584

Click here to load reader

Droit_guerre_paix1(Grotius).pdf

Embed Size (px)

Citation preview

  • ^

  • i

  • JOfTP,.. ,/.

  • V*

  • LE DROITDE

    LA GUERRE,ET DE

    LA PAIX.PAR

    HUGUES GROTIUS.NOUVELLE TRADUCTION,

    PAR

    JEAN BARBEYRAC,PirofeJJeur en Droit Groningue, & Membre de la Socit

    Roale des Sciences ^Berlin.Avec les N o T e s de l'A uteur mme

    ,qui n'avoimt

    point encore paru en Franois ; & de nouvelles Notes duTraducteur.

    TOME PREMIER.

    tyt 4.*tl**'

    Jj.V. fiU

    ft.4/iJ

  • A ISA

    MAJEST BRITANNIQUE,GEORGE I.

    IRE,

    T'ou T inconnu que jefuis Vtre M a jes Te', fofe luioffrir la Traduction d'un Ouvrage? qtiEUc connot parfaitement

    , &qui ejl comme en pofjejfion de parcourefout laprotection de quelque

    * 3'

    Tte

  • E P I T R E.Tte Couronne. LAuteur ^ qui le compofa en France , le ddia Louis XIII. La premire' Traduction Franoife , qu'on en av> fut ddie a Louis XIV. Une Edition Lati?ie , publie enAllemagne, avec des Notes aie divers Savans , a t confacre

    thonneur de rEmpereur Le'opold. Un Savant de ces Provin-ces, dijlingu parfon rang, prfenta fon Commentaire a Guil-laume III. le pnultime ides Prdcejfeurs de Vtre Ma-jest. On fait aujj, que Gustave Adolphe, Roi deSude

    , fit de ce Livre le mm cas ST le mme ufage , peu prs ,qu'avoit fait autrefois Alexandre le Grand des Poe/tesdYL o m e'r e. A quel Potenttat pourrois-je m'adreffer , qui ilconvint mieux de recevoir faivorahlement , en co?ifidration etunOriginal fi gnralement eftimi , la nouvelle Traduction , & lesNotes par lesquelles je tche die le faire mieux entendre, gf de con-tribuer , entant qu'en moi efi , l'avancement dune belle Science ,dont une grande partie peut tre regarde comme la Science propre

    des Rois.

    A la vrit cette mme Sciemce donne des leons, qui nefont pasfort agrables tous les Souverains. Ily en a eu de tout tems {onne lefait que trop) qui fe faifeant une faujfe ide de leur Grandeur,aujfibien que de leurs vritables intrts , riont cout que le langagede la Flatterie , direc

    rleme?7t oppof aux Maximes tablies dans cet

    Ouvrage. Mais VtreMajesTe'/? entre de bonne heure dansde tout autresfe?itimens , qu'Elle? a tmoignez deplus enpiwpar toute

    fa conduite , dune manire ou idriy a rien defujj?etf ni dquivoque.Si Vtre Majest m'et jamais gouvern que la Grande

    Bretagne fur le Trne de laquelle la Providence ta fait monter

    par une des Rvolutions les pluis heureufes pour le bien temporel &(birituel de ces Peuples magnamimes , jufiemerjtfoigneux de tun&de l'autre; les Ennemis de Vitre >Gloire pourroient. y fur une pr-

    fomtion malfonde Vtre gaird 9 mais conforme au gnie 4e bien

    des Princes , attribuer lajujliice & la modration de Vtre Gou-verne-

  • E P I T TR E.verncment la crainte des mauvais jfuccs qu'ont toujours eu lafn les attentats des Rois fur les Liberts & les Privilges de laNation. Aiais la mme jujlice , la mme modration , exercesconjlamment dans les Etats Hrditaires

    , au Gouvernement des-

    quels Vtre Majest', depuis; tant d'annes , avait t im-mdiatement appeUe par la Naijfancce $ doivent convaincre l'En-vie mme

    ,que Votre M a j e s t ee' agit par un principe de lu-

    mire & dinclination : qu'Ellefait s'iimpofer Elle-mme des Loix,gT rejlreindre fon Pouvoir : en un m oit

    ,quef ton pouvoit tre ef-

    far que tow les Rois fufjent de fon caraffre , il ne ferott plutbefoin de Loi Fondamentale $ il vauedroit mme mieux oter cettebarrire

    , gf laiffer aux Chefs de l'Etat u?ie pleine libert d'agiren tout & par tout comme ils le trouveraient bon.

    Ceft la 9 Sire, tout ce que je prendrai la libert de dire ici la loua?7ge de Vtre Majest eV. La chofe eflf connue, gjfl'loge natf naturellement de monfajjet, que toute la modfie deVtre Majest' exigeroit en vmin le flencc. Du refic

    ,je

    laiffe ceux qui ont l'honneur d'approcher defa Perfonne Sacrele foin de publier fes autres Vertu* jRoales fiT Chrtiennes. Ouplutt je m'en repofe fur l'Hifoire, c^ui

    , criteflon les rgks lesplm fvres

    ,donnera le modle d'un bon Prince. Je ne fuis pas

    ajez vain 9 pour croire que des loucanges de ma part foient d?au-cun poids : &je ne me propofe ici\ cflue de joindre mafoible voixau concert public de tour ceux qui omt cur la libert de l'An-gleterre, ff l'intrt commun des Proteftans

    , ^ Vtre Ma-jest a tant de foin de procurer foit en les dfendant contre

    l'OppreJfion, foit en travaillant riwiir les Efyrits malhcureufe-me?it divi/z par l'opinitret des Thologiens. Etabli , d'ailleurs

    ,

    dans une de ces pmjjantes Provinces qui'fo?Jt conffer leur plus

    grande gloire J leur plm grand avamtage dans une troite unionavec Vtre Majest', je m'acquitte du devoir d'un bon Ci-toen, en tmoignant la conformit de mes fentimens avec ceux

    de

  • E P I T R E.de mes Suprieurs. Mais je les imite fur tout par l'intrt que jeprends la confreation de Votre Perfonne Sacre, & la profprit de Vtre Gouvernement: & je me fah un grand plaifr detirer un bon augure pour tavenir , de la manire clatante dontla Providence s'ejl dclare par le paff en Vtre faveur. Oui ,Sire, Vtre Trne , affermifur la Juftice y nefera point bran-l. Les Conjpirations cejferont : ou, s'il fe trouve encore des genscapables eten entrepre?7dre , elles ne produiront d?autre effet , que de

    fournir j Vtre Majest de nouvelles oecq/ions de tmoignerune Clmence extraordinaire. Vtre Majest verra crotrede plus en plm fa Famille Roale , & en nombre de Succeffeurs ,gf en toute forte de Vertm , dont Elle leur donnera encore l'exem-ple pendant une longue fuite d'annes. Vos Ennemi* trembleront.Vos Allis continueront s'unir dejour en jour plmfortement avecVtre Majest, par inclination , autant que par intrt.Ce font du moins les vux les plm ardens & les plm fincres decelui qui ejl avec le plm profond rejpecl

    ,

    SIR Ej

    De Vtre Majest

    Le trs-humble & trs-obflknt ferviteur

    J. BARBEYRAC

    *

  • &y3&&&:
  • ii PREFACEblt y devoir donner ; je me regardois encore comme bien loin de fongertout de bon faire voile. Il falloit quelque choie d'extraordinaire

    ,pour

    me dterminer fans dlai : & peut-tre ne feroit-ce encore qu'une fimplevellit

    ,ou tout au plus un projet vague , 11 Poccafion

    ,qui a produit le clef-

    fein form , et t accompagne de circonilances moins engageantes. Icila modeftie & la gnrofit des Illuftres Promoteurs de l'entreprife m'impo-fe un filence fcheux

    ,

    que toute la dfrence que je dois avoir pour leur vo-lont a bien de la peine obtenir des mouvemens de reconnoiflnce

    , &peut-tre d'amour propre

    ,qui me porteroient m'tendre l-deflus tout

    mon aife. Il eft li rare de voir des Grands , dans des Polies fort levez

    ,

    prendre quelque intrt aux Occupations frieufes des Gens-de-Lettres

    ,

    qu'on ne peut que difficilement rfiiter la tentation de fe faire honneur foi-mme , en rendant des hommages publics ceux de cet Ordre qui s'l-vent ainfi au deflus mme de leur rang. Pour moi , rien ne fauroit ici meddommager un peu du plaifir dont je fuis priv cet gard

    ,que la dcla-

    ration folennelle qu'on me permettra du moins de faire,

    Qu'il n'a pas tenu moi

    ,que je ne fatisiilfe en mme tems mon devoir & mes dfirs.

    Je ferai moins gn , fur ce que j'ai dire par rapport l'Ouvrage mme.Jamais Traducteur n'eut plus beau champ pour une Prface , & une Prfaceintreffante. La matire du Livre ,' & le mrite de l'Auteur , fourniroientdequoi remplir un jufte volume , fi l'on vouloit dire tout ce qu'il faut pourune Introduction cette lecture. Heureufement le principal l trouve djfait , dans la longue Prface fur P u F E N D o r f

    ,qui doit dformais fervir

    pour les deux Ouvrages , infparables & en eux-mmes , & par la maniredont je m'y fuis pris en les traouifant & les commentant. Je me borneraidonc donner une efpce d'hiftoire de mon Original ; rendre compte dema Verfion & de fes aflbrtimens , montrer enfin

    ,par des rflexions g-

    nrales fur la mthode & les principes de cet Ouvrage , l'ufage qu'on en doitfaire , & le profit qu'on en peut tirer.L On ne fauroit refufer mon Auteur la gloire d'tre original en fon

    genre. C'eft le caractre propre de ce Trait , le premier qui ait t faitpour rduire en Syftme la plus belle & la plus utile des Sciences Humaines,mais malheureufement la plus nglige. JJn tel Effai , avec toutes les im-Eerfections qu'on pourra y dcouvrir , auroit fuffi pour immortalifer unomme d'ailleurs prodige d'Erudition. Et , mis part les grandes ouver-

    tures qu'il fournit , cela feul qu'il a donn l'exemple,

    doit rendre & l'Ou-vrage

    ,& l'Auteur , ternellement refpectables , dans l'efprit de tous ceux

    qui ont cur le bien de la Socit Civile & du Genre Humain. Reprfen-tons-nous l'affreux cahos o toient le Droit de la Nature f des Gens , &les principes univerfels du Droit Public

    ,qui en font une dpendance mani-

    fefte. S'agiffoit-il de dcider quelque diffrend entre deux Nations , ouentre le Corps d'un Peuple & fon Souverain ? ou bien entre de 1impies Par-ticuliers

    ,qui tant Sujets de diffrens Etats, n'ont point de Juge commun

    oui puiffe prononcer,avec autorit,fur leurs prtentions ? L'un ne reconnoif-oit ici prefque d'autre Droit

    ,

    que la Loi du plusfort , ou YIntrt. L'autreallguoit

  • DU TRADUCTEUR. mallguoit la Coutume : principe

    ,

    premirement fort loign de l'univerfali-t que doit avoir une Rgie commune tous les Hommes ; de plus , fou-vent incertain , variable , fujet mille faux-fuans , mille embarras ; en-fin

    ,

    qui peut autorifer le Mal , comme le Bien ; qui l'a fouvent autorifchez les Nations les plus polies ; & qui , aprs tout , lors mme qu'il a for-ce de Loi , ne l'a point par lui-mme , mais en vertu de quelque autre cho-fe , dont l'effet pouvoit aifment tre lud. D'autres , plus Philofophes,mais prvenus de bonne heure d'une admiration outre pour les Anciens

    ,

    felon qu'ils s'toient enttez d'un Platon, ou d'un Aristote, ou detel autre Homme Divin leur gr , vouloient qu'on l'coutt , comme unOracle , & qu'on puift uniquement dans fes Ecrits , obfcurs ou confus

    ,

    fuperficiels & imparfaits,pleins d'erreurs & de chimres, les Rgies du

    Droit & de la Morale. D'autres en appelloient au Droit Romain : commefi les Romains , & leurs Jurifconfultes , avoient t ou infaillibles , ou en-voiez du Ciel pour prefcrire des Loix toutes les Nations , depuis mme lamine totale de leur Empire ; ou comme fi , fuppof que leurs dcifions dut-fent faire rgie , il toit fort facile de dmler les principes de l'Equit Na-turelle au milieu d'une infinit de fubtilitez arbitraires o ils font enfvlis.Plufieurs faifoient un mlange bizarre de ces principes , ou autres fembla-bles , aufli difficiles accorder entr'eux

