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Arthur SALACH – TS4 – Lycée Edouard HERRIOT / Sainte Savine Production personelle – Option Histoire et Géographie – 2012 / 2013 SALACH Arthur TS4 De la propagande au « soft power » Géopolitique américaine et médias au XXème siècle.

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Arthur SALACH – TS4 – Lycée Edouard HERRIOT / Sainte Savine

Production personelle – Option Histoire et Géographie – 2012 / 2013

SALACH Arthur TS4

De la propagande au « soft power »

Géopolitique américaine et médias

au XXème siècle.

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Production Personnelle option HG/TS

De la propagande au « soft power », géopolitique américaine et médias au

XXème siècle.

Nourri de culture populaire américaine depuis mon plus jeune âge à travers la bande dessinée, les dessins animés et le cinéma, j'ai très tôt été frappé de la façon dont les américains se représentaient eux-mêmes: super-héros, redresseurs de torts, sauveurs de l'humanité et défenseurs des opprimés... A y regarder de plus près cette persistance revêt tous les habits de la plus pure propagande mais d'une façon plus subtile que partout ailleurs puisque cette image a réussi à s'imposer au monde entier même si elle a rencontré, et rencontre encore, des résistances.

Pourquoi et comment le XXème siècle a vu, de façon unique aux Etats-Unis, le glissement de la propagande vers une culture de masse et enfin vers une globalisation du soft power grâce à l'utilisation originale des médias populaires.

A travers quelques études de cas ou les supports médiatiques varient selon une chronologie géopolitique, j'ai essayé de déterminer pourquoi et comment les Etats-Unis ont réussi à imposer une véritable culture là ou tous les autres ont échoué à imposer une propagande.

I/ Les fondements de la géopolitique américaine à travers la propagande durant la

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1ère GM : l'exemple d'une marche militaire, les « Pershing Crusaders »

Cette affiche américaine date de 1918. Elle fut produite et publiée par l'Armée des E.-U. Et la NAVY. Au premier plan, on voit une image de général Pershing à cheval, à la tête de ses troupes. Deux soldats derrière lui tenant des drapeaux: le drapeau américain et un drapeau pourpre avec un emblème d'or faisant penser aux antiques empereurs romains. Planant dans le fond, il y a une image floue de croisés médiévaux sur des chevaux blancs, portant des boucliers en forme de cœur et des images de croix . Cette affiche, de par les croisés et le drapeau or et pourpre, rappelle au peuple américain les racines de leur territoire: « L'Angleterre, ancien berceau de notre patrie est attaquée, l'Europe est en proie à la guerre et au conflit, nous nous devons d'intervenir et de les aider. Nous le devons pour notre culture et notre sang. » Ceci est le message transmis par cette propagande. De plus, cette affiche est révélatrice du modèle de pensée géopolitique américain durant cette période : le président durant la 1ère Guerre Mondiale est Woodrow Wilson. Celui-ci avait une vision idéaliste des relations internationales, il croyait en la coopération des états et au multilatéralisme. Les idéalistes tiennent un discours fondé sur la morale, revendiquant un changement du monde à leur image, afin de le faire progresser. On le voit sur cette affiche à travers les soldats américains, tous en ligne et disciplinés. L'Amérique est perçue et se revendique

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comme le meilleur modèle démocratique du monde, la démocratie libérale, le pays défenseur des libertés et des droits. On peut ensuite rajouter que l'image des croisés dans le fond donne une ampleur divine à leur mission: les Etats-Unis ont la mission confiée par Dieu de démocratiser le monde. Cette ajout en arrière plan fait penser à une autre oeuvre:

