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Virée du 20 mai 2019 / Le Mémorial de Montormel (Randonneurs de la Côte-des-Isles) 1/8 Depuis 1994, le mémorial de Montormel s’efforce de faire sortir de l’oubli les événements d’août 1944 Construit à l’initiative du Conseil Général de l’Orne, appuyé par les élus locaux, le mémorial a pris place à côté du monument érigé dès 1964 pour commémorer les terribles combats. Le mémorial est construit sur une colline à l’emplacement même où les polonais ont fermé une première fois la poche de Falaise-Chambois, et jouit ainsi d’un panorama sur tout le champ de bataille et la vallée de la Dives. Cet espace muséographique décrit l’ampleur de la bataille et ses enjeux au moyen d’un film cons- titué d’images d’archives et de témoignages, d’une carte maquette animée et des explications d’un guide face au champ de bataille. La bataille de la poche de Falaise (18-21 août 1944) est l’ultime étape sanglante de la ba- taille de Normandie. Ce lieu de Mémoire rend également hommage aux grands stratèges et protagonistes d’une ba- taille que Montgomery avait définie comme le « commencement de la fin de la guerre ». Le mémorial se compose de deux sites : le monument extérieur, au sommet de la colline, est un espace de recueillement qui domine la vallée de la Dives et la plaine où se sont déroulés les derniers combats de cette bataille. Il a été érigé pour le 20 e anniversaire de la bataille, en 1965 ; le musée-mémorial proprement dit, dans le flanc-même de la colline, construit pour le 50 e anniversaire de la bataille, en 1994. Le monument et l’espace muséographique retracent l'ultime étape de la longue et sanglante Bataille de Normandie, où s'illustrèrent les sol- dats Polonais, Canadiens, Britaniques, Américains et Français, face aux attaques simultanées et désespérées des troupes allemandes encerclées. Rétrospective au moyen d'une animation son et lumière en 4 langues, d'une baie vitrée d'où l'on découvre le champ de bataille, de vitrines de présentation d'objets provenant du champ de bataille, d'un film composé d'images d'archives de la bataille. Vitrines contenant du matériel militaire. La visite du mémorial est incluse dans la virée. Possibilité de visite commentée et personnalisée du champ de bataille pour les groupes. Le circuit du champ de bataille, le « circuit août 44 - Couloir de la Mort » » s’inscrit dans l’Opération Grand Site Normandie 44. Ce circuit d’une vingtaine de kilomètres, en 10 étapes, traverse les sites de Chambois, Aubry- en-Exmes, Tournai sur Dives et Moissy, St Lam- bert sur Dives, Coudehard et Mont-Ormel. Il se fait en auto, moto, camping-car, en autocar, à vélo… Des panneaux informatifs restituent les combats dans le paysage et sont illustrés par des photo- graphies d’époque. On y découvre le même lieu au moment des combats et de nos jours, sous forme d’« avant-après », révélant aux visiteurs l’ampleur et la violence des combats dans cette « poche ». Bataille de la poche de Falaise Alençon est libérée le 12 août, et les Américains en provenance du Mans remontent vers Argentan. C'est alors que la situation commence à devenir vite catastrophique pour les Allemands qui se retrouveraient prisonniers si jamais cette poche venait à être fermée : on estime en effet à 40 000 le nombre de soldats allemands dans cette poche. Le 16 août 1944, Hitler ordonne d'urgence l'évacuation de la poche, mais il est déjà trop tard. Elle est finalement fermée le 21 août 1944 dans la région de Mont-Ormel, là où a été construit le mémorial.

Depuis 1994, le mémorial de Montormel s’efforce de faire ......La visite du mémorial est incluse dans la virée. Possibilité de visite commentée et personnalisée du champ de

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Virée du 20 mai 2019 / Le Mémorial de Montormel (Randonneurs de la Côte-des-Isles) 1/8

Depuis 1994, le mémorial de Montormel s’efforce de faire sortir de l’oubli

les événements d’août 1944

Construit à l’initiative du Conseil Général de l’Orne, appuyé par les élus locaux, le mémorial a pris place à côté du monument érigé dès 1964 pour commémorer les terribles combats.

Le mémorial est construit sur une colline à l’emplacement même où les polonais ont fermé une première fois la poche de Falaise-Chambois, et jouit ainsi d’un panorama sur tout le champ de bataille et la vallée de la Dives.

