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1 Université de Montpellier 1 Faculté de médecine de Montpellier-Nîmes DU de Statique Pelvienne et d’Urodynamique Mémoire de fin de cursus La Chirurgie Vaginale du Prolapsus Entre Efficacité et Sécurité : Les Nouvelles Préoccupations. Présenté par Majd Halim LABAKI M.D Sous la direction du Pr Renaud de TAYRAC Aout 2012 Aout 2012 Aout 2012 Aout 2012

DU de Statique Pelvienne et d’Urodynamique Mémoire de fin ... · d’effort patente ou masquée), dans le but d’évaluer le type et l’incidence des complications de la chirurgie

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Université de Montpellier 1 Faculté de médecine de Montpellier-Nîmes

DU de Statique Pelvienne et d’Urodynamique

Mémoire de fin de cursus

La Chirurgie Vaginale du Prolapsus Entre Efficacité et Sécurité :

Les Nouvelles Préoccupations.

Présenté par

Majd Halim LABAKI M.D

Sous la direction du Pr Renaud de TAYRAC

Aout 2012Aout 2012Aout 2012Aout 2012

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Tous mes remerciements au Professeur Renaud de Tayrac pour son Tous mes remerciements au Professeur Renaud de Tayrac pour son Tous mes remerciements au Professeur Renaud de Tayrac pour son Tous mes remerciements au Professeur Renaud de Tayrac pour son

soutien sa patience et son encadrement des plus généreux.soutien sa patience et son encadrement des plus généreux.soutien sa patience et son encadrement des plus généreux.soutien sa patience et son encadrement des plus généreux.

Encore MerciEncore MerciEncore MerciEncore Merci....

M M M M H H H H LLLLabakiabakiabakiabaki

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Je dédie ce travail à mes parents et Je dédie ce travail à mes parents et Je dédie ce travail à mes parents et Je dédie ce travail à mes parents et à à à à mes 3 meilleurs amis qui se mes 3 meilleurs amis qui se mes 3 meilleurs amis qui se mes 3 meilleurs amis qui se

reconnaîtronsreconnaîtronsreconnaîtronsreconnaîtrons !!!!

Maman je t’aime.Maman je t’aime.Maman je t’aime.Maman je t’aime.

MajdMajdMajdMajd

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Sommaire

Introduction

Matériels et Méthodes

Résultats

Discussion

Conclusion

Références

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Introduction

Le prolapsus des organes pelviens est une pathologie pouvant entraîner un impact

important sur la qualité de vie des femmes [1]. Les données épidémiologiques rapportent un

pourcentage de 11 à 19 % de risque durant une vie de développer cette pathologie [2,3]. Par

ailleurs 30 % des femmes ayant subi une intervention de réparation du plancher pelvien

nécessiteront une chirurgie supplémentaire pour récidive du prolapsus [2.4]. Le succès observé

avec l'utilisation des prothèses en chirurgie générale pour le traitement des hernies inguinales a

conduit les gynécologues à adapter cette technique chirurgicale pour les reconstructions du

plancher pelvien. Actuellement et selon les données des fabricants industriels, 33 % des

réparations des prolapsus se font à l’aide de ces matériaux de reconstruction. Toutefois des

préoccupations ont été soulevées concernant la sécurité de la pose par voie vaginale de ces

prothèses.

Il existe une multitude d'approches transvaginales dans la réparation du plancher pelvien

féminin avec l'utilisation de matériaux synthétiques, autologues ou des xénogreffes.

En général les données publiées pour confirmer l'avantage de ce renforcement

prothétique en comparaison aux techniques de réparations classiques non prothétiques ou

encore de l'avantage d'un type de prothèse sur un autre sont peu nombreuses avec des résultats

parfois divergents. Pour la réparation des prolapsus, le renforcement prothétique vaginal

antérieur a été initialement associé avec une amélioration à court terme par rapport à la

réparation traditionnelle de la paroi antérieure du vagin. Ceci a été démontré dans 3 essais

randomisés [5-7] qui ont exclu les femmes présentant les prolapsus des autres compartiments

anatomiques, ce qui est assez limité car la plupart des femmes présentent des prolapsus de

plusieurs compartiments [8]. Ce qui ressort de ces études c'est qu'il existe une pathogenèse

commune et intriquée à l’origine des défects du support du plancher pelvien au niveau des

différents sites de la paroi vaginale. Les observations de Maher et al. [9-13] depuis 2004 basées

sur les données de la Cochrane concluent dans la dernière mise à jour de 2011 que l’utilisation

de prothèses au moment de la réparation de la paroi antérieure du vagin diminuerait le risque de

récidive clinique en antérieur, toutefois ceci n’a pu être traduit par des résultats fonctionnels

favorables et sur la qualité de vie, et qu’il serait indispensable de conduire des essais cliniques

randomisés contrôlés qui devraient évaluer également la perception des femmes des résultats

symptomatiques et fonctionnels .

