Cpa1.3.Miller LA SUTURE (ELEMENTS DE LA LOGIQUE DU SIGNIFIANT) Il

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    nes de matre-queux pouvait bien s ' amuser la isser un pas mmegte-sauce s 'emparer de cette marmite dont i l est si naturel qu'ellevous tienne coeur puisque c 'es t d'elle que vous t irez votre subsistance, il n'tait pas sOr, et j 'en ai, je l 'avoue, dout, qu'un petit potage mijot de cette faon, vous soyez disposs le boire. Et pourtant, vous tes l .... Permettez que je m'mervei l le un instant devotre assistance, et de ce privilge d'avoir pour un moment le loisirde manipuler cet organe prcieux entre tous ceux dont vous avez l 'usage, votre oreille.

    C'est sa prsence ici, maintenant, que je dois m'employer lui justifier, par des raisons au moins qui soient avouables.Je ne la ferai pas attendre. Cette justification tient en ceci

    qui ne saurai t la surprendre aprs les dveloppements dont depuisle dbut de l 'anne scolaire elle a t enchante ce sminaire quele champ freudien n'est pas reprsentable comme une surface close.L'ouverture de la psychanalyse n'est pas l 'effet du libralisme, dela fantaisie, voire de l 'aveuglement de celui qui s 'es t institu laplace de son gardien. Si, de n 't re pas situ en son intrieur, onn'est pas rejet pour autant dans son extrieur, c 'es t qu'en un cer tain point, exclu d'une topologie restreinte deux dimensions, ilsse rejoignent, et la priphrie traverse la circonscription.

    Que ce point je puisse le reconna tre, l 'occupe r, voil quevous chappez au dilemme que je vous prsentais, et qu' bon droitvous tes des auditeurs en ce lieu. Vous saisissez par l, Mesdames,Messieurs, combien vous tes impliqus dans l 'entreprise que je fomente, combien vous tes son succs profondment intresss.

    ** *

    CONCEPTDE LA LOGIQUE DU SIGNIFIANT

    Ce que je vise restituer, rassemblant un enseignementpars dans l 'oeuvre de Jacques Lacan, doit tre dsign du nom delogique du signifiant, - logique gnrale en ce que son fonctionnementest formel par rapport tous les champs du savoir, y compris celuide la psychanalyse, qu'en s 'y spcifiant elle rgit, - logique minimale pour autant qu'y sont donnes les seules pices indispensables luiassurer une marche rduite un mouvement l inaire, s'engendrantuniformment en chaq\Je point de son parcours ncessaire. Que cettelogique se dise "du signifiant" rvise la partialit de la conception qui

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    en l imiterait la validit au champ o, comme catgorie. il a prisnaissance ; en corriger la dclinaison linguistique prpare une im portation que dans d'autres discours nous ne manquerons pas de faire , une fois son essentiel ressaisi .

    Le bnfice principal de ce procs qui tend au minimum cedoit tre l 'conomie la plus grande de la dpense conceptuelle, dontil est par suite craindre qu'elle ne vous dissimule que les conjonctions qui s 'y accomplissent entre certaines fonctions sont assez essentielles pour ne pouvoir tre ngliges sans dvoyer les raisonnements proprement analytiques.

    A considrer le rapport de cette logique celle que nous appellerons logicienne. on le voit singulier par ceci que la premiretraite de l 'mergence de l 'autre et qu'elle doit se faire connal'trecomme logique de l 'origine de la logique - c 'es t dire qu'elle n'en suit pas les lois, et que, prescrivant leur juridiction, elle tombe hors deleur juridiction.

    Cette dimension de l 'archologique s 'atteint au plus courtpar un mouvement de rtroaction partir du champ logique prcisment, o sa mconnaissance la plus radicale parce que la plus proche de sa reconnaissance s'accomplit.

    Ce que cet te dmarche rpte de cel le que Jacques Der r idanous a appris tre exemplaire de la phnomnologie (1) ne dissimulera qu'aux gens presss cette diffrence cruciale que la mconnaissance ici prend son dpart de la production du sens. Disons qu'elle n'estpas constitue comme un oubli, mais comme un refoulement.

