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Le Délit d’initié Actualité. Revivez l’actualité du dernier mois à travers nos news. Page 2. ZOOM. Quand Apple rivalise avec l’industrie pétrolière. Page 3. Dossier : les excès de liquidités. Retour sur la guerre des monnaies qui fait rage; les efforts (vains ?) de la FED pour relancer l’économie américaine. Pages 4 et 5. Economie. La contrefaçon, un gigantesque marché. La nouvelle peau du poker en ligne. Pages 6 et 7. Finance & politique Le financement des partis politiques. Pages 8. Entreprise. Free ou le challenger anti-conformiste. Page 9. High-tech. BNP Paribas imagine l’agence des étudiants. Page 9. Saga : les escrocs de la finance Ce mois-ci, découvrez Thérès Humbert, une escroc pas comme les autres. Page 11. L’économie va mieux. C’est du moins ce que laisse croire l’évolution du PIB en 2010 : +1,3% sur les trois premiers trimestres; l’INSEE table même sur une croissance annuel de 1,6%. Dans le même temps, le ministère de la relance économique cher à M. Devedjian a tout simplement disparu suite au remaniement cacophonique de ce mois de novembre. A croire donc, que la crise appartient au passé. Pourtant, la tragédie grecque se déplace. De Grèce, elle est passée en Irlande. Bientôt le Portugal ? Une chose est sûre, l’UE ne pourra pas soutenir chaque Etat membre comme elle l’a fait avec la Grèce. La rigueur est donc de mise... En Europe du moins, car aux Etats- Unis, la FED se livre aux joies du Quantitative Easing. 600 milliards $ pour relancer l’économie américaine, 600 milliards $ pour dérégler la monnaie de l’oncle Sam. Paradoxal, surtout lorsqu’on exige que la Chine réévalue son yuan. La currency war ne fait que commencer. Si l’économie se porte mieux, elle reste donc instable. Une instabilité qui se reflète d’ailleurs parfaitement dans le CAC 40 qui peine à dépasser la barre des 4000 points. L’année sera longue pour notre cher club d’investissement. Bonne lecture, La Rédaction EDITO SOMMAIRE Décembre 2010 Numéro 18 Transac EDHEC Apple : Steve Jobs, un iPDG en or. p.3 Le financement des partis politiques. p.8

Délit d'Initité n°18

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Délit d'Initié n°18

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Page 1: Délit d'Initité n°18

Le Délit d’initié

Actualité.Revivez l’actualité du dernier mois à

travers nos news. Page 2.

ZOOM.Quand Apple rivalise avec l’industrie

pétrolière. Page 3.

Dossier : les excès de liquidités.Retour sur la guerre des monnaies qui fait rage; les efforts (vains ?) de la FED pour

relancer l’économie américaine. Pages 4 et 5.

Economie.La contrefaçon, un gigantesque marché.

La nouvelle peau du poker en ligne.Pages 6 et 7.

Finance & politiqueLe financement des partis politiques.

Pages 8.

Entreprise.Free ou le challenger anti-conformiste.

Page 9.

High-tech.BNP Paribas imagine l’agence des

étudiants. Page 9.

Saga : les escrocs de la financeCe mois-ci, découvrez Thérès Humbert,

une escroc pas comme les autres. Page 11.

L’économie va mieux. C’est du moins ce que laisse croire l’évolution du PIB en 2010 : +1,3% sur les trois premiers trimestres; l’INSEE table même sur une croissance annuel de 1,6%. Dans le même temps, le ministère de la relance économique cher à M. Devedjian a tout simplement disparu suite au remaniement cacophonique de ce mois de novembre. A croire donc, que la crise appartient au passé.

Pourtant, la tragédie grecque se déplace. De Grèce, elle est passée en Irlande. Bientôt le Portugal ? Une chose est sûre, l’UE ne pourra pas soutenir chaque Etat membre comme elle l’a fait avec la Grèce. La rigueur est donc de mise... En

Europe du moins, car aux Etats-Unis, la FED se livre aux joies du Quantitative Easing. 600 milliards $ pour relancer l’économie américaine, 600 milliards $ pour dérégler la monnaie de l’oncle Sam. Paradoxal, surtout lorsqu’on exige que la Chine réévalue son yuan. La currency war ne fait que commencer.

Si l’économie se porte mieux, elle reste donc instable. Une instabilité qui se reflète d’ailleurs parfaitement dans le CAC 40 qui peine à dépasser la barre des 4000 points. L’année sera longue pour notre cher club d’investissement.

Bonne lecture,

La Rédaction

EDITOSOMMAIRE

Décembre 2010 Numéro 18 Transac EDHEC

Apple : Steve Jobs, un iPDG en or. p.3

Le financement des partis politiques. p.8

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Le Délit d’initié - Page 2

François Fillon a eu beau dire, le 17

octobre, qu’il n’y aurait « pas de pénurie »

de carburant en France, une semaine plus

tard, plus du quart des stations services

étaient fermées. Outre les vacanciers, les

premières victimes de cette pénurie furent

les entreprises. En effet, la Fédération

nationale des transporteurs routiers

(FNTR) estime que durant cette période

9,21% des entreprises furent obligées

d’immobiliser au moins une partie de

leur parc de véhicules. Ce chiffre atteint

presque 25% en Ile-de-France.

De plus, suivant les lois basiques de

l’offre et de la demande, les stations

services n’ont pas hésité à faire grimper

les prix : entre 10 et 15% d’augmentation

en moins d’une semaine ! Du fait

des difficultés d’approvisionnement,

des délais de livraison plus longs, de

l’explosion des heures supplémentaires et

de l’augmentation du prix du carburant,

près de 95% des entreprises françaises

ont été affectées.

