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l dossier l pédagogique l DONNEES INSUFFISANTES POUR REPONSE SIGNIFICATIVE - MAXIME BONDU GAËL GRIVET _ du 15 septembre au 10 novembre 2012 > commissaire invité : Emile Ouroumov l villa l du l parc l centre d'art contemporain 12 rue de genève _ 74100 annemasse tél. + 33 (0)4 50 38 84 61 _ fax. + 33 (0)4 50 87 28 92 [email protected] _ www.villaduparc.org ouvert du mardi au samedi de 14h à 18h30 et sur rendez-vous fermé les dimanche, lundi et jours fériés _ entrée libre

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l dossier l pédagogique l

DONNEES INSUFFISANTES POUR REPONSE SIGNIFICATIVE - MAXIME BONDU GAËL GRIVET _ du 15 septembre au 10 novembre 2012 > commissaire invité : Emile Ouroumov

l villa l du l parc l c e n t r e d ' a r t c o n t e m p o r a i n 12 rue de genève _ 74100 annemasse tél. + 33 (0)4 50 38 84 61 _ fax. + 33 (0)4 50 87 28 92 [email protected] _ www.villaduparc.org ouvert du mardi au samedi de 14h à 18h30 et sur rendez-vous fermé les dimanche, lundi et jours fériés _ entrée libre

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Ledossierd’accompagnementpédagogiqueestconstruitdemanière«stratifiée»ausensoùillivredesclésdelectureprogressiveenregarddel’expositionetdedémarchesartistiques.Ilestconçusousformedefichesdevocabulaire,decitations,d’élémentsdebibliographieexploitableslibrementpourlelecteurquilesouhaite.Unpremierniveaud’approcheestproposé,pointantdesnotionsartistiquesgénéralesàl’œuvredanschaquedémarche.Ilpermetdesituerchaquedémarcheetdel’inscriredanslechampdel’histoiredel’artHISTOIRE DE… permet de saisir les origines d’une pratique artistique, l’émergence d’unmédium, à traversl’histoire.POUR ALLER PLUS LOIN permet d’ouvrir le débat, de pointer d’autres questionnements plastiques,esthétiques.PAROLES D’ARTISTES propose des citations en lien avec la thématique de l’exposition, permettantd’approcher,d’éclairerleproposartistique.L’ABÉCÉDAIREgénéraletspécifiqueregroupedesnotionsinhérentesàchaquedémarche.Cesdernièressontindexéesàunedimensionplussensibleetplusvisuellequelesnotionsgénéralesetproposentlesschémasquiprésidentàlacréationplastique.Levocabulairepermetdefaciliterlalecturedesœuvres.Lesverbesretenuspeuventdésignerdesprocéduresdetravailthéoriquemais,également,desopérationsplastiques.Ilsdécriventdesactionsmisesenœuvredansl’organisation formelle, matérielle, spatiale… de chaque pièce et extrapolent à des domaines parfoistransversaux.SITOGRAPHIE regroupe un ensemble de «signets», de liens permettant de trouver ou de retrouver dessourcesinternetoulivresques.

SOMMAIRE

Histoire de... 03 > 09

Pour aller plus loin 09 > 10

Pistes pédagogiques possibles 11

Paroles d’artistes 12

Le vocabulaire 13 > 18

La sitographie 19

3

HISTOIRE DE… Pour faire le lien entre les démarches artistiques de l’exposition et l’histoire de l’art.

Ars & Tékhnè

Les démarches des artistes Maxime Bondu et Gaël Grivet sont souvent en relation avec les

découvertes géographiques, scientifiques…

L’art a toujours été étroitement lié à la science. Étymologiquement ces deux termes

recouvraient un seul et même sens. Ars1 signifie talent, savoir-faire (résultant d’une pratique de cet art

répétée à travers le, les temps), qualité, habileté mais aussi métier, profession. Tékhnè2 désigne l’art

manuel, l’industrie, l’exercice d’un métier ou d’une industrie voire d’une profession. C’est également

l’habileté à faire quelque chose, où l’habileté manuelle, une disposition à produire, à créer.

Étienne SOURIAU3 définit le mot « art » comme provenant à la fois du latin ars et du grec tékhnè.

L’art emprunte également les réflexions esthétiques inhérentes aux deux termes comme les rapports

à la Beauté, à la nature… L’art, toujours selon SOURIAU nécessite de par son processus

d’élaboration un recours à une inspiration réfléchie, à une technique appropriée et à la finalisation, la

concrétisation de la pensée initiale. Cela va de la cosa mentale, de la pensée créatrice (pure idée) à

sa matérialisation, sa concrétisation physique. Cependant l’art, activité pratique, a tendance à

s’opposer à la science considérée plus généralement comme une activité spéculative. Cette

distinction n’est en réalité pas aussi tranchée, ni définitive, comme le rappelle SOURIAU qui énonce le

fait que l’art peut faire appel ou désigner la connaissance spéculative et devenir un synonyme de

science. L’art est un savoir-faire qui dépasse la science, les connaissances et les procédés appris,

c’est une quête perpétuelle, une recherche formelle, sémantique, philosophique. Plutôt que d'opérer

une division entre les connaissances pures et appliquées, ce terme déconstruit cette distinction car les

connaissances qu'il désigne ne précèdent pas l'acte mais au contraire en découlent.

Tékhnè4 puise son origine dans un verbe très ancien, teuchô, dont le sens central chez HOMERE est

celui de « fabriquer », de « produire », de « construire » ; teuchos c’est « l’outil », « l’instrument »,

c’est aussi l'instrument par excellence : l’arme. Un glissement s’opère au niveau du sens, l’efficacité,

la pertinence de l’acte prime sur sa fabrication matérielle. Dans la période classique, des distinguos

existent entre l’occupation professionnelle lucrative et la volonté désintéressée d’apprendre ; entre

une volonté consciente, calculée, préméditée et un effet tributaire du hasard.