    ,qu'avec le Bon-Sens. Il n'y avoit

    qu'une chofe en quoi ils convenoient tous , c'eft que le fondement de leursDcifions le rduifoit ou direftement , ou indirectement, l'Autorit.Comme elle s'toit empare de l'Efprit avant l'examen , ou fans aucun exa-men des chofes mmes , elle dcidoit fouverainement de ce qui eft du ref-fort de la Raifon toute feule. Il femble qu'on et perdu le got de ce quieft raifonnable , force de ne fe repatre que d'Opinion & d'Exemple. Envain la Rvlation de la Loi Divine deM o s e , & plus encore celle du Filsde D i e u , avoient ouvert les vritables fources du Droit. En vain , par ce-la mme qu'elles les ouvraient feulement , elles exh orraient les Hommes les creufer , & les fuivre dans tous les Ruiffeaux qui en dcoulent. Onn'en a t gures plus attentif profiter de ces avertuTemens & de ces fe-cours. Bien loin de l : ce fut la faveur de la Religion la plus raifonnable& la plus fainte

    ,que s'introduifirent les Erreurs & les Pratiques le plus ma-

    nifeftement contraires & la Religion,& la Raifon. Selon les principes

    de l'Evangile , on nepeut plus douter,que ce ne foit une fouveraine injuf-

    tice , de piller , chafier , tourmenter , tuer ceux qui ne font du mal per-fonne : il s'eft trouv nanmoins , & il n'y a encore que trop de gens

    ,

    gui,

    faifant profeilion du Chriftianifme, ont tmoign croire, & perfuad enfuiteau Vulgaire ignorant

    ,qui fait la plus grande partie de chaque Ordre & de

    chaque Condition;que tout cela eft non feulement permis , mais un de-

    voir,

    quand il s'agit de la plus grande gloire de D i e u,

    qui confifte , floneux , avancer , de quelque manire que ce foit, les intrts d'une FactionReligieufe. C'toit une maxime de Droit Public , aflez gnralement re-ue , que les Sujets ne dpendent que de leur Souverain : il fe forme , dansdes Sicles tnbreux , une Puiftance Ecclfiaitique

    ,

    qui fe parant d'un t-a 2 tre

  • [V PREFACEtrc ufurp , vient s'riger en Souverain de tous les Souverains , leur impo-fe des Tributs eux & leurs Sujets , & abfout ceux-ci

    ,quand bon lui fem-

    ble , des Sermens de fidlit les plus folennels. L'Allaiinat des Rois

    ,

    qu'elle dclare Hrtiques , c'eft--dire , rebelles fes Loix & peu dvouez fes intrts

    ?eft regard comme une action hroque

    ,qui met au rang

    des Martyrs ceux que l'on ofe punir,pour l'avoir commife. On peut ju-

    ger par l,

    quels progrs doit avoir fait l'tude du Droit de la Nature & desGens , entre les mains des Suppts de cette Puiffance

    ,qui fe l'appropri-

    oient, & qui toient ii fort intreffez touffer entirement les lumires lesplus pures de la Raifon. Les Scholaftiques introduifirent quelque efpce demthode : mais ils ne firent d'ailleurs qu'ajouter,au peu de folidit & de liai-fon des principes , un mlange affreux de fchereffe , de vaines fubtilits

    ,

    & de barbarie , feul capable de dgoter des meilleures chofes. Les Rfor-mateurs toient trop occupez de Controverfes Thologiques

    ,pour penfer

    frieufement une Science comme celle dont il s'agit;quand mme ils au-

    roient eu d'ailleurs moins du levain de l'Ecole,qu'ils n'en confervrent , &

    les talens ou les connoifances nceffaires pour une telle entreprife.Tel toit l'tat de cette premire Jurifprudence

    ,qui doit fervir de fonde-

    ment toutes les autres , lors que G r o t i u s conut le noble defein de laramener fes principes propres , & de la faire voir dans fon naturel , d-pouille des haillons dont on l'avoit revtue. Il pofledoit , dans un degrminent , les qualits que demandoit une entreprife de cette nature : & j'o-fe dire

    ,que fon Erudition

    ,quelque immenfe qu'elle fut , n'toit pas la

    principale. U n'en falloit pas tant , beaucoup prs,pour un tel Ouvrage

    ;

    & elle auroit t prjudiciable,plutt qu'utile , fi l'Auteur fe ft trouv du

    gnie de ces Savans,qu'une grande lecture empche de rflchir

    ,& d'tre

    en garde contre les Prjugez , dont elle leur fournit mme occafion , bienloin de les gurir de ceux qu'ils y apportoient. La libert de l'Efprit , lapntration & la droiture du Jugement , l'amour de la Vrit , le couragede la dire , c'eft ce qu'il falloit ici ; & c'eft ce qui , dans G R o t i u s , alloitdu pair avec le Savoir. Nous fommes peut-tre redevables de l'ufage qu'ilen a fait pour un tel deffein , fa mauvaife fortune

    ,qui le rduifit le trou-

    ver encore fort heureux de vivre en exil. S'il fut demeur dans fa Patrie

    ,

    o il auroit pu lui rendre tant de fervices , dans les Emplois les plus confid-rables de l'Etat ; il n'auroit pas eu, fans doute, autant de loifir qu'elle lui enprocura par une injufle Sentence , o elle fe puniffoit elle-mme, en fe pri-vant de ce Grand Homme. Mais la Poftrit

    ,plus quitable , a reconnu

    la faute de fes Anctres , en mme tems qu'elle a profit,avec toute YEu-

    rope,des Ecrits de G R o T i u s. Celui-ci feul fuffifoit

    ,pour faire voir

    ,

    combien on avoit perdu : & ce fut fur la fimple le&ure du Livre,que ntre

    Auteur fut regarde comme un des plus grands Politiques,par des Minifires

    d'Etat & des Ttes Couronnes,qui vinrent enfin lui offrir une Ambaf-

    fade honorable. Mais quoi qu'il n'ait compof & publi cet Ouvrage quedans fon exil, il ne faut pas croire qu'il ait commenc alors feulement lesrecherches nceflaires pour y rfFir. Son gnie fuprieur & prcoce , en

    tout

  • DU TRADUCTEUR.

    fa difgrace,

    qu'il rouloit dj dans fon efprit , fur ce fujet , de tout autres %ju$-ides"

    ,

    que celles qui fe trouvoient dans les Livres. Pendant qu'il fut en fi'|'{f

    -

    1V -

    prifon Louvejein , il avoittout le tems de mditer ces matires : mais jedoute qu'il penft encore alors ramaiTer dequoi en compofer un Corps r-gulieir. On n'en voit du moins aucun indice dans fes Lettres , o nanmoinsil parle fouvent d'autres Ouvrages,auxquels il travailloit dans cette trille fo-litude. L'tude de l'Ecriture Sainte y rit fa plus grande & plus frieufe oc-cupation

    ,

    qui produifit enfuite ces lavantes & judicieufes Notes, que la Pottrit la plus recule admirera. Mais cette tude d'ailleurs contribua beau-coup lui donner de plus en plus des ides juiles du Droit commun tous

    en

    fur ce fujet principalement , ou il y va de leur plus grand intrt. L'Ouvra-ge mme de ntre Auteur tmoigne par tout , combien il avoit tir de fe-cours de ces Saints Livres , & le foin qu'il avoit de fe conduire par leurs lu-mires. Il nous apprend lui-mme l'occafion qui le dtermina travaillerde propos dlibr fur le Droit de la Nature & des Gens : & il eft bon de larapporter

    ,pour rendre en mme tems la mmoire d'un autre illuitre Per-

    fonruage l'honneur qui lui feroit d par cette feule raifon , quand il ne fe fe-roit pas d'ailleurs diitingu par une ardeur extraordinaire procurer l'avan-cement de toutes les belles Connoiflances. On voit bien que je veux par-ler du fameux Mr. d e P e i r e s c

    ,qui a tant encourag de toutes manires

    les S.avans qu'il jugeoit propres quelque chofe. De l'humeur dont il toit

    ,

    il n'mvoit garde d'ignorer ou d'oublier un homme comme G R o T i u s , qu'ilauro it t chercher au bout du monde , s'il l'y et f. Il le trouvoit enFrance

    ,o il eut bien-tt fait connoiffance avec lui Para , & li un com-

    merce particulier,

    qu'il entretint toujours , foit qu'il ft prfent , ou enProvince. Il ne fe contenta pas d'emploier un (b) excellent Peintre , pour G tyJ

    oi

    orner fon Cabinet d'un Portrait qui lui rappellt, chaque moment, l'ide de pfiwc.cet Illuftre Rfugi : il voulut encore , imitateur de l'art de (c) S o c R A t e, ^- I|^fervir l'enfantement de quelque production d'Efprit, oGrotius fe ng. c. sn.peignt lui-mme. Il le follicita donc travailler ( i ) fur le Droit commun F$m t '/za tous les Peuples , & il ne pouvoit choilir de fujet plus digne de celui qui le p^ PQas-fouhaitoit , & de celui qui il le propofoit. Il tmoignoit par l avoir re- Tom. i. m.connu la ncelit d'une chofe quoi peu de gens prenoient garde : car je ne H-

    Su*h -

    ri fi on trouvera quelque autre,

    que le fameux Bacon, Anglois & Chan-celier

    (i) C'eft ce que GROTiUS tmoigne lui-mme, debeat , pojeritas , qui me ad hune labortm & auxilio ,dans une de l'es Lettres Mr. de Peirksc, datte & hortatu tuo excitafli. Epift. CCI..G A s s E N D i , dansdu u- de Janvier, M. DC. XXIV. Intrim non otior : la Vie de cet Illuftre Confeiller , rapporte l-deilus unSe in Mo de Jure Gentium opre pergo: quod Ji taie fu- fragment d'une autre Lettre (Lit). IV. pag. 12?.) qui netnnim eji , ut lecfom demereri pojjit , habebit , quod tibi fe trouve pas dans le Recueil de telles de G R o t i u s.

    a 3 (iJVoiez

  • vi PREFACEcelier l"Angleterre

    ,

    qui et fenti l'imperfe&ion de la Science du Droit de laNature & des Gens , de la manire qu'elle avoit t jufqu'alors traite.GnoTiusfe mit travailler fur cette matire, en l'anne M.DC.XXHI.

    (a&E^' aprs avoir (a) achev fon S t o b e'e. Il choilit pour cela une retraite agra-

    Part, il feu ble. Le clbre Prfident J e a n J a q.u e s deMesmes, qui ne pouvoitAnmL que fe joindre au grand nombre d'Amis que ntre Auteur fe fit en France

    ,

    lui avoit offert une Maifon de campagne , nomme Balagni,prs de Senlis :

    il s'y rendit , au commencement de Juin , delfein en partie de fortifier fafente , en refpirant un air plus pur qu' la Ville. A caufe dequoi il travail-

    b)Ep. 57- i it d'abord alfez (b) lentement : & nanmoins , comme nous l'apprenons"*(cfi?part. d'une de (c) fes Lettres , il mettoit profit jufqu'aux Promenades , entreEpft. m- lefquelles & l'Etude il partageoit alors tout fon tems. On peut juger par cet

    chantillon , de fon application infatigable au travail : fans quoi tous fesbeaux talens , & toute la facilit qu'ils lui donnoient , n'auroient pas fuffl produire tant d'Ouvrages de diffrente nature , au milieu des traverfes &des diffractions d'une Vie qui n'a pas t des plus longues. Le fecours d'uneBibliothque

    ,

    qui ft lui , & dont il pt fe fervir tout moment , luimanquoit : d'o l'auroit-il eue ? Celle qu'il avoit ramalfe dans fa Patrie

    ,

    n'chappa pas entire aux recherches de ceux qui avoient confifqu fesbiens ; & il avoit peine dequoi entretenir fa Famille , de (i ) la penfion,affez mal paie

    ,

    que lui donnoit Louis XIIL II falloit donc,que

    ,

    pourles Livres dont il avoit befoin , il vct d'emprunt : choie fort incommode,fur tout dans la compofition d'un Ouvrage comme celui dont il s'agit , oil vouloit faire paffer en revue tout ce qui pouvoit fe trouver, fur fon fujet,&dans l'Antiquit , & chez les Modernes. La Bibliothque de J a qu e s A u-

    (d)i. Part, g u s t e d e T h o u, Fil s du clbre Hiftorien,fut celle qu'il tmoigne avoirEfifi.ip. & (d)eu en fa dilpoiition,& pour cet Ouvrage,& pour les autres qu'il entrepritpri. Epift. Paris. Il falloit

    ,

    pour le dire en paffant,que les gens de Balagni fufient

    2T" bien bigots , ou que fes Ennemis & ceux de Mr. le Prfident d eM e s m e sfuiTent fort attentifs chercher dequoi les chagriner : car il fut oblig de fe

    (O i. Part, juitifier (e) auprs de Mr. de Thou,

    qui lui donnoit avis de certains bruitsEpji. 196.

    r^pan^us ^ pur ce qU'il n'obfervoit pas le Carme , & qu'on faifoit dans fa Fa-mille des Exercices presque publics de Dvotion , la manire des Protef-tans

    ,o , difoit-on

    ,

    plulieurs fe rendoient d'autres endroits. Il rpondit

    ,

    que , bien loin de l , il avoit mme expreffment ordonn qu'on ft mai-gre chez lui, le Vendredri & le Samedi ; rfolu qu'il toit de fuivre la modedu Pas , en matire de pareilles chofes. Que , depuis qu'il toit dans cetteCampagne , il n'y avoit vu aucun des Miniftres Rfugiez de Hollande , nirien fait qui pt fcandalizer les Catholiques Romains ; comme de chanter haute voix des Pfeaumes ou des Cantiques. 11 promet d'tre dformais en-core plus circonfpect

    ,

    pour ne pas donner lieu au Prfident de fe plaindrede lui avec la moindre apparence. Il dplore , cette occation , le fort d'un

    ve2 ynf Rfugi , en allguant des vers d'E u r i p i d e , (f ) qui font conlifter fonfeqq.

