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Grandes Cultures Arrivée du “Qui fait quoi ?” Le recensement annuel des expérimentations françaises menées en agriculture biologique dans le domaine des grandes cultures est achevé pour la période 2004-2005. Il est dès à présent accessible sur le site Internet de l’ITAB sous forme de fichier Excel. Près de 200 expérimentations ont été recensées sur l’ensemble des régions françaises. Si 37 % de ces expérimentations concernent le blé tendre, de nombreuses autres espèces sont étudiées à moindre échelle : maïs, triticale, féverole, association céréales protéagineux, pois, blé dur, colza… Les trois thèmes expéri- mentaux les plus étudiés sont le criblage variétal, la fertilisation et les conduites de cul- ture. Les essais concernant les ravageurs/maladies, le désherbage et l’acqui- sition de références technico-économiques viennent dans un second temps. Pour plus de détails sur les objectifs, les expérimentateurs, les régions concernées, n’hésitez pas à consul- ter le site www.itab.asso.fr Viticulture et Fruits & Légumes Cette année, les journées techniques fruits et légumes et viticulture sont réunies ! En effet, de nombreux thèmes comme la phytothéra- pie, l’usage des intrants, la biodiversité, les bio-herbicides…sont communs aux trois filières. C’est aussi l’occasion de renouveler un peu la formule de cet évènement annuel et de s’essayer à la transversalité. Cela permettra en outre aux viticulteurs, arboriculteurs et maraîchers biologiques de se rencontrer et d’échanger sur les forces et faiblesses de leurs filières respectives. Ces journées auront lieu en Bourgogne, à Dijon. La proximité de la Suisse permettra à des chercheurs du FIBL de nous rejoindre pour quelques interventions. Alors, retenez dès aujourd’hui les dates 6 et 7 décembre 2005. Le programme sera disponible courant septembre. Ces journées sont organisées par le partena- riat ITAB/GRAB d’Avignon, avec la collabo- ration du SEDARB Biobourgogne. Contact : [email protected] Du côté de l’ITAB La 1 e édition étant épuisée, la parution d’une seconde édition s’imposait : la voici ! Le guide “Produire des fruits de l’agricul- ture biologique” est à nouveau disponible dans une version actualisée. Les nouvelles connaissances et dernières don- nées sur le matériel végétal, l’environnement du verger, la réglementation, l’usage des intrants y ont été intégrées. Si ce guide est d’abord destiné aux arboriculteurs biologiques, il s’adresse également aux tech- niciens ou ingénieurs, professionnels ou amateurs : à tous ceux qui s’intéressent aux moyens et techniques permettant de pro- duire des fruits dans le respect des équilibres naturels et sans recourir à des produits chimiques de synthèse. Ce guide comporte trois grandes parties : aspects généraux de la conduite d’un verger biologique ; stratégies de protection du verger ; spécificités et particularités de la conduite de : l’abricotier, l’amandier, le ceri- sier, le châtaignier, le figuier, le kiwi, le noisetier, le noyer, l’olivier, le pêcher, le poirier, le pommier, le prunier et le raisin de table. Cet ouvrage a été rédigé principalement par les équipes “arboriculture” et “viticulture” du GRAB : M. Chovelon (pour la viticulture), N. Corroyer, J. Fauriel, G. Libourel, L. Romet, F. Warlop (pour l’arboriculture). Pour cette 2 e édition, ont également participé : S. J. Ondet, C. Gomez, C. Minost et M. Jonis Ont également participé à la rédaction de certains cha- pitres : J.-L. Petit (consultant indépendant), B. Florens (La Pugère), B. Leclerc (ITAB), R. Uffren (CFPPA Carpentras), A. Panis (INRA), H. Vedié (GRAB). Produire des fruits en agriculture biologique 2 e édition ! 320 pages dont un livret photo couleur 16 p. 16x24 cm 50 Bon de commande en page 21 } Parties communes à toutes les espèces

Du côté de l’ITAB

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Page 1: Du côté de l’ITAB

Grandes CulturesArrivée du

“Qui fait quoi?” Le recensement annuel des expérimentationsfrançaises menées en agriculture biologiquedans le domaine des grandes cultures estachevé pour la période 2004-2005. Il est dèsà présent accessible sur le site Internet del’ITAB sous forme de fichier Excel. Près de200 expérimentations ont été recensées surl’ensemble des régions françaises. Si 37 % deces expérimentations concernent le blétendre, de nombreuses autres espèces sontétudiées à moindre échelle : maïs, triticale,féverole, association céréales protéagineux,pois, blé dur, colza… Les trois thèmes expéri-mentaux les plus étudiés sont le criblagevariétal, la fertilisation et les conduites de cul-ture. Les essais concernant lesravageurs/maladies, le désherbage et l’acqui-sition de références technico-économiquesviennent dans un second temps. Pour plus dedétails sur les objectifs, les expérimentateurs,les régions concernées, n’hésitez pas à consul-ter le site www.itab.asso.fr

Viticulture et Fruits & Légumes

Cette année, les journées techniques fruits etlégumes et viticulture sont réunies ! En effet,de nombreux thèmes comme la phytothéra-pie, l’usage des intrants, la biodiversité, lesbio-herbicides…sont communs aux troisfilières. C’est aussi l’occasion de renouvelerun peu la formule de cet évènement annuel etde s’essayer à la transversalité. Cela permettraen outre aux viticulteurs, arboriculteurs etmaraîchers biologiques de se rencontrer etd’échanger sur les forces et faiblesses de leursfilières respectives. Ces journées auront lieu en Bourgogne, àDijon. La proximité de la Suisse permettra àdes chercheurs du FIBL de nous rejoindrepour quelques interventions. Alors, retenezdès aujourd’hui les dates 6 et 7 décembre2005. Le programme sera disponible courantseptembre.Ces journées sont organisées par le partena-riat ITAB/GRAB d’Avignon, avec la collabo-ration du SEDARB Biobourgogne.Contact : [email protected]

Du côté de l’ITAB

La 1e édition étant épuisée, laparution d’une seconde éditions’imposait : la voici ! Le guide“Produire des fruits de l’agricul-ture biologique” est à nouveaudisponible dans une versionactualisée. Les nouvellesconnaissances et dernières don-nées sur le matériel végétal,l’environnement du verger, laréglementation, l’usage desintrants y ont été intégrées.Si ce guide est d’abord destiné

aux arboriculteurs biologiques, il s’adresse également aux tech-niciens ou ingénieurs, professionnels ou amateurs : à tous ceuxqui s’intéressent aux moyens et techniques permettant de pro-duire des fruits dans le respect des équilibres naturels et sansrecourir à des produits chimiques de synthèse.

Ce guide comporte trois grandes parties :n aspects généraux de la conduite d’un

verger biologique ;

n stratégies de protection du verger ;

n spécificités et particularités de la conduite de : l’abricotier, l’amandier, le ceri-sier, le châtaignier, le figuier, le kiwi, le noisetier, le noyer, l’olivier, le pêcher, lepoirier, le pommier, le prunier et le raisin de table.

Cet ouvrage a été rédigé principalement par les équipes“arboriculture” et “viticulture” du GRAB : M. Chovelon(pour la viticulture), N. Corroyer, J. Fauriel, G. Libourel,L. Romet, F. Warlop (pour l’arboriculture).

Pour cette 2e édition, ont également participé : S. J. Ondet, C. Gomez, C. Minost et M. Jonis

Ont également participé à la rédaction de certains cha-pitres : J.-L. Petit (consultant indépendant), B. Florens (LaPugère), B. Leclerc (ITAB), R. Uffren (CFPPA Carpentras),A. Panis (INRA), H. Vedié (GRAB).

Produire des fruits en agriculture biologique

2e édition !

320 pages dont un livretphoto couleur 16 p.16x24 cm 50€Bon de commande en page 21

} Parties communes à toutes les espèces

Page 2: Du côté de l’ITAB

Bimestriel des Agricultures AlternativesBimestriel des Agricultures Alternatives

Alter Agrin° 72

Institut Technique de l’Agriculture BiologiqueJuillet/Août 2005 O Prix : 10 €

Plantes à parfum, médicinaleset aromatiques bioMaraîchage• Les PPAM bio en France• Herbes aromatiques

et médicinales andines

ÉlevageLe taenia chez l’agneau d’herbe

Grandes culturesL'AB aux Culturales d’Arvalis

QualitéDiscrimination des blés biologiques des blés conventionnels

ArboricultureNouvelle approche contre les ravageurs de l'olivier :l'agroécologie

SemencesCompte-rendu du débat sur l’usage des hybrides à CMS

Page 3: Du côté de l’ITAB

CommissionSommaireRevue de l’Institut Technique del’Agriculture Biologique (ITAB)

Directeur de PublicationMatthieu Calame (Président ITAB)

Rédacteur en chefLaurence Fontaine

Chargées de rédactionKrotoum Konaté - Aude Coulombel

Comité de rédactionMatthieu Calame

Rémy FabreLaurence Fontaine

Jacques FringsGuy Kastler

François Le Lagadec

Comité de lecture• Élevage

Hervé Laplace (CFPPA42)Jean-Marie Morin (FORMABIO)

Jérôme Pavie (Institut de l’Elevage)•Fruits et légumes

Cyril Bertrand (GRAB)Jérôme Laville (Ctifl)

•Grandes CulturesBertrand Chareyron (CA Drôme)

Philippe Viaux (ARVALIS - Institut du Végétal)

•ViticultureDenis Caboulet (ITV)

Marc Chovelon (GRAB)•Agronomie/Systèmes

Blaise Leclerc (ITAB)Alain Mouchart (ACTA)

•QualitéBruno Taupier-Letage (ITAB)

Rédaction/AdministrationPromotion/CoordinationITAB - 149, rue de Bercy75595 PARIS CEDEX 12

Tél.: 0140045064 - Fax: 0140045066

Abonnements : Interconnexion Alter Agri

BP 78 - 31151 FENOUILLET [email protected]

Fax : 05 61 37 16 01

PublicitéAude Coulombel - ITAB

149, rue de Bercy75595 PARIS CEDEX 12

Tél. : 01 4004 5063 - Fax : 01400450 [email protected]

www.itab.asso.fr

Dessins de la revue : Philippe Leclerc

Réalisation : Flashmen - 05000 GAP

Tél : 04 92 52 47 49

Impression : Louis Jean - GAPDépôt légal : 503 - août 2005

Commission paritaire : 1007G82816

ISSN : 1240-363

Imprimé sur papier 100 % recycléLes textes publiés dans ALTER AGRI sont sous la responsabilité de leurs auteurs.ALTER AGRI facilite la circulation des informations techniques ce qui implique ni jugement de valeur,ni promotion au bénéfice des signataires.

SommaireÉdito . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 3

Élevage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 4Moniezia chez l’agneau d’herbe : épidémiologie et tentative de contrôle par un traitement alternatifJ. Cabaret, V. Gonnord, J. Cortet et C. Sauvé (INRA, Nouzilly), J. Ballet et H. Tournadre (INRA Clermont-Ferrand - Theix)

Grandes cultures. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 8Culturales d’Arvalis : l’agriculture biologique était présente

Qualité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 10Discrimination des blés biologiques des blés conventionnels par utilisation des marqueurs volatilsPar Catherine Thonat et Delphine Arteaga (BIO-SENS)

MaraîchageLes PPAM bio en France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 13Par Aude Coulombel (ITAB) avec la participation de Muriel Saussac (Iteipmaï) et de l’Onippam

Herbes aromatiques et médicinales, trésor des terres andines . . . . . . . . . . . . p 17Par Carole Stavart (Journaliste au Pérou) avec la participation de Monique Jonis et Aude Coulombel (ITAB)

Arboricuture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 23Nouvelle approche contre les ravageurs de l'olivier : l'agroécologiePar François WARLOP (GRAB)

SemencesUsage des hybrides à CMS en agriculture biologique Loudéac le 19 mai 2005 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 26Par Monique jonis (ITAB)

Compte-rendu du débat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 29Par Monique jonis (ITAB)

Page 4: Du côté de l’ITAB

n°72 • juillet/août 2005 • Alter Agri 33

ÉditoÉdito

Ces derniers temps, un air de morosité s’est abattu sur le pays, de la même façon que la pollution à l’ozoneannoncée à la radio, alors réduisez votre vitesse de 20 km/h… et attendons la prochaine canicule.

Pourquoi cette morosité ? Pour un oui ou pour un non ?

“L’essentielle” voilà ce qui nous est proposé dans ce numéro d’Alter Agri. Cette infime partie si difficileà extraire qui embaume, soigne, donne du goût à la vie. Oui, les plantes à parfum, aromatiques et médi-cinales (PPAM) cultivées ou cueillies, en séchage, macération ou distillation ont le vent en poupe !

Mais attention, pas question de laisser les producteurs vendre leurs plantes médicinales : seulementun peu plus d’une trentaine d’espèces sont autorisées à la vente directe en France contre 100 à300 chez nos voisins européens ! C’est ainsi que des groupes de producteurs, très expérimentéset reconnus pour leur travail de qualité, se retrouvent poursuivis par la justice.Les fermes produisant les plantes à parfum, aromatiques et médicinales biologiques sont trèsdiversifiées. Pour les plus nombreuses, cette production vient en complément d’autres res-sources comme l’accueil à la ferme, d’autres ateliers de production ou même des revenusextérieurs. En zone de montagne notamment, certaines associent la cueillette à la culture.D’autres encore se consacrent à la culture des plantes médicinales sur quelques ares, desaromatiques sur des parcelles souvent limitées à l’hectare ou des plantes à parfum sur plu-sieurs hectares.

Si les difficultés techniques sont assez importantes en matière de désherbage, elles lesont également pour les interventions post récolte comme le séchage, l'effeuillage, le tri,le stockage... Tout producteur candidat à une conversion doit bien être conscient deces réalités et des investissements spécifiques qui seront nécessaires avant de se lancer.

De nombreux agriculteurs restent néanmoins intéressés par une conversion ou uneinstallation en PPAM biologique, mais peu d’aides sont accordées, proportionnelle-ment aux petites surfaces cultivées (exceptées pour les terres consacrées à la culturede lavande ou lavandin). Cette filière minoritaire, mais tellement importante pour“le sens et les valeurs” qu’elle apporte au territoire et à notre société, mériterait unsoutien de développement plus important.

Robert Desvaux - GRAB

A la recherche de l’essentiel !

Page 5: Du côté de l’ITAB

ÉlevageÉlevage

Moniezia chez l’agneaud’herbe : épidémiologie et

tentative de contrôle parun traitement alternatif

J. Cabaret, V. Gonnord, J. Cortet et C. Sauvé (INRA, Nouzilly1)J. Ballet et H. Tournadre (INRA Clermont-Ferrand - Theix2)

Moniezia expansa, appelé plus communément le “taenia” de l’agneau d’herbe, entraîne parfois uneforte mortalité des jeunes, mais il est surtout à l’origine de pertes de croissance importantes.

Ce parasitisme est difficile à maîtriser par les éleveurs. Alors, pour contrôler l’infestation parMoniezia expansa, il est important de connaître son cycle évolutif et son épidémiologie pour tenter

d'établir des moyens de lutte alternatifs efficaces.

