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L'OBS HORS SERIE Date : N 28/2015 Pays : France Périodicité : Parution Irrégulière Page de l'article : p.49-53 Page 1/5 ESMOD 3165836400503 Tous droits réservés à l'éditeur SOCIAL I PARAMÉDICAL I JOURNALISME I ÉCOLES DU WEB I ÉCOLES D'ART ECOLES D'ART Pour passionnés accrocheurs Une fois décrochée la précieuse place dans un établissement réputé, le parcours du combattant ne fait que commencer pour celles et ceux qui rêvent de se faufiler dans le monde artistique. Quand j'ai appris que j'étais re- cue à l'école DuperréJ'ai sauté de joie », se souvient Marion Kleber, 23 ans. Elle qui avait toujours aimé dessiner et bricoler allait enfin pouvoir « passer ses journées à exprimer sa créativité ». De plus, voir son nom sur la liste des heureux élus est un vrai soulagement quand on sait que 2 000 candidats ont déposé un dossier, que 300 seulement ont été convoqués à un entretien pour décrocher l'une des 80 places ouvertes en Manaa - ou année de mise à niveau en arts appliques -, la « porte d'entrée vers un cursus en design pour ceux qui ont fait un bac général ». S'en est sul vie une année « riche et intense », où la .jeune Strasbourgeoise a pu affiner son sens de l'observation, avant de passer par une nouvelle sélection, cette fois pour accéder au BTS en communi- cation visuelle à Duperré. « Mais nous étions déjà bien préparés et la case "lettre de motivation" nous était épar- gnée », glisse-t-elle. Aujourd'hui, en ba- chelor dans une école d'art berlinoise, Marion Kieber s'apprête à enchaîner un semestre d'échange universitaire en Islande avec un stage à Copenhague. « J'ai été contactée directement par une agence de design à partir de travaux que j'avais publiés sur Internet et c'est une opportunité à saisir. Toutes ces ex- périences à l'étranger enrichissent mon regard », souligne-t-elle. Priorité à la création Impossible de se reposer sur ses lau- riers, quand on veut réussir dans une voie artistique ? Réalisateur, stylise, de- signer ou animateur 3D... Si ces intitulés de métiers attirent beaucoup déjeunes, le passage du rêve à la réalité suppose une bonne endurance, au-delà d'un bon coup de crayon ou de références artis- tiques originales. « J'ai senti le besoin de forger ma pratique artistique et de nour- rir ma réflexion en effectuant une prépa puis en intégrant l'École nationale supé- rieure des beaux-arts de Lyon », raconte Romain Moncet, 27 ans. « Démarrer sur la seule base de cours du soir ne me pa- raissait pas viable, même si j'ai le diplôme d'ingénieur de Supelec. » Avec une école spécialisée, on se construit un réseau, on confronte ses techniques à celles de professionnels confirmés, on participe à des travaux de grande ampleur. Chaque année, par exemple, les diplômés dè la Fémis présentent les films qu'ils ont réalisés en fin d'études à la Cinémathèque fran- çaise. « Tous nos charges de cours sont eux-mêmes directeurs artistiques ou ar- chitectes d'intérieur, explique d'ailleurs Gérard Vallin, directeur adjoint de l'Lsag Penninghen, une école réputée en design. Ils emmènent les étudiants sur leurs chantiers, leur transmettent leurs pratiques quotidiennes à travers des études de cas et des projets. » Dans les filières où lobjectif esthétique prime sur la commande économique, là aussi, le terrain prend plus de place que la théorie. « Quèlques cours sont dispcn ses en amphi, quand il s'agit d'histoire de l'art et de sciences humaines. Mais la ma- jeure partie de la formation repose sur une pédagogie de l'art par l'art, avec des travaux en ateliers et un projet person- nalisé. Notre but n'est pas de former des techniciens mais des auteurs, dotés d'un fort esprit critique », résume Emmanuel Tibloux, président de l'Andéa, le réseau des 46 écoles supérieures d'art dépen- dant du ministère de la Culture. Dans ce réseau public se trouvent certaines des écoles les plus presti- gieuses, comme l'École nationale su- périeure des arts décoratifs (Ensad) et l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, qui délivrent des diplômes d'établissement. D'autres sont axées sur des créneaux spécifiques - la bande dessinée à Angoulême, la pho- tographie à Arles - et d'autres encore ont un très bon rayonnement régional, comme l'école de Saint-Etienne en de- sign, ou la filière « art » des Beaux-Arts de Lyon. Autres établissements pu- blics reconnus : les écoles supérieures d'arts appliques, au nombre de sept, dont l'école Duperré citée plus haut ou l'école Boulle, un vrai label en design et ameublement. Enfin, difficile de donner un avis sur la myriade d'établissements privés, parfois très coûteux. Certains sont plébiscités par les professionnels et ont désormais une cote établie - tels Strate College en design industriel, Les Gobelins ou Supinfocom en animation et en technologie 3D. Mais il en existe beaucoup qui sont loin d'offrir les pers-

