Cours de Licence Ecogenerale

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  • 8/3/2019 Cours de Licence Ecogenerale

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 1 dernire mise jour sep 2003

    CROISSANCE ET CYCLES

    Alexis Direr, matre de confrence l'ENScontact: [email protected] de cours, dernire mise jour septembre 2003

    INTRODUCTION GNRALE

    Trois caractristiques de l'analyse macroconomiqueMthodologie : le calcul du PIBLa dcomposition cycle-croissance

    I CYCLES

    Dfinition des cycles

    ProblmatiquesA/ LES THORIES A PRIX FIXES

    ISIS-LML'acclrateur d'investissementLes quilibres prix fixesConclusion des thories prix et salaires fixes

    B/ LES PROLONGEMENTS NEO-CLASSIQUES

    Le modle OG/DGLa critique par l'cole des anticipations rationnelles

    C/ LES PROLONGEMENTS NEO-KEYNESIENS

    Les rigidits rellesLes rigidits nominales

    D/ CYCLES ENDOGNES

    L'oscillateur de SamuelsonLe modle de croissance avec butoir de Hicks (1950)L'interaction salaires-profits-chmage de Goodwin (1967)Le modle de Grandmont (1985)

    E/ CYCLES RELS

    Les deux visions du cycleModle de cycle rel de base

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 2 dernire mise jour sep 2003

    L'horaire contraint de Hansen (1985)Monnaie et cycle rel chez King et Plosser (1984)Forces et faiblesses

    F/ LES THORIES DES CRISES FINANCIRES

    L'analyse de Fisher (1933)L'analyse de MinskyGreenwald & Stiglitz (1993)

    G/ THMATIQUES

    Les cycles politiquesLa politique conjoncturelle

    II CROISSANCE

    Intrt d'tudier les thories de la croissanceLiens avec les cycles

    A/ LES FAITS DE LA CROISSANCE

    L'mergence de la croissance conomique moderneL'histoire rcente en quelques tableaux

    B/ LES THORIES AVANT SOLOW

    La conception des classiquesMarxSchumpeterHarrod et Domar

    C/ LE MODLE DE SOLOW

    Les faits styliss de la croissance de KaldorContexte du modle et prsentation gnraleLa fonction de production (du modle de croissance) noclassiqueImplications de la croissance dmographiqueRgime transitoire et rgime permanentAjout du progrs techniqueLe modle de Solow et les faits styliss de KaldorLa rgle d'orL'extension de Ramsey/Cass/KoopmansLa comptabilit des sources de la croissancelments empiriques : les faits styliss du rattrapage

    La convergence des conomies : la prdiction du modle de SolowDbats actuels autour du modle de Solow

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 3 dernire mise jour sep 2003

    La croissance des pays africains

    D/ LES MODLES A GNRATIONS IMBRIQUES

    StructureL'inefficacit dynamiqueL'effet des dpenses publiques dans le modle de DiamondScurit Sociale et accumulation de capitalLes conomies modernes sont-elles dynamiquement inefficientes ?

    E/ CROISSANCE ENDOGNE

    Les rgressions la Barro : les sources de la croissanceLe modle AK (Frankel (1962) et Romer (1986))

    Croissance et ducationCroissance et tatConclusion sur les thories largissant la notion de capitalLe progrs technique (PT) endogneLe PT comme processus de diversification des biensLe PT comme lvation de la qualit des biensLa question de l'endognit du PT: le dbat accumulation du capital vs innovationstechnologiques et la critique de Jones (1995)

    F/ AUTRES THMES LIES A LA CROISSANCE

    Le paradoxe de la productivitCroissance et ingalitsCroissance et environnementCroissance et ouvertureCroissance et cycles

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 4 dernire mise jour sep 2003

    INTRODUCTION GNRALE

    Caractristiques de lanalyse macroconomique

    Aspects dynamiques de la macroconomie: volution dans le temps d'un systmeconomique. Pour tudier les phnomnes de cycle et de croissance, les thories conomiquesoprent plusieurs restriction :

    1) Elles sintressent la sphre matrielle : fentre troite pour observer des socits travers ses changements de mode de vie (perd en largeur danalyse, mais gagne enprofondeur).

    2) adoptent une perspective quantitative : sintressent ce qui se compte, avec laide desorganismes publics de statistiques. Lanalyse macroconomique repose sur des mthodesde quantification des volutions densemble (on convertit tout en chiffres et on ne

    sintresse qu un nombre limit de variables). Cest une diffrence (il yen a dautres)avec la sociologie (mme si la sociologie travaille galement sur des donnes). Sopposeaux thories du dveloppement moins unidimensionnelles (exemple liens entre dvpt socialet co). De fait, ce qui se compte peut tre reprsent sous forme dquations lintrieurde modles conomiques => permet la modlisation.

    3) raisonnement en gnral un double niveau agrg.

    Premier niveau dagrgation : restriction de lanalyse quelques chiffres et agrgats : lePIB, la consommation agrge, linvestissement (mthodes pour traiter la productionnationale comme celle dun bien unique gnrique. La quantit totale produite est rsume un seul bien composite. Ne sintresse pas tel ou tel secteur (macroconomie et pas coindustrielle).

    4) Deuxime niveau dagrgation : sintressent peu aux questions de rpartition entre lesgroupes sociaux.

    Ex de limitation: la croissance amricaine a t relativement forte ces vingt dernires annesmais na quasiment pas bnfici aux plus pauvres. La croissance a t un produit joint delextension des ingalits.

    5) Lanalyse macroconomique exploite un cadre comptable strict qui prvaut lchelle dela Nation.

    Les identits comptables :

    Q + M = C + I + St + G + X (somme des ressources = somme des emplois)

    La St (variation des stocks) est un emploi qui est assimil un investissement (uneimmobilisation) par l'INSEE.

    Q = Y (somme des ressources = somme des revenus)

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 5 dernire mise jour sep 2003

    Y = C + S + T (rpartition du revenu national)

    (S-I-St) + (T-G) + (M-X) = 0

    Lpargne de la nation (deux premiers soldes) est constitue de lpargne des mnages moins

    linvestissement + lpargne public. Si lpargne nette est positive, [attention, cela nest pasune causalit mais une identit comptable] alors M M. Si la balance des paiements est positive, le comptede capital est ngatif ie le pays prte l'tranger (X-M : compte courant de la balance despaiements = compte de capital qui enregistrent les flux de capitaux, voir le Burda-Wyplosz

    pour des dtails). Exemple inverse : les EU.

    Toutes les thories que nous verrons satisfont ces identits : Thories dHarrod, Domar,Solow, IS-LM, RBC parfois dans des cadres simplifis sans tat ou extrieur donc I=S.

    Questions mthodologiques

    Une mesure centrale : le PIB

    La mesure de la production annuelle est donne par une statistique : le Produit Intrieur Brutou PIB. Le PIB mesure deux choses la fois:

    1) la production totale de lconomie2) les revenus perus par lensemble des rsidents

    Le PIB est:Intrieur: compte la production effectue par les rsidents quelle que soit leur

    nationalit.Brut: ne prend pas en compte lusure des biens de production.

    Le PIB en valeur additionne les biens produits leur valeur de march: le problme descomparaisons dans le temps.

    Calcul du PIB en volume : on reprsente l'volution des prix par le ratio de deux prix moyenspondrs par des quantits (le panier de consommation) inchanges.

    Prix Pommes Poires Essence1999 1 2 52000 1 3 6Quantits Pommes Poires Essence1999 300 100 502000 400 150 40

    Taux de croissance du PIB en valeur = PIB 2000 / PIB 1999 =

    (1*400+3*150+6*40)/(1*300+2*100+5*50) = 1.45

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 6 dernire mise jour sep 2003

    Hausse du niveau des prix (quantits bloques en 1999):(1*300+3*100+6*50)/(1*300+2*100+5*50) = 1.20 (anne de base des quantits = 1999)

    Hausse du PIB en valeur = Hausse du PIB en volume * Hausse du niveau des prix

    Hausse du PIB en volume = 1.45/1.20 = 1.21

    Indice du PIB en VO : 1999 = 1002000 = 121

    Le niveau du PIB na pas de sens, seule la variation a un sens. Aurait un sens si on neconsommait que des pommes.

    De plus, les variations perdent de leur sens quand on compare des dates trs loignes dans letemps :

    Exemple : prenons le revenu moyen.Dun point de vue quantitatif, le revenu moyen par habitant sur un sicle multipli par6,5 (lessentiel de la croissance sest opre pendant les trente glorieuses : quadruplement): laprogression est spectaculaire mais quelle est sa signification ? Si votre revenu courant estmultipli par 6,5 un instant donn, vous avez une ide de ce que cela reprsente.

    Entre deux dates le pb est plus compliqu en raison de la modification de la structure des prixsur longue priode.

    Cela ne signifie videmment pas que la consommation des mmes biens a t multiplie par6. Le pouvoir dachat na pas augment de manire homogne sur tous les biens et services.Par exemple une part importante du panier du consommateur au dbut du sicle taitconstitue par lalimentation. La consommation de pommes de terre ou de pains na pas tmultiplie par 6.

    De plus, la progression du niveau de vie au cours du sicle repose sur la diversification de laconsommation avec lapparition continuelle de nouveaux biens et de nouvelles qualits.=> Pb de la signification de lindice des prix sur longue priode.

    LLaa ddccoommppooss iittiioonn ccyyccllee --ccrrooiissssaannccee

    Le produit rel slve au cours du temps un rythme exponentiel avec une alternancedacclrations et de dclrations, parfois de recul. On va sparer lanalyse en deux : non pasexpliquer pourquoi les conomies acclrent puis dclrent mais pourquoi d'une partl'conomie tend crotre positivement en moyenne au cours du temps (phnomne decroissance) et pourquoi elle fluctue malgr tout autour de cette tendance (phnomne decycle).

    Prsuppos thorique: les mcanismes qui rgissent les cycles ne sont pas les mmes que ceuxqui dterminent la tendance de long-terme.

    Croissance Cyclechelle de temps Au moins vingt ans Plusieurs trimestres

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 7 dernire mise jour sep 2003

    Dterminants Capital physique,Progrs technique,Education

    Demande finale (dontinvestissement)MonnaieErreurs danticipationProgrs technique

    Prix et salaires Flexibles RigidesPolitique publique Structurelle Conjoncturelle

    Dfinition des cycles (de quoi parle-t-on)

    Dcoupage: 1) expansion, 2) retournement (parfois crise), 3) rcession (diminution absoluePIB) ou simple ralentissement puis 4) reprise.

    Inconvnient : laisse penser tort que les phases se suivent rgulirement au cours du temps.

