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AVS : développement de l’enfant et handicap Page 1 Formation Adultes de l’EPLEFPA de Cahors-Le Montat Développement de l’enfant et handicap 1- L’histoire d’une famille. 1.1- La filiation 1.2- Les handicaps et leurs incidences dans l’équilibre familial 1.3- Incidences sur l’AVS 2- Le Développement de l’enfant. 2.1- L’enfant 2.2- Le développement moteur 2.3- le développement psychique 3- La notion de handicap. 3.1- Définition 3.2- la notion de situation de handicap 3.3- les différentes natures de handicap

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Développement de l’enfant et handicap

1- L’histoire d’une famille.

1.1- La filiation

1.2- Les handicaps et leurs incidences dans l’équilibre familial

1.3- Incidences sur l’AVS

2- Le Développement de l’enfant.

2.1- L’enfant

2.2- Le développement moteur

2.3- le développement psychique

3- La notion de handicap.

3.1- Définition

3.2- la notion de situation de handicap

3.3- les différentes natures de handicap

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1- L’HISTOIRE D’UNE FAMILLE.

1.1- La filiation.

La famille est un ensemble d’individus organisés autour de liens d’alliance, et de filiation entre les

différentes générations. La famille est incluse dans un ensemble social et culturel ; l’héritage qui

en découle est aussi bien génétique, que psychique et culturel.

L’arrivée d’un enfant dans ce groupe permet la perpétuation de la lignée familiale, des gènes et de

l’histoire familiale.

Communément les familles se reconnaissent dans l’enfant « il est comme sa mère, il a le caractère

de son père, les cheveux de la tante, les yeux du grand père… ». Et parce que l’enfant n’est pas en

adéquation avec l’image idéalisée des parents avant sa naissance, l’enfant est reconnu par ses

parents et est alors investit d’une filiation pour avoir sa place au sein de sa famille.

1.2- Les handicaps et leurs incidences dans l’équilibre familial.

Le décalage entre l’image idéalisée de l’enfant et celle que renvoi l’enfant né avec un handicap,

l’excès de différences entre les parents et l’enfant porteur de handicap, plongent la famille dans

un anéantissement. Le handicap vient alors défier les liens de la généalogie et provoque un risque

de rupture dans la filiation.

Le handicap brise la reconnaissance que peuvent avoir les parents de leur enfant, l’écart est trop

grand pour que les parents puissent s’identifier à leur enfant.

A cela, il faut ajouter le fait que l’enfant puisse passer entre la vie et la mort à la naissance,

nécessitant des soins intensifs dès les premières secondes de vie, ne laissant pas la possibilité aux

parents de s’investir psychologiquement de leur enfant.

Ces séparations provoquent un sentiment d’impuissance des parents, d’inefficacité et de

culpabilité.

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1.3- Les incidences sur l’AESH.

Devant le vécu de l’enfant et celui de la famille, une écoute et un échange humble sont de mises.

Chaque changement d’accompagnement, soignant ou enseignant, chaque établissement ordinaire ou

spécialisé, est susceptible de réactiver une déception chez les parents.

Cette répétition d’histoires rappelle l’incapacité constante de l’enfant de pouvoir s’ajuster à

« l’image de l’enfant idéalisé » par ses parents avant la naissance. Il peut donc être difficile de

comprendre le positionnement des parents à l’égard de l’enfant ; positionnement différent du votre

(discours jugeant). Il est donc important pour vous de vous détacher de ces jugements.

Les réactions défensives des parents alternent entre le refus, le déni, la colère ou la dépression ;

il est important de respecter ces sentiments car les parents « font ce qu’ils peuvent ».

La résolution des problématiques des parents ne vous appartiennent pas : ce sont les

accompagnants professionnels du médico-social qui ont cette vocation et y sont habilités par le

travail réalisé autour du projet personnalisé de l’enfant qu’ils ont contracté ensemble.

Il faut donc éviter le désir de réparation, de se missionner pour une réussite scolaire ou une

parfaite intégration sociale de l’enfant dans le groupe scolaire. Il n’y a pas d’obligation de résultat

mais une obligation de mise à disposition des moyens humains et relationnels. L’AESH apporte un

regard neuf sur les problématiques, les envies et les aptitudes de l’enfant.

2- LE DEVELOPPEMENT DE L’ENFANT.

L’idée de développement correspond à la réalité même de l’enfance : l’enfant n’est pas un adulte miniature mais c’est un adulte en devenir.

