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1 Au sommaire AGRO-ECOLOGIE EN PHOTO CALENDRIER / DIVERS CONTACTS L’AGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL [P2][P12] RECHERCHES SUCCESS STORIES ACTUALITES DOSSIER [P13][P25] [P26][P38] [P38] [P39] [P43] [P44] Mesdames et Messieurs, N ous sommes encore une fois ravis de proposer à nos fidèles lectrices/lecteurs le numéro 9 du Journal de l’Agro-écologie qui couvre différents domaines allant de la recherche à la formaon, aux enjeux de développement et surtout, par rapport aux numéros précédents, des témoignages d’adoptants montrant des changements de comportements sur les bonnes praques agricoles pour la geson de la ferlité des sols. On connaît depuis longtemps l’importance de la maère organique dans nos sols acides fortement lessivés depuis de longues années. Un sol ferralique acide dépourvu de maère organique se compacte à parr des 15 cm limitant la descente des racines des plantes. Sur ces sols acides le fumier est un amendement très ule dont la foncon va bien au-delà de sa composion chimique à savoir sa foncon dans le relèvement du pH et sa foncon dans le complexe argilo-chimique. Jusqu’à présent, on s’est appuyé sur le fumier de ferme mais avec la forte réducon du troupeau dans les exploitaons agricoles, il est impossible de sasfaire les besoins. En effet, les producons de fumier dans les exploitaons agricoles (inférieures à 5 t/ha) sont neement insuffisantes pour sasfaire leur besoin. Comme le fumier ne sera jamais suffisant, la soluon c’est les plantes de couverture où nous avons des acquis énormes par rapport aux autres pays. L’engouement des paysans du projet MANITATRA sur le mucuna et le lombricompost est très significaf à cet égard. A noter également l’ulisaon du compost liquide avec addion de plantes biocides comme le neem, le faux neem, etc.. pour luer contre les insectes nuisibles. L’autre soluon complémentaire est l’ulisaon des composts et en parculier le lombricompost, Edito JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE Edition trimestrielle N° 9 / 2020 RAKOTONDRAMANANA Directeur de publicaon une maère organique de qualité qui s’ulise à des doses dix fois plus faibles que le fumier. Nous espérons que ce numéro puisse éclairer nos lectrices et lecteurs et aendons des contribuons plus importantes au numéro suivant. Bonne lecture ! Les analyses et conclusions de ce journal sont formulées sous la responsabilité de leurs auteurs. Elles ne reflètent pas nécessairement les points de vue du GSDM. [P40] [P42]

Edition trimestrielle N° 9 / 2020

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Page 1: Edition trimestrielle N° 9 / 2020

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Au sommaire

AGRO-ECOLOGIE EN PHOTO

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL [P2][P12]

RECHERCHES

SUCCESS STORIES

ACTUALITES

DOSSIER

[P13][P25]

[P26][P38]

[P38] [P39]

[P43]

[P44]

Mesdames et Messieurs

Nous sommes encore une fois ravis de proposer agrave nos fidegraveles lectriceslecteurs le numeacutero 9 du

Journal de lrsquoAgro-eacutecologie qui couvre diffeacuterents domaines allant de la recherche agrave la formation aux enjeux de deacuteveloppement et surtout par rapport aux numeacuteros preacuteceacutedents des teacutemoignages drsquoadoptants montrant des changements de comportements sur les bonnes pratiques agricoles pour la gestion de la fertiliteacute des sols On connaicirct depuis longtemps lrsquoimportance de la matiegravere organique dans nos sols acides fortement lessiveacutes depuis de longues anneacutees Un sol ferralitique acide deacutepourvu de matiegravere organique se compacte agrave partir des 15 cm limitant la descente des racines des plantes Sur ces sols acides le fumier est un amendement tregraves utile dont la fonction va bien au-delagrave de sa composition chimique agrave savoir sa fonction dans le relegravevement du pH et sa fonction dans le complexe argilo-chimique

Jusqursquoagrave preacutesent on srsquoest appuyeacute sur le fumier de ferme mais avec la forte reacuteduction du troupeau dans les exploitations agricoles il est impossible de satisfaire les besoins En effet les productions de fumier dans les exploitations agricoles (infeacuterieures agrave 5 tha) sont nettement insuffisantes pour satisfaire leur besoin Comme le fumier ne sera jamais suffisant la solution crsquoest les plantes de couverture ougrave nous avons des acquis eacutenormes par rapport aux autres pays Lrsquoengouement des paysans du projet MANITATRA sur le mucuna et le lombricompost est tregraves significatif agrave cet eacutegard A noter eacutegalement lrsquoutilisation du compost liquide avec addition de plantes biocides comme le neem le faux neem etc pour lutter contre les insectes nuisibles

Lrsquoautre solution compleacutementaire est lrsquoutilisation des composts et en particulier le lombricompost

Edito

JOURNAL DE LrsquoAGRO-ECOLOGIEEdition trimestrielle Ndeg 9 2020

RAKOTONDRAMANANA Directeur de publication

une matiegravere organique de qualiteacute qui srsquoutilise agrave des doses dix fois plus faibles que le fumier

Nous espeacuterons que ce numeacutero puisse eacuteclairer nos lectrices et lecteurs et attendons des contributions plus importantes au numeacutero suivant

Bonne lecture

Les analyses et conclusions de ce journal sont formuleacutees sous la responsabiliteacute de leurs auteurs Elles ne reflegravetent pas neacutecessairement les points de vue du GSDM

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Capitalisation des acquis du projet MAHAVOTRA drsquoAgrisud International en Itasy de lrsquoexploitation agricole durable aux enjeux de planification du territoire

Adrien Lepage AGRISUD

LrsquoONG franccedilaise Agrisud International œuvre depuis 2006 agrave Madagascar dans la formation et lrsquoaccompagnement de tregraves petites entreprises (TPE) agricoles familiales dans le deacuteveloppement

durable de leurs activiteacutes Pour y arriver elle srsquoappuie sur une deacutemarche eacuteconomique et agroeacutecologique tout en valorisant des partenariats avec les acteurs locaux concerneacutes