ECOLES D'ART Pour passionnés accrocheurs · "lettre de motivation" nous était épar-gnée », glisse-t-elle. Aujourd'hui, en ba-chelor dans une école d'art berlinoise, Marion Kieber

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Page 1: ECOLES D'ART Pour passionnés accrocheurs · "lettre de motivation" nous était épar-gnée », glisse-t-elle. Aujourd'hui, en ba-chelor dans une école d'art berlinoise, Marion Kieber

L'OBS HORS SERIEDate : N 28/2015Pays : France

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SOCIAL I P A R A M É D I C A L I JOURNALISME I ÉCOLES DU WEB I ÉCOLES D 'ART

ECOLES D'ARTPour passionnés accrocheursUne fois décrochée la précieuse place dans un établissementréputé, le parcours du combattant ne fait que commencer pourcelles et ceux qui rêvent de se faufiler dans le monde artistique.

Quand j'ai appris que j'étais re-cue à l'école DuperréJ'ai sautéde joie », se souvient MarionKleber, 23 ans. Elle qui avaittoujours aimé dessiner et

bricoler allait enfin pouvoir « passerses journées à exprimer sa créativité ».De plus, voir son nom sur la liste desheureux élus est un vrai soulagementquand on sait que 2 000 candidats ontdéposé un dossier, que 300 seulementont été convoqués à un entretien pourdécrocher l'une des 80 places ouvertesen Manaa - ou année de mise à niveauen arts appliques -, la « porte d'entréevers un cursus en design pour ceux quiont fait un bac général ». S'en est sulvie une année « riche et intense », où la.jeune Strasbourgeoise a pu affiner sonsens de l'observation, avant de passerpar une nouvelle sélection, cette foispour accéder au BTS en communi-cation visuelle à Duperré. « Mais nousétions déjà bien préparés et la case"lettre de motivation" nous était épar-gnée », glisse-t-elle. Aujourd'hui, en ba-chelor dans une école d'art berlinoise,Marion Kieber s'apprête à enchaînerun semestre d'échange universitaire en

Islande avec un stage à Copenhague.« J'ai été contactée directement par uneagence de design à partir de travauxque j'avais publiés sur Internet et c'estune opportunité à saisir. Toutes ces ex-périences à l'étranger enrichissent monregard », souligne-t-elle.

Priorité à la créationImpossible de se reposer sur ses lau-

riers, quand on veut réussir dans unevoie artistique ? Réalisateur, stylise, de-signer ou animateur 3D... Si ces intitulésde métiers attirent beaucoup déjeunes,le passage du rêve à la réalité supposeune bonne endurance, au-delà d'un boncoup de crayon ou de références artis-tiques originales. « J'ai senti le besoin deforger ma pratique artistique et de nour-rir ma réflexion en effectuant une prépapuis en intégrant l'École nationale supé-rieure des beaux-arts de Lyon », raconteRomain Moncet, 27 ans. « Démarrer surla seule base de cours du soir ne me pa-raissait pas viable, même si j'ai le diplômed'ingénieur de Supelec. »

