eBook 1438646938 l Ange de Mes Reves v1

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  • L'ange de mes rves

    Auteur : kvin iacobellisCatgorie : Romans / Nouvelles

    Date de publication originale : 2013

    J'ai appris vivre sans voir le monde qui m'entoure. Chaque jour, je suisdans le noir et je mne un combat pour donner un sens ma vie. C'est dansla danse que je retrouve un peu de plaisir, un peu de motivation qui medonne l'envie de sourire. Un jour, je dcide de partir la rencontre d'unejeune chanteuse que j'applaudis quand je danse. Ma vie bascule lorsquej'apprends que cet artiste est ma fille et que peut-tre, je vais retrouver lavue...

    Licence : Licence public gnrale GNU (GNU-GPL)

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  • l'ange de mes rves

    Kvin iacobellis

    L'ange de mes rves

    Couverture ralise par Jol Sorriaux

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  • La crativit explique la connaissance...PrfaceTous les jours, nous pensons une vie meilleure. Nous rvons d'un mondeparfait, un monde o il n'y aurait pas de problmes, un monde o il n'yaurait aucune pression sociale, un monde paisible. Nous avons besoin denous sentir en scurit, parce que nous cherchons rire. Nous vitons latristesse, parce que nous avons besoin de penser aux bons moments denotre vie. Au travail, nous pensons nos jours de cong. A la maison, nouspensons nos prochaines vacances. En vacances, nous ne voulons pasrevenir. Quelque part, nous sommes tous les mmes. Nous avons des avisqui diffrent, nos raisonnements se contredisent parfois, mais nous avonscertaines valeurs semblables. Certains pensent se marier, d'autresenvisagent le concubinage. Les plus heureux ne pensent pas demain etles plus malheureux cherchent toujours s'en aller. Il n'y a pas de justemilieu, nous sommes juste des personnes avec des sentiments. Noussommes tristes ou nous sommes heureux, mais trs rarement les deux.Pourtant, c'est ce qui arrive parfois. Il y a des personnes malheureuses quisourient constamment et il y a des personnes souriantes qui vivent unenfer. C'est ainsi que va la vie, parce que nous connaissons une bonnepartie des gens superficiellement. Nous avons peur de certains, alors qu'ilsne feraient rien. Nous avons confiance en d'autres, alors qu'ils nouspoignarderaient comme des animaux. La trahison, c'est ce que nousressentons parfois. Notre vie est trace de difficults, parfois nousaffrontons, parfois nous fuyons. C'est souvent la vrit qui nous remet enquestion, elle nous pousse faire des choix, parce que nous cherchons lemeilleur de nous-mmes, mais aussi parce que nous essayons de prouveraux autres nos valeurs. Nous justifions constamment nos actes aux autres,comme si nous tions surveills, comme si nous avions besoin d'expliqueraux autres nos habitudes. C'est devenu une obligation de dballer notre viele plus rapidement possible, pour montrer nos plaisirs, pour prouver qu'ona une vie. Mais finalement, qu'est-ce que cela nous apporte ? Qu'est-ce quinous pousse faire comme l 'autre ? A agir de la mme faon, consommer autant que lui ? Qu'est-ce qui fait de l'homme un individu

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  • jaloux et rong par l'envie d'avoir davantage que son voisin ? Qu'est-ce quirend l'homme violent et goste ? Pourquoi a-t-il besoin de se montrer auxautres, de se venter ? Peut-tre que simplement, l'homme n'arrive pas secacher, parce qu'il voit dans quel monde il vit...

    Chapitre 1 : Droit devant J'aimerais parfois voir les gens autour de moi. J'entends tout le mondeparler, mais je ne sais pas qui dit quoi. Je sais qu'il y a constamment desremarques sur moi, mais je n'y prte presque plus attention. Sans levouloir, je suis le centre d'attention de la plupart des gens. Je n'ai pasbesoin de me sentir comme le centre du monde, je le suis, parce que je visdans un autre monde. Je n'ai pas de problme mental, je n'ai aucun retard,mais je ne suis pas exactement comme les autres. C'est ainsi depuis que jesuis venu au monde, je suis n avec ce problme et je le possde encoreaujourd'hui. Pendant de nombreuses annes, surtout durant mon enfance,j'tais trs enferm sur moi-mme. J'tais mal dans ma peau et je vivaistrs mal mon problme. Les professeurs me disaient qu'il tait pluttpsychologique, mais je ne suis toujours pas d'accord avec eux. J'ai toujoursconsidr que les avis des gens taient insuffisants, qu'ils ne pouvaient pascomprendre ce que je ressentais. Je ragissais souvent trs mal et j'aioccasionn de nombreuses crises. Mes parents se sont toujours bienoccups de moi, mme si je n'tais pas facile duquer. Je ne serais pas enmesure d'lever un fils comme je l'tais, parce que ce serait trop dur pourmoi. A l'cole, je vivais un vritable enfer. Les enfants se moquaient demoi, parce que j'tais diffrent et que je ne voulais pas jouer avec eux. Lesducateurs parlaient dans mon dos, mais j'avais aussi ce don de pouvoirentendre d'assez loin. Les mdecins qui m'encadraient l'poque disaientque les sons qui parvenaient mon cerveau n'taient pas traits de la mmemanire. J'avais une sorte de talent dans l'identification de chaque stimulussonore. Je sparais les bandes aussi prcisment qu'un logiciel et jeparvenais interprter chacune d'entre elles malgr la symphonie. Je suistoujours capable de faire cela, mais une chelle moins grande prsent.Mes relations familiales se sont toujours bien passes, mais les difficultsscolaires taient bien suffisantes. A l'cole, les enfants taient vraimenthorribles avec moi. J'tais le bouc-missaire de la classe et tout le monde

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  • s'opposait mes ides. J'tais le petit ringard du groupe et on me montraittoujours du doigt, mais cela, je ne le voyais mme pas. J'tais beaucouptrop naf pour comprendre. Je me disais que les gens seraient gentils avecmoi, mais je me trompais chaque fois. On ne me considrait mme pas,j'tais juste le bon gamin qui servait de ballon aux autres. On jouaitconstamment avec moi et le pire, c'est que je ne me dfendais pas. A vraidire, cela n'a pas chang. Je suis toujours rest passif et j'a toujours prfrme taire plutt que de me battre contre des abrutis comme a. Il n'est pasrare qu'on rigole de moi juste en face, mais aujourd'hui, je m'en fichecompltement. Je n'ai plus peur d'entendre les gens dire du mal de moi. Lavrit, c'est que je suis quelqu'un de courageux et que j'tais dj commecela tant plus jeune. J'tais un jeune gamin perturb, cause de ce que jevivais au jour le jour, mais je n'tais pas agressif. J'ai toujours eu beaucoupde maturit, sans doute parce que "ma maladie" faisait de moi quelqu'un deplus honorable. Je gardais la tte sur les paules et je n'ai jamais faitl'erreur de rpondre celui qui rigolait de moi. Je ne me suis jamais rduitau niveau d'un imbcile qui me jugeait sans me connatre. Non, je ne melaissais pas entraner dans un combat que je n'aurais de toute faon pasgagn. Je n'tais pas en mesure de me battre, parce que mon problmem'empchait de faire face la violence des gens.Mon enfance, et mme mon adolescence, furent toujours difficiles. Cela,parce que je n'avais pas la mme vision du monde. Les autres ne mecomprenaient pas, j'tais toujours seul dans mon combat. Mme les fillesse moquaient de moi, parce que je n'tais pas un beau garon. Lorsquej'coutais les conversations sur moi, je me rendais compte que je n'avaisrien pour moi. Je ne pouvais pas sduire une fille, je ne parvenais pas m'intgrer dans un groupe de jeunes et j'tais toujours mis sur le ct dansles activits sportives et parascolaires. Les gens ne me respectaient pas etc'est encore souvent le cas. On parle de moi comme d'un dpressif ouencore d'un tre humain triste et inutile la socit. Cependant, je n'ai paspeur de vivre comme a, tel que je le suis aujourd'hui. Avec le temps, jesuis parvenu grandir avec mon problme. Je n'ai jamais solutionn cettemaladie, mais j'ai appris vivre au mieux avec elle. Mon cur est devenuplus grand, parce que j'ai ouvert les yeux avec l'ge. Je n'entendais plus lesmoqueries de la mme manire. Je ne ressentais plus aucune douleur,

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  • malgr les mchancets qu'on pouvait dire sur moi. Je n'tais pasresponsable de ce qu'il m'tait arriv. J'tais l'innocent dans une histoiremlancolique et sans solution. L'tape de ma vie qui tait la plus difficile,c'tait d'apprendre contrler mes motions. C'tait vraiment trs difficile,car beaucoup de gens ne mritaient pas que je garde mon sang-froid. J'aicraqu plusieurs fois, mais je ne suis jamais devenu violent. J'avais parfoisbesoin de rpondre, de me dfendre et de me servir de ma maladie pourmettre mal l'aise les gens. Ma situation est dplorable, j'en suis conscient,mais c'est ainsi et je fais du mieux que je peux avec mes problmes. Je nesuis pas l'exemple suivre, mais j'ai aussi quelques qualits. Malgr montat, je mne une vie assez normale. Je ne suis pas le genre de gars rlerconstamment, mais je ne suis pas facile vivre. Je suis seul depuis denombreuses annes. Il fut un temps o j'tais mari une femme qui esttombe enceinte de moi, mais qui est partie peu de temps aprs avoiraccouch. Je n'ai jamais rencontr mon enfant et je n'ai plus aucunenouvelle de mon ex-femme. A vrai dire, ce n'est pas vraiment monex-femme, car nous avons vcu en concubinage. Il n'y a pas eu de mariage,mais bien une sparation avec un enfant charge. Au vu de mon tat, jen'ai pas eu droit la garde et je ne sais pas ce qu'elles sont devenues. Monex-femme et ma fille sont des fantmes mes yeux. Je vis seul dans unappartement peu luxueux. Il est assez simple, mais je m'y sens plutt biendedans. Je n'ai pas de travail et je reois frquemment des aides. Je n'aijamais eu un emploi stable, mais j'ai de graves difficults pour travailler, cequi explique pourquoi je sois toujours sous assistance. J'ai toujours rv devoir le monde avec le visage d'une personne normale. J'ai toujours eu enviede savoir comment les autres personnes pouvaient voir le monde qui lesentoure. Je suis curieux, je suis jaloux de cette vision du monde que je n'aipas. Je ne suis pas comme une autre personne, parce que je n'ai pas droit la vue. Je suis n comme cela, je ne vois pas depuis que je suis petit. Je mesuis habitu l'absence de mes yeux depuis mon plus jeune ge. C'estpourquoi, j'ai dvelopp d'autres sens comme l'oue et le toucher. Je suisdevenu plus dou qu'un autre en utilisant ces deux sens, pour compenserl'absence de ma vue. Certains disent que je suis handicap, mais ce n'estpas exactement le cas. Je suis simplement aveugle et je considre cela defaon diffrente qu'un handicap. Je n'ai pas peur de me montrer, ni sur le