Jean-Louis Borloo finira par reconnaître,

le 31 octobre, que la France est passée

« à deux doigts d’une catastrophe

économique absolue », et le coût de cette

pénurie est estimée à des centaines de

millions d’euros rien que pour le secteur

pétrolier. Rien que ça.

Cure d’austérité britannique

L’optimisme est de rigueur chez nos

voisins britanniques, la croissance a

été deux fois plus forte que prévue au

troisième trimestre 2010 (augmentation

de 0,8% du PIB contre 0,4% prévue).

Cependant David Cameron, le nouveau

Premier Ministre britannique, se garde

bien de se vanter de tels résultats. En

effet, cette croissance repose sur le

secteur de la construction qui fut stimulé

par Gordon Brown et ses grands projets.

De plus, les mesures d’austérité de D.

Cameron vont commencer à se faire

sentir : 490 000 emplois supprimés en

quatre ans dans les services publiques,

toutes les allocations vont être réduites,

que ce soit pour les entreprises ou les

particuliers (le gouvernement table sur

83 milliards de livres d’économie). Et on

imagine mal le secteur privé secourir tous

ces emplois détruits.

Cette bonne croissance semble donc

n’être qu’un feu de paille. Mais les

Britanniques ont eu le courage de miser

sur la réduction des déficits. Pari gagnant

?

Ronan Cornillet

Les News du mois

Transaction EDHEC a suivi pour vous l’actualité écono-mique et financière.

Pénurie de carburant !

5OO euros

L’écart moyen de rémunération entre un acteur pornographique (payé 500

euros par scène) et une actrice (1000 en moyenne) travaillant chez Marc Dor-cel. Une actrice est donc payée deux à

trois fois plus qu’un collègue masculin! Sexisme...

1,58 millions d’euros

Le prix d’une Koenigsegg Trevita, la voiture la plus chère du monde selon le

magasine Forbes. Cela représente la

bagatelle de 254 Dacia Logan. En tout seulement 6 modèles coûtant 1 million

d’euros ou plus. Le choix est donc limité pour les milliardaires....

10 euros

La somme que va recevoir Michel Houellebecq pour avoir remporté le prix Goncourt 2010 avec son livre La Carte et le Territoire. Heureusement qu’il a

d’autres sources de revenu.

196 millions $

La somme qu’ont versée depuis une dizaine d’années les frères Koch (3ème

fortune des Etats-Unis) pour des causes conservatrices à travers des fondations.

Ils sont considérés comme le premier portefeuille du Tea Party.

LES CHIFFRES DU MOIS

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Le Délit d’initié - Page 3

ZOOM

Apple pris en sandwich entre deux géants pétroliers

Apple se retrouve à présent derrière ExxonMobil, géant pétrolier américain, 310 milliards de dollars. Cette capitalisation se calcule en multipliant le nombre d’actions par la valeur de cette dernière. Ainsi, si tu souhaites racheter Apple, il te faudra mettre sur la table une somme équivalente voire supérieure à 266 milliards de dollars. La firme doit ce résultat à l’estimation d’iPad vendus en 2011 à savoir 21 millions d’exemplaires. Si cette prévision est correcte, elle dépasserait ExxonMobil en atteignant 340 milliards de dollars.Déjà en mai dernier, Apple devenait l’entreprise informatique la plus importante au monde en terme de capitalisation boursière, devant Microsoft, leader historique dans ce domaine. Et comme rien n’arrête la firme à la pomme, en octobre dernier, cette dernière réalisa un chiffre d’affaire de ventes trimestrielles supérieur à son « vieil ennemi » (20 milliards de dollars contre 16 milliards).

Retour historique sur la firme de Steve Jobs...

Loin est le temps des « années noires », vers 1990 où l’action d’Apple frisait les 3 dollars. En effet, le chemin fut long avant le triomphe. On peut légitimement se demander si Steve Jobs n’est pas l’homme qui lui redonna son souffle. L’entreprise fut créée en 1976 et implantée à Cupertino dans la Silicon Valley. Steve Jobs fit parti des cofondateurs. Il fut forcé de quitter la firme en 1985 puis fut réembauché en décembre 1996. Depuis, il en est l’actuel CEO. Or, dans les années 1985-1995, Apple connut une

période de décadence. Steve Jobs sembla alors être l’électrochoc de la compagnie. Au début des années 2000, Microsoft domina le monde informatique avec la vente de Windows sur des ordinateurs de différentes marques, contrairement à Apple qui vend son système d’exploitation seulement avec les machines « made in Apple ». Steve Jobs changea la donne, c’est un visionnaire : il inventa l’iMac un ordinateur « cool » avec un design très coloré qui se démarquait des vieilles unités centrales beiges. Quelques temps après l’iMac, Apple s’ouvrit à l’industrie musicale : la sortie de l’iPod en 2001 révéla le génie de Jobs. Il mit

sur le marché, quelques mois plus tard, iTunes et iTunes music store la première plateforme de téléchargement légal qui permit de faire fonctionner l’iPod. Apple se lança en 2007 dans la téléphonie mobile et révolutionna le monde en terme de stratégie marketing avec l’iPhone. En effet, ceux qui achetèrent l’iPhone virent la simplicité d’utilisation du téléphone par rapport à d’autres smartphones. En s’apercevant de cette simplicité, ces consommateurs eurent tendance à acheter des ordinateurs Apple. Puis s’ensuivit l’effet de mode...

Depuis 2007, les ventes de Mac ne font qu’augmenter. Apple développa ses

Apple Store, lieux où vous trouverez tout ce qu’elle peut offrir, y compris certains de ses meilleurs experts dans des endroits stratégiques. Ainsi, depuis le 7 novembre 2009, Apple se situe au cœur même de Paris, sous la pyramide du Louvre, dans un espace de 750 m2. Désormais, quatre autres Apple Store se sont implantés en France (Montpellier Odysseum, Opéra Paris, Nice Cap 3000, Vélizy- Villacoublay). Quelle marque aurait pu se permettre d’ouvrir une boutique au Carrousel du Louvre ou encore sur la Fifth Avenue ?