    '

    malheur

    (1) Voiez les Mmoires de D u M A U R i E R , Auteur , i. Fart. Epift. CCVII. AppenAix , Ep.$g. 449* dern. Ed de Holl. & les Lettres de ntre LXIV.

  • DU TRADUCTEUR. vumalheur principalement en ce qu'il ne peut prefque ouvrir la bouche

    ,qu'on

    ne lui en faffe un crime. Cependant ntre Auteur ne quitta Balagni qu'aumois 'Aot : car alors aiant appris que le Matre de la Maifon de campagney devoit venir lui-mme , & craignant de l'incommoder , il fe retira Sentis ,dans le voifinage , dont il trouvoit l'air auli bon , & les environs fort rians.Ce fut vers le 4. 'Aot (a) qu'il y alla , & il y continua fon Ouvrage pen- Epll w**dant cet Et. Il toit de retour a Paris (b) le 21. 'Otlobre , o il acheva ce &fc Partqui reftoit. Dans le mois de Juin (c) de l'anne fuivante M. DC. XXIV. il *U &*toit dj occup mettre fon Livre au net : en quoi il avoit une bonne ai- Ep ' 74 *

    de , fon Ami & Compatriote Thodore Graswinkel, dont nousaurons occafion de parler plus bas. On commena imprimer , vers (d) E^^le milieu de Novembre de la mme anne ; quoique l'Auteur fut alors ma-lade

    ,depuis prs de deux mois , d'une dyffenterie

    ,pendant laquelle il ne

    laiffa pas de prparer d'autres Ouvrages de diffrente nature. Au mois deFvrier de l'anne fuivante M.DCXXV. lelibraire(e) fit rouler deux pref- Ep^s&"*'fes

    ,pour tre tems d'expofer le Livre en vente Francfort , dans la Foire

    de Pques prochaine. On l'y ( 1 ) envoia effectivement , fur la fin de Mars,fans les Index

    ,qui n'toient pas encore imprimez

    ,& quelques Cartons

    que l'Auteur fit faire depuis. Cette premire Edition eft in quarto,& affez

    belle. G R o t 1 u s la ddia au Roi Louis XIII. qui , ce que nous ap-prenons de (f ) Du Maurier, ne lui en donna aucune rcompenfe , pour n'a- V) ^itlv'voirpoint de Patron auprs de Sa Majefl, qui aimt les Belles Lettres

    , jf quifittat d'un travail de cette importance. Ce font les propres termes des Mmoires.Le Public reut l'Ouvrage plus favorablement. Jamais Livre n'eut une

    approbation (2) plus gnrale , & ne s'eft mieux fotenu jufqu' prfent ;fans qu'il y ait Heu de craindre qu'il ne continue pas toujours avoir fonprix. S'il fut mis Rome (g) dans l' Indice Expurgatoire , c'eft une condamna- (s) re 4. fction des plus honorables : on auroit pu croire

    ,fans cela

    ,que l'Auteur fa- vSTs

    vorifoit les principes & les intrts d'une Monarchie deftruclive de tous les Ts v^ ntJ}Droits de la Nature & des Gens. Il n'a mme pu viter

    ,(h) qu'on ne l'en rlrTpiji.'

    fouponnt , malgr une juffification fi authentique,que la Cour de Rome l sh^ Voiez

    eut foin de faire en fa faveur. Tant il eft difficile,pour ne pas dire impof- ce que j'ai ait

    fible,que les meilleures intentions du monde ne foient fujettes des inter- S^x. .

    prtations finiflres , & les plus excellens Ouvrages en butte la Malignit " Not- bdes Ennemis ou des Envieux. De ceux-ci mme il y en a toujours de ca-chez

    ,qui font les plus dangereux : & c'eft ce que nous favons aujourdhui

    tre(1) Cela parot par la Lettre LXXI. de YAppendix; (c'eft la 218.) dttc du I. de Juillet, M. DC. XXVI.

    laquelle,

    auffi bien que la LXVI. cite en marge, & o il le prie encore de lui communiquer fes lumires

    comme cela eft arrive plufieurs autres , eft mal dat- pour la nouvelle Edition qu'il prparoit,te de l'an M. DC XXIV. au lieu de M. DC. XXV. (2) L'Auteur s'en flicite lui-mme , dans fon Eptrcainfi que la fuite des chofes le montre inconteftable- Ddicatoire des Phniciennes d'E uripide, adreffement. C*eft ainfi que , dans la foufeription la Lettre au Prfuient de M f. s m e s

    ,qu'il remercie l

    , en-

    CLXXXVIII. de la I. Partie, on a mal lu, Au 10. tr'autres chofes, de l'occauon qu'il lui avoit fourni deNovembre M. DC XXII. au lieu de quelque autre travailler agrablement cet Ouvrage , en lui prtantanne : car ntre Auteur y demande fon Ami G E* fa Maifon de campagne : Quant aliquanJ.o fuit ufura Ba-il ARD Jean Vossius, des avis pour une nouvelle lagniaci tui : qui locw Do-mini mores ameenitate fu re-Edition de ce mme Livre ; dont , fuivre cette dat- ferens , excituvit in me conatum ejus Operis

    ,quud inter

    te , la composition mme n'toit pas encore commence. tnea faventijjmis Letiorum animis exceptum eji. CetteAufl voit-on enluite une autre Lettre, au mme Vossius, Eptre eft du 1. de Juin, 1630.

    (t) Voiez

  • vin PREFACEtre arriv ntre Auteur , de la ( i ) part du fameux S a um a i s e. Maisle Public l'a bien veng , en mettant une grande diffrence entre cet Ouvra-ge

    ,& le feul que Saumaise ait publie fur quelque matire de Droit Pu-

    blic. On ne fe fouvient prefque plus de la Defenjio Regia : pendant qu'onrimprime le Trait du Droit de la Guerre f de la Paix en divers Pais, & endiffrentes Langues.La premire Edition de l'Original

    ,qui eft la feule de Paris

    ,que je fche,

    oo Afpmd. fut prefque toute dbite (a) en trs-peu de tems : & la rimpreffion auroitEp

    (b)/ti.E- fuivi bien-tt aprs , fans les retardemens qu'y apporta (b) la ngligence

    ,

    fi%)% Ejp. & Pu*s ^a (c) mort ^u Libraire. Les autres Nations , l'envi l'une de l'au-i8?. tre , enlevrent la France un Ouvrage n dans fon fein : & la Patrie fur

    tout de ntre Auteur s'en empara , comme d'un bien qu'elle croioit avoirdroit de revendiquer. Elle fut nanmoins devance par YAllemagne

    ,o l'on

    vit parotre Francfort , ds l'anne fuivante M. DC. XXVI. une Edition(d) in oHa- en plus petite (d) forme , mais affez jolie , & plus correcte que celle de Pa-

    Hritlm a?ris

    ?c^ont on ta *es ^lutes d'imprefion

    ,& l'on infra en leur place les Ad-

    mcbk ditions qui toient la fin du volume. Les Libraires de Hollande , aprs biendes retardemens , fe piqurent fi fort d'mulation

    ,qu'on vit parotre tout

    d'un coup , & en trs-peu de tems , trois Editions , fur la fin de l'anne M.DC. XXXI. & au commencement de l'anne fuivante M. DC. XXXIL.La premire

    ,qui toit infolio

    ,fut imprime Amflerdam

    ,chez Guillaume

    Blaeu,fur les additions & corredions

    ,que l'Auteur lui avoit fournies. Jean

    Janffon , Libraire de la mme Ville , donna l-deffus une autre Edition enpetit , l'inf de l'Auteur

    ,

    qui tmoigna publiquement,que l'Edition pof-

    trieure toit peu corre&e , fur tout pour les citations des Paffages Grecs.Il revit donc un exemplaire , fur lequel Blaeu fit la troifime Edition , auftiin oSavo : & c'eft ce qui parot par l'Avcrtiffernent

    ,qui eft au revers du Ti-

    tre,datte *Amflerdam , o G R o T I u s toit alors , le 8. d'Avril de M. DC.

    XXXIL On trouve l (pour le dire en paifant) une circonftance qui fert l'Hiftoire de la Vie de ce Grand Homme ; c'eft le tems (2) prcis , auquel ilfit un trs-petit fjour dans fa Patrie,d'o il fut oblig de refortir pour jamais.

    Ntre Auteur ne penfa plus depuis infrer des Additions dans le corps defon Ouvrage : foit qu'il crt avoir dit tout ce qui toit nceffaire par rapport fon but , ou qu'il craignt l'inconvnient des Additions

    ,qu'il eft difficile de

    placer d'une manire qui ne caufe pas de l'interruption la fuite du difcours;outre le drangement qu'il y a apprhender de la part des Imprimeurs. Il fecontenta donc de ramaifer , en forme de Notes , tout ce que fa mmoire oufes lectures lui fourniffoient

    ,qui pouvoit fervir expliquer ou illuftrer les

    matires.B

    (1) Voiez la Lettre de Saumaise, publie par Alb Julio; , qui eft une Ville de Trcmfilvanie : au lieuC R E N I u S , Atiimaverf. Philof. & Hiftoric. Part. ([ifAlma Juliu eft l'Acadmie de Helwftadt. On vouloitI. pag. 22. & le Dittionnaire de Feu Mr. B A Y L E , dfigner par l Felden, Proreflcur de cette Uni-l'Article Grotius, Lett. M. o, pour le dire en verfit , dont je parlerai plus bas. V oiez /' Hijloria Ju-pafiant , celui-ci s'eft tromp en expliquant ces mots : r Nuturalis de Mr. B u D D E u s

    ,.27.

    Librum ejus De Jure Belli ac Pacis refutandtim fufcepit (2) On peut joindre ici les Lettres de Grardquidam Profcfor A l m m Juli &c. qu'il traduit : Jean Vossius, I. Part. pift. CLIX. CLXIX.Un Profefeur de Tranjilvanie &c Il a lu fans doute CLXXXIL

    (OLc

  • DU TRADUCTEUR. IXIl regardent (a) lui-mme ce Recueil, comme devant groffir le Livre de la 0) // ?

    moiti ou au del, par (b) le grand nombre d'Autorits, anciennes & moder- ^j/*?i*.ns, oui s'toient prfentes , & qu'il jugeoit remarquables. C'eft ce qui fer- E* tl - l2J4-vit lire valoir la nouvelle dition, qui parut kAmJterdam, chez lesBlaeu, enM.DCXLH. o d'ailleurs il fe glifl bien des fautes ; dequoi ntreAuteur(c) () n.Part.fe plaignit en crivant fon Frre. Mais c'eft la dernire qu'il a vue publier. H?" 6o2 'Il n'eut pas le tems , ni peut-tre la volont , de prparer de nouvelles Ad-ditions : & il y en a trs-peu dans celle de M. DC. XL VI. quoi qu'en dife leTitre. Les autres Editions , venues depuis , n'ont Fait que copier cetteEdition pofthume

    ,& par confquent qu'y ajouter de nouvelles fautes d'im-

    preffion;jufqu' la dernire

    ,de M. DCC. XX. dont je dois parler plus bas.

    En voil dj beaucoup,

    pour montrer combien l'Ouvrage fut eftim &recherch. Mais il y en a d'autres preuves encore plus convaincantes. Sil'on vouloit imiter ceux qui, publiant un Auteur ancien, quelque chtifqu'il dit , ramaffent avec oftentation tous les paffages d'autres Ecrivains oils le trouvent

    ,je ne dirai pas lou , mais cit feulement ; on pourroit faire

    de cela feul un gr os Volume. Car qui n'a pas lou ou cit ( i ) Grotius,toutes les fois qu'il y a eu occafion de parler de quelque choie qui fe rapporte la matire de ce Livre ? Ceux qui taient le plus capables d'en juger , fontceux qui en ont fait le plus de cas ; moins que la paillon ou les prjugezn'aient fduit leur Jugement. Le grand GustaveAdolphe, Roi deSude y nepouvoitfe(d)lafTer de lire cet excellent Ouvrage : il le (e) fit whm*m-traduire en Langue Sudoife : & fi la mort n'et prvenu fes delfeins , il au- r;(T' Mmoir -roit vraifemblablement appelle l'Auteur fon fervice dans quelque Emploi %%aconfidrable. Son Chancelier Oxenjliern

    ,qui l'y encourageoit , n'eut gar-J^/Sa:

    de de manquer l'occalion, qu'il trouva,de fatisfaire lui-mme fon inclination,-conforme celle du feu Roi

    ,

    par le grand pouvoir qu'on lui domia fous laMinorit de Cbrijline. Il nomma Grotius pour Ambafladeur de la Cou-ronne de Sude auprs de celle de France

    ,en M. DC. XXXV. malgr les

    On l'admira de plus en plus,parce qu'on en reconnut de plus en plus la fo-^

    lidit & l'utilit. L'Auteur,qui lui (2) donnoit lui-mme le premier rang

    entre fes Ecrits,n'eut effuer aucune critique. Ceux qui en mditoient,

    eurent afiez de prudence,pour fe taire de fon vivant.

