendiquer l'ouverture des livres de compte ou un service public du crédit, il faut aussi développer parallèlement la nécessité de construire les formes d'organisation qui permettent aux travailleurs d'exercer leur contrôle. A défaut ces revendications deviennent abstraites... ou étatistes. S'il est juste de défendre les services publics dans les quartiers et leur extension, il faut aussi développer la nécessité de formes d'organisation salariés/usagers permettant de revendiquer le contrôle voire des éléments de gestion de ces services publics. Les éléments plus précis de l'agitation sur ces questions ne pourront bien sûr se développer qu'au travers des tests et des expériences qui pourront être faites notamment sur la base des luttes.

Mais nous devons déjà développer l'agitation sur ces axes et commencer à inciter à développer/élaborer sur des pistes possibles. Le NPA devrait commencer à être connue/reconnue par ce profil (ce qui aurait par ailleurs l'avantage de casser l'argument hypocrite opposant ceux qui veulent faire et ceux qui se contentent de s'opposer). Sa presse, ses réunions devront être connus comme des lieux d'information sur les expériences faites dans ce sens et d'élaboration sur les moyens de les développer. Sur cette base le débat sera ouvert jusqu'à quel point et dans quelle mesure ces formes d'organisation sont de simples "contre-pouvoirs", des moyens de pression sur les institutions existantes ou des embryons d'un nouveau pouvoir. Cela ouvrira le débat sur les modes de confrontation (et jusqu'où) de ces formes d'organisation avec les institutions existantes. Faute de poser concrètement la nécessité de ces formes d'organisation alternatives, de fait, aux institutions existantes, nous en serons forcément réduit à l'ambiguïté du couple participation au mouvement/campagnes électorales et aux débats abstraits sur la nécessité de renverser l'Etat et le niveau de violence que cela exige. Type d'organisation La possibilité de développer une telle stratégie repose sur la capacité du NPA de devenir une organisation implantée dans les entreprises et les quartiers et pas seulement récoltant de bons scores dans les sondages d'opinion et capable d'organiser de gros cortèges dans les manifestations centrales. Cela exige d'abord une politique d'ouverture pour inciter tous ceux et celles qui veulent nous rejoindre à le faire sans préalable de niveau d'activité ou d'exigence

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préalable élevée de compatibilité idéologique. C'est aussi pour cela que les comités doivent essaimer sur les lieux d'activité et de vie (entreprises, facs, quartiers populaires) en visant les échelons au plus près de l'activité (par lieu de travail plutôt que par secteur d'activité quand c'est possible - plutôt deux comités de 10 membres divisant un quartier en secteurs qu'un seul comité de 20...). Construire cette implantation exige de combiner l'apparition "de routine" (tables de presse et de diffusion de tracts et réunions) avec l'implication des militant-e-s dans les organisations de lutte du lieu d'activité et de vie couvert par le comité. Cette stratégie, combinée à des campagnes nationales, sera unifiante pour éviter de tomber dans le piège du localisme Cette stratégie détermine aussi notre type de presse dont le coeur devrait être un journal populaire permettant de relier tous les membres quelques soient leurs niveaux d'implication, de relier nationalement tous les comités, de construire une audience - plus ou moins régulière - pour le NPA autour de chaque comité et nationalement. Il faut rectifier La dynamique créée depuis l'appel (nombre de comités, diversité...) permet d'aller dans ce sens. Mais plusieurs éléments de notre orientation générale pourraient rapidement devenir des obstacles. Les chiffres de cartes de membres remontés jusqu'ici sont préoccupants. Nous devons mener d'urgence une véritable campagne, principalement parmi les camarades de la LCR, pour éviter de considérer l'adhésion au NPA selon des critères d'exigence se rapprochant de ce que nous faisons à la LCR. La carte et la cotisation doivent être proposés à tous ceux et celles qui viennent à nos réunions et veulent s'engager dans le processus de fondation.