Par ailleurs, plusieurs préoccupations ont été soulevées récemment concernant la

sécurité du renforcement prothétique transvaginal qui, associées aux données divergentes de la

littérature, rendent la balance bénéfice risque de la technique d’autant plus incertaine. Cette

incertitude rend difficile l'évaluation de ces techniques chirurgicales concernant leur efficacité, et

auquel cas que ces améliorations l’emporteraient sur les complications ou les risques.

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La complication la plus spécifique et une des plus fréquentes du renforcement

prothétique vaginal est l'exposition, habituellement traitée avec succès par excision de la

prothèse exposée avec ou sans ses bras. L’incidence de l'exposition des prothèses varie selon le

type de procédure chirurgicale utilisé et le site anatomique du prolapsus avec des taux rapportés

variant entre zéro et 30 % selon les différentes études [14]. Beaucoup de patientes présentant

des expositions restent asymptomatiques [5,7]. Les expositions complexes des prothèses sont

beaucoup plus compliquées et peuvent être associées à des morbidités chirurgicales plus

importantes. L’autre préoccupation majeure concernant la chirurgie prothétique vaginale c'est le

développement de douleurs pelviennes chroniques et de dyspareunies dans les suites. Les

femmes qui développent ces douleurs pelviennes sévères et ces dyspareunies peuvent être

traitées médicalement ou chirurgicalement mais par opposition à l'exposition plusieurs

procédures peuvent être nécessaires, et la douleur pourrait persister même après tous ces

traitements [15,16]. Malheureusement une excision chirurgicale complète ou partielle des bras

prothétiques pourrait ne pas entraîner une amélioration totale des symptômes pour certaines

femmes [16,17].

Un nombre important de kits prothétiques ont été introduits sur le marché pour le

renforcement vaginal dans la chirurgie reconstructrice du plancher pelvien avec des prothèses

biologiques ou synthétiques suspendues sans tension en interposition entre la muqueuse

vaginale et les structures sous-jacentes par des bras qui sont passés à travers différentes

structures conjonctives du pélvi-périnée, permettant le traitement de plusieurs compartiments

durant la même intervention [18-22].

Les préoccupations de sécurité ont été soulevées par la FDA concernant les prothèses

transvaginales utilisées dans la réparation des prolapsus. Ces préoccupations ont conduit à la

publication de plusieurs documents et notifications concernant l'utilisation de ces matériaux. Les

conclusions actuelles ont été que l’utilisation de ces dispositifs médicaux est d'une efficacité

incertaine et n’est pas dépourvue de risques. Par ailleurs l’utilisation de ces prothèses

synthétiques dans la promontofixation abdominale ou coelioscopique ou dans les bandelettes

sous urétrales ont été considérées comme efficaces et sûres. La FDA avait annoncé en Janvier

2012 qu’elle allait appliquer les recommandations du panel des experts qui a été réuni en

Septembre 2011 [23] et qui avait conclu que l'utilisation des prothèses vaginales dans la

réparation des prolapsus serait d’une efficacité et d'une sécurité incertaines [24]. Ces experts ont

instaurés des pré-requis beaucoup plus sévères dans l'évaluation qui précède la mise sur le

marché des matériaux destinés à cet usage. Ils ont également requis que les études de ces

dispositifs médicaux doivent comporter un bras de comparaison avec la technique chirurgicale

non prothétique (dégradant ainsi la procédure d'évaluation de ces dispositifs médicaux de la

classe 2 à la classe 3). La FDA avait déjà publié en Juillet 2011 un communiqué de sécurité

concernant les effets secondaires associés à l'utilisation de ces prothèses vaginales. Ce

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communiqué a été une mise à jour d'une notification de santé publique concernant l'utilisation

des prothèses vaginales publiée en Octobre 2008 [25]. Cette mise à jour s’était basée sur 2874

complications concernant l'utilisation de ces prothèses dans les interventions vaginales de

traitement des prolapsus [26]. Ces complications avaient été rapportées de manière volontaire

dans une base de données nationale entre 2008 et 2010. Les complications les plus fréquentes

étaient les expositions des prothèses, la douleur et la dyspareunie, l’infection, les problèmes

urinaires, les saignements, les perforations d’organes ; trois décès ont été associés à l’utilisation

de ces prothèses (2 perforations digestives et une hémorragie). L’avertissement de la FDA a

également été basé sur une revue de la littérature ayant montré que les événements indésirables

sérieux associés à l’utilisation urogynécologique des prothèses n’étaient pas rares et que ces

prothèses posées par voie vaginale n’amélioraient pas de manière concluante les résultats par

rapport aux techniques non prothétiques [27].

Un certains nombre d’experts ont remis en question les données présentées par la FDA

[28]. En réponse à cette mise en garde, 600 membres du Réseau des Chirurgiens Pelviens ont

affirmé que les données chirurgicales basées sur l’évidence concernant la reconstruction

pelvienne en général sont insuffisantes et que les deux autres techniques de référence que sont

la chirurgie traditionnelle et l'approche abdominale étaient également associées à des

complications spécifiques. Leur conclusion a été que le chirurgien devrait être plus conscient des

risques et des bénéfices de chacune de ces interventions et devrait avoir la connaissance

nécessaire et les aptitudes chirurgicales requises pour indiquer et effectuer ce genre

d'intervention.