    Nous choisissons pour la dsigner le nom de suture. La suture nomme le rapport du sujet la chane de son discours ; on verraqu'il y figure comme l 'lment qui manque, sous l 'espce d'un tenantlieu. Car, y manquant, il n'en est pas purement et simplement absent.Suture par extension, le rapport en gnral du manque la structuredont il est lment, en tant qu'il implique position d'un tenant -lieu.

    Cet expos est pour articuler le concept de la suture, non ditcomme tel par Jacques Lacan, bien qu' tout instant prsent dans sonsystme.

    Qu'il vous soit bien clair que ce n'est pas en philosophe ou enapprenti philosophe que je parle en ce lieu - si le philosophe est celuidont Henri Heine dit, dans une phrase cite par Freud qu' "avec ses(1) cf . Husserl: "L'origine de la gomtrie" - Traduction et introduction de Jacques Derrida.PUF (1962).

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    bonnets de nuit et les lambeaux de sa robe de chambre, il bouche 10:::>trous de l 'difice universel". Mais gardez-vous de croire que la fonction de suturation lui est part icul ire: ce qui spcifie le philosophe,c 'es t la dtermination du champ de son exercice comme "difice universel" . Il importe que vous soyez persuads que le logicien, commele linguiste, son niveau, suture. Et, tout autant, qui dit "je".

    Percer la suture demande qu'on t raverse ce qu'un discoursexplicite de lui -mme - qu'on distingue, de son sens, sa let tre. Cetexpos s'occupe d'une lettre - morte. Il la fait vivre. Qu'on ne s 'tonne pas que le sens en meure.

    Le fil conducteur de l ' analys e est le discours tenu par Gottlob Frege dans ses "Grundlagen der Arithmetik" (1), privilgi pournous parce qu'i l questionne ces te rmes que l 'axiomatique de Peano,suffisante construire la thorie des nombres naturels, accepte comme premiers, savoir le terme de zro, celui de nombre et celui desuccesseur (2). Cette mise en cause de la thorie, dbotter, del 'axiomatique o elle se consolide, son suturant, le l ivre

    LE ZERO ET LE UN

    La question, dans sa forme la plus gnrale, s 'nonce:qu'est-ce qui fonctionne dans la suite des nombresentiers naturels quoi il faut rapporter leur progression?

    La rponse, je la livre avant de l 'at teindre, est que :dans le procs de la constitution de la suite, dans lagense de la progression, la fonction du sujet, mconnue, opre.

    (1 ) T ~ x t ~ et traduction anglaise publis sous le titre "The foundationl of arithmetic" - BasUB l a c k w ~ l l (1953).(2 ) Aucun des inflchissements apports par Frege l s a vise n'importera l notre l e c t u r ~ , quitiendra donc en del de la thmatisatiOD la diffrence du sens l I a f r e n c ~ . - comme de ladfinition du concept plus tard introduite l partir de la prdication, d'o se dduit sa n-saturation.

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    A coup sr cette proposition prend figure de paradoxe pourqui n'ignore pas que le discours logique de Frege s 'entame par l 'exclusion de ce qui, dans une thorie empiriste, s 'avre essentiel faire passer la chose l 'unit et la collection des units l 'unit dunombre: la fonction du sujet, en tant qu'elle supporte les oprationsde l 'abstraction et de Punification.

    Pour l 'unit ainsi assure l'individu comme la collection,elle ne perdure qu'autant que le nombre fonctionne comme son ~De l s'origine l'idologie qui du sujet fait le producteur de la fiction,sauf le reconnatre comme le produit de son produit - idologie ole discours logique se conjugue au psychologique, le politique tenantdans la rencontre une position mart:ress qu'on voit s 'avouer chez Occam, se dissimuler chez Locke, avant de se mconnatre en sa postrit.