Teacutemoignage et partage drsquoexpeacuteriences veacutecues

Parce que les exploitations agricoles sont en interaction avec leur territoire lrsquoappui au deacuteveloppement drsquoune agriculture durable neacutecessite drsquointervenir non seulement au niveau de lrsquoexploitation (systegravemes agricoles pratiques culturaleseacutelevage gestion des activiteacutes) mais aussi de maniegravere compleacutementaire en agissant sur les aspects administratifs le paysage naturel (milieu physique) les aspects socio-culturels et eacuteconomiques

Ce sont ces approches compleacutementaires qui ont eacuteteacute mises en œuvre progressivement et au cours de plus de 10 anneacutees drsquointerventions par Agrisud International en Itasy agrave la suite drsquoun diagnostic reacutegional meneacute en 2008 pour identifier les probleacutematiques cleacutes du territoire Une action rendue possible gracircce agrave lrsquoimplication et aux financements de la coopeacuteration

deacutecentraliseacutee Nouvelle-Aquitaine - Itasy de lrsquoAFD et du CEAS Le projet Mahavotra qui en reacutesulte srsquoest alors orienteacute vers un objectif de deacuteveloppement de lagriculture en Itasy gracircce agrave une restauration globale de lenvironnement agroeacutecologique par le deacuteploiement de deux principales strateacutegies bull la mise en place de prestataires de proximiteacute appeleacutes laquo Maicirctres-Exploitants raquo pour doter les

territoires drsquoune offre de services agricoles locaux et accessibles pour les producteurs et diffuser localement des pratiques agricoles durables et productives

bull lrsquoappui agrave la reacutehabilitation drsquoespaces agricoles deacutegradeacutes pour reacutepondre de maniegravere directe aux probleacutematiques drsquoeacuterosion et de baisse de fertiliteacute

Dans un second temps le projet a anticipeacute lrsquoarriveacutee sur le marcheacute des productions issues des 585 ha drsquoameacutenagements vivriers et agroforestiers appuyeacutes durant Mahavotra I Ainsi une peacutepiniegravere drsquoentreprises rurales en agro-transformation a eacuteteacute creacuteeacutee afin de favoriser la valorisation locale des productions agricoles tout en compleacutetant lrsquooffre de formation reacutegionale La peacutepiniegravere est localiseacutee au Centre Reacutegional de Formation Professionnelle Agricole (CRFPA) pour compleacuteter et diversifier lrsquooffre de formation du centre

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AU NIVEAU NATIONAL

Drsquoautre part crsquoest lameacutelioration de la planification et des capaciteacutes de gestion des territoires ruraux dans la Reacutegion Itasy a eacuteteacute accompagneacutee bull par lrsquoappui agrave lrsquoeacutelaboration de Scheacutemas drsquoAmeacutenagements Communaux (SAC) afin que les collectiviteacutes

locales puissent orienter les acteurs du deacuteveloppement reacutegional et maicirctriser leur impact sur le milieu naturel

bull et par lrsquoappui agrave la mise en place au niveau reacutegional drsquoune Cellule de Systegravemes drsquoInformation Geacuteographique (Cellule SIG) capable de creacuteer de la donneacutee spatialiseacutee pour appuyer et harmoniser les actions des acteurs reacutegionaux

Agrisud International et ses partenaires mettent aujourdrsquohui agrave disposition de toutes et tous 4 documents de capitalisation issus de certaines expeacuteriences du projet MAHAVOTRA Ils preacutesentent les meacutethodologies drsquoaction les recommandations et points de vigilance agrave destination de toute structure inteacuteresseacutee par la deacutemarche ou le thegraveme correspondantCes capitalisations portent sur

bull Lrsquoensemble de ces capitalisations sont en accegraves libre sur le site drsquoAgrisud International httpwwwagrisudorgfr dans la rubrique laquo Publication raquo

Nous vous invitons eacutegalement agrave voir ou revoir le film laquo Maicirctres-exploitants un reacuteseau de prestataires agricoles au service de leur territoire raquo reacutealiseacute dans le mecircme processus de capitalisation du projet Mahavotra II Rendez-vous sur la plateforme YouTube avec les mots cleacutes laquoAgriculture durable et dynamiques territoriales agrave Madagascar (2019) raquo ou sur le lien httpsyoutube2PytZh2_LsA ou encore en scannant ce QR code

Le projet Mahavotra toujours en cours dans la reacutegion Itasy a entameacute sa 3egraveme phase drsquoactions depuis avril 2019 Les enjeux sont maintenant porteacutes sur le deacuteploiement et la consolidation de ses actions leur peacuterennisation et le transfert de leur gestion aux structures locales peacuterennes et leacutegitimes

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AU NIVEAU NATIONALLa DRAEP Vakinankaratra accompagne la mise en œuvre des projets

DRAEP Vakinankaratra

Sur les hautes terres malgaches

particuliegraverement dans le Vakinankaratra la promotion de lrsquoAgriculture de

conservation les Bonnes pratiques agricoles et plus geacuteneacuteralement lrsquoAgro-eacutecologie revecirct une importance vitale La pression fonciegravere y est tellement forte que tous les terroirs des bassins versants sont exploiteacutes En lrsquoabsence drsquoencadrement les techniques Agricoles qui y sont pratiqueacutees peuvent avoir des conseacutequences deacutesastreuses sur le sol et par conseacutequent sur la productionConscient de la graviteacute de la situation des mesures ont eacuteteacute prises par le MAEP1 agrave travers la DRAEP Vakinankaratra De multiples interventions pour la vulgarisation de lrsquoAgro-eacutecologie y sont actuellement meneacutees directement par le biais du SECRU (Service Environnement Climat et Reacuteponses aux Urgences) UECRU (Uniteacute Environnement Climat et Reacuteponses aux Urgences) ou par lrsquointermeacutediaire des Projets principalement PAPAM et MANITATRA II