Les deux termes ars et tékhnè ont donc une signification univoque jusqu’à la Renaissance où les

artistes étaient des scientifiques. Léonard De VINCI est le personnage emblématique, un peintre-

inventeur, l’image même de l’esprit universel. C’est un érudit humaniste à l’image des artistes de la

Renaissance. De VINCI est explorateur, théoricien de nombreuses techniques,

scientifique, ingénieur, architecte, peintre, sculpteur, décorateur, etc. Il invente

entre autre un procédé permettant de restituer la vision humaine d’un paysage sur une surface plane,

le sfumato. Ce sfumato ou perspective atmosphérique résulte de l’observation de la nature et d’une 1 Félix GAFFIOT, Le Grand Gaffiot, dictionnaire Latin Français, Hachette, Paris, 2000, page 167. 2 Anatole BAILLY, Le Grand Bailly, dictionnaire Grec Français, Hachette, Paris, 2000, page 1923 3 Étienne SOURIAU, Vocabulaire d’esthétique, PUF, Paris, 1990, pages 166-167. 4 http://www.universalis.fr/encyclopedie/technique/1-le-sens-de-la-technique/

Léonard de VINCI Le parangon

4

volonté de reproduire au plus juste le paysage sur un support bidimensionnel. Il suffit d’atténuer les

zones les plus lointaines, de flouter, d’estomper les éléments de l’arrière plan pour renforcer l’illusion

de la profondeur d’un espace réel.

Quelques démarches artistiques contemporaines … en relation avec la science

Nancy BURSON est une artiste qui s’intéresse aux relations entre l’art et la science, l’art et les

médias, et à l’expérience de la perception, qui questionne l'éthique avec le recours des nouvelles

technologies et des acteurs de la révolution numérique. Elle est l’initiatrice, la pionnière de l'art

numérique et du morphing, des premiers portraits créés par ordinateur avec le MIT (Massachusettes

Institute of Technology). Elle interroge l'éthique, la question de

l'identité et de la perception, l'hybridation et le métissage des cultures,

des genres, des canons de beauté ou de laideur. Elle a collaboré avec

le MIT pour réaliser notamment un programme permettant de vieillir les traits d'une personne,

programme utilisé par la suite par le FBI. Elle manipule les images, fusionne, hybride, clone, métisse,

morphe les visages, les types, à travers nos différences, nos ressemblances, elle questionne l’avenir

de l’humanité. Elle travaille en étroite collaboration avec des scientifiques pour mettre au point ses

œuvres. Elle propose deux images de synthèse, Warhead I réalisée en 1982, un portrait composite

constitué de 55% de REAGAN, de 45% de BREZHNEV et moins d’1% de TATCHER, de

MITTERAND et de DENG ; et Big Brother, STALIN, MUSSOLINI, MAO, HITLER, KHOMEINI, datant

de 1983. À travers ces deux images, collusion, fusion de portraits de plusieurs dirigeants politiques,

elle ouvre le regard, interroge le visage iconique, le « masque » médiatique, la figure politique.

First Beauty Composites, Bette Davis, Audrey Hepburn, Grace Kelly, Sophia Loren et Marilyn Monroe,

1982 est également un portrait composite des actrices précédemment citées afin de tendre vers un

idéal du Beau féminin et de prolonger les questionnements autour de cette notion de beauté. La

beauté existe-t-elle sur un individu unique, ou est-ce une somme d’éléments que l’on ne peut

retrouver que sur plusieurs d’entre eux ?

The Human race machine créée en 1999, et qui fonctionne toujours aujourd’hui, est un dispositif

(photomaton numérique) multimédia permettant de changer les caractéristiques faciales

(pigmentation, traits, etc.). Cette machine dispose de quatre programmes différents. Un programme,

The Age machine permet de vieillir les traits d’une personne ou d’un objet (poupée Barbie). The

Anomaly Machine, permet de réaliser des simulations faciales d’anomalies, tandis que The Couples

Machine, He with She, crée un portrait composite des membres du couple.

Daniel LEE réalise des portraits numériques mi animaliers, mi humains, le tout dans une économie de

moyens (numérique), des simples copier/coller, (technique du cut up inventée

& expérimentée par B. GYSIN/W.S. BURROUGHS) ou pivoter, agrandir lui

suffisent. Il réactive dans une série intitulée Manimals certaines des théories

Un engagement social et artistique

Une attitude subversive

Un Art génétique Des théories de

l’évolution…

5

Darwiniennes. Par exemple, 1949, L’année du bœuf, 1993, 24 X 30 pouces, est une photographie

numérique en couleurs qui témoigne des rapprochements et des filiations génétiques possibles entre

l’homme et l’animal. Dans un petit film d’animation de 1999-2003, Origin, il donne à voir un raccourci

de l’évolution humaine.

Chacun peut se souvenir des progrès de la science, des vives

polémiques soulevées, des problèmes (limites) scientifiques

rencontrés avec la célèbre brebis Dolly (5 juillet 1996 /14 février 2003). En 1996, les chercheurs du

Roslin Institute à Edinburgh annoncent la naissance de Dolly, le premier mammifère cloné de

l’histoire.

Eduardo KAC œuvre dans cette lignée, sur le vivant, il interroge les limites de l’art et de la science (de

la biotechnologie à la génétique), l’éthique, les tabous, les

mutations de l’environnement, à travers des pièces comme

son lapin GFP, Alba en 2000. L’artiste a chargé un laboratoire français de créer un lapin vert et

fluorescent implanté avec un GFP (la protéine fluorescente verte), gène spécifique d’une espèce de

méduse. Ainsi, sous une lumière bleue spécifique, le lapin devient vert fluorescent. Le GFP utilisé

comme un marqueur social, soulève des questions à propos des réactions de la société sur l'idée de

la différence. Depuis la conception d'Alba, GFP Zebrafish a inondé le marché commercial avec sous

un nom déposé, le GloFish. L’artiste prolonge ses expérimentations et ses questionnements avec

d’autres œuvres transgéniques, comme Edunia, sa plante éponyme, véritable néologisme composé

du prénom de l’artiste et du pétunia, Natural history of enigma, 2003-2008.

L’artiste belge Wim DELVOYE s’immisce et emprunte souvent des sentiers extra-artistiques pour

tisser des liens entre l’art et la science, l’art et le commerce. Il réalise en 1999 Cloaca, un tube digestif

artificiel composé de six cloches de verre, reliées entre elles par des tubes, des tuyaux et des

pompes, le tout nourri avec de vrais aliments. Le tour de force de cette œuvre est la simulation de

l’appareil digestif humain. Il semblait au départ impossible de reproduire la complexité et l’intégrité du

fonctionnement de l’intestin (acides, enzymes, flore, bactéries,

processus de digestion, température corporelle, etc.). Pourtant

l’artiste entouré de scientifiques a pu aller au terme de ce défi artistico-scientifique, pour créer une

machine à produire des fèces. Cette machine à créer du cacART s’avère d’ailleurs être une véritable

entreprise cotée en bourse, l’œuvre est l’origine de plusieurs produits dérivés (T-shirts Cloaca, papier

toilette Cloaca, livres autour de Cloaca, des pièces-étrons Cloaca). L’artiste a une démarche

démystificatrice à propos de la société de consommation, de (sur)production…

The CAVE® est un dispositif cubique stéréoscopique 3D immersif crée dans les années 1990. Des

écrans de rétroprojection donnent l’illusion au spectateur/regardeur

de se déplacer dans un environnement à la fois réel et virtuel, celui

Dolly le premier clone de l’histoire

Un art transgénique Limites de l’art et de la science ?