1. Le développement affectif, social et intellectuel de l’enfant.

L’enfant possède dès la naissance différents outils de communication avec l’adulte et réagit aux stimulations extérieures par différents moyens : regards, sourires, pleurs, expressions faciales puis par le langage.

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1.1. Le développement affectif et social de 0 à 3 ans.

Au départ, l’enfant a une relation fusionnelle et de dépendance à sa mère, mais il va progressivement apprendre à s’en détacher.

• De la naissance à 5 mois, période de symbiose = symbiose avec la mère

• De 6 à 8 mois, période de différenciation = l’enfant se détache de sa mère et comprend qu’il ne fait pas qu’un avec la mère et peut différencier sa mère des autres personnes.

• Vers 18 mois, période d’exploration et d’autonomie = acquisition du NON, détachement à la mère mais acquisition de l’objet transitionnel (doudou) pour le sécuriser. Il rentre en

communication avec l’adulte par des gestes et des mots ; il joue seul mais tient compte de la présence d’autrui.

• A 3 ans, période d’individualisation = il devient un individu à part entière et commence à se socialiser et est capable de jouer avec d’autres enfants.

1.2. Le développement intellectuel de l’enfant de 0 à 12 ans. Théorie de Piaget

• Avant 2 ans, c’est l’intelligence sensori motrice. Au cours des premiers mois, l’enfant n’est

capable d’aucune activité psychique mais uniquement d’activités réflexes. C’est-à-dire que s’établit seulement une liaison entre une perception sensitive et une réponse motrice. Puis vers 6-8mois, est capable d’utiliser ses cris et ses pleurs pour appeler sa mère. Vers 10mois, l’enfant tend un objet ou fait tomber volontairement un jouet pour qu’on le lui ramasse afin de faire participer autrui et donc attirer l’attention d’autrui. A partir de 18 mois, l’enfant rentre dans une phase d’exploration et de découvertes du monde.

• De 2 à 7 ans, c’est l’âge de l’imitation, en particulier dans le jeu, et de la curiosité

(nombreuses questions). L’enfant découvre l’imaginaire et ainsi, bien souvent, il prend plaisir à raconter des mensonges.

• De 7 à 12 ans, c’est l’âge de la pensée concrète. L’enfant discerne le réel de l’imaginaire. C’est aussi l’âge où débute la mémorisation.

• Après 12 ans, la capacité d’abstraction apparait ainsi que l’attention et la mémoire : âge de la pensée logique.

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1.3. Le développement moteur et somatique de l’enfant.

1.3.1. Le développement somatique de l’enfant.

Il s’agit du développement du corps = processus lent de l’organisme dirigé par le système nerveux. Il comprend l’augmentation staturo pondérale, l’évolution dentaire et le développement sensoriel.

● A la naissance, plusieurs examens sont réalisés par le personnel soignant afin d’apprécier le niveau d’adaptation des différents organes à la vie extra utérine car en quelques minutes, le nouveau né doit acquérir une autonomie respiratoire et modifier son système circulatoire. ● Durant les premières années, l’évolution du poids et de la taille est considérable. L’évolution du poids sera en étroite relation avec l’évolution de la taille, et sera influencée par l’alimentation. ● Quant à l’évolution dentaire, elle se déroulera en 2 étapes :

• Les dents de lait de 6 à 36 mois en moyenne. La dentition sera alors composée de 20 dents

• La dentition définitive se met en place à partir de 7 ans. Elle comportera jusqu’à 32 dents.

L’adulte devra donc veiller à la bonne hygiène dentaire de l’enfant : brossage régulier, hygiène alimentaire sans trop d’apports sucrés, mais assurant un apport suffisant en calcium et en fluor, et en assurant des consultations régulières chez le dentiste. ● Les organes des sens sont prêts à fonctionner dès la naissance. Cependant, dans les premiers jours de vie, seront tester l’audition et la vue car une déficience auditive ou visuelle entraînerait

un retard dans le développement de l’enfant.

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1.3.2. Le développement moteur de l’enfant.

Il comprend le développement des postures, le développement de la locomotion et de la préhension, le développement de la latéralisation (dominance de certaines fonctions d’un côté du corps) et

l’acquisition de la propreté. Entre 3 et 6 ans, l’enfant apprend aussi à se repérer dans le temps et dans l’espace. Grâce à son corps l’enfant va apprendre à se situer dans l’espace : devant, derrière, dessus, dessous, dedans, dehors… il saura maîtriser à 5 ans le moment de la journée (matin, après midi, soir) et vers 10 maîtrisera l’heure et sa durée.