    Un sujet donc, dfini par des attributs dont l 'envers est politique, disposant comme de pouvoirs d'une facult de mmoire ncessaire clore la collection sans laisser des lments qui sont interchangeables se perdre, et de rptition oprant inductivement, nuldoute que ce soit lui que Frege, se dressant d'entre de jeu contrela fondation empiriste de Parithmtique, exclut du champ o le concept du nombre a apparatre.

    Mais si on tient que le sujet ne se rduit pas, dans sa fonction la plus essentielle, au psychologique, son exclusion hors duchamp du nombre s'identifie la rptition. Ce qu'il s 'agit de montrer .

    Vous savez que le discours de Frege se dveloppe part irdu systme fondamental constitu des trois concepts du concept, del 'objet et du nombre, et de deux relations: la premire, du concept l 'objet, la subsomption ; la seconde, du concept au nombre, quisera pour nous l 'assignation. Un nombre est assign un conceptqui subsume des objets.

    Le spcifiquement logique tient ce que chaque concept n'estdfini et n'a d'existence que par la seule relation qu'il entretient,comme subsumant, avec le subsum. De mme, l 'existence d'un objet ne lui vient que de tomber sous un concept, aucune autre dtermination ne concourt son existence logique, si bien que l 'objet prendson sens de sa diffrence d'avec la chose intgre, par sa localisation spatio-temporelle, au rel.

    Par o vous voyez la disparition qui doit s 'effectuer de lachose pour qu'elle apparaisse comme objet - qui est la chose en tantqu'elle est une.

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    Il vous apparat que le concept oprant dans le systme, form part i r de la seule dtermination de la subsomption, est un concept redoubl : le concept de l ' identit un concept.

    Ce redoublement, induit dans le concept par l ' identit, donnenaissance la dimension logique, parce qu'effectuant la disparitionde la chose, i l provoque l 'mergence du numrable.

    Par exemple : s i je rassemble ce qui tombe sous le concept:Illlenfant d'Agamemnon et deCassandre tl , je convoque pour les subsumer Plops et Tldamos. A cette collection je ne peux assigner unnombre qu'en faisant jouer le concept tlidentique au concept: enfantd'Agamemnon et de Cassandre tl . Par l 'effet de la fiction de ce concept, les enfants interviennent maintenant en tant que chacun est, s il 'on veut, appliqu so i -mme, - ce qui le t ransforme en unit, lefait passer au statut d'objet comm e tel numrable. Le un de l ' u n i ~ singulire, cet un de l' identique du subsum, cet un l est ce qu'a de'commun tout nombre d'tre avant tout constitu comme unit.

    Vous dduirez de ce point la dfinition de l 'assignation dunombre : selon la formule de Frege, tlle nombre assign au conceptFe s t l 'extension du concept "identique au concept F" Il.

    Le systme ternaire de Frege a pour effet de ne la isser la chose que le support de son identit soi, en quoi elle est objet duconcept oprant, et numrable.

    Du procs que je viens de suivre je m'autor ise conclurecette proposition, dont nous verrons tout l 'heure l ' incidence, quel 'unit qu'on pourrai t dire unifiante du concept en tant que l 'assignele nombre se subordonne l 'unit comme distinctive 'en tant qu'ellesupporte le nombre.

    Quant la position de l 'unit distinctive, son fondement es t si tuer dans la fonction de l ' identit qui, confrant toute chose dumonde la proprit d'tre une, accomplit sa transformation en objetdu concept (logique).

    A ce point de la construction, vous sentirez le poids de ladfinition de l ' identit que je vais prsenter .

    Cette dfinition, qui doit donner son sens vrai au concept dunombre, ne lui doit r ien emprunter (1). - cette fin d'engendrer lanumration.

    (1 ) C'est pourquoi i l faut dire identit. et non pas galit.

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    Cette dfinition, pivotale dans son systme, Frege la demande Leibniz. Elle tient dans cet nonc : eadem sunt quorum unumpotest substitui alteri salva veritate. Identiques, les choses dont l 'unepeut tre substitue l 'autre salva veritate, sans que la vrit se perde.