4

Moniezia expansa, le taenia de l’agneau Les éléments concernant la biologie et lecycle du parasite sont disparates et dis-persés dans la littérature. Pour que lecycle soit compréhensible, les informa-tions ont été recoupées. Le cycle deMoniezia est long, dans des conditionsfavorables (humides, 20°C), il faut auminimum 110 jours (trois mois etdemi) pour qu’il soit complet et que lesjeunes vers adultes excrètent des œufs(figure 1). Il nécessite également la pré-sence d’un hôte intermédiaire, des aca-riens de 0,4 à 1 mm nommés oribates.

L’ovin, ou plus rarement le caprin,excrète des œufs dans ses fèces qui sontensuite ingérés par les oribates vivantsur la prairie. Un agneau infesté produitenviron un million d’œufs par jour! Lesacariens sont très présents sur les prai-ries, leur densité est estimée à 10000oribates/m2. Ils sont très mobiles et s’in-festent facilement. Leur durée de vie estd’environ un an, ils permettent donc unmaintien de la contamination despâtures d’une année à l’autre. Chez lesoribates, les œufs se développent pourformer, après deux stades larvairesconsécutifs, des larves infestantes (L3).Les oribates infectés en juillet sont infes-tants pour les ovins en septembre (69jours de développement) alors que ceuxinfestés en automne ne seront infestantsqu’au printemps (240 jours) (voir Dene-gri, 2001). Les oribates infestés sontingérés par les petits ruminants lors dupâturage. Les sucs digestifs détruisentl’oribate et libèrent le parasite dans letube digestif. Celui-ci se fixe à lamuqueuse de l’intestin grêle par sonscolex (“tête” du Moniezia), puis sedéveloppe en formant des anneaux, lesplus anciens étant repoussés vers l’ex-trémité du ver. Cet allongement peutatteindre plusieurs mètres et gêne le

transit intestinal. Les anneaux les plusanciens se détachent et/ou libèrent desœufs. Il peut parfois arriver, suite à untraitement par exemple, que de nom-breux anneaux se détachent en mêmetemps, formant des lignes blanches dansles fèces, caractéristique de la présencede Moniezia chez les petits ruminants.

Evolution de l’infestationdes agneaux au cours dequatre années d’étude enAuvergneUn travail mené dans la régionAuvergne Limousin chez des éleveursbio situés en zone de plaines, a montrépar des autopsies que Moniezia présen-te une légère variation saisonnière : unpic de printemps et d’automne sontobservés et la prévalence d’infestationatteint 80%. (Cabaret, Bouilhol etMage, 2002). Une étude a été menée sur deux exploi-tations ovines à l’INRA de Theix (Cler-mont-Ferrand, domaines d’Orcival etde Redon) pour observer l’évolution de

4 Alter Agri • juillet/août 2005 • n° 72

1 INRA, BASE, Ecologie et Génétique desPopulations, 37100 Nouzilly

2 INRA Clermont-Ferrand-Theix, Unité deRecherches sur les Herbivores, 63122Saint Genès Champanelle

Figure 1 : Cycle de Moniezia expansa

Page 6: Du côté de l’ITAB

55

l’excrétion parasitaire en conditions demoyenne montagne. La premièreannée, aucun traitement n’a été entre-pris contre Moniezia. Des coproscopiesont été effectuées régulièrement tous lesmois pendant quatre ans sur quelquesagneaux (au moins cinq) mensuelle-ment). Ces agneaux de race Limousinesont répartis dans quatre troupeaux :

Troupeau 1Bio Orcival, une soixantaine de brebis, éle-vée sur le site d’Orcival, et conduite selonle cahier des charges biologique. La mise àl’herbe à lieu en mai, juste après la mise-bas. Au début de juillet, au sevrage, lesagneaux reçoivent un traitement avec unepréparation à base de plante : Ténifit®.

Troupeau 2Témoin Orcival, une soixantaine debrebis, conduite sur le même site, Orci-val, mais en non biologique. La mise àl’herbe a lieu en mai. Le nombre de trai-tements est limité, néanmoins ce sontdes produits allopathiques de synthèsequi sont utilisés. Début juillet, au sevra-ge, les agneaux reçoivent un traitementallopathique de synthèse au Cestocure®.

Troupeau 3Bio accéléré Redon, une centaine de bre-bis, située sur l’exploitation de Redon.Ce lot est mené de façon biologique avectrois agnelages en deux ans. La mise àl’herbe a lieu en avril. Les agneaux reçoi-vent un traitement phytothérapique,Ténifit®, en juin avant le sevrage.

Troupeau 4Bio Redon, une centaine de brebis,située sur l’exploitation de Redon enconduite biologique, mais avec un agne-lage par an. La mise à l’herbe et le trai-tement au Ténifit® ont lieux au mêmemoment que pour le troupeau 3.

Les deux exploitations (Redon et Orci-val) sont situées à une vingtaine de kilo-mètres l’une de l’autre, mais l’exploita-tion d’Orcival est à une altitude plus éle-vée (1200 contre 900 mètres), cecientraîne une différence d’un mois pour lamise au pâturage et conduit aussi à ren-trer les ovins un peu plus tôt. Lesagneaux sont traités annuellement contreMoniezia avec le traitement d’originenaturelle et à base de plantes (Ténifit®)pour les trois lots conduits en “bio” et unproduit de synthèse (Cestocure® dont lamolécule active est le Praziquantel) pour

le lot témoin conventionnel.Des coproscopies ont été réaliséesmensuellement. Le nombre d’œufs deMoniezia n’a pas été compté lors deces prélèvements, car une rupture desanneaux provoque une augmenta-tion du nombre d’œufs excrétés quiest sans commune mesure avec l’in-tensité de l’infestation. Seule la pré-sence de Moniezia a donc été relevée,et ceci permet de connaître le pour-centage d’agneaux qui excrètentMoniezia (figure 2) et qui donc, pré-sentent des vers adultes dans leurintestin grêle. Cette étude a montré que les agneauxexcrétaient des œufs de Moniezia à par-tir de juin et ce jusqu’en octobre, avecune diminution pendant l’été, cert aine-ment due au développement de l’immu-nité protectrice des jeunes, mais aussi autraitement. Le mode de vie des oribatespeut également être à l’origine de cetteréduction estivale. En effet, ces hôtesintermédiaires ont tendance à s’enfoncerplus profondément dans le sol en été etsont donc moins accessibles aux ovins.Nous observons un pic d’agneaux quiexcrètent des œufs de Monieziadès un mois et demi de pâtura-ge touchant parfois 50%des agneaux des quatretroupeaux. Selon lecycle présenté précé-demment, leslarves infes-tantes, une foisingérées, met-tent 45 jours,soit un moiset demi àévoluer envers adulteset à excréterdes œufs.

Un second pic d’agneaux excrétant desœufs de Moniezia peut être observé àl’automne. Ceci a été constaté sur deuxtroupeaux (2 et 3). Elle ne peut pas êtreimputée à un facteur géographiquepuisque les deux troupeaux en questionne sont pas situés sur la même exploita-tion. Pour la même raison, on ne peut pasattribuer cette observation à un facteurhumain. Les traitements ne sont faits nipar les mêmes personnes ni au mêmemoment sur les deux troupeaux dechaque exploitation. Ce second picd’agneaux excréteurs peut être dû à unebaisse de l’immunité protectrice suite à untraitement ou à un affaiblissement del’agneau. Cependant, tous les troupeauxont subi un traitement (agneaux), et seulsdeux troupeaux sur quatre présententdeux périodes d’excrétion. Les changements de pâtures pour-raient également être à l’origine de laseconde réinfestation. La politique desexploitations au niveau gestiondes pâtures estde

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bio Orcival

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bio accéléré Redon

bio Redon

Figure 2 - Evolution mensuelle de l'excrétion des œufs de Moniezia chez les agneaux(en moyenne sur quatre ans à Redon et Orcival)

Page 7: Du côté de l’ITAB

66

mettre les agneaux sevrés sur des par-celles les plus saines possibles, c’est-à-dire n’ayant pas été pâturées au coursde l’année. Cette méthode n’est pasréellement respectée à Redon. En effet,dans cette exploitation, les parcellesdestinées aux agneaux sevrés sontpâturées par d’autre ovins avant le pas-sage des jeunes, voire parfois par lesagneaux non sevrés avec leur mères.Cette situation pourrait expliquer lefait qu’il y ait deux périodes d’excré-tion de Moniezia (printemps/autom-ne). Effectivement, les agneaux passentune première fois avec leurs mères surles pâtures, et excrètent des œufs quiévoluent en larves infestantes chez lesoribates à l’automne. A Orcival, les jeunes sevrés pâturentuniquement sur des repousses defauche. Cependant, les agneaux occu-pent toujours les mêmes parcelles d’uneannée sur l’autre. Or, la durée vie deMoniezia peut atteindre deux ans, lesagneaux peuvent donc contaminer lapâture d’une année sur l’autre. Lesecond pic d’excrétion observé dans letroupeau témoin (2) pourrait doncvenir de l’utilisation d’une pâture pluscontaminée que les autres après lesevrage. Le fait de réserver des parcellesdestinées aux agneaux sevrés n’a pasl’air d’être la solution pour maîtriser le“taenia” de l’agneau. Toutefois, cettegestion du pâturage permet de réglerd’autres problèmes parasitaires tels queles strongles digestifs. L’existence de deux périodes d’excré-tion n’est pas constante sur nos deuxsites de moyenne montagne. Un autretravail réalisé dans la région a montréque ces deux pics se rencontraient fré-quemment ailleurs, en particulier enzones plus basses et dont la durée depâturage est un peu plus longue(Cabaret, Bouilhol, Mage, 2002). Onpeut imaginer que le premier pic (mai-juin) est le résultat de l’infestation desoribates en novembre de l’année pré-cédente, et que le second – automne,est la conséquence de l’infestation desoribates en mai-juin. Globalement,l’infestation par Moniezia dans ceszones de moyenne montagne resteplus modérée qu’en plaine, en partiedue à la courte durée de la saison depâture.

Utilisation de Ténifit®,un traitement phytothé-rapique contre Moniezia.Puisqu’il est difficile de gérer l’infestationpar Moniezia, uniquement par la gestiondes pâtures, il est parfois nécessaire d’uti-liser un traitement. Les traitements alter-natifs contre les cestodes sont très peunombreux (Cabaret, 1986) ou inexis-tants (Organic livestock handbook,2000). Dans le cas de l’agriculture biolo-gique, le seul traitement phytothérapiqueexistant en France est le Ténifit®, produitpar le laboratoire Phytosynthèse. Les tra-vaux réalisés par Mage (2003) indiquentque ce produit est actif contre Moniezia.Afin de s’assurer de l’efficacité de ce trai-tement dans des conditions diversifiéesau champ, nous avons effectué un essaisur des agneaux de Redon et Orcival(avec des traitements fin mai ou débutjuillet à Orcival). Le protocole est le sui-vant (figure 3) :

Lot 1 : Les agneaux ont reçu untraitement Ténifit® au moment dusevrage à dose normale (1g/kg).

Des coproscopies sont effectuées à J0,J1 et J14.

Lot 2 (témoin) : Ces quinzeagneaux ont reçu un traitementallopathique de synthèse, Cestocure® àdose normale (1ml/kg). Descoproscopies ont été effectuées au mêmemoment que pour le lot 1, J0, J1 et J14.

Lot 3 : Les agneaux ont reçu untraitement Ténifit® (J0) au moment dusevrage avec une dose normale (1g/kg).Deux jours après, ils ont été traités denouveau au Ténéfit®, mais à doubledose. Ces agneaux auront donc eu autotal une triple dose de produit. Descoproscopies sont effectuées avanttraitements (J0 et J2), puis 10 jours(J10) après pour voir si le produit utiliséa eu un effet sur l’excrétion des œufs.

Lot 4 : Les agneaux ont reçuexactement le même traitement queceux du troisième lot.

Après les traitements, les animaux sontrentrés pendant 24 heures en bergerie.Les résultats obtenus sont présentésdans le tableau 1. Comme précédement,le nombre d’œufs de Moniezia n’est pas

Alter Agri • juillet/août 2005 • n° 72

2g/kg

Lot 3 et 4

J0 J2 J10

1g/kg Traitement Ténifit (triple dose)

coproscopies

Lot 1

J1 J14

1g/kg

J0

Traitement Ténifit (s imple dose)

J1 J14J0

Lot 2

Traitement Ces tocure (s imple dose)(Lot témoin)

2g/kg

1ml/kg

coproscopies

coproscopies

Figure 3 - Protocole expérimental

Tableau 1 - Excrétion d’œufs de Moniezia après traitement. Résultats exprimés en nombre d’animaux excréteurs/nombre d’agneaux suivis

1e coproscopie 2e coproscopie 3e coproscopie Ecartle jour 1 ou 2 jours 10 à 14 jours après significatif

du traitement après traitement le traitement (p<0,10)

Lot 1 0/15 1/14 9/15 OuiTénifit® (x1) p = 0,017

Lot 2 2/15 4/15 0/15 NonCestocure p = 0,48

Lot 3 0/15 3/14 9/15 OuiTénifit ® (x3) p = 0,001

Lot 4 2/15 10/15 6/13 OuiTénifit ® (x3) p = 0,10

Page 8: Du côté de l’ITAB

n°72 • juillet/août 2005 • Alter Agri 7

décompté car uniquement la présenceou l’absence du parasite a un sens.

Ces résultats ne permettent pas d'affir-mer que le Ténifit® soit efficace dansnos conditions. Effectivement, d’aprèsle tableau précédent, les traitementsTénifit n’ont pas permis une réductiondu nombre d’animaux excréteurs. Aucontraire, le pourcentage d’agneauxqui excrètent des œufs à même ten-dance à augmenter suite au traitement,même sur les lots ayant reçu une tripledose de produit ! Ceci peut probable-ment s’expliquer par la précocité dutraitement. Les vers n'ont pas eu letemps de produire des oeufs. Cepen-dant, ils possédaient tout de même unechaine d’anneaux, car il faut au mini-mum 45 jours pour qu’un vers sansanneaux produise des œufs. Le pro-duit phytothérapique utilisé n’a pas eud’action sur ces vers immatures,puisque les vers commencent à excré-ter des œufs 14 jours après le traite-ment. D’autre part, une autopsie à étéeffectuée trois semaines après le traite-ment sur deux agneaux ayant partici-pé à l’essai. Ils ont présenté tous lesdeux des Moniezia à l’état adulte, cequi nécessite 45 jours d’évolution. CesMoniezia étaient donc des reliquatsd’infestation après traitement. Ceciconfirme l’inefficacité du produit dansnos conditions. Nous avons comparé les gains de poidsentre le lot “bio” (lot 1) et le lot“témoin” (lot 2 sur le site d’Orcival).Le premier lot à été traité avec du Téni-fit®, le second avec du Cestocure®, pro-duit allopathique de synthèse efficacecontre Moniezia. Les gains de poidsobtenus dans le mois suivant les traite-ments sont similaires dans les deux lots.Les deux traitements auraient donc lamême “efficacité” à moyen terme.Cependant, une autre carractéristiqueest à mettre en cause : le niveau de l’in-festation par Moniezia est relativementfaible sur les deux exploitations expéri-mentales. La faible infestation parMoniezia n’a probablement pas d’in-fluence majeure sur les variations degain de poids dans ces exploitations.Cette observation remet en cause lanécessité des traitements dans desconditions de faible infestation. Unequestion persiste : dans une exploita-tion où l’infestation par Moniezia est

massive, l’emploi de ce type de produita-t-il un intérêt par la réduction éven-tuelle des signes pathologiques et uneamélioration des performances? Ilsemble que le seul traitement alternatifdisponible contre Moniezia nécessitedes évaluations dans des conditionsd’élevage car les résultats obtenusauparavant semblaient très promet-teurs (Mage, 2003).