1.4. La socialisation de l’enfant.

C’est le processus d’intégration d’un individu ou d’un groupe d’individus à un milieu culturel et social. Il désigne donc la maturation psychique de l’enfant et va permettre à l’enfant de s’ouvrir aux autres mais apprendre aussi qu’il est un individu à part

entière.

• De 0 à 6 mois, période de symbiose avec la mère = dépendance affective, physique et

psychique

• De 6 à 9 mois : détachement progressif de la mère (notamment grâce à l’introduction de l’alimentation mixte) et capacité de différencier la mère des autres personnes

• De 9 à 18 mois, l’enfant commence à se déplacer seul. Il va donc découvrir et débute son autonomie

• De 18 à 36 mois : la famille devient un refuge sécurisant pour l’enfant. C’est aussi le début de la communication avec les autres enfants ; mais c’est une communication non verbale. C’est l’âge de l’imitation parentale et l’imitation aux modèles fraternels..

• Vers 2-3 ans, l’enfant est capable de jouer seul ou en petit groupe. C’est l’âge de l’imitation. • A partir de 6 ans, il est capable de jouer à plusieurs. Le jeu a des règles et c’est l’âge des

premières amitiés. La socialisation se poursuivra tout au long de la vie de l’individu par le biais de nouvelles rencontres (nouveaux camarades de classe, puis de travail) et par le développement intellectuel de l’individu l’ouvrant à d’autres horizons et donc d’autres personnes.

2.1- l’enfant.

L’enfant est un être en structuration psychique et en développement (moteur) qui accède à son

autonomie par le jeu et par ses différents rapports aux limites de ses capacités (physiques ou

psychiques).

Pour qu’il se structure, il est important pour l’enfant qu’il évolue dans un cadre affectif stable,

valorisant et sécurisant. Ce sont ces retours valorisants de l’adulte qui permettent à l’enfant de

mettre du sens dans ses activités.

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2.2- le développement moteur.

Jusqu’à 6 ans, le développement moteur fait partie des préoccupations principales de la vie de

l’enfant. La marche est à peine acquise, qu’il cherche déjà à courir ou à sauter. L’enfant s’entraine

in lassablement afin de progresser. Les expériences sont alors riches, variées et ludiques.

C’est à cette période là (18 mois- 6 ans) que les acquisitions motrices de base s’acquierent :

- La locomotion : marcher, courir, sauter, grimper, rouler, glisser…

- L’équilibre : se tenir sur un pied, marcher sur une poutre…

- La manipulation et la préhension : saisir, agiter, secouer, pousser, tirer…

- Les projections et réception d’objets : lancer et recevoir..

Ces actions seront à la base de tous les gestes de l’individu. La pratique de ces activités permet

alors de connaître et maîtriser les expériences.

Dans un premier temps, ce sont des actions plaisir : jouer, éprouver son pouvoir sur le monde et

les objets qui l’entourent.

Vers 6 ans, les bases psychomotrices acquises, l’enfant les entraine et les expérime en les utilisant

dans le jeu et ses règles. La socialisation peut alors prendre une autre forme : l’enfant découvre,

teste, invente avec les autres enfants, instaurant des valeurs sociales et morales (respcet des

règles, de l’autre).

Vers 10 ans, les gestes sont plus techniques et les pratiques sont plus codifiées ; la compétition

est recherchée. L’habileté, la vitesse, la précision sont en place. L’enfant cherche à être « expert »

dans l’activité, notamment dans le sport.

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Pour l’enfant porteur de handicap :

Les handicaps transforment la motricité, soit parce que les récepteurs sont endommagés ou mal

utilisés :

- Troubles des sens : vue, ouie..

- Troubles de l’attention, de la concentration, de la personnalité

Soit parce que l’appareil locomoteur est dysfonctionnel :

- Troubles du tonus (trop ou pas assez)

- Mouvements involontaires

- Manque d’amplitudes articulaire ou musculaire

- Déficience physique (cardiaque, respiratoire)

Soit parce que le milieu environnemental de l’enfant est mal utilisé ou ne permet pas un rapport à

son environnement :

- Déficience intellectuelle

- Maladie psychiatrique

- Trouble du comportement

- Trouble de l’organisation d’une tâche…

Le handicap vient alors compliquer l’acquisition des bases motrices. Il peut ainsi provoquer un

ralentissement des acquisitions, un coût énergétique suppérieur entrainant une fatigabilité

importante, ou des frustrations / des souffrances importantes.