Avec une école spécialisée, on seconstruit un réseau, on confronte sestechniques à celles de professionnels

confirmés, on participe à des travauxde grande ampleur. Chaque année,par exemple, les diplômés dè la Fémisprésentent les films qu'ils ont réalisésen fin d'études à la Cinémathèque fran-çaise. « Tous nos charges de cours sonteux-mêmes directeurs artistiques ou ar-chitectes d'intérieur, explique d'ailleursGérard Vallin, directeur adjoint del'Lsag Penninghen, une école réputéeen design. Ils emmènent les étudiantssur leurs chantiers, leur transmettentleurs pratiques quotidiennes à traversdes études de cas et des projets. » Dansles filières où lobjectif esthétique primesur la commande économique, là aussi,le terrain prend plus de place que lathéorie. « Quèlques cours sont dispcnses en amphi, quand il s'agit d'histoire del'art et de sciences humaines. Mais la ma-jeure partie de la formation repose surune pédagogie de l'art par l'art, avec destravaux en ateliers et un projet person-nalisé. Notre but n'est pas de former destechniciens mais des auteurs, dotés d'unfort esprit critique », résume EmmanuelTibloux, président de l'Andéa, le réseaudes 46 écoles supérieures d'art dépen-dant du ministère de la Culture.

Dans ce réseau public se trouventcertaines des écoles les plus presti-gieuses, comme l'École nationale su-périeure des arts décoratifs (Ensad)et l'École nationale supérieure desbeaux-arts de Paris, qui délivrent desdiplômes d'établissement. D'autres sontaxées sur des créneaux spécifiques - labande dessinée à Angoulême, la pho-tographie à Arles - et d'autres encoreont un très bon rayonnement régional,comme l'école de Saint-Etienne en de-sign, ou la filière « art » des Beaux-Artsde Lyon. Autres établissements pu-blics reconnus : les écoles supérieuresd'arts appliques, au nombre de sept,dont l'école Duperré citée plus haut oul'école Boulle, un vrai label en design etameublement. Enfin, difficile de donnerun avis sur la myriade d'établissementsprivés, parfois très coûteux. Certainssont plébiscités par les professionnelset ont désormais une cote établie - telsStrate College en design industriel, LesGobelins ou Supinfocom en animationet en technologie 3D. Mais il en existebeaucoup qui sont loin d'offrir les pers-

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pectives d'insertion annoncées.Bien avant les inscriptions, me-nez votre enquête.

Un accès très sélectifL'entrée en première année

se situe en principe au baccalau-réat. Dans les faits, les candidatsont souvent mûri leur démarcheet leur pratique artistique en ef-fectuant une année de prépa carces écoles sont très sélectives :10% d'admis en moyenne dans lesécoles publiques, 3,8% seulementà l'Ensad. Pour ceux qui ont unBTS en poche ou affichent un di-plôme ou cursus dans une autreécole d'art, il existe des concoursd'entrée pour la deuxième annéedirectement, voire en quatrièmeannée, quand commence le cyclemaster. « Cette diversité des pro-fils au sein des cursus spécialisés,à partir de la deuxième année, esttrès importante pour l'ouverturedes élèves », explique Patrick Renaud, coordinateur de la sectiondesign d'objet à l'Ensad. Attendon : s'il y a moins de candidatspour ces admissions, il y a moinsde places aussi, et il est essentielde savoir expliquer sa démarche.

