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ÉDITO En 2018, engagé-es N · Prix au numéro: 0,70 ... continuité de celles de Hollande et de Sarkozy. Les budgets stagnent depuis 15 ans. La France décroche et se situe en dessous

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POUR N° 205 DÉCEMBRE 20173

Notre planète ne tourne

pas très rond et l’année

qui vient de s’écouler

a connu bien des tourments.

La FSU a été de toutes les

actions et débats nécessaires

particulièrement pour défendre

l’intérêt général et les agents

de la Fonction publique.

Et nous ferons de même

en 2018.

Car de notre capacité à faire

face aux dés de la planète, à

faire vivre la paix et les libertés,

à rendre possible les rêves

de millions d'enfants, de jeunes,

de citoyens, retraités et actifs, à

convaincre que des alternatives

au libéralisme effréné et

destructeur sont possibles, à

mettre le projet de société au

cœur des enjeux à la place de

l’argent… dépend l’avenir que

nous voulons : plus juste, plus

solidaire, plus égalitaire et plus

fraternel aussi.

Le syndicalisme a la lourde

tâche de transformer les doutes,

les inquiétudes en autant de

raisons d'espérer un monde

meilleur et en nouvelles

conquêtes

sociales.

Meilleurs vœux

pour une année

2018 heureuse

et engagée

au quotidien !

ÉDITO

En 2018, engagé-esau quotidien !

Bernadette Groison

5Fonction publique :poursuivrel’offensive

17Europe :le défi social

11Petite enfanceUn service publicspécifique ?

14AEFELes lycées françaisde l'étranger en grève

24C’est demain Condorcet : un grandcampus universitaireen sciences humaines

15Évaluation PirlsLa France à la traîne

9ÉlectionsprofessionnellesPsy-EN : la FSUpremière

28Nationalismescontre créationculturelle

30Rencontre avec Vanessa Oltra

Revue de la

Fédération Syndicale Unitaire

104, rue Romain Rolland

93260 Les Lilas

Tél. : 01 41 63 27 30

Fax : 01 41 63 15 48

Internet : www.fsu.fr

Mél : [email protected]

[email protected]

N° CP : 0720-S07429

N° ISSN : 1246-077 X

Directeur de la publication :Bernadette Groison

Rédaction :

Grégory Bekhtari,

Sandrine Charrier,

Pierre Garnier,

Matthieu Leiritz,

Jacques Mucchielli,

Marie-Rose Rodrigues-Martins.

Conception :NAJA presse

Publicité :Com d’habitude Publicité

Clotilde Poitevin

7, rue Emile LACOSTE

19100 Brive

Tél. : 05 55 24 14 03

[email protected]

Compogravure : CAG

Impression : SIEP

Crédit photo couverture :Tréviers/Naja

Prix au numéro : 0,70 €

Abonnement : 5,60 €

Si vous changez d’adresse,

veuillez communiquer

vos nouvelles coordonnées

à votre syndicat.

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La COP23 (Conférence desParties) - qui s’est tenue à Bonndu 9 au 17 novembre 2017 - est

l’organe décisionnel de plus hautniveau pour trois conventionsmajeures sur le changement clima-tique : la convention-cadre desNations unies (Rio, 1992), le proto-cole de Kyoto (1997) et l’accord deParis sur le climat (2015). Cette vingt-troisième COP,destinée à fixer les règles d’ap-plication de l’accord de Pariset à préparer le « dialogue defacilitation  » (pré-bilan desmesures prises pour atténuerle changement climatique)qui devrait être arrêté à laCOP24 à Katowice en Po-logne, a surtout montré l’ab-sence criante de leadership auniveau des pays pour avancersur le front climatique. L’annonce du retrait desÉtats-Unis de l’accord de Pa-ris par le président Trump n’apas facilité les débats. On peut

Pouvez-vous nous présenter votre syndicat, le SNCS ?C’est un syndicat des personnels des organismes derecherche publics. Au CNRS, à l’ISERM, à l’IRD et à l’INRIA,nous sommes le premier syndicat pour les corps dechercheurs aux élections professionnelles et dans lesinstances scientiques qui gèrent les carrières. Depuisquelques années on s’est également mis à syndiquer desingénieurs et des techniciens.

Quel regard portez-vous sur la politique de recherchescientique menée par le gouvernement actuel ?La politique de recherche publique actuelle est dans lacontinuité de celles de Hollande et de Sarkozy. Les budgetsstagnent depuis 15 ans. La France décroche et se situeen dessous de la moyenne de l’OCDE en termesd’investissement. L’engagement pris au niveau européend’atteindre 3 % du PIB en investissement en 2010 ne s’esttoujours pas concrétisé ! L’Allemagne, elle, l’a atteint.

Quels étaient les enjeux essentielsde ce congrès ?Au-delà du sous investissement ?Le modèle de recherche par appelà projet. Ce mode de nancementinstauré par L’ANR (Agence Nationalede la Recherche) a fait exploser laprécarité. Notre secteur est celui quicomprend le plus de précaires : 30 %par exemple au CNRS. Cela fait plusde dix ans maintenant qu’on se batcontre les budgets insufsants et la précarité généréepar les ressources contractuelles mais aussi contre ladégradation des conditions de travail que provoque la miseen concurrence des personnels, des équipes, des labosentre eux pour avoir des nancements. La souffrance autravail est une nouvelle donne dans notre milieu où toutesles catégories de personnels sont sous pression.

C ’ES

TL ’

ACTU

Patrick Monfort,secrétaire généraldu Syndicat Nationaldes ChercheursScientifiques(SNCS-FSU).

© DR

SNCS-FSU : premier syndicat des chercheurs

Guinée : l’effervescenceAlpha Condé, le président

guinéen élu en 2010, veut

modier la constitution pour

briguer un troisième mandat.

La contestation monte en

Guinée : manifestation montre

pour obtenir la tenue d’élections

locales ou pour protester contre

l’incurie après l’éboulement

d’une décharge à Conakry, ou

encore dans la région minière

de Boké contre les coupures de

courant et pour des services

sociaux de base. Dans ce climat

social bouillonnant, la grève

dans l’éducation nationale, après

celle des transports publics, a

constitué un véritable bras de

fer politique de presque un mois

jusqu’à sa suspension le

7 décembre.

Les grévistes exigeaient une

augmentation de l’indice et des

salaires obtenue sous le régime

précédent, conrmée en

septembre 2016 mais non

appliquée depuis. Le président

a déclaré cette grève illégale

et fait fermer une radio privée

qui avait donné la parole au

dirigeant de la grève, Aboubacar

Soumah, secrétaire général

adjoint du Syndicat Libre

des Enseignants et Chercheurs

de Guinée (SLECG). Des

négociations doivent avoir lieu

dans les deux mois qui

précèdent les élections locales

xées au 4 février 2018.

© TR

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POUR N° 205 DÉCEMBRE 20174

Coup de froid venudes Etats-Unissur l’accord de Paris.

l’état de la planète par une tri-bune dans la presse, plaidantnotamment pour une réduc-tion des émissions de gaz à ef-fet de serre. Du point de vue du mouve-ment syndical, la COP23 a étél’occasion de poursuivre sonplaidoyer en faveur de poli-tiques de « transition juste »et pour la construction d’unpacte social afin que le passagevers des économies à faiblecarbone soit protecteur destravailleurs et de leurs com-munautés.

Sandrine Charrier

aussi légitimement s’interro-ger sur l’impact sur cetteCOP23 qu’a eu l’annonced’un sommet du G20 sur leclimat, notamment concer-nant les questions de finance-ment, le 12 décembre de ma-nière unilatérale par leprésident Macron. Celui-ci, àla COP23, n’a d’ailleurs rienannoncé de véritablementnouveau, à l’heure où 1 500scientifiques de 184 pays lan-çaient un cri d’alarme sur

COP23

Vents contrairessur le front climatique

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POUR N° 205 DÉCEMBRE 20175

Malgré la mobilisation unitairedes personnels de la Fonctionpublique appelés à se mobiliser

le 10 octobre, malgré le boycott d’uneséance du conseil commun de la Fonc-tion publique, malgré le vote en contredes textes remontant en cause lesengagements le 8 novembre, le gouver-nement est resté sourd aux revendi-cations portées par la rue. Les mesures proposées, qui dé-térioreront encore le pouvoird’achat des fonctionnaires, in-quiètent dans un contexted’austérité où les agents servi-ront de variable d’ajustement.Des dizaines de milliers d’em-plois aidés ont été supprimés.De fortes disparités entreagents, les inégalités persis-tantes entre femmes ethommes, la part de plus en plusimportante de non-titulaires etde la précarité, ainsi que le dé-crochage entre salaires du sec-teur public (+0,6 %) et du privé(1 %) pour 2015 ont été mis enévidence dans le dernier rap-port annuel de la fonction pu-blique. L’objectif du gouverne-ment de supprimer 120000postes est maintenu. Dans la fonction publique ter-

Après le 10 octobre

Public : poursuivre l’offensive

ritoriale le gouvernement pré-voit de limiter l’autonomie fi-nancière des collectivités lo-cales. Un chantage à la baissedes dotations est exercé. Lescollectivités qui n’accepterontpas les contrats d’administra-tion et les objectifs assignés deréduction de leurs dépenses severront sanctionnées. Cela en-traînera une pression fiscaleexercée par les collectivités lesplus pauvres pour maintenir laqualité des services rendus no-tamment en matière d’actionsociale, de culture et de sport.Les conditions salariales desagents en seront affectées (ré-

gime indemnitaire, NBI,RTT…).Et pourtant une véritable poli-tique salariale en faveur desagents est possible. Elle est né-cessaire pour contribuer au dé-veloppement du pays et à la co-hésion sociale et pour rendre laFonction publique attractive. Àl’heure où le premier ministreremet en cause la Fonction pu-blique telle qu’elle existe au tra-vers de sa démarche. Il entendréinterroger l’action publiquepour mieux pouvoir la trans-former. L’objectif de réduire lesdépenses publiques est claire-ment annoncé. La FSU proposede faire évoluer les services etnon d’imposer une contraintebudgétaire pour mener les dé-bats. Elle demande un « Gre-nelle de l’action publique ». Unecampagne publique alerteraagents et usagés et sera à l’ini-tiative de forums pour contrerles idées distillées auprès desusagers par le ministère. Réunies le 28 novembre, les or-ganisations ont apprécié l’ac-tion unitaire menée notam-ment sur la question salariale(10 octobre, boycott du CCFPet vote unanime contre les me-sures gouvernementales). LaFSU a porté l’idée d’une nou-velle journée de mobilisationunitaire.

Notre-Dame-des-Landes :décision en janvierSelon le rapport des médiateurs du gouvernement la rénovationde l’aéroport de Nantes coûterait entre 415 et 545 millionsd’euros, soit presque deux fois moins cher qu’un nouvel aéroportà NDLL. Quant aux émissions de CO

2, elles seraient supérieures

de près de 200 kilotonnes à NDLL sur 20 ans d’exploitation, àcause notamment de l’allongement du temps de déplacementpour les voyageurs et les salariés de l’aéroport. Mais l’extensionde l’aéroport de Nantes nécessiterait un arrêt du trac pendant 9semaines, ce qui engendrerait une perte d’exploitation de35 millions d’euros et entraînerait la destruction de plusieurszones humides en mettant en danger notamment la faune et laore du lac de Grand-Lieu, pourtant zone protégée. Ces fuites dans la presse devront être complétées parl’ensemble des données du rapport. Le gouvernement prendraune décision au plus tard n janvier.

Journéenationalecontre laprécaritéLe million de non-titulairesde la Fonction publique ditnon aux conditions de travailinsupportables et à dessalaires insufsants.La FSU a organisé les 7 et8 novembre derniers deuxjours d’expression et demobilisation des agents nontitulaires de la Fonctionpublique. Beaucoup de collègues onttémoigné d’une situationprofessionnelle etpersonnelle dégradée etrendue difcile par lesconditions d’emploi : contratstrès courts, temps partielssubis, absence d’évolution desalaires, accès difcile à unCDI, sentiment d’arbitrairedans la décision du non-renouvellement. Certainessituations montraient mêmele non-respect desemployeurs publics de lalégislation en la matière.L’équipe du Ministère del’action et des comptespublics qui a reçu ladélégation FSU a souhaitéque les demandes de lafédération soient expriméesdans un courrier, chose faitedepuis le 15 novembre. Nousattendons toujours uneréponse.La FSU fait de la lutte contrela précarité un enjeu majeur,et considère que le maintiend’un million de non-titulairesn’est pas acceptable alorsqu’il existe en parallèle unevéritable crise durecrutement!

© M

IRA/N

AJA

Le gouvernement fait la sourdeoreille après la manifestationdu 10 octobre.

La proposition d’adresseunitaire pour demander quele rendez-vous salarial soitavancé au printemps portéepar la FSU a été retenue,celle d’une initiative en marspour les contractuels est endiscussion.

Marie-Rose Rodrigues-Martins

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POUR N° 205 DÉCEMBRE 20176

Inspectricedu travailsuspendueLe 14 novembre, uneinspectrice du travail a étésuspendue de ses fonctionspour « faute grave »,jusqu’à la tenue d’unecommission disciplinaireprogrammée le 14décembre, pour avoircritiqué la politique desuppression de postes dansson ministère et interpelléla ministre au nom de SUD-Travail. Deux agents dumême ministère, syndiquésCGT-TEFP, avaient déjà reçuun blâme pour leur soutienaux sans-papiers. SNTEFP-CGT, Solidaires, SUD Travailet SNUTEFE-FSU ontdemandé l’arrêt immédiatde la procéduredisciplinaire. De nombreuxpolitiques, juristes,associatifs et syndicalistes,dont Bernadette Groison(FSU), ont signé une tribunede soutien pour exigerl’absence de sanctionet défendre la libertésyndicale.

Sur fonds d’une crise qui touche12 millions de personnes enFrance, le gouvernement a

dévoilé cet automne son plan loge-ment. Avec des conséquences surles étudiants, les jeunes et lesménages les plus fragiles. Les aides personnalisées aulogement (APL) coûteraienttrop cher à l’État qui a décidéleur baisse de 5 euros, mesurequi touche aux revenus lesplus modestes. De plus, dès le1er janvier 2019, le montantdes APL sera évalué par rap-port aux revenus en cours.Les aides étant attribuées entemps réel, cette dispositionrisque de déstabiliser les plusjeunes et les ménages les plusfragiles avec un trop perçu àrembourser ou des tempsd’attente avant rattrapage.Pour ceux logés en HLM, il yaura une baisse de 5 euros desAPL et des aides au logementde 50 ou 60 euros. Les bail-

Logement social

Un plan de précarité

Retraités

11es journées d’automne : un bon cru

pour convaincre un bailleurhésitant, faire valoir une « so-lution de garantie » sanscondition de ressources. Un« bail mobilité » dont la duréepeut aller d’un à dix mois estprévu. Sans garantie exigée, ily a obligation de quitter le lo-gement au plus tard en find’année universitaire, ou dèsla formation terminée. Souscouvert d’assouplissement, onprécarise encore les jeunes etles précaires en rendant lemarché plus flexible.

