1
67 e congrès de la Société nationale franc ¸ aise de médecine interne – 5, 6 et 7 juin 2013, Marseille / La Revue de médecine interne 34S (2013) A85–A186 A143 Posters électroniques : médecine interne CA127 D’anticorps froids à anticorps chauds P. Smets a , G. Guettrot-Imbert a , N. Limal b , M. Hermet a , A. Bardy a , M. Andre a , M. Michel b , O. Aumaitre a a Service de médecine interne, CHU Gabriel-Montpied, Clermont-Ferrand, France b Service de médecine interne, hôpital Henri-Mondor, Créteil, France Introduction.– L’anémie hémolytique auto-immune (AHAI) est une maladie rare dont l’incidence annuelle est de 3/100 000 habitants. La classification du type d’AHAI (anti- corps chaud ou froid) est une étape essentielle qui guidera la thérapeutique. Patients et méthodes.– Une femme de 69 ans aux antécédents de diabète avec néphropathie sous insuline, d’hypertension artérielle, obèse était adressée pour une anémie à 5,6 g/dl au décours d’une arthroscopie de genou ne répondant pas à des transfusions mul- tiples. Observation.– Les biologies antérieures retrouvaient une anémie à 10 g/dl ancienne non explorée. Le reste de son traitement comportait gliclazide, bisoprolol, clopidogrel, atorvastatine, amlo- dipine et oméprazole. À l’arrivée, l’examen clinique retrouvait une pâleur cutanéomuqueuse, un souffle aortique systolique, l’absence d’insuffisance cardiaque. L’auscultation pulmonaire était normale. Il n’y avait pas de syndrome hémorragique, d’adénopathies ou d’organomégalie. La patiente ne rapportait pas d’acrocyanose, de syndrome de Raynaud ou de signes généraux. L’électrocardiogramme était régulier avec des troubles de repolari- sation en V6 et DI. La biologie retrouvait cette anémie normocytaire, des réticulocytes à 200 G/L, sans atteinte des autres lignées, une poïkilocytose sans schizocytes et des stigmates d’hémolyse avec une haptoglobine effondrée. La ferritine était à 3226 g/L, le coef- ficient de saturation à 90 % en post-transfusionnel. Il existait une immunoglobuline monoclonale IgG lambda en faible quantité, des gammaglobulines normales, un rapport kappa/lambda équi- libré, des vitamines B9 et B12 normales et une CRP négative. Les sérologies mycoplasme pneumoniae, EBV, hépatites B, C et VIH étaient négatives. Les anticorps antinucléaires, les ANCA, la bio- logie antiphospholipides étaient négatifs. Il n’y avait pas de déficit en G6PD ou en pyruvate kinase ni de consommation du complé- ment. Réalisés rétrospectivement sur les prélèvements sanguins antérieurs à l’arthroplastie, le test de Coombs était positif en complément (C3d) et la recherche des agglutinines froides, des anticorps anti I1 et anti-érythrocyte, d’un clone HPN était néga- tive. Le myélogramme et la biopsie ostéomédullaire montraient une hyperplasie érythroblastique sans cellules anormales. Aucune thérapeutique préalablement administré au diagnostic n’était imputable à la survenue de l’hémolyse. Le scanner thoracoab- dominopelvien et le TEP scanner étaient normaux. Devant cette AHAI à complément sans agglutinines froides, une corticothérapie à 0,5 mg/kg, compte tenu du diabète, était associée à la trans- fusion de culots globulaires réchauffés et à de l’érythropoïétine permettant l’obtention d’une hémoglobine à 8 g/dl. La corticothé- rapie était interrompue quelques jours le temps du contrôle d’une septicémie à staphylocoque aureus multisensible à porte d’entrée cutanée et se soldait par une rechute de l’hémolyse (Hb 3,7 g/d). La reprise de la corticothérapie à 2 mg/kg était sans efficacité moti- vant un traitement par rituximab à raison de quatre cures de 375 mg/m 2 . Compte tenu de l’absence d’efficacité, des immuno- globulines intraveineuses étaient administrées à 1 g/kg permettant la normalisation de l’hémoglobine en quatre jours. Le contrôle de l’hémolyse était durable avec à trois mois une hémoglobine à 13 g/dl. Discussion.