Le handicap n’empêche pas l’acquisition motrice mais appauvrie les expériences de l’enfant.

L’accompagnement de l’adulte se portera donc sur l’adaptation des expériences au handicap de

l’enfant afin de le valoriser dans ses acquisitions. Cependant, l’adulte veillera à ne pas surprotéger

l’enfant pour ne pas le confronter sans cesse à son handicap. C’est ce juste équilibre qui permettra

les acquisitions de l’enfant à son rythme, et dans la limite de ses capacités.

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2.3- le développement psychique.

Durant la petite enfance, l’individu est dépendant à l’intervention d’un tiers pour répondre à ses

besoins vitaux. Au fure et à mesure, il acquiert le manger seul, le langage, la propreté... et

s’autonomise. Les relations premières sont celles à la mère, puis à sa cellule familiale, puis aux

relations aux autres (école, modes de garde, encadrants…).

Pour l’enfant porteur de handicap :

Comme nous l’avons vu, l’enfant porteur de handicap né dans une cellule familiale qui est en « travail

de deuil »(deuil de l’enfant idéalisé avant sa naissance). Très vite l’enfant se rend donc compte qu’il

n’est pas comme son petit frère ou sa grande sœur ; il constate sa différence. Il faut donc que ses

proches lui fassent une place différente.

L’enfant est donc dépendant de l’adulte pour la réponse à ses besoins vitaux, mais aussi pour pouvoir

adapter sa communication et son environnement à son handicap. La relation à l’autre est donc

déformée par la nécessité d’assistance. L’enfant peut ainsi se retrouver dans la position du bébé

totalement dépendant de sa mère, entrainant pour l’enfant des frustrations supplémentaires :

- Comment faire pour se différencier de l’autre, se sortir de la dépendance à l’autre ?

- La nécessité d’autonomisation qui sous tend à un développement moteur et psychique de

l’enfant qui devient alors une réelle problématique

- L’entourage doit créer un espace où l’enfant est acteur

L’enfant se construit donc dans un cadre de référence particulier, où les adultes (parents,

encadrants professionnels) fixent des interdits et des permissions accessibles à ses capacités.

Les activités nouvelles vont alors lui paraitre impossible, parce qu’elles font peur à l’adulte ou parce

qu’une première expérience s’est mal passée. Il est donc important pour vous de respecter ce cadre

de référence, le domaine du possible pour l’enfant, pour l’amener vers l’apprentissage sans lui faire

violence.

3- LA NOTION DE HANDICAP.

3.1- définition du handicap.

La loi du 11.02.2005 portant sur « l’égalité des droits et des chances » donne une nouvelle

définition du handicap :

« Constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d’activités ou restriction

de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison

d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques,

sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un poly handicap ou d’un trouble de santé

invalidant ».

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Il faut en retenir que le handicap est un manque par rapport à une norme (limitation d’activités ou

restriction de participation à la vie en société) fixé par l’environnement, qu’il soit matériel ou social.

Le handicap serait alors la conséquence entre la rencontre d’une barrière environnementale,

économique ou sociale qui s’impose à la personne parce qu’elle est insurmontable. La place de la

personne porteuse de handicap serait donc différente d’une place ordinaire dans la société…

La loi assimile donc le handicap au manque d’adéquation des possibilités personnelles avec les

exigences de la société.

3.2- la notion de situation de handicap.

Une personne porteuse d’un handicap, donc limitée dans ses fonctions propres, peut ne pas être en

situation de handicap si son environnement vient contrebalancer ses incapacités. Alors la personne

peut espérer avoir une place ordinaire dans la société.

La société et donc chacun d’entre nous pouvons travailler à ce que la personne porteuse de handicap

ne soit pas en situation de handicap.

La nature de l’environnement matériel et humain est un des facteurs externes de la présence ou

non de situation de handicap. Mais des facteurs internes à la personne peuvent provoquer une

situation de handicap (caractéristiques psychiques) et donc être des obstacles à la vie ordinaire.

