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Un Peuple - Un But Une Foi MINISTERE DE L’ECONOMIE ET DES FINANCES DIRECTION DE LA PREVISION ET DES ETUDES ECONOMIQUES Document d’Etude N°25 Politique Agricole, Productivité et Croissance à Long Terme au Sénégal DPEE/DEPE @ Août 2013

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Un Peuple - Un But – Une Foi

MINISTERE DE L’ECONOMIE ET DES FINANCES

DIRECTION DE LA PREVISION ET DES

ETUDES ECONOMIQUES

Document d’Etude N°25

Politique Agricole, Productivité et Croissance à Long Terme au Sénégal

DPEE/DEPE @ Août 2013

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Alsim FALL Baidy Baro MBAYE Hamat SY1

Août 2013

RESUME

L’agriculture sénégalaise reste peu productive au regard des contre-performances qu’elle a enregistrées depuis des décennies. Cette étude

cherche à évaluer, puis à analyser les effets de la politique agricole actuelle du Sénégal sur la croissance, via notamment un accroissement de la productivité. En particulier, elle se focalise sur les nouveaux projets et

programmes inscrits dans le PTIP, dont le coût budgétaire est estimé à 126 milliards de FCFA. Pour ce faire, un modèle d’équilibre général calculable orienté au secteur agricole a été utilisé. Les résultats indiquent que la mise

en œuvre de cette nouvelle politique agricole devrait susciter un accroissement annuel moyen de 10,7% de l’activité agricole sur la période

2014-2023. Cependant, ces performances pourraient être réduites de moitié si les dépenses d’investissement devenaient inefficaces ou si le mécanisme de suivi et d’entretien des investissements était défaillant.

Classification JEL: Q11, Q18, H3, C68

Mots Clés: Politique agricole, productivité, croissance, MEGC

ABSTRACT

Senegalese agricultural sector appears to be unproductive in light of low performances over the last decades. This study attempts to assess and analyze the effects of Senegalese current agricultural policy on growth,

particularly through an increase in productivity. A special attention is paid to newly-implemented agricultural programmes in the Public Investment

Triennial Plan (PITP), which estimated cost is FCFA 126 billion. To measure these effects, we set up an agricultural-based Computable General Equilibrium Model. Our main result show that the agricultural sector

activity could rise up to 10.7% per year in average, during 2014-2023. However, this outcome could be halved by ineffective investment spending or

poor investment monitoring.

JEL Classification: Q11, Q18, H3, C68

Keywords: Agricultural policy, productivity, economic growth, CGE Model

1 Nous tenons à remercier les chercheurs Alioune DIENG, Djiby DIA et Cheickh Sadibou FALL (Institut Sénégalais de Recherche Agricole) et le comptable national Fodé DIEME (Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie) pour leur contribution distinguée à la réalisation de ce document.

Politique Agricole, Productivité et Croissance à Long Terme au Sénégal

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I. INTRODUCTION

Depuis son accession à l’indépendance, le Sénégal a défini successivement plusieurs

stratégies de développement agricole, afin de donner au secteur toute son importance liée à la

croissance économique, à la redistribution des revenus et à la sécurité alimentaire. Ainsi,

partant d’une politique agricole fortement interventionniste au cours des deux premières

décennies du Sénégal indépendant, l’Etat s’est, par la suite, progressivement désengagé à la

faveur des politiques d’ajustement structurel conclues avec les institutions de Bretton Woods.

Ce désengagement s’est opéré notamment par le biais de la Nouvelle Politique Agricole

(NPA), dont la mise en œuvre a débuté en 1984.

La libéralisation du secteur agricole est devenue plus effective à la fin des années 1990, mais

c’est à partir des années 2000 que de nouvelles orientations ont été définies, avec l’adoption

en 2004 de la Loi d’Orientation Agro-Sylvo-Pastorale (LOASP) et ses programmes annexes2.

En outre, l’Etat a lancé, en 2006, le plan pour le Retour Vers l’Agriculture (REVA), dans

l’espoir d’endiguer les flux migratoires des jeunes sénégalais vers l’Europe. Puis, en 2008, la

Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance (GOANA) a été mise en œuvre,

en réponse à la crise alimentaire mondiale de 2007-2008. Par ailleurs, le Sénégal a élaboré son

Programme National d’Investissement Agricole (PNIA), issu d’une vision commune définie

aux niveaux continental (à travers le PDDAA) et sous-régional (à travers l’ECOWAP).

Ainsi, la politique agricole du Sénégal est conçue à travers plusieurs documents stratégiques

susceptibles de rendre difficile son exécution. En effet, malgré tous les efforts entrepris pour

son développement, l’agriculture sénégalaise3 reste peu productive au regard des contre-

performances qu’elle a enregistrées depuis des décennies. Durant ces quinze dernières années,

sa contribution à la croissance économique est presque nulle (0,1%), et sa part dans le PIB est

passée de 10% en 1997 à moins de 8% en 2011. La productivité du travail dans le secteur

agricole demeure très faible comparativement aux secteurs secondaire et tertiaire. Elle affiche

en outre un taux de croissance fortement volatile.

Cependant, l’espoir de l'émergence d'un secteur agricole prospère est encore permis si l’on

se réfère à la volonté politique renouvelée des autorités publiques sénégalaises qui ont placé

2 Il s’agit du Programme National de Développement Agricole (PNDA), du Programme National de

Développement de l’Elevage (PNDE), du Plan d’Action Forestier du Sénégal (PAFS) et du Plan d’action pour le

développement de la Pêche et de l’Aquaculture (PADPA).

3 Dans cette étude, l’agriculture est analysée au sens strict. Ainsi, Elle n’intègre ni l’élevage, ni l’exploitation

forestière.

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l’agriculture au cœur du processus de développement économique et social. Dès lors, la

problématique de la pertinence de la nouvelle orientation de la politique agricole mérite une

considération particulière, tant du côté des pouvoirs publics que de celui de la recherche

académique. La présente étude s’inscrit dans cette perspective et cherche à évaluer, puis à

analyser les effets de la politique agricole actuelle du Sénégal sur la croissance, via

notamment un accroissement de la productivité. Le paradoxe, selon lequel l’agriculture

concentre 28% de la population active et ne fournit que 7,8% de la production, est

suffisamment illustratif des problèmes de productivité auxquels est soumis ce secteur. Cette

étude tente ainsi d’identifier les leviers et contraintes de la politique agricole du Sénégal qui

gouvernent l’évolution de la croissance agricole. Dès lors, il sera possible de discuter des

conditions dans lesquelles la politique agricole pourrait être cohérente avec la Stratégie

Nationale de Développement Economique et Social (SNDES) qui table sur un taux de

croissance soutenu, à moyen et long terme, de 7-8%.

Par ailleurs, devant la pluralité des documents de politique agricole, l’étude se focalise sur les

projets et programmes agricoles inscrits dans le Programme Triennal d’Investissements

Publics (PTIP). En effet, le PTIP est le cadre de convergence et d’exécution de tous les projets

et programmes publics. Il est mis en œuvre sur un horizon de 3 ans, suivant une

programmation glissante. Cependant, il est important de préciser que seules les dépenses

supplémentaires consacrées à l’agriculture font l’objet d’analyse, car les autres dépenses

agricoles sont supposées évoluer conformément à la tendance de l’économie. Ainsi, de

nouveaux programmes agricoles ont été ajoutés au PTIP (2012-2014), tandis que d’autres

programmes, déjà existants, ont enregistré une hausse de leur allocation. Globalement, le

budget programmé dans le PTIP (2013-2015) a augmenté de 126,034 milliards de FCFA par

rapport à celui du PTIP précédent (2012-2014).

Un MEGC dynamique est utilisé pour évaluer les effets sectoriels et macroéconomiques des

dépenses supplémentaires envisagées dans la politique agricole. Notons que le MEGC est

conçu pour prendre en compte un secteur agricole détaillé au niveau de ses filières les plus

représentatives. L’utilisation d’un MEGC est importante, à plus d’un titre, car il permet à la

fois de quantifier les retombées économiques à court et moyen terme de l’accroissement des

dépenses publiques (effets demande) et d’évaluer les effets structurants de long terme (effets

d’offre), qui influent principalement sur la fonction de production des unités agricoles.

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La suite du document se présente comme suit. La section 2 retrace l’historique des stratégies

de développement agricole mises en place depuis les premières années de l’indépendance. La

section 3 analyse de façon précise les dépenses d’investissements additionnelles devant être

mises en œuvre sur la période 2013-2015. Les faits stylisés sont présentés dans la section 4.

La section 5 passe en revue la littérature théorique et empirique relative aux effets de la

politique agricole sur la croissance et la productivité. La section 6 revient sur les points

essentiels du MEGC et explique la façon dont la politique agricole est prise en charge par le

modèle. Les résultats ainsi que leur interprétation sont présentés dans la section 7. Enfin, la

section 8 est réservée à la conclusion.

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II. REVUE DES STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT AGRICOLES AU SENEGAL

Durant les deux premières décennies qui ont suivi l’accession du Sénégal à l’indépendance,

l’Etat a mené une politique agricole interventionniste consistant, à intensifier et à diversifier la

production agricole. C’est ainsi que des structures d’encadrement, comme l’Office de

Commercialisation Agricole du Sénégal (OCAS), ont été créées pour soutenir les agriculteurs

et vulgariser des méthodes et des techniques culturales. L’OCAS disposait de la prérogative

du monopole d’achat de la production arachidière auprès des coopératives agricoles et d’un

nombre réduit de commerçants privés agréés. Ensuite, l’Office vendait la récolte aux usines

de transformation opérant au Sénégal ou à des sociétés qui organisaient l’exportation de

l’arachide pour son traitement en France.

Un programme ambitieux de modernisation agricole avait été mis sur pied, financé par la

BSD (Banque Sénégalaise de Développement), devenue plus tard BNDS (Banque Nationale

de Développement du Sénégal) ; celle-ci était supervisée par les CRAD (Centres Régionaux

d’Assistance au Développement) et accessible aux agriculteurs grâce aux coopératives qui

garantissaient les emprunts contractés, sur la base des ventes d’arachide produite par leurs

membres. Entre 1966 et 1967, les CRAD et l’OCAS ont été dissout et leurs fonctions

transférées à l’Office National de Coopération et d’Assistance au Développement (ONCAD),

une structure nouvellement créée.

Devant les déséquilibres persistants qui affectaient l’économie sénégalaise à la fin des années

70 ainsi que la vulnérabilité des finances publiques, l’Etat était obligé d’adopter des mesures

d’ajustements dans le secteur agricole. Dès lors, il a été mis en œuvre le Programme de

stabilisation en 1979, puis le Programme de redressement économique et financier, entre 1980

et 1984. C’est ainsi que l’ONCAD a été dissoute en 1980 et ses activités reprises par la

Société Nationale de Commercialisation des Oléagineux du Sénégal (SONACOS). Le

désengagement de l’Etat a été renforcé par l’arrêt officiel du programme agricole et du crédit

d’engrais. A la place, l’Etat a tenté de mettre sur pied un système de retenue sur les ventes

d’arachide (la ristourne) pour le remboursement des prêts d’engrais en 1984. Durant la même

année, l’Etat a adopté la Nouvelle Politique Agricole (NPA) qui a davantage réduit son action

interventionniste dans le secteur agricole. La NPA a cherché à créer les conditions de relance

de la production, dans un cadre qui favorise la participation effective et la responsabilisation

du monde rural.

Cependant, à la suite de la dévaluation du FCFA et dans un souci de corriger les

dysfonctionnements notés dans l’exécution de la NPA, l’Etat a mis en place la Politique

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d’Ajustement du Secteur Agricole (PASA), dont la mise en exécution est assurée via la Lettre

de Politique du Développement Agricole (LPDA), en avril 1995. Le désengagement de l’Etat,

initié depuis 1979, est largement approfondi par la LPDA.

La volonté des pouvoirs publics de développer le secteur agricole peut être également perçue

à travers l’élaboration et l’approbation des différents documents de politiques

sectorielles, dont la Lettre de Politique du Développement Institutionnel du secteur agricole

(LPI, 1998), la Lettre de Politique de Développement Rural Décentralisé (LPDRD, 1999) et la

Lettre de Politique de Développement de la Filière Arachide (2003).

La libéralisation du secteur agricole devient plus effective en 1997, mais les résultats sont peu

probants. En outre, l’intégration du secteur agricole sénégalais, libéralisé sur le marché

mondial, et l’autonomie plus importante des agriculteurs, font apparaître le manque de

formation des professionnels agricoles. A partir de 1999, la Stratégie Nationale de Formation

Agricole et Rurale (SNFAR) a été mise en place avec des objectifs à atteindre à l’horizon

2015.

A partir des années 2000, les contre-performances du secteur agricole se sont succédé,

obligeant les pouvoirs politiques à mettre en place une nouvelle approche, plus globale des

questions agricoles, afin de replacer l’agriculture au cœur de la stratégie d’une croissance

forte et durable. En particulier, les organisations professionnelles agricoles, et notamment le

Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux (CNCR), ont demandé une

nouvelle loi agricole. Ainsi, la Loi d’Orientation Agro-Sylvo-Pastorale (LOASP) de 2004 a

été adoptée pour donner une orientation stratégique globale à l’agriculture sénégalaise sur un

horizon de 20 ans, fondée sur le renforcement des exploitations familiales. Cette loi constitue

la base d’élaboration de programmes opérationnels à moyen terme, tels que le Programme

National de Développement Agricole (PNDA), le Programme National de Développement de

l’Elevage (PNDE) et le Plan d’Action Forestier du Sénégal (PAFS). La LOASP a, dès lors,

remplacé l’ensemble des politiques agricoles sectorielles au Sénégal. Elle est supposée rendue

opérationnelle par le volet agricole du DSRP devenu par la suite le DPES, puis la SNDES4.

