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Écrit pour prouver la validité de la divergence d'opinion au sujet de la permissibilité des instruments de musique en Islam Écrit par Abû Ibrâhâm. Publié en mai 2015.

Écrit Sur La Permissibilité de La Musique en Islam

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  • crit pour prouver la validit de la

    divergence d'opinion au sujet de la

    permissibilit des instruments de musique

    en Islam

    crit par Ab Ibrhm. Publi en mai 2015.

  • 2

    Table des matires crit pour prouver la validit de la divergence d'opinion au sujet de la permissibilit des

    instruments de musique en Islam .................................................................................................... 1

    Pourquoi cet ptre?..................................................................................................................... 3

    Section 1 : Aprs la venue de l'Islam, tout est permis sauf ce que les textes rvls interdisent

    ...................................................................................................................................................... 5

    Section 2 : Dfinition des termes ................................................................................................. 8

    Section 3 : tudes des textes avancs par ceux qui interdisent la musique ................................ 9

    "Il y a aura dans ma communaut des gens qui permettront [...] les instruments de musique

    [...] " .......................................................................................................................................... 9

    Le statut des narrations "suspendues" dans le sa de l'imm Al-Bukhriyy ...................... 10

    'Aiyyatu ibn Qays Al-Kilbiyy ................................................................................................. 11

    Autres versions de la mme narration ................................................................................... 14

    Rsum des critiques sur la narration .................................................................................... 16

    Une autre narration similaire sur l'ensevelissement de musulmans qui consomment du vin

    ................................................................................................................................................ 17

    "Deux sons sont maudits" ...................................................................................................... 23

    "Dieu a interdit Al-Kbat" ...................................................................................................... 25

    La narration de Ibn 'Umar qui refuse d'entendre de la musique ........................................... 27

    La narration o Ab Bakr blme des esclaves/jeunes filles de chanter/frapper sur un duff en

    prsence du prophte ............................................................................................................ 28

    Y a-t-il un consensus sur la question? .................................................................................... 33

    Le Coran interdit-il la musique? ............................................................................................. 36

    Conclusion .................................................................................................................................. 40

  • 3

    Pourquoi cet ptre?

    Cest une question qui mest souvent adresse venant de la part des salafistes et de la

    part des gens influencs par eux dans les changes concernant le statut de la musique en Islam.

    Il est normalement admis au sein des musulmans quenseigner et propager les lois divines est

    quelque chose de bon en tant que tel. Gnralement, quand la question se pose, c'est parce que

    le sujet drange. Mais pourquoi avoir choisi ce sujet en particulier? La rponse est toute simple.

    Certains musulmans, presque tous des gens fortement influencs par le salafisme, ont t la

    cause de polmiques normes sur certains sujets religieux dimportance relative souvent limite

    ou sur des sujets o ils ont probablement/compltement tort. Parmi ces sujets religieux

    d'importance relative limite pour laquelle ils ont cr d'normes discordes :

    lobligation de laisser pousser ou non sa barbe;

    le caractre prfrable (voire l'obligation) du fait de lever ses mains avant et aprs

    linclinaison dans la prire;

    linterdiction davoir des vtements ne dpassant pas les malloles pour celui qui le fait

    sans orgueil (makhlat);

    lobligation ou non de prier en ayant les mains le long du corps comme le font la

    majorit des Mlikiyya;

    dans le cas des salafistes jihadistes : la permissibilit des attaques kamikazes et

    lobligation de croire que celui qui ralise un tel acte est un martyr;

    linterdiction (compltement fictive) de prier un certains nombres de raka dans une

    seule nuit;

    linterdiction (compltement fictive) de protester contre une quelconque politique

    gouvernementale dun quelconque criminel se faisant appeler gouverneur;

    lobligation ou non pour une femme de voiler son visage;

    linterdiction suppose de suivre une des quatre coles en gnral;

    Cette dernire liste est loin dtre exhaustive. Sils navaient pas accord tant

    dimportance au statut de la musique en Islam et sils navaient pas commenc rpter les

  • 4

    mmes inexactitudes grossires ce sujet, notamment quIbn azm serait le seul et unique

    savant ayant permis la musique, nous naurions probablement jamais discut de cela. Puisquils

    se sont mis attaquer sans droit des musulmans cause de cela et quils ont grossit

    limportance relative de cette question au point den faire la limite diffrenciant le bon du

    mauvais musulman, de celui qui aime ou non le Coran etc., oubliant leur habitude que le

    prophte a dit : le musulman est celui qui pargne les musulmans [des mfaits] de sa langue et

    de ses mains ,1 une rponse tait ncessaire pour au moins prouver quil est trs loin dtre

    certain que les instruments de musique soient interdits dans la religion islamique. 2 La ncessit

    de ce texte est devenue encore plus grande mes yeux quand jai dcouvert, ma stupfaction,

    que certains ignorants ont dclar que celui qui rend permis la musique est comme celui qui

    rend permis la viande de porc ou le vin, quil est un apostat et doit aussi tre condamn mort

    pour cela.

    1 Al-Bukhriyy et Muslim. 2 Note : cet crit ne parle que des instruments de musique.

  • 5

    Section 1 : Aprs la venue de l'Islam, tout est permis sauf ce que les textes

    rvls interdisent

    Voici quelques textes qui prouvent que tout est permis jusqu' preuve du contraire. Cette question est bien connue et donc je ne la dvelopperai pas en dtails.

    Allah a dit :

    $ 0

    Et Il vous a assujetti tout ce qui est dans les cieux et sur la terre, le tout venant de Lui. Il y a l

    des signes pour des gens qui rflchissent.

    [45:13]

    Allah a dit :

    0 = B uni0670_uni0653

    C'est Lui qui a cr pour vous tout ce qui est sur la terre, puis Il a orient Sa volont vers le ciel

    et en fit sept cieux. Et Il est Omniscient.

    [2:29]

    Il a aussi dit :

    O X

    X

    Qu'avez-vous ne pas manger de ce sur quoi le nom d'Allah a t prononc, alors qu'Il vous a

    dtaill ce qu'Il vous a interdit, moins que vous ne soyez contraints d'y recourir.

    [6:119]

    Ibn Al-Qayyim commente : "Tout ce que Dieu ou son messager n'a pas dcrit comme

    interdit [...] alors il n'est pas permis de le dclarer interdit car Dieu a explicitement dtaill ce

  • 6

    qu'il nous a interdit. Ce qui est interdit parmi ces choses-l doit donc tre explicitement dcrit

    comme interdit."3

    Dans le musnad de l'imm Amad, on trouve :

    : " " ] [

    Sufyn m'a racont : d'aprs Al-Zuhri : d'aprs 'mir ibn Sa'd : d'aprs son

    pre (ndt : il s'agit de Sa'd ibn Ab Waqq) le rapportant du prophte : "Le

    plus criminel des musulmans au sujet des musulmans est celui qui pose une

    question au sujet d'une chose qui n'a pas t interdite et qui est ensuite

    rendue interdite (par Allah) pour les gens cause de la question qu'il a

    pose."

    Cette narration est aussi rapporte par Muslim et Al-Bukhriyy entre autres. Il y a une

    longue discussion sur le contexte de cette parole du prophte, , mais en tout tat de

    faits, Ibn ajar a trs correctement dit en commentaire : "et dans ce adth, il y a une preuve

    que la rgle de base dans les choses est la permission jusqu' ce que la loi communique le

    contraire."4 Najm Al-Dn Al-fiyy a dit au sujet de cette narration : "et ceci est [une preuve]

    clair[e] voire indiscutable sur le fait que l'tat d'origine des choses est la permission et que

    l'interdiction arrive aprs."5

    On trouve aussi dans le musnad :

    ] 17030[ " :

    : .

    ... ][

    Yay ibn Sa'd m'a racont : Hishm m'a racont : Qatdat m'a racont :

    d'aprs Muarrif : d'aprs 'Iy ibn imr :

    Un jour, le messager d'Allah a prononc un discours. Il dit :

    "Mon Seigneur m'a ordonn de vous enseigner des choses que vous ignoriez

    parmi les choses qu'il m'a enseign aujourd'hui. [Allah a dit] :

    Tout ce que J'ai donn Mes serviteurs est permis et J'ai cr tous mes

    serviteurs monothistes. Puis, les diables sont venus les voir et les ont

    3 I'lm Al-Muwaqqi'n 4 Fat Al-Bri la fin du commentaire sur ce adth qui se trouve dans le chapitre intitu "kitb al-i'tim bil-kitb wal-sunna." 5 Shar Mukhtaar al-rawat

  • 7

    dtourn de leur religion et leur ont interdit ce que Je leur ai permis. Ils leur

    ont aussi ordonn de m'associer des choses au sujet desquelles je n'ai fait

    descendre aucune preuve " [...]

    Il est aussi rapport par Muslim dans son clbre recueil. On note qu'interdire ce

    qu'Allah a permis est aussi criminel que de permettre ce qu'Allah a interdit.6 Ainsi, nous pouvons

    conclure cette courte section en disant qu'il est indubitable que c'est ceux qui prtendent que

    la musique est interdite d'en faire la preuve et non ceux qui la permettent de prouver qu'elle

    est permise.

    6 Ce qui est un des arguments trs solides avancs contre la validit de l'utilisation de sadd al-dhar-i'.

  • 8

    Section 2 : Dfinition des termes7

    Al-Ghin- : la chanson.8 Le terme peut aussi tre utiliser pour inclure sifflements et autres sons.

    Les instruments de musique sont concerns par ce terme.

    Un terme similaire est al-tarannum qui consiste bien chanter, psalmodier etc. 9

    Al-Juday' mentionne que trois types de chansons existaient chez les Arabes : Al-Nab, Al-Sind,

    Al-Hazaj.

    Al-Ma'zif : les instruments de musique. Parfois appels Al-Malhi. Al-'zif est celui qui joue

    avec ces instruments. Le terme s'emploie tant pour les instruments percussion que les

    instruments vent, notamment le duff (sorte de tambour) qui tait connu chez les anciens

    Arabes et qui tait utilis en prsence du prophte (comme nous allons le voir).

    Le duff est aussi appel ghirbl et est parfois muni de pices de mtal dont la percussion produit

    un son. Al-abl (tambour) est similaire.

    Al-Mizmr est un mot pour un instrument vent similaire la flte. La chanteuse peut tre

    appele Zammratun. La chanson peut tre appele zamr.

    Les instruments corde contiennent Al-'d (luth) et Al-unbr.

    7 Cette section est entre autres base sur le livre de Al-Juday' intitul Al-musq wa al-ghin f mzn al-islm (la musique et la chanson dans la balance de l'Islam). voir p.23 et suivantes. 8 lisn al-'arab sous la section ghan. 9 Ibid. sous la section ranama.

  • 9

    Section 3 : tudes des textes avancs par ceux qui interdisent la musique

    Nous verrons la fin de cette section qu'il n'existe aucun texte du Coran pouvant tre

    utilis pour interdire la musique.