Chaque école concocte sespropres épreuves de sélection,mais, dans tous les cas, lesmaîtres mots sont la curiosité etl'inventivité. Oubliez les entre-tiens de motivation formatés.Avant de rencontrer le jury, lescandidats à la Manaa de l'écoleDuperré ont, par exemple, unesemaine pour plancher sur unsujet. « L'année où j'ai postulé,nous devions choisir trois motsdans une liste de dix - comme"parallèle", "cailloux", "doux","diffuser", "démêler" - et présen-ter une production qui serviraitde base à la discussion », noteMarion Kieber. À la Fémis, lescandidats ont quant à eux six se-maines pour monter un dossierpersonnel d'enquête. S'ensuitune épreuve d'analyse de film.Mais attention, rappelle l'écoledans ses annales de concours,

LE CONSEILDEL'OBS

Pour exercerune profession

artistique, il fautêtre dans les

bons réseaux. Pasquestion donc

d'aborder ces étudescomme des études

classiques ! Quel quesoit le domaine que

vous visez, démenez-vous dès le départpour développer

votre carnetd'adresse, parle

biais de l'école, maispas seulement,

ouvrez des portes,serrez des mains,

fréquentez lesgaleries... Plus quejamais, faites-vous

remarquer.

il ne s'agit pas de dérouler undiscours universitaire mais dese mettre dans une posture decréateur. Aux Beaux-Arts deParis, c'est avec un solide dos-sier artistique, un book, façonnépendant plusieurs mois, qu'ilfaudra convaincre de ses apti-tudes techniques en dessin maisaussi de sa démarche d'auteur :« Nous acceptons les œuvres ori-ginales et on nous soumet par-fois des tableaux de plusieursmètres », précise Alice Rivey, à lascolarité. Ceux qui sont retenuspassent ensuite des épreuvesde culture générale de connais-sance d'histoire de l'art et uneépreuve pratique de dessin.

Parfois, le book n'est pas sidéterminant : à la Fémis commeà l'École nationale supérieureLouis Lumière, les étudiants dela filière son viennent de licencescientifique, ou même de classeprépa. Ces profils scientifiquesseront plus à l'aise dans la dimension technique du métier.Par contre, il n'est pas utiled'être calé en informatique pourintégrer les Gobelins ou desécoles d'animation. « Nous re-crutons des élèves qui ont un sensartistique et nous leur apprenonsles logiciels pour les effets spé-ciaux », explique Gilbert Kiner,directeur d'ArtFx, école privéequi forme en trois ans des spé-cialistes des effets spéciaux nu-mériques. Enfin, si globalementle profil académique n'est pasdéterminant, les aptitudes àcommuniquer et à établir unréseau sont indispensables.

lier Iliera par

Dans leurs programmes, denombreuses écoles proposentune palette d'options variée quilaissent penser que l'on pourratout faire à la sortie. Dans la réa-lité, pour avoir la garantie dese caser plus facilement, mieuxvaut viser une école pour la spé-cialité qui a fait sa renommée.

.JB,communication visuelleDans ce domaine très saturé,

les cursus les plus cotés se trou-vent avant tout dans les écoles pu-bliques dépendant du ministèrede la Culture ou bien de l'Educa-tion nationale. Prestigieuses etreconnues de longue date, ellesfacilitent souvent, sans la garan-tir pour autant, loin de là, l'entréedans la vie active. C'est le cas del'École supérieure Estienne desarts et industries graphiques deParis. Ses filières arts graphiqueset illustrateur sont très cotées,elles forment des spécialistesqui s'insèrent parfaitement, enparticulier dans le monde del'imprimerie, mais aussi dans lesagences de communication ou depublicité, tant au niveau BTS queDSAA (bac +4). « Depuis quèlquesannées, notre filière typographieest en plein essor car le caractèreest modernisé sur les affiches, ilest également intégré à des filmsd'animation SD », explique Cathe-rine Clerc, en charge de la documentation et de l'orientation desélèves. Autre cursus apprécié desrecruteurs : la filière design gra-phique de l'École nationale supé-rieure des arts décoratifs. Enfin,si la vocation première de la pres-tigieuse ENSBA est de favoriserl'éclosion d'artistes, force est deconstater qu'un certain nombrede ses diplômés se retrouventdans les métiers du graphismeet du dessin. Quant à l'École su-périeure des arts appliques et dutextile de Roubaix, elle forme descréateurs concepteurs textile,tout comme l'Ensci-Les Ateliersavec sa filière designer textile.Des spécialités où l'emploi restedifficile.

