Dix neuf espèces d’orchidées sauvages de Guadeloupe ...ddata.over-blog.com/xxxyyy/1/53/37/71/Orchid--es/Guad-protec... · de fleurs parfumées et colorées de jaune ... précaution

CONTEXTE

Les orchidées sont l’objet de menacesdiverses, souvent liées aux activitéshumaines, avec en particulier une pressionde prélèvement réelle sur les espèces lesplus attrayantes. Ces menaces sont exacer-bées par la faible superficie du département(1700 km 2 pour tout l’archipel de laGuadeloupe) qui fait que de nombreusespressions qui peuvent sembler peu impor-

tantes ailleurs ont ici un impact rapi-dement considérable car affectant poten-tiellement une proportion élevée des popu-lations. Cette situation avait été identifiéetrès tôt et la famille des orchidées est lafamille de plantes la “mieux” représentéedans le premier arrêté ministériel fixant laliste des espèces végétales protégées enrégion Guadeloupe, daté du 26 décembre1988. Cet arrêté comporte en effet 36espèces dont 10 d’orchidées (Tableau I).

Dix neuf espèces d’orchidées sauvages deGuadeloupe protégées en 2006

Philippe FELDMANN*

Résumé.– La Guadeloupe possède 102 espèces d’orchidées dont désormais 19 sont protégées léga-lement depuis la parution d’un arrêté ministériel en 2006 modifiant un premier arrêté datant de1988. Les listes des espèces sont fournies avec des informations sur leur statut, les menaces pesantsur elles, en incluant les critères proposés par l’UICN. Elles sont accompagnées d’une photogra-phie de chacune des espèces.

Mots clés.– Orchidaceae ; flore de Guadeloupe ; protection des orchidées.

Abstract.– Nineteen Guadeloupean orchid species are legally protected in 2006. This paper givesinformation about the 19 orchid species legally protected among the 102 recorded in Guadeloupesince the publication of a ministry decree in 2006 which modified a first one dating from 1988.The statuses, the threats, including the use of IUCN criteria, are briefly discussed. Each species isillustrated by an original photograph.

Key words.– Orchidaceae; flora of Guadeloupe; protection of orchids.

La Guadeloupe, département français d’outre-mer localisé dans la Caraïbe au

milieu de l’arc des Petites Antilles, possède un grand nombre d’espèces végétaleslié à une forte diversité d’écosystèmes naturels ou plus ou moins anthropisés.

Parmi ces espèces, la famille des orchidées est bien représentée avec 102 espèces répertoriéesdepuis les premiers relevés botaniques et dont 93 ont été observées effectivement en milieunaturel au cours des 25 dernières années (FELDMANN, 2002 ; FELDMANN & BARRÉ, 2001).

L’Orchidophile n° 171, décembre 2006 –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– 245

Toutes les photographies sont de P. FELDMANN.

MISE À JOUR DE LA LISTEDES ESPECES PROTÉGÉES

Parallèlement, l’amélioration desconnaissances de terrain par les orchido-philes locaux progressait rapidement,grâce, entre autres, aux activités del’Association Guadeloupéenne d’Orchido-philie (l’AGO). Des propositions de miseà jour de la liste des espèces protégées onten conséquence émergé dès 1989 (FELD-MANN & BARRÉ, 1989 ; FELDMANN &BARRÉ, 1990).

L’exploitation des premiers travaux decartographie des orchidées deGuadeloupe, d’analyse de l’évolution deleurs populations et l’appui efficace duchargé de la Flore sauvage, Jean-Paul GAL-LAND, de la Direction de la Protection de

la Nature au Ministère chargé de l’envi-ronnement, a permis de préparer dès1993, un projet d’arrêté modifiant la listedes espèces protégées. Malheureusement,la disparition brutale de Jean-Paul GAL-LAND a arrêté la procédure en 1996, alorsque le projet d’arrêté était en cours designature. Ensuite, sont survenus pendantune douzaine d’années divers concours decirconstances, deux examens par leCSRPN(1) de la Guadeloupe, trois par leCNPN(2) (Commission Flore, 2003) etquelques dizaines de rapports et publica-tions supplémentaires. Une communica-tion au Congrès mondial des Orchidées àDijon en mars 2005 (FELDMANN, BARRÉ