Si dans les suites de ces recommandations, la réaction des sociétés professionnelles a

été mitigée celle des industriels l’a été encore plus. Alors que de nouveaux travaux ont été

publiés concernant une bonne efficacité et une sécurité parfaite de nouveaux types de prothèses

soutenant l’apex vaginal [29], d'autres laboratoires ont arrêté la production de prothèses qui

avaient déjà fait leurs preuves faisant objet de plusieurs études. C’est ainsi qu’en Juin 2012

Ethicon Inc* a annoncé qu'elle arrêtait la production de quatre prothèses vaginales.

Les réponses des sociétés professionnelles n’ont pas tardé. L’ACOG (American College

of Obstetricians and Gynecologists) et l’AUGS (American Urogynecologic Society) ont publié une

déclaration commune en Décembre 2011 concernant l'utilisation des prothèses vaginales dans la

réparation des prolapsus [30]. Ils ont convenu que les chirurgiens devraient subir des

entraînements spécifiques pour chaque dispositif médical qu’ils seraient amenés à placer, et que

l'utilisation des matériaux de reconstruction par le chirurgien expérimenté dans une technique

particulière est une option raisonnable pour les patients présentant un facteur de risque de

récidive (prolapsus récurrent, comorbidité médicale contre-indiquant les interventions par

cœlioscopie). La IUGA (International Urogynecologic Association) en 2010 avait promu

l’importance des caractéristiques individuelles de chaque patiente et de la nécessité de son

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consentement éclairé et l’importance d’une description détaillée par les industriels des propriétés

des matériaux et qu’une qualification chirurgicale adaptée à la pose des prothèses vaginales des

chirurgiens serait désirable. [31-34]

En France, le CNGOF (Collège National des Gynécologues Obstétriciens Français) a

publié fin 2011 son texte des recommandations de la prévention des complications de la chirurgie

prothétique du prolapsus ainsi que sa revue de la littérature [35,36], reconnaissant le risque

éventuel de ce type d’interventions sans pour autant remettre en cause l’efficacité d’un type

particulier de geste chirurgical. Des mesures recommandées dans la prévention des

complications y ont été décris.

Nous avons voulu dans cette étude évaluer la pratique réelle de la chirurgie vaginale

prothétique et traditionnelle dans un centre reconnu au niveau national pour la prise en charge du

prolapsus de la femme. Il nous a paru indispensable dans cette déferlante de mises en gardes et

dans la remise en question de la sécurité de ces gestes de faire le point de la réalité dans un

centre qui respecte à fortiori les recommandations nationales, puisqu’il a participé à leur

élaboration, et de montrer que la chirurgie vaginale prothétique tient toujours ses indications dans

la prise en charge du prolapsus.

Matériels et Méthodes

Cette étude prospective et descriptive rapporte les résultats exhaustifs d’un seul centre

hospitalier, en l’occurrence le Centre Hospitalier Régional Universitaire de Nîmes, concernant

toutes les patientes opérées d’une réparation vaginale d’un prolapsus des organes pelviens au

niveau d’un ou de plusieurs compartiments vaginaux, associée ou non à un renforcement

prothétique, une hystérectomie ou un geste urinaire (traitement d’une incontinence urinaire

d’effort patente ou masquée), dans le but d’évaluer le type et l’incidence des complications de la

chirurgie du prolapsus.

La période de recrutement s’est étendue de Juin 2010 à Mai 2012, sans aucun critère

d’exclusion afin de mieux refléter la réalité de la pratique de la chirurgie du prolapsus.

Toutes ces interventions ont été pratiquées par le même chirurgien qui est un des

promoteurs nationaux de la chirurgie vaginale du prolapsus notamment avec les différents types

de renforcement prothétique.

Les données ont été prélevées sur le registre des prolapsus de Gynérisq (Organisme

accrédité de gestion des risques géré conjointement par le SYNGOF et le CNGOF). Ce registre a

été mis au point suite à une revue des recommandations de bonne pratique clinique et

chirurgicale afin de rapporter et de prévenir les principales complications de la chirurgie du

prolapsus.

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Les données comportent les informations pré-opératoires, à savoir les antécédents

chirurgicaux des patientes ainsi que leurs comorbidités. Les données opératoires concernent le

type d’intervention pratiqué et le mode de suspension des différents étages, sa voie d’abord

(abdominale ou vaginale, en l’occurrence la chirurgie vaginale), le type de renforcement

prothétique (antérieure apicale ou postérieure, biologique ou synthétique, à 2 ou à 4 bras,

passage transobturateur ou fixation au ligament sacro-épineux et ou à l’arc tendineux du fascia

pelvien pour les prothèses antérieures et apicales, passage transmusculaire transglutéal ou

ligamentaire pour les prothèses postérieures), les gestes associés (hystérectomie avec ou sans

annexectomie, colpectomie, amputation du col, cure d’incontinence urinaire avec le type de

bandelette sous urétrale utilisée). Ont été notées ensuite les complications per-opératoires (les

plaies urinaires vasculaires et digestives, les hémorragies per-opératoires >300 ml sans

nécessité de transfusion, les problèmes techniques des kits opératoires). Les complications post-

opératoires enregistrées concernaient la période allant de 48h post-opératoire jusqu’à la visite

systématique à 6 puis à 12 semaines et 6 mois) ; elles comportent les hématomes avec ou sans

reprise chirurgicale, les abcès et les épisodes de fièvre inexpliquée, les infections urinaires

documentées et les pyélonéphrites, les rétentions aigues d’urines, les rétractions et les

expositions prothétiques, les douleurs chroniques et les dyspareunies (évaluation subjectives et

