8
Quel avenir pour le dollar ? Le dollar connaît, à l’instar de l’économie amé- ricaine, une période des plus difficiles. La baisse du cours de la monnaie mondiale n’est pas un fait inédit puisqu’elle date déjà de fin 2001. Le dollar avait amorcé une chute mais celle-ci était lente, limitée et restait somme toute maîtrisée puisque la parité se maintenait autour de 1 à 1.3 dollar pour 1 euro entre début 2002 et 2006. La nouveauté de cette décrue tient à sa brutalité et aux difficultés rencontrées par l’économie américaine. En effet, en l’espace de deux ans seulement, le dollar aura concédé plus de 0.2$ dans sa parité avec l’euro pour se stabiliser au dessus des 1.50 $ pour 1 euro depuis ce début mars et les perspectives de croissance améri- caine ne laissent présager rien de bon quant à l’avenir du billet vert. Comprendre cette fragilité du dollar oblige à se tourner vers une des principales causes de son affaiblissement, la crise des subprimes et à comparer les attitudes des Banques centrales, notamment de la FED et la BCE, afin de saisir les difficultés de la ban- que américaine pour mettre un terme à cette déliquescence de la monnaie US. La crise des subprimes n’est pas étrangère à la crise du dollar, elle a effectivement eu deux graves conséquences qui ont précipité la chute actuelle. Les analystes financiers s’accordent sur le fait que le gros de la facture des subprimes a été absorbé par l’économie, mais on peut se demander à quel prix et surtout s’inter- roger sur les acteurs qui se sont affairés à « sauver les meubles ». Les économis- tes de Goldman Sachs ont estimé que les pertes sur créances immobilières aux Etats-Unis étaient comprises entre 200 et 400 milliards de dollars, l’ampleur de la somme montre que les banques n’ont pu faire face à la crise sans une aide de la FED. Cette dernière a massivement injecté des li- quidités dans l’économie américaine pour soutenir Le Délit d’initié Le délit d’initié est puni par la loi Numéro 4 16 avril 2008 Sommaire Page 2 : Quel avenir pour le dollar ? Page 3 : La bulle immobilière : mythe ou réalité ? Page 3 : Carlos Slim détrône Bill Gates Page 4 : Quand le capitalisme socialise ses gains Page 5 : La micro finance, un investissement intel- ligent Page 6 : Banque d’investissement : un système de rémunération en cause Page 7 : Les produits dérivés : qu’est-ce que c’est ? Page 8 : Le quizz de l’initié Rédacteurs Responsable : Jean-Baptiste BARENTON Equipe : Alex BAGHDASSARIAN, Ar- mand BOISSIER, Laurent BONNARD, Lucile CORNET, Margot CHOUX, Clémence DE LA BACHELERIE, Mathieu RAMADIER Maquette : Julien PESCHARD Contact : Faycal NASSET Retrouvez le délit d’initié sur www.transac-edhec.com [email protected] Année 2008 - Numéro 4 Edito B ien que les marchés financiers se soient un peu repris durant ces dernières semaines, cela ne veut pas dire que les incertitudes concernant leur évolution sont pour autant levées. Certes, le CAC 40 a regagné 400 points après avoir flirté avec les 4400 points, mais les me- naces sont toujours bien présentes. Le plus préoccupant semble être la possible contagion à l’économie réelle. Certaines banques d’affaires ont annoncé que l’économie améri- caine était déjà entrée en récession, le gouvernement français a quant à lui dû revenir sur les prévisions de croissance. La crise qui n’était jusqu’alors qu’une crise financière pourrait bien être en train d’affecter plus durablement que prévu l’en- semble de l’économie, ce qui pour - rait avoir des répercussions, cette fois-ci, sur les résultats de l’ensem- ble des entreprises, comme la réap- parition des profit warnings semble le confirmer. La rédaction

Délit d'Initié n°4

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Délit d'Initié n°4 Finance, EDHEC, Transaction, Transac

Citation preview

Page 1: Délit d'Initié n°4

Quel avenir pour le dollar ?Le dollar connaît, à l’instar de l’économie amé-ricaine, une période des plus difficiles. La baisse du cours de la monnaie mondiale n’est pas un fait inédit puisqu’elle date déjà de fin 2001. Le dollar avait amorcé une chute mais celle-ci était lente, limitée et restait somme toute maîtrisée puisque la parité se maintenait autour de 1 à 1.3 dollar pour 1 euro entre début 2002 et 2006. La nouveauté de cette décrue tient à sa brutalité et aux difficultés rencontrées par l’économie américaine. En effet, en l’espace de deux ans seulement, le dollar aura

concédé plus de 0.2$ dans sa parité avec l’euro pour se stabiliser au dessus des 1.50 $ pour 1 euro depuis ce début mars et les perspectives de croissance améri-caine ne laissent présager rien de bon quant à l’avenir du billet vert. Comprendre cette fragilité du dollar oblige à se tourner vers une des principales causes de son affaiblissement, la crise des subprimes et à comparer les attitudes des Banques centrales, notamment de la FED et la BCE, afin de saisir les difficultés de la ban-que américaine pour mettre un terme à cette déliquescence de la monnaie US.

