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Créer l'emploi : la microéconomie

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CREER L'EMPLOI LA MICRO-ECONOMIE

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Jean JÆCERF i

CREER L'EMPLOI

LA MICRO-ECONOMIE

le hameau éditeur

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Pour recevoir notre catalogue général, écrivez-nous : LE HAMEAU EDITEUR - 15, rue Servandoni, 75006 Paris - 329.05.50 Il vous sera adressé sans frais.

© 1982 - Le Hameau ISBN 2-7203-0069-1

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A tous les jeunes du monde qui refusent le chômage, qui veulent se prendre en charge,

créer, développer, animer.

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INTRODUCTION

Pourquoi ce livre ? Où le si tuer ? Après 25 ans de plein emploi et parfois de suremploi,

le chômage est devenu notre souci majeur . Des millions de jeunes de l 'ancien et du nouveau monde ra tent dramat iquement leur entrée dans la vie. L'angoisse, le désespoir sont le lot de millions de familles. Ceux qui scrutent l 'avenir n 'osent annoncer le reflux de ce fléau qu 'après un délai qui s'allonge à mesure que le temps passe. Les remèdes qu'on propose s ' inspirent presque tous des querelles de doctrines et des riva- lités politiques plutôt que d 'une étude sérieuse des réalités, de l 'histoire économique et des expériences réussies.

Tant dans les pays dont les gouvernements s ' inspirent du monétar isme que dans ceux où ils cherchent dans la ligne socialiste, en face du chômage, la pensée économique et l 'action polit ique sont en plein désarroi.

Aucun effort ne devrait être épargné pour chercher un moyen de dépasser la vague de chômage qui nous submerge, de créer les emplois qui nous manquent. Ce n'est pas le cas.

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En ce domaine, la recherche est dramatiquement pauvre. Malgré Alfred Sauvy et Michel Albert, ce ne sont pas les livres sur la manière de créer des emplois qui encombrent les rayons des librairies, ni même ceux des bibliothèques. Para- doxalement, c'est un sujet qui n'a guère intéressé les vedettes de l'économie. Les Libéraux ne voulaient pas que l'Etat s'en mêlât. Les Keynésiens pensent généralement que l'emploi n'est pas un problème en soi mais la résultante d'une politique générale et d'un taux de croissance.

C'était vraisemblable pendant « les années d'or » mais on aurait pu croire que la crise, en démentant cette opinion, susci- terait un intense effort de recherche sur les moyens de maîtriser à la fois l'inflation et le chômage. Il n'en a rien été.

Aurait-on oublié que c'est l'impuissance en face du chô- mage qui a amené Hitler au pouvoir ? Que ce sont ses succès contre le chômage qui lui ont valu le plus sanglant chèque en blanc de l'histoire ?

Malgré toutes les priorités proclamées et répétées à tous échos, les gouvernements de toutes tendances semblent se résigner. Ils distribuent des subventions dans tous les sens en semblant oublier que la subvention crée de l'emploi ici et en détruit ailleurs en désorganisant les marchés. Aucun autre remède ne semble envisagé ni même à l'étude. On cherche à inspirer patience en répétant qu'en ces matières il n'est pas de miracle. Mais cela ne dispense pas de chercher de bonnes méthodes.

Même si un tournant de conjoncture nous rendait demain le plein emploi de naguère, il n'en serait pas moins nécessaire d'apprendre à créer de très nombreux emplois pour trois raisons.

D'abord pour progresser vers la justice sociale. Le luxe de quelques-uns n'est pas, tant s'en faut, le meilleur emploi de nos ressources. Il procède de travaux à faible productivité dont le coût social est très élevé. Sismondi a eu raison de le dire. Mais les activités de luxe resteront d'indispensables créatrices d'emplois et continueront à jouer un rôle décisif dans l'anima-

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tion de l'économie tant qu'on n'aura pas trouvé d'autres méthodes efficaces pour ajuster l'offre de travail à la demande.