246 ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– L’Orchidophile n° 171, décembre 2006

Nom publié Nom valide Statut Statut (si différent) global ** régional ****

Brassavola cucullata(L.) R. Br. Lc EN

Oncidium cebolleta Rchb. f. Cohniella cebolleta (Jacq.) Christenson Lc EN

Spiranthes cranichoides (Griseb.) Cogn. Cyclopogon cranichoides (Griseb.) Schltr. Lc Lc

Oncidium meirax Rchb. f. Cyrtochilum meirax (Rchb. f.) Dalström Lc EN

Elleanthus cephalotus Garay & Sweet Lc Absent

Elleanthus dussii Cogn. Lc LcEpidendrum mutelianum

Lindl. NT NTOncidium wydleri Rchb. f. Oncidium altissimum (Jacq.) Sw. NT VUOncidium urophyllum

Lodd. ex Lindl. Tolumnia urophylla (Lodd. ex Lindl.) Braem VU ENOncidium leiboldii Rchb. f. Tolumnia leiboldii (Rchb. f.) Braem Sans objet (retiré de la

liste dans l’arrêté de 2006)

Légendes : EN = en danger ; Lc = préoccupation mineure ; NT = proche de menacé ; VU = vulnérable(FELDMANN, BARRÉ & FFRENCH, 2005a et 2005b ; IUCN, 2003 ; IUCN, 2004).* Selon critères de la liste rouge de l’UICN.** Selon application au niveau régional des critères de l’UICN.

Tableau I.– Liste des espèces d’orchidées protégées en région Guadeloupe par l’arrêté ministériel du 26 décembre 1988.

1 Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel2 Conseil National de la Protection de la Nature

& FFRENCH, 2005a) a été suivie d’unelarge diffusion médiatique via le Comitéfrançais de l’UICN et d’une interventiond’un député de la Guadeloupe à l’Assem-blée Nationale. Et, finalement, le JournalOfficiel a publié le 14 avril 2006, l’arrêtédu 27 février 2006 portant modificationde l’arrêté du 26 décembre 1988 relatif à laliste des espèces végétales protégées enrégion Guadeloupe.

Cet arrêté ajoute 14 nouvellesespèces, dont 11 d’orchidées, à la liste de1988 et en retire une, Oncidium leiboldiiRchb. f., qui n’appartient pas en fait à laflore des Petites Antilles et avait été listéede manière erronée pour la Guadeloupe(Tableau II). Vingt espèces sont listéesmais seules 19 d’entre elles appartiennentréellement à la flore de la Guadeloupe.En effet l’une d’entre elles, Elleanthuscephalotus Garay & Sweet, n’a jamais étéobservée dans le département et tous les

échantillons d’herbier examinés y faisantréférence sont en fait indiqués de Guade-loupe par erreur. Sa présence est d’ailleursimprobable. Elle n’est donc pas décritedans la liste commentée et ne fait pas par-tie des 102 espèces répertoriées pour laGuadeloupe.

LISTE COMMENTÉE DES ESPÈCESPROTÉGÉES DE GUADELOUPE

Les descriptions sont basées surcelles publiées dans l’Atlas des orchidéessauvages de la Guadeloupe (FELDMANN &BARRÉ, 2001) et dans la Flore illustrée desphanérogames de Guadeloupe et deMartinique (FOURNET, 2002). La listecommentée précise les principalesmenaces identifiées et les actions propo-sées pour chaque espèce qui est illustréed’une photographie.