échelle visuelle analogique), la constipation, les fistules et les complications générales

(cardiaques, respiratoires, neurologiques, thromboemboliques, les décompensations et les

décès) et enfin les réhospitalisations et les reprises pour gestes chirurgicaux ou les infiltrations

avec ou sans anesthésie. Une évaluation générale à 12 mois de l’intervention a été réalisée à

l’aide d’un questionnaire téléphonique proposé aux patientes opérées avant le mois d’Aout 2011,

celles-ci avaient été revues et examinées par le chirurgien au moment du questionnaire. Cette

évaluation comprend les complications urinaires et digestives (apparition de novo d’une

incontinence urinaire d’effort, d’urgenturie ou de dysurie, les lésions urétérales, apparition d’une

constipation, les fistules et les migrations du matériau prothétique), les complications infectieuses

(infections urinaires ou rénales, les abcès les épisodes de fièvre inexpliquée), les douleurs

chroniques et les dyspareunies, les complications générales et les reprises chirurgicales et les

réhospitalisations (récidive de prolapsus, incontinence urinaire).

La Colpotomie antérieure était soit circulaire avec dissection rétrograde soit longitudinale

selon l’association ou non à une hystérectomie. La colpotomie postérieure était longitudinale.

L’hystérectomie a été effectuée uniquement en cas d’indication organique après un bilan

comportant une échographie pelvienne un frottis cervico-vaginal et une biopsie de l’endomètre.

En cas d’association d’une incontinence urinaire d’effort patente ou masquée une bandelette

sous urétrale a été posée selon le profil urodynamique en rétropubien ou en transobturateur. Une

antibioprophylaxie a été administrée en début d’intervention. L’infiltration vaginale par un agent

vasoconstricteur a été faite sauf contrindication anesthésique.

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Ces données ont été gérées sur Microsoft Excel* 2007 ; les proportions ont été comparées à

l’aide du test du chi 2.

Résultats

Cent quarante quatre patientes ont été opérées par voie vaginale exclusive (62.5% sous

anesthésie générale et 38.5% sous loco régionale) pour un prolapsus des organes pelviens dans

le service de chirurgie gynécologique du CHRU de Nîmes durant la période Juin 2010 – Mai

2012. La moyenne d’âge des patientes était de 68 ans (41 - 88 ans). Un suivi à 6 semaines 12

semaines puis à 6 mois de toutes les patientes a permis une évaluation post-opératoire;

l’évaluation annuelle a concerné les 100 patientes opérées entre Juin 2010 et Aout 2011 par un

questionnaire téléphonique.

Les antécédents chirurgicaux et les comorbidités sont résumés dans le tableau 1. On

note un taux de 25% (n=36) de patientes ayant déjà été opérées d’une cure de prolapsus. Cent

trente cinq patientes (94%) ont été opérées de leur prolapsus avec une chirurgie vaginale

associée à un renforcement prothétique (CVRP) antérieur et ou postérieur. Huit patientes (6%)

ont été opérées d’une chirurgie vaginale non prothétique (CVNP), et une patiente a été opérée de

chirurgie non prothétique pour plaie rectale lors de la dissection de la paroi vaginale postérieure.

Les CVNP comprennent une patiente présentant une insuffisance mitrale sévère avec risque

infectieux majeur (hystérectomie [HT], plicature sous vésicale [PSV], Richter, plicature prérectale

[PPR]), une patiente sous immunosuppresseur pour polyarthrite rhumatoïde (hystérectomisée,

PSV, PPR), une patiente de 76 ans présentant une récidive du prolapsus après promontofixation

(HT, Richter, PPR), une patiente de 85 ans présentant une gène fonctionnelle sévère

(hystérectomisée, cure d’élytrocèle, myorraphie, périnéorraphie), une patiente ayant refusé la

CVRP (HT, PSV, plastie des ligaments utérosacrés, PPR), et 3 patientes ayant eu un colpocléisis

(âgées entre 82 et 85 ans).

Tableau 1 : Antécédents et Comorbidités N=144

Antécédents chirurgicaux

Hystérectomie 37 (25.6%)

Chirurgie de l’incontinence urinaire 22 (15.3%)

Chirurgie du prolapsus 36 (25.0%)

Comorbidités

Obésité 11 (7.6%)

Diabète 4 (2.8%)

Pathologie cardiovasculaire 17 (11.8%)

Anticoagulants au long court 6 (4.2%)

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Le tableau 2 résume les différents gestes chirurgicaux (avec ou sans renforcement

prothétique) effectués parfois durant la même intervention. Seules 19 patientes ont été

hystérectomisée durant le geste chirurgical soit 17.8% uniquement, et ce pour indication

organique ou dans les éversions vaginales complètes. Les gestes urinaires associés (42.3%) ont

été indiqués soit pour une incontinence urinaire d’effort patente ou en cas d’incontinence isolée

sévère démasquée par la correction du prolapsus, toutes les patientes ayant une évaluation

urodynamique pré-opératoire.

