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Douleurs, 2007, 8, 2
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réseau : lombalgie, fibromyalgie, douleur cancéreuse, douleurde la personne âgée, migraines et céphalées chroniques parabus médicamenteux, migraine de l’enfant ;
– un exposé des différentes approches thérapeutiquesproposées par le réseau, qu’elles soient médicamenteusesou non médicamenteuses (abord psychologique, thérapiescomportementales et cognitives, relaxation, neurostimula-tion, acupuncture…) ;
– une projection vers l’avenir du réseau avec 4 projetsprincipaux : réalisation d’une enquête sur la douleur cancé-reuse, approche médico-socio-professionnelle de la lombal-gie chronique, consultation d’orientation médico-sociale despatients douloureux chroniques, développement de partena-riats hospitaliers.
L’ouvrage comporte de nombreuses illustrations clini-ques et des annexes très utiles : recommandations desociétés savantes, aide-mémoire, grilles d’entretien, ques-tionnaires d’évaluation, protocoles, ordonnance type…Grand public et professionnels de santé peuvent retrouverde nombreuses données sur le site internet du réseau :https://www.reseau-lcd.org
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RÉFÉRENCE
Soyeux E, Laroche F. La douleur. Guide d’un réseau pluridisciplinaire. Éditionsscientifiques L&C, Paris 2006.
Florentin Clère
La toxine botulinique est-elle un traitementde fond de la migraine ?
C’est à cette question que s’intéresse un des éditoriaux [1]du numéro de décembre 2006 de la revue
Pain
. La toxinebotulinique inhibe la sécrétion d’acétylcholine au niveaudes terminaisons nerveuses motrices. C’est donc fort logique-ment que son utilisation a pu être tentée pour des patho-logies douloureuses où la composante musculaire estprépondérante. En ce qui concerne la face, les céphaléesde tension semblaient constituer une cible de choix :aucune efficacité n’a pu être démontrée [2]. Alors sont sor-ties des études sur la migraine, avec des résultats mitigés,jusqu’à la publication du travail de Jakubowski
et al.
[3]. Lesauteurs de cette étude ont tenté de rechercher des facteurspronostiques d’efficacité de la toxine botulinique sur la fré-quence des crises migraineuses. 63 patients ont pu êtresélectionnés, 100 unités de toxine ont alors été injectées en21 sites musculaires crâniens et cervicaux. 39 patientsont été considérés comme répondeurs (0,8 crise mensuelle
contre 16 crises avant injection) et 24 non répondeurs.Dans les 2 populations la prévalence des nausées, vomisse-ments, de la phono-photophobie était comparable. Parcontre une différence significative est apparue dans ladescription qu’ont faite les patients de leur douleur. Dansle groupe répondeur, 74 % des patients ressentaient unécrasement ou une compression extra-crânienne (nomméepar les auteurs céphalée implosive), 13 % décrivaient unesensation d’arrachement du globe oculaire. Dans le groupenon-répondeur, 92 % des patients vivaient l’augmentationprogressive d’une pression intra-crânienne (nommée céphaléeexplosive). L’inefficacité de la toxine botulinique s’expli-querait alors pour les auteurs par la prédominance des phé-nomènes intra-crâniens (système trigémino-vasculaire). Ilsémettent l’hypothèse d’une implication prépondérante dusystème nerveux extra-crânien dans la genèse des cépha-lées migraineuses de type « implosive », jetant un nouveaupavé dans la mare de la physiopathologie de la migraineen dichotomisant l’entité… La couverture de la revue estconstituée de 4 figures issues de cet article : il s’agit de des-sins très parlants, signés L. Fink, qui représentent les sensa-tions ressenties par des patients de l’étude lors d’une crisemigraineuse.
■
RÉFÉRENCES
1.
Goadsby PJ. Editorial. Squeezing life into botulinum toxin A in migraine:Imploding
versus
Exploding Pain. Pain 2006;125:206-7.
2.
Silberstein SD, Göbel H, Jensen R
et al.
Botulinum toxin type A in the pro-phylactic treatment of chronic tension-type headache: a multicentre,double-blind, randomized, placebo-controlled, parallel-group study.Cephalalgia 2006;26:790-800.
3.
Jakubowski M, McAllister PJ, Bajwa ZH, Ward TN, Smith P, Burnstein R.Exploding
vs
. imploding headache in migraine prophylaxis with BotulinumToxin A. Pain 2006;125:286-95.
Florentin Clère
Douleur et hypnose (suite)
Après avoir consacré plusieurs articles à l’apport de l’hyp-nose pour la prise en charge de la douleur dans son numéro 2,la revue
« Hypnose et thérapies brèves »
poursuit dans sonnuméro 3 la publication d’articles issus des 3
es
transversalesde Vaison-la Romaine, qui ont eu lieu du 25 au 27 mai 2006sur le thème :
« Douleur, souffrance et hypnose, empreinteset chemins »
.