Aussi la DRAEP2 Vakinankaratra accorde une importance particuliegravere pour la coordination des activiteacutes Des reacuteunions de coordinations sont organiseacutees semestriellement par la Direction 1 MAEP Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche2 DRAEP Direction Reacutegioanle de lAgriculture de lElevage et de la Pecirche

dans le cadre des activiteacutes du PAPAM avec la participation des autres acteurs opeacuterant directement ou indirectement dans la promotion de lrsquoAgro-eacutecologie (CSA FDAR CASEF Fert GSDM MANITATRA IIhellip) Un exemple type du fruit de cette coordination a eacuteteacute les ameacutenagements reacutealiseacutes en 2019 par le SECRU dans la zone deacutelimiteacutee par le Projet PAPAM en tant que site pilote servant de deacutemonstration aux techniques drsquoameacutenagement et des techniques agroeacutecologiques situeacute agrave Ambohimena Commune rurale drsquoAmbano dans le District Antsirabe II Ce sont donc des activiteacutes baseacutees sur la protection des bassins versants surplombant un barrage construit par le projet PURSAPS

Drsquoautre part entre 2017 et 2018 toujours en collaboration avec PAPAM 61 agents de la Direction Reacutegionale soit 95 de son personnel technique ont beacuteneacuteficieacute drsquoun renforcement de capaciteacute sur lrsquoAgro-eacutecologie Agrave partir de lagrave des descentes conjointes sont meneacutees hebdomadairement entre les deux entiteacutes pour favoriser lrsquoappropriation des activiteacutes par le personnel de la DRAEP Cette implication est drsquoautant plus importante en cette derniegravere anneacutee du Projet (2020) pour faciliter la reprise des interventions par la Direction Dans ce cadre un lobbying pour le deacuteblocage des fonds de financement du FDAR est actuellement en cours pour booster la vulgarisation des techniques Agro-eacutecologiques dans toute la Reacutegion du Vakinankaratra

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Compte tenu de lrsquoefficaciteacute de cette meacutethode drsquointervention un dispositif similaire est en cours de mise en place pour accompagner MANITATRA II Une convention a eacuteteacute signeacutee en Aoucirct 2019 entre le Projet et la DRAEP Vakinankaratra et les descentes conjointes ont deacutejagrave deacutebuteacute

La peacuterennisation et lrsquoextension des actions drsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire favorisent un changement de mentaliteacute collectif et contribuent agrave une mise agrave lrsquoeacutechelle de la diffusion des techniques

Eacutequipe du GSDM

Le GSDM maintient les appuis techniques et les accompagnements des collegraveges dans le Vakinankaratra

La formation constitue une des missions principales du GSDM Pour assurer la mise

agrave lrsquoeacutechelle de la diffusion de lrsquoAgro-eacutecologie le GSDM reacutealise ainsi des formations en Agro-eacutecologie agrave diffeacuterents niveaux Les conduites de formations proposeacutees correspondent aux niveaux des diffeacuterentes cibles De nombreuses formations sont ainsi dispenseacutees essentiellement au niveau des eacutecoles des centres de formations des universiteacutes des associations et des projets programmes

Pour la 3egraveme anneacutee scolaire conseacutecutive dans le cadre du projet PAPAM et la 2egraveme anneacutee pour le projet MANITATRA 2 le GSDM maintient les appuis techniques et continue lrsquoapprentissage de lrsquoAgro-eacutecologie au niveau des 12 collegraveges du Vakinankaratra Pour lrsquoanneacutee scolaire 2019-2020 les beacuteneacuteficiaires comptent actuellement 1692 eacutelegraveves Il srsquoagit essentiellement des nouveaux entrants en classe de 6egraveme et des admis en classe de 5egraveme On peut citer eacutegalement les beacuteneacuteficiaires indirectes en particulier les parents drsquoeacutelegraveves le corps eacuteducatif ainsi que les paysans aux alentours Drsquoanneacutee en anneacutee une prise de conscience et de responsabiliteacute collective est constateacutee au travers des changements de comportement des concerneacutes Ces aspects se manifestent surtout par le sens de partage des eacutelegraveves par les demandes de formation des parents par la

curiositeacute des paysans aux alentours et lrsquoadoption des techniques par les enseignants et les parents

A la fin du mois de novembre 2019 un atelier bilan des eacutecoles srsquoest tenu agrave la Reacutesidence sociale drsquoAntsirabe Lrsquoobjectif eacutetant drsquoeacutevaluer les impacts et les retombeacutees du projet durant ces quelques anneacutees drsquoaction Lrsquoatelier a vu la participation des diffeacuterents intervenants impliqueacutes dans la mise en œuvre du projet essentiellement les autoriteacutes locales et centrales les membres du GSDM les repreacutesentants de projetsprogrammes les Directeurs des 12 eacutetablissements les enseignants les parents drsquoeacutelegraveves les eacutelegraveves beacuteneacuteficiaires et les journalistes Les points forts les contraintes et la peacuterennisation des actions ont eacuteteacute eacutevoqueacutes et discuteacutes Lors des eacutechanges chaque partie prenante en particulier les chefs drsquoeacutetablissements et les enseignants ont reacuteiteacutereacute leurs engagements respectifs pour lrsquoatteinte des objectifs du projet Cependant la formation de nouveaux enseignants responsable des cours drsquoAgro-eacutecologie devient primordiale suite au deacutepart agrave la retraite de certains enseignants ou de leurs mutations vers drsquoautres postes

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Pour cette anneacutee scolaire la mise en place des cultures de saison pluviale a eacuteteacute reacutealiseacutee au niveau des parcelles drsquoapplication des eacutetablissements avec lrsquoappui du GSDM Cocircteacute pratique les enseignants ont deacutebuteacute le transfert de connaissances aux eacutelegraveves et enchainent les travaux pratiques au niveau des parcelles drsquoapplication La remise des outils peacutedagogiques aux eacutetablissements et des livrets ludiques aux eacutelegraveves est preacutevue tregraves prochainement La reacutealisation et la production drsquoune bande dessineacutee 3D est eacutegalement preacutevue courant cette anneacutee scolaire 2019-2020