Cet espace muséographique décrit l’ampleur de la bataille et ses enjeux au moyen d’un film cons-titué d’images d’archives et de témoignages, d’une carte maquette animée et des explications d’un guide face au champ de bataille.

La bataille de la poche de Falaise (18-21 août 1944) est l’ultime étape sanglante de la ba-taille de Normandie.

Ce lieu de Mémoire rend également hommage aux grands stratèges et protagonistes d’une ba-taille que Montgomery avait définie comme le « commencement de la fin de la guerre ».

Le mémorial se compose de deux sites :

le monument extérieur, au sommet de la colline, est un espace de recueillement qui domine la vallée de la Dives et la plaine où se sont déroulés les derniers combats de cette bataille. Il a été érigé pour le 20

e anniversaire de la bataille, en 1965 ;

le musée-mémorial proprement dit, dans le flanc-même de la colline, construit pour le 50

e anniversaire de la bataille, en 1994.

Le monument et l’espace muséographique retracent l'ultime étape de la longue et sanglante Bataille de Normandie, où s'illustrèrent les sol-dats Polonais, Canadiens, Britaniques, Américains et Français, face

aux attaques simultanées et désespérées des troupes allemandes encerclées.

Rétrospective au moyen d'une animation son et lumière en 4 langues, d'une baie vitrée d'où l'on découvre le champ de bataille, de vitrines de présentation d'objets provenant du champ de bataille, d'un film composé d'images d'archives de la bataille. Vitrines contenant du matériel militaire.

La visite du mémorial est incluse dans la virée.

Possibilité de visite commentée et personnalisée du champ de bataille pour les groupes.

Le circuit du champ de bataille, le « circuit août 44 - Couloir de la Mort » » s’inscrit dans l’Opération Grand Site Normandie 44.

Ce circuit d’une vingtaine de kilomètres, en 10 étapes, traverse les sites de Chambois, Aubry-en-Exmes, Tournai sur Dives et Moissy, St Lam-bert sur Dives, Coudehard et Mont-Ormel. Il se fait en auto, moto, camping-car, en autocar, à vélo…

Des panneaux informatifs restituent les combats dans le paysage et sont illustrés par des photo-graphies d’époque. On y découvre le même lieu au moment des combats et de nos jours, sous

forme d’« avant-après », révélant aux visiteurs l’ampleur et la violence des combats dans cette « poche ».

Bataille de la poche de Falaise

Alençon est libérée le 12 août, et les Américains en provenance du Mans remontent vers Argentan. C'est alors que la situation commence à devenir vite catastrophique pour les Allemands qui se retrouveraient prisonniers si jamais cette poche venait à être fermée : on estime en effet à 40 000 le nombre de soldats allemands dans cette poche.

Le 16 août 1944, Hitler ordonne d'urgence l'évacuation de la poche, mais il est déjà trop tard. Elle est finalement fermée le 21 août 1944 dans la région de Mont-Ormel, là où a été construit le mémorial.

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C'est à cet endroit qu'une unité alliée de 2 000 hommes la 1

ère division blindée polonaise du général Maczek a

résisté, du 19 au 22 août 1944, à la pression des Allemands. Le site est appelé Maczuga par les Polonais.

La poche de Falaise ou poche de Chambois - Montormel ou en-core poche de Falaise-Argentan pour les Anglo-Saxons, fut le théâtre de la dernière opération de la bataille de Norman-die pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette opération se déroula du 12 au 21 août 1944 dans une zone située entre les quatre villes normandes de Trun, Argentan, Vimoutiers et Cham-bois pour s’achever près de Falaise.

La bataille de la poche de Falaise est une victoire stratégique pour les Alliés. Confinés en Normandie pendant deux mois, ils projettent enfin leurs forces dans tout le nord de la France, et manquent de peu l'encerclement de deux armées allemandes avec leurs dizaines de divisions.

En cela, la victoire est peu concluante et a occasionné une con-troverse entre Américains et Britanniques qui perdure de nos jours.

Situation militaire

Après le débarquement du 6 juin 1944, la guerre s'enlise côté américain devant Saint-Lô dans la bataille des haies, et côté An-glo-Canadien dans la bataille de Caen ; la progression est difficile vers Falaise.

Le maréchal Montgomery se bat avec une armée anglo-canadienne à coup d'opérations limitées et violentes. Faisant face à la majorité des moyens blindés de la Wehrmacht, sur un terrain de bocage défavorable à l'offensive motorisée, la progression britannique est lente et coûteuse.