L'avenir de la paix dépend, lui aussi, de cette recherche. Le plein emploi tel qu'on l'entend actuellement exige le maintien d'un niveau élevé d'effectifs militaires et de fabrica- tion d'armements. La vente d'armes, présentée aujourd'hui comme l'un des meilleurs moyens de défendre l'emploi, est l'un des thèmes majeurs — fort inquiétant — de la diplomatie économique. Il y a peu de chances qu'on réduise la course aux armements à un niveau raisonnable s'il en résulte du chômage. Le désarmement équilibré ne sera possible que quand on saura transférer efficacement ceux qui construisent des armes ou apprennent à s'en servir vers d'autres travaux.

Enfin, l'immense problème de la faim et du sous-dévelop- pement est insoluble si l'on ne dispose pas de méthodes effi- cientes pour créer des millions d'emplois. Ce doit être une des tâches essentielles des décennies qui viennent et du troi- sième millénaire.

Ce livre voudrait contribuer quelque peu à cette urgente recherche, y apporter des éléments, des idées, des perspectives et inciter ses lecteurs à faire de même. Ce doit être sa première utilité.

Mais concrètement, à qui pourra-t-il servir ? A tous ceux qui veulent aider, là où ils se trouvent, et

surtout sur le plan local et régional, au développement de l'emploi. C'est le cas des responsables politiques, de ceux qui ont reçu des mandats de leurs concitoyens ou qui briguent leurs suffrages. Ce pourrait être, pour les membres de très nom- breuses associations et pour ceux qui se sentent capables de jouer un rôle utile, un centre d'intérêt majeur. Les uns et les autres trouveront ici les grandes lignes d'une méthode qui leur permettra d'élaborer leur propre plan d'action.

Ce livre devrait pouvoir servir à la formation d'animateurs de la vie économique soit bénévoles, soit collaborateurs de ceux qui ont des responsabilités politiques ou administratives

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dans ce domaine. Il devrait être utile à la formation d'étudiants en économie, les orienter vers l'action concrète.

Il pourrait préparer le travail de ceux qui veulent élaborer une politique de l'emploi ou doivent en contrôler l'efficacité (c'est la tâche d'une multitude de commissions de l'emploi dans les diverses assemblées), de ceux qui veulent préparer un plan local de développement de l'emploi.

Ce pourrait être enfin une contribution à la grande recherche des méthodes de développement du Tiers Monde.

Ce livre n'est pas issu d'une étude et d'un approfondisse- ment des doctrines économiques. Sa source, ce sont les obser- vations et les réflexions accumulées pendant 35 années de journalisme économique consacrées aux problèmes français puis européen et international. J'ai suivi de près notamment la création et l'évolution du Plan français, les expériences suc- cessives visant, avec des succès divers, à promouvoir l'expan- sion dans la stabilité monétaire, le développement de la coopération économique internationale, toute l'histoire de la Communauté européenne, les péripéties de l'or et des mon- naies, les difficultés angoissantes des pays en voie de dévelop- pement. J'ai poursuivi des recherches sur l'histoire économique, sur le fonctionnement des économies locales qui offrent une image simplifiée de la nôtre.

Ceux dont la pensée emprunte naturellement les canaux et les catégories classiques de l'économie et de la politique peuvent être quelque peu déroutés par cet ouvrage qui, chaque fois que c'est possible, préfère le langage le plus simple, celui que tout le monde peut comprendre. Il n'est peut-être pas inutile d'en situer rapidement, d'entrée de jeu, les thèses par rapport aux grands courants de la recherche économique et politique, libéralisme, tendances keynésiennes, économies pla- nifiées des pays de l'Est, droite, gauche, et aussi par rapport à une approche très influente que j'appellerai le pseudo- réalisme.

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Les libéraux furent de grands maîtres. D'excellents écono- mistes et les plus prestigieuses vedettes de l'histoire indus- trielle : Angleterre, Etats-Unis, Allemagne, Japon se réclament encore passionnément de leur doctrine. Je pense avec eux qu'une monnaie solide et une large dose de liberté sont des conditions essentielles de tout développement économique durable. Mais je ne crois pas comme eux qu'une remise en ordre monétaire soit la seule chose à faire pour combattre la crise actuelle. Je pense que la concurrence, nécessaire, peut être excessive, que la liberté du commerce, souhaitable, doit avoir ses limites. Surtout, je pense qu'un effort conscient, volontaire, bien organisé pour animer et développer l'économie est indispensable pour créer les emplois qui nous manquent tant à un rythme politiquement acceptable.