«Depuis 1995, Apple ne verse plus de dividendes aux actionnaires»

En définitive, l’âme d’Apple semble être Steve Jobs qui arrive à anticiper l’avenir mais pour cela il doit faire des choix au niveau des technologies utilisées, qui sont souvent critiqués. Mais pas seulement... Apple se différencie énormément des autres entreprises qui ne vivent que par leur actionnariat. En effet, depuis 1995, elle ne verse plus de dividendes aux actionnaires ; Jobs se justifie : cet argent est une sécurité pour la firme et servirait pour des rachats ambitieux. Or, certains contestent sa position en avançant que la réserve d’argent d’Apple est devenue excessive et ses actionnaires aimeraient bien toucher au pactole. Mais une entreprise ne peut reposer que sur une personne et Steve Jobs l’a bien compris en s’entourant de gens talentueux (Jonathan Ive, Tim Cook) mais est- ce que les actionnaires sont prêts à envisager un avenir sans son iCEO ?

Mathilde Caraud

Le 23 septembre dernier, Apple a conquis une nouvelle place sur le marché boursier : la firme de Cupertino dépassa en effet PetroChina, le géant pétrolier chinois, devenant ainsi la deuxième capitalisation boursière mondiale avec un chiffre de « seulement » 266 milliards de dollars.

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Le Délit d’initié - Page 4

Dossier : les excès de liquidité

Les antagonismes des politiques monétaires se renforcent. Alors que la FED, qui a mis son taux à zéro, a entériné la reprise du Quantitative Easing, trois banques centrales ont relevé leur taux directeur.

L’Australie a agi par surprise, en effectuant un tour de vis de 25 points de base, ce qui porte le loyer de l’argent à 4,75 %. L’économie australienne fait face à un important choc expansionniste dû aux termes de l’échange élevés (pouvoir d’achat des exportations d’un pays en terme d’importation), et dispose de capacités additionnelles relativement modestes. La Banque Centrale d’Australie a laissé entendre qu’un nouveau resserrement était possible, en déclarant qu’« à moyen terme, il existe toujours un risque de voir l’inflation augmenter ». Egalement confrontée à des pressions inflationnistes, l’Inde et la Chine ont opté pour une hausse de leurs taux d’intérêt.

Le contraste entre les politiques monétaires des pays occidentaux et des pays d’Asie-Pacifique est saisissant. En prenant le contre-pied de son homologue américaine, la banque d’Australie encourage implicitement la hausse de

sa devise. Pour la première fois depuis le début des années 1980, le dollar « aussie » a atteint la parité avec le billet vert à 1,0024 dollar (américain). La monnaie australienne s’est appréciée de quasiment 11 % contre le billet vert en l’espace de trois mois.

La roupie indienne a moins réagi. La devise a grappillé 3,7 % depuis trois mois. Le gouverneur de la banque centrale, Duvvuri Subbarao, a affirmé que la probabilité d’un prochain tour de vis était assez faible, étant donné que cela conduirait à une « intensification » des entrées de capitaux dans le pays. Il a rappelé que cette situation était le résultat d’une « liquidité globale excessive », d’une croissance « soutenue » et de l’écart de taux entre l’Inde et les économies développées.

« Resserrement quantitatif »

Cette politique de la Fed, d’acheter des bons du Trésors sur le marché de la dette américaine a pour conséquence d’augmenter la liquidité et de pousser les investisseurs vers des actifs ayant un plus haut rendement. En effet, le rendement offert par certains émergents a de quoi attirer, malgré le risque de change. A

cinq ans, le Brésil offre un taux de 11,7%, soit un spread de 1.010 points de base par rapport à l’Allemagne. La Turquie offre quant à elle 8,7% et l’Indonésie 7,3%. Les flux vers les fonds de dettes émergentes, qui ont été de 56 milliards de dollars sur les huit premiers mois de l’année et pourraient s’élever à 70 milliards de dollars sur l’année entière, exercent une pression à la hausse sur leur devise, ce qui nuit à leur compétitivité.

Face à la hausse des devises émergentes, nourrie entre autres par les entrées de capitaux sur les dettes souveraines, certains pays ont décidé d’agir. La Thaïlande a approuvé une taxe de 15% sur les intérêts et les plus-values gagnés par les étrangers qui détiennent des obligations d’Etat thaïlandaises ou celles émises par des entreprises publiques et la Banque de Thaïlande. Le Brésil avait fait de même relevant de 2% à 4%, l’impôt sur les opérations financières que devront acquitter les investisseurs non-résidents sur leurs investissements en obligations brésiliennes. Le real s’est envolé de 11,7% depuis fin mai face au dollar.

Aninh Souidaray

Les antagonismes monétaires s’accentuentPlus les politiques de Quantitative Easing se développeront, plus les pays émergents vont devoir recourir aux contrôles des capitaux. Les pays émergents ont d’ailleurs profité du G20 de Séoul pour critiquer ces politiques monétaires.

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Page 5: Délit d'Initité n°18

Le Délit d’initié - Page 5

Ce mercredi 3 novembre 2010, la Fed (pour Federal Reserve System) a annoncé son intention d’injecter 600 milliards de dollars dans l’économie américaine. En effet, elle compte acheter pour 75 milliards de dollars de bons du Trésor par mois d’ici à la mi-2011, tout en précisant qu’elle pourra ajuster le tir au fur et à mesure en fonction de l’évolution de l’économie.