où encore une fois flotte comme une déesse, l'allégorie de la démocratie américaine apportant un idéal pur et parfait dans ses bras. Ainsi dans ces deux œuvres se trouvent donc le concept de « Destinée Manifeste » qui correspond à une idéologie selon laquelle la nation américaine avait pour mission divine de répandre la démocratie et la civilisation vers l'Ouest. Il faut se souvenir que la fondation des Etats-Unis remonte à un groupe de « pères pèlerins » protestants qui quittèrent la « vieille Europe » pour mettre en place un mode de gouvernement sur les territoires du nouveau monde, considéré comme « la Terre promise » (vers 1620). Dès le départ, le souci de créer un état nouveau poussa les fondateurs des États-Unis à limiter les contacts avec les états européens considérés comme décadents. Wilson, faisant sien le concept de « Destinée Manifeste » pour affirmer la mission quasi divine des États-Unis de démocratiser le monde, il affirmait notamment :« Je crois que Dieu a présidé à la naissance de cette nation et que nous sommes choisis pour montrer la voie aux nations du monde dans leur marche sur les sentiers de la liberté ». Les fameux « 14 points » de Wilson, qui servirent de base à la paix de 1918 et à la création de la Société des Nations, ancêtre des Nations-Unies, constituent une synthèse parfaite de la pensée du président américain. Pourtant, celui-ci fut désavoué par le Sénat en 1920, qui refusa de signer le Traité de Versailles que Wilson avait pourtant négocié : les tendances isolationnistes avaient repris le pouvoir ; elles restèrent prépondérantes durant les années 1920-1930.

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II/ Le cinéma américain: image de l'isolationnisme de l'entre deux guerres et prise en main de la propagande par les entreprises privées de production.

En pleine période d'isolationnisme, le cinéma américain se renferme sur lui-même: il met en scène son histoire, sa culture à travers des films de divers genres, épiques (Ben-hur), comédies (Le Kid de Chaplin)... Mais un autre genre de film connaît à ce moment son apogée: c'est le succès des premiers grands Westerns qui édifie le mythique originel de l'Amérique et de ses pionniers.

Le western B connait durant les années 1930 et 1940 une popularité qu'il est difficile de s'imaginer aujourd'hui, d'autant plus qu'il fut peu distribué en dehors des États-Unis. Le succès du western dans la série B peut s'expliquer par ses coûts extrêmement faibles : certains films sont tournés en quelques jours avec un budget aussi bas que 10 000$. Ils durent généralement entre cinquante et soixante minutes. Rien que sur les années 1930, environ un millier de ces productions voient le jour. Les films sont stéréotypés et ne cherchent en aucun cas l'originalité. Les cowboys sont des héros parfaits dotés d'une morale inébranlable. Les méchants sont facilement identifiables à l'aide de signes distinctifs comme la moustache et le chapeau noir. La limite entre les deux camps est donc clairement tracée et souvent infranchissable. Cette formule est majoritairement destinée à un public fidèle dont les enfants font notamment partie. La Grande Dépression de 1929 a paradoxalement propulsé les grands studios dans l'âge d'or d'Hollywood. La période classique du western est souvent identifiée comme s'étalant des années 1930 aux années 1950. L'élément caractéristique du western classique est le manichéisme (une action sans nuances, voire simpliste, où le bien et le mal sont clairement définis et séparés.) exacerbé avec lequel est dépeint l'Ouest, et par là le schéma plus général « des bons et des méchants » qu'il véhicule. Les personnages sont stéréotypés, du héros sans travers au bandit sans foi ni loi. Les Indiens sont considérés comme des ennemis de la civilisation et font pendant longtemps partie du camp des mauvais . L'armée américaine est quant à elle valeureuse et bienfaisante. Les femmes sont toujours des êtres distingués et protégés. Ce manichéisme apparent rejoint l'idée que le spectateur doit se faire de l'amérique: un pays de liberté et de droit, où la justice est respéctée,où le bien triomphe du mal, un modèle en somme. Cinq grands studios se partagent la quasi-totalité du marché de la production de films : la Fox ; Loew’s Incorporated (qui deviendra la M.G.M ou Metro-Goldwyn-Mayer ) ; Paramount Pictures ; RKO (Radio-KeithOrpheum) ; et Warner Brothers (toutes ces entreprises étant encore archi-connues et productives). Ci-dessous dans l'ordre précédent:

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C’est l’époque du « studio system » : ces compagnies sont verticalement intégrées de la production jusqu’à la distribution et la diffusion. L’industrie du film est l’une des plus importantes branches de l’économie américaine. Les producteurs hollywoodiens et le gouvernement ont bien compris que les films ont un rôle fondamental à jouer aux Etats-Unis et dans le monde pendant la Deuxième Guerre mondiale.