Pierre Garnier

Une salle comble avec 120retraités de différents syndi-cats de la FSU, venant de toute

la France. Un l ieu priv i légiéd’échange, de convivialité, pourdiscuter de questions majeures aucours de ces deux journées. Troisquestions à Daniel Rallet participantau stage.

Quels sujets ont été abordés ?Jérôme Pelissier, enseignantet écrivain, a discuté avec Pas-cal Champvert, directeurd’une maison de retraite, dela pertinence de l’âgismecomme discrimination et la

nécessité de combattre cetteapproche dominante dans lesmédias et les discours officiels.Le débat contradictoire, qui asuivi, a montré que nous de-vons prêter sans doute plusd’attention à ce sujet.De son côté, Christophe Pru-dhomme, urgentiste et res-ponsable CGT, a déconstruitles réformes hospitalières, dé-noncé les attaques contre l’hô-pital public et avancé des pro-positions alternatives.

Et sur l’action de la FSU ?Avec l’objectif d’anticiper sur

le débat des retraites, et pourprovoquer la discussion, Be-noît Teste, secrétaire généralde la FSU, a présenté l’étatdes lieux résultant des ré-formes antérieures et lescontours d’une prochaine ré-forme. Le rendez-vous,maintenant habituel avec lesresponsables des forces syn-dicales et associatives du« groupe des 9 », a permis devérifier la force unitaire del’intersyndicale et sa déter-mination à poursuivre en-semble réflexion et lutte. Cesjournées se sont conclues par

l’intervention de BernadetteGroison et par une réflexiond’une part sur le fonctionne-ment des sections fédéralesdépartementales de la FSU,et d’autre part sur l’avenir dela FGR-FP.

Pour l’avenir, des propositions?Tout d’abord, retrouver larencontre avec des syndica-listes étrangers. Ensuite, il fau-drait aussi sans doute donnerà ces journées un caractèreplus participatif, avec un rôleaccru des militants.

Clara Chaligny

© TR

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leurs sociaux devront baisserles loyers d’autant, pour queces mesures n’aient aucun ef-fet sur le porte-monnaie deslocataires. «  Qui va payer, àterme, si le gouvernement faitles poches des bailleurs so-ciaux ? Les locataires  », s’in-digne à France info ManuelDomergue, de la FondationAbbé-Pierre. 5 euros d’APL en moins pourles étudiants, qui pourront,

Les bailleurs sociaux devrontbaisser les loyers d’autant,pour que la baisse des APLn’ait aucun effet surle porte-monnaie des locataires.

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Licencier facilementpour les nulsVisiblement, pour le

gouvernement, licencier

abusivement n’est plus un acte

illégal qui doit être combattu,

mais une simple décision dont

le coût doit être prévisible

comme pour n’importe quelle

opération de gestion.

C’est ainsi que l’on peut

comprendre la création,

sur le site service-public.fr,

d’un simulateur qui permet,

aux salariés comme aux

employeurs, de calculer en

ligne les montants planchers

et plafonds des indemnités de

licenciement, lorsqu’un juge

prud’homal estime qu’il est nul

ou sans cause réelle ou

sérieuse.

Ce simulateur est fondé sur

une barémisation qui - depuis

la loi Macron de 2015 -

encadre et limite le pouvoir

des juges. Il fait le bonheur du

MEDEF qui veut encore faire

croire qu’on réduira le chômage

en facilitant les

licenciements…

Dans une logique typiquement

économique de comparaison

entre les coûts et les

avantages, l’amende n’est donc

plus perçue comme une

sanction visant à empêcher

une infraction, mais comme

un coût que les acteurs

économiques doivent pouvoir

anticiper et le cas échéant

provisionner.

Suivant la même logique,

et dans le cadre de la mise

en œuvre des ordonnances

réformant le code du travail,

le gouvernement planche sur

un décret instaurant les lettres

types de licenciement.

La réalité va bientôt dépasser

la ction…

Grande pauvreté :des chiffres criantsSelon l’INSEE plus de trois millions d’enfants vivent sous le seuilde pauvreté, 30000 sont sans domicile et 9000 habitent dansdes bidonvilles. Cette situation est insupportable dans un paysqui a, en vingt ans multipliés par deux ses richesses produites.La FSU dénonce l’orientation budgétaire actuelle qui ne prévoitpas les investissements nécessaires en moyens et pourpermettre aux agents publics d’aider les populations les pluspaupérisées.

© TR

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POUR N° 205 DÉCEMBRE 20177

Assurance-chômage

« Réformes » sociales : acte 2Après la loi Travail, le président

Macron ouvre l’acte 2 de ses« réformes » du modèle social

français, visant à adopter la « flexi-sécurité » : la ministre du Travail,Muriel Pénicaud travaille à unnouveau projet de loi, attendu enmai, et qui portera sur trois « chan-tiers », « destinés à protégerchacun » : formation professionnelle,apprentissage et assurance chômage.Les discussions commencentsur ce dernier volet avec lessyndicats et le patronat, in-quiets devant le coût estiméde son extension aux démis-sionnaires et aux indépen-dants, jusqu’à 14 milliardsd’euros  selon certainesétudes, démenties par MurielPenicaud.Les syndicats, unis sur cettequestion, refusent que cetteextension, jugée nécessaire parle gouvernement en raison del’ubérisation de nombreuxemplois jusque-là salariés sefasse au détriment des droitsactuels des chômages. Le gou-vernement envisage de modi-fier le financement et la gou-vernance du système. Celle-cireviendrait à l’État, alorsqu’elle est gérée depuis 1958par les partenaires sociaux.Avec le risque de permettre àl’État de fixer les durées etmontants d’indemnisation

ainsi que les cotisations, etdonc de les abaisser. En 2018,les cotisations chômage pré-levées aux salariés seront sup-primées et remplacées par unehausse de 1,7 % de la CSG.Mais on ne sait pas encorequelle part va aller à l’Unedic.Donc, note Eric Heyer, del’OFCE (Office français desconjonctures économiques)« on est en train de lui retirerdes recettes et de lui ajouter desdépenses. La tentation seraforte de dire qu’il faut jouer surla durée d’indemnisation etson montant. » L’idée d’établirun bonus-malus pour taxer lesentreprises qui utilisent beau-coup de contrats courts nerencontre guère la faveur dupatronat.Deuxième volet : la formationprofessionnelle : le gouverne-ment veut simplifier ce secteur

où interviennent selon lui detrop nombreux acteurs, ce quinuirait à son efficacité ; 15 mil-lions d’euros seraient déblo-qués pour former un millionde chômeurs de longue duréeet un million de « décro-cheurs ».Enfin la réforme de l’appren-tissage qui doit permettre, se-lon Muriel Penicaud, de rat-traper le retard sur d’autrespays en termes d’insertionprofessionnelle. Revendica-tion du MEDEF, Les branchesprofessionnelles seraient d’ail-leurs davantage associées à la« construction des diplômesou des certifications », char-gées de « définir la maquettepédagogique avec l’Éducationnationale » et « définir les cri-tères nécessaires en termesd’organisation ».

Matthieu Leiritz

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Promesse de campagne ducandidat Macron, les Assisesdes Outre-Mers ont été lancées

fin septembre. La phase de consul-tation s’achèvera au début de l’année2018. La synthèse des travaux, le« Livre bleu Outre-Mer », devra êtreachevée au printemps 2018.Selon Annick Girardin, minis-tre des Outre-Mers, ces Assisesdoivent « permettre à l’État deréaffirmer sa détermination àaccompagner les Outre-Mers »,« permettre aux Outre-Mersde se réinventer en territoiresd’excellence et d’innovation »et « redonner la parole à ceuxqui ne la prennent plus et ontperdu confiance en l’action pu-blique ».Les Assises se déroulerontdans chaque territoire ultra-marin. Un rapporteur géné-ral, Thierry Bert, sera chargéd’animer et de piloter les As-sises. Il mettra en place « uncomité stratégique, composéd’une quinzaine de personna-lités qualifiées, issues de mé-tropole et des Outre-Mers ».Après la phase de consulta-tion locale, la synthèse des As-sises prendra la forme d’un« Livre bleu Outre-Mer ».La feuille de route comportehuit grands thèmes: « mobiliserl’investissement public au ser-vice d’un projet de développe-

Outre-Mer

Des assises jusqu’au printempsment équilibré, définir un cadrestable en faveur de la croissanceéconomique et de l’emploi, fairedes Outre-Mers des leaders dansla lutte contre le changementclimatique et de préservation dela biodiversité, répondre aux as-pirations de la jeunesse, remet-tre les cultures ultramarines aucœur de l’intégration, garantirà tous les ultramarins le droitfondamental à la sécurité, en-gager une véritable politiqued’influence notamment à tra-vers les bassins régionaux, ac-compagner les collectivités dansleurs projets ».Des Antilles à Mayotte, en pas-sant par la Guyane ou la Poly-nésie, les organisations syndi-

70 ans pour ladéclaration des droitsde l’hommeC’était le 10 décembre 1948.

Trois ans seulement après

la guerre la plus destructrice

qu’eut connue l’humanité,

les organisateurs se mirent

d’accord pour choisir le lieu où

les chefs d’État les délégations

viendraient voter : Paris. Capitale

des droits de l’homme où fut

proclamée la déclaration des

droits de l’homme et du citoyen

en 1789. Quel autre lieu

pour signer ofciellement

la Déclaration universelle

des droits de l’homme ?

L’assemblée générale des

Nations Unies, qui n’avait pas

encore son siège new-yorkais,

se réunit au Palais de Chaillot

pour adopter cette déclaration

de principes qui n’avait pas de

véritable portée juridique. Sur les

58 États représentés, huit

décidèrent de s’abstenir :

l’Afrique du Sud en plein

Apartheid, l’Arabie Saoudite

résolument opposée à l’égalité

homme-femme et plusieurs

pays socialistes dont l’URSS.

L’UNESCO entend faire de cet

anniversaire un événement pour

porter encore plus loin les droits

universels. C’est pourquoi, le

12 décembre a été

ofciellement lancée l’année de

célébration, sous la direction de

la directrice générale, la

française Audrey Azoulay. Parmi

la liste des invités, on trouve

Chékéba Hachemi (notre photo),

première femme diplomate

afghane, fondatrice de l’ONG

Afghanistan Libre, défendant

l’accès à l’éducation des lles et

des femmes, le caricaturiste

Plantu et Konstantinos Tararas,

spécialiste du programme

des droits de l’homme

à l’UNESCO. Tout un programme.

Jour de carence : c’est faitÀ partir du 1er janvier prochain, tout fonctionnaire perdra unejournée de salaire à chaque arrêt maladie. Supprimé sousle précédent quinquennat, l’actuel gouvernement a décidéde le rétablir, suivi par la majorité parlementaire.Une récente étude de l’INSEE portant spéciquement sur lesconséquences du jour de carence dans la Fonction publiqueen 2012 et 2013, conrme que le ou les jours de carence n’ontpas d’effets signicatifs sur le nombre d’absences pour raisonde santé. Si les arrêts de très courte durée ont diminué, ceuxd’une semaine à trois mois ont augmenté signicativement, àla suite de pathologies devenues plus lourdes… Les salariés duprivé, qui sont encore environ 25 % à subir les jours de carence,utilisent plus fréquemment leurs droits en RTT pour éviter uneperte de revenus. La menace d’une perte de revenu n’empêchepas de tomber malade mais accroît le nombre de personnestravaillant malgré une santé défaillante.

© L.

MAT

AS/N

AJA

© DR

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POUR N° 205 DÉCEMBRE 20178

cales, dont la FSU et ses syn-dicats nationaux, sans êtredupes de la communicationministérielle, s’emparent decette occasion de porter les re-vendications des salariés desOutre-Mers, notamment dansla Fonction publique : ainsiquelle meilleure prise encompte des élèves en diffi-culté? Quelles réponses au dé-crochage scolaire ? Quel ac-compagnement des élèves versla réussite? Quelle reconnais-sance spécifique des compé-tences des agents des troisfonctions publiques pour va-loriser le service Outre-Mer etrenforcer son attractivité?

Matthieu Leiritz

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« Plafond de verre »dans la Fonction publiqueSophie Pochic, sociologuedu travail et du genre, directricede recherche au CNRS, arécemment participé à unouvrage collectif, Le plafond deverre et l’État, La constructiondes inégalités de genre dans lafonction publique. Elle a acceptéde répondre à nos questions.

Comment se traduit le plafondde verre dans la Fonctionpublique?La fonction publique s’est

longtemps pensée, à tort, comme

garante de l’égalité de traitement,

grâce aux concours et aux règles

d’avancement « les mêmes pour

tous » au sein des différents corps.

Or des normes de carrière

construites au masculin-neutre

induisent des discriminations de

genre. Le modèle idéal

d’excellence pour les hauts

fonctionnaires, avec une carrière

linéaire et rapide, de nombreux

changements de postes, parfois de

la mobilité géographique imposée,

entre 30 et 40 ans, est très

pénalisant pour les femmes. Elles

sont tiraillés entre carrière et

famille, surtout dans un contexte

de réductions budgétaires et de

fusion des services qui induisent

une intensication du travail et une

concurrence accrue entre corps

de métiers.

En quoi les métiers plus féminisésfont-ils écran à l’égalité?Dans les ministères les plus

féminisés, on pense souvent que

l’égalité des chances est effective.

Pourtant, à prol et compétences

égales, un homme peut être

promu plus facilement, il bénécie

ainsi d’un « escalator de verre ».

Cet avantage masculin est peu

visible, surtout quand les politiques

d’égalité sont plus tardives. Il peut

même être justié au nom des

bénéces de la mixité ou de la

revalorisation d’un métier « trop »

féminisé…

Heureusement les choses évoluent :

les hommes cadres changent,

au moins dans leurs aspirations,

certainement poussés par leurs

compagnes de plus en plus

diplômées et ambitieuses. Mais la

division du travail domestique et

parental reste encore bien souvent

asymétrique…

Les psychologues de l’Éducationnationale ont voté en novembrepour élire leurs représentants

dans les commissions paritaires.Ils ont placé le SNUipp-FSU et leSNES-FSU largement en tête de cesélections professionnelles. Avec 54,14 % des voix pourle vote aux commissions ad-ministratives paritaires aca-démiques (CAPA), le SNES-FSU et le SNUipp-FSUremportent une large victoireaux élections professionnellesdu nouveau corps des psy-chologues de l’Éducation na-tionale. Un résultat qui té-moigne de l’engagementopiniâtre des deux syndicatsdans la reconnaissance de laplace et de l’apport des psy-chologues dans l’ensemble dusystème éducatif. Ces résultats signent aussi lavolonté des personnels de dé-signer des représentants quiporteront haut et fort leurvoix face à l’administration.