    Sans doute mesurez-vous l ' importance de ce qui s 'accomplitdans cet nonc: l 'mergence de la fonction de la vrit. Pourtant cequ'il tient pour acquis importe plus que ce qu'il exprime. A savoir,l ' identit--soi. Qu'une chose ne puisse tre substitue elle-mme,et qu'en est- i l de la vri t? Absolue est sa subversion.

    Si on suit l 'nonc de Leibniz, la dfaillance de la vrit,dont la possibilit un instant est ouverte, sa perte dans la substitution une chose d'une autre, serai t aussitt suivie de son rtablissement dans une nouvelle re la t ion: la vrit se retrouve en ce quela chose substitue, parce qu'identique el le-mme, peut faire l 'objet d'un jugement et entrer dans l 'ordre du discours ; identique-soi, elle est articulable.

    Mais qu'une chose ne soit pas identique soi subverti t lechamp de la vrit. lE' ruine et l 'abolit.

    Vous saisissez en quoi la sauvegarde de la vrit est intresse cet identique soi qui connote le passage de la chose l 'objet.L'identit--soi est essentielle ce que soit sauve la vrit.La vrit est . Chaque chose est identique soi.Faisons maintenant fonctionner le schma de Frege, c 'es t--dire parcourons cet i t inraire scand en trois tapes, qu'i l nousprescrit . Soit une chose X du monde. Soit le concept, empirique, de

    cet X. Le concept qui prend place dans le schma n'est pas ce concept empirique, mais celui qui le redouble, tant "identique au concept de X". L'objet qui tombe sous ce concept est X lui-mme, comme unit. En cela, le nombre, et c 'est le t roisime terme du parcours, assigner au concept de X sera le nombre 1. Ce qui veut direque cette fonction du nombre 1 est rptitive pour toutes les, chosesdu monde. C'est donc que ce 1 n'est que l 'unit qui constitue le nombre comme tel , et non pas le 1 dans son identit personnelle de nombre, sa place particulire, avec son nom propre, dans la suite desnombres. Sa construction, de plus, demande qu'on convoque pour latransformp.r, une chose du monde - ce qui ne se peut, dit Frege : lelogique ne doit se soutenir que de soi.

    Pour que le nombre passe de la rptition du 1 de l 'identique sa succession ordonne, pour que la dimension logique gagne dcidment son autonomie, i l faut que sans nul rapport au rel le zro apparaisse.

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    Son apparition, on l 'obtient parce que la vrit est. Zroest le nombre assign au concept "non-identique soi". En effet,soit le concept "non-identique soi". Ce concept, d'tre concept, aune extension, subsume un objet. Lequel? Aucun. Puisque la vrit est, aucun objet ne vient la place du subsum de ce concept, etle nombre qui qualifie son extension est zro.

    Dans cet engendrement du zro, j 'ai mis en vidence qu'ilest soutenu par cette proposition que la vrit est. Si aucun objet netombe sous le concept de la non-identit--soi, c 'es t qu'il faut sauver la vrit. S'il n'y a pas de choses qui ne soient identiques elles-mmes, c 'est que la non-identit soi est contradictoire avec ladimension mme de la vrit. A son concept, on assigne le zro.

    C'est l 'nonc dcisif que le concept de la non-identit--soiest assign ' par le nombre zro qui suture le discours logique.Car, et je t raverse ici le texte de Frege, dans la construc

    tion autonome du logique par lui-mme, i l a t ncessaire, afin quefat exclue toute rfrence au rel, d'voquer, au niveau du concept,un objet non-identique soi - rejet ensuite de la dimension de la vrit.

    Le 0 qui s ' inscri t la place du nombre consomme l 'exclusion de cet objet. Quant cette place, dessine par la subsomption,o l 'objet manque, rien n'y saurai t tre crit, et s ' i l y faut t racerun 0, ce n'est que pour y figurer un blanc, rendre visible le manque.

    Du zro manque au zro nombre, se conceptualise le nonconceptualisable.