Lorsque la douleur dure, la détresse du patient s’installeet module sa plainte. Cette plainte évolue par la suite demanière autonome, fluctue en fonction de l’environnement.En se basant sur ce constat, Éric Bardot [1] compare sonrôle de thérapeute à celui d’un entonnoir : il utilise une stra-
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tégie de « dissociation de la plainte ». Remettre la plainte enmouvement c’est reconnecter le sujet à son vécu de détressedans le présent, donc pouvoir à nouveau mobiliser ses pro-pres ressources. Cette stratégie constitue pour l’auteur lepoint commun entre l’hypnose éricksonienne, les thérapiesbrèves de l’école de Palo Alto et le protocole EDMR. Ilexplique alors, en l’illustrant par un cas clinique, la notionde place sûre : il s’agit alors de mobiliser les expériencesréussies du passé où le patient a pu se sentir en sécurité.L’hypnose peut ainsi rompre la focalisation du patient sursa douleur pour le ramener vers son vécu, lui faire traverserl’entonnoir et le faire émerger vers une nouvelle approche…Chantal Wood et Antoine Bioy [2] y sont les auteurs d’unecommunication sur les spécificités de l’hypnose en pédia-trie. En effet la technique doit s’adapter à l’âge de l’enfant,par exemple : bercement ou chanson avant 2 ans, parler àtravers son jouet entre 2 et 4 ans, raconter une histoire oufaire « comme si » entre 4 et 6 ans, visualiser un endroitfavori entre 6 et 11 ans, évoquer les loisirs préférés entre 11et 18 ans. Deux applications pratiques sont décrites par lesauteurs dans un contexte de douleur aiguë :– l’intérêt d’associer hypnose et MEOPA pour la préventiondes douleurs induites par les soins aux urgences ;– l’efficacité de l’hypnose associée à une benzodiazépine aubloc opératoire.L’hypnose est alors utilisée de manière ludique si le théra-peute sait être créatif. Les enfants semblent particulièrementà l’aise avec cette technique et apprennent très rapidementde nouvelles compétences en termes de capacités à faireface à la douleur.Le 3
e
article de la revue [3] expose le travail de GéraldineFranzetti et d’Étienne Lajous auprès de deux patientes fibro-myalgiques aux parcours personnels différents. Les auteursse basent sur les paroles de leurs patientes pour adapterleur technique hypnotique : celles-ci comparent leur patho-logie à une cage, une prison dans laquelle elles se sententenfermées. Une écoute empathique permet aux thérapeu-tes de laisser leurs patientes exprimer leur vision méta-phorique avant de l’utiliser pour
« les aider à s’évader età passer la porte de la cage, déjà ouverte… »
. Le théra-peute doit alors accepter
« le simple rôle d’un passeur, quiéclaire le patient sur son langage caché et le guide versd’autres rivages moins obscurs »
.Ces trois nouveaux écrits témoignent une fois encore del’intérêt de l’hypnose dans le domaine de la douleur. Tech-nique non médicamenteuse, adaptée chez les sujets fragilesdu fait de leur âge (enfants, personnes âgées) ou de leurpathologie (cancer), moyen de prévention des douleurs
iatrogènes : l’hypnose s’inscrit pleinement dans les grandsaxes du plan gouvernemental 2006-2010. Son utilisation est-elle généralisable ? N’est-elle pas trop chronophage ? Troponéreuse ? C’est à ces questions que se sont intéresséesLang
et al.
[4] dans un article publié dans la revue
Pain
. Ilsont voulu évaluer l’intérêt de l’hypnose pour prévenir ladouleur induite par les biopsies mammaires. Trois groupesde patientes ont été distingués : soins dits « standards »(76 patientes), écoute empathique (82) et auto-hypnose(78). À la fois la douleur et l’anxiété étaient significative-ment moindres dans le groupe « hypnose » par rapport augroupe « standard ». Dans la mesure où le personnel soi-gnant mobilisé pour la biopsie était formé aux techniqueshypnotiques, il n’existait aucun surcoût mais au contraireune diminution du temps passé par la patiente en salle deradiologie : 39 minutes
vs
46 minutes…
Alors, comme le demande un éditorial de la revue Pain [5],faut-il marier l’hypnose et la radiologie ? Bien entendu celane suffira pas à faire venir toute la famille des soignants aumariage. Certains membres n’aiment pas les mariages entre« jeunes » et « vieux ». D’autres préfèrent les blocs et lesmédicaments aux approches relationnelles. En plus, aucunlaboratoire ne sera là pour « vendre le produit » (sic).
À l’évidence l’hypnose est utile durant les gestes médicauxpotentiellement douloureux. Alors comment faire en sorteque cette technique ancienne
(something old)
devienne auquotidien une thérapie moderne
(something new)
? Sûre-ment en dédramatisant les effets de l’hypnose, parfois craintedu grand public du fait du risque de perte de contrôle sur sesactes et ses paroles. Bien sûr en expliquant ses actions antal-gique et anxiolytique, particulièrement intéressantes enmédecine. Enfin en expliquant l’absence de surcoût pour lasociété si les personnels sont sensibilisés.
■
RÉFÉRENCES
1.
Bardot E. La douleur dans l’entonnoir ne coulera plus dans le tonneau desdanaïdes. Revue hypnose et thérapies brèves : numéro 3, Novembre-Décembre-Janvier 2007. Pages 26-38.
2.
Wood C, Bioy A. Hypnose chez l’enfant. Le jeu du « comme si ». Revue hyp-nose et thérapies brèves : numéro 3, Novembre-Décembre-Janvier 2007.Pages 44-54.
3.
Franzetti G, Lajous E. La fibromyalgie comme une métaphore. Une prison,une cage… réelle ou virtuelle ? Revue hypnose et thérapies brèves :numéro 3, Novembre-Décembre-Janvier 2007. Pages 56-65.
4.
Lang EV, Berbaum KS, Faintuch S, Hatsiopoulou O, Halsey N, Li X, Ber-baum ML, Laser E, Baum J. Adjunctive self-hypnotic relaxation for outpa-tient medical procedures: a prospective randomized trial with womenundergoing large core breast biopsy. Pain 2006;126:155-64.
5.
Spiegel D. Editorial. Wedding hypnosis o the radiology suite. Pain 2006;126:3-4.
Florentin Clère