Conclusions Concernant l’épidémiologie de Monie-zia expansa, retenons que ce parasitetouche la majorité des agneaux d’herbedès un mois et demi de pâturage enmoyenne montagne, ce qui était déjàconnu en zone de plaine. En cas d’in-festation massive, ce parasitisme a unimpact fort sur les résultats zootech-niques. Nous pouvons parfois observerune reprise de l’excrétion d’œufs deMoniezia en automne, sans toutefoisréussir à définir ni l’origine ni lesconséquences de ce second pic. Il seraitpeut-être intéressant de faire un traite-ment des agneaux avant la période definition pour améliorer les résultats àl’engraissement. La maîtrise de ce parasite par la gestiondu pâturage est difficile et il est souventnécessaire d’avoir recours aux traite-ments. Notre étude montre que l’emploid’un traitement dans le cas d’une infesta-tion faible (cas de moyenne montagne)est remis en cause. En effet, un traite-ment efficace (Cestocure®) et un autrequi n’a pas montré une efficacité théra-peutique réelle (Ténifit®) aboutissent àdes productions pondérales similaires.Moniezia touche les agneaux environ unmois et demi après la mise au pâturage :il faut être vigilant et si les croissancesrestent normales à cette période, l’infes-tation est faible et il n’est alors pas néces-saire de traiter contre Moniezia. Dans lecas contraire, il peut être intéressant defaire des coproscopies sur une dizained’agneaux pour connaître le pourcentaged’animaux atteints ou bien d’observer lesdéfécations des agneaux. En effet, lescoproscopies ne sont pas obligatoires,une observation des fèces peut parfoissuffire (présence d’anneaux). Si plus de50% des agneaux présentent des œufs(ou des anneaux) de Moniezia, dans lecas de la moyenne montagne, il sera sansdoute préférable de traiter les agneaux.

Cette “règle” n’est cependant pas géné-ralisable à d’autres situations. Idéale-ment, le traitement devrait reposer surl’existence de deux faits : une excrétionde parasites associée à un état généralmédiocre. On peut se demander, au vudes résultats, si finalement, dans des casd’infestation modérée, il est vraimentnécessaire de traiter les agneaux lors dela première vague d’infestation. Laseconde vague (d’automne) n’existe quedans deux cas, le bio accéléré de Redon(ce troupeau est soumis à des contraintesphysiologiques plus fortes : trois agne-lages en deux ans, qui pourraient avoirdes répercussions sur la mise en place dedéfenses naturelles) et le lot convention-nel à Orcival (troupeau soumis à des trai-tements allopathiques de synthèse quisont efficaces mais ne permettent peut-être pas la mise place de défenses consé-cutives à des infestations à durée pluslongue). Il serait nécessaire d’approfon-dir l’étude sur le Ténifit® pour savoir sice traitement apporte une aide en casd’infestation importante. En touterigueur, la comparaison de lots traitésau Ténifit®, au Cestocure®, et non trai-tés serait source d’information qui fon-derait la justification ou non de cestraitements. n

Remerciements à ceux quiont permis ces recherchesCe travail a pu être mené grâce aux finan-cements du GIS Massif Central, du ComitéInterne de l’Agrobiologie de l’INRA, et dulaboratoire Phytosynthèse. L’aide des per-sonnels des deux domaines de l’INRA a étéindispensable. Nous remercions égalementMarc Benoit (INRA-Theix) qui a assuré lacohérence du dispositif et a été le moteur del’ensemble des recherches de la plate-formeRedon-Orcival durant ces quatre années.

Bibliographie pour en savoir plus- Cabaret J. 1986. 167 plantes pour soigner

les animaux. Phytothérapie vétérinaire.Editions du Point vétérinaire, Maisons-Alfort, 192 p.

- Cabaret J., Bouilhol M., Mage C. 2002.Helminth intensity and diversity in orga-nic meat sheep farms in centre of France.Veterinary Parasitology, 105, 33-37

- Denegri G.M. 2001. Cestodosis de herbi-voros de la Republica Argentina deimportancia en medicina veterinaria. Edi-torial Martin, 111 p.

- Mage C., 2003, Parasitisme en élevageovin : des références nouvelles pourl’agneau d’herbe. Alter Agri, 61, 15-16

- Organic livestock handbook. 2000.Canadian Organic Growers Inc. Ottawa,Ontario Canada. 179 p.

Page 9: Du côté de l’ITAB

8 Alter Agri • juillet/août 2005 • n° 72

Grandes culturesGrandes cultures

Culturales d’Arvalis :l’agriculture biologique

était présenteLes 15 et 16 juin derniers avaient lieu les Culturales sur le site d’Arvalis-Institut

du végétal à Boigneville (91). Un pôle bio avait été installé pour l’occasion.Durant ces deux journées, le stand a étéanimé par l’ITAB, Arvalis, des adhérentsdu réseau ITAB (GAB Ile de France, Bio-ciel, GABEL…) et quelques agriculteursbio. A titre de démonstration et de sup-port aux discussions avec les visiteurs,une dizaine de petites parcelles cultivéesen bio ont été mises en place. De grandspanneaux pédagogiques (photo 1) indi-quaient les principes de l’agriculture bio-logique, les missions et le fonctionne-ment de l’ITAB, les expérimentationsmenées en agriculture biologique en2003/2004, les principales statistiquesnationales et les caractéristiques dequelques cultures. Un exemple de calculde marge sur une rotation complète étaitaussi présenté.Ce salon a été l’occasion pour l’ITAB delancer la sortie du nouveau guide tech-nique sur la maîtrise des adventices engrandes cultures biologiques.

Visites nombreuses aupôle bioBien que situé un peu à l’écart, le pôle bioa été bien fréquenté et bien accueilli parles visiteurs : quelques agriculteurs biomais surtout des conventionnels, à qui lesalon est plutôt destiné, qui venaientchercher des idées chez les agrobiolo-gistes. Beaucoup de visiteurs se sont ainsiattardés sur le pôle pour échanger desidées et apprendre des pratiques biolo-giques (photo 2).De nombreuses personnes ont été éton-nées de la propreté des parcelles. Il estvrai qu’en dehors de quelques rarescoquelicots dans la féverole, les adven-tices étaient quasiment absentes desparcelles.

Démonstrations et essais Plusieurs petites parcelles ont étéconduites comme en agriculture biolo-gique. Maïs, tournesol, colza, épeautre,blé et féverole ont été choisis comme cul-tures de démonstration.

Essai carieQuelques mètres carrés de blé étaientréservés au test d’un produit de traitementde semences homologué en bio : “Tille-cur”, et à la comparaison de variétés résis-tantes ou non à la carie : Crousti (résis-tante) et Isengrain (sensible à la carie).Pour chaque cas, une microparcelle conte-nait un lot sain et un lot non traité(témoin), un lot dont les semences étaientcontaminées par la carie et non traité, etun lot dont les semences étaient contami-nées par la carie mais traité.

Essai d’un mélange pois deprintemps/trèfle blancL’intérêt de cette association est, d’unepart de lutter contre les adventices et

d’autre part d’avoir une interculture quidémarre tout de suite après la récolte,bon moyen de contrer les adventices.La cohabitation se passe bien : le trèfledémarre plus lentement que le pois et negène donc pas son développement.L’objectif de cette association est, à labase, de trouver une alternative à la cultu-re du pois, difficile à cultiver seul en bio,et aux mélanges pois/céréale pour lesquelsil est difficile de trouver un bon précédentou une bonne culture suivante. n

Photo 1- Parcelles d’essais et panneaux pédagogiques

Photo 2 - Les visiteurs, essentiellement desconventionnels, en recherche de bonnestechniques chez les bio

Page 10: Du côté de l’ITAB

9n°72 • juillet/août 2005 • Alter Agri

Des méthodes pour établir unestratégie complète de maîtrisedes adventices

Trois chapitres complémentaires • Connaître la biologie des adventices

pour mieux les maîtriser.• La gestion préventive des adventices.• La gestion curative des adventices.

Deux séries de fiches• Description et caractéristiques

des outils de désherbage les plus utilisés.

• Stratégies de maîtrise des adventices pour la plupart des grandes cultures en AB.

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. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Téléphone : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Fax : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

E-mail :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Paiement par chèque libellé à l’ordre de l’ITABr Paiement à la commande (chèque ci-joint) r Paiement à réception de la factureA retourner à : Alter Agri - BP78 bis - 31150 Fenouillet

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Maîtriser
Page 11: Du côté de l’ITAB

1010 Alter Agri • juillet/août 2005 • n° 72

La discrimination des blés biologiquesdes blés conventionnels par leurs molé-cules volatiles (pour simplifier, lesmolécules volatiles constituent lesodeurs que l'on perçoit), suppose quele mode de culture biologique entraînedes variations de la composition enmolécules volatiles par modificationdes activités biologiques et biochi-miques de la plante.A partir de cette hypothèse, deuxméthodes physico-chimiques ont ététestées :- les analyses séparatives par SPME-

CPG-SM (explications plus loin) ;- les analyses globales par la technique

de SPME-SM.

Les échantillons de blés testés ont étéfournis par l’ITAB et par Agralys Bio(Blois). Pour chacun des blés, les don-nées suivantes sont recueillies : le modede culture, l’année de récolte, la variétéde blé, le lieu de production, le départe-

ment de production, le précédent et lapédologie. Les échantillons proviennentde deux régions (Centre et Rhône–Alpes), de trois récoltes successives(2002 ; 2003 ; 2004), et sont issus dedifférentes variétés dont les cinq princi-pales sont Renan, Cap Horn, CampRémy, Apache et Soissons. Tous les traitements statistiques desdonnées obtenues au moyen des deuxtechniques (“mode séparatif” et “moderapide”) ont été réalisés à l’aide du logi-ciel STATISTICA2. Ces traitementsconsistent à la sélection de variables pardécomposition de la variance, ouAnova, et à la réalisation de modèles declassification par Analyse FactorielleDiscriminante (AFD).

Les analyses séparatives parSPME-CPG-SMElles consistent tout d’abord à piéger lesmolécules volatiles du blé par la tech-nique de Micro-Extraction en PhaseSolide (SPME), puis à séparer les com-posés volatils par chromatographie en

phase gazeuse (CPG) avant de les iden-tifier grâce au spectromètre de masse(SM). Comme cette méthode est trèslongue, seulement 26 échantillons ontété analysés : treize blés biologiques ettreize blés non biologiques. Un traite-ment statistique sur les composés vola-tils identifiés a permis ensuite de déter-miner les molécules marqueurs spéci-fiques de la discrimination des blés bio-logiques /non biologiques.L’analyse des composés volatils desblés est réalisée directement sur lesgrains de blés bruts.

Piégeage des molécules volatilesUne fibre de silice où est déposée unecouche de polymère adsorbant estintroduite dans le flacon en verre conte-nant les grains de blés et reste aucontact de l’espace de tête afin d’absor-ber les molécules volatiles.

Séparation des composésL’injection de ces molécules volatilesdans un chromatographe en phasegazeuse couplé à un spectromètre de

Discriminationdes blés biologiques

des blés conventionnels par utilisation

des marqueurs volatilsPar Catherine Thonat et Delphine Arteaga (BIO-SENS1)

Les molécules volatiles ont déjà été utilisées comme marqueurs pour la localisation géographiquede certaines productions telles que le miel, le vin, le thé, ou pour la détermination variétale de

différents végétaux (vigne, riz, thym…). Dans le cas du blé, les molécules volatiles ont été étudiéessurtout pour déterminer l’origine des défauts d’odeurs liés à des contaminations externes ou à des

phénomènes de rancissement mais jamais pour distinguer des blés issus de modes de culturedifférents, biologique et conventionnel par exemple. Pour palier ce manque, la société Bio-Sens ainitié un travail exploratoire sur ce sujet et a cherché, d’une part à démontrer la possibilité de la

discrimination et d’autre part, à établir une méthode rapide, peu chère et efficace.

1 Biopôle Clermont-Limagne 63360 Saint-Beauzire, [email protected]

2 Version 6, StatSoft France, 2004

QualitéQualité

Page 12: Du côté de l’ITAB

n°72 • juillet/août 2005 • Alter Agri 11

masse est réalisée par désorption ther-mique de la fibre à 280°C. La sépara-tion des composés volatils a été condui-te avec une colonne capillaire apolaire.

Identification des composésL’identification des molécules volatilesest obtenue par comparaison desindices de rétention expérimentaux àceux de la banque mise en place parBio-Sens (2002) et par comparaisondes spectres expérimentaux à ceux dela banque Wiley 275K.

RésultatsUn exemple de chromatogramme obte-nu par la technique de SPME-CPG-SMest présenté figure 1. Chaque pic cor-respond à une molécule volatile. Dansles échantillons de blés, 254 moléculesont été identifiées, en majorité des

alcools (1-pentanol ; 2-méthyl- et 3-méthylbutanol ; hexanol), des aldé-hydes (pentanal, hexanal, heptanal etnonanal) et l’acide hexanoïque. Une analyse statistique (Analyse Facto-rielle Discriminante ou AFD) a étéeffectuée afin de rechercher un modèlede classification des blés selon le fac-teur “mode de culture” avec un mini-mum de variables (composés volatils).Effectivement, beaucoup de moléculesvolatiles sont susceptibles de discrimi-ner les blés mais pas forcément suivantle mode de culture. Cela peut concer-ner d’autres critères comme la région,ou la rotation sur champ ou tout autrecritère connu et référencé dans la basede données.

Quatre molécules ont été retenuescomme marqueurs du critère recherché,

elles permettent de bien classer 100%des 26 blés analysés (figure 2) ! Ils’agit du (R, S)-5-éthyl-6-méthyl-3E-heptèn-2-one ; du trans-beta-farnesè-ne, du naphtalène et du 1-pentèn-3-one2-méthyl.

Les analyses globales par latechnique de SPME-SMCette technique est utilisée dans lebut de mettre en place une technolo-gie plus rapide et moins coûteuse dediscrimination. Elle permet l’obten-tion d’une empreinte spectrale enquelques minutes alors que l’analyseséparative dure plus d’une heure.Avec cette méthode, 86 échantillonsde grains de blés (biologiques / nonbiologiques) ont pu être analysés. Ce

qui a permis de constituer une basede données d’empreintes spectrales.Un traitement statistique de ces don-nées a ensuite conduit à un modèlede classification des échantillonsselon leur mode de culture.