    (i) Le Feu P. Simon, dans fa Bibliothf.'queCritique, publie fous le nom de Mr. de Sainiore,dit

    ,que mme en Italie, & principalement dans Rome ,

    Ton cite encore aujourdhui, avec loge, dans desEcrits Publics,l'excellentOuvrage DcJurcBelli &Pacis, 7ew.IILCh.XIII.

    (2) C'eft ce qu'il tmoigne dans une Lettre fon Frre,T m. I.

    qUl (g) Fcldnnit,/ T \ o comme on aVljuA U-latiniz ce

    du dernier jour de l'anne M.DC.XXVIII. en lui envoiant"m '

    l'exemplaire augment, fur lequel devoit fe faire la nou-velle Edition : Mitto Libros De Jure Belli ac Pacis , cumnon exigu accejjtone. llorum curam tibi & amicis commen-do

    ,ut intermm Opra

    , fi cpAnfte judico , eminentium,Append. Epift. 196.

    h (0 Lu

  • ($ji.Jur. Natur.$.27. pag.J&SStlect. Jm\N.& Gent.

    x PREFACE(i)Saumaise promettoit monts & merveilles , dans une Lettre critepeu de tems aprs la mort de G R t i u s , mais qui n'a t publie que versla fin du dernier Sicle. Quelques Amis de ce Savant lui avoient dit , quele Profeffeur de Helmjiadt s'toit vant en leur prfence , de pouvoir mon-trer qtiilny avoitpoint de page du Livre rffGROTIUS,ow /'t?7/ ne trouvt-desfautesgrojjires : & cela eft rapport , dans la Lettre fusdite , d'une manire faire penfer qu'on y ajotoit Foi aifment ; quoique , comme l'a remarqule clbre (a) Mr. Budde'us, une fanfaronnade fi outre ft feule capa-ble de donner mauvaii opinion & de la Critique annonce,& de fon Auteur.Audi fut-il encore long-tems menacer, puis que ls Notes ne parurent quehuit ans aprs , en M. DC LUI. Si le grand S a u m aise et t encoreen vie

    ,je doute qu'avec toute fi jaloufie fecrte contre l'Auteur critiqu, il

    n'et pas beaucoup rabattu des hautes efprances qu'il avoit conues de ceprojet. On n'a jamais rien vu de plus pitoiable : (2) &on feroit furprisqu'un Mathmaticien pt fi mal raifonner, fi l'on n'avoit d'autres exemples,bien plus iuftres, qui montrent clairement que l'tude des Mathmatiquesne rend pas toujours l'Efprit plus jufte en matire de chofes qui font hors de

    mme qu'il l'entend", il en tire par les cheveux des corifquences les plusmal fondes du monde. Efprit tnbreux & malheureufement ( 3 ) fubtil

    ,

    il ne peut fouffrir l'clat de la lumire que G R t 1 u s lui prfente : les ides& les diifinctions embrouilles de la Philofophie Pripatticienne , dont ileft tout rempli , forment au dedans de lui un nuage pais , qui le rendentimpntrable aux plus forts raons de la Vrit.

    Ntre Auteur n'avoit pas befoin ici de Dfenfeur : il s'en trouva un nan-moins, qui crut devoir rendre cet office fa mmoire. Ce fut The'odoreG r a s \v 1 n c k e l

    ,

    Jurifconfulte , de fes Parens (4) & de fes Amis , natif,comme lui , de Delft , & qui lui avoit fervi de Copifte , pour mettre au netle Livre mme , dont il entreprit la dfenfe. On a publi , comme (f ) letenant de fa bouche

    ,

    qu'il crivoit,

    pendant queGROTius lui didoit:mais on pourroit bien avoir mal entendu , ou ne s'tre pas bien fouvenu dece qu'on avoit ou. Une (6) Lettre de G R t 1 u s mme , o il parle dece en quoi fon Ami l'aidoit , donne feulement l'ide d'un homme qui copiedes brouillons , tels que dvoient tre ceux de ntre Auteur , dont l'criture

    d'ailleurs

    (1) I.ibrum eizis De Jure Belli ac Paris reftttandumfufcefit quidam ProfeJ'or Aima Juli , qui amicis aliqtiot,quos vidi , adftrmavit Je ojtenjurum cfi , nuUam tagmamvacare ingmbitf erratis. Epift. Sai.masii , in T. I. Anim-aiv. Philoi. & Hiji. Thom. Crenii , png. 22.

    (2) Notez, qu'il ne s'attache point examiner lesCitations & les Faits , en quoi il auroit aflz trouvmatire critique; comme il paroitra par mes Notes.

    (j) C'eft le jugement qu'en porte un Auteur clbrele la mme Nation, Mr. Thomasius , clans fa Pau-lo p/mior Hiji. Jurie Naturalv , Cap. VI. . ?. o , pourprouver d'ailleurs combien Felde'nuS aimoit les fp-culations fubtiles , mais vaines , il allgue un Ouvrage

    De Sa'entia ititerpretandi,qui lui avoit cot cinquante

    ans de travail , & qui parut Helmjiadt , en 1 689.Voiez auffi ce que dit , au fujet de ce Critique de monAuteur , Mr. Budde'us , Hiji. Jur. Natur. . 27.1

    (4) Je l'apprens par l'Eptre Dilicatoirc au Frre &aux Fils de ntre Auteur, qu'il appelle Cognati fui.

    (5) Dans une Lettre de CHRI8TOPHLE Arnol-dus, que feu Mr. Baylf. cite dans l'on Diciion. Hift.&f Crit. l'article le ntre Auteur, Lett. O. aprs Cre-NiUS, AnimadverJ. Philoi. ff Hiji. Part. V. pag. 204.

    (6) Grarwinckeliuf nojler hic udbuc eji , &f me in dc-feribendii libris de Jure ( Belli ) Jlrcnu adjuvat. Ap-pend. Epift. 74.

    Ci) A

  • DUTRADUCTEUJR. xid'ailleurs n'toit pas fort lifible. Quoi qu'il en foit , fi (G R o t i u s et vcuencore , il et t , je crois , plus content de la bonnee volont de G r a s-\v inckel, que de la manire dont il l'avoit excute. Ce Juriiconfultene fit pas long-tems attendre la Dfenfe de fon Ami dfiunt ; puis qu'elle pa-rut un an aprs la Critique , en M. DC. LIV. 11 toit : plus propre compi-ler

    ,qu' approfondir les matires. Il ne parot pas awoir aifez entendu les

    i-.-.-I.-^-.->^->r-i An Cnt-t Anfpnr nnplmip r\r>rwiJin nu il fnif r>n , A& f'on i"f 4t~ni-a o'l

    te l'attention & la prcifion qu'il ralloit Il fuivit fon panchant , & fa m-thode d'tudier. D e F e l d e ne demeura pas muet : mais il ne rentra pasii-tt en lice. Il attendit qu'on rimprimt fes Notes n(i) Allemagne , cequi n'arriva qu'en M.DC. LXIII. & il y joignit des Rpionls la Rfutationde G R a s w t n c k e l. Comme le zl de celui-ci lui aavot fait lcher quel-ques traits piquans , l'Antagonifte lui en rendit avec uifure : & c'toit en-tr'eux une Guerre dclare , fi le Dfenfeur de G r o t^ i u s et voulu pouf-fer la pointe. Les uns (a) attribuent fon filence l'imipuiifance o il fe fen- Hp V^'tit de tenir tte plus long-tems : d'autres (b) , au conitraire

    ,conjecturent Nat: c^.'vi.

    qu'il fe tt par mpris pour un Adverfaire chicaneur. Peut-tre diroit-on, \ h

    3

    j Buddem,avec plus de fondement

    ,

    qu'il ne trouva pas le loifir de rpliquer, tant Hifc.J- Nat

    mort trois ans aprs , dans les fondions & les diftradliions de deux Emploisconfidrables : outre qu'il pouvoit tre occup (2}) d'autres Ouvrages

    ,

    qui parurent aprs fa mort , & dont il ne jugea pas prcopos de fe dtourner,pour une querelle dfagrable.

    Il eft certain , au moins,que tous les efforts redoulblez du Profeffeur de

    Hehnjladt ne diminurent rien de Peftime que le Public: avoit conue pour leLivre de G R t 1 u s. Ils ne firent que l'augmenter , en excitant la curio-fit de comparer la Critique avec l'Ouvrage critiqu , SSc en donnant l'exem-ple de travailler fur le Trait Du Droit de la Guerre gf ' de la Paioc y mais dansun autre deffein que de cenfurer. L'Electeur Palatin , CharlesLous,ordonna qu'on l'expliqut publiquement dans fon Umiverfit (3) 'HeideU1 T~\ < 1 A. _ 1_ ~~ 1 1 T> J J. J 1 TVT 1 1 T> /

    HenriBoecler, Profeffeur en Hiiloire Strasbbourg,& qui a poulie

    l'admiration pour l'Ouvrage qu'il commentoit,

    jufquV (4)jurer , dans uneLet-

    (1) A Iena, fous le mme ttre de J o A N N i s le Droit le la Nature : & les Gens. Voiez ce que j'aiA F F. 1. D E N Annotata in H u G o N E m G R o- dit dans ma Prface finir le Livre de Samuel Pufen-r 1 U m De Jure Belli jf Pacis : cum Rejponfiombut dorf, qui fut le prmrrier Profeffeur de cette Science,ad Striituras G R A S v* i N c K E L i i. Car tel . 30. de la 2. Editionn.toit le ttre du Livre de G R A s w 1 N c K F. L : (4) Cette Lettre cri-ite au Baron de Boinebourg,Sb'ihtra ad, Cenfnram J. A

    v F E L D E N &c. L'un & Chancelier de l'Eleicuur de Muyence ( duquel j'ai par-l'autre eft in duuodecimo. l dans la mme Prface fur PuFENroRt) eft curieu-

    (a) Voiez fon Article, dans le DUlionmire Hiftor. & fe par la jaloufie inndigne d'un Homme de Lettres,Critiq. de Mr. B A Y y. E , Lettre A. mais malheureufementt affez commune, que ce Savant

    (5) C'cft ce que tmoigne Boecler, dans la y tmoigne contre la ; gloire naiffautc de PUFENCOBF.Prface qu'il mit au devant de fes Notes, pag. 41. Mr. THOMASIUS l'rfa infre toute entire, dans faEt cette occafion l'Elefteur fonda depuis une Chai- Paulo plenior Hiftoria Juris Natuvalis

    ,publie en M.

    re de Profeffeur , deftine particulirement enfeigner DCC. XIX. Appendixx II. Voici les paroles dent ilb 3 s'; >:

  • xn PREFACELettre qu'on a publie depuis fa mort

    ,que perfonne ne feroit jamais rien

    qui approcht ; & que quiconque voudrait le furpaffer en la moindre chofe,s'expoferoit la rifee de la Poftrit. C'toit un fort favant Homme dansl'tude de l'Antiquit : & c'eft par cet endroit , fur tout

    ,

    qu'il fut li charmdu Livre de G r o t i u s , o il y a tant d'Erudition. Car , du refte , il n'-toit pas fort en raifonnement , ni d'un Efprit net & jufte. Il eut le couragede s'expofer , en tmoignant ouvertement le cas qu'il faifoit de cet Ouvra-ge , la haine & aux railleries de fes Collgues

    ,qui

    ,

    par mpris,

    ( i ) ap-

    pelaient Grotiens,ceux qui en avoient la mme opinion que lui , & qui en

    recommandoient la lecture. Ce fobriquet toit, fans doute, de la faon desThologiens & des Jurifconfultes Scholaitiques

    ,

    qui , les uns & les autres,avoient leurs raifons

    ,

    pour dcrier un Livre contraire en bien dest:hofes , leurs prjugez & leurs intrts. Jean Rebhan, Profeffeur en Droit Strasbourg , fe dclara tout ouvertement dans un Programme Acadmi-que