i et architectureleur

Pour réfléchir sur le statutde l'objet, les meilleures écolesfont venir des économistes, desphilosophes, des financiers, dessociologues qui permettent d'aï-

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ler en amont sur les besoins etpratiques sociétales afin de pro-poser un design qui capte les be-soins de l'époque, qui soit sourced'innovation. Parmi les critèrespour repérer une école sérieuse,vous pouvez privilégier celles quibénéficient de la reconnaissancedu CFAI, le Conseil français desarchitectes d'intérieurs. Ellessont au nombre de douze. Parmielles, on retrouve l'Ensci-Les Aletiers dont la filière qui forme descréateurs industriels en cinq ansest prisée des industriels. Oli-vier-dé Serres, l'École nationalesupérieure des arts appliques etdes métiers d'art, possède unefilière design d'objet en plein essor. L'école Boulle présente, elleaussi, des sections design d'espace et design produit réputéeset convoitées : « Le design est aujourd'hui notre principale filièrede formation en nombre de can-didats et de places offertes, devantles métiers d'art qui sont l'histoirede l'établissement », explique Bé-nédicte Guérineau, au secréta-riat du proviseur. Elle précise :« Le bois, le métal, le bijou, la tapis-serie d'ameublement restent desfilières manuelles d'excellence. »

Quèlques établissements privés jouissent aussi d'une bonneréputation, c'est le cas notamment de Strate Collège Designersou de Camondo, reconnue parl'Etat et intégrée aux Arts-Déco,qui propose un double cursusen architecture d'intérieur et endesign en cinq ans. Elle a forméquèlques stars comme PhilippeStarck ou Jean Michel Wilmotte.L'Esag Penninghen proposeelle aussi une filière d'architected'intérieur et designer en cinqans. Ces écoles ont développédes partenariats avec des entre-prises pour donner à leurs étu-diants un maximum de contacts.« Nos élèves passent 50% de leurtemps sur des projets dont 75%sont confiés par des entreprises »,souligne Quentin Lesur, à Ensci.Strate College affiche de solides

À CLIQUERwww.appea.frLe site du réseau

APPEAEn France, il existeune vingtaine deprépas publiques(frais de scolarité

entre 300 et900 € par an) dont

quator/e sontrassemblées ausein d'un réseauqui garantit une

charte pédagogique.«Surtout, nousvoulons être un

tremplin, assurerune diversité

socioculturelle dansIe champ de l'artet de la formationartistique pour les

jeunes qui aspirent àdevenir des auteurs

ou des artistes»,explique Emmanuel

Hermange,president du reseau.

partenariats et dix-sept mois destages sur l'ensemble du cursusde designer industriel.

ModeQuelques formations ont fait

leur preuve. C'est le cas de l'écoled'art appliqué Duperré. Pu-blique, elle prépare à un diplômedes métiers d'art en textile (op-tion broderie, tapisserie, tissage).La filière mode propose troisniveaux - BTS, licence, DSAA- qui permettent de travaillersur la création de vêtements etd'accessoires à des niveaux àchaque fois un peu plus conceptuels. L'école est reconnue pourmettre l'accent sur la créativitédans son enseignement. Parmiles privées, l'École de la chambresyndicale de la couture pari-sienne prépare au métier de styliste et à celui, moins couru maisplus accessible, de modéliste.Créée par des professionnelsdu secteur, l'établissement qui aformé Yves Saint Laurent, IsseyMiyake et André Courrèges, entretient des liens forts avec lesentreprises. L'atelier Chardon-Savard forme, lui, des stylisteset de créateurs de mode et restetrès apprécié pour l'excellencede son enseignement technique.L'école a noué de nombreux par-tenariats permettant aux élèvesde répondre à des commandesconcrètes tout au long de leurformation. Le Studio Berçot,dont sont issus Lolita Lempicka,Isabelle Marant, Gaspard Yurkievich, propose un cursus endeux ans et une dernière annéefacultative et gratuite pour fairedes stages.

