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DORIANGRAY MAGAZINE #1

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DORIANGRAYMAGAZINE est un concept de web magazine culturel et mode né de l'insatisfaction et l'idéalisme caractéristiques des 18/28. Il se donne pour ambition de proposer des articles divers et complets, mais surtout intelligents, drôles et branchés. Mode, culture, art, littérature et même philosophie et politique, DORIANGRAY se veut touche à tout et ouvert d'esprit. Si vous souhaitez participer à notre expérience créative, contactez-nous à [email protected].

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Origine ; nf filiation, ascendance, généalogie, souche, source, racine, commence-ment, naissance, berceau, fonde-ment, cause, source, provenance, genèse

Commencement, première appari-tion ou manifestation de quelque chose.

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EDITO

AU PREMIER JOUR DE CETTE NOUVELLE ERE POST APOCA-LYPTIQUE, DORIAN GRAY RENAÎT TOUT JUSTE DE CES CENDRES, PHOENIX MAJESTUEUX.

LE NUMERO 0, C’EST LA GENESE, LE COMMENCEMENT DE TOUTE CHOSE.

DE BOUE MALLEABLE ET DE POUS-SIERE, DORIAN EST NE. ERIGE DE LA TERRE, FIER ET MONSTRUEUX, VOICI LE PREMIER CHAPITRE DE SA FORMATION:

L’ORIGINE.

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SOMMAIREShooting Carlo Amen

FORMA The Gold Tiger The Victoria Secret Show Shooting Poetic Origin

EVENTUM Lancement d’Alexander Wang Be Street Weeknd

POLITICA Chronique D’Anges Heureux

MUSICA L’âge d’or du Rock’n’Roll BB Brunes French Films Why? The XX Les chemins musicaux de la rédemption

THEATRUM Tim Burton Après Mai

PHILOSOPHIA Ah Camus...

Israël

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SHOOTING CARLO AMEN

amenblogspotcom.blogspot.com

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FORMA

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THE GOLD TIGEROn te voit de plus en plus présente sur la blogosphère. Et ton univers inspire de plus en plus de lecteurs chaque jour, alors, dis-nous, com-ment as-tu débuté cette aventure? Pourquoi The Gold Tiger comme nom d’ailleurs? J’ai débuté cette aventure il y a mainte-nant deux ans, j’ai toujours été passion-née par la mode et j’avais envie de le partager avec un lectorat, puis ça a plu et j’ai continué. Alors le nom du blog fait référence à la première bague que je me suis achetée : une grosse tête de tigre en or aux yeux rouge grenat.

Et d’où tires-tu principalement ton inspiration?De tout ce qui m’entoure, de la mu-sique, les magazines, tumblr... On peut voir ici mon univers :http://www.thegoldtigerblog.com/2012/12/inspira-

tions.htmlhttp://www.thegoldtigerblog.com/2012/11/fresh-

ness-is-back.html

Ta playlist de Noël?A voir sur mon blog, j’ai fait une selec-tion, disponible sur la page : http://www.thegoldtigerblog.com/2012/12/playlist.html

Quel est le cadeau dont tu rêves? Mmmm, difficile comme question ! Une paire de talons Giussepe Zanotti à plate-forme !

Sinon, maintenant que tu habites à Paris, la magie de Noel doit bien opé-rer ! Alors, quel serait le meilleur en-droit pour passer le réveillon?A Perpignan avec ma famille, car cela fait presque 4 mois que je ne les ai pas vus depuis que je vis à Paris !

Des scoops pour l’année à venir?Une exclusivité pour Noël pour ton magazine: de nouvelles associations, shoots, interview et la publication dans un magazine, mais ça, vous verrez plus tard.

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Interview The Gold Tiger Devi Boscolo-Thiounn

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VICTORIA SECRETCe 4 décembre était diffusé comme chaque année le très célébre Victoria Secret Show sur la chaîne américaine CBS. Comme toujours, les sublimissimes «anges» rivali-saient de perfection dans des tenues plus exentriques les unes que les autres. Cette année, le défilé s’est découpé en 6 thèmes:

- CircusLe show s’ouvre sur un spectacle d’acrobaties impres-sionnant. Les modèles sont parées de capes rouges, de masques, de serpents étincelants...

- Dangerous LiaisonsD’inspiration baroque et glamour à la française, le thème fait échos au roman de Choderlos de Laclos. Définitive-ment le thème le plus sexy, les anges défilent en corset et ensemble à coutures dorées, comme des dorures. - Calendar GirlsComme son nom l’indique, ce thème met à l’honneur chaque mois de l’année. On retiendra surtout mademoi-selle Juillet, qui célébre la fête nationale des Etats-Unis, et Août, sublime dans son maillot de bain rétro.

- PinkPour cette série un peu décevante, les modèles portent des tenues très sucrées, enfantines ; comme une combi-naison d’intérieure à imprimé léopard.

-Silver Screen AngelsLes sublimes filles de Victoria Secret sont parées d’étoffes, de tissus brillants, de plumes et de strass ; dans les tons bleu, blanc et argent.

- Angels in BloomEnfin, une des séries préférées de Dorian, les anges ar-borent des tenues florales: nénuphars, orchidées, coque-licots, trainées de petites fleurs violettes... A cette occa-sion, le modèle Alessandra Ambrosio porte l’ensemble le plus précieux du défilé, d’une valeur de 2.5 millions de dollars.

En guest stars, Rihanna, sublime, a offert une incroyable prestation au milieu du catwalk parmi les modèles, ainsi que le très célébre Justin Bieber et le chanteur Bruno Mars.

Hormis l’enthousiasme un peu ridicule des modèles pour Justin Bieber (et l’exitation à peine feinte de celui-ci, nous rappelons son jeune âge), Dorian Gray a adoré ce show qui mérite bien sa renommée grandissante d’année en année, et pour lequel la marque à déboursé près de 12 millions de dollars.

Sharon Gray Sorel

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EVENTUM

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Lancement Alexander WangDorian Gray était à L’événement modes-que à ne pas rater avant les fêtes.

Et oui, Alexander Wang le styliste frai-chement arrivé chez Balenciaga a vu sa nouvelle collection être accueillie par la Boutique KABUKI.

Pour célébrer tout ça, du bon son, du champagne et quelques happy few.

Quant à la collection, du noir, du noir, du noir, des mélanges de matières, des coupes hyper travaillées et quelques couleurs pour nous surprendreet nous ravir.

Si vous l’avez raté on est sympa et on vous rapporte quelques photos de cet événement pour que vous puissiez apprécier comme nous ses dernières créations.

Kabuki 21, rue Etienne Marcel PARIS 7500113/12/12

Melissa Beldent

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En regardant autour de nous, nous ne trouvâmes pas que des trentenaires désespérément en quête de style, mais des familles avec enfants en bas âge, des couples de sexa-génaires, des adolescents.

C’est dans cette ambiance hétérogène et décontractée que l’on a pu flâner entre les différents stands, proposant des vêtements de bonne qualité, bijoux et autres accessoires. Après avoir laissé nos manteaux encombrants au vestiaire mis à disposition et fait une queue de bien une heure –c’est le prix à payer pour une coiffure gratuite !- nos che-veux furent pris en main par les coiffeurs de Tony & Guy, tressant ça et là les mèches de chacune, et toujours avec le sourire.

Gratuitement également, des maquilleuses étaient pré-sentes pour transformer les petits, aux anges, en vampires, papillons, selon la fantaisie du moment. Pour leurs ma-mans, c’était manucure et pose de vernis. Même un stand de tatouages éphémère occupait un petit coin du sous- sol.

Brunch Bazar de NoëlSi on m’avait demandé de relever le mot le plus prononcé au cours du Brunch Bazar qui eut lieu au Palais de Tokyo les 15 & 16 décembre, j’aurais dit, sans hésitation aucune, ce qui apparaît comme l’évidence : « hipster. » Ce satané mot est certes partout, dans toutes les rues et toutes les bouches –et semblerait-il, dans cet article éga-lement- mais cette fois et à la grande surprise de tous, il fut à la forme négative : non, le brunch bazar n’est PAS un énième repère à hipster. Mais cela, rien n’aurait pu nous l’indiquer avant de nous y rendre.

Les précédentes éditions de l’événement ont en effet eu lieu dans des endroits assez symptomatiques : d’abord le Garage dans le Marais, puis au tout jeune mais déjà bien stéréotypé Wanderlust. Perspective peu ragoûtante, donc, d’assister à la défloration du Palais de Tokyo, lieu d’art, lieu de sens, et de le voir lui aussi, dépersonnalisé par une classe sociale de moutons, bêlant au swag et à l’anti mains-tream. L’organisatrice, ex directrice de communication du Palais de Tokyo, répond au nom de Nadège Winter, rappe-lant tragiquement une certaine Ophélie. Pris de panique nous avons cherché à en savoir plus au sujet de ladite Win-ter, et en googleisant son nom nous ne trouvâmes aucun lien avec la talentueuse chanteuse, mais une interview sur Glamour -haute référence, comme chacun le sait, dans le domaine de l’art et de la culture. Nous y apprîmes que Nadège adore les sacs Céline, que son mari est un réel cordon bleu, et Joey Starr, un ami du couple.