    Burns et Mitchell, en 1946, proposent cette dfinition : "Un cycle consiste en une phase

    d'expansion simultane de nombreux secteurs d'activit, suivie d'une phase de contractionsimilaire puis d'une reprise qui dbouche sur la phase d'expansion du cycle suivant.Cettesquence est rcurrente mais non priodique; les cycles d'activit ont une dure variant entreun et dix ou douze ans; ils ne sont pas divisibles en cycles plus courts de caractristiquessemblables et d'amplitude quivalente".

    Dfinition actuelle du NBER (www.nber.org):

    "The NBER does not define a recession in terms of two consecutive quarters of decline in realGDP. Rather, a recession is a significant decline in economic activity spread across theeconomy, lasting more than a few months, normally visible in real GDP, real income,

    employment, industrial production, and wholesale-retail sales."

    6 points :

    1. Lactivit agrge : pas un seul agrgat (consommation, investissement, mme PIB)

    2. Touche tous les secteurs conomiques simultanment (comouvement) : services, industrie,matires premires ; lintrieur de lindustrie, voitures, chaussures. Mouvementdensemble.

    3. Alternance dexpansions et de rcessions

    4. Rcurrent mais non priodique (oppos Kitchin, etc )

    Les priodicits :

    Kitchin 3 ansJuglar 10 ansKuznets 20 ansKondratiev 50 ans

    Critiques : dcrivent une fausse rgularit des fluctuations. Prsent lpoque comme deslois qui nont aucune base ni thorique ni statistique.

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 8 dernire mise jour sep 2003

    Vision moderne : lconomie est soumise des chocs dampleur et de nature variables (cfgraphique manuel de Stiglitz).

    5. Persistant : jusqu 10 ans. Exemple trs rcent le dernier cycle amricain.

    6. Les cycles se ressemblent.

    Lucas (1977) : Bien quil ny ait aucune raison danticiper un tel phnomne, noussommes amens conclure que les cycles conomiques sont tous les mmes. Cela suggre lapossibilit dune explication unifie fonde sur la comprhension du fonctionnement desconomies de march plutt que ltude des caractristiques institutionnelles et historiquesdes conomies .

    Ainsi, quelques traits communs des cycles conomiques :

    Direction Indicateur AmplitudeProductionindustrielle

    procyclique concomitant Assez forte

    Consommation procyclique concomitant faibleFBCF procyclique concomitant forteFBCF logement procyclique avanc forteVariation des stocks procyclique avanc Trs forteChmage contracyclique concomitant forteStock de monnaie procyclique avanc forteInflation procyclique retard faible

    Cours boursier procyclique avanc Trs forteTaux nominaux procyclique retard -Salaires rels Acyclique ou lgrement

    procyclique- -

    Taux rels acyclique - -Sources : NBER

    Les diffrents postes de demande n'ont pas le mme impact et la mme importance dansl'explication des cycles et de la croissance:

    Contributions la croissance lcart-type de la

    croissanceDpenses des administrations 27 3Consommation des mnages 65 29Excdent commercial 0 -30Investissement 15 35Variation des stocks -1 63

    Ces diffrences s'expliquent par des degrs diffrents de volatilit et des poids diffrents dansla demande totale. Pour l'anne 2000 en France, l'quilibre emplois-ressources normalis estainsi:

    Q + M = C + I + St + X100 + 27,3 = 78 + 20 + 0,8 + 28,5

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 9 dernire mise jour sep 2003

    Problmatiques

    Quelques questions centrales :

    Pourquoi les conomies fluctuent-elles ? Pourquoi ne suivent-elles pas directement leursentier de long-terme (analys par les thories de la croissance). Pourquoi s'en carte-t-elle defaon rcurrente = fait extrmement robuste d'un pays l'autre, d'une priode l'autre.

    Peut-on stabiliser l'conomie ? Peut-on rduire le chmage durablement l'aide despolitiques de demande (quelle est la part du chmage qui est attribuable un dficit dedemande) ? A quel cot ? Quel est l'instrument le plus adapt : politique budgtaire,montaire, fiscale ? La politique montaire doit-elle servir stabiliser le revenu ousimplement maintenir une inflation faible ?

    Quelle est la part des fluctuations du produit qui est due des chocs d'offre ?

    Quels sont les mcanismes de diffusion et de persistance des chocs dans l'conomie en cas dechocs doffre ? En cas de chocs de demande ?

    A/ Les thories prix et salaires fixes

    Premire grande conception du cycle : fonde sur les rigidits de prix et de salaire.Larchtype de cette conception est le modle IS-LM.

    Pour comprendre les thories fondes sur la rigidit des prix et des salaires, revenons uninstant sur lcole classique. Pour les classiques, qui ont prcd Keynes, des dsquilibres

    peuvent apparatre (des fluctuations dactivit existent tout au long du XIXe sicle) mais sontdes drglements temporaires en raison de lajustement continuel des prix et des salaires.

    Donc on nest jamais trs loin du plein-emploi et si lconomie sen loigne, elle y retournerapidement.

    On peut citer cette phrase de Pigou (1927), concernant lanalyse du chmage :

    "out chmage, un moment quelconque, est entirement d au fait que la demande de travailse modifie constamment et que les rsistances frictionnelles empchent les ncessairesajustements du salaire de se raliser instantanment."

    Une grande partie des "chmeurs" est par ailleurs du chmage volontaire.

    Pigou est par la suite une des cibles prfres de Keynes. En introduisant le conceptdquilibres de sous-emploi, Keynes insiste sur la persistance de ces drglements demarch.

    Pour Keynes le chmage involontaire peut tre une situation permanente et stable,contrairement aux classiques pour lesquels les prix finissent toujours par rsorber lesdsquilibres.

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 10 dernire mise jour sep 2003

    Lanalyse de Keynes se fonde sur la rigidit des prix, notamment du salaire dont Keynespense quil ne peut baisser en terme nominal. Keynes suppose que les salaris sont lesvictimes dune illusion nominale en sattachant aux mouvements nominaux et non rels dusalaire (premier vritable indice des prix en France : 1904 par la Statistique Gnrale de laFrance (SGF) avec 45 marchandises). Cest pourquoi Keynes critique tant les politiques de

    dflation qui visent faire baisser le niveau gnral des prix (exemple de la politique deGrande Bretagne des annes 20 pour restaurer le systme de lEtalon-or, convertibilitrtablie en 1925 aprs 5 ans deffort).

    Puisque les prix ne sajustent pas (ou trs lentement), les chocs sur la demande provoquentalors des effets rels importants et durables sur la production et l'emploi.

    Lanalyse de Keynes sappuie galement sur les anticipations de dbouchs, gouvernes pardes "esprits animaux" (animal spirit) Keynes :

    "Une conomie montaire est essentiellement ... une conomie o la variation des vues sur

    l'avenir peut influer sur le volume rel de l'emploi."

    En rsum, pourquoi les conomies de march fluctuent : parce quil se produit de faonrcurrente des hausses et des baisses cumulatives de la demande globale : C + I + G + X +St. Largument nest toutefois pas symtrique : les hausses cumulatives de demandefinissent par buter sur les contraintes de plein-emploi et se transforment en inflation. Onrevient alors la thorie classique. Do le nom de thorie gnrale puisquintgre la thorieclassique mais laquelle est seulement valide en situation de plein-emploi.

    Citation de Keynes :

    "Tant quil existe du chmage, lemploi varie proportionnellement la quantit de monnaie.Lorsque le plein-emploi est ralis, les prix varient proportionnellement la quantit demonnaie."

    La rfrence au rle de la monnaie est la thorie quantitative de la monnaie chre auxClassiques. Elle n'est qu'une situation particulire.

    ***************

    IS (diagramme dit 45 sans march de la monnaie):

    prix fixes les quantits s'ajustent pour accomplir trois galits:

    a) l'quilibre emplois-ressources ou IS (investissement = pargne, I + G = S)

    b) l'identit entre les revenus, la production (PIB) et la demande totale (consommation +investissement + dpenses publiques, Y = C + I + G)

    c) les plans de consommation des agents en fonction des revenus distribus

    Q = C + I + G (somme des ressources = somme des emplois)

    Y = C + SQ = Y

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 11 dernire mise jour sep 2003

    I + G = S

    Hypothses conomiques : C = cY ou S = sY (avec s = 1 c)I = I(r)

    Dtermination de la demande Q = C + I + G et C = cQ Q=(I+G)/(1-c) = I/sMultiplicateur de demande : Q = I/s comme s < 1 Q > I

    Mcanisme cl d'IS: le multiplicateur de dpenses (boucle revenus-demande/dbouchs-production) :

    Accroissement dun des trois postes de droite : Q = C + I + G etc

    explique le mcanisme de hausse et de baisse cumulative de la demande.

    Nindique pas lorigine des cycles, mais leur persistance (quilibre de sous-emploi) et leur

    ampleur.

    Estimations empiriques (Muet (1986)) partir du modle DMS:dY/dG = 1,1 sur 1 an et 1,4 sur 4 ans.dY/(-dT) = 0,5 sur 1 an et 1,4 sur 4 ans. (T : impts pays moins transferts reus) [remarque :en accord avec la thorie car la dpense publique se transforme intgralement en demandeglobale alors que la baisse dimpt ne se transforme en demande que dans la mesure o ellenest pas pargne, (thorme d'Haavelmo)]tats-Unis (1988, pris dans le Samuelson-Nordhaus) :dY/dG = 1,5 sur 1 an et proche de 1 sur 4 ans.

    ***************

    IS-LM: addition du march de la monnaie (cf. chapitre 7 Blanchard Cohen)

    La demande de monnaie keynsienne. Elle dpend positivement du revenu courant (motifde transaction) et ngativement du taux d'intrt (motif de spculation).

    Pourquoi le taux dintrt influence la demande de monnaie. La monnaie permet dergler ses transactions quotidiennes. Dtenir insuffisamment de monnaie, c'est limiter ses

    possibilits d'achat. Mais dtenir trop de monnaie est galement coteux. Le taux d'intrtnominal est le prix du renoncement la liquidit. Si ce dernier tait gal 0 chaque instant,vous dtiendriez intgralement votre richesse sous forme de dpts ou de billets de banque.Donc diminuer le taux dintrt, cest inciter les agents dtenir plus de monnaie car ellecote moins cher.