Drsquoapregraves le tableau reacutecapitulatif ci-dessous environ 3000 eacutelegraveves beacuteneacuteficient actuellement de lrsquoappren-tissage de lrsquoAgro-eacutecologie dans le Vakinankaratra

ECOLES PAPAMEtablissement Cisco Effectif 6egraveme Effectif 5egraveme Total

CEG Vinany Mandoto 81 84 165CEG Ankazomiriotra Mandoto 138 41 179CEG Betafo Betafo 667 1181CEG Annexe Alakamisy Anativato Betafo 128 46 174

Collegravege Priveacute AINA Antsirabe II 32 28 58CEG Vinaninkarena Antsirabe II 100 90 190

Sous total 1 993 954 1947ECOLES MANITATRA 2

CEG Ihazolava Ambatolampy 99 66 165CEG Ambohimandroso Antanifotsy 192 127 319CEG Ampitatafika Antanifotsy 123 45 168Lyceacutee Priveacute Loterana Antanifotsy Antanifotsy 31 29 60

CEG Antsoatany Antsirabe II 124 48 172CEG Tsaramasoandro Antokofoana Betafo 85 84 169

Sous total 2 654 399 1053Total des eacutelegraveves beacuteneacuteficiaires 1647 1353 3000

Le GSDM continue ses engagements dans le Boeny

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La preacuteparation des parcelles drsquoapplication et la mise en place des cultures de grande saison a eacuteteacute eacutegalement reacutealiseacutee au niveau des 8 eacutetablissements de la reacutegion Boeny Pour lrsquooccasion les ingeacutenieurs du GSDM ont fait le deacuteplacement pour accompagner des techniciens locaux et encadrer les enseignants et les eacutelegraveves Le transfert de connaissances theacuteorique et pratique se deacuteroule en fonction des plans drsquoaction proposeacutes par eacutetablissement et les techniciens srsquoassurent que tout se passe bien au travers de leurs freacutequents passages Actuellement lrsquoeacutequipe du GSDM et de lOffice de lEducation de Masse et du Civisme (OEMC) sont en train de concevoir le livret ludique adapteacute agrave la reacutegion Boeny et enchainent les missions de suivi pour garantir un bon reacutesultat

Transfert de connaissances travaux pratiques au niveau des parcelles dapplication

Ndeg PTF Collegraveges Cisco Enseignants formeacutes

Agents deacutecentraliseacutes

OEMC

Elegraveves 6egraveme

Elegraveves 5egraveme

1

GIZPRO-SOL

CEG Tsaramandroso

Ambato Boeny 4

1 DREMC1 BEMC Cisco

Ambato Boeny1 BEMC Cisco

Majunga 2

50 50

2 CP ADMIS Manerinerina

Ambato Boeny 4 30 25

3 CEG Ankijabe Ambato Boeny 4 116 43

8 Ecole Priveacutee MEMORIAL Ankijabe

Ambato Boeny 4 30 20

4 CEG Manerinerina Ambato Boeny 4 177 71

6 LP LES MEILLEURS Manerinerina

Ambato Boeny 4 50 28

7 CEG Mariarano Mahajanga II 4 40 30

8 CEG Ambovondramanesy Mahajanga II 4 58 32

Total 32 3 551 299

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Le GSDM est engageacute dans la mise en œuvre des mesures de protection des sols et de reacutehabilitation des terres dans le Boeny

Equipe GSDM

Dans le cadre des projets globaux SEWOH (Un monde sans faim) le Projet de conservation

et de reacutehabilitation des sols (ProSol) au travers du champ drsquoaction A laquo mise en œuvre de mesures de protection des sols et reacutehabilitation des terres raquo est exeacutecuteacute par le consortium Eco-consult GOPA dans les 6 communes reacuteparties dans 3 districts (Mahajanga II Ambatoboeny et Mitsinjo) dans la reacutegion du Boeny Les activiteacutes programmeacutees reposent sur la conception et la reacutealisation de plans drsquoameacutenagements et de gestion durable des paysages

Le projet collabore avec le GSDM pour appuyer le lancement de sites eacutecoles sur les techniques de protection et reacutehabilitation des sols pour former et conseiller des techniciens Ces activiteacutes sont poursuivies et deacuteveloppeacutees en partenariat avec les ONG locales sur trois lots de communes bull AIM pour le district de Mahajanga II bull MAZAVA pour le district drsquoAmbatoboeny bull AMADESE pour le district de Mitsinjo

Lrsquoobjectif est drsquoaccompagner les eacutequipes de 3 ONG partenaires de Prosol pour les activiteacutes lieacutees au Plan dlsquoAmeacutenagement Durable du Paysage

(PAGDP) afin que les paysans soient sensibiliseacutes formeacutes pour la mise en place des essais dans les sites eacutecoles qursquoils disposent des semences neacutecessaires et reacutealisent la planification eacutetablie

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Dans ce cadre lrsquoexpertise du GSDM concerne la reacutealisation des diagnostics du milieu et des systegravemes drsquoexploitation des meacutenages agricoles afin de formuler des propositions techniques et de strateacutegies drsquointervention (Champ eacutecole paysan (CEP) sites de production de semence etc) pour la protection des sols ougrave la restauration de leur fertiliteacute dans ces trois Districts Elle consiste eacutegalement agrave former et conseiller les techniciens des ONG locales