Il faut savoir que ce n’est pas la première fois que la Federal Reserve rachète des emprunts d’Etat, cette manœuvre appelée QE (quantitative easing) a permis l’injection de la somme de 1 700 milliards de dollars depuis 2008. Selon le Financial Times, le fait d’utiliser pour la seconde fois le QE est un signal fort lancé par la Banque centrale américaine : elle a recours pour la première fois au QE comme un instrument de politique économique de routine.

Quel est le but de cette injection massive de liquidités dans le circuit économique américain ?

Officiellement, il s’agit de financer une sorte de plan relance. Ben Bernanke, le patron de la Fed, expliquait ainsi

sa politique dans les colonnes du Washington Post de jeudi 4 novembre: « Des prix en hausse sur les actions augmenteront la richesse des consommateurs ainsi que leur niveau de confiance dans l’économie, ce qui peut également stimuler les dépenses. L’augmentation des dépenses entraînera une augmentation des revenus et des bénéfices que, dans un cercle vertueux, continuera à soutenir l’expansion économique ». Lucide, il a tenu à préciser «qu’à elles seules, les banques centrales ne peuvent sauver l’économie». Il s’est également montré prudent quant à l’ampleur des conséquences du QE mais a précisé que «ne rien faire n’est pas une option». L’action de la Fed semble donc primordiale, surtout au moment où la perte de la majorité démocrate à la Chambre des représentants rend très improbable le lancement d’une nouvelle politique fiscale pour stimuler la reprise.Le Comité de politique monétaire de la Fed, le FOMC (Federal Open Market Committee), indique que le but est de soutenir la reprise de l’emploi et les prix. Le FOMC a également annoncé le maintien de son taux directeur à quasiment zéro, jugeant le taux de chômage « élevé » et l’inflation globalement trop faible.

Pour information, un seul membre du Comité, a voté contre la politique de la Fed. Thomas Hoenig, le membre en question, a depuis le début de l’année toujours voté contre les décisions prises par ses collègues arguant que cette politique accommodante augmente les risques de futurs déséquilibres financiers et, au fil du temps, provoquent une augmentation des anticipations d’inflation à long terme qui pourraient déstabiliser l’économie. Le taux de chômage stagnant autour de 9,6% et la croissance annuelle

atteignant avec peine les 2% au troisième trimestre, la Banque centrale américaine se devait en effet de réagir. Rappelons que son objectif est la stabilité des prix et qu’elle doit également dynamiser le marché de l’emploi et faciliter la croissance économique. C’est elle qui décide de la politique monétaire des États-Unis

Concrètement, quelles seront les conséquences de cette injection de 600 milliards de dollars par la Banque centrale américaine aux États-Unis ?

Tout d’abord le billet vert va subir une dépréciation de près de 20%, ce qui devrait donner un sacré coup de pouce à la compétitivité des produits américains.Ensuite, les taux d’intérêt vont baisser et l’inflation va s’accélérer. Selon la Fed, le rachat de 600 milliards de dollars de bons aurait un effet similaire à une baisse de 0.5% des taux d’intérêt de court terme. Cela permet donc de compenser la hausse des prix par un accès plus facile au crédit. Autre conséquence probable du QE, et pas des moindres, les analystes prévoient une hausse significative du prix du pétrole dans les semaines à venir, dopé par l’arrivée de l’hiver dans l’hémisphère Nord, la hausse constante de la demande des pays émergents et l’afflux de capitaux dans ces pays. Un baril de pétrole dont le prix tournerait autour de 100 dollars est envisagé pour 2011.

Cette politique monétaire ne fait pas que des heureux et les critiques les plus virulentes proviennent de l’étranger. En effet, des conséquences néfastes sont à prévoir, notamment pour les pays émergents...

Gaël Brino

La FED à la rescousse !

Page 6: Délit d'Initité n°18

Economie

La contrefaçon, un gigantesque marché

La contrefaçon ne date pas d’hier. Au temps où les échanges se réglaient avec des fèves de cacao, certains faussaires fabriquaient de fausses fèves suffisamment bien imitées pour passer pour des vraies. Aujourd’hui, si des escrocs tentent toujours d’imprimer de faux billets, ce sont plutôt les produits de luxe qui sont devenus les principales victimes de la contrefaçon. On estime qu’actuellement, il se fabrique plus de fausses Rolex que d’authentiques ! Louis Vuitton, la marque de luxe au plus grand chiffre d’affaires dans le monde est aussi intensément contrefaite. Les faux sacs à mains et autres pochettes estampillés du célèbre monogramme sont ainsi légion sur eBay ou d’autres sites internet. Là où certaines contrefaçons sont faciles à reconnaître (montre siglée RQLEX, monogramme pas centrés, voire modèles n’ayant tout simplement jamais existés, …), d’autres sont très proches de l’original. Ainsi, le site replicaexperts.us n’hésite pas à proposer deux types de contrefaçons de montres automatiques : des montres avec un mouvement japonais à la finition moyenne pour un prix généralement situé autour de $150 mais aussi des montres avec un mouvement suisse authentique et une très bonne qualité de finition pour un prix avoisinant les $600.