    [Explication alternative dveloppe par Keynes : i faible donc anticipation dune hausse de i.Donc anticipation dune baisse de la valeur de march des obligations. Donc on garde sarichesse sous forme de monnaie en attente de cet achat but spculatif]

    Mcanisme cl d'IS-LM :

    expansion montaire lagrgat de monnaie augmente ; il faut donc que les mnagessubstituent de la monnaie aux actifs financiers dans leur portefeuille. Pour cela, le taux

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 12 dernire mise jour sep 2003

    d'intrt nominal doit baisser le taux d'intrt rel baisse (prix rigides) accroissement des dpenses d'investissement (puis effet multiplicateur de demande ...).

    expansion budgtaire ( offre montaire constante)

    accroissement de la demande (Q = C + I + G) etc comme dans IS mais : la hausse de la

    production accrot la demande de monnaie pour motif de transaction.

    Comme la demande totale de monnaie est fixe par loffre, le taux dintrt doit augmenterafin dannuler la demande de monnaie excdentaire.

    Un accroissement du taux dintrt rduit linvestissement, ce qui freine son tour la hausseinitiale de la production. On parle defrein financier ou deffet dviction.

    Leffet dviction : lexpansion budgtaire est suppose finance par une mission de titrespublics et non par politique montaire. On a vu que la hausse du taux dintrt via la pressionsur la demande de monnaie rduit linvestissement.

    Une manire plus directe danalyser le mme phnomne est de constater que la dpensepublique chasse la dpense prive. [une des principales motivations du pacte de stabiliteuropen : IS-LM au niveau europen : leffet dviction est dilu avec tous les partenaireseuropens].

    L'analyse IS-LM et les faits styliss du cycle (reprise du tableau) :

    Consommation Procyclique : okFBCF Procyclique : ok car composante de la

    demande finale (voir galement lacclrateurpour une relation inverse)

    Variation des stocks Procyclique : ok car composante de lademande finale

    Chmage Contracyclique : okStock de monnaie Procyclique : okInflation Procyclique : muet sur linflation. On

    rajoutera plus tard un bloc nominal avec lacourbe de Phillips

    Taux nominaux Procyclique : ambigu. Si l'offre de monnaievarie, les deux composantes de la demande

    demonnaie varient dans le mme sens => i etY varient en sens inverse. Si les variationsproviennent de tout sauf de l'offre demonnaie, i et Y varient dans le mme sens.Donc ok si les chocs montaires ne sont pasprpondrants.

    Salaires rels Faiblement procyclique. Voir encadr partiecycles rels

    Taux rels Ne dit rien sur les taux rels mais anticipation d'inflation donne, varie dans lemme sens que les taux nominaux.

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 13 dernire mise jour sep 2003

    Bilan : rend compte de l'volution procyclique de l'emploi, de la consommation, del'investissement, des dpenses publiques (ce dernier point est fragile cependant). L'efficacitde la politique montaire est compatible avec le fait que la monnaie est procyclique et enavance sur le cycle.

    ***************

    L'acclrateur d'investissement(Aftalion (1908) et Clark (1917)):explication de la forte volatilit de l'investissement aucours du cycle (4 fois suprieure celle du PIB).

    L'investissement dpend de la production courante (via le stock de capital) ou identiquementde la demande totale (via une contrainte de dbouch).

    Hypothse : K=v.Q avec v fixe (hypothse de stabilit de la relation entre le stock de capital

    et la production ou la demande. Autre interprtation K=v.Ya : cas dentreprises contraintespar leurs dbouchs (saveur keynsienne au modle)). Le coefficient v est donc lexpressiondune contrainte technologique.

    donc K=v. Q

    Investissement : I = K (effet de capacit) donc I = v. Q donc I = v. 2 Q

    Prenons v = 2 :

    Q 100 102 104 108,1 112,3 114,5 114,5 116,8Q - 2 2 4,1 4,2 2,2 0 2,3Q/Q (%) 2 2 4 4 2 0 2I = 2*Q 4 4 8,2 8,4 4,4 0 4,6I/I (%) - 0 105 2,5 -47,6 -100 inf

    Rsultat : une augmentation de la demande conduit une acclration de l'investissement.Cette relation dacclration est compatible avec lide que linvestissement est bien plusvolatile que la production. Remarque : un dsinvestissement (I ngatif) est possible via lenon-remplacement des machines uses.

    Cependant, cela aboutit une relation trop volatile : la relation est testable et a t teste. Vuds 1939 par Tinbergen.

    Do lacclrateur flexible (Chenery (1952) et Koyck (1954)).

    I = v. Y + (1-) I -1

    Ncessiter de "freiner" les mouvements de l'investissement partir du schma demandeanticipe => production => capital dsir => capital install => variation du capital =investissement. Soit on "freine" les variations des anticipations de demande, soit lesvariations du capital install qui n'est plus gal au capital dsir. D'o:

    Deux interprtations de cette relation :

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 14 dernire mise jour sep 2003

    (i) Les entreprises ont des anticipations adaptatives concernant la demande:

    K +1=v.Ya+1 et Y

    a+1 = Y + (1-) Y

    a

    K +1 = vY + v(1-)Ya = vY + (1-)K

    I = K = v. Y + (1-) I 1

    Lisse les anticipations de demande et par l celles de l'investissement : la limite si = 0 pasde variations de demande anticipes et donc pas de fluctuations de linvestissement.

    (ii) Les entreprises ont des anticipations exactes mais lajustement du stock de capital estcoteux:

    K +1 = vY + (1-)KI = K = v. Y + (1-) K 1

    Remarque : la thorie qui relie linvestissement et la demande globale est antrieure Keynes. Dailleurs ce dernier ne la dfend pas et adhre la vision classique delinvestissement dont le volume est issu de la comparaison entre la productivit marginale ducapital et le taux dintrt. Do lexognit dans IS-LM

    Intrts : propose une explication simple de la volatilit de linvestissement. Rponse laquestion pourquoi les conomies fluctuent : parce que certaines composantes de la demandefinale sont trs volatiles.

    Llyod Metzler a propos une thorie quivalente pour les variations de stock en 1941 (TheNature and Stability of Inventory Cycles Lloyd A. Metzler The Review of EconomicStatistics, Vol. 23, No. 3. (Aug., 1941), pp. 113-129). Comme pour linvestissement, lesproducteurs cherchent ajuster la valeur de leur stock la production future (la demandeanticipe). Cadre avec la trs forte procyclicit des variations de stocks.

    Faiblesse : ne prend pas en compte les dterminants du cot du capital comme le tauxd'intrt ou le prix des quipements.

    ***************

    Les quilibres prix fixes (thorie des dsquilibres)

    Modle d'quilibre gnral avec rigidit des prix et des salaires. Abandon de l'hypothse desecrtaire de march ncessaire au bon fonctionnement du modle walrassien pur d'quilibregnral.

    Trois marchs ici : biens, travail, financier.

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 15 dernire mise jour sep 2003

    P

    Q

    D O

    demande

    tude des phnomnes de report de transmission des dsquilibres d'un march l'autre.

    Trois concepts :

    Les demandes et offres notionnelles. Sont celles formules par les agents conomiqueslorsque l'quilibre est ralis sur l'ensemble des marchs et qu'en consquence il n'y a pas decontraintes sur les quantits. Correspond lquilibre walrasien (croisement des deuxcourbes sur le graphique en quilibre partiel).

    Les demandes et offres effectives. Sont celles qui s'expriment rellement sur le march etqui subissent des contraintes de quantit. Ex: en situation de chmage, la demande effective

    de biens d'un mnage sera contrainte par le montant de travail qu'il aura russi vendre. Ellesera donc infrieure sa demande notionnelle.

    Les phnomnes de report. Dus aux interactions entre marchs: les travailleurs quiperoivent un salaire sur le march du travail le dpensent sur le march des biens et enpargnent une partie sur le march financier; La demande sur le march des biensconditionne son tour la dcision d'emploi des entreprises Les contraintes, lesrationnements auxquels un agent conomique est soumis sur un march modifient soncomportement sur les autres marchs. Ex: un dsquilibre sur le march du travail (chmage)se reporte sur le march des biens par une demande effective infrieure la demandenotionnelle.

    Diffrents rgimes en fonction du niveau (exogne) des prix et des salaires:

    Biens travail : Excs doffre (chmage)Salaires trop levs

    Excs de demande (pnurie detravail) Salaires trop faibles

    Excs doffre (pas assez dedbouchs)Prix trop levs

    Chmage keynsien-

    Excs de demande de biensPrix trop faibles

    Chmage classique Inflation contenue

    Lintrt de la thorie est de distinguer deux types de chmage : le chmage keynsien et le

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 16 dernire mise jour sep 2003

    chmage classique. Dans les deux cas, la demande effective de travail (des entreprises) estinfrieure la demande notionnelle. Ce qui diffrencie les deux cas est la situation sur lemarch des biens.

    Le chmage keynsien : Cette situation se produit quand le salaire rel est trop faible, ce qui

    limite les dbouchs des entreprises sur le march des biens et valide en retour la demandefaible de travail. Le cot de la main duvre est faible mais la demande est limite par laproduction. Dans cette situation, une expansion de la demande, notamment de la dpensepublique, rduit les dsquilibre sur les deux marchs.

    Le chmage classique : les entreprises nont pas de problmes de dbouchs mais le cot dela main duvre (le salaire rel) est trop lev pour permettre dembaucher toute lapopulation active. La production ne sert alors pas toute la demande solvable. La rduction dusalaire rel accrot la demande de travail des entreprises, ce qui augmente la production etdiminue le nombre de consommateurs rationns.

    Linflation contenue : tension sur les marchs : les consommateurs voudraient acheter plusde biens (ils sont rationns) et les entreprises voudraient embaucher plus de travailleurs. Onparle de surchauffe. Une baisse de la demande rduit les dsquilibres sur les deux fronts.

    Graphiquement, on peut tracer les domaines de chaque rgime pour chaque couple arbitrairew et p:

    Inflationcontenue

    ClassiqueKeynsien

    w

    p

    Lintersection des trois courbes correspond au salaire walrasien quilibrant loffre et lademande sur tous les marchs.La politique conomique est potentiellement efficace en dsquilibre mais pas toujours.Intrt de la politique conomique, ici la dpense budgtaire, en fonction des rgimes:

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 17 dernire mise jour sep 2003

    Inflationcontenue

    Classique

    Keynsien

    w/p

    G

    A salaire rel donn, la politique budgtaire peut tre productive (on se rapproche du pleinemploi partir du rgime keynsien) ou inflationniste (on s'en loigne dans la plupart desautres rgimes. Mais elle insuffisante. Il faut combiner une politique de salaire rel et depolitique budgtaire pour atteindre le PE.

    ***************

    Conclusion des thories prix et salaires fixes

    3 critiques:

    a) Suppose que la production ragit intgralement aux variations de la demande.