L’opération Cobra du 25 juillet 1944, coup de tonnerre planifié par le général Bradley, libère soudainement toute la 3

e armée du

général Patton après cinquante jours de petites avancées. Le 1er

août 1944, la percée d’Avranches permet le jaillissement des divisions américaines vers la Bretagne, seconde étape du plan Overlord. Il devient vite évident que, devant la faiblesse de la 7

e armée allemande, une occasion unique se présente d'asséner un coup massif

à la Wehrmacht. Une réunion entre Bradley et Montgomery, le 2 août 1944, parvient à la conclusion qu'un seul corps d'armée américain, avec le concours de la Résistance française, serait suffisant pour nettoyer la Bre-tagne. D'autre part, on décide que le général Patton devrait s'assurer les passages de la Loire au sud, « et se tenir prêt à se lancer vers l'est (Paris) avec de puissantes forces blindées et motorisées ».

Contre toute logique militaire, plutôt que de se replier en ordre sur les coupures fluviales après la percée améri-caine, Adolf Hitler imagine une offensive sur Mortain. En décidant cela, il pousse en effet l'armée allemande vers la destruction. Le Führer a pris personnellement en charge les opérations militaires à l'Ouest depuis l’attentat du 20 juillet 1944, car il a perdu toute confiance dans les militaires de ses états-majors. Il n'écoute plus aucun avis, ni aucune mise en garde. C'est donc un plan complet de la main d'Hitler qui est adressé au maré-chal von Kluge. La contre-attaque de Mortain, lancée le 7 août 1944, est un échec cuisant pour les Allemands, qui laissent une partie de leurs forces très dangereusement en pointe.

Relations et réorganisations alliées

Cette fin de bataille de Normandie se déroule sous fortes tensions entre Alliés britanniques et américains, voire entre Anglais et Canadiens. Les opérations se prolongent depuis beaucoup trop longtemps sans vraie victoire stratégique. Au plus haut niveau politique, les interrogations sont multiples. Des conflits larvés se font jour et gangrènent la confiance mutuelle qui avait prévalu jusqu'ici. Par ailleurs, le nombre de divisions placées sous l'autorité de la 1

ére armée américaine allant croissant, la situation commence à être difficilement gérable pour le

général Bradley. Aussi, le général Dwight D. Eisenhower, commandant en chef du théâtre d'opérations Europe (ETO) profite-t-il de la victoire américaine d’Avranches pour réorganiser le commandement allié.

Jusqu'alors, l'ensemble des opérations terrestres avait été pris en main par le général Bernard Montgomery, chef du 21

e groupe d’armées. Eisenhower crée le 12

e groupe d’armées et met à sa tête le général Omar Bra-

dley, jusqu'ici chef de la 1re

armée américaine. Courtney Hodges est nommé commandant de la 1re

armée amé-ricaine. Montgomery reste commandant en chef des forces terrestres, mais le général Eisenhower s'apprête à prendre sa place, afin d'être en position d'arbitre des deux commandants de groupe d'armées. Enfin, le débar-quement de la 4

e division blindée canadienne permet aux Canadiens de gagner leur autonomie par la création

d'une armée forte de deux corps d'armée, dont un canadien à deux divisions blindées et deux divisions d'infan-terie.

Situation du haut commandement allemand

Le contexte est marqué par la confusion issue des complexités d'organisation de la Wehrmacht. Le maréchal von Kluge est un fidèle d’Hitler. A ce moment de la bataille, il combine les rôles de commandant du Groupe d’armées B (Heeresgruppe B) et de commandant en chef des forces armées à l’Ouest (Oberbefehlshaber West). Soupçonné d'être impliqué dans le complot contre Hitler, il agit avec un zèle extrême et fait tout pour

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s'affranchir des soupçons du Führer. Aussi, tous les ordres qu'il reçoit sont-ils traités à la lettre, sans aucune forme d'interprétation, aboutissant finalement aux pires catastrophes. Pendant la journée du 15 août 1944, à l'occasion d'une inspection dans la poche, à la suite d'une attaque aérienne sur son petit convoi d'accompagnement et la destruction du véhi-cule de communication, il disparaît sans donner de nouvelles, réapparaissant au QG du général Eberbach à la nuit tombée ; il a fallu 16 heures au convoi pour parcourir 80 km. Les soupçons de trahison sans aucun fondement pèsent de plus en plus sur le Feldmarschall, finalement révoqué le soir du 17 août par Hitler. Walter Mo-del, le « pompier de service », en provenance du Front de l’Est, le remplace au pied levé dès le 18 août 1944, au pire moment de la bataille. Von Kluge est convoqué à Berlin pour s'expliquer, destination qu'il n'atteindra jamais, car, au cours du trajet, peu avant Verdun, il

Le maréchal von

Kluge

se suicide au cyanure, le 19 août 1944, laissant une lettre assez prophétique adressée à Hitler.