    Dlaissons maintenant le zro manque que j 'ai rvl, pourconsidrer seulement ce qu'a produit l 'alternation de son vocationet de sa rvocation, le zro nombre.

    Le 2:ro entendu comme un nombre. qui assigne au concept, subsumant le manque d'un objet, est comme tel une chose - la premire chose non-relle dans la pense.Si du nombre zro, on construit le concept, i l subsume,

    comme son seul objet le nombre zro. Le nombre qui l 'assigne estdonc 1.Le systme de Frege joue par la circulation, chacune desplaces qu'il fixe, d'un lment: du nombre zro son concept, de ce

    concept son objet et son nombre. Circulation qui produit le 1. (1).( 1) Je rj!serve le commentaire du paragraphe 76 qui donne la dfinition abstraite de la o;,ntlgult.

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    Ce systme est donc ainsi constitu que le 0 est compt pour1. Le compte du 0 pour 1 (alors que le concept du zro ne subsumedans le rel qu'un blanc) est le support gnral de la suite des nombres.

    C'est ce que dmontre l 'analyse de Frege sur l 'opration dusuccesseur, laquelle consiste obtenir le nombre qui suit n en luiajoutant une unit: n', successeur de n, est gal n + l , soit . . . n..... (n + 1) = n' . . . Frege ouvre le n + 1 pour dcouvrir ce qu'il enest du passage de n son successeur.

    Le paradoxe de cet engendrement, vous le saisirez aussittque je produirai la formule la plus gnrale du successeur laquelleFrege parvienne: "le nombre assign au concept: "membre de lasuite des nombres naturels se terminant par n" suit immdiatementndans la suite des nombres naturels".

    Prenons un nombre. Voici le trois. I l nous ser t constituerle concept: "membre de la suite des nombres naturels se terminantpar trois". I l se trouve que le nombre assign ce concept est quatre. Voil venu le 1 du n + 1. D'o?Assign son concept redoubl, le nombre 3 fonctionne comme lenom unifiant d'une collection: rserve. Dans le concept du "mem_bre de la suite des nombres naturels se terminant par 3", i l est terme

    (lment, et lment final).Dans l 'ordre du rel, le 3 subsume 3 objets. Dans l 'ordre du

    nombre, qui est celui du discours contraint par la vrit, ce sont lesnombres que l 'on compte : avant le 3, i l y a 3 nombres - il est donc lequatrime.

    Dans l 'ordre du nombre, en plus il y a l e 0, et le 0 comptepour 1. Le dplacement d'un nombre, de la fonction de rserve celle de terme, implique sommation du O. D'o le successeur. Ce quidans le rel est absence pure et simple se trouve par le fait du nombre (par l ' instance de la vrit) not 0 et compt pour 1.

    C'est pourquoi nous disons l 'objet non-identique soi provoqu - rejet par la vrit. institu - annul par le discours (la subsomption comme telle) - en un mot, sutur.

    L'mergence du manque comme 0, et du 0 comme 1 dtermine l 'apparition du successeur. Soit n ; le manque se fixe comme 0 quise fixe comme 1 : n + 1 ; ce qui s'ajoute pour donner n' - qui absorbele 1.

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    Assurment , s i le 1 du n + 1 n'est rien d'autre que le compte du zro, la fonction d'addition du signe + est superftatoire, i l fautres t i tuer la reprsentation horizontale de l 'engendrement sa ver t i -calit : le 1 est prendre comme le symbole originaire de l ' mer-gence du manque au champ de la vrit, et le signe + indique le franchissement, la t ransgression par laquelle le 0 manque vient trereprsent par l , et produit, par cette dfrence de n n' que vousavez reconnue comme un effet de sens, le nom d'un nombre.

    La reprsentation logique crase cet tagement trois niveaux. L'oprat ion que j 'a i effectue le dplie. Si vous considrezl 'opposition de ces deux axes, vous comprendrez ce qu'il en est dela suturat ion logique, et de la diffrence de la logique que je vousprs'ente la logique logicienne.