Vous lisez toujours ? Il serait dommage de s’arrêter là, car malgré tous ces a priori repoussants, le Brunch Bazar ne reflète pas tout à fait ce qu’il est réellement. En laissant à la porte toute expectative négative, nous nous sommes contentés de regarder ce qu’il en est, et voici les faits.

Le sous-sol du Palais de Tokyo investi par des créateurs, jeunes personnes pour la plupart, d’horizons bien diffé-rents les uns des autres, venant de Los Angeles comme du fin fond de la Bretagne. Des stands Kenzo, Uniqlo, comme de la fripe dans l’esprit vide-dressing cohabitent allègrement, les prix varient, les profils également. Seul point commun entre les vendeurs, « on a eu la place parce qu’on connaît quelqu’un qui connaît Nadège ». Anyway.

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Dans un autre grand hall se trouvait l’espace entièrement réservé aux enfants, où se mêlaient kiosques à fleur, tables de ping pong, marchands de barbes à papa, glaces GROM et nourriture argentine. L’appellation brunch est pour le coup assez mensongère, outre ces quelques stands pro-posant de la nourriture –et aux prix assez élevés- et le restaurant du palais –aux prix encore plus élevés- on re-trouve avec peine le concept de brunch. D’un autre côté après avoir vu Johnny Halliday déambuler près du stand de tricot, on se doit de se demander « mais c’est quoi ce… bazar ? »

En somme une agréable surprise que ce Brunch Bazar de Noël, où les personnalités débarquent avec leurs enfants, l’air de faire leur marché, où chacun dans sa diversité ap-porte quelque chose, simplement et avec bonne humeur. Le ticket pour le Brunch Bazar permet également de vi-siter les expositions du palais de Tokyo (en ce moment « Imaginez l’imaginaire ») et peut-être, de susciter la curiosi-té et en faciliter l’accès à un plus vaste public.

Clou du spectacle, l’apparition de Joey Starr (tiens, tiens ) en chauffeur de salle le samedi soir, et le DJ set de clôture avec Cassius.

En espérant que Winter ne nous fasse pas attendre l’hiver prochain pour une ultérieure édition.

Tatiana Delaunay

En regardant autour de nous, nous ne trouvâmes pas que des trentenaires désespérément en quête de style, mais des familles avec enfants en bas âge, des couples de sexagénaires, des adolescents. C’est dans cette ambiance hétérogène et décontractée que l’on a pu flâner entre les différents stands, proposant des vêtements de bonne qualité, bijoux et autres accessoires. Après avoir laissé nos manteaux encombrants au vestiaire mis à disposition et fait une queue de bien une heure –c’est le prix à payer pour une coiffure gratuite !- nos cheveux furent pris en main par les coiffeurs de Tony & Guy, tressant ça et là les mèches de chacune, et toujours avec le sourire. Gratuite-ment également, des maquilleuses étaient présentes pour transformer les petits, aux anges, en vampires, papillons, selon la fantaisie du moment. Pour leurs mamans, c’était manucure et pose de vernis. Même un stand de tatouages éphémère occupait un petit coin du sous- sol.

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Cette année le rendez-vous annuel de la Be Street a pris place à la cité de la mode et du design, un lieu à la hauteur de l’événement où art, mode et musique se mélangeaient pour mettre à l’honneur le style urbain sous toutes ses formes.Pour l’occasion le premier étage des docks abritait un pop-up store géant où plus de 50 marques étaient présentes.En somme, pleins de trucs cools et on vous fait un petit focus sur une marque qui nous a particulièrement plue pour vous dénicher les plus belles pièces du hipster et vous démontrer que le bonnet Carhartt seul ne suffit pas.

-Tealer est une jeune marque qui a réussi à se tailler une sacrée réputation en très peu de temps grâce à ses prints et son univers décalé. Faiseurs de hits textiles, ils dealent leur came et leurs vêtements dans tout Paris grâce à leurs « dealers » (ou Tealers).http://tealer.fr/

Be Street Weeknd

Cité de la Mode et du Design36 Quai d’Austerlitz75013 Paris 15 et 16 décembre 2012

Melissa Beldent

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POLITICA

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Si notre président et son gouvernement avait cherché un moyen de camoufler quelque peu leurs tâtonnements, hésitations, contradictions, et autres reniements, ils n’au-raient pu imaginer meilleur rideau de fumée que la pathé-tique mascarade qui se joue depuis plusieurs semaines à l’UMP.

Le duel ridicule que se livrent les deux clowns qui pré-tendent avoir deux projets différents alors que leur seul désaccord concerne l’identité du nouveau chef de la bande et sans doute l’adresse de leur tailleur, a pendant longtemps passionné les médias et détourné ceux-ci de l’attention minutieuse qu’ils prêtent habituellement à l’ac-tion du gouvernement.

Mais la fumée commence à se dissiper: le public et même les commentateurs se sont lassés de cette gue-guerre fra-tricide et monotone qui secoue la droite et monopolise le débat. Les journalistes ayant besoin de chair fraîche et de nouveau sujets de critiques ou d’éloges, Hollande et ses ministres reviennent alors sur le devant de la scène média-tique, avec plusieurs casseroles aux pieds...

Un des gros trucs en ce moment est l’histoire de Florange, le site industriel du Nord menacé de fermeture. Il est vrai que la maladresse avec laquelle cette situation a été gérée est assez stupéfiante.

Devant le risque d’une nouvelle fermeture d’usine et de li-cenciements massifs, Arnaud Montebourg (notre ministre «du redressement productif», autrement dit «de l’Indus-trie» ), fidèle à son idée de «démondialisation» proposée lors des primaires socialistes, commence par brandir l’es-poir d’une nationalisation temporaire suivie d’une reprise en main de l’entreprise par un nouveau propriétaire.

Cette solution est reçue avec enthousiasme par les ou-vriers du site. Mais dès le lendemain, désavoué et humi-lié par le premier sinistre, Montebourg bat en retraite et s’avoue vaincu.

Depuis, les choses s’enlisent… Le casse-tête de Florange et plus généralement de la désindustrialisation et de ses conséquences, ne risque malheureusement pas de trouver d’issue favorable de sitôt, étant donné le peu de ressources dont disposent un État comme le nôtre aujourd’hui, face aux grandes entreprises mondialisées, qui, dans les faits, ont bien plus de pouvoir qu’aucun dirigeant politique.

Un autre dossier brûlant est celui du «mariage pour tous». Je n’entrerai pas ici dans le fond du sujet, sensible et com-plexe s’il en est, mais m’intéresserai encore à son traite-ment par nos dirigeants. C’est cette fois Normal Ier lui-même qui se retrouve sous le feu des critiques de tous bords, vilipendé pour une série de compromis et de re-virements qui ne font pas très sérieux pour un chef de l’État. Cela commence avec la déclaration pour le moins étrange de la part du premier garant de l’application de la loi, concernant la «liberté de conscience» supposément laissée aux maires, au nom de laquelle ils pourraient refu-ser de marier deux personnes du même sexe.

Au nom de cette liberté de conscience, ils auraient le choix d’appliquer ou non la loi, comme cela leur chante… À la fin, soit la mesure est prise, soit elle ne l’est pas, mais, l’idée de créer une loi dont l’application serait une option paraît absurde. Le pire est que, Hollande, tel Dutronc à la grande époque, a retourné sa veste quelques jours plus tard, en revenant finalement sur le coup de la «liberté de conscience», pris à partie par l’Inter-LGBT, une association défendant la cause gay. Vous voyez ce que c’est, une gi-rouette?

Les preuves d’inconstance, d’incohérence, et de lâcheté ac-cablant nos dirigeants sont nombreuses dans l’histoire de la Cinquième République, et d’ailleurs dans l’Histoire tout court, mais celles-ci se sont multipliées de façon considé-rable (elles apparaissant en tout cas avec plus d’évidence) depuis nos deux dernier présidents: celui qui est en cours, et le précédent (de la raie publique).Pour en revenir au nôtre, il paraît que ses camarades socia-listes, lorsqu’il était premier secrétaire du parti, l’appelait Culbuto. On commence à comprendre pourquoi...

Mais aujourd’hui, «lui président», (comme il l’a asséné environ 243 fois face au grand schtroumpf sortant, lors de leur ultime duel télévisé tiède et soporifique) il serait peut-être bon qu’il ne mérite plus ce surnom et qu’il cesse d’écouter le dernier qui a parlé, qu’il croie réellement à ce qu’il entreprend, et qu’il applique avec conviction le programme vendu lors de la campagne. Car le temps file, et il ne lui reste plus que deux ans, trois à tout casser, pour mener à bien ce pour quoi une majorité d’électeurs fran-çais ont voté, avant que toute son énergie (comme l’a été celle de son prédécesseur à la même époque du mandat) ne se retrouve absorbée par un seul but: être réélu dans cinq ans…

Alexis Cavalan

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Je vous quitte mon amour. Regardez ce verre de vin. J’en suis plus amoureux que de vous. Ce n’est plus moi mais bien lui qui me courtise. Il est mieux habillé que vous. Son odeur m’intrigue davantage car il est dur d’en percevoir les teneures. Je préfère le rapport qu’il a avec ma bouche et cette façon qu’il a de conquérir mon estomac. Il me tient le ventre et le transforme en jardin d’éden fruité. Il semble pleurer, cela me séduit tellement de fairepleurer, preuve de l’effet que j’ai sur lui. Regardez comme nos verres sont éloignés. Regardez comme cette table nous sépare. Regardez-vous penchée vers moi et moi allongésur ce canapé en cuir. Voyez comme les choses de la vie sont plus agréable que vous mon amour. Ces choses de-meureront autour de moi alors que vous c’est certain, un jour, vous ne serez plus là. Je ne vous quitte plus mon amour. Car finalement, si vous me donner le droitde me justifier, je ne vous aime pas, je vous déteste.Epicure, rien, épicurien. Après le désir plus rien. Et le re-voilà obsédant l’estime remettant en cause la dignité redé-finissant le mot scrupule. Bonjour Dorian.