Un Art biotechnologique Démarche critique de la société

Net Art et réalité virtuelle Dispositif contre la violence

6

d’une réalité augmentée. Il y a sur les parois des capteurs permettant d’interagir, de contrôler,

d’orienter les images. Le spectateur est affublé d’un casque de visualisation équipé de lunettes et des

gants de données. L’artiste multimédia Maurice BENAYOUMN poursuit des engagements d’artistes

contre la guerre. Francisco GOYA, Otto DIX, Pablo PICASSO à travers des pamphlets picturaux ont

ouvert la voie. BENAYOUMN œuvre dans l’interactivité, le Net art et le virtuel, un dispositif immersif et

une réalité augmentée. Le World Skin, cave installation, 1997 est une sorte de safari photographique

au pays de la guerre dans l’ancienne Yougoslavie, le tout dans une théâtre de réalité virtuelle

(CAVE®) équipé d’un système de projection 3D immersif. Une expérience collective d’immersion dans

des images, des représentations de la violence.

L’Art et la science sont donc étroitement liés. Les artistes s’appuient sur des démarches et des

découvertes scientifiques pour œuvrer, cheminer sur de nouvelles pistes. Une espèce d’alchimie, une

sorte de symbiose, un genre de synergie résulte des rapports qui s’instaurent entre art et science.

Quand l’artiste ne spécule pas sur celle-ci il l’utilise pour arriver à ses fins 5. L’art est fait de

questionnements, d’errances, de tâtonnements, de découvertes et surtout d’appropriations.

… quelques liens entre l’Art et la géométrie

Sont édictées à la Renaissance certaines règles géométriques (puisées apparemment dans le VIème

siècle avant J.-C.), permettant de bien construire, de composer un tableau, tel que le nombre d’or, la

divine proportion, la section divine et la section d’or. Le nombre d’or est un nombre présidant à

l’harmonie universelle, aux proportions divines régissant les compositions picturales. Il est connoté de

significations mystiques, esthétiques, ésotériques. La section dorée, étaient pour les anciens une des

conditions pour atteindre un beau idéal, un beau harmonieux. Les représentations corporelles sont

également soumises à ces rapports de proportion, d’harmonie idéale dans les canons du corps

humain. Cependant il s’avère que d’autres artistes que les artistes peintres vont recourir à la

géométrie pour nourrir leurs démarches et leurs œuvres.

AU début du XXème siècle les artistes, en phase avec la socièté technologique moderne développent

l'abstraction géométrique qui désigne une forme d'expression artistique très souvent non figurative

dans laquelle se sont illustrés plusieurs courants historiques et qui a recours à l'utilisation de formes

géométriques et de couleurs disposées en aplats dans un espace bidimensionnel. L'Abstraction

géométrique se trouve dès le début dans la plupart des manifestations des " pionniers " de l'Art

abstrait (Kupka, Delaunay, Mondrian à partir de 1913-14 et par la suite le Néo-Plasticisme, l'œuvre

des membres du Stijl- Van Doesburg…

FRANCOIS MORELLET est considéré comme l’un des acteurs majeurs de l’abstraction géométrique

de la seconde moitié du XXe siècle

5 Michel MENU, La couleur et la copie, Art et science, dans la revue indisciplinée Mouvement, page 126, 128 et 129.

7

Michel VENTRONE, érige en 1996 La Porte d’harmonie à Annemasse sur le rond point de la place

Alexandre MORET, est un rectangle tridimensionnel de 9,2 m de haut sur 6,5 mètres de largeur, dont

le rapport de la longueur à la largeur est de 2√. Les rectangles dont les proportions sont définies par

la racine carrée de 2 sont d’une très grande richesse géométrique, presque aussi grande que celle,

plus connue, des rectangles d’or. C’est un rectangle de ce type que nous utilisons tous les jours au

travers de nos feuilles de papier au format A4 et qui surtout servait de format aux peintres de

paysages

Maxime BONDU propose avec Les possibles, une série de reproductions en bois de différentes

formes de dés, un répertoire de formes géométriques liées au hasard, aux probabilités, aux

possibilités, en faisant abstraction de tout signe, de tout marquage de numérotation. Gaël GRIVET

expose un objet mystérieux, un instrument de mesure, comme un vibrant hommage à un inventeur

franco-autrichien, François REICHELT qui a en 1912 crée un type de costume parachute, qu’il a lui

même expérimenté au péril de sa vie. Puisqu’équipé de ce prototype il s’est élancé du haut de la tour

Eiffel et s’est écrasé sur le sol gelé en y laissant l’empreinte de son corps, une empreinte de 14 cm

sous la surface du sol. Quand le double décimètre de l’écolier devient mémoire d’un autre temps.

Des cabinets de curiosité au XVIème & au XVIIème siècle

Les travaux de Maxime BONDU et de Gaël GRIVET sont généralement composés de plusieurs

éléments (documents historiques divers, croquis et notes, travaux réalisés).

Il sont scénographiés (voir vocabulaire) de telle manière que le spectateur est invité à faire des

liens et des associations d’idées entres les différents éléments.

Avant le XVIIIème siècle la conception de l’exposition des œuvres est très différente d’aujourd’hui, les

collections d’œuvres étaient rares. À la Renaissance apparait le cabinet de curiosités, que l’on

considère d’ailleurs comme l’ancêtre du musée (et des muséums). Ce cabinet des curiosités était un

lieu où étaient entreposés, répertoriés, et exposés des objets collectionnés avec un goût pour

l’étrange, l’hétéroclite et l’inédit. S’y trouvaient entre autres des antiquités, des médailles, pièces de

numismatiques, des objets d’histoire naturelles, des coquillages, squelettes ou des œuvres d’art. Ils

ont participé à l’essor de la science moderne malgré une forte influence des mythologies et des

croyances populaires. Ils permettent de cristalliser l’intérêt et l’ambition de comprendre la nature et les

phénomènes étranges, qu’ils soient naturels ou artistiques. Les collections peuvent s’organiser en

quatre catégories. Les artificialia ou mirabilia, les choses étonnantes, admirables, les objets crées ou

modifiés par l’homme ; les naturalia qui rassemblent les animaux naturalisés, insectes, squelettes,

carapaces, fossiles, herbiers, minéraux et les monstres (licorne, etc.) ; les exotica les diverses plantes

et animaux exotiques et enfin les scientifica, les instruments scientifiques. Il apparaît donc que ces

ancêtres des musées avaient pour ambition de satisfaire la soif de découverte, de connaissance et de

compréhension du monde.