– L’étape princeps du diagnostic d’une AHAI est d’établir son activité d’anticorps chaud ou froid d’où découlera la prise en charge thérapeutique. Les AHAI à anticorps froid représentent 15 à 20 % des AHAI, avec en majorité la maladie des agglutinines froides (MAF), suivie des AHAI à anticorps froids secondaire à une infection ou un cancer puis de l’hémoglobinurie paroxystique à fri- gore (HPN). Selon l’algorithme diagnostique de Berentsen et al., un titre d’agglutinines froides 32 fait considérer l’AHAI comme une AHAI à anticorps chauds. Le traitement de référence repose sur la corticothérapie. En cas de corticorésistance, le rituximab et la splénectomie sont proposés. Une réponse aux immunoglobulines intraveineuses a été rapportée dans les AHAI à anticorps chauds, la MAF et l’HPN. Conclusion.– Les AHAI à anticorps froids à agglutinines négatives doivent être considérées comme des AHAI à anticorps chauds tant sur le point de vue étiologique que thérapeutique. Pour en savoir plus Berentsen S, et al. Blood Rev 2012;26:107–15. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2013.03.132 CA128 Syndrome d’Evans : étude rétrospective de 12 cas E. Bouslama a , B. Achour a , H. Regaieg a , A. Amira b , Y. Ben Youssef a , N. Amri a , K. Zahra a , M. Zaier a , F. Bahri b , A. Khelif a a Hématologie clinique, hôpital Farhat Hached Sousse, Sousse, Tunisie b Médecine interne, hôpital Farhat Hached Sousse, Sousse, Tunisie Introduction.– Décrit pour la première fois en 1951, le syndrome d’Evans est une affection auto immune rare caractérisée par un développement simultané ou séquentiel d’une AHAI et un PTI. Il s’agit d’une condition qui est le plus souvent idiopathique ou secon- daire à un SLP ou une connectivite. Le but de notre travail est de décrire les principales caractéristiques cliniques, paracliniques, thérapeutiques et les modalités évolutives des syndromes d’Evans. Patients et méthodes.– Étude rétrospective de 12 cas (2000–2012) concernant les patients hospitalisés dans deux centres pour le bilan étiologique d’une AHAI et PTI. Les critères d’inclusions.– AHAI définie par une anémie (Hb à 12 g/dl chez l’homme, 11 g/dl chez la femme) de type hémolytique asso- ciée à une TCD positif et/ou après avoir éliminé toutes autres causes d’hémolyse constitutionnelles ou acquises et une thrombopénie auto immune. Résultats.– Douze patients ont été recrutés dont sept hommes et cinq femmes. L’âge médian au moment du diagnostique était de 55 ans (16–78). L’anémie est normochrome normocytaire régénérative (entre 3,2 g/dl–8,5 g/dl) associée à une thrombopénie (entre 4000–131 000). Les stigmates biologiques d’hémolyse (hyperbili- rubinémie libre et taux de LDH élevé) étaient retrouvés chez tous les patients. Le TCD était positif à IgG C3 chez cinq patients, IgG chez cinq patients et C3 chez deux patients. Le syndrome d’Evans était secondaire à un lupus chez deux patients à une LLC chez trois patients et idiopathique pour les autres patients. Une corticothérapie a été instaurée chez tous les patients (seul ou en association). L’évolution était marquée par une rémission chez cinq patients, une amélioration des chiffres d’Hb chez cinq patients et un décès en rapport avec des complications infectieuses chez deux patients. Conclusion.– Le syndrome d’Evans est une maladie rare dont le pronostic global reste nettement moins bon que les autres cytopénies. Malgré un diagnostique précoce et une corti- cothérapie adaptée, la réponse reste insatisfaisante. Seul le Mabthéra reste le traitement qui permet de garantir une réponse satisfaisante. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2013.03.133