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  • plan physique, ni sur le plan psychologique. Finalement, je ne suis pasdiffrent de celui qui a un cancer. J'ai aussi une maladie, sauf qu'elletouche mes yeux.Lorsque j'tais plus jeune, je n'tais pas encore l'aise avec ma maladie, lesautres se moquaient de moi et cela me blessait. J'tais naf, parce que je neme dfendais pas, je me repliais sur moi-mme. Je n'utilisais pas cetteforce qui faisait ma diffrence pour me dfendre, mais je laissais les autresm'atteindre. A plusieurs reprises, je me suis mis pleurer. Ma douleur taitparfois si intense que je ne parvenais pas l'expliquer. Mon cur s'estbris plusieurs fois et j'ai rencontr des gens qui prenaient plaisir medtruire. Je n'ai jamais rien fait de mal et je ne me suis jamais dfendu,parce que je ne voulais pas me rduire au mme niveau que ces gens-l. Jesuis aveugle et je ne suis pas comme eux. Je ne suis pas malheureux telpoint de devoir me moquer. C'est d'ailleurs grce ma maladie que j'aiappris connatre les gens. Je n'ai jamais eu de meilleur ami, ni mme devritable ami. J'ai pass mon enfance seul regarder les autres s'amuser,les voir rigoler, pendant que je restais tout seul la rcr. Je n'tais pasvraiment triste, parce que j'avais une incroyable passion. J'ai fait denombreuses choses dans ma vie, commencer par la course pied. Dsmon jeune ge, je me suis trouv un talent pour courir. J'allais deux foisplus vite que les autres et cela, sans voir le chemin. Etrangement, je n'avaispas besoin d'tre guid, je pouvais courir sans me casser la figure. Je nesuis jamais parvenu comprendre comment je parvenais faire cela, maisj'y arrivais. Etant plus jeune, je courais tous les jours. Une fois que l'coletait termine, lorsque mes devoirs taient finis, j'allais courir. Je courais leplus longtemps que je pouvais, sans m'arrter, sans devoir me mettre desbarrires. Je courais, parce que j'avais besoin de le faire, parce que je mesentais heureux avant, pendant et mme aprs, lorsque je sentais lesendorphines et les morphines se propager dans mon corps. Je ne ressentaisplus aucun stress, je n'avais plus peur de ma maladie. C'tait d'ailleurs l'unedes faons qui m'a permis d'avancer et d'accepter ma situation. J'ai grandiavec le fait d'tre aveugle, c'est ce qui m'a permis de vivre comme unepersonne normale. Je ne pouvais pas voir la diffrence, mais je parvenais l'imaginer. Je me demandais ce que c'tait de pouvoir voir, mais jem'arrtais l. Je n'tais pas capable de comprendre, car je ne l'avais jamais

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  • ressenti. Je pouvais simplement en parler aux autres, ma famille ouencore mes professeurs, mais c'est tout ce que je pouvais faire.Dans ma triste vie, il y avait une personne sur qui je pouvais toujourscompter, c'tait Isabelle. Elle tait dans la mme classe que moi, lorsquej'tais petit et elle venait toujours me parler. Elle s'intressait beaucoup moi et elle me touchait souvent. Isabelle me chuchotait tout le temps desmots d'amour l'oreille, parce qu'elle tait folle de moi, de ma maladie.Elle disait qu'elle pouvait voir ma beaut intrieure, celle que peu de gensarrivaient voir. Elle me disait que j'tais le plus beau garon de la classe,mais que je ne pouvais pas le savoir, car je ne pouvais pas me voir. C'estvrai, c'tait un vritable problme, mais je ne m'tais jamais vu. J'essayaisde me regarder dans le miroir, mais je ne voyais rien. Je vivais dans le noir,c'tait toujours sombre. Parfois, je pouvais apercevoir des tincelles, maisce n'tait jamais prcis. Je n'ai jamais vu une maison, une voiture, un chat,un oiseau, ni mme Isabelle cette poque. Mais Isabelle, elle me dcrivaittout. Elle passait son temps me parler de l'environnement, de ce qu'il yavait autour de moi. Isabelle tait trs prcise, elle me dcrivait tellementbien ce qui se trouvait autour de moi que je pouvais imaginer commentmon monde tait fait. Un jour, avec Isabelle, je me suis mis dessiner.J'avais besoin de librer ce que je ressentais autour de moi et je l'ai fait endessinant. Isabelle me disait que j'tais un vritable artiste, que mes dessinsvalaient de l'or. Cependant, je ne les ai jamais exploits, j'ai prfr tout luidonner. A chaque fois que je dessinais, je donnais mes travaux Isabelle.C'tait trs trange, mais je pouvais sentir son sourire, je pouvais letoucher. Je n'avais pas besoin de la voir, je savais qu'elle tait belle. Soncur tait en or, son corps n'tait que futile mes yeux, car je ne le voyaispas. Je n'ai jamais demand Isabelle de se dcrire, car je percevais soncorps. Je parvenais imaginer son poids et sa taille simplement en latouchant. Aussi surprenant que cela puisse paratre, j'aurais choisi Isabellesi je n'tais pas aveugle, car elle tait parfaite. J'ai souvent parl demariage, d'enfants et du sens de la vie avec elle, Isabelle tait maconfidente et ma seule amie. D'autres personnes sont venues vers moi,mais Isabelle tait diffrente. Elle ne me posait pas de questions morbides,elle ne s'intressait pas mes dfauts, mais plutt mes qualits. Ellecherchait le meilleur en moi, ce qu'on ne pouvait pas voir en me regardant.

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  • Isabelle disait que j'avais l'esprit d'un grand, parce que j'tais ouvert et quemes peines n'existaient pas vraiment. C'est elle qui m'avait appris medplacer sans ma canne.J'avais l'habitude d'avoir un bton pour retrouver mon chemin aprs l'cole.Mais Isabelle avait voulu m'apprendre marcher sans ce petit bton, ellevoulait que je me dbrouille. Elle me donnait des leons pour amliorermon quilibre sans ma vue. Elle s'impliquait beaucoup, elle voulait que jeprogresse et elle m'apprenait beaucoup de techniques pour ne pas mecasser la figure sur le chemin. C'tait trs particulier, parce que j'avaisparfois l'impression qu'elle tait aveugle aussi. Elle matrisait toutes cestechniques, parce que sa grand-mre ne voyait plus. C'est grce sa mamychrie qu'elle pouvait m'apprendre me dbrouiller sans canne, parcequ'Isabelle avait dj pratiqu sur sa grand-mre. J'tais pat de voirqu'elle ne se limitait pas qu' l'apparence. Isabelle avait un cur en or, jel'avais ressenti ds le dbut. J'ai pris beaucoup de plaisir avec elle, j'aipass beaucoup de temps ses cts, parce qu'elle venait toujours versmoi. A l 'poque, les autres enfants avaient peur de moi et ils nes'approchaient pas, c'tait une exclusivit de voir Isabelle. Elle n'avaitaucune peur, elle m'avait mme embrass. J'entendais souvent dire quec'tait la plus jolie fille de la classe et trangement, elle se focalisait surmoi. J'tais un point d'attache ses yeux, je pense qu'elle retrouvait un peude sa mamy en moi. Je ne savais pas si je devais bien le prendre ou si jedevais me sentir comme un vieux, mais je ne m'tais pas nerv, carj'apprciais sa prsence. Je n'avais qu'Isabelle comme amie, je ne pouvaispas la rejeter. C'tait aussi une personne de confiance et je n'avais pasenvie de m'loigner d'elle.Isabelle tait parvenue me faire avancer, mais j'avais encore denombreuses limites. Aujourd'hui, je n'ose toujours pas me dplacer sansprvenir quelqu'un. J'ai du mal entreprendre des activits de faonindpendante, car j'ai toujours peur de tomber. Lorsque j'tais gamin, j'taistomb dans un trou et je n'en suis sorti que 20 heures plus tard. J'ai gardun trs mauvais souvenir de cette balade en solitaire. Je suis plus prudent prsent. Mon problme visuel m'a pos beaucoup de difficults. Je ne mesuis jamais mari, mme si quelques filles m'ont aim, j'ai pass ma vie ensolitaire, sans enfant et tranquillement. Je n'ai jamais connu la pression

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  • sociale, ni celle de la vie professionnelle en fait. J'ai grandi dans latristesse, car j'ai toujours rv de retrouver la vue. J'ai tent diversesoprations, mais cela n'a jamais march. Ma situation tait trop grave, onne pouvait plus rien faire pour moi. La technologie a toujours avanc trsvite, mais ma situation tait trs dlicate. Les dcouvertes n'taient pasassez rapides pour me venir en aide rapidement. Les scientifiques n'ontjamais trouv le moyen parfait de rsoudre mon problme visuel, mais il yavait quelque chose faire.A l'poque, je ne me posais pas encore cette question, celle de savoir s'ilexistait un moyen pour que je retrouve la vue. J'tais jeune et Isabellerestait souvent avec moi. Elle me parlait souvent de ses problmes, commesi j'tais sa meilleure amie. Elle me parlait comme une fille, parce qu'ellesavait que je n'tais pas un garon comme les autres. La plus belle chosequ'Isabelle avait faite pour moi, c'tait de m'apprendre mmoriser lesparcours. Je parvenais revenir sur mes pas, sans devoir toucher monenvironnement. Je percevais les sons et j'arrivais m'orienter de cettefaon. Lorsque je dessinais, je retraais aussi des chemins, cela mepermettait de mmoriser le parcours que je devais faire. Mon sens del'orientation devenait incroyable au bout d'un certain temps. Je sentais queje pouvais facilement me dplacer dans mon quartier. Je pouvais mmedterminer les heures, parce que j'avais retenu certaines habitudes. L'heure laquelle le marchand de journaux venait ouvrir sa boutique prs de chezmoi ou encore le marchand de glace qui passait 16 heures. Je pouvaisretenir les lieux et les heures. Mes capacits de mmorisation semblaienttre suprieures la moyenne, mes professeurs me le disaient souvent. Jene retenais pas de la mme faon et je n'avais pas recours des moyensmnmotechniques pour connatre un cours. J'coutais et je retenais.Quelque part, ce n'tait pas plus mal dans ma situation, car je ne pouvaispas lire. Je n'avais pas la possibilit d'ouvrir un bouquin, de profiter desimages et des lignes. J'avais seulement le droit d'entendre les paroles, maisc'tait suffisant pour retenir l'information. A cause de mon problme devue, je devais me concentrer sur mes autres sens. C'est comme si je n'avaispas d'autre choix, je devais amliorer mes autres sens pour cacher mondfaut. C'tait aussi une faon de dtourner le regard des gens, pour viterqu'ils ne se focalisent sur mon problme de vue. Je me forais accrotre

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  • mes autres sens, pour devenir quelqu'un d'exceptionnel. Je ne voulais pasqu'on se limite "mon handicap". Le temps m'a permis de me concentrersur diffrentes choses de la vie. Lorsque je suis devenu un peu plus g, j'aiappris m'ouvrir plus facilement. Je me suis dcouvert une passion pour ladanse, mais j'avais perdu Isabelle. Elle tait partie pour un stage l'tranger et elle n'tait plus jamais revenue, elle avait trouv son bonheurdans un autre pays. Moi, j'tais rest l, toujours au mme endroit. J'aipass mon adolescence en absence d'Isabelle, mais je n'ai jamais oubli sesleons. Je suis devenu diffrent aprs son dpart, je m'approchais des genspour discuter. Je pouvais m'intgrer plus aisment et c'est ainsi que jem'tais un jour, mis faire de la danse.Je n'avais pas 20 ans quand j'ai commenc faire de la danse, j'approchaisla quarantaine. Je n'tais plus aussi souple qu'avant, mais je vivais mieuxavec mon problme de vue. Je me sentais l'aise lors des cours de danse,car je bougeais tout seul. J'tais plutt dou entendre les autres,probablement parce que j'avais l'oreille musicale et que je suivais un bonrythme. Cela me semblait trs simple quand je bougeais, la musiquem'entrainait, simplement. Il est vrai que j'enchainais mes pas de danse etque la faon de me dplacer devait en surprendre plus d'un, mais je ne mesentais pas incroyable en bougeant. Cependant, je ne me voyais pas et je nepouvais pas juger de ma qualit de danseur. Il est clair que je prenaisbeaucoup de plaisir bouger et que j'en prends toujours d'ailleurs. Parcontre, je ne sais pas du tout chanter. J'ai essay plusieurs reprises,notamment lorsque je dansais. J'ai la voix d'une casserole, c'est abominablede m'entendre chanter. Autant je suis dou pour danser, autant je ne suispas capable de suivre les paroles d'une chanson. J'ai toujours t embtavec cela, car je librais plus facilement mes motions en chantant qu'endansant. Par consquent, il m'arrivait souvent de chanter lorsque jebougeais. Avec le temps, j'ai trouv le moyen de chanter tout en dansant, jene faisais que murmurer la symphonie pour bouger. Je n'avais peut-tre pasle talent d'un chanteur, mais je pouvais reconnatre les bonnes musiques.C'est ainsi que je suis devenu un excellent danseur, en bougeant sur lesbonnes musiques, celles qui me correspondaient. Je sentais que certainesmusiques provoquaient des effets motionnels trs intenses, cela mepermettait de bouger d'une faon diffrente, de faire de moi un danseur