Protocole expérimental

Les molécules piégées sur la fibre SPMEsont désorbées à 280°C puis transitentpar une ligne de transfert à 220°C(colonne capillaire en silice désactivée)pour être introduites directement dansla source du spectromètre de masse oùelles sont fragmentées par impact élec-tronique à 70 eV (électron/Volt). Les

5.00 10.00 15.00 20.00 25.00 30.00 35.00 40.00 45.00 50.00 55.00 60.00 65.000

100000

200000

300000

400000

500000

600000

700000

800000

900000

1000000

Time-->

AbundanceTIC: BB46S.D

Figure 1 - Chromatogramme d’un blé biologique analysé par SPME-CPG-SM

Figure 2 - AFD selon le critère "mode de culture" - 100% de bon classement avec quatre molécules

-6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 60

1

2

3

4

5

6

7

0

1

2

3

4

5

6

7 non biologique biologique

Nom

bre d

e blés

(bio

logi

ques

)

Nom

bre d

e blés

(non

bio

logi

ques

)

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1212 Alter Agri • juillet/août 2005 • n° 72

abondances des fragments de massedont le poids moléculaire est comprisentre 33 et 250 unités de masse ato-mique sont recueillies pour chacun deséchantillons. Ces abondances consti-tuent l’empreinte spectrale (figure 3). L’étude statistique est effectuée à partird’une matrice de 70 lignes (correspon-dant à 70 échantillons de blés) et de 217colonnes (correspondant aux fragmentsde masse de poids moléculaire comprisentre 33 et 250 u.m.a.). Les seize échan-tillons de blé restant servent à la valida-tion du modèle statistique établi avecles 70 autres échantillons.

RésultatsUne analyse factorielle discriminanteeffectuée sur les 217 fragments de massea permis de sélectionner cinq variablesqui classent à 94,3% les 70 blés selonleur mode de culture (figure 4). La validation de ce modèle de classifica-tion a été réalisée avec les seize blés sup-plémentaires. Parmi ces seize blés biolo-giques et non biologiques, douze ont étébien classés, soit une validation dumodèle de 75%.

ConclusionLes techniques de SPME-CPG-SM (modeséparatif) et SPME-SM (mode rapide) ont

permis de discriminer les blés issus del’agriculture biologique des blés issus del’agriculture conventionnelle selon lesmolécules volatiles des échantillons.Par le mode séparatif, le modèle de clas-sification est prometteur car il discrimineà 100% les blés biologiques des blés nonbiologiques avec seulement quatre molé-cules. Il ne concerne cependant que 26blés car la méthode analytique ainsi quele traitement des données sont longs.Une analyse d’un plus grand nombred’échantillons est donc nécessaire à la

validation de ces premiers résultats.

Par le mode rapide, 94% des blés sontbien classés selon le mode de culture. Cemodèle est à ce jour plus “robuste” quele précédent car il prend en compte 70blés récoltés sur trois années, provenantde divers départements français et dedifférentes variétés.Cette base de données peut encore êtreenrichie, avec l’analyse de blés prove-nant d’autres départements français ouencore d’autres pays européens. n

40 60 80 100 120 140 160 180 200 220 2400

5000

10000

15000

20000

25000

30000

35000

40000

45000

50000

55000

60000

65000

70000

m/z ->

AbundanceScan 99 (0.360 min): BB31T2A.D43

57

73

8397

112

147

207

221126 191 24933

137179

161237

-6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 50

2

4

6

8

10

12

14

0

2

4

6

8

10

12

14

16

18

non biologique biologique

Figure 3 - Exemple d’empreinte spectrale d’un blé analysé par SPME-SM, donnant les abondances obtenues pour les fragments de masse depoids moléculaire compris entre 33 et 250 u.m.a.

Figure 4 - AFD selon le facteur mode de culture - 94,3% de bon classement avec cinq variables

Page 14: Du côté de l’ITAB

13n°72 • juillet/août 2005 • Alter Agri

Les plantes à parfum, aromatiques etmédicinales font partie du patrimoineagricole français. Leur culture et leurcueillette constituent des activités tradi-tionnelles ancestrales de nombreusesrégions françaises : la lavande et lelavandin en Provence, les plantes médi-cinales et notamment la camomille en

Maine-et-Loire, les herbes aromatiquesdans la vallée du Rhône et le bassinparisien. Si la culture tend à s'étendreen Auvergne, dans le Morvan, lesCévennes et les zones de massifs, cesrégions sont, à l’origine, essentielle-ment lieux de la cueillette des plantes.Les cultures de PPAM biologiques sui-vent cette répartition des bassins deproductions.

Rhône-Alpes et PACA,premières régions

productricesDepuis des années, Rhône-Alpes et PACA sont les deuxprincipales régions de culturede PPAM biologiques fran-çaises. Avec respectivement844 et 670 ha1, elles représen-tent 75% de la surface totaledes PPAM biologiques enFrance ! D’ailleurs, dans cesrégions, les surfaces implantéesen PPAM bio et conversion ontenregistré de fortes progres-sions. Par exemple, entre 2001et 2004, la région PACA agagné 40% d'augmentation et

le Rhône-Alpes près de 54% ! Mais, le profil des fermes, les surfacescultivées par producteur et les variétés

cultivées peuvent être très variables.Ainsi, le nombre de producteurs enRhône-Alpes est plus de deux foissupérieur à celui de la région PACA(311 contre 157 en 2004) ! Et cela,parce que les exploitations de PACAcultivent en majorité de la lavande oudu lavandin, cultures qui occupentdes surfaces importantes ; alors quesur les exploitations de Rhône-Alpes,les PPAM privilégiées sont largementplus diversifiées et les surfaces culti-vées plus petites. Sur le podium des régions les plus pro-ductrices (voir figure 1), se hissentensuite le Languedoc-Roussillon avec94 hectares de PPAM biologiquesrépartis entre 131 fermes, les régionsPays de la Loire (89 ha, 81 fermes),Auvergne (53 ha, 75 fermes), Centre(40 ha avec baisse de 25% par rapportà 2003, 38 fermes) et Corse (36 ha, 14fermes). En Midi-Pyrénées, le nombrede fermes ayant une activité PPAM bioest élevé (94), mais les surfaces culti-vées sont assez restreintes puisque lesproducteurs se répartissent 19 hectaresseulement. Le constat est le même enBretagne (94 fermes avec activitéPPAM bio pour 33 ha). Signalons également les secteurs demontagne comme l’Auvergne, lesCévennes, le Morvan, les Alpes…,non comptabilisés dans les surfacesde production mais qui reste le lieude prédilection de la cueillette.

Alors monnaie d’échange ou composants de l’huile d’embaumement, dès l’Antiquité les plantesà parfum, aromatiques et médicinales (PPAM) prêtent leurs vertus aux hommes. Depuis, si leurutilisation a évolué, elles restent toujours très utilisées pour leurs qualités multiples. Ellesinterviennent dans des secteurs variés comme l’alimentaire, la cosmétique, la parfumerie ou lapharmacie. En France, plus de 3600 exploitations produisent près d’une centaine d’espèces dePPAM sur près de 33000 hectares, soit environ 0,1% des superficies agricoles françaises.Plusieurs centaines d’espèces de plantes sauvages sont également récoltées lors de campagnes decueillette. Ces chiffres incluent la production issue de l’agriculture biologique, d’ailleurs biendéveloppée dans la filière PPAM. L'occasion donc de la présenter par ce rapide état des lieux.

Les PPAM bio en FrancePar Aude Coulombel (ITAB) avec la participation de Muriel Saussac (Iteipmaï) et de l’Onippam

Figure 1 - Les principales régions produc-trices de ppam biologiques (chiffres 2004,source Agence Bio) et les principaux lieuxde cueillette en France 1 Chiffres 2004

MaraîchageMaraîchage

Page 15: Du côté de l’ITAB

1414 Alter Agri • juillet/août 2005 • n° 72

Plus cultivées en bioque les autres produitsagricoles Le mode de culture biologique enPPAM est proportionnellement beau-coup plus développé que dans lesautres filières agricoles françaises.Environ 6% de la surface totale desPPAM sont biologiques, et si le pavot(plus de 9300 ha en conventionnel)n’est pas comptabilisé car non pro-ductible en bio, alors la proportion dePPAM cultivées en bio grimpe à plusde 9%. Ce constat est même nette-ment plus marqué pour les plantesmédicinales et aromatiques seules,puisque 15% de la surface totale estconduite en biologique ! A titre decomparaison, la SAU en culture biolo-gique représente moins de 2% de laSAU française totale.

Production et demandefortement accrues cesdernières annéesEn six ans, les surfaces en productionde PPAM biologiques et en conversionont quasiment doublé (voir figure 2) !Cette forte croissance régulière des sur-faces et du nombre de producteurs(figure 3) s’est amorcée suite au lance-ment du plan pluriannuel de développe-ment de l’agriculture biologique intro-duit en France en 1997. En 2004, lessurfaces cultivées atteignent 2017 hec-tares. Malgré l’arrêt des mesures desoutien à la conversion dans le cadredes CTE, les surfaces en conversion ontpoursuivi leur progression jusqu’en

2003. Il est vrai que les primes à laconversion sont liées à la surface et quecelles engagées en PAM bio ne sontjamais très importantes. Le manque àgagner n’est finalement pas si élevé, etla valorisation des PPAM bio sur lesmarchés est plus favorable que celle desPPAM conventionnelles. La demande en PPAM bio ne cesse decroître et la surface certifiée augmenteencore en France. Par contre, les sur-faces en conversion ont baissé pour lapremière fois en 2004 (-14,5% parrapport à 2003). Si la demande est encroissance, il faut rester vigilant face àla concurrence des pays de l'Est.Favorisée par des coûts de maind’œuvre nettement moindres qu’enFrance, elle constitue une menacepour la production du lavandin biolo-gique français.La cueillette, quant à elle, auraientpermis de récolter en 2003 environ500 tonnes de plantes aromatiques etmédicinales sur des sites sauvages etcertifiés bio, selon les données desorganismes certificateurs.

Lavande et lavandin,les PPAM pharesLa lavande et le lavandin sont lesplantes les plus produites en PPAMbiologiques (comme en convention-nel d'ailleurs). Cultivées principale-ment en régions PACA et Rhône-Alpes, elles représentent en 2004,54% des surfaces de PPAM biolo-giques (figure 4). En réponse à laforte demande constatée depuis2000-2001 pour les huiles essen-

tielles biologiques, les producteursont augmenté les surfaces de lavan-de/lavandin de 55% entre 2001 et2003 !

Si lavande et lavandin, sauge, thym,mélisse, menthe et romarin sont lesPPAM les plus produites (figure 4), plusde 80 autres plantes sont cultivées enFrance, certaines même sur de trèspetites surfaces (<5 ha au plan natio-nal !) et des centaines sont cueillies pourles besoins du marché biologique.

Le marché grandit, sediversifie…Le marché des PPAM bio est en pleineexpansion en France, comme à l’étran-ger. Depuis quelques années, de plusen plus de laboratoires cosmétiques et

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Figure 2 - Evolution des surfaces implantées en ppam bio (en ha) en France de 1998 à 2004 Source : Onippam, données brutes issues des organismes certificateurs et de l’Agence Bio

+98%

Lavandes ou lavandin ?La lavande est une culture ancienne,symbole de la Haute-Provence.Deux grandes variétés sont culti-vées : la lavande fine ou vraie et lalavande clonale. La lavande fine estune lavande de population (issue dusemis, chaque plante est un individugénétiquement unique). Sa diversitéconfère à l'huile essentielle unefinesse particulière. Elle poussespontanément sur les collines deProvence, en général à partir de600 mètres d’altitude, tandis que lalavande clonale est issue de bou-tures (tous les plants sont identiquesà la plante-mère et entres-eux), réa-lisées pour sélectionner certainescaractéristiques. La lavande clonaleest utilisée notamment pour laconfection des bouquets de fleurs. Le lavandin, lui, est un hybridenaturel de la lavande fine et de lalavande aspic produite en Espagne.Il est utilisé à 96% pour la fabrica-tion d’huile essentielle, principale-ment destinée à parfumer les les-sives, les savons... Il s’est répandurapidement grâce à sa robustesse etses très bons rendements (jusqu’à100kg d'huile essentielle/ha).LaFrance a le quasi monopole de laproduction mondiale de lavandin. Pour les distinguer : la lavande finea une hampe florale simple, celle dulavandin à deux épillets. Le lavan-din a la vigueur d’un hybride, il estdonc plus développé que la lavandeet ses brins sont plus longs.

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1515n°72 • juillet/août 2005 • Alter Agri

pharmaceutiques, de négociants, detransformateurs se lancent dans l’éla-boration et la distribution de produitsà base de PPAM biologiques.

AlimentaireSèches, fraîches, sous la formeconcentrée d’huile essentielle ou d’ex-trait, les plantes aromatiques sontlargement utilisées en alimentairepour leurs vertus aromatisantes. Plu-sieurs entreprises s’approvisionnenten France et en Europe et ont créé desgammes en surgelés, sec, frais et qua-trième gamme. De leur côté, lesindustriels du secteur des tisanesn’ont pas manqué de lancer desgammes biologiques. Cependant, lesdébouchés des PPAM restentcontrastés : certaines plantes commele tilleul et la mélisse sont éxcéden-taires, alors que d’autres, hamamélisou fumeterre par exemple, se fontencore trop rares. Des travaux actuel-

lement en cours permettront d’établirdes lois sur l’utilisation des plantesdans les compléments alimentaires, cequi pourrait favoriser le développe-ment de certaines espèces. Le logo AB est un signe indéniable dereconnaissance pour le consomma-teur français. Certains opérateursl’ont bien compris et privilégient unapprovisionnement européen deplantes biologiques pour pouvoirapposer de logo AB sur l’étiquetage,même si les coûts de production sontparfois un peu plus élevés.

Parfumerie et cosmétiqueGrâce à leurs vertus, les huiles essen-tielles sont largement utilisées dans lesproduits de beauté. La publication en2002 d’un cahier des charges Ecocertnational sur les cosmétiques biologiqueset écologiques, “Cosmébio”, devraitencore accroître les débouchés pour lesplantes et les huiles essentielles biolo-

giques (Qualité France réalise aussi, uncahier des charges cosmétiques bio).

PharmacieL’homéopathie et la phytothérapieemploient largement les plantes médici-nales. Egalement, malgré les progrès de lasynthèse moléculaire, les principes actifsnaturels des plantes médicinales rentrentencore, pour des raisons techniques ouéconomiques, dans la composition denombreux médicaments allopathiques.Le secteur des huiles essentielles et desextraits, arômes biologiques est en pleinessor. Les huiles essentielles biologiquessont très recherchées en aromathérapie etaromacologie (voir encadré). Un poten-tiel de marché de +8 tonnes d’huilesessentielles bio existerait en France, enAllemagne et en Suisse (source : étudeOnippam-Apal 2001).

AromacologieScience des arômes respirés. Selondes expériences menées, nous réagis-sons aux odeurs en émettant desondes CNV (Contingent NégativeVariation). Par exemple, la mesuredes ondes émises suite à l’expositionaux émanations montre que le par-fum de rose abaisse les pulsationscardiaques et que celui du citronréduit le taux de cortisol (hormonedu stress).

AromathérapieTechnique médicale naturelle desoins par l'application et l'utilisa-tion des huiles essentielles. Sonpotentiel repose sur sa capacité àpromouvoir la relaxation du corpset de l'esprit et à engendrer unesensation de bien-être.

La vente de PPAM bio en frais estassez restreinte. Elle se limite à lavente directe des plantes aroma-tiques et à l’approvisionnement deslaboratoires homéopathiques. Donc,généralement la mise en place de cul-tures de PPAM bio implique aussicelle d’un atelier de transformation :séchage ou distillation pour la pro-duction d’huiles essentielles.