    ,pour la Promotion d'un Docteur. Il s'y dchane contre les Partifans

    de la nouvelle Science du Droit Naturel, & il les traite de Charlatans,d'Igno-

    rans ; de gens,

    qui , fe faifnt une Equit imaginaire,veulent anantir le

    Droit Romain,cette grande fource de l'Equit

    ,que l'on regarde avec raifon

    faut vivre honntement : Quon ne doitj aire du tort perfonne : Qu ilfaut ren-dre chacun ce qui lui appartient. On peut juger par cet chantillon , du ref-te de l'Invective

    ,

    place d'ailleurs fi mal propos. Un Anonyme,que

    l'on croit avec raifon tre B o e c l e r , rfuta ce Programme , fur le mmeton , & avec toute la confiance que lui donnoit ia bont de la caufe qu'il d-fendoit. Il reproche R e b h a n ce qu'on lui avoit ou dire en Chaire , &qui montrent bien la caufe de fa prvention & de fa colre , c'eft ( 3 ) qu'il n'yavoit pas une fyllahe , dans le Droit Romain

    ,

    qui neft conforme a la Raifon , fque, s il en trouvoit unefeule , il Feffaceroit. Boecler nanmoins ne fuitpas toujours les fentimens de G R t i u s : mais il s'en loigne le plus fou-vent fans fujet. On l'accufe (& ce font des (4) perfonnes de fa Nation quile dilnt) de s'tre accommod

    ,par politique , ici & ailleurs , aux ides

    de ceux qu'il vouloit flatter , ou qu'il craignoit d'offenfer. On (f) croit aul-ii

    ,que , s'il n'alla pas plus loin que le Chapitre VII. du II. Livre du Droit

    de la Guerre f de la Paix , ce n'ef t pas tant la mort , qui l'en empcha , quela

    s'agit. Juro tibi, Illustris Domine, uenw ho- Neminem l#.dere, Suum cuique tribuere ;ntinum eo glori procedet in hoc opre, quo procejjlt &c. Mr. Thomasius a infr dans fon Hiftoire duG R o T 1 u S. Jllanet manebitqne incomparuhile Opus : Droit Naturel, dj cite ( Append. i. 3 cette Picequod qui nll in parte Juperare contendet , U pojer lu- rare & en elle-mme , & pour le ridicule d'une pr-dibriv.m debebit &c. ventiofi groffire.

    (i) Nefcioquos GsoflANOS. I. Pnefat.BoECLER.p.}. {%) Qiiare fortits , qum cautii/s , ac non Jir.e nafutu-(2) Veram etiam artetn /Equi ff Boni Jus ROMA- lorum rifu , uliquando in cathedra coaxafii : Si vel fyl-

    NiiM quod fubtilijjniio animo, ff divino uodam merito laba effet in Romano Jure, Rationi re& paium con-

    creditur,

    ad novat qiut*dam ah ipjistnet efficlas ccquitatit grtia , velle te cradere. Cenfura Programm. pg. 144.imaginaria {veram enim ntc jimulatam aquitatem , ut- apud Thomas. Ilifi. Jur Nat. On trouve l auffipote non cuivU ftatim pervefligabiletn , ignorant ) rgula* cette Pice toute entire.exucium .... untiqmtis fif fuhlatis illis prim & fan- (4) BuDDEUS, llijl. Jur. Nat. . 2g.tiijjmis ejnsdem principiis

    ,HONESTE nempe VXVERE, (s) TtiOMAsiUS , llifi. Jur. N.it. Cap. VI. .

  • DU TRADUCTEUR. xnila difficult qu'il fentoit continuer , fur des matires qui fuivoient , & quin'toient pas de fa comptence.

    Cependant le mrite de l'Ouvrage fe fit jour peu--peu , travers la pouf-fire , la barbarie , & les prventions des Ecoles. Celui qui y contribua leplus, avec Boecler, ce fut un clbre Jurifconfulte de Wittenherg,Cas par Ziegler, premier Profeifeur en Droit dans l'Univerfit decette Ville. Aprs avoir pris lui-mme got pour le Livre de G r o t i u s

    ,

    & reconnu l'utilit & la nceflit de la Science qui y eft traite , il tchad'infpirer les mmes fentimens fes Difciples. Environ l'anne M. DC.LVI.quelques-uns des plus ftudieux le prirent de leur expliquer cet Ouvrage. Iltrouva d'abord de la difficult dans une telle entreprife : cependant, pourne pas refufer abfolument ceux qui lui faifoient une demande fi raifonnable,il promit d'eflaer , mais feulement fur le premier Livre ; aprs quoi il ver-roit ce qu'il auroit faire. Il fut prs de quatre mois remplir cette tche

    ,

    & il en demeura l. Trois ans aprs , d'autres Etudians lui aiant encoredemand une explication du Trait de Gr o t i u s

    ,il la commena par le

    fcond Livre o il toit reli, leur aiant ft comprendre qu'il n'toit pas pof-fible autrement d'aller jufqu' la fin , vu le peu de tems que la plupart d'en-tr'eux avoient demeurer dans l'Univeriit. Effectivement aiant emploie cela plus de fix mois , il ne parvint pas mme la moiti du fcond Livre,& la plupart de fes Auditeurs quittrent alors. Ce ne fut que quelques an-nes aprs

    ,

    qu'il acheva le relie , au milieu d'une foule d'occupations : &de l naquirent enfin les Notes perptuelles qu'il publia , en M. DC. LXVI.( i ) Il les appelle lui-mme, dans le Titre , des Notes (a)faites la hte ) & r^ f)nv Nott9on le verroit bien

    ,

    quand il ne le diroit pas. Cependant il dclare , dans fa"Prface

    ,

    qu'il ne reviendra plus crire fur le Livre de G R o t i u s , encoremme qu'on l'attaqut fur ce qu'il publie. Il a tenu parole : mai,1 , il ne devoitpas demeurer en li beau chemin. H toit capable de faire plus qu'il n'a fait-Il avoit plus de jugement que Boecler, & beaucoup plus de lumiresfur les chofes mmes dont il s'agit principalement dans notre Auteur.On vit parotre enfuite , l'anne M. DC. LXXL des Notes beaucoup plus

    tendues, (2) mais la plupart Thologiques , dejEANADAiviOsiANDER,

    Profeifeur en Thologie Tnbmgue. C'toit s'attacher la partie la moinsimportante de l'Ouvrage , & qui pourroit en tre fpare , fins qu'il y man-qut rien d'elfentiel. Mais le zle Thologique

    ,

    groffilfant toujours lesobjets , fait regarder les moindres (3) minuties comme des chofes de la der-nire confquence. Ntre Thologien ombrageux & emport , fe forgepar tout des monftres

    ,

    pour les combattre. Si peu que G R t i u s s'loi-gne

    ,je ne dirai pas des opinions& des explications du Syftme & des Com-

    mentaires,dont Osiander a rempli de bonne heure 1 mmoire , mais du

    langage feul & des termes confierez dans l'Ecole , tout eft perdu , il fautdfen-

    (1) L'Edition le fes Notes eft Je JVittenberg , jf in fervatiens aient t rimprimes.otiuvo. Et c'eft lui-mme qui nous apprend, dans (?) C'eft l'aveu que fait un Thologr'en mrderne defa Prface , les particnlaritez que j'ai rapportes. la mme Nation , le clbre Mr. BlDD e'U S , Hift.

    (2) Obfervationes maximum partent Theoligicte &c. Jitr. Natur. . 33,

    fxbitarite.

    A 2'ubiugne, ht oiiavo. Je ne fche pas que ces Ob-b 3 (O obfer"

  • xiv PREFACEdfendre vigoureufement contre cet Hrtique la Vrit de VEcriture

    ,c'eft-

    -dire , tout ce que le Thologien s'efi: mis dans l'efprit , fur la foi de fesMatres ou de fes Lieux Communs. Il n'ofe , la vrit , refufer d'ailleurs fon Auteur les loges que tout le monde lui donne : mais il cherche fecrte-ment le rabailfer & a le rendre odieux par des interprtations finifires , &des infinuations malignes. Qui s'attendroit trouver ici la Sentence deprifon perptuelle, rendue contre Grotius? Ntre Thologien a cru

    ^

    (a) Pag. ,faire plaijir aux Letleurs de la rapporter toute (a) entire , & d'en remplirfm' dix-huit pages de fon Livre. Il auroit d au!il infrer, tout du long, la rfu-

    tation que le prtendu Coupable en a faite pi--pi. Mais il n'y renvoie pasfeulement , & n'en fait mme aucune mention. Cela n'ef r. point renfermdans l'ide qu'il a de la Charit Chrtienne : il laii aux figes Paiens le foind'obferver les rgies de l'Humanit & de l'Equit la plus commune. La hai-ne l'emporte fur le dfir qu'il a d'ailleurs de faire un gros Livre. Avec de tel-les difpofitions

    ,que pouvoit-il produire de bon

    ,quand mme il auroit eu

    allez de Jugement & de Capacit pour s'riger en Commentateur d'un Ou-vrage de la force de celui-ci ? S'il dit quelque chofe qui vaille , c'eft aprsd'autres

    ,

    qu'il copie fouvent fans les nommer. Auili n'a-t-il fait d'autremal GROTius, que de rduire, en quelque manire, ceux qui ont critdepuis fur cet Ouvrage , ou qui l'ont lou , fur tout parmi les Luthriens

    ,

    la nceffit de dclarer d'abord,

    qu'ils n'approuvoient point , ou qu'ilsmettoient part , ce qu'il y a qui le rapporte la Thologie. La politiquedemandoit d'eux ces mnagemens

    ,

    pour ne pas irriter ceux qui faVent fefaire craindre , en empruntant les armes de la Religion , manies au gr deleurs prventions & de leurs pallions.Henri Henniges publia en M. DC. LXXIII. des ( i ) Ohfervations

    Politiques f Morales fur le Trait Du Droit de la Guerre gf de la Paix. C'-toit un Jeune Homme

    ,

    qui,

    quoi qu'il et tudi Altorf& lena,o l'-

    tude du Droit de la Nature & des Gens toit encore fort nglige , compritfi bien de lui-mme l'utilit de cette Science , & du Livre de G r o t i u s quil'explique

    ,

    qu'il le lut dix fois en l'efpace de trois ans , & il rapporta l tou-tes les lectures. Il ne cde en rien aux Commentateurs

    ,qui l'avoient pr-

    cd,& il fournit alfez de fon propre fonds. Ces Obfervations le firent con-

    (b) Friderk notre un (b) Miniftre d'Etat de TElecleur de Brandebourg , F r i d e r i cd*jena. Guillaume I. en forte que ce Grand Prince inftruit par l du mrite

    d'Henniges, l'tablit fon Envoie la Dite de Ratishonne : porte , danslequel il eft mort depuis peu d'aimes, (2) au fervice deFRiDERicGuiL-L A u M E IL premier Roi de Prujje.

    Je ne parle pas de plufieurs autres , qui , mefure que l'Ouvrage deGrotius s'introduifoit dans les Acadmies , o on l'expliquoit en pu-blic & en particulier , firent quelque chofe l-defiiis leur manire. Les

    uns

    (1) Obferimtioms Poljtk & Morales in Uv G. Gro- (2) En M. DCC. XI. Voiez Jac. FridERIC. Lu-Tium &c. Voiez Mr. Thomasius , Hijl. Juris Na- dovici Delineatio Hijlori Jitr. Nat. .28. pag. 49.tural. Cap. VI. . 8. 2. Edit.