Tableau 2 : Types d’intervention vaginale avec ou sans renforcement prothétique N=144

Hystérectomie totale avec colpopérinéorraphies antérieure et postérieure par abord vaginal 1

Hystérectomie + cure de cystocèle + cure de rectocèle par voie vaginale 9

Hystérectomie + annexectomie + cure de cystocèle + cure de rectocèle par voie 9

Trachélectomie + cure de cystocèle + cure de rectocèle par voie vaginale 1

Cure de cystocèle par voie vaginale 33

Cure d'élytrocèle par voie vaginale 14

Sacrospinofixation selon RICHTER 125

Cure de rectocèle par voie vaginale 30

Cure de cystocèle + cure de rectocèle par voie vaginale 58

Colpocléisis 3

Sphinctérorraphie anale 1

Vulvopérinéoplastie 10

Geste urinaire associé 61 (42.3%)

TOT 36

TVT-O 2

TVT 23

Les Intervention au Niveau des Différents Etages Va ginaux.

Etage Antérieur.

Sur cent dix patientes ayant un prolapsus de l’étage antérieur 107 ont bénéficié d’un RP

pour le soutènement de l’étage antérieur et 3 patientes d’une PSV.Le tableau 3 résume les

données sur l’étage antérieur et les différents gestes et type de renforcement prothétique (RP). A

noter que certains RP, à savoir les prothèses à fixation sacroépineuse, ont une double action de

correction des composantes antérieure et moyenne du prolapsus (les cystocèles d’entrainement).

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Tableau 3 : Gestes sur l’étage antérieur N = 117

Type de correction Mécanique de soutènement n Etages associés au geste

Plicature sous

vésicale

Prothèse à 4 bras

(passage TOb)

Prothèse à 2 bras

(fixation au LSE)

Prothèse à 4 bras

(fixation ATFP et

LSE)

Soutènement sous vésical

tissus autologues

Soutènement prothétique

sous vésical

Richter antérieur ;

(sacrospinofixation

prothétique)

Soutènement prothétique

sous vésical + Richter

antérieur

(sacrospinofixation

prothétique)

1

20

57

30

Antérieur

Antérieur (cystocèle par

défect vaginal latéral)

Antérieur et Moyen (cystocèle

d’entrainement par ptose de

l’étage moyen ; défect cantral)

Antérieur et Moyen (Cystocèle

majeure avec ptose de l’étage

moyen)

TOb : TransObturateur LSE : Ligament Sacroépineux ATFP : Arc Tendineux du Fascia Pelvien

L’utilisation de prothèses transobturatrices a été indiquée pour 9 cystocèles majeures isolées, et

a été associée à 10 cures classiques de Richter postérieur unilatéral, et à une prothèse

prérectale.

Sept colpectomies antérieures ont été effectuées durant le geste antérieur dont 2 sur les 3 PSV.

Etage Moyen

Cent vingt huit patientes ont nécessité une suspension de l’étage moyen pour la

correction de leur prolapsus. La sacrospinofixation qui représente le mécanisme de l’intervention

classique de Richter permettant la suspension de l’étage moyen au ligament sacroépineux a été

reproduite avec les différentes prothèses ayant un passage transligamentaire qu’elles soient

interposées en antérieur (prothèses à 2 ou 4 bras avec correction concomitante de l’étage

antérieur = Richter antérieur) ou qu’elles soient interposées en postérieur (prothèses postérieures

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à 2 bras fixées au releveur ou au périnée pour la correction concomitante de l’étage postérieur =

Richter postérieur). D’autres prothèses à passage transglutéal permettent une correction de

l’étage moyen en orientant l’axe vaginal vers l’épine sans passage transligamentaire. Sur les 128

patientes, la correction du prolapsus de l’étage moyen a été faite par plastie des ligaments

utérosacrés pour une patiente, par un Richter postérieur unilatéral classique pour 15 patientes

dont 10 associés à la pose d’une prothèse antérieure transobturatrice qui comme ont l’avait

décris ne corrige pas l’étage moyen ; et par interposition prothétique antérieure ou postérieure

chez 112 patientes. Le résumé est exposé dans le Tableau 4.