La situation de handicap nait de ces deux axes : les obstacles et barrières environnementales

extérieures, et la nature psychique de la personne qui peuvent créer des obstacles à sa propre

autonomie (peur de l’échec, dévalorisation, motivation, personnalité).

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Impacts sur l’intervention de l’AESH:

Dans l’accompagnement de l’enfant porteur de handicap, ce qui est primordial c’est de connaitre la

personnalité de l’enfant, d’observer ses aptitudes, ses limites et besoins, afin de lui proposer une

présence efficace et discrète, justement mesurée.

Pour l’enfant porteur de handicap, le manque d’expérimentation représente une difficulté

supplémentaire. Le fait de ne pas avoir accès à l’ensemble des expériences habituelles pour un

enfant du même âge vient également ralentir le développement des désirs de faire, donc d’acquérir

une autonomie physique et psychique.

Votre travail consiste alors à aider l’enfant à devenir un Sujet à part entière (avoir la capacité et

la motivation à exercer un contrôle sur les objets, exercer une influence sur les autres, se

contrôler et agir avec son propre corps).

Ainsi vous l’aiderez à s’identifier grâce à votre regard sur ses aptitudes, et grâce à l’acceptation

et au respect que vous aurez de ses limites.

3.3- les différentes natures de handicap :

L’origine des handicaps peut s’inscrire à différents moments de la vie d’un individu.

- Durant la grossesse, donc avant la naissance (période anténatale), le fœtus peut être

touché par des maladies, des infections, des anomalies génétiques (trisomies,

mucoviscidose, myopathie).

� trisomies : anomalie chromosomique où, au moins une des paires de chromosomes

est un triplet (un des 2 géniteurs fourni alors 2 chromosomes au lieu de 1). La plus

fréquente est la trisomie 21 (syndrome de Down qui touche une naissance sur 800),

mais il existe aussi la trisomie 18 (syndrome d’Edwards), 13 (syndrome de Patau), la

trisomie X qui concerne les chromosomes sexuels…Les trisomies empêchent le

développement normal du cerveau.

� mucoviscidose : maladie génétique, chronique et progressive, qui touche le

chromosome 7, particulièrement la protéine CFTR (responsable de la régulation du

chlore au travers des membranes cellulaires). Son dysfonctionnement entraine une

accumulation du mucus dans les voies respiratoires et digestives.

� myopathie : maladie neuromusculaire entrainant une dégénérescence du tissu

musculaire.

Ces accidents provoquent alors des dysfonctionnements organiques, des malformations physiques

( du corps ou des organes), des fragilités des appareils, des AVC.. chez l’enfant à naître.

- Des accidents traumatiques de la mère durant la grossesse (chutes, accidents de la

circulation, violences..) qui peuvent devenir la cause de lésions irréversibles chez l’enfant.

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- Durant la naissance ou les quelques heures suivants la naissance (période périnatale),

l’enfant peut subir des dommages à cause d’un accouchement difficile (manque

d’oxygénation, infections, AVC…). La prématurité renforce les risques d’atteintes

centrales.

- Et enfin, les handicaps peuvent apparaitre chez tous les individus de manière acquise, tout

au long de la vie (maladie, accident, infections (méningite par exemple)…).

3.3.1- les handicaps moteurs.

La locomotion n’est pas la seule fonction touchée dans le cadre d’un handicap moteur ; peuvent être

altérées :

- L’action sur le monde extérieur : manipulation, préhension, dextérité, maladresse…

- La perception du monde extérieur : mouvements des yeux, de la tête, absence de

perception de la douleur dans le cas de paralysie…

- La communication : parole, élocution, gestes, mimiques, écriture…

- L’alimentation : troubles de la déglutition, fausses routes, troubles de la mastication…

- La respiration : faiblesse des muscles…

- La motricité automatique (inconsciente) : dysfonctionnement des muscles respiratoires ou

des sphincters.

La motricité intervient également dans les fonctions de contrôle : équilibre, coordination des

mouvements, praxie (penser son geste, le contrôler, la préhension, le langage ou l’écrit, les gestes

de la vie quotidienne).

Le handicap moteur concerne 4% de la population française (soit 2.3 millions de personnes) mais

1.5% souffrent d’un handicap moteur isolé : lésions de la moelle, infirmité motrice cérébrale,

myopathie…

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3.3.2- les handicaps sensoriels.

Ils recouvrent les personnes aveugles ou mal voyantes, et les malentendantes et les sourdes.