Le général Heinrich

Eberbach

Autre personnage, le général Heinrich Eberbach commande la 5e armée blin-

dée (Panzergruppe West). Il fait face aux Anglo-Canadiens, qui pressent pour capturer Falaise.

En opposition aux ordres reçus, il refuse de libérer trois divisions de panzers pour la contre-attaque de Mortain, considérant comme imminente l'attaque contre ses propres positions. Dès avant la fin de la contre-attaque allemande sur Avranches, l’opération Tota-lize démarre face à ses troupes, lui donnant raison après coup. Mais ce refus d'obtempé-rer l'amène à la disgrâce aux yeux d’Hitler, qui le relègue au commandement d'un corps d'armée blindé (Panzergruppe Eberbach). L'Oberstgruppenfuhrer SS Sepp Dietrich le remplace à la tête de la 5

e armée blindée. Le général SS Paul Hausser commande de son

côté la 7e armée allemande avec le grade d’Oberstgruppenführer, général d'armée. Pre-

mier général de la Waffen-SS à commander une armée, il est peu apprécié par le haut commandement du fait de sa dernière promotion, trop rapide selon certains. Son armée est littéralement vapo-risée par l’opération Cobra, qui le laisse avec des restes de divisions à gérer.

En résumé, le commandement en chef est donc confié à un fidèle d'Hitler en plein milieu de la bataille, le Generalfeldmarschall Model, et les deux armées sous son autorité, à deux généraux de la Waffen-SS, signe clair de la défiance d'Hitler envers la Wehrmacht.

Forces en présence

Les Alliés sont organisés en deux grandes forces, l'une anglo-canadienne et l'autre américaine. Les Allemands, après leur échec de Mortain, ont des forces très affaiblies, mais encore combattives.

du côté des Alliés

Depuis la réorganisation d'août, le 21e groupe d’armées du général Montgomery est organisé en deux armées

distinctes : la 2e armée britannique du général Sir Miles Dempsey et la 1

ère armée canadienne du général Harry

Crerar.

Ces forces totalisent 16 divisions, dont cinq blindées, soit 240 000 hommes et 1 500 blindés. Ce début du mois d'août voit l'engagement de la 1ère division blindée polonaise du général Maczek, débarquée récemment, le 31 juillet.

Le 12e groupe d'armées du général Bra-

dley est organisé en deux armées de la même manière : la 1

re armée américaine du

général Courtney Hodges et la 3e armée

américaine du général Georges Patton.

Le général Maczek

Les Américains disposent ainsi de 21 divisions, dont 6 blindées, y compris la 2e division blindée française du

général Leclerc, soit 320 000 hommes et plus de 2 000 blindés.

Les forces alliées totalisent ainsi 37 divisions dont 11 blindées, ou près de 600 000 hommes et 3 500 chars, y compris les unités rattachées (brigades et bataillons divers). La supériorité numérique alliée est donc totale, sur terre comme dans les airs. Et de plus, depuis la victoire de Patton et son échappée en Bretagne, le moral est très haut. Le soldat allié sent que la victoire décisive est à portée.

du côté des Allemands

Après la réforme organisationnelle du 6 août, précédant l'offensive allemande sur Avranches, deux armées allemandes sont en ligne face aux Alliés. Les unités qui les composent ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes, totalement usées par les deux mois de combats en Normandie. Elles ne consistent plus, pour la moitié d'entre elles, qu'en groupements tactiques totalisant moins de la moitié, parfois moins du quart, de leur force initiale ; l'appellation de division doit donc être relativisée dès lors qu'elle s'applique au camp allemand. Le général alle-mand Hasser, lui-même blessé lors de ces combats, estime que la bataille de Normandie a détruit pratiquement huit divisions allemandes en juillet.

Toutefois, la force allemande en Normandie, encore en place début août 1944, reste une puissance respec-table, correctement équipée en blindés et moyens antichars, dont environ 100 canons de 88 mm et 75 mm devant Falaise.