A l'action des keynésiens on doit une part importante du développement spectaculaire que nous avons connu pendant les « trente glorieuses » (Jean Fourastié) années d'après-guerre. Ils ont appris aux Etats à se sentir responsables du plein emploi, à se servir des grands instruments que sont la mon- naie, le crédit, les interventions publiques.

Hélas ! ils n'ont pas su définir les limites qui eussent permis d'éviter que l'inflation ne mine tout l'édifice. Ils ont bâti le progrès sur un échafaudage terriblement fragile de dettes insolvables et nous ont engagés dans une impasse. Le marasme venu, ils n'ont pas su trouver les méthodes qui doivent per- mettre de créer sans inflation les emplois nécessaires.

Alors que le courant keynésien s'intéresse surtout à la macro-économie, aux statistiques et aux actions globales, centralisées, aux grandes entreprises et aux réalités qu'on peut manipuler dans un lointain bureau, je mettrai l'accent sur le volet qu'il a négligé et dont les possibilités paraissent essen- tielles dans la conjoncture actuelle : celles qu'offrent une action locale bien organisée et la mise en valeur des initiatives que l'on peut trouver ou susciter sur le terrain.

Le « centralisme démocratique » qui a conduit aux écono- mies planifiées des pays de l'Est a poussé plus loin encore la

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recherche d'une économie volontariste puisqu'il a réservé aux responsables politiques et à ceux du Plan toutes les décisions essentielles, tous les moyens d'agir. Cette méthode permet d'éviter le chômage dans la mesure où chaque travailleur est affecté à une entreprise qui doit l'employer. Mais ce plein emploi apparent cache un intense sous-emploi. La difficulté de créer des emplois utiles et productifs n'est pas moins grande dans ce genre d'économie que dans les nôtres et les inconvé- nients d'une direction trop bureaucratique y sont encore plus apparents. Dans ce cas aussi, il faut trouver des méthodes efficaces pour créer des emplois. Et c'est probablement, là aussi, en développant les moyens d'agir de ceux qui vivent sur place, qui sont capables d'avoir des idées et de les réaliser qu'on pourra les trouver.

L'un des enseignements majeurs de cette crise qui se prolonge, c'est qu'il va falloir ajouter aux manuels d'écono- mie politique un chapitre important : « Les techniques du développement de l'emploi. » Il devra réserver une place de choix à l'action sur le plan local et régional. C'est essen- tiel si l'on veut former des hommes capables d'agir concrè- tement là où ils se trouvent, si l'on veut créer la chance de retrouver le plein emploi.

Ce chapitre, je ne prétends pas l'écrire. Il y faudra plus de débats, plus d'expériences, plus de recherches que je n'en puis offrir, mais j'espère, tel le rapporteur qui prépare un grand débat, contribuer à poser les questions, à dégager des hypothèses, à suggérer des expériences.

Parlons un peu de politique. C'est une chance que la mutation nécessaire de la pensée

économique ne se situe pas sur une ligne de clivage politique, que l'action pour retrouver le plein emploi puisse être de celles qui unissent au lieu de diviser. Lutter pour créer de nouvelles activités, pour régionaliser les moyens d'action et les responsa- bilités, pour mieux utiliser les techniques nouvelles sont des objectifs auxquels chacun adhère tant d'un côté que de l'autre

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de l'échiquier politique. Personne ne peut se permettre en ce domaine de jouer le pire. Tous ont intérêt à utiliser la lutte pour l'emploi afin de serrer de plus près les réalités locales, de rendre des services concrets, de former des hommes capables de résoudre ces problèmes, donc de prendre un rôle actif dans les institutions locales et régionales.

Entre droite et gauche, d'importantes différences de prio- rités sont naturelles. Les uns insisteront davantage sur la liberté des entreprises, les autres sur les responsabilités et les moyens d'action nécessaires des pouvoirs publics. Les uns tiendront le progrès social pour une conséquence du progrès économique, estimeront donc que celui-ci doit précéder celui-là tandis que les autres répliqueront que le progrès social doit progresser au moins aussi vite que celui de l'économie et qu'il peut par- fois le précéder, l'entraîner. Pour les uns, le Plan sera l'outil de direction de l'économie tandis que pour les autres il doit rester un organe discret d'information mutuelle. Mais au-delà de ces différences, se trouvent des problèmes communs, essen- tiels, ceux que nous allons traiter.