Nous devons dire clairement que le débat sur "la nécessité de la révolution" et du "renversement de l'Etat" est un débat qui restera ouvert au sein du parti (au moins dans un premier temps) et donc en exclure les formulations des textes fondateurs. Penser qu'il peut se régler par des proclamations dans des textes est d'abord illusoire. L'expérience de la IIè Internationale devrait nous éclairer sur ce point. Par ailleurs il faudrait expliquer par quelle expérience est passé le mouvement depuis quelques mois pour permettre de passer de petites organisations révolutionnaires à un parti révolutionnaire populaire. Mais le problème est plus profond. Il y a une logique impérieuse entre la volonté d'imposer cette délimitation au parti et le développement d'un profil et d'un fonctionnement propagandiste. Les comités les plus "révolutionnaristes" sont sans doute aussi ceux qui imposent les débats "théoriques" les plus longs, les plus abstraits, les plus exigeants en préalables, les réunions internes plutôt que l'activité tournée vers l'extérieur. Leurs amendements (porteurs par ailleurs de toutes les logiques de fragmentation avant même la fondation du NPA) déportent les textes vers une tonalité révolutionnaire abstraite au détriment quasi-absolu de premiers éléments de ce que pourrait être une stratégie anticapitaliste (qui ne peut se résumer à la grève générale + la destruction de l'Etat). Ce faisant cette orientation entraîne le NPA à l'opposé de ce que nous devrions construire. Il ne s'agit pas d'exclure ces tendances du NPA. Elles font partie du spectre que nous réunissons mais notre orientation devrait permettre de les marginaliser. Enfin, si nous sommes convaincu-e-s, que le NPA doit représenter un changement qualitatif avec la LCR, nous devons renverser la tendance actuelle (en partie due au sentiment d'urgence) au transfert

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des structures de la LCR vers le NPA. Plus nous approchons du congrès et plus ce transfert se fait et risque de se faire mécaniquement, sachant que les structures génèrent leur propre inertie qui sera ensuite difficile à renverser. Pour ne prendre qu'un type de structure, ne serait-il pas possible de laisser dans un premier temps les comités commencer à construire des réponses (locales ou régionales) sur les thèmes spécifiques pour faire émerger ensuite des formes de coordination nationale plutôt que de transférer les commissions existantes de la LCR ? Le résultat risque fort de donner les anciennes commissions fonctionnant de la même manière... avec simplement quelques têtes nouvelles y participant. Bref nous devrions à chaque niveau raisonner en termes d'expérimentations plutôt que de continuité, de transformation plutôt que de transfert. Et la révolution dans tout ça ? Par ailleurs notre absence de clareté sur la nature du NPA crée des problèmes difficilement solubles comme le démontre la question de la IVè Internationale. Tous les camarades de la LCR, quelles que soient leurs sensibilités et leur histoire, doivent avoir le souci de l'organisation internationale dont la LCR est le pivot. Même si, dans mon cas, j'ai défendu et je continue à défendre le rapprochement avec l'IST et, plus généralement la possibilité de nouveaux regroupements internationaux, l'affaiblissement des organisations internationales actuelles serait un pas en arrière. Il semble évident que le NPA ne peut être affiliée à la IV. Mais les propositions qui sont faites sont totalement bancales. Comment justifier que le NPA finance la IV sans être responsable de la politique que celle-ci défend ? Par quel miracle pouvons-nous imaginer que toute affiliation à la IV disparaisse pendant des mois et que, à l'occasion du prochain congrès de la IV les membres du NPA qui le désireront

pourront participer au vote déterminant ses décisions (sans que le NPA collectivement en soit la section française ?). Comment demander au NPA d'organiser le camp d'été de la IV sans devoir assumer les bases politiques surlesquelles ce camp est construit ? Il n'y a pas de bonnes réponses à des mauvaises questions. La création du NPA sur des bases anticapitalistes n'exige aucun reniement pour les différentes sensibilités de l'anticapitalisme a fortiori celle représentée par la LCR. Nous devons travailler dans les prochaines semaines et les prochains mois à trouver les formes souples d'organisation qui permettent à tous et toutes les camarades du NPA qui le désirent de continuer à défendre des spécificités de la tradition que la LCR a construite en France qui ne font pas partie des bases communes dont se dote le NPA parce que nous ne les jugeons pas indispensables à son développement (voire même contre-productives à ce stade). Ces formes d'organisation seront ce qui permet, par ailleurs, dans la situation actuelle, d'assurer les activités de la IVè Internationale.