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L'armée allemande pèche encore et toujours sur le plan logistique, avec une capacité faible d'approvisionne-ment en munitions et une incapacité quasi complète à remplacer les pertes en hommes et matériels. Le moral des soldats allemands durant cette période de la guerre était en général faible, encore amoindri par l'échec de la contre-attaque de Mortain. Certaines unités connaissent même des redditions massives pendant la progres-sion rapide des Américains après la percée d'Avranches.

Seules quelques unités fanatiques de la Waffen SS, appartenant aux divisions Adolf Hitler, Hitlerjugend, Ho-henstaufen et Frundsberg, respectivement sous les ordres de Wisch, Meyer, Bock et Harmel, ont une capacité de rétablissement moral leur permettant de contre-attaquer efficacement.

Le déroulement de l'offensive et la situation dans la poche du 12 au 16 août 1944

La poche de Falaise est déjà totalement délimitée le 12 août 1944. De la forme d'un U allongé de 30 km, l'ou-verture de 9 km de large se trouve orientée à l'est. À cette date Falaise, Argentan, Flers et Condé-sur-Noireau délimitent son espace.

Situation alliée au sud

Le 12 août, le 15e corps d'armée américain lance son offensive vers le nord afin de contribuer à la fermeture de

la poche. Ceci selon les ordres de Patton qui avait exigé que ses troupes atteignent la ligne Sées-Carrouges dès que possible. Les 5

e DB et 79

e DI américaines occupent Sées alors que la 2

e DB française du

général Leclerc, appuyée de la 90e DI américaine, s’empare d’Alençon.

Alençon forme un centre de ravitaillement important de la 7

e armée allemande. La si-

tuation logistique de ces troupes, déjà déplo-rable, ne peut devenir que désespérée.

Afin de contrer cette grave menace, la 2

e division blindée allemande se met en

marche, le 13 août, sur deux colonnes vers le sud. Mais en raison de la couverture aé-rienne alliée, elle n'atteint pas ses objectifs. Elle se retrouve en pointe à Rânes le 14 août et perd le contact avec le groupement blindé Eberbach, sans avoir menacé en quoi que ce soit la progression alliée. Le groupement blindé Eberbach se replie dès lors sur Argen-tan afin de défendre la ville.

Patton décide d'engager le 20e corps

Le général Leclerc consulte la carte pour procéder à la suite des opérations.

d'armée américain à droite du 15e corps, afin de couvrir le flanc droit de l'attaque.

Au même moment, les 5e, 7

e et 9

e corps américains consolident leurs fronts afin de repousser uniformément les

Allemands vers le fond de la poche.

Le général Bradley arrête ses troupes juste au sud d'Argentan le 13 août, au moment où elles allaient se jeter sur la ville pratiquement sans défenses…

La situation alliée au nord

L'opération Tractable est lancée le 14 août à la mi-journée. Cette fois, la détermination est totale chez les Ca-nadiens et les Polonais : on ne s'arrêtera pas à Falaise capturée mais on poursuivra dans la foulée sur Argen-tan, Monty ayant été très clair sur les objectifs : capturer Trun. Une fois de plus, une masse blindée est mise en place, avec de l'infanterie montée dans des chars sans tourelles. L'ensemble se met en marche derrière un écran de fumigènes destiné à aveugler les défenseurs. L'infanterie allemande est totalement submergée. La rivière Laizon est rapidement franchie, et le premier rideau antichar ennemi forcé en fin d'après-midi. À la tombée de la nuit, les pointes de la 3

e division canadienne ne sont plus qu'à 5 kilomètres de Fa-

laise. Une diversion canadienne opérée par la 2e division d'infanterie

devait attirer les réserves allemandes. Mais un groupement tactique de la 12

e division blindée SS, renforcé d'une dizaine de pièces de

88 mm, barre le passage sur la dernière crête avant Falaise. Des notes de briefing sont capturées sur un officier canadien tué, les-quelles indiquent clairement l'axe d'offensive allié. La feinte n'a pas pris. De nuit, des patrouilles atteignent la route de Falaise à Saint-Pierre-sur-Dives. Toutefois, les Allemands résistent toute la journée du lendemain 15 août avec l'acharnement du désespoir. Pendant

ces événements, la 1re

division blindée polonaise parvient à franchir la Dives à Jort, ce qui constitue un exploit.