… et s’internationalise Comme pour les plantes à parfum,aromatiques et médicinales produitesen agriculture conventionnelle, lesfilières de production et de commer-

Lavande etlavandin 54%

Sauge 6%Thym 4%

Mélisse 1%

PPAM diverses35%

Figure 4 - Répartition des surfaces de culture de PPAM biologiques en 2004Source : Agence bio

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n)Figure 3 - Evolution du nombre de producteurs de ppam bio en France de 1998 à 2004 Source : Onippam, données brutes issues des organismes certificateurs et de l’Agence Bio

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cialisation des PPAM biologiquess’étendent de plus en plus dans lemonde. Mais la France reste néan-moins bien placée en terme de pro-duction. Elle propose effectivementune gamme très large de plantes enproduction. Aussi, elle dispose :• d’un bon réseau d’opérateurs de

la production et du négoce spé-cialisés dans les PPAM biolo-

giques et leurs produits dérivés ; • d’un réel savoir faire en terme de

culture et de transformation (dis-tillation, séchage, surgélation),issu de plusieurs décennies depratique ;

• d’un système de certification pardes organismes certificateurs,gage de sérieux pour les opéra-teurs étrangers. n

Animation de la filière

L’animation de la filière PPAM biologiquesest assurée grâce à la collaboration demembres de différentes structures :Chambre d’agriculture de la Drôme,l’ONIPPAM, CEPPARM, GRAB etITEIPMAI . Elle est pilotée par des profes-sionnels regroupés au sein du comité bio duCEPPARM. Dans ce cadre, existent :- un journal destiné aux producteurs de

PPAM Bio : Herbabio ;- un forum internet : PAMbio@yahoo-

groupes.fr ;- un voyage d’étude (qui a eu lieu en Suisse

en 2005)- les journées PPAM bio thématiques

d’automne.

ITEIPMAI : Institut Technique Interprofes-sionnel des PPAMExpérimentation et appui technique pourprofessionnels de la filière des plantes àparfum, aromatiques et médicinales, réali-sation de fiches techniques sur la produc-tion biologique de PPAM,www.iteipmai.asso.fr. Contact en bio :Muriel Saussac, 04.75.91.81.46

GRAB, Groupement de recherche enagriculture biologiqueContact : Robert Desvaux, 04.90.84.01.70,Conseil et expertise sur les techniques dedésherbage en PPAM bio. Animation duréseau des fermes ressources PPAM bio.

Chambre d’agriculture de la DrômePierre-Yves Mathonnet, 04.75.81.40.00,Conseil et expertise en production de plantssains de lavande en bio. Appui technique.

ONIPPAM : Office national Interprofes-sionnel des PPAMContact : Viviane Cataldo, 04.92.79.34.46,www.onippam.fr

CRIEPPAM Centre Régionalisé Interprofes-sionnel d'Expérimentation en PPAM duSud–Est Méditerranéen. Contact : Eric Chaisse, 04.92.87.70.52,Conseil et expertise séchage et distillationdes PPAM

CEPPARM, Comité Economique des PPAMActions en faveur des groupements de pro-ducteurs pour une meilleure connaissancedes marchés, la coordination d’actions com-merciales, la mise en place de programmestechniques ou d’études économiques.04.92.72.47.62, www.cepparm.com

CNPMAI, Conservatoire National desPlantes Médicinales, Aromatiques et Indus-triellesConservation des espèces, activités pédago-giques sur les PPAM et visites, vente deplants et semences de PPAM. Tél : 01.64.98.83.77 - www.cnpmai.net

Remerciements à Muriel Saussac de l’ITEIP-MAI et à l’ONIPPAM pour les informationsdonnées et le prêt de documents.

RéglementationLa conduite de toute culture de PPAM en agriculture biologique doitrespecter le règlement européen 209/91 propre à l’agriculture biolo-gique. En outre, certaines marques privées établissent leurs proprescahiers des charges, mentionnant des modes de production spécifiques.C'est le cas pour le cahier des charges Simples : spécifique à la produc-tion des PPAM biologiques en zones de montagne, le cahier des chargesNature et Progrès et le cahier des charges Déméter pour la production enbiodynamie.

La vente directe au consommateur de plantes médicinales et d’huilesessentielles est réglementée actuellement par deux décrets. Le décret 79-480 précise que seules 34 plantes médicinales inscrites à la pharmaco-pée peuvent être vendues en l’état par des personnes autres que lespharmaciens et herboristes. Le décret 86-778 fixe la liste des huilesessentielles dont la vente au public est réservée aux pharmaciens.

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Les bienfaits de l’agriculture biologiqueet traditionelle andine sont reconuspour le bien-être des hommes et de laTerre. Pour cela, le Centre de Promo-tion Rural Integral (CEPRORUI) del’ONG “El Taller” (encadré p.20)d’Aréquipa, région perchée sur le pla-teau sud oriental des Andes péru-viennes (voir carte), aide les agricul-teurs des plateaux andins à commercia-liser et à exporter leur production de

plantes aromatiques et médicinales bio-logiques. Le CEPRORUI travaille au développe-ment rural depuis 1997. Plusieurs pro-jets ont été concrétisés comme celui dela formation des paysans. Le centre aégalement créé Ecolife, une entreprisede transformation, de commercialisa-tion et d’exportation d’herbes aroma-tiques et médicinales. La quantitéd’herbes traitée par Ecolife, ainsi que leniveau de vente ont augmenté rapide-ment depuis sa création, ce qui a trans-formé la société en un acteur impor-tant du marché.L’ONG “El Taller” a une grande expé-rience de la production de plantes aro-matiques au Pérou, basée sur l’innova-tion et sur des technologies de produc-tion et de post-production perfor-mantes ; ce qui assure aux produits lesqualité et diversité conformes aux exi-gences des clients.

L’union fait la forceAvec l’aide du CEPRORUI, les paysansd’Aréquipa, ont développé des tech-niques adaptées aux conditions de pro-duction locales d’herbes aromatiqueset médicinales biologiques et sontdésormais capables de satisfaire lesexigences du marché d’exportation. Le CEPRORUI a développé la produc-tion d’herbes aromatiques avecquelques 90 familles de quatre organi-

sations de producteurs dans les districtsd’ Aréquipa : “Nous travaillons avec leCEPRORUI en production biologiquedepuis sept ans. Avant, chacun tra-vaillait pour son compte. Ici, tout estnaturel parce que c’est plus écono-mique. La qualité biologique a été offi-cialisée grâce à l’ONG et maintenantles contrôles sont réguliers”, expliqueDon Cornelio, membre d'une associa-tion d'agriculteurs de Chiguata (zonedu département d'Aréquipa).

A Puquina, (zone du département deMoquegua) le projet est égalementassez ancien. En 1998, l’associationdes agriculteurs biologiques, l’APPAP,a demandé l’aide du CEPRORUI pourdévelopper ses techniques de produc-tions biologiques. Aujourd’hui, ils cul-tivent l’origan, le thym, la menthe et lamarjolaine. Ricardo Rojas, secrétairegénéral de l’APPAP, est ravi : “Cela faitsix ans que nous nous sommes organi-sés. Avant chacun avait sa propre pro-duction d’origan, et avec l’aide tech-nique du CEPRORUI, tout a changé”.

Techniques ancestraleset bienfaits des AndesLa zone de production se trouve dans lesAndes, au Sud du Pérou (température de5°C à 24°C, saison des pluie dedécembre à mars). Les systèmes agrairessont hérités des temps pré-colombiens et

MaraîchageMaraîchage

Herbes aromatiques et médicinales : trésor des terres andines Par Carole Stavart (Journaliste au Pérou) avec la participation de Monique Jonis et Aude Coulombel (ITAB)Dans les Andes péruviennes, certaines communautés utilisent les techniques ancestrales pourcultiver leurs terres. Cela leur permet de produire dans les normes biologiques. Avec l’aide d’uneONG, des agriculteurs produisent notamment des plantes médicinales et aromatiques. Elles sontensuite transformées et exportées par une société péruvienne partenaire, parrainée par la mêmeONG. Le marché des plantes arômatiques et médicinales péruviennes est encore jeune etinexploité mais il s’étend déjà au niveau international.

Une productrice de plantes aromatiques etmédicinales de la région

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18 Alter Agri • juillet/août 2005 • n° 7218

basés sur le respect de la terre. Cultivéessur des terrasses comme au temps desIncas (voir photo ci-contre), les herbessont cent pour cent naturelles. “On uti-lise comme seuls engrais des résidus derécoltes et les excréments d’animauxpour préserver le sol. C’est aussi pluséconomique, cela nous coûte cinq soles(une sole =0, 25 euro) le sac de 50 kilosmais nous utilisons aussi l’engrais de lacôte qui est un peu plus cher : 30 soles lesac”, explique Arminda, une paysannede la région.

Il a été facile de développer le mode deproduction biologique auprès des pay-sans car les systèmes utilisés intègrentnon seulement les procédés traditionnelsde culture mais également les méthodesles plus modernes de l’agroécologie.Pourtant, le mode de culture biologiquen’est pas le seul atout de ces herbes, lelieu où elles sont cultivées contribueaussi grandement à leur qualité. L’eaupure des Andes et les sols naturellementfertiles leur donnent un parfum extraor-dinaire et de riches propriétés médici-nales et culinaires. Grâce à cette posi-tion géographique, les productions agri-coles sont très peu confrontées auxravages des insectes et aux maladies, cequi favorise leur développement.

Panama Venezuela

ColombieEquateur

BrésilPérou

Lima

Bolivie

Paraguay

ArgentineUruguay

Aréquipa

Moquegua

Lac Titicaca

Chili Îles Malouines

GuyanaSurinam

Guyanefrançaise

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Ecolife, société partenaireChez Ecolife, l’ensemble de la produc-tion est sérieusement contrôlée dusemis à la récolte. Les meilleures varié-tés sont rigoureusement sélectionnéeschez les paysans suivant des critères dequalité sanitaire, biologique et agrono-mique. Les rendements modestes obte-nus en agriculture biologique permet-tent de protéger les ressources natu-relles et la santé des consommateurs.Seuls les produits autorisés par lesnormes internationales de l’agriculturebiologique sont utilisés. Ceux qui pour-raient être nocifs pour les utilisateurs etl’environnement sont bannis.Les récoltes sont réalisées au moment leplus propice, afin d’obtenir lesmeilleures qualité et homogénéité pos-sibles de plantes. Elles sont séchées dansdes ateliers adaptés aux contraintes etconditions de chaque zone de produc-tion. Cela permet ainsi de n’utiliser quedes process naturels, respectueux despropriétés médicinales et des couleursnaturelles des plantes. L’atelier com-prend notamment un système méca-nique et pneumatique de triage et decalibrage des feuilles des plantes aroma-tiques. Les huiles essentielles proposéessont également produites par des procé-dés simples sans impact sur l’environne-ment.Ecolife propose à ses clients unegamme de plantes séchées et d’huiles

essentielles de plusieurs espèces : ori-gan, estragon, marjolaine, menthe,thym et sauge, sous différentes présen-tations.

Origan, menthe,marjolaine.... lademande est à la hausse“L’avantage de travailler de manièrebiologique c’est qu’il y a de la demandetant au niveau national qu’internatio-nal. Les herbes aromatiques sont plusrentables que la luzerne, et ce que nousrecherchons avant tout, c’est un bonrendement. Nous avons maintenantquelques vingt hectares d’origan, neufde menthe, sept de marjolaine, et six dethym. Nous produisons près de trentetonnes d’origan et quinze tonnes dementhe par an. Mais il nous manqueencore du capital pour investir”,constate Ricardo Rojas, secrétairegénéral de l’APPAP.

L’origan, plante native de la régionLa première herbe aromatique quel’ONG a commercialisée est l’origan,une espèce très répandue naturellementdans cette région depuis des siècles.Cette plante a des propriétés médicinalesdigestives et antiasthmatiques recon-nues. D’après Don Cornelio, c’est l’ori-gan qui se cultive le mieux. “Nous pro-duisons aussi du thym, du romarin, de lamarjolaine et de la sauge. Le niveau deproduction n’est pas encore très haut,

mais nous vendons quand même annuel-lement 300 kg d’origan et 100 kg dethym. Cela pourrait augmenter rapide-ment car les plantes se développent trèsvite”, analyse-t-il.

Plus de 30 hectares d’origan sont culti-vés sur toute la région d’Aréquipa et pasmoins de 30 tonnes par an sont expor-tées. “Tous les trois mois, l’origan estrécolté, coupé et étendu pendant troisjours pour qu’il sèche. Ensuite il est net-toyé et acheminé par sacs, expliqueArminda. J’ai aussi de la menthe, plusdélicate et qui nécessite plus d’eau, maisla demande est forte, donc les gens laproduisent”, poursuit-elle.

Fraîche introduction de lamentheLa menthe andine est également trèsprisée pour ses propriétés tonique, sti-mulante et antispasmodique. Cetteplante a été introduite en 2002 demanière expérimentale par leCEPRORUI suite à la commanded’une entreprise aux clients interna-tionaux: “Herbandina S.A.C”. Laproduction et le rendement de lamenthe ont augmenté très rapide-ment, motivés par un quasi double-ment du prix de vente. Entre la pre-mière et la deuxième année de culture(2002 et 2003), la production est pas-sée de 0,33 à 2,4 tonnes et le rende-ment de 0,91 à 1,50 tonne par hectare(tableau 2) !

Tableau 1- Evolution des principaux indicateurs de production et de commercialisation del’origan entre 2001et 2003

Indicateurs 2001 2002 2003

Surface cultivée 46,7 ha 45 ha 16,5 ha

Production totale 37 t 56 t 31 t

Rendement par hectare 0,79 t 1,24 t 1,90 t

Prix approximatif d'1 tonne 650€Û 530€ 540€

Coût par hectare cultivé 460€ 300€ 300€

Tableau 2- Evolution des principaux indicateurs sur la production etcommercialisation de la menthe entre 2001 et 2003

Indicateurs 2001 2002 2003

Surface cultivée 0,33 ha 1,63 ha

Production totale 0,3 t 2,44 t

Rendement par hectare 0,91 t 1,50 t

Prix d'1 tonne 600€ 650€ 1000€

Coût par hectare cultivé 300€ 300€

Cueillette de la menthe

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D’autres espèces venuesd'ailleursLa marjolaine est une autre espèce bienexportée. A l’origine importée d’Alle-magne, elle a été introduite par le Tal-ler/CEPRORUI en 2000. Elle représenteun potentiel commercial importantpour ses propriétés médicinales respira-toires et antiseptiques. D’autres plantesont également été implantées à titreexpérimental comme la sauge, l’estra-gon, et le thym qui a eu de très bonsrésultats, et est reconnu sur les marchésnationaux et internationaux pour sespropriétés curatives.