Les reacutealisations du GSDM sont les suivantes

bull Mise en œuvre de diagnostics compleacutementaires dans les sites prioritaires reacutealiseacutes en deux eacutetapes Avril-mai 2019

bull Identification concerteacutee des 6 sites eacutecoles issue des missions drsquoavril-mai 2019

bull Reacutealisation de la Planifications participatives drsquoameacutenagement dans les 06 sites eacutecoles reacutealiseacutee en juillet 2019

bull Formulation des propositions techniques issue de la planification participative et valideacutees ensemble avec les acteurs concerneacutes

bull Formation des acteurs concerneacutes y compris les ONG drsquoaccompagnement reacutealiseacutee en Aoucirct et deacutebut septembre 2019

bull Enquecircte pour la compreacutehension du fonctionnement des meacutenages et pour la situation T0 de suivi-eacutevaluation reacutealiseacutee en deacutecembre 2019

bull Appui et accompagnement des techniciens des ONG agrave la mise en place des cultures de grande saison dans les zones drsquointervention du projet PROSOL reacutealiseacutee en deacutecembre 2019

bull Suivi en cours de culture pour le renforcement

de capaciteacutes des techniciens et les eacutechanges avec les paysans reacutealiseacutees en feacutevrier 2020

Drsquoautres interventions du GSDM sont eacutegalement preacutevues dans le cadre de ce projet entre autres

bull Lrsquoeacutevaluation qualitative des reacutealisations avant reacutecolte

bull La seacutelection des paysans multiplicateurs de semences (choix de parcelles formation sur les principes et les eacutetapes cleacutes de la production de semences jusqursquoaux opeacuterations post-reacutecolte)

bull Les appuis aux DRAEP sur les mesures et estimations de rendements

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Le GSDM accompagne le Projet ATASEF dans la mise en place de champs eacutecole en Agro-eacutecologie dans le District drsquoAnkazobe

Le GSDM a eacuteteacute mandateacute par l Organisation de Soutien pour le Deacuteveloppement Rural

agrave Madagascar de la Fondation AGA KHAN (OSDRM) (convention de service Ndeg2019_DecaTD-002 du 26 novembre 2019) pour appuyer et accompagner lrsquoeacutequipe du projet ATASEF en vue de la mise en place des champs eacutecoles paysans ou CEP agro-eacutecologiques dans le district drsquoAnkazobe Le Projet ATASEF ou laquo Appui agrave la Transition Agroeacutecologique par la Seacutecurisation Economique et Fonciegravere raquo est un projet financeacute par lrsquoAFD dans le cadre de la Faciliteacute drsquoInnovation Sectorielle pour les ONG (FISONG) Lrsquoobjectif principal du projet consiste agrave reacuteduire la pauvreteacute et la vulneacuterabiliteacute des meacutenages agricoles de la Zones drsquoInvestissement Agricole (ZIA) drsquoAnkazobe Parmi les activiteacutes preacutevues pour les beacuteneacuteficiaires figurent notamment lrsquoinitiation et lrsquoaccompagnement agrave lrsquoagroeacutecologie et la mise en œuvre des ameacutenagements

Un des principaux enjeux sur lequel le projet se base dans ses actions est que laquo lrsquoinseacutecuriteacute fonciegravere constitue un frein agrave lrsquoameacutelioration de la production agricole la non mise en valeur de terres mecircme propices agrave lrsquoagriculture et qui constitue aussi agrave son tour un obstacle agrave leur seacutecurisation fonciegravere formelle raquo

Dans ce cadre le projet vise agrave donner aux meacutenages lrsquoopportuniteacute de seacutecuriser leurs droits fonciers sur des terrains qursquoils devront mettre en valeur ameacutenager et exploiter en suivant des techniques agro-eacutecologiques et agroforestiegraveres

Les objectifs speacutecifiques du Projet consistent agrave bull Contribuer au deacuteveloppement drsquoune activiteacute

agro-sylvo-pastorale seacutedentaire dans la ZIA par la promotion de lrsquoagro-eacutecologie et lrsquoadaptation au changement climatique

bull Renforcer le rocircle socioeacuteconomique des meacutenages de la ZIA

bull Et seacutecuriser le capital foncier des meacutenages de la ZIA Les groupes cibles du projet sont les meacutenages extrecircmement pauvres (vivant avec moins de 1 USD par jour et par personne) et vulneacuterables

LrsquoAgro-eacutecologie est inteacutegreacute dans les ProjetsProgrammes

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Le Projet dAppui agrave la transition Agro-eacutecologique par la seacutecurisation eacuteconomique et fonciegravere (ATASEF) srsquoeacutetale sur 3 ans de 2017 agrave 2020 et preacutevoit agrave terme i) la seacutecurisation fonciegravere par voie de certification de 450 Ha de terrains dans les Communes de Kiangara et Tsaramasoandro dans la partie Nord du district drsquoAnkazobe et dans la limite mecircme de la reacutegion drsquoAnalamanga (limitrophe avec la reacutegion de Betsiboka) et ii) un accompagnement technique et socio-organisationnel dans le processus de mise en valeur drsquoameacutenagement et drsquoexploitation des terres de 225 meacutenages vulneacuterables beacuteneacuteficiaires

Drsquoapregraves le document du Projet les activiteacutes srsquoorientent sur bull Lrsquoappui agrave lrsquoorganisation des producteurs

structureacutes en Groupes drsquoEpargne Communautaire ou GEC

bull Lrsquoinstallation la seacutecurisation fonciegravere et lrsquoinclusion financiegravere des meacutenages par la promotion des chaicircnes de valeur et lrsquoagriculture contractuelle avec la culture du taro (Saonjo) qui se complegravetent au systegraveme de riziculture

bull Lrsquoappui agrave lrsquointensification Agroeacutecologique et agrave lrsquointeacutegration eacuteconomique

Lrsquoobjectif principal de lrsquointervention du GSDM consiste donc agrave appuyer et accompagner lrsquoeacutequipe du projet ATASEF pour la mise en place des champs eacutecoles paysans ou CEP agroeacutecologiques dans le district drsquoAnkazobe