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III/ De Glenn Miller au Golden Gate Quartet , un message qui s'insinue dans le quotidien par la musique

Golden Gate Version Robert Wyatt Version

« Stalin wasn't stallin' » (Staline était en mauvais posture) était une chanson patriotique américaine écrite en 1943 par Willie Johnson et enregistrée à l'origine par le gospel a cappella du groupe Golden Gate Jubilee Quartet (dont Johnson était membre en 1943). Robert Wyatt a enregistré une reprise de la chanson en 1980."Staline wasn't Stallin'" a été écrit pendant la Seconde Guerre mondiale, et salue les efforts de Joseph Staline dans sa position contre l'invasion de l'Union soviétique d'Adolf Hitler. Le président américain Franklin D. Roosevelt avait déclaré dans un discours que: « Le monde n'a jamais vu plus de dévouement, de détermination et de sacrifice de soi, qui ceux affichés par le peuple russe et leurs armées, sous la direction de Joseph Staline Marshall. »Les Etats-Unis et l'Union soviétique étaient des alliés pendant la guerre et de nombreuses batailles décisives se sont produites entre les Soviétiques et l'Allemagne, ces mêmes batailles qui ont changées la direction de la guerre.Le message transmis par cette chanson est donc tout à fait clair, d'abord par son titre puis par ses paroles.

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La musique de l'orchestre de Glenn Miller, à la frontière entre le jazz et la musique de danse, appartient à la mémoire collective en évoquant immédiatement la Seconde Guerre mondiale, la libération, et plus largement les années 1940 . Le « son Glenn Miller » est immédiatement reconnaissable : la ligne mélodique principale est, la plupart du temps, jouée par la section de saxophones, avec un vibrato prononcé, dans laquelle la clarinette joue la première voix ; cette configuration aurait été utilisée accidentellement à la suite d'une blessure à la lèvre du trompettiste qui devait jouer la première voix de Moonlight Serenade, cette partition de trompette fut jouée à la clarinette par le saxophoniste baryton. Promu au grade de capitaine en 1942, il dirige alors le « Glenn Miller Army Air Force Band », un orchestre militaire de jazz et de danse qui donne des concerts (plus de 800) « pour le moral des troupes », participe à des centaines d'émissions radiophoniques et enregistre de nombreux disques . Exemple d'une de ses plus célèbres compositions:

StardustParoles: Traduction:

And now the purple dusk of twilight time Et maintenant, le crépuscule violet du temps de la nuitSteals across the meadows of my heart Il vole à travers les prairies de mon cœurHigh up in the sky the little stars climb Très haut dans le ciel les petites étoiles grimpentAlways reminding me that we're apart Toujours me rappelant que nous sommes séparésYou wander down the lane and far away Vous promenant dans la ruelle et loin d'iciLeaving me a song that will not die Me laissant une chanson qui ne mourra pasLove is now the stardust of yesterday L'amour est maintenant l'étoile filante d'hierThe music of the years gone by. La musique des années passées.

Sometimes I wonder, how I spend Parfois, je me demande comment je passeThe lonely nights Les nuits solitairesDreaming of a song Rêvant d'une chansonThe melody La mélodieHaunts my reverie Hante ma rêverieAnd I am once again with you Et je suis de nouveau avec vousWhen our love was new Quand notre amour était jeuneAnd each kiss an inspiration Et chaque baiser une inspirationBut that was long ago Mais c'était il y a longtempsAnd now my consolation is in the stardust of a song Et maintenant, ma consolation est dans …

l'étoile filante d' une chanson

...Avec cette chanson, la propagande dérive vers un message plus « subliminal » , plus implicite. Le message n'est pas clair et l'aspect divertissement (musique, amour...) masque l'aspect ostentatoire du message sans le dissiper pour autant. On voit bien dans cette chanson que les paroles cherchent à évoquer la mélancolie et la douleur. Placé dans le contexte de la guerre, cela devient un message de solidarité, une image romancée de la séparation entre soldats sur le front et familles, femmes et enfants, restés aux pays. Beaucoup des chansons de Glenn Miller qui sont pour la plupart des reprises (comme le célèbre « In The Mood » chanté par les Pointer Sisters habillées en militaires) jouent sur cet aspect et l'amplifie. On passe donc progressivement de la propagande à une culture globale qui intègre la propagande ou plus simplement les valeurs fondamentales de la géopolitique américaine dans leur contexte et qui se distribue largement dans le monde grâce à la libération des territoires. On entre alors dans une mondialisation « douce » de la propagande géopolitique américaine... la naissance du « soft power » accompagné de ses cigarettes « Camel » et de ses chewing gum.