Élections professionnelles

Psy-EN : la FSU première

Pauvreté des enfants

Une délégation interministérielle

Les listes communes présen-tées par le SNUipp-FSU et leSNES-FSU ont obtenu des élusdans chacune des 32 acadé-mies de métropole et d’Outre-Mer. Elles arrivent en tête dans29 d’entre elles et obtiennentplus de 50 % des voix dans 21.

Elles remportent tous les siègesà Créteil, Toulouse, en Corse,en Guadeloupe et en Guyane.Au niveau national, sur les septsièges à pourvoir à la Commis-sion administrative paritairenationale (CAPN), cinq vontau SNES-FSU et au SNUipp-FSU, un au SE-Unsa et un auSGEN-CFDT.

Pierre Garnier

Olivier Noblecourt a été nommé«  délégué interministériel àla prévention et à la lutte

contre la pauvreté des enfants etdes jeunes » en conseil des minis-tres. Sa feuille de route pour lessix mois à venir est tracée : veillerà la mise en œuvre de la stratégiede lutte contre la pauvreté annoncéepar Emmanuel Macron le 17 octobre,journée du refus de la misère. Il s’agit en fait pour le déléguéde consulter dans un premiertemps l’ensemble des ministèreset des acteurs pour élaborer unplan stratégique d’action :

« comment investir socialementpour donner aux enfants pau-vres plus de chance de s’en sor-tir? ». Il devra rendre sa copieau printemps prochain. Puis, illui reviendra de formaliser leplan pauvreté que le gouverne-ment entend centrer particuliè-rement sur la jeunesse, l’objectifannoncé de la concertationétant d’investir socialementpour que les enfants pauvresaient plus de chances de s’ensortir. « Un enfant sur cinq vitsous le seuil de pauvreté et nousavons envie d’agir pour que les

jeunes pauvres d’aujourd’hui nesoient pas les précaires de de-main », a déclaré Agnès Buzyn,ministre de la santé et des soli-darités. On compte en effet enFrance trois millions d’enfantspauvres, dont 30000 à la rueavec leur famille. Les associations, pour leurpart, souhaiteraient que l’ac-tion n’oublie pas la questiondes minima sociaux. Un as-pect très concret de la grandeprécarité des adultes… et deleurs enfants.

P. G.

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DIEU/

NAJA

La FSU a obtenu54,14% des voixpour le voteaux CAPA.

POUR N° 205 DÉCEMBRE 20179

s o c i a l e s

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Calendrier scolairemodifiéL’Académie Orléans-Tours

a entériné la modication

par décret de vacances de

printemps pour sa zone. La

raison de cette modication

réside dans le fait que le retour

après les vacances de printemps

en classe devait être suivi d’une

semaine comportant deux jours

fériés et aucun pont de prévu.

Une décision qui interroge en

remettant en cause le cadrage

national.

Propositions Macronsur l’avenir de l’Europe :Pshiiit ?La Commission européenne

présentait le 6 décembre son

projet pour une nouvelle

architecture économique de

l’Union européenne et de la

zone euro : création d’un Fonds

monétaire européen chargé

d’aider des pays en grave

décit budgétaire pour négocier,

avec eux, des programmes

d’ajustement, il pourrait

également prêter aux banques

européennes en difculté via le

fonds de résolution bancaire.

Les propositions du président

MACRON tendant à créer un

noyau dur européen à partir de

la zone euro ne sont guère

retenues : ni budget autonome,

ni Parlement de la zone, mais

divers fonds nancés sur le

budget de l’Union européenne,

destinés à œuvrer à la

convergence économique et,

pour l’un d’eux, à soutenir

l’investissement.

Le projet sera négocié entre les

Etats de la zone euro dans les

prochains mois.

Sans attendre, Martin Schultz

réélu président du SPD, propose

la création « d’États-Unis

d’Europe » d’ici 2025. Cette

proposition doit être selon lui

proposée à tous les états

membres, et ceux qui ne

l’accepteraient pas devraient

alors quitter automatiquement

l’Union européenne. « Ayons

enn le courage de faire

avancer l’Europe ! » s’exclame-

t-il.

Le SNPES-PJJ organise le 9 et10 février prochains un colloqueintitulé « Une vraie alternative

à l’enfermement des enfants : laliberté », en coopération avec leSyndicat de la magistrature, l’Ob-servatoire international des prisons,le Syndicat des avocats de Franceet, soutenu par la FSU, la Ligue desDroits de l’Homme et Défense EnfantsInternational-France. L’augmentation notable etcontinue de l’incarcération desmineurs depuis octobre 2016,la banalisation de l’enferme-ment depuis plusieurs annéeset l’annonce par la ministrede la justice en octobre dernierde la création prochaine devingt nouveaux centres édu-catifs fermés pour compléterles cinquante-deux structuresdéjà en fonctionnement sontde nature à réactiver le débatsur les choix éducatifs et judi-ciaires d’une institution encharge de protéger l’enfance

Colloque du SNPES-PJJ

Pour une alternativeà l’enfermement des mineurs

Cartes grises

De nouvelles modalités

logues, actrices et acteurs deterrain (magistrats, éducatriceset éducateurs, avocats…),reviendront sur les évolutionslégislatives, les pratiques judi-ciaires et les réalités de terrain,les dynamiques sociales et ins-titutionnelles à l’œuvre afind’ouvrir des perspectives sus-ceptibles de répondre à l’enjeud’éducation de la jeunesse etde trouver les outils qui libè-rent. Programme et inscription sonten ligne sur le site du CaformFSU.

Grégory Bekhtari

Depuis le 1er novembre, dans lecadre de la modernisation duservice public, les formalités

concernant l’immatriculation d’unvéhicule peuvent être effectuées enligne.Les guichets des 101 préfecturesou 233 sous-préfectures ne sontplus à même de délivrer descartes grises et ferment doncleur porte. Des points numé-riques ont été installés dans lespréfectures pour les personnesne disposant pas d’un équipe-ment. Mais le portail numé-

rique de l’Agence nationale destitres sécurisés ne fonctionnepas toujours.Les professionnels de l’auto-mobile risquent donc fort deprofiter de cette disparition desguichets. Ils sont 30 000 habi-lités en France à pouvoir seconnecter au système d’imma-triculation des véhicules. Ilspeuvent effectuer les formalitésadministratives et poser lesplaques, avec un coût supplé-mentaire, alors que le docu-ment finalisé reste établi par

les services de l’État qui l’en-voient directement au proprié-taire. Cette « dématérialisa-tion » visait avant tout à« recentrer la préfecture autourde ses missions premières.Notamment en matière desécurité et de contrôle. Celas’inscrit dans le cadre du planpour une nouvelle relationavec les usagers ». Pour l’instant, si les files d’at-tente ont disparu, le temps d’ob-tention n’a pas diminué.

Marie-Rose Rodrigues-Martins

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URQU

ERY/

NAJA

Un débat sur les choix éducatifset judiciaires d’une institutionen charge de protéger l’enfanceen danger.

p u b l i q u e s

POUR N° 205 DÉCEMBRE 201710

en danger. Plus largement, ils’agit de questionner l’accélé-ration des politiques sécuri-taires et les orientations géné-rales à l’égard de la jeunessela plus en difficulté, qui met-tent à mal la primauté del’éducatif et du caractèreexceptionnel de l’enferme-ment affirmés par l’Ordon-nance du 2 février 1945 quifonde la justice des enfants. Pendant ces deux journées,historiens, juristes, socio-

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p u b l i q u e s

L’OCDE s’appuie sur les constatsde la recherche pour mettre enavant les effets vertueux d’un

investissement pour la création deplace dans les structures commejardins d’enfants ou crèches, et àl’école maternelle.Augmenter l’accueil dans cesstructures favorise le travaildes femmes et permet de pré-server la situation de femmesseules en grande précarité. Leseffets bénéfiques pour lesenfants notamment en termesde développement des capa-cités cognitives et d’améliora-tion des parcours scolaires,sont aussi soulignés. Investirdans la petite enfance permetde lutter contre les effets desinégalités scolaires, et à longterme réduit les risques depauvreté à l’âge adulte. LaFrance, qui scolarise tous les3-5 ans, fait à ce titre figured’exemple.« Alternatives Économiques »évoque une étude comparant

Petite enfance

Un service public spécifique ?

les situations de la France etde l’Allemagne. Cette dernières’est investie dans la créationde places de crèches en visantun meilleur accès des femmesau marché du travail, et favo-risant l’augmentation du taux

de fécondité, faible actuelle-ment outre-Rhin et de meil-leurs résultats des élèves. L’Al-lemagne a créé en 2013 undroit opposable d’accueil dèsun an. Elle a simplifié lesmodalités de création decrèches notamment. Lemodèle français lui, est peucoordonné. D’un côté le minis-tère de l’Éducation nationale

orchestre la chute du nombrede deux ans scolarisés. De l’au-tre les collectivités localescréent des places en crèche.L’étude souligne pourtant l’in-térêt pour un pays, de coor-donner les parcours desenfants de 0 à 6 ans. Un servicepublic de la petite enfancepourrait y contribuer.

Pierre Garnier

Le ministre Darmanin a lancé le24 novembre à Reims le Forumde l’Action Publique.

Pendant trois mois, les citoyenssont appelés à s’exprimer surl’avenir des services publics surune plateforme de consultationen ligne tandis que des débatsse tiennent en région avec desmembres du gouvernement,des élus locaux, des chefs d’en-treprise, des associatifs ouencore des agents publics. L’idéed’impliquer les usagers et lesagents à la base pour penserl’évolution des services dont la

collectivité a besoin est à pre-mière vue séduisante. Toutefois,le ministre précise que ces tra-vaux sont menés « au sein duprogramme « Action Publique2022 » lancé le 13 octobre der-nier par le Premier ministre »Ces forums, selon la FSU, nesont là que pour préparer leterrain. L’objectif prioritaireaffiché est la baisse desdépenses publiques et lesmoyens pour y parvenir sontclairement énoncés : « revoirprofondément et durablementles missions de l’ensemble des

acteurs publics que sont l’État,les opérateurs, les collectivitésterritoriales, les organismes desécurité sociale ».Le premier ministre, qui a déjàune idée précise des réformesqu’il a décidé d’entreprendre,souligne dans sa lettre decadrage des points spécifiques:le périmètre souhaitable despolitiques publiques dontchaque ministère a la charge,les économies durables et struc-turelles par une baisse de ladépense publique. C’est bien ledébut d’un démantèlement d’un

modèle des services publics quiest mis en perspective. Uneremise en cause profonde denotre modèle social. La FSU àl’inverse de cette démarche, ademandé un « Grenelle de l’ac-tion publique »: un débat démo-cratique avec les agents commeavec les usagers pour examinerles évolutions nécessaires etmieux répondre aux besoins dela population et aux évolutionsde la société en confortant lerôle et les missions de la Fonc-tion publique.

Grégory Bekhtari

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VAUD

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A

Action publique 2022

Une consultation pour la forme

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POUR N° 205 DÉCEMBRE 201711

Moins de scolarisationdes 2 ans, plus de placesen crèches.

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POUR N° 205 DÉCEMBRE 201712

Biennaleinternationalede l'éducation Pour placer la pédagogie aucœur d’un espace collectifde réexion, de partaged’expériences etd’échanges, sixmouvements d’Éducationnouvelle : CEMEA, CRAP-Cahiers pédagogiques,FESPI (fédération desétablissements scolairespublics innovants), FI-CEMEA (fédérationinternationale des CEMEA),GFEN et l’ICEM-PédagogieFreinet, ont organisé unebiennale de l’Éducationnouvelle à Poitiers du2 au 5 novembre 2017.Edwy Plenel, ClaudeLelièvre, Marjorie Vidal etPhilippe Mérieu y ontapporté leur contribution àune réexion sur les sujetsd’actualité, des enjeuxpolitiques et éducatifs surlesquels les organisationsorganisatrices rééchissent. En attendant une secondeédition, un blog couvrantl’actualité de l’Éducationnouvelle sera ouvert dansles prochaines semaines.

En France, le droit à la scolari-sation est inscrit dans les textescomme un droit universel pour

tous les enfants.De nombreux obstacles frei-nent cet accès au droit com-mun, comme le refus de cer-tains maires d'inscrire lesenfants de familles sans-papiers dans les écoles de leurcommune. Mais aussi, pourde très nombreux mineursisolés, les démarches adminis-tratives de reconnaissance deleur minorité qui retardentleur accès à l'institution sco-laire. La précarité liée à la vieen hôtel social, en bidonvilleou en squat, et aux expulsionspotentielles de ces lieux. Lalenteur des procédures deprise en charge par les CIOou les CASNAV qui n'ont pasles moyens nécessaires pouroffrir un service plus rapide. Interpellé à ce sujet par uncollectif intersyndical et inter-associatif dont la FSU, RESF

Missions des ATSEM

Revaloriser le métier

département) de celle desmineurs étrangers (par la pré-fecture) contredit cette décla-ration d'intention. À la suitedu Défenseur des droits, laFSU dénonce l'instaurationd'un dispositif dérogatoire audroit commun qui entraveraitencore davantage l'accès àl'école et à la formation desmineurs isolés. Pour elle, c'estle respect de l'intérêt supérieurde l'enfant qui doit primer.Aucun motif, de quelquenature qu’il soit, ne peut res-treindre ce principe.

Grégory Bekhtari

Depuis la création de l’écolematernelle, les ATSEM, person-nels territoriaux ne relevant

pas de l’Éducation nationale, œuvrentau côté des enseignants. D’abord« femmes de service » puis agentsterritoriaux, elles ont vu leursmissions évoluer.Le ministre de l’Éducationnationale propose aujourd’huide reprendre des propositionsextraites d’un rapport de l’ins-pection générale consacré àleurs missions.Depuis les années 80 l’aug-mentation du temps de pré-

sence des enfants à l’école endehors des horaires scolairesa conduit à de nouvelles mis-sions pour ces personnels. Laréforme des rythmes aentraîné un fort besoin d’en-cadrement et d’animation. LesATSEM ont alors été sollici-tées pour assurer ces nouvellesmissions. Il y a cependant une grandediversité de situations concer-nant les missions desATSEM. Elles varient enfonction des écoles, des com-munes et des territoires. Leurs

tâches se diversifient : moinsd’entretien de locaux, plusd’activités en classe et unemission de sécurité. Le rap-port préconise leur participa-tion aux réunions de la com-munauté éducative (conseild’école en prévoyant un capi-tal-temps annuel).Leur formation doit être ren-forcée en portant à 5 jours ladurée de formations statu-taires obligatoires et des for-mations sur la collaborationATSEM/enseignants sont pré-conisées. Leur rôle éducatif et

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ÉVIER

S/NA

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Certains maires refusentd’inscrire les enfantsde familles sans papiers.

d’assistance pédagogique doitêtre reconnu dans les textes.Enfin leur revalorisation,l’évolution de leur carrière(meilleur régime indiciaire,création d’une spécialitéATSEM dans le cadre d’em-ploi d’agent de maîtrise) etleur reclassement doiventpouvoir être encouragés. L’as-sociation des maires et lesministères sont dès lors invitésà élaborer conjointement undocument d’engagement surla question.