Avec l’explosion d’internet, il est devenu très difficile pour les douanes et différentes agences mondiales de lutter contre le marché de la contrefaçon. La multiplication des sources d’approvisionnement pour les clients

rend la tâche encore plus difficile. De plus, certains pays dont sont issus les contrefaçons font preuve d’un laxisme étonnant envers les fabricants de contrefaçons. Ainsi, la Chine, premier producteur mondial de contrefaçons (65% des contrefaçons que l’on trouve aux Etats-Unis en proviendraient) ne semble que peu enthousiaste à l’idée de lutter contre un secteur qui emploie des milliers de personnes et génère un chiffre d’affaires considérables. En effet,

le marché mondial de la contrefaçon serait aujourd’hui de l’ordre de 500 milliards de $, soit 7% du commerce mondial ! Les marques touchées par ce fléau tentent tant bien que mal de lutter. Certificats d’authenticité, action en justice contre les revendeurs (dont eBay) constituent certains moyens de lutte. Malheureusement pour elles, de plus en plus de personnes se disent prêtes à acheter des modèles contrefaits. L’original étant souvent inaccessible d’un point de vue financier, elles préfèrent se rabattre sur une contrefaçon qui « a l’air vraie ».

Les marques qui luttent contre la

contrefaçon de leurs produits le font surtout pour des raisons d’image. Car si le manque à gagner semble évident, ce n’est pas toujours le cas : une personne achetant une montre contrefaite à 100€ alors que l’originale en vaut 3000€ n’a sans doute pas les moyens de s’offrir le modèle authentique tandis qu’une personne qui a les moyens de l’acheter préfèrera acheter le vrai modèle pour plus d’authenticité. Là où le bât blesse, c’est l’image négative qu’engendrent

les contrefaçons. Aujourd’hui, lorsqu’on croise une personne avec une Rolex, on n’a jamais été aussi sûr que ce soit une fausse fabriquée quelque part dans l’Empire du Milieu. Louis Vuitton subit les mêmes effets à savoir que l’on a parfois l’impression que leurs sacs à main sont devenus des biens de grande consommation tellement on en aperçoit dans la rue alors que leur prix élevé devrait restreindre

leur prolifération.

On l’a bien compris : la contrefaçon est un marché en très forte croissance qui n’est pas prêt de disparaître. Aujourd’hui, la mode est même à la recherche de nouveaux produits à copier. Les cigarettes et autres médicaments célèbres (Viagra, Prozac, …) sont ainsi contrefaits à grande échelle, souvent avec de nombreux risques pour leurs utilisateurs potentiels. Même la célèbre truffe du Périgord se voit concurrencer par des truffes chinoises à l’aspect proche mais au goût inférieur et au prix 100 fois moins élevé.

Arnaud Bavelier

Pour beaucoup de grandes marques, la contrefaçon est devenue un fléau contre lequel elles luttent de toute leur énergie. Aujourd’hui, la contrefaçon s’immisce dans tous les secteurs, des marques de luxe copiées à la chaîne jusqu’aux célèbres pilules bleues. Revue d’un marché toujours en essor.

Page 7: Délit d'Initité n°18

Le Délit d’initié - Page 7

Economie

La nouvelle peau du poker en ligne

Bruno Solo, Sebastien Chabal, ou encore Patrick Bruel. Ces trois personnalités se sont récemment démarquées dans des publicités d’un genre nouveau pour... du poker en ligne !

Si vous jouez au poker sur Internet, vous avez dû constater que la plupart des casinos virtuels (« rooms ») ont récemment demandé/imposé aux joueurs de l’Hexagone de rejoindre leur plate-forme française afin de se conformer à la loi. Le décret concernant le poker en ligne a en effet été publié au Journal officiel le 30 juin dernier. Les sites ayant demandé une licence à l’Autorité de régulation des jeux en ligne ont donc pu ouvrir leurs premières tables en argent réel sur les plates-formes en .fr.

L’ouverture de la législation française aux jeux d’argent marque, avec la naissance de l’ARJEL (Autorité de Régulation des Jeux en Ligne), non seulement la fin du monopole de la Française des Jeux sur les jeux d’argents en ligne, mais aussi l’opportunité pour les 18 salles de poker en ligne qui ont été validées (et donc qui ont acquis leur légitimité sur le territoire français) d’étendre leur clientèle. Il y a quelques mois, des milliers de joueurs français affrontaient sur divers plateformes (PokerStars, Full Tilt,…) des centaines de milliers de joueurs du monde entier. Les Français sont aujourd’hui restreints à s’affronter les uns contre les autres, puisque l’ARJEL à imposé aux casinos en ligne l’ouverture d’une filiale spécifique réservée aux

joueurs français (Pokerstars.fr par exemple pour le casino PokerStars). Le poker franco-français pose toutefois divers problèmes pour les joueurs français puisque le nombre d’adversaires potentiels a été considérablement réduit (de plus de 6 milliards à plus de 60 millions, soit environ 1%). Les tables de Poker disponibles pour les Français sont donc moins nombreuses, et les tournois organisés plus modestes. Les Français ne peuvent donc plus jouer de gros tournois mondiaux (Le Sunday Million de

Pokerstars par exemple) et seront alors moins présents sur la scène pokeristique internationale.

Mais le principal inconvénient à la naissance de l’ARJEL est surtout la taxe de l’Etat français sur tous les casinos virtuels. En effet, en plus du rake (participation comprise dans tout prix d’entrée qui est crédité au casino) classique imposé par les casinos en ligne, d’environ 5% du pot en cash-game et 10% du droit d’entrée des tournois, le gouvernement impose un rake supplémentaire de 2%, ce qui augmente considérablement le coût d’une partie pour les joueurs français, et provoque

donc une colère nationale de la part des amateurs de poker contre l’ARJEL. Ces limitations pour les joueurs français en ligne risquent de restreindre encore plus l’impact de la France sur la scène mondiale du poker, surtout à l’heure actuelle où le poker en ligne prend de plus en plus d’importance. Le gagnant des championnats mondiaux de poker 2008 (WSOP : World Series Of Poker), le danois Peter Eastgate, s’était d’ailleurs qualifié sur Internet, empochant alors la somme 9,1 millions de dollars. Le

Français Antoine Saout, qui avait atteint la table finale des WSOP 2009, s’était d’ailleurs qualifié lui aussi sur Internet.

