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DOCUMENTS RELATIFS AUX JOYAUX DE CHARLES VI, ROI DE FRANCE, ENGAGÉS PAR LES SUGGESTIONS DE LA REINE, YSABELLE DE BAVIÈRE Author(s): Vallet de Viriville Source: Revue Archéologique, 14e Année, No. 2 (OCTOBRE 1857 A MARS 1858), pp. 599-603 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41742484 . Accessed: 21/05/2014 12:05 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.109.99 on Wed, 21 May 2014 12:05:39 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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DOCUMENTS RELATIFS AUX JOYAUX DE CHARLES VI, ROI DE FRANCE, ENGAGÉS PAR LESSUGGESTIONS DE LA REINE, YSABELLE DE BAVIÈREAuthor(s): Vallet de VirivilleSource: Revue Archéologique, 14e Année, No. 2 (OCTOBRE 1857 A MARS 1858), pp. 599-603Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41742484 .

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DOCUMENTS

RELATIFS AUX JOYAUX DE CHARLES VI, ROI DE FRANCE, ENGAGÉS PAR LES SUGGESTIONS DE LA REINE, YSABELLE DE BAVIÈRE.

DEUXIÈME ARTICLE.

J'ai publié, sous ce titre, un premier article inséré dans la Revue archéologique, xiir année, pages 710 à 715. Ce premier morceau se composait des extraits que j'ai rapportés de Munich et que j'ai tirés des archives de S. M. le roi de Bavière. Deux historiens bavarois nous fournissent des renseignements fort curieux , qui se rapportent à la même matière que ces extraits. Je vais aujourd'hui produire ces éclaircissements.

Le premier de ces historiens est Aventin, qui s'exprime en ces termes :

« Le duc Étienne de Bavière, père de Louis le Barbu et d'Isabeau de Bavière, reine de France, mourut en 1413, et liit enterré le lundi avant la Saint-Michel (l). Louis, à la nouvelle de cette mort, se mit en mesure de retourner en Bavière. La reine sa sœur résolut de faire passer clandestinement avec Louis, en Allemagne, sous la con- duite du duc d'Orléans, l'aîné de ses fils chargé du trésor et des

joyaux (2) de la couronne. Mais le duc de Bourgogne, informé à temps de cet enlèvement, rejoignit le dauphin et le ramena.

« Louis, en possession des richesses royales, regagna sa patrie, apportant avec lui son riche butin. Ce butin comprenait des orne- ments d'église, des images de saints, d'un précieux travail en or, décorés de pierreries ; la Vierge mère de Dieu, les deux saints Denis, sainte Catherine, saint Georges, cinq croix, saint Jean-Baptiste,

(1) La Saint-Michel, 29 septembre. (2) Je traduis librement par oyaux le mot supellectile, pour faire un sens plus

admissible. Voir ci-après les éclaircissements.

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600 REVUE AKCnÉOLOGIQUË. saint Jean l'évangélisle, saint Michel, sainte Barbe, saint Philippe, saint Pierre, saint Charlemagne; item, beaucoup d'autres bijoux qu'on appelle en Allemagne, les joyaux (1), et que le peuple en Bavière nomme les douze messagers (2). Il y avait en outre des chapeaux d'or, des vases, des aiguières, des coupes à anses, des bassins à laver, des coupes ouvertes, des plateaux, des patènes, des couronnes, des gobelets, des cuillières d'or, etc.; ainsi que des colliers, des bagues, des perles, des diamants, des saphirs, des émeraudes, des escar- boucles et autres bijoux ou pierreries à la mode française (3). Il ap- porta tout cela avec lui à Ingolstadt, où ce trésor se conserve encore et se montre comme des reliques ; si ce n'est qu'une partie est à OEltingen. Le gouverneur militaire du comté du Rhin ou palatinat bavarois, de concert avec un parent de nos princes, en saisit toute- fois la plus grande partie. Le mémoire ou état de ces joyaux, écrit sur parchemin , subsiste à Ingolstadt. On trouve spécifiés dans cet inventaire, chacun de ces ornements, l'or, lespierreries, les monnaies, ainsi que leur nombre, le poids et la valeur. Mais je pense qu'il n'est pas de mon sujet d'entrer ici, à cet égard, dans de plus grands détails. Louisavouaitlui-mêrneingénumenl, que ce butin lui était venu par- tie à l'aide du crime, de la fraude, du dol et de la violence ; partie au moyen de sa sœur, la reine Isabeau, qui le lui avait fait donner par Charles YI, roi de France. Il se reconnaissait aussi coupable, en bien des points, d'avarice ou de cupidité. » (4)