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2 propositions de modification du texte "NPA une suite logique" (Denis Godard) - Premier paragraphe du point 3/ Un projet qui a besoin du capital de la LCR pour réussir Ajouter "quartiers populaires" à "implantés dans les entreprises et la jeunesse" = "implanté dans les entreprises, les quartiers populaires et la jeunesse". - Après ce premier paragraphe du point 3/, ajouter un paragraphe : "Nous voulons un parti tourné vers l'action, un parti qui commence à changer la donne en se battant pour construire tous les fronts de résistance unitaire aux attaques de la classe dirigeante, en les impulsant parfois, en y favorisant toujours ce qui permet d'unir dans l'action et en y combattant, quand c'est nécessaire, les politiques qui la paralysent. Mais la situation exige aussi que ce nouveau parti propage l'idée et dès que possible de premières tentatives pour mettre en place, au sein des entreprises comme dans les quartiers des éléments de contre-pouvoir, de formes d'organisation des travailleurs et des couches populaires exigeant des éléments de contrôle par les travailleurs dans les entreprises et les couches populaires dans les quartiers." Amendement au texte : "Relevé de conclusions sur le processus de dissolution de la LCR dans le NPA" A la place du point 2/ la IV et le NPA "Le NPA vise à regrouper l'éventail des sensibilités de l'anticapitalisme avec toutes leurs nuances et combinaisons (libertaire, trotskystes, réformistes radicales...) qu'elles soient aujourd'hui cristallisées ou non dans des formes organisées. En mettant toutes nos forces dans la bataille pour construire le NPA nous illustrons notre conviction qu'une stratégie révolutionnaire conséquente pour le XXIè siècle ne pourra émerger que de la confrontation entre ces différentes sensibilités en lien avec l'expérience commune de l'intervention dans les luttes de classe et avec l'expérience commune d'élaboration et de mise au test d'une stratégie de confrontation avec le capitalisme. Cela ne signifie pas que nous renions la tradition que la LCR a contribué à maintenir (celle du marxisme révolutionnaire en général, celle de la IVè Internationale en particulier) et à développer

dans les limites d'une période historique qui a marginalisé cette tradition au sein du mouvement ouvrier. Même si nous sommes convaincus que l'expérience du NPA sera déterminante pour enrichir cette tradition et la transformera. Par définition le NPA ne prend pas et ne peut pas prendre l'ensemble de cette tradition comme base commune. Les camarades du NPA provenant de la LCR et tous ceux et celles qui le désirent créeront donc un réseau/club de réflexion stratégique sur la base de cette tradition produisant une revue. - les réunions de ce réseau seront ouvertes à toutes et tous les membres du NPA mais uniquement aux membres du NPA - l'objectif de ces réunions comme de la revue sera la réflexion et l'élaboration stratégique à l'exclusion des débats spécifiques d'orientation - les membres de ce réseau acquitteront une contribution financière permettant de financer la publication d'une revue trimestrielle - ce réseau sera affilié à la IVè Internationale et constituera le cadre dans lequel se mèneront les débats (ouverts à tous les membres du NPA) et l'élection de délégués (sur la base de l'appartenance à ce réseau) pour son prochain congrès. Avant sa dissolution la LCR prélève sur ses finances l'équivalent de sa contribution financière à la IVè Internationale pour les 2/3 années à venir pour les transférer aux structures idoines de la IVè Internationale."

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Quelques éléments d’un bilan de l’activité de la CNF et propositions pour la formation dans le NPA Commission nationale formation Novembre 2008

Sur les Kits et les stages de la Toussaint Au tournant des années 2000, une nouvelle Commission Nationale de formation (CNF) s’est remise en place. Durant les années 2003 et 2004, cette CNF a organisé des stages régionaux de formation de formateurs. Depuis 2004, la CNF a réorienté ses priorités autour de deux axes : - l’élaboration des Kits de formation sur une