    (0 0n

  • DU TRADUCTEUR. xvuns le rduifirent en ( i ) Tables. D'autres (2) en compofrent des Abr-gez , dont quelques-uns font en forme de Demandes & Rponfes. Des g-nies du plus bas ordre s'en mlrent , & crurent aqurir de la gloire

    ,

    pourpeu qu'ils travaillaient fur un Auteur fi clbre. On ne fit presque plus

    ,

    que fe copier les uns les autres,

    jufqu' ce que Sa mue lPufendorf en-treprit

    ,avec beaucoup de fuccs , de donner un Syftme plus mthodique

    & plus tendu,

    que celui de G R t 1 u s , des lumires de qui il profita

    ,

    fans s'y aifujettir & fans s'y borner.Tout fe paflbit , comme on voit , en Allemagne : Nation , qui il faut

    rendre cette juitice,

    que c'eft encore aujourdhui celle o l'on s'attache leplus cultiver l'tude du Droit Public. Dans la Patrie mme de ntre Au-teur

    ,les Savans des Acadmies ne faifoient pas autant d'ufage du Livre de

    G R t 1 u s,que les Politiques : ainli les Libraires ne pouvoient que four-

    nir aux autres Nations , de meilleures Editions,que celles qu'on y aurait

    pu imprimer. On fe contenta de le traduire en Flamand vers ce tems-l.J'ai vu cette Verlion : mais j'ai oubli l'anne de PImpreffion.Le clbre JeanFridericGronovius, quoique cela n'appartnt

    pas la Profeiiion des Belles Lettres,qu'il a toujours exerce , avoit nan-

    moins expliqu, fes Ecoliers , dans des Leons particulires , le Trait DuDroit de la Guerre f de la Paix. Ses Notes ont paru aprs fa mort , en M.DC. LXXX. & on les trouve depuis dans toutes les Editions de Hollande

    ,

    affi bien,

    que dans quelques-unes d'Allemagne,& mme dans une Edition

    publie Naples depuis peu d'annes. Si ce Savant et t auffi verf dansles matires de pur raifonnement , & dans les principes de la Science dontil s'agit

    ,

    qu'il toit habile dans la Critique & clans l'tude de l'Antiquit ;on pouvoit tout attendre de lui. Mais chacun a fes talens , & on ne voitpas ibuvent des hommes , comme G R T 1 u s

    ,qui en runifient de difi-

    rens dans un degr conlidrable. ( 3 ) La plupart des Notes de Grono-v 1 u s font afez inutiles

    ,

    puis qu'elles ne font qu'exprimer le fens de l'Au-teur en d'autres termes

    ,

    qui ne font pas toujours plus clairs , ou qu'elles nepeuvent fervir, tout au plus,qu' ceux qui font novices dans l'intelligence dela Langue Latine

    ,qu'il faut nanmoins bien favoir pour lire cet Ouvrage

    avec quelque fruit. Dans le peu d'endroits o cet Interprte traite des cho-fes mmes , il donne gauche presque toujours , faute d'avoir aflez mdi-t les matires ; ce qui fait aufli que , tout habile Critique qu'il toit , il femprend aflez fouvent dans l'explication des termes & de la penfe de fonAuteur. Bien plus : on le voit broncher quelquefois , en fait de chofes pu-rement d'Erudition , d'une manire parotre tout autre , i on en jugeoit

    par(1) On dit que Grotius en avoit lui-mme fait Nots) efe vidmtttr , neqiie GroNOVio hune in fi-

    line, fur laquelle feu Mr. Muller, Confeiller de nem concinnatx , ut lucem aliquando adjpicerent. Pofll'Evque d'OsNABRUG, en dre de beaucoup plus niortem ejm

    ,ut folet fieri , conquijtum ejfl , tam ab he-

    amplcs. Voiez un Programme de Mr. BHMER,que redibzts

    ,qum lypograpbis

    ,quidquid ejm nomen pra-

    je citerai ci-iltflbus,

    pag. 14. fixum habet. MorhofiuS, in Polyhift. Tom. III. pag.(2) On les trouvera indiquez , fi on en eft curieux, 75. Ce jugement cft rapport , avec une approbation

    dans les Auteurs que j'ai citez, qui ont crit l'Hiftoi- tacite, par Mr. Juste Christoi-hlf. BH\

  • Fxvi PREFACE>ar l

    ,

    que ce qu'il toit effectivement en ce genre d'Etude ; comme jeI'ai(i) montr ailleurs.

    Il ne manquoit plus ntre Auteur,que d'tre imprim avec des Notes

    Variorum. On lui fit cet honneur , avant qu'il fe ft coul cinquante ansdepuis fa mort ; au lieu que les Anciens ne Font obtenu qu'aprs une longue fuite

    Pc%Ank de Socles , comme le difoit feu Mr. (a) Bayl e. Ce fut J e a n C h r i s-

    de GrotiT, "tophleBecman, ProfefTeur alors en Politique & en Hiftoire , & depuisj.ett. o,

    en gologie , dans l'Univerlit de Francfort Jur l'Oder,

    qui publia cetteEdition dans la mme Ville , en (2) l'anne M. DC. XCI. Il choilit cequ'il trouva de meilleur, non feulement dans lesCommentateurs ou Abbr-viateurs de G R t 1 u s , mais encore dans les autres Auteurs qui avoienttrait les mmes matires. Il n'y a rien de lui : il ne fait que copier & abr-ger : en cela commode

    ,qu'il pargne fouvent la peine de lire bien des cho-

    fes inutiles & des digreilions ennueufes. Un autre Editeur, que je n'ai pointv,fuivit le mme plan QwHollaude: mais la mort l'empcha d'aller au del duChapitre IV. du II. Livre ; & on allure (3) qu'il ne s'en aquittoit pas fi bien.En M. DC. XCVI. on vit parotre , tout d'un coup , deux Editions info-

    lio: l'une, Francfort; l'autre, hUtrccht. La premire, trs-mal impri-me , eil accompagne d'un Commentaire de J e a n T e s m a r , Profefleuren Droit Marpourg , o il mourut avant la fin de l'imprefion. Ce n'eftqu'une mchante Compilation de Paflages d'auteurs , Anciens ou Moder-nes , citez tort & travers. On voit d'abord , que le Commentateur aramalle dans fes lectures tout ce qui avoit le moindre rapport

    ,quoi qu'loi-

    gn,avec les endroits de G R t 1 u s, dont il fe fouvenoit ; fans s'embar-

    rafTer beaucoup fi la Citation faifoit au fujet , & entaffant nulle chofes inu-tiles. Il rpte les mmes paflages en plufieurs endroits , & en allgue m-me fouvent qui ont t dj citez par fon Auteur. Lors qu'il veut dire quel-que chofe du fien fur les matires , il fait voir, pour l'ordinaire, trs - peu degot & de jugement. On auroit pu tre ddommag en quelque maniredu peu d'utilit de fon travail , ii les Notes

    ,

    que les Libraires ajoutrent la fui , avoient t publies par celui qui on les attribue. Mais que peut-on attendre d'une rapfodie faite par des Ecoliers ignorans

    ,qui crivent

    mefure que le Profefleur parle, & qui, tout occupez du foin d'crire , ne fau-roient

    ,

    par cela feul , donner aucune attention aux chofes mmes ? C'ellfur une telle Copie

    ,

    que le Libraire de Francfort,pour faire valoir fon Edi-

    tion aux dpens d'un nom clbre , fit imprimer les Notes d'U l r i cO b r e c h t

    , (4) ProfefTeur en Droit , & puis Prteur Roal , Strasbourg.C'toit un trs-favant homme ; & quelques DifTertations publies par lui-mme , fur des matires de Droit Naturel & de Droit Public , donnent lieu4e croire qu'il auroit pu faire quelque chofe de meilleur

    ,

    que les Commen-tateurs

    (i) Dans ma Prface Latine fur l'Edition de l'Ori- fridus Sptnafus. Voiez la Bihliotbeca Juris de Mr.ginal , imprime Amfleniam en 1720. & dans lespe- Struvius, Cap. VI. . J?. pag. 131.de la . Edition,tites Notes, que j'y ai jointes. augmente par leSavantMr.BuDDF.R,Bibliothcair.d7fM.

    (2) Elle a t rimprime depuis, en M. DC. XCIX. (4.) Il toit Gendre de Bof.ci.er. Voiez le Mmoi-(3) C'eft le jugement de Mr. Bu^df.'us, Hift. Jur. re touchant fa Vie & fes Ouvrages, dans le Journal

    NaU 44. pag. 60. Cet Auteur fe nomme Gotho- de Tre'voux, Tcm.lll. pag. 20. Edition d'AmJhnl.(1) Com-

  • DU TRADUCTEUR. xvntateurs qui l'avoient prcd , s'il et voulu publier lui-mme fes Notes,o l'on entrevoit quelquefois de bonnes chofes. Cependant

    ,quoi qu'il fe

    foit ( i ) plaint fes Amis du tour qu'on lui avoit jou , il n'a jamais , que jefche

    ,dfavou publiquement ces Notes qu'on dbitoit fous fon nom.

    L'autre Edition infolio eft en trois volumes , dont le premier parut feul lamme anne , avec un Commentaire perptuel de Mr. Guillaume va ^derMuelen, Seigneur d' Oudtbroeckhuyfen , Chanoine de l'Eglife deSte. Marie Utrecht , & revtu d'Emplois honorables dans fa Province. Onne fauroit que louer le zl de cet Auteur

    ,qui eft all jufqu' faire imprimer

    fon travail a ls dpens. C'eft le Commentaire le plus ample & le plus ra-fonn

    ,

    qu'on ait encore vu fur le Trait du Droit de la Guerre gf de la Paix,Comme la brivet du ftile de G R o t i u s le rend difficile entendre ceuxqui ne le lifent pas avec une grande attention , ou qui ne font pas accoutu-mez rflchir, Mr. Va n derMuelen a cru devoir s'tendre beaucoup,& rpter fouvent les mmes chofes

    ,

    pour en faire fouvenir, par tout o ileft befoin de les appliquer aux queftions particulires

    ,qui en dpendent.

    Il montre une grande lecture , & le foin qu'il a eu de la rapporter a un Ou-vrage fi digne d'tre perptuellement entre les mains des perfonnes de fonrang

    ,

    parmi lefquelles il ne s'en trouveroit peut-tre pas beaucoup qui eutfent la capacit ou la volont d'en faire autant. Le fcond Volume de ceCommentaire vit le jour en M. DCC. & le dernier , trois ans aprs.

    Si le dtail,

    quoi qu'abrg,que je viens de faire , ne fuffifoit pas pour

    convaincre les Lecteurs de Peftime confiante & invariable que le Public atmoigne pour mon Original

    ,je ne fai ce qu'il faudroit pour le leur perfua-

    der. Les Verlions,

    qu'on en a publies en diverfes Langues , en font uneautre preuve parlante. J'ai dj indiqu celle qui fut faite en Sudois

    ,

    parordre du Roi Gustave: & une Verjion Flamande. J'ai vu une autre Edi-tion Flamande , beaucoup plus rcente , o les Notes de Gronovius fetrouvent auffi (2) traduites : mais je ne me fouviens pas non plus de l'an-ne

    ,& je ne fai li c'eft la mme Traduction , ou une nouvelle.

    On penfoit traduire cet Ouvrage en Anglois , du vivant de ntre Auteur,comme nous l'apprenons d'une(a)de fesLettres.Mais il ne parot pas,que ce 00 /.***.projet ait t excut , long-tems mme aprs fa mort. La difficult de l'en- Epift ' l2ii 'treprife rebuta apparemment ceux qui y avoient penf. Je n'ai ou parlerque de deux Traductions Angloifes , dont la premire

    ,que j'ai , eft info-

    lio, & fut publie en M.DC.LXXXII. aprs la mort du Traducteur, Guil-laume E v a t s , Bachelier en Thologie. Il s'eft donn de grandes li-berts : car non feulement il ( 3) a infr dans le Texte mme , les Notesde l'Auteur , contre l'intention de l'Auteur mme , & en faifant perdre ainjile fil du difcours

    ,

    qui n'toit dj que trop fouvent interrompu par les Cita-tions;

    (1) Comme le tmoigne feu Mr. Kuhnics , Pro- plupart du tems une pure rptition les chofes en d'au-fefieur Strasbourg, dans la Prface du Recueil des trs termes, flon ce que j'ai dit ci-deflus de la natu-Dilfertations & autres Pices d'OBRECHT, qu'il ramaf- re des Notes de ce Savant.fa, aprs la mort de l'Auteur, & qu'il fit imprimer (?) C'toit fon deflein : mais j'en ai trouv d'omifes,dans la mime Ville

    ,en M. DCC. IV. & je doute qu'il ait pu faire entrer dans le Texte beau-

    (2) Il doit y en avoir peu , on bien ce doit tre la coup d'autres.Tom. I. c (i)iff-

  • xvni PREFACEtions ; mais encore il y a fourr de fes propres remarques , ce qui eft im-pardonnable. On ne peut mme diftinguer ces Additions trangres

    ,

    qu'encomparant de fuite la Traduction avec l'Original : car on n'en avertit nulle)art , & il n'y a aucune marque de diftinClion

    ,

    qu'en quelques endroits o'on a mis la figure d'une parenthfe

    ,

    qui n'eft mme le plus fouvent qu'aucommencement des paroles ajoutes par le Traducteur. La confufion eftd'autant plus grande , & plus imperceptible

    ,qu'en d'autres endroits ou

    trouve des Notes marginales , en plus petit caractre,qui par l fe diftin-

    guant elles-mmes , empchent de fouponner feulement qu'il y ait de pa-reilles Additions places dans le Texte fans aucune diftinction. Ces Addi-tions en elles-mmes ne renferment rien de confidrable. Ce ne font quedes penfes fort communes , & des exemples ou des paflages , tirez de Li-vres Anglois , ou autres, dans lefquels le Traducteur avoit trouv quelquechofe qu'il jugeoit propre claircir ou confirmer certains endroits de ionAuteur. Pour ce qui eft de la Verfion

    ,quoique je n'en aie confr que quel-

    ques endroits par-ci par-l ( car elle n'eft parvenue entre mes mains,que

    lors que la mienne toit prefque acheve) j'y ai remarqu plufieurs endroits,o l'on a mal rendu le fens de l'Original. Il m'en eft mme tomb un fousles yeux , o le Traducteur prte les penfes l'Auteur

    ,

    par un dfir ma-nifefte d'inlinuer certains principes de fon Syftme favori de Thologie.C'eft au Chapitre IL du I. Livre