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  • hors du commun. C'est prcisment l que je ressens mon potentiel, que jeme sens fort, quand je danse sur une musique qui change mes motions,sur une chanson qui me procure simplement de la joie. Je suis excellent surces musiques, parce que j'ai appris contrler mes motions et lescatalyser dans mes mouvements. C'est en ralit mes peurs qui se trouventdans mes gestes, c'est probablement pour cela que je suis extrmementbon. En vrit, je ne rflchis pas, je laisse faire mes pas et j'coute lamusique qui emporte mon cur et par la mme occasion, mon corps. Jen'ai jamais vritablement appris danser, je savais le faire avant mme decommencer. Je n'avais pas besoin d'explications, ni mme d'un modlepour savoir comment me dplacer. C'est moi qui inventais lesmouvements, je parvenais sentir le geste de mes pieds lorsque la musiquecommenait. Je n'ai jamais russi expliquer ce talent que j'avais auxautres, parce que c'tait en moi, cela faisait partie de moi et je ne pouvaispas le partager, je pouvais juste le montrer. Il n'y avait pas de logique, iln'y avait pas de cours suivre, je faisais ce que mon cur me demandait etc'est comme a que je suis devenu le meilleur, parce que je n'imitais pas,parce que je ne recopiais pas, mais bien parce que j'inventais, parce quej'innovais autour de moi et cela, sans mme voir. Je n'avais pas besoin dema vue pour couter, les sons taient largement suffisants pour me donnerun rythme mes mouvements. La danse, c'tait toujours ce qu'il y avait demieux en moi, mais je n'ai pas fait que a. Ma passion pour la musique m'apouss plus loin, beaucoup plus loin.

    Chapitre 2 : Une lumire dans l'obscurit Pendant longtemps, j'ai cherch faire d'autres activits que la danse et lamusique, mais je n'ai jamais rien trouv d'aussi bien. Il n'y a pas beaucoupde sports appropris pour les personnes aveugles, ni de passion d'ailleurs.Je ne pouvais pas jouer au football sans voir le ballon, au tennis sans lcherla raquette, ni mme au vlo, parce que je ne pouvais pas me mettredessus. J'ai toujours apprci les odeurs des fleurs, mais je ne pouvais pasles voir et je n'arrivais pas en profiter comme les autres. J'ai abandonnbeaucoup de choses dans la vie, mais jamais la danse. J'ai eu le plaisird'adopter un chien, parce que je m'ennuyais une poque. J'avais besoind'une compagnie simple et j'ai opt pour un petit chien. J'avais un petit

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  • Jack Russell, il tait vraiment beau. Enfin, c'est ce que le vendeur m'avaitdit. Il n'aboyait pas souvent et il venait se balader avec moi. Par contre, ilne retenait aucun chemin. C'est moi qui devais le guider, sinon, il taitperdu. Ce n'tait clairement pas le compagnon idal pour me retrouverlorsque je me perdais. En revanche, il tait trs affectif. Il me suivait bienet il n'tait pas agressif. J'ai gard Franky pendant neuf ans, il est mort lasuite d'un accident de voiture. Un vhicule l'a percut et il est mortquelques minutes aprs le crash. Depuis Franky, je n'ai plus jamais adoptun chien. Je n'avais plus le cur recommencer, parce que je ne savais detoute faon pas correctement m'en occuper. Franky ne m'a pas seulementapport de la joie et de la bonne humeur, il m'a permis d'amliorer monquilibre et mes capacits physiques. J'allais souvent courir avec lui pourme vider l'esprit et au fil des annes, je suis devenu assez sportif. Frankym'avait prouv qu'il y avait un sport qui tait fait pour moi, la course pied. Le problme, c'est que je n'ai jamais vraiment aim ce sport. De plus,lorsque j'ai perdu Franky, je n'avais mme plus le courage de courir unefois par semaine, j'ai perdu un peu got la vie quand Franky est parti.Isabelle m'avait montr le bon chemin pour me dbarrasser de ma canne etFranky m'avait libr de mes objets pour me dplacer. Je pouvais bougerprs de chez moi sans me cogner. Il est clair que j'tais vraiment content desavoir le faire. J'avais aussi un meilleur quilibre, parce que je faisaisquelques sances de yoga avec mon petit chien. A ct de ma vie avecFranky, je faisais toujours de la danse. Juste aprs le dcs de mon petitchien, j'ai fait quelque chose d'incroyable. J'y pensais depuis quelquetemps, mais je ne pouvais pas le faire cause de mon animal decompagnie, je ne pouvais pas l'emmener avec moi. J'avais envie de partir la rencontre d'une chanteuse. Il est vrai que j'coutais et que j'apprciais denombreuses musiques cette poque, mais il y avait une chanteuse qui metouchait plus particulirement. C'est comme si elle connaissait monhistoire, ses paroles entraient dans mon petit cur et me rchauffaient lesang. Cette jeune demoiselle au talent prometteur n'tait pas encore trsconnue quand je suis parti sa rencontre, mais sa voix tait exceptionnelle.Je me sentais oblig de la voir, parce que mon niveau de danse tait le pluslev grce ses chansons. La relation entre mes mouvements et sesparoles tait parfaite, j'avais besoin de connatre la personne, il y avait une

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  • union psychologique que je ne pouvais pas nier. Je ressentais la tristessedans ses paroles lorsque je dansais, cette splendide artiste me touchait siprofondment qu' plusieurs reprises, j'ai pleur. J'ai eu besoin de librermes motions autrement que par la danse, c'est ce qui m'a d'ailleurs pouss la retrouver. Mon empathie pour elle tait tellement importante que jesuis parvenu verser des larmes au mme titre qu'elle l'avait fait lorsqu'elleavait publi pour la premire fois sa chanson. Les paroles valent toujoursde l'or, parce qu'elle parle d'une histoire vcue, parce qu'elle libre cequ'elle a sur son cur.

    Un jour, lorsque l'envie tait trop forte et que Franky n'tait plus l pourm'empcher de partir, je suis sorti de chez moi et je suis parti la rencontrede cette jeune fille, dans l'espoir d'avoir un retour positif de sa part.Personne ne pouvait m'empcher de discuter avec celle qui avait changmon niveau de danse. C'est grce sa voix que je suis devenu encore plusdou. Mes mouvements sont trs prcis lorsqu'elle chante, je donnevraiment le meilleur de moi-mme. Quand j'ai entendu les gens qui meregardaient pleurer, je n'tais pas tonn. Je suis trs difficile avecmoi-mme, je ne me donne pas facilement des points lorsque jem'auto-value, mais je me serais donn un maximum le jour o j'ai danssur la plus belle musique de cette jeune fille. Cette musique s'intitule"Priv d'amour". Elle est magnifique, tant au niveau des paroles que de lasymphonie. C'est un vritable chef-d'uvre selon moi, mais peu de genss'en aperoivent. Les paroles sont bien penses et je me retrouve dans sachanson trs souvent. Je prends plaisir couter ses paroles, parce qu'ellessont rflchies. Ce plaisir m'a pouss retrouver la jeune demoiselle. Jesuis parti l'aventure, malgr mon grave dficit visuel, parce que je devaisrencontrer cette artiste qui surpassait de loin tous les autres.Mon voyage tait extrmement long, mais j'ai fini par la trouver. J'aicherch durant plusieurs semaines, parce qu'elle n'tait pas facile localiser et parce que je n'avais pas la vue pour m'aider. Je m'taisdbrouill pour arriver jusqu' sa maison. Lorsque j'tais devant chez elle,je n'osais pas entrer. J'tais parti avec l'ide de parler avec cette artiste et jen'avais pas l'intention de repartir bredouille. Mes recherches se sontavres tre fructueuses, parce que j'tais parvenu la voir, j'tais entr

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  • dans la maison. J'ai discut avec Celia, l'artiste en question, durant denombreuses heures. Etrangement, elle ne m'avait pas rejet. Je m'attendais devoir me battre pour pouvoir lui parler, mais les gardes m'ont permis dem'approcher. J'ai eu l'honneur de discuter avec Celia en face face, mmesi je ne pouvais pas la voir. Sa voix tait trs belle, aussi captivante quedans ses musiques. Elle tat la fois douce et mlodieuse, Celia parlaitcomme une berceuse. J'tais sous le charme, sans avoir besoin de la voir.J'ai longuement discut avec elle. J'expliquais ce qui m'avait amen fairetout ce chemin, ce pour quoi je tenais lui parler personnellement. Elleavait rapidement compris que cela me tenait beaucoup cur. Elleressentait ce besoin que j'avais de venir jusqu' elle et Celia en tait ravie.Aprs m'avoir cout jusqu'au bout, elle ne voulait pas me laisser repartirsans me faire un petit plaisir. Elle tenait m'crire une musique, ellevoulait me faire part de son empathie. Je n'avais pas envie d'en souffrirdavantage. Je ne voulais pas me sentir bte l'ide de ne pas tre capablede supporter la force sentimentale de ses chansons. Celia m'a alors proposde jouer du piano pendant que je dansais. Elle savait non seulementchanter, mais aussi jouer du piano. Je dois reconnatre qu'elle tait trsdoue, parce que je pouvais suivre la musique instrumentale au mme titreque toutes les chansons. Je ressentais un lien trs intense entre la musiquede Celia et ma faon de danser. C'tait comme si nous tions relis, carCelia me disait qu'en me regardant, elle avait plus facile de jouer. Ellecomposait des nouvelles choses lorsque je dansais, parce qu'elle sentaitmes sentiments s'exprimer. C'et vrai, nous avons collabor durant quelquetemps. De faon intressante, elle jouait beaucoup mieux quand je medplaais et mon style de danse tait vraiment meilleur quand elle jouaitsur son piano. C'est de cette faon que nous avons tabli nos premierscontacts, grce l'art. Nous tions chacun spcialiss dans une forme d'artdiffrent et nous tions parvenus combiner les deux pour avancer.