dizaine de thèmes prioritaires, conçus pour donner aux militants qui assurent des formations dans les villes, tous les éléments permettant de travailler rapidement la préparation de la séance, et de la tenir dans de bonnes conditions Le kit vise à donner en 10/15 pages, un exposé écrit, des documents complémentaires, des pistes de lecture, des thèmes pour animer des discussions, et inclure des notes pour les formateurs pour relier les sujets entre eux, expliquer certains choix, ouvrir différentes possibilités. Les Kits sont accessibles à tous sur le site de la LCR (Qui sommes-nous /Formation) L’élaboration de ces kits nous a demandé beaucoup de travail, dans la mesure où ils ont tous été discutés assez précisément collectivement dans la CNF. Le mérite principal de ces discussions parfois longues est d’arriver à élaborer un cadre de formation élémentaire qui, sur les questions essentielles, fait consensus entre nous. Il apparaît que ces Kits sont utilisés de manière très variable. C’est normal, ils étaient conçus comme cela, et c’est très

bien qu’ils soient utiles dans des situations différentes. Ce qui serait intéressant aujourd’hui c’est d’arriver à recueillir le maximum d’informations sur ces conditions d’utilisation pour essayer d’améliorer encore le matériel disponible, de donner à tous des idées pour être plus efficaces dans la formation, sachant que nous sommes tenus de former des militants qui pour une part importante n’ont pas une relation facile avec la formation telle qu’elle est conçue dans la société.

- La tenue des stages de la Toussaint qui s’adressent aux camarades qui animent l’organisation, dans des directions nationales, locales. Le premier s’est tenu en 2005 avec un module et 35 camarades. Depuis 2006, il se tient chaque année avec deux modules et une trentaine de camarades dans chacun des modules. Chaque année des réajustements sont faits pour améliorer tant le contenu que les modalités pratiques de tenue de ce stage. Le programme de ces deux modules est conçu autour de grandes questions, permettant d’approfondir certain sujets qui nous semblent essentiels ( en PJ le programme de 2008), Le module 1 est organisé autour de quatre axes qui nous semblent fondamentaux: - le marxisme, comme moyen de

décrypter le monde, tant au plan du matérialisme historique que de l’économie ;

- le féminisme, comme élément essentiel de notre combat contre l’oppression;

- les questions de stratégie révolutionnaire, à partir de la période révolutionnaire 1917-1923 principalement en Europe occidentale (Allemagne, Italie du nord) au cours de laquelle ont été élaborés les concepts stratégiques ;

- l’histoire de la LCR, utile à la construction d’une communauté militante.

Le module 2 intègre un thème qui ne « tenait » pas dans la première semaine, l’écosocialisme, le marxisme et l’écologie; et met l’accent sur les changements, les

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évolutions dans l’approche des éléments fondamentaux abordés dans le module 1 : l’évolution du capitalisme, de la classe ouvrière, du mouvement ouvrier, les questions de l’état, de la démocratie, de la révolution permanente. .……sachant que nous sommes conscients que tous les sujets ne sont pas abordés, par manque de temps . Outre l’intérêt des séances de formation ces stages permettent un brassage, des échanges entre les camarades porteurs d’expériences militantes locales différentes et sont un facteur important d’homogénéisation de tous les militants qui animent d’une manière ou d’une autre l’organisation autour de grandes questions et nos positionnements généraux, au delà de nos débats immédiats. Le bilan des ces stages est très positif, et la demande est très importante, supérieure à la capacité d’accueil.

Même si nos travaux peuvent être améliorés, le bilan de ces deux activités prioritaires est positif. La logique est donc de proposer de continuer sur cette lancée dans le NPA, en s’appuyant sur nos travaux dans un premier temps, et en les faisant évoluer et vivre, avec l’apport d’autres camarades au sein d’une commission nationale chargée de la formation dans le nouveau parti.

Propositions pour le NPA La perspective que nous pouvons donner à une structure nationale chargée de la formation dans le nouveau parti est de participer à la formation de tous les militants, gage de démocratie dans le parti. Elle doit être partie prenant de tous les efforts permettant qu’à tous les niveaux, tous les militants aient les moyens en information, en formation, en réflexion pour pouvoir discuter et décider à égalité sur tous les sujets nécessitant une décision de l’instance dans laquelle ils se trouvent. L’objectif est bien que dans les discussions, les expériences militantes, les apports et réflexions de chaque camarade dominent sur le niveau de connaissance dite « théorique » (qu’est-ce que

la théorie sans pratique pour des marxistes ?), tout en permettant à chaque camarade d’appréhender les enjeux de la discussion en cours. Il y a nécessité de faire un vrai travail de conception des modalités de formation : - avec des méthodes « pédagogiques » les

plus variées, utilisant des matériels différents, de l’écrit, de l’oral, des documents, des vidéos, de l’internet….