    Les seuls arguments potentiels se trouvent dans des narrations attribues au prophte

    .

    "Il y a aura dans ma communaut des gens qui permettront [...] les instruments de musique [...] "

    La meilleure narration avance pour prouver l'interdiction de la musique est celle

    mentionne par Al-Bukhriyy dans son a sous forme mu'allaqatan (c'est--dire que la

    narration ne fait pas partie du corps principal du a; la fin de sa chane n'est pas mentionne

    par Al-Bukhriyy; elle est plutt mentionne pour former un titre ou sous-titre entres autres

    choses) :

    :

    : "

    "

    Hishm ibn 'Ammr a dit : adaqat ibn Khlid nous a racont : 'Abd Al-

    Ramn ibn Yazd ibn Jbir nous a racont : 'Aiyyatu ibn Qays Al-Kilbiyy

    nous a racont : 'Abd Al-Ramn ibn Ghanam Al-Ash'ari nous a racont : Abu

    'mir OU Ab Mlik Al-Ash'ariyy m'a racont et [je jure] par Allah qu'il ne m'a

    pas menti. Il a entendu le messager d'Allah dire :

    Il y aura dans ma communaut des gens qui permettront les sexes (al-ira),10

    la soie, le vin et les ma'zif (les instruments de musique). Aussi, des gens

    s'installeront ct d'une montagne. Un berger passera avec un troupeau

    leur appartenant. Un homme, c.--d. un pauvre, viendra leur demander de

    l'aide. Ils diront : "reviens nous voir demain." Dieu les ensevelira alors sous la

    montagne et transformera d'autres en singes et en porcs jusqu'au jour de la

    rsurrection.

    Il est argu que le prophte a ici nonc que les instruments de musique sont

    interdits au mme titre que les autres choses mentionnes auparavant (le vin, etc.). Ibn azm a

    rejet cette narration en disant qu'il y a une interruption entre Al-Bukhriyy et Hishm ibn

    10 Dans Fat al-bri-, on trouve que la signification de ceci est ils rendront permis la fornication .

  • 10

    'Ammr. Il a aussi prsent quelques autres arguments pour attaquer l'authenticit de cette

    narration. Ibn ajar11 a rpondu ces critiques. Le fait par contre que cette narration se

    trouve dans le livre de Al-Bukhriyy amne plusieurs personnes l'accepter sans discussion.

    Toutefois, cette narration en particulier ne fait pas partie du corps principal du a. En effet,

    Al-Bukhriyy ne semble pas l'avoir considre assez forte pour qu'elle mrite d'avoir une place

    ct des centaines de narrations authentiques qui constituent la majorit de son livre. L'imm

    ne l'a que mentionne mu'allaqatan ("suspendue").

    Le statut des narrations "suspendues" dans le sa de l'imm Al-Bukhriyy

    Al-Juday' explique dans son excellent tarr 'ulm al-adth12 que ce que Al-Bukhriyy a

    mentionn de manire suspendue avec une formulation qui voque la certitude a le statut

    d'une narration authentique jusqu' la personne laquelle la narration est attribue de manire

    certaine. Il faut ensuite regarder ce qui suit.13

    Dans le cas prsent, cela veut dire que la narration est bien celle de Hishm ibn 'Ammr

    mais qu'il faut regarder ensuite ce qu'il y a entre Hishm ibn 'Ammr et le prophte , .

    Il mentionne aussi deux opinions sur le cas o la personne qui est attribue la narration est en

    fait un professeur de Al-Bukhriyy comme c'est le cas prsent. Al-Juday' prfre l'opinion que

    dans ce cas, la narration doit tre considre comme faisant partie du corps du a. Toutefois,

    il n'apporte pas d'arguments vraiment concluants. Il cite comme exemple la narration dont nous

    sommes entrain de parler : Al-Bukhriyy la mentionne dans l'en-tte du chapitre intitul

    chapitre sur celui qui permet le vin en le nommant par un autre nom que son nom et ne

    mentionne rien d'autre dans le chapitre. C'est donc, pour Al-Juday', la preuve que Al-Bukhriyy

    considrait cette narration comme authentique car elle est sa seule et unique preuve pour ce

    chapitre.

    Ceci n'est toutefois pas un argument trs convaincant car l'intitul du chapitre n'voque

    que celui qui permet le vin en le nommant par un autre nom que son nom . Autrement dit,

    Al-Bukhriyy n'a utilis qu'une partie de cette narration comme preuve et non toute la

    narration. En d'autres termes, nous n'avons aucune preuve que Al-Bukhriyy considrait la

    partie sur la musique comme authentique. Il est aussi utile de mentionner que certains savants

    ont dit que quand Al-Bukhriyy dit "un tel m'a dit", alors ceci doit tre considr comme un

    signe que cette narration ne satisfait pas ses critres d'authenticit.14

    11 Fat Al-Bri en commentaire sur ce adth. Ibn ibbn, notamment, rapporte la narration avec une autre chane jusqu' Hishm ibn 'Ammr. 12 p. 850 et suivantes 13 Ibn Kathr a aussi dit une parole identique dans son sens dans ikhtir 'ulm al-adth. 14 C'est que dit Al-arfiyy entre autres.

    :

  • 11

    De plus, cette version de la narration ne mentionne pas qu'ils nomment le vin par un

    autre nom, contrairement une autre version que je vais citer plus bas et que Al-Bukhriyy

    connaissait.15 Cette version de la narration ne peut donc pas servir de preuve pour le titre du

    chapitre dans lequel elle a t incluse. Serait-ce donc un signe que, comme l'a suggr Al-

    Mas'ari, Al-Bukhriyy ait mentionn cette version car elle est la premire lui tre venue

    l'esprit au moment de la composition de son livre? 16 C'est fort probable. Un autre signe que Al-

    Bukhriyy prfrait l'autre version est qu'il a conclu que la narration tait en fait celle de Ab

    Mlik Al-Ash'ariyy et c'est ce que la deuxime version de la narration mentionne tandis que la

    premire version de la narration (celle que nous venons de voir) nonce un doute sur le nom du

    compagnon sens avoir rapport ces dires attribus au prophte.

    Dans tous les cas, les narrations qui se trouvent dans le livre de Al-Bukhriyy ont t

    accepte par la ummat, de manire gnrale, non pas parce qu'elles se trouvent simplement

    dans ce livre mais parce qu'elles ont en elles-mmes les qualits requises pour tre qualifies

    d'authentiques. Autrement dit, nous pouvons soumettre la majorit des narrations du livre d'Al-

    Bukhriyy la critique sans tre capable d'mettre des arguments convaincants justifiant leur

    rejet.17 Ceci n'est pas le cas de la narration que nous tudions ici comme nous allons le

    constater.

    'Aiyyatu ibn Qays Al-Kilbiyy Le shaykh Muammad Al-Amn18 a avanc que le problme principal de la narration est

    le narrateur 'Aiyyatu ibn Qays Al-Kilbiyy.19 Dans tahdhb al-kaml de Al-Mizziyy, on trouve les

    informations suivantes au sujet de 'Aiyyat : c'est un individu n l'poque du prophte

    , mais il n'est pas un compagnon c.--d. qu'il n'a jamais vu le prophte. Il tait un mujhid et il

    aurait notamment particip des expditions militaires au ct de Ab Ayyb Al-Anriyy. Il est

    Et quand Al-Bukhriyy utilise il a dit en parlant dun de ses professeurs comme il la fait pour Hishm ibn Ammr [...] alors ce qui nous apparat est quil veut [dire] par l que [cette narration] est infrieure aux conditions [dinclusion] dans son a [...] Voir : http://shamela.ws/browse.php/book-4382/page-559#page-559 15 On peut laffirmer car il l'a rapporte dans Al-Trkh. 16

    Tite du vido : .

    Lopinion juste est que la chanson et la musique sous toutes ses formes sont permises. https://www.youtube.com/watch?v=lPnWdT8Ru44 voir aprs 2:00 17 Je ne fais pas ici rfrence au mouvement de critiques (de plus en plus rpandues) sur les narrations attribues au prophte qui ressemble beaucoup plus une justification non-scientifique de l'abandon des textes rvls, cette justification visant clairement liminer les arguments pouvant contredire certaines ides prconues sur ce que devraient tre les pratiques et les dogmes de l'Islm. 18 On peut trouver ses textes sur http://ibnamin.com/ 19 http://ibnamin.com/music.htm

  • 12

    connu pour sa grande religiosit et tait un des rcitateurs principaux des armes du Levant

    (shm) avec 'Abd Allah Ibn 'mir (un des sept principaux rcitateurs avec Nfi' et 'im).

    Comme il est connu, la pit et la religiosit sont des conditions ncessaires mais non-

    suffisantes pour qu'un narrateur soit digne de confiance (thiqat). Parmi les spcialistes de la

    critique des narrateurs, on ne trouve qu'Ibn ibbn qu'il l'aurait dclar thiqat. Pour tre plus

    prcis, il faudrait plutt dire quil l'a mentionn dans kitb al-thiqt avec une brve biographie

    mais ne l'a pas clairement dclar comme un thiqat.20 Il est aussi communment admis par les

    muaddithn qu'Ibn ibbn a commis des erreurs notables dans ses jugements sur les

    narrateurs.21 Il est aussi ncessaire de noter qu'il mentionne parfois un narrateur dans le livre

    des thiqt sans le considrer thiqat. On peut citer en exemple un narrateur nomm Faza' qu'il

    mentionne dans son livre sur les thiqt22 et au sujet duquel il dit :

    il a particip la bataille de Qdisiyyat et il rapporte d' [un individu nomm]

    Al-Muqni' et il a t dit qu'il (Al-Muqni') tait un compagnon [du prophte] et

    je ne sais pas qui est Al-Faza' ni Al-Muqni' et je ne connais pas leur pays et je

    ne connais pas leurs pres et je ne les ai mentionns que pour qu'on sache

    qu'ils existent (lil-ma'rifati), pas pour qu'on s'appuie sur ce qu'ils rapportent.

    Al-Albniyy mentionne23 que ce passage prouve sans le moindre doute que le livre des

    thiqt ne contient pas exclusivement des thiqt. Il est donc clair que le simple fait qu'Ibn ibbn

    mentionne 'Aiyyat dans son livre ne prouve pas que ce dernier est un thiqat selon Ibn ibbn.

    Al-Bazzr, quant lui, dclare ce narrateur comme tant pas mal (l bsa bih)

    comme on peut le voir dans dans kasfh al-astr de Al-aythamiyy en commentaire du 189e

    adth. En partant, ce genre de formulation au sujet de 'Aiyyat prouve que l'individu ne mrite

    pas que toute ses narrations soient acceptes. Aussi, Al-Bazzr a la rputation d'tre trs doux

    dans sa critique des narrateurs. Al-aythamiyy (entre autres) a dit son sujet : il dclare trop

    facilement un narrateur thiqa .24

    Il est aussi utile de citer que ni Muslim ni Al-Bukhriyy n'ont utilis 'Aiyyat comme

    preuve pour une narration,25 ce qui rend fort improbable la validit de la position de Al-Juday'

    20 5/260. Lien : http://shamela.ws/browse.php/book-5816#page-1777 21 Voir certains commentaires rapports son sujet par Al-Dhahabiyy dans Al-Siyar dans l'entre sur Ibn ibbn. 22 7/326 23 a mawrid al-ham-n 1/19.