Le groupe Esmod, enfin,qui a ouvert plusieurs écoles enFrance (à Paris, Lyon, Rennes,Bordeaux et Roubaix) s'adosseaux activités régionales et metl'accent sur les échanges internationaux dans les capitales eu-ropéennes de la mode : Milan,Londres, etc. « Nos étudiantstrouvent rapidement du travail,

mais il faut compter deux anspour accéder à un CDI », estimeChristine Walter Bonin!, direc-trice d'Esmod.

CinémaDans ce secteur, la Fémis

et l'École nationale supérieureLouis-Lumière, toutes deux pu-bliques, font référence. Chaqueannée, la première recense tousles anciens qu'elle retrouve auxgénériques des films sélectionnésà Cannes. Ils étaient 105 en 2015 !À côté de ses formations clas-siques (réalisation, son, scéna-rio, décors, production, image etmontage), la Fémis a monté, à lademande des professionnels, unefilière courte pour s'orienter versla distribution des films et Texploitation des salles. Depuis 2013,elle propose aussi un cursus d'unan dédié aux séries télévisées.

L'école Louis-Lumière pro-pose quant à elle trois grandesfilières : image, son, et photo.À la sortie, les diplômés tra-vaillent derrière la caméra maisaussi dans tous les métiers techniques (son, décors, produc-tion, montage...). Toutes deuxmettent l'accent sur la pratique,ouvrent leurs réseaux grâce auxcentaines d'intervenants pro-fessionnels, rendent les stagesobligatoires et, dans un contexted'internationalisation des strategies économiques de l'industriedu cinéma et d'accroissementdes coproductions, certains étu-diants vont voir du pays. Commeà la Fémis où 55% des élèvesparticipent à un programmed'échange et plient bagages pourNew York (avec Columbia University), Buenos Aires, Lausanne,Ludwigsburg ou Yokohama.

Animation visuelleSi les jeunes cherchant dé

sespérément à se caser dansces spécialités très à la modesont pléthore, les diplômés desécoles françaises cotées s'exportent avec succès à Londres ou

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5 exemples dè formations artistiques

EtablissementDati tt Nombre dccréation candidats Nombre dè places Goût de la forma-

tion/an (en E) Durée du stage Diplôme délivré

EsagPenninghen

ENSBA Paris

Ecole de designNantes-Atlantique

Prive

Public

Prive

1648

Fémis

Mapa (Arles,ex-Supinfocom)

Prive (soustutelle CCI duPaysd'Arles)

Pas de selectioncnil

200enL2

1200

N.C.

1996 1221

200 (Ie annee)40(3e annee)

250 en Ll120enL2

150 (entreeapres le bac)

220 placesen F année

1200 étudiantsen 2015

59 (entrée avecun niveau bac+2

oubac+3)

35 (1e année)15 (3e annee)

7530(11)8960(L2)

433*

2a3mois(L3)2a3mois(IUI1)

6 mois

6 900 (pas de frais 2mois(L3)si apprentissage) 10 a 12 mois (master)

433*

7100(2e et 3e annees)7750(4"et 5e annees)

Selon les cursus

3 mois minimum

Titres de directeur artistique etd'architecte d'inteneur-designer,

niveau 1

Diplôme national supérieur d'artsplastiques (grade master)

Diplôme de design (bac +5).Aussi des BIS et des licences pros

en alternance

Diplôme niveau bac+5, avec spé-cialisations (scénario, montage,image, son, production, decor)Diplômes spécifiques scripte,