1.7 millions de personnes souffrent de déficiences visuelles en France, avec 210 000 mal voyants

profonds et 61 000 personnes aveugles. A noter que 60% des déficiences visuelles sont des

personnes de plus de 60 ans.

5.2 millions de personnes souffrent de déficiences auditives en France, dont 300 000

malentendants sévères. Dans 4 cas sur 5, la déficience auditive est couplée à un autre handicap,

moteur le plus souvent.

3.3.3- les sous-groupes des enfants DYS.

Ces enfants sont nombreux dans le milieu scolaire ordinaire et présentent des troubles des

apprentissages scolaires dus à un dysfonctionnement ciblé de différentes compétences telles que :

- Le langage oral : dysphasie = trouble de la communication verbale qui atteint l’expression

et/ou la compréhension. Elle touche 2% des enfants scolarisés.

- L’apprentissage de la lecture : dyslexie = trouble de l’apprentissage de la lecture liée à une

difficulté à identifier une lettre, une syllabe ou un mot. La dyslexie entraine régulièrement

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des troubles de l’acquisition de l’orthographe : dysorthographie. La dyslexie toucherait 5

à 15% des enfants scolarisés.

- L’apprentissage des mathématiques avec des troubles de la construction du nombre, du

raisonnement ou de la logique : dyscalculie. Elle touche 3.5 à 7% des enfants scolarisés.

- L’organisation et la coordination des gestes volontaires (marche, faire du vélo, nage, jeux,

couper de la viande…) : dyspraxie. Elle toucherait 3 à 6% des enfants mais est peu

diagnostiquée.

- L’apprentissage de l’écriture et du graphisme : dysgraphie.

Souvent les troubles DYS sont associés : dysgraphie et dyslexie par exemple

3.3.4- les handicaps intellectuels.

Ils touchent 1 à 3% de la population (plus les garçons que les filles), caractérisé par une

insuffisance des capacités cognitives (apprentissage, concentration, mémorisation). Le handicap

intellectuel est diagnositqué par un quotient intellectuel (QI) inférieur à 70 (en France, une

moyenne de 100 de QI avec 50% de la population entre 85 et 115). Le handicap mental touche

700 000 personnes en France.

Le handicap peut être primaire (exemple de la trisomie 21) ou acquis par conséquence d’un autre

handicap (manque de stimulation, troubles de la communication, épilepsies, maladie dégénérative…)

On parle de retard mental léger (peu diagnostiqué) avec un QI compris entre 69 et 50, retard

mental modéré entre 49 et 35, et retard profond en dessous de 35.

Les causes peuvent être multiples : anomalies chromosomiques, maladies génétiques, syndrome

d’alcoolisme fœtal, rubéole durant la grossesse, manque d’osygénation, malnutrition…

3.3.5- le poly-handicap.

Il correspond à l’association de déficiences motrices et intellectuelles sévères associées

éventuellement à d’autres déficiences, entrainant une restriction de l’autonomie.

Liés à des maladies affectant le fœtus ou l’embryon, ou une grande prématurité ayant provoquée

des atteintes cérébrales sévères. Ces enfants bénéficient d’un accompagnement adapté tout au

long de leur vie et ne profitent pas d’une scolarité en milieu ordinaire.

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3.3.6- les maladies mentales.

Elles regroupent :

� Les nevroses : troubles obsessionnels et compulsifs, phobiques et anxieux post-

traumatiques, l’hystérie

� Les psychoses : schyzophrénie, troubles bi-polaires, troubles délirants avec

hallucinations

Elles perturbent la pensée, les sentiements et le comportement de la personne de manière à rendre

son intégration sociale quasi impossible.

Elles relèvent de la psychiatrie et leurs symptômes sont variés :

- Conduite asociale et perturbations des relations

- Troubles de l’humeur

- Altération de la personnalité

- Troubles perceptuels et cognitifs, hallucinations

- Altération de la perception du réel

3.3.7- les maladies génétiques avec ou sans évolutions.

Elles sont dues à un défaut de fonctionnement ou une anomalie d’un gène ; elles sont hérédiaires

donc transmises à l’enfant par ses parents.

Exemple des leucodystrophies : démyélénisation du système nerveux aboutissant à une sclérose

cérébrale.

3.3.8- les maladies chroniques provoquant des déficiences générales.

Pathologies cardiaques, respiratoires, circulatoires, viscérales… qui provoquent une intoxication

progressive de l’organsime.