4 DSRP : Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté

DPES : Document de Politique Economique et Sociale

SNDES : Stratégie Nationale pour le Développement Economique et Sociale

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Graphique II.1 : Multiplicité des documents de politique agricole

???

?

???

?

Note : NEPAD (Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique), PDDAA (Programme Détaillé de

Développement de l’Agriculture en Afrique), ECOWAP (Politique agricole de la CEDEAO), PNIA (Programme national

d’Investissement agricole), LOASP (Loi d’Orientation Agro-Sylvo-Pastorale), PNDA (Programme National de

Développement Agricole), PNDE (Plan national de développement de l’Elevage), PADPA (Plan d’action pour le

développement de la Pêche et de l’Aquaculture), PAFS (Plan d’Action Forestier du Sénégal), DSRP (Document de

Stratégie de Réduction de la Pauvreté), DPES (Document de Politique Economique et Sociale), SNDES (Stratégie

Nationale de Développement Economique et Social), PTIP (Programme triennal d’Investissement public).

L'état des lieux fait ressortir une politique agricole conçue à travers plusieurs documents

stratégiques qui rendent difficile son exécution. En effet, en dehors des programmes lancés

dans le cadre de la LOASP, le Gouvernement a lancé, en 2006, le Plan pour le Retour vers

l’Agriculture (REVA) afin de faire face aux flux d’immigration clandestine, vers l’Europe,

des jeunes sénégalais qui, faute de trouver mieux, s’embarquent dans des pirogues pour faire

des voyages souvent entachés par des drames en haute mer. Ce programme visait, à la fois,

deux objectifs majeurs : relancer l’agriculture et permettre aux jeunes émigrés de pouvoir

retourner au Sénégal, en investissant dans l’agriculture. Enfin en 2008, l’Etat a lancé la

PNDA

PNDE NEPAD

LOASP

PADPA

PDDAA

PAFS

Volet Agriculture

(DSRP, DPES, SNDES) ECOWAP

PNIA Programmes

Agricoles

(PTIP)

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Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance (GOANA) en réponse à la crise

alimentaire mondiale de 2007-2008. Son objectif était de relever le défi de la souveraineté

alimentaire, d’écarter tout risque de disette ou de famine, et de produire pour l’exportation.

Parallèlement et dans un esprit de coordination des politiques nationales, sous-régionales et

régionales, les pays africains ont adopté le Nouveau Partenariat Economique pour le

Développement en Afrique (NEPAD), dont le volet agricole est pris en charge par le

Programme Détaillé pour le Développement de l’Agriculture en Afrique (PDDAA). Ce

dernier est mis en œuvre en Afrique de l’Ouest à travers le Programme Agricole de la

CEDEAO (ECOWAP) et au niveau national par le Programme National d’Investissement

Agricole (PNIA). Il faut noter enfin que les objectifs de la LOASP sont supposés mis en

harmonie avec ceux de l’ECOWAP/PDDAA.

III. REPARTITION FONCTIONNELLE DES DEPENSES ADDITIONNELLES

La politique agricole du Sénégal est ainsi définie dans plusieurs stratégies formulées aux

niveaux régional, sous-régional et national. Devant la pluralité des documents de politique

agricole, il convient de se focaliser sur les projets et programmes agricoles inscrits dans le

Programme Triennal d’Investissements Publics (PTIP). En effet, ce dernier est le cadre de

convergence et d’exécution de tous les projets et programmes publics. Il est mis en œuvre sur

un horizon de trois ans suivant une programmation glissante. Cependant, il faut préciser que

seules les dépenses supplémentaires consacrées à l’agriculture doivent faire l’objet d’analyse,

car les autres dépenses agricoles sont supposées évoluer conformément à la tendance de

l’économie.

Globalement, le budget programmé dans le PTIP (2013-2015) a augmenté de 126,034

milliards de FCFA, par rapport au PTIP précédent (2012-2014). Ainsi, de nouveaux

programmes agricoles sont ajoutés au PTIP (2012-2014), tandis que d’autres programmes

déjà existants enregistrent une hausse de leur allocation. Ces programmes sont répertoriés

dans le tableau suivant.

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Tableau III.1 : Augmentation des dépenses d’investissement allouées à l’agriculture (en millions de Francs CFA)

PROJETS/PROGRAMMES Symbole 2013 2014 2015 TOTAL Financement

Nouveaux Projets/Programmes

Amélioration de la productivité agricole/WAPP-Phase II prog1 2 500 4 500 8 500 15 500 BM/BCI-ETAT

Projet de développement inclusif et durable de l’agrobusiness prog2 300 1 500 2 000 3 800 BM

Fonds d’entretien et de maintenance des infrastructures hydro-agricoles prog3 1 285 1 500 1 715 4 500 BCI-ETAT

Appui à la sécurité alimentaire dans la région de Matam prog4 800 3 650 6 150 10 600 EU-FED/AFD/BCI-ETAT

Appui à la sécurité alimentaire à Louga, Kaffrine et Matam prog5 500 2 000 3 000 5 500 BAD-FAD

Appui au programme national d’investissement agricole prog6 700 4 000 6 000 10 700 ITALIE

Appui à la production durable du riz pluvial à Kaolack, Kaffrine et Fatick prog7 500 1 050 1 100 2 650 JAPON/BCI-ETAT

Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP) prog8 5 000 5 000 5 000 15 000 BCI-ETAT

Projet de construction et réhabilitation de pistes communautaires prog9 500 2 000 3 000 5 500 BAD-FAD

Projet d’appui à la sécurité alimentaire (insertion des jeunes) prog10 300 475 475 1 250 FONDS KOWEITIEN

Projets/Programmes ayant bénéficie de crédits supplémentaires

Programme d’équipement du monde rural prog11 3 667 3 667 3 667 11 000 BCI-ETAT

Programme de reconstitution du capital semencier prog12 3 667 3 667 3 755 11 088 BCI-ETAT

Programme national d’insertion et développement agricole prog13 2 200 2 567 938 5 705 BM/ESPAGNE/BCI-

ETAT Programme national d’autosuffisance en riz (réfection des aménagements hydro agricoles)

prog14 2 933 4 906 4 400 12 240 BM/BCI-ETAT

Dotation au fonds de sécurisation du crédit rural (garantie, bonification, calamités). prog15 2 567 4 033 4 400 11 000 BCI-ETAT

dont garantie 1 467 2 200 2 200 5 867

dont bonification 367 733 1 100 2 200

dont calamités 733 1 100 1 100 2 933

TOTAL GENERAL 27 419 44 515 54 100 126 034

Source : PTIP

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Par ailleurs, ces investissements sont essentiellement utilisés pour augmenter le stock de

capital et d’infrastructures, améliorer la productivité des facteurs et faciliter l’accès au crédit.

A ce niveau, des hypothèses ont été faites afin de répartir, au mieux, les dépenses

programmées en fonction de leurs attributs et objectifs. C’est ainsi que le budget du

« programme d’équipement du monde rural » devrait être alloué à l’augmentation des

équipements des filières agricoles, au prorata de la taille de leur stock de capital. De plus, la

filière Riz paddy bénéficierait également d’une augmentation en équipement, grâce au

programme d’« appui à la production durable du riz pluvial à Kaolack, Kaffrine et Fatick ».

Cependant, ce programme peut permettre d’accroître aussi bien les surfaces cultivables que

les infrastructures dédiées à la filière riz. Ainsi, son budget est réparti en proportion de la

taille de chacun de ces facteurs entrant dans la production du riz paddy.

Tableau III.2 : Dépenses allouées à l’augmentation du stock de capital (en millions CFA)

FILIERES AUGMENTATION DU CAPITAL

Equipements Terre Infrastructures

AGRICULTURE VIVRIERE

Maïs 302 0 76

Riz paddy 1 760 2 058 390

Mil Sorgho 1 744 0 437

Autres Agr. Viv. 4 313 0 1 081

AGRICULTURE INDUSTRIELLE

Arachide 2 394 0 595

Coton 81 0 20

Tomate 291 0 72

Canne à sucre 114 0 28

Autres Agr. Ind. 516 0 128

TOTAL 11 515 2 058 2 828

Source : PTIP, calcul des auteurs

L’augmentation du stock des infrastructures agricoles serait principalement soutenue par la

moitié du budget du « projet de construction et de réhabilitation de pistes communautaires ».

L’autre partie devrait servir à la réhabilitation des infrastructures agricoles qui permettent

d’améliorer leur productivité. Globalement, la dépense supplémentaire allouée à

l’augmentation des stocks serait de l’ordre de 16,4 milliards de FCFA (13% du budget

supplémentaire).

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Tableau III.3 : Dépenses allouées à l’augmentation de la productivité (en millions CFA)

FILIERES AUGMENTATION DE LA PRODUCTIVITE

Travail Equipe-

ments Terre

Infras- tructures

AGRICULTURE VIVRIERE

Maïs 946 101 708 215

Riz paddy 3 907 417 15 163 886

Mil Sorgho 5 469 584 4092 1 240

Autres Agr. Viv. 13 529 1 443 10 122 3 067

AGRICULTURE INDUSTRIELLE

Arachide 7 220 801 5 617 1 690

Coton 245 27 191 57

Tomate 877 97 682 205

Canne à sucre 343 38 267 80

Autres Agr. Ind. 1 557 173 1 212 365

TOTAL 34 095 3 681 38 052 7 805

Source : PTIP, calcul des auteurs

Sur la base des données du tableau III.3, un montant de 83,6 milliards de FCFA (66% du

budget supplémentaire) devrait être investi pour accroître la productivité des facteurs de

production. Il est supposé que les programmes d'« amélioration de la productivité

agricole/WAPP-Phase II » et d'« appui au programme national d’investissement agricole »,

entraîneraient une augmentation de la productivité de tous les facteurs dans toutes les filières

agricoles, du fait de leur caractère transversal. Par contre, les programmes dénommés prog2,

prog4, prog5, prog10 et prog135 se limiteraient à stimuler la productivité du travail, à long

terme, dans les filières agricoles.

Les surfaces cultivables devraient connaître une amélioration de leur productivité grâce au

« programme de reconstitution du capital semencier », tandis que le « programme national

d’autosuffisance en riz (réfection des aménagements hydro-agricoles) » ne concernerait que la

productivité des terres rizicoles.

5 Prog2 : (Projet de développement inclusif et durable de l’agrobusiness) ; Prog4 : (Appui à la sécurité

alimentaire dans la région de Matam) ; Prog5 : (Appui à la sécurité alimentaire à Louga, Kaffrine et Matam) Prog10 : (Projet d’appui à la sécurité alimentaire, insertion des jeunes) ; Prog13 : (Programme national d’insertion et développement agricole).

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Par ailleurs, le « fonds d’entretien et de maintenance des infrastructures hydro-agricoles »

servirait à stimuler la productivité des infrastructures pour toutes les filières agricoles.

Tableau III.4 : Dépenses allouées à l’accès au crédit (en millions CFA)

FILIERES ACCES AU CREDIT

AGRICULTURE VIVRIERE

Maïs 713

Riz paddy 2945

Mil Sorgho 4122

Autres Agr. Viv. 10195

AGRICULTURE INDUSTRIELLE

Arachide 5658

Coton 192

Tomate 687

Canne à sucre 269

Autres Agr. Ind. 1220

TOTAL 26 000

Source : PTIP, calcul des auteurs

Enfin, un montant supplémentaire de 26 milliards de FCFA est prévu pour un meilleur accès

au crédit agricole (tableau III.4). Ce budget provient du « fonds de garantie des

investissements prioritaires (FONGIP) » et de la « dotation au fonds de sécurisation du crédit

rural ».

Cette répartition du budget additionnel pourrait sans doute avoir des conséquences positives

sur l’agriculture. Cependant, des interrogations persistent quant à l’amplitude des effets

attendus. Aussi, l’utilisation d’un MEGC permet-elle de donner une appréciation quantitative

des répercussions de cette politique agricole, en tenant compte des risques éventuels liés à sa

mise en œuvre.

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IV. QUELQUES FAITS STYLISES SUR L’AGRICULTURE SENEGALAISE

IV.1. Généralités

IV.1.1. Analyse de la croissance du secteur agricole

L’agriculture sénégalaise est principalement composée de cultures commerciales (arachide,

coton, canne à sucre), cultures alimentaires ou vivrières (riz, maïs, mil, sorgho, niébé, manioc)

et de maraîchage (fruits et légumes). L’activité de rente est, en grande partie, dominée par la

culture de l’arachide. Les produits de l’agriculture vivrière, principalement constitués de

céréales, entrent, pour une large partie, dans la consommation finale des ménages.

Malgré les efforts considérables des autorités publiques (voir Graphique IV.1) pour

promouvoir l’agriculture sénégalaise, le secteur tarde à prendre son envol. De manière

générale, le taux de croissance agricole est, en moyenne, relativement faible et erratique,

rendant le secteur vulnérable. Comparée aux secteurs secondaire et tertiaire, le secteur de

l’agriculture affiche le taux de croissance moyen le plus faible comme le montre le tableau

IV.1 suivant.

Tableau IV.1 : Performance du secteur agricole (2000-2011)

SECTEURS Agriculture Secondaire Tertiaire

Taux de croissance moyen

2,5% 4,1% 4,6%

Source : ANSD/Calcul des auteurs

Par ailleurs, il faut noter que la croissance agricole reste largement en deçà de son objectif à

moyen long terme (7%), tel que défini dans la Stratégie Nationale de Développement

Economique et Social (SNDES).