Marie-Rose Rodrigues-Martins

Mineurs étrangers

Trop d’obstacles à la scolarisation

ou encore la LDH sont mem-bres, le ministère a répondumi novembre qu'il était« mobilisé afin de garantir l'ac-cès à l'école de tous les enfants,sans aucune distinction ».Pourtant dans sa lettre rienn'est dit sur les moyens indis-pensables à l'application de cedroit dans les faits. Pire, pour le cas des mineursisolés, l'idée du gouvernementde distinguer la prise en chargedes mineurs français (par le

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POUR N° 205 DÉCEMBRE 201713

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Un rapport de l’inspection géné-rale commandé par NajatVallaud-Belkacem souligne

l’usage du numérique comme« levier stratégique » de l refonda-tion de l’école, minimise les risquesliés à son déploiement et préconisede transformer le système éducatifen « écosystème innovant ».Directrice du numérique édu-catif (DNE) de juin 2013 àseptembre 2015, CatherineBecchetti-Bizot s'est vu confierune mission d'étude en lienavec la loi de Refondation de2013. La commande était d'analyserdes pratiques pédagogiquesque le numérique facilite,encourage ou permet, «  leurqualité et leur efficacité éduca-tive » dans un contexte degénéralisation du numériquedans le système scolaire. Unnumérique vu comme « levierstratégique de la refondationde l’École pour améliorer l'effi-cacité des enseignements,réduire les inégalités sociales et

Numérique

Un rapport pour modifierles pratiques enseignantes ?

culturelles entre les élèves etouvrir l'école sur son environ-nement »1. Que peut-on retenirdu rapport issu de ce travail et

intitulé « Repenser la formescolaire à l’heure du numé-rique : vers de nouvellesmanières d’apprendre et d’en-seigner ? »Censé « mettre la pédagogieau centre de la réflexion sur lenumérique éducatif et repartirdes pratiques enseignantes  »,il ne s'appuie que très mino-ritairement sur des sourcesscientifiques. L’auteure s’étantrendue dans onze académiesqui prennent de nombreusesinitiatives sur le numérique,le terrain sondé est celui demilitants du numérique. Lerapport s'appuie ainsi sur lespratiques « innovantes » quel'institution encourage(notamment la classe inver-sée), pour mieux inciter tousles enseignants à modifier lesleurs.Les risques liés au déploiementdu numérique (dont les« manipulations commerciales

ou idéologiques ») sont mini-misés tandis qu'il est présentécomme ce qui va permettre desortir d'un « modèle purementtransmissif et vertical desconnaissances » pour aller versun nouveau modèle dont lesmaîtres mots sont : horizon-talité, travail collaboratif, per-sonnalisation. Il importe sur-tout de transformer le systèmeéducatif en « écosystème inno-vant  » (François Taddéi), lenumérique ne servant qued’outil pour transformer uneforme scolaire considéréecomme obsolète.

Sandrine Charrier

1. Les phrases entre guillemets sont extraitesde la lettre de mission de Najat Vallaud-Belkacem.

Une sélection qui ne dit passon nomLe projet de loi sur l’accès à l’enseignement supérieur, rejetépar la FSU et la majorité des membres du Conseil supérieurde l’éducation met clairement en cause le baccalauréat commepremier grade universitaire ouvrant l’accès à l’université.Avant même le vote de la loi, les mesures prévues par le PlanÉtudiants sont mises en œuvre à marche forcée. Les universitésdoivent xer les « attendus » requis pour chaque formation,prévoir des modules de mise à niveau et xer les capacitésd’accueil. Dans les lycées, il fallait nommer un secondprofesseur principal dès le 1er décembre en Terminaleet travailler l’orientation des futurs bacheliers sans visibilité surle fonctionnement la nouvelle plateforme d’affectationParcoursup. L’avis porté par le chef d’établissement sur chaquevœu formulé par le lycéen doit gurer dans une « che avenir »,dont on ne connaît ni le contenu ni les modalités de traitement.

Chorale :un bon plan ? À la rentrée 2018 lescollégiens bénécierontd’un enseignementfacultatif de chant choral,première mesure d’un planqui concernera le premierdegré et le lycée en 2019avec notamment la mise enplace de chorales en lycéeprofessionnel.Pour 2018, le coût estestimé à 20 millionsd’Euros. Un vademecum et unprogramme sont prévusavec 20 % d’œuvres en lienavec le « vivre ensembledans l’école de laRépublique ». Pour la FSU, les moyensalloués devront être à lahauteur des besoins,permettre aux professeursd’éducation musicale etchant choral de poursuivredans de meilleuresconditions cetenseignement qu’ilsassurent déjà dans prèsde 80 % des collèges,de nancer et enrichirles partenariats, de faciliterles déplacements etde renforcer la formationdes personnels.

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IRA/N

AJA

Les risques liésau déploiementdu numériquesont minimisés.

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Écriture inclusiveLe premier ministre vient de

décider dans une circulaire à

paraître de bannir l’écriture

inclusive des textes destinés à

être publiés au Journal Ofciel

et à ne pas en faire usage. Il

balaie ainsi l’engagement de

plusieurs administrations, dont

l’Éducation Nationale, ayant

signé une convention en faveur

d’une communication sans

stéréotype et envoie un bien

mauvais signe en matière de

réduction des inégalités

femmes-hommes et

d’invisibilisation des femmes.

Le langage peut être vecteur

de domination. Il est temps de

rééchir à ce qui est susceptible

de faire évoluer les usages dans

un sens plus égalitaire et non

pas d’empêcher le débat. Un

article sera consacré à cette

question dans un prochain

POUR.

Mouvement de grèvedans la Seine-Saint-DenisLes organisations syndicales

SNES, SNUipp, SNEP, FO, CGT,

SUD93 et la cNT ont appelé les

personnels à se mettre en grève

le jeudi 14 décembre

et à manifester. En cause,

les annonces budgétaires

largements insufsantes.

Les organisations réclament une

dotation en postes à la hauteur

des besoins, de véritables

discussions sur la carte de

l'Éducation prioritaire, une

résorption de la précarité avec

un réemploi des contrats aidés

transformés en emplois

statutaires, un plan de

prérecrutement, l'abandon des

réformes en cours au lycée

et l'ouverture de postes en CIO

et un recrutement de

psychologues.

Les syndicats SNES-FSU, SNUipp-FSU, SE Unsa et Sgen CFDT ontappelé les enseignants des

établissements gérés (il y en a 225)par l’Agence pour l'enseignementfrançais à l'étranger (AEFE) à lagrève lundi 27 novembre dernierpour dénoncer les économies etsuppressions d'emplois prévues parl'État dans le réseau. « Vive inquiétude » et « gravemenace » aussi pour Françaisdu monde ADFE (Associationdémocratique des Français àl’étranger), qui rassemble desressortissants français établishors de France. Ensemble ces organisationsdénoncent l’annulation bru-tale de 33 millions d’euros decrédits sur le budget AEFE2017 en cours, alors que legouvernement annonçait une

AEFE

Les lycées françaisde l'étranger en grève

« Concertation apprentissage »

Danger pour le service publicde la formation !

priorité à l’éducation. Cettebaisse de près de 10 % de sadotation contraint l’AEFE, quifait la preuve de son excellencedepuis 27 ans, à prévoir la sup-pression sur trois ans de plusde 500 postes d’enseignants

titulaires, soit 8 % des effectifsactuels. Selon elles, les mesures affec-teront notamment les budgetsde ces établissements et ris-quent d’entraîner leur priva-tisation. Pourtant, l’opérateurpublic est seul à même degarantir la qualité de l’ensei-gnement, de dynamiser lesétablissements et de sécuriserles parcours des personnels,notamment dans les pays lesplus pauvres ou difficiles.Les organisations demandentque le budget 2018 permetteà l’AEFE de remplir l’ensemblede ses missions et que les33 millions d’euros annuléssoient remis à son budget afinque sa dotation soit réellementpréservée.

Pierre Garnier

La ministre du travail en liaisonavec celui de l’Éducation a lancéle 10 novembre la concertation

« Apprentissage ».Elle a appelé à une « révolu-tion Copernicienne », le sys-tème devant répondre en pre-mier aux attentes et besoinsdes entreprises et des jeunes.Les conclusions de cetteconcertation seront remisesdébut février 2018.La FSU participe aux quatregroupes de travail qui se réu-nissent tous les quinze jours.

L'ensemble des sujets y estabordé. Elle dénonce l'ensem-ble des poncifs qui y sontdéclamés dans le seul but dejustifier un énième plan derelance de l'apprentissage alorsque celui-ci dysfonctionne etcoûte très cher à la société. La FSU a rappelé que cettemodalité de formation n'étaitpas la réponse au chômage desjeunes et que ses « bons » chif-fres d’insertion professionnelleétaient pour l'essentiel dûs à latrès forte sélection opérée par

les entreprises mais aussi au faitque l'apprentissage se développedans les secteurs en tensions. La FSU y intervient pourdéfendre la pertinence du ser-vice public de la formationprofessionnelle initiale sousstatut scolaire, garant de l’ac-quisition d'un premier niveaude qualification pour tous etpermettant a la fois une inser-tion professionnelle durableet des poursuites d'étude dansle supérieur.

Clara Chaligny

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S/NA

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L’AEFE se voit privéde 33 millions d’eurosde crédits.

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POUR N° 205 DÉCEMBRE 201714

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L'enquête internationale PIRLSmenée par l’International Asso-ciation for the Evaluation of Educa-

tional Achievement (IEA) évalue tousles cinq ans les performances encompréhension de l’écrit des élèvesen fin de quatrième année de scolaritéobligatoire - CM1 pour la France -dans cinquante pays du monde. Selon le ministère de l'éduca-tion nationale, « avec un scorede 511 points, la France sesitue au-delà de la moyenneinternationale (500 points)mais en deçà de la moyenneeuropéenne (540 points) et decelle de l'OCDE (541 points).Depuis PIRLS 2001, la perfor-mance globale française baisseprogressivement à chaqueévaluation. En 2016, l’écart estsignificatif et représentemoins 14 points sur la périodede quinze ans ». Le ministèreinsiste en particulier sur labaisse de performance encompréhension des textesinformatifs ainsi que sur celle,plus générale, concernant lesprocessus de compréhensionles plus complexes. Pire, avecles Pays-bas, la France est l'undes deux seuls pays européensà voir son score régresser surquinze ans.Bien que responsable - en

Évaluation Pirls

La France à la traînetant que dirigeant de laDGESCO à l'époque - de laconception des programmesde 2008 mis en question parles résultats de cette évalua-tion, le ministre de l’éduca-tion nationale n'a pas hésitéà faire des annonces immé-diates et sans concertation :une dictée quotidienne, lacréation d'un conseil scien-tifique pour notammentconseiller les enseignants surles choix des manuels sco-laires, des stages de soutienpendant les vacances et denouvelles évaluations enmilieu de CP et début de CE1dès la rentrée 2018. Concer-nant les enseignants, sa pro-messe d'un « plan de forma-

Devoirs faitsLes devoirs à la maison sont

un facteur d’inégalités sociales

et scolaires. La mesure phrase

du ministre « Devoirs faits »

an d’aider les enfants qui ne

bénécient pas de conditions

familiales permettant de

travailler à la maison s’est mise

en place dans 5 300 collèges.

Les conditions de cette mise

en place du dispositif se font

de manière chaotique.

220 millions seront inscrits au

budget. Environ 25 % des élèves

en bénécient à cette rentrée.

Cette mesure pertinente a pu

enthousiasmer plus d’un chef

d’établissement ou enseignant.

Cependant les moyens mis en

œuvre ne sont pas à la hauteur

des enjeux. Ce dispositif n’a fait

l’objet d’aucune concertation.

Le vademecum publié par le

ministère et diffusé aux chefs

d’établissements contient

des prescriptions mais ne peut

remplacer le temps de formation

continue indispensable pour

faire évoluer les pratiques.

De plus il risque d’amener une

externalisation de la difculté

scolaire et de devenir, pour

certains chefs d’établissements,

un outil de pilotage pédagogique

des enseignants. De plus

les intervenants professeurs ne

se précipitent pas pour encadrer

ces « devoirs faits » et

l’implication des services

civiques, personnels non

qualiés, des CPE ou AED

interroge. Les fourchettes de

rémunération ne sont pas toutes

dénies et risquent de donner

lieu à des dérives.

Redoublement à l’écoleLes travaux sur le redoublement vont tous dans le même sens.Très coûteux pour le système, il ne s'attaque pas aux causesprofondes de l'échec. En particulier pour le premier degré, il estinjuste et stigmatise les élèves, il a un effet négatif sur la suiteavec une baisse d'ambition constatée. Il agit avec un effetnégatif sur le revenu futur du jeune en comme un signal defaible performance du salarié pour les entreprises. Le CNESCOpréconise l'abaissement de la taille des classes, plus de maîtresque de classes, la scolarisation dès 2 ans, une formation à lagestion de l'hétérogénéité, l’aide des RASED. Pourtant le ministrel’autorise à nouveau, même s’il l’envisage comme un recoursexceptionnel, et remet en cause la politique des cycles.

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NAJA

é d u c a t i v e s

POUR N° 205 DÉCEMBRE 201715

tion en lecture  » a de quoilaisser sceptique. Et ses pro-pos au sujet de la libertépédagogique ne sont pasacceptables. Pour la FSU, les réponses duministre ne sont pas à la hau-teur du défi à relever pour laréussite scolaire des élèves etsont même hors sujet. Acontrario, l'appel lancé par leSNUipp et signé par 60 cher-cheurs propose d'investir à hau-teur des pays comparables quiréussissent mieux que la Franceafin d'alléger partout les effectifsde classe, de développer les dis-positifs d’aide aux élèves en dif-ficulté et de remettre en placeune véritable formation.

Grégory Bekhtari

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POUR N° 205 DÉCEMBRE 201717

L’Union Européenne sera sociale ou ne sera pas. Tel est l’enjeu, vital pour la construction européenne,

confrontée à la montée des nationalismes et du scepti-cisme des peuples devant une union trop soucieuse

de concurrence et pas assez de protection.

Europe : le défi social

DOSSIER

...

Bien entendu, on peut sauter sur sa

chaise comme un cabri en disant

« L’Europe, l’Europe, l’Europe », mais

ça n’aboutit à rien, et ça ne signie

rien » disait un général. Cette citation

si elle est datée, résonne aujourd’hui de façon

particulière dans un contexte de fort doute

notamment sur les capacités même de l’Europe

à exister. Brexit, repli, montée des nationalismes.