(1) Die Kleinoden. (2) Die Zwœlf Boten. (3) Traduction libre. Voy. le texte original. (4) Aventini annales Boïorum , Ingolstadt, 1554, in-folio. Voici le texte original :

« Ludovicus, nuncio de morte patris accepto, in Boiariam redire parat. Soror ejus Francorum regina, fiüum maximum natu, instructum gazâ regiâ et supellectile, comité duce Aureliano, cum fra tre in Germaniam clanculum dimitiere decrevit. Burgundus ubirescivit, Delphinum iutercepit atque reduxit. « Ludovicus, potitus opibus regiis, domum revertitur; signa sacra, simulacra

divorum, pretiosae arlis, aurea, gemmata; deiparam virginem; Dionysios, Calhari- nam, Georgium, quinqué cruces, Joannem Baplistam, Joannem evangelistam, Mi- chaelem, Barbaram, Philippum, Petrům, Carolum Magnum; item pleraque alia quae Germania clenodia vocat, vulguos Boiorum duodecim nuncios ; praeterea dia- demata, vasa, gutturnia, cantharos, malluvia, pateras, lances, patinas, circuios, pocula, cochlearia aurea, et hujusce modi; insuper torques, annulos, uniones, adamantas, saphiros , smaragdos, carbúnculos, alias gemmas gallici luxus ostenta- tiones secům attulit Angilostadium; ubi adhuc, atque Otiogœ pars, tanquam sacra servantur atque monslrantur. Partem tamen maximam praefectus prsetorio Rheni- bello Boiarico, quod cum parente principům nostrorum gessit, occupavit. Com- mentarais in membranis scriptus Angilostadii extat; ubi hujuscemodi signa, au-

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fcOCUMEÑTS ŘKLAŤÍFš AÜX JOÝAU* ĎF, CHARLES Vt. 601 Le second historien auquel j'ai fait allusion, est Aldzreiter. Il ré-

sume et confirme en ces termes le récit d'Aventin : « Louis le Barbu, ayant appris la mort de son père en 1413, se

dégagea des troubles qui agitaient la France. 11 revint dans sa patrie avec un butin considérable, qu'il s'était procuré par don du roi et de la reine, ainsi que du produit de son industrie. Une partie de ces richesses se montre encore de nos jours à Ingolstadt, et dans la sacristie de Notre-Dame d'OEttingen (1). »

Aventin, dans le premier alinéa ou paragraphe de cet auteur que nous avons reproduit, commet une erreur évidente. C'est en 1405, et non en 1413, que la reine, de concert avec le duc d'Orléans, chargea Louis de Bavière de lui amener, de Paris à Melun, le dau- phin son fils aîné. Le duc de Bourgogne alors (1405) rejoignit le cortège fugitif à Juvisy, et lui fit rebrousser chemin. Ces faits sont ponctuellement racontés par .divers chroniqueurs français, et no- tamment par le religieux de Saint-Denis (2), historiographe officiel. Le compilateur bavarois a mêlé à tort ces faits de 1405 avec le voyage que Louis-le-Barbu fit en Bavière en 1414. Il ne faut donc pas prendre absolument au pied de la lettre, tout ce que dit Aventin, spécialement en ce qui touche les affaires de France, ou les faits et gestes de Louis pendant son séjour en France. On ne saurait toute- fois révoquer en doute le gros du récit, ni les circonstances princi- pales relatées dans le deuxième alinéa ou paragraphe.

Le 5 février 1405 (nouv. st.), le roi Charles VI (en démence depuis 1392) rendit les lettres dont nous avons publié un extrait considé- rable (3). Ces lettres furent promulguées dans un conseil où assis- taient le duc ď Orléans (Louis mort en 1407) et le grand maistre d'ostel . Ce dernier n'était autre que Louis de Bavière lui-même, partie prenante et intéressée dans cet acte abusif et odieux, qui avait été surpris à la religion du roi malade. La fuite du Dauphin, éloigné de Paris sous la conduite de Louis-le-Barbu, etc., que nous

rum , gemmœ, pecunia signata ; illorum numerus , pondera, pretium recenseritur, quae hic scrupulosius referre aiienum esse duxi. Ipse Ludovicus ingenue partim scelere parla , fraude, dolo, vi intercepta; partim sibi a Carolo VI rege Francorurn, reginâ Elisabethà sorore suà, donata esse. Se quoque avare multa fecisse fatetur. » (Page 810.) (1) a.... E turbis Francicis se expediit redux in patriam cum multa gazâ, regis

ac reginœ dono et qusestu suse industri®. Ejus pars visitur liodie lngolstadii et in sacrario OEtinganae Virginis. » (Jo. Aldzreiter, Annales Boïcœ gentis, Francfort, 1710, in-folio p. 139.) (2) Edition Bellaguet, t. Ill p. 295. (3) Revue archéologique , au lieu cilc.