Le graphique suivant décrit l’évolution du taux de croissance, de 1997 à 2011, de la valeur

ajoutée du secteur agricole composé de l’agriculture vivrière et de l’agriculture industrielle.

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GRAPHIQUE IV.1 : Evolution du taux de croissance du secteur agricole (1997-2011)

Source : ANSD

Après un repli en 1997, la valeur ajoutée agricole a connu une croissance positive qui s’est

maintenue jusqu’en 2000, avant de chuter en 2001 et se détériorer davantage pour atteindre un

niveau record de -34,5% en 2002. En effet, l’année 2002 a coïncidé avec la baisse6 de la

production agricole due, en grande partie, aux pluies hors saisons et aux inondations le long

du Fleuve Gambie.

Comme il est de coutume, à la suite d’une baisse drastique, la valeur ajoutée agricole a renoué

avec la croissance en 20037, soutenue également par une bonne pluviométrie et la mise en

œuvre de programmes, notamment pour le maïs.

En 2004, année d’adoption de la LOASP8, on a assisté à une légère croissance de la valeur

ajoutée agricole (4,1%), tirée par l’agriculture industrielle (25,8%), malgré un fléchissement

des cultures vivrières (-5%). Des facteurs exogènes, notamment le péril acridien et le déficit

pluviométrique, ont, en effet, caractérisé la campagne agricole 2004/2005, provoquant ainsi le

6 DSRP II : 2006-2010, octobre 2010.

7 Situation économique et sociale, Edition 2002-2003.

8La loi d’orientation agro-sylvo-pastorale (LOASP) a été promulguée en juillet 2004, mais reste toujours en attente d’un

décret d’application.

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Agriculture vivriere Agriculture industrielle ou d'exportation Agriculture

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repli des cultures vivrières. C’est ainsi que la production céréalière a baissé de 25,3%, tandis

que la production arachidière a connu une hausse de 36,7%9.

La valeur ajoutée agricole a crû de 16% en 2005. Cette performance peut être expliquée par

une bonne répartition de la pluviométrie dans le temps comme dans l’espace, le

renouvellement des équipements agricoles, la disponibilité à prix subventionné d’intrants de

bonne qualité et un bon suivi phytosanitaire.

En revanche, la croissance agricole a été négative pour les années 2006 et 2007. Ces

contreperformances sont principalement dues à la baisse des superficies emblavées et des

rendements, à la mise en place tardive des engrais et des semences, à des conditions

climatiques et phytosanitaires défavorables et à des difficultés liées aux campagnes de

commercialisation précédentes.

En 2008, une forte croissance à été enregistrée, attribuable à ce qu'on peut appeler "la

révolution verte". Cette révolution s’est matérialisée par la mise en place de la Grande

Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance (GOANA). Cependant, les différents

plans de relance de l’agriculture sénégalaise n’ont pas permis une pérennité de la performance

agricole. En effet, à partir de 2009, le secteur s’est progressivement détérioré en culminant à

un taux de croissance négatif de 27,8% en 2011. Cette baisse équivaut à une perte de 113

milliards de la valeur ajoutée en 2011 par rapport à l’année 2010.

IV.1.2. Volatilité du secteur agricole

L’évolution de la valeur ajoutée agricole, précédemment analysée (voir Graphique IV.1), fait

état d’une forte volatilité. Cette situation peut constituer un frein aux investissements privés et

poser, en même temps, des problèmes de productivité. Le tableau IV.2 compare la volatilité

du secteur agricole à celles des secteurs secondaire et tertiaire, sur la période 1997-2011.

9 Sources : Comptes nationaux de l'ANSD

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Tableau IV.2 : Volatilité de la valeur ajoutée du secteur agricole (1997-2011)

Secteurs Agriculture

Vivrière

Agriculture

Industrielle

Secteur

Secondaire

Secteur

Tertiaire

Volatilité 17,5% 32,0% 2,5% 1,6%

Note : La volatilité est mesurée par l’écart-type

Source : ANSD/Calculs des auteurs

L’agriculture industrielle est davantage plus volatile (32%) que pour l’agriculture vivrière

(17,5%). En effet, l’arachide, qui constitue la principale spéculation de l'agriculture

industrielle, est fortement tributaire de la pluviométrie. Or, le Sénégal a subi de fortes

irrégularités climatiques durant les quinze années considérées.

IV.1.3. Evolution de la part du secteur agricole

Malgré le fait que 30,6%10

de la population active occupée évoluent dans le milieu agricole,

sa part dans le PIB demeure faible, se situant à hauteur de 8,68%, en moyenne, sur la période

1997-2011. Le tableau IV.3 indique l’évolution de la part de l’agriculture comparativement

aux autres secteurs de l’économie sénégalaise.

Tableau IV.3 : Part moyenne de l’agriculture dans le PIB (1997-2011)

SECTEURS Agriculture Primaire Secondaire Tertiaire

1997-2001 10,10% 19,90% 22,58% 57,50%

2002-2006 8,06% 16,36% 23,10% 60,52%

2007-2011 7,86% 15,76% 22,00% 62,26%

Source : ANSD/Calculs des auteurs

Il ressort une baisse progressive de la part du secteur agricole dans le PIB. En moyenne, elle

passe de 10,10%, entre 1997 et 2001, à 7,86%, entre 2007 et 2011. Cette situation a prévalu

malgré l’adoption de la LOASP et du PNIA d'une part, et la mise en œuvre du plan REVA et

de la GOANA, d'autre part.

10

En moyenne sur les quinze années considérées à partir des comptes nationaux de l'ANSD.

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IV.1.4. Contribution du secteur agricole à la croissance

Sur la période sous revue, les contributions à la croissance du PIB des branches « agriculture

vivrière » et « agriculture industrielle », ont été faibles. Si l'apport de l’agriculture vivrière à la

croissance a été assez stable (0,1%), celui de l’agriculture industrielle est resté erratique.

Tableau IV.4 : Contribution du secteur agricole à la croissance (1997-2011)

SECTEURS 1997-2001 2002-2006 2007-2011 1997-2011

Agriculture

Vivrière 0,1% 0,1% 0,1% 0,1%

Agriculture

Industrielle 0,3% -0,3% 0,0% 0,0%

Primaire 0,5% -0,1% 0,5% 0,3%

Secondaire 0,9% 0,8% 0,7% 0,8%

Tertiaire 2,4% 3,1% 2,1% 2,5%

Source : ANSD

La contribution négative notée pour l’agriculture industrielle, durant la seconde période

(2002-2006) est principalement due aux contre-performances de 2002, précédemment

analysées. Egalement, le secteur n’a pas connu la reprise escomptée durant les années

suivantes, avec une contribution nulle. Entre 2007 et 2011, la contribution globale de

l’agriculture a été extrêmement faible (0,1%), tandis que le secteur primaire a, dans son

ensemble, contribué à près de 0,5% à la croissance du PIB.

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IV.1.5. Contribution de la main d’œuvre agricole

Le rôle de la main d’œuvre agricole mérite également d’être souligné, ce qui, en même temps,

permet de s’interroger sur sa productivité. En effet, la population agricole reste très

importante et se situe à 28% de la population active occupée en 2011. Le graphique, ci-après,

montre l’évolution de la main d’œuvre parallèlement à celle de la valeur ajoutée.

GRAPHIQUE IV.2 : Valeur ajoutée et main d’oeuvre du secteur agricole (1997-2011)

Source : ANSD

La croissance de la main d’œuvre agricole sur les quinze années (1,9%) a été lente, comparée

à celle de la population active (3%). En effet, la migration du travail est devenue une réalité

au Sénégal, entraînant l’exode de la population rurale agricole vers les milieux urbains.

Ces déplacements sont dus, entre autres, à la rareté des ressources et aux périodes de

sécheresse en milieu rural. Cette situation se traduit, de manière mécanique, par une

croissance légèrement positive de la productivité du travail agricole. En effet, toute chose

étant égale par ailleurs, la croissance de la valeur ajoutée agricole (3,2%), combinée à la faible

croissance de la main d’œuvre agricole, laisse présager une augmentation tendancielle de la

productivité du travail agricole.

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POPULATION ACTIVE AGRICOLE VALEUR AJOUTEE

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IV.2. Analyse des principales filières

IV.2.1. Filière maïs

Le maïs est devenu, en 2003, la deuxième spéculation céréalière après le mil, grâce au

programme spécial lancé par le Gouvernement sénégalais qui a permis d’atteindre un taux de

croissance de 399% (multiplé par…) par rapport à 2002. Cependant, les performances se sont

estompées à partir de 2006 où la production a chuté de 54,6%. Malgré une reprise

substantielle constatée en 2008 (151,1%) avec la mise en place de la GOANA, la production

s’est remise à décroître à partir de 2010.

Les difficultés rencontrées dans la filière sont principalement liées à des prix peu incitatifs, à

la baisse de fertilité des sols, aux aléas climatiques et à la vétusté du matériel agricole. Ces

différentes contraintes posent des problèmes de productivité dommageables à la filière. Elles

ont entraîné une incapacité de la filière à satisfaire la demande locale, d’où une hausse des

importations.

GRAPHIQUE IV.3 : Importations de maïs (en tonnes)

Source : ANSD

Le volume des importations de maïs a constamment cru. Toutefois, des périodes de baisse ont

été notées en 2004, imputable au programme maïs, ainsi qu'en 2009 et 2010, après le

lancement de la GOANA.

IV.2.2. Filière riz

Le riz est la principale denrée de consommation au Sénégal. Cependant, un écart énorme

existe entre la demande intérieure et la production locale.

L’Etat, soucieux de développer la filière riz, a créé, en 1965, la Société nationale

d’aménagement et d’exploitation des terres du delta du fleuve Sénégal et de la Falémé

-

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(SAED). Cette société avait pour tâches les aménagements et la gestion des périmètres

irrigués et s'occupait également des intrants et du conseil agricole. Par la suite, la filière riz fut

libéralisée en 1996. Cette libéralisation a aussi concerné les importations de riz, car la

production nationale de riz ne permettait de couvrir qu’entre 20 et 30%11

de la demande

nationale. Toutefois, en 2008, le Programme national d’autosuffisance en riz (PNAR) a été

lancé, afin de réduire la dépendance de l’extérieur.

Les contraintes de la riziculture au Sénégal sont liées aux invasions aviaires importantes,

surtout dans la vallée du fleuve Sénégal, aux unités de transformation vétustes qui altèrent la

qualité du riz au décorticage, aux difficultés de commercialisation du riz local, au faible

niveau d’utilisation d’engrais minéraux et de semences de qualité, aux difficultés d’accès aux

intrants à temps, aux difficultés d’accès au crédit et aux problèmes fonciers.

A ces différentes contraintes de la filière, s’ajouter la quantité élevée et croissante des

importations de riz, comme l’indique le graphique ci-après.

GRAPHIQUE IV.6 : Importations de brisures de riz (en tonnes)

Source : ANSD

Les importations de riz se sont situées, en moyenne, à 729.021 tonnes sur la période, contre

288.497 tonnes pour la production locale. Elles ont cependant chuté à partir de 2008, du fait

des performances enregistrées dans la riziculture occasionnées par le plan REVA et la

GOANA. Malheureusement, comme pour le maïs, les importations de riz ont renoué avec leur

croissance en 2011.

11

Aperçu du développement rizicole, FAO, 2012.

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IV.2.3. Filière arachide

L’arachide constitue la source principale de revenus pour le monde rural. Cette filière compte

également parmi les quatre premiers produits d’exportation du Sénégal, avec les produits de la

pêche, les phosphates et le tourisme. L’activité de production de l’arachide au Sénégal a un

effet d’entraînement considérable sur les autres secteurs (la collecte, la transformation

industrielle et la commercialisation des produits).

Cependant, la filière arachide est confrontée à des contraintes liées aux perturbations

climatiques, à la dégradation des sols, aux déficiences dans l'approvisionnement en intrants,

particulièrement en semences, à l'absence de renouvellement et d'entretien du parc de

matériel, à l’insuffisance de l’appui/conseil aux producteurs et à l’accès au crédit. A cela,

s’ajoutent les difficultés de commercialisation de l’arachide.

En 2013, des négociants chinois sont arrivés sur le marché sénégalais de l’arachide, en

proposant un prix au producteur qui avoisine 250FCFA le kilo, différent du prix officiel de

190FCFA. L'arrivée des chinois sur le marché arachidier induit une manne financière pour les

producteurs qui pensent pouvoir vivre décemment de la vente de leur production à ce prix.

Cependant, cette situation porte préjudice aux huileries locales (SUNEOR, NOVASEN) qui

risquent de souffrir d’un déficit d’approvisionnements.

IV.2.4. Filière coton

La culture du coton a commencé au Sénégal après l'accès à l'indépendance, grâce à la

Compagnie Française de Développement des Textiles (CFDT), et dans un souci de

diversification de l’agriculture fortement dépendante de l’arachide.

La Sodefitex (Société de développement des fibres textiles) qui fut créée en 1974, adopta une

stratégie d’intensification de la culture du coton. Elle a ainsi contribué au développement de la

filière, en distribuant gratuitement les intrants aux producteurs de coton et en mettant en

place, au début des années 80, une politique d’alphabétisation fonctionnelle pour la formation

des relais techniques villageois.

Cependant, la production de coton a particulièrement chuté à partir de 2008. Les difficultés de

la culture de coton sont liées à une pluviométrie souvent aléatoire, à la faiblesse de la

production, à la volatilité des cours de la fibre, au trafic des intrants subventionnés par l’Etat,

à la pression parasitaire et au surendettement des cotonculteurs (environ à 1, 8 milliards de

FCFA, en 2011) consécutif à la crise de la décennie 2000-2010.