    Suppose du sous-emploi et des capacits de production inemployes. Ne prend pas en compteles contraintes d'offre dues la saturation des capacits de production.

    b) N'tudie pas la dimension nominale (prix ternellement bloqus). Pas d'inflation par lademande. [idem]

    Dans la ralit, les prix finissent par s'ajuster, au moins court-moyen terme: les thories prix et salaires fixes sont des thories de court-terme.

    c) Ne prend pas en compte les chocs doffre comme les chocs ptroliers.

    B/ Les prolongements noclassiques

    A lire: Blanchard-Cohen sur le thme.Une critique des modles qui viennent dtre prsents est quils nabordent quune partiedes mcanismes de court-terme.

    A la question pourquoi les conomies fluctuent, ces thories pointent les fluctuations de lademande face des entreprises contraintes par leurs dbouchs. Or les fluctuations peuvent

    galement se produire en raison des variations inities par loffre. Exemple du choc ptrolierde 1973 au cours duquel les prix du ptrole ont quadrupl.

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 18 dernire mise jour sep 2003

    Rcession en France en 1974 qui nest pas due une baisse de la demande (au contraire)mais des difficults de production. Dautre-part, la rcession sest accompagn duneinflation leve, en contradiction avec les thses keynsiennes. Or le modle IS-LM prendtrs mal en compte les conditions de loffre puisque loffre est suppose sajuster

    perptuellement aux fluctuations de la demande.

    Do lintrt :

    - de rajouter un "bloc offre" au modle- de prendre en compte la dynamique des prix.

    Cest ce que fait le modle offre globale-demande globale

    ***************

    Le modle Offre globale/Demande globale (OG-DG)

    Ajout d'un bloc d'offre au modle keynsien de type IS/LM.

    Les courbes de demande et offre globale se tracent dans le plan production (demande ouofferte) - niveau des prix.

    P

    Q

    DGOG

    La courbe de demande globale

    La courbe de demande globale rpond la question suivante : combien les agents demandentde biens pour chaque niveau des prix ?

    Elle est fonde sur le modle IS-LM. Avec une modification : puisque les prix peuvent varierdornavant, la masse montaire est dfinie en terme rel : M/p : cest le pouvoir dachat de lamonnaie. Ide avec un billet de 100 euros = encaisse nominale, mon pouvoir dachat vadiminuer par deux si les prix doublent. Donc les deux fonctions de la monnaie : transaction etspculation vont maintenant tre dfinies par rapport lencaisse relle.

    Leffet dencaisses relles

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 19 dernire mise jour sep 2003

    Il existe deux manires de rduire les encaisses relles dans lconomie : diminuer la massemontaire en circulation comme dans IS-LM ou augmenter le niveau des prix. Le secondmoyen est appel leffet dencaisses relles.

    Si p augmente, la masse montaire relle (M/p) baisse, ce qui produit une contraction de la

    demande dans IS-LM (via une hausse du taux dintrt qui contraint les agents dtenir plusde titres dans leur portefeuille et moins de monnaie, ce qui rduit leurs achats).

    Do la dcroissance de la courbe DG.

    Remarque fondamentale : on est dans le plan (Q-p). Donc la demande agrge varie le longde DG dans le plan (Q,p) seulement si p varie. Si dautres variables ayant une influence sur lademande changent, la courbe elle-mme se dplace.

    Exemples de dplacementde la courbe DG :

    - Les consommateurs pargnent davantage (exemple : proccups par leur retraite ou par lahausse du chmage). Effet: baisse autonome de la consommation. Effet dpressif sur lademande et donc dplacement vers la gauche de DG. (moins de demande pour tousniveaux de prix)

    - Linvestissement repart. (Exemple : les entreprises anticipent une hausse future desdbouchs (acclrateur) ou leur conditions de financement samliorent (par exemple letaux dintrt mondiaux baisse). Effet: hausse autonome de la consommation. Effetexpansif sur la demande et donc dplacement vers la droite de DG.

    - Le gouvernement relance les dpenses budgtaires.

    - La Banque Centrale rduit les taux dintrt, ce qui accrot la masse montaire.

    Remarque : le dplacement de la courbe DG est plus important que limpulsion initiale enraison des effets multiplicateurs de la demande prdits par la partie IS-LM du modle.

    La courbe doffre globale

    Dtermine le lieu des productions offertes en fonction des niveaux des prix. Bloc offre dumodle.

    Elle est suppose incline court-terme et verticale long-terme.

    Pourquoi la courbe OG est incline court-terme : 2 raisons

    1) Les prix augmentent mais les salaires ne sajustent que graduellement la hausse desprix. En effet, si les cots des entreprises augmentaient aussi vite que les prix de vente, lesentreprises ne modifieraient pas leur production. Dans lintervalle pendant lequel les salairessont plus rigides que les prix, le salaire rel baisse et les entreprises recrutent un volumesuprieur demploi et accroissent la production.

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 20 dernire mise jour sep 2003

    Pourquoi les salaires ne sajustent que graduellement aux variations de prix

    a) Parce que les salaires sont plus rigides que les prix. De fait les ngociations de salairese passent priodiquement.

    b) Parce que les anticipations dinflation des agents sont en retard sur linflationeffective. Comme les salaires nominaux sont fixs pour de longues priodes (les salairessont flexibles en gnral une fois par an), les anticipations dinflation importent.

    Exemple : Si les salaris sous-estiment linflation future, les salaires rels augmentent : lestravailleurs et les entreprises anticipent une inflation de 2% au moment de ngocier lessalaires. Sils saccordent sur une progression de 2% des salaires rels au cours de lanne, ilvont augmenter les salaires de 2 + 2 = 4%. Si lanticipation est incorrecte et linflation est enfait de 6%, le cot du travail, au lieu daugmenter, va en fait baisser de 2%, ce qui relancelemploi en cas de chmage classique.

    Des anticipations en retard signifient que les agents sous-estiment linflation quand elleaugmente (ie les prix sacclrent) et quils la surestiment quand elle diminue. Dans lepremier cas, laugmentation de linflation diminue le salaire rel et augmente la productioncomme dans OG. Dans le second cas la diminution de linflation accrot les salaires rels etrduit la production galement comme dans OG.

    Reconnaissance du rle cl des anticipations de prix au mme titre que celui des rigiditsnominales. Les salaires et les prix peuvent tre parfaitement flexibles (en tout cas au momento ils sont rengocis): si les anticipations sont systmatiquement biaises, les politiques dedemande auront des effets rels galement systmatiques.

    Autre raison de la dcroissance de OG:

    2) La production augmente. Le chmage baisse, relanant les augmentations salariales.Les salaris, en meilleure position obtiennent des hausses de salaire qui se rpercutent sur lesprix via la boucle prix-salaire. Cest lautre sens de la causalit entre production offerte etprix.

    Remarque : tout impact sur loffre ne transitant pas initialement par les prix dplace la courbeOG. Ce qui dplace la courbe OG de court-terme : un choc ptrolier temporaire, desinondations comme en Allemagne de lEst etc

    La courbe OG permet de comprendre pourquoi loffre rpond aux variations de la demandesur le court-terme. Sur le long-terme la courbe OG est verticale.

    Pourquoi la courbe OG est verticale long-terme:

    Que signifie une droite verticale : la production offerte est indpendante du niveau des prix.Dans ce cas, toute fluctuation de la demande via DG se traduit uniquement par une variationdes prix.

    Rappel de la citation de Keynes : "Tant quil existe du chmage, lemploi varie

    proportionnellement la quantit de monnaie. Lorsque le plein-emploi est ralis, les prixvarient proportionnellement la quantit de monnaie."

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 21 dernire mise jour sep 2003

    On dirait aujourdhui la mme chose, except le dbut de la phrase : tant quil existe un excsde chmage par rapport au chmage de long-terme (ou "dquilibre" ou "naturel").

    P

    Q

    OG LT

    productionpotentielle

    OG

    fluctuationsconjoncturellesde l'offre

    Ce que ne signifie pas une courbe verticale LT: seuls les prix varient sur le LT, pas lesquantits (on monte ou on descend le long de la verticale).

    Que signifie une courbe verticale LT: la seule faon de changer la production de LT est dedplacer directement OGLT car OG ne peut s'en loigner durablement sous peine

    d'ajustement permanent de P. A long-terme, le produit est dtermin par les facteurs deloffre, "les fondamentaux" de l'conomie : capital, travail, progrs technique, ducation, et non pas par la demande.

    Rconcilier la hausse de la production et des prix long-terme avec les fluctuations de court-terme (cf. Samuelson Nordhaus):

    P

    Q

    OG LT

    OG

    OG LT

    DG

    OG

    DG

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 22 dernire mise jour sep 2003

    Si OG et DG se croisent exactement en OGLT, alors l'conomie est sur sentier de long-terme.Mais le croissement peut se faire au voisinage d'OGLT impliquant des carts temporaires laproduction potentielle.Rem: le graphique suppose que l'inflation de LT s'est accru avec la production. On pourraittrs bien avoir l'inverse, cela dpend de la politique montaire tendancielle.

    Ce qui dplace la courbe OG de long-termeLes lments doffre des thories de la croissance : PT, stock de capital, population active, Les chocs doffre ou de profitabilit : hausse du prix de lnergie, accroissement des chargessalariales, anticipations inflationnistes,

    Comment faire le pont entre le court-terme et le long-terme :

    On suppose qu long-terme, les salaires et les prix finissent toujours par sajuster. Parfaiteflexibilit comme le supposaient les classiques mais maintenant seulement long-terme.Autre source de fluctuation court-terme : les anticipations : on ne peut pas tromper

    ternellement les anticipations de prix des agents en matire dinflation (Friedman).

    Lquilibre du modle DG-OG

    Le niveau dactivit et le niveau des prix sont dtermins par lintersection des courbesdoffre agrge et de demande agrge.

    Quelles sont les raisons des cycles conomiques ? Tout ce qui dplace les courbes OG ouDG. Ce sera parfois des chocs de demande, parfois des chocs doffre. Vous avez tous leslments pour jouer avec les deux courbes

    Exemple ct demande dune expansion de la demande: la Banque Centrale rduit les tauxdintrt, ce qui accrot la masse montaire. Dplacement de DG vers la droite avec effetmultiplicateur. Hausse du niveau des prix, salaires rigides donc baisse du salaire rel etaccroissement de lemploi et de la production offerte: loffre rpond positivement lademande supplmentaire gnre par lexpansion montaire.