La déance est forte. Il y a le feu à la maison

« Europe » ! Pour tenter de renouer avec des

citoyens de plus en plus démobilisés, les chefs

de gouvernements de l’UE ont annoncé au sommet

social de Göteborg de novembre dernier une

volonté d’« améliorer la vie quotidienne des gens

et entraîner plus de convergence entre les Etats-

membre. Une convergence qui va vers le haut »,

selon la commissaire européenne Marianne

Thyssen.

« Une convergence qui va vers le haut » telle est

la question que nous souhaitons traiter dans ce

dossier, en partant de ce qui existe, en tentant

d’identier les obstacles et de dégager quelques

perspectives.

Dossier réalisé par:Grégory Bekhtari, Sandrine Charrier,Pierre Garnier, Matthieu Leiritz,Marie-Rose Rodrigues-Martins.

© TRÉVIERS/NAJA

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POUR N° 205 DÉCEMBRE 201718

Ce qui existe, parce que

l’Europe sociale fait partie

de l’Europe même s’il peut

être difcile de s’en rendre

compte, c’est une action

de l’UE en matière sociale

mesurable (voir page 18)

même si elle reste très

insufsante et peut paraître

se limiter concrètement aux

seules actions nancées par

le FSE (Fonds social

européen).

Car l’UE bute sur les

difcultés des nations à se

mettre d’accord. Difcile par

exemple de xer un salaire

minimum dans toute l’UE,

l’Allemagne l’ayant réalisé

pour sa part il y a seulement

quatre ans, de s’entendre

ces dernières années avec

le Royaume Uni accroché à

sa souveraineté. Pourtant le

Brexit aura des

conséquences sociales pour

les citoyens britanniques,

comme l’Europe a permis

sur un plan social le grand

bond espagnol (voir p 22).

La motivation d’un « plus

social » trouve également

sa source dans la volonté

de lutter contre le dumping.

Les Français ont par exemple

poussé à une révision de la

directive qui s’applique aux

travailleurs détachés (voir

p. 21) et ont obtenu que

le détachement soit limité

à 12 mois.

« La stabilité et le succès

de l’Euro zone dépendent

de l’efcacité des marchés

du travail et de celle

des systèmes de sécurité

sociale », nous dit

Alessandra Bitumi,

chercheuse de l’Université

de Pavie (voir p. 23).

Un programme encore

à construire qui nécessite

un pilotage politique à la

hauteur, pour sortir d’une

globalisation ingouvernée

et resserrer le lien entre l’UE

et les citoyens.

Au fur et à mesure de son évolution,l’aspect social de la politique euro-péenne a pris un peu d’épaisseur.

Si au début de la construction euro-péenne, cette dimension figurait trèspeu dans les textes, la création du Fondssocial européen (FSE) censé lutter contrele chômage et favoriser la formation etla reconversion professionnelles, aconstitué dès 1957 un premier signe depréoccupation.Par la suite, les compétences com-munautaires se sont étendues à lasanté et à la sécurité au travail, puisà l’emploi, objectif pour lequel unevolonté de stratégie de coordinationétait annoncée. En 2000, l’objectifdu plein-emploi et la modernisa-tion du modèle social européenétaient mis en avant, avec l’idéed’une «  cohésion économique,sociale et territoriale ».Concrètement, les réalisations del’UE en matière d’Europe socialese répartissent en quatre axesmajeurs. Tout d’abord, le principede libre circulation induit que tout

ressortissant de l’UE a le droit detravailler dans un autre paysmembre et d’y être socialementassuré. Ceci a nécessité une coor-dination des systèmes de sécuritésociale.

La prédominance nationaleCependant la législation euro-péenne en la matière ne remplacepas les régimes nationaux : les paysdécident en vertu de leur législationrespective du montant des presta-tions et des conditions d’octroi.Ensuite, de nombreuses directives,actes à caractère contraignant, ontété prises pour garantir l’égalitéhommes/ femmes, notamment surles plans du traitement au travail,des rémunérations et de la sécuritésociale. La lutte contre les discri-minations est un autre axe travaillépar l’UE. Enfin, le droit dutravail sous les angles de la protec-tion des droits individuels et col-lectifs fait l’objet de nombreux tra-vaux: la législation limite désormais

Manifestationà Berlin desemployés del’entrepriseTchèque RWEen soutienà leurscollèguesallemands.

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D o s s i e r...

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POUR N° 205 DÉCEMBRE 201719

CES : la FSU, c’est pour quand ?La Confédération européenne des syn-

dicats ou CES (en anglais EuropeanTrade Union Confederation ou ETUC)

regroupe la plupart des organisationssyndicales européennes. Elle représenteles intérêts des travailleurs auprès desinstitutions de l’Union européenne.La CES regroupe 89 organisationsmembres issues de 39 pays euro-péens ainsi que 10 fédérations ; elleest reconnue par l’UE comme seuleorganisation syndicale interprofes-sionnelle européenne représenta-tive. Son actuel secrétaire généralest l’italien Luca Visentini. La CES organise également desmobilisations telles que des jour-nées d’action et des « euromani-festations » à l’occasion de sommetseuropéens ou, plus récemment,contre la crise économique et lespolitiques d’austéritéDès sa création, la FSU a considéréqu’elle devait mieux s’approprierles questions européennes dans sastratégie de revendication et d’ac-tion. En février 2011, elle s’est don-née pour mandat la demande d’affi-liation à la CES. Pour la FSU,travailler à la construction d’uneautre Europe, fondée sur des prin-cipes de solidarité et non plus deconcurrence, fait partie intégrantedes activités et des prises de posi-tion au niveau national. Comptetenu des enjeux économiques etsociaux face aux politiques néo-libérales mises en œuvre dans denombreux pays européens, le syn-dicalisme européen est un atout

majeur et la FSU souhaite partici-per, par cette adhésion, à la consti-tution d’un rapport de forces enfaveur des salariés au niveau euro-péen. Il s’agit pour la FSU de pro-mouvoir un modèle social euro-péen au service des peupleseuropéens : les questions d’emploi,de pouvoir d’achat, de protectionsociale mais aussi celles des servicespublics et de la lutte contre les iné-galités et la montée des populismessont de ce point de vue fondamen-tales. Force est de constater que lademande d’adhésion à la CESn’aboutit pas en raison de l’oppo-sition de FO et de la CFDT. Cettesituation n’empêche pas pourautant la FSU d’élargir ses relationsbilatérales avec des syndicats adhé-rant à la CES (CGTP- IN Portugal,CGIL Italie). Cette démarche estun moyen pour la fédération defaire connaître sa plateforme reven-dicative.

le nombre d’heures de travail, com-bat la discrimination sur le lieu detravail, renforce la sécurité et garan-tit le versement d’indemnités encas d’accident.Si l’action de l’UE se situe dans uncadre supranational, l’Europesociale est limitée par la volontédes États de rester maîtres de leurpolitique en matière de droit dutravail et de fiscalité. La coopérationdes États membres dans lesdomaines de la politique sociale(emploi, droit au travail et condi-tions de travail, formation profes-sionnelle, sécurité sociale, droitsyndical…) relève essentiellementde leur compétence (voir tiroir ci-dessous). Les mesures d’encoura-gement et de coordination de l’UErevêtent un caractère complémen-taire. Elles servent à renforcer lacoopération et non pas à harmo-niser des systèmes nationaux.Par exemple, l’UE affiche pourobjectifs de faciliter le passage del’école au travail, la recherche d’unemploi, mais aussi de moderniserles systèmes de sécurité sociale, defaciliter la mobilité des travailleursdans l’UE, et encore de réduire lapauvreté et protéger les personneshandicapées. Son rôle consiste seu-lement à coordonner et surveillerles politiques nationales et à encou-rager les pays membres à partagerleurs « bonnes pratiques ». Plusconcrètement, le FSE, cofinancépar les États membres et la com-mission européenne à hauteur de124 milliards d’euros, permet à desprogrammes gérés par les États(accès à l’emploi, éducation, inclu-sion sociale, services publics…) dese développer.

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TANG

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La demanded’adhésionà la CESn’aboutit pasen raison del’oppositionde FO etde la CFDT.

Le Fonds social européen (FSE) Le FSE est le principal levier financier

de l’Union européenne pour la promotion

de l’emploi. Son objectif premier

est de soutenir la création d’emplois

et d’améliorer les perspectives

professionnelles des citoyens (jeunes,

demandeurs d’emploi, inactifs, handicapés,

salariés, étudiants etc.), prioritairement

en direction des groupes les moins

qualifiés et les plus exposés au chômage

et à l’exclusion. Il finance des projets dans

les pays de l’UE aux niveaux local, régional

et national. En France sur 2014-2020, le

FSE est doté d’une enveloppe de 6 milliards

d’euros, mobilisée sur l’inclusion active

et la lutte contre la pauvreté, l’éducation et

la formation tout au long de la vie, l’accès

à l’emploi durable et le soutien à la

mobilité du travail, le renforcement des

capacités administratives (uniquement

dans les DOM).

Éducation : un pilotage européen ? En 2005, une recommandation du Parlement

et du Conseil propose huit compétences clé.

En France la loi Fillon annonce la mise en

œuvre du socle commun, directement inspiré

des compétences clé européennes.

On pourrait penser que l’Europe décide des

politiques éducatives, or les textes européens

n’ont que le statut de recommandation.

La France n’était pas obligée de dénir

un socle commun.

Travailleurs transfrontaliersEn Europe le traité permet aux personnes

de circuler librement pour des raisons

professionnelles d’un État à un autre état

sans subir de discrimination. Les travailleurs

transfrontaliers sont des personnes qui

travaillent dans un État tout en résidant

dans un autre État. Varient d’un État à

l’autre le droit scal, le droit de séjour, le

droit aux prestations sociales. Des règles

dénissent dans quel État il pourra en

bénécier. Par contre scalement aucune

règle n’existe.

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Göteborg : un sommet social,et après ?

Le 17 novembre s’est tenu à Göteborg,en Suède, un sommet social des chefsd’État et de gouvernement de l’UE.

Il a débouché sur la signature d’unsocle européen des droits sociaux,une liste de 20 principes sociauxde base. Éducation, formation etapprentissage tout au long de lavie, égalité entre les femmes et leshommes, soutien actif à l’emploi,salaires décents, protection en casde licenciement, dialogue social etparticipation des travailleurs, gardeet aide aux enfants, protectionsociale, prestations de chômage,revenu minimum, revenus et pen-sions de vieillesse, santé, inclusiondes personnes handicapées, loge-ment et aide aux sans-abri, accèsaux services essentiels… une listede sujets lourds et exigeants. Untexte cependant non contraignantpour les États.10 ans après son éclatement, leseffets de la grande crise de 2008,aggravé par les politiques d’austé-rité décidées par les dirigeants euro-

Le « social »ne relève pasde lacompétencede l’Unionmais desÉtats,lesquels yrestentattachés pourdes raisonsopposées.

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POUR N° 205 DÉCEMBRE 201720

péens demeurent : 19 millions dechômeurs, près de 86 millions depersonnes vivant sous le seuil depauvreté. D’où ce signal donné àdes peuples de plus en plus tentéspar le vote nationaliste.

Le faible bilan socialLe bilan social de l’Europe demeurecependant bien faible, et ceci pourplusieurs raisons. D’une part le « social » ne relèvepas de la compétence de l’Unionmais des États, lesquels y restentattachés pour des raisons diamé-tralement opposées. Ainsi leRoyaume Uni, au nom du respectde sa souveraineté nationale, etsuivi en cela par les ex-pays de l’Est,a-t-il toujours bloqué toute propo-sition d’harmonisation qui risque-rait de brider son modèle libéral :d’où le blocage sur la directiveconcernant le temps de travail heb-domadaire, puis l’enterrement en2015 d’un texte sur le congé mater-nité, après pourtant 8 ans de négo-ciations. À l’opposé, la Suède sociale-démo-crate, en harmonie avec les syndi-cats locaux, refuse toute législationsur un salaire minimum européen,attachée à la suprématie desconventions collectives sur la loi.Du reste, comment réduire des dis-parités salariales encore creuséespar la crise, quand le salaire mini-mum bulgare est neuf fois moinsélevé que celui du Luxembourg ?Signe encourageant pourtant : sonétablissement en Allemagne, par legouvernement de grande coalitionCDU – SPD.

Un contexte défavorableEnsuite, la domination électoraledes partis conservateurs ou natio-nalistes, qui se retrouve dans lacomposition de la CommissionEuropéenne mais aussi du direc-toire de la Banque Centrale euro-péenne prive le syndicalisme euro-péen de relais, la Gauche nonlibérale n’étant actuellement aupouvoir qu’au Portugal, voire en

Fonction publique françaisevs Europe sociale ?Ce qu’on appelle couramment le

« modèle social français » évoque

en premier lieu, à côté de la notion

de sécurité sociale, celle de Fonction

publique et de son statut général des

fonctionnaires de la loi du 19 octobre

1946, consolidé ensuite par la loi du

13 juillet 1983 et les lois des 9, 11

et 26 janvier 1984. Aux yeux des

citoyens français, les services publics

se confondent avec les salariés qui

les incarnent et possèdent un statut

spécique obtenu sur concours pour

mener à bien leurs missions. Être

fonctionnaire assure des droits (à la

sécurité de l’emploi, à l’avancement

de carrière, à la pension civile) pour

mieux garantir les obligations qui vont

de pair (neutralité, égalité de

traitement, continuité du service

public sur le territoire).

Issue de l’histoire des luttes sociales

et politiques en France, la Fonction

publique n’a pas d’équivalent juridique

à l’échelle de l’UE qui représenterait

une norme sociale d’un tel niveau

de protection. L’UE reconnaît aux États

le droit de délimiter des Services

d’Intérêt Généraux, mais elle en

contrôle précisément le périmètre

et peut en contester la légitimité ou

l’étendue : le principe de concurrence

« libre et non faussée » a justié la

perte du monopole public du courrier

à la Poste, privatisée en 2010.

Aujourd’hui, les fonctionnaires y sont

minoritaires.

La contrainte budgétaire associée

au Traité de Maastricht et la pression

sur l’endettement public sont

instrumentalisées pour réduire les

effectifs et faire pression sur les

rémunérations des agents publics.

Les institutions européennes, à

majorité conservatrice, et le FMI

s’associent régulièrement pour

pousser au recul de la Fonction

publique et à la délégation de

missions de service public au privé.

Parallèlement, c’est sous la pression de

textes communautaires que les non

statutaires du secteur public ont vu

leurs droits sociaux progresser :

l’embauche obligatoire en CDI après six

ans de CDD renouvelés, grâce à la

traduction dans le droit français de la

directive du 28 juin 1999 par la loi du

26 juillet 2005. Cette nouvelle donne

peut aussi bien être vue comme un

moyen de contourner le statut de façon

durable que comme un moyen d’obtenir

plus sûrement un concours en

accédant à une situation plus stable.

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Travailleurs détachés :les salariés mieux protégés

Le secteurdu bâtimenta été l’un desplus touchéspar cedumpingsocial.