- en travaillant les aspects pratiques : analyse de la presse bourgeoise, l’utilisation de notre presse, prise de parole, rédaction de tracts, de communiqués, préparation de réunions etc …

La formation ne doit jamais être du formatage. Certains éléments d’analyse de la société qui sont globalement dans les kits sont des « éléments structurants »du parti. Mais la pensée, la réflexion doivent rester libres, et la formation sert essentiellement à donner des bases communes, et des éléments pour permettre tant la réflexion collective que les progrès individuels. La formation ne se limite pas aux initiatives de formation, elle existe aussi dans tous les actes du parti et dans l’auto formation, la lecture, l’accès aux médias, les débats, les retours d’expérience qui sont irremplaçables. Le parti que nous construisons doit avoir l’ambition d’être une structure qui : - contribue à permettre au plus grand

nombre des militants d’accéder à la culture écrite et livresque quelles que soient leurs difficultés antérieures avec le système scolaire ;

- favorise la naissance de milliers de militants autonomes dans leur réflexion, unis par des objectifs communs, en luttant contre toutes les discriminations.

Ces efforts de formation concernent toutes les instances du parti, pas seulement la commission chargée de la formation, même si elle a un rôle irremplaçable. La formation doit en effet irriguer toutes les activités du parti : les instances regroupant les militants

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- les sections du parti qui se doivent

de fonctionner démocratiquement, ce qui implique d’avoir les informations, et d’acquérir les éléments permettant des décisions éclairées. Lors des réunions régulières les sujets qui nécessitent des éclaircissements, un bref exposé de présentation ,etc … doivent être préparés, soit par les circulaires, soit par des militants ayant plus de formation sur le sujet, en essayent de mettre en évidence ce que chacun peut apporter ..

- les directions à tous les niveaux, dans lesquelles il est utile de ne pas se limiter aux décisions à prendre sur les activités du parti, mais aussi d’avoir des échanges plus généraux à partir d’introductions structurées permettant à plus long terme d’avoir une réflexion collective sur des questions essentielles, et d’éclairer les débats et l’activité de l’instance

- les commissions thématiques et de

branches : elles sont à la fois des lieux importants de formation pour les militants qui y participent, et des lieux d’élaboration, qui en font des instances incontournables de la formation. La CNF a ainsi sur certains thèmes demandé aux commissions ad hoc d’assumer, après discussion sur le programme, les séances sur certains sujets du stage de la Toussaint ou des kits ( économie, féminisme, écologie).

la presse Rédaction d’articles et dossiers incluant des éléments de formation à partir des problèmes d’actualité, dans une forme adaptée au système de presse décidé par le NPA.

les séances ou stages de formation

- organisation dans toutes les villes, les départements, voire les régions de formations sur les thèmes structurants pour le parti, ou des sujets d’actualité qui nécessitent une approche construite. Il est donc nécessaire de

- construire un réseau large de formateurs locaux, au besoin à l’aide de stages de formation de formateurs

- fournir à ces formateurs du matériel pour les aider dans leur activité ( du type des KITs existants)

- organisation des stages nationaux

de militants responsables, animateurs de directions, de vielles, de sections, de secteurs La proposition est de reprendre le schéma des stages de la Toussaint, un stage national d’une semaine, avec plusieurs niveaux successifs. Le stage national a le très grand avantage de permettre les échanges dans un cadre de débats ouverts de militants de toutes les régions, encore plus important dans le cadre du nouveau parti, qui inclut des militants ayant des expériences très différentes. Le fait que tous les militants suivent le mêmes stage global ( constitué de deux ou trois semaines), donne une cohérence , des références communes aux militants qui les ont suivis. La durée permet d’approfondir quelques sujets essentiel, d’avoir un travail en commun un peu approfondi.

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Sur le contenu de cette formation La discussion doit également porter sur ce qui a été nommé ci-dessus les « thèmes structurants » pour le nouveau parti qui semblent indispensables dans toutes les formations proposées. Il devraient être : - L’approche marxiste de la société : le

matérialisme historique, les classes sociales ; - La conception des structures socio-

économiques et la philosophie de l'Histoire : Matérialisme historique et dialectique.