    [...] 24 Silsilat Al-Adith Al-a'fa de Al-Albni 14/222 http://shamela.ws/browse.php/book-12762/page-10178

    25 http://ibnamin.com/music

    . #477 #478 . .

  • 13

    mentionne ci-haut. Muslim a mentionn ce narrateur mais seulement dans des narrations de

    supports (shawhid wa mutba't) d'autres narrations authentiques. En effet, il arrive souvent

    que les savants du adth mentionnent une narration authentique dont les narrateurs sont tous

    dignes de confiance dans leurs rapports puis qu'ils corroborent cette narration en citant d'autres

    chanes de transmission (contenant parfois des narrateurs moins dignes de confiance).26 Ces

    narrations sont nommes shawhid wa mutba't . Muslim a dj corrobor des narrations

    authentiques en citant des chanes contenant 'Aiyyat mais sans utiliser ce dernier comme

    narrateur qui sert de preuve indpendante. Cette dernire fonction est rserve aux thiqt. Ab

    tim Al-Rziyy abonde en ce sens : il a dclar 'Aiyyat comme "li Al-adth" (correct en

    adth), ce qui a pour signification que les narrations de 'Aiyyat mritent d'tre prises en

    considration mais ne mritent pas de servir de preuve. En effet, Ibn Ab tim explique27 la

    terminologie utilise par son pre en citant dabord des propos de 'Abd Al-Ramn ibn Mahd :

    Il est possible qu'on mentionne un homme vridique qui a des faiblesses

    dans ses narrations et qu'on dise de lui qu'il est li Al-adth car [l'amour

    des narrations est prsente en lui]. [...]

    [Ibn Ab tim dit :] quand il est dit au sujet d'un individu : "thiqa" (digne de

    confiance) ou "mutqinun thabt" (proficient et stable) alors c'est la personne

    qu'on utilise comme preuve. Quand il est dit "adq" (trs vridique) ou

    "maalluhu al-idq" (il est des gens de la vracit) ou "l bs bih" alors il

    s'agit de quelqu'un dont on crit le adth et que l'on regarde. C'est le

    deuxime niveau. Quand il est dit "shaykh" alors c'est le troisime niveau : on

    crit la narration de cet individu et on la regarde mais c'est en bas du

    deuxime niveau. Et quand il est dit "li Al-adth" alors on crit la

    narration pour la considrer.

    C'est pour cette raison que Al-Albniyy a comment cela en disant : et cela (c.--d. le

    fait d'tre dclar li Al-adth") veut dire qu'on ne l'utilise pas comme preuve. Cela est donc

    une formulation qui indique le dfaut [du narrateur] et non le fait qu'il soit bon [narrateur] chez

    Ab tim, contrairement ce que la parole de Al-Suyiyy montre dans [le livre intitul] al-

    tadrb .28

    26 L'ide compltement fausse selon laquelle la majorit des narrations hd sont totalement non-corrobores par des rapports extrieurs est malheureusement trs rpandue. 27 Al-Jar wa al-tadl 2/37 http://shamela.ws/browse.php/book-2170#page-442

    .

    [...] )3 ( ] - 2 [

    28 Silsilat Al-Adith Al-a'fa de Al-Albni 3/112

  • 14

    Nous nous devons, par souci d'intgrit acadmique, mentionner que Ibn ajar a

    dclar 'Atiyyat thiqat. Les auteurs de Tarr Taqrb Al-Tahdhb ont par contre comment cela

    en disant : en fait, il est adq et il n'est pas rapport de dclaration qu'il est thiqat

    [concernant 'Atiyyat] de la part de grand monde parmi les savants. 29 Ceci ne change rien au

    statut rel de 'Atiyyat car les jugements de Ibn ajar sont bass sur ce qui a t dit auparavant

    par d'autres savants de cette science et rien n'a t dit d'autre que ce que nous avons dj

    mentionn au sujet de 'Atiyyat. La simple dclaration de Ibn ajar n'invalide aussi pas ce qu'Ibn

    tim a dit son sujet.

    Nous concluons donc en disant qu'il n'existe pas de preuves relles que 'Aiyyat ibn Qays

    Al-Kilbiyy soit digne de confiance dans la transmission des narrations au point o il faudrait

    accepter tout ce qu'il rapporte. Al-Albniyy a par contre tent de renforcer cette narration.

    Comme nous allons le constater, cela ne fait que rajouter la faiblesse du rapport de 'Aiyyat.

    Autres versions de la mme narration

    Ibn Mjah et d'autres (notamment Al-Bukhriyy dans Al-Trikh Al-Kabr) rapportent la

    narration suivante avec la chane suivante :

    : K: "

    "

    D'aprs Mu'wiyat ibn li d'aprs tim ibn urayth d'aprs Mlik ibn Aby

    Maryam d'aprs 'Abd Al-Ramn ibn Ghanam Al-Ash'ari d'aprs Ab Mlik Al-

    Ash'ariyy qui a dit : le messager d'Allah a dit :

    Des gens de ma communaut consommeront le vin en l'appelant avec un

    autre nom que son nom. Les instruments de musique [seront employs] et

    les chanteuses chanteront au-dessus de leurs ttes. Allah les ensevelira dans

    la terre et fera d'eux des singes et des porcs.

    Dans certaines versions, un contexte est donn. Ab Dawd rapporte avec la mme

    chane :

    http://shamela.ws/browse.php/book-12762#page-1523

    : ""

    Autrement dit, Al-Suyiyy et Ab tim n'utilise pas l'expression "li Al-adth" pour dire la mme chose. Dans la terminologie de Ab tim, la connotation de cette expression est plutt ngative. 29 Tarr Taqrb Al-Tahdhb vol. 3 p. 21 https://ia902603.us.archive.org/32/items/ThtqthThtqth/03_thtqth.pdf

  • 15

    " : : ]... "[

    Mlik ibn Ab Maryam a dit : nous sommes rentrs chez 'Abd Al-Ramn ibn Ghanam et nous

    avons mentionn entre nous [une boisson nomme] Al-il-. Il dit alors : Ab Mlik Al-Ash'ariyy

    m'a rapport qu'il a entendu le messager d'Allah dire [...]

    Il y a plusieurs choses trs importantes noter dans cette version :

    1. Ceci est une version diffrente de la narration de 'Aiyyat ibn Qays Al-Kilbiyy mais c'est

    la mme narration la base car le texte attribu au prophte est trs

    similaire et la chane est presque identique.

    2. La seule diffrence notable dans la chane est que dans cette version, le narrateur (Mlik

    ibn Ab Maryam) est certain du nom du compagnon du prophte qui rapporte cette

    narration. 'Aiyyat avait exprim un doute.

    3. La raison qui a amen le narrateur rapporter la narration est qu'une discussion sur une

    boisson avait lieu, pas sur la musique, ce qui renforce la crdibilit du rapport de Mlik.

    Al-Albniyy tente d'abord de rpondre aux critiques contre cette narration.30 Il admet

    que Mlik ibn Ab Maryam est inconnu (du moins, son statut en tant que narrateur est inconnu

    mais il n'est pas ncessairement inconnu en tant qu'individu) mais tente par la suite de prouver

    que Al-Bukhriyy le considrait comme thiqat par un procd trs douteux.31 En rsum, le fait

    que Al-Bukhriyy ait conclu que la narration tait celle de Ab Mlik Al-Ash'ariyy est sense

    prouver qu'Al-Bukhriyy considrait Mlik comme un thiqat car ce n'est que dans sa version que

    l'on ne trouve pas de doute sur le nom du compagnon qui rapporte ces dires attribus au

    prophte. Il rpond aussi aux attaques contre tim ibn urayth.

    Le plus important est qu'il prtend bizarrement que la version de 'Aiyyat (au sujet de la

    musique) est corrobore par la version de Mlik ibn Ab Maryam. Il n'en est absolument rien!

    Deux choses seulement sont corrobores par la version de Mlik : d'abord, qu'un groupe

    d'individus consommera le vin et ensuite qu'ils seront ensevelis sous la terre.

    Ce qui nous intresse ici, c'est l'interdiction de la musique. La version de Mlik ne traite

    pas de ce sujet : elle ne fait que mentionner que la musique sera joue prs de ces buveurs de

    vin. Rien dans cette version ne peut servir de base pour interdire la musique. Le simple fait que

    le messager d'Allah mentionne la prsence de musique ne rend pas la musique

    interdite pour autant. Ibn azm a dit :

    30 tarm lt al-arb p.45 et suivantes. 31 ibid. p.50

  • 16

    Mu'wiyat ibn li est [un narrateur] faible et il n'y a pas dans [cette

    narration la mention] que la menace est seulement pour les instruments de

    musique et le fait d'avoir des chanteuses. Le sens apparent est que c'est

    cause qu'ils ont rendu permis le vin [en l'appelant] avec un autre nom. La

    religion ne se prend pas sur des suppositions infondes.32

    On se trouve donc devant deux versions de la mme narration. Ces deux versions ne

    peuvent pas servir, indpendamment l'une de l'autre, de preuve cause des faiblesses dans

    leurs chanes que nous avons dj mentionnes. Elles se renforcent sur le fait que certains

    consommeront du vin mais elles divergent sur plusieurs dtails, notamment sur ce que le

    messager d'Allah aurait dit au sujet de la musique. La signification des deux narrations est

    diffrente. Autrement dit, la prsence de la version de Mlik ne fait que rajouter des raisons

    d'avoir des doutes sur l'exactitude de ce que 'Aiyyat a rapport au sujet de la musique. Non

    seulement cela, mais plus Al-Albniyy tente de renforcer la crdibilit des narrateurs de la

    version de Mlik, plus il y a des raisons de douter de la version de 'Aiyyat.

    On note aussi quil semble que Al-Bukhriyy considrait authentique le passage sur le

    fait de boire le vin en l'appelant par un autre nom que son nom mais que nous n'avons aucune

    preuve qu'il considrait le reste de la narration comme authentique.

    Al-Albniyy tente aussi de renforcer cette narration par un autre rapport qui se trouve

    dans Al-trikh al-kabr de Al-Bukhriyy :

    :

    Ibrhm ibn 'Abd Al-amd ibn dh imyata d'aprs quelqu'un qui l'a inform d'aprs Ab Mlik

    Al-Ash'ariyy ou Ab 'mir [qui aurait dit] : j'ai entendu le prophte dire au sujet du vin et des

    instruments de musique[...]

    Pour rsumer : une narration rapporte par un individu inconnu o le prophte

    aurait parl du vin et des instruments de musique mais sans mentionner ce qu'il aurait dit

    ce sujet serait sens renforcer le fait que le messager d'Allah aurait interdit la

    musique... Ceci ne ncessite pas de commentaires.