8

À la révolution, ces cabinets de curiosités sont rendus

publiques, c’est donc à la fin du XVIIIème et au début du

XIXème qu’apparaissent les muséums et les musées.

Certains artistes créent des œuvres et les exposent dans l’esprit des cabinets de curiosités, les

démarches relèvent d’une approche scientifique mâtinée d’une bonne dose fictionnelle ou

mythologique.

Ainsi au château d’Oiron, le Cocatryx (un hybride ectromélien à alternance dégénérative asymétrique)

de Joan FONTCUBERTA se présente sous la forme d’une installation comprenant 5 photographies

encadrées (50 x 60 cm), de deux radiographies (29,5 x 39 cm) et de deux dessins encadrés (30 x 40

cm), de divers textes et de photographies sous vitrine, de trois panneaux avec des textes imprimés,

d’une vidéo, de son, de divers bocaux remplis de formol. Cette œuvre est une commande publique,

qui illustre la légende autour d’une bête monstrueuse. Sous l’apparence d’un fait avéré, la mise en

scène élaborée permet au spectateur de croire en l’incroyable. L’artiste reprend les codes du discours

scientifiques et parodie la méthode muséologique. Il interroge la vraisemblance de l’image, la

perception et le pouvoir des images ainsi que les différentes stratégies de communication qui flirtent

avec l’aliénation.

Joan FONTCUBERTA et Père FORMIGUERA, forment un duo d’artistes iconoclastes, provocateurs,

se présentent comme des explorateurs qui critiquent à travers diverses œuvres documentaires

fictionnelles et mythologique la société de

communication, critique de la toute puissance de

l’image comme force de persuasion, de

conviction populaire, critique la société des medias. Ils sont photographes, botanistes, zoologues,

paléontologues, ethnologues… Joan FONTCUBERTA diplômé des sciences de la communication est

associé à l'écrivain Père FORMIGUERA, ils créent ensemble des (séries d') œuvres photographiques

fictionnelles questionnant la pertinence, la manipulation de l'information ; les limites et les dérives de

la communication. Voir à ce propos, Les sirènes de Digne, 2000, inspiré d’un scandale récent à

propos d’un fossile forgé par des paysans chinois. Ce fossile serait le chaînon manquant de l’évolution

entre le dinosaure et l’oiseau.

Les deux artistes, BONDU et GRIVET, tirent du quotidien des faits divers, des faits de société qu’ils

mettent en exergue. Maxime BONDU a entre autre recréé L’ampoule de Livermore. Cette ampoule est

un objet symbolique, synonyme de longévité, puisqu’elle est allumée depuis 111 ans sans

discontinuer. Mais cette durée de vie n’est pas rentable économiquement, car confrontés à la chute de

leurs ventes, les principaux fabricants mondiaux de lampes électriques, Philips, Osram, Tungsram et

General Electric forment le cartel Phœbus le 23 décembre 1924.Officiellement Phœbus6 était une

6 http://www.alternatives-economiques.fr/le-cartel-de-phoebus_fr_art_1102_55175.html

Le cabinet de curiosités Précurseur des musées et muséums

Des œuvres documentaires-fictionnelles Des limites de la communication

Manipulation, dérives, (manque de) pertinence…

9

société suisse appelée Phœbus S.A. Compagnie industrielle pour le développement de l'éclairage.

L’oligopole est basé sur l'accord de limiter la durée de vie des ampoules du cartel. Le but est de

stimuler le marché (ventes, bénéfices et actionnaires), de contrôler

la fabrication et la vente des lampes à incandescence (des

sanctions sont même prises contre les fabricants qui produisent des

ampoules d’une durée de vie supérieure à 1500 heures). Cet accord reste dans l'histoire industrielle

comme l'exemple le plus significatif d'obsolescence programmée.

… de certaines relations entre l’Art et les médias

Maxime BONDU et Gaël GRIVET, à l’instar de FONTCUBERTA, réagissent à des faits d’actualité, ils

explorent les limites de la société d’information et de communication, traquant les dérives afin de

mieux les exposer, les dévoiler au public. Il s’agit d’un cheminement empreint de curiosités fondées

sur une démarche empirique.

Gaël GRIVET s’intéresse au fait que - sans images, sans traces visuelles - , l’information n’existe pas.

On peut citer par exemple l’information qui dit que la première marche sur le sol lunaire, le 20 juillet

1969 n’aurait jamais eu lieu. Sur le Net fleurissent des sites alimentant des théories du complot parfois

troublantes qui altèrent la vérité de façon tellement plausible et si vraisemblable que le canular peut

sembler alors être la vérité elle-même, cela s'appelle un hoax.

Gaël GRIVET par exemple essaie de reconstituer un sacorphage de toutes pièces, d’après

l’énigmatique information trouvée dans un hebdomadaire genevois qu’un sarcophage Gallo romain

aurait été retrouvé dans un entrepôt, caché sous une couverture.

Pour le journal bimensuel suisse La Cité, il emprunte une phrase non moins énigmatique à un article

relatant un accident nucléaire et questionne ainsi le spectateur sur la perception souvent partielle de

l’information.

POUR ALLER PLUS LOIN

La science finit par engendrer des flux de données que l'homme ne maîtrise plus. Il est un

moment donné où l'homme n’arrive pas à parer les problèmes et les dysfonctionnements liés aux

effets, aux conséquences de son existence sur la terre. Ainsi apparaît la notion de transhumanité, car

la réalité économique l'impose. Pour (sur)vivre on doit être capable de muter, de s'adapter. Il faut faire

face aux différents et aux profonds changements qui s’opèrent au niveau mondial, à l’échelle de la

1924-1939Le cartel de Phoebus

L’obsolescence programmée

10

planète. Des changements climatiques, des crises nationales ou internationales, des catastrophes

naturelles ou humaines, des détresses sociales et humaines, l’homme, ce transhumain doit s ‘adapter

ou périr.

La solution serait de créer un éco-équilibre, de s’adapter aux lois du marché, aux règles du système

de ce que l’on nomme la globalisation, la mondialisation. Les artistes questionnent donc ce futur …

entre croissance et décroissance, entre high-tech et low-tech, des habitudes doivent être changées

pour s’adapter.