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IV.2.5. Produits maraîchers : tomate et oignons

IV.2.5.1. Tomates

La tomate représente la deuxième spéculation horticole après l’oignon. Elle constitue une

culture de diversification pour la Vallée du Fleuve Sénégal spécialisée dans la riziculture

irriguée. Les éléments qui profitent aux producteurs de tomates dans cette zone sont

l’existence d’usine de transformation et d’aménagements hydro-agricoles.

Cependant, des contraintes liées à la dépendance collective vis-à-vis du crédit, à la vétusté du

parc de machines agricoles, à l’évacuation de la production vers les usines, à la concurrence

de plus en plus grande imposée par l’importation du triple concentré de tomate et, à la cherté

de certains intrants agricoles, notamment l’engrais, affectent la filière.

IV.2.5.2. Oignons

L’oignon a connu son émergence grâce à la politique de diversification de la production

agricole du Sénégal au début des années 70. A l’instar des autres produits maraîchers, il

constituait également une alternative à l’équilibre nutritionnel de la population qui était

menacée par la sécheresse. Le produit de la vente de l’oignon constituait également des

revenus additionnels pour les agriculteurs et un élément de réduction du déficit de la balance

commerciale.

Les problèmes qui sévissent dans le secteur concernent essentiellement la dégradation des

nappes phréatiques, la situation foncière peu sécurisante, l’absence de ressources, les

difficultés liées à l'accès au crédit, le manque d’infrastructures de stockage et la

commercialisation concurrencée par l’oignon importé.

IV.3. Productivité agricole

La productivité agricole semble être le meilleur baromètre du développement agricole, car

mesurant l’efficacité des pratiques culturales. Cependant, elle demeure faible au Sénégal, en

raison des contraintes liées à la dégradation des sols, aux irrégularités climatiques, aux

invasions acridiennes, aux semences de faible qualité, à la vétusté du matériel agricole et à

une absence de formation des agriculteurs.

Le facteur capital dans la production agricole est, en grande partie, constitué par la terre. Les

graphiques ci-après mettent en relation le taux de croissance de la productivité avec celui de la

superficie cultivée pour l'agriculture vivrière et l'agriculture industrielle.

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GRAPHIQUE IV.7 : Relation entre surface cultivée et productivité (1997-2011)

Agriculture vrivirère Agriculture industriell

Source : ANSD

Les pentes négatives indiquent que la productivité évolue en sens inverse par rapport à la

superficie. Ainsi, la politique d'extension des terres n'entraîne pas forcément une hausse de la

productivité. Cette observation peut, sans doute, contribuer à expliquer pourquoi la GOANA

n’a pas été une grande réussite, même si elle a suscité une extension de plus de 40% des

surfaces cultivées. Cependant, il est important de nuancer ce résultat, du fait des limites de la

productivité uni-factorielle.

Pour ce qui est de la productivité du travail, elle renseigne sur les aptitudes des agriculteurs à

optimiser leur production. Le graphique ci-après compare la productivité du travail du secteur

agricole à celle des autres secteurs.

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Taux de croissance superficie

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GRAPHIQUE IV.8 : Productivité du travail (1997-2011)

Source : ANSD

La productivité du travail du secteur agricole apparaît extrêmement faible, comparée à celles

des secteurs secondaire et tertiaire. Le Rapport National de Compétitivité du Sénégal (RNCS),

de l'année 2011, explique cette faiblesse par la prépondérance des acteurs informels. En effet,

la productivité du travail dans le secteur agricole informel a été dix fois moins élevée que

dans le secteur agricole formel. De plus, entre 2000 et 2009, la productivité de la main-

d'œuvre dans l’agriculture formelle a augmenté dix fois plus vite que celle du secteur informel

agricole. Cela résulte du fait que le secteur agricole est encore principalement composé de

petites exploitations familiales qui dépendent fortement de techniques obsolètes de

production.

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Secondaire Agriculture Tertiaire

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V. REVUE THEORIQUE ET EMPIRIQUE DE LA LITTERATURE

La productivité agricole désigne l'efficacité avec laquelle les agriculteurs combinent des

inputs pour produire des outputs. C’est un facteur important de rentabilité et de compétitivité

du secteur agricole. Selon Solow (1957), la croissance de la production est largement due à un

accroissement de la productivité. Par ailleurs, Hayami et Ruttan (1985) ont montré que la

production agricole peut s’accroître de deux manières. Premièrement, la croissance de la

production peut être due à une augmentation de l’utilisation de la terre, du capital, du travail

et des consommations intermédiaires. Deuxièmement, la croissance de la production agricole

peut être occasionnée par des avancées dans les techniques de production. Les paragraphes

suivants expliquent les principaux déterminants et les différentes méthodes de mesure de la

productivité agricole. Les travaux empiriques, sur l’impact de l’amélioration de la

productivité sur la production agricole, sont également abordés.

V.1. Déterminants de la productivité agricole

La littérature, sur les déterminants de la productivité agricole, renseigne sur les leviers sur

lesquels les autorités publiques doivent agir afin d’accroître la performance agricole.

Globalement, la productivité agricole peut être améliorée au niveau des inputs qui entrent

directement dans le processus de production, mais aussi à travers un environnement propice

au développement du secteur.

Dans une étude sur la qualité des sols, la productivité agricole et la sécurité alimentaire,

Wiebe (2003) a montré que la dégradation des terres ne menace pas la sécurité alimentaire à

l'échelle mondiale, mais pose de sérieux problèmes dans les zones où les sols sont fragiles, les

droits de propriété précaires et l’accès des agriculteurs, à l'information et aux marchés, limité.

Le plus souvent, la qualité des sols varie selon les zones agro-écologiques et les conditions

géographiques. Ainsi, Gisselquist (1999) a mis en relief la géographie et la productivité

agricole en Inde. Son analyse montre que les différences dans les rendements céréaliers, entre

Etats du nord, du centre et du sud de l'Inde, sont fortement liées à la variation géographique

régionale. Celle-ci a un effet certain sur la productivité, toutes choses restant égales par

ailleurs. Les auteurs montrent, également, que les précipitations et la température dans les

États tropicaux et secs influencent les rendements des céréales alimentaires supérieurs.

En outre, l’analyse des effets des phénomènes migratoires sur la productivité agricole retient

de plus en plus l’attention des chercheurs. A ce titre, Rozelle et al. (1999) ont essayé d'établir

des liens entre les transferts de fonds, la migration et la productivité agricole chinoise. La

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migration du travail est, en effet, un phénomène important qui influe sur le développement

économique et la modernisation. L'étude a montré, à travers une régression économétrique

simple, que la migration a un impact négatif sur la productivité agricole, l’afflux de la

population rurale vers les centres urbains diminuant fortement la main-d’œuvre agricole.

Néanmoins, les effets négatifs de ce phénomène sur la productivité sont atténués par les

transferts de fonds des migrants qui contribuent significativement à amoindrir l’insécurité

alimentaire.

Le développement de l’agriculture a besoin d’un bon cadre qui permet aux agriculteurs de

produire dans des conditions optimales, de se nourrir décemment et de commercialiser dans

les meilleures conditions une partie de leur production. Antle (1983), soucieux de

l’environnement de pratique de l’agriculture, a montré l'importance de la mise en place

d'infrastructures dans l'accroissement de la productivité agricole. Comme attendu, l’impact

des infrastructures sur la productivité agricole s’est révélé positif. Le développement de

l'agriculture d'un pays est largement tributaire de l’existence d'infrastructures de qualité,

notamment dans le transport et la communication. Aussi, il est important de moderniser et de

développer les pratiques culturales. Dans ce sens, Alston (2010), a réalisé une revue

exhaustive de la littérature relative à la place de l’innovation et de la R&D dans la croissance

de la productivité agricole. Il aboutit à la conclusion que le taux de rendement des

investissements dans la R&D est généralement élevé. Pour sa part, Kussa (2012), s’est

intéressé aux effets de la santé des agriculteurs sur la productivité agricole en Ethiopie. Les

agriculteurs malades ont, en moyenne, un score de 33,5% pour ce qui est de l'efficience

technique, contre 48,9% pour les ménages en bonne santé. L'auteur montre, ainsi, que la mise

en place d'un dispositif sanitaire adéquat aide à accroître la productivité des agriculteurs.

V.2. Mesures de la productivité agricole

La mesure de la productivité agricole fait l’objet de nombreuses controverses. La précision et

la rigueur dans la définition de la productivité agricole et dans la désignation de ses

déterminants, sur le plan théorique, ne sont plus évidentes quand il s’agit de cas empiriques.

En effet, des contraintes liées à la disponibilité des statistiques s’invitent très souvent dans cet

exercice.

Un indice de la production sur un intrant particulier est souvent utilisé pour mesurer la

productivité partielle d’un facteur. Ce type d’indicateur sert à mesurer l’évolution dans le

temps de la production unitaire d’un intrant donné. Par exemple, le rendement à l’hectare est

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utilisé pour mesurer la productivité de la terre, alors que la production par travailleur quantifie

la productivité du travail. Toutefois, les mesures de productivités partielles des facteurs ont

des insuffisances, quand il s’agit de capter les progrès technologiques. En effet, elles ne

reflètent pas les changements intervenus dans l’utilisation des intrants.

En revanche, la productivité totale des facteurs (PTF) est un ratio qui met en rapport

l’agrégation de l’ensemble des extrants avec l’agrégation de l’ensemble des intrants. Elle

mesure, de façon simple, l’efficacité avec laquelle les intrants sont transformés en extrants.

Néanmoins, des méthodes d’agrégation différentes des intrants et/ou des extrants peuvent

conduire à des estimations différentes, chacune étant cohérente avec la fonction de production

sous – jacente spécifiée. Les indices de PTF utilisés dans la littérature sont généralement de

type Laspeyres, Paasche, Fisher, Törnqvist-Theil et Eltetö-Köves-Szulc (EKS).

La PTF offre de nombreux avantages, en ce sens qu’elle est clairement définie, facilement

mesurable et offre des possibilités de comparaison dans le temps et pour différentes études.

Elle constitue, également, un outil privilégié pour l’analyse de l’efficacité des politiques

conçues pour augmenter le bien être économique, même si les effets de politiques

gouvernementales sur la productivité agricole peuvent être décalés et que d’autres éléments

influencent la productivité. C’est ainsi que le terme générique de productivité multifactorielle

est souvent préféré à celle de PTF, du fait que certains inputs et/ou output sont forcément

exclus de l’analyse, selon la disponibilité des statistiques.

Sans perte de généralités, la croissance de la PTF comporte trois composantes (Coelli et al.,

2005) : le changement technologique, l’évolution de l’efficacité technique et l’évolution de

l’efficacité d’échelle. Dans ce sens, Darku, Malla et Tran (2012) ont mesuré les variations de

la productivité totale des facteurs de l'agriculture canadienne, utilisant l’approche de la

frontière stochastique. Les résultats de la décomposition de la PTF, en évolution

technologique, effet d'échelle et évolution de l'efficience technique, ont révélé que les

modifications de productivité sont essentiellement conduites par les changements

technologiques.

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V.3. Application des MEGC dans le secteur agricole

Selon Savard (1995), à l’origine, deux raisons ont principalement justifié l’utilisation des

MEGC dans le secteur agricole. La première est liée aux pressions exercées en faveur de la

libéralisation des politiques agricoles dans le cadre des négociations multilatérales du

GATT12

, avec la consolidation de blocs commerciaux comme l’Union Européenne et

l’ALENA13

. La seconde est, pour sa part, liée aux remises en cause du rôle interventionniste

des Etats, imposées par les contraintes budgétaires. Ainsi, un grand nombre de MEGC ont été

construits pour analyser l’impact de la libéralisation agricole proposée lors de l’Uruguay

Round. D’autres modèles ont, par contre, analysé des changements de politiques agricoles sur

l’ensemble de l’économie et sur le bien-être.

Burniaux, Waelbroeck et al. (1988) utilisent un modèle dénommé RUNS

(Rural/Urbain/Nord/Sud) pour évaluer l’incidence de la politique agricole commune (PAC) de

l’Union européenne. Ce modèle distingue, dans chaque économie régionale, le secteur

agricole du reste de l’économie et aboutit à un impact positif de la PAC pour les populations

rurales des pays en voie de développement, à la faveur de la hausse des prix de production

agricole et de la baisse probable des prix des biens intermédiaires qui se traduiraient par une

augmentation des revenus. Par ailleurs, le modèle WALRAS (World Agricultural

Liberalisation Study) de l’OCDE a étudié les interactions entre les secteurs agricoles et non

agricoles et a évalué, en termes de bien – être, les effets des politiques de l’OCDE sur les pays

membres. Le secteur agricole ne figure pas dans ce modèle, de manière détaillée ; deux

produits seulement sont explicités : l’élevage et tout le reste. En plus, ce modèle

n’individualise aucun pays en développement (Bumiaux et al, 1990).

Les types de modèles (dits modèles mondiaux), comme ceux que nous venons de décrire, ont

abondamment fait appel aux équations de transmission des prix pour représenter les

politiques. Cette démarche est, sans doute, réductrice dans l'illustration des politiques. Ainsi,

les lenteurs de l'ajustement du marché des facteurs font qu'il est difficile de déterminer l'effet

net d'attraction des ressources des politiques publiques sur le produit marginal des facteurs

aux prix mondiaux (Hertel, 1990). En outre, l'inclusion des pays en développement dans ces

modèles mondiaux vise à permettre une comptabilisation correcte de l'offre et de la demande

globales dans une perspective mondiale plutôt que du point de… ces pays eux-mêmes (DE

12

General Aggreement on Tariff and Trade 13

Accord de Libre Echange Nord Américain

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Janvry et Sadoulet, 1990). Ces modèles souffrent enfin de lacunes importantes dans la

désagrégation et l'exhaustivité du secteur agricole.