    Rsum des critiques sur la narration

    1. 'Aiyyatu ibn Qays Al-Kilbiyy, malgr sa pit, n'est pas connu pour tre "digne de

    confiance" dans la transmission des narrations. Il n'existe pas de preuves solides qu'il

    matrise suffisamment les narrations qu'il transmet. On ne peut donc pas accepter la

    narration qu'il est le seul rapporter comme une preuve dans la religion d'Allah. C'est

    32 Al-Mualla, kitb al-buy', mas-alat bay' lti al-lahw (livre des ventes, question de la vente des instruments de musique).

  • 17

    ceux qui l'utilisent comme preuve de faire la dmonstration que ses narrations sont

    authentiques (et ils ne peuvent le faire).

    2. 'Aiyyatu ibn Qays Al-Kilbiyy a dout du nom du compagnon du prophte dont il

    rapporte la narration. Bien que tous les compagnons du prophte soient dignes de

    confiance, ceci est un signe que 'Aiyyatu n'a pas bien mmoris cette narration.

    3. Deux versions conflictuelles existent concernant la partie de cette narration qui

    mentionne la musique, ce qui renforce l'hypothse d'une erreur provenant de 'Aiyyat.

    Pour toutes ces raisons, cette narration ne peut servir de preuve suffisante pour

    interdire la musique.

    Une autre narration similaire sur l'ensevelissement de musulmans qui consomment du vin

    Ici, je parlerai en dtails d'une narration se trouvant sous diverses versions. Ce texte se

    retrouve gnralement sous la forme suivante :

    1. Chane de narration (toujours dfectueuse).

    2. Le prophte annonce qu'il y aura dans le futur des ensevelissement, des

    transformations, et des jets33 pour des gens de sa communaut.

    3. Le compagnon qui est le narrateur de la narration ou un groupe de gens non-nomms

    demandent alors au prophte la raison de ceci. Dans certaines versions, ils s'tonnent

    en disant "alors qu'ils disent l ilha ill Allah?" ou une question similaire.

    4. Le prophte justifie cela en disant qu'ils consommeront du vin. Il y a souvent la mention

    d'autres choses, notamment la prsence d'instruments de musique et/ou d'esclaves

    chanteuses.

    On trouve chez Ibn Ab Shayba :

    : K " :

    " :

    " :

    "

    Wak' nous rapporte d'aprs 'Abd Allah ibn 'Amr ibn Murrat d'aprs son pre

    d'aprs Ibn Sbi qui a dit : le messager d'Allah a dit :

    Il y aura dans ma ummat des ensevelissement et des transformations [en

    singes et en porcs] et des jets [de pierres venant des cieux sur eux].34

    33 des jets de pierres venant des cieux, voir plus bas.

  • 18

    Ils dirent : malgr qu'ils attestent qu'il n'y a de dieu qu'Allah?

    Il dit alors : oui, quand apparatront les instruments de musique, les vins et le

    port de la soie.

    Cette narration est faible car Ibn Sbi n'a jamais rencontr le prophte de Dieu.35

    On trouve dans dhamm al-malh de Ibn Ab Al-Duny une narration similaire :

    : : K: " " :

    ! " : "

    : " : "

    Cette narration souffre de trois problmes avrs ou potentiels dans sa chane :

    Elle est rapporte d'aprs Sulaymn ibn Slim qui est un individu dont la comptence en

    tant que narrateur est inconnue comme l'explique Al-Juday'.36 Il n'existe aucune critique

    ou commentaire positif son sujet de la part des critiques de narrateurs.

    On trouve ensuite dans la chane assn ibn Ab Sinn au sujet duquel il ne semble

    exister aucune critique ou commentaire positif, sauf peut-tre Ibn ajar qui l'aurait

    dclar adq mais on ne sait pas pourquoi il aurait dit cela. Il tait aussi connu pour

    faire beaucoup d'actes d'adoration. Il est intressant de noter qu'il fut dit de lui que ses

    adorations l'ont occup au point qu'il ne s'occupe pas de la transmission des narrations.

    Ibn ibbn dcrit aussi qu'il avait peu de narrations son actif.

    assn rapporte la narration d'aprs un individu inconnu.

    La narration est d'aprs Ab Hurayra qui aurait dit que le messager d'Allah

    aurait dit :

    Un groupe de gens de cette ummat sera transforme en singes et en porcs

    la fin des temps. [...] Ils jenent, prient et font le plerinage. [...] [Cela leur est

    par contre arriv] car ils ont pris les instruments de musique, les duff (pluriel

    34 http://fatwa.islamweb.net/fatwa/index.php?page=showfatwa&Option=FatwaId&Id=80665 c'est l'interprtation qui a t donne au mot qadhf par certains savants, notamment Al-Mubrakfriyy dans son commentaire sur al-sunan de Al-Tirmidhiyy.

    .

    35 Tahdhb al-Kaml dans la section sur Ibn Sbi.

    36 Voir son livre sur la musique p. 155

  • 19

    de duff) et les esclaves-chanteuses et passrent la nuit boire et se divertir.

    Au matin, ils se retrouvrent changs en singe et en porcs.

    Il ne fait aucun doute que cette narration ne peut tre accepte cause de tous ces

    dfauts dans sa chane. Peu de choses sont plus douteuses qu'une narration uniquement

    rapporte par un individu qui ne s'occupait pas de la transmission des narrations et qui le

    rapporte d'un inconnu. De plus, le duff tait parfois utilis en prsence du prophte

    !37

    Toujours dans dhamm al-malh de Ibn Ab Al-Duny :

    : : : K" : " : :

    ! " :

    "

    Cette narration souffre d'au moins trois problmes avrs ou potentiels :

    La narration est d'aprs Al-asan ibn Mabb au sujet duquel trs peu d'informations

    sont disponibles. La seule chose que j'ai pu trouv est que Ab tim Al-Rziyy l'aurait

    dclar pas mal (l bsa bih).

    On trouve dans la chane Ab Ma'shar Naj ibn 'Abd Al-Ramn qui est un mdinois

    faible selon Amad, Al-Bukhriyy et dautres mais sans tre suspect de mensonges.38

    On note que Amad aurait en particulier critiquer sa capacit rapporter correctement

    les chanes de narration.

    Celui-ci aurait rapport d'aprs Muammad ibn Al-Munkadir d'aprs '-ishat qui aurait

    rapport du prophte les propos suivants :

    Il y aura dans ma ummat des ensevelissements et des transformations et des jets [de

    pierres des cieux] [...] quand apparatront les esclaves-chanteuses (qiyn, pluriel de

    qaynat), l'usure, le vin et le port de la soie. Ceci arrivera quand il y aura cela.

    Il est trs intressant de noter que l'on trouve dans les sunan de Al-Tirmidhiyy :

    : K: " " : :

    37 Voir plus bas. 38 On peut se rfrer tahdhb al-kaml de Al-Mizziyy dans la section sur ce narrateur.

    : : : : : :

  • 20

    " : " :

    D'aprs 'Abd Allah ibn 'Umar d'aprs 'Ubayd Allah ibn 'Umar d'aprs Al-

    Qsim ibn Muammad d'aprs '-ishat qui aurait dit que le messager d'Allah

    a dit : " Il y aura dans ma ummat des ensevelissements et des

    transformations et des jets [de pierres des cieux] [...].'-ishat dit alors :

    "Messager d'Allah, prirons-nous [tous] alors qu'il y a parmi nous des bons?"

    Le messager d'Allah dit alors : "oui, quand le mal sera rpandu." Al-Tirmidhiyy

    commente alors : "cette narration est gharb comme narration attribue '-

    ishat" (c'est--dire que personne d'autres ne la rapporte selon '-ishat).

    'Abd Allah ibn 'Umar (ibn af ibn 'im ibn 'Umar ibn Al-Khab) est lui aussi un

    mdinois avec des faiblesses mais sans tre suspect de mensonges.39 Ce qui est intressant ici

    est de voir que la narration commence avec des termes communs et finit totalement

    diffremment. La narration de 'Abd Allah ibn 'Umar finit avec des termes identiques la

    narration de Zaynab Bint Jash dans le livre de Al-Bukhriyy et Muslim o le prophte annonce

    qu'un trou a t perc dans le mur de Yjj et Mjj et qu'un malheur risque donc de toucher

    les Arabes. Zaynab demande alors : prirons-nous [tous] alors qu'il y a parmi nous des bons?

    Le messager d'Allah dit alors : oui, quand le mal sera rpandu. 40 La narration de Ibn Ab Al-

    Duny, elle, reprend le concept de cette narration sur les soires contenant musique et vin que

    nous tudions ici et qui semble s'tre rpandue normment mais qui n'est jamais rapporte

    par des narrateurs dignes de confiance jusqu'au prophte . Ceci ouvre la possibilit au

    fait que 'Abd Allah ibn 'Umar et Ab Ma'shar aient tous les deux entendus une narration

    circulant Mdine commenant par les mmes mots et attribue '-ishat et qu'ils aient

    termin la mme narration avec un texte diffrent qui circulait et tait attribu

    (authentiquement ou non) au prophte, leurs mauvaises mmoires crant ainsi deux narrations

    distinctes. Est-ce une de ces narrations qui ont amen Amad a dire de lui quil ne rapportait pas

    correctement les chanes (l yuqm al-isnd)? Dans tous les cas, la narration de Ab Ma'shar

    n'est tout simplement pas recevable.

    On trouve dans les sunan de Al-Tirmidhiyy la narration suivante :

    K : " "

    : " : "

    : K

    39 On peut se rfrer tahdhb al-kaml de Al-Mizziyy dans la section sur ce narrateur. 40 Livre sur les rcits des prophtes, chapitre sur l'histoire de Yjj et Mjj.

  • 21

    C'est une narration d'aprs 'Abd Allah ibn 'Abd Al-Qudds d'aprs Al-A'mash

    d'aprs Hill ibn Yasf d'aprs 'Imrn ibn Huayn qui aurait dit que le

    messager d'Allah aurait dit :

    "Il y aura dans cette ummat des ensevelissements et des transformations et

    des jets [de pierres des cieux] [...] quand apparatront les esclaves-

    chanteuses, les instruments de musique et que les vins seront consomms."

    Al-Tirmidhiyy dit alors : "ceci est une narration gharb et elle a aussi t

    rapporte d'aprs Al-A'mash d'aprs Ibn Sbi d'aprs le prophte de

    manire mursalan"41

    Al-A'mash est connu pour tre un mudallis42 et il ne mentionne pas l'avoir entendu

    directement de Hill ibn Yasf. De plus, 'Abd Allah ibn 'Abd Al-Qudds est faible selon la

    majorit. Dans Tahdhb Al-Kaml de Al-Mizziyy on trouve mme que Ibn Ma'n aurait dit de lui :

    il ne vaut absolument rien, c'est un sal rfiiyy .43 Finalement, comme le mentionne Al-

    Tirmidhiyy, il existe une autre version de cette mme narration rapporte de Al-'Amash mais

    avec une tout autre chane finissant sur Ibn Sbi. Ceci pourrait tre un signe que 'Abd Allah ibn

    'Abd Al-Qudds se soit tromp de chane pour cette narration.