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IV/ Cartoons et BD, la construction du mythe du héros et son utilisation dans les conflits géopolitiques

a – Walt Disney, Donald, l'américain moyen héros de la seconde guerre mondiale

Entre 1942 et 1945, pendant la Seconde Guerre mondiale, Walt Disney a participé à la propagande du gouvernement américain, en profitant de l’aspect familier des productions de Walt Disney afin de soutenir l’effort de guerre. Disney a ainsi réalisé des films pour chaque branche de l’armée américaine et du gouvernement. Le gouvernement considérait Walt Disney, plus que tout autre studio, comme un bâtisseur de la morale publique, capable de dispenser un enseignement et une formation pour les marins et les soldats. Plus de 90% des employés de Disney ont travaillé à la production de films de formation et de films de propagande pour le gouvernement. Pendant toute la durée de la guerre, Disney a produit plus de 68 heures de films.

C'est Donald qui a été préféré par Disney à partir de 1943, car jugé plus proche du public masculin. D'autres personnages apparus dans les années 1930 ont été utilisés (comme Superman) pendant le conflit. La Seconde Guerre mondiale Consciente de la nécessité de mobiliser l'opinion du pays, l'armée américaine met en place, dès 1942, une unité de l'US Air Force composée uniquement de professionnels du cinéma, issus en grande partie de la Warner (studio de production) : la First Motion Picture Unit. Ronald Reagan en fit partie, mais aussi Clark Gable ou Frank Capra. Dans le plus célèbre de ces films : « Commando Duck » Donald détruit à lui tout seul une base japonaise. Sans s'en rendre compte une propagande est sous jacente dans ce dessin animé : - Les américains sont lourdement équipés:

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- Les américains possèdent une technologie avancée:

-Les Japonais sont des fourbes qui se cachent et attaquent lâchement :

-Les Américains ont de la chance,protégés par la providence et ne sont pas touchés par les balles:

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-Les Américains sont courageux face à la mort:

Tous ces éléments, au premier abord, ne sont pas visibles mais pourtant ils sont explicites replacés dans leur contexte, de même qu'ils ont un rôle éducatif pour les autres peuples destinataires de ce genre de productions visibles dans les cinémas . Beaucoup d'autres aventures avec Donald sont sorties, décriant Hitler, le Japon … A chaque fois y est faite l'apologie des Etats-Unis et sont dénigrés leurs adversaires. Cette propagande de masse (les dessins animés sont pour les jeunes mais aussi pour les adultes) se retrouve aussi dans les « comics ».

B – Les « comics » transforment l'américain moyen en super-héros par l'effet de la providence.

Les « comics » sont une forme de bande dessinées américaines spécifique dans la mesure où elles ne reprend pas les techniques de l'école européenne en particulier bruxelloise. Ils sont beaucoup plus diffusés dans des publications de masse à destination du jeune public. Avec la libération ils inonderont progressivement les marchés européens et est-asiastiques pour devenir dominats avec les années 60-70.

Durant la seconde guerre mondiale les éditeurs de comics américains, ont arrosé leurs compatriotes d’histoires de leurs super-héros favoris, sur fond (voir même en premier plan…) de propagande ! Les deux maisons d’édition principales de comics en la présence de Marvel et Dc Comics ont ainsi publié de nombreuses BD sous la plume de dessinateurs devenus prestigieux comme Stan Lee, Jack Kirby, John Buscema...

Les tous premiers super héros naissent à cette occasion, comme si le seul courage américain ne suffisait plus : Superman, Batman, Green Hornet, BulletMan, Captain Marvel, Catman, Black terror, Dardevil … MAIS le plus populaire de tous est sans nul le doute le super-héros le plus utilisé par la propagande : Captain America!