Espérons alors que l’ARJEL n’aura pas que des effets néfastes sur le Poker français. La nouvelle législation autorise maintenant les publicités relatives au poker, d’où le matraquage publicitaire actuel, et on peut espérer que cela

poussera plus de Français à s’initier au poker en ligne, et donc, à terme, à être compétitif internationalement. D’un point de vue plus pragmatique, l’ouverture de la législation française des jeux en ligne représente une opportunité pour les joueurs ayant de l’expérience, puisque les campagnes de publicité vont attirer de nouveaux joueurs débutants (surnommés « fish ») sur les tables de poker, débutants dont les invétérés du poker espèrent tirer de l’argent.

A bon entendeur…

Gaston De Cagny

Page 8: Délit d'Initité n°18

Le Délit d’initié - Page 8

Le financement des partis politiques

Finance & Politique

Depuis 1988, la loi « relative à la transparence financière de la vie politique » régit le financement des partis politiques en France. Depuis cette date, une personne physique ne peut financer un parti au-delà de 7500 euros, et cette somme s’abaisse à 4600 euros en période de campagne où les candidats de chaque parti usent de tous les moyens pour séduire leurs électeurs et leurs éventuels cotisants, avec le développement croissant du marketing politique, nouveau vecteur de la démagogie. Au-delà de 150 euros remis en liquide, il s’agit d’une transaction illégale.

Les financements des adhérents aux partis sont traditionnellement peu élevés. Le financement par une personne morale, entreprise ou fondation, est interdit depuis 1995. Cependant, avec une logique qui laisse rêveur, les partis politiques peuvent être financés de façon illimitée par d’autres partis, c’est pourquoi il existe près de 230 partis politiques en France. Cet aspect de la loi profite à de nombreux partis.

Le délai de prescription pour financement illégal de campagne n’est que de trois ans. Les sanctions peuvent cependant être lourdes, notamment l’inéligibilité qui éloigne les hommes politiques véreux de la vie politique.

L’Etat finance aussi les partis : les frais de campagne sont remboursés à partir de 5% de suffrages recueillis pour le scrutin présidentiel, et à partir de 1% dans au moins cinquante circonscriptions pour les autres. En dehors des remboursements des frais de campagnes, certaines formations politiques reçoivent des subventions selon le critère discutable du respect de la loi sur la parité, ce qui représente tout de même près de 73 millions d’euros versés par l’Etat en 2008. Les comptes du parti sont auparavant analysés scrupuleusement par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP). De mauvaises langues ont fait remarquer son indépendance aléatoire car ses membres sont nommés par décret du premier ministre sur propositions du Conseil d’Etat, de la Cour de cassation, et de la Cour des comptes.

Mais d’une façon générale, pour compenser l’interdiction officielle des ressources privées, certains partis font assaut d’imagination : on a pu observer des surfacturations des marchés publics, des emplois fictifs...

Liliane Bettencourt a-t-elle vraiment versé 150 000 euros

à l’UMP ? Eric Woerth, trésorier du parti, affirme la bouche en cœur qu’il s’agit d’une odieuse calomnie. C’est toujours mieux que l’Angolagate, affaire où 790 millions de dollars d’armes venant de l’ex-URSS ont été peu élégamment vendues à l’Angola en pleine guerre civile en 1994, par l’intermédiaire de Pierre Falcone, homme d’affaire franco canadien, dont le jugement est rendu le 17 novembre 2010. Charles Pasqua se serait arrangé pour que 450 000 euros de miettes « aident » le financement de l’élection européenne de la liste RPF en 1999.

Quant à l’affaire du casino d’Annemasse, les jeux ont vite été faits : revendu par son propriétaire au passé douteux avec une plus-value juteuse en 1995, dont 7,5 millions de francs seraient partis dans les caisses du RPF en 1999, avec l’ombre de Charles Pasqua planant au dessus de l’affaire. Enfin, les dépenses électorales sont normalement plafonnées. Le moins qu’on puisse dire est que certains sont moins bas de plafond que d’autres : 21 175 141 euros pour l’UMP en 2007, contre 9 745 197 euros pour François Bayrou.

Le financement des partis politiques demeure donc profondément inégal, ce qui ne veut pas dire injuste.

Diane Rousseau

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Entreprise

Free ou le Challenger anticonformiste

2010 : l’année de tous les combats

Free est aujourd’hui l’opérateur qui fait le plus parler de lui grâce à ses positions surprenantes et atypiques. L’objectif ? Officiellement, garantir au consommateur le meilleur service. Officieusement, mener une stratégie de communication sans faille, où l’opérateur met KO ses adversaires… Au mois de septembre, le combat Free vs Hadopi a permis à l’opérateur de gagner en notoriété en refusant, pendant une courte semaine d’envoyer des lettres d’avertissement ainsi que les mails aux consommateurs pirates. Bon coup de communication pour Free qui selon le petit dernier du marché de l’internet, Numéricable « fait sa pub sur le dos des consommateurs ». Néanmoins, le fournisseur d’accès internet de Rodolphe dément vouloir lancer toute polémique, se cachant derrière certains textes officiels et la protection de la vie privée des internautes, violée par le projet Hadopi (transmission des adresses IP et envoi de mails d’avertissements). D’autre part, l’opérateur, en s’opposant dans ses communiqués de manière assez farouche à l’augmentation de la TVA sur la formule Triplay qu’il a lui même mis en place (internet, téléphone fixe et télévision) renforce son image de défenseur des consommateurs et des

prix bas. Ainsi, «L’opérateur, agacé de la multiplicité des taxes qui s’abattent sur le secteur des télécoms, ne veut pas porter le chapeau et passer pour le méchant opérateur auprès de ses clients. Il a donc décidé de maintenir son forfait Internet à 29,99 euros (prix inchangé depuis son lancement) et d’y ajouter une taxe baptisée taxe «Sarkozy Baroin»». Mais le doute plane: le but de la manœuvre pourrait être tout simplement d’augmenter le prix de la formule en se dédouanant de toute responsabilité. Dernier combat et non des moindres : le partage du réseau avec ses concurrents. Ces derniers ont mené ce combat jusque devant la commission européenne, afin que Free ne puisse obtenir la quatrième licence 3G à prix bradé. Cette licence ayant pour objectif de lancer un quatrième programme de téléphonie mobile fiable en 2012...