    ,. 9. num. t. o Gr t i u s voulant r-

    pondre aux objections,que ceux qui condamnent abfolument la Guerre

    tirent de quelques Paifages des Prs de FEglife , entre ainfi en matire :Comme

    ,dans l'interprtation dufens d'un Ecrit , Pufage reu depuis

    ,f l'auto-

    rit despersonnes claires, eft: ordinairement degrandpoids : on nefauroit fe dif

    penfr d'y avoir gard , lors mme qu'il s'agit du fens des Auteurs Sacrer Car Uri ejlpas vraifemblable que les Eglifes,fondespar lesAptres^fefoient loignes toutd'un coup

    ,ou toutes lafois , des Maximes que les Aptres leur avoient donnes

    par crit enpeu de mots,mais qu'ils avoient expliques plus au long de vive voix

    ,

    ou dont ils avoient eux-mmes introduit lapratique dans le Chrijlianifme naijjant.Voil ce que dit ntre Auteur , fidlement traduit. Le Traducteur Anglois, la fin de la premire priode , ajoute de fon chef: ( 1 ) Selon cette ancienneRgie; Sanftorum praxis, optimus eft prasceptorum interpres ; La prati-que des Saints eft le meilleur Interprte des Prceptes de Notre Seigneur. Et voi-ci comment il tourne l'autre priode : Car il n'eft pas vraifemblable , que lesAptres aient mispar crit

    ,avec tant de clart

    ,tout ce quipeut concerner ou qui

    concerne l'Economie de l'Eglife,

    qu'il n'y ah quelques chofes qu'ils ont dites feule-ment de bouebe. Il n'eflpas nonplusprobable

    ,

    que toutes les Eglifes,

    qu'ils onteux-mmes tablies

    ,aient bien-tot oubli ce qui leur avoit t ainfi appris

    , jfqu'elles avoient pratiqu. On voit par l, outre la licence infidle du Tra-ducteur

    ,qu'au lieu que G R T 1 u s parle feulement de paflages de l'Ecri-

    ture,(1) Accoiding io tbat ancient rule , Saiiftorum praxis, concern the Oeconomy of the Church but that fome things

    optimus eft praeceptorum interpres; The praftice of ivere delivered by IVords only : Neither it is probable,the Saints , is tfie beft interprter of our Saviour pre- that ail the Churchs by tbem ejlablished

    ,should quickly

    cepts. For it is not probable* that the Apofiles iid corn- forget what was fo delivered uiito them and prathfe by

    mit al/ things fo clearly to IVritine,,

    tbat might or did them. Pag. 2C.(1) Tea

  • DU TRADUCTEUR. xixture,qui contiennent des Maximes gnrales, dont les jufles reftiiclionspouvoient avoir t expliques de bouche ; on lui fait dire , que les Aptresle font contentez de laifTer de vive voix aux Eglifes des chofes nceilires

    ,

    dont il ne fe trouve rien dans leurs Ecrits. Il falloit cela pour foutenir desTraditions de Droit Divin , fur des Dogmes ou des Rgies de DifciplineEcclfiaftique , dont le Traducteur Anglois avoit l'Efprit rempli. Un peuplus bas , aprs ce que G R o T i u s dit

    ,que les Dotleurs

    ,

    qu'on cite,font la

    plupart desgens qui aimoient lafingidarit,f quifeplaifoient propofer des ides

    plusfiiblimes,

    que celles du Commun des Chrtiens , la Verlion Angloife ajoute :( I ) qui nime {ce qui eji encorefort commun dans notrefide) revtent leurs pro-pres imaginations du beau nom de Traditions Apoftoliques. Aprs les exemplesd'OmGE'NE & de Tertullien, que Grotius allgue, on met,en forme de parenthfe : (a) Cej ainfi que C L em e n t d'Alexandrie dit ,( S T R M. Lib. VIL ) Que , flon une Tradition cache , venue des Aptres , iln'ejlpas permis aux Chrtiens de plaider , ni devajit les Saints , ni devant les In-fidles ; f M n'ejips non plus permis un Chrtien parfait dejurer. Le Tra-ducleur Anglois citoit apparemment ce Pre de l'Eglife fur la foi d'autrui.Car il effc bien vrai que Clment veut qu'il ne foit pas permis fon Gnoftique

    ,c'eit--dire , un Chrtien en ide , de jurer en aucune manire :

    mais il ne fonde point cette maxime fur une Tradition Apoftolique ; il la ( 3)trouve , comme les Anabaptifles modernes , dans les paflages de (a) St.Matthieu, & de (b) S t. J a q.u e s , fi fouvent citez fur la matire dontil s'agit. Et pour ce qui effc de plaider en Juilice , il en tire aufli la prohibi-tion

    ,des paroles de S T. P A u l : (c) T a-t-il quelcun d'entre vous

    ,

    qui, aiant

    une affaire avec quelque autre , ofe Pappeller eu Jufiice devant les Injujes (c'eft--dire , les Paiens) f non pets s'en rapporter au Jugement des Saints , c'effc--dire,des Chrtiens. Le bon Prtre $Alexandrie regardant comme une Vengean-ce illicite tout ce que l'on fait pour obtenir fatisfaclion du tort qu'on a reu

    ,

    & fentant bien que l'Aptre femble du moins permettre d'avoir recours pourcet effet l'Arbitrage des Chrtiens; explique (4) ces paroles , comme ii el-les lignirioient feulement

    ,

    que ceux qui en ufent ainli ne font pas la vri-t fi mal , mais qu'ils n'obfervent pourtant pas toute l'tendue des devoirsdu Chriftianifme. Je me fuis peut-tre un peu trop arrt fur cet exemplede la manire dont s'y effc pris le premier Traducteur Anglois : mais cela 1er-vira donner une jude ide de fa Verlion.

    Je n'ai point vu l'autre Traduction Angloife , quoique beaucoup plus r-cente

    ,& plus aife trouver. Elle fut imprime , en trois volumes in

    o&avo,

    il y a huit ou neuf ans. J'avois pris des mefures pour l'avoir , dansle

    y

    (a) Chap.y.veri". 57.

    (b) Eftt.V, 12.

    (c) /. Ca-rinth. VI. 1,2.

    (1) Yen ami (veieb in thofe tintes xcas ordinary) tooloatb their oroti funcies xvitb tha gnerons notion of anApoftolical Tradition. Pas;. 25 , 26.

    (2) So Clemeus Alexaiulrinus Saith (Strom. Lib. 7.)Tbut it voas delivered by a certain fecret Tradition frontthe Afoflles , that it roas no hrcvful for Cbriflians to goto Lato

    ,either before the Saints , or before the Gentiies,

    or for a perfect Cbrijlian to frvear.(5) Voiez le VII. Livre des Stromates , que le Tra-

    du&cur Anglois cite,

    /> . VIII. Ed. Oxoti.

    C4) To Je 9rt. ru* yt> xpm&oii tS-foun rtvccS Ae-yett t e f.'.$x;vii rus ci svZ>U t*k ocoiy.yG-uzriv ocprct7roe-&j)iixi > Tijv srAfaK-fii* KiTtsfiXS ' k^ etycet fttt rw 7)0-ripu t? a^ivrnr ctuiinn > xo^zrw iweiBs; [ c'eftainfi que Sylburge, aprs le Tradu&cur Latin , veutqu'on life avec raifon

    ,au lieu d'duafrit? ; quoi qu'en

    dife CTF.LIER], r,v jtt* ctuvr.criKXKot nXeot ytvpevet >

    Kxra tijv t5 XptX h^x-KxXictv aeocrvt,WTXt xxi vsrifrv t'xSZ,. Strom. Lib. VIL Cap. XIV. pag. 88? , 884-Edit. Oxort. Potter.

    c a (0 Q.*

  • C.

    8e>.Tom. VIII#- 3?3>3?4

    " de 1

    enfemble les endroits^Pc^ellWt paS en, lns doute, e-Traduaeurs et pris; cette peine, ^mme n'auroit pas voulu s'en aflo-foin d'en aUer chercher

    d autres, & mil Ces fortes de Ira-der. Mais rien n'eft plus

    ordinair enggj^ ices rapportes ;ducions,^^^KSKSa de(b)PuF EN -W v^ & la mme chofe eft arrive ; ^he deH-m * ^ reQ(1 mpte avl

    ""tu" dorf. Auffi nous dit-on,dans 1 hxtrait ne i, mjuge parla

    &? " Se de cette Veriion Angloife de G r c t v Jy ^ f ^rZirepriode, onpmt apurer

    que lesJ^^ Traducteurs n'ontSntSveiC^n^^^^groSi^

    jnie , de la faon de feuMr. An t o i[NE d tt. Lous ^y

    & puis Refluent gnera de la Courd iw v

    & on y imprima bien-tot,JVW. H mourut Par* , en M.^ L; * *, ?Wo. Elle futfprs fa mort, cette Tradufaon,

    en deuxW* ^^ , Vanneaufli-tt rimprime La Haie ,

    en troisyottc. D(X ffl. On s'at-

    ^S=Bsi MiBSKttate-'St

  • DU TRADUCTEUR. xxitement en main les pices

    ,

    pour les comparer enfemble , & prononcer l-deffus. Je paffe donc , fans plus diffrer , ce que j'ai dire , pour rendrecompte de mon travail.

    IL Ceux qui fe piquent de bien traduire quelque Auteur ancien , com-mencent avec raifon par rechercher au dfaut de Manufcrits , les meilleu-res Editions qu'ils peuvent trouver

    ,

    pour les comparer les unes avec les au-tres. Mais c'eft dequoi on ne s'avife gures , l'gard des Auteurs moder-nes

    ,qui ont paru depuis l'invention de l'Imprimerie. Ainfi il ne faudroit

    pas s'tonner , fi le premier Traducteur de mon Original n'y avoit point dutout penf : & d'autant moins que , de tous ceux qui ont pris tche d'ex-pliquer & de commenter ce Livre

    ,

    parmi lefquels nous avons vu ci-defTus(a) deux Critiques de profeilion, aucun ne parot avoir feulement foupon- (a) Boeder,n qu'il fut befoin de confrer l'dition , dont il fe fervoit , avec quelcune & Gronovtut'

    des plus anciennes. Mr. deCourtin avertit (b) nanmoins,que fa oo Dans

    Tradutlion a tfaitefur une dernire Edition de 1 66j. cjf qu'aprs il Fa confreavec une Edition de 1 6 5 1 . qui ejl en quelques endroitsplus correlle ,* d'o aulli ila , dit-il , ajout des chofes qu'il jugeoit avoir t omifespar mgarde dans lesautres Editions. Il ne marque point , en quelle forme , ni chez qui futimprime cette Edition de M. DC. XXXI. dont il s'effc fervi : car, commenous l'avons vu , il en parut alors deux , dont une a t dfavoue par l'Au-teur. Je n'ai pas d'ailleurs remarqu , que le Traducteur ait tir beaucoupde fecours ou ft grand ulage de cette collation , fur les endroits qui toientcertainement fautifs dans les Editions poftrieures.

    Pour moi,

    j'tois convaincu,par l'exprience

    ,

    qu'il n'y a rien ordinaire-ment de plus nglig

    ,que les Editions d'un Auteur moderne

    ,qui fe font

    aprs 1 mort. Ceux qui pourroient en procurer de bonnes , ne s'en fou-cient gures : ils trouvent plus de gloire travailler fur un Auteur ancien

    ,

    quelque chtifqu'il foit en lui-mme. On laiffe donc aux Libraires le foinde donner , comme ils l'entendent , de nouvelles Editions des plus excel-lens Ouvrages des derniers Sicles. Les Libraires n'ont pas toujours debons Correcteurs , fur tout quand il s'agit de remettre feulement fous lapreffe un Livre dj imprim plus d'une fois. Qu'arrive-t-ildel? C'eftque

    ,

    plus fouvent on rimprime de tels Ouvrages , & plus les fautes femultiplient. J'avois dj remarqu dans l'Edition de l'Original , dont jeme fervois , des endroits o je ne doutois point qu'il ne fe ft glii de cesfortes de fautes , ajoutes celles des Editions prcdentes. Ainfi , du mo-ment que j'eus pris la rfolution de le traduire de nouveau

    ,je cherchai de

    tous cts les plus anciennes Editions ; & j'eus le bonheur de trouver peu--peu toutes celles qui peuvent tre ici de quelque ufage. J'ai vu depuis

    ,

    par un avis que ntre Auteur lui-mme donne dans ( i ) une de fes Lettres,que je ne faifois que me conformer ce qu'il fouhaitoit : car aprs une liftequ'il envoie fon Frre de quelques fautes qu'il avoit remarques,en jettantles yeux par-ci par-l fur l'Edition de M. DC. XLII. il ajoute

    ,que , du ref-

    te,

    pour lesfautes d'imprejjion,

    ilfout confrer enfemble les Editions.(i) Htccfwit, qute cwjm obfervavi : neque enim ordine prehendcntur. Appcnd. Epift. 6%y. La Lettre eft datte

    perlcgi Editionem ultimam . ... In reluis nihilhabeo,quoi du 16. de Janvier

    :M. DC. XLIV.

    mutem. Typographica errnta collat Editionihu facile de- c 9 (1) Vokz

  • xxii PREFACECelles qui m'ont le plus fervi , & desquelles auffi on devoit naturellement

    fe promettre le plus de fecours , ce font les deux o l'Auteur a eu le plus depart ; favoir , la premire , faite fous fes yeux ; & celle de M. DC.XXXII.dont il avoit revu avec foin la Copie qui fervit aux Imprimeurs. Par la con-frontation de ces Editions

    ,

    je dcouvris & corrigeai fur mon exemplaireplufieurs fautes ou omiffions

    ,

    qui quelquefois gtoient le fens de l'Auteur,ou faifoient difparotre des chofes de telle nature

    ,que l'on ne pouvoit pas

    fouponner qu'il manqut rien,par la fuite du difcours. Bien entendu

    ,

    qu'avant que de rien changer ou ajouter,

    pour quelque iujet que ce fut

    ,

    j'eus une attention extrme examiner , fi l'Auteur n'auroit pas eu quelqueraifon d'exprimer autrement , ou de retrancher , ce qui fe trouvoit conud'une manire diffrente, ou entirement omis, dans les Editions poft-rieures.