L’artiste est un embrayeur, un témoin, un agitateur qui s’appuie sur l’actualité, les faits divers, le

monde socio-économiques, l’univers politique, la science et la technologie pour permettre des remises

en questions efficaces, citoyennes afin de répondre aux mutations modernes, aux préoccupations

contemporaines.

D’autres auteurs se sont également inspirés d’Isaac ASIMOV et propose à travers leurs œuvres

protéiformes leurs versions, leurs interprétations du réel.

Comme le cinéaste Kike MAILLO, qui a toujours été intéressé par les sciences et par l’art, et ce dès

son plus jeune âge. Frustré de ne pouvoir entamer une carrière dans chacun de ses domaines de

prédilection, il a eu l’opportunité de suivre une formation cinéma, opportunité d’hybrider, de métisser

l’ensemble de ses passions à travers le médium cinéma. Il réalise Eva en 2012, une histoire qui puise

aux sources des mythes grecs et qui empruntent aux univers d’anticipation. Les robots sont partout,

perfectionnés, à notre image et presque « libres », il ne leur manque que la faculté de rêver, une

capacité propre (encore) à l’espèce humaine…

C’est cette formule (et tout ce qu’elle implique) qui permet de désactiver un robot-androïde devenu

incontrôlable, Que vois- tu, quand tu fermes les yeux ?8

L’homme rêve par le truchement des sciences et de l’Art. L’homme se distingue des produits,

des objets qu’il crée, qu’ils soient scientifiques, artistiques, ou une symbiose des deux. Mais ces

produits ne sont pas encore autonomes, même s’ils ambitionnent de l’être…

8 Extrait du film Eva, de Kike MAILLO, 2012.

11

PISTES PÉDAGOGIQUES POSSIBLES Basées sur les compétences disciplinaires artistiques du collège, cela permet d’envisager des pistes

pédagogiques en rapport avec des démarches artistiques de l’exposition en cours…

Niveaux Compétences artistiques validables

Classe de 6ème

- Reconnaître différents statuts de l’objet, les dispositifs de

présentation.

- Connaître et situer chronologiquement quelques œuvres d’artistes liées à la question de l’objet.

Classe de 5ème

L’image et son référent

- Construire une narration à partir d’une ou plusieurs

images.

- Organiser des images dans une intention narrative.

- Reconnaître les statuts des images.

- Connaître quelques œuvres de référence et repérer des créations artistiques dans leur contexte de production.

Classe de 4ème

Les images et leurs relations au réel

- Comprendre les relations entre l’image et son référent.

- Évaluer le degré de virtualité des images.

- Comprendre les enjeux des dispositifs de diffusion et de

perception des images.

- Connaître des œuvres qui questionnent le rapport de simages à la réalité.

- Situer les images dans leur réalité temporelle,

géographique, sociologique, culturelle.

- Décrypter certains codes des images et les utiliser à des fins d’argumentation.

Classe de 3ème

- Produire du sens en disposant des objets, des matériaux,

des volumes dans un espace déterminé.

- Envisager les créations artistiques et architecturales de leur environnement culturel.

12

PAROLES D’ARTISTES

Permet de nourrir et d’enrichir les questionnements sur des notions plastiques, des

démarches artistiques …

Alain BADIOU : L’art doit être aussi solidement lié qu’une démonstration, aussi surprenant qu’une attaque de nuit et aussi élevé qu’une étoile. Charles BAUDELAIRE : L'artiste moderne tire l'éternel du transitoire. Nancy BURSON : Mon travail joue un rôle éducatif autant qu'artistique. En fait, la race est plus sûrement un concept politique et social que génétique. Nous s(h)ommes de nuances… Des nuances de plusieurs couleurs. Nous sommes un. Gilles DELEUZE et Félix GUATTARI : La science n’a pas pour objet des concepts mais des fonctions qui se présentent comme des propositions dans des systèmes discursifs. L’œuvre d’art est quant à elle, un bloc de sensations, c’est-à-dire un composé e percepts et d’affects. Win DELVOYE : Tu sais, c'est comme des trophées, les œuvres d'art. Tu as gagné beaucoup d'argent, alors il te faut un Andy Warhol dans ton bureau pour souligner que tu es sophistiqué, culturel et que tu as du succès et que tu peux le payer. J'ai gardé tout cela - mais j'ai remplacé cet aspect qui fait le prestige dans une œuvre d'art. Marcel DUCHAMP : Somme toute, l’artiste n’est pas seul à accomplir l’acte de création car le spectateur établit le contact de l’œuvre avec le monde extérieur en déchiffrant et en interprétant ses qualifications profondes et par là ajoute sa propre contribution au processus créatif. Scott FISCHER : Les dispositifs d’interface (…) font appel à deux registres sensoriels au moins. Les premiers systèmes s’élaboraient autour d’une articulation étroite entre les sens visuel et kinesthésique. Les systèmes actuels introduisent des dimensions auditives, et parfois tactiles. On peut imaginer que les systèmes futurs utiliseront l’odorat et le goût, le système endocrinien, voire même des prises directes sur le système nerveux humain. Joan FONTCUBERTA : Photographier, en somme, est une façon de réinventer le réel, d’extraire ce qu’il y a d’invisible dans le miroir et de le révéler. Pour moi le simulacre doit être orienté dans trois directions par rapport au réel : la critique, la parodie ou la déconstruction. Je crois que la mise en question de toute forme d'autorité est le premier devoir de l'artiste : pour que celle-ci ait un sens et soit prise au sérieux, l'artiste doit commencer par mettre en doute l'autorité qui lui est la plus proche, celle des institutions artistiques elles-mêmes. John HAERTFIELD : Utiliser la photographie comme une arme !