Nom publié Nom valide Statut Statut (si différent) global ** régional ****

Epidendrum ciliare L. Lc ENEpidendrum patens Sw. Lc LcEpidendrum calanthum subsp. Epidendrum revertianum

revertianum (Stehlé) Sastre (Stehlé) Hágsater EN CREpidendrum elongatum subsp. Epidendrum secundum

rubrum (Stehlé) Sastre Jacq. DD ERMaxillaria acutifolia Lindl. DD CROctomeria ffrenchiana

Ph. Feldmann & Barré CR CRProsthechea cochleata (L.) Higgins Lc CRPsychilis correllii Sauleda VU VUSpecklinia mazei (Urb.) Luer CR CRTetramicra elegans (Hamilton) Cogn. VU ENTrichosalpinx dura (Lindl.) Luer Lc VU

Légendes : DD = données insuffisantes ; CR = en danger critique d’extinction ; EN = en danger ; ER =extinction locale ; Lc = préoccupation mineure ; VU = vulnérable (FELDMANN, BARRÉ & FFRENCH,2005a et 2005b ; IUCN, 2003 et IUCN, 2004).* Selon critères de la liste rouge de l’UICN - ** Selon application au niveau régional des critères de l’UICN.

Tableau II.– Liste des nouvelles espèces d’orchidées protégées en région Guadeloupe par l’arrêtéministériel du 27 février 2006.

Brassavola cucullata (L.) R. Br.C’est une espèce épiphyte ou épilithe

des zones sèches de basse altitude, àgrandes fleurs blanches à jaune pâle, parfu-mées. Elle est de large répartition néotro-picale. Elle a disparu de la plupart desmilieux naturels de basse altitude et subitune pression importante de prélèvementen raison de son intérêt horticole. Les der-nières stations connues, toutes situées endehors des aires protégées, doivent êtrepréservées. Il est proposé de répondre à lademande par la fourniture de plants multi-pliés artificiellement, disponibles in vitro.

Cohniella cebolleta (Jacq.) Christenson

C’est une espèce épiphyte de zonesèche et de basse altitude, à longuesinflorescences colorées de brun et jaune.Elle est de large répartition néotropicaleet soumise à une forte pression de prélè-vement. Il est proposé de répondre à lademande par la fourniture de plantsmultipliés artificiellement, disponiblesin vitro.

Cyclopogon cranichoides (Griseb.)Schltr.


Brassavola cucullata

Cohniella cebolleta

Cyclopogon cranichoides

Cette espèce terrestre est une orchidéediscrète de sous-bois, à feuilles sombres etviolacées à la face inférieure. Sa répartitionest large, de la Floride au Venezuela etdans la Caraïbe. Elle n’est pas exposée àdes menaces importantes bien que des des-tructions ponctuelles liées à l’entretien dessentiers de montagne ont été notées. Pourles éviter, il suffit d’éviter l’entretien de cessentiers en période de floraison et fructifi-cation (février à juin).

Cyrtochilum meirax (Rchb. f.)Dalström

C. meirax est une petite espèce de 10à 20 cm, apparentée au genre Oncidium,à inflorescence courte et colorée de jauneet brun-rouge. Elle est caractéristiquedes zones ventées d’altitude. C’est uneespèce des montagnes d’Amérique tropi-cale, d’Hispaniola au Venezuela, et quiest très rare en Guadeloupe. Elle pré-sente une forte sensibilité aux méthodesd’entretien des sentiers de montagne et àl’impact des cyclones. Sa protectionnécessitera de cartographier précisémenttoutes les stations de crêtes et de formerle personnel chargé de l’entretien dessentiers avec l’appui des associationscompétentes.

Elleanthus dussii Cogn.Cette grande plante peut dépasser

2 m et est une orchidée épiphyte endé-mique des montagnes de Dominique,Guadeloupe et Martinique. Elle se dis-tingue de la proche E. cephalotus, absentede Guadeloupe bien que listée parmi lesespèces protégées, par son inflorescenceconique et non ombelliforme. Elle n’estpas exposée à des menaces particulières endehors de la destruction ponctuelle despopulations marginales du nord Basse

Terre par l’entretien des sentiers. Saconservation sera assurée par la préserva-tion des habitats de montagnes.