La crise des subprimes n’est pas étrangère à la crise du dollar, elle a effectivement eu deux graves conséquences qui ont précipité la chute actuelle. Les analystes financiers s’accordent sur le fait que le gros de la facture des subprimes a été absorbé par l’économie, mais on peut se demander à quel prix et surtout s’inter-roger sur les acteurs qui se sont affairés à « sauver les meubles ». Les économis-tes de Goldman Sachs ont estimé que les pertes sur créances immobilières aux Etats-Unis étaient comprises entre 200 et 400 milliards de dollars, l’ampleur de la somme montre que les banques n’ont pu faire face à la crise sans une aide de la

FED. Cette dernière a massivement injecté des li-quidités dans l’économie américaine pour soutenir

Le Délit d’initiéLe délit d’initié est puni par la loi

Numéro 4 16 avril 2008

Sommaire Page 2 : Quel avenir pour le dollar ? Page 3 : La bulle immobilière : mythe ou réalité ? Page 3 : Carlos Slim détrône Bill Gates Page 4 : Quand le capitalisme socialise ses gains Page 5 : La micro finance, un investissement intel-ligent Page 6 : Banque d’investissement : un système de rémunération en cause Page 7 : Les produits dérivés : qu’est-ce que c’est ? Page 8 : Le quizz de l’initié

RédacteursResponsable : Jean-Baptiste BARENTONEquipe : Alex BAGHDASSARIAN, Ar-mand BOISSIER, Laurent BONNARD, Lucile CORNET, Margot CHOUX, Clémence DE LA BACHELERIE, Mathieu RAMADIER Maquette : Julien PESCHARDContact : Faycal NASSET

Retrouvez le délit d’initié sur

www.transac-edhec.com [email protected]

Année 2008 - Numéro 4

EditoBien que les marchés financiers

se soient un peu repris durant ces dernières semaines, cela ne veut pas dire que les incertitudes concernant leur évolution sont pour autant levées. Certes, le CAC 40 a regagné 400 points après avoir flirté avec les 4400 points, mais les me-naces sont toujours bien présentes. Le plus préoccupant semble être la possible contagion à l’économie réelle. Certaines banques d’affaires ont annoncé que l’économie améri-caine était déjà entrée en récession, le gouvernement français a quant à lui dû revenir sur les prévisions de croissance. La crise qui n’était jusqu’alors qu’une crise financière pourrait bien être en train d’affecter plus durablement que prévu l’en-semble de l’économie, ce qui pour-rait avoir des répercussions, cette fois-ci, sur les résultats de l’ensem-ble des entreprises, comme la réap-parition des profit warnings semble le confirmer.

La rédaction

Page 2: Délit d'Initié n°4

Pour comprendre l’actualitéles banques et le crédit. Un exemple frappant du volontarisme affiché par la FED est son soutien dans le proces-sus de sauvetage de Bear Stearns, en grande difficulté après la crise, par sa compatriote Morgan. Certains ont, à cette occasion, dénoncé l’implication positive de l’institution fédérale, en avançant que ses apports de liquidités et ses soutiens étaient trop importants et destinés en outre à sauver les prin-cipaux responsables du désastre. Quoi qu’il en soit, la conséquence directe pour le billet vert fut une première fra-gilisation, l’injection massive de liqui-dité se traduisant logiquement par une destruction de sa valeur.La crise a également généré une multiplication des créances dou-teuses et par suite un durcisse-ment des conditions du crédit. Ainsi, des analystes de Goldman Sachs ont conclu que la restric-tion de crédit distribué dans l’économie se montait à près de 2.000 milliards de dollars, ce qui laisse planer une crainte de crise du crédit d’autant plus paradoxa-le après l’injection massive de liquidités consentie par la FED. Cette détérioration de la confiance dans l’économie et le milieu interban-caire corrélée avec une consommation morose a conduit les Etats-Unis au bord de la récession économique, les économistes de l’OCDE se contentant de déclarer avec prudence pour le pre-mier semestre 2008 : « on sera dans une fourchette proche de zéro, on ne sait pas si le chiffre sera positif ou né-gatif ». Face à ce constat Ben Bernan-