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Serge LATOUCHE : Celui qui croit qu’une croissance infinie sur une planète finie est possible est soit un fou, soit un économiste, le problème c’est que nous sommes tous devenus des économistes. Abraham MOLES : L’image scientifique : technique, médicale, géographique, est (…) à l’origine même de ce que nous appelons ici l’art à l’ordinateur. Antoni MUTNTADAS : On parviendra (…) à une image qui sera composée de tellement de choses qu’elle aura des éléments provenant des ordinateurs, de la photographie, du cinéma, de la vidéo, etc. Il n’y aura plus d’image toute seule, mais une image très dense, à décoder. Tony OURSLER : Je voulais travailler à quelque chose de plus moderne que la peinture, dans une forme qui soit le vrai support de l’image du XXème siècle. (…) J’ai donc commencé à réaliser des vidéos… Nam June PAIK : À l’époque, la technologie fut tout à fait primitive. Notre travail voulait déranger, délibérément. Sur le plan électronique, j’étais un rebelle, j’occupais le rôle d’un trouble-fête. Tout est invention pure, tout se produit à partir d’un entrelacement électronique et artificiel (…). Ce n’était donc pas l’image qui m’intéressait mais la fabrication de l’image : les conditions techniques et matérielles de sa production, autrement dit l’exploration horizontale et verticale. Pablo PICASSO : La peinture n’est pas faite pour décorer les appartements. C’est un instrument de guerre offensive contre l’ennemi. Pipilotti RIST : Les installations vidéo peuvent tout contenir, comme un sac à main : peinture, technique, parole, musique, mouvement, images moches et fluides, poésie, vitesse, pressentiment de la mort, sexualité et gentillesse. Nicolas SCHÖFFER : Désormais, on ne peut plus trancher de façon nette et décisive entre le visuel et le sonore. L’ordinateur est là pour nous mener à cette perception et à cette création synthétiques et totales qui apparaissent nettement comme le stade actuel et surtout futur de la créativité humaine. Christa SOMMERER et Laurent MIGNONNEAU : Ce sont les spectateurs qui, par le biais de l’interaction, donnent forme au processus artistique. Nos installations ne sont donc pas statiques, prédéfinies et prévisibles, mais apparaissent plutôt comme les traces d’un processus vivant. Léonard De VINCI : Le peintre doit tendre à l’universalité. La science est le capitaine, et la pratique, ce sont les soldats. Bill VIOLA : La technologie constitue une des clés (…) de toute activité artistique. C’est à la fois un moyen et un obstacle à l’expression de nos idées. Cette tension est tout à fait vitale pour toute œuvre d’art. Win WENDERS : Avec l’image numérique, le rapport image-réalité est cassé pour toujours. Nous approchons d’une époque où personne ne pourra dire si une image est vraie ou fausse.

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L’ABECEDAIRE

> Abécédaire général

_ Champ : terme (photographique ou cinématographique) qui renvoie à l’ensemble des éléments perceptibles, visibles dans l’espace diégétique, sur la surface écranique délimitée par le cadre que le spectateur peut contempler.

_ Clonage : c’est la formation d'un clone, c'est-à-dire d'un groupe d'individus génétiquement semblables.

_ Diffusion : mise à disposition, par la mise en onde ou en ligne, d’informations et d’œuvres sonores, télévisuelles ou numériques. Les œuvres numériques disponibles sur le web relèvent du net art.

_ Entropie : désigne dans la théorie de la communication l’incertitude de la nature exacte, de la teneur même du contenu d’un message lorsque celui-ci est un dérivé d’un message original, initial. L’entropie de SHANNON permet de quantifier le contenu moyen en information dont le codage informatique doit répondre à une diffusion statistique précise. Cette entropie de SHANNON est employée dans le cadre de la théorie de l’information en informatique. En écologie, l’entropie est une mesure de la biodiversité (diversité naturelle des organismes vivants, écosystèmes, espèces, populations, etc.).

_ Expérience : pratique, épreuve de quelque chose qui aboutie à une connaissance, une habitude.

_ Fragment : morceau, partie, élément, reste de quelque chose, d’un tout, d’une unité préalable.

_ Gabarit : modèle utilisé pour tracer, créer, fabriquer, confectionner certains objets suivant des dimensions, un profil paramétré.

_ Hors champ : terme cinématographique (également appelé extra diégétique) désignant un élément existant dans l’univers filmique mais qui n’est pas visible à l’écran.

_ Implantation : localisation dans un espace défini en fonctions des caractéristiques propres au lieu.

_ Intégration : opération qui introduit un élément étranger à une entité constituée, modifiant ainsi du même coup l'élément et l'entité initiale.

_ Média : provient de l’abréviation de la locution mass media. Cela renvoie aux différents procédés (presse, cinématographie, affichage, radiodiffusion, télédiffusion, télédistribution, télématique, télécommunication, réseaux internet, vidéographie) permettant la distribution, la diffusion, la communication d’œuvres, de messages, de flux d’informations audiovisuels ou sonores.

_ Mémoire : trace, image mentale conservée lors d’événements précis, de faits particuliers. Un engramme est une trace mnésique résultante d’activités passées, de stimulations antérieures.

_ Obsolescence : planification industrielle pour limiter sciemment la durabilité, la durée de vie des objets en empêchant les progrès technologiques pour les rendre plus performants.

_ Parangon : c’est un modèle (de vertu), un exemple idoine.

_ Pérenne : signifie qui dure dans le temps, c’est l’opposé d’éphémère.

_ Procédé : manière, façon de pratiquer.

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_ Processus : ce qui caractérise une action en train de se faire, une œuvre en train de se créer.

_ Réalité augmentée : par système de réalité augmentée, on entend un système informatique qui rend possible la superposition d'un modèle virtuel 3D ou 2D à la perception que nous avons naturellement de la réalité. Le concept de réalité augmentée vise donc à compléter notre perception du monde réel, en y ajoutant des éléments fictifs, non perceptibles naturellement.

_ Réalité virtuelle : simulation informatique interactive, immersive et sensorielle, d’environnements réels ou imaginaires. "Réalité" ne s'opposant pas à "virtuel" mais à " fiction", l'expression n’est pas un oxymore. Composante de la réalité, le virtuel est, selon Maurice BENAYOUN, « le réel avant qu'il ne passe à l'acte ».

_ Référent : objet, sujet, élément réel ou imaginaire auquel renvoie une représentation.

_ Représentation : la représentation consiste à faire apparaître l'image d'un objet, d’un personnage, d’un paysage, d’un concept, etc.

_ Science-fiction : genre littéraire et cinématographique basé sur l’imagination de mondes, de sociétés, de civilisations, d’êtres situés de façon uchronique, utopique, futuriste avec des paramètres scientifiques, techniques, technologiques différents, alternatifs (supérieurs ?).

_ Série : ensemble ou suite d'éléments de même nature ou possédant des points communs (portraits, images, objets, etc.). C'est une suite hiérarchisée ou non, par opposition à la suite ordonnée qui constitue une séquence.

_ Stéréoscopique : mode de perception basé sur la reproduction d’un élément en volume, en relief conséquence d’une observation binoculaire (deux yeux) contrairement à l’observation monoculaire (un œil).

_ Stroboscopique : désigne l’observation de phénomènes répétitifs, périodiques rapides.

_ Structure : organisation d'éléments indépendante de leur quantité et de leur environnement dans laquelle c'est le mode de combinaison qui prime.