- Le rôle de la lutte de classes, ce que sont les classes sociales, la spécificité du mode de production capitaliste, la classe ouvrière aujourd’hui

- Marxisme et économie

- Le capitalisme : règne généralisé de la marchandise, valeur d’usage, valeur d’échange, la loi de la valeur

- L’exploitation capitaliste : la valeur d’échange de la force de travail, la plus-value et l’exploitation, le taux de plus-value et l’origine du profit capitaliste,

- Accumulation du capital et crises du capitalisme

- Les crises et le fonctionnement du

capitalisme contemporain - Les ondes longues du capitalisme - Les principales caractéristiques du

néo-libéralisme - Les contradictions de l’ordre néo-

libéral

- La mondialisation libérale - Quelles est la mondialisation actuelle - Les bases objectives d’un nouvel

internationalisme - La dialectique du rôle des états

- L’oppression spécifique des femmes - Une domination économique, droits

limités ou absence de droits, - Transversalité de l’oppression des

femmes, promiscuité dans la famille

- Oppression des femmes, capitalisme et

mondialisation - l’oppression des femmes a précédé le

capitalisme - le capitalisme se réapproprie

l’oppression - la division sociale et sexuelle du

travail - le rôle central de la famille dans la

reproduction de l’oppression - les féministes radicales et nous

- Histoire du courant féministe lutte de

classes - Nécessité d’un mouvement autonome

des femmes - Evolution du mouvement féministe

- L’état dans la société capitaliste

- D’ou vient l’état ? - Les grandes fonctions de l’état

bourgeois : répression, idéologique, économique

- Les différentes formes de l’état bourgeois, démocratie parlementaire, dictature, fascisme

- Les expériences du mouvement ouvrier

- Réforme et révolution

- La révolution est-elle nécessaire ? - La révolution à travers l’histoire - Les révolutionnaires et les luttes pour

les réformes - Le cours de la lutte de classe

- Construire un parti révolutionnaire - La conscience de classe : la classe

ouvrière exploitée, aliénée, le processus de formation de la conscience de classe, l’importance de l’expérience pratique

- Le socialisme se construit par l’action de la classe ouvrière

- Le rôle du parti révolutionnaire - Le rôle des syndicats

- Qu’est-ce qu’un syndicat ? - Les origines du syndicalisme français - Syndicalisme et partis politiques - La bureaucratisation des syndicats - Le syndicalisme « lutte de classe » - Le parti et le syndicalisme

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Il nous reste à travailler en détail des sujets qui nous semblent également essentiels: - la question de l’unité des exploités et des

opprimés pour changer la société et la nécessité d’une politique de « front unique » avec les autres forces politiques et autres ;

- L’impérialisme, - La lutte contre l’impérialisme et pour

l’indépendance de classe dans les pays dominés, la révolution permanente,

- l’écosocialisme, le marxisme et

l’écologie ; - les expériences et débats du mouvement

ouvrier, des luttes internationales depuis le début du XIX° siècle et la première internationale, pour fixer notre place dans ce mouvement ouvrier par rapport aux autres courants (mutuellistes, anarchistes, anarcho-syndicalistes, réformistes, staliniens etc ..), et aux risques bureaucratiques.

Nous avons conscience que cette liste ne traite qu’un nombre limité de sujets, ceux que nous avons estimé prioritaires. Il est indiscutable que des sujets importants ne sont pas, à l’heure actuelle, approfondis et devraient l’être. La discussion est ouverte, car les besoins de formation et notre approche ne doivent jamais être figés. Remarque : cette liste récapitule ce qu’était le programme de formation de la LCR (ainsi que les points sur lesquels des améliorations devaient être apportées). Il n’appartenait pas à la commission formation de « trier » ce qui, dans ce programme, aurait été indispensable et ce qui aurait été secondaire. Si tous ces thèmes figuraient dans le programme, c’est bien parce que nous pensions qu’ils étaient importants… La discussion doit maintenant se dérouler au sein du NPA. Ceci est donc notre contribution à l’entrée de la discussion…