Un secteur en plein essorLa filière biologique péruvienne est unsecteur encore jeune. Le marché estporteur, la demande croît tant au

Pérou qu’à l’international. Grâce à l'ai-de des ONG et aux exigences decontrôle, cette filière a gagné en crédi-bilité et a connu une croissance signifi-cative ces dernières années, autant enterme de superficie de productionqu’en volumes et valeurs des exporta-tions. Les exemples de production deChiguata et Puquina sont des modèles,connus peu à peu en Europe, où cesherbes connaissent un succès grandis-sant gâce à leurs propriétés.Sur les plateaux andins d’Aréquipa,plus de 300 hectares sont potentielle-ment utilisables pour la productiond’herbes médicinales et aromatiquesbiologiques. La main d’œuvre dispo-nible est également très importante.L’agriculture biologique d’Aréquipamérite un réel appui, qui développeraitune économie rurale sans négligerl’écologie. n

Identité du pérouLe Pérou compte 22,5 millions d'habitants, dont 7 millionsvivent dans la capitale, Lima. Environ 45% des Péruviens sontindiens, 37% mestizos (métis de Blancs et d'indiens), 15% d'ori-gine européenne et 3% descendent d'esclaves noirs ou d'immi-grants japonais et chinois. Les deux langues officielles sont l'espagnol (largement majori-taire) et le quechua. Le pays compte aussi une centaine delangues autochtones.Selon les estimations, 92% des Péruviens sont catholiques,même si la religion qu'ils pratiquent est marquée par les cultesprécolombiens. Le Pérou est une république unitaire. Le pays compte 24 dépar-tements, eux-mêmes divisés en 164 provinces, plus une provinceconstitutionnelle, celle de Callao.

AgricultureLes cultures agricoles sont réparties entre deux secteurs : les cul-tures vivrières se concentrent dans les petites exploitations de lasierra et de la montaña; tandis que dans la plaine côtière, degrandes fermes coopératives se consacrent à des cultures desti-nées à l'exportation. Le maïs figure au premier rang des produc-tions agricoles (10% des terres cultivées), viennent ensuitenotamment le riz (7%), la canne à sucre, la pomme de terre, lesharicots, les graines de coton, le café (16ème producteur mon-dial) et le blé.Le Pérou est le plus grand producteur mondial de feuilles decoca, la plante à partir de laquelle la cocaïne est raffinée. L'es-sentiel de la production est expédié aux trafiquants de droguecolombiens. Les forêts recouvrent 54% du territoire. Les Péru-viens exploitent le bois de balsa et la gomme de balata, le caout-chouc et toute une gamme de plantes médicinales.

L’ONG “EL TALLER” L'association de promotion et de déve-loppement “El Taller” créée en 1987 etinscrite dans les registres d'Aréquipa aété reconnue comme ONG. El Tallerest divisé en trois sections spécialisées :le Ceprorui pour l’agriculture, Edu-cambio pour l'éducation et Consultecpour le secteur micro-entreprises. ElTaller est également promoteur de pro-jets comme le centre de formation per-manente pour les adultes. Les missionsde l'ONG dans le domaine agricolesont de :

•développer des modèles de produc-tion/gestion durables et généralisables,

•développer chez les petits producteursdes capacités d’innovation, d’appren-tissage, de gestion et de productionperformantes,

• rechercher, adapter, valider et transfé-rer de nouvelles techniques de produc-tion et de gestion,

•diffuser les informations et connais-sances et développer les liens entre lesdifférents acteurs de la filière.

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Guide des matières organiques - tome 2 - 2e édition 23€ 12 19 01 x . . . . . . . . = . . . . . . . . €

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Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Ces informations seront traitées et mémorisées par des moyens informatiques et utilisées dans le but d’exploitations statistiques et des fins commerciales,sauf opposition de votre part. Elles seront protégées par l’application de la loi 78-17 du 6 janvier 1978.

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structure : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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n°72 • juillet/août 2005 • Alter Agri 23

ArboricultureArboriculture

Une nouvelle approchecontre les ravageurs del'olivier : l'agroécologiePar François WARLOP (GRAB)

Moyens de luttepréventive et deprophylaxie àdisposition aujourd’hui

Le travail du sol En hiver, sous les frondaisons, le tra-vail du sol est une méthode d’interven-tion contre les pupes qui hibernent. Lepassage régulier du griffon vise àretourner les cinq premiers centi-mètres de sol, pour exposer les pupesà l’humidité, au gel éventuel, ou auxprédateurs présents au sol (arachnides,fourmis, staphylins et Coléoptèresessentiellement). Attention à ne pastravailler trop en profondeur, notam-ment en verger irrigué, pour ne passectionner trop de racines.

Le piégeage massif Il est à réserver à des situations bienprécises : parcelles isolées, à plus de500 mètres de toute autre parcelled’oliviers exploitée, ou sur une surfaceminimale de trois ou quatre hectares. Les pièges, un par arbre, doivent êtremis en place dès le mois de mai, aucôté sud de l’arbre, pour piéger unegrande partie de la première généra-tion. Selon les possibilités, il peut êtrepréférable de fixer ces pièges en péri-phérie de la parcelle, de manière à faire

sortir les adultes. On peut les confectionner soi-même(avec un support plastique jaune vifenglué), ou acheter des plaques chro-matiques à Protecta (04 90 02 16 20),Agriclean (Alessandro Natali, 06 8582 01 97), ou encore Andermatt Bio-control (en Suisse +41 (62) 917 50 00).

La technique de “l’arbrepiège”Elle consiste à disposer environ 10%de variétés très attractives, de groscalibre, en bordure ou dans la parcelle(à la plantation ou par sur-greffage),de façon à attirer très tôt les femellesqui vont pondre. Cet arbre seraensuite traité au pic de vol, avec uninsecticide de synthèse. La produc-tion de ces arbres ne devra pas êtrerécoltée, pour éviter tout risque derésidus. Cette technique peut satisfai-re les producteurs conventionnels,mais ne semble pas convenir auxorganismes certificateurs de l’agricul-ture biologique.

La lutte biologique L’environnement du verger reste notremeilleur allié, bien qu’un verger soit unécosystème déséquilibré, puisquemonospécifique. La lutte biologique(c’est-à-dire l’utilisation d’insectesparasites ou prédateurs) n’a jamais

vraiment abouti dans le cas de lamouche de l’olive, malgré des essaisencore en cours avec Opius concolor enSardaigne. La littérature signale cepen-dant tout un cortège d’insectes s’atta-quant à Bactrocera oleae, mais dontl’importance a été notablement réduitesuite à l’utilisation des insecticides.Parmi ceux-ci, citons les plus impor-tants, les Hyménoptères : Eupelmusurozonus, Pnigalio mediterraneus,Psyttalia (=Opius) concolor, Eurytomamartelli, Cyrtoptyx latipes… Nous verrons ensuite comment favo-riser leur installation et leur actionrégulatrice.

Des moyens de lutteofferts parl’environnement

Haies compositesLa mise en place ou le maintien de haiescomposites est un gage de durabilité duverger et un moyen de lutte aujourd’huiprouvé comme étant très efficace.

Quelques règles d’or sont à respecter(Rieux, 2000)•Choisir des essences de famille bota-

nique éloignée de l’olivier, donc desOléacées ; éviter ou arracher les Phyl-liréa, Syringa (lilas), Ligustrum (troè-ne), et les frênes (trois espèces diffé-

La mouche de l’olive (Bactrocera oleae) reste, en agriculture biologique comme en conventionnel,un ravageur très préoccupant. Si la première génération est mal contrôlée, les générationsd’automne peuvent rapidement mettre à mal la récolte. Les pistes de recherche alternatives audiméthoate (piégeage massif, lutte biologique, insecticides naturels…) n’en finissent pasd’aboutir, faute de moyens suffisants. Les professionnels attendent des solutions concrètes pouroser la conversion, ou pour tendre vers une agriculture intégrée.Voici donc, en plus de moyensexistants contre les ravageurs de l'olivier, des propositions de lutte inspirées par l'agroécologie.

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2424 Alter Agri • juillet/août 2005 • n° 72

rentes, dont deux de même biotopeque l’olivier : Fraxinus ornus, etF. oxyphylla en zone humide).

•Choisir des essences à floraisonsdécalées, complémentaires et desespèces à feuillage persistant, defaçon à offrir un gîte même en hiver.Le lierre pourra s'installer sponta-nément par la suite.

•Pas plus de quinze essences, le gainécologique au-delà n’étant plussignificatif.

Une longue étude sur poirier (INRAAvignon) a montré tout l’intérêt d’es-sences comme le buis, le charme, lenoisetier, le cornouiller sanguin, lelaurier-tin ou le nerprun alaterne. Ces travaux doivent être entrepris surl’environnement de l’olivier : leschênes sont des essences très riches eninsectes de tout genre (Louskas,1977), mais d’autres espèces sponta-nées en zone méditerranéenne n’ensont pas moins utiles.

Il existe des relations écologiques trèsintéressantes, connues de nos anciensde façon empirique, et quasi-oubliéesdepuis l’apparition des insecticides.

L’inule visqueuse et lamouche de l’oliveL’inule visqueuse (Inula viscosaAit.) est une plante vivace médi-terranéenne de la famille desComposées, très odorante, etqui fleurit en octobre. On latrouvait très fréquemmentautour des oliviers, avantqu’elle ne soit arrachée,considérée comme unemauvaise herbe encom-brante. Les fleurs sontjaunes rayonnantes, avecdes capitules (= inflores-cences) en longuesgrappes pyramidales.Le pied peut atteindre1m20 si on le laissepousser. Les feuillessont légèrement col-lantes, d’où l’appella-tion “visqueuse”. Voici en complément, lesindications complètesdonnées par la Flore

Bonnier sur l’espèce : - il n’y a pas de tubercule à la base de

la plante ;- les feuilles supérieures embrassent

nettement la tige par leur base ;- involucre à bractées (= feuilles situées

juste sous la fleur) inégales, externesvisqueuses extérieurement ; les capi-tules jaunes (= fleurs) sont nombreux etgroupés comme une grappe composée ;

- elle pousse dans les endroitsincultes, les bois ; elle mesure de 50à 120 cm ; la floraison à lieu d’aoûtà octobre, c’est une plante vivace.

Des oléiculteurs grecs ont constatéqu’en arrachant cette “broussaille”d’une parcelle qu’ils entreprenaient deremettre en état, les dégâts de moucheont fait un bond spectaculaire, alorsqu’ils étaient jusque là minimes. Les travaux d’Isaakidès en Grèce(1957) montrent que l’inulevisqueuse est parasitéepar une petitem o u c h eappelée

Myopites stylata, qui forme des gallessous les inflorescences. En milieu relativement préservé,c’est-à-dire où les applications insec-ticides sont nulles, cette mouche peutêtre parasitée en hiver par Eupelmusurozonus, qui parasitera très efficace-ment… la mouche de l’olive en été !

ParasiteEupelmus urozomus

RavageurMouche

Hôte secondaireMyopites stylata

CultureOlivier

Plante-relaisInule visqueuse

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25n°72 • juillet/août 2005 • Alter Agri

Le schéma ci-contre explique mieuxla relation écologique.

On comprend mieux à présent l’inté-rêt de préserver notre environnement,sitôt qu’on peut mieux le connaître etappréhender tous les services qu’ilpeut nous rendre !Il est bien entendu que cet équilibre nepeut s’installer et persister que dansun environnement favorable, c’est-à-dire à l’abri d’insecticides répétés.

Des graines d’inule visqueuse sont àvotre disposition au GRAB (contacterFrançois Warlop). Leur capacité degermination peut être aléatoire. Vouspouvez récolter vous-même vosgraines, en octobre-novembre, enprenant bien garde de ne pas laconfondre avec d’autres espèces(Inule fétide, odorante, de Sicile,conyze…) qui fleurissent habituelle-ment plus tôt, et ne présentent pas defeuilles collantes.

Semées à l’automne en bordure dehaie (plutôt qu’au milieu de la parcel-le), à une distance de 45 cm, puis légè-rement tassées au rouleau, elles pour-ront germer l’année suivante, et sedévelopper si on les laisse faire. Il fautcompter trois ou quatre ans pouravoir un pied assez haut ; le parasitis-me par Myopites stylata (puis l’hyper-parasitisme par Eupelmus urozonus)dépendra ensuite de l’équilibre del’écosystème en place, des pratiquesdouces que vous adopterez pour favo-riser leur installation. Cette piste est un travail à long terme ;il ne faut pas espérer de résultats signi-ficatifs dans les premières années !

D’autres relations écologiquespotentiellement intéressantesIl existe ainsi de nombreuses autresrelations écologiques, dont la majoritéest sans doute encore inconnue, fautede suffisamment d’attention portée àcet écosystème très particulier. Comme l'inule visqueuse, certainesespèces végétales méditerranéennesont leur importance dans le biotope del’olivier. C'est aussi le cas du câprier(Capparis spinosa), de l’acacia (Acaciaspinosa) ou du jujubier (Zizyphus vul-garis), de l’anagyre fétide (Anagyrus

fætida, espèce protégée en Languedoc-Roussillon). Elles sont parasitées parun insecte jouant le rôle d’un maillondans la chaîne alimentaire : - le jujubier est parasité par la mouche

de la jujube Carpomyia incompleta,insecte de la même famille que lamouche de l’olive, et lui-même parasi-té par Psyttalia (=Opius) concolor,

- le câprier est parasité par la mouchede la câpre Capparimyia savastani,elle-même hôte de Psyttalia (=Opius)concolor,

- l’anagyre est parasité par un Curcu-lionide (ordre des Coléoptères,genre Apion), qui attire notammentPnigalio mediterraneus (=agraules).Celle-ci peut aussi se développer surla mineuse des agrumes, la teigne duchêne vert, et les mineuses du pom-mier ou du micocoulier.

Ces espèces végétales ne sont doncpas neutres vis-à-vis de l’olivier, etpeuvent être favorisées.

Il semblerait que de nombreuses Com-posées puissent présenter les mêmesintérêts écologiques, étant elles-mêmesparasitées par un petit Diptère de lamême famille que la mouche de l’olive,Acanthiophilus helianthi (Ricci, Ciricio-folo, 1983). Cette mouche est un hôtepotentiel des auxiliaires cités ci-dessus. C’est notamment le cas du carthame(Carthamus oxyacantus, C. glaucus),du cnicaut béni (chardon Cnicus bene-dictus), de la silybe de Marie (Silybummarianum), du laiteron maraîcher(Sonchus oleaceus), de l’artichaut(Cynara cardunculus), de l’atractyle(Atractylis carduus) ou des centaurées(Centaurea cyanus, C. moschata, C.americana, C. iberica, C. calcitrapa). Toutes ces “mauvaises herbes” sontdonc très précieuses !

Renouer avec l'écosystèmeIl n’existe pas de solution unique pourlutter contre la mouche de l’olive enagriculture biologique ou même inté-grée. Ces éléments indiqués ici sont unmoyen de renouer un contact avecnotre écosystème qui a été gravementperturbé depuis 40-50 ans. Il en existeprobablement d’autres que nous igno-rons encore aujourd’hui. De la mêmemanière, cette étude est réalisable surles autres espèces fruitières (pomme,

poire, pêche…), l’information est par-fois disponible dans la littérature etdoit être compilée ; dans le cascontraire, un important travail natura-liste reste à faire !