    Exemple ct offre dune baisse de loffre : hausse des cots par exemple due un chocptrolier : hausse du niveau des prix et baisse de la production offerte. La hausse des prixrduit le montant des encaisses relles. Effet rcessif classique dans IS-LM validant en retourla baisse de la production. (Le taux dintrt augmente afin de forcer les agents dtenirmoins de monnaie dans leur portefeuille).

    Remarques :

    - Les chocs de demande et doffre ont des impacts similaires sur la production maisopposs sur linflation.

    - A long-terme, la courbe doffre est verticale : toute modification de la demande etnotamment de loffre de monnaie se traduit in fine par un mouvement correspondant desprix. Validit long-terme de la thorie quantitative de la monnaie.

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 23 dernire mise jour sep 2003

    Lien entre la courbe OG et la courbe de Phillips (voir la prsentation remarquable deMankiw dans son manuel concernant cette dernire)Une autre manire de prsenter le bloc offre : si on suppose que lemploi varie dans le mmesens que la production et donc le chmage en sens inverse, on peut reprsenter le diagrammesuivant :

    P

    U

    CT

    LT

    Les caractristiques de la relation entre niveau des prix et production se transposent entreniveau des prix et chmage, except le sens qui est diffrent puisque production et chmage

    sont ngativement corrl. Dans le plan (Q-P), la production de LT correspond laproduction potentielle. Dans le plan (U-P), le chmage de long-terme correspond au chmagenaturel.

    Plus d'inflation moins de chmage court-terme comme prcdemment mais plus oumoins long-terme, les salaris prennent comme base de leur ngociation le nouveau rythmed'inflation : les salaires nominaux rattrapent l'inflation, le salaire rel remonte ainsi que lechmage pas d'arbitrage long-terme entre inflation et chmage (courbe de Phillipsverticale). Le chmage finit toujours par retourner son niveau initial (niveau dit naturelpour Friedman, indpendant des fluctuations de la demande, dtermins par des facteursrels.

    => Pas d'arbitrage long-terme entre inflation et chmage (courbe de Phillips verticale). Lechmage finit toujours par retourner son niveau initial (niveau dit naturel pour Friedman),indpendant des fluctuations de la demande, dtermins par des facteurs rels.

    Concept reli: le taux de chmage n'acclrant pas l'inflation ou NAIRU en anglais:

    C'est le taux de chmage n'acclrant pas l'inflation, taux apportant "la paix dans la batailledes marges" entre les entreprises et les salaris (Layard & Nickel), alors que le taux naturelde Friedman est celui qui quilibre le march du travail. Le taux naturel est immuable tandis

    que le NAIRU peut voluer au cours du temps (cf les hystrses). Ex: en France = 2,5% entre1966 et 1972 (identique au chmage effectif); = 5,3% entre 1988 et 1991 alors que le taux

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 24 dernire mise jour sep 2003

    effectif est de 9,4% (priode de dsinflation).

    Remarque : le NAIRU peut varier au cours du temps contrairement au taux naturel. Cela faitsa force mais galement sa faiblesse s'il varie mme court-terme : un NAIRU trop variablecela ne veut plus rien dire (pouvoir prdictif trop large => thorie intestable). Contre-

    exemple : les 10 ans de croissance amricaine sans retour de linflation alors que le taux dechmage a beaucoup baiss. Le NAIRU tait alors estim par beaucoup dconomistes 6%.

    Peut-on agir durablement sur le chmage laide des politiques de demande ? Non daprsle modle OG-DG. Partage temporel prix-volume des politiques de demande : dabord deseffets quantits dominants puis se rsorbe en hausse des prix.. Combien de temps les effetsquantits dominent ? En dautres termes combien de temps dure le court-terme ? Cf.graphique Blanchard Cohen p 164.

    ***************

    Une critique radicale par l'cole des anticipations rationnelles (ou nouveaux classiques)

    Retour sur le rle des anticipations

    En rsum jusqu maintenant : la prise en compte des modifications des prix ncessite unethorie reliant la sphre nominale (le niveau des prix) la sphre relle. Les classiquesprnaient une dconnexion totale. Keynes introduit une dualit entre situation de plein-emploi et situation de sous-emploi. La synthse noclassique travers le modle OG-DGpostule une analyse diffrente en fonction de lhorizon conomique.

    A court-terme, une cause de contagion des niveaux nominaux et rels provient derreursdanticipation comme on la vu. Pour que la production soit positivement sensible aux prix, ilfaut que les anticipations soient en retard par rapport la variable anticipe. Ce sera le cas, si,comme postules par Friedman, les anticipations sont de nature adaptatives. Supposent queles agents utilisent les niveaux passs pour anticiper les niveaux futurs :

    a+1 = + (1-)a

    Le degr d'inertie des anticipations (propension des anticipations se reproduire au cours dutemps quelle que soit l'information nouvelle qui arrive chaque priode) dpend

    ngativement de . Ces anticipations sont compatibles avec la pente positive de la courbedoffre globale de CT. La synthse noclassique limite ces effets dans le temps en leur nianttoute pertinence long-terme. LEcole des anticipations rationnelles (Lucas, Sargent, Barro)va plus loin en critiquant la validit des effets de demande, mme court-terme.

    Les hypothses de l'Ecole des AR :

    * Flexibilit parfaite des prix et des salaires

    * Anticipations rationnelles

    Retour sur Friedman : On ne peut tromper ternellement des agents caractriss par desanticipations adaptatives: si on promet 2% dinflation et que lon fait systmatiquement 5%,

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 25 dernire mise jour sep 2003

    les agents vont finir par anticiper 5%. Les anticipations adaptatives sont cohrentes avec cetexemple. Consquence de ce type danticipations : si le gouvernement souhaite trompersystmatiquement les agents, il faudra provoquer une inflation toujours croissante.

    Les tenants des anticipations rationnelles critiquent les anticipations adaptatives sur ce point :

    cela reflte un manque de rationalit dans les anticipations.

    Les anticipations rationnelles (Muth (1961)). Les agents exploitent toute linformationdisponible pour former leurs anticipations. Toutes rgularit temporelle de linflation estainsi intgre:

    "Les anticipations, puisqu'elles sont des anticipations informes des vnements futurs sontessentiellement les mmes que les prvisions de la thorie pertinente". (Muth)

    Exemple : linflation a tendance repartir aprs les chocs ptroliers. Intgrs dans lesanticipations. Les agents utilisent un modle conomique pour prdire linflation. La rgle de

    Friedman est simpliste.

    Les anticipations adaptatives ont la proprit de permettre des erreurs danticipationspersistantes mais qui se rduisent avec le temps. Ces anticipations sont cohrentes avec lepartage prix-volume indiqu prcdemment.

    La thorie des cycles montaires de Lucas.

    Sinspire de Phelps (1970) (formalise lide). Voir galement PE 2487 septembre 1996.La thorie de Friedman du cycle attribue un rle la monnaie en sintressant aux erreursdanticipation des agents : alternative la rigidit des prix pour expliquer les effets dedemande.Les nouveaux classiques vont proposer une troisime voie : la difficult pour les agents dediscerner les mouvements de prix relatifs des changements purement nominaux. Commenous allons le voir, cest une source de cycle. La monnaie y a un rle important mais commenous le verrons pas la politique montaire.

    Supposons que les prix des produits augmentent sur le march X, rvlant une demande enhausse.

    Deux raisons possibles: soit une demande relle accrue pour le produit X (en raison defacteurs rels comme par exemple une modification des prfrences), soit une lvation duniveau gnrale des prix (en raison d'une politique montaire expansionniste).

    Il est rationnel pour les producteurs du bien X de ne ragir en produisant plus que dans lepremier cas. Dans le second, une hausse du niveau gnral des prix (notamment des inputs)et des salaires nominaux ne va pas tarder, laissant la demande relle inchange (pur effetnominal).

    Lucas suppose que les producteurs sont imparfaitement informs, au moins dans un premiertemps, de l'origine relle de la hausse de la demande. La rationalit (incluant desanticipations dans son champ) les conduit ragir partiellement la hausse de la demande

    la monnaie peut donc avoir des effets rels en s'appuyant sur cette confusion (courbe dePhillips incline mais seulement trs court-terme).

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 26 dernire mise jour sep 2003

    Mais elle ne peut agir systmatiquement sur l'conomie: le maintien d'une certaineconfusion ncessite de continuellement surprendre les producteurs. C'est une consquencelogique de l'hypothse d'anticipation rationnelle. La Banque centrale ne peut pas tromper parson comportement quelqu'un qui connat ses prfrences et l'ensemble du contexte dans

    lequel elle volue. La politique montaire est donc efficace si elle ne sert rien.

    On peut donc observer une relation positive entre la monnaie et la production commedans Phillips. Mais on ne peut pas exploiter cette relation.

    Les fluctuations du produit ne refltent pas ncessairement des dsquilibres des marchs(ide repris par les cycles rels). Lucas montre par exemple que la politique montaire peutproduire des mouvements du produit alors que les marchs s'quilibrent chaque instant: nencessite pas de rigidit nominale.

    Critique: ne gnre par dfinition aucune corrlation dans le temps des sries par dfinition

    des anticipations rationnelles (ncessiterait que la politique montaire soit elle-mmeautocorrle; mais elle deviendrait dans ce cas prvisible). Or les sries sont corrles dans letemps (ex : Prob[expansion/expansion hier] > Prob[expansion]).

    Modigliani (1977) :

    "[dans ces thories] les erreurs d'anticipation de prix qui constituent la seule raison pourlesquels ceux-ci peuvent s'carter de leur niveau initial sont invitables mais elles sontgalement brves et alatoires. En fait il ne peut y avoir de sous-emploi persistant car celaimpliquerait des erreurs successives auto-corrles qui sont incompatibles avec l'hypothsedes anticipations rationnelles."

    ***************

    Conclusion des prolongements noclassiques

    Prolongements car pas de rupture mais les mcanismes des thories prix fixes sontcirconscrits court-terme.

    Quelles sont les conditions d'existence deffets de demande ? Il yen a deux :

    (i) la rigidit des prix

    (ii) des erreurs systmatiques danticipations.

    Chacune de ces conditions est suffisante :

    * Erreurs danticipation avec flexibilit des prix ds lors que les prix sont parfaitementflexibles mais intervalle.

    * Rigidit des prix avec anticipations rationnelles

    Lhypothse danticipation rationnelle nest pas un obstacle lmergence de mcanismes dedemande : Fisher (1977), Phelps & Taylor (1977).