    Je ne m'tais pas simplement limit danser quand j'avais rencontr Celia,car elle avait voulu que je fasse du piano. Aprs un certain temps, nousavions chang nos rles. Celia dansait, pendant que je faisais du piano. Cen'tait pas aussi bon. J'tais beaucoup moins fort au piano et Celia utilisait

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  • ses yeux pour danser. Les critiques externes taient brves, mais claires.Celia devait faire du piano, pendant que je dansais. Ensemble, et nosplaces respectives, nous faisions ressortir le vritable talent d'un artiste.C'est difficile expliquer, mais Celia et moi tions un seul et mme artiste.Sur scne, nous tions deux, mais dans le fond, il n'y avait qu'un seulmatre, car nous avons rapidement montr nos talents au public. Nousavons combin nos talents pour ne faire qu'une seule et mme personnedevant le public, parce que Celia restait cache derrire son piano et que jene voyais jamais le public. Je suis devenu un grand danseur, parce que jen'avais pas peur du regard des autres. Contrairement Celia, je n'ai jamaiseu peur de montrer mon visage, car je ne pouvais pas voir le retour dupublic. Celia, elle prfrait se cacher, parce qu'elle avait honte de sonvisage. Elle ne voulait pas se montrer au grand jour, elle ne voulait pasentendre les critiques sur son bec de livre. Pour ma part, cela ne changeaitabsolument rien, parce que je ne pouvais pas la voir. Je comprenaisnanmoins pourquoi elle ne voulait pas se montrer lors des prestations,pourquoi elle agissait comme une voix off. Celia avait juste peur. J'ai toujours dit Celia qu'elle ne devait pas avoir peur de s'exposer, parceque son talent tait trs puissant. J'tais convaincu qu'elle aurait dtruitcette barrire de beaut derrire laquelle elle se cachait constamment. Lesgens ne se seraient jamais arrts son visage, mais sa qualit de chant.Par chance, elle parvenait partager ses musiques qui se vendaient commedes petits pains. Celia tait une perle, je ne pouvais pas lui enlever a. Je laconnaissais peine qu'elle se confiait dj moi. J'avais l'impression d'treun ami proche, alors que je venais de la rencontrer, elle me rappelaitIsabelle. Nous avons pass quelques semaines ensemble, parce qu'elletenait crire et chanter quelques musiques avec moi. Je n'ai pas refus etcela m'avait permis de me faire un petit nom dans le quartier. Je ne suisjamais devenu une grande star, mais beaucoup de gens s'approchaient demoi pour me demander comment je me portais. De nombreuses personness'inquitaient pour moi, j'tais devenu quelqu'un d'important, surtout aprsma rencontre avec Celia. J'avais droit au respect, mme si j'tais toujoursvu comme un aveugle. Ma rencontre avec Celia tait enrichissante, j'aiappris de nombreuses choses sur l'art et en retour, j'ai apport Celiabeaucoup d'informations pour amliorer ses chansons. Je n'ai jamais

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  • cherch la mettre mal l'aise, mais je n'avais pas peur de lui dire o jetrouvais des erreurs. Il faut dire qu'elles taient rares et que Celia taitexcellente la base, mais j'avais tout de mme quelques critiques faire,pour son bien.Mon voyage pour retrouver Celia tait long, mais j'tais revenu diffrent.Je ne maitrisais toujours pas le piano, mais je dansais mieux. Je n'avaistoujours pas rcupr la vue, mais je pouvais ignorer les gens qui parlaientsur moi. J'tais quelqu'un de particulier, simplement parce que je dansaissans avoir recours mes yeux. Je n'avais pas besoin de voir, je ne risquaispas de tomber. Les musiques taient toujours adaptes un rythme dedanse unique, ce qui m'empchait de me casser la figure. J'avais tout demme eu quelques difficults lorsque Celia m'avait demand de danserdans ses clips. Je pouvais me dplacer, mais quand j'tais seul. Pour lesclips, il y avait d'autres danseurs avec moi et je ne pouvais pas me dplacerlibrement, je n'tais plus l'aise, je ne me retrouvais pas dans monlment. Par consquent, j'avais insist auprs de Celia pour ne tourner quequelques sances. Mais, elle n'acceptait pas que je sois juste de passage.Nous avons alors tourn un clip deux et c'est finalement celui qui a lemieux march. Celia a vendu des millions d'exemplaires de cette simplechanson o il n'y avait qu'un seul et vritable danseur : moi.Aprs ce clip, je m'tais rendu compte que je n'avais pas besoin d'argentpour devenir quelqu'un de grand, que je devais juste me battre pour obtenirdes voies et aller de l'avant. C'tait le remde, il suffisait de pousser lesgens croire en moi et c'est exactement ce que j'ai fait. J'ai pouss les gens suivre Celia, en faisant de la publicit pour elle, parce que ses musiquestaient magnifiques. Je me devais de la vanter, d'autant plus qu'elle taittrs sympathique. Mon carnet de connaissance n'tait pas ngligeable etj'tais parvenu lui donner de nombreuses voies. C'est tout ce qui comptaitpour moi, faire le bien autour de ma petite et simple vie.Lors du tournage de mon dernier clip au ct de Celia, j'avais fait larencontre de mon ex-femme. Elle tait encore venue m'emmerder. C'estvrai, j'ai menti, je me suis mari une poque. Enfin, ce n'tait pasvraiment un mariage traditionnel, mais j'ai eu une relation avec unefemme. Je n'en suis pas fier et je n'en parle pas beaucoup, car j'avais faitune grosse erreur l'poque. Quand mon ex s'tait rapplique sur le lieu de

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  • tournage, elle devait me parler de choses importantes. Elle faisait souventcela l'poque, me faire croire qu'elle avait des choses essentielles meraconter, mais chaque fois, c'tait futile, je n'avais pas envie de me faireavoir encore une fois. Pour ainsi dire, je ne l'ai jamais aime. Elle tait laplus grosse btise de ma vie. Je n'aurais jamais d m'approcher d'elle. Jen'ai jamais rien ressenti pour elle et je n'avais pas d'autre choix que departir, car je ne l'aimais pas. Lorsque j'tais de nouveau en face d'elle, queCelia tait aussi prsente, je ne savais pas que dire mon ex-femme,surtout lorsqu'elle m'avait annonc que Celia tait ma fille. Je ne savaisplus o me mettre et je ne parvenais pas en placer une. Je n'y croyaissimplement pas, j'avais l'impression d'tre en plein rve, je retombais desnuages. Mon ex-femme m'avait psychologiquement frapp ce jour-l etCelia tait partie en courant, en disant qu'elle ne voulait plus entendre leson de ma voix.C'est comme a que je suis reparti du pays, que je suis retourn chez moi,parce qu'il n'y avait plus rien de bon qui m'attendait. C'tait horrible, carj'tais parti la rencontre de celle qui pouvait me rchauffer le cur etj'tais revenu avec le cur en miettes. Je ne me sentais pas mieux, que ducontraire, j'avais perdu l'envie de me battre. J'tais aveugle et stupide, carmon ex-femme et ma fille vivaient loin de moi et je ne pouvais rien y faire.J'tais conscient d'tre loign de tout ce qui comptait mes yeux, mais jen'avais pas d'autres choix. Je ne me sentais pas prt de les revoir, parce queje n'avais pas t un bon pre pour Celia. Il est vrai que j'ai passd'excellents moments avec elle, mais je n'imaginais pas que mon ex-femmeallait m'annoncer une nouvelle aussi importante. J'avais pris consciencedes erreurs que j'avais faites. Je n'aurais jamais d abandonner ma femme,parce qu'elle attendait un enfant miraculeux et parce que j'avais toutes leschances de devenir un bon pre. Malheureusement, je n'avais pas pris labonne voie. Il faut reconnatre que je n'avais pas une bonne vued'ensemble. Je m'puise toujours trs vite et je n'ai presque jamais envie defaire d'efforts, parce que je ne retire jamais un seul rsultat positif. A vraidire, je ne sais mme pas quoi je ressemble et je ne le saurai peut-trejamais.Lorsque j'tais de retour la maison, je m'tais mis peindre des tableaux.Je n'avais plus envie de reprendre la danse, parce que je pensais

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  • constamment Celia. Je ne pouvais plus entendre ses chansons et je n'taisclairement pas bien dans ma peau. La peinture me permettait de librermes motions, mais je n'tais pas dou, parce que je ne voyais pas. J'avaisun talent pour danser, mais je ne savais pas peindre. J'ai pondu denombreux tableaux jusqu'ici, mais aucun d'entre eux n'tait bien. Sansmusique et sans danse, j'tais vite dboussol. Il ne me restait plus riendans la vie, j'avais tout perdu. Mais, je ne voulais pas me laisser craser, jen'avais pas envie de m'enfermer sur moi-mme et de finir dans ladpression. Alors, je me suis rveill et j'ai repris la musique. Je n'coutaisplus Celia, mais je cherchais d'autres chansons qui me procureraient autantde joie. L'art musical m'a toujours permis d'oublier mes dfauts, de mesentir bien durant quelques minutes, parfois quelques heures. En quelquesorte, l'art me permet d'vacuer mes peines, mme si au fond de moi, j'aitoujours eu un peu mal, car je sais que jamais, je ne retrouverais la vue.J'tais condamn vivre dans l'obscurit, je n'avais pas le droit de vivre lemme bonheur que les autres. Je ne percevais pas, ni les couleurs, ni lesformes, ni mme quelques images. Je n'ai jamais eu la chance de voir ceuxqui comptaient pour moi. J'ai pass du temps avec Celia, mais je ne l'aijamais vue. Je me demandais constamment quoi elle ressemblait. Je medisais qu'on avait peut-tre des traits semblables, mais cela, jamais je nepourrais le voir, ni mme le savoir. Pendant des annes, j'avais envie de larevoir, ne serait-ce que pour m'excuser. Je n'ai jamais eu la force de luireparler, c'tait trop difficile. Je n'tais pas triste, du moins pas pour elle,car je savais que Celia russissait dans sa vie et finalement, c'est tout ce quiimportait pour moi. Je n'avais pas d'autre souci que celui du bien-tre dema fille et Celia tait devenue une star, sans que je ne fasse quoi que cesoit. A vrai dire, elle n'imaginait pas qu'un jour, elle deviendrait unepersonne clbre, mais moi, je le savais ds que je l'avais entendue. J'taisheureux pour mon ex-femme et ma gamine, mme si j'ai beaucoup pleur.Certains jours, je pense encore l'ducation que mes parents m'ont donne.J'ai grandi encadr par ma famille, parce que j'tais aveugle. Mon papa, mamaman, mon oncle, ma tante, mes cousins et mes cousines s'inquitaienttoujours pour moi. Je ne manquais de rien, parce que ma famille s'esttoujours occupe de moi. Je n'ai jamais eu peur de me retrouver seul,mme si je vivais dans l'horreur. Je n'ai pas appris me dbrouiller du jour

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  • au lendemain, je suis pass par de nombreux apprentissages, surtout l'adolescence et grce ma famille. Je devais toujours faire de larducation, parce qu'il fallait que j'apprenne utiliser mes autres senspour compenser l'absence de mes yeux et ma famille me soutenait pourcela. Quand j'tais plus jeune, j'ai fait plusieurs tentatives de suicide,parfois sans mme le savoir. Je m'approchais de la fentre sans le savoir, jem'endormais dans le bain quand j'tais bien, mais je prenais aussi de ladrogue volontairement. Je n'ai pas toujours suivi la bonne voie, parce quema tristesse me poussait faire de mauvais choix. Je suis devenu unhomme le jour o j'ai accept ma maladie des yeux. Je me souviens de cejour comme si c'tait hier. J'tais dans le parc prs de chez moi, je mebaladais seul pour me vider l'esprit. J'tais apais quand trois jeunes se sontapprochs de moi. Ils m'ont frapp, se sont moqus de moi et ils m'ont volmon argent. Je ne m'tais pas dfendu, car j'tais convaincu de perdre lecombat. Sous la pression de ces voyous, j'ai tout donn et je suis repartifrustr de l, parce que je n'avais plus rien sur moi. A cause de cela, j'avaisl'impression d'tre un pion sur terre. Je me sentais petit ct de la plupartdes gens et je me suis alors rfugi dans la nourriture, nouvelle erreur.C'tait une mauvaise ide lors de mon enfance, car je suis devenu obse cause de ma tristesse et de ma gourmandise. J'avais besoin d'oublier quij'tais, parce que je ne voulais plus tre cette personne qui n'avait pas ledroit la vue. Je refusais de vivre dans l'obscurit, j'avais envie d'ouvrir lesyeux et de dcouvrir le monde qui m'entourait, ne serait-ce qu'une fois,pour aller mieux et oublier mes problmes. Malheureusement, j'ai sombrdans la gourmandise durant quelques annes, mais j'ai gagn une chose : lamaturit. J'ai accept ma maladie lorsque j'ai compris que jamais, je neserais comme les autres.C'est simple, je mangeais quand j'tais mal dans ma peau. C'tait ma faonde me rconforter, je grignotais, surtout quand je pleurais. Au bout d'uncertain temps, je n'arrivais plus poser une limite, je me nourrissais tout letemps. Cela devenait mme une obsession, car j'avais pris 30 kilos sur 1an. Mais je m'en fichais d'tre en surpoids, car de toute faon, je ne mevoyais mme pas. Pour empirer mon tat de sant, je jouais beaucoup laconsole, lorsque je me rfugiais dans ma chambre quand je me portais mal.Parfois, il est vrai que je ne m'entendais pas avec mes parents. C'tait