Nous avons perdu le sens de l’observa-tion des anciens, et l’apparition des ato-miseurs nous a fait croire que l’on étaitaffranchi des écosystèmes. L’écologieest une discipline complexe, qui trouveses applications au quotidien, et quipassionne dès qu’on prend le tempsd’observer. n

Au sujet de la cochenillenoire de l’olivierLa cochenille noire Saissetia oleae del’olivier est un ravageur très préoccu-pant par endroits, d’autant plus quel’insecte parasite Metaphycus louns-bury n’est plus disponible sur le mar-ché. Le biotope de l’olivier peut égale-ment apporter des éléments de répon-se : plusieurs espèces peuvent attirercette cochenille, donc les auxiliairesassociés. Citons les plus fréquentes en zoneméditerranéenne : l’arbre de Judée(Cercis silicastrum), le romarin (Ros-marinus officinalis), le fusain d’Euro-pe (Evonymus europæus) le cerisierdes oiseaux (Cerasus avium), le pista-chier lentisque (Pistacia lentiscus) ettérébinthe (Pistacia terebinthus), l’as-perge sauvage (Asparagus salvaticus),la bruyère à balai (Erica scoparia), leschardons panicaut champêtre (Eryn-gium campestre) et Carduus pycnoce-phalus, la myrte (Myrtus communis),la carline (Carlina corymbosa), le sco-lyme (Scolymus hispanicus).De plus, un certain nombre deligneux abritent la cochenille dufiguier (Ceratoplastes rusci) qui peutattirer des prédateurs généralistes telsles coccinelles Exochomus quadri-pustulatus, Chilocorus bipustulatus,la chenille oophage Eublemma scitu-la ou des parasites, notamment lesHyménoptères Scutellista cyanea ouMoranila californica.Parmi ces ligneux, citons les espècesde même biotope que l’olivier :figuier et caprifiguier bien sûr, maisaussi myrte, laurier, térébinthe,asperge, agrumes, lentisque…

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2626 Alter Agri • juillet/août 2005 • n° 72

Régine Delourme INRA introduit la ren-contre par la définition des hybrides àstérilité mâle cytoplasmique (CMS). Elleprésente les différentes techniques decréation d’hybrides et rappelle la défini-tion de la stérilité mâle, son intérêt pourla sélection variétale et les différentesméthodes permettant de l’obtenir. Unarticle sur ces techniques est paru dans len°69 (janvier - février 2005) d’Alter-Agri.

La position des producteurs

René Léa Président de l’APFLBB3

Dès la fin des années 90, l’APFLBBs’est interrogée sur les conséquences de

l’utilisation de variétés hybrides CMS.Ils constatent que d’une part, le géno-me de la plante est modifié, et qued’autre part le paysan perd la maîtrisede sa production (notamment dessemences) et devient dépendant desmaisons semencières.Ce double constat a amenée l’APFLBBà créer il y a cinq ans le cahier descharges Bio Breizh”. Ses adhérents s’in-terdisent l’usage des variétés de chouxhybrides à CMS pour pouvoir garantirà leurs consommateurs des produitsnon issus de manipulations génétiques.René Léa insiste sur l’importance de laconfiance des consommateurs en l’agri-culture biologique.

L’agriculture biologique, née de ladéfiance de certains paysans etconsommateurs envers les techniqueset les usages de l’agrochimie, doit,pour perdurer, continuer à cultiverselon cette démarche. La discussion dujour est non seulement technique, maisaussi éthique et économique. Ainsi plu-sieurs questions se posent : • selon les définitions actuelles, la CMS

du chou ne serait pas OGM puisqu’il

Cette rencontre fait suite à plusieurs réunions d’information et de discussion sur les variétés de choux àstérilité mâle cytoplasmique (CMS) à fusion de protoplastes. La première avait eu lieu en 2000 à

Plouigneau, elle avait réuni des producteurs de légumes, des scientifiques et des sélectionneurs/semenciers. Al’issue de cette réunion, le principe de précaution avait été retenu , c’est-à-dire, qu’il avait été décidé de ne

pas utiliser les variétés CMS en Bretagne dans l’attente d’une position des réseaux français et européens surla validité éthique et technique de ce procédé en agriculture biologique.

En 2002, Inter Bio Bretagne (IBB) fait remonter à l’assemblée générale d’IFOAM1 au Canada larecommandation de ne pas valider la technique de fusion des protoplastes pour les variétés CMS en

agriculture biologique. En novembre 2004, le sujet était abordé à Tours, lors des journée techniqueITAB/GRAB, ce qui lançait le débat au niveau national et donnait lieu à un dossier complet dans l’Alter

Agri n°69 pour inviter les professionnels à mener la réflexion dans les régions.Fin 2004, suivant le principe de précaution retenu par IBB, la CIRAB2 a validé les essais variétaux du

programme légumes 2005 à la condition que ces derniers ne comportent pas de variétés CMS à fusion deprotoplastes. Suite à cela, la commission technique légumes d’IBB a demandé à la CIRAB d’organiser un

débat sur le sujet de la CMS à fusion de protoplastes en invitant des sélectionneurs et des scientifiques.Les objectifs étaient d’informer les professionnels, en s’appuyant sur les exemples du chou

et du colza, de poursuivre la réflexion sur les aspects techniques,éthiques et économiques et d’éventuellement se positionner sur la question et

au besoin la faire remonter au niveau national et européen.

SemencesSemences

Usage des hybrides à CMSen agriculture biologique

Loudéac le 19 mai 2005Par Monique Jonis (ITAB)

1 IFOAM : International Federation of Orga-nic Agriculture Movements

2 CIRAB : Commission Interprofessionnelle deRecherche en Agriculture Biologique

3 APFLBB : Association des Producteurs deFruits et Légumes Biologiques de Bretagne

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n°72 • juillet/août 2005 • Alter Agri 27

y a une chance théorique de l’obtenirpar des voies naturelles - ce qui resteà démontrer. Pouvons-nous noussituer sans risque à la limite du cahierdes charges ?

• Avons-nous besoin de ces techniquespour produire du chou ?

• La confiance que nous font lesconsommateurs est-elle illimitée ?

• Les distributeurs sont catégoriques :pour planifier avec nous, il faut quenous soyons irréprochables. Lemoindre soupçon rejaillirait sur l’en-semble de leur enseigne.

• Avons-nous intérêt à nous engagerdans une voie si douteuse ?

• Des instances internationales commeIFOAM, ou locales telles que leBourgeon en Suisse, travaillentactuellement à trier les méthodesacceptables en bio. En attendant leurréponse, devons-nous opter pour leprincipe de précaution ?

L’APFLBB s’est posée ces questions et ya répondu. Sa position vis à vis del’usage des hybrides à CMS est claire :tout le monde à intérêt à ce que la biodans son ensemble soit irréprochable.

Jean Jacques Le BrisPrésident de la Section Biode l’UCPT4

Jean-Jacques Le Bris attend d’unevariété de choux que :

• elle soit non OGM,

• elle soit rustique, peu sensible auxmaladies et aux pathogènes,

• ses semences soient disponibles en bio,

• elle soit peu exigeante en intrants,

• elle soit d’une qualité commercialeirréprochable (homogénéité),

• elle demande peu de main d’œuvre etpeu de passages d’outils.

Si des variétés de choux hybrides àCMS répondent à ces critères et qu’ilest admis que l’obtention de la stérilitémâle par fusion de protoplastes n’estpas assimilable à une technique d’ob-tention d’OGM, alors, il ne comprendpas pourquoi ces variétés ne pour-raient pas être utilisées en agriculturebiologique. Les producteurs delégumes biologiques bretons ontbesoin de variétés performantes adap-tées aux exigences du marché, si des

variétés hybrides à CMS peuvent yrépondre, leur utilisation ne doit pasposer de problème. En Bretagne, il existe un outil collectifde sélection et de production desemences : l’OBS5. Une partie de cessemences sont produites en bio, lesprofessionnels sont donc collective-ment “maîtres” de leurs semences6.L’utilisation ou non de variétéshybrides à CMS doit être le choix dechacun et cela ne doit pas faire l’objetd’une réglementation.

Le point de vue desinstitutions

François Le LagadecDélégué d’IBB à IFOAMLe rôle d’IFOAM est de coordonner etde représenter le mouvement “Agricul-ture Biologique” auprès des instancesinternationales. IFOAM définit desrègles internationales communes deproduction et de préparation en bioqui sont revalidées tous les trois ans.Il existe des échanges importants entrela Commission Européenne et lesreprésentants d’IFOAM Europe. Le seul texte ayant valeur législativeen Europe est le règlement européen2092/91. D’après ce texte, l’usage desOGM, tels que définis par la Com-mission européenne est interdit enagriculture biologique. Certains organismes de certification(comme la Soil Association en GrandeBretagne) sont accrédités par IFOAMet appliquent à la fois le règlement CEEet les standards IFOAM, qui sont plusavancés que la réglementation euro-péenne ; c’est le cas notamment pourl’usage des variétés hybrides CMS. Eneffet, selon la définition d’IFOAM, unesemence biologique ne peut pas être unOGM et elle doit être multipliée selonles règles de l’agriculture biologique.Une variété biologique est issue de tech-niques de création variétale compa-tibles avec l’agriculture biologique, orla fusion de protoplastes ne fait paspartie de ces techniques.

Alain DelebecqAdministrateur de l’ITABLa position de l’ITAB contre l’usagedes CMS à fusion de protoplastes s’ap-puie sur un travail entamé en 2001avec des partenaires européens dans le

cadre de ECO-PB (Organic Consor-tium for Organic Plant Breeding), à lasuite duquel est sorti le dossier du FiBL“Techniques de sélection végétale, éva-luation pour l’agriculture biologique”(traduit par l’ITAB). Les raisons princi-pales contre l’utilisation de la fusiondes protoplastes sont triples :

• lors de la mise en œuvre de cettetechnique, la barrière cellulaire esttransgressée ;

• la technique est très proche du géniegénétique ;

• la fertilité des semences n’est pasassurée.

Début 2004, l’ITAB a été sollicité parle GAB 29 pour qu’une position natio-nale soit adoptée, concernant l’utilisa-tion d’hybrides à CMS en agriculturebiologique et qu’elle soit traduite dansla réglementation. Un débat sur cesujet, organisé dans le cadre des jour-nées techniques nationalesGRAB/ITAB, a permis une premièresensibilisation des producteurs à cettequestion. Suite à cette rencontre, leconseil d’administration de l’ITABmaintient sa position du refus desCMS, mais demande une évaluationdes conséquences sur la filière. L’ITAB propose de constituer un grou-pe de travail pour évaluer espèce parespèce les conséquences économiques,techniques et éthiques d’une interdic-tion. Ce travail doit aboutir à une posi-tion française voire européenne et àune réglementation plus claire quecelle actuellement en vigueur, car ladéfinition européenne des OGM esttrès ambiguë, notamment sur le pointde la fusion de protoplastes.

Plusieurs questions se posent : • La fusion de protoplastes est-elle une

technique assimilable à un OGM ?

• Comment sensibiliser les agricul-teurs à l’importance des techniquesd’obtention variétale ?

• Quelles informations sur les diffé-rents types d’hybrides et les moyensd’obtention les semenciers sont-ilsprêts à fournir?

4 UCPT : Union des Coopératives de Paimpolet Tréguier

5 OBS : Organisation Bretonne de Sélection6 NDLR : les professionnels concernés adhèrent

au Cérafel qui réunit une vingtaine de pro-ducteurs biologiques de Bretagne.

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Un appel est donc lancé aux personnesintéressées par ce sujet pour participerà ce groupe de travail ITAB. Il estnotamment important que des spécia-listes de chaque espèce sur ces tech-niques de sélection, puissent y apporterleur compétences.

Véronique ChableINRA RennesElle présente le programme de sélec-tion participative mis en place avec lesproducteurs bretons de choux-fleurs.L’objectif de la sélection en agriculturebiologique est triple :

• qualité écologique de la variété :favoriser les équilibres naturels ;

• qualité économique : le produit finidoit être homogène et commerciali-sable ;

• respect de l’intégrité des plantes(voir définition IFOAM).

L'avis des obtenteurs

Denis LorSté Clause/Tézier/Vilmorin M. Lor rappelle que cette société pro-duit des semences depuis très long-temps et qu’elle l’a toujours fait dans lerespect de la réglementation. Elleappartient aujourd’hui au groupeLimagrain. Aujourd’hui, le marché dessemences est mondial et très concurren-tiel ; les firmes semencières doiventbeaucoup investir dans la recherche etl’innovation. Elles ne peuvent pas sepermettre d’investir dans des secteursnon rentables. Le choix de développerdes variétés hybrides pour les choux,répond à plusieurs exigences du mar-ché : adaptation au cycle de produc-tion, homogénéité de production, résis-tance aux maladies, réduction desintrants, valeur alimentaire des pro-duits, diversification des gammes(forme, couleur…). Pour produire ceshybrides, plusieurs méthodes de sélec-tion sont disponibles :

• la création d’une lignée à partir d’unfond génétique le plus large possible.Pour cette raison, les entreprisessemencières entretiennent desconservatoires d’espèces, pour proté-ger une diversité maximale ;

• la création d’hybrides F1 par croise-ment de deux lignées ;

• l’utilisation de l’auto-incompatibilité ;

• l’utilisation des stérilités mâlesgénique ou cytoplasmique.

La stérilité mâle chez les Crucifères esttrès intéressante pour les sélectionneurs.Pour Clause/Tézier, la directive OGMne retient pas la fusion de protoplastescomme une technique OGM (d’autantque dans le cas du chou, la fusion deprotoplastes incriminée se fait entredeux choux, non pas entre le chou et leradis), les organites du cytoplasme évo-luent continuellement et sont en perpé-tuel remaniement. La stérilité mâle estprésente naturellement dans 150espèces et des stérilités mâles peuventnaturellement apparaître dans toutesles espèces. Il se peut alors qu’il existeet qu’on découvre une CMS naturellechez le chou. Clause/Tezier ne considè-re donc pas qu’il y ait incompatibilitéentre le mode de production biologiqueet l’usage d’hybrides à CMS.

Il rappelle que les croisements interspé-cifiques naturels sont à l’origine de lacréation de nombreuses plantes culti-vées, comme les polyploïdes compo-sites (céréales, pomme de terre,coton…).

Clause peut fournir des semences biolo-giques en CMS s’il y a de la demande. Il rappelle qu’il existe encore desvariétés de populations7, telles que lesvariétés fermières en France et en Bre-tagne en particulier. La société tra-vaille aussi pour le catalogue amateur,et est impliquée dans la préservationde la diversité de ressources géné-tiques. Il concède néanmoins que lagénéralisation des hybrides à CMSpourraient réduire les échanges devariétés et d’informations entre lessemenciers, et donc dans une certainemesure, appauvrir les potentialités decréation et de brassage génétique.