Epidendrum ciliare L.C’est une espèce à belle inflorescence

en grappe de grandes fleurs blanches etparfumées. Elle est épiphyte et parfoisépilithe des zones plutôt sèches, mais serencontre aussi, rarement, en altitude. Sarépartition est large dans la zone néotro-picale mais elle est devenue assez rare enGuadeloupe. Elle est très recherchée enraison de son attrait et de sa facilité deculture. Il est nécessaire de protéger sesstations les plus menacées situées en Basse


Cyrtochilum meirax

Elleanthus dussii

Terre et de surveiller la commercialisationde plants d’origine sauvage. Il est proposéde répondre à la demande par la fourni-ture de plants multipliés artificiellement,disponibles in vitro.

Epidendrum mutelianum Lindl.Cette belle espèce épiphyte à grappe

de fleurs parfumées et colorées de jaune àorangé est endémique des montagnes dela Guadeloupe. Du fait de ses caractéris-tiques attrayantes, elle est fortement pré-

levée dans les zones facilement accessiblesmais reste commune ailleurs. Elle est sen-sible aux méthodes d’entretien des sen-tiers de montagne, en particulier dans seszones marginales du nord Basse Terre. Saconservation nécessite d’entretenir avecprécaution les sentiers de montagne. Il estproposé de répondre à la demande par lafourniture de plants multipliés artificiel-lement, disponibles in vitro.

Epidendrum patens Sw.Cette espèce d’altitude, épiphyte à

terrestre est endémique des PetitesAntilles et est très proche d’Epidendrummutelianum dont elle se distingue par sesfleurs blanches lavées de violacé. Elle est

Epidendrum ciliare

Epidendrumpatens

Epidendrum mutelianum

soumise à des prélèvements en zone pro-tégée en raison de l’attrait de ses fleursparfumées. Elle n’est pas globalementmenacée mais se confond en dehors de sapériode de floraison avec E. mutelianum,une espèce d’intérêt patrimonial fort. Saprotection nécessite d’appliquer la règle-mentation. La fourniture aux deman-deurs de plants multipliés artificiellementn’est pas une solution pour diminuer lapression sur cette espèce car elle ne fleurithabituellement pas en culture.

Epidendrum revertianum (Stehlé)Hágsater

Cette orchidée appartient au groupedes Epidendrum “bambusiformes” àcomportement terrestre. Elle présente degrandes inflorescences de fleurs blanches.Elle est caractéristique de zones perturbéeset est endémique des Petites Antilles mon-tagneuses. Elle est devenue très rare enGuadeloupe suite à la destruction de sonhabitat et à la fermeture du milieu par desespèces exotiques envahissantes mais sur-tout en raison de prélèvements très impor-tants sur toutes les stations faciles d’accès.La fragmentation des populations induitdes problèmes de consanguinité déjàvisibles. Sa protection devra empêcher lescollectes et sa commercialisation. Ses

populations relictuelles ont besoin, sansattendre les résultats de nouvelles études,d’une gestion active et urgente en appli-quant le plan de renforcement proposé en1999 qui nécessitera une association detous les acteurs. Il est proposé de pour-suivre la réponse à la demande par la four-niture de plants multipliés artificiel-lement, disponibles in vitro.

Epidendrum secundum Jacq.

Epidendrum secundum

Epidendrumrevertianum

Cette espèce, proche de la précédentemais à fleurs rouges, est largement ré-pandue en Amérique tropicale. Les popu-lations des Antilles sont cependant suffi-samment originales pour avoir été consi-dérées longtemps comme étant une autreespèce, E. rubroticum Hágsater. Elle a dis-paru de Guadeloupe à l’état sauvagedepuis plusieurs dizaines d’années. L’éva-luation de son statut spécifique et de sonindigénicité dans les différentes PetitesAntilles est dans un premier temps sou-haitable, cette espèce étant une candidatepotentielle à un plan de réintroduction.

Maxillaria acutifolia Lindl.Cette attrayante orchidée épiphyte à

fleurs jaunes ponctuées de brun-rouge esttrès parfumée. Elle n’est connue dans lesPetites Antilles que d’une seule localisationde forêt de montagne en Guadeloupe. Elleappartient à un groupe d’espèces procheslargement répandues en Amérique tropi-cale. Vu la taille critique de la population

guadeloupéenne, cette espèce est sensible àtout facteur perturbant. Son intérêt horti-cole est marqué et l’expose aux collectes.La première action à envisager est de fairede nouvelles prospections pour vérifier sonstatut actuel afin d’évaluer ensuite lesmesures de gestion conservatoires éven-tuellement nécessaires.