    Al-Juday' mentionne finalement comme dernier support potentiel cette narration ce

    que l'on peut trouver dans Al-Mu'jam Al-Kabr crit par Al-abarniyy :

    : : K " : " :

    " : "

    D'aprs Qatdata ibn Al-Fuayl qui a dit : j'ai entendu Hishm ibn Al-Ghz

    raconter d'aprs son pre (Al-Ghz ibn Rab'at) d'aprs son grand-pre

    (Rab'at) que Ab Mlik a dit : j'ai entendu le messager d'Allah dire :

    Il y aura dans ma ummat des ensevelissements et des transformations et des

    jets [de pierres des cieux] [...] quand ils prendront des esclaves-chanteuses et

    boiront les vins.

    Ab tim Al-Rziyy a dclar Qatdat ibn Al-Fuayl comme shaykh 44 ce qui

    implique que les narrations de l'individu ne sont pas totalement acceptables comme preuves

    41

    C'est--dire qu'un individu n'ayant pas rencontr le prophte le rapporte du prophte sans mentionner l'intermdiaire entre lui et le prophte . 42 Al-tadls consiste en rsum rapporter d'un individu quelque chose qui n'a pas t entendu directement de l'individu. Voir Al-Mqiha de Al-Dhahabiyy. 43

    : : 44 Voir tahdhb al-kaml sous l'entre concernant Qatdat.

  • 22

    indpendantes, du moins selon Ab tim. Al-Ghz ibn Rab'at quant lui ne semble avoir t

    dclar thiqat par aucun critique des narrateurs hormis que Ibn ibbn l'ait inclus dans son livre

    sur les thiqt en disant qu'il rapporte de plusieurs compagnons. J'ai dj discut de ce que

    l'inclusion dans le livre d'Ibn ibbn signifiait rellement. Al-Juday' dit que puisque cet individu

    est comme cela et qu'on ne lui connat pas de narrations bizarres, alors il mriterait au moins de

    voir ses narrations considres comme bonnes (asanat).45 Il est vrai que l'individu n'est

    probablement pas un menteur mais pour pouvoir construire des lois religieuses, il faut s'assurer

    que celui qui les transmette rapporte de manire prcise et fidle l'information. Un narrateur ne

    peut pas tre jug comme un narrateur fiable moins d'avoir fait la dmonstration de ses

    comptences. Pour cela, il faut qu'il rapporte un nombre de narrations suffisants pour que les

    critiques de narrateurs soient capables de reconnatre dans sa transmission les caractristiques

    des rapports propres aux narrateur comptents.46

    Al-Juday' conclue en disant qu'il existe d'autres versions de cette narration mais

    qu'aucune d'entres elles ne mrite d'tre prise en considration.47 Nous venons de voir les

    moins faibles versions de cette narration et elles souffrent toutes de dfauts majeurs.

    En regardant l'ensemble de ces versions de cette mme narration, nous voyons deux

    problmes additionnels :

    1. Ces narrations se renforcent sur le fait que le vin sera bu et sera cause de chtiment

    mais divergent sur le statut de la musique. Certaines versions mentionnent les esclaves-

    chanteuses mais ne mentionnent pas la musique. D'autres versions attribuent la venue

    du chtiment la prsence de la musique et/ou des esclaves chanteuses tandis que

    d'autres ne font que mentionner la prsence de la musique et/ou des esclaves

    chanteuses sans que cela ne soit ncessairement la cause du chtiment. J'ai aussi

    mentionn que le duff tait jou parfois en prsence du prophte donc cela rend fort

    douteux les versions qui attribuent la venue du chtiment la simple prsence de

    musique voir la simple prsence du duff. Ces narrations ne se renforcent donc pas sur

    la musique puisqu'elles ne disent jamais exactement la mme chose.

    2. La prsence d'un si grand nombre de chanes de narrations contenant des gens connus

    pour leurs mauvaises mmoires et/ou pour la quantit notable d'erreurs dans leurs

    narrations rapportant des mots similaires attribus au messager d'Allah sans

    qu'aucune chane correcte de narrateurs ne rapporte ces propos est trs louche. En fait,

    cela rend trs probable l'hypothse suivante : ce dire a t attribu au prophte puis il

    s'est propag. Ensuite, des narrateurs, par incomptence ou malhonntet, ont rajout

    des chanes ce dire, lui donnant ainsi une crdibilit qu'il ne mrite tout simplement

    :.

    45 p.325-326 de son livre sur la musique. 46 C'est--dire ne pas se contredire, ne pas changer ses narrations avec le temps, ne pas rapporter ce que personne d'autres ne rapporte, ne pas rapporter ce qui contredit les narrations tablies etc. 47 p.327

  • 23

    pas. C'est probablement un excellent cas o, comme le dit Al-Zayla'i il arrive que nous

    ne faisions que rajouter de la faiblesse une narration en lui rajoutant des chanes de

    transmission. 48 Il est extrmement improbable voir impossible qu'une parole du

    prophte contienne un jugement d'interdiction dans la religion, ce qui est le genre de

    narrations auxquelles les spcialistes en narration accordent traditionnellement le plus

    grand soin et le plus d'attention, que cette parole se propage ensuite de manire se

    retrouver dans les principales villes du monde musulman49 mais qu'aucune chane

    rpute ne serve la transmission de cette parole.

    "Deux sons sont maudits"

    On trouve chez Al-Bazzr :

    : : K: " : "

    :

    .

    D'aprs Shabb qui aurait dit : j'ai entendu Anas ibn Mlik dire : le messager

    d'Allah a dit : "Deux sons sont maudits ici-bas et dans l'au-del : un mizmr

    quand il y a du bien et un cri lorsqu'un mal survient. " Al-Bazzr a dit : "je ne

    connais pas que cette narration soit rapporte d'aprs Anas sauf avec cette

    chane."

    Shabb est trs faible. Al-Bukhriyy l'a dclar munkar al-adth c'--d. que ses

    narrations sont rejetes. Ceci est une des pires critiques que Al-Bukhriyy puisse adresser

    l'encontre d'un narrateur. Al-Juday' (et d'autres) considrent d'ailleurs cette narration comme

    faible.50 Ce dernier, en discutant de Shabb, fait le constat suivant avec justesse :

    Il n'y a pas de doute que l'individu est connu. Par contre, il rapporte peu de

    narrations [...] et s'il est le seul rapporter certaines (narrations) dont les

    chanes et/ou dont les textes sont inconnus, malgr qu'il a peu de narrations

    son actif,

    ou qu'il rapporte des choses au sujet de gens connus51 que ses compagnons

    48 Nab Al-Ryat

    http://library.islamweb.net/newlibrary/display_book.php?ID=291&startno=9&start=9&idfrom=271&idto=381&bookid=9&Hashiya=8 49 Certaines chanes que j'ai cites sont d'Iraq, d'autres sont de Syrie et d'autres de Mdine etc. 50 p. 407 et suivantes 51 comme Anas ibn Mlik

  • 24

    [narrateurs]52 ne connaissent pas, alors ceci est la plus claire preuve de sa

    faiblesse!

    Il est vrai que Yayaa ibn Ma'n l'a declar thiqat mais il est le seul l'avoir fait selon les

    auteurs de Tarr Taqrb Al-Tahdhb. Ceux qui l'ont critiqu sont plus nombreux et ont expliqu

    la raison de cette critique : ils ont remarqu plusieurs erreurs dans les narrations de Shabb,

    comme le montrent les paroles de Ibn ibbn ( il fait beaucoup d'erreurs ) et de Al-Bukhriyy

    ( narrations bizarres (munkar) ).53

    Al-Albni, son habitude, tente de renforcer cette narration en mentionnant que Ab

    Muammad 'Ubayd ibn 'Abd Al-Ramn Al-Taymiyy rapporte une narration similaire d'aprs 's

    ibn uhmn d'aprs Anas. Al-Juday' rpond en mentionnant que Al-Taymiyy est inconnu.54

    Finalement, Al-Albni mentionne ce qui se trouve entre autres choses dans le mustadrak

    de Al-kim :

    :

    : : : ! : "

    "

    D'aprs Ibn Ab Layl d'aprs 'At d'aprs Jbir d'aprs 'Abd Al-Ramn. La

    narration raconte les vnements entourant le dcs de Ibrhm (le fils du

    prophte), et ce dernier aurait dit entre autres choses : "on ne m'a

    pas interdit de pleurer mais on m'a plutt interdit deux sont idiots et pervers

    qui sont un son lorsqu'un bien survient [qui consiste en de la] frivolit (lahw),

    du jeu et des flutes du diable [...]."

    Cette narration est trs faible. Ibn Ab Layl a une trs mauvaise mmoire55 et il est le

    seul rapporter cette narration avec ce rajout. Shu'bat a dit de lui : je n'ai jamais vu quelqu'un

    52 note : par exemple, un des compagnons-narrateur de Anas est Qatda. Ce qui est voulu ici, c'est un individu reput pour avoir maitris et transmis une grande quantit du savoir d'un de ses professeurs (par ex. Anas) de manire a ce qu'il serve de rfrence pour les narrations de ce professeur 53 Tout ceci peut tre vu dans Tarr Taqrb Al-Tahdhb https://ia902603.us.archive.org/32/items/ThtqthThtqth/02_thtqth.pdf p.105 54 p. 410.

  • 25

    avec une aussi mauvaise mmoire que lui .56 De plus, cette histoire est prsente dans le sa

    de Al-Bukhriyy et de Muslim sans ce rajout.57 Il est donc encore plus improbable que ce rajout

    soit vrai car cela impliquerait qu'un individu avec une mmoire terriblement mauvaise aurait

    correctement retenue une information que des narrateurs comptents auraient oublie de

    mentionner. C'est donc un adth munkar comme le dit Al-Juday'.58 Ceci signifie, dans la

    terminologie de la science du adth, une narration d'un individu qui est un pitre narrateur et

    qui contredit ou rajoute une narration tablie et transmise par des narrateurs crdibles. Ceci

    implique ou signifie les deux faits suivants :

    cette narration ne peut pas renforcer d'autres narrations du mme niveau;

    c'est la pire forme de narrations que l'on peut avoir aprs la narration forge.

    Al-Albni mentionne59 qu'Ibn Taymiyya a dclar que cette narration tait parmi le

    meilleur qu'il y a pour interdire al-ghin. Il est vrai que cette narration est claire mais elle est

    d'une faiblesse trs srieuse. Cela donne une ide du niveau du reste des narrations qui

    interdisent la musique.