Et qui sont ces pseudo-réalistes, fort influents dans toutes les écoles tant économiques que politiques ? Dès qu'une idée nouvelle apparaît à l'horizon, ils haussent les épaules et décla- rent que c'est de l'utopie, que tout cela est connu et écarté depuis longtemps, que cela ne marchera jamais. Ce sont souvent des personnes compétentes mais qui considèrent que toute idée qui n'est pas la leur est une offense à leur prestige...

Cette attitude est ravageuse. Elle ressemble aux gelées tardives. Là où elle est passée, il n'y aura pas de récolte. Ce genre d'esprit critique dessèche tout. Certes, toutes les fleurs ne peuvent donner de bons fruits ni toutes les graines de beaux arbres. La sélection naturelle jouera, mais il ne faut pas qu'elle joue trop tôt. Nous verrons que l'emploi ce sont des idées qui ont mûri, qui sont devenues des projets, des contrats, des circuits économiques. Quand elles sont bien accueillies, les idées se multiplient, s'échangent, se précisent, se structurent, se complètent et les meilleures se réalisent. Mais

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les idées mal accueillies se cachent et disparaissent comme une volée d'oiseaux au premier coup de fusil.

Les experts compétents savent en face d'une idée, soit démontrer de façon irréfutable qu'elle est utopique et irréali- sable, soit faire le nécessaire pour la réaliser après avoir contri- bué à la mettre au point. Il faut souvent beaucoup insister, user d'une autorité politique si l'on ne veut pas qu'ils choisis- sent la première solution, la solution paresseuse et dévasta- trice. C'est tellement tentant d'affirmer, d'un simple hausse- ment d'épaules qu'on est seul compétent et qu'il n' y a rien d'autre à faire que ce qu'on a déjà fait.

Seulement, en face de la marée du chômage qui monte impitoyablement, les meilleurs experts « sèchent ». Ils ne pro- posent rien qui soit à la mesure du drame que vivent un nombre croissant d'entre nous.

Espérons que de véritables hommes d'Etat : politiques, responsables administratifs, universitaires influents, journa- listes auront le courage de sortir des idées reçues, de braver le scepticisme du monde ombrageux des experts et de s'intéres- ser à ces recherches. Non pas du bout des lèvres, un instant, par acquit de conscience mais de façon efficace, avec la volonté politique d'aboutir à un progrès des méthodes de création d'emplois.

La création massive d'emplois en un temps limité est possible. L'histoire économique le prouve. Au lendemain des démobilisations, dans tous les pays, des centaines de millions d'emplois se sont créés ou recréés en un temps record avec un minimum de moyens. Quand les Français d'Afrique du Nord sont rentrés après l'indépendance de l'Algérie, ils ont retrouvé des emplois beaucoup plus vite que prévu et apporté un sang neuf en mainte région. L'Allemagne Fédérale a accueilli en quelques années douze millions de réfugiés de l'Est, soit plus qu'il n'y a actuellement de chômeurs dans la Communauté. Elle en a fait un élément essentiel d'une réussite économique exem- plaire dans la stabilité monétaire. On disait récemment que dans le Portugal ravagé par une crise économico-politique fort

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redoutable, la réadaptation des réfugiés d'Angola se passait beaucoup mieux que le reste. Et si le grand problème des réfugiés du Sud-Est asiatique paraît insoluble, ce n'est pas essentiellement parce qu'ils sont incapables de s'employer et d'échanger, c'est parce qu'ils se heurtent à des barrières et qu'ils sont partout repoussés.

Bien que ce livre emprunte de nombreux exemples à l'éco- nomie française et à celle de la Communauté européenne qui me sont plus proches, il a pour sujet non pas la situation française mais les mécanismes essentiels de la création d'em- plois tels qu'ils ont joué au cours des âges quand, pendant des millénaires, nos ancêtres ont essayé de tirer d'un épuisant labeur, le strict nécessaire, puis quand ils ont appris, lente- ment, progressivement, à se répartir les tâches, à perfection- ner leurs outils, à préparer les complexités de la vie moderne.