Ce matin je me réveille et j’allume mon vieux transistor orange toujours relié aux ondes modernes. J’entends que le texte sur le mariage Gay est passé en conseil des mi-nistres. Ma tartine saute, je la rattrape au vol par un bon reflexe matinal. Révélation. Obsession. Torture et mon re-gard de se plonger vers mon pénis tendu mais saisi d’une nouvelle excitation. Gay, homo, ces mots reviennent sans cesse. Jean brut, ceinture marron clair, gants en cuir. Même matière, même couleur qu’à la taille. T-shirt échancré à col plongeant et la belle écharpe du marché couvert d’Istan-bul. Une coiffe nette, une barbe taillée. Le parfum essence de cyprès et de Calonne, cuir adoucis par des notes de tabac, ambre de chaleur, bergamote. Fragrance de mâle. Essence essentielle à la vue d’une belle journée. Point mo-teur du corps toujours le coeur qui guide les pas sur le tempo indiscutable de la vie. Boum boum.

Il fait beau, j’ai toujours la même obsession. Je marche dans la rue et je m’interroge. J’observe, j’écoute. Je pique un magazine gratuit. Avant il paraît qu’on s’en foutait. Etre homosexuel s’était s’affranchir d’une société pesante. Au-cun homosexuel ne voulait une reconnaissance légale. Etre hors des clous. Soit elle était cachée soit étalée. Elle pouvait être accusée de débauche. Toujours est-il que c’était mal car ça posait un réel problème de moeurs ou c’était bon de dire merde pour ceux qui n’avait pas honte.

Avant, bien avant 1968, la sodomie était condamnée. Quand un écrivain dresse le portrait d’un beau jeune homme épicurien, poussé par le plaisir des plaisirs, pou-vant même se lasser de satisfaire les besoins d’autrui en ne se satisfaisant plus lui même, nous comprenons et nous voyons un égo très ancré dans une schizophrénie et une crise identitaire de l’auteur ‘Chaque fois qu’on produit un effet, on se donne un ennemi. Il faut rester médiocre pour être populaire’ Le portrait de Dorian Gray. Le fait de tout savoir, si bien qu’on ne peut plus vivre. ‘Never love anyone who treats you like you’re ordinary’ a-t-il aussi dit. Tout tenter pour tout savoir. Et bien Notre Oscar fut bien sauvage pour être condamné de ‘gross indecency’ par ledémocrate Lord Alfred Douglas. Cette condamnation à marqué la fin de sa carrière et tout les esthète de son mi-lieu ont tourné le dos (si j’ose dire) à Sir Wilde. Le pro-blème n’était pas tant celui de mauvaises moeurs. Mais plutôt ce dernier au profit de l’élimination d’unilluminé bien trop agaçant.

Ça blablate aux terrasses des cafés. Deux jeunes adoles-centes ont une conversation intellectuelle sur l’homo-sexualité. L’audace et l’absence de pudeur font joindre les bouches des deux jeunes filles et l’une de susurrer ‘ça me plairai avec toi !’ Et moi par le hasard, je me suis senti chanceux d’avoir volé et participé à ce moment aussi inouï qu’inattendu. Alors je me demande : deux filles qui frôle le désir de confondre leurs formes rondes.

D’ANGES HEUREUX

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La forme sphérique est la forme à laquelle on ne peut rien reprocher. Pas de bord en équerre auxquels on peut si pi-quer. Pas de points supérieurs aux autres tel que dans un triangle où le sommet semble narguer les autres. Elles ne sont pas dans un carré, aucun côté pour se réfugier. Elles ne forment qu’un dans une bulle et elles déambulent dans le plus parfait desendroits. Voilà, les filles peuvent garder leur féminité et prendre aux hommes leur désir. Cette attitude montre aux mâles qu’il n’y a pas qu’eux qui les intéressent. Quant aux hommes. Leur choix de se confondre avec un autre est brutal. Je me demande si l’homme perd sa virilité vis à vis d’autrui lorsqu’il choisit d’offrir sa flore anale. Un homme ne peut être qu’entièrement compris par un homme. Les voilà amis. Ils se comprennent et se sentent libre qu’entre eux puisqu’ils n’ont pas à faire de compromis pour s’ex-primer et s’entraider. La présence féminine est essentielle dans le chemin de l’accomplissement et de la même fa-çon les femmes ne peuvent entièrement se comprendre qu’entre elles et d’après elles.

‘Les femmes sont mieux adaptées que l’homme à la dou-leur, elles vivent d’émotions ne pensent qu’aux émotions’ Oscar Wilde. Alors pourquoi nous nous aimons ? C’est simple surtout à travers notre siècle, la sexualité nous rap-proche. Seulement accepterai-je une accolade de la part de mon ami dont je viens d’apprendre son homosexualité ? Ce qui est extraordinaireavec les homosexuels c’est qu’ils sont le troisième sexe. La brutalité de l’homme et la douceur de la femme. Instinct féminin et spontanéité maladroite masculine. La sexualité est alors subjective. Le sexe est source de plaisir et uti-lité de procréer. Procréer par la voie naturelle ou mère porteuse ? Une amie, sa meilleure amie décide de porter l’enfant d’un couple gay. Des questions sur l’orientation sexuelle du petit ? Si l’on a lu la biologie de l’homosexuali-té du professeur Balthazar on doutera sur l’homosexualité due à des raisons psychanalytiques. Ce serait une réaction immunitaire développée par la mère contre l’embryon de sexe mâle.

C’est donc bien audacieux et impulsif de se poser la ques-tion sur l’éducation, l’environnement ou tous ce qu’un père peut penser avoir raté lorsqu’il voit que son petit lever le petit doigt en buvant sa tasse de thé aux fruits rouge. J’en viens donc à penser à l’éducation d’un enfant par un couple homosexuel. En aucun cas le petit deviendra de la même façon homosexuel s’il n’était pas génétiquement prédesti-né à aimer le même sexe que le sien. Savez-vous ce que va devenir l’enfant ? Pensez vous que ce choix revient à la société pendant que l’un se fait battre par le père alcoolique et la mère bien plus masculine, titi parisienne enfumant la tête du petit étant plus soucieuse d’entretenir son cancer. Quand les moeurs changent c’est que des choses nouvelles parviennent, attrapent et interpellent la société toute en-tière. Alors que pourrait inventer, interpréter l’enfant légiti-mement aimé par deux homosexuels ?

Me vient cette question sur Maman. Elle a une broche à che-veux et du rouge à lèvres, elle sent bon. Ses lèvres m’ont chanté de belles comptines aigues dans ses bras fins qui ont bercés mon enfance. Avec ma bouche j’ai mordillé ses tétons et avec mes deux mains j’ai touché ses seins. Plus que tout j’ai vécu neuf mois dans son ventre et je suis sorti par ce qui m’a intrigué toute mon enfance et par ce dont j’ai tant chercher à comprendre pendant mon adolescence. L’amour d’une maman et le complexe d’Oedipe que tout le monde connaît nous mènent paradoxalement à aimer de la manière la plus naturelle qui soit. Quel père voudra-t-il tuer ? Qu’elle mère l’enfant voudra-t-il aimer? Dans le couple homosexuel il est étrange de constater que l’un(e) est plus masculin(e) et l’autre plus féminin(e) dans la façon de s’habiller ou de s’articuler. Alors nous revenons à un point initial.Je suis bien content que ce sujet ne demeure légitime car quand nous en aurons fini avec le débat autour de l’ho-mosexualité quand nous aurons légalisé la Marijuana ou l’herbe, haschich, shit ; dans trois générations, le temps qu’il faut pour que les moeurs changent, nous ne verrons plus de clichés de deux femmes ou hommes qui s’embrassent de-vant une manifestation contre les droits des Pd ! Qu’est ce qu’il nous restera comme sujets très sensibles sur lesquels chacun de nous veux titiller, chatouiller, piquer, percer. Oui ce soir, je sors. Je boirai le nouvel alcool aux 56 plantes dont on ne connait pas les effets, enfin moi du moins. Je sors dans un club gay, seul. Fraîchement fringué et très ex-cité. Ce sera brutal et demain ma première réaction sera de sourire et de m’en aller comme les salopes que je baise qui sont trop excitées par l’idylle d’une soirée. Je me lèverai à l’aube. J’irai voir mes amis, ma famille, ma petite amie alors que j’aurai certainementmangé un beau prince.Les folies sont les seules choses qu’on ne regrette jamais - Oscar Wilde

David Prat

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MUSICA

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L’âge d’or du Rock’n’RollPar provocation, mégalomanie ou folie véritable, nos amis les rock stars ont depuis qu’elles existent défrayé la chro-nique de leurs délires, depuis Jerry Lee Lewis épousant sa cousine de treize ans, jusqu’à Keith Richards sniffant les cendres de son père en passant par David Bowie ponc-tuant son arrivée à la gare de Berlin d’un salut nazi, ou, dans un registre plus comique, Keith Moon, le batteur my-thique des Who, qui fait sauter les toilettes de chambres d’hôtels à la dynamite ou qui échoue sa Rolls-Royce dans une piscine!