ke se devait de réagir pour éviter de plonger l’économie américaine dans une phase de récession et il a donc décidé d’abaisser le taux directeur de 75 points pour le porter à 2.25% le 19 mars dernier. Cette baisse, en plus de ne pas satisfaire pleinement les espé-rances du marché, a contribué à creu-ser l’écart du loyer de l’argent entre les deux bords de l’atlantique. La BCE fi-dèle à sa politique de lutte contre l’in-flation maintient son taux directeur à 4% et renforce donc le poids de l’euro face au dollar.

Quels peuvent être les remèdes pour

voir le dollar amorcer une remontée vers une parité plus acceptable? Une solution serait une intervention coordonnée des banques centrales mondiales pour soutenir le dollar. Ce soutien passerait par une baisse de leur taux directeur et une émission de liquidités ainsi que le rachat de dollars US et la vente de leur propre devise. Le problème est que les banques cen-trales témoignent de politiques mo-

nétaires assez divergentes. La Chine ou les pays du golfe seraient plutôt favorables à une action de ce type car leur économie est étroitement liée à la bonne santé de la monnaie améri-caine. En revanche, la BCE ne sem-ble pas témoigner une quelconque volonté de coopération et se contente de «participer» aux efforts collectifs pour alimenter les marchés en liquidi-tés. Paradoxalement, en continuant à lutter contre l’inflation de la sorte, elle contribue à l’alimenter en favorisant une tendance haussière des matières premières, bien que celle-ci semble s’inverser.

A défaut de coopération la solu-tion réside dans une relance de la consommation des ménages et de la confiance des investisseurs im-pulsée, comme après la bulle In-ternet, par la baisse du taux direc-teur. Une reprise de l’économie américaine permettrait à la FED de relever le taux directeur après quelques mois et ainsi de conso-lider le dollar. Reste à savoir si le volontarisme de Ben Bernanke va suffire à redynamiser la machine américaine. L’accueil morose du

marché suite à la baisse de 75 points peut a priori laisser sceptique mais il est encore trop tôt pour se prononcer.

LB

Quel avenir pour le dollar ?

Transac EDHEC - page 2 - Délit d’initié

UGC Ciné Cité Lille ( 40,42,44 rue de Béthune)

Informations et réservations au 08 92 70 00 00 code accès direct : #59 - www.ugc.fr.

Page 3: Délit d'Initié n°4

Pour comprendre l’actualitéLes voix de ceux qui s’employaient

jusqu’à maintenant à minimiser l’ampleur de la bulle immobilière se font de moins en moins entendre. Un rapport publié par Marc Touati a ravivé les inquié-tudes.

Les chiffres sont en effet sans appel. Le nombre des mises en chantier est en chute libre, -31,9% de-puis juin dernier. En outre, la demande de logements neufs en France n’a ja-mais été aussi faible depuis 1996. Le rapport de Marc Touati a fini de le-ver le doute sur l’ampleur de la bulle immobilière. Pour lui, « il existe une très grande corrélation entre le prix des logements anciens et le PIB en valeur ». Le PIB constitue ainsi selon lui une très bonne approximation des prix de l’immobilier. Or l’écart entre ces valeurs est d’aujourd’hui de 1 à 4, ce qui laisse présager du pire. La crise

du subprime, le ralentissement de la croissance, les difficultés d’accès au crédit et la baisse du pouvoir d’achat pourraient selon Marc Touati conduire

à une baisse d’ici à deux ans de 10 à 15%.

Comment profiter de la baisse des prix de l’immobilier ?

Il existe différents trackers sur l’im-mobilier tels que l’EasyETF FTSE Epra/Nareit Global (code Isin LU0281118355). Il suffit d’en repérer qui répliquent l’inverse de l’évolu-tion des cours. En outre, on peut aussi jouer directement à la baisse certaines foncières immobilières qui pourraient pâtir de la crise, bien qu’elles propo-sent souvent d’autres services qui leur permettent de diversifier leur revenus. De plus, contrairement à ce que l’on

peut croire, une baisse des prix de l’immobilier n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour les marchés boursiers qui voient arriver, au fur et à mesure de l’éclatement de la bulle, de nouveaux capitaux. Enfin si cette bais-se se confirme, elle pourrait constituer un bon point d’entrée dans un secteur qui reste, malgré tout, prometteur sur le long terme.