    "Dieu a interdit Al-Kbat"

    Amad, Ab Dwd et d'autres rapportent :

    : :

    K :

    : " " : " " :

    : :

    D'aprs Sufyn (il s'agit de Al-Thawriyy) d'aprs 'Aliyy ibn Badhmat qui a dit :

    Qays ibn abtar qui a dit : j'ai demand Ibn 'Abbs [...]. Le messager d'Allah

    a dit : "Ne buvez pas dans [il nomma quatre types de contenants]" puis Il [le

    messager d'Allah] a dit : "Dieu m'a interdit ou Dieu a interdit le vin, le jeu

    d'hasard et al-kbat. Tout ce qui rend ivre est interdit."

    55 voir p.194 56 Tahdhb Al-Kaml de Al-Mizziyy sous la section sur Ibn Ab Layl.

    : 57 On peut se rfrer au livre des jan-iz, chapitre sur la parole du prophte "nous sommes trs tristes de

    ton dpart" (wa inn bika lamaznn)! 58 p.411 de son livre sur la musique 59 p.55

  • 26

    Sufyn a aussi dit : j'ai demand 'Aliyy : "qu'est-ce que al-kbat?" Il dit : "Al-

    abl" (le tambour).

    Cette narration est probablement authentique. Dans tous les cas, c'est la narration la

    plus claire et la plus authentique qui est ramene pour parler de ce sujet.60 On remarque ici que

    le prophte interdit clairement et qu'il nous est donc impossible d'interprter la narration

    comme signifiant une autre chose que l'interdiction. Al-Albniyy la mentionne venant de

    plusieurs compagnons du prophte.61 Seulement, la signification de Al-Kbat n'est

    probablement pas le tambour! Selon Al-Azhariyy, la bonne dfinition du terme est al-nard qui

    est en fait un jeu de hasard.62 On trouve d'ailleurs dans Al-Adab Al-Mufrad de Al-Bukhriyy :

    : " :

    " :

    'Im m'a rapport que arz63 lui a rapport d'aprs Salmn Al-Alhniyy

    d'aprs Falat ibn 'Ubayd qui se trouvait dans un rassemblement. Il lui

    parvint qu'un groupe de gens jouait avec Al-Kbat.

    Falat se leva en colre et l'interdit avec grande la plus grande vigueur! Il dit

    ensuite : "Celui qui joue de cela et qui mange de son profit est comme celui

    qui mange la chaire du porc et qui se purifie pour la prire avec du sang!"

    La mention du profit ici indique clairement qu'il s'agit d'un jeu de hasard. Ces paroles

    attribues Falat reprennent aussi clairement ce qui a t dit par le messager d'Allah

    comme on le trouve dans le recueil de Amad et de Muslim :

    : K: " " ] [

    D'aprs Sufyn d'aprs 'Alqamat d'aprs Sulaymn ibn Buraydata d'aprs son

    pre qui a dit : le messager d'Allah a dit : Celui qui joue avec al-nardashr

    est comme celui qui trempe sa main dans la chaire et le sang du porc .

    Al-Nawawiyy commente cette narration en disant que al-nardashr est al-nard.64

    60 Voir le livre de Juday' sur la musique p. 126. 61 Voir son livre sur l'interdiction des instruments de musique. Il le mentionne parmi les quelques narrations authentiques sur le sujet. 62 lisn al-'arab dans la section sur la racine qanana. 63 Ces deux narrateurs sont des thiqat de Syrie. Al-Bukhriyy utilise ce morceau exact de chane dans son a ('Im nous rapporta que arz leur a rapport). 64 Dans son commentaire sur le livre de Muslim, il dit :

  • 27

    On a donc dans la narration de Salmn Al-Alhniyy une preuve que Al-Kbat s'utilisait

    pour dsigner un jeu de hasard et ce ds l'poque des compagnons. On note aussi que le

    contexte de la narration d'Ibn 'Abbs est videmment au sujet du jeu de hasard et de boissons

    alcoolises car il y a la mention de contenants et l'interdiction de tout ce qui rend ivre en plus de

    l'interdiction du jeu de hasard (maysir). Aussi, dans les deux versets du Coran qui interdisent le

    vin,65 Allah mentionne le jeu de hasard. Le prophte a donc repris cette association en

    expliquant que Dieu a interdit tous les jeux de hasard et toutes les boissons alcoolises et ce,

    peu importe le nom qu'ils peuvent prendre.

    Dans d'autres narrations similaires que Al-Albniyy mentionne comme tant

    authentiques, le messager d'Allah est rput avoir interdit, en plus de Al-Kbat, Al-Qinnn. Or,

    Al-Juday' explique que la narration est faible et que de toute faon, il y a une divergence quant

    la nature du qinnn similaire la divergence au sujet de la signification de Al-Kbat.66 Certains

    ont dit qu'il s'agissait d'un jeu de hasard des Byzantins. D'autres ont dit que c'est un instrument

    de musique d'origine thiopienne.67

    Selon toute probabilit, cette narration n'est pas une preuve de l'interdiction du

    tambour et encore moins de tous les instruments de musique. De plus, si c'tait une preuve de

    l'interdiction du tambour, il faudrait expliquer comment l'interdiction du tambour ou d'une

    sorte de tambour impliquerait que tout instrument de musique soit interdit, ce qui est loin

    d'tre acquis puisque le duff est permis (du moins, lors de certaines occasions).68

    La narration de Ibn 'Umar qui refuse d'entendre de la musique

    On trouve chez Amad et Ab Dwd :

    " :

    : : : K

    D'aprs Nfi' qui a dit : Ibn 'Umar entendit la flute d'un berger (zammrat). Il

    mit alors ses doigts dans ses oreilles et loigna sa monture du chemin.

    Il me dit : Nfi', entends-tu?

    Je dis alors : oui.

    :

    65 Dans la deuxime et la cinquime sourate. 66 p.132 de son livre sur la musique. 67 lisn al-'arab dans la section sur la racine qanana. 68 Voir plus bas.

  • 28

    Il continua alors son chemin jusqu' ce que je dises : non [,je n'entends plus].

    Il baissa alors les mains et revint sur le chemin. Il dit : j'ai vu le prophte,

    lorsqu'il entendit la flute d'un berger, faire la mme chose [que je viens de

    faire].

    Il y a des discussions sur l'authenticit de cette narration. Dans tous les cas, elle ne

    prouve absolument pas que la musique soit interdite. Elle ne fait que prouver que le prophte

    ne voulait pas l'couter et cela peut tre pour plusieurs raisons autres que l'interdiction de la

    musique, entre autres parce que cela aurait pu l'empcher de faire du dhikr ou de rciter le

    Coran. Le prophte s'est dj abstenu de manger une forme de lzard (al-abb) en disant :

    cela ne se trouve pas sur le territoire de mon peuple ou en mentionnant qu'il ne fait pas

    parti de ma nourriture .69 Malgr cela, il dit : je ne le rends pas interdit .70

    La narration o Ab Bakr blme des esclaves/jeunes filles de chanter/frapper sur un duff en prsence du prophte

    On trouve chez Al-Bukhriyy et Muslim :

    : : :

    K K" :

    "

    : " :

    "

    Hishm rapporte d'aprs son pre ('Urwat) d'aprs '-ishat qui a dit : Ab

    Bakr (son pre) est rentr chez moi alors qu'il y avait avec moi deux

    esclaves/jeunes filles qui chantaient des paroles que les Anr ont invents

    pour clbrer le jour de Yu'th71. '-ishat a dit : elles n'avaient pas l'habitude

    de chanter.72

    69 Cela indiquerait qu'il a refus de le manger simplement car il ne faisait pas parti de ses habitudes culinaires. 70 On trouve ces narrations dans le livre de Al-Bukhriyy et Muslim. On peut se rfrer au chapitre sur la

    permission du al-abb dans Muslim.

    " :

    :

    : : "

    : K " : " 71 Le jour d'une bataille dans l'poque prislamique selon Al-Nawawiyy. 72 C'est la signification que Al-Nawawiyy donne elles n'taient pas mughanniyatayn.

  • 29

    Ab Bakr a alors dit : les flutes du diable dans la maison du messager d'Allah?

    C'tait un jour de fte. Le messager d'Allah dit alors : Ab Bakr, tous les

    peuples ont une fte et ceci est notre fte.

    Muslim rapporte une version mentionnant que les deux jouaient du duff.73

    Ceux qui interdisent la musique utilisent parfois cette narration pour dvelopper les

    arguments suivants :

    1. Le duff et les chants sont interdits car Ab Bakr a blm ce que les deux filles faisaient. Il

    n'a pu les blmer et qualifier cela de flutes du diable que parce qu'il savait que tout

    ceci tait interdit.

    2. Le duff et les chants sont des sons du diable, donc ils sont interdits.

    3. Tout ceci n'est permis que les jours de fte.

    Mais ceci est une construction pour le moins douteuse. Le premier point n'est pas

    ncessairement vrai car il n'est pas impossible que Ab Bakr ait blm cela et l'ait qualifi de

    flutes du diable parce qu'il dtestait cela ou qu'il jugeait que cela ne convenait pas la

    prsence du prophte de Dieu, et non parce qu'il considrait cela ncessairement interdit en

    tant que tel. Il peut aussi tre correct d'appeler cela flutes du diable dans le sens o c'est une

    perte de temps et qu'couter de la musique empche de profiter pleinement de son temps libre

    pour se rapprocher de Dieu. De toute faon, le prophte ne lui a pas donn raison, il n'a fait que

    lui dire de les laisser faire.

    Cette approche cre aussi d'autres problmes plus graves : si cela tait vraiment comme

    ils le prtendent, c'est--dire que Ab Bakr aurait t en prsence de quelque chose au sujet

    duquel il avait le savoir venant du prophte que c'tait interdit et que cela aurait t la raison

    pour laquelle il l'aurait qualifi de son du diable et qu'il aurait fait son blme, cela impliquerait

    que Ab Bakr aurait cru que le prophte aurait t en prsence de quelque chose de arm et

    que malgr cela, le prophte se serait abstenu d'interdire le arm! Aucun musulman ne croit

    cela du messager de Dieu ! Par contre, le prophte se tait parfois sur des choses qui

    ne conviennent pas en sa prsence ou qui touchent sa propre personne (de manire ce que

    cela soit un droit le regardant de ragir ou non). On trouve par exemple dans le livre de Al-

    Bukhriyy et Muslim74 d'aprs Anas :

    " : K :

    K

    73 Al-Bukhriyy le rapporte aussi. 74 On peut se rfrer au a de Al-Bukhriyy, livre du adab, chapitre sur le fait de sourire et de rire.

  • 30

    :

    "

    Je marchais avec le messager d'Allah et il avait sur lui un vtement de Najrn

    aux extrmits paisses. Un bdouin le rattrapa et le tira fortement du

    vtement.

    Anas dit : j'ai vu sur son paule une trace laisse par le bord du vtement

    tant il a t tir fortement.

    Il (le bdouin) dit alors : Muammad! Donne-moi de l'argent de Dieu qui se

    trouve chez toi!

    Le messager se tourna vers lui et rit puis ordonna qu'on lui donne.

    On a ici un exemple d'un comportement compltement inacceptable l'gard du

    prophte mais celui-ci n'a tout simplement pas ragit autrement qu'en riant et en accdant la

    demande de ce rustre bdouin.