distribution/exploitation,creation de series TV

Diplôme de concepteur/réalisateur30 de niveau I

* Droits universitaires, fixes par le ministere de la Culture

Hollywood. Ces écoles qui forment la fine fleur des prodigesde la 3D sont Gobelins Écolede l'image à Paris, Supinfocomà Valenciennes. Les étudiantsy acquièrent toutes les ficellespour créer des personnages vir-tuels et des décors de jeux vidéoou de film d'animation... Et cesdiplômes n'ont, en général, pastrop de mal à trouver du travailcar les plus prestigieux studiosd'animation du monde entier seles arrachent. Aux Gobelins, c'estla filière cinéma d'animation quiest la plus courue, avec 700candidats pour 25 places. L'établissement sélectionne les étu-diants sur concours après le bacou après un bac +2 et délivre undiplôme de niveau bac +3. « Endesign interactif, six mois aprèsla sortie, le taux d'insertion est de90%. Mais en cinéma d'animation,fes embauches sont immédiates »,

assure Yves Portelli, directeur.Sa botte secrète ? « Nous sommestrès attentifs à l'imaginaire descandidats, plus encore qu'à leurcoup de crayon. Ensuite, nousleur apportons la maitrise desoutils », précise Yves Portelli. Desanciens soudés et une formationtrès pro avec un réseau de 400intervenants extérieurs facilitentensuite l'insertion.

Créée en 2004 pour ré-pondre à des demandes émer-gentes en spécialistes d'effetsspéciaux, l'école ArtFx, établissement privé qui forme en quatreans, plaît aussi aux studios etprofessionnels qui se déplacentà Montpellier pour assister auxjurys de diplôme : « En 2014,vingt-deux studios internatio-naux se sont déplacés à nos jurysde fin d'année à Montpellier pourrecruter ; Mooving Picture Company a recruté douze jeunes d'un

coup pour travailler à Montréal,Londres et Vancouver », assureGilbert Kiner, le directeur.

PatrimoineL'Ecole du Louvre, qui ac

cueille ses étudiants au seinmême du musée, est l'école stardans ce domaine. « Ici les éludionis ne s'inscrivent pas pouracquérir une pratique artistique,on s'approche plutôt des uni-versités en histoire de l'art », ex-plique Isabelle Bader au servicede la scolarité. L'école, qui re-crute au bac, a vu le nombre decandidats exploser en quèlquesannées. À peine 20% sont admispour étudier l'histoire généralede l'art pendant trois ans. Ilscommencent à se spécialiseren quatrième année (qui pré-pare au diplôme de muséologiede l'École du Louvre), et la cin-quième année débouche sur

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un diplôme homologué master,avec deux parcours rechercheet trois parcours professionnels (marché de l'art, médiationet métiers du patrimoine). « Enplus des trois mois de stage quifacilitent leur insertion, ils rencontrent des professionnels surIe terrain, dans les galeries »,explique Isabelle Bador. Selonla dernière enquête du ministère de la Culture qui sonde lesdiplômés trois ans après leur sor-tie, 70% sont insérés, tous cyclesconfondus. Le taux grimpe mêmeà 84% pour ceux qui ont pousséjusqu'au master.

L'École du Louvre proposepar ailleurs une classe préparaloire aux concours de conser-vateur du patrimoine. Sesétudiants réussissent particulièrement bien le concours. En2012,53% des admis au concoursexterne étaient passés par cetteclasse prépa. Un chiffre quimonte à 85% si on intègre lesélèves issus de la filière princi-pale de l'École du Louvre.

Quels sont les débouchés?« // est loin, le temps où les

écoles n'étaient pas en phase avecle monde du travail. Aujourd'hui,la plupart proposent des mo-dules de professionnalisationspécifiques », assure EmmanuelTibloux. Et de citer quèlques dis-positifs visant à faire connaître letravail des étudiants et à les ai-der à s'immerger dans le milieuprofessionnel. «À Saint-Etienne,les élèves ont accès à des espacesde co-working ainsi qu'à un incabateur d'entreprises. L'ENSBA anoué des partenariats avec descentres d'art et des musées qui sontde vraies rampes de lancementpour les diplômés. » Le présidentde l'Andéa se félicite d'ailleursdes bons taux d'insertion desécoles. En effet, d'après les enquêtes menées quèlques annéesaprès le diplôme, il s'avère queles débouchés sont en adéqua-tion avec les formations suivies.