J-BB

Bulle immobilière : mythe ou réalité ?

Transac EDHEC - page 3 - Délit d’initié

« Marc Touati : il existe une très grande corrélation entre le prix des logements anciens et le

PIB en valeur »

Le magazine américain Forbes, qui publie chaque année le palmarès des grandes fortunes, nous apprend que Bill Gates, pour la première fois de-puis douze ans, n’est plus à la tête du classement! Il est détrôné, en 2008 par Carlos Slim Hélú et Warren Buffet, qui devient ainsi l’homme le plus ri-che du monde.

Carlos Slim est un homme d’affaires mexicain d’origine libanaise, présent dans tous les secteurs de l’économie mexicaine: des pneumatiques à l’as-surance, de l’immobilier à l’industrie minière, du tabac à l’hôtellerie... Ses participations dans de nombreuses en-treprises mexicaines représentent en-tre 5 et 8% du PIB mexicain et pèsent

40% de la capitalisation de la bourse de Mexico.Mais c’est dans les télécoms que ce fils d’immigré libanais a arrondi sa fortune, qui s’élève aujourd’hui à 60 milliards de dollars. En effet, dans les années 1990, fort de ses relations poli-

tiques, il a racheté l’opérateur télé-phonique national Telmex, à un prix jugé alors nette-ment en dessous

du cours du marché, lors de la prési-dence de Carlos Salinas. Et depuis, il profite du boom des téléphones mobi-les au Mexique et en Amérique latine. Sa société Telcel (une vraie vache à lait) et sa filiale America Movil, usent et abusent de leur position dominante, faisant payer le prix fort aux abon-

nés. Selon le journal New York Times l’opérateur de téléphonie fixe Telmex détient une part de marché de 90%, alors que l’opérateur de téléphonie mobile Telcel, également contrôlé par Slim, contrôle 80% du marché des té-léphones portables.

Carlos Slim détrône Bill Gates

Ses participations dans de nom-breuses entreprises mexicaines

représentent entre 5 et 8% du PIB mexicain et pèsent 40% de la capi-talisation de la bourse de Mexico.

Page 4: Délit d'Initié n°4

A 67 ans, il a transmis à ses fils la gestion quotidienne de ses entrepri-ses et est déterminé à utiliser sa for-tune pour faire valoir ses idées comme nombre de ses amis milliardaires. Il a, par exemple, par l’intermédiaire de sa fondation Telmex versé la caution et libéré 18000 détenus mexicains trop pauvres pour se payer une libération conditionnelle. Il a également promis

de donner des centaines de milliers d’ordinateurs aux enfants mexicains.

Face à ceux qui lui reprochent une fortune indécente dans un pays où vi-vent 50 millions de pauvres, Carlos Slim souffre d’un déficit d’image. Lui qui explique avec détails comment il a construit sa fortune en «achetant pendant les périodes de crise», affirme

aujourd’hui que «le meilleur inves-tissement c’est de combattre la pau-vreté». Le grand projet de la fondation Telmex s’appelle « l’éducation digi-tale » et s’active dans le domaine de la santé, du sport et de la culture.

ABa

Transac EDHEC - page 4 - Délit d’initié

Quand le capitalisme socialise ses gainsDepuis une vingtaine d’années, le

capitalisme international sem-ble prendre le relais de la solidarité. On est aujourd’hui bien loin des exi-gences de l’ONU qui, dès 1965 re-commandait aux pays développés de consacrer 0,7% de leur richesse natio-nale aux pays sous développés. Seuls les pays scandinaves remplissent ces objectifs. A l’heure où les pays riches s’enrichissent et que 2,8 milliards de personnes vivent avec moins de 2 dol-lars par jour, des initiatives individuel-les viennent combler les carences des Etats. Nous assistons tous avec satis-faction à une des premières formes de palliation du manquement de la mon-dialisation.En juin 2006, Warren Buffet, l’homme le plus riche de la planète, annonçait donner plus de 37 milliards de dollars à la fondation Bill et Melinda Gates. Ces deux multimilliardaires ont ainsi