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  • surtout lors de ma priode de crise, quand je m'en fichais de tout. Je n'taispas rest mal dans ma peau trs longtemps, car mes parents m'avaientoblig sortir de chez moi. Lorsque les mdecins m'avaient dit que jedevais faire rgime avant de finir l'hpital, je m'tais soudainement mis faire de sport. C'est cette priode de ma vie que j'ai commenc courir etque je me suis repris en main. Et...c'est ainsi que je fais le lien avec monpass, parce que quand j'ai appris que j'avais une fille l'autre bout dumonde, je m'tais remis la course pied. La peinture n'tait pas suffisantepour moi, car je ne prenais pas assez de plaisir faire des tableaux, j'avaisbesoin de librer mes motions autrement. Courir, ce n'tait pas le remdemiracle ma peine, mais cela m'aidait. Je passais ma vie en solitaire et jedevais m'occuper pour que les journes ne me semblent pas trop longues.J'ai toujours su que je n'tais pas quelqu'un de facile, qu'il me fallait unepersonne avec un caractre assez fort pour me supporter. C'est d'ailleurspourquoi je crois passer le reste de ma vie seul, parce que je ne suis pasfacile vivre. A vrai dire, je n'envisage mme pas qu'un jour quelqu'unvienne toquer ma porte pour me parler, parce que je ne dis jamaisbonjour aux voisins. Mais pourtant, ce fut le cas. Une personne tait venueau bas de ma porte, je pouvais voir son sourire se dessiner sur le visage travers mes vitres translucides. Elle tait venue pour me demander derester un peu chez moi. Ce jour-l, je dois reconnatre que c'tait le plusbeau jour de ma vie, surtout quand j'avais reconnu le son de la voix.

    Chapitre 3 : Un peu d'amour dans ma vie C'tait le 27/07/2012. Il faisait chaud et humide, je m'en souviens commesi c'tait hier. Je devais aller courir, mais le climat tait contre moi, j'taisalors rest chez moi. Je m'tais remis faire un peu de danse la maison,lorsque cette personne tait venue frapper ma porte. C'tait Celia, j'avaisimmdiatement reconnu sa voix. Je ne savais pas quoi lui dire, si ce n'taitm'excuser. Celia tait venue quelques jours chez moi. Elle avait l'intentionde loger avec moi et de dcouvrir l'endroit o je vivais. J'tais enchant del'entendre me parler, car j'avais une folle envie de renouer les liens. Monex-femme n'tait pas l, mais je n'tais pas surpris. Je lui avais fait trop demal pour qu'elle me pardonne et vienne la maison. Par contre, Celia

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  • n'avait rien contre moi et elle dsirait plus que tout connatre son pre,d'autant plus qu'elle avait vu une belle image de moi. Celia m'avaitdcouvert sous le nom d'un fan, et non sous celui d'un pre. Durant uncertain temps, j'tais persuad de ne plus jamais revoir ma fille, maisencore une fois, j'avais tort. J'ai eu le plaisir de montrer Celia l'endroitque j'occupais. Nous sommes alls au parc prs de chez moi, au cinma,nous avons galement fait du sport ensemble. Nous avons surtout chant etdans. J'ai encore vcu quelques moments de bonheur avant qu'elle nereprenne l'avion et qu'elle ne retourne auprs de sa maman. Celia meparlait toujours de mon ex-femme. Certes, elle s'occupe bien de ma fille,car je sans qu'elle ne manque de rien. Mon ex-femme avait fait un travailremarquable avec Celia et cela, mme en mon absence. Celia avait trouvle moyen de me remplacer, en se focalisant sur la chanson.Ma fille n'tait pas fche contre moi, elle avait piti de moi. Je n'ai jamaispu voir le visage qu'elle avait quand elle me regardait, mais j'taisconvaincu qu'elle tait triste de me voir dans cet tat. J'tais persuad quela raison de sa venue chez moi, c'tait le ct artistique. Elle se retrouvaiten moi, comme je me retrouvais en elle. Celia tait une vritable princesseet j'tais honor d'tre son pre. Je n'avais pas peur qu'elle me rejette, jen'avais aucune angoisse l'entendre me dire qu'elle voulait dfinitivementpartir. Je me sentais bien ses cts et tout ce que je voulais, c'tait queCelia soit heureuse. Je n'avais pas le droit de la forcer venir me voir,parce que je ne m'tais jamais occup d'elle. Ce qui tait surprenant, c'estque Celia ne semblait pas tre affecte par cela, elle s'tait mme occupede moi lorsqu'elle tait venue, alors que je n'avais presque rien fait pourelle. Celia assurait les tches mnagres dans mon logement, elle meprparait manger et venait toujours s'assoir prs de moi, elle me racontaitses histoires. C'tait la fille de rve, celle que je n'aurais pas d ngligerquand j'tais plus jeune. Aujourd'hui, je le reconnais et cela, chaque jour dema vie, car je regrette ce que j'ai fait avec Celia, j'aurais d prendre soind'elle ds sa naissance. A l'poque, mon ex-femme n'avait pas confiance enmoi et je pense qu'elle avait eu raison de partir, de m'abandonner, parceque je n'tais pas quelqu'un de bien et d'ailleurs, je ne le suis peut-tretoujours pas. En toute franchise, mme si j'ai tout mri, parce que je suisdevenu plus g, je suis trop dpendant. Je ne suis pas une mauvaise

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  • personne, mais je rle constamment. J'ai tendance partir, fuir mesresponsabilits, plutt qu' affronter la vrit. Je dois dj supporter "monhandicap", je ne veux pas avoir les yeux retourns vers moi pour d'autreserreurs que je peux bien faire. J'en ai marre d'tre vu, sans le voir. J'aitoujours cherch me cacher, parce que j'avais peur de mon image, maisaussi de mes actes. Celia tait clairement ma plus grosse gourde, mais je nepouvais pas revenir en arrire. J'ai profit du mieux que j'ai pu avec ellequand elle tait revenue et je dois dire que j'avais vraiment fait lemaximum. Celia avait bien compris que je regrettais et que je l'aimais.

    J'ai toujours eu beaucoup de respect pour elle, car elle avait fait le cheminjuste pour me voir cette anne-l, alors que je n'avais jamais rien fait pourlui venir en aide. Celia tait devenue une star, sans avoir besoin de moi.Elle disait qu'elle se sentait oblige de venir me voir, parce que je lui avaistransmis cette forme d'art. J'tais finalement ce qu'il y avait de mieux chezelle et Celia n'avait pas peur de le reconnatre, mme si sa maman comptaitplus que moi. Elle me pardonnait, elle acceptait mes erreurs, mon absence.Je ne mritais pas tout ce qu'elle faisait pour moi, mais c'est pourtant decette faon qu'elle m'avait remerci. Aujourd'hui, je ne peux plus changerles choses et je suis bien trop vieux pour penser mon futur, car je ne vaispas traner partir de ce monde. Je ne vais pas mourir demain, mais je vaism'en aller dans quelques annes. J'ai toujours rv de partir en Amriqueavant de mourir. Malgr mon tat de sant, j'ai l'intention d'aller auMexique et d'y passer le reste de ma vie. Je n'oublierais jamais le sourirede ma fille, mme si elle n'tait venue me voir seulement quelques fois.Aprs son premier dpart, elle tait repasse chez moi, quelques annesplus tard.Lorsqu'elle tait revenue pour la seconde fois, elle tait devenue clbre.Celia faisait des tournes mondiales et elle tait venue avec son propreavion. Mon ex-femme tait galement prsente, pour la premire fois, elletait venue discuter avec moi. Mon ex-femme n'tait plus fche contremoi, elle avait envie de renouer quelques liens avec moi, pour Celia. Jen'avais pas accept. Je ne voulais pas l'obliger me parler, simplementpour redonner le sourire Celia. Je n'ai jamais apprci les faussesrelations avec ma femme et je prfrais rester le mme. Je suis rest

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  • honnte avec ma fille et je lui avais promis que ma relation avec sa mren'affecterait pas la ntre et c'est exactement comme cela que a s'est pass.Il n'y avait pas de problme, tout se passait pour le mieux. Lors de saseconde venue, Celia avait jou du piano. Elle ne chantait pas, elle n'avaitpas pris sa guitare, mais elle avait jou du piano dans un bar prs de chezmoi. J'en avais profit pour faire quelques pas sur les magnifiques parolesqui accompagnaient son travail instrumental. Je sentais sa douce voixpasser dans mon cur, je me sentais bien. A vrai dire, ce jour-l, mme sij'avais eu le droit la vue, ce qui n'tait pas le cas, j'aurais tout de mmeferm les yeux pour suivre sa mlodie. Celia m'expliquait qu'elle fermaitaussi les yeux quand elle jouait du piano. Elle n'avait pas besoin deregarder ses touches, c'est son cur qui guidait ses mains. C'tait le mmelorsqu'elle faisait de la guitare. Elle suivait le rythme impos par son cur,et non par sa tte. Elle n'avait pas besoin de rflchir pour jouer, il suffisaitqu'elle se laisse aller. J'tais sidr quand je l'entendais parler, maistrangement, je comprenais parfaitement ce qu'elle me disait. Je n'ai jamaiseu besoin de voir pour faire d'excellents pas de danse. Le plus surprenant,c'est que je n'avais mme pas besoin de regarder quelqu'un, je me lanaistout seul, sans modle, sans peur, juste avec passion. C'est ainsi que jedonnais le meilleur de moi-mme, parce que je me dmarquais des autreset que je parvenais librer toutes mes motions juste en dansant. Il n'yavait rien de magique, c'tait juste artistique. Quand Celia s'tait sentieassez prte, elle s'tait mise chanter tout en jouant du piano. C'taitmagique ce qu'il se passait dans ce bar. Nos chemins ne se sont clairement pas croiss par hasard et nous avons faitde nombreuses autres choses ensemble. Celia avait compos ses propresmusiques avec moi. Elle me rcitait les paroles haute voix et je changeaissi cela ne me convenait pas. Notre travail tait intense et nous sommesalls jusqu'au bout de notre potentiel. C'est avec Celia que j'ai vid toutemon nergie, que j'ai puis dans mes rserves et que mon imagination s'estaccentue. Il n'y avait pas de limite, nous avions chant et dans surd'excellentes musiques, comme sur des mauvaises. Il n'y avait riend'incroyable, nous avions beaucoup travaill. Celia n'tait pas facilementdevenue une artiste, elle avait d se battre pour y arriver. C'est grce sapeine qu'elle avait dpass toutes ses limites et qu'elle publiait