Chaque mois, je reviendrai sur un de ces coups de folie, que ceux-ci se terminent en drame, ou, au contraire, qu’ils débouchent sur un moment fondateur de la carrière d’un artiste.Ce mois-ci, pour faire écho au lancement de votre nou-veau magazine préferé, nous verrons comment Jimi Hen-drix a fait décoller sa carrière lors d’un concert épique.

En 1967, la réputation du guitariste est grandissante en Europe, particulièrement en Angleterre, où il a formé son groupe, The Experience, et où il est devenu la coqueluche du milieu branché londonien. Aux États-Unis, son pays na-tal, c’est en revanche un illustre inconnu, or, la reconnais-sance de ses compatriotes est pour lui essentielle. L’oc-casion de briller outre-Atlantique va lui être donnée à la faveur d’un grand festival organisé en Californie, le Mon-terey Pop Festival, auquel il est convié grâce à un parrain prestigieux, Paul McCartney. Mais le Beatle va également permettre à un autre groupe anglais de participer au festi-val, les Who, qui eux aussi comptent bien profiter de cette aubaine pour percer aux États-Unis. Les deux groupes se retrouvent programmés le même soir, dernier jour du fes-tival. Mais les Who refusent de passer après Hendrix… Et Hendrix refuse de passer après les Who! Les deux leaders vont alors s’enfermer dans une pièce afin de se mettre d’accord, mais l’un et l’autre restent inflexibles. Ils vont régler le problème à pile ou face! Townshend l’emporte: les Who passeront les premiers. Hendrix s’incline, mais prévient qu’il va casser la baraque comme jamais! L’enjeu est donc double pour lui et ses acolytes: impressionner le public américain et surpasser les véritables bêtes de scène que sont les Who à l’époque. Le concert des Who se conclut comme prévu dans un déluge de décibels et dans les débris d’instruments, sous les cris approbateurs de la foule.

Enfin, tard dans la nuit, Hendrix monte sur scène, présen-té par Brian Jones. Il porte en toute sobriété une chemise à jabot jaune, un gilet noir brodé d’or et un boa rose. Aus-sitôt, il entame le riff de Killing Floor, un blues de Howlin’ Wolf joué à un tempo affolant, bientôt appuyé par sa sec-tion rythmique bouillonnante. Le gaucher envoie tout ce qu’il a, utilisant tout ses gimmicks aujourd’hui fameux: jouer dans le dos, avec les dents, entre les jambes, à une main, tout en donnant à tous ses mouvements une di-mension très sexuelle, faisant claquer sa langue et mimant l’acte amoureux avec sa guitare…

Son jeu est extraordinaire de virtuosité et d’aisance. Le pu-blic est bouche bée, tandis que le trio enchaîne les titres, plus énergiques et maîtrisés les uns que les autres. Le groupe donne tout, comme si ils jouaient pour la dernière fois. L’apothéose sera atteinte avec le dernier morceau, Wild Thing, des Troggs, sur lequel Hendrix va vraiment s’enflammer (sans faire de mauvais jeu de mots) en em-ployant un truc déjà utilisé quelque fois lors de concerts en Angleterre: l’immolation de son instrument. Après avoir infligé au public un larsen assourdissant en pressant frénétiquement sa guitare vouée au bûcher contre l’ampli, il met sa malheureuse victime à terre, s’agenouille dessus, l’arrose d’essence, lui donne un baiser d’adieu, puis y jette une allumette fatale qui embrase la belle Strat ornée de motifs psychédéliques. Il se relève et empoigne la «Jeanne d’Arc du Rock» par le manche pour la finir à la main en la pulvérisant contre le sol avant d’en jeter les restes à la foule ébahie.

Nous devons cependant reconnaître à Jerry Lee Lewis la paternité du bûcher rock’n’roll, celui-ci ayant mis le feu à son piano dès 1961! À l’époque, cela provoque un scan-dale et met un terme à la carrière du rocker. Seulement six ans plus tard, les mentalités ont évolué, les Beatles et les Stones sont passés par là, Mai 68 s’annonce, le même geste a, en 1967 des conséquences bien différentes: Hen-drix est porté aux nues et devient un des héros de la géné-ration du Summer Of Love…

Alexis CAVALAN

Page 41: DORIANGRAY MAGAZINE #1

Les “BB rockeurs” parisiens ont pris quelques centimètres et reviennent avec Long Courrier, trois ans après le très bon Nico Teen Love dans lequel ils célébraient puis aban-donnaient pour de bon la douce période de l’adolescence.

Sont ils venus - comme bien d’autres avant eux - nous faire le coup de « l’album de la maturité » ? Aucune grande dé-claration n’a été faîte avant la sortie de ce troisième opus si ce n’est la promesse d’un son « surprenant », « électro-nique » et « pop ».A l’écoute, on se dit tout de suite que tout a changé. Plus de place pour le rock garage innocent qui caractérisa le groupe, une nouvelle ère a commencé. Les synthés ont envahi une musique qui s’est radicalement tournée vers la pop. Le jeu de batterie, lui aussi, a subi un lifting pop, la preuve en étant le premier morceau, Grande Rio, qui rap-pelle par son refrain la bonne vieille sauce du dance-punk à la Gossip.

Malgré un enchevêtrement d’effets sonores en tout genres dans certains morceaux, la production reste dans l’en-semble assez minimaliste ce qui n’est pas plus mal. Coups et Blessures détonne grâce à un mélange délicieux entre pop 80’s, rock 2000 (on pense aux Strokes), et chant fran-çais qui rappelle Etienne Daho. C’est audacieux et plutôt réussi.Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, Long Courrier réus-sit le pari de surprendre. Il n’a en effet plus grand chose à voir musicalement avec le passé du groupe. Les textes d’Adrien Gallo font une nouvelle fois la différence, les mots toujours savamment choisis, entre jeux de mots ha-biles, allitérations et anglicismes. Une chanson comme « Hémophile », ballade urbaine « à l’ancienne » et coup de cœur personnel certain, écrite par Félix le guitariste, plaira aux adeptes de la première et deuxième heure.

Mais si le groupe parvient à nous étonner, il déçoit ter-riblement par une tendance à vouloir forcer le trait au risque de parfois flirter dangereusement avec le border-line musical voire d’aller au delà. Et si l’on note un gros travail sur la voix pour la rendre plus souple, plus variée, plus pop on ne peut que s’agacer de ces refrains radiopho-niques qui sont semés tout au long du disque. Le refrain d’Aficionado, par exemple, est corrosif.

BB Brunes est un groupe en plein renouvellement, et qui ne s’en sort pas si mal il est vrai. Mais ce dernier semble tiraillé entre plaisir musical et contraintes commerciales. Certains morceaux vont réconcilier fièrement chanson française et electro pop (Bye, Bye, Police Déprime), quand un autre va tenter de mettre dans le même lit Franz Ferdi-nand et Superbus (« Stéreo » le bébé issu de cette union est franchement weird). On va savourer une intro et dé-chanter sur un refrain. Et c’est là que le bât blesse. Long Courrier est une suite d’ascenseurs musico émotionnels qui rendent l’ensemble très inégal.

Les fans de l’époque « Blonde comme moi » on beau avoir grandi, ils risqueront d’être totalement déroutés par cette nouvelle orientation, ce qui ne veut pas dire qu’ils le bou-deront forcément. Pour les auditeurs occasionnels, ce sera l’occasion de se faire une nouvelle idée. Pour les détrac-teurs, ce sera une énième soupe commerciale. Et puis pour toi qui lit ces lignes et ne sait pas trop qu’en dire, le moment où jamais d’aller te faire ta propre idée.

Samuel Beillevert

BB Brunes

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French FilmsUn univers sombre et lumineux, parfois vif et parfois pastel, alternant chaud et froid et qui montre que la cold wave est loin d’être morte, c’est celui des finlandais de French Films, à juste titre encensés par la critique pour leur album « Imaginary Future » sorti il y a maintenant un an. Une dream pop énervée à écouter absolument.

Un mélange hypnotique entre rock indé et abstract hip hop. On voyage un peu et on frissonne souvent. Les ricains n’en sont pas à leur premier essai mais leur dernier album «Mumps, etc. » et un petit bijou à l’image de Paper Hearts et de son clip pop art.

Samuel Beillevert

Why?