décidé de donner plus de 85% de leur fortune pour aider l’humanité. Créée en janvier 2000, la fondation Gates a pour objectif de lutter contre l’anal-phabétisme et les maladies comme le paludisme ou la tuberculose. Elle part d’un constat simple : la santé et l’édu-cation sont les deux piliers du déve-loppement.Elle est organisée selon trois pôles et agit la plupart du temps en sub-ventionnant d’autres fondations. Son programme de santé,Global Health Program, intervient dans la recher-che contre le SIDA et entreprend des campagnes de vaccinations. Son pro-gramme pour le développement est consacré au développement de l’agri-culture, au micro-crédit en finançant la Grameen Bank de Mohammad Yunus, à l’accès aux technologies de l’infor-mation, à la prévention et la sensibi-lisation concernant les tremblements de terre, l’hygiène et l’utilisation de l’eau. Aux Etats- Unis, elle subven-tionne l’éducation.Aujourd’hui, son système de finan-cement est simple : son capital est constitué d’actions de Microsoft ou de Berkshire Hathaway (holding de War-ren Buffet) très bien rémunéré. Les di-videndes versés vont ainsi directement financer les activités de la fondation. La bourse et le capitalisme mondial participe donc indirectement au dé-veloppement en Afrique ou en Asie. Ainsi, la fondation alloue plusieurs milliards par an à la cause humani-

taire. Cela fait d’elle l’organisation la plus influente au monde et la plus puissante devant la PNUD (Program-me des Nations unies pour le dévelop-pement) ou l’UNICEF. Fait rarissime ses fondateurs ont aussi pris la déci-sion de dépenser toutes les sommes versées 50 ans après leur mort. Warren Buffet, lui, a émis une limite de 10 ans concernant ses actifs.Ceci dit certaines de leurs activités semblent controversées. Avec l’argent restant, la Fondation a ainsi investi dans des entreprises pétrolières com-me Total, Exxon ou Shell qui vont à l’encontre de son objectif. Elle vient ainsi financer des activités à l’origine même des maladies ou des problèmes qu’elle combat.Cette « entreprise » et son mode de financement pourrait donc donner des idées à tous ceux qui s’intéres-sent aux modes de développements alternatifs. La finance dans tous ses aspects est aujourd’hui une des clefs de voute du développement. On pour-rait par exemple tirer parti des profits boursiers pour financer le développe-ment des pays les plus en difficulté, la rentabilité peut faire corps avec la responsabilité. L’indigence n’est pas une fatalité, le monde de la finance a son rôle à jouer. C’est sans doute par ce genre d’activités combinées que fi-nanciers et citoyens pourront changer la face du monde…..

ABo

Pour comprendre l’actualité

Page 5: Délit d'Initié n°4

Transac EDHEC - page 5 - Délit d’initié

Pour comprendre l’actualitéLa micro finance : un investissement intelligent

« Il ne suffit pas de dire aux gens bonne chance : il faut la leur

donner » s’exprimait Daniel Boulan-ger un des plus grands écrivains du 20 ème siècle dans La Dame au coeur. C’est ce que préconise Mohammad Yunus par le biais de sa banque et de sa pratique du microcrédit. Loin des arcanes de l’économie et de la fi-nance, ce petit homme d’1m65 a bâti la plus grande banque de microcrédit au monde : la Grameen Bank.En 2003, Sylvain Darnil et Mathieu Le Roux, jeunes diplômés de gran-des écoles l’ont rencontré. Le fruit de leur rencontre a été publié dans l’ouvrage assez célèbre : 80 hommes pour changer le monde. Son histoire est des plus surprenantes. Après un doctorat aux Etats-Unis sur le thème « l’économie et le développement », il revient dans son pays d’origine : le Bangladesh. En tant que respon-sable du Département d’Economie à l’Université de Chittagong, il voit tous les jours en allant travailler la misère et la famine gangréner son pays. Convaincu qu’il n’y a pas de fatalité à cette misère chronique il décide donc de s’intéresser aux pro-blèmes qui minent ses co-citoyens. Il se rend dans le village de Jobra, juste à côté de son Université et commence à discuter avec ses habitants. Il prend alors conscience que les femmes re-foulées du parti de l’argent car non solvables, sont obligées de s’adresser à des usuriers. Elles en payent le prix fort puisqu’elles empruntent à des taux prohibitifs. « L’objectif était de les faire entrer dans un cycle écono-mique et d’amorcer un changement de mentalité ». Le banquier des pau-vres décide alors de prêter 850 Tha-kas (24 euros) à 42 femmes parmi les plus pauvres de Jobra. Conscient

aussi du risque qu’il court, il organise ces prêts grâce à une organisation en groupe solidaire de 5, chacune des débitrices étant responsables des en-gagements du groupe vis-à-vis de la Grameen. Aujourd’hui, sa banque compte 2100 agences à travers 45 pays et fournit de l’argent en petit quantité à moindre frais pour les po-pulations défavorisées. En 2006, il a d’ailleurs eu l’honneur de recevoir le prix Nobel de la paix pour avoir contribuer à l’éradication de la mi-sère dans le monde.