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  • d'excellentes chansons, et non parce qu'elle y trouvait de la joie. C'tait dela peur qu'elle chantait et c'est en cela que je ressentais la force de sesmotions. Celia m'avait attir ds le dbut, parce que psychologiquement,elle tait imbattable. J'ai toujours eu beaucoup de mal croire en la magie.Pourtant, mon corps rpondait ses chansons quand j'entendais le son desa voix. Je ne parle pas de spiritualit, ni mme d'une transmission depenses, mais de caractres hrditaires qui ragissaient lorsque noustions ensemble. Je crois que c'est surtout l'art qui nous a rapprochs, etnon notre lien de parent. Un jour, Celia m'a demand de composer un album avec elle. Je n'avaisjamais essay de rdiger des chansons avant qu'elle ne me parle de cela. Jen'tais pas convaincu d'tre prt pour ce genre de travail, d'autant plus queje n'tais pas en mesure d'crire. Celia voulait que je rcite ce qu'il y avaitsur mon cur et elle avait l'intention d'en prendre note. C'tait merveilleuxqu'elle me fasse une telle demande, j'tais panoui. J'ai toujours ador lamusique et j'avais l'occasion de mettre mon potentiel au profit de lachanson. J'tais un bon danseur et je pouvais utiliser mon oreille musicalepour produire de nouvelles paroles. J'ai rapidement pris got cela et nousavons travaill ensemble pour composer et chanter de nouvelles musiques.Celia disait qu'elle ressentait souvent la mme chose que moi, que notrelien tait parfois psychologique. C'tait vraiment poustouflant, comme sije pouvais savoir ce qu'elle avait vcu ces dernires annes, sans tre sescts. Nous avons toujours eu ce feeling qui nous rapprochait fortement.C'tait plus fort que moi, je devais librer toutes mes motions en saprsence, parce que j'en avais besoin et parce que Celia en avait envie. Elleme disait toujours que notre cur tait rempli de mpris et qu'il fallait sevider de ses peines pour aller mieux. Elle tait convaincue que l'absence dema vue me permettait d'ouvrir totalement mon cur et de plongerl'auditeur dans des paroles profondes et sincres. Ce n'tait pas faux, parceque mes chansons taient excellentes. Je suis devenu peu peu uncompositeur en travaillant avec ma fille. Il est clair que mon ex-femmen'tait pas en mesure de nous sparer, car le lien artistique devenait tropimportant. Nous tions peut-tre trs diffrents, mais tout de mme relispar le sang. Pour elle comme pour moi, c'tait le plus important, parce quel'art tait la plus grande partie de nous. La danse, c'tait toute ma vie, c'tait

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  • ma seule porte de sortie face ma douleur et c'tait rciproque pour mafille, sauf que sa voie tait la musique. Elle touchait tout, qu'il s'agisse deguitare, de piano, de chant et mme de saxophone, ma fille avait mis ledoigt sur tout, parce qu'un art en attirait un autre. Celia ne m'avait pasimmdiatement considr comme le pre idal, mais l'art avait chang savision des choses. Elle tait devenue ma vritable fille, parce que ce lientait intense. Elle m'appelait mme papa aprs un certain temps, parce quej'occupais une petite place dans son cur. Cette place s'agrandissait mesure que je restais avec elle, tout au long de nos discussions. Monamour s'amplifiait, parce qu'elle me correspondait de plus en plus. Celiatait mon bijou, mme si je n'avais pas fait ce qu'il fallait ds sa naissance.Quand je l'coutais, je savais qu'elle tait devenue une femme, je merendais compte de l'erreur que j'avais faite l'poque. C'tait tout de mmece que j'avais de mieux dans ma minable vie. Et mme si je n'ai jamais eule bonheur de voir ma fille, je parvenais toujours imaginer son splendidesourire, ses yeux resplendissants et son regard pinant. Ce n'tait pasdifficile de le savoir, car je parlais constamment avec elle. Je n'ai jamais eubesoin d'avoir une description de ma fille, je la faisais moi-mme au coursdu temps. Avec les annes, je perfectionnais son profil. J'ajoutais denouveaux caractres, de nouveaux traits comportementaux et j'amlioraisson image, parce qu'elle le mritait. C'tait fondamental pour moi, car j'aitoujours eu besoin de savoir qui je m'adressais. Je ne prenais pas plus d'une semaine avant de dessiner le portait de lapersonne avec qui je parlais. J'ai toujours eu ce talent de pouvoirreprsenter mon interlocuteur, parfois juste en lui touchant le visage.Beaucoup de gens sont l'aise lorsque je les touche, certains apprcientmme cela. C'est ma faon de communiquer, ma sensibilit. C'est aussi unmoyen pour moi de m'orienter, car je me perds facilement. Celia adoraitcela, elle tait vraiment contente quand je m'approchais d'elle et que je latouchais pour la dfinir. A plusieurs reprises, elle m'avait demand derecommencer, parce que c'tait le seul contact physique que j'avais avecelle. J'ai pass les meilleurs moments de ma vie ses cts et ce n'est riende la dire. J'en ai profit, peut-tre bien plus que je ne le faisais avant sarencontre. C'tait une forme de libert que je n'avais pas encore ressentiejusque-l et mon ex-femme ne m'embtait mme plus ce moment-l.

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  • C'tait trs sincre ce qui existait entre Celia et moi, parce que nous tionsrelis par le sang et que finalement, nous tions les mmes. J'tais un pretrange, mais je voulais garder le contact. Celia a dfinitivement marquma vie, bien plus que mon ex-femme. Aujourd'hui, je pense ma fille tousles jours, parce qu'elle m'a endurci, parce qu'elle a fait de moi un hommeplus mature, plus grand d'esprit. J'en avais bien besoin, parce que jecommenais devenir trs difficile. Avec ses chansons, tout a chang.Sous l'influence de ma fille, nous avons publi de nombreuses chansonsdurant plusieurs annes, jusqu' ce qu'elle reparte chez elle, auprs de samre. Un jour noir pour moi, parce que je n'avais plus personne sur qui jepouvais me raccrocher, sur qui compter.En vrit, Celia tait terriblement triste de repartir chez sa mre. Certes,e l le ta i t heureuse de revoir sa maman chr ie , mais due dem'abandonner, une seconde fois. Je ne voulais pas qu'elle culpabilise,surtout aprs tout ce que je lui avais fait subir. Nos talents d'artistess'taient considrablement dvelopps lorsque nous avions bossensemble, car il tait ncessaire de faire beaucoup de mises au point. Desmoments de dsaccords, des coups durs supporter n'ont fait que renforcernotre capacit transmettre notre art, nous tions devenus meilleurs encollaborant. Mais il tait temps pour elle de revoir sa mre, cela, je lecomprenais parfaitement. Celia avait fait beaucoup pour moi et je n'avaispas envie de lui priver du bonheur qu'elle vivait avec sa mre. J'taiscontent qu'elle retourne auprs de la femme qui s'tait occupe d'ellejusqu' l'ge de raison. Ma fille tait un vritable diamant, j'ai toujourscompris pourquoi mon ex-femme n'apprciait pas qu'elle reste chez moi.Elle avait peur que je change sa fille, mme si ce n'tait pas dans mesintentions. J'ai respect l'ducation que mon ex-femme lui avait donne etje ne m'y suis jamais oppos.Depuis quelque temps, je parle de ma fille au pass avec les gens, car elleest dcde d'une tumeur il y a quelques annes. Elle est partie aussi vitequ'elle est entre l'hpital et je n'ai mme pas eu le bonheur de lui dire aurevoir. Je ne suis pas all l'enterrement, car j'tais trop gn de revoirmon ex-femme ce moment-l. C'tait le jour le plus triste de ma vie, carma fille tait fondamentalement tout mon bonheur. Elle m'avait apporttant de belles choses sur si peu de temps, j'tais dgot d'apprendre cette

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  • horrible nouvelle. Je ne savais pas ce que je devais faire, si ce n'tait dem'apitoyer sur mon sort. J'tais peut-tre aveugle, mais pas stupide l'idede ne pas voir la ralit en face. Je ne m'tais jamais occup de ma petitefille et elle n'tait mme plus l pour que je puisse me rattraper. J'ai eu leplaisir d'en profiter, mais pas assez. C'tait extrmement difficile d'accepterla mort de ma fille tout en restant chez moi, mais c'est pourtant ce que j'aid faire.

    Aprs le dcs de ma fille, j'ai dcid d'aller parler mon ex-femme.J'estimais que je devais prsenter mes condolances, mais aussi m'excuserde mon comportement inadmissible. Je n'avais plus peur d'aller la voir.Etrangement, lorsque je m'tais prsent mon ex, elle tait ravie de merevoir. Elle ne m'avait pas rejet, mais elle m'avait accueilli dans samaison. De faon surprenante, elle pensait moi quand j'tais devant laporte d'entre de sa maison. Mon ex-femme pleurait, je l'entendais de vivevoix, mais je ne savais pas quoi lui dire pour la rassurer. Il est clair qu'elleavait perdu l'tre le plus important ses yeux, mais sa vie n'tait pas finie.J'ai essay de la motiver du mieux que je pouvais, mais ce n'taitclairement pas facile. Elle n'avait plus envie de se relever, elle se laissaitaller. Dans de telles circonstances, c'est difficile de raisonner la personne,de trouver les mots qui rassurent, surtout sans la voir. J'avais toujours "cehandicap" qui m'empchait de faire les choses comme je le voulais. Maiscomme chaque fois, j'avais encore dpass mon problme et j'avais prismon ex dans mes bras pour la rconforter une bonne fois. Elle avait perdu sa fille et c'tait la chose la plus difficile surmonter dansla vie. J'tais aussi triste qu'elle, car j'tais dans le mme cas. J'tais malpour mon ex, car je n'tais pas la personne idale pour parler. Je n'avais pasvraiment les mots pour la rconforter, car je ne savais pas commentaborder cette peine qui se pesait sur son cur, mme si je comprenais.Encore aujourd'hui, j'ai toujours de nombreuses penses pour ma fille,entre autres quand j'coute ses musiques ou que je ressasse mon vcu sescts. Mais d'une certaine manire, ma fille n'est pas partie, car je gardetous les souvenirs et sa musique reste dans mon cur. Ses paroles nes'effacent pas, elles restent graves, parce qu'elles me touchent chaquefois. Je n'avais pas perdu ma fille, car je continuais sur sa lance. J'avais

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  • besoin de composer d'autres musiques, non seulement en son hommage,mais aussi parce que je devais avancer. C'est ainsi que j'ai compos tout lereste de ma vie, parce que j'adore le faire, mme si je ne le fais que trs peu prsent. Je ne suis jamais devenu un grand compositeur, parce que je n'aijamais eu le rseau de connaissance suffisant pour me faire connatre, maisj'tais dou.Mme si je n'tais pas un compositeur professionnel, je me dbrouillaisbien. J'ai toujours pris plaisir faire part de ma musique gratuitement,parce que je ne voulais pas qu'on me donne de l'argent pour entendre monart. Je n'avais pas besoin de sous et j'avais envie de donner mes paroles auxgens. Certes, je devais manger et avoir un toit pour dormir, mais je n'avaispas de grandes proccupations budgtaires. A cause de mon tat de sant,je percevais assez par l'tat pour survivre. Les gens ont toujours eu de lapeine pour moi et m'ont toujours donn un peu de monnaie quand ilspouvaient le faire. Je n'ai jamais russi vivre uniquement de meschansons, d'abord parce que je donnais tout pour les aides aux personneshandicapes, ensuite, parce que je ne vendais pas assez. Mais l'argentn'tait pas un frein, cela ne m'empchait pas de me perfectionner dans ledomaine. Je devenais un professionnel, parce que je consacrais tout montemps cette passion, ce besoin. Je me levais vers 3 heures du matin, 6heures ou 10 heures pour composer. Il n'y avait pas de limite dans mafaon de faire et je parvenais mme crire les paroles sur un morceau depapier sans avoir recours la vue. J'tais aveugle, mais j'avais denombreux atouts. Je surprenais de nombreuses personnes grce mon stylede vie qui tait clairement hors du commun.Aprs le dcs de ma fille, j'ai fait de nombreuses rencontres. Bien sr, j'aid'abord perdu got la vie, mais cela ne m'a pas empch de poursuivremon combat et c'est ainsi que j'ai grandi. J'ai pris contact avec denombreux autres chanteurs, car j'avais envie de travailler avec d'autresartistes. Je n'avais pas pour objectif de me faire connatre, ni mme devendre mes chansons, mais de discuter de mon art. J'avais besoind'extrioriser en parlant de ce que je faisais, de ce qui me poussait composer des musiques. Je ne sais pas, c'tait au fond de mon cur, j'avaisbesoin de le faire. C'est difficile d'expliquer pourquoi j'ai pens commecela, pourquoi j'ai compos ces musiques, pourquoi je danse encore. J'en ai