le 14 novembre 2008

Quels profils pour quels portes parole du NPA ? Fanny (Paris) Tout le monde en parle partout…Dans les comités, dans les couloirs, autour d’une bière, à l’université d’été, avec les sympathisants, autour des tables le 8 et le 9. Certains, lisant la presse, constatent qu’OB dit qu’il souhaite être derrière une femme. Mais, qui est-ce ? Cette préoccupation est légitime. L’ensemble des discussions sur cette question est le reflet d’une question importante : qui nous représentera ? Comment seront-nous perçus par les médias ? Quelle image donnerons-nous ? Quel profil souhaitons-nous développer ? Alors qu’aucune discussion ne semble avoir eu lieu dans un cadre officiel, il semble que des discussions progressent. Les militants de la LCR , en particulier ceux de la direction, ont une responsabilité dans la tenue officielle de ces discussions. Pour en avoir fait l’expérience, ils peuvent éviter certaines erreurs.

1- Discuter collectivement du profil du collectif de portes parole

Avant de penser à « qui », il s’agit de déterminer un certain nombre de critères objectifs. Ces critères ne sont pas forcément le reflet du NPA tel qu’il est aujourd’hui, mais ils doivent correspondre à ce vers quoi il doit tendre, ce vers quoi il nous parait juste qu’il tende. Ce collectif de porte parole est un signal envoyé à tous les gens susceptibles de nous rejoindre, à toutes les forces qui nous observent. Ce collectif, représentant tous les militants, doit être constitué d’ hommes et de femmes, être « black, blanc, beur », être composé de militants d’âges variés, travailleurs(ses) du public et du privé, habitant différentes régions, une intervention politique sur un terrain précis, un équilibre quant à l’appartenance à la LCR devra être respecté (voire, il pourrait être utile de mettre en avant des militants

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identifiés comme venant d’autres mouvances : libertaire, CUAL, LO, syndicalistes…).

2- Discuter collectivement des implications de la désignation des portes paroles

L’ensemble des portes parole du collectif aura alors besoin d’un accompagnement permanent non seulement de la direction, mais peut être aussi d’une commission prévue à cet effet. C’est d’ores et déjà que peut commencer à se discuter cet accompagnement, en définissant précisément les enjeux de cette tâche et ces implications sur la durée voire la rotation des mandats de représentativité. L’accompagnement est primordial à la réussite des militants dans l’exercice de cette tache. Il est important de mesurer l’ensemble des paramètres qui concernent tant leur avenir professionnel, que leurs rapports aux autres militants en particulier. Il s’agit a la fois d’éviter l’écueil de la personnalisation tout en permettant d’acquérir toute la compétence nécessaire à la communication et le développement de la confiance en situation de conflit. Nous savons tous que la société capitaliste utilise tous les moyens à sa disposition pour opprimer les individus et non diviser. C’est pourquoi nous avons besoin qu’un (ou des) groupe entoure nos portes paroles, que ces membres construisent une forte relation de confiance politique et personnelle avec nos portes paroles, surtout lorsqu’il s’agit d’une femme, d’unE noirE ou d’unE arabe, d’unE camarade jeune, d’unE précaire. Ces soutiens en partageant les responsabilités, permettent de mieux résister aux démoralisations et au doute, mais aussi aux conflits personnels, aux rivalités. OB, mais aussi Alain Krivine et Roseline Vachetta ont une expérience à faire passer, c’est pourquoi on peut naturellement penser à eux comme membre de cette commission.

3- S’imposer dans les médias

Enfin, il s’agira de développer une force de communication pluri compétente apte à s’imposer en tant que collectif dans les médias, pour éviter la personnalisation. Les médias ne demandent qu’OB. Il faudra réussir pendant un temps à préférer ne pas apparaitre plutôt que céder à la prédominance d’OB. Sur la durée, ce sera bénéfique pour tous et toutes. Une discussion pourrait avoir lieu, ne serait-ce qu’au CAN, rapidement. Il n’est pas possible d’attendre le congrès constitutif pour que ce débat se tienne car cela signifiera forcément que la discussion aura eu, mais de manière officieuse. Là encore, et peut être de manière plus cruciale que sur d’autres questions, la transparence doit être notre maitre mot.