_ Sublime : élément moral, intellectuel ou esthétique considéré comme le plus élevé, qui incarne (l’idée de) la perfection.

_ Tautologie : (re)formulation logique universelle, procédé rhétorique consistant à répéter la même idée, la même image de façon évidente, redondante, rigoureuse, il acquiert une certaine valeur en dépassant le sens littéral.

_ Transsubstantiation : désigne le changement d’état, la métamorphose d’une substance en une autre plus noble.

> Abécédaire artistique spécifique

_ Altération : opération qui consiste en une légère modification d'une des caractéristiques plastiques d'une partie ou de la totalité d'une œuvre, par exemple de la surface (matière), de la forme ou de la couleur. En arts plastiques, ce terme n'a pas nécessairement la connotation négative que le sens commun lui accorde.

_ Appropriation : procédé qui consiste à utiliser une œuvre existante, un objet, une démarche, etc. voire à les citer.

_ Architecte : individu qui conçoit des maisons, des édifices, des monuments, etc. L’architecte organise l’espace privé comme l’espace public en fonction de besoins définis. Il lui arrive de travailler en collaboration avec l’urbaniste (celui qui conçoit des ensembles de maisons, quartiers, cités, etc.).

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_ Citation : pratique d’un artiste qui consiste à se tourner vers l’œuvre d’un autre artiste pour nourrir sa réflexion, sa démarche et sa pratique.

_ Collection : désigne l’ensemble des éléments possédant un point commun. Cela peut également évoquer l’ensemble des œuvres d'art possédées par un musée (les musées nationaux et les FRAC conservent les collections publiques) ou un collectionneur privé.

_ Collection permanente : ensemble d’œuvres d’art attribuées à un fonds déterminé, un musée attitré.

_ Cyanotype : ancien procédé de reprographie monochrome (mise au point en 1842 par John Frederick William HERSCHEL) consistant à exposer une surface, comme un papier recouvert d’une substance photosensible, qui couverte d’un calque permet de reproduire une image.

_ Démarche : désigne la manière employée pour aboutir à un résultat. Cela recouvre donc la succession de choix accompagnant la conception, la réalisation et la création, voire la diffusion d’une œuvre selon un cheminement singulier, personnel, propre à l’artiste.

_ Dispositif : ensemble de moyens de nature diverse permettant de mettre en œuvre une forme, une action ou une idée. Terme utilisé pour désigner des productions artistiques contemporaines investissant l’espace d’exposition de manière planifiée.

_ Échelle : c’est un rapport entre les dimensions réelles d'un objet (bâtiment, paysage) et celles de sa représentation (carte, plan, maquette), ce qui permet, par comparaison, d'évaluer un ordre de grandeur.

_ Éphémère : c’est unenotion renvoyant à la courte durée de vie de certaines œuvres. L’artiste peut délibérément choisir de limiter cette durée. Ainsi peut-il utiliser les différentes possibilités de dégradation des matériaux au cours du temps ou encore réaliser une œuvre ponctuelle telle que l’action, l’event, la performance ou l’installation (Richard LONG, Line made by walking, 1967, Land Art).

_ Exposition : événement qui permet de présenter, de donner à voir, de rendre visible, de révéler afin d’attirer l'attention et le regard d’un public sur des objets artistiques, dans un lieu spécifiquement dédié, institutionnel (muséal) ou non (Exemple d’un espace public : Allotopie, de Roberto MARTINEZ).

_ Forme : qu'elle soit figurative ou non, figure dont les limites, le contour ou la silhouette sont identifiables. c’est une structure identifiable dont les parties ne sont pas nécessairement dans une contiguïté spatiale (la forme d'une constellation est indépendante d'un quelconque contour), ni temporelle (certaines formes musicales).

_ Hétérogène : signifie disparate, hétéroclite, constitué de parties ou d'éléments de natures différentes. L'hétérogénéité des œuvres est l'une des caractéristiques de l'art depuis le début du XXème siècle. La juxtaposition et l’assemblage rompent avec l’unité des œuvres du passé (Robert Longo).

_ Homogène : désigne un ensemble de structure uniforme, dont les éléments constitutifs sont de même nature ou répartis de façon uniforme ou encore constituent un tout cohérent.

_ Image : représentation d’un réel ou d’un imaginaire. Il existe des images fixes (photographies, peintures) et des images animées (films, vidéo) ; des images matérielles (qui ont une réalité concrète) et des images immatérielles, dites parfois virtuelles (qui n’existent que par une projection lumineuse ou un effet optique par exemple). Il importe également de distinguer le statut des images : les images artistiques, documentaires ou de communication visuelle par exemple ; ou encore leur mode de fabrication : les images photographiques, peintes ou numériques.

_ Installation : cela renvoie à la disposition de matériaux et d’éléments divers dans un espace, mais aussi à l’œuvre ainsi obtenue. C’est également un mode d'expression artistique apparue au troisième tiers du XXème siècle.

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_ Monument : pièce, élément, ouvrage d’architecture, de sculpture, inscription dans un lieu généralement public destiné à solliciter la mémoire et le souvenir d’un personnage, d’un événement particulier.

_ Motif : modèle ("peindre sur le motif" = peindre dans la nature même) ou thème plastique d’une œuvre ou d’une structure graphique ornementale répétitive.

_ Muséographie : rassemble les notions, les pratiques relatives à l’exposition, à la présentation et à la conservation pérenne d’œuvres dans l’espace muséal.

_ Objet : produit de l'activité humaine, créé et fabriqué dans un certain but fonctionnel ou esthétique. Introduit dans la peinture par les cubistes Georges BRAQUE et Pablo PICASSO, détourné par Marcel DUCHAMP dans ses ready-made, mis en scène dans les installations et les environnements, l'objet occupe une place majeure dans l’art depuis le début du XXème siècle.

_ Paysage : représentation d’un site ou d'un espace réel ou imaginaire, figuratif ou non figuratif, par la peinture, le dessin, la photographie, etc. ou le genre artistique.

_ Photographie : art et techniques de l'image capturée grâce à l'action de la lumière sur un support sensible (plaque, pellicule). Image réalisée avec une des techniques photographiques : photographie noir et blanc, en couleurs, brute ou retouchée, argentique ou numérique, obtenue avec ou sans appareil de prise de vue, sténopé, tirage cibachrome, photogramme, diapositive, etc.