A l’opposé, les modèles par pays se sont directement concentrés sur l'incidence des variations

des prix internationaux sur les performances économiques. L'accent est particulièrement mis

sur les interactions détaillées entre les différentes branches de l'économie et sur la

spécification des caractéristiques des différentes catégories socio-économiques. En somme,

les MEGC par pays appliqués au secteur agricole comprennent deux variantes. Dans une

première approche le secteur agricole est modélisé comme les autres secteurs de l’économie

alors qu’une seconde démarche modélise le secteur agricole de façon isolée, d’abord en

modèle multimarché avant intégration dans un cadre d’équilibre général.

Dans la première approche, on retrouve les travaux de Loo et Tower (1990) qui étudient les

effets de la libéralisation des échanges agricoles dans les pays en développement en mettant,

notamment, l’accent sur le financement du secteur public et sur l’allocation des ressources.

Concernant les effets sur les finances publiques, ils aboutissent à la conclusion que

l'augmentation des prix agricoles mondiaux combinée à celle de la valeur des importations et

des exportations se traduit par un gain en termes de recettes budgétaires. Ils concluent,

également, à une augmentation de gains, suite à la réallocation des ressources des secteurs

protégés vers les secteurs concurrentiels.

Pour leur part, les modèles MEGC construits par De Janvry et Sadoulet (1987), notamment

pour la Corée, le Mexique, l’Egypte, l’Inde, le Pérou et le Sri Lanka ont étudié les effets

sectoriels et inter-temporels de certaines politiques économiques comme une augmentation de

la production sous différents régimes de prix (flexible et fixe), les incitations par les prix, les

investissements dans l'agriculture plutôt que dans l'industrie, les subventions alimentaires. Ils

ont abouti à des résultats différents selon la façon dont l’économie est modélisée. Pour la

Tanzanie et le Malawi, Lopez, Ali et Larsen (1991) ont analysé l’impact de la politique macro

économique, commerciale, de prix et de taux de change sur l’agriculture, le secteur étant

désagrégé en biens échangeables et biens non échangeables. Le principal résultat de leur

travail est qu'en Tanzanie, l'agriculture d'exportation est fortement sensible aux incitations par

les prix et aux variations, en particulier, du prix relatif des biens agricoles d'importations par

rapport aux biens agricoles non échangeables.

Plus récemment, les travaux de Thirtle et al. (2001) ont montré que dans les pays en

développement, la croissance économique dépend fortement de celle de la productivité du

secteur agricole. Les effets d’un accroissement de la productivité seraient directs et positifs

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sur les ménages pauvres en milieu rural, alors que pour les pauvres des centres urbains, les

effets positifs se feraient par le canal de la réduction des prix.

Au Mali, dans le cadre de la mise en œuvre du PDDAA14

, Berthé et Keita (2009) montrent à

partir d’un MEGC, basé sur celui de l’IFPRI, que l’accroissement de la productivité céréalière

pluviale serait d’une grande importance pour réduire la pauvreté, et que la productivité

agricole est la variable la mieux corrélée avec le statut nutritionnel des ménages ruraux. Ils

montrent, également, que l’effet serait largement positif pour les plus pauvres qui auto-

consomment une part importante de leur production.

Dans la même veine, à l’aide d’un MEGC, en dynamique séquentielle sur la période 2009 -

2019 (période de mise en œuvre du plan stratégique de développement agricole, PEDSA),

appliqué à l’économie mozambicaine, Pauw, Thurlow et al. (2012) arrivent à la conclusion

que l’accroissement de la productivité agricole dans le cadre du PEDSA entrainerait un gain

de 1,2 point de croissance, relativement au scénario tendanciel.

Pour ce qui est du Nigéria, les chercheurs de l’IFPRI, Diao et al. (2010) arrivent, à travers un

MEGC en dynamique récursive, à la conclusion que si les objectifs fixés par le gouvernement

pour certaines branches agricoles sont atteints, alors le secteur agricole et l’économie dans son

ensemble atteindraient des taux de croissance respectifs de 9,5% et de 8% sur les prochaines

années.

En ce qui concerne le Sénégal, Dansokho (2000) analyse les effets du Plan d’Ajustement à

Moyen et Long Termes à travers un MEGC statique. Dans son document, il conclut que

l’agriculture est la voie privilégiée si, outre l’objectif de réduction du déficit public, les

autorités désirent relancer la croissance économique et accroître les revenus des ménages

urbains et ruraux dans une optique de politique nationale de lutte contre la pauvreté. Selon

l’auteur, les effets d'interdépendance sur l'économie de l'injection d'une unité monétaire dans

les sous-branches de l'agriculture sont nettement supérieurs à ceux des branches non-

agricoles.

Au total, les enseignements de la littérature, notamment dans les pays en développement,

montrent que l’accroissement de la productivité agricole entraîne une plus forte croissance

économique.

14

Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture en Afrique

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VI. METHODOLOGIE

VI.1. Enoncé du problème

Un MEGC dynamique est utilisé pour évaluer les impacts sectoriels et macroéconomiques des

activités supplémentaires envisagées dans la politique agricole.

Comme on le sait, un MEGC met en relation les décisions de production des firmes avec les

décisions de consommation des agents économiques, tout en tenant compte des contraintes

technologiques et budgétaires qui s’appliquent à chacun d'eux. Ainsi construit, le modèle est

alors utilisable pour analyser, d’une part, des chocs exogènes qui affectent l’environnement

économique et, d’autre part, des politiques économiques qui peuvent affecter ces différents

agents. L’architecture du modèle et les équations qui le composent sont présentées en

annexes.

Pour évaluer l’impact de la politique agricole, deux niveaux d’utilisation du modèle peuvent

être envisagés.

1- le modèle peut être utilisé pour quantifier les retombées économiques à court et moyen

terme de l’accroissement de dépenses publiques (effets demande) pour la mise en œuvre

des différentes activités.

2- le modèle peut aussi servir à évaluer les effets structurants de long terme (effets d’offre),

conséquences de la mise en œuvre des programmes et des changements dans

l’environnement institutionnel.

Ces deux niveaux d’analyse sont fondamentalement différents et la crédibilité des résultats

repose grandement sur la qualité des informations collectées.

VI.2. Impacts du programme de dépenses publiques à court et moyen terme

Pour analyser les retombées économiques d’un programme de dépenses publiques, il convient

de disposer d’un certain nombre d’informations indispensables à la bonne conduite des

simulations.

L’enveloppe budgétaire est-elle en complément ou en substitution d’autres allocations

déjà prévues dans le budget de l’Etat ? Il est difficile de répondre à cette question.

Cependant, il serait raisonnable de supposer l’occurrence de ces deux situations lors des

simulations. Si les dépenses agricoles sont en complément des autres dépenses, il est alors

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possible d’examiner quatre cas selon qu’elles sont financées par la fiscalité, les dons, la dette

intérieure ou la dette extérieure.

Quelle est la composition sectorielle du programme de dépenses ? Dans le cadre d’un

projet de création d’une nouvelle usine, le promoteur dispose d’une évaluation assez précise

de l’ensemble des dépenses qu’il devra effectuer pour développer son projet. Il connaîtra, par

exemple, le budget de dépenses en construction, en achat d’équipements, en étude, en

aménagement des terrains, etc.. Concernant la politique agricole, la connaissance du vecteur

de dépenses, associé à chaque projet d’investissement, permet de calculer la répercussion sur

les secteurs fournisseurs des biens et des services pour la mise en œuvre du programme. L’on

pourra ainsi évaluer les répercussions des dépenses d’investissement sur les autres secteurs

d’activité et mesurer les retombées sur la création d’emploi, la production des branches, les

importations, etc.. L’examen détaillé des projets et programmes prévus permet de se faire une

idée a priori du secteur qui devra fournir le service demandé par les activités inscrites dans le

PTIP.

Quel est l’échelonnement du programme de dépenses publiques dans le temps ? Les

informations sur l’échelonnement des dépenses sur plusieurs années permettent au MEGC

dynamique de prévoir, avec une certaine précision, la vitesse de mise en œuvre de la politique

agricole. Le PTIP est inscrit dans une vision de moyen terme, prenant en compte la possibilité

de report qu’offre la programmation glissante. Il est mis en œuvre sur un horizon de 3 ans et

les montants annuels sont clairement indiqués. Cependant, certaines activités pourraient être

reportées tandis que d'autres sont prônées. En outre, quelles hypothèses faut-il formuler après

l’écoulement de la période de 3 ans du PTIP ? Faut-il postuler que les dépenses

supplémentaires prendront fin ? Ceci signifierait un retour du flux de dépenses publiques au

niveau du scénario de référence. Faut-il, au contraire, envisager la poursuite de l’effort dans

les années futures ?

VI.3. Impacts du programme agricole à long terme

La mise en œuvre de la politique agricole, à travers le PTIP vise essentiellement à modifier

l’environnement du secteur agricole afin de favoriser l’investissement et la production.

Dans cet esprit, l’évaluation des impacts structurants de long terme, à l’aide du modèle,

nécessite, tout d’abord, de déterminer les canaux de transmission des mesures envisagées. En

prenant en considération les projets et programmes présentés dans le tableau III.1 ainsi que les

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caractéristiques du modèle, la politique agricole devrait avoir des effets sur un certain nombre

de composantes à savoir :

une augmentation du stock de capital (équipements, terre) ;

une augmentation des infrastructures dans le secteur agricole ;

des gains d’efficacité ou de productivité dans l’utilisation des facteurs (travail,

équipement, terre) ;

des gains d’efficacité ou de productivité dans l’utilisation des infrastructures agricoles

une bonne campagne de valorisation/commercialisation des produits agricoles.

un meilleur accès au crédit

VI.4. Formalisation mathématique

Les équations, greffées au MEGC pour traduire les effets de court et moyen terme (effets

demande) et les effets structurels de long terme, peuvent être présentées comme suit :

VI.4.1. Effets demande

Il est tout d’abord important de rappeler les trois équations ci-après qui permettent de rendre

compte des interrelations entre les finances publiques et le reste de l’économie:

- l’équation du solde budgétaire qui résulte de la différence entre les recettes de l’Etat et

les dépenses

Avec : le solde budgétaire ; les recettes fiscales ; les recettes non fiscales,

les dons ; le prix de la demande du bien i ; la dépense courante en volume du

bien i ; la dépense d’investissement public en volume du bien i ; et les

transferts du gouvernement vers les ménages.

- l’équation d’équilibre entre l’épargne et l’investissement

Avec : la dépense d’investissement privé en volume du bien i ;

l’épargne intérieure privée ; et le solde du compte courant.

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- l’équation d’équilibre ressource-emploi

Avec : la demande totale en volume du bien i ; et la consommation

intermédiaire du bien i de l’entreprise j.

VI.4.1.1. Les nouvelles équations liées à l’effet demande du programme agricole

L’effet demande provient de l’augmentation des dépenses publiques destinées au secteur

agricole. Chaque programme ou projet de la politique agricole est représenté de façon

distincte.

Soit :

: La dépense annuelle par programme (variable exogène)

: La demande annuelle en volume du bien pour l’exécution du programme prog

(variable endogène)

: Le paramètre de répartition du budget d’un programme par demande en bien i

Ainsi, la demande annuelle en volume du bien , pour l’exécution du programme, est liée à la

dépense annuelle du programme comme suit :

Cette nouvelle demande se traduit par une modification de l’équation d’équilibre ressource-

emploi :

Le solde budgétaire est également modifié de la sorte :

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VI.4.1.1.1. Cas où les dépenses sont en substitution des autres dépenses

Si les dépenses du programme agricole sont en substitution des autres dépenses, alors les

mêmes montants doivent être retranchés des autres postes de dépenses courantes ou de

dépenses d’investissement. Pour ce faire, le déficit budgétaire doit être fixe (ou exogène) et

l’un des postes de dépenses devient endogène afin de pouvoir s’ajuster.

VI.4.1.1.2. Cas où les dépenses sont en complément des autres dépenses

Si les dépenses du programme agricole sont en complément des autres dépenses, les résultats

peuvent être différents, suivant les quatre possibilités ci-dessous :

si elles sont financées par une augmentation de recettes fiscales, alors le solde

budgétaire reste exogène ainsi que toutes les autres recettes et dépenses. Ainsi, seules

les recettes fiscales devront s’ajuster ;

si elles sont financées par les dons, alors le déficit demeure exogène et la variable

représentative des dons devient endogène ;

si elles sont financées par l’endettement intérieur, alors le déficit se détériore tandis que

le solde du compte courant est exogène. Dans ce cas, le stock de la dette intérieure

augmente ;

si elles sont financées par l’endettement extérieur, alors le déficit se détériore mais le

solde du compte courant devient endogène, tandis que l’épargne intérieure est fixée.

Dans ce cas, le stock de la dette extérieure augmente également.

VI.4.2. Effets d’offre

VI.4.2.1. Augmentation du stock de capital

Le nouveau capital s’ajoute de façon exogène à l’investissement par secteur de destination:

Avec : volume d’accroissement du stock de capital financé par le programme

prog et destiné à l’industrie j ; la demande annuelle d’investissement de l’industrie j ;

le taux de rendement du capital de l’industrie j ; le stock de capital de l’industrie

j ; l’élasticité de demande d’investissement de l’industrie j ; le paramètre d’échelle

de la fonction de demande d’investissement de l’industrie j ; et le cout d’usage du capital.