Le fonctionnement de l'économie présente, certes, d'un pays à l'autre, des différences notables, parfois des contrastes, mais le problème de l'emploi se pose partout, dans des condi- tions largement comparables et relève des mêmes lois fonda- mentales.

Au-delà des différences de race, de richesse, de structures et d'options politiques, c'est un problème sur lequel il est urgent de réfléchir tous ensemble.

Comment essayer de mobiliser contre le chômage et pour la création d'emplois toutes les énergies endormies, ligotées ou découragées ? C'est la question à laquelle va s'efforcer de répondre cet ouvrage.

La première partie sera une réflexion un peu générale mais nécessaire sur les mécanismes qui créent l'emploi ou le dévelop- pement, sur le fonctionnement des circuits économiques. Elle évoquera certaines recherches et tentatives actuelles.

La seconde partie sera consacrée à l'action sur le terrain, au rôle des animateurs, à ce que doit comporter un plan local ou régional de développement de l'emploi.

La troisième partie montrera ce que peut et doit être une

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politique nationale et internationale de l'emploi si elle veut rendre possible et stimuler la multitude de créations d'emplois qui peut venir des initiatives de la base. Elle évoquera ce que pourrait être, dans le même esprit, une politique de développement du Tiers Monde.

Ce livre n'est qu'une introduction. Puisse-t-il donner à de très nombreux lecteurs, où qu'ils se trouvent, confiance dans leurs possibilités, le goût d'expérimenter, de se lancer, d'agir et la certitude que le problème du chômage et celui du progrès social sont solubles si l'on sait mobiliser toutes les énergies.

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PREMIERE PARTIE

MÉCANISMES ET RECHERCHES

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Savoir ce qui se passe quand se créent ou se détruisent des emplois, ce n'est pas évident.

Beaucoup d'économistes semblent considérer que la seule variable décisive est le niveau global de l'activité économique. A travers des coefficients de corrélation plus ou moins élas- tiques, ce niveau global provoque des créations ou des pertes d'emplois. Les principaux moyens d'agir semblent être pour eux l 'investissement, les aides publiques, des taux d'intérêts pas t rop hauts.

Pour d'autres, il faut combattre l'inflation, restaurer le taux de profit des entreprises puis at tendre que la situation s'assainisse et offre aux entrepreneurs des conditions favo- rables.

La plupar t des politiques actuelles sont inspirées pa r des idées très générales, t rop générales.

Nous allons essayer de déterminer quel est le mécanisme qui crée un emploi, le distinguer de ceux qui ne font que substi tuer un emploi à un autre, puis nous chercherons com- ment fonctionnent les circuits économiques qui sont le cadre des échanges habituels, donc de l'emploi durable. Nous nous interrogerons ensuite sur le rôle que joue le commerce dans la création d'emplois, puis sur la nature du chômage et les moyens de le combattre. Enfin, nous relèverons les signes d'une évolution encourageante des idées en la matière.

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Chapitre I

COMMENT SE CRÉE L'EMPLOI

J'ai envie de jouer au bridge. Deux solutions. Ou bien je tourne autour des tables de jeu et j'essaye de trouver une place libre ou d'occuper celle d'un autre joueur. Ou bien je trouve trois personnes qui ne jouaient pas mais qui acceptent de jouer avec moi, un jeu de cartes, une table : une nouvelle partie commence.

Dans le premier cas, j'ai trouvé un emploi mais je n'en ai pas créé. Dans le second, j'ai créé de l'emploi sans rien enlever à personne. Ce qui est possible au jeu l'est aussi dans la vie.

J'appellerai contrat de substitution celui qui remplace un fournisseur de produits ou de travail par un autre sans que le volume des échanges s'en trouve modifié : vous achèterez désormais votre pain chez un autre boulanger ; vous choisissez un verre au lieu d'une tasse, une place de cinéma plutôt qu'un livre. Au total, ni plus, ni moins de travail. Celui de l'un se substitue à celui de l'autre.

J'appellerai contrats de création ceux qui entraînent un accroissement net du volume de l'emploi.