Depuis, la micro-finance et la finance responsable ont fait de nombreux émules. Jacques Attali avec Pla-Net Finance ou Maria Nowak avec l’ADIE (L’association pour le droit à l’initiative économique). Plus que les aides publiques au développe-ment, ces initiatives de microcrédit semblent aujourd’hui être un très bon moyen de lutter contre la pauvreté et d’offrir une rentabilité convenable à ces investisseurs. La société générale et Axa Bank Belgium se sont ainsi associées avec PlaNet Finance pour financer petites et moyennes entre-prises en difficulté.Plus récemment en France, de grands

groupes se sont intéressés à ce genre de pro-jets financiers responsables. La financière de l’échiquier établie dans la gestion pri-vée alloue par exemple une partie de ses bénéfices à des entreprises so-ciales. Frank

Riboud, PDG de Danone, titrait dans le Monde du 14 avril 2008 que « la fi-nanciarisation est trop forte» et qu’il en combattrait ses excès . Face à l’im-possibilité de vendre des produits à des gens qui vivent avec moins de 2 dollars par jour, il a décidé de créer Danone Communities. Ce fonds sera à la fois financé par les actionnaires et les consommateurs. Dotée initia-lement de 20 millions d’euros, l’ini-tiative sera aussi financée par une SICAV gérée par le Crédit agricole. « Derrière ce fonds, il y a une démar-che intellectuelle, il y a le projet so-cial et économique de Danone. C’est ainsi que m’a éduqué mon père. On ne motive pas les salariés seulement sur l’évolution des marges et la crois-sance du chiffre d’affaire ». Le projet est donc rentable, il vient attirer les projecteurs sur la démarche de Da-none en plus de donner une bonne image de l’entreprise dans des pays dont la consommation dépassera plus tard toutes les espérances. La micro-finance n’est donc plus l’apanage des Etats ou des institu-tions internationales. Elle s’inscrit dans une stratégie sociale et de dé-veloppement de grands groupes

Page 6: Délit d'Initié n°4

Transac EDHEC - page 6 - Délit d’initié

Dans une interview donnée au jour-nal Independent, Joseph Stiglitz a qualifié le système de primes aux banquiers de “déraisonnable” et sou-ligné la responsabilité de celui-ci dans la crise financière actuelle. Les bonus versés au titre de l’année 2007 à la City avoisineraient 7,7 milliards d’euros et ce en dépit des déprécia-tions d’actifs bancaires estimées à 77 milliards d’euros. En France, à titre d’exemple, les bonus délivrés sur les marchés “dérivés actions” sont en moyenne en hausse de 17%, bien que cette hausse s’explique surtout en raison des bonnes performances antérieures à la crise du subprime. Même la Société Générale a respecté ses engagements malgré ses récents déboires. Comment dans ce contexte ne pas se poser de questions sur la pertinence, l’efficacité et a fortiori la justice de ce système sans équiva-lent?

Selon le prix Nobel d’économie, le partage démesuré des profits – jusqu’à 50% à Wall Street – et l’ab-sence de responsabilité financière en cas de pertes – les malus n’existent pas - conduisent indéniablement à une prise de risques excessive dans des produits sophistiqués afin de dy-namiser le portefeuille et les rémuné-rations à la clé. La sanction, quand

sanction il y a, se traduit par une per-te d’emploi. Cela est toutefois assez rare, les banques hésitant à offrir le gros lot aux concurrentes.Le cas Kerviel peut être cité comme illustration. Si le trader, à la rému-nération relativement modeste par rapport à celles des grands pontes de la salle des marchés, affirmait recher-cher la reconnaissance de ses pairs, il apparait évident que c’était en partie en vue d’avoir un bonus substantiel. Dès lors la tentation peut être grande de passer outre les restrictions en contournant les contrôles pour pren-dre plus de risques.