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 27 dernire mise jour sep 2003

    L'Ecole des anticipations rationnelles a prcis les conditions sous lesquelles les politiques dedemande sont neutres dans des conomies explicitement dynamiques. La neutralit compltesuppose des anticipations rationnelles et par consquent suppose que les agents accdent ettraitent beaucoup plus d'informations que ce que l'on pensait prcdemment. L'observation

    des prix concurrentiels ne suffit plus, il est ncessaire que les agents comprennent lesmcanismes qui rgissent les prix futurs. Cependant les no-keynsiens ne vont pas remettreen cause lhypothse danticipations rationnelles (ce qui ne veut pas dire que la pertinenceempirique de cette hypothse est accepte) qui sert d'hypothse de travail. Ils vont revenirplutt celle de flexibilit des prix et des salaires, comme nous allons maintenant le voir.

    C/ LES PROLONGEMENTS "NEO-KEYNESIENS"

    Voir sur le sujet Kempf 1992 Revue d'Economie Politique; Portier Eco & Stat 273, 1994 etMankiw PE 1991

    Critique des thories prix fixes : n'explique pas pourquoi les prix et les salaires sont fixes,mme court-terme. Pos comme un postulat.

    Programme de recherche: expliquer pourquoi les prix et les salaires sont rigides court-terme. Remonte aux mcanismes de fixation des prix des agents et donc aux comportementsmicroconomiques.

    Question centrale: pourquoi les entreprises et les salaris dcident de conserver les prix etsalaires antrieurs pendant un certain temps alors qu'il serait optimal au sens de lamaximisation du profit et du bien-tre individuels de les augmenter dans certains cas ?

    Les nouveaux keynsiens rejettent l'hypothse des nouveaux classiques de parfaite flexibilitdes marchs et reprennent leur compte l'ide d'une certaine rigidit des prix.

    La nouvelle littrature keynsienne a un objet principal dtudes : les fondements(rationnels) de la rigidit des prix. Accepte gnralement la neutralit long terme desmouvements de la demande (cf synthse noclassique, textbooks de Samuelson-Nordhaus,Stiglitz, Mankiw).

    Une mthodologie : la rationalit des individus (maximisation du profit et anticipationsrationnelles) : cherche "construire des modles rigoureux et convaincants de la rigidit dessalaires et ou des prix, bass sur un comportement de maximisation et sur des anticipationsrationnelles" (GORDON, 1990).

    S'accommodent des anticipations rationnelles (prises comme une hypothse "neutre") car seconcentrent sur les sources de rigidit des prix.

    Les rigidits peuvent affecter les salaires ou les prix:

    1) Les fondements de la rigidit des prix

    a) Les cots de catalogue ou d'tiquettes (rigidit relle des prix) (MANKIW (1985)).

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 28 dernire mise jour sep 2003

    De faibles barrires la flexibilit nominale peuvent entraner de larges rigidits nominalesau niveau agrg.

    Si la demande change, la modification du prix d'un produit peut avoir peu de consquencessur le profit de l'entreprise. Ainsi des cots d'ajustement mme faibles peuvent empcher

    l'ajustement de prix.

    Cependant des prix mme faiblement rigides peuvent tre responsables de fortes variationsde la production au niveau global. Les cots de non changement des prix sont du secondordre pour l'entreprise qui les tablit (donc mme des cots de catalogue certes ad hoc maisfaibles peuvent suffire) mais du premier ordre pour l'conomie dans son ensemble en raisondu sous-emploi que cela induit.

    Critique: cots de catalogue vs cots d'ajustement des quantits. Il peut tre galementcoteux pour l'entreprise de satisfaire la demande supplmentaire prix constant (baisse desstocks, saturation des capacits de production ...).

    b) Les externalits de demande agrge (BLANCHARD-KIYOTAKI (1987) MonopolisticCompetition and the Effects of Aggregate Demand, AER)

    quilibre gnral avec des entreprises en situation de concurrence imparfaite : fixent elles-mme les prix en prsence de faibles cots de catalogue. Prsence dune externalit dedemande agrge : diminuer un peu ses prix permettrait de vendre un peu plus, de distribuerun peu plus de revenus, ce qui crerait de la demande pour toutes les entreprises. Le bnficetant dilu dans toutes lconomie, cest une externalit. L'effet d'une baisse du prix pour uneentreprise:

    Rduction duprix

    Baisse dutaux demarge

    Accroissementdes quantitsvendues et duCA

    Distribution derevenussupplmentaires

    Accroissement de lademande agrge

    Multiplicateurde demande

    Une politique de baisse des prix est coteuse et ne rapporte que peu de demande

    supplmentaire. Mais si toutes les entreprises adoptent cett politique simultanment, leseffets de demande peuvent surpasser l'effet direct sur le taux de marge. On parle dun chec

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 29 dernire mise jour sep 2003

    de coordination : coordination sur une activit/emploi/dbouchs faibles en cas d'quilibresmultiples d'activit. Les politiques de demande agissent ici car produire plus serait bnfique toutes les entreprises collectivement.

    Remarque: le modle IS-LM peut lui aussi s'interprter comme un chec de coordination

    dans le droit fil du raisonnement prcdent (voir Cooper et John (1986, quarterly Journal ofEconomics).

    D'autres facteurs peuvent rigidifier les prix:

    c) Le prix en tant qu'indicateur de la qualit (rigidit relle des prix).

    STIGLITZ (1987) a donn une autre explication de la rticence des entreprises rduire leursprix lorsqu'il y a une baisse de la demande. Les acheteurs ne disposent que d'une informationimparfaite, alors le prix devient un signal de la qualit du produit. Si l'entreprise baisse sesprix, les consommateurs risquent d'interprter ce signal comme tant une dtrioration de la

    qualit du produit. Les entreprises ne sont donc pas incites baisser leurs prix.

    d) L'volution contracyclique de la marge des entreprises.

    ROTTEMBERG ET WOODFORD (1991) partent du constat que la plupart des marchs sontoligopolistiques. Les prix ne sont pas concurrentiels mais sont issus dententes implicites.Soit c le cot unitaire de production et p-c le taux de marge.

    profit = vente * (p-c) positif si entente car p > c

    Les entreprises bnficient donc dune marge qui est daprs les auteurs contracyclique enraison de l'affaiblissement des ententes de prix en priode de croissance. Cette rigidit relleamplifie les mouvements de demande : expansion "guerre des prix" => baisse des marges hausse de la production et de l'emploi.

    Remarque : chaque fois, une imperfection de march est la base de la rigidit des prix :monopole, information asymtrique, oligopole.

    Outre les prix, certaines rigidits peuvent affecter le mode de fixation des salaires:

    2) Les fondements de la rigidit des salaires

    Question : pourquoi les fluctuations de la demande agrge ont un tel impact sur le volumedemploi (et donc sur le chmage) et si peu deffet sur le salaire rel.

    a) La fixation priodique des salaires.

    Chaque firme, ou chaque branche remet plat priodiquement les contrats salariaux qui laconcernent. Compte tenu des cots que reprsentent la ngociation et l'tablissement denouveaux contrats, ceux-ci sont tablis pour une certaine dure, et en gnral, les datesauxquelles s'opre la ngociation diffrent selon les branches.

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 30 dernire mise jour sep 2003

    Les contrats nominaux de salaires long terme empchent un ajustement continu etfournissent aux autorits montaires la possibilit de rguler lactivit mme si les agentsforment des anticipations rationnelles.

    b) Pourquoi les salaires ne sont pas rengocis frquemment (Phelps (1985, 1990)).

    Comme pour les prix, il peut exister des cots lis aux changements des salaires.

    1) Les ngociations prennent du temps, et sont donc coteuses aussi bien pour lesemployeurs que les employs. En effet, il faut rechercher la structure des salaires relatifs (l'intrieur comme l'extrieur de l'entreprise), il faut prvoir l'volution des variablesconomiques cls comme la productivit, l'inflation, la demande, les profits, les prix.

    2) Les ngociations peuvent chouer, une grve coteuse peut tre entreprise afin derenforcer le pouvoir de ngociation des salaris vis vis de leur employeur (avec des contratssigns tous les ans, on a au plus un conflit par an). Une troisime cause est l'chelonnement

    des ngociations salariales.

    Keynes notait que les salaires nominaux taient rigides la baisse. Une cause peut provenirde lchelonnement des rengociations.

    L'chelonnement des ngociations salariales est une cause supplmentaire de rigiditdes salaires. Si l'entreprise ajuste immdiatement le taux de salaire nominal suivant un chocngatif de demande, elle ne mne pas une stratgie optimale car si les autres entreprises nerduisent pas simultanment les salaires, la premire proposera un salaire relatif plus faible etperdra des salaris.TAYLOR (1980)) montre que la fixation non synchrone des salaires (contrats imbriqus dansle temps) complique l'ajustement des salaires aux chocs nominaux. L'effet de la politiquemontaire s'tend alors au-del de la dure des contrats.Raison : les entreprises ne peuvent fixer des prix trop diffrents les uns des autres. Toutessont donc contraintes des faibles variations qui retardent lajustement nominal.

    L'chelonnement des contrats salariaux peut tre rationnel au niveau individuel.En effet, les entreprises ont l'opportunit d'acqurir des informations importantes enobservant les prix et les salaires des autres entreprises (HALL et TAYLOR (1993)).C'estpourquoi l'volution des taux de salaire au cours d'une rcession ne suit pas le "processus deretraite ordonne" comme l'indiquent les nouveaux classiques mais suit plutt "une retraiteen ordre disperse", retraite qui se gnralise ds lors que l'information se diffuse dans toutel'conomie (PHELPS, 1985, p. 564).

    c) Les contrats implicites (rigidit relle des salaires). Les entreprises "assurent" lestravailleurs risquophobes contre le risque de fluctuation du salaire en le rigidifiant (Bailey(1974), Gordon (1974) et Azariadis (1975)).

    d) Le salaire d'efficience (rigidit relle des salaires). Les entreprises maintiennent unniveau de salaire suprieur celui de plein-emploi afin :- d'inciter les travailleurs l'effort (cf l'exemple historique de Ford et Shapiro & Stiglitz

    (1984) pour une modlisation),- d'viter les cots de rotation des effectifs (embauche, formation ...),

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 31 dernire mise jour sep 2003

    - de rpondre une demande d'quit des travailleurs (don et contre-don d'Akerlof (1982) :un salaire surlev contre un effort consenti, offert).

    e) Les syndicats peuvent galement tre une source de rigidit la baisse des salaires(McDonald & Solow (1981)).

    f) La baisse de salaire peut tre empche par les "insiders".

    Dans tous les cas, le salaire lev fait apparatre un chmage involontaire : marge pour lapolitique conjoncturelle en prsence de rigidit nominale mme faible (cf supra).