Page 43: DORIANGRAY MAGAZINE #1

DANS L’ABYSSE JOUISSIVE DE COEXIST

On ne présente plus les XX. A moins d’avoir passé les trois dernières années sur une île déserte ou dans des clubs hard rock douteux ( je n’ai rien contre les clubs hard rock douteux), il semblerait impossible que notre oreille chérie ait pu échapper aux vibrations mécaniques de ce qui fut l’ovni musical de l’année 2009. A l’époque, du haut de leurs 17 balais, les londoniens avaient récolté les louanges de la critique et étaient immédiatement admis avec men-tion très bien au club de l’indie pop anglaise. Leur album, sobrement intitulé « xx » avait su faire danser joyeusement angoisse et besoin d’évasion. Trois ans se sont écoulés depuis la sortie du disque, plusieurs extraits ont littérale-ment envahi le paysage audiovisuel, utilisés et re-utilisés, que ce soit dans des films, séries ou spots de présentation pour les Jeux Olympiques (Rihanna en a même pris un sample, c’est dire).

LECTURE. Le premier morceau retentit, froid, limite gla-cial. Le temps s’arrête. On reprend les XX là où on les avait laissés. La guitare de Sim pleure. Jamie Smith place avec délicatesse quelques beats bien choisis. Romy chante, seule, mélancolique. Ce premier morceau, comme une in-troduction, prépare à la suite qui nous emmène dans le vif du sujet avec Chained. On sent que la production de ce nouvel album est plus léchée, un tableau se dessine, les angoisses apparaissent, l’ambiance se met en place. Les deux voix alternent puis se mêlent à la perfection, le tout avec sensualité. Elles racontent inlassablement ce qui peut bien se passer dans le noyau du coeur humain. Peur de l’abandon, perte de repères, solitude, souffrance, le groupe passe en revue tous les états avec une sincéritéà en chialer tout en s’en amusant avec un plaisir pervers. Les boîtes à rythmes sont calculées avec une précision d’orfèvre. Chaque note est à sa place.

Si Coexist se veut clairement minimaliste, notre esprit quant à lui, comble le reste, le « vide » laissé par l’artiste qui laisse place à l’interprétation personnelle et surtout à l’émotion. Partagé entre mélancolie, nostalgie, frustration et rage enfouie, Coexist nous emmène dans un voyage en nous même et vient réveiller puis faire danser nos dé-mons intérieurs. On passe d’un titre pop rythmé (Fiction) à un morceau vaporeux, à l’ostinato de synthé lancinant, presque diabolique (Try), avant d’attraper le vertige et de s’enfoncer vers les abysses (Reunion).

L’atmosphère est à part. Putain, qui est ce « I » ? Qui est ce « You » ? Où sommes nous ? Quand sommes nous ? Est-ce ce type qui marche là bas ? Ou bien est-ce cette fille assise surun banc ? Aucun nom n’est mentionné. Les paroles sont semblables à des fragments de pensée, des songes perdus, envolés, qui n’ont plus d’expéditeur ni de destinataire.

Entre espoir et désespoir, on prend un plaisir incompa-rable à parcourir cet album qui fait parfois un détour vers la house (Sunset par exemple), volonté affichée des an-ciens gamins qui n’ont pas eu la même jeunesse que la plupart de leurs potes : «On est revenu de tournée et ona pu sortir un peu plus. Nous étions parti à 17 ans et nous avions complètement loupé cette partie de notre vie où tout le monde faisait la fête. La club music a vraiment été une influence sur ce nouvel album. »

A la fin de l’écoute, on sort enfin de ce rêve éveillé, encore tout remué par les boites à rythmes enivrantes, les synthés hallucinatoires, les voix torturées, les guitares spleené-tiques et les basses métronomiques. Si les XX ne se sont pas aventurés bien loin de leur territoire avec ce deuxième album, ils sont au moins parvenus à foutre une deuxième claque en deux essais. A écouter impérativement.

Samuel Beillevert

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Les chemins musicaux de la rédemption« Mozart c’est beau mais bon... pas à trop grande dose... Ça devient fatiguant et on s’ennuie. «Ah ! La musique classique, un mot en lui-même effrayant. Que de préjugés, d’idées reçues et de bêtises on peut en-tendre à son sujet. Il s’agirait au dire de certains d’une mu-sique dépassée, vieillotte, sans rythme, autrement dit des-tinée à un public grisonnant, au caractère pédantesque, à l’âme effacée, au cœur sans désir.

La question est toute simple : comment expliquer qu’après plus de trois siècles d’Histoire, la musique de Bach soit encore et encore interprétée ? N’y aurait-iI pas dans cette «musique» quelque que chose d’irrémédiablement et d’ éternellement souverain ? Comment s’intéresser à l’art en omettant le rôle de la musique, élément fondateur de la poésie grecque ?Revenons tout d’abord à l’expression «musique classique», à quoi renvoie-t-elle ? au XVIII ème siècle et précisément à un courant de la musique qui s’étend de 1750 à 1820. Mozart par exemple, fait partie de ce mouvement. Mais pas Bach ! Ni Chopin ! Ni Puccini ! Ni Prokofiev ! Et en-core bien d’autres... Pour être juste, nous devrions par-ler de musique baroque, de musique « romantique «, de musique nationale, de musique moderne et de musique contemporaine, ce qui est très différent. L’expression « musique classique « est elle-même erronée et ne se rapporte qu’à une partie de l’histoire comme la Renaissance se rattache au XV et XVI ème siècle.

Enfin, pourquoi vouloir à ce point revenir sur cette mu-sique, sur ses couleurs et son histoire ? Car les salles de concert et les opéras doivent être réinvestis par la jeunesse ! Porte étendard de la création artistique ! Il est grand temps qu’elle redécouvre la richesse de son patrimoine, de sa culture, des pionniers de l’art, de la tonalité, de la modalité, de l’harmonie, bref de l’essence de la musique occidentale que l’on peut entendre aujourd’hui.Nous reviendrons à chaque numéro sur une œuvre conseil-lée et commentée à la lumière de son compositeur afin de susciter votre curiosité, Ô lecteurs ! Et de vous initier à cet univers certes vaste et complexe mais d’une luxuriance et d’un foisonnement sans égal ! Nous évoquerons également les concerts à venir, les bons plans, et les grands événements qui se profilent comme le bicentenaire de la naissance de Wagner en 2013, per-sonnage pharaonique de la musique du XIX ème, prêtre suprême de l’opéra romantique mais aussi homme aux multiples controverses que je tâcherai d’éclaircir.

Pour ce premier opus, j’ai décidé de consacrer du temps à un compositeur qui m’est cher : Maurice Ravel. Oh ! Je sens que ce nom pénètre dans votre esprit... Il va s’éprendre subitement. De qui ? À quoi ? Au Boléro ! Que celui qui n’a jamais entendu de discussions vaseuses et grotesques à son sujet me jette la première pierre. Je ne présenterai pas sa biographie mais j’ insisterai plutôt sur sa musique.

Ce que je retiens, ce par quoi je résumerais l’impression qu’elle me fait, c’est à la fois sa grande sincérité, sa pro-fondeur, sa simplicité, et en même temps le côté artisanal, l’amour de la technique qu’on sent chez lui et qui est vrai-ment prédominant. (son goût pour les gageures: écrire un concerto pour la main gauche, écrire une œuvre de 15 mi-nutes qui ne soit «qu’un crescendo orchestral entièrement composé sans musique», fondre son style dans les formes anciennes comme le menuet, la passacaille, etc...)

Un ancien professeur me disait «la plus fine oreille de l’his-toire de la musique».On pourrait bien le penser à l’écoute des 3 poèmes de Mal-larmé ou bien des Valses nobles et sentimentales. (oeuvre à regarder et à déchiffrer lentement pour comprendre un peu ce qui se passe... le travail harmonique est dans cer-taines pages encore plus hallucinant qu’ailleurs chez lui)

Évidemment, on ne pourra passer sous silence qu’il s’agit d’un des plus grands orchestrateurs de l’histoire de la mu-sique, et un des fondateurs de l’orchestre du XXè siècle. Ecouter Daphnis et Chloé ou bien l’Enfant et les Sortilèges suffira pour s’en convaincre.

Il aura touché à tout:

-le piano seul (que de chefs d’oeuvre et d’innovation dans ce domaine avec Jeux d’eau, la Sonatine, les Miroirs, Gaspard de la nuit, les Valses nobles et sentimentales... à découvrir une pièce de jeunesse méconnue et tout à fait étonnante: la Sérénade grotesque; le piano seul est toute-fois absent de sa dernière décennie créatrice)

-la musique de chambre (premier coup de maître avec le Quatuor à cordes, puis le Trio, la Sonate pour violon et piano, la Sonate pour violon et violoncelle...)

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-la mélodie (2 cycles avec ensemble instrumental qui comptent parmi les choses les plus étonnantes de sa pro-duction: les 3 Poèmes de Mallarmé et les Chansons madé-casses, plusieurs autres cycles de style assez variés comme les Histoires naturelles, Don Quichotte à Dulcinée, Sché-hérazade, chef d’oeuvre des débuts, plus connu en version orchestrale, avec déjà un orchestre extraordinairement raffiné et personnel, et plein d’autres mélodies séparées qui couvrent l’ensemble de sa vie créatrice)

-l’orchestre avec une production symphonique très im-portante (notamment la Rapsodie espagnole, Daphnis et Chloé, Ma Mère l’Oye et le Tombeau de Couperin version orchestrale, la Valse, et l’inénarable Boléro) ainsi que 2 concertos

-l’opéra avec 2 ouvrages miniatures délicieux, l’Heure es-pagnole et le féérique Enfant et les Sortilèges, qui mêle adroitement en une suite de numéros des musiques d’at-mosphères et de styles très différents, une sorte de résumé musical de Ravel en 45 minutes

Dans ce premier volet j’ai décidé de m’interesser tout particulierement à Gaspard de la nuit, oeuvre pour piano composée en l’honneur de d’Aloysius Bertrand, poète ro-mantique français né en 1807 et mort en 1841, reconnu comme créateur de la poésie en prose. Celle-ci possède une grande force d’évocation, s’illustrant dans un univers poétique étonnement moderne, et annonce avec force le symbolisme: un langage qui par sa modernité ne pouvait que séduire Ravel. La thématique axée sur le Moyen-Âge de Gaspard de la nuit est en outre un critère que l’on peut rapprocher du symbolisme.