Ce système, qui doit permettre aux banques d’attirer et conserver les cerveaux, très courtisés par la concurrence du fait du phénomène de rareté qui joue encore, mais est toutefois pervers, si l’on en croit ses détraqueurs puisqu’il renforce la vul-nérabilité du système bancaire, déjà très exposé aux risques, appelle donc à une réforme, afin de mieux aligner les rémunérations sur les intérêts de l’employeur. La solution ne passe sans doute pas en tout cas par un pla-fonnement des bonus: faut-il perdre ses forces vives dans un contexte de concurrence accrue? En effet, la salle des marchés ferait-elle autant recette si les rémunérations n’atteignaient

pas des sommets? Franchement qui rêverait de travailler dans un milieu sinon malsain du moins ultra contrai-gnant, pour l’amour de l’art? D’autres propositions sont donc à l’étude: partage des pertes comme des bénéfices, engagement d’une partie du patrimoine du professionnel, blo-cage des primes sur plusieurs années afin de lisser les variations brutales, lien entre la rémunération et la nature des risques pris, part plus importante donnée aux stocks options, qui per-mettent une fidélisation des salariés et une conciliation des intérêts pro-fessionnels/actionnaires...Toutefois, toutes ses idées brillantes resteront voeux pieux s’il n’y a pas une volon-té unanime des banques de faire évo-luer les choses et une convergence des pratiques dans ce sens. La crise actuelle sera-t-elle le catalyseur de cette révolution?

CdlB

Pour comprendre l’actualité

Banque d’investissement : un système de rémunération en cause

conscients que plus vite la pauvreté sera éradiquée plus vite ils pourront « profiter » de ce potentiel que re-présente le développement. Le mi-crocrédit à grande échelle apparait comme un projet humanitaire mais il pourrait être la source d’un profit considérable. Etudiant aujourd’hui vous pourriez sortir demain grands vainqueurs de la mondialisation. Et souvenez vous : « le meilleur moyen de trouver les

plus belles opportunités d’investis-sement c’est encore de découvrir le monde kilomètre par kilomètre » disait Jim Rogers auteur de l’inves-tisseur aventurier, co-fondateur avec Georges Soros du Quantum Fund.

ABo

Page 7: Délit d'Initié n°4

Transac EDHEC - page 7 - Délit d’initié

Gestion de portefeuilleLes produits dérivés : qu’est ce que c’est ?

Ils font la fierté des banques françai-ses, ce sont des instruments financiers incontournables dans les salles de mar-chés mais que sont-ils réellement ?

Quand ont-ils été utilisés pour la première fois ?

L’histoire se plait à raconter que le célèbre Thalès dans l’antiquité avait anticipé un soir d’hiver que la récolte d’olives de l’automne suivant serait bien supérieure à la norme. Thalès prit le peu d’argent qu’il possédait et alla chez tous les propriétaires d’oliviers du pays en leur proposant de pouvoir exploiter en premier la récolte d’olives en automne, moyen-nant le dépôt auprès d’eux d’une certaine somme d’ar-gent. Comme le prix proposé, compte tenu des perspectives futures de récoltes, était très intéressant, personne n’hésita à accorder ce droit à Thalès. L’automne arriva et la récolte fut immense; Thalès put exer-cer son droit, gagnant ainsi beaucoup d’argent. Voila comment la première option est née.

Mais alors aujourd’hui qu’est ce que c’est qu’un produit dérivé ?

Il s’agit bien sûr d’un instrument financier qui prend la forme d’un contrat fixant des flux financiers fu-tures variant en fonction d’un produit appelé sous-jacent et qui permet de parier sur l’évolution de cet actif. Ils représentent aujourd’hui l’essentiel de

l’activité des marchés financiers.

Pourquoi les avoir créés ?

Il s’agissait au départ (1980) de per-mettre aux investisseurs de se couvrir contre les risques financiers du type changement de taux, risque de change, de contrepartie.

Aujourd’hui la créativité des finan-ciers est telle que les possibilités de sous jacents sont infinies (matchs de football…) : les produits dérivés peu-vent donc servir à réaliser une transac-tion impossible puisque l’actif n’existe qu’en théorie (il se matérialisera plus tard).

Comment s’y retrouver ? Nous pouvons d’ores et déjà distin-guer deux types de produits dérivés : les fermes et les optionnels. Les produits « fermes » : il s’agit de

fixer de façon définitive la date, le prix et la quantité d’un produit aujourd’hui pour une livraison future du sous jacent (la livraison effective est rare). Une fois engagé, plus moyen de faire marche arrière.

Ainsi donc la vente à découvert est pos-sible, mais la spéculation l’est d’autant plus. Ces marchés à la base de gré à gré (un vendeur, un acheteur) sont de-venus organisés et se font appeler les futures. Maintenant une chambre de

compensation du marché à terme se substitue à tous les intervenants : elle est l’acheteur de tous les vendeurs et le vendeur de tous les acheteurs. Dès qu’une transaction bilatérale est enre-gistrée à la chambre de compensation, ceux qui l’ont effectuée ne connais-sent plus chacun que la chambre de compensation elle-même comme contrepartie. Cela permet d’éviter les défaillances possibles lors de la livrai-son, ce qui pourrait créer une chaine de défaillance catastrophique.