D’anticorps froids à anticorps chauds

  • Upload
    o

  • View
    216

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: D’anticorps froids à anticorps chauds

67e congrès de la Société nationale francaise de médecine interne – 5, 6 et 7 juin 2013, Marseille / La Revue de médecine interne 34S (2013) A85–A186 A143

Posters électroniques : médecine interne

CA127D’anticorps froids à anticorps chaudsP. Smets a, G. Guettrot-Imbert a, N. Limal b, M. Hermet a,A. Bardy a, M. Andre a, M. Michel b, O. Aumaitre a

a Service de médecine interne, CHU Gabriel-Montpied,Clermont-Ferrand, Franceb Service de médecine interne, hôpital Henri-Mondor, Créteil, France

Introduction.– L’anémie hémolytique auto-immune (AHAI)est une maladie rare dont l’incidence annuelle est de 1 à3/100 000 habitants. La classification du type d’AHAI (anti-corps chaud ou froid) est une étape essentielle qui guidera lathérapeutique.Patients et méthodes.– Une femme de 69 ans aux antécédents dediabète avec néphropathie sous insuline, d’hypertension artérielle,obèse était adressée pour une anémie à 5,6 g/dl au décours d’unearthroscopie de genou ne répondant pas à des transfusions mul-tiples.Observation.– Les biologies antérieures retrouvaient une anémieà 10 g/dl ancienne non explorée. Le reste de son traitementcomportait gliclazide, bisoprolol, clopidogrel, atorvastatine, amlo-dipine et oméprazole. À l’arrivée, l’examen clinique retrouvaitune pâleur cutanéomuqueuse, un souffle aortique systolique,l’absence d’insuffisance cardiaque. L’auscultation pulmonaireétait normale. Il n’y avait pas de syndrome hémorragique,d’adénopathies ou d’organomégalie. La patiente ne rapportait pasd’acrocyanose, de syndrome de Raynaud ou de signes généraux.L’électrocardiogramme était régulier avec des troubles de repolari-sation en V6 et DI. La biologie retrouvait cette anémie normocytaire,des réticulocytes à 200 G/L, sans atteinte des autres lignées, unepoïkilocytose sans schizocytes et des stigmates d’hémolyse avecune haptoglobine effondrée. La ferritine était à 3226 �g/L, le coef-ficient de saturation à 90 % en post-transfusionnel. Il existait uneimmunoglobuline monoclonale IgG lambda en faible quantité,des gammaglobulines normales, un rapport kappa/lambda équi-libré, des vitamines B9 et B12 normales et une CRP négative. Lessérologies mycoplasme pneumoniae, EBV, hépatites B, C et VIHétaient négatives. Les anticorps antinucléaires, les ANCA, la bio-logie antiphospholipides étaient négatifs. Il n’y avait pas de déficiten G6PD ou en pyruvate kinase ni de consommation du complé-ment. Réalisés rétrospectivement sur les prélèvements sanguinsantérieurs à l’arthroplastie, le test de Coombs était positif encomplément (C3d) et la recherche des agglutinines froides, desanticorps anti I1 et anti-érythrocyte, d’un clone HPN était néga-tive. Le myélogramme et la biopsie ostéomédullaire montraientune hyperplasie érythroblastique sans cellules anormales. Aucunethérapeutique préalablement administré au diagnostic n’étaitimputable à la survenue de l’hémolyse. Le scanner thoracoab-dominopelvien et le TEP scanner étaient normaux. Devant cetteAHAI à complément sans agglutinines froides, une corticothérapieà 0,5 mg/kg, compte tenu du diabète, était associée à la trans-fusion de culots globulaires réchauffés et à de l’érythropoïétinepermettant l’obtention d’une hémoglobine à 8 g/dl. La corticothé-rapie était interrompue quelques jours le temps du contrôle d’unesepticémie à staphylocoque aureus multisensible à porte d’entréecutanée et se soldait par une rechute de l’hémolyse (Hb 3,7 g/d). Lareprise de la corticothérapie à 2 mg/kg était sans efficacité moti-vant un traitement par rituximab à raison de quatre cures de375 mg/m2. Compte tenu de l’absence d’efficacité, des immuno-globulines intraveineuses étaient administrées à 1 g/kg permettantla normalisation de l’hémoglobine en quatre jours. Le contrôlede l’hémolyse était durable avec à trois mois une hémoglobine à13 g/dl.Discussion.– L’étape princeps du diagnostic d’une AHAI est d’établirson activité d’anticorps chaud ou froid d’où découlera la prise