Slovaquie… D’où le rejet de touteavancée par exemple sur un budgetde la zone euro consacré à uneassurance chômage européenne.Les seuls leviers consistent dans leFond social européen et le Fondeuropéen d’adaptation à la mon-dialisation.

Les propositions de la FranceCependant, poussés par leur opi-nion publique de plus en plus sen-sible aux discours anti européens,certains pays, dont la France, sedisent résolus à lutter contre lespratiques de dumping social et fis-cal, c’est-à-dire la course auxrégressions sur les droits des tra-vailleurs et le financement des ser-vices publics. D’où les timides avan-cées sur la question du travaildétaché.Le Président Macron plaide pourla tenue d’un sommet social annuel,et dénonce «  certains (États qui)ont créé un business model de dum-ping fiscal et social financé par lesfonds européens», Karl Petter Thor-waldson, dirigeant de la centralesuédoise LO voit dans le sommetde Goteborg «  la première foisdepuis le Traité de Lisbonne (2007)que l’UE montre aussi clairementqu’elle a des ambitions euro-péennes ».

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POUR N° 205 DÉCEMBRE 201721

culture ont été les plus touchés parce dumping social. À la demande de la France, l’Eu-rope a modifié les choses. Les avan-cées devraient permettre désormaisque les règles locales s’appliquentaux détachés. (Primes de pénibilitéou d’ancienneté, 13e mois…) et quele détachement soit d’une duréelimitée à 12 mois. Il restera affiliéà sa sécurité sociale d’origine. Cetteréforme, si le texte est adopté parl’UE, n’entrera en application qu’en2022 et au prix d’un compromis.En effet la France a accepté delâcher du lest au niveau du trans-port routier. Ce secteur ne sera pasconcerné tant qu’il n’existera pasde directive européenne spécifiquepour le Portugal, l’Espagne et pourles pays de l’Est.

Les ministres du Travail de l’Union le23 octobre sont parvenus à réviserensemble la directive de 1996 régissant

les règles européennes cadrant le déta-chement. Plusieurs modifications ont étéintroduites afin de lutter contre le dumpingsocial.Jusqu’à présent les Européens pou-vaient travailler dans un autre paysque le leur et continuer à cotiserdans leur pays d’origine. Ilsdevaient simplement être payés ausalaire minimum. Le détachementconcerne 0,4 % de l’emploi dansl’union et 50 % des travailleursdétachés viennent de pays richesde l’UE. L’élargissement de l’UEaux pays de l’Est a dénaturé l’ob-jectif du détachement en fabriquantde la concurrence. Les secteurs dela santé, du bâtiment ou de l’agri-

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POUR N° 205 DÉCEMBRE 201722

Début novembre, Michel Barnier, né-gociateur principal du Brexit pourl’Union Européenne a déclaré :

« Quand j’entends le secrétaire américainau Commerce, Wilbur Ross à Londres, ap-peler les Britanniques à quitter l’Europepour mieux se rapprocher d’autres pays- sur la réglementation environnementale,sanitaire, alimentaire et probablementaussi financière, fiscale et sociale - je medemande : Le Royaume-Uni a choisi dequitter l’Union européenne, veut-il aussiprendre ses distances par rapport au mo-dèle européen ? ». Alors que la sortie de ce pays del’UE est prévue pour fin mars 2019,et que la première phase de négo-ciations va prendre fin, la questionde l’avenir des droits sociaux descitoyens britanniques hors de cecadre mérite d’être posée. En effet,alors que la loi relative au retrait del’UE sera votée prochainement, unamendement travailliste soumis àla Chambre des Communes et pro-posant de continuer à respecter laCharte des droits fondamentaux aété rejeté de peu. Un vote qui neserait que symbolique car la charteen question n’a pas dans les faits,apporté de nouveaux droits à lalégislation britannique. Le livreblanc sur la loi de retrait publié finmars 2017 précisait que le RoyaumeUni (RU) préserverait les garantiesinscrites dans les Equality Acts de2006 et 2010, les textes relatifs à lanon-discrimination, notamment

sur les lieux de travail et que lesdroits des salariés qui proviennentde la législation européenne seraientconservés. Pourtant des inquiétudeslégitimes se font entendre. Seloncertains juristes comme MerrisAmos, spécialiste de la législationdes droits humains, la restrictiondes droits est une option ouverteune fois que les lois issues des texteseuropéens seront transformées enlois purement nationales. Les pre-miers reculs toucheraient les droits

Alors que leBrexit estprévu pour finmars 2019,la question del’avenir desdroits sociauxdes citoyensbritanniqueshors du cadrede l’Europemérite d’êtreposée.

Après la mort de Franco, l’Espagne démocratique a pu demander sonadhésion à la Communauté européenne. Ce qui se fera en 1986. Le pays,un des plus pauvres de l’Europe occidentale sous la dictature, à undéveloppement considérable. Le PIB par habitant, qui reste la meilleuremesure pour une comparaison historique car il tient compte des différencesde parités de pouvoir d’achat d’un pays à l’autre, a triplé en deux décennies.Entre 1990 et 2008, il est passé de 13626 dollars courants à 33463. Encomparaison, le PIB par habitant français était de 17641 dollars en 1990(soit un 29 % de plus que l’espagnol) et de 35156 en 2008 (soit 5 % deplus). Dans cette même période de forte croissance, le chômage qui touchaitun Espagnol sur cinq, est passé de 8,5 % en 2006, en dessous de lamoyenne de la zone euro, la dette publique a été réduite de moitié, lenombre d’immigrés, quasi nul sous Franco, est passé à 11 % de lapopulation, et 86 % des foyers sont devenus propriétaires de leur logement.Mais la crise économique de 2008, notamment due au surendettement desgroupes de bâtiments et de travaux publics très liés à des partis politiquesdont nombre de membres sont aujourd’hui poursuivis pour corruption, astoppé cet élan. Le PIB par habitant se situait en 2016 à 36610 dollars(41466 dollars pour la France), la protection sociale n’a pas comblé sonretard par rapport aux autres pays d’Europe et le taux de chômage estremonté. D’où le scepticisme européen chez les jeunes générations quiétaient auparavant les plus enthousiastes.

Espagne : grandeur et décadence

Après le Brexit : quels droits sociauxpour les Britanniques ?

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ÉVIER

S/NA

JA

des travailleurs intérimaires ouconcernés par les transferts d’en-treprise, en termes de salaires maisaussi de congés. La durée légalehebdomadaire du travail de48 heures au sein de l’UE, qui avaitservi de modèle sur lequel le gou-vernement de Tony Blair avaitchoisi de s’aligner en 1998, pourraitêtre revue à la hausse. Les garde-fous concernant l’égalitéfemme-homme en termes de salairesont également sur la sellette : le RUgarantit un salaire égal à travail égal,alors que la législation européenneva plus loin en assurant un salaireégal pour des emplois différents sile même niveau d’investissementet de compétence peut être prouvé.Alors que le sommet de Göteborgvient de mettre en avant « un socleeuropéen des droits sociaux » pourcontrer la montée des égoïsmesnationaux au sein de l’UE, ce sontaussi les potentielles avancéessociales (notamment en matièrede salaire minimum ou de congéparental) dont les citoyens britan-niques risquent d’être privés àl’avenir.

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POUR N° 205 DÉCEMBRE 201723

Montée des extrêmes, repli,lien distendu avec l’UE, crisede conance… Quelles en sontles raisons ?Depuis 2008, l’UE est perçuecomme inefficace pour traiter lestensions croissantes, qu’elles soientéconomiques, politiques, socialesou culturelles. Les institutions euro-péennes ont progressivement perdule lien avec le citoyen ordinaire etont échoué à faire face aux défisles plus importants de notre époquetels que la crise économique etfinancière, le terrorisme. En cause,l’actuelle faiblesse des prises dedécision politiques et des méca-nismes d’application de ces déci-sions. L’UE a échoué à construireun discours nouveau, mobilisateurpour expliquer en quoi une Europeunie permet de servir les intérêtsdes générations actuelles et futures.

Mais alors faut-il une Europesociale et pourquoi ? L’électorat européen dans sa grandemajorité est demandeur de protec-tion sociale. La manière dont l’UE aabordé les défis de la mondialisation,en optant pour toujours plus de poli-tiques économiques néolibérales etde mesures d’austérité, a entraînéune très profonde désillusion. Lesavocats du modèle social européen,soutiennent qu’il est constitutif de lacivilisation européenne. JacquesDelors comptait sur « l’interventiondes autorités publiques et le dialogueentre les partenaires sociaux donnentainsi sa spécificité à l’Europe ». Trenteans plus tard, le Président Macronfait écho au même concept et rappellecet attachement à l’économie de mar-ché mais également à la justicesociale.

Pourquoi l’Europe n’y arrive-t-ellepas ? Jacques Delors, promoteur ferventet inlassable du modèle social euro-

péen pariait sur une Europe capablede mener de front la libéralisationdu capital et une protection socialerenforcée. Mais cela n’a pas marché.Je pense que l’échec peut être attribuéà un jeu croisé de forces internatio-nales, européennes et nationales quiont contesté la légitimité et la viabilitéde la vision et du projet social-démo-crate. S’ajoute à cela l’inconsistancedu programme politique et l’insuffi-sance de pilotage politique. Sur lelong terme dans l’UE, la priorité aété donnée à la convergence fiscaleet à l’union monétaire sur lesdépenses sociales. La redistributiona été sacrifiée à un contrôle rigidede l’inflation et à la mobilité du capi-tal et du travail. La solidarité sembleavoir complètement disparu duvocabulaire européen, comme l’ontdramatiquement montré la crisegrecque et celle des réfugiés.

La sortie de crise annoncée peut-elle redonner un nouvel élan ? Je renverserais le lien de causalité.La sévère crise économique, poli-tique et culturelle a entamé la cré-dibilité et in fine la légitimité del’UE depuis près d’une décade. Lacapacité à retrouver la dimensionsociale du processus d’intégrationest la condition d’une éventuellesortie de crise. Il s’agit de resserrerle lien entre l’UE et les citoyens etde sortir d’une globalisation ingou-vernée dont une petite élite Euro-péenne se partage les avantages.Mais également de construire un“pilier européen des droits sociaux”,parce que la stabilité et le succès del’Euro zone dépendent, dans unelarge mesure, de l’efficacité des mar-chés du travail et de celle des sys-tèmes de sécurité sociale. Les deuxsont inextricablement liés.

Quels leviers actionner pouraccélérer une Europe plus sociale?C’est une question difficile et tech-

nique pour l’historienne que je suis.Selon moi, les efforts de la Com-mission pour établir un Socle Euro-péen des Droits Sociaux (SEDS)ainsi que le récent « Sommetsocial », qui s’est tenu à Göteborgle 17 novembre sont des élémentspositifs et utiles. Mais le SEDS n’estpas juridiquement contraignant, ets’il est une chose que le processusd’intégration européenne a claire-ment montrée, c’est que l’impul-sion des institutions de l’UE estnécessaire et répond à un besoin,mais n’est pas suffisante. Les Étatsconservent un contrôle souverainsur les politiques du travail et dela protection sociale. La législationvarie largement à travers l’UE,déterminant une mosaïque d’im-pôts, de salaires et d’avantagessociaux. Les conditions socio-éco-nomiques restent divergentes, entermes de salaire minimum et deniveaux de chômage, par exemple.La capacité à forger un consensuspolitique sur ces questions et de letraduire en mesures efficaces estencore dépendante d’une alliancefranco-allemande sur ce sujet.

Lesinstitutionseuropéennesont échouéà faire faceaux défisles plusimportantsde notreépoque.En cause,l’actuellefaiblesse desprises dedécisionpolitiqueset desmécanismesd’applicationde cesdécisions.

Alessandra Bitumi : « L’électorat européenest demandeur de protection sociale »

Titulaire d’un doctorat d’histoire contemporaine de l ’Université de Pavie sur les inst itut ions, les idéeset les mouvements pol it iques dans l ’Europe contemporaine, Alessandra Bitumi a été chercheuse invitéeau Centre d’histoire de Sciences Po Paris. El le est lauréate de la première bourse d’étude Jacques Delors.

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c ’ e s t d e m a i n

POUR N° 205 DÉCEMBRE 201724

Le projet universitaire Condorcetà cheval entre Paris et la Seine-Saint-Denis a été lancé dans le

cadre du plan Campus en 2009visant à améliorer l’attractivité del’université française. Le campus Condorcet sera leplus gros campus en scienceshumaines d’Europe. Il regrou-pera onze établissements pres-tigieux qui fusionneront et tra-vailleront dans un espacecréateur de synergies et pas-serelles. Un projet ambitieuxpour redonner à la France unevisibilité internationale alorsque cette dernière se situe dés-ormais dans le bas des tableauxdes classements internatio-naux mais dont la réalisationpose problème.Cette cité, dont les travaux ontcommencé fin 2016 à Auber-villiers pour une livraison en2019 accueillera sur deux sites(Aubervilliers et La Porte dela Chapelle à Paris) 18000 étu-diants, doctorants, ensei-gnants chercheurs et person-nels administratifs provenantde 11 établissements presti-

gieux à l’étroit dans leurslocaux qui délocaliseront toutou une partie de leur activité :EHESS (École des HautesÉtudes en Sciences Sociales),l’EPHE (École Pratique desHautes Études), l’UniversitéParis 1, l’Université Paris 3,l’Université Paris 8, l’Univer-sité Paris 13, l’École nationaledes chartes, le Centre Nationalde Recherche Scientifique(CNRS), la Fondation Maisondes Sciences de l’Homme,l’INED (Institut Nationald’Études Démographiques) etl’Université de Nanterre.

Un campus dans le 93Le campus sera ouvert sur laville avec des espaces verts.Pour le maire d’Aubervillierscela revitalisera le secteur.450 logements étudiants sontprévus, une centaine d’unitésde recherche ainsi qu’un grandcentre de colloque. Une biblio-thèque (grand équipementdocumentaire) dans laquellese trouvera un million devolumes verra le jour et sera

ouverte 24h sur 24. La futureville universitaire est conçueautour de trois axes : un cam-pus « parc » dans un environ-nement verdoyant avec unevégétation omni-présente, uncours des « humanités», épinedorsale du projet avec une sta-tion de métro et un accès auRER. Enfin un espace mutua-

lisant pour étudiants, cher-cheurs et habitants. Ces troisaxes permettent de penser uncampus qui fera corps avec laville.