Hervé de Saint Pierre Vitalis/Enza ZadenLa société Vitalis, spécialisée dans lessemences biologiques, a dix ans d’ex-périence dans ce domaine. Environ 25espèces et 120 variétés sont proposéesau catalogue français.Une sélection de laitues et de chicoréesdestinées à l’agriculture biologique esten cours. Actuellement, les variétés àCMS ne sont pas interdites par la régle-mentation européenne sur l’agriculturebiologique, les semenciers n’ont aucune

raison de ne pas les proposer. La socié-té Vitalis est en attente d’une positioneuropéenne claire sur la possibilité ounon d’utiliser des variétés à CMS enagriculture biologique. A ce jour, aucu-ne variété de ce type n’est cependantproposée dans leur catalogue.Les semences biologiques représententmoins de 5% du chiffre d’affaire de lasociété Enza Zaden, et ce secteur stagnedepuis 2004. L’entreprise a besoin d’unemeilleure lisibilité sur les volumes et mar-chés futurs. Pour cela, elle voudrait :

• connaître les volumes demandés ensemences biologiques,

• connaître les attentes variétales desproducteurs de légumes biologiques,

• un engagement fort des producteurspour l’utilisation de semences biolo-giques : actuellement trop de déroga-tions sont accordées et il y a unrisque réel de désengagement desfirmes semencières sur les semencesbiologiques.

Bernard Bosc FNPS8

La FNPS rassemble environ 50 entre-prises semencières soit 90% de la totali-té. En préambule M. Bosc souhaiterépondre à deux reproches souvent émispar les producteurs aux semenciers :

• les hybrides auraient été développéspar les semenciers pour s’approprierles ressources génétiques,

• les variétés à CMS ne permettent pasaux producteurs de produire leurspropres semences.

Aujourd’hui, les agriculteurs sontlibres d’utiliser des semences fer-mières, des variétés populations oudes hybrides s’ils le souhaitent. Lesentreprises semencières investissent15% à 17% de leur chiffre d’af-faires dans la recherche pour créerde nouvelles variétés, c’est une pro-portion très importante et il est nor-mal qu’elles attendent un retour surleur investissement. Les semencierscherchent à maintenir et à dévelop-per la biodiversité, au niveau régle-mentaire en faisant exister des varié-

7 Les vielles variétés sélectionnées par les com-munautés rurales depuis plusieurs sièclessont des variétés populations, dont certainesont pu se maintenir.

8 FNPS : Fédération Nationale des Producteursde Semences

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Des argumentsréglementairesDans plusieurs pays européens, notam-ment ceux dans lesquels les organismescertificateurs (souvent également orga-nismes professionnels comme BioLand,la Soil Association, l’AIAB…) sontaccrédités IFOAM, la position quant àl’utilisation des techniques de fusion deprotoplastes pour la sélection variétaleest claire : elles sont refusées. Cepen-dant, le règlement européen 2092/91modifié, sur les productions biolo-

giques, ne l’interdit pas. Il y a donc unesorte d’inégalité -voire une distorsion deconcurrence- entre les producteurs uni-quement contrôlés sur les bases ducahier des charges européen (c’est le casen France, puisque les organismes certi-ficateurs ne sont pas accrédités IFOAM)et ceux qui sont aussi contrôlés sur lescritères des standards IFOAM.La Directive Européenne 2001/18/CEest ambiguë, la fusion cellulaire, ycompris de protoplastes est assimilée àune manipulation génétique (permet-tant la création d’OGM), sauf pour les

espèces où cet évènement peut se pro-duire naturellement.Certains producteurs s’en tiennent à ladéfinition réglementaire et considèrentdonc qu’il est permis d’utiliser les varié-tés CMS en bio. D’autres producteursconsidèrent que, sur un sujet aussi essen-tiel que les semences, la directive euro-péenne ne prend pas en compte les spéci-ficités de l’agriculture biologique et n’estpas en adéquation avec ses fondements. Les sélectionneurs présents à laréunion semblent prêts à accepter defaire figurer la description des modes

L’usage des hybrides à CMSen agriculture biologiqueCompte-rendu du débat Par Monique Jonis (ITAB)

Après les interventions des différents acteurs impliqués sur cette question, le débat est lancé.Plus de soixante personnes se sont réunies, parmi lesquelles des professionnels del’agriculture biologique, des chercheurs et sélectionneurs. La technique en question est lafusion des protoplastes pour l’obtention de variétés CMS (stérilité mâle cytoplasmique) pourle chou et le colza en particulier. Ce caractère (stérilité mâle) naturellement présent chezcertaines espèces, permet de créer des hybrides F1 100% homogènes. Dans cet objectif, lessélectionneurs font de plus en plus appel à l’association de deux méthodes : le croisementinter-spécifiques (chou x radis) suivi de la fusion des protoplastes entre l’hybride chou xradis et un chou normal (voir encadré p.31).

tés adaptées à des terroirs (variétésamateurs), et au niveau européenavec la liste des variétés de conserva-tion ; en entretenant des collectionssouvent mises à disposition dans lesréseaux de ressources génétiques ; enmaintenant les variétés du domainepublic (s’il y a risque d’érosion géné-tique). Les professionnels de lasemence ne travaillent pas contremais pour les agriculteurs.

Régine Delourme INRAElle complète sa première interventionpar une présentation plus ciblée sur le

colza. Il existe une très grande diversi-té au niveau du colza. 80% des sur-faces sont occupées par des colzaslignées, le reste par des hybrides, cesont en fait des associations variétalesen attendant les colza hybrides F1 res-taurés fertiles.

Jean Worher GNISIl intervient sur la base de donnéesnationale. Il signale que les modifica-tions et améliorations apportées résul-tent du travail d’un groupe d’expertsprésidé par Marianne Monod (DPEI).Les réunions de ce groupe sont

ouvertes à tous. Les semenciers sontincités à inscrire un maximum d’infor-mations sur les variétés, mais ladémarche reste volontaire. Ainsi lamention du caractère hybride à CMSpar fusion de protoplastes d’une varié-té ne pourra être exigée tant qu’il n’yaura pas de réglementation commu-nautaire sur ce sujet. Cependant, dansla plupart des catalogues de semences,ce caractère est d’ores et déjà signalé. Il fait également remarquer que, d’unefaçon générale, la réglementation esttoujours en retard sur les faits etqu’elle ne résout que rarement lesproblèmes. n

SemencesSemences

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de sélection (Hybrides F1, avec ousans CMS à fusion de protoplastes…)sur la base de données nationale.Cependant, seule une réglementationcommunautaire pourrait le rendreobligatoire.

Des argumentsagronomiquesContrairement à d’autres productions,pour les choux-fleurs, le choix variétalest très important et conditionne forte-ment les rendements. L’aspect géné-tique n’est donc pas un élément donton peut s’affranchir en modifiant lesconditions de culture ou l’itinérairetechnique. Est ce que cela rend l’usagedes hybrides CMS pour autant indis-pensable?L’importance du criblage variétal est rap-pelée, il ne faut pas se focaliser unique-ment sur la création variétale car denombreuses variétés potentiellementintéressantes et non CMS n’ont pas enco-re été évaluées en conduite biologique. Les variétés à CMS ne sont pas inter-dites par le cahier des charges AB, etcertains pensent qu’il faudrait doncles tester dans les conditions de cul-tures biologiques, d’autant que lenombre de variétés CMS à fusion deprotoplastes disponibles augmentent,et qu’elles peuvent présenter des qua-lités susceptibles d’intéresser les pro-ducteurs biologiques (homogénéité,résistance au maladies et patho-gènes…). Il n’a jusqu’à présent pas étéconstaté de différences entre un hybri-de avec ou sans CMS à fusion de pro-toplastes. Dans les deux cas, la des-cendance sera hétérogène, ces variétésne présentent donc aucun intérêt pourle re-semis. Les variétés CMS n’entre-tiennent pas plus une dépendance desproducteurs vis à vis des semenciersque les variétés hybrides classiques.Pour l’avenir, il existe d’autres solu-tions que celles existant en agricultureconventionnelle. Les expériences desélection participative montrent queles producteurs ont la possibilité deprendre en main la création de varié-tés populations adaptées à leursbesoins et à leurs conditions de ter-roir. Cette approche s’inscrit dans laliste positive des techniques de sélec-tion convenables pour la créationvariétale en agriculture biologiqueselon l’IFOAM (cette liste sera renduedéfinitive en 2008).

Des argumentséconomiquesLa plupart des nouvelles variétés dechoux proposées aujourd’hui par lessemenciers, sont des hybrides à CMS.Cette technique est particulièrementintéressante parce qu’elle supprime les“in-breed”. Les coûts de productiondes semences à CMS sont moinsimportants car il y a moins de pertes. Ilexiste d’autres schémas de sélectionpermettant d’avoir des variétés perfor-mantes, en utilisant la stérilité mâlegénique par exemple, mais cette tech-nique est encore plus coûteuse, et elleest compliquée à mettre en œuvre parles semenciers. La société Clause/Tézier informe qu’elle n’a pas de pro-gramme de création variétale choux-fleurs spécifiques pour l’agriculturebiologique car le marché n’est pas suf-fisamment développé.Actuellement, le marché des semencesbiologiques n’est pas économiquementintéressant pour les semenciers, lesfirmes ne peuvent pas se permettre d’in-vestir dans un domaine qui ne sera pasrentable. Si les exigences des produc-teurs biologiques sont trop importanteset trop spécifiques par rapport auconventionnel, il est à craindre que lesfirmes se désengagent de ce marché etque la gamme des variétés disponibles enbiologique s’en trouve réduite d’autant. Aujourd’hui, les deux géants de laproductions semencières (Seminis etSyngenta), font la loi sur le marchémondial et ne développent plus quedes variétés à CMS, voire des OGM.Les autres firmes semencières vonts’aligner tôt ou tard sur ce modèle.Une telle orientation “tout CMS”inquiète l’ensemble des producteursbiologiques.Aujourd’hui, dans un contexte defaible disponibilité en semences biolo-giques, si une variété CMS intéressanteest disponible en bio, doit-on la refuserparce qu’elle est CMS ou l’accepterparce qu’elle est biologique? Mieuxvaut-il utiliser une semence CMS bio-logique, ou une non CMS traitée ?Sur certains circuits longs biologiques,les exigences sont les mêmes qu’enconventionnel : homogénéité des pro-duits, régularité des approvisionne-ments, volumes importants. Ceci posela question de l’utilisation d’hybrides,d’autant plus si, dans l’avenir, seuls leshybrides CMS sont disponibles, et plusgénéralement de savoir si les filières

biologiques doivent ressembler auxfilières conventionnelles, ou aucontraire développer des systèmes decommercialisation spécifiques et diffé-rents. Quelle stratégie est à terme laplus favorable au développement del’agriculture biologique : faireconnaître, valoriser ses spécificités endéveloppement de moyens de produc-tion et de commercialisation originauxou lutter à armes inégales sur les cir-cuits conventionnels ?Il est fait remarqué que la présence desdistributeurs et des consommateurs lorsde ce débat aurait été intéressante. Lesconsommateurs de produits biologiquessont sensibles à la question des OGM. Ilest important que les professionnels bioprennent rapidement une position etaient une communication claire sur cesujet car il y a un risque d’amalgameentre variétés à CMS et OGM. Une com-munication mal maîtrisée pourrait avoirdes conséquences fâcheuses sur l’en-semble de la filière végétale.

Des arguments éthiquesAujourd’hui, les firmes semencièresfont, dans leur grande majorité, le choixdes hybrides à CMS. La profession biodoit donc mesurer les conséquencesd’une éventuelle interdiction en termede disponibilité en semences biolo-giques de variétés performantes et adap-tées au marché. Pour le moment, il n’y aquasiment aucune variété de choux-fleurs CMS commercialisée en bio. Si les semenciers s’orientent ensuitemassivement vers les variétés OGM,quel choix et quelles alternatives reste-ra-t-il aux producteurs biologiques ?Il ne sera pas possible de mener de telsdébats pour chaque nouvelle techniquede sélection variétale, il faut se donnerun ou des critères permettant de déter-miner assez facilement les techniquescompatibles ou non avec l’agriculturebiologique. Le choix par exemple de lacellule comme limite de l’intégrité duvivant, pourrait être un de ces critères.On peut également se demander qui ale plus à gagner sur l’utilisation deshybrides CMS. Est-ce que l’ensemblede la filière : semenciers, producteurs,distributeurs, consommateurs, en tire-ra des bénéfices ?

ConclusionLe débat a permis un réel échange d’in-formations sur les aspects techniques,économiques et éthiques des méthodes

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de sélection telles que la fusion de pro-toplastes. Même si une position unani-me des professionnels de la filière bio-logique n’a pas été retenue à l’issue dela réunion, des pistes sont proposées etdes orientations identifiées.

•La réflexion sur la question deshybrides CMS à fusion de proto-plastes devrait se poursuivre dans lecadre d’un groupe de travail animépar l’ITAB. Sa position actuelle doitêtre éclairée par une étude espèce parespèce sur les conséquences d’uneinterdiction éventuelle. Quant à IBB,elle soutien cette initiative tout enadoptant depuis 2000 (réunion dePlouigneau) le principe de précautionconcernant cette technique.

•Par soucis de transparence, il est pro-posé en outre que la description desmodes d’obtention des variétés (ex :variété hybrides CMS à fusion de pro-toplastes) figure sur la base de données

nationale des semences biologiques(www.semences-biologiques.org).Cette indication serait dans un premiertemps indiquée selon le bon vouloirdes fournisseurs. Pour la rendre obliga-toire, une procédure devrait à termeêtre engagée au niveau de la réglemen-tation communautaire.

•Pour les sélectionneurs Clause-Tézier,le débat des semences biologiques estplus d’ordre financier que technique.Pour une question de rentabilité, lesprogrammes de sélection se calent surles besoins de l’agriculture conven-tionnelle, le marché bio étant tropétroit. Pour Vitalis, des programmesde création variétale adaptés peuventêtre lancés, il faut pour cela une défi-nition claire des méthodes de sélec-tion compatibles avec l’agriculturebiologique et un engagement fort desprofessionnels sur les volumesdemandés. n

Rappel : création d’un hybride F1 de chou-fleur à stérilitémâle cytoplasmique

L’obtention de choux à CMS deradis nécessite deux étapes :• introduction dans le chou de la

stérilité mâle du radis par voiesexuée. On dispose ainsi de chouxmâles stériles, à cytoplasme deradis. Cela implique des croise-ments interspécifiques chou xradis, opération qui nécessite l’em-ploi de techniques de culture invitro pour ‘’sauver’’ les jeunesembryons hybrides, non viablesdans les conditions naturelles.

Toutefois, les plantes obtenues pré-sentent des défauts du fait de la pré-sence de chloroplastes déficientsdans le chou obtenu, d'où la deuxiè-me étape :• fusion de protoplastes entre ces

hybrides et des choux normaux.Elle est réalisée en vue de réintro-duire des chloroplastes normauxdans le chou, tout en ayant desmitochondries recombinées, res-ponsables de la stérilité mâle cyto-plasmique.

Ainsi, seules les biotechnologiespermettent le transfert de la CMSdu radis vers le chou : on utilisedeux techniques de laboratoire :sauvetage d’embryons issus de croi-sement interspécifique et fusion desprotoplastes (cellules dont on a dis-sout chimiquement les parois cellu-laires). Lors de ces manipulationsqui font intervenir un choc élec-trique et nécessitent l’utilisation deproduits chimiques, les mitochon-dries des deux espèces se recombi-nent. On obtient ainsi des cellulesdont le génome est impossible àobtenir naturellement…Les choux fleurs hybrides à CMS deradis contiennent donc des mito-chondries chimériques (c’est-à-direrecombinées) de radis et de choux.Or, on connaît mal le rôle de l’ADNmitochondrial, et donc les consé-quences de mitochondries généti-quement modifiées sur l’environne-ment et la santé humaine…