Le 16 août, la 2e division d'infanterie canadienne attaque brusquement Falaise par l'ouest et surprend la petite

garnison allemande. Au soir, toute la ville est aux mains des Canadiens, à l'exception de l'École normale qui ne cède que le lendemain du fait de la résistance acharnée de cinquante fanatisés, seuls trois survivants sont cap-turés. Comme la situation est favorable, le général Simmonds décide que la 4

e division blindée a désormais

Trun pour objectif, en conjonction avec les Polonais. Le général Crerar ordonne son Ier

corps vers Lisieux tout en le renforçant de la 7

e division blindée britannique.

Les deux pinces de la tenaille alliée ne sont plus désormais séparées que par 19 kilomètres.

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Les Allemands résistent efficacement

Au soir du 17 août 1944, la nasse renferme encore la 7e armée allemande, une part de la 5

e armée blindée ainsi

que le groupement blindé Eberbach, qui semblent tous sur le point d'être capturés. Seuls deux corps d'armée de la 5

e armée blindée restent hors du piège. Ainsi, ce sont 100 000 Allemands qui sont encore entassés dans

la poche. L'analyse américaine, concluant à une évacuation quasi totale de la poche par les Allemands autour du 15 août, était donc fausse. Quoi qu'il en soit, en fin de journée, le franchissement de l'Orne par la 7

e armée

allemande est achevé avec les plus grandes difficultés.

Le 18 août, le maréchal Model, nouveau commandant en chef à l'Ouest, prévoit une contre-attaque du 2e corps

corps blindé SS depuis Vimoutiers vers Trun. Ceci pour laisser encore une porte de sortie au maximum d'unités allemandes encerclées…

Durant les journées du 19 au 20 août 1944, sur un passage de 3 km de largeur ce qui reste des troupes alle-mandes en Normandie essayent de s'échapper par le seul passage encore ouvert dans la poche de Falaise sous la pression des Canadiens et des Polonais au nord, et des Américains et d'un détachement de la 2

e DB

française au sud. Seuls le gué de Moissy, traversable l'été et le pont de Saint-Lambert permettent aux véhicules de franchir la Dives. Cette zone est durant ces deux jours sous le feu de l'artillerie et de l'aviation alliée. Cet étroit passage entre Saint-Lambert-sur-Dives et Chambois a été nommé à la fin de la bataille le couloir de la mort.

Lorsque les troupes alliées font leur jonction, ils découvrent un spectacle dantesque avec un enchevêtrement de véhicules détruits, incendiés ou abandonnés et de cadavres de soldats et de chevaux recouvrant la route, parfois sur une épaisseur de trois ou quatre corps, ce qui lui faudra ce surnom de « couloir de la mort », « L'une des plus grandes tueries de la guerre », dira le général Eisenhower

Le 19 août, une partie de la 1ère

DB polonaise du général Maczek occupe le Mont-Ormel, la très impor-tante cote 262, qui commande l'ensemble du sec-teur. L'objectif de l'autre partie de sa division est Chambois, afin de fermer la poche une fois pour toutes. Les combats sont très meurtriers, le village étant attaqué sur trois côtés. Mais les Allemands réussissent à résister une partie de la journée. Le village est attaqué une nouvelle fois par le sud, par des éléments de la 90

e division d'infanterie améri-

caine épaulés par le groupement tactique Langlade de la 2

e DB française. La résistance allemande cède

en fin d'après-midi, et les deux armées alliées font enfin leur jonction. Les Polonais et les Américains ont réussi à éviter toute méprise et tombent dans les bras les uns des autres. Mais la poche n'est pas encore hermétiquement close.

Les Allemands refusent toujours de céder. Le 20 août, le maréchal Model lance sa contre-attaque décidée deux jours plus tôt. Depuis cette décision, les dernières possibilités pour les Allemands de s'échapper avaient disparu (Trun, Saint-Lambert-sur-Dives et Chambois).

Les unités polonaises du 10e régiment blindé et

Carte de la fin des combats

du 8e régiment d'infanterie légère qui occupaient le Mont-Ormel, sont rapidement isolées. Mais les Polonais,

eux-mêmes encerclés, résistent farouchement pendant deux jours entiers. Des parachutages de vivres et de munitions assurent la continuité de cette résistance. La contre-attaque du 2

e corps blindé SS permet à plusieurs

milliers d'hommes de passer la Dives à gué, et de s'extraire de la poche. Mais, c'est la dernière tentative alle-mande de dégagement de ses troupes encerclées. Désormais, la porte est close.