Ce super-héros a d'ailleurs été créé afin de faire rêver les petits américains mais aussi les soldats sur le terrain. Son passe-temps favori dans le comics est de déjouer les plans des nazis et de les mettre hors-service. Créé en 1940 par les auteurs Jack Kirby et Joe Simon, Captain America fut LA figure de la propagande américaine durant ce conflit. Mais c'est surtout une image du surpassement de soi qui est à l'oeuvre. Les Etats Unis montrent au monde qu'ils sont capables de dépasser leur condition dès que leur valeurs fondamentales sont en jeu, qu'eux seuls savent le

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faire, qu'eux seuls dès lors peuvent sauver le monde... On retrouve alors clairement la « destinée manifeste », le messianisme, et la justification d'un interventionnisme que certains commencent à traiter d'impérialisme. L'image de ces super-héros tant admirés bientôt par la jeunesse du monde entier dans un appétit de rêves porté par la science-fiction, reprend les codes du western en les universalisant, donc en les aseptisant sans les vider de leur substance pour les rendre acceptables par tous les peuples. La propagande n'est plus de mise en tant que telle. C'est la collusion du capitalisme par les sociétés de production, d' auteurs issus de la plus pure culture américaine ou immigrés reconnaissants (Cf:John Siegel, créateur de Superman), et d'une diffusion inespérée par le vecteur des troupes de libération qui nous fait désormais parler de « soft-power ». Le message n'est plus d'origine étatique mais il est consubstantiel de la production artistique américaine. C'est la synthèse de l'idéalisme wilsonien et du réalisme de Théodore Roosevelt: des super héros qui font peur mais qui prouvent leur bonne foi, qui sont fragiles et abordables parfois torturés par leur propres missions , guidés par des valeurs supérieures (liberté, démocratie, bonheur pour tous...) et des pouvoirs quasi-divins .

Les principaux:

SUPERMAN

BATMAN

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CAPTAIN AMERICA

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c – les cartoons dans la guerre froide, un rappel « quotidien » de la justesse des valeurs américaines dans un monde qui doute à l'ère nucléaire

Pendant la Guerre Froide, cette culture de propagande atteint sa « vitesse de croisière » et se mondialise. La nature de ce conflit implique que cette propagande n'était pas aussi explicite que durant la 2nde GM. En effet les Etats Unis ne peuvent plus directement traiter l'URSS et ses alliés d'ennemis et de « vilains ». Le message est alors déplacé dans des mondes fantaisistes. Le cartoon devient alors le support idéal, d'autant qu'il devient très largement diffusé par un nouveau média aux mains des mêmes maisons de production, la télévision! On peut prendre exemple sur ce dessin animé de Tex Avery, « Little Johnny Jet » sortie en 1953 à la fin de la crise de la guerre de Corée. Frederick Bean Avery, dit Tex Avery, né le 26 février 1908 à Taylor (Texas) et mort le 26 août 1980 à Burbank (Californie), est un réalisateur de films d'animations. Il est à l’origine du style farfelu des cartoons hollywoodiens des années 1940. Tex Avery a travaillé pour les studios Universal, Warner Bros.et Metro-Goldwyn-Mayer (MGM), et est connu pour ses créations d'univers aux situations délirantes.

Dans ce dessin animé , héros de la guerre du Pacifique, titulaire de la Purple Heart, John est un bombardier B 29 au chômage. Il ne parvient plus à trouver du travail car depuis, l'aviation a évolué et utilise prioritairement à présent des avions à réaction.

John attend un bébé et toute aile déployée, l'avion Junior n'est autre qu'un jet. Un concours se prépare, et le papa ne pourra pas faire le poids mais Junior Jet va l'aider..

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Ce dessin animé représente les générations d'après guerre ( Junior ) qui reprennent le flambeau des Anciens (John) dans l'objectif de faire triompher le système américain et ses valeurs dont le capitalisme fait partie. De plus le passage de d'avions à hélices à avions à réaction montre que les Etats-Unis sont dans une spirale d'innovations et de changements positifs. Bien que divertissant et adressé à un public d'après guerre friand de comédie légère, la remise en contexte montre clairement des messages à peine subliminaux qui parsèment ce cartoon :

On aperçoit une étrange ressemblance entre la trainée de l'avion et le tracé des limites du territoire coréen. En effet, en 1953 les EU viennent de sortir victorieux du conflit en Corée qui est le premier point d'orgue de la guerre froide et qui ouvre la première phase de détente.

Dans ce cartoon, Tex Avery, lui même pur produit texan, conservateur et militariste, décline les valeurs familiales qui sont le ciment de la société américaine et source de sa puissance et de sa technologie supérieure justifiant la course aux armements du même coup. On y voit même un « brave » Mac Arthur obligé à la retraite mais « conscience » du peuple américain nouveau, tourné vers un avenir radieux grâce à l'expérience ou le courage des anciens. Le message est quasiment subliminal cette fois, il ne fait que s'imprégner par les multiples diffusions, une imprégnation douce, facile, sans effort intellectuel. Cette méthode est alors devenue de fait consubstantielle de toute oeuvre artistique américaine jusqu'à la fin des années 60 et les premières résistances formelles.