Il a Free, il a tout compris?

Avant il y avait crétin.fr. Maintenant il y a Free. Détracteurs contre adeptes de Free, qui va gagner ? Pour le moment les fans de Free restent majoritaires et attendent le lancement de l’offre mobile en 2012. Free annonce des forfaits moins chers, ou à prix comparables des offres plus complètes, et plus avantageuses pour le client. Mais l’opérateur a une stratégie

plus large afin de détrôner ses concurrents, et déranger Orange en quasi situation de monopole, accusé de nombreuses fois de s’être entendu avec SFR et Bouygues sur le dos des consommateurs. Dès 2003, Free a lancé la Freebox, qui trouvera ensuite de nombreuses déclinaisons comme la Neufbox, et se lança dès 2006 dans la fibre optique. Pour Free, les objectifs de demain sont, par exemple de fournir un forfait de 3H à moins de 20 euros, permettre de prévenir rapidement l’usager lors d’un dépassement inhabituel de forfait… Mais le principal argument est le forfait familial : 10 euros par carte SIM supplémentaires, avec une base de 29,99 euros. Une révolution ? Peut-être lorsque l’on sait qu’un ménage de quatre personnes dépense autour de 100 euros par mois dans le secteur téléphonie. Mais les trois opérateurs gardent du répondant : quelques projets leurs restent sous la main et Free n’a pas intérêt à mettre en place de manière effective toutes ces baisses de prix, car l’opérateur n’a pas la puissance et les parts de marchés du leader Orange. L’annonce ne se suivra donc pas de réelles actions selon les observateurs du dossier.

Free reste néanmoins le leader sur la publicité. Malgré une diffusion moins importante, l’opérateur a marqué les esprits avec Rodolphe, personnage geek et clairement ringard. Peut-être que Free ne va pas révolutionner la téléphonie, l’internet, avec une offre Triple Play ou Quadri Play, mais sa stratégie de communication reste la plus efficace. En ce qui concerne les consommateurs, « … Free, il a tout compris ».

Pauline Bellet

Depuis son entrée sur le marché en 2003, Free met à mal ses concurrents directs - SFR, Orange et Bouygues - grâce à une stratégie à contre courant : Accessibilité et Innovation.

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High-tech

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BNP Paribas imagine l’agence des étudiants

C’est sur un créneau plus que pro-metteur que s’était lancée BNP Pa-ribas en créant La NET Agence en septembre 2009. L’objectif était simple : profiter de la puissance d’Internet pour proposer des re-lations plus souples aux clients. Quatorze mois plus tard, le bilan est plus que positif : 7 700 comptes ont d’ores et déjà été ouverts au-près d’un public principalement composé d’internautes et d’étu-diants. Ce qui est conforme à l’ob-jectif fixé. Rien d’étonnant, tant les services proposés sont adaptés à leurs attentes en terme de techno-logie et de mobilité. Des services qui n’ont par ailleurs rien à envier à ceux proposés par les agences traditionnelles.

« Le meilleur des deux mondes »

En créant La NET Agence, BNP Paribas

souhaitait offrir le meilleur d’Internet

tout en conservant les atouts des agences

traditionnelles. C’est en quelque sorte «

le meilleur des deux mondes », comme

ses dirigeants se plaisent tant à le répé-

ter.

Le meilleur de l’internet, c’est qu’enfin

une agence pourra vous suivre tout au

long de votre vie où que vous alliez. Dé-

ménager à Lille, Nice ou New-York n’est

donc plus un problème, La NET Agence

vous accompagne. Pour gérer cette dis-

tance, chaque client dispose du numéro

de téléphone et de l’e-mail direct de son

conseiller personnel, qu’il peut d’ailleurs

contacter à des horaires élargis, mais

également visualiser sur son écran grâce

au webcam rendez-vous. Cependant,

chaque client éprouve à un moment ou

un autre de sa vie le besoin de rencontrer

physiquement un conseiller BNP Pari-

bas. C’est là que le meilleur des agences

traditionnelles intervient.

Besoin d’emprunter ? De parler immobi-

lier ? Votre conseiller de La NET Agence

peut vous arranger un rendez-vous avec

le conseiller de l’agence BNP Paribas la

plus proche de chez vous. Autrement

dit, ce qu’offre l’agence BNP Paribas de

Lille aux étudiants de l’EDHEC, La NET

Agence l’offre aussi.

Le succès de La NET Agence s’appuie

donc sur sa complémentarité avec l’en-

semble des 2250 agences physiques.

Une gestion optimale des relations clients

La gestion des relations clients au sein

d’une banque est primordiale. L’objec-

tif est d’accompagner les clients tout au

long de leur vie, ceci passant notamment

par trois échéances : celle de l’entrée

dans la vie active, celle de l’acquisition

immobilière et enfin celle du départ à la

retraite. La difficulté est donc de mettre

en place un système d’information ca-

pable d’alerter le conseiller lorsque l’une

de ces échéances se présente. C’est dans

cette perspective que BNP Paribas a dé-

veloppé la mécanique multicanale.