Si ce dernier choisira des poèmes tirés de Gaspard de la nuit, ce n’est pas un hasard. Si Baudelaire ironisait: « J’ai une petite confession à vous faire. C’est en feuilletant, pour la vingtième fois au moins, le fameux Gaspard de la Nuit, d’Aloysius Bertrand (un livre connu de vous, de moi et de quelques-uns de nos amis, n’a-t-il pas tous les droits à être appelé fameux?) », cela ne fait qu’accentuer la magie qui accompagne cette poésie, y ajoutant une note d’éso-térisme (note qui plaît tant aux symbolistes par ailleurs).

Ravel compose son recueil Gaspard de la nuit pour piano seul en 1908, et l’oeuvre sera créée l’année suivante par Ricardo Vines - pianiste très proche du compositeur, et qui créa la majorité des oeuvres pour piano de son ami.

Trois poèmes sont ainsi sélectionnés pour former ce re-cueil: Ondine, Le gibet et Scarbo. D’une durée approxi-mativement supérieure à 20 minutes, le recueil est réputé pour le niveau de virtuosité pianistique, en particulier la dernière pièce du recueil: Scarbo.Ondine est tirée du Troisième Livre intitulé « La nuit et ses prestiges ». Le gibet et Scarbo proviennent eux de Pièces détachées, retrouvées dans le portefeuille de Bertrand (à noter que Gaspard de la nuit a été publiée à titre pos-thume).Nous allons maintenant pencher notre regard sur ce que réalise et ce qu’exprime Ravel à partir du socle de ces poèmes. En s’approchant de la partition, on observe une structure similaire, si je puis dire, entre le poème et l’oeuvre mu-sicale, qui se déploie de cette manière: Titre, épigraphe, poème. La prétention de Ravel semble donc bien de s’ap-proprier le discours des poèmes de Bertrand et d’en faire un discours musical; et précisément, Gaspard de la Nuit est sous-titré: « Trois poèmes pour Piano d’après Aloysius Bertrand ». Je vais tacher d’étudier en détails la derniere partie de ce triptyque :

Ici, Ravel va respecter scrupuleusement le poème d’un point de vue temporel, et je vais pouvoir vous exposer les correspondances entre les deux; l’évidence est assez grande, car pour cette analyse, il ne m’a fallu qu’une seule écoute concentrée poème en main pour repérer ces simi-larités.

Dès le début de l’oeuvre, Ravel installe une atmosphère nocturne surchargée; ou plutôt sont-ce les pensées de notre personnage qui le sont. Il en est à guetter le moindre bruit, à guetter Scarbo qui vient lui rendre visite de manière récurrente (« que de fois »). Les trois premières notes, dans un registre extrêmement grave, jouées pp et suivies d’un decrescendo, le prouvent: on imagine aisément que pour entendre des bruits si faibles, il doit en être à retenir sa respiration pour mieux y prêter l’oreille, dans la nuit silen-cieuse où le moindre bruit est comme amplifié. D’ailleurs, le poème précise l’heure de l’arrivée de Scarbo: « minuit »; on comprend rapidement que sachant l’heure habituelle de son arrivée, il soit d’autant plus angoissé à cette heure-ci. Alors, le temps d’un demi-soupir, le silence se fait, qui porte à croire à l’illusion: non, ce n’est pas Scarbo, ce n’est que le plancher qui grince ou tout autre bruit contingent.

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On peut alors opposer le premier thème (que j’appellerai « Thème de la lune ») au thème de Scarbo. Le premier tient sa beauté et son éloquence de nuances amples, de grands mouvements, de plus il est en octave, il suit une superbe courbe, et est enfin développé dans un accompagnement très mouvant à la main gauche. L’ensemble est lié (on voit ces grandes courbes au-dessus des notes). Tout ces élé-ments contribuent à élaborer une plastique musicale ex-trêmement belle.Le thème de Scarbo, lui, est beaucoup plus rustique. Il est staccato, ne connaît pas de changements dans la nuance, et il est haché en deux parties. Il se répète aussitôt, ce qui augmente ce sentiment de simplicité. Enfin, l’accom-pagnement est comme nous l’avons vu, plus nerveux qu’autre chose. On voit donc la grande différence entre ces deux thèmes, et le contraste qui règne dans cet univers entre la beauté de l’espace et Scarbo, en opposant en somme, la chose céleste à la chose terrestre.

Le secret ravélien, je crois l’avoir percé à travers les ex-périences d’écoute en état sophronique auxquelles je me livre depuis maintenant quelque temps. Pourquoi ce sorti-lège, pourquoi ce paradigme onirique ? C’est que Ravel, à l’aide de procédés musicaux parfaitement maîtrisés, nous installe très vite dans un niveau sophroliminal où se réa-lise un équilibre entre les deux hémisphères cérébraux. Et surtout, une forme de visualisation sonore permet de contempler avec une urgence jouissive le phénomène en train de se dérouler, la vie en train de se vivre. C’est une vibrance sonore, rehaussée d’harmonies somptueuses pour hisser la poétique à la hauteur des émotions qui se prolongent - une manière de lyrisme intrinsèque.

De même que se métamorphose à l’infini le nuage, et que nulle comparaison avec telle ou telle forme n’épuise sa réalité ontologique, de même le lent glissement d’Ondine d’un état d’apparition à un autre est rendu possible par une mouvance harmonique et des déploiements pianis-tiques qui forcent l’admiration. Chaque instant est unique, parfait, autant qu’insaisissable. Et Ravel, comme de juste, apparaît pour ce qu’il est, plus que tout autre : radicale-ment incomparable, dévoilé/masqué en permanence, un mystère humain comme il en est peu dans l’histoire de la musique.

Pierre Louis Gastinel

Et subitement, cet accord! Un coup de tonnerre sourd, profond, dont l’écho ne surviendra que trois mesures plus tard, relié par un trémolo statique exprimant la tension proprement palpable qui règne. Puis le silence revient, noté « très long », qui nous plonge dans une attente pro-prement insupportable. Où est-il? A t-il déjà disparu?Il nous faut alors à nouveau prêter l’oreille, entendre de nouveaux ces trois notes graves; nous savons alors qu’il est déjà bien là, et l’accord ne fait que confirmer la sen-tence, et la présence de Scarbo est maintenant irréfutable. Il trouble la nuit, changeant ce moment de repos en an-goisse, la douceur en peur et le silence en bruit.Alors, Scarbo ne feinte plus sa présence, apparaît, virevol-tant: la partition est notée « en accélérant », puis « Vif », dans un magnifique crescendo qui nous mène de pp à ff. Puis un decrescendo suivi du silence.

L’on se rend bien compte de toute la tension qui règne ici, où ce personnage reçoit cette visite nocturne, que Ra-vel nous narre une fois, mais il est aisé d’imaginer ce que la répétition de cette apparition peut représenter. On est ici dans une valeur poétique à mis chemin entre l’univers onirique et hallucinatoire, et qui verse allègrement dans l’angoisse bien plus que dans l’émerveillement. La nuit se prête fort bien à accueillir cette thématique.

Nous avons donc un premier thème plein de lyrisme avec beaucoup d’élan (que l’on retrouve dans les crescendos de nuances), énoncé à la main droite, qui par sa beauté plastique et sa couleur évoque « la lune [qui] brille dans le ciel comme un écu d’argent », tandis que les superbes arpèges de la main gauche représentent eux ici « une ban-nière d’azur semée d’abeilles d’or » qui accompagne cet astre. On retrouve non seulement dans ce thème la va-leur poétique céleste, mais aussi une beauté qui lui est contingente: l’oreille est subitement saisie puisqu’à l’an-goisse du sommeil impossible se mêle malgré tout l’image d’un monde merveilleux propre à la contemplation. Ainsi, il y a renforcement de la densité dramatique, puisque Scar-bo parvient tout de même à rendre l’atmosphère inquié-tante malgré la beauté presque séraphique de l’environ-nement: il empêche toute contemplation et tout bonheur, et occupe l’espace (sonore ici). D’ailleurs, ce magnifique premier thème vient mourir dans ce morne accord, et l’on revient de fait très rapidement à Scarbo et à ses extrava-gances. La bannière d’azur aux abeilles d’or se métamor-phose alors dans le mouvement perpétuel de Scarbo, de petits pas, similaire à des trépidations nerveuses.