    Dans le mme ordre d'ide, on trouve dans le livre de Al-Bukhriyy75 et Muslim d'aprs

    Ab Hurayrat :

    " : K

    K" :

    "

    Des thiopiens jouaient prs du messager d'Allah avec leurs lances. 'Umar

    rentra alors et se mit leur jeter de petites pierres [pour les chasser]. Le

    messager d'Allah lui dit : "laisse-les, 'Umar."

    Il existe au moins un autre exemple trs similaire. Al-Tirmidhiyy rapporte :

    K :

    75

    On peut se rfrer au a de Al-Bukhriyy, livre du jihd, chapitre sur le fait de passer le temps en manipulant des lances et autres (lahw bil-irb wanawih).

  • 31

    : K K: " " :

    K

    Isq ibn Manr nous raconte : 'Abd Al-Razzq nous informe : Ja'far ibn

    Sulaymn nous informe, Thbit nous raconte d'aprs Anas que le prophte

    est rentr la Mecque pour faire le petit plerinage de al-qa- tandis que

    'Abd Allah ibn Rawat marchait devant lui et disait : [vers de posie].

    'Umar lui dit alors : Ibn Rawat! Devant le messager de Dieu et dans le

    sanctuaire de Dieu tu prononces de la posie!

    Le prophte dit alors : laisse-le, 'Umar [...]

    Al-Tirmidhiyy dit alors : ceci est une narration asan a gharb [...] et il fut

    rapport [que c'tait Ka'b ibn Mlik qui marchait devant lui] [...].

    Qui pourrait donc utiliser ces narrations pour dire que la posie et les jeux de lances

    sont interdits parce que 'Umar les aurait blms? En fait, cela prouve que parfois, certaines

    choses taient blmes devant le messager de Dieu sans qu'elles ne soient pour

    autant interdites.

    Quant au fait que les instruments de musique soient associs au Diable, cela n'implique

    pas l'interdiction. On trouve chez Al-Tirmidhiyy et autres :

    : : K

    :

    K: "

    "

    K " :

    ". :

  • 32

    Al-usayn Ibn urayth nous raconte : 'Aliyy ibn Al-usayn ibn Wqid nous

    raconte : mon pre m'a racont : 'Abd Allah ibn Buraydat m'a racont : j'ai

    entendu Buraydat dire : le messager d'Allah sortit dans une de ses

    expditions militaires.

    Quant il revient, une jeune fille noire vint le voir et lui dit : messager d'Allah,

    j'avais fait le vu que si Allah te ramne sain et sauf de frapper du duff

    devant toi et de chanter!

    Le messager d'Allah lui dit alors : si c'est un voeu que tu as fait, frappe. Sinon,

    non.

    Elle se mit alors frapper. Ab Bakr rentra alors qu'elle frappait [puis 'Aliyy

    puis 'Uthmn]. Rentra alors 'Umar. Elle mis alors le duff sous elle et s'assit

    dessus.

    Le messager d'Allah dit alors : Le Diable peur de toi, 'Umar! [...] quand tu es

    rentr, elle a jett son duff.

    Al-Tirmidhiyy dit alors : ceci est une narration asan a gharb [...]

    On a ici la preuve que le duff est permis autrement que pendant la fte et qu'il est

    attribu au diable sans tre interdit en tant que tel. Cette narration prouve aussi que la

    simple apparition des instruments de musique n'est pas une cause suffisante pour causer le

    chtiment dont il est question dans les premires narrations dont nous avons trait.

    Nous venons de voir les meilleures narrations sur le sujet et elles souffrent toutes de

    problmes majeurs. Certains avanceront la narration suivante qui se trouve dans le musnad de

    Amad qui a dit :

    : : : "

    : "

    : "

    " :

    Ism'l ibn Ibrhm m'a racont : Hishm m'a racont d'aprs Yay ibn Ab

    Kathr qui a dit : Ab Sallm m'a racont d'aprs 'Abd Allah Al-Azraq d'aprs

    'Uqbat ibn 'mir qui a dit : le messager d'Allah a dit :

  • 33

    Allah fait rentrer trois personnes au paradis avec une seule flche. [Il s'agit

    de] celui qui la construit en esprant faire du bien en la construisant, celui qui

    la tend et celui qui la tire.

    Il dit aussi : Tirez et apprenez monter [ cheval] (irkab)! Par contre, le fait

    que vous tiriez m'est prfrable au fait que vous montiez [sur vos montures].

    Aussi, toute chose avec laquelle un homme se distrait (yalh de lahw) est

    inutile (bil) sauf le fait qu'il tire avec son arc, qu'il duque son cheval ou

    qu'il joue avec sa femme car cela fait parti des choses utiles (min al-aqq) [...]

    Al-Tirmidhiyy le rapporte aussi dans son livre et a dit : "ceci est une narration

    asan a"

    Le fait que cela soit bil ( faux ) ne le rend pas interdit; cela veut simplement dire

    qu'il est inutile selon Al-Ghazzliyy.76 On peut mentionner deux preuves par rapport cela. La

    premire est qu'Allah a dit : cette vie n'est que jeu et amusement (lahw) .77 Si tout lahw tait

    automatiquement interdit, la vie entire serait interdite! De plus, dans le livre de Al-Bukhriyy,78

    on trouve la narration suivante :

    K " :

    "

    D'aprs '-ishat : une femme fut amene aprs son mariage (zuffat) un homme des

    anr (musulmans mdinois). Le prophte d'Allah dit : '-ishat, n'y a-t-il pas avec vous une

    distraction (lahw)? Les anr aiment les distractions!

    Y a-t-il un consensus sur la question? Il est compltement faux de prtendre l'existence d'un consensus sur la question. De

    toute faon, il est impossible (du moins, selon plusieurs ulyyn) qu'un consensus puisse

    exister sur une question existant l'poque du prophte sans qu'un texte n'existe

    pour servir de preuve cette position consensuelle.79 Voil ici que nous n'avons aucun texte

    authentique interdisant clairement la musique et bien videmment, ceci implique qu'il n'y a

    jamais eu de consensus sur la question.

    Al-Shawkniyy a un crit80 intitul Ibl da'w al-ijm' 'al tarm mulaq al-sam'. Ce

    titre signifie invalidation de la prtention de l'existence d'un consensus sur l'interdiction

    absolu de l'coute [de la musique et des chants] . Cet crit est rempli d'informations utiles et je

    vais donc en mentionner des passages pour clore mon prsent article.

    76 Cit par Al-Shawkniyy p. 47. Voir plus bas. 77 Ceci se trouve dans la quarante-septime sourate, entre autres. 78 Livre sur le mariage, chapitre sur les femmes qui prsentent une femme son mari. 79 Je ne m'tendrai pas l-dessus. Al-Juday' a une petite discussion la p. 136 de son livre sur la musique. 80 Disponible ici avec la vrification de Muammad ubh ibn asan allq : http://www.feqhup.com/uploads/1383975112912.pdf Les rfrences de tout ce que Al-Shawkniyy avance sont disponibles en bas de page. S'y rfrer si ncessaire.

  • 34

    la p. 24, il mentionne que le chant sans musique est permis selon la trs grande

    majorit des savants des quatre coles (mais ce n'est pas le sujet de notre article ici). Certains

    ont mme mentionn un consensus sur le sujet. Il est rapport de plusieurs compagnons du

    prophte et de tbi'n qu'ils ont chant ou permis de chanter.

    Parmi ceux qui ont permis la musique, il y a :

    Al-hhiriyyat. Outre Ibn azm, il y a Muammad ibn Thir Al-hhiriyy81 qui l'attribue

    l'ensemble des hhiriyyat.

    Certains Mdinois sont connus pour avoir permis la musique. La famille des Al-Mjishn

    tait connue pour cela. Ya'qb ibn Ab Salamat tait connu pour avoir des esclaves-

    chanteuses.82

    Son fils Ysuf avait des esclaves qui jouaient de la musique pendant que lui tait occup

    recevoir des muaddithn comme Yay ibn Ma'n.

    Al-Dhahabiyy commente dans Siyar A'lm Al-Nubal- dans la section au sujet de Ysuf :

    les Mdinois permettent Al-Ghin-,83 ils sont connus pour tre permissifs ce sujet.

    Lui et ses frres permettaient la musique.

    Il y a aussi 'Abd Al-'Azz Ibn Salamat qui tait permissif au sujet du tasm' et du luth (al-

    'd). Il tait le grand faqh muft l'poque de Mlik ibn Anas, au point qu'Ibn Wahb84

    disait que pendant le plerinage de l'anne 148, il tait cri publiquement que seul lui et

    Mlik pouvaient donner la fatw aux plerins. Il est d'ailleurs dcrit par Ibn 'Abd Al-Barr

    comme faqh fils de faqh et pris de musique . 85

    D'autres Mdinois permettent la musique. Parmi ceux-l, il y a Ibrhm ibn Sa'd Al-

    Zuhriyy, dcrit par Al-Dhahabiyy dans Siyar A'lm Al-Nubal- comme al-imm, al-

    fih [...] il se permettait al-ghin- comme c'est l'habitude des gens de Mdine . Il

    tait aussi trs bon pour composer (yujd in'ata al-ghin-) . Trs grand narrateur, il

    est prsent dans les chanes de narrations de tous les grands livres, y compris dans le

    livre de Al-Bukhriyy et Muslim.

    Il est mme rapport de lui qu'en arrivant Baghdd, certains auraient refus de

    rapporter de lui cause qu'il permettait la musique. Il aurait alors jur de ne jamais

    rapport de narration avant de jouer un morceau de musique. Cette histoire se trouve

    81 Voir siyar A'lm Al-Nubal- de Al-Dhahabiyy au sujet de Muammad ibn Thir qu'il dcrit comme l'imam qui a mmoris normment de narrations (al-fih), [...] n en 408 dans les environs de Jrusalem. Il mentionne son sujet des savants qui ont dit qu'il n'y avait personne de similaire son poque et qu'il tait de bonne croyance, de belle pratique, vridique, connaisseur de l'authentique et du faible, auteur de nombreux ouvrages, ne contredisant pas les rapports (lzim al-thr). 82 Voir tahdhb al-Kaml. 83 Ce terme ici dsigne clairement la musique et les chants car les chants sans musique sont permis par quasi consensus. Les Mdinois n'ont pas une position spciale sur les chants sans musique. 84 Le clbre tudiant de Mlik. 85 Tout ceci peut tre vu la p. 191 et suivantes du livre de Juday' sur la musique.

  • 35

    dans Trkh Baghdd de Al-Khab. Selon Al-Juday', la chane est acceptable.86 Dieu le

    sait mieux.

    Al-Shawkniyy cite que cette position est rapporte de Al-'Izz ibn 'Abd Al-Salm.

    Le luth aurait t permis par Ibn Al-'Arabiyy (p.11).

    Ab Al-Fut Al-Ghazzliyy a un livre pour permettre la musique (p.11).