Tableau 4 : Gestes sur l’étage moyen N = 128

Type de Correction Mécanique de soutènement n Etages associés au geste

Richter postérieur

classique

Prothèses

postérieures

(fixation au LSE)

Plastie des US

Prothèse à 2 bras

(fixation au LSE)

Prothèse à 4 bras

(fixation ATFP et

LSE)

Prothèses

postérieures

transglutéales

Sacrospinofixation non

prothétique

Sacrospinofixation

prothétique

Soutènement autologue

Richter antérieur

(sacrospinofixation

prothétique)

Richter antérieur

(sacrospinofixation

prothétique)

Bandelette postérieure

15

17

1

57

30

8

Moyen ; correction antérieure

par prothèse TOb associée

Moyen et Postérieur

Moyen

Antérieur et Moyen (cystocèle

d’entrainement par ptose de

l’étage moyen ; défect latéral)

Antérieur et Moyen (Cystocèle

majeure avec ptose de l’étage

moyen)

Moyen et Postérieur

US : utérosacrés LSE : Ligament Sacroépineux ATFP : Arc Tendineux du Fascia Pelvien

TOb : TransObturatrice

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Etage Postérieur

La correction des prolapsus de l’étage postérieur a été effectuée pour deux finalités : le

traitement d’un prolapsus patent isolé ou associé à une atteinte d’autres étages, et la prévention

de la décompensation postérieure dans les suites du traitement des étages antérieurs. Elle a

concerné 108 patientes au total dont 103 cures de rectocèle, 4 cures d’élytrocèle et une

périnéorraphie. Concernant les cures de rectocèle l’utilisation des prothèses postérieures est

toujours controversée dans la littérature, et ses indications restent limitées. En outre ses

prothèses permettent également une correction ou une prévention d’une décompensation de

l’étage moyen à un certain degré par le passage sacroépineux. Ainsi l’indication de ses prothèses

comprenait les rectocèles isolées sévères et symptomatiques ainsi que les récidives. Au total sur

108 patientes, 33 ont eu une prothèse postérieure, 70 ont eu une PPR. Le Tableau 5 résume les

données concernant les cures de rectocèles.

Tableau 5 : Cures de Rectocèle N = 103

Type de Cure n Gestes associés Indications

PPR

Prothèses

postérieures

70

33

65 prothèses antérieures (n=107)

3 plicatures sous vésicales

4 cures de rectocèle isolée

25 associées à un prolapsus de

l’étage moyen

4 éversions complètes

association à des prothèses

antérieures fixées au LES

8 élytrocèle sur 14 que compte la

série

15/33 (45.4%) Récidive de

rectocèle

18/33 (54.6%) Rectocèle

sévère symptomatique

LSE : Ligament Sacroépineux Les autres gestes de l’étage postérieurs sont : 10 myorraphies des releveurs, 27 périnéorraphies,

1 sphinctérorraphie.

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16

Les Complications

Les complications ont été rapportées par rapport aux CVRP (N=136), et aux CVNP (N=8). Une

comparaison des proportions par le test du chi 2 est notée à titre indicatif, les effectifs de la

chirurgie non prothétique ne permettant pas une comparaison puissante qui par ailleurs n’est pas

l’objectif de ce travail.

Les complications per-opératoires

Aucune complication per-opératoire n’a été décrite dans le groupe des CVNP. Par contre 6

complications (0.4%) ont été décrite parmi les 136 patientes opérées d’une CVRP (p>0.5). Il

s’agit de 2 plaies vésicales réparées, dont une sur la mise en place d’un TVT et l’autre au cours

de la dissection sous vésicale, de deux plaies rectales empêchant la pose de la prothèse

postérieure prévue (prothèse antérieure déjà implantée gardée dans un des 2 cas sans

complication post-opératoire), et enfin 2 hémorragies significatives gérées par méchage.

Les complications post-opératoires

Aucune complication post-opératoire n’a été relevée pour les désormais 9 patientes du

groupe CVNP (une patiente supplémentaire qui n’a plus eu sa prothèse à cause de la plaie

rectale). Au total 8 complications ont été rapportées dans le groupe de désormais 135 patientes

du groupe CVRP (p>0.3).

Nous citons 2 abcès vaginaux (1.4%) dans les jours ayant suivi l’intervention. Le premier

survenant chez une patiente de 70 ans présentant une pathologie cardiaque sévère qui a

décompensé suite au sepsis malgré l’explantation de la prothèse à J3. La patiente est décédée

des suites de sa décompensation cardio-respiratoire après 3 chocs septiques. Le deuxième

abcès est survenu à J10 de l’implantation et s’est manifesté par une hyperthermie et une

altération de l’état général. La prothèse a été explantée et la patiente s’est améliorée dans les

suites immédiates sous antibiothérapie. Les deux prothèses explantées ont été envoyées en

microbiologie et en pathologie. Par ailleurs, il a été relevé un cas d’infections urinaires

mensuelles pendant 6 mois disparues sous traitement antiseptique urinaire (cystocèle découverte

sur infections urinaires à répétition avec pyélonéphrite en pré-opératoire).

Il n’a été noté aucune rétraction prothétique à 6 mois, cependant 3 cas d’exposition

prothétiques (2.2%) ont été découverts respectivement à 2 mois pour un cas et à 6 mois pour les

2 autres. Les 3 prothèses ont été excisées sous anesthésie générale et envoyée en pathologie et

en microbiologie.

Enfin 2 cas de douleurs chroniques (1.5%), à savoir une pudendalgie et des douleurs

fessières ont été décrites. La première a été traitée par une infiltration d’anesthésiques et de

corticoïdes locaux avec une bonne réponse, la deuxième a été spontanément résolutive.