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Ravel

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THEATRUM

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Si Tim Burton a tant déçu ses fans avec Alice aux Pays des Merveilles et Dark Shadows, il prouve avec Frankenweenie qu’il lui suffisait de retrouver ses racines ainsi que le génie créatif qu’il avait abandonné en choisissant de diriger des adaptations pour à nouveau émerveiller.

Burton, qui décide de prolonger son premier court mé-trage autobiographique, c’est une nouvelle inespérée. C’était sans compter la participation des Studios Disney, véritable hantise et traumatisme du réalisateur qui a avoué dans sa biographie qu’il en était venu à se cacher dans les placards de Disney pour ne pas qu’on lui demande de « dessiner des gentils renards » à l’époque où il travail-lait sur Rox et Roucky. Disney et Burton, c’est une longue histoire remplie de haine, puisque c’est finalement avec Warner que le réalisateur s’associera, son projet « Vincent » ayant été immédiatement refusé.En acceptant de collaborer avec Disney, Burton non seu-lement se trahit, mais trahit également la promesse qu’il s’était faite de ne plus jamais retravailler avec cette ma-chine formatée et bien trop prévisible. Heureusement, Burton sait garder une part d’intégrité, et arrive à obtenir de ces studios carte blanche ; ce dont on peut fortement douter lorsque l’on voit la façon dont se termine son des-sin animé, mais nous y reviendrons.

Frankenweenie, c’est l’histoire de Burton. Un petit gar-çon différent, étouffé par une banlieue américaine trop propre, trop colorée, trop heureuse. Les films de vampires et de monstres lui permettent de s’évader de cet environ-nement confiné. Son père voudrait qu’il fasse du baseball, comme les autres petits garçons. Pourquoi Victor ne sort-il pas jouer avec ses amis, pourquoi est-ce que Sparky, son chien, est le seul être qui compte vraiment pour lui ? Bur-ton prend de multiples noms pour raconter son enfance, « Edward » dans Edward aux mains d’argent , « Vincent » dans son deuxième court métrage éponyme, et enfin « Vic-tor » dans Frankenweenie. Mais le dernier est sans doute celui qui se rapproche le plus de son enfance torturée. Burton a profité de ce film pour y raconter et y glisser tous les détails de sa vie, et c’est donc avec une joie diffi-cile à cacher que l’on reconnaît à travers le professeur de physique fou les traits de Vincent Price, acteur et idole de Tim Burton.

Mais ce n’est pas tout, ses camarades de classes, jugés trop caricaturaux par certaines critiques, sont eux aussi la ré-plique de son enfance, et il est impossible de ne pas rire à cette petite fille aux yeux écarquillés, traînant avec elle un chat à l’air tout aussi dément.

Burton aime aussi peu les chats que les gens, et il le montre bien puisque sa seule amie est sa voisine, dont la voix chantante est celle de la sublime Winona Ryder (Ed-ward aux Mains d’Argent), dont la chienne tombe amou-reuse de Sparky.

On ne peut s’empêcher de noter la traînée de poils argen-tés sur cette femelle après qu’elle ait reçu une décharge électrique, traînée qui nous fait immédiatement penser aux vieux films cultes et d’horreur, comme le personnage de Magenta dans « Le Rocky Horror Picture Show ». Cette passion pour les vieux films comme Frankenstein ou Dra-cula, on la dénote également au début du film, quand les parents de Victor (qui ont eux aussi des traits familiers, puisque la mère ressemble à Helena Bonham Carter, femme de Tim Burton) se posent amoureusement devant un film d’horreur. Mais ce n’est pas tout, puisque la tortue d’un des camarades de Victor se transforme en Godzilla, monstre asiatique bien connu. Victor est émouvant, tou-chant, et c’est un personnage qu’on est heureux de suivre durant son périple. Le film commence avec un humour très noir, humour auquel Burton est passé maître en la matière. Chaque détail est grossi, amplifié au point que la présentation de la ville et des personnages nous fait pen-ser à une pièce de Ionesco, grand auteur de théâtre ab-surde. Victor se retrouve confronté à des obstacles insen-sés, comme son camarade de classe bossu et jaloux, qui s’invite chez lui par surprise. Malheureusement, la finesse s’estompe durant la deuxième partie du film, tout devient plus las, plus lourd. Le ton si léger utilisé dans la première partie, ce qui contrebalançait parfaitement avec le ton très sombre et dur du film, n’est plus le même. On revient à un film pour enfants, une animation plate dont les quelques gags trop faciles peinent à nous arracher un sourire. Mais heureusement pour les fans, il y a les références à ses an-ciens films, qui ponctuent « Frankenweenie » et nous em-pêchent de nous ennuyer. L’ombre de Sparky sur le drap est la même que dans son premier court-métrage « Vincent », le rat-loup est exactement celui de « L’Etrange Noël de Monsieur Jack », son premier long métrage d’animation. Ce véritable cocktail de souvenirs et de clins d’œil auraient pu faire de ce film un régal, avec son humour noir grin-çant, des personnages aux personnalités étranges, et un graphisme en noir et blanc bien connu par les fans. Mais Disney, tapis dans l’ombre, n’a pu s’empêcher d’y glisser son grain de sable, et c’est avec beaucoup de regret que le film s’essouffle, perd en fraîcheur et en beauté, pour finir de manière catastrophique sur une fin trop niaise, trop prévisible, trop Happy Ending pour faire de Frankenwee-nie un véritable Tim Burton.

Clemence Grand D’Esnon

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Contrairement aux films relatant cette époque (1965-1975), Après Mai ne cherche pas à montrer que c’est un film sur les années 70 .

L’accent est mis sur le mental et le mal-être de cette génération bien particulière : les jeunes révolutionnaires issues de bonnes familles.

Une réalisation classique mais rigoureuse-ment menée, qui entraine le public dans cette aventure qu’est la recherche de soi-même à «l’âge bête».

Le film plonge le spectateur dans l’intimité profonde de 3 personnages. La dimension sonore y est extrêmement travaillée, ce qui contribue au rapprochement personnages/spectateurs.

Visuellement, on reste très en surface, et l’es-pace spatial et temporel est très particulier (espaces fermés et chronologie très compres-sée, sans aucune ellipses ou presque).

Ces éléments contradictoires créent une am-biance tres troublante, et en font un film es-thétique et profond.

Axel Pichancourt

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PHILOSOPHIA

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Ah Camus ...

C’est d’Albert dont je souhaite parler aujourd’hui. Albert Camus, on l’a tous apprécié au moins une fois entre l’âge de 14 et 16 ans. A l’époque où s’amorce en nous une ré-bellion grossière contre: parent, totalitarisme, la mort et l’école. Albert Camus a écrit L’Etranger roman que beau-coup on avalé de force peu être un peu trop tôt. L’his-toire d’un mec beaucoup trop blazé ou comment décrire l’absurde avec classe et finesse. J’entendais l’autre jour des étudiants ici à Londres dire ‘il est bon romancier mais quand il s’attaque à la philosophie il pense trop à la beauté littéraire de son texte et moins à la clarté’. Comme si ils avaient tout lu et tout connu dans leur vie d’artiste de la pensée. Bon en effet, lorsqu’on essaye de lire le Mythe de Sisyphe je comprends ce que les rosebiffs ont voulu dire. Mais je suis sur qu’ils ont juste le seum de ne pas avoir de Camus national. Certains ont aimé Albert en vitesse. Un accouplement cérébral de courte durée comme font les hamsters en milieu naturel - sachez d’ailleurs que vous ne torturez pas votre hamster si vous le condamnez à vivre en célibataire. Dans leur milieu naturel, les hamsters se contentent d’un accouplement éclair annuel d’une durée de 5 secondes en moyenne.

Cependant, il est possible que votre cerveau se sente un peu seul si il n’a pas au moins une fois tâter sensuelle-ment le problème suivant : la vie vaut t-elle d’être vécue ? Pourquoi je continue à vivre sachant qu’un jour ce sera fini et que le monde continuera sa course sans moi ? Ces questions là me semblent être des plus importantes. De ce point de vue la vie apparait dépourvue de sens, la vie est absurde. Rah!! La salope! Mais «Wesh couzin Pooooour-quoi?» - et bien lis Camus tu verras.

Une vie sans aucun sens vaut t-elle la peine? Ou faut il que je me bute? Voilà le point de départ de Camus. Il ne prend pas l’absurde comme une conclusion mais comme prémisse dans son raisonnement dans lequel discute prin-cipalement du suicide. Il nous indique même que savoir s’il faut ou non mettre un terme à ses jours est pour lui la «seule question philosophique» légitime. Avant de l’avoir résolue on ne peut penser à autre chose. Je rappelle que Camus est athée et que pour lui il la vie n’a pas de signifi-cation transcendantale, c’est que du bullshit - de la merde de taureau - ça.

Sans Dieu la vie n’a pas de sens ‘cosmique’ elle est donc absurde. Cependant, l’homme ne peut s’empêcher de trouver un sens à sa vie. Sa quête est futile et donc ab-surde. Camus là où il fais kiffer c’est qu’il ne fais pas que poser le problème. Il y répond.