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  • juste besoin, c'est ma faon d'ouvrir les yeux sur le monde, parce qu'on m'aretir la vue. Je suis dans mon petit monde lorsque la musique s'enchaine,je n'entends plus les voix des gens, je ne reois plus de critiques, je meporte bien. Je suis la fois faible et fort. Faible, parce que mon cur esttotalement ouvert et que je suis crdule et sensible, mais fort, parce que jen'ai plus mal, parce que je ne ressens plus la douleur lorsque les gens semoquent de moi. J'ai dvelopp cette force psychologique avec l'ge, parcequ'elle m'a rendu meilleur. Je suis devenu une armure, j'ai appris contrler ma colre en coutant de la musique. Je n'ai plus besoin dem'apitoyer sur mon sort, parce que l'art me fait sortir de ce malheur. Je suisdevenu grand, parce que d'autres artistes m'ont mis en avant. Mes chansonssont devenues clbres, parce que de grands chanteurs ont repris mesparoles. A vrai dire, j'en suis moi-mme surpris. J'adore couter mespropres chansons, je me sens mieux aprs. C'est vrai, il m'arrive de pleurercomme un enfant, car les paroles sont toujours tristes, mais cela me fait dubien. J'apprends que les gens recherchent le plaisir et tentent d'viter latristesse, la peur ou la douleur. Moi, je suis diffrent, je ne la fuis pas, jel'affronte, constamment. Je me bats sans cesse, lorsque je danse, lorsque jecompose, lorsque j'coute de la musique. Je me blesse la cur, car cela merend meilleur. Je me sens plus fort, je me sens honnte avec moi-mme, jerenforce mes peines, pour devenir plus grand. Je ne suis pas l'exemple suivre, parce que je suis triste et que je vis dans la peur. Peu de genspeuvent me comprendre, car ils ne sont pas aveugles. Ils ne savent pas ceque c'est de vivre constamment dans le noir, ils n'imaginent pas le combatque j'affronte tous les jours, ils ne s'en inquitent mme pas. Ils sontpeut-tre tristes, mais alors, est-ce suffisant ? Je ne veux pas qu'on soittriste pour moi, je veux qu'on m'accepte comme je suis, tel qu'on m'a fait.C'est pourquoi je libre mes sentiments travers la danse et la musique.J'ai pris le chemin de l'artiste, et cela me convient parfaitement. Je nechangerais pas, parce que je vis de cette faon. J'ai besoin de danser,comme le guitariste a besoin de jouer. Je dois le faire, c'est en moi. Ladanse, c'est toute ma vie. Je compose de plus en plus de chansons et l'unedes dernires musiques que j'ai rdiges s'intitule Tania, parce que c'est leprnom de celle qui a donn un sens ma vie. C'est Tania qui a bouleversma vie tout jamais, c'est pourquoi je me dois de lui crire une chanson.

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  • C'est trs simple, je rdige les paroles sur une seule journe et c'estsuffisant. C'est probablement la meilleure musique que j'ai compose, carje l'ai faite entirement avec le cur et je l'ai crite trs vite. Ce n'est pas lavitesse qui compte, mais le fait que chaque mot provient du cur. Je n'aipas rflchi une seule minute sur les paroles, j'ai rdig comme cela meconvenait. Les mots s'entrelaaient et je n'avais pas le choix, je devais lescrire. Les paroles taient trop intenses, je sentais le besoin de librer toutce que j'avais. Mme si je ne voyais pas ce que je rdigeais, je sentais qu'ily avait de la valeur. Peut-tre y avait-il de nombreuses fautes de frappe,peut-tre mes paroles n'taient pas toujours claires, mais elles taientsincres, parce que je pensais Tania. Je n'avais pas besoin de vrifier, jesavais que c'tait bon. J'avais compos vite, je ne devais surtout pas relire,je ne devais pas modifier, parce que les paroles taient venues d'une fois.Quand j'ai relu et que mon cur s'tait emball, il avait libr ce que j'avaisen moi et c'est exactement pour cela que je n'avais pas envie de revenir surmes mots, parce que quelque part, ils avaient le mrite d'exister, celuid'tre l.

    Chapitre 4 : Le temps de revoir L'art n'tait pas la seule chose qui m'occupait dans la vie, parce qu'un jour,j'ai appris une chose incroyable. On avait invent un systme lectroniquequi pouvait me permettre de voir, j'avais du mal le croire. Pourtant, c'taitvrai et j'ai mme eu le plaisir d'entendre des experts m'en parler. Je medoutais que la technologie allait me permettre tt ou tard de rcuprer mavue, mais c'tait plus rapide que je ne l'avais envisag. J'ai longtempshsit avant d'implanter l'appareil, parce que j'avais peur et que je n'taispas l'aise avec toute cette technologie. Certes, j'tais curieux de retrouverla vue, si c'tait bien le cas, mais il y avait quelques freins ne pasngliger. D'une part, je ne verrai peut-tre plus l'art comme je l'avais vujusque-l. D'autre part , je n 'tais peut-tre pas prt sur le planpsychologique pour revoir. Je n'avais pas encore matur cette ide de voirquand tout coup, j'apprends que je peux retrouver la vue, c'est trsperturbant. Aprs quelques mois de rflexion, je dcide de faire l'opration,parce que je suis trop curieux de voir le monde qui m'entoure. Je vide ma

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  • tirelire et dpense une grosse somme d'argent pour tre opr. Je meretrouve dans une situation trange, car je ne suis pas convaincu d'tremieux dans ma peau aprs l'opration. Le jour o j'tais face au mdecin,mon cur battait trs fort, parce que je ne savais pas ce que je devais faire.De faon trange, je n'avais pas besoin de voir le mdecin pour savoir qu'iltait stress, je le sentais. L'ambiance dans la salle d'opration tait froide.Les sons que je percevais ne m'aidaient pas aller mieux et j'avais du mal rester calme. Je gardais confiance et je me motivais. J'avais peur et il mefallait de la musique avant de m'endormir, de m'anesthsier. Quandj'entendais la voix de ma fille la radio, je me sentais soudainementmieux. J'tais prt retrouver la vue.J'avais l'occasion de revoir, mais j'avais encore peur, je ralentissais lemdecin tant que je n'tais pas assoupi. J'avais la chance de pouvoirretrouver la vue et j'hsitais encore, parce que j'tais dans cette situationdepuis trop longtemps et que finalement, elle commenait me convenir.Je ne me plaignais jamais et j'tais l'aise avec mon problme, qui ne seressentait presque plus avec l'ge. Enfin, a, c'est ce que je me disais. Dansla salle d'opration, je prtendais vivre parfaitement bien avec "monhandicap" et je n'avais pas une seule bonne raison de continuer l'opration.Mais, il le fallait. J'avais besoin de connatre cette sensation de voir. J'taisconscient du risque, celui de devenir dpendant. Je ne pouvais pas fairecomme si de rien n'tait, je devais prendre le courage de me taire. Alors,lorsque je me sentais assez faible pour dormir, j'ai ferm les yeux et j'ailaiss les mdecins faire leur job. Pendant l'opration, j'ai ressenti quelquesdcharges dans mon cerveau, mais c'tait trs lger, je m'en souviens peine aujourd'hui. C'tait comme si on me trpanait lgrement la tte,j'tais heureux de ne pas voir. Quand je m'tais rveill, et dj quelquesheures plus tard, les premiers effets sont apparus. Je rcuprais ma fonctionvisuelle. Certes, je ne voyais pas trs bien, c'tait encore flou, maisj'observais la morphologie de certains objets ainsi que certains jeux decouleurs. C'tait nouveau pour moi et mon cur battait encore trs vite, jene me sentais pas trs bien, faute de stress. J'avais trs chaud et jetranspirais beaucoup, parce que je ressentais encore des petites dchargesdans mon cerveau, j'avais tout de mme mal la tte. Mais j'tais contentde retrouver la vue, car elle s'amliorait au fil du temps. Quelques jours

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  • aprs l'opration, je pouvais dj dcouvrir mon environnement. Mme sije ne parvenais pas encore discriminer les dtails, j'avais dj une vueglobale. C'tait formidable, pour ne pas dire incroyable. Depuis ce jour, mavie a change, car je pouvais voir.

    Les mdecins m'avaient donn un appareil qui fonctionnait trs bien, ilm'aidait amliorer la perception visuelle, mais je ne me sentais pastoujours bien quand je le portais. Je devais le mettre rgulirement, surtoutau dbut, pour viter les chutes de tension. J'avais parfois le tournis, jedormais plus longtemps qu'avant et je mangeais beaucoup plus. Je nevoulais pas voir un autre mdecin, parce que je savais qu'il m'auraitconseill d'arrter. J'tais parti dans l'optique de voir, je n'avais pas enviede stopper l'appareil et j'tais bien devenu dpendant, comme je l'avaisimagin. Grce cet appareil de vue et l'opration, j'avais trouv untravail, je pouvais me balader sans canne et mes relations socialess'largissaient. Bref, c'tait une nouvelle vie et j'tais mieux dans ma peau,je ne devais plus me cacher. Je savais que je fonais droit dans le mur, quett ou tard, j'allais dclarer un cancer cause de cet appareil qui balanaitdes ondes importantes. Mais je n'avais pas envie d'arrter, je me disais quetout se passerait pour le mieux, au moins durant quelques annes. Maisj'avais de plus en plus de nauses et j'tais parfois mal au point de vomir,mal au point de ne pas sortir. Au fur et mesure que les symptmess'empiraient, ma vision tait meilleure. Je voyais mon environnement demieux en mieux, et paradoxalement, j'en souffrais. J'tais face un gravedilemme. J'avais le choix entre continuer ma vie paisiblement, sans souffrirphysiquement, mais en restant aveugle. Ou alors, je pouvais continuerd'utiliser l'appareil en sachant que je ne me porterais pas mieux avec l'geet que je souffrirais. A cette poque, j'avais fait le choix de voir. Je portaisl'appareil tous les jours et je menais une vie presque normale aprs deuxmois d'insertion professionnelle. De l'extrieur, je semblais normal, mmesi de l'intrieur, j'tais excessivement mal. Enfin, je pensais que bien del'extrieur, parce que je ne m'tais pas encore regard de prs. Je me disais que l'appareil faisait des miracles, parce que je pouvais voir nouveau. Quelque part, ce n'tait pas grave de recevoir des petitesdcharges crbrales de temps autre. J'avais "le plaisir" de me voir dans