Un campus durableLa durabilité du campus seraun enjeu public. Des solutionsconcernant la gestion de l’eau,des déchets, le chauffagedevront être trouvées. Àl’heure actuelle, le site n’estpas raccordé au deuxièmeréseau de chaleur d’Ile-de-France alimenté à plus de 50 %par une énergie propre, dura-ble et peu coûteuse. La Maired’Aubervilliers le déplore for-tement dans un courrieradressé au ministre de l’envi-ronnement, Nicolas Hulot.Ce projet initié par ValériePécresse alors ministre de l’en-seignement supérieur et de larecherche devait au départrépondre à l’urgence immo-bilière des universités. En

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IRA/N

AJA

Campus Condorcet

Un grand campus universitaireen sciences humaines

Le Grand Équipement documentaire,bibliothèque géante, devrait devenir le pointde convergence entre les disciplines, lesétudiants et les chercheurs. Ouvert24 h/24 h, 7j/7j il s’appuiera sur la TrèsGrande Infrastructure de recherche (TGIR)Huma Num pour le versant numérique de larecherche en sciences humaines et sociales. Un million de documents provenant decinquante bibliothèques seront disponiblespresque tous en libre accès : livres, revues,archives scientiques, photographies…documents papiers ou numériques. Une centaine de professionnels de la documentation et de la recherche devraient travailler surle Grand Équipement. Reste la question centrale du statut des personnels appelés à être délocalisésqui craignent de voir leurs conditions de travail et leur statut se détériorer.

Une BCD géante

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AJA

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POUR N° 205 DÉCEMBRE 201725

rieur et de la recherche (CNE-SER) le 28 novembre dernier.Condorcet, établissementpublic national de coopéra-tion, aura pour mission « d’as-surer la réalisation et le fonc-tionnement du campus » etpourra recruter et gérer direc-tement ses personnels. Ilpourra proposer des évolu-tions de carrière. Certainesdiscussions ont eu lieu endehors de toute instance. Desdécisions concernant les per-

sonnels ont été prises et cesderniers ont été mis devant lefait accompli. Ce manque detransparence risque de s’ac-centuer au vu de la faiblereprésentativité des personnelsprévue dans les instances del’établissement. Des sujets de tensions impor-tants persistent à l’heure oùles financements pour ladeuxième tranche de travauxne sont pas arrêtés.

Marie-Rose Rodrigues-Martins

Jean Marc Bonnisseau« Créer une dynamique scientifiqueet un rayonnement international »

Quelle portée aura le campus Condorcetpour les sciences humaines ?

L’objectif défini du campus, en réunissantsur un même lieu 11 établissementsprestigieux, est de créer une dimensioneuropéenne en apportant une plateformeéquipée et outillée (notamment au niveau numérique et avecun grand équipement documentaire), grâce à laquelle leséchanges pourront se développer au niveau français etinternational. Son attractivité pourra accueillir et porter desprojets internationaux et créer une dynamique scientifique etun rayonnement. Cela incitera les étudiants et chercheursétrangers à prendre part à ces coopérations.

Quelles sont les raisons de l’adhésion de l’Étatet des collectivités locales à ce projet ?

Les villes d’Aubervilliers, Saint Denis et La Plaine ont comprisque ce campus permettra une diversication. L’ouverturesur la ville et les riverains est privilégiée. Un programmede conférences a été initié dans un des trois sites. La dynamiqueenclenchée aura des effets positifs sur tout le territoire.

Qu’en est-il de la seconde phase du projet ?

Le projet a été décidé en deux phases pour des raisonsde financements. Le foncier est acquis. L’État a achetéles terrains pour Aubervilliers et la ville de Paris a mis àdisposition ceux nécessaires au site parisien. Les fonds doiventencore être débloqués pour pouvoir entamer la seconde phase.Rien n’est arrêté pour l’instant.

Le CNESER s’est positionné contre les nouveaux statutsdes personnels proposés. La situation peut-elle évoluer ?

Les conseils des 11 établissements ont tous donné un avispositif au projet de statuts. Le vote du CNESER ne traduit pasce positionnement unanime. Les personnels sont inquiets,et c’est légitime, des changements entraînés par la créationdu campus. Ils craignent que leurs conditions de travail sedétériorent. Le Campus a prévu de recruter des responsablesen ressources humaines afin d’accompagner au cas par casles personnels amenés à intégrer ce nouveau lieu.

Le campus, dont les travauxont commencé fin 2016à Aubervilliers pour unelivraison en 2019 accueillerasur deux sites (Aubervillierset La Porte de la Chapelleà Paris) 18000 étudiants,doctorants, enseignantschercheurs et personnelsadministratifs.

novembre 2007, 3 % des actifsd’EDF détenus par l’État ontété vendus pour 3,7 milliardsd’euros. Le choix était definancer un grand programmed’investissement universitaire.Mais une grande partie duprojet ne reposera pas sur lamaîtrise d’œuvre publiquemais, sur du partenariat publicprivé lequel, selon le Sénat, est« Sur le plan financier… unebombe à retardement budgé-taire souvent ignorée par desarbitrages de court terme.  »L’État, en laissant le finance-ment des constructions debâtiments au privé risque d’enperdre le contrôle. En effet, l’État a acheté les ter-rains nécessaires et est doncle propriétaire. Mais il n’a plusles moyens d’assumer la

construction des bâtiments.Ce sont donc les entreprisesprivées qui paieront le coûtdu chantier et qui récupére-ront l’argent en faisant payerdes loyers. Aucune précisionn’est donnée sur le coût de lataxe foncière qui n’est abordéedans aucun document de tra-vail. Le coût du projet risquefort d’évoluer malgré une éva-luation préalable. Ceci se feraitalors au détriment de postes,ou avec des surcoûts. En ce qui concerne le grandéquipement documentaire(GED), les personnels qui inté-greront le campus ne disposentpour l’instant d’aucune infor-mation rassurante sur leursfutures conditions de travail. C’est une des raisons pour les-quelles les représentants despersonnels ont voté contre leprojet de nouveaux statuts del’établissement public Condor-cet présenté au conseil natio-nal de l’enseignement supé-

Président del’établissement publiccampus Condorcet.

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Le Louvre-Lens fête ses cinq ansIl faut descendre à la gare de Lens.On est alors immédiatement plongédans cet univers que le XX

e sièclesemble avoir condamné à vivre dansson passé minier. Les fresques desmurs, les terrils en paysage, leparcours jusqu’au musée, toutrappelle qu’ici on travaillait à lamine ou pour la mine.L’implantation d’une antenne duprestigieux musée du Louvre a doncété un véritable dé. Gagné : sur les2,8 millions de visiteurs qui ontarpenté les salles depuis l’ouverture,le 4 décembre 2012, plus de lamoitié vient de la région.Les concepteurs du Louvre-Lens onttenu compte de cet environnementparticulier. Ils ont ainsi créé ce quis’avère une réussite formidable : laGalerie du temps. Elle raconte sur3000 m2 une histoire de la culturehumaine depuis les premiersmillénaires, de la naissance del’écriture à l’ode républicaine dutableau de Delacroix, La libertéguidant le peuple. Le Louvre n’a paslésiné, prêtant des œuvres parmi lesplus rares de sa collection, ce qui apermis des expositions temporairesde qualité où l’on a pu voir, parexemple, la Sainte-Anne de Léonardde Vinci que le musée parisienrechigne à sortir de la capitale.Outre cette Galerie qui offre auxœuvres l’espace nécessaire à leurappréciation, le Louvre-Lens proposeaux musées de la région de réaliserles expositions de leur choix dans lePavillon de verre. Le musée se faitainsi collaboratif, offrant auxespaces culturels des Hauts-de-France une vitrine internationale.La réussite permet d’aller de l’avant.Ce mois de décembre, la premièrepierre du Centre de conservation duLouvre sera posée dans la communevoisine de Liévin. Ce qui fera duLouvre Lens, assure Jean-LucMartinez, président-directeur dumusée du Louvre, « le pôle muséalle plus important d’Europe ».

C u l t u r e l l e s

POUR N° 205 DÉCEMBRE 201726

Nous sommes foot Ce titre peut paraître pré-

somptueux aux yeux de

celles et ceux que le foot-

ball ne passionne pas. Pour-

tant, au l du parcours de

l’exposition du MUCEM à

Marseille, on est rapidement

gagné par l’intérêt tant le parcours n’ou-

blie rien, de la joie de l’enfant de taper

dans la balle à l’actualité sulfureuse d’un

sport où règnent en maîtres argent et po-

litique. Jusqu’au 4 février 2018.

Zeste de scienceLe CNRS franchit un nouveau pas

numérique en créant sa chaîne

Zeste de science sur YouTube,

le réseau le plus suivi au monde,

en particulier par les jeunes.

C’est surtout pour ces derniers

que la chaîne Zeste de science a

été imaginée, espérant les étonner et

même les amuser en partageant des infos

tout juste sorties des labos des chercheurs.

Et créer un lien nouveau entre science et

"zesteurs".

Les robots dessinentDepuis le 1er décembre, la

Biennale Némo anime la

gare de Lyon d’une grande

fresque murale créée

grâce à une multitude de

robots autonomes qui

s’activent en permanence. Des capteurs

transmettant les trajectoires des passa-

gers, les mouvements, les vitesses, acti-

vent ces dessinateurs « post-humains ».

La fresque se dessinera en continu

jusqu’à n février. Une 2e version de l’œu-

vre est présentée au Centquatre-Paris du

9 décembre au 4 mars 2018 dans le ca-

dre de l’exposition Les Faits du Hasard.

Un poète au muséeAu carrefour des cultures arabe et euro-

péenne, Salah Stétié occupe une place

majeure dans la poésie contemporaine.

Né en 1928 au Liban, il a choisi d’écrire

en français. Il vient de faire don au musée

Paul Valéry de Sète de ses œuvres, ma-

nuscrits et livres, ainsi que de sa collec-

tion de peintures, dessins, photographies,

sculptures. Un ensemble qui reète le

goût d’un poète et ne pouvait trouver

La bande dessinée n’est plus ce qu’elle

était. On la trouve partout, du roman gra-

phique au livre jeunesse. Elle s’adapte

au cinéma, s’empare de l’actualité, re-

dessine les biographies. Elle fait rire, elle fait peur, elle fait ré-

échir. Elle a conquis son statut de 9e art. Parmi ses innombra-

bles salons et festivals, celui, international, d’Angoulême a

toujours bonne presse. Du 25 au 28 janvier 2018, il fera découvrir

20 jeunes talents, les nouvelles tendances, redécouvrir les an-

ciens, et on y célébrera la création japonaise, « la plus prolixe

de la planète », comme le rappelle le directeur artistique du

festival Stéphane Beaujean. « Pour la première fois en Europe,

trois grandes expositions sont consacrées à des créateurs japo-

nais de premier plan : Osamu Tezuka, le Hergé japonais, Naoki

Urasawa, le chantre du récit de genre moderne, et Hiro Mashima,

l’une des grandes stars de la bande dessinée pour la jeunesse.

Plusieurs centaines de planches originales traverseront ainsi

les océans pour venir s’exposer à Angoulême ».

Angoulême : La BD au Japon

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meilleur endroit que la ville où le festival

Voix vives fait venir chaque été les poètes

de la Méditerranée.

Strasbourg l’européenneLes musées de Strasbourg organisent en

collaboration avec l’Université de la ville

une vaste manifestation pluridisciplinaire

consacrée à

la vie cultu-

relle stras-

bourgeoise

au tournant

du XXe siècle.

« Laboratoire d’Europe, Strasbourg 1880-

1930 » a pour ambition de montrer com-

ment de nouveaux savoirs et des formes

artistiques inédites sont nés des rencon-

tres et croisements entre cultures alle-

mande, française et plus largement eu-

ropéenne, en un temps où la ville fût un

véritable laboratoire interculturel. Exposi-

tions et manifestations culturelles traver-

sent la ville des productions et des

échanges culturels qui fondent aujourd’hui

encore la singularité strasbourgeoise.

FestenEn attendant

le rituel re-

pas de Noël,

il faut assis-

ter au repas

de famille

des Klingelfeldt. La dernière performance

lmique du collectif MXM, adaptée du long-

métrage de Thomas Vinterberg, révèle au

plus près les enjeux explosifs du secret de

famille en conjuguant jeu théâtral et ci-

néma. À l’Odéon jusqu’au 22 décembre,

puis au Quai d’Angers et au MC2 Grenoble

en janvier.

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POUR N° 205 DÉCEMBRE 201727

Le froid pénètre la Cité des sciences

l’ours polaire, le manchot, la grenouilleet le tardigrade. Sont également évoquéesl’action du froid sur les végétaux, les avan-cées de la cryomédecine, et une animationinterroge avec humour les balbutiementsde la cryogénie.

Défi pour la sociétéL’usage domestique et industriel du froidest au cœur de l’espace Défi pour la société.Laurence Fournaison, directrice d’un labo-ratoire à l’IRSTEA, explique : « le réfrigé-rateur consomme 20 % de l’électricité dela maison (hors chauffage et eau chaudesanitaire), et 80 % des frigos ne sont pas àla bonne température ». Un réfrigérateurmis à la disposition de chacun montreque la plupart d’entre nous ne savent pas

Dans la Cité des sciences, le froid s’est installé.L’exposition qui lui est consacrée révèle despropriétés inconnues, des applications

inédites, des trouvailles amusantes.En s’amusant, en manipulant, en obser-vant des vidéos et des animations très syn-thétiques, le visiteur de l’exposition Froidqui s’est ouverte le 5 décembre à la Citédes sciences de Paris-La Villette, traversed’abord le couloir de l’échelle des tempé-ratures à partir de la température la plusfamilière, le 37° du corps humain. À droite,les températures les plus chaudes obser-vées. À gauche, des températures froidesque la plupart d’entre nous ne soupçon-nent pas. Alors que de 0° à -30°, on ima-gine un beau manteau neigeux suppor-table, on aperçoit au loin un - 200°, puisun ultime - 273,15° arrêté par un écranblanc, symbolisant la limite du froid, lezéro absolu, température la plus basse.Cette zone du « vrai » froid occupe untiers de l’espace d’une exposition conçuecomme trois défis : pour le vivant, pourla société, pour la science. L’espace Défi pour le vivant débute avecune invitation à pénétrer dans une cabineoù la température est de -5°. Une expé-rience qui permet de constater les réac-tions du corps humain. Puis Jean-LouisÉtienne raconte son expédition polaire à-52°. L’impact du vent, ennemi redoutable,se mesure avec des manchons de diffé-rentes matières, de la polaire au coton. Larésistance des animaux est illustrée par

Le physicien et l’étudiante en illustration scientique sesont connus à l’occasion d’un des ateliers que JulienBobroff anime à l’école Estienne. Quand Marjorie Garry aexpliqué qu’elle avait une formation en reliure, lephysicien, qui avait le projet d’expérimenter l’azote liquide,a eu l’idée d’un livre. Pendant le stage effectué dans lelaboratoire de Physique des solides de Paris Sud, lesmultiples expérimentations ont permis de créer Le livre le

plus froid du monde. Pour le physicien, il s’agissait « d’explorer le format du livre avecune parole scientique, en essayant de trouver en quoi l’objet pourrait être détourné etmis au service d’un propos original de vulgarisation ». Le livre est en lui-même une tableà expériences que propose une forme de happening en direct (sur le site webvulgarisation.fr), où Julien Bobroff ouvre le livre, le trempe dans l’azote à -196 °C etréalise les expériences du froid. Dans la version « chaude », sont ajoutées les photos deces expériences. La version exposition, libre d’utilisation, est à l’espace Pierre Gilles deGennes de l’université Paris sud, jusqu’au 23 décembre.