Les objectifs speacutecifiques sont de bull Reacutealiser un diagnostic de terrain pour mieux

comprendre les enjeux et les contraintes locaux et mieux orienter les propositions ainsi que les strateacutegies de mise en œuvre

bull Concevoir et mettre en œuvre des techniques drsquoagroeacutecologie agrave appliquer dans les cinq villages au niveau des communes rurales de Kiangara et de Tsaramasoandro

bull Former et accompagner les techniciens drsquoencadrement

bull Appuyer les techniciens agrave la mise en place de champs eacutecoles paysans permettant la diffusion de cette innovation

bull Former les paysans membres de GEC au

niveau des champs eacutecoles paysans et au travers des visites eacutechanges au niveau des sites agroeacutecologiques du GSDM dans la reacutegion du Vakinankaratra (Ivory Mandoto) et au sein du projet MANITATRA 2

Le diagnostic sur terrain a eacuteteacute meneacute par deux agents du GSDM en particulier de l Agroeacuteconomiste et du Responsable enquecircte et BDD les 6 et 7 deacutecembre 2019

Sur terrain les observations du milieu les enquecirctes focus group les enquecirctes aupregraves des meacutenages agricoles et lrsquoeacutelaboration drsquoune typologie des meacutenages agricoles ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau de cinq Champs eacutecoles paysans ou CEP choisis par le projet Il srsquoagit de 4 CEP dans la commune de Kiangara dont Tsarafara de Bemasoandro drsquoAnosimbary et drsquoAntsahalava et drsquoun CEP agrave Vohitsara dans la commune de Tsaramasoandro

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LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

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La formation en Agro-eacutecologie en faveur des agents a eacuteteacute reacutealiseacutee du 7 au 9 janvier 2020 et lrsquoappui et accompagnement des techniciens agrave la mise en place des champs eacutecoles du 21 au 23 janvier 2020 Lrsquoobjectif de la formation est de permettre aux techniciens d assurer la formation et lrsquoaccompagnement des beacuteneacuteficiaires sur les pratiques Agro-eacutecologiques dans les zones drsquointervention du projet Huit (8) participants ont assisteacute agrave la formation dont le Responsable de Programme Reacutegional OSDRM le chef de projet ATASEF 2 animateurs et 4 agents de terrain du projet ATASEF

Les geacuteneacuteraliteacutes en matiegravere drsquoAgro-eacutecologie et les pratiques adapteacutees dans les zones drsquointervention du projet ATASEF ont eacuteteacute preacutesenteacutees et discuteacutees durant la formation theacuteorique en salle Pour cette premiegravere session lrsquoembocagement et les bandes veacutegeacutetales lrsquoassociation et la rotation des cultures les composts et la lutte biologique lrsquoagroforesterie ont eacuteteacute deacuteveloppeacutes durant 4 jours de formation en salle Les travaux pratiques ont eacuteteacute reacutealiseacutes agrave Bemasoandro commune Kiangara et agrave Vohitsara commune Tsaramasoandro Lrsquoorganisation de lrsquooccupation de lrsquoespace et de la mise en place des cultures sur les diffeacuterentes parties du terrain ont eacuteteacute discuteacutees Le renforcement de quelques pieds des plants deacutejagrave planteacutes sur des lignes de courbe de niveau (Khaya Paulownia et Acacia) a eacuteteacute effectueacute sur un terrain de plus de 2 hectares agrave Bemasoandro Outre la mise au point sur la technique de traccedilage des courbes de niveau les avantages de lrsquoinstallation des plantes de couverture dans les cultures deacutejagrave en place ont eacuteteacute expliqueacutes aux techniciens et aux agriculteurs preacutesents agrave Vohitsara Lrsquo Appui et lrsquoaccompagnement des techniciens

du projet ATASEF agrave la mise en place des CEP et lrsquoinstallation des plantes ameacuteliorantes de fertiliteacute (leacutegumineuses) dans les cultures deacutejagrave en place au niveau des agriculteurs beacuteneacuteficiaires sont encore preacutevus avant la fin du mois de janvier 2020 Par ailleurs lrsquoappui conseil sur lrsquoameacutelioration du fumier la fabrication de composts et la lutte agro-eacutecologique seront eacutegalement preacutevus pour cette campagne culturale 2019-2020

Des actions de communication de masse pour accompagner la diffusion de lrsquoAgro-eacutecologie

Les actions de communication accompagnent la mise agrave lrsquoeacutechelle

de la diffusion des techniques ainsi que lrsquoanimation et la sensibilisation en Agro-eacutecologie Elles se traduisent par la valorisation des acquisexpeacuteriences au travers de la conception et lrsquoeacutedition des supports de communication adapteacutes aux diffeacuterentes cibles du GSDM Il srsquoagit essentiellement des eacutemissions radioteacuteleacute des films et des supports de formation de la gestion des reacuteseaux sociaux de lrsquoeacutedition des journaux et revues de la participation aux ateliers strateacutegiques aux eacutevegravenements promotionnels et autres plateformes drsquoanimation tant sur le plan national qursquointernational Derniegraverement le GSDM a participeacute dans le guide de lrsquoenvironnement du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable (MEDD) le magazine Mahavokatse du MAEP et de lrsquoagenda 2020 du MAEP

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Production et acquisition de fumure organique pour la gestion de la fertiliteacute des sols par les exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice (CIRADAIDA) RAZANAKOTO

Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina (GSDMMontpellier SUPAGRO)

RECHERCHES

1 Introduction

Dans le ndeg8 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait la diversiteacute et lrsquoimportance

des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols agrave partir des reacutesultats obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Les aspects concernant la fumure organique nrsquoavaient eacuteteacute qursquoeffleureacutes ils sont traiteacutes dans cet article qui preacutesente les reacutesultats obtenus sur les mecircmes exploitations agricoles familiales (EAF) du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Pour plus drsquoinformations sur le projet Secure et sur les aspects mateacuteriels et meacutethodes le lecteur est inviteacute agrave consulter le ndeg8 de JAE et le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats preacutesenteacutes sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