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  • le miroir, de regarder et mme d'identifier les gens avec qui je parlais, jepouvais marcher sans canne. J'tais mieux, je pouvais me dplacer sansdevoir prendre le risque de me casser la figure. Les gens ne se moquaientplus de moi, j'tais devenu une personne normale. Du moins, c'tait le casau dbut, quand je voyais encore flou. Lorsque ma vue tait devenue quasiparfaite, la situation avait bascule, encore. Je ne pleurais pas de joie, maisde tristesse. Pour la premire fois, je pouvais me voir dans le miroir etj'avais alors remarqu que j'tais vraiment laid. J'avais des cicatricespartout sur le visage et aussi sur le corps. J'avais de nombreuses marques etbeaucoup de taches noires. Je pensais que j'avais un visage normal, que jen'tais pas une personne aussi moche, mais je me trompais. J'avaisrcupr la vue, mais c'tait pire. Etrangement et aprs m'tre vu,j'entendais alors les gens se moquer de moi, encore et toujours. Ils neparlaient plus de mes yeux, mais de mon visage. C'tait mme pire, parceque je pouvais les voir me montrer du doigt. Comme si je n'avais jamaisremarqu cela lorsque j'tais aveugle et que, peu de temps aprsl'utilisation de l'appareil de vue, tout survenait, c'tait l'enfer. Je croyaisqu'on rigolait de moi cause de mon problme de vue, ce n'tait peut-trepas toujours le cas. Donc, je continuais de faire ce rve, celui de devenirune personne normale. Cette horrible dcouverte m'avait fortement cassdans mon lan, je n'avais plus envie de travailler, ni mme de danser. Moncur tait nouveau bris et je ne voulais plus composer de musiques. Jen'avais plus rien, ni amis, ni moral. Ha oui ! Il me restait la vue... mais mavie s'croulait, parce que j'avais fait l'erreur de retrouver la vue. Le plus terrible, ce n'tait pas les cicatrices sur mon visage, ni les marquespsychologiques qui s'agrandissaient avec les moqueries. C'tait l'absencede mes ides, je ne parvenais plus composer une seule musique, parceque j'avais du mal rflchir, je ne pouvais plus penser autre chose qu'mon visage. Mme lorsque l'envie de composer revenait soudainement, jen'y arrivais pas. Je ne pouvais plus rdiger, je n'avais plus rien dans la tte.C'tait la priode de ma vie la plus difficile, car il ne me restait plus rien. Jepouvais crire de splendides musiques lorsque je ne voyais pas et lorsquej'avais retrouv la vue, c'tait fini. Je pouvais lire les paroles, mais je nepouvais plus en composer. Pourtant, j'tais encore triste. J'tais mal dansma peau, j'avais envie de mettre fin mes jours, je pensais au suicide

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  • presque tous les jours et cela ne me donnait pas plus d'inspiration. D'unct, je retrouvais la vue, de l'autre, je perdais mon talent de compositeur.C'est l que j'ai compris qu'il fallait faire un choix. Qu'allais-je faire ? Entout cas, sortir de cette terrible situation...Sincrement, j'tais perdu l'poque, parce que je ne savais pas que faire.Quand j'y repense, je me souviens encore de tous ces bons moments passsavec ma fille et de tout ce que l'art m'apportait. C'tait ce qu'il y avait demieux en moi, la danse et la musique. Je ne demandais rien de plus, j'taisbien dans ma peau de cette faon et je ne voulais pas y mettre fin. Quandj'avais retrouv la vue, je ne pouvais pas faire semblant d'tre heureux,parce que c'tait bien mieux avant. C'est ainsi que j'avais pris une dcision.Je n'avais pas le choix, je devais abandonner l'appareil de vue et esprerque l'opration soit insuffisante pour voir. Je devais me remettre la danseet la chanson, c'est pourquoi il fallait que j'arrte de voir. Je prfraiscomposer des musiques, plutt que de voir les gens se moquer de moi.Mon vritable handicap, je venais de le trouver, c'tait mon visage et nonma vue. J'tais moche, voil pourquoi les gens parlaient de moi. J'tais unecible pour tous et je devais rcuprer mon talent de compositeur pourretourner dans mon petit monde o je me sentais bien. C'est en partie grce ma fille que j'ai appris dvelopper mes chansons, je n'allais tout demme pas laisser tomber, parce qu'un dispositif me permettait de retrouverla vue suite une opration onreuse. J'ai choisi l'obscurit totale, pourdevenir une lumire dans ma petite vie. Je suis devenu un nouvel artiste enabandonnant l'appareil et en retrouvant mon talent. C'tait vraiment rapide,car j'ai compos une nouvelle musique une semaine aprs avoir jetl'appareil. Je voyais de nouveau trs mal. Les paroles de cette chansoncrite juste aprs cette affreuse partie de ma vie traitent de mes choix entrela vue et l'appareil, elle a fait un carton, parce qu'elle tait bien crite. Denombreux chanteurs ont repris mes paroles et j'ai gagn pas mal d'argent.Je suis devenu connu, parce que je suis sorti de la peur, pour retourner dansla tristesse. Je n'avais pas envie de voir les gens, je prfrais juste lesentendre. J'tais mal, parce que je n'avais plus droit la vue, mais j'avaisenvie de rester comme a. Je le faisais, parce que cela me permettait decomposer de meilleures chansons et d'avoir quelque chose de bien dans mavie, une motivation contre la dpression. Je ne prenais pas du plaisir

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  • souffrir, mais en revanche, je me sentais bien si j'avais compos unemusique sentimentale. C'tait ma faon de vivre l'poque, celle qui mecorrespond toujours bien dans le fond.Aprs cette histoire d'appareil de vue et d'opration, j'avais besoin de mechanger les ides. Il fallait que je trouve une femme mon got, j'en avaismarre d'tre seul. Je devais trouver quelqu'un qui me correspondait plus oumoins. J'ai toujours rv d'pouser une femme comme ma fille, mme si jesavais que je ne la trouverais jamais. Je devais trouver une femme quim'apprciait tel que j'tais et qui respectait mes dfauts. Je ne cherchais pasla plus jolie fille, ni mme celle avec qui j'avais envie de me montrer. Jevoulais juste trouver une fille bien, une fille avec qui je me sentirais bien,une fille remplie de joie, assez diffrente de moi. Et par bonheur...je l'aitrouve. C'tait un jour de fte, l'anniversaire de l'un de mes amis, parmi lepeu qu'il me reste, c'tait un jour que je ne risque pas d'oublier. Marise,c'tait le prnom de celle que j'ai rencontre la fte. Ce jour-l, c'est ellequi est venue se prsenter moi, je ne pouvais pas la voir, mais elle nem'entendait pas parler. Marise tait sourde, alors que je ne pouvais pas lavoir. Elle avait des problmes de communication, mais je m'en fichais.C'tait une fille comme elle qu'il me fallait, parce que je n'tais pas mieux.J'avais aussi de gros dfauts et il tait temps pour moi d'aimer. J'ai choisiMarise pour diverses raisons. D'abord, les gens autour de moi ne disaientque du bien d'elle. Ensuite, Marise avait tendance me prendre par la mainlorsqu'elle s'approchait de moi, parce que nous nous sommes revusplusieurs fois aprs ce jour de fte. Pour finir, mon cur battait trs fortquand j'tais avec Marise. A mes "yeux", Marise tait celle qu'il me fallait,c'tait la chaussure mon pied. D'une faon surprenante, elle tait tombe"sous mon charme", parce que je parlais poliment et qu'elle tait heureuseavec moi. Elle ne cherchait pas un prince charmant, mais un homme surqui elle pouvait compter. J'tais ce bonhomme. Nous sommes rests encouple durant quelques annes avant de nous marier. Nous n'avons jamaiseu d'enfant, parce que nous n'tions pas aptes en grer. Je ne suis plusjamais tomb amoureux aprs Marise, mme aprs son dcs. Marise estmorte d'un cancer l'estomac. Je n'ai rien pu faire pour l'aider, si ce n'taitd'accepter et d'avancer. J'ai perdu des tres importants, mais cela ne m'ajamais arrt. J'ai toujours progress, au moins dans le domaine artistique.

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  • C'est vrai que, encore une fois, j'avais perdu un tre important dans ma vie.Je me disais que je n'tais pas fait pour vivre en couple. Je n'apportais quepeine autour de moi, j'en avais marre d'enterrer ceux que j'apprciais. Lepire, c'est que les deux personnes que j'ai aimes, je n'ai mme pas russi leur dire au revoir. J'avais retrouv la vue durant une priode inutile de mavie, celle o j'avais perdu des contacts importants, j'avais vcu lesmauvaises choses et je n'avais mme pas pens regarder le bon ct dema vie. Avec toutes ces tapes difficiles, j'avais besoin d'entreprendre unenouvelle activit. Je voulais faire autre chose que de la danse, de lamusique ou encore de la peinture. J'avais envie de me dcouvrir unenouvelle passion, mais je ne savais pas laquelle. J'ai toujours aim lesplantes, parce que j'adore les sentir, mais je ne me sentais pas prt pour melancer dans la botanique, parce que je n'tais pas capable de lire. Je devaistrouver une passion idale pour un aveugle, mais je ne savais pas ce quipouvait me convenir. Je voulais sortir du domaine artistique et me lancerdans autre chose, j'avais envisag les puzzles. Je pouvais facilementtrouver de grands puzzles et cela, sans devoir dpenser trop d'argent, maisj'avais vite abandonn l'ide. C'tait passager et je ne m'amusais pasrellement emboter des pices les unes dans les autres quand j'avaiscommenc. Je m'tais alors rorient vers une autre occupation, celle de lamagie. Je m'tais pos une simple question : Quels sont les tours de magiequ'une personne aveugle peut faire ? J'ai rpondu cette question et c'estainsi que je suis me suis dcouvert une nouvelle occupation. C'tait une nouvelle voie pour moi, parce que je n'y avais jamais pensauparavant. Je n'avais pas besoin de regarder ce que je faisais, je pouvais lefaire sans mes yeux. C'tait une simple ide qui subitement m'obnubilaitl'esprit, car je ne pensais plus qu' a. Je ne savais mme pas comment m'yprendre, je ne connaissais encore aucun tour et je ne pouvais pas lire, maisje m'en fichais. Je devais me former autrement que par la lecture, c'estpourquoi j'ai eu recours un autre mage pour avancer. Je n'avais aucuneconnaissance dans le domaine, mais j'tais motiv. Le premier magicienqui avait tent de m'enseigner tait rapidement parti, il disait qu'il n'y avaitaucun espoir. Le second mage n'avait mme pas pris la peine dem'expliquer, je n'avais rien dit propose de ma vue. Par consquent, j'avaisorganis mes propres cours. Je voulais aller jusqu'au bout de mes ides et

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  • voir si j'avais une chance d'tre connu. Alors, j'ai cout de nombreuxenregistrements, je me suis instruit grce mon oue et j'ai appliqu unesrie de tours, mais cela n'a jamais fonctionn. Je me ridiculisais devant lesgens et je n'tais clairement pas fait pour ce mtier. Je me retrouvais encoreune fois au point de dpart, sans avenir, sans femme et sans motivation. Jepensais encore au suicide, mais je ne voulais pas gcher ma vie trop vite.Je n'tais plus vraiment jeune et j'avais envie de mourir pour de bon. Jedevais trouver ma voie avant de partir de ce monde. Je savais que j'taisfait pour la danse, mais j'avais envie de me dcouvrir quelque chosed'autre. Je ne savais pas quoi et j'tais dboussol l'poque, car je meperdais dans le fil de mes ides. Je m'tais tortur l'esprit pour trouver cequi me correspondait, mais ce n'tait pas une bonne technique. J'avaisrflchi pendant des mois et c'est un jour o je ne m'y attendais absolumentpas que j'avais trouv ce qu'il me fallait. Jamais, je n'avais imagin tre faitpour a et pourtant, aujourd'hui, je suis devenu connu grce mes paroles,mais aussi grce cette dernire voie, celle de l'orchestre. Je suis devenuun chef d'orchestre, parce que j'en avais simplement envie et parce que jecomposais depuis de nombreuses annes. J'avais laiss battre mon cur,mon esprit s'envoler, attendant l'arrive inopine d'une ide et comme chaque fois, j'tais parvenu trouver. Je tenais rester dans l'art musical,mais jusque-l, je n'av