    Selon Al-Shawkniyy, une des meilleurs choses qui a t crite sur la musique est le livre

    de Al-Udfuwiyy Al-Shfi'iyy intitul Al-Imt' f Akm Al-Sam' . L'auteur considre la

    musique permise. Celui-ci mentionne qu'un des arguments de ceux qui permettent la

    musique est qu'aucune narration authentique n'existe pour l'interdire.

    Ibn azm a dit : absolument rien n'est authentique ce sujet [...]. [Et je jure] par Allah,

    si tous ou un d'entre eux l'avait rapport travers des narrateurs dignes de confiance

    jusqu'au messager d'Allah, nous n'aurions jamais hsit prendre ces narrations. 87

    Il a d'ailleurs un court crit intitul Rislatun f Al-Ghini-l-mulh amubhun huwa am

    mahr 88 (ptre sur la chanson/musique de lahw : est-il permis ou interdit?) qui finit

    par une note expliquant que cet crit de Ibn azm a t prsent Ibn 'Abd Al-Barr et

    que ce dernier a comment en disant : je ne trouve rien rajouter ou enlever. Dieu

    sait mieux par contre si cest exact.

    Muammad Ibn Thir a dit : pas une lettre de ces narrations n'est authentique. (p.

    43).

    Ab Al-Qsim 's ibn Nj Al-Tankhiyy a dit dans son commentaire de l'pitre d'Ibn Ab

    Zayd : Al-Fkihniyy a dit : je ne connais rien dans le livre d'Allah et aucune narration

    authentique et claire dans la sunnat qui interdise les instruments de musique. Ce ne

    sont que des sens apparents et des gnralits sur lesquelles on peut s'appuyer (yuta-

    annasu bih) mais pas des preuves absolues. (p. 45)

    Ab mid Al-Ghazzliyy considre la musique permise. Al-Shawkniyy rapporte qu'il

    disait aussi que puisque le duff est permis, l'analogie voudrait que le luth (al-'d) et le

    restes des instruments de musique soient permis aussi. Ceci est vident. (p. 47)

    Al-Dhahabiyy dit dans Al-Siyar au sujet de Isq Al-Nadm : le savantissime imm, al-

    fih, l'artiste (dh al-funn) [...] le musicien, [connaisseur] du fiqh et de la langue, de

    l'histoire des gens et du adth. [...] N quelques annes aprs l'an 150.

    Al-Dhahabiyy rapporte qu'il a dit de lui-mme : Pendant une partie de ma vie, je me

    rendais tous les jours l'aube vers ushaym ou un autre des muaddithn. Ensuite,

    j'allais vers Al-Kis-iyy ou Al-Farr- ou Ibn Ghazzlat qui je lisais un morceau du Coran.

    Ensuite, j'allais vers Manr Zalzal (ndt : un clbre musicien arabe) qui me faisait jouer

    deux ou trois morceaux de musique. Ensuite, j'allais voir 'tikat bint Shahdat de laquelle

    je prenais un ou deux sons. Ensuite, j'allais voir Al-Ama'iyy et Ab 'Ubaydat dont je

    tirais profit [des enseignements] (astafdu). L'aprs-midi, je me rendais l'assemble de

    86 p. 194 de son livre sur la musique. 87 Al-Muall, kitb al-buy' (livre des ventes, question de la vente des instruments de musique (lti al-lahw). 88

    Disponible ici : http://www.feqhup.com/uploads/13291922081.pdf

  • 36

    [Hrn] Al-Rashd. Al-Mmn a mme dit de lui que si ce n'tait de sa clbrit dans la

    musique, il l'aurait nomm juge.

    Le Coran interdit-il la musique?

    Il est souvent avanc par ceux qui interdisent la musique que cette interdiction se

    trouverait au dbut de srat Luqmn (la trente et unime dans lexemplaire compil par

    Uthmn ibn Affn). C'est leur argument textuel de loin le plus fort au niveau de lauthenticit

    mais cest un argument totalement invalide.

    Allah a dit :

    b f l

    rt u uni0670_uni0653 uni0670_uni0653

    { O

    uni0670_uni0653

    1. Alif, Lm, Mm. 2. Voici les versets du Livre plein de sagesse, 3. c'est un guide et une misricorde aux bienfaisants, 4. qui accomplissent la Salat, acquittent le Zakat et qui croient avec certitude en l'au-del. 5. Ceux-l sont sur le chemin droit de leur Seigneur et ce sont eux les bienheureux. 6. Et, parmi les hommes, il y a un qui, dnu de science, achte de plaisants discours (lahw

    al-adth) pour garer [les autres] (liyuilla) hors du chemin d'Allah et pour le prendre

    en raillerie (yattakhidhah huzu-an). Ceux-l subiront un chtiment avilissant.

    D'autres rcitateurs (Nfi', entre autres) lisent :

    Et, parmi les hommes, il y a un qui, dnu de science, achte de plaisants discours (lahw

    al-adth) pour garer [les autres] (liyuilla) hors du chemin d'Allah et qui le prend (le

    chemin d'Allah) en raillerie (yattakhidhuh huzu-an). [...]

    D'autres rcitateurs (Ibn Kathr, entre autres) lisent :

  • 37

    Et, parmi les hommes, il y a un qui, dnu de science, achte de plaisants discours pour

    s'garer [encore plus] (liyailla) hors du chemin d'Allah et qui le prend (le chemin

    d'Allah) en raillerie (yattakhidhuh huzu-an). [...]

    7. Et quand lui sont rcits nos versets, il se dtourne avec orgueil comme s'il ne les avait

    pas entendus et comme s'il y avait un poids dans ses oreilles. Annonce-lui donc un

    chtiment douloureux.

    Si nous paraphrasons ces deux derniers versets en contextualisant, on peut d'abord dire

    que Dieu dcrit d'abord son livre comme tant plein de sagesses, d'enseignements droits et de

    misricorde (voir les trois premiers versets). Suit ensuite une description du croyant qui

    bnficie des bienfaits de ce livre en accomplissant les bonnes uvres ce qui le conduira au

    paradis ( ce sont eux les bienheureux ). Suivant le typique dveloppement coranique, la

    description du croyant est mise en opposition celle du kfir. videmment, le livre de Dieu tant

    plein de sagesse, il est idiot de l'accueillir en s'en moquant comme le font plusieurs kuffr. Leur

    attitude face au livre d'Allah fait qu'ils n'en bnficient aucunement. Ceux qui s'en dtournent

    utilisent des propos futiles (lahw al-adth) pour empcher les gens de l'couter ou de le suivre

    (premire manire de rciter) ou s'enfoncent encore plus dans leur garement (suivant la

    manire de lire de Ibn Kathr et autres). Cette deuxime manire de rciter indique qu'ils

    utilisaient des propos futiles pour viter de mme entendre le Coran et l'appel du prophte (qui

    constitue le chemin de Dieu). On trouve dans srat fuilat qu'ils ont dit : Ne prtez pas

    loreille ce Coran et faites du chahut [pendant sa rcitation] afin davoir le dessus. Puisqu'ils

    ont tent de faire passer pour vil le chemin de Dieu, ils seront punis par un chtiment la

    mesure de leur comportement : ils seront avilis.89 D'ailleurs, quand l'un d'entre eux n'est pas

    entrain de prononcer des propos futiles pour s'enfoncer dans son garement ou pour garer

    ceux qui prtent oreille au Coran et qu'il entend ce dernier rcit, il se dtourne avec orgueil

    comme s'il tait atteint de surdit.

    Al-abariyy rapporte dans son tafsr d'aprs Ibn 'Abbs et Ibn Mas'd et d'autres qu'ils

    ont dit au sujet de lahw al-adth : il s'agit de Al-ghin-. Ceci coupl avec la yat serait sens

    prouver l'interdiction de Al-ghin- en gnral. Al-abariyy mentionne une autre opinion qui dit

    que ce verset traite des mushrikn car le verset qui vient juste aprs parle de celui qui se

    dtourne avec orgueil du Coran, en plus du fait qu'il se moque de la religion d'Allah. Ce

    comportement est propre au kfir et ne peut pas venir d'un musulman. Lahw al-adth veut

    89 Un signe que ces versets ne font que dcrire et blmer l'attitude du mcrant (et que donc le musulman qui coute de la musique ne serait pas concern) est qu'il est mentionn que celui qui fait cela sera atteint d'un chtiment avilissant (muhn). Ibn Taymiyyat a une longue discussion dans al-rim al-masll qui l'a amen a dire que la prparation d'un chtiment avilissant n'a t mentionne dans le Coran que pour les kuffr.

    Il rajoute que le croyant pourrait par contre tre touch par un chtiment norme ('ahm). Source : http://islamport.com/w/tym/Web/3211/39.htm

  • 38

    donc ici dire toutes leurs paroles fausses que les kuffr disaient contre le Coran. Al-abariyy dit

    alors :

    Il (Allah) a voulu par cela tout discours qui distrait du chemin d'Allah parmi

    les choses qu'Allah et son messager ont interdit d'couter car il a t gnral

    en disant lahw al-adth et il n'a pas spcifi un type au dpend d'un

    autre type. [Ces mots] restent donc sur leur sens gnral, et la chanson et

    le shirk font parti de cela.

    Al-Baywiyy dit similairement au sujet de lahw al-adth : il s'agit de tout ce qui

    distrait des choses importantes comme les histoires sans fondements ou sans importance, les

    blagues et les paroles inutiles . Il mentionne alors qu'une des histoires rapportes sur la

    rvlation de cette yat parle d'un Mecquois qui aurait ramen des histoires lgendaires des

    Perses. Il se serait mis les raconter aux Mecquois pour faire comptition au prophte.

    Muammad peut vous raconter sur 'd et Thamd. Moi, je vous raconte sur [les grands

    Perses] . Ibn 'shr dit : les mots utiliss dans la yat sont plus compatibles avec cela

    qu'autre chose .

    Le contexte littraire de la parole d'Allah ne laisse aucun doute sur la justesse de la

    conclusion de Al-abariyy. Il est possible que l'origine de la rvlation de la yat soit d au fait

    que certains avaient us de la chanson pour dtourner les gens du prche du prophte, et c'est

    probablement cela qu'Ibn 'Abbs et d'autres voulaient dire mais il est compltement faux de

    dire que lahw al-adth ne signifie que al-ghin- et rien d'autres. Il est aussi fort improbable que

    l'histoire d'individus ramenant des lgendes trangres pour distraire les gens du prche du

    prophte n'ait aucune base dans la ralit vu les mots utiliss par la yat et vu le fait que les

    assembles des Mecquois dans lesquelles les moqueries envers la religion de Dieu taient

    rcurrentes devaient ncessairement contenir de la posie et des contes populaires, au moins

    de temps en temps. Nous avons aussi une preuve du Coran, c'est--dire dans

    la yat de srat fuilat, qu'ils faisaient du chahut pour empcher la rcitation du Coran. Leur

    lahw tait donc manifestement de diffrents types. De ceci, nous concluons que limiter le sens

    de la yat la simple musique ou chanson est une erreur manifeste.