    Bilan

    Projet de recherche : mettre entre parenthse les questions des anticipations donner desfondements solides et explicites aux rigidits de prix et de salaires. Dans les thories prixfixes de la premire section, les rigidits de prix sont supposes plutt quexpliques,

    lexemple tant la thorie du dsquilibre.

    Rappel : la raction des noclassiques a t de questionner la rationalit individuelle desrigidits. En prsence de dsquilibre, on montre en effet facilement que les agents ontintrt modifier les prix et les salaires. Par exemple, une entreprise contrainte sur sesdbouchs a intrt augmenter ses prix plutt que de garder ses prix de dsquilibre.

    Certaines imperfections de march peuvent-elles aboutir des rigidits de prix ? On parlealors de rigidits relles car elles apparaissent dans la sphre relle. Elles aboutissent unestructure des prix insensible l'chelle nominale de la mme manire que dans le systmewalrasien pur. Autrement dit peut-on concilier les rigidits avec la rationalit individuelle desagents ?

    Exemple prcdent : si lentreprise est en situation de monopole, elle va tarifer au dessus ducot marginal. Le prix sera donc suprieur au prix walrasien comme dans la thorie desdsquilibres et la demande sera rationne.

    Les rigidits relles s'opposent aux rigidits nominales, autre nom donn au phnomned'illusion nominale. Il y'a illusion nominale si les agents ont tendance rflchir en termesnominaux plutt qu'en termes rels. Evidemment, il est difficile de rconcilier ce type decomportement avec l'hypothse de rationalit des choix conomiques.

    Mais les rigidits relles seules ne suffisent pas gnrer des effets de demande.

    Ainsi BALL et ROMER (1990) :

    "Sans une cause indpendante de rigidit, l'ajustement des prix aux chocs sur la demandedevrait tre total, quelle que soit l'importance des rigidits relles".

    Poursuite de lexemple du monopole :

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 32 dernire mise jour sep 2003

    La concurrence imparfaite conduit certes un niveau de production sous-optimal. Ce niveaun'a toutefois rien voir avec une faiblesse des dbouchs. C'est au contraire le monopole quidcide de ne pas servir toute la demande afin de bnficier d'un prix plus lev.

    Sans autre cause de rigidit, un accroissement montaire augmente uniformment l'chelle

    nominale des variables sans affecter les dcisions relles, que ces dcisions appartiennent un monopole ou concernent un march parfaitement concurrentiel pour continuer l'exemple.

    Prenons un monopole et multiplions par 10% lchelle nominale la fois les cots et les prixde vente: il ne se passe rien sur les quantits vendues. Pas deffets multiplicateurs. Idem pourun syndicat : explique pourquoi le salaire rel est rigide, pas le salaire nominal.

    Cette "autre cause de rigidit" rside dans l'hypothse de rigidit nominale. Les rigiditsnominales conduisent des problmes de dbouchs bien connus mais leurs fondementsmicroconomiques sont questionns (car irrationalit patente). Les no-keynsiens montrenttoutefois que defortes rigidits nominales peuvent rsulter d'une combinaison de rigidits

    relles et defaibles frictions d'ajustements nominaux. Les rigidits relles ne sont ici tudisdans un cadre de cycle que pour leur interaction avec les rigidits nominales.

    Rigiditsnominales

    Rigidits relles:amplification des effets

    Effets de demande

    L'chelonnement des ngociations salariales. Exemple dun cas dans lequel une rigidit relle(un ajustement non synchrone magnifie une rigidit nominale) magnifie la rigidit nominale.

    On parle dun chec de coordination : coordination baisser conjointement tous les prix etles salaires en cas de politique montaire dflationniste. Retraite dans le dsordre.

    Critique de lcole No-keynsienne

    Les tudes empiriques montrent dimportants dlais entre un changement de politiquemontaire et son action relle, qui perdure ensuite plusieurs annes. Comment imaginer queles ajustements nominaux peuvent tre aussi longs se produire ? (critique que lon peutfaire beaucoup de thories).

    D/ Cycles endognes

    Cycle endogne : les rcessions conduisent aux expansions et inversement de faon endogneau systme. Le cycle n'a pas besoin de sources exognes (extrieures au modle) d'impulsion

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 33 dernire mise jour sep 2003

    comme dans les cycles rels. Modles prix fixes dynamique d'inspiration keynsiennes'appuyant sur le couple multiplicateur-acclrateur. Voir galement le chapitre sur les crisesfinancires. (rfrence: Vendetti, Revue d'Economie Politique 1996)

    ***************

    L'oscillateur de Samuelson

    Samuelson montre en 1939 la possibilit de fluctuations en combinant l'effet d'acclration(gnrateur d'instabilit conomique) et l'effet de multiplication (gnrateur de stabilit).

    Le modle statique keynsien est dynamis en introduisant un dcalage d'une priode dans la

    fonction de consommation: Ct = cYt-1 + A avec A la dpense autonome et une fonction

    d'investissementde type acclrateur avec un dcalage temporel: It = (Yt-1-Yt-2).

    L'quilibre emploi-ressources: Yt = Ct + It conduit l'quation d'volution du produit :

    Yt = cYt-1 + A + ( Yt-1 - Yt-2)

    quilibre stationnaire : Yt = Yt-1 = Yt-2 = Y =A/(1-c).

    Par dfinition d'un quilibre stationaire, si on y est on y reste.

    Que se passe-t-il si lconomie part hors de lquilibre stationnaire ? Dpend de la valeur des

    paramtres c et :

    1

    c

    beta

    A

    B

    CD

    1

    Zone A : convergence monotone (stabilit dominante du multiplicateur)Zone B : convergence avec oscillationsZone C : divergence par oscillations (sentier explosif, instabilit dominante de lacclrateur)Zone D : divergence monotone (sentier explosif, instabilit dominante de lacclrateur)

    Le modle gnre des cycles rguliers auto-entretenus si les deux paramtres satisfont larelation c = 1/ . Graphiquement sur la frontire sparant A et B.

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 34 dernire mise jour sep 2003

    Jeu entre lacclrateur qui amplifie les mouvements de la demande et le multiplicateur quiles attnue au cours du temps.

    Critiques :

    - fil du rasoir. Il faut une combinaison trs particulire des paramtres pour obtenir unedynamique plausible.

    - Mouvement sinusodal => rgularit contre-factuelle du cycle.

    ***************

    Le modle de croissance avec butoir de Hicks (1950)

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 35 dernire mise jour sep 2003

    Pralable au modle de Hicks : Harrod et Domar (cf. thories de la croissance avantSolow dans la partie croissance). Rem : ces deux modles permettent de situer l'apport deHicks mme si ils sont gnralement classs dans les thories de la croissance. Puisque lecours commence par la partie cycle, nous les prsentons ds prsent.

    Extension temporelle du modle keynsien.Linvestissement nest plus considr seulement comme une demande pour les entreprises, lesecteur des biens dquipement (comme dans le modle keynsien lmentaire). Il vientaccrotre long terme les capacits productives et permet la croissance. Linvestissementaccrot donc simultanment la demande de biens et loffre de biens.

    Le surcrot doffre est-il gal au surcrot de demande ? La question peut se poserdiffremment : quelle condition une conomie peut bnficier dune taux de croissancestable (ou dune croissance quilibre ), une croissance stable tant une croissance oloffre de biens et la demande de biens augmentent de pair ?

    Les deux auteurs arrivent par des voies diffrentes la mme rponse : si le taux decroissance est juste gal au rapport du taux dpargne national sur le coefficient de capital.

    Addition dun bloc offre au modle de demande keynsien : prsentation simple du modlekeynsien (modle de Hansen ou IS).

    Les identits comptables :

    Q = C + I (somme des ressources = somme des emplois)Y = C + SQ = Y I = S

    Hypothse conomique : C = cY ou S = sY (avec s = 1 c)

    Dtermination de la demande Q = C + I et C = cQ Q=I/(1-c) = I/sMultiplicateur de demande : Q = I/s comme s < 1 Q > I

    Domar (1946)Investissement : I = K (effet de capacit)

    Hypothse : K = v.Q avec v fixe (comme dans lacclrateur simple)

    donc K = v.Q donc Q (offre) = I/v : variation de loffre

    Ct demande : multiplicateur de demande : Q = C + I et C = cQ Q=I/(1-c) = I/s

    Q (demande) = I/(1-c) donc Q = I/s : variation de la demande

    Lgalit offre-demande reste respecte si Q (demande) = Q (offre)ou encore :I/s = I/v soit I/I = s/v ou encore g = s/v

    Pour maintenir lquilibre entre laugmentation de loffre et celle de la demande, il faut quelinvestissement et par consquent la production (car I/Q = S/Y = s = constante donc I/I =

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 36 dernire mise jour sep 2003

    Q/Q = g), croissent un taux constant et gal au rapport du taux dpargne national s sur lecoefficient de capital v.

    Improbable : leffet demande peut tre plus ou moins fort selon que s est plus ou moinsfaible. De mme, leffet capacit dpend de la taille de v. Absence de mcanismes

    autorgulateurs du march sans lEtat dans la ligne de des conclusions de Keynes.

    Ayant en mmoire la Crise des annes 30, Domar en conclue une tendance excessive lpargne ou une faiblesse de la demande, ie g < s/v soit encore : s>g.v.

    Dans ce cas leffet de capacit est suprieur leffet de demande et la faiblessecumulative des dbouchs conduit la stagnation. Le taux de croissance de linvestissementest faible trop de capital et donc trop doffre par rapport la demande que gnrelinvestissement.Ide : la mise en place de capital nouveau gnre une demande insuffisante par rapport ausurcrot doffre que cela entrane.

    Harrod (1939)Harrod va tayer largument de Domar dimpossibilit dune croissance quilibre. Ds lors,la croissance ne peut qu'tre instable et conduire soit un suremploi des facteurs deproduction conduisant l'inflation, soit un sous-emploi aboutissant un chmagepermanent.

    Selon Harrod, le capitalisme est donc incapable de maintenir le plein-emploi.Dans la ligne directe de Keynes, Harrod appuie son raisonnement sur les anticipations dedbouchs des entrepreneurs. Keynes place au centre de sa thorie les prvisions de demandedes entreprises. Mais seulement dans un modle de courte priode.

    Harrod va fusionner ces deux horizons, le CT et le LT. Linvestissement sexpliqueuniquement par les prvisions de croissance de court-terme : K* = vYa : le stock dsir estgal la demande anticipe.