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Notons que le même principe est appliqué pour évaluer l’augmentation des surfaces

cultivables :

Avec : le volume d’accroissement de la terre financé par le programme prog et

destiné à l’industrie j ; la demande annuelle d’investissement en terre de l’industrie j ;

le taux de rendement de la terre de l’industrie j : la superficie de la terre utilisée

par l’industrie j ; l’élasticité de demande d’investissement en terre de l’industrie j ; et

le paramètre d’échelle de la fonction de demande d’investissement en terre de l’industrie j.

VI.4.2.2. Augmentation des infrastructures dans le secteur agricole

A l’instar du capital privé, les nouvelles infrastructures viennent s’ajouter à l’investissement

public comme suit :

Avec : le volume d’accroissement du stock de capital financé par le programme

prog et destiné à l’industrie agricole j ; la demande annuelle d’investissement en

infrastructure pour l’industrie j ; le taux de rendement de l’infrastructure pour l’industrie

j ; le stock d’infrastructure utilisé par l’industrie j ; l’élasticité de demande

d’infrastructure ; et le paramètre d’échelle de la fonction de demande d’investissement

en infrastructure.

VI.4.2.3. Augmentation de la productivité des facteurs

Il est difficile de mesurer les effets des politiques d’accroissement de la productivité des

facteurs, puisque celles-ci agissent de manière indirecte sur la production. D’ailleurs, la

littérature est peu prolixe à ce sujet. Cependant, l’hypothèse émise dans cet exercice est que,

sur un horizon temporel donné, la valeur actualisée de l’augmentation de la productivité est

égale au montant investi aujourd’hui. En d’autres termes, il peut être admis que le

gouvernement espère augmenter la productivité à long terme du même montant injecté

aujourd’hui dans le cadre de sa politique. Ainsi, à l’aide des fonctions de demande des

facteurs, l’effet d’accroissement de la productivité peut être pris en compte comme suit :

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- Augmentation de la productivité du travail

Avec : l’augmentation (en pourcentage de la demande initiale de travail) de la

productivité du travail financée par le programme prog et destinée à l’industrie agricole j ;

la demande de travail de l’industrie j ; le prix de la valeur ajoutée de l’industrie j ;

le volume de la valeur ajoutée de l’industrie j ; le taux de salaire payé par l’industrie

j ; et la part de la demande de travail sur la valeur ajoutée.

- Augmentation de la productivité du capital

Avec : l’augmentation (en pourcentage de la demande initiale d’équipement) de

la productivité du capital financée par le programme prog et destinée à l’industrie agricole

j ; le stock de capital (équipement) de l’industrie j ; le rendement du capital

(équipement et terre) ; le stock de capital (équipement et terre) ; le rendement du

capital (équipement) ; et la part du stock capital (équipement) sur le stock total de capital

(équipement, terre) de l’industrie j.

- Augmentation de la productivité de la terre

Avec : l’augmentation (en pourcentage de la demande initiale de terre) de la

productivité de la terre financée par le programme prog et destinée à l’industrie agricole j;

et le rendement de la terre pour l’industrie j.

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- Augmentation de la productivité des infrastructures agricoles

L’amélioration de la productivité des infrastructures agricoles est essentiellement due aux

programmes de réhabilitation des routes et des pistes de production. A l’instar de celle du

travail ou du capital ou de la terre, l’augmentation de la productivité du capital public est prise

en compte comme suit :

Avec : l’augmentation (en pourcentage de la demande initiale de capital public)

de la productivité du capital publique financée par le programme prog et destinée à

l’industrie agricole j ; le stock d’infrastructure publique utilisée par l’industrie j ; le

rendement total du capital (équipement, terre et infrastructure) ; le stock total de capital

(équipement, terre et infrastructure) utilisé par l’industrie j ; le taux de rendement de

l’infrastructure pour l’industrie j ; et la part des infrastructures sur la stock total de

capital (équipement, terre et infrastructure) utilisé par l’industrie j.

VI.4.2.4. Valorisation/commercialisation des produits agricoles

La valorisation des produits agricoles tient essentiellement à des investissements destinés à

augmenter les stocks de facteurs de production et à améliorer leur productivité. Ainsi, le volet

valorisation des produits agricoles peut être pris en compte par les effets d’offre

précédemment décrits.

VI.4.2.5. Accès au crédit

Un meilleur accès au crédit permet se stimuler l’investissement. Ainsi, il est supposé que les

crédits octroyés bonifient la demande d’investissement des industries qui en bénéficient.

Formellement, la fonction d’investissement par destination peut être réécrite comme suit :

Avec : le niveau d’accès au crédit (en pourcentage de la demande initiale

d’investissement) pour l’industrie agricole j.

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VII. RESULTATS ET INTERPRETATION

VII.1. Effets demande des dépenses de la politique agricole

Les résultats analysés, ci-dessous, donnent un aperçu des effets macroéconomiques de court

terme liés aux modes de financement des dépenses agricoles supplémentaires du PTIP (2013-

2015). Cet exercice parait essentiel même si le tableau III.1 a déjà précisé les sources de

financement. La raison est qu’en considérant le principe de fongibilité des ressources

budgétaires, il peut être illusoire de penser, par exemple, que les apports des bailleurs de

fonds viennent nécessairement s’ajouter aux dépenses déjà existantes. En effet, les contraintes

de portefeuille peuvent amener un bailleur à augmenter ses financements agricoles tout en

réduisant d’autres types de financement. Dans ce cas, les dépenses supplémentaires agricoles

seraient en substitution d’autres dépenses budgétaires.

Les tableaux suivants montrent à quel point les résultats peuvent être différents suivant la

politique budgétaire mise en œuvre.

Tableau VII.1:

Cas où les dépenses agricoles viennent en substitution des dépenses

courantes (en variation par rapport au scénario de référence)

AGREGATS MACROECONOMIQUES

ANNEES

2013 2014 2015

Prix à la consommation -0,33% -0,50% -0,56%

Dépenses courantes en volume -2,19% -3,49% -4,11%

Dépenses courantes en valeur -2,46% -3,87% -4,52%

Ratio Solde budgétaire/PIB 0,00% 0,00% 0,00%

PIB -0,26% -0,42% -0,48%

Source : Auteurs

Le tableau VII.1 montre que si la politique agricole est financée, via une diminution des

dépenses courantes, l’activité économique connaîtrait une baisse de 0,3% à 0,5%.

L’explication est que, pour maintenir le solde budgétaire constant, les dépenses courantes

devraient baisser au-delà du niveau requis pour compenser les pertes de recettes fiscales

induites par la baisse des prix.

Pour ce qui est des financements par les recettes fiscales (tableau VII.2), on suppose que

l’ajustement est opéré à travers les impôts indirects perçus sur les biens de consommation. Ce

procédé est en réalité le plus usité dès lors qu’il s’agit d’augmenter les recettes fiscales.

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Cependant, cette mesure serait également récessive même si, comparée à la première option,

la baisse du PIB devrait être de moindre ampleur.

Tableau VII.2:

Cas où les dépenses agricoles sont financées par une augmentation de

recettes fiscales (impôts sur la consommation)

(en variation par rapport au scénario de référence)

AGREGATS MACROECONOMIQUES

ANNEES

2013 2014 2015

Prix hors taxes -0,13% -0,22% -0,27%

Taux effectif d’impôt sur la consommation

0,62% 0,98% 1,15%

Prix à la consommation 0,30% 0,51% 0,61%

Dépenses courantes en volume 0,13% 0,18% 0,21%

Dépenses courantes en valeur 0,00% 0,00% 0,00%

Ratio Solde budgétaire /PIB 0,00% 0,00% 0,00%

PIB -0,12% -0,22% -0,26%

Source : Auteurs

Une baisse des prix, hors taxes, est également notée en relation avec celle de l’activité

économique. Cependant, le changement du taux effectif d’impôt sur les biens consommés

entraînerait une hausse des prix à la consommation. Les dépenses courantes sont maintenues

exogènes en valeur dans cette simulation tandis que les dépenses en volume augmenteraient

légèrement, du fait de la baisse des prix.

Tableau VII.3 :

Cas où les dépenses agricoles sont financées par une augmentation de

dons (en variation par rapport au scénario de référence)

AGREGATS MACROECONOMIQUES

ANNEES

2013 2014 2015

Prix à la consommation 0,32% 0,50% 0,60%

Dépenses courantes en volume -0,19% -0,30% -0,36%

Dépenses courantes en valeur 0,00% 0,00% 0,00%

Ratio Solde budgétaire /PIB 0,00% 0,00% 0,00%

Ratio Dons/ PIB 0,35% 0,58% 0,70%

PIB 0,58% 0,79% 0,85%

Source : Auteurs

Cependant, l’ajustement par les dons (tableau VII.3) serait profitable à l’économie, avec une

augmentation annuelle de près de 0.75% en moyenne. Pour ce faire, le ratio des dons au PIB

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41

devrait croître de plus d’un demi-point par an durant les trois années de mise en œuvre de la

politique agricole. Cependant, les autres dépenses en volume devraient baisser du fait de la

montée des prix et de l’éxogénéité des dépenses en valeur.

Tableau VII.4 :

Cas où les dépenses agricoles sont financées par un emprunt intérieur (en variation par rapport au scénario de référence)

AGREGATS MACROECONOMIQUES

ANNEES

2013 2014 2015

Prix à la consommation 0,00% 0,10% 0,25%

Dépenses courantes en volume 0,00% -0,05% -0,12%

Dépenses courantes en valeur 0,00% 0,00% 0,00%

Ratio Solde budgétaire /PIB -0,50% -0,85% -1,10%

Investissement privé -2,94% -5,14% -6,82%

PIB 0,00% -0,19% -0,51%

Source : Auteurs

Si les dépenses agricoles supplémentaires sont financées par l’épargne intérieure (tableau

VII.4), il s’en suivrait une dégradation systématique du solde budgétaire. L’investissement

privé subirait également une baisse simultanée dès lors qu’une partie de l’épargne intérieure

des ménages et des entreprises est transférée au secteur public.

Ainsi, l’option de financer par un emprunt intérieur se traduirait par une contraction de

l’activité et un endettement public plus élevé.

Tableau VII.5 :

Cas où les dépenses agricoles sont financées par un emprunt extérieur

(en variation par rapport au scénario de référence)

AGREGATS MACROECONOMIQUES

ANNEES

2013 2014 2015

Prix à la consommation 0,28% 0,47% 0,58%

Dépenses courantes en volume -0,17% -0,28% -0,35%

Dépenses courantes en valeur 0,00% 0,00% 0,00%

Ratio Solde budgétaire /PIB -0,37% -0,60% -0,73%

Ratio compte courant /PIB -0,31% -0,53% -0,65%

PIB 0,51% 0,70% 0,75%

Source : Auteurs

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42

S’agissant du financement par emprunt extérieur (tableau VII.5), il occasionnerait une

détérioration simultanée du solde budgétaire et du solde courant. Dans le même temps, une

augmentation du PIB et une légère poussée inflationniste seraient notées.

De manière générale, l’efficacité de l’effet demande, provenant de l’accroissement des

investissements agricoles, n’est pas nécessairement garantie et dépend fortement des options

de financement. Le recours aux financements internes (substitution de dépenses, taxe ou

emprunt intérieur) n’est qu’une façon de transférer la demande du secteur privé ou public

vers le secteur public. Par contre, un financement fondé sur une combinaison de dons et

d’emprunts extérieurs entraînerait une réaction positive de l’activité, en dépit d’une légère

pression sur les prix.

VII.2. EFFETS D’OFFRE DE LA POLITIQUE AGRICOLE

Si les effets demande ne sont visibles que sur la période de mise en œuvre du PTIP, les effets

d’offre attendus s’inscrivent dans le long terme à travers une augmentation des

investissements, une amélioration de la productivité des facteurs et un meilleur accès au

crédit.

Les simulations indiquent que l’augmentation des stocks de facteurs de production n’améliore

que légèrement le PIB agricole (tableau VII.6). En moyenne, ce dernier devrait augmenter de

0,48% par an par rapport à son niveau tendanciel, sur la période 2014-2023. L’augmentation

de la valeur ajoutée est principalement due à l’effet de l’accroissement des équipements

(0,36%) et, dans une moindre mesure, à l’effet de l’augmentation des surfaces cultivables

(0,10%). L’augmentation des infrastructures agricoles est essentiellement assurée par une

partie du budget du projet de construction et réhabilitation de pistes communautaires (voir

tableau de la section III) estimé à moins de trois milliards de FCFA. Il n’est alors pas étonnant

que son effet de long terme demeure marginal. La filière riz-paddy devrait croître plus

rapidement que les autres, en raison notamment de l’augmentation des terres.

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43

Tableau VII.6: Effets de l’accroissement des stocks de capital sur la valeur ajoutée des filières agricoles, (en moyenne sur la période 2014-2023)

les effets sont mesurés en variation par rapport au scénario de référence

Effet de l'accroissement du stock du facteur :

AGRICULTURE maïs riz paddy mil-

sorgho autres

agr. viv. arachide coton tomate

canne a sucre

autres agr. ind.

Equipement 0,36% 0,39% 0,39% 0,27% 0,39% 0,29% 0,20% 0,48% 0,20% 0,58%

Terre 0,10% 0,07% 0,39% 0,05% 0,07% 0,05% 0,03% 0,08% 0,03% 0,10%

Infrastructures 0,03% 0,03% 0,03% 0,02% 0,03% 0,02% 0,02% 0,03% 0,02% 0,04%

EFFET TOTAL 0,48% 0,49% 0,81% 0,34% 0,48% 0,37% 0,26% 0,60% 0,26% 0,72%

Source : Auteurs

Tableau VII.7: Effets de l’accroissement de la productivité sur la valeur ajoutée des filières agricoles, (en moyenne sur la période 2014-2023)

les effets sont mesurés en variation par rapport au scénario de référence

Effet de l'accroissement de la productivité du facteur :

AGRICULTURE maïs riz paddy mil-

sorgho autres

agr. viv. arachide coton tomate

canne a sucre

autres agr. ind.