_ Plan : représentation graphique d’un ensemble de constructions, d’un bâtiment, d’une machine, d’une ville, etc. En architecture, le plan libre refuse la prédétermination des formes et des fonctions de l'espace intérieur à construire et ne prévoit en conséquence que la structure, par exemple les dalles, les piliers, les murs rideaux (concept important dans l’œuvre de Le Corbusier). Dans la perspective, les plans sont des surfaces parallèles, échelonnées, fuyantes ou frontales (c’est-à-dire perpendiculaires à l'axe de vision du spectateur).

_ Projet : terme récurrent dans le domaine pédagogique comme dans celui de l'art. En arts plastiques, il désigne la conception d'une œuvre en devenir ou bien l'ensemble des traces préparatoires d’une œuvre (un projet de Christo et Jeanne-Claude).

_ Triptyque : depuis l'ère médiévale, triple panneau peint ou sculpté à deux volets repliables sur le panneau central ; au sens large, on peut trouver ce terme pour désigner une image en trois parties.

_ Urbanisme : art de penser (et de créer) les espaces collectifs comme la cité, le village, la ZAC (zone d'activité concertée).

> Verbes

Les verbes retenus peuvent désigner des procédures de travail théorique mais, également, des opérations plastiques. Ils décrivent des actions mises en œuvre dans l’organisation formelle, matérielle, spatiale... de chaque pièce et extrapolent à des domaines parfois transversaux.

_ Affabuler : présenter, arranger, déformer des faits de manière irrationnelle, imaginaire, fictionnelle.

_ Camoufler : action de maquiller, déguiser, occulter, dissimuler un élément, un objectif, un fait.

_ Cicatriser : fermer, ressouder, apaiser, guérir, « effacer » une coupure, une plaie, une déchirure.

_ Citer : action d’utiliser, de nommer, de mentionner, d’assigner une paternité, de créer une occurrence ou une dialectique entre sa pratique et celle d’un autre artiste.

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_ Construire : assembler, bâtir, créer, édifier, élaborer, fabriquer, hybrider, métisser différents éléments pour former un ensemble, un tout, une unité, une réalisation.

_ Déplacer : altérer, bouger, changer, modifier, mouvoir, quelque chose de place pour le mettre ailleurs.

_ Extraire : action d’extirper, d’ôter, d’obtenir, de prélever, de retirer, de soutirer, de tirer un élément d’un ensemble, d’une unité, d’une localité.

_ Fragmenter : partager, réduire en petits éléments.

_ Réverbérer : surface qui va retourner, renvoyer, répercuter la lumière, la chaleur, le bruit.

_ Recueillir : action d’obtenir, de prendre, de récupérer, de ramasser, de rassembler, de regrouper, de recevoir quelque chose.

_ Répertorier : classer, consigner, dénombrer, inscrire, lister, noter quelque chose.

_ Reproduire : refaire, créer de nouveau, s’approprier un élément en le copiant, en le citant.

> Abécédaire artistique spécifique en regard des démarches exposées :

Regroupe des notions inhérentes à chaque démarche. Ces dernières sont indexées à une dimension plus sensible et plus visuelle que les notions générales et proposent les schémas qui président à la création plastique.

1/ à la démarche de Maxime BONDU

- Artistes de références, Ryan GANDER, Aurélien FROMENT, Roman SIGNER - Hasard - Liens art/littérature, « jeu » des citations - Miroir mimétique - Mise en œuvre d’une esthétique spéculative de la découverte - Mode d’exploration scientifique - Processus Trial and error, construction empirique - Sculptures documentaires

2/ à la démarche de Gaël GRIVET

- Démarche comparative, d’extraction - Hommages à des artistes tels Jackson POLLOCK, John CAGE, Robert RAUSCHENBERG ;

hommage à un personnage de BD, Gaston LAGAFFE - Mise en boucle, tautologie - Posture de chercheur d’art, d’archéologue - Processus mnémonique - Rapports nature/culture - Réalité amplifiée - Récits inspirés, renvoyant à une nouvelle de Sir Arthur Conan DOYLE, - Questions liées aux médias, perception et diffusion de l’information, entre vraisemblance,

véracité et fiction…

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SITOGRAPHIE

Site officiel de Maurice BENAYOUN http://www.benayoun.com/ Site officiel de Nancy BURSON et site académique autour de son œuvre http://nancyburson.com/pages/fineart.html http://www.pedagogie.acnantes.fr/59122453/0/fiche___ressourcepedagogique/&Rs=116202%208584671 Cabinets de curiosités http://agoras.typepad.fr/regard_eloigne/cabinets_de_curiosites/ http://curiositas.org/ http://www.lecabinetdecuriosites.eu/home.html Cinéma, champ et hors champ, cadre… http://www.cineclubdecaen.com/analyse/horschamp.htm http://www.cineclubdecaen.com/analyse/cadre.htm Honoré DAUMIER http://www.bm-lyon.fr/expo/08/daumier/biographie.php http://expositions.bnf.fr/daumier/pedago/02_1.htm Site officiel de Win DELVOYE http://www.wimdelvoye.be/ Dolly http://www.chambon.ac-versailles.fr/science/faune/elev/clon.htm http://www.universcience.fr/fr/science-actualites/actualite-as/wl/1248100253198/clonage-une-histoire-de-genes/ http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/vie-1/d/mort-de-dolly-la-premiere-brebis-clonee_1709/ Site officiel de Joan FONTCUBERTA, Les sirènes de Digne, http://www.fontcuberta.com/ http://cielvariablearchives.org/en/component/content/article/1433-joan-fontcuberta-volte-face-a-lenvers-de-la-science-les-lecons-de-lhistoire.html Château d’Oiron et son cabinet de curiosités, Joan FONTCUBERTA et son Cocatryx http://www.oiron.fr/collection-art-contemporain-visite-chateau.html Site à propos d’Aurélien FROMENT http://marcellealix.com/artistes/oeuvres/181/aurelien-froment http://www.fiac.com/froment-bio-fr.html#.UF15AxhZoZ0 http://www.biennaledelyon.com/2011/scolaires/aurelien-froment.html Site à propos de Ryan GANDER https://palaisdetokyo.com/fr/exposition/bibliotheque-dartiste/ryan-gander http://www.gbagency.fr/#/fr/251/Ryan_Gander/ http://videos.arte.tv/fr/videos/jean_max_colard_ryan_gander--6771244.html Site d’Hoax Buster permettant de vérifier les canulars sur le web http://www.hoaxbuster.com/ Site officiel d’Eduardo KAC http://www.ekac.org/ Bio-art http://www.ekac.org/transgenicindex.htmlhttp://www.tela-botanica.org/actu/article4367.html Site officiel de Daniel LEE http://www.daniellee.com/Site officiel de Roman SIGNERhttp://www.romansigner.ch/