    Mais je n'en demeurai pas l. En lifant & relifant l'Original avec toutel'attention que demandoit le dfir de le bien traduire

    ,je trouvai encore bon

    nombre d'endroits corrompus ou dfectueux dans toutes les Editions gn-ralement. Il toit bien difficile que cela n'arrivt

    ,

    quand mme Grotiusauroit revu fon Ouvrage plus fouvent , cru'il ne fit. On fait que les Auteursfont ceux la vue de qui les fautes chappent le plus aifment

    ;parce

    qu'aiant l'efprit plein de la matire , ils parcourent les mots avec une granderapidit , & y fupplent ou corrigent imperceptiblement ce qu'il peut yavoir d'omis ou de mal couch. Outre les fuites d'impreflion , auxquellesun caraclre peu lifible donnoit lieu invitablement , il en eft demeur ici

    ,

    qui venoient originairement ou de la plume de mon Auteur , ou de celle deIon Copille : on en trouve de femblables dans fes autres Ouvrages ; & il pa-rot par fes Lettres ( i ) qu'il en avoit apper lui - mme dans celui-ci. Jepourrois allguer des exemples de tout cela , fi je ne Pavois dj fait aflez aulong;dans ma Prface Latine fur l'Edition de l'Original, qui a paru en M.DCC. XX. L'occafion s'tant prfente alors, j'ai t en tat de publier le Li-vre beaucoup plus correct qu'il ne l'avoit jamais t

    ,par le travail auquel je

    m'tois engag deflin uniquement de m'en fervir pour ma Traduction.Une autre chofe

    ,

    qui toit fort ncefaire,& quoi nanmoins perfonne

    ne s'toit encore attach que par occafion , ou autant que la mmoire y pou-voit fournir fur l'heure , c'ell l'examen des Paffages citez par l'Auteur

    ; qu'ila fallu par confquent chercher dans les fources mmes

    ;pour voir s'ils

    toient bien allguez & appliquez convenablement. J'tois fait, en quelquemanire, la fatigue de ce travail

    ,

    qui parot vtilleux ceux qui n'en con-noifient pas l'ufage. J'avois exerce ma patience fur les Citations de Pu-fendorf, o il y auroit eu moins d'inconvnient s'en difpenfer

    ,parce

    que le fujet ne le demandoit pas tant. Selon le fyftme & les principes decet Auteur , les Autorits , foit anciennes ou modernes , ne fervent ordi-nairement que d'illuftration. S'il trouve les Maximes, qu'il tablit, re-connues de tout le monde , ou du moins des nerfonnes claires , la bon-ne heure ; c'eft un prjug favorable de leur lolidit , & un moien

    ,qu'on

    ne(0 Voiez

    ,par exemple , la Lettre 20tf. de VAffeniix.

  • DU TRADUCTEUR. xxmne doit pas ngliger , de convaincre plus aifment bien des gens fur qui l'O-pinion des autres Hommes fait plus d'impreffion que les plus forts Raifon-nemens tirez de la nature mme des choies. Mais comme Pufendorffonde tout principalement fur les lumires de la Raifon , il lui fuffit de prou-ver que telle ou telle chofe eft conforme la Raifon : fi les preuves fontbonnes , elles ne cefferont pas de l'tre

    ,

    quand mme les Hommes , abu-fant de leur Raifon, auroient gnralement ignor cette Vrit, ou t-moign tre dans l'Erreur contraire. Au lieu queGROTius traite ungrand nombre de queltions dont la dcifion dpend d'un Droit des Gens Ar-bitraire

    ,ou de certaines Coutumes qui ont , flon lui , force de Loi par el-

    les-mmes,

    caufe du confentement tacite des Peuples chez qui elles fetrouvent tablies. Or on voit bien que

    ,

    pour cet effet , il faut prouver1 tabliffement de la Coutume , & par confquent allguer des tmoignagesde bons Auteurs. De forte que , fi on en cite qui ne foient pas bien clairs

    ,

    ou qui aient t mal entendus , cela ne peut que dtruire ou du moins af-foiblir les confquences tires d'un tel principe. D'ailleurs , G R o t i u senchalTe quelquefois les Citations de telle manire

    ,

    qu'elles portent avecelles la raifon dont il fe fert pour prouver ce qu'il veut tablir , indpendam-ment mme de l'Autorit. Et , aprs tout

    ,quel que foit le but & l'ufage

    des Citations , il vaut toujours mieux qu'il n'y ait aucun doute fur leur ex-actitude

    ,& que chacun puiffe s'en convaincre aifment lui-mme. Autre-

    ment on ne peut y faire beaucoup de fonds ; & fi cela eft , quoi bon citer ?A moins qu'on ne prtende en tre cru aveuglment fur fa parole , ou avoirdroit de tromper impunment les Lecleurs

    ,

    qui eux-mmes ne doivent pasplus fe mettre ici en peine de la Vrit.Ce n'toit pas certainement la penfe de mon Auteur. 11 croioit bien fai-

    re , de citer ; & il citoit de bonne foi : mais , contre fon intention , il lui eftarriv ce qui arrive aux plus grands Hommes , & aux plus Savans , de citermal , ou mal propos. Il n'y a perfonne , dont l'attention ne foit fujette fe relcher quelquefois. Ceux qui ont une grande Mmoire , comme toitcelle de G R o t i u s , s'y fient trop , & elle leur jou* de mauvais tours. Ilemploia peu de tems compofer

    ,

    parmi bien des diffractions , un Ouvragefi plein de matires & d'rudition : & quelque ouvertes que lui fulTent plu-sieurs Bibliothques de fes Amis Paris , il n'toit pas pofiible qu'il et tou-jours fous fa main, point nomm, les Livres qu'il cite en fi grand nombre.Le moien donc qu'il examint toujours tout ce qui lui venoit dans l'efprit ?Et cela tant , ne feroit-ce pas un miracle , s'il ne s'toit jamais tromp encitant ? ou plutt s'il ne s'toit pas fouvent tromp ?

    Auffi n'ai-je pas lieu de regretter ici ma peine , comme perdue. Il y avoitnon feulement une infinit de fautes dans les Chiffres

    ,

    qui marquent le Li-vre , le Chapitre , ou le Vers , des Auteurs citez : mais oncore on trouvoitquelquefois un Ouvrage cit pour un autre fort diffrent du mme Auteur

    ,

    & qui plus eft , un Auteur pour un autre , I s o c r a t e,

    par exemple,pour

    Denys d'Halicarnajje , ou pour Eschine; D e'm o s t h e'n e , pour I s o-crate; Lysias, pour Andqcide; Seneque, pour Pline; Jus-

    tin,

  • XXIV PREFACEt,m nour Ouinte-Curce; Eutrope, pourDioNCassius&c.T mttks Pailages toient mal copiez , tantt mal traduite , tantt

    mal en-

    fendS , ouSppliquez. Des paroles ou des ationsdiffrentes, ou qui

    font de diverfes pibmies , fe trouvoient confondues parmegarde. Une

    Il V a mme des endroits , ou wu cm i'%v"^. .7 ;;wm VTV ,la fois dans un efpace de peu de lignes. Les

    Chapitres XV III. 6c XIX. duTTLSen fourmillent, comme on le verra par mes Note. J'ai dj don-n des exemples de tout cela dans ma Prface

    Latine fur l'Original : & de-

    nuifceSion, dans laquelle j'ai ou corrig ou indique ces fortes deCes comme je le fais dans ma Traduction, j'en ai dcouvert d'autres

    ,

    ^Bfc.aSSSdS l'Auteur d'un Paffage Grec ou Latin cit

    fan nom. \t \'gard des Auteurs nommez comme trouventG r-

    ti us fe contente de les citer, fans marquer le Chapitre ,le Vers

    ,

    le u.-

    3, p le Trait o les paroles font contenues , ni donner aucuneautre in-

    d cation il va eu l de juoi rendre bien difficile & bienfatigante la tache

    aue e n'tolimlfe de faire tout mon poffiblepour les trouver. J'ai bien

    Su enavenir bout quelquefois , fans beaucoupde peine

    ,

    par le moien desK dont la plupart nanmoins font fort imparfaits ; ou a la faveur de cenuemk mmoire me rappelloit ; ou guid par la nature mme de

    la choie

    don "iffoit , qui me faifoit conjecturer que le Paffage devoittre en tel-

    m el e rar ie cfun Livre fouvent affez gros. Mais la plupart du teinstoSanSfervdt de rien ; & je puis en appeller 'exprience de ceuxou ei ont fait ou qui voudroient en tire

    eux-mmes l'efiai. 11 y a mente

    les Paes que je n'aurois jamais dcouverts , quoique je lesenfle cher-

    chez on|tems & a diverfes reprifes , s'ils ne s'taient depuis ptefenez panazard pendant que je parfois tout autre chofe.

    Avec tout cela, j

    ai

    ant fait Ce d'ime manire ou d'autre, j'ai pu, tt ou tard , lire & exami-nerdansle Originaux tous les Paffages de quelque

    importance ; de forte

    oue ceux que j'ai cherchez inutilement, ou que je n'ai pu chercher, faute

    Soldes Livres d'o ils font tirez , fe rduifent peu de chofe , en com-mraffn du nombre prodigieux de ceux que j'ai

    trouvez & vrifiez. En

    &Z ainfi de toutes parts , j'ai dcouvert quelquefois l'origine des Cita-tiSulsouSSEn4. H y en a qui viennent de ce que 1 AuteurSoft alors fu la foi ?autrui, croiant pouvoir s'y fier, ou naiant

    pas le

    terns ni peut-tre le moien de vrifier dans lemoment la Citation.

    ^prs cette confrontation du grand nombre de Citationsrpandues dans

    toSouvrage, je crus qu'il falloit encore, pour me mettreen tat de leS traS, confulter les principaux Livres dont ntre Auteur s'eft fer-

    SSu de la matire tant ceux qu'il indique lui-mme dans (a) fonSrTPrLinaire, que d'autres dont je remarquois par-ci W^JP*Soi fait affez d'ufag. J'ai eu fous mes yeux les

    principaux : & je ni

    illi ' /-

  • DU TRADUCTEUR. xxvnglig aucun des moins confidrables ,qui ont pu tomber entre mes mains.Les autres Ouvrages de mon Auteur

    ,quoique de diffrente nature , m'ont

    aufli fourni dequoi expliquer ou claircir plufieurs endroits de celui-ci : &quelquefois dequoi montrer que l'Auteur avoit chang de fentiment fur cer-taines chofes. Mais je me fuis fur tout appliqu avec beaucoup d'attention comparer enfemble les divers endroits de mon Original , foit pour le frile,foit pour les chofes. Ceux qui connoiffent la manire d'crire de G R o-T i u s , conviendront que , fans cela , il n'elt pas polible de le bien enten-dre. Sa brivet feule rend ce foin indifpenfable ; & faute de fe l'tre don-n , il y a bien des endroits que les Traducteurs & les Interprtes ont pristout de travers

    , ^

    ou fur lesquels ils ont glifl , fans tmoigner fentir feule-ment la difficult. Cerf aurli ce qui a donn lieu tant de faillies Critiques

    t

    contre lesquelles j'ai pu dfendre mon Auteur par la feule explication de favritable penfe.

    Pour venir maintenant au fond de ma Traduction,

    je croiois d'abord n'-tre pas oblig prendre beaucoup de libertez & faire beaucoup de rpara-tions

    ,comme celles dont je m'avifai en traduifant Pufendorf, & qui

    n'ont pas t dsapprouves du Public. Mais , mefure que je travailloisfur G R o t i u s

    ,je reconnus que , fi l'utilit des Lecteurs Franois ne le de-

    mandoit pas ici auffi fouvent , il y avoit encore allez