Travail 1,79% 2,06% 1,60% 1,39% 2,02% 1,46% 0,94% 2,48% 0,95% 3,02%

Equipement 0,20% 0,22% 0,17% 0,15% 0,22% 0,16% 0,10% 0,27% 0,11% 0,33%

Terre 2,05% 1,88% 4,98% 1,28% 1,84% 1,37% 0,88% 2,31% 0,88% 2,80%

Infrastructures 0,39% 0,44% 0,35% 0,30% 0,44% 0,32% 0,21% 0,54% 0,21% 0,66%

EFFET TOTAL 4,49% 4,67% 7,19% 3,15% 4,58% 3,35% 2,14% 5,78% 2,15% 7,03%

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44

Source : Auteurs

Tableau VII.8: Effets de l’accès au crédit sur la valeur ajoutée des filières agricoles (en moyenne sur la période 2014-2023)

les effets sont mesurés en variation par rapport au scénario de référence

Effet d’un meilleur accès au crédit

AGRICULTURE maïs riz paddy mil-

sorgho autres

agr. viv. arachide coton tomate

canne a sucre

autres agr. ind.

EFFET TOTAL 5,48% 6,42% 4,55% 3,72% 6,39% 4,25% 1,84% 8,81% 1,85% 10,83%

Source : Auteurs

Tableau VII.9: Effets totaux de la politique agricole sur la valeur ajoutée des filières agricoles (en moyenne sur la période 2014-2023)

les effets sont mesurés en variation par rapport au scénario de référence

EFFET TOTAL AGRICULTURE maïs riz paddy mil-

sorgho autres

agr. viv. arachide coton tomate

canne a sucre

autres agr. ind.

Augmentation des stocks de facteurs

0,48% 0,49% 0,81% 0,34% 0,48% 0,37% 0,26% 0,60% 0,26% 0,72%

Augmentation de la productivité des facteurs

4,49% 4,67% 7,19% 3,15% 4,58% 3,35% 2,14% 5,78% 2,15% 7,03%

Meilleur accès au crédit 5,48% 6,42% 4,55% 3,72% 6,39% 4,25% 1,84% 8,81% 1,85% 10,83%

EFFET GLOBAL 10,7% 11,9% 12,7% 7,3% 11,7% 8,1% 4,1% 16,1% 4,2% 19,7%

Source : Auteurs

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45

La faiblesse des effets de l’accroissement des stocks de capital s’explique par le fait qu’ils

provoquent, simultanément, une diminution du volume de travail. En effet, l’augmentation de ces

stocks entraîne une hausse du prix relatif de la main d’œuvre, diminuant ainsi sa demande. Cet

effet de substitution réduit ainsi l’effet attendu de l’augmentation des stocks de facteurs.

Quant aux investissements consacrés à l’amélioration de la productivité, ils devraient générer, en

moyenne, une augmentation de 4,49% par an de la valeur ajoutée agricole (tableau VII.7). La

productivité de la terre y contribue significativement à hauteur de 2,05%, en raison notamment des

programmes de reconstitution du capital semencier et de réhabilitation des aménagements hydro-

agricoles. L’amélioration de la productivité du travail semble aussi donner des résultats probants

(1,79% du PIB agricole) grâce aux investissements supplémentaires de 34 milliards de FCFA

répartis dans plusieurs programmes15

.

Enfin, les investissements favorisant un meilleur accès au crédit permettent de générer une

augmentation annuelle de 5,48% du PIB agricole et paraissent plus productifs que ceux

précédemment simulés. Ces performances s’expliquent par le simple fait que le renforcement du

système de garantie du crédit rural par l’Etat entraîne une réduction du coût d’usage du capital,

laquelle favorise, par ricochet, des investissements vers le secteur agricole. Toutefois, d’un point

de vue macroéconomique, ces performances sont à nuancer dès lors que l’incitation à investir dans

le secteur agricole laisse entendre un désinvestissement dans les autres secteurs de l’économie.

Graphique VII.1: Décomposition de la variation annuelle du PIB agricole

Source : Auteurs

15

Voir la Section III pour des précisons relatives à ces dépenses

0%

2%

4%

6%

8%

10%

12%

14%

2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023

Effet Augmentation de la porductivité Effet Accès au crédit Effet Augmentation des stocks de facteurs

Productivité Stocks facteurs Crédit

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46

Graphique VII.2 : Variation annuelle du PIB

Source : Auteurs

Globalement, les nouvelles orientations de la politique agricole, mises en œuvre à travers le PTIP,

devraient susciter un accroissement annuel moyen de 10,7% du PIB agricole. Le graphique VII.1

met en évidence la dynamique d’accroissement du PIB agricole entre 2014 et 2023, avec une

décomposition des différents effets d’offre. Le graphique montre une augmentation graduelle de la

production durant les premières années où la politique agricole est mise en œuvre. Arrivés à

maturité, les investissements continuent à stimuler la production, mais perdent de plus en plus

d'efficacité, en raison de leur dépréciation dans le temps. En conséquence, la politique agricole

devrait stimuler l’activité économique et permettre au PIB d'augmenter de 1% en moyenne par

rapport à son niveau tendanciel.

Graphique VII.3 : Variation du Ratio des importations au PIB

Source : Auteurs

0,0%

0,2%

0,4%

0,6%

0,8%

1,0%

1,2%

1,4%

1,6%

2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023

-1,4%

-1,2%

-1,0%

-0,8%

-0,6%

-0,4%

-0,2%

0,0%

2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023

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47

Par ailleurs, les performances économiques suscitées par la politique agricole devraient contribuer

à diminuer les importations (graphique VII.3). Cette diminution serait rendue possible par la

substitution aux importations des produits agricoles ainsi que d’autres denrées agroalimentaires

présentes dans le secteur secondaire. La baisse du ratio des importations au PIB serait maintenue

sur le long terme, en raison de l’augmentation soutenue de l’activité économique.

VII.3. LES FACTEURS DE RISQUE LIES A LA POLITIQUE AGRICOLE

Les résultats attendus de la politique agricole, et présentés ci-dessus, sont obtenus, sous

l’hypothèse d'efficacité, dans l'utilisation des dépenses d’investissement. Autrement dit, l’objectif

de l’Etat, exprimé à travers une augmentation de 126 milliards de FCFA des dépenses agricoles,

permet d’obtenir un accroissement soutenu de près de 11% de l’activité agricole. Cette situation

peut alors constituer le scénario optimiste de l’étude.

Cependant, l’occurrence de risques liés à la mise en œuvre des programmes n’est pas à écarter.

Les risques éventuels pouvant modérer l’efficience des dépenses engagées sont nombreux, mais

peuvent se résumer en deux points essentiels. Premièrement, il est probable qu’une partie des

investissements prévus n’arrive pas à destination et en second lieu, il est possible que le processus

de suivi et d’entretien des investissements soit défaillant.

VII.3.1. Diminution du volume et de l’efficacité des investissements prévus

Le constat de la non-effectivité des investissements publics agricoles est bien réel et plusieurs

raisons concourent à expliquer ce phénomène. La Revue des dépenses publiques dans le secteur

agricole a mis en relief les nombreux écueils relatifs à la mise en œuvre effective des

investissements agricoles.

D’une part, le cadre institutionnel reste relativement précaire du fait des nombreuses institutions

qui interviennent dans le secteur, et qui sont soumises à des changements constants de leurs

organigramme et fonctions.

D’autre part, la quasi-totalité des projets sont mis à rude épreuve à travers des défaillances

techniques notées dans le processus de sélection et de préparation des projets/programmes, la

préparation du budget, l’exécution du budget et le suivi budgétaire16

. Ces difficultés sont sources

d’inefficience dans l’allocation des ressources budgétaires réduisant ainsi le volume et la

performance des investissements agricoles.

16

Voir le Rapport final de la « Revue de la revue des dépenses publiques dans le secteur de l’agriculture », Ed. 2012

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48

Par ailleurs, il existe un gap relativement important entre les dépenses allouées et celles exécutées.

D’après la revue des dépenses agricoles, le taux d’exécution des investissements agricoles s’est

situé à 80%, en moyenne entre 2005 et 2010.

Pour toutes ces raisons, il est souhaitable de réaliser des simulations qui prennent en compte

l’éventualité de dépenses non effectives ou non efficaces. Pour ce faire, nous supposons que les

investissements non effectifs sont compris entre 20% et 40% des investissements prévus.

Graphique VII.4: Variation annuelle du PIB agricole avec une perte d’ efficacité comprise entre 20% et 40%

Source : Auteurs

Dans ce cas de figure, le graphique VII.4 montre que l’accroissement du PIB agricole serait

nettement inférieur à celui faisant référence aux dépenses entièrement effectuées (courbe en

rouge). La différence annuelle pourrait être comprise entre 3 et 5 points de pourcentage. Le

manque d’effectivité des investissements agricoles porterait l’augmentation du PIB agricole entre

6,2% et 8,5%, en moyenne sur la période 2014-2023. L’accroissement du PIB serait alors compris

entre 0,6% et 0,9% en moyenne.

2%

4%

6%

8%

10%

12%

14%

2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023

Scénario optimiste

Perte d'efficacité entre 20% et 40%

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49

VII.3.2. Défaillance du système de suivi, d’entretien et de maintenance des investissements

Lorsqu’un processus de suivi, d’entretien et de maintenance n’est pas correctement mis en place,

les investissements matériels et immatériels se déprécient plus rapidement que prévu. En

particulier, une diminution accélérée du rendement des stocks de facteurs physiques peut être

constatée du fait de leur détérioration prématurée. De plus, les investissements orientés vers

l’accroissement de la productivité des facteurs peuvent manquer d’efficacité si leur niveau désiré

n’est pas maintenu après la phase de mise en œuvre. Enfin, une mauvaise gestion des fonds de

garantie du crédit agricole peut entraîner un nombre important de crédits douteux et de non-

remboursements qui mettent en péril la pérennité du système.

Les facteurs de risque, ci-dessus évoqués, sont susceptibles de conduire à une dépréciation rapide

des investissements publics. Pour évaluer les conséquences de ces risques, il peut être supposé que

la dépréciation soit trois à quatre fois plus rapide que dans le scénario optimiste.

Graphique VII.5: Variation annuelle du PIB agricole avec une dépréciation rapide des investissements publics

Source : Auteurs

Le graphique montre que la hausse du PIB agricole suit une trajectoire bien différente de celle du

scénario optimiste. Ainsi, les effets de l’investissement sur la valeur ajoutée disparaissent de façon

-2%

0%

2%

4%

6%

8%

10%

12%

14%

2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023

Scénario optimiste

Dépréciation rapide des investissements

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50

accélérée, induisant un retour rapide vers la situation tendancielle. La variation de la valeur

ajoutée agricole pourrait même devenir négative en cas de forte dépréciation. En moyenne, la

hausse du PIB agricole se situerait entre 5,7% et 7,4% sur la période d’analyse. Quant au PIB, sa

hausse serait en moyenne comprise entre 0,5% et 0,8%.

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51

VIII. CONCLUSION

Durant des décennies, l’agriculture sénégalaise a connu bien des difficultés liées à une faible

productivité des facteurs et à une production très fluctuante. En conséquence, elle a de moins en

moins participé à la création des richesses nationales, entraînant du coup une migration massive

des populations rurales vers les milieux urbains. Cette étude a cherché à savoir si les nouvelles

orientations stratégiques de la politique agricole du Gouvernement sont susceptibles d’impulser

une vraie dynamique de changement du secteur. En particulier, l’étude s’est focalisée sur les

nouveaux projets et programmes inscrits dans le PTIP dont le coût budgétaire est estimé à un peu

plus de 126 milliards de FCFA.

Les faits stylisés ont insisté sur le fait, qu’au-delà de sa volatilité très élevée, la contribution de

l’agriculture à la formation du PIB a sensiblement baissé durant les quinze dernières années. En

effet, la part de l'agriculture dans le PIB est passée de 10,10% entre 1997 et 2001 à 7,86% entre

2007 et 2011. Cette modeste contribution au PIB, associée au poids important de la main d’œuvre

(près de 30% de la population active occupée), donne des indications assez précises sur la

faiblesse de la productivité du travail agricole. Cette dernière est cinq fois moins élevée que celle

du secteur non agricole. Les difficultés du secteur agricole sont notamment liées à la vétusté des

équipements agricoles, à l’état de dégradation des infrastructures, à la qualité des semences, au

manque d’unités de stockage et à l’insuffisance du crédit agricole. En conséquence, le déficit de

production demeure critique, se traduisant par un niveau élevé des importations de produits

agricoles.

Un modèle d’équilibre général calculable, orienté vers le secteur agricole, a été utilisé pour

mesurer les effets de court terme (effets demande) et ceux de long terme (effet d’offre) des

nouveaux projets et programmes agricoles.

Les résultats montrent que l’efficacité de l’effet demande, découlant de l’accroissement des

dépenses publiques d’investissement agricole, n’est pas nécessairement garantie, mais dépend

essentiellement des options de financement. Le recours aux financements internes (substitution de

dépenses, taxe ou emprunt intérieur) n’est qu’une façon de transférer la demande du secteur privé

ou public vers le secteur public. Par contre, un financement fondé sur une combinaison de dons et

d’emprunts extérieurs entraînerait une réaction positive de l’activité, en dépit d’une légère

pression sur les prix.