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Les complications à 1 an

Cent patientes ont été contactées et soumise à un questionnaire téléphonique sur les

complications à 1 an de leur intervention. Cinq sur les huit patientes du groupe CVNP et 95 sur

135 patientes du groupe CVRP ont été contactées.

Le Tableau 6 résume les complications liées à la chirurgie vaginale à un an pour les deux

groupes.

Tableau 6 : Complications à 1 an de la chirurgie du prolapsus.

Type de complication Groupe CVNP

(n = 95)

Groupe CVRP

(n = 5)

p Chiffres de la

littérature

[14,37,38]

Incontinence urinaire d’effort de novo

Instabilité vésicale de novo

Dysurie de novo

Constipation de novo

Infection urinaires à répétition

Pyélonéphrite aigue

Fièvre inexpliquée

Douleurs chroniques

Dyspareunies

Thrombophlébite

Récidive subjective du prolapsus

(boule vaginale)

9 (9.5%)

8 (8.4%)

17 (17.9%)

8 (8.4%)

13 (13.7%)

1 (1.1%)

2 (2.1%)

10 (10.5%)

9 (9.5%)

1 (1.1%)

2 (2.1%)

0

1 (20%)

1 (20%)

0

1 (20%)

0

0

0

0

0

2 (40%)

>0.5

>0.3

NS

>0.5

>0.5

>0.5

NS

>0.3

>0.3

>0.5

<0.001

18%

18%

0-12%

1-10%

0-19%

0-19%

3-13%

9%

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Discussion

La chirurgie vaginale prothétique occupe une place prépondérante dans la prise en

charge de la pathologie du prolapsus au CHU de Nîmes. Avec 94% de patientes opérées de

prothèses transvaginales le service de gynécologie prend sur lui-même la charge de gérer toutes

les suites opératoires et les éventuelles récidives ou complications de la chirurgie prothétique,

assurant un suivi exhaustif des patientes en post opératoire. Ces chiffres ne permettent pas une

comparaison puissante des effectifs de CVNP versus CVRP, ce qui n’est pas en soit le but de ce

travail qui vise plutôt de refléter la pratique réelle de la chirurgie du prolapsus dans un centre de

référence national qui se veut à la pointe de la chirurgie prothétique. Le modèle de la prise en

charge de la pathologie pelvi-périnéale du CHU de Nîmes permettrait en fait de comprendre

comment des centres de références seraient amenés à gérer ce type d’interventions à un même

pied d’égalité que la chirurgie prothétique par voie cœlioscopique qui demeure le gold standard et

reste réalisée en pratique dans des centres spécifiques.

Le modèle de prise en charge comprend à sa base une bonne compréhension de la

pathologie pelvi-périnéale qui constitue une pathologie dont la prise en charge est loin d’être

exclusivement chirurgicale avec une approche médicale, de rééducation, mais surtout préventive

avec une prise en charge des femmes dès leur première grossesse. C’est le rôle de la formation

universitaire sur la statique pelvienne, et la politique générale concernant la prise en charge pelvi-

périnéale de la femme enceinte dans l’institution que nous ne détaillerons pas dans ce travail.

Comprendre la physiopathologie plus ou moins complexe du prolapsus permettrait de

comprendre les indications des différentes alternatives thérapeutiques et notamment

chirurgicales. En regardant les différentes recommandations des sociétés professionnelles il

apparait clair que le respect des indications reste l’arme majeure pour éviter les complications.

Toutefois il est évident que les indications restent controversées dans la littérature et ont été

modifiées au gré des différentes préoccupations, justifiées ou non, sur la sécurité des prothèses,

ce qui ne fait qu’altérer l’évolution des recherches sur leur efficacité. Ce qu’il faut retenir c’est le

taux de récidive quelque soit le type de chirurgie. A noter qu’on a relevé parmi les patientes

opérées 5 récidives sur promontofixation parmi les 36 patientes ayant été opérées pour récidive.

La physiopathologie des complications n'est pas connue, mais plusieurs étiologies ont

été évoquées, par exemple une dissection inappropriée (assez superficielle au niveau de la paroi

vaginale) une mise en tension excessive de la prothèse, la mise en place d'un matériel

prothétique dans un milieu vaginal contaminé, les problèmes de cicatrisation (atrophies

vaginales, tabagisme, immunosuppresseurs). Selon les données disponibles et les expériences

cliniques le développement de douleurs sévères semble être associé à des problèmes de

cicatrisations au niveau des bras prothétiques [16,17].

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L'amélioration de l’entraînement des chirurgiens ainsi que la compréhension de

l'anatomie pelvienne pourraient aider à éviter certaines complications. Par ailleurs les chirurgiens

effectuant ce genre d'interventions avec mise en place de prothèses devraient être entraînés à la

reconnaissance et à l'évaluation des complications reliées à ce type de prothèses. En

comprenant et respectant l’ensemble de ces mécanismes il serait judicieux par exemple de ne

pas indiquer la pose de prothèse vaginale chez les femmes présentant une douleur pelvienne

chronique des dyspareunies sévères sans en avoir exploré les étiologies possible, pareil il est

conseillé d’éviter ce type d’intervention chez les patientes immunodéprimées comme ce fut le cas

d’une des patientes du groupe CVNP qui est sous Remicade pour pathologie rhumatismale.