Même si le concept peut paraître simple,

la mécanique multicanale est en réalité

une technologie des plus sophistiquées.

Celle-ci s’appuie sur les nombreux

moyens de télécommunication mis à

disposition du client pour contacter son

conseiller (téléphone, mail, webcam).

Rien d’exceptionnel en soi. Ce qui l’est

en revanche, c’est que quel que soit votre

canal de contact, votre dossier client

peut être accessible et l’historique de vos

opérations peut ainsi être retrouvé. Il en

résulte que quel que soit l’interlocuteur

du client, il sera en mesure d’analyser

l’historique du profil du client et de ré-

pondre parfaitement à ses attentes. En

fonction des sujets, au conseiller néan-

moins de faire les efforts nécessaires

pour collecter les données en temps et

en heure.

Manu Badou

La Net Agence lancée par BNP Paribas il y a maintenant plus d’un an propose enfin une solution aux étudiants qui, entre stage et césure, recherchent une banque qui puisse les accompagner. De quoi entretenir une relation souple et innovante où que vous soyez…

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Le Délit d’initié - Page 11

Thérèse Humbert, l’exception dans un monde d’hommes

Saga : les grands escrocs de la finance (3/5)

Son nom ne vous dit sûrement rien, et pourtant elle fut une des plus grands escrocs du XIXème siècle. Thérèse Humbert détourna des sommes colossales et réussit à garder son secret pendant une vingtaine d’années.

L’histoire commence en 1856 dans un village du centre de la France où Thérèse Humbert est née dans une famille paysanne modeste. La découverte de la mythomanie de son père à propos de leur condition - il faisait croire à son entourage qu’il était en fait un riche noble - éveilla chez Thérèse un profond sentiment d’injustice et d’humiliation. Commença alors une longue série de mensonges et de subterfuges afin de reconquérir son statut perdu. Le premier stratagème qu’elle mit au point date de son adolescence. Elle mit en commun ses bijoux et ceux de ses amies afin d’en avoir plus à se mettre pour sortir lors de bals où elle était conviée. Elle faisait ainsi croire aux hommes qu’elle séduisait qu’elle était plus riche que ce qu’elle ne prétendait.

Elle rencontra son mari alors qu’elle travaillait comme gouvernante chez le père de celui-ci. Elle le séduisit grâce à un mensonge : celui de sa fortune dont

elle devait hériter quand elle aurait 21 ans. La réticence de son futur beau-père, le maire de Toulouse, n’empêcha pas le couple de se marier et de s’installer à Paris dans une demeure bourgeoise. Les dépenses somptuaires de Thérèse en fêtes, banquets et autres sorties au théâtre étant bien supérieures à leur revenus, monsieur Humbert père, devenu alors Ministre de la Justice, s’empressa d’essuyer les dettes de son fils et de sa belle-fille pour éviter que sa vie de famille mouvementée ne soit connue du tout Paris.

Le remboursement de ses dettes par son beau-père fit comprendre à la jeune femme que la simple vue de l’argent rassurait ses créanciers vénaux. Elle inventa alors quelques mois plus tard l’histoire rocambolesque d’un richissime américain, Monsieur Crawford, à qui elle aurait sauvé la vie au cours d’un voyage en train et qui, par reconnaissance, lui aurait légué une grande partie de son patrimoine deux ans plus tard à sa mort. Bien sûr ce legs était soumis à plusieurs conditions : la sœur de Thérèse, Marie, devait épouser à sa majorité un des deux neveux de Monsieur Crawford qui avaient aussi droit à leur part de l’héritage.

Afin de ne pas éveiller les soupçons, Thérèse fit installer dans sa chambre un coffre-fort pour contenir le précieux testament du défunt. Cet écrit lui permit de prouver à ses créanciers la sécurité de leur investissement mais aussi de garder le mystère sur le montant réel de son héritage. Les dépenses du couple reprirent bon train, il gagna en notoriété dans la capitale et détourna ainsi plus de 50 millions de francs. Thérèse en profita pour créer sa propre compagnie d’assurance, La Rente Viagère en 1893. Les dépôts reçus étaient versés sur le compte bancaire de Thérèse et servaient

à rembourser les emprunts du couple.

Les difficultés survinrent une vingtaine d’années après le début de l’escroquerie avec les suspicions d’investisseurs concernant l’histoire inventée par Thérèse. Personne n’avait jamais vu les Crawford et Jules Bizat, président de la Banque de France à l’époque, se rendit compte que les prétendus investissements du couple dans des bons du Trésor français étaient nuls. Les créanciers découvrirent un peu plus tard à la fin des années 1890 que l’héritage présumé ne couvrirait jamais l’ensemble des dépenses et dettes contractées par Thérèse et son mari.

Les investisseurs floués assignèrent alors les Humbert en justice en 1901 et on ordonna d’ouvrir le coffre-fort afin d’en vérifier son contenu. L’huissier en charge de l’opération n’y trouva qu’un penny et une brique, seul héritage que l’escroc avait reçu de son père. Malgré leur fuite en Espagne, le couple fut retrouvé à Madrid en 1902 puis condamné à 5 ans de travaux forcés. Les deux frères de Thérèse qui s’étaient fait passer pour les neveux Crawford furent condamnés à deux et trois ans de travaux forcés chacun.

L’affaire Humbert frappa l’univers politique et financier français par le nombre colossal de personnes escroquées. On compte parmi les plus connues l’impératrice Eugénie ou encore la belle famille du peintre Henri Matisse. Cependant, une fois sa peine purgée, Thérèse Humbert, ruinée, migra aux Etats-Unis et mourut en 1918 à Chicago dans le plus parfait anonymat. Retour à la case départ pour celle qui avait toujours voulu être considérée comme une riche noble de son époque.

Marie Frantz

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