    Que zro est un nombre : tel le est la proposition qui assure la dimension de la logique sa fermeture.Pour nous, nous avons reconnu dans le zro nombre le te

    nant-l ieu suturant du manque.On se souviendra ici de l 'hsitation qui s ' e s t perptue chez

    Bertrand Russel l au sujet de sa localisation ( intrieure? extrieure la suite des nombres? ).L a rptition gnitrice de la suite des nombres se soutient

    de ce que le zro manque passe , selon un axe d'abord vertical , f ranchissant la barre qui l imite le champ de la vrit pour s 'y reprsente r comme un, s 'abolissant ensuite comme sens dans chacun desnoms des nombres qui sont pris dans la chane mtonymique de laprogression successoria le .

    De mme que vous aurez soin de distinguer le zro commemanque de l 'objet contradictoire, de celui qui suture cette absencedans la suite des nombres , vous devrez dist inguer le 1, nom propred'un nombre, de celui qui vient fixer dans un trai t le zro du nonidentique soi sutur par l ' identi t--soi , loi du discours au champde la vrit . Le paradoxe central que vous avez comprendre (c 'estcelui, vous le verrez dans un instant, du signifiant au sens lacanien)est que le t rai t de l ' identique reprsente le non-identique, d'o sedduit l ' impossibil i t de son redoublement (1), et par l la structurede la rpti t ion, comme procs de la dfrenciat ion de l ' identique.

    --------------------(1) Et, l un autre niveau, l'impossibilit du mta-langage (voir le texte de Jacques Lacan dans cenumro).

    . .."\

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    Or, si la suite des nombres, mtonymie du zro, commence par sa mtaphore, si le 0 membre de la suite comme nombre n'estque le tenant-lieu suturant de l 'absence (du zro absolu) qui se vhicule dessous la chaihe selon le m O l ~ v e m e n t alternatif d'une reprsentation et d'une exclusion - qu'est-ce qui fait obstacle reconnartre dansle rapport restitu du zro la suite des nombres, l 'articulation laplus lmentaire du rapport qu'avec la chane signifiante entretientle sujet?

    L'objet impossible, que le discours de la logique convoquecomme le non-identique soi et rejette comme le ngatif pur, qu'ilconvoque et rejette pour se constituer comme ce qu'il est, qu'il convoque et rejette n'en voulant rien savoir, nous le nommons, pour autant qu'il fonctionne comme l 'excs oprant dans la suite des nombres:le sujet.

    Son exclusion hors du discours qu'intrieurement i l intimeest suture.Si nous dterminons maintenant le trait comme le signifiant,si nous fixons au nombre la position du signifi, il faut considrer le

    rapport du manque au trait comme logique du signifiant

    RAPPORT DU SUJET ET DU SIGNIFIANT

    En effet, le rapport dit, dans l 'algbre lacanienne, du sujetau champ de l 'Autre (comme lieu de la vrit) s'identifie celui quele zro entretient avec l ' identit de l'unique comme support de la vrit. Ce rapport, en tant qu'il est matriciel, ne saurait tre intgr dansune dfinition de l'objectivit, - c'est l ce que doctrine le docteurLacan. L'engendrement du zro, part ir de cette non-identit soisous le coup de laquelle aucune chose du monde ne tombe, vous l 'i11ustre.

    Ce qui constitue ce rapport comme la matrice de la chanedoit tre isol dans cette implication qui fait dterminante de l 'exclusion du sujet hors du champ de l 'Autre, sa reprsentation dans cechamp sous la forme de l'un de l'unique, de l 'unit distinctive, nommpar Lacan "l 'unaire". Dans son algbre, cette exclusion est marquepar la barre qui vient affliger le S du sujet devant le grand A. et quel 'identit du sujet dplace, selon l 'change fondamental de la logiquedu signifiant, sur le A, dplacement dont l 'effet est l 'mergence dela signification signifie au sujet.