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V/ Les résistances à travers le cas du Pop Art et de l'hymne américain par Jimmy Hendrix à Woodstock en 1969: un message opposé, des supports identiques.

A - Le Pop-Art et sa figure emblèmatique, Andy Warholl est au coeur de notre problèmatique puisqu'il utilise la consommation de masse comme support culturel pour prouver que le message porté par cette culture vampirisée par les valeurs consevatrices peut être détournée pour être critiquée.

Le pop art émerge au milieu des années 1950 en Grande-Bretagne et, en parallèle, vers la fin des années 1950 aux États-Unis. Il conteste les traditions en affirmant que l'utilisation d'éléments visuels de la culture populaire produits en série est accolée à la perspective des beaux-arts lorsqu'il enlève le matériel de son contexte et isole l'objet, ou le combine avec d'autres objets, pour la contemplation. Le concept du pop art se présente plus dans l'attitude donnée à l'œuvre que par l'œuvre elle-même. L'objectif du pop art est de représenter l'art comme un produit de consommation C'est le principe, que les artistes américains vont mettre en évidence, de l'influence que peuvent avoir la publicité, les magazines, les bandes dessinées et la télévision sur nos décisions de consommateurs. Par la suite, le mouvement va s'étendre et toucher d'autres domaines tels la mode, l'architecture, le dessin, etc. L'accueil est très bon dès les débuts du mouvement, car le pop art est a priori simple et accessible. Les procédés utilisés par les artistes sont souvent de nouveaux produits qui sortent tout juste de cette société de consommation : acrylique, sérigraphie, etc. Au-delà de la peinture, le pop art utilise des techniques picturales qui n'étaient auparavant pas considérées comme proprement artistiques mais plutôt

Andy Warhol‘s 1962

32 C a m p b e ll’s S o u p C a n s

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industrielles. Les couleurs sont souvent vives et décalées par rapport à la réalité. Considéré comme un avant-gardiste et l'un des pères du pop art, Andy Warhol s'approprie des objets de la vie courante (une bouteille en verre ou une canette de soupe) pour en faire des œuvres.

Celui-ci voulait à travers ses œuvres, désacraliser la nature de l'objet son essence et par conséquent montrer les défauts de la société de consommation qui nous fait acheter un objet non pas parce qu'il nous est utile mais soit parce qu'il est beau soit parce qu'on nous a fait penser à travers la publicité, les médias … que celui-ci nous était indispensable. Son travail allait donc à l'encontre de la société capitaliste américaine.

B – le rock n'roll comme arme anti-propagandiste à la fin des années 60

Avec Star Spangled Banner, Hendrix cristallise au travers de sa musique, toute l’ambiguïté de l’intervention militaire des États-Unis au Vietnam. The Star Spangled Banner , (La Bannière étoilée) est un poème écrit en 1814 par Francis Scott Key et qui constitue à présent l’hymne national des États-Unis d’Amérique. Ce texte rend hommage à la résistance héroïque de ceux qui défendirent le fort et qui furent en mesure de faire flotter le drapeau américain au sommet en dépit de l’acharnement de l’ennemi à y planter le sien. Sans le film du festival, qui regroupe toute la contestation de la jeunesse américaine contre la poursuite de l'intervention au Viet Nam, la performance de Jimmy Hendrix ne serait certainement pas devenue légendaire : il n'entre en scène que le matin du lundi 18 août 1969, ce qui explique un public clairsemé lorsqu'il se produit. Lors de sa prestation Jimmy Hendrix entame un hymne américain décousu et torturé. A certaines reprises il imite en slidant de l'aigu vers le grave, le bruit d'une bombe tombant. Pareillement avec des trémolos rapides, il imite le bruit d'une mitrailleuse. Par ce geste, Jimmy met en place un paradoxe: l'hymne américain représentant ses valeurs (liberté, honneur, courage) et la guerre au Vietnam, véritable bourbier militaire où l'on envoie de jeunes américains par milliers pour une cause perdue. Jimmy fait partie de cette jeune génération protestant contre les agissements de l'état, la guerre et la discrimination raciale.