Octomeria ffrenchiana Ph.Feldmann & Barré

Cette minuscule espèce est endé-mique des crêtes ventées des montagnesde Guadeloupe. Elle n’est plus connueque de deux stations, soit une régressionde plus de 90 % en une quinzained’années. La menace principale pesantsur elle est la destruction de ses stationssituées sur les crêtes de montagne par lesméthodes d’entretien des sentiers quis’additionnent aux facteurs naturels quesont les cyclones. Il est nécessaired’entreprendre d’urgence des prospec-tions pour trouver d’éventuelles nou-velles populations. La formation des per-sonnes chargées de l’entretien des sen-tiers est également souhaitable. Il estnécessaire de pouvoir rapidement propo-ser un plan de gestion avec un renforce-ment éventuel des populations avec lesplants disponibles en collection in vitroau CIRAD.


Maxillaria acutifolia

Octomeriaffrenchiana

Oncidium altissimum (Jacq.) Sw.L’Abeille d’Or est l’emblème de

l’Association Guadeloupéenne d’Orchido-philie (l’AGO). C’est une espèceantillaise épiphyte de grande taille àinflorescence pouvant dépasser large-ment 2 m. Elle est exposée à la destruc-tion des habitats et à une forte pressionde prélèvements. Elle est encore assezcommune de manière localisée maisreste globalement en très forte régres-sion. Le maintien de populations signifi-catives nécessitera d’assurer une protec-tion des stations les plus importantes parune gestion forestière adaptée et depoursuivre la réponse à la demande parla fourniture de plants multipliés artifi-ciellement avec l’appui de l’AGO.

Prosthechea cochleata (L.) HigginsCette espèce est un épiphyte ou épi-

lithe des zones sèches de montagnes, àgrandes fleurs en forme de coquillage.Elle est devenue très rare en Guadeloupesuite à la destruction de son habitat pourl’agriculture et l’exploitation forestière.


Oncidium altissimum

Prosthecheacochleata

Elle est soumise à une forte pression deprélèvement en raison de son intérêt hor-ticole. Il est souhaitable d’améliorer laconnaissance de son statut en recherchantles populations relictuelles. Il est proposéde répondre à la demande par la fourni-ture de plants multipliés artificiellement,disponibles in vitro.

Psychilis correllii SauledaCette espèce surtout terrestre à

grande inflorescence à fleurs colorées enrouge est caractéristique des zones sèchesdes Îles du Nord (Saint Barthélemy etSaint Martin) et présente une répartitionmondiale très réduite. Sa régressionactuelle résulte de la destruction de sonhabitat liée à une urbanisation galopanteet d’une pression de prélèvement impor-tante. Il est souhaitable de développerun plan de gestion global pour gérer lessituations de conflits entre développe-ment rapide et gestion de l’environne-ment. Il est proposé de poursuivre laréponse à la demande par la fourniturede plants multipliés artificiellement, dis-ponibles in vitro.

Specklinia mazei (Urb.) LuerCette minuscule espèce, haute d’envi-

ron 5 cm, est endémique des montagnesde Guadeloupe mais elle est en situationcritique, aucune observation n’ayant étérépertoriée depuis une dizaine d’années.Sa quasi-disparition est en partie uneconséquence des méthodes d’entretien

des sentiers de montagne ainsi que deprélèvements de “gaulettes” (terme localdésignant des piquets de bois) en forêtpour la commercialisation d’étais. Il estnécessaire de rechercher d’urgence desindividus dans les anciennes localisationsconnues et de prospecter pour essayerd’en trouver de nouvelles.

Tetramicra elegans (Hamilton)Cogn.