en charge thérapeutique. Les AHAI à anticorps froid représentent15 à 20 % des AHAI, avec en majorité la maladie des agglutininesfroides (MAF), suivie des AHAI à anticorps froids secondaire à uneinfection ou un cancer puis de l’hémoglobinurie paroxystique à fri-gore (HPN). Selon l’algorithme diagnostique de Berentsen et al., untitre d’agglutinines froides ≤ 32 fait considérer l’AHAI comme uneAHAI à anticorps chauds. Le traitement de référence repose surla corticothérapie. En cas de corticorésistance, le rituximab et lasplénectomie sont proposés. Une réponse aux immunoglobulinesintraveineuses a été rapportée dans les AHAI à anticorps chauds, laMAF et l’HPN.Conclusion.– Les AHAI à anticorps froids à agglutinines négativesdoivent être considérées comme des AHAI à anticorps chauds tantsur le point de vue étiologique que thérapeutique.Pour en savoir plusBerentsen S, et al. Blood Rev 2012;26:107–15.

http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2013.03.132

CA128Syndrome d’Evans : étude rétrospective de 12 casE. Bouslama a, B. Achour a, H. Regaieg a, A. Amira b,Y. Ben Youssef a, N. Amri a, K. Zahra a, M. Zaier a, F. Bahri b,A. Khelif a

a Hématologie clinique, hôpital Farhat Hached Sousse, Sousse, Tunisieb Médecine interne, hôpital Farhat Hached Sousse, Sousse, Tunisie

Introduction.– Décrit pour la première fois en 1951, le syndromed’Evans est une affection auto immune rare caractérisée par undéveloppement simultané ou séquentiel d’une AHAI et un PTI. Ils’agit d’une condition qui est le plus souvent idiopathique ou secon-daire à un SLP ou une connectivite.Le but de notre travail est de décrire les principales caractéristiquescliniques, paracliniques, thérapeutiques et les modalités évolutivesdes syndromes d’Evans.Patients et méthodes.– Étude rétrospective de 12 cas (2000–2012)concernant les patients hospitalisés dans deux centres pour le bilanétiologique d’une AHAI et PTI.Les critères d’inclusions.– AHAI définie par une anémie (Hb à 12 g/dlchez l’homme, 11 g/dl chez la femme) de type hémolytique asso-ciée à une TCD positif et/ou après avoir éliminé toutes autres causesd’hémolyse constitutionnelles ou acquises et une thrombopénieauto immune.Résultats.– Douze patients ont été recrutés dont sept hommes etcinq femmes.L’âge médian au moment du diagnostique était de 55 ans (16–78).L’anémie est normochrome normocytaire régénérative(entre 3,2 g/dl–8,5 g/dl) associée à une thrombopénie (entre4000–131 000). Les stigmates biologiques d’hémolyse (hyperbili-rubinémie libre et taux de LDH élevé) étaient retrouvés chez tousles patients.Le TCD était positif à IgG C3 chez cinq patients, IgG chez cinqpatients et C3 chez deux patients.Le syndrome d’Evans était secondaire à un lupus chez deux patientsà une LLC chez trois patients et idiopathique pour les autrespatients.Une corticothérapie a été instaurée chez tous les patients (seul ouen association).L’évolution était marquée par une rémission chez cinq patients,une amélioration des chiffres d’Hb chez cinq patients et un décèsen rapport avec des complications infectieuses chez deux patients.Conclusion.– Le syndrome d’Evans est une maladie rare dontle pronostic global reste nettement moins bon que les autrescytopénies. Malgré un diagnostique précoce et une corti-cothérapie adaptée, la réponse reste insatisfaisante. Seul leMabthéra reste le traitement qui permet de garantir une réponsesatisfaisante.

http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2013.03.133