Les fertilisants organiques produits par les EAF des zones drsquoeacutetude sont divers Les fumiers sont les plus importants en lien avec les animaux de lrsquoexploitation (bovins porcs volailles lapins)

le systegraveme drsquoeacutelevage et les techniques de production En plus de ces fumiers utiliseacutes purs ou meacutelangeacutes il existe des laquo composts raquo traditionnels fabriqueacutes avec les ordures meacutenagegraveres des cendres etou autres matiegraveres organiques ajouteacutees (ces fumures sont appeleacutees zezi-pako et zezi-davenona) et aussi des composts dont la production suit les techniques diffuseacutees dans le cadre de programmes de deacuteveloppement Les EAF peuvent eacutegalement avoir recours au marcheacute de la fumure organique pour augmenter la disponibiliteacute (acheter ou eacuteventuellement eacutechanger) mais aussi pour vendre

La production et lrsquoacquisition de fumures organiques sont caracteacuteriseacutees ici dans leur diversiteacute Lrsquoanalyse des pratiques montre les logiques suivies par les EAF La variabiliteacute observeacutee est forte notamment en terme de quantiteacutes disponibles qui suggegravere une gamme de propositions adapteacutees de la part de la recherche et du deacuteveloppement pour ameacuteliorer ces pratiques qui sont la clef de voute de la gestion de la fertiliteacute des sols et de la durabiliteacute des systegravemes de culture

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2 La fumure organique produite dans Les EAF

La production de fumure organique (FO) a eacuteteacute eacutevalueacutee1 pour lrsquoanneacutee enquecircteacutee (2016) Toutes les EAF en ont produit sauf trois (moins de 1) qui nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux2 durant toute lrsquoanneacutee et qui nrsquoont pas valoriseacute leurs ordures meacutenagegraveres sous forme de compost

21 Quantiteacutes et composition

Parmi les types de FO (Figure 1) on note lrsquoimportance du fumier meacutelangeacute les exploitations qui ont plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage meacutelangent souvent les deacutejections qui fermentent ensemble dans le parc agrave bœuf ou pendant leur stockage dans une fosse ou simplement en tas Souvent les exploitants y ajoutent les deacutechets meacutenagers des cendres et dans certains cas drsquoautres reacutesidus de culture ou deacutechets (voir infra) Crsquoest donc un produit fertilisant dont la composition et la qualiteacute varient fortement drsquoune EAF agrave une autre

La production moyenne annuelle de FO par EAF (Figure 1) est plus importante dans la zone drsquoArivonimamo (217 tonnes) que dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra (187 tonnes) Les constituants principaux sont le fumier meacutelangeacute et le fumier de bovins qui agrave eux deux repreacutesentent 72 de la FO totale agrave Mandoto et 83 agrave Arivonimamo Lrsquoeacutecart entre les deux moyennes nrsquoest pas tregraves eacuteleveacute mais il est significatif et la diffeacuterence srsquoexplique drsquoabord par un nombre drsquoanimaux drsquoeacutelevage en moyenne plus important dans la zone drsquoArivonimamo (18 bovins et 7 porcs par EAF) que dans la zone de Mandoto (14 bovins et 23 porcs) Il existe une relation lineacuteaire positive entre le nombre moyen de bovins ou la valeur du cheptel dans lrsquoEAF et la quantiteacute de FO produite (coefficients de correacutelations respectivement de 057 et 062 signification agrave 001)

Figure 1 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF selon les zones

1 On notera que cette eacutevaluation a eacuteteacute faite sur la base des deacuteclarations des exploitants agricoles avec les uniteacutes tradition-nelles que sont la charrette le sac la soubique (panier) etc Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes 250 kgcharrette (en reacutefeacuterence agrave Saint Andreacute et al 2016) 30 kgsac et 10 kgsoubique Ainsi les reacutesultats preacutesenteacutes sont des ordres de grandeur mecircme si les chiffres semblent indiquer une certaine preacutecision et si la taille conseacutequente de lrsquoeacutechantillon fait que les approximations se compensent2 Comme pour la production de FO lrsquoeacutelevage est la norme puisque seules 1 des EAF nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte On notera que le fait de ne pas avoir drsquoanimal agrave un moment donneacute ne signifie pas que lrsquoexploitation ne pratique pas lrsquoeacutelevage lrsquoabsence drsquoanimal est le plus souvent conjoncturelle et un indicateur de difficulteacutes eacuteconomiques

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Au-delagrave des diffeacuterences de quantiteacute on note lrsquoimportance du compost traditionnel (zezi-pako) agrave Mandoto avec 16 de la FO alors qursquoagrave Arivonimamo il ne repreacutesente que 1 Le zezi-pako est constitueacute essentiellement agrave partir des ordures domestiques et de veacutegeacutetaux reacutecolteacutes sur ou en dehors de lrsquoEAF (Ravonjiarison et al 2018) Il est reacuteputeacute ne pas contenir de deacutejection animale (mecircme si selon les deacuteclarations 60 des EAF en ajoute voir infra) et srsquoil en contient crsquoest en faible quantiteacute Il peut ecirctre brucircleacute surtout srsquoil contient beaucoup de veacutegeacutetaux peu deacutegradeacutes Le zezi-pako est utiliseacute plutocirct par les petites exploitations les grandes exploitations preacutefeacuterant produire du compost Les quantiteacutes de composts laquo modernes raquo ne sont pas significativement diffeacuterentes entre les zones

22 Les produits apporteacutes dans le fumier et le compost

Les produits apporteacutes pour la fabrication du fumier et du compost ont des effets sur la qualiteacute

fertilisante finale des produits Comme lrsquoindique le Tableau 1 les EAF apportent des produits divers cette pratique permet drsquoaugmenter le volume de fumier produit (Alvarez S 2012 Rasolofo L I 2017) mais aussi de produire des fumures de composition variable par rapport aux caracteacuteristiques reconnues (Ravonjiarison et al 2018)

Lrsquoapport des deacutejections animales est bien sucircr fonction des animaux sur lrsquoEAF mais aussi pour les composts (et en particulier pour le zezi-pako) des deacutejections de zeacutebus ramasseacutees sur les chemins ou parcours emprunteacutes par des animaux qui appartiennent agrave drsquoautres EAF les exploitants connaissent lrsquoimportance des deacutejections animales pour la fumure des cultures et les plus pauvres avec tregraves peu drsquoanimaux ramassent des deacutejections laquo perdues raquo Ainsi 60 des EAF qui produisent du compost ajoutent dans celui-ci des deacutejections animales