À CLIQUERwww.reca-

animation.comLe site du réseau

français des écolesd'animation, crée il ya trois ans, riche eninformations sur sesmembres, le secteur

et ses métiersen perpétuelle

évolution.

C'est ce qu'a montré une enquête de grande ampleur menéepar le CNRS avec l'Institut de re-cherche sur l'éducation (Irédu)en 2009. Une enquête à l'échellede la Région Rhône-Alpes, pu-bliée en 2015, confirme la tendance : plus de 80% des titulairesd'un diplôme national supérieurd'expression plastique (DNSEP,à bac +5) travaillent bien dans lechamp culturel. Mais le tableaus'assombrit dès qu'on jette unoeil aux statuts des emplois etaux rémunérations.

D'après les résultats recueillispar les écoles d'art de Rhône-Alpes, la moitié des premiers emplois concerne des temps partiels.Seuls 12% des jeunes décrochentun CDI dans le privé et près de40% sont indépendants. 37% despremières rémunérations nettessont inférieures à 1000 euros parmois, 56% se situent entre 1000 et2 000 euros nets. Seulement 6%dépassent les 2 000 euros. C'estbien peu au regard du nombred'années d'études et à l'exigencede ces cursus.

Aux Beaux-Arts de Paris,cinq ans après la fin des études,76% à 88% des diplômés ont bienune activité professionnelle.Mais, parmi eux, plus de la moi-tié retire moins de 10 000 eurospar an de sa pratique artistique,d'après une enquête internepubliée dans le rapport de l'ex-Aeres (aujourd'hui HCERES,agence d'évaluation des formalions du supérieur). « Même si lestatut d'artiste nécessite souventdu temps pour accéder à la noto-riété permettant une autonomieéconomique, ce constat pose laquestion d'une insertion professionnelle effective dans la durée »,ont noté les experts de l'Aères.

Dans les écoles à vocationartistique forte, même au sortirdes formations les plus presti-gieuses, il faut donc s'accrocher.« Pendant les deux années qui sutvent le diplôme, les élèves se pla-cent assez facilement sur des pro

jets, ils sont portes par les contactset le réseau de l'école. Ensuite,c'est à chacun, en fonction de sontalent, de ses contacts, de trou-ver sa place dans la profession.Jl arrive que certains décrochentet prennent un métier qui n'arien à voir avec leur formationau bout de quèlques années »,témoigne Jean-Marc Vernies respensable des concours de la Fémis.

Dans les écoles ou les spé-cialités plus techniques, toutdépend du métier visé. « Dans lafilière exploitation, les diplôméssont embauches en CDI dans lesdeux mois, parfois même avant lasortie », note Marc Nicolas, le di-recteur de la Fémis. Graphistes,designers, diplômés des filièresanimation des écoles les plusréputées, ne tournent pas forcément au Smic. « Nous avons prèsde 4 000 personnes ressourcesdans nos fichiers d'entreprises, cequi facilite les embauches. Au fi-nal, un tiers des diplômés se placedans l'industrie, un tiers dans desagences, le dernier tiers se met àson compte », précise QuentinLesur, à l'Ensci. Fourchette dessalaires ? « Envisager 25 000 eu-ros par an en agence, et 35 000euros dans les équipes intégréesaux groupes industriels. » Du côtéde l'Esag Penninghen, on relèvedes délais d'insertion d'un à sixmois après le diplôme, avec unefourchette de salaires de 26 000à 36 000 euros bruts annuel.

À l'École de design de Nantes,94% des diplômés trouveraientun poste en dix-huit mois et 32%entameraient leur carrière àl'international. Enfin, dans lesmétiers du patrimoine, mis aurégime minceur pour cause dedéficit des finances publiques, lapalette des débouchés possiblesse restreint. Quèlques diplômésse faufilent dans le domaine dela médiation culturelle - guides,conférenciers, services éducatifs- mais doivent souvent cumulerdeux emplois pour en vivre (voiraussi masters culturels p. 88).