Ainsi en utilisant les mêmes procédés , ces artistes ont protesté à leur manière contre la géopolitique de leur pays. Ce qui est remarquable est qu'il utilise ce qui est le plus sacré, le drapeau américain et l'hymne lui étant associé, pour montrer que le support médiatique n'est rien, que seule l'interprétation compte et que la critique est nécessaire. Il vante en quelque sorte un

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réveil des consciences endormies par une culture de masse complétement anesthésiée par la propagande larvée pour la géopolitique américaine en cours. Et pourtant ce message n'a pu être reçu et diffusé que parce que le système médiatique était efficace. L'utilisation du support décrié pour en critiquer l'existence et la justification n'est elle pas en elle même un non sens? Sommes nous si loin du Golden Gate Quartet?

CONCLUSION:

Dans cette étude nous avons voulu montrer à travers quelques exemples que la géopolitique américaine et la propagande qu'elle a engendrée par nécessité ne sont pas à envisager avec manichéisme comme trop souvent aujourd'hui, y compris dans les milieux les plus intellectuels.Pro américains décérébrés, consommateurs de « Mac Do » et de « block-busters » cinématographiques contre antiaméricains avisés , pourfendeurs culpabilisants d'une « sous-culture » face au recul d'européens circonspects... Bien sur cette vision est elle même caricaturale dans le sens où elle est à la fois fausse et vraie.

Effectivement nous avons vu que progressivement au cours du siècle , la culture et les médias américains se sont nourris de la géopolitique américaine pour en faire la propagande. Mais nous avons compris qu'il ne s'agit pas d'une entreprise forcément « impérialiste » mais que cette géopolitique est profondément consubstantielle des valeurs de chaque individu américain. Pour lui il n'y a nul scandale à affirmer qu'il a raison et à utiliser les moyens qu'il a développé à grande échelle (cinéma, télévision, comics, musique jazz, rock et pop, cartoons...) pour diffuser ce sentiment qu'il estime généreux. N'avons nous pas les mêmes tentations en exportant notre francophonie en Afrique?

Cependant il est évident que l'Etat et les lobbies américains ont très vite compris l'intérêt de cette diffusion mondiale. De là l'invention du concept de « Soft Power ». En voilà une définition proposée par Wikipédia: « proposé par Joseph Nye en 1990 dans Bound to Lead, un ouvrage écrit en

réaction aux thèses qui évoquaient le déclin de la puissance des Etats Unis. Il y soutient que désormais les États-Unis disposent d'un avantage comparatif nouveau et amené à jouer un rôle croissant à l'avenir : la capacité de séduire et de persuader les autres États sans avoir à user de leur force ou de la menace . Il s'agit d'une nouvelle forme de pouvoir dans la vie politique internationale contemporaine, qui ne fonctionne pas sur le mode de la coercition (la carotte et le bâton), mais sur celui de la persuasion, c'est-à-dire la capacité de faire en sorte que l'autre veuille la même chose que soi. Selon Joseph Nye, le soft power ou la puissance de persuasion reposent sur des ressources intangibles telles que : l'image ou la réputation positive d'un État, son prestige (souvent ses performances économiques ou militaires), ses capacités de communication, le degré d'ouverture de sa société, l'exemplarité de son comportement (de ses politiques intérieures mais aussi de la substance et du style de sa politique étrangère), l'attractivité de sa culture, de ses idées (religieuses, politiques, économiques, philosophiques...), son rayonnement scientifique et technologique...»

Nous avons montré que ce concept est à l'oeuvre depuis les années 30, et qu'il est créateur du notre monde contemporain. Il n'est pas uniquement américain mais seuls les américains disposent des capacités de diffusion et de l'histoire nécessaire à sa réussite, pour l'instant. Il est partout, le cow-boy Marlboro présent sur les cigarettes les plus fumées dans le monde depuis les années 80 et présent jusqu'au début des années 2000 sur tous les paquets en est un bon exemple. Aujourd'hui, avec le « gentil » Ronald McDonald et le « puissant et inamovible » Géant Vert, le Marlboro Man est l'une des trois icônes publicitaires les plus connues dans le monde . Nouvelle trinité qui montre que culture, consommation et propagande en partie géopolitique sont au coeur des chemins de la puissance américaine depuis 1918.