Le respect de certaines règles chirurgicales permettrait aux chirurgiens d’éviter un

nombre de complications tout en se permettant une diversification des interventions avec des

prothèses qui de plus en plus possèdent leur propre indication. Ceci peut être constaté dans les

différents types de prothèses utilisées dans notre série pour traiter les différents compartiments.

En effet, un nombre important de kits prothétiques ont été introduits sur le marché pour le

renforcement vaginal dans la chirurgie reconstructrice du plancher pelvien. Toutefois

l'introduction de ces kits n'a pas été accompagnée de manière consistante d'un entraînement des

chirurgiens à la pose de ces prothèses. Par exemple certains chirurgiens pourraient ne pas avoir

la notion que la dissection de la paroi vaginale antérieure dans le but d'un renforcement

prothétique devrait être une dissection dans un plan plus profond que celui utilisé pour la

colporraphie traditionnelle. Une dissection très superficielle résulterait plus facilement en une

exposition de la prothèse. De même un chirurgien inexpérimenté pourrait être amené à placer les

prothèses avec une tension excessive. Ainsi il est fréquent d’observer que certains chirurgiens

appliquent une tension augmentée à leur prothèse dans une tentative de correction complète et

immédiate du prolapsus à la manière de la colporraphie traditionnelle. Dans les réparations non

prothétiques, après la plicature des tissus conjonctifs pubo-cervicaux et la colpectomie de l’excès

de muqueuse vaginale le résultat sur la topographie vaginale ne montre aucun relâchement

apparent du compartiment antérieur. Contrairement, suite à la pose correcte d'une prothèse

vaginale, il persiste un certain relâchement de la paroi vaginale antérieure permettant à la

prothèse de se contracter durant la période post-opératoire. Une distance de 2 cm en médial de

l’épine sciatique devrait permettre d’éviter les douleurs du post-opératoire retrouvées dans les

fixations au ligament sacro épineux.

Par ailleurs l’aspect multidisciplinaire de la pathologie devrait s’accompagner de réunion

des différents prestataires pour les cas à problèmes permettant une meilleure approche et une

indication concertée.

C’est en suivant ce modèle et en respectant les recommandations pour éviter les

complications que notre centre réussit à garder des chiffres de complications qui restent au plus

bas de l’éventail des chiffres de la littérature comme le montre le Tableau 6.

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Enfin il est important de relativiser le rapport de la FDA, dont le biais majeur reste le

registre dont le mécanisme reste une déclaration volontaire et non obligatoire des complications,

sans recensement du nombre total d’interventions qui reste inconnu. Par ailleurs la revue de

littérature faite par la FDA a été focalisée à prouver l’inefficacité et le manque de sécurité de la

chirurgie vaginale. Nous comprenons parfaitement le souci du patient que porte la FDA mais

nous ne pouvons ignorer celles conduites par d’autres organismes en réponse à la FDA [28] ou

dans un souci de globalité [35] incluant les données sur les autres types d’interventions à savoir

la promontofixation qui présente exactement les mêmes complications quoique à des taux

moindres pour certaines mais parfois beaucoup plus sérieuses. Ce rapport ne fait qu’accroitre

notre vigilance avec ce type d’interventions et devrait inciter tout chirurgien à déclarer toute

complication associées à la mise en place d’une prothèse en urogynécologie (dispositif médical

implantable) à l’Afssaps.

Conclusion

Au terme de ce travail, il nous parait crédible d’affirmer que la sécurité des patientes

opérées d’une chirurgie vaginale prothétique réparatrice n’est pas reliée à un type spécifique de

chirurgie mais peut être complètement assurée en suivant les bonnes recommandations de la

pratique clinique et chirurgicale, en respectant les bonnes indications, en assurant la formation

des chirurgiens aux bons gestes et aux différentes techniques et en procédant en toute

concertation interdisciplinaire et en accord et consentement d’une patiente bien informée des

différentes alternatives thérapeutiques et des éventuelles complications de cette chirurgie ;

complications qui devraient être déclarées et enregistrées.

L’ultime question qu’on pourrait se poser en relisant ce dernier paragraphe, est qu’il

s’applique à toute intervention chirurgicale. Il nous apparait alors que le problème majeur de la

chirurgie prothétique vaginale est qu’elle a été adoptée en toute méconnaissance et en l’intégrant

à la chirurgie vaginale classique sans en avoir compris les particularités et les spécificités. Il

serait alors judicieux de replacer cette chirurgie au même niveau de compétence que son

équivalent cœlioscopique, à savoir la promontofixation, qui reste une pratique spécialisée et

réservée à des centres de référence capable de gérer tous ses aspects et ses suites.

En réglant ainsi le problème de sécurité, l’optique pourra être de nouveau changée vers

une relance sans ambigüité liée à une sécurité débattue, des essais qui complèteraient les

preuves de son efficacité.

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