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Echo de l'UTM

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Article de février 2010

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N° 2 2010

L’ECHO des TROUPES de MONTAGNE L’UTM vous informe

LA BRIGADE LA FAYETTE : POINT DE SITUATION Au terme de quelques 5 mois de déploiement, la 27e BIM, sous les traits de la Task Force La Fayette a trouvé ses marques, pris son rythme de croisière après une période exigeante où beaucoup était à créer ex-nihilo, tout en obtenant sur le terrain des résultats probants. Afin de mesurer l’ampleur du travail accompli, il convient d’en visiter les facettes les plus significatives, cette multiplicité se voulant le fidèle reflet d’un environnement et d’une mission complexes.

L’importance-clé de la coopération avec l’ANA Alors même que cette coopération avec l’armée nationale afghane n’est pas une nouveauté en soi (la 27e BIM contribue à la mission « Epidote » depuis sa mise en place en 2002), elle a pris en l’espace de quelques an-nées un nouveau visage. De la formation très académique des débuts, on est passé à la vitesse su-périeure avec les OMLT où il s’agissait d’accompagner nos « élèves » jusqu’au cœur de l’éprouvante réalité des combats pour, à présent -tout en s’appuyant toujours sur ce concept de tutorat- arriver à la planification et la conduite d’opérations « coude-à-coude ». Les enjeux sont multiples : en résumé, cela commence très simplement et

symboliquement par l’établissement de liens de frères d’armes lesquels, dans un pays aux traditions guerrières intactes, prend toute sa dimension , jusqu’à l’impact politique : une armée soudée et efficace, c’est un gage de sérénité dans l’établissement d’un pouvoir central fort et le dépassement des clivages ethniques que l’appartenance à une même armée contribue à effacer. Même si beaucoup reste à faire, les progrès enregistrés par l’ANA sont notables, détermination et courage comblant utile-ment certaines lacunes dont la maîtrise requiert davantage de temps. Ubiquité et continuité de l’action L’arrivée, au profit des GTIA de Kapisa et Surobi de l’échelon de niveau brigade a permis de faciliter, de par la prise en compte des missions de planification et de coordination inhérentes à cet échelon, de contribuer significativement à répondre à cette exigence incontournable qu’est celle d’occuper le terrain d’une part, tout en étant capable, d’autre part, d’être présent partout avec un volume de personnel qui demeure contraint par rapport à un tel défi. Outre les patrouilles quotidiennes, il faut en effet continuer à réaliser des opérations d’envergure. Si leur résultat immédiat peut parfois s’avérer relatif, leur gain symbolique et psychologique demeure quant à lui inestimable : c’est l’affichage aux yeux, tant d’une population demandeuse de sécurité qu’à ceux d’insurgés à l’affût de la moindre faiblesse, d’une réelle capa-cité d’intervenir en tous lieux, en tout temps… et par tous temps. Cela vaut bien entendu -et surtout- pour les zones les plus inaccessibles (la spécificité montagne prend ici tout son sens), que les insurgés ont longtemps considérées comme d’inexpugnables refuges et autant de zones de non-droit. La preuve du niveau d’efficacité atteinte dans ce domaine tient à la réaction des insurgés qui, constamment dérangés sont perturbés dans l’organisation d’actions complexes.

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Ils privilégient donc le recours à des tirs indirects de roquettes sur les FOB : notre dispositif s’est adapté en consé-quence avec la mise en place de moyens efficaces de contre batterie et l’accélération de la construction d’infrastructu-res durcies.

L’ubiquité, rendue possible par la légendaire mobilité « tous terrains » des soldats de monta-gne s’appuie par ailleurs sur un dispositif plus fixe qu’incarnent les COP –postes de combat avancés- qui, à l’image du COP Belda établi lors des combats d’Alasay il y a tout juste un an, permettent de pérenniser et de matérialiser la reconquête du territoire afghan au profit du pou-voir central tout en demeurant les piliers d’un dispositif tactique bien rodé. La tache demeure néanmoins difficile tant les sollicitations sont nombreuses et érodent quoti-diennement l’endurance d’effectifs très sollicités. Si notre capacité à opérer partout et efficacement est démontrée aux niveaux SGTIA et GTIA, le sud de notre zone de responsabilité (Alasay et Bedraou notamment) constituent toujours des zones d’agressivité insurgée notoire. Nouvelle donne ?