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602 REVUË ARCHÉOLOGIQUE. venons de rappeler, eut lieu vers le 16 août suivant. Dans le cours de la même année 1405, au rapport du religieux de Saint-Denis, un convoi de six chevaux passait par Metz, emmenant en Bavière des richesses distraites du trésor royal par la cupide Isabelle (1), et dirigé vers la Bavière (2).

Il se peut donc parfaitement que, dès l'année 1405, Louis de Ba- vière ait introduit dans sa patrie les joyaux et objets précieux men- tionnés par le chroniqueur bavarois. Mais cette introduction n'a rien de commun avec le fait relatif au dauphin*

Le prétendu envoi de ce jeune prince, par sa mère, en Allemagne, est un roman et ne peut être attribué qu'à une méprise du compi- lateur. La reine, bien loin d'éloigner son fils, avait intérêt à le rap- procher d'elle en ce moment. Car cet enfant était comme le dépo- sitaire de l'autorité royale. La reine voulait le rapprocher d'elle, en effet. Elle l'attendait pour dîner, à Pouilly, vers la moitié du court trajet qu'il restait à parcourir au jeune prince. D'un autre côté, ce fait ne put avoir lieu qu'en 1405, qui est sa véritable date. En 1413, le duc ď Orléans était Charles le poëte. Celui-ci ne pouvait pas jouer le rôle qu'on lui prête et qu'avait rempli son père, le duc Louis, mort depuis six années.

Il faut donc, dans le récit d'Aventin, distinguer nettement deux choses séparées : Io Sortie du dauphin hors de Paris, en 1405 et non en 1413; épisode qui n'a aucun rapport avec la matière de cet article. 2° Introduction en Bavière, par Louis le Barbu, de joyaux provenant du trésor de Charles VI, roi de France. Ce dernier fait, au contraire, est en ce moment le sujet qui nous occupe. Rien n'em- pêche d'admettre que ces trésors furent portés en deux envois, savoir : Tan 1405 et l'an 1413 (3). Ceci expliquerait en partie la con- fusion d'Aventin. Mais cette question est fort secondaire. Je reviens, par quelques observations, sur le fait principal.

Le lecteur est prié de vouloir bien rapprocher l'un de l'autre : Io l'extrait imprimé page 712 de la Revue archéologique ; 2° le pas- sage ci-dessus (p. 599) transcrit d'Aventin. Le premier article : « Io Une grande couronne, appelée la couronne à pierreries à jour ; » puis le second : « item , une couronne d'or appelée la couronne d'épines .... » semblent correspondre à cette désignation, tirée du texte d'Aventin :

(1) Isabelle ou Louis son frère : ces deux personnes sont tout un en telle cir- constance. (2) Tome III (même édition), page 233. (3) Et à plusieurs autres reprises.

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DOCUMENTS RELATIFS AÜX JOYAÜX DK CHARLES Vî. 603

diademata,... aurea. Poursuivons cette comparaison sous la forme synoptique :

Une croix d'or appelée la croix de j Bruges; ( Quinqué cruces (trois autres croix Une croix de cristall garnie d'or à ung f ayant été ajoutées depuis).

crucifix. ] Un reliqnaire d'or, etc. Sigua sacra. Ung image d'or deSUPierre. Simulacra divorum aurea.... Petrům. Ung image de St-Charles, tenant etc. Carolum magnum. S. Miche!.... Michaelem. S. Denis.... autre S. Denis. Dionysios. S. Philippe. Philippum. (1).

Ces points de repère nous paraissent assez remarquables pour conclure à une forte présomption d'identité entre les joyaux livrés en 1405 à Louis de Bavière, et ceux qui subsistaient encore du temps ďAldzreiter, en 1710, à Ingolstadt. Peut-être conserve-t-on dans les archives de Bavière la notice ou inventaire du trésor de Louis le

Barbu, qui existait dans cette ville du temps d'Aventin. Peut-être les joyaux eux-mêmes subsistent-ils dans le trésor du palais royal, à Munich.

Vàllet de Viriville.

(i) « Item ung image ďargent de sainct Loys.... » Cet article ne saurait se re- trouver dans le passage d'A.ventin : celui-ci ne mentionne que des ouvrages d'or.

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