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52

Si les effets demande ne sont visibles que sur la période de mise en œuvre des investissements, les

effets d’offre attendus s’inscrivent dans le long terme à travers une augmentation du capital

physique, une amélioration de la productivité des facteurs et un meilleur accès au crédit. Les effets

d’offre entraînent donc une modification de la fonction de production des exploitations agricoles.

Les simulations indiquent que l’augmentation des stocks de facteurs de production n’améliorerait

que légèrement le PIB agricole. En moyenne, ce dernier devrait augmenter de 0,48% par an par

rapport à son niveau tendanciel, sur la période 2014-2023. La faiblesse des effets de

l’accroissement des stocks de capital s’explique par le fait que ces investissements physiques

provoquent simultanément une diminution du volume de travail dont le coût devient relativement

plus élevé. Cependant, les investissements consacrés à l’amélioration de la productivité des

facteurs devraient générer, en moyenne, une augmentation de 4,49% par an de la valeur ajoutée

agricole. Enfin, les investissements favorisant un meilleur accès au crédit paraissent les plus

productifs, à en juger par l’augmentation annuelle de 5,48% du PIB agricole qu’ils permettent de

générer.

Globalement, les nouvelles orientations de la politique agricole, mises en œuvre à travers le PTIP,

devraient susciter un accroissement annuel moyen de 10,7% de l’activité agricole sur la période

2014-2023. Cet accroissement correspond à un gain de près de 1% de PIB par an. Toutefois, ces

résultats sont obtenus sous l’hypothèse que les dépenses d’investissement sont utilisées de manière

efficace. En effet, la survenue de risques liés à la mise en œuvre des programmes n’est pas à

écarter. En premier lieu, il est supposé que la mise en œuvre des investissements agricoles

s’accompagne de pertes en volume et en efficacité. Ces pertes porteraient l’augmentation du PIB

agricole entre 6,2% et 8,5%, en moyenne sur la période 2014-2023. L’accroissement du PIB serait

alors compris entre 0,6% et 0,9%. En second lieu, il est probable que des défaillances soient

notées dans le processus de suivi, d’entretien et de maintenance des investissements. Cela se

traduirait par une dépréciation accélérée des investissements matériels et immatériels. Dans ce cas,

la hausse du PIB agricole se trouverait réduite entre 5,7% et 7,4% sur la période d’analyse. Quant

au PIB, son taux de croissance serait en moyenne compris entre 0,5% et 0,8%.

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53

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Diskin, Patrick. (1999), "Agricultural Productivity Indicators Measurement Guide", Food and

Nutrition Technical Assistance.

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54

Ministère de l'économie et des finances (2012), " Programme Triennal d'Investissements Publics

(PTIP)", Direction de la Coopération Economique et Financière, PP.18-21.

Benkahla, Amel et Pape N. Dièye (2010), "Analyse des plans d’investissements agricoles : les

cas du Sénégal, du Mali et de la CEDEAO", Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR).

Benkahla, Amel (2011), "Analyse du Plan National D’investissement dans le Secteur Agricole du

Sénégal", Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR).

Solow, Robert (1957), "Technical Change and the Aggregate Production Function ", PP.6.

Aka, François, François Joseph Cabral, Sylvie Da Sylva, Abdoulaye Diagne, Mohamadou

Lamine Dia, Ngolo Diarra, Mamadou Faye, Moussa Mbaye, Arona Niang, Malamine Sadio,

Ousseynou Sarr et Harouna Wassongma (2012), "Revue des dépenses publiques dans le secteur

de l'agriculture", USAID, Ministère de l'agriculture du Sénégal, Banque Mondiale, CRES.

République du Sénégal (2008), "Revue des efforts de développement dans le secteur agricole",

PP.6-8.

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ANNEXE : DESCRIPTION DU MODELE DE BASE

A.1 ARCHITECTURE DU MODELE

Graphique A.1 : Comportement du ménage représentatif

Ressources Disponibles

(salaire, revenu du capital, transferts nets reçus, temps disponible)

(CES)

Consommation/Epargne Loisir

(Leontief)

Epargne Consommation

(Cobb-Douglas)

c1 c2 … ck……cn

Note : Les « ci » désignent la quantité en bien i consommée par le ménage.

Graphique A.2 : Marché du travail

Offre de travail Agrégée

(CES)

LS1 LS2 LSj LSJ

= (w1) = (w2) = (wj) = (wJ)

LD1 LD2 LDj LD J

Note : LSj signifie l’offre de travail adressée à l’industrie j ; LDj signifie la demande de travail de l’industrie j. Enfin, wj représente le taux de salaire qui s’ajuste à l’équilibre.

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Graphique A.3 : Processus de production d’une industrie j

KGj

LDj

(Cobb-Douglas) VA j

Exportation E j

Kj

(C-D) KTj

(Cobb- Douglas) KPj

(Leontief ) XTS j (CET)

INT1 j

(Leontief) CIj

Offre domestique bienj

(XDSj)

(Pj)

=

Demande du bien domestique j

(XDDj)

LANDj INT2 j

INTi j

INTi j

Note :La signification des variable du graphique est la suivante :XTSj (production de l’industrie j), VAj (valeur ajoutée de l’industrie j), INTij (demande de consommation intermédiaire en bien i de l’industrie j, KTj (stock total de capital), KGj (stock de capital public), KPj (stock de capital privé), Kj (stock de capital), LANDj (terre), LDj (demande de travail),

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Graphique A.4 : Demande finale d’un bien i

Mi

(CES) XTDi =

XDDi

Ci

+

Gi

+

DINVi

+

DINVGi

+

Σj INTij

Note : Ci (consommation du ménage en bien i), Gi (consommation du Gouvernement en bien i), DINVi (demande d’investissement en bien i), DINVGi (demande d’investissement du Gouvernement en bien i ) et INTij (consommation intermédiaire en bien i de l’industrie j), XTDi (demande finale du bien i), Mi (importation du bien i), XDDi (demande intérieure bien i),

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A.2 DECLARATION DES VARIABLES DU MODELE

: Part du loisir dans la fonction d’utilité

: Volume de la consommation des ménages en bien i au temps t

: Dépenses de consommation des ménages au temps t

: Dépenses de consommation totale au temps t

: Volume de la demande d'investissement privé en bien i au temps t

: Volume de la consommation des administrations publiques en bien i au temps t

: Volume de la consommation intermédiaire en bien i utilisé par la branche j au temps t

: Stock de demande de capital de la branche j au temps t

: Stock d'offre de capital de la branche j au temps t

: Stock de demande de travail de la branche j au temps t

: Stock de demande de capital de la branche j au temps t

: Prix de vente (hors taxes) du bien i au temps t

: Prix de vente (taxes incluses) du bien intermédiaire i utilisé par la branche j au temps t

: Indice des prix du paniers de biens intermédiaires utilisé par la branche j au temps t

: Prix de la valeur ajoutée de la branche j au temps t

: Prix producteur (net des taxes sur la production) de la branche j au temps t

: Prix de consommation (taxes incluses) des ménages en bien i au temps t

: Indice des prix à la consommation des ménages au temps t

: Prix de l'investissement (taxes incluses) privé en bien i au temps t

: Prix de l'investissement public en bien i au temps t

: Prix de consommation des administrations publiques (taxes incluses) en bien i au temps t

: Taux de rendement du capital de la branche au temps t (pour les équipements)

: Epargne des entreprises au temps t

: Epargne des ménages au temps t

: Epargne totale au temps t

: Volume de biens intermédiaires i utilisé par l'entreprise j au temps t

: Volume de valeur ajoutée de la branche j au temps t

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: Production de la branche j au temps t

: Revenu disponible des ménages au temps t

: Revenu des entreprises au temps t

: Revenu total des administrations publiques au temps t

: Revenu total des ménages au temps t

: Volume de la demande globale en bien i au temps t

: Volume d'importations de bien i au temps t

: Volume d'exportations de bien i au temps t

: Volume de la demande globale en bien domestique i au temps t

: Volume de l'offre globale en bien domestique i au temps t

: Prix d'achat des biens importés i au temps t ()

: Prix mondial des biens importés i au temps t ()

: Prix au producteur des biens exportés i au temps t

: Prix mondial des biens exportés i au temps t

: Prix du bien domestique i au temps t

: Taux de change nominal

: Offre totale de travail au temps t

: Offre de travail à la branche j au temps t

: Taux de salaire moyen au temps t

: Prix de l'investissement total au temps t

: Investissement total au temps t

: Demande d'investissement de la branche j au temps t

: Taux de rendement du capital (pour les équipements) de la branche j au temps t

: Taux de rendement des infrastructures agricoles de la branche j au temps t

: Equipements de la branche j au temps t

Infrastructures agricoles de la branche j au temps t

: Demande d'investissements publics de la branche j au temps t

: Demande totale d'investissements publics au temps t

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: Offre de capital public à la branche j au temps t

: Dépenses budgétaires courantes en bien i au temps t

: Dépenses d'investissements publics en bien i au temps t

: Produit Intérieur Brut nominal au temps t

: Produit Intérieur Brut réel au temps t

: Taux de rendement de la terre pour la branche j au temps t

: Terre de la branche j au temps t

: Prix de la demande d'investissement total en terre au temps t

: Demande d'investissement en terre de la branche j au temps t

: Offre en terre de la branche j au temps t

: Demande d'investissement en bien i nécessaire au financement du programme au

temps t

: Dépenses annuelle par programme

: Ajustement fiscal d'une hausse des dépenses publiques au temps t

: Transferts des APU vers les ménages au temps t

: Solde budgétaire au temps t

: Epargne extérieure au temps t

: Transferts du RDM vers les APU au temps t

: Transferts du RDM vers les ménages au temps t

: Variable dummy servant à vérifie la loi de Walras au temps t

: Variations de stocks de biens i au temps t

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A.3 EQUATIONS DE BASE DU MODELE

Bloc Consommateur

[1].

[2].

[3].

[4].

[5].

[6].

, + +

[7].

[8].

Bloc firme

[9].

[10].

[11].

[12].

[13].

[14].

Capital et Travail

[15].

[16].

[17].

[18].

[19].

[20].

[21].

[22].

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62

Bloc du gouvernement

[23].

, + , , + , , + , , + +

, , + , , , , + , , + ,

, + , , + , , + +

Effet demande de la politique agricole

[24].

[25].

[26].

, 1+ 11+

[27].

[28].

[29].

[30].

[31].

[32].

[33].

Bloc de la demande d'investissement

[34].

[35].

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63

Bloc demande finale

[36].

[37].

[38].

[39].

[40].

[41].

[42].

Bloc des prix

[43].

[44].

[45].

[46].

[47].

[48].

[49].

[50].

Dépenses budgétaires en valeur

[51].

[52].

Offre de travail endogénéisée

[53].

[54].

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64

Investissement privé par secteur de destination

[55].

[56].

[57].

Investissement public par secteur de destination

[58].

[59].

[60].

Investissement en terre par secteur de destination

[61].

[62].

[63].

Equilibre ressources = emplois

[64].

, , ,

[65].

[66].

[67].

[68].

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65

[69].

[70].

[71].

[72].

[73].

[74].

A.4 NOTE EXPLICATIVE DE L’ELABORATION DE LA MCS AGRICOLE

Cette note a pour but d'expliquer le processus de construction de la MCS ainsi que les

arbitrages qui sou tendent son élaboration. Tout d'abord, la MCS est un tableau synthétique

qui retrace les structures de production dans une économie à travers l'utilisation des comptes

de production et d'exploitation et les interrelations entres les agents économiques. La MCS

qui a servi de base de construction est celle qui a été construite lors du séminaire de formation

sur les MEGC à Ottawa en Novembre 2011. Elle utilise des données de 2010.

L'idée principale est de procéder à la désagrégation des branches "agriculture vivrière" et

agriculture industrielle" et de remplir la MCS selon des structures spécifiques. Les produits

retenus dans l'agriculture vivrière (maïs, mil-sorgho, riz paddy et autres produits de la

branche) et ceux de l'agriculture industrielle (arachide, tomate, coton, canne à sucre, autres

produits de la branche) ont été identifiés à la suite de la lecture du Programme National

d'Investissements Agricoles (PNIA) qui est un document stratégique retraçant les grandes

lignes de la politique agricole sénégalaise. Les comptes nationaux de l'ANSD sont la

principale source de données et les différentes manipulations ont été faites de telle sorte que

les chiffres de la MCS initiale soient retrouvés.

Pour étudier spécifiquement le marché sénégalais du riz, la branche "Travail de grains,

fabrication de produits" a également été désagrégée en "Travail de grains relatif au riz" et

"Travail de grains relatifs aux autres produits". En effet, la filière "riz décortiqué" ne fait pas

partie de la branche "Agriculture Vivrière" qui ne recense que la production du riz paddy

c'est-à-dire non décortiqué.

Pour chaque branche, les consommations intermédiaires (CI) devraient logiquement être

ventilées selon l'intensité de l'utilisation des produits dans sa structure de production. Faute de

trouver des informations pouvant permettre de répartir ces CI, la valeur de la production de

chaque spéculation est la clé de répartition finalement retenue. Des structures correspondant à

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la consommation finale, aux importations, aux exportations ont été créées, toujours à partir les

comptes nationaux de l'ANSD. La consommation finale des ménages a été répartie entre les

produits grâce aux "Equilibres Ressources-Emplois" (ERE) de la production locale et des

importations qui recensent les utilisations faites en tant que CI et CF.

Après avoir désagrégé les branches, il a fallu procéder à l'équilibrage des lignes et des

colonnes. Pour ce faire, les déséquilibres des filières issues de la désagrégation ont été

distribués dans les CI en fonction du poids de chaque produit. Au finish, les investissements

public et privé doivent correspondre à l'épargne totale ; ce qui correspond au bouclage de la

matrice.