Ce qui est commun à tout ceux qui se suicident c’est qu’ils ont décidé pour de bon que leur vie n’en vaut pas la peine. C’est à dire que le sentiment de l’absurde les a vaincu. Mais Camus sonne la révolution. Comment trouver un sens dans la vie absurde? Par la création et la révolte. En regar-dant l’absurde droit dans les yeux, et lui faire l’amour avec comme un matador. Embrasser l’existence, la confronter et ainsi trouver dans la révolte un sens à la vie. Le suicide n’est alors jamais justifié et il faut continuer à vivre car oui la vie en vaut la peine. Pour Camus le suicide est une réjection de notre liberté et fuir l’absurde par la religion, l’illusion - le suicide philosophique - ou par la mort n’est pas le bon moyen d’y échapper. Alors comment y échap-per? ET BIEN NON GROS. Justement il faut le rencontrer de front. Cette position est décrite à la fin de l’Etranger mais plus clairement dans L’Homme Révolté. On recon-nait ici pourquoi il nous plait le Camus lorsque la révolte sonne le carillon à l’aube de la révolution sexuelle vers 14 ans. Il faut savoir que Camus était joueur de foot, qu’il a joué gardien de but comme moi. Il est donc par définition un vrai poto... poteau... (un peu nul ça). Un vrai révolté. Le Mythe de Sisyphe tel que raconté dans l’Odyssée de l’Espace est le suivant: Sisyphe pour avoir osé défié Zeus - je passe les détails et histoires de cul - est condamné à pousser un rocher dans le Tartare, le long d’une mon-tagne et puis une fois qu’il est arrivé en haut le rocher retombe et il doit recommencer indéfiniment. C’est une image qui illustre l’absurde tel que le conçoit Camus. Cependant, cette citation vient nous éclairer: «Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul, forme un monde. La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d’homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux.» Elle est pas belle cette citation? Je vous invite à lire juste ce passage je vous épargnez la citation complète même si j’en avais très envie. Heureux voulant dire que sa vie, qui nous semble si absurde, lui suffit et qu’il est plus fort que la pierre puisqu’il est passionné , captivé par ce ‘monde’.

Albert Camus - Le Mythe de Sisyphe « Créer c’est vivre deux fois «

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Disk Jockey Sarte Jean-Paul qui avant la séparation avec Camus lui était très proche nous l’explique : « L’homme absurde ne se suicide pas, il veut vivre sans renoncer à au-cune de ces certitudes, sans avenir, sans espoir, sans illu-sions et sans résignation non plus. Il regarde la mort avec une attention passionnée et cette fascination qu’il dégage.

Il éprouve «l’irresponsabilité divine» du condamné. « Plu-sieurs choses intéressantes de cette citation: échapper à l’absurde reviendrait à ‘ renoncer’ à nos ‘certitudes’, c’est à dire de vivre à l’encontre de soi. C’est donc dans un désir rationnel qu’on continue à vivre même en étant per-suadé de l’absurdité de nos actes.

De plus, l’homme absurde éprouve une ‘irresponsabilité’, c’est à dire qu’il ressent que ces actions étant absurdes il importe peu ce qu’elles sont. J’objecterai à Sartre, que l’homme a un devoir vis à vis de lui même qui est de se dresser contre l’absurde.

Ce devoir on l’a tous, combattre contre ce que devient notre cerveau à coup de Dr. House et de Lost, une forme de suicide intellectuel.

Nous sommes d’accord avec Camus que le suicide n’est pas la solution. Si on réfléchit un peu il semble que cha-cun peut trouver un sens à sa vie. Certaines personnes aiment collectionner des timbres - pourtant ils ne sont pas timbrés! - C

Cependant, il nous faut maintenant pourquoi le suicide - sous toutes ses formes - est au premier abord -attractif. Cela fera l’objet d’un développement un peu plus long sur Schopenhauer.

Gösta Sträng

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J’attendais mon bus dans la gare immense et bruyante de Jérusalem. Elle sentait le fast food et grouillait de monde et de boutiques minuscules dont les panneaux lumineux en vitrine indiquaient qu’ils vendent des téléphones.Dans le car, le chauffeur prétend ne pas parler anglais. Je n’avais pas de point de chut précis, je savais que je voulais me rapprocher du désert, aller voir la mer morte.

Dans le car, des millitaires d’environ 20 ans qui rentrent chez eux, des hommes qui lisent, un couple de touristes français qui ne parlent pas un mot d’anglais non plus ; et un vieux monsieur sale endormi qui avait l’air d’un sans abris. J’expérimentais la sourde solitude de ceux qui le temps d’un voyage n’ont pas au monde de maison, tandis que dans l’indifférence générale, y compris la mienne, je tentais de communiquer avec le chauffeur, envisageant déjà l’idée de dormir sur les rochers de la plage. Tout d’un coup, le vieux monsieur à côté de qui personne n’avait voulu s’asseoir se réveille et me demande dans un anglais parfait où je veux me rendre avant de traduire en hébreux au chauffeur.

Je trouve un siège à côté du couple de touristes qui s’avèrent être de véritables clichés. La dame parle sans s’arrêter à son mari qui n’écoute pas un mot de ce qu’elle raconte. Je me demande si elle lui parle ou si elle ne pense pas simplement tout haut. Il a l’attitude type de l’époux qui a appris à faire semblant d’écouter sa femme pour préserver sa tranquilité. Je le plains vraiment maintenant. Elle com-mère d’une voix trop aigüe sur ses collégues de bureaux, il a l’air assommé. Il fait froid dans le car, elle le fait remar-quer. Un Israelien se lève de son siège pour éteindre la climatisation au dessus de lui. Elle est scandalisée, «Tu as vu, il a mis la clim! Faut pas s’étonner qu’il fasse froid! Tu as vu?? Il est dingue!» Elle est de ce genre de femme presque âgée qui ne sait jamais de quoi elle parle, et n’a juste pas envie de savoir. Son mari hoche la tête, je m’endors.

Je me réveille en sursaut parce qu’il fait nuit et que j’ai peur qu’on ait passé mon arrêt. La dame me sourit, je trouve qu’elle a l’air gentille et j’aimerais être de sa famille. Ca ne ressemble pas du tout à ce que j’imaginais, on roule sim-plement sur une autoroute au milieu du désert et il y a très peu de lumière. Le chauffeur m’envoie balader et le vieux monsieur s’est rendormi ; je recommence à envisager de dormir sur la plage, mais je ne la vois nulle part.Je vois un panneau «Ein Gedi Hostel» qui indique le chemin opposé, mais je sais que ça ne sert à rien de le dire au chauffeur. De toute évidence ça l’arrange de ne pas me déposer au bon endroit.

Des gens descendent au milieu de nulle part et je me de-mande comment ils peuvent trouver leur chemin dans l’obs-curité. Je me demande aussi quand est-ce que je serai obligée de descendre et si je vais réussir à trouver un car pour me ra-mener à Jérusalem le lendemain. Soudain, le vieux monsieur se réveille. Il me dit qu’on a passé mon auberge et engueule le chauffeur en hébreux. Le chauffeur est très énervé mais il fait demi tour et me dépose au bon endroit. Je n’ai pas sommeil. Dans la même chambre que moi, un couple de vieilles lesbiennes allemandes d’une soixantaine d’années. Elles sont gentilles mais leur anglais est terrible. Elles me parlent en allemand et je ne comprends rien alors je souris.

J’en ai marre de rester à regarder le plafond alors je décide de quitter l’auberge et trouver la mer tout de suite. Je marche longtemps dans la direction que m’a indiquée le monsieur de l’accueil. J’entends comme un très faible son de tamtam en fond, qui s’amplifie comme je continue ma marche.

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Je traverse un pont qui me semble infini et maintenant j’en-tends clairement des gens jouer du tamtam. J’apperçois même un feux de camp. Je m’approche et je vois des dixaines de petits enfants jouer et courir dans le noir. En m’appro-chant, je découvre une sorte de campement, mais ce sont seulement de jeunes garçons qui récitent des prières. Je me souviens qu’on m’a mise en garde sur les groupes d’extré-mistes qui vivent dans le désert et qui n’aiment pas du tout les filles, alors je décide de m’en aller mais un homme jeune m’aborde en français, et me demande ce que je cherche. Il est très doux alors je lui dis que je cherche la plage. Il dit qu’il va me montrer et il prend ma main très vite et commence à courir. Il commence à pleuvoir et mes chaussures glissent sur les rochers tranchants et j’ai un peu peur de tomber. Mais soudain je la vois, la mer noir et brillante, elle est sublime ; on dirait une coulée de lave ébène et ondulante.

J’ai faim. Alors on remonte la pente rocheuse et on arrive à un kiosque à sandwiches au bord de la route. Ses néons blafards me fond plisser les yeux et les tables d’extérieur sont sales et collantes, mais il brille comme une étoile ; et je me sens bien. Je choisis un sandwich à la dinde froid et infecte mais je le mange quand même. Je jette des petits morceaux de dinde à des chatons errants. Un ami du garçon nous re-joint, il s’appelle David. Je décide de rentrer, il veut m’ac-compagner. Sur le chemin, je le trouve trop entreprenant ; et j’aimerais rentrer seule. Il a l’air triste. Je commence à être embarras-sée, quand j’entends un «Hellooo!» derrière moi. Les deux allemandes nous rejoignent, le sourire aux lèvres, elles marchent main dans la main. Me voilà sauvée de ce moment de gêne, je pars avec elles.

Sharon Gray Sorel