Il existe également des swaps comme les swaps de taux d’intérêt, qui per-mettent par exemple d’échanger des intérêts à taux fixe contre des intérêts à taux variable (ex: euribor 3 mois) calculés à partir d’un montant appelé notionnel (qui lui ne fait pas l’objet d’une transaction).

Les produits « optionnels » : au mo-ment de la livraison du sous jacent la contrepartie a le droit de se rétracter à la différence des futures (droit contre obligation). Il s’agit donc des options et des warrants (options émises par des banques, et que l’on ne peut pas vendre à découvert).

Pourquoi connaissent-ils un tel suc-cès ?

Ils permettent théoriquement de ga-gner à l’infini (achat d’un call); la perte peut toutefois être, elle aussi, illimitée dans le cas d’une vente d’un call (pour un gain limité: prime). Ils permettent également de sécuriser des investisse-ments extrêmement risqués.

Il s’agit donc d’un jeu a double tran-chant : Jérome Kerviel pourra sans doute vous l’expliquer…

MR

Page 8: Délit d'Initié n°4

Le club en ligne de mire

1) Lors d’un processus de fusions-acquisitions, la data room est :a) Le lieu du buffet où se retrouvent les enchérisseurs pour négocierb) la pièce surveillée, à accès restreint, et située hors de l’entreprise, qui contient des milliers de dossiers sur la situation financière de l’entreprisec) la pièce unique où sont données toutes les conférences de presse et où ont lieu tous les contacts medias pendant l’opération

2) L’offre de rachat de JPMorgan sur la banque améri-caine Bear Stearn dont les actions valaient 170 dollars il y a un an valorise l’action à : a) 30 dollarsb) 10 dollarsc) 45 dollars

3) Un certificat désigne :a) Le papier qui est signé par les deux parties suite à une fusion-acquisitionb) Un papier qui certifie c) Un produit dérivé sur action, indice ou matière pre-mière qui permet à un public beaucoup plus large d’inves-tir dans des marchés auparavant difficiles d’accès, et qui permet d’investir dans des paniers de produits financiers.

4) Le prix du brent a atteint son maximum (en dollars constants)a) En 1979 lors du deuxième choc pétrolier b) En ce momentc) En 2004 lors de l’invasion américaine en Irak

5) Aujourd’hui, les Etats-Unis menacent de rentrer en période de :a) Croissance molle

b) stagflationc) récession

6) Parmi ces films, lequel n’a pas pour sujet la bourse et les marchés financiers ?a) Traderb) Les Initiésc) Wall Streetd) The game

7) « Les yeux plus gros que le ventre », cette expression pourrait caractériser la volonté de la société d’investisse-ment Wendel de prendre des parts significatives dans : a) Arevab) Saint Gobainc) Lafarge

Transac EDHEC - page 8 - Délit d’initié

Le club d’invest à aujourd’hui un portefeuille diversifié composé de 7 lignes :

· Abn Amro Quanto Open end (1170N)· Or Quanto Open end (1156N)· Abn Amro Prestige Open end· Merrill Lynch Replix Pays du Golf (1020N)· Stallergenes· Lyxor Etf inf link (MTI) · Dws Investment Russia

Notre objectif est triple :

Profiter du dynamisme économique de pays émergents comme la Russie et de la masse des pétrodollars qui sont réinvestis dans les pays du golf via des projets colossaux comme ce-lui de Palm Island à Dubaï

Bénéficier de l’envolée des matières premières (argent, palladium, platine, pétrole) et notamment de l’or qui est une valeur refuge en période de dou-

tes économiques. Ces sous-jacents étant cotés en $ nous sélectionnons des trackers protégés du risque de change €/$

Spéculer ponctuellement sur des ac-tions (Société générale, EDF) en pri-vilégiant toutefois les midcaps (Stal-lergenes).

PW

Le quizz de l’initié

Réponses : 1b ; 2b (Ce prix correspond au quart de la valeur du siège de Bear Stearns à New York !) ; 3 b et c ; 4a (voir graphique, NB : aujourd’hui le cours du pétrole est a 105$) ; 5c (Aux États-Unis, la récession est définie par une diminution du PIB pendant deux trimes-tres consécutifs) ; 6d ; 7b.