Cette espèce terrestre à feuilles térètes(= à section ± circulaire) et charnues etaux fleurs colorées de rose et de jaune estcaractéristique des zones sèches de bassealtitude. Elle est endémique des Antilleset en forte régression en Grande Terresuite à la destruction de son habitat pourl’agriculture, la fabrication de charbon de


Psychilis correllii

Specklinia mazei

bois ou l’urbanisation. Les prélèvementssont importants et ses populationsdeviennent fortement fragmentées et iso-lées. Il est nécessaire de protéger les sta-tions de Grande Terre et de poursuivre lestranslocations d’urgence entreprises parl’AGO. Un plan de gestion global pourl’avenir de cette espèce en forte interac-tion avec les activités humaines reste àélaborer. Il est proposé de poursuivre laréponse à la demande par la fourniture deplants multipliés artificiellement, dispo-nibles in vitro.

Tolumnia urophylla (Lodd. ex Lindl.)Ce petit “Oncidium équitant” à fleurs

jaunes est une espèce épiphyte des zonessèches de basse altitude des Petites Antilles.Il est en forte régression en Guadeloupe enraison de la destruction de ses habitats parles activités humaines et d’une forte pres-sion de prélèvement. Il est souhaitabled’éviter les situations de présence simulta-née avec d’autres Tolumnia non indigènescultivés en jardin (flux de gènes, maladies)et de protéger en priorité les stations deGrande Terre et de Côte sous le Vent. Il estproposé de poursuivre la réponse à la

demande par la fourniture de plants multi-pliés artificiellement, disponibles in vitro.

Trichosalpinx dura (Lindl.) LuerC’est une petite espèce épiphyte à

petites grappes de minuscules fleursjaunes des zones humides de montagnes.Elle présente une large distribution néo-tropicale mais une répartition discontinueen Guadeloupe. La population guadelou-péenne présente des caractéristiques pou-vant conduire à un statut taxonomiqueparticulier. Sa régression actuelle résulte


Tetramicra elegans Tolumnia urophylla

Trichosalpinxdura

de la destruction de son habitat et de sessupports pour les aménagements des sen-tiers. Sa protection nécessite d’entreteniravec précaution les sentiers de montagneet de mieux connaître le statut taxono-mique des populations de Guadeloupe.

CONCLUSIONS

Il existe aujourd’hui 19 espècesd’orchidées sauvages de Guadeloupe proté-gées légalement, permettant de considérerque la couverture juridique de cette famillede plantes est correcte. Le statut desespèces n’est cependant pas figé et des évo-lutions sont susceptibles d’être proposéesdans l’avenir. Elleanthus cephalotus, unevingtième espèce listée par l’arrêté ministé-riel, n’est d’ailleurs très probablement pasprésente en Guadeloupe. L’évaluation des

critères de menaces proposés par l’UnionInternationale pour la Nature (UICN) arécemment permis de proposer l’inscrip-tion sur la liste rouge des espèces mondia-lement menacées dix espèces d’orchidéesde Guadeloupe et d’en proposer 26 autresdans une catégorie de menace au niveaurégional (FELDMANN, BARRÉ & FFRENCH,2005b). Il s’agit désormais d’assurer la miseen œuvre opérationnelle de cette protec-tion, qui passe par l’application effective dela réglementation, et donc par la mobilisa-tion des moyens adéquats, mais surtoutpar des actions d’information, de conserva-tion et de gestion nécessaires à l’avenir deces espèces. L’importance des orchidéescomme bio-indicateurs et comme senti-nelles de l’évolution des écosystèmes leurconférera un rôle déterminant pour l’appuià la gestion durable de la biodiversité dansles Petites Antilles.


BIBLIOGRAPHIE

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• IUCN, 2004.– Guidelines for Using theIUCN Red List Categories and Criteria. Rap-port IUCN. Gland, Switzerland & Cam-bridge, UK, 50 pp.

*Philippe FELDMANN, Courriel : [email protected].*Cirad, Amis, TA40 / PS1, F-34398 Montpellier Cedex 5

*AGO, Association Guadeloupéenne d’Orchidophilie“L’abeille d’Or” BP 2408 ; 97189 Jarry Cedex, Guadeloupe.

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