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La substitution est simple. La création peut être beau- coup plus complexe. Elle exige un nombre suffisant et limité de participants, pourvus de compétences plus ou moins déter- minées, un but commun, des instruments et les installations qui peuvent être coûteux, exiger un investissement. Pour jouer au football, peut-être faudra-t-il aller chercher le terrain assez loin, emprunter le ballon ou se cotiser, peut-être susciter la création d'équipes dans d'autres communes pour trouver des partenaires ; il faudra financer les déplacements. La création d'emplois exige intelligence, volonté, dynamisme, aptitude à s'entendre avec les autres.

Dans la vie économique, les mécanismes de substitution sont très développés. Les faire jouer, c'est le métier du com- merçant qui fait concurrence aux autres. Il cherche des clients. Comment gagneront-ils l'argent nécessaire pour le payer ? Ce n'est pas son affaire.

Créer de l'emploi, c'est un autre métier. Un métier qu'il faut inventer, mais c'est possible.

Les exemples que j'ai donnés, le jeu, le commerce de détail étaient à ras du sol mais le problème fondamental est le même à l'échelle internationale. Voici un exemple de substi- tution qui a eu beaucoup d'importante : celle des blés du Far West à ceux de Prusse.

Le libre échange inauguré par le traité franco-anglais de 1860 avait contribué, avec l'expansion des crédits bancaires, à un puissant essor économique international. La liberté du commerce avait gagné la partie.

Aux Etats-Unis, les « farmers » avaient augmenté très vite leur production et les lignes de chemin de fer se développaient à grande allure. On était allé trop loin. La crise de 1873 brisait l'élan. Les constructeurs de chemins de fer faisaient faillite et leurs voies étaient rachetées à vil prix. Les tarifs de transport s'effondrèrent et les blés des grandes plaines arrivèrent en Europe à meilleur compte que ceux des hobe- reaux de Prusse orientale. Ceux-ci, qui soutenaient Bismarck, le persuadèrent alors de les protéger. Il serait trop long

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d'expliquer pourquoi les autres pays, et surtout la France, furent amenés à suivre ce mouvement. Le protectionnisme poussant aux aventures coloniales, fut l'une des causes de la guerre de 1914.

L'arrivée des blés américains dans un monde où ne régnait pas l'abondance eût pu créer de l'emploi et de la prospérité. On aurait pu boucler le circuit en faisant consommer ce surcroît d'aliments par des pionniers occupés à d'autres tâches, qui l'auraient payé par un surcroît de production. Les hobereaux de Prusse auraient pu remplacer une part de leurs céréales par des productions nouvelles, directement ou non vendues aux Etats-Unis. Des solutions auraient pu être trouvées, mais il eût fallu avoir une vue d'ensemble du phénomène, savoir com- ment le traiter et vouloir le faire.

On pourrait de même étudier comment, ces années der- nières, le plastique s'est substitué au cuir dont il a souvent réduit les ouvriers au chômage ou au moins à trouver un autre emploi. Mais le plastique ouvrant des possibilités nou- velles innombrables a certainement créé bien plus d'emplois qu'il n'en remplaçait : il a permis à la fois des surcroîts de production, et de consommation, puisque des objets nou- veaux ont pu être produits et utilisés. Une conjoncture dyna- mique a facilité la mutation.

Le libéralisme et la concurrence ne résolvent bien, à eux seuls, les problèmes posés par les activités nouvelles que dans les périodes faciles. Autrement, les ajustements sont lents, pénibles, souvent liés à des crises dévastatrices. Ils savent chercher des débouchés, non des contreparties.

A quelles conditions un contrat crée-t-il de l'emploi ? L'exemple des blés nous a mis sur la voie. Cherchons une réponse à la fois plus précise et plus générale.

Chaque fois que deux ou plusieurs partenaires accrois- sent les services qu'ils se rendent ou les produits qu'ils se livrent mutuellement, sans préjudice de ceux qu'ils ont cou- tume de rendre et de demander à autrui, il y a création d'em- ploi. Au contraire, chaque fois que quelqu'un travaille davan-

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Numéro d'impression : 2183 Dépôt légal : novembre 1982