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    48Inentame par l 'change de la barre, se maintient cette exrriori t du sujet l 'Autre, instituant l 'inconscient.Car, - s ' i l est clair que la tripartition qui tage 1) le signifi-au-sujet, 2) la chame signifiante dont l 'altrit radicale par rapport au sujet le retranche de son champ, et enfin 3) le champ extrieurde ce rejet, ne peut pas tre recouverte par la dichotomie linguistiquEdu signifi et du signifiant, - s i la conscience du sujet est situer auniveau des effets de signification rgis, au point qu'on peut les direses reflets, par la rptition du signifiant, - si la rptition elle-mme est produite par l 'vanouissement du sujet et son passage commemanque, - alors i l n'est rien que l ' inconscient qui puisse nommer la

    progression constituante de la chane dans l 'ordre de la pense.Au niveau de cette constitution, la dfinition du sujet le rduit la possibilit d'un signifiant de plus.N'est-ce pas en dfinitive cette fonction de l 'excs, qu'onpeut ramener le pouvoir de thmatisation qu'assigne au sujet, pourdonner la thorie des ensembles son thorme d'existence, Dedekind? La possibilit de l 'existence de l ' infini dnombrable s'expliquepar ceci qu' ' ' part ir du moment qu'une proposition est vraie, je peuxtoujours en produire une seconde. savoir que la premire est vraie,ainsi de suite l ' infini". (1),Pour que le recours au sujet comme fondateur de l 'i trationne soit pas un recours la psychologie, i l suffit de substituer lathmatisation la reprsentation du sujet (en tant que signifiant), quiexclut la conscience parce qu'elle ne s'effectue pas pour quelqu'un,mais. dans la chai'ne. au champ de la vrit. pour le signifiant qui laprcde. - - - -Lorsque Lacan met en regard de la dfinition du signe comme ce qui reprsente quelque chose pour quelqu'un. celle du signifiant comme ce qui reprsente le sujet pour un autre signifiant, il meten avant qU'en ce qui concerne la chathe signifiante. c'est au niveaude ses effets et non de sa cause que la conscience est situer. L'insertion du sujet dans la chane est reprsentation, ncessairementcorrlative d'une exclusion qui est un vanouissement.Si maintenant on essayait de drouler dans le temps le rapport qui engendre et soutient la chaJ.le signifiante, il faudrait tenircompte de ce que la succession temporelle est sous la dpendance dela linarit de la chathe. Le temps de l 'engendrement ne peut tre que

    (1) Dedekind cltjl plU' Cavalll. ("PhllolOphie mathjlmatique". p. 124 - Hennann - 1962),

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    circulaire, et c 'es t pourquoi ces deux propositions sont vraies enmme temps, qui noncent l 'antriorit du sujet sur le signifiant,et celle du signifiant sur le sujet, mais i l n'apparat comme tel qu'partir de l ' introduction du signifiant. La rtroaction, c 'est essen-tiellement cec i : la naissance du temps li'1aire. Il faut garder en-semble les dfinitions qui font du sujet l 'effet du signifiant, et du s i-gnifiant le reprsentant du sujet : rapport circulaire, pourtant nonrciproque.

    A t raverser le discours logique au point de sa plus faiblersistance, celui de sa suture, vous voyez articule la structure dusujet comme "battement en clipses", tel ce mouvement qui ouvre etferme le nombre, dlivre le manque sous la forme du 1 pour l 'abolirdans le successeur.

    Le +, vous avez compris la fonction indite qu'il prend dansla logique du signifiant (signe, non plus de l 'addition, mais de cettesommation du sujet au champ de l 'Autre, qui appelle son annulation).Il reste le dsart iculer pour sparer le trait unaire de l 'mergen-ce, et la barre du re je t : on manifeste par cette division du sujet quiest l 'autre nom de son alination.

    On en dduira que la chane signifiante est structure de lastructure.

    Si la causalit structurale (causalit dans la structure entant que le sujet y est impliqu) n'est pas un vain mot, c 'es t part irde la logique minimale ici dveloppe qu'elle trouvera son statut.

    A plus tard, la construction de son concept.