Le 21 août, le sort en est bien jeté. Les unités allemandes encore en état à l'extérieur de la poche de Falaise font mouvement de retraite vers la Seine. Celles qui restent à l'intérieur n'ont plus d'autre solution que de se rendre en masse aux Alliés.

Une victoire stratégique alliée incontestable…

Stratégiquement, c'est une victoire importante. Deux armées allemandes sont très affaiblies, l'espace géogra-phique est brutalement occupé et rien ne semble pouvoir arrêter la furia des divisions du général Patton. Déjà, les patrouilles motorisées britanniques et américaines gagnent des têtes de pont sur la Seine, et Paris se sou-lève en attendant l'arrivée des chars libérateurs. En trois semaines de combats depuis la percée d'Avranches, les données de la bataille de France ont totalement changé. Les Alliés reprennent l'initiative, et les Allemands, bousculés, ne sont plus en mesure d'opposer une quelconque résistance organisée. Une victoire rapide des Alliés en Europe semble possible.

… mais une victoire opérationnelle contrastée

Qu'ont fait les Alliés de la brillante percée de Patton à Avranches le 31 juillet ? Sur un plan opérationnel, ils ont été incapables de refermer la poche que les Allemands ont eux-mêmes constituée en contre-attaquant à Mor-

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tain. La poche pouvait-elle être fermée plus tôt ? Oui, disent les historiens pratiquement à l'unanimité. Et les mêmes sont dubitatifs quant aux causes de cette incapacité. Il y a eu ici une défaillance, un moment de doute, que les Allemands ont utilisé à leur avantage.

D'une manière générale, les Alliés semblent avoir surestimé la puissance de leur aviation d'appui au sol. Certes, elle est responsable d'une forte proportion des pertes allemandes de la poche, mais n'a pu empêcher l'évacuation des armées allemandes.

Globalement, deux tiers de la 7e armée sont parvenus à sortir de la nasse, même si une bonne partie de l'ar-

mement lourd et des véhicules a dû être abandonnée.

Bilan humain et matériel

Il ne sera sans doute jamais possible de dresser un bilan exact des pertes allemandes de cette bataille. Les hypothèses les plus courantes font apparaître environ 5 000 à 6 000 morts, 30 000 à 40 000 prisonniers et une perte matérielle estimée à 5 000 véhicules. Les atermoiements alliés auraient permis le retrait d'environ 100 000 Allemands. Certains auteurs ont pu contester ces chiffres, jugés bas. Mais la résistance ultérieure des Allemands, et la contre-attaque des Ardennes ont montré que les Allemands avaient pu extraire une bonne partie de leurs uni-tés, et surtout de leur encadrement. Seul un cinquième des commandants de corps et généraux de division ont en effet été capturés.

Les Canadiens enregistrèrent le plus lourd tribut allié. Les Polonais ont également été très éprouvés dans cette bataille avec 1 500 morts pour la seule 1

ère division blindée. D'une manière générale, les forces américaines ont

eu des pertes mineures, n'ayant pas porté l'effort principal de la bataille.

La Route du « Circuit Août 44 » (Non prévu au programme)

L'itinéraire est fléché et balisé de panneaux informatifs, passant par le Mémorial de Montormel, puis

Chambois : Il est environ 19h, ce 19 août 1944, lorsque les Américains qui remontent du sud, et les Polonais, descendant du nord se rencontrent, la poche de Falaise-Chambois est fermée.

Avec les ponts de Saint-Lambert, au 19 août 1944, il ne reste plus que ce gué pour franchir le fossé anti-char naturel que représente la Dives. Sous les tirs d’artillerie et les attaques incessantes de l’aviation alliée, des mil-liers de soldats allemands s’engouffrent sur cet étroit passage…

Auby-en-Exmes : Terrés dans la journée en forêt de Gouffern, c’est essentiellement la nuit que les Allemands tentent leur chance pour échapper à l’artillerie et aux chasseurs bombardiers. Le spectacle est dantesque, le génie allemand a ouvert des passages dans les haies pour permettre aux convois de passer. Tout n’est qu’épaves fumantes. Déjà les cadavres se décomposent, des chevaux affolés et blessés sillonnent en tous

(1) Le mémorial

de Mont-Ormel

(2) Chambois

(Place du Donjon)

(3) Chambois

(Gué Moissy)

(4) Aubry-en-Exmes

(Eglise)

(5) Tournay-sur-Dives

(Place de la mairie)

(6 & 7) St-Lambert-sur-Dives

(Mairie & Eglise)

(8) « Couloir de la Mort » Couloir de 5 km de long

(9 & 10) Coudehard (Stèle des Polonais &

Cour du Bosq)

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Virée du 20 mai 2019 / Le Mémorial de Montormel (Randonneurs de la Côte-des-Isles) 7/8

sens la plaine. Avec la nuit, il devient impossible de se déplacer sur le champ de bataille, seule l’église en flammes sert de repère.