Pour la deuxième année consécutive, on relèvera l’absence de véritable hiver au sens climatique et d’hivernage chez les insurgés Ainsi, malgré quelques frimas et de rares précipitations, rien n’est véritablement venu pousser les insurgés à se placer de fait en « trêve hivernale ». Ils sont restés sur zone durant tous ces derniers mois et la seule limite qu’a pu connaître leur activité tient principale-ment à l’absence de masque végétal ou encore à une durée du jour plus réduite, deux obstacles bien relatifs, en défini-tive. Nonobstant le maintien de cette activité insurgée tout au long des mois dits froids, il est à souligner l’émergence de nouveaux modes d’ac-tion découlant de la crainte d’un contact direct avec les troupes de l’ISAF. En pratique, le recours aux tireurs embusqués, à distance et utilisant no-tamment le Dragunov tend à se répandre. De même et très pragmatiquement, les insurgés savent exploiter une fai-blesse plus culturelle, celle de notre souci des dommages collatéraux, en se retranchant, à certaines occasions, en zone habitée (difficile de parler de zone « urbaine » !) , voire en organisant des embuscades au cœur des villages, conscients du fait que notre puissance de feu serait alors limitée par le strict respect des Conventions de Genève. La menace IED qui demeure constante prend sans cesse de nouveaux vi-

sages tant les insurgés ne semblent jamais à cours d’imagination dans la conception de nou-veaux engins, parfois agrémentés de pièges destinés à neutraliser les sapeurs lors de leur intervention. L’insurgé est retors, nous le savions, il le confirme ! La population au centre de toutes les attentions Dans une zone où persistent des activités de type « maffieux » (assassinats, trafics) liés à la lutte pour le pouvoir tribal autant qu’à l’appât du gain et du profit person-nel, la popu-

lation, sans surprise hélas, demeure la principale victime, elle n’est pas moins opportuniste. Cela étant, et eu égard au rôle clé que cette population joue bon gré mal gré, nos efforts à son attention ne faiblissent pas.

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Les actions civilo-militaires et les opérations d’influence combinent ainsi leurs atouts afin d’aider cette population à com-prendre notre mission et à percevoir notre présence autrement que comme celle d’autres troupes d’une autre époque, dont l’invasion marque encore les esprits des plus anciens. Concrètement, à l’approche de la rentrée scolaire qui ravive un certain nombre de besoins d’infrastructure, et au-delà de la satisfaction ponctuelle des besoins de base grâce aux distributions en liaison avec l’ANA, les actions civilo-militaires gé-nèrent un effet intéressant à moyen et long terme : l’appropriation par les Afghans de l’idée même de développement.

En effet, alors même que, dans de nombreux villages -on parlerait de hameaux en France- une quasi autarcie est encore la règle à ce jour, dans d’autres, on a pu assister à l’éveil d’une forme d’émulation, chacun voulant être le bénéficiaire qui de la réfection d’une piste, qui de la reconstruction d’une école. Ces travaux ne pouvant être réalisés par les seuls moyens locaux, c’est tout naturellement vers l’ISAF que l’on se tourne, et, demain, vers un nouvel état afghan, ce qui équivaudra implicitement à un renoncement même partiel aux archaïques struc-tures tribales et ethniques et donc à la reconnaissance et au renforcement du pouvoir central. A charge pour ce dernier de savoir répondre présent en étant crédible et effi-cace, ce qu’une corruption encore largement répandue ne permet pas encore, particulièrement à ses échelons déconcentrés.

Les opérations d’influence marquent aussi des points, notamment avec la création de la radio « OMID », laquelle, des di-res mêmes des Afghans est très écoutée (des transistors étant par ailleurs distribués à la population). Elle permet de diffu-ser une information crédible puisqu’objective, complétée par les messages de l’ISAF. Loin d’une action de pure propa-gande, car les Afghans n’en seraient pas dupes, il s’agit bien de faire circuler l’information (la bonne !) afin de contrer les manipulations des insurgés et de contribuer à l’ouverture au « monde » pour, là aussi, se débarrasser des carcans d’un mo-dèle sociétal obsolète. Une preuve de succès ? Les nombreux sabotages dont les émetteurs et les relais sont l’objet ! E.M. Task Force La Fayette

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