Le livre le plus froid du monde

précisément où ranger tous les aliments…Les principes de la congélation, de la sur-gélation, de la décongélation, rappellentque l’agro-alimentaire est le plus grosconsommateur de froid. Le froid est éga-lement à la source de nombreux procédés,comme le fonctionnement du scanner enmédecine, ou la précision obtenue par lerefroidissement des métaux en métallurgie. Le Défi à la science a pour cadre un labo-ratoire de recherche. La star, c’est le cryos-tat à dilution qui fabrique les températuresproches du zéro absolu. « Pour nous, 200°c’est assez chaud », explique très sérieu-sement le physicien Julien Bobroff, l’undes treize chercheurs du comité scienti-fique de l’exposition. « Ce qui nous inté-resse, ce sont toutes les matières qui, trèsprès du zéro absolu, vont soudain se com-porter de façon totalement inattendue.Nous travaillons sur des températures entre-200° et -273,15° ». Tout cela n’a rien d’évi-dent. « Avec le chaud, les atomes bougentbeaucoup. Si je refroidis une table très prèsdu zéro absolu, les atomes ne bougent qua-siment plus. À ce moment-là, au momentoù tout se calme, apparaissent des phéno-mènes tout à fait inattendus, comme lasupra conductivité. En refroidissant parexemple un bout d’aluminium à 2, 3° duzéro absolu, quand tout devrait se geler, ilse met soudain à conduire le courant defaçon parfaite. À la même température, sivous prenez un aimant, il se met à léviter ».De quoi découvrir à tout âge.

Véronique Giraud

Un couloir des températures jusqu’auzéro absolu (moins 273,15 °C).

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C u l t u r e l l e s

POUR N° 205 DÉCEMBRE 201728

C’est un de leurs fondamentaux :les mouvements nationalistesn’aiment pas la culture qui ne

sert pas une cause (la leur sipossible). Jusqu’à présent, ils negouvernaient qu’à l’est de l’Europe.Mais aujourd’hui, ils font leur entréeen Autriche.Ce fut d’abord l’époque desenthousiasmes. En 1974, lesGrecs se débarrassaient de ladictature des colonels, le Por-tugal vivait la révolution desœillets. L’année suivante mour-rait Franco. Une explosion cul-turelle transperçait les frontièresde la vieille Europe des guerresd’hégémonie et de succession.Les seventies britanniques, laMovida espagnole étaient bien-tôt rejointes par un autre raz-de-marée venu de l’Est quiemportait le mur de Berlin. Lesjeunes Européens pensaientalors en avoir fini avec lesnationalismes qui avaient tantravagé les générations de leursparents et grands-parents. Unegénération plus tard, les voilàrevenus.

Sans surprise, sans imagina-tion aussi, les dirigeants deces mouvements qui allientpopulisme et nationalismehéritent de l’ADN de leursprédécesseurs. Et, sitôt aupouvoir, commencent parlimiter l’information, encadrerl’éducation, orienter la créa-tion culturelle. Ils peuvents’afficher plutôt libéraux enTchéquie et en Autriche, plu-tôt sociaux en Pologne et enHongrie, mais tous s’en pren-nent aux faits et à la pensée.Ces gouvernements autocra-tiques préfèrent, à la libertéd’informer, d’analyser et depenser le monde, le réflexenationaliste comme prisme deleur politique culturelle.

« Un risque sérieux »pour la sécurité de la HongrieLe « multiculturalisme »,notion ambiguë par laquelleils désignent l’essence mêmede la dégénérescence d’unpeuple apparaît dans tousleurs discours. Le leader du

PiS polonais au pouvoir, Jaros-law Kaczynski affirme « Lemulticulturalisme ne fonc-tionne pas, alors (les Polonais)ne veulent pas de ça ici  ».Même discours chez le nou-veau premier ministre tchèqueAndrej Babis investi le6 décembre dernier pour quile multiculturalisme est un

échec, ou le populiste ViktorOrban qui donne sa définitiondu terme : « Le multicultura-lisme, cela veut dire la coexis-tence de l’islam, des religionsasiatiques et du christianisme.Nous ferons tout notre possiblepour épargner cela à la Hon-grie ». Ainsi employé, le termeévoque plus les traditions cul-turelles et religieuses que lacréation culturelle. Mais l’unne va jamais sans l’autre.Le metteur en scène de théâtreArpad Schilling, à qui l’on doitune mise en scène remarquéedu Baal de Brecht à Paris en2000, vient d’annoncer sa déci-sion de cesser de créer enHongrie après qu’un membredu Comité de sécurité natio-nale l’a accusé de faire courir« un risque sérieux » à la sécu-rité du pays. En Hongrie, Vik-tor Orban a supprimé leministère de la culture et lessubventions aux compagniesindépendantes et promu uneloi qui lui permet de contrôler

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Nationalismes contrecréation culturelle

En Vénitie et en Lombardie (15 millions d’habitants),la Ligue du Nord, parti nationaliste et extrémiste,est arrivée en tête des élections régionales. Et aaussitôt décrété un référendum pour l’autonomie,légal en Italie, même s’il n’est que consultatif.La Ligue a pu l’organiser le même jour, 22 octobre,dans les deux régions. Le résultat est net : enVénitie, les 57 % d’électeurs qui se sont déplacésont voté oui à 98 % ! 95 % de oui en Lombardie,mais avec un taux de participation bien plus faiblede 39 %. Si le succès de la Ligue est dû avant toutà la revendication de garder ses impôts chez soi(les deux régions sont les plus riches d’Italie),les présidents n’en ont pas moins immédiatementréclamé la main mise sur 23 nouvellescompétences qui leur donneraient des pouvoirsquasi complets sur l’éducation et la culture.

Bientôt la Lombardie et la Vénitie ?

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En Slovaquie, le leader d’ex-trême-droite Marian Kotlebaélu président de la région deBanska Bystrika en 2013 jugedécadent l’art contemporainet coupe les subventions.Notamment au centre choré-graphique qui a dû licencieret à une compagnie de théâtrequi présentait aux scolairesune pièce contre la xénopho-bie. Le « Vodca » (Guide ouFührer, c’est ainsi qu’il se faitappeler) a préféré créer unconcours de Miss collège.Marian Kotleba a été battu auxélections régionales en novem-bre, mais les milieux culturelscraignent son retour dans unealliance nationale. Car le pre-mier ministre Robert Fico, apriori social-démocrate a pré-féré passer une alliance avecla droite nationaliste plutôtque de perdre le pouvoir.

L’Autriche aussiOn peut se rassurer en sedisant que les pays de l’an-

cien bloc communiste n’ontpas de tradition démocra-tique suffisante. Mais en cemoment, c’est en Autricheque l’extrême-droite natio-naliste prépare son entrée augouvernement. Après la vic-toire du jeune conservateurSebastian Kurz aux législa-tives d’octobre, ce dernier aannoncé son intention degouverner avec le FPÖ. Sonleader, Heinz-Christ ianStrache, exige le ministère del’intérieur, autorité de tutelledes sites des anciens campsde concentration, alors queson parti a été fondé pard’anciens nazis loin d’être

repentants. Un rapport dece même ministère quebrigue Strache soulignait quele FPÖ a la volonté « de faireaccepter par des cheminsdétournés l’idéologie natio-nale-socialiste ». En 2000, lesdeux partis avaient déjà faitalliance pour gouverner,mais les dissensions au seindu FPÖ avaient éliminé l’ex-trême-droite. Aujourd’hui,le parti est uni. Et les démo-crates ne peuvent compterque sur eux-mêmes et surune solidarité des citoyenseuropéens qui, pour l’ins-tant, reste faible.

Jacques Mucchielli

Nationalismeet culture nationaleLes historiens distinguent plusieursformes de nationalisme. Deuxprincipales : le conservateur(nationalisme ethnique faisant parfoisréférence à la supériorité de la race commeles suprématistes aux États-Unis) qui, dansles pays aisés, renferme le pays dans sesfrontières et tente d’ériger sa cultureidéalisée en une valeur supérieure à celledes voisins (voir notre encadré sur laVénitie et la Lombardie). L’autre, progressiste, des pays jadiscolonisés qui ont été écrasés, niés dans leur culture, et doiventfaire un effort important et national pour la reconstruire. Cedernier vaut bien sûr pour nombre de pays d’Afrique et d’Asie.Mais également pour l’Europe où, par exemple, les Irlandaisou les Écossais ont tout simplement été privés de leur languenationale par l’Empire britannique. De même pour les Catalansà qui Franco a interdit d’enseigner leur langue pourtant bienvivante et pratiquée par la population autochtone. De fait,les grands écrivains catalans du XX

e siècle, Manuel VazquezMontalban ou Eduardo Mendoza (à qui l’on doit le magniqueroman entre les deux expositions universelles de Barcelone, LaVille de prodiges) ont commencé leur œuvre en castillan et l’ontbien entendu continuée après la chute du dictateur dans lamême langue. Ce qui n’est pas, par exemple, le cas de LluisLlach, chanteur réfugié à Paris, qui a publié au XXI

e siècle sesdeux romans à grand succès en catalan.Le débat actuel sur la Catalogne, la Corse ou d’autres régionseuropéennes humiliées au XX

e siècle par l’État dont ils font partie,est de savoir de quel nationalisme relèvent leurs revendications.Du progressiste, répondent les indépendantistes. Duconservateur, répondent les États. Il y a souvent des deux,certains autonomistes ou indépendantistes portés au pouvoirn’hésitant pas à privilégier les créateurs locaux en imprimantune forme de censure sur les autres. Bien loin de l’hommeuniversel rêvé par la révolution française.

« Il reste encore beaucoup demurs à construire» proclameironiquement ce street-artistesur un pan conservé du murde Berlin.

Le roman de LluisLlach, Les Yeuxfardés (Actes Sud),raconte la vie d’unhabitant de Barcelonedes années 20à aujourd’hui.

les médias qui n’ont pasencore cessé de paraître.

La culture comme instrumentpolitiqueEn Pologne, les attaques natio-nalistes vont tous azimuts. Ici,le gouvernement entend retirerl’ordre du mérite à l’historienJan Tomasz pour avoir révéléle rôle de ses concitoyens dansle pogrom de Jedwabne. Là,Piotr Glinski, ministre de laCulture, veut fusionner lemusée de la seconde guerremondiale de Gdansk «  tropuniversel » avec une nouvelleentité plus patriotique. Ail-leurs la direction du célèbrePolski de Varsovie est propo-sée à un homme du parti aupouvoir étranger au mondedu théâtre.

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r e n c o n t r e

POUR N° 205 DÉCEMBRE 201730

Votre mission culture

arts/sciences est-elle née de votre

parcours personnel ?

Elle est née en effet par mon ini-tiative. Je suis universitaire, maîtrede conférences en économie, j’écrisaussi pour le théâtre depuis long-temps. Cette activité m’a conduità m’intéresser à l’écriture théâtralecomme un moyen de transmission,de médiation des savoirs, et in fineau lien art et science dans toutesleurs disciplines. J’ai proposé cetteinitiative, elle a été validée par laprésidence de l’université, et renduepossible grâce au financement del’IDHEx Bordeaux.

C’est la seconde édition de FACTS,

quel impact a eu la première ?

D’abord une forte participation dupublic, avec 5 000 personnes surla première édition. L’une descraintes des partenaires était le côtéélitiste. Mais la deuxième éditiona affiché complet. Le lien Arts etsciences pose les questions de lasociété d’aujourd’hui. Le public estvraiment curieux de ça. Il y a lepublic habituel des lieux culturelsoù est programmé le festival. Saspécificité est d’être présenté horsles murs de l’université. L’enjeuétait d’aller montrer ces créationsaux opérateurs culturels de lamétropole. Il y a donc un croise-ment du public de ces lieux avecun public de chercheurs et d’étu-diants. La mixité des publics estun de nos objectifs, à la fois queles publics des lieux culturels aientune proposition originale en lienavec la science et à la fois que lacommunauté universitaire et scien-tifique aille dans des lieux de cul-ture, souvent inhabituels.

Le deuxième impact très importantest sur les chercheurs. Nous l’avonsévalué par des entretiens après lepremier festival. Les chercheurssont très enthousiastes, ont enviede poursuivre ces expériences. Siles projets sont de natures très dif-férentes, les retours chercheurs sontexcellents, soit en termes de créa-tivité, soit en termes de valorisationde leurs recherches, soit aussi entermes de nouvelles directions derecherches inspirées par les ques-tions posées par l’artiste et sa façonde questionner.

Cette édition a été conçue autour

du mouvement, comment l’idée

est-elle venue ?

Le mouvement est venu assez natu-rellement comme thème. L’actua-lité de la Ville de Bordeaux est enmouvement, celle de l’universitéégalement, avec une nouvelleéquipe présidentielle dans un mois.Nous sommes à la recherche dethématiques très larges pourqu’elles se prêtent à la pluridisci-plinarité des publics, mais ce n’estpas le thème qui prime. Nous lan-çons deux appels à projets, l’un thé-matique pour le festival, l’autre nonthématique pour des projets quiont besoin d’un temps plus longde développement.

Comment se tisse le lien entre le

grand public et les scientiques ?

Au-delà de la présentation desœuvres et des performances, sontproposées de nombreuses rencon-tres autour du savoir, appelées « Lesrencarts du savoir  ». Il s’agitd’échanges et de débats avec lesartistes et les chercheurs. Le publica aussi la possibilité à travers le fes-

Chargée de missionCulture, Artset Sciencesà l’Universitéde Bordeaux,Vanessa Oltra dirigele festival FACTS.La seconde éditiona eu lieu finnovembre.

Vanessa Oltra : « Le lien arts et sciences poseles questions de la société d’aujourd’hui »

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tival d’assister à des échangesautour d’œuvres présentées.

Comment vous projetez-vous ?

Nous réfléchissons actuellement àde nouveaux axes de développe-ment pour 2018.L’axe premier est de construire desprogrammes qui soient au plus prèsdes enjeux des recherches. Unsecond axe que nous cherchons àdévelopper est l’internationalisa-tion, en étant capables d’attirer desartistes reconnus à l’échelle mon-diale, d’avoir des collaborations.

À l’échelle du monde, ou

de l’Europe, existe-t-il d’autres

festivals du type de FACTS ?

Pas vraiment du même type. Notrefestival est directement rattaché àune université. Il y a un grand festivalinternational art et science enAutriche, Ars Electronica, mais cen’est pas la même histoire. Ce quenous faisons, c’est plus proche desfestivals des grandes villes universi-taires anglo-saxonnes, qui s’appellentsouvent festivals des idées.

Propos recueillis par Véronique Giraud

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