Tournai-sur-Dives : C’est au sommet du clocher que l’abbé Launay fait fixer un drap en guise de drapeau blanc (visible au Mémorial). Comme celui-ci est sans effet, il part alors à la rencontre des Alliés. De retour à Tournai avec un seul canadien, ils font prisonniers 300 Allemands, dans ce qui va devenir la cour de la reddi-tion. Le signal est donné, et dans l’après-midi, 1 500 autres Allemands se rendent au même endroit. Partout les redditions deviennent massives, la bataille est terminée.

Saint-Lambert-sur-Dives : En coupant les ponts sur la Dives, à Saint-Lambert-sur-Dives, le petit groupe de Canadiens de Major Currie ralentit la retraite allemande. Mais face à la pression des 100 000 Allemands encer-clés, le détachement doit se replier sur la cote 118 à la sortie nord de la commune. Le Major Currie recevra pour son action à Saint-Lambert, la Victoria Cross, plus haute distinction de l’Empire britannique, première que les troupes canadiennes se verront décerner pendant la campagne du nord-ouest de l’Europe.

Devant l’église, dans un chaos indescriptible, plus de 50 000 soldats allemands franchissent la Dives, en parti-culier au pont situé au pied de l’église. Sur cet étroit pont, les blindés et les véhicules de toutes sortes, y com-pris hippomobiles, se pressent dans un immense embouteillage, régulièrement écrasés par les salves d’artillerie alliée. Le général Von Lüttwitz, commandant la 2ème Panzer division, décrit dans ses mémoires le passage de la Dives à Saint-Lambert : «La traversée du pont de la Dives était tout particulièrement horrible, les corps des soldats tués, des chevaux morts, des véhicules et d’autre matériel qu’on avait précipités depuis le pont dans la rivière, y formaient un enchevêtrement macabre».*

Entre Saint-Lambert-sur-Dives et Coudehard, baptisé par les Allemands «Couloir de la Mort», c’est sous ce nom que va rentrer dans l’histoire l’étroite bande de terre qui part de la Dives et aboutit à la cour du Bosq, au pied des positions polonaises. Il faut alors de longues heures pour parcourir sous les tirs d’artillerie, ce couloir de 5 km de long sur quelques centaines de mètres à 3 km de large, unique voie de salut de l’armée allemande en repli.

Coudehard : «262 Nord» : le nom donné à cette colline fait référence à l’altitude portée sur les cartes d’état major alliées de l’époque. Les Polonais lui ont donné le nom de Maczuga (la massue), à cause de sa forme, mais aussi à cause de l’impact que la prise de cette position va avoir sur l’armée allemande. Pendant 3 jours, les Polonais installés sur cette colline, qui contrôlent la sortie du «Couloir de la Mort», vont gêner et ralentir la retraite des Allemands. Assaillis de toute part, ils résistent jusqu’à l’épuisement aux assauts allemands

La cour du Bosq, à la sortie du «Couloir de la Mort», voit converger plusieurs milliers d’Allemands en repli. Ils s’y regroupent, avant de franchir le dernier obstacle qui les sépare de leurs lignes. Le général Meindl, comman-dant le 2ème corps parachutiste qui a pour mission de réaliser la percée, y a installé son PC et tente d’organiser la sortie.

Balades autour du Mémorial

Deux circuits possibles : l’un de 5.7 km passant par la stèle des Polonais, retour par le bourg de Mont-Ormel. L’autre plus court, 4.5 km par le raccourci empruntant la D711. (à confirmer après repérage)

5.7 Km

Stèle commémorant la fin de la bataille de la Poche de Falaise, le 22 août 1944. Du 18 au 21 août 1944, un groupe-ment de la 1re Division blindée polonaise résista, sur la hauteur

de la cote 262, à tous les assauts des troupes allemandes qui tentaient d’échapper à l’encerclement.

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Virée organisée en collaboration avec l’Office de Tourisme du Pays de Falaise. Transport assuré par Collas-Voyages