    Harrod retrouve par ce biais la thorie prkeynsienne de lacclrateur simple de Clark(1917) et Aftalion (1908). I* = v.Ya (lgre diffrence dinterprtation avec Domar sur lesens du paramtre v)

    Pour que la croissance soit quilibre, il est ncessaire que les prvisions des entreprisessoient vrifies soit :

    Ya = Y soit I/s = I/v soit s/v = gW : croissance ncessaire (warranted)

    Supposons au contraire que les entreprises anticipent Ya > Y (anticipations optimistesdune demande suprieure loffre). Dans ce cas :

    Ya > Y soit I/s > I/v et donc g = I/I > s/v = gW

    soit un taux de croissance g suprieur s/v.

    Voyant que la demande excde les capacits doffre, les entreprises vont accrotre

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 37 dernire mise jour sep 2003

    linvestissement. Or linvestissement accrot plus vite loffre que la demande =>croissance dsquilibre.

    Voyant que la demande excde la capacits doffre, les entreprises vont une nouvellefois accrotre linvestissement conduisant une croissance explosive.

    En sens inverse, des anticipations pessimistes conduisent une baisse de la demandesuprieure celle de loffre et cette fois une dynamique dpressive (cf la dpression desannes 30).

    La raison fondamentale de linstabilit est que leffet multiplicateur de linvestissement estsuprieur son effet sur loffre.

    Exemple : Ya = 110 et K = 300 comme v = 3, Q = 300/3 = 100 donc la capacit productiveactuelle ne suffit pas : il faudrait 110*3 = 330 comme on a seulement 300 il fautcomplter : 330 300 : I = 30. Comme s = 0,2 Y = 30/0,2 = 150. Donc les anticipations

    de demande dpassent les prcdentes explosion .

    Le taux naturelHarrod soulve un second problme : mme si lconomie restait sur son sentier quilibr( taux garanti ) il ny a aucune raison que ce taux assure le plein-emploi. Harrod appelle letaux naturel le taux qui garantit labsorption de la main duvre totale.Admettons que lconomie progresse au taux garanti mais que le taux naturel soit infrieur.La croissance va rsorber le chmage puis buter sur le plein-emploi. Lconomie devra doncadmettre un taux infrieur au taux garanti avec la dynamique dpressive dj dcrite.Quelles implications sur le taux dpargne ? Elles dpendent des caractristiques delconomie. Lpargne est une vertu si le taux de croissance garanti est infrieur au tauxnaturel. Il est un vice dans le cas contraire.

    Remarque sur les deux thories : thorie de la croissance car on prend en compte la variationdu capital issue de linvestissement.

    Retour au modle de Hicks: prolongement du modle de croissance de Harrod. ChezHarrod, la croissance est instable, toute divergence entre le taux de croissance effectifg et letaux de croissance ncessaire gw ayant tendance s'accrotre de faon cumulative.

    Le problme de Harrod: la croissance est cense conduire des valeurs infinies dans un cas,

    ngatives dans l'autre (Harrod tait conscient du problme puisque, en priode d'expansion, ilnotait que le plein emploi (ou les pleines capacits) tant atteint, il devait en rsulter notait-il,une "insatisfaction de type nouveau").

    La contribution de Hicks prend en compte les contraintes la croissance, ce qui aboutit unethorie raliste du cycle conomique.

    L'conomie rebondit entre deux butoirs qui se dplacent vers le haut avec la croissance:

    un plafond dtermin par l'volution de la population active et les progrs de productivit quiconduit des goulets d'tranglement quand la production effective s'en rapproche et

    un plancher dtermin par la croissance de l'investissement autonome.

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 38 dernire mise jour sep 2003

    Alors que Harrod met l'accent sur l'importance de l'investissement induit par l'intermdiaired'un acclrateur simple, Hicks distingue plusieurs sortes d'investissement:

    1) L'investissement induit par la variation du revenu (acclrateur)comme dans le modle

    de Harrod: It = (Yt-1-Yt-2).

    2) L'investissement dit autonome, indpendant du revenu et de la demande(l'investissement public, l'investissement d'innovations et l'investissement long terme).L'investissement autonome est exogne et crot un taux constant au cours du temps(moteur de la croissance exogne).

    Mcanisme cl du cycle. Partons d'une situation de sous-emploi avec chmage et supposonsl'apparition d'un choc exogne (par exemple un accroissement anormal de l'investissementautonome).

    Linvestissement induit : lacclrateurI = v. 2 Q

    Phase 1 Phase 2 Phase 3 Phase 4Demande croissance

    acclre( la Harrod)

    croissancedclre

    (saturation descapacits deproduction)

    dcroissanceacclre

    ( la Harrod)

    dcroissancedclre

    (en raison duplancher

    dinvestissement)

    Investissementinduit croissance dcroissance dcroissance croissanceInvestissementtotal

    croissance Croissance puisdcroissance

    dcroissance croissance

    Situation boom retournement rcession reprise

    Phase 1 : croissance acclre. Mcanisme dcrit par Harrod du caractre cumulatif del'expansion.

    La production crot un rythme croissant (acclration), du fait de l'interaction entre le

    phnomne du multiplicateur et celui de l'acclrateur.

    Phase 2: sommet conjoncturel avec ralentissement de la croissance. Atteinte du plein-emploi.

    La croissance se ralentit due la saturation des capacits

    Problme : l'conomie ne peut rester ce niveau. En effet, toute diminution dans la vitesse decroissance du revenu national va entraner une rduction de l'investissement induit. C'est leprincipe mme de l'acclrateur : l'investissement dpend non pas du niveau d'activit maisde la variation de celui-ci. Toute dclration de la croissance se traduit alors par une

    diminution du niveau de l'investissement induit.

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 39 dernire mise jour sep 2003

    Malgr la poursuite de l'accroissement de l'investissement autonome, l'investissement totalfinit galement par dcrotre. Le multiplicateur fonctionne alors l'envers et l'conomie seretourne.

    Phase 3: dpression cumulative. L'interaction entre le multiplicateur et l'acclrateur joue

    de faon symtrique la phase 1. L'investissement et la demande chutent.

    Phase 4: creux conjoncturel et fin de la dpression.Cependant, l'conomie ne peut descendre en-dessous d'un plancher d'investissement lui-mme en expansion. La chute nest donc pas infinie et l'conomie atteint un minimum deproduction et d'activit.

    Ds que la chute de la demande se ralentit, linvestissement induit repart la hausse.Ce plancher est lui-mme en expansion compte tenu de l'hypothse de croissance del'investissement autonome. Linvestisssement total est relanc.

    L'conomie retourne dans la phase 1 en faisant jouer de nouveau positivement lemultiplicateur.

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    L'interaction salaires-profits-chmage de Goodwin (1967).

    C'est galement une explication endogne des cycles que Goodwin cherche construire partir d'une description des interactions salaires-profits-chmage dans une inspiration qui seveut la fois proche de Marx et de Keynes. On se situe dans une optique de conflits entreclasses sociales, les salaris et les capitalistes-entrepreneurs.

    Le salaire se dtermine en fonction du taux de chmage comme dans la courbe de Phillips.

    Mcanisme du cycle.

    Partons d'une situation de sous-emploi. Le chmage incite la modration salariale.

    ? L'augmentation des profits permet alors de financer la hausse de l'investissement, ce quientrane une expansion du produit et une augmentation de l'emploi.

    ? La diminution du chmage tend faire crotre le salaire rel un rythme suprieur celuide la productivit.

    ? Ces hausses salariales viennent limiter les profits et donc l'investissement et la croissance.

    ? Le ralentissement de la croissance aboutit une diminution de l'emploi qui lorsqu'elle estsuffisante entrane un freinage de la hausse des salaires et un redmarrage la hausse desprofits.

    Le modle met en vidence le rle moteur de la rpartition, de l'affrontement entre

    capitalistes et travailleurs dans l'explication des mouvements de l'activit conomique. Along terme, les fluctuations se ralisent autour d'un point d'quilibre qui correspond un taux

  • 8/3/2019 Cours de Licence Ecogenerale

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 40 dernire mise jour sep 2003

    de profit, un taux de chmage et une rpartition du revenu national entre salaires et profitsconstants.

    Un rapprochement intressant peut tre fait avec le fameux thorme du chancelier allemandSchmidt en 1978: "Les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain; les

    investissements de demain sont les emplois d'aprs-demain".

    On peut galement songer la situation franaise du dbut des annes 1980 o l'un desgrands problmes a t la restauration des marges de profit des entreprises pour permettre leredmarrage de la croissance qui a eu effectivement lieu dans les annes 1988-89 et qui aentran une revalorisation des salaires.

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    Le modle de Grandmont (1985)

    Gale (1973) : cycles dordre 2 dans les modles gnration imbriques. Pb : ce sont descycles dterministes et donc rguliers : ne correspond pas aux observations. Grandmontmontre la possibilit de cycles irrguliers dans des modles simples (pour les dtails dumodle, voir Lecaillon - Ottavj - Le Page - Grangeas (1998) Macrodynamique, tome 2 : Lescycles)

    E/ Cycles rels

    (Rfrence rcente en franais: Hairault dans la Revue d'Economie Politique, 1999)

    Programme de recherche: envisager les fluctuations comme des phnomnes l'quilibrene ncessitant aucune rigidits nominale. En opposition avec lensemble de la littraturekeynsienne et montariste.

    Peut-on avoir des cycles sans rigidits des prix ou des salaires et sans rle pour la monnaie ?Oui selon la thorie des cycles rels (TCR).

    Dans le projet initial, la monnaie n'est plus ncessaire l'explication des fluctuations. Lesprogrs de productivit (id le rsidu de Solow), au lieu de se manifester rgulirement (cfthories de la croissance) vont tre discontinus.

    Consquence: les fluctuations peuvent tre optimales au sens de Pareto (premier thorme dubien-tre (BE)). Une rcession s'explique par la diminution des possibilits techniques et lesagents choisissent de travailler moins. La politique conjoncturelle ne peut amliorer lasituation. Elle peut mme tre contre-productive.

    La distinction entre impulsion (ou choc) et propagation (Frisch). Les fluctuations naissentdes impulsions ou chocs exognes (exemple : choc de productivit ou choc budgtaire) maisl'ampleur et la persistance des chocs sont assures par des mcanismes de propagation(lesractions des agents ex: l'addition de capital physique, la substitution travail-loisir). Slutsky(1927) est le premier proposer une explication des cycles comme la somme de chocs

    alatoires prsents et passs.

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    Notes de cours d'Alexis Direr Page 41 dernire mise jour sep 2003

    La TCR se situe dans le cadre impulsion-propagation mais restreint la nature des chocs deschocs doffre de nature exogne.

    Larticulation du cycle et de la croissance selon les modles TCR : une interprtationpar la fonction doffre noclassique (voir la thorie de Solow dans la partie sur la

    croissance pour ses proprits)

    Q = A.