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les EAF ajoutent de nombreux produits dans la fabrication du fumier autant si ce nrsquoest plus en freacutequence que pour

le compost Pour les pailles et balles de riz la prioriteacute semble ecirctre donneacutee au fumier mecircme si la freacutequence reste eacuteleveacutee pour le compost Les EAF pratiquent avec un fort pourcentage le recyclage des reacutesidus de cultures (paille de riz balles de riz autres reacutesidus de culture) Pregraves des deux tiers des EAF ajoutent du bozaka1 et une EAF sur deux qui produit du compost ajoute des feuilles drsquoarbres

Tableau 1 Principaux produits apporteacutes pour la fabrication des fumiers ou des composts (en des EAF)

Produits apporteacutes Fumier (EAF=304)

Compost (EAF=122)

Deacutejection de bovins 70

60

Deacutejection de porcs 73Deacutejection de volailles

84

Deacutejection autres animaux

1

Paille de riz 72 60Balles de riz 51 33Reacutesidus autres cultures

43 39

Bozaka 68 60Autres herbes 17 9Feuille darbres 13 50Deacutechets meacutenagers 36 54Cendres 46 57Terre fertile Terreau

3 12

Sels 4 9Vers 0 2Autres produits 4 7

1 Nom geacuteneacuterique pour deacutesigner les laquo herbes raquo et plus particuliegraverement les gramineacutees qui couvrent pentes et sommets des collines (Andropogon eucomus Aristida adscensionis etc) (source dictionnaire malgache httpmotmalgacheorgbinsteny2) Le bozaka peut avoir eacuteteacute coupeacute ou arracheacute dans ce cas il comprend les racines et un peu de terre

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Ces produits bozaka feuilles drsquoarbres autres herbes sont pour la plupart des produits de cueillette et participent agrave une laquo gestion horizontale de la fertiliteacute raquo avec un transfert drsquoeacuteleacutements fertilisants preacuteleveacutes sur drsquoautres parties du terroir et rameneacutes sur les parcelles cultiveacutees (Rollin 1994 Andriambelomanga 2017) amplifiant le mecircme transfert reacutealiseacute par les animaux (pacircturages ou parcours fumier cultures) Les autres produits utiliseacutes notamment par les EAF qui produisent du compost sont les cendres le terreau mais aussi du sel acheteacute et dlsquoautres produits comme de la dolomie de la sciure de bois etc

23 Les motivations pour la production du compost

La production de compost est lrsquoune des techniques vulgariseacutees pour augmenter

les quantiteacutes de matiegraveres fertilisantes encourageacutees par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie Les reacutesultats de lrsquoenquecircte montrent que la moitieacute des EAF agrave Mandoto et 30 des EAF agrave Arivonimamo ont deacutejagrave cette pratique

Tableau 2 Part des EAF qui produisent du compost

Mandoto ArivonimamoCompost moderne

9 12

Compost traditionnel

41 18

Total avec compost

50 30

A Mandoto ce sont les pratiques traditionnelles de production de zezi-pako qui dominent tregraves largement On notera que si le total nrsquoest que de 50 crsquoest que quelques EAF rares toutefois font les deux types de compost A Arivonimamo certainement en raison des programmes de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la technique la part des EAF avec compost laquo moderne raquo est un peu plus eacuteleveacutee mais le compost traditionnel

est moins reacutepandu On pourrait penser que le fumier se substitue au compost crsquoest-agrave-dire qursquoune EAF qui produit du fumier abandonne la production de compost car comme mentionneacute preacuteceacutedemment les EAF apportent en grande partie les mecircmes constituants aux deux types de fumure organique En fait il nrsquoen est rien 55 des EAF qui produisent du compost agrave Mandoto ont du fumier et agrave Arivonimamo ce taux est de 82

La raison principale pour laquelle les EAF produisent du compost crsquoest drsquoabord pour augmenter la quantiteacute disponible de fertilisants (34 des EAF qui ont reacutepondu) ou beacuteneacuteficier des effets en augmentant la production (11) et en ameacuteliorant la fertiliteacute des sols (9) On note tout de mecircme que 25 des EAF ont reacutepondu que crsquoeacutetait parce qursquoelles nrsquoavaient pas de fumier (et le taux est plus eacuteleveacute agrave Mandoto) Enfin 9 des EAF ont eacutevoqueacute le coucirct moindre du compost par rapport aux autres fertilisants et 12 ont donneacute des raisons que lrsquoon peut rattacher agrave une meilleure agronomie le zezi-pako est meilleur que le fumier car brucircleacute il ne transmet pas les maladies ou les graines de mauvaises herbes la cendre du zezi-pako a de nombreux avantages (notamment dans la lutte contre les ravageurs sur les peacutepiniegraveres) le compost est meilleur que les engrais pour les sols etc

Pour les EAF qui produisent du compost les contraintes principales sont pour 38 des EAF qui ont reacutepondu le temps de travail neacutecessaire (notamment pour ramasser les feuilles drsquoarbres le bozaka etc) et pour 35 des EAF la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres On notera que pour 12 des EAF il nrsquoy a pas de veacuteritable limite agrave la production de compost Enfin pour les 16 drsquoEAF restantes ces limites sont diverses lrsquoeau pour lrsquoarrosage du compost (5) mais aussi la treacutesorerie pour acheter le bozaka ou payer la main drsquoœuvre pour ramasser des matiegraveres premiegraveres le risque drsquoincendie etc

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24 Une production de FO tregraves variable selon les EAF

Malgreacute les apports sur le fumier et la production de compost la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF est faible en valeur absolue et surtout comme indiqueacute preacuteceacutedemment on observe une grande diversiteacute de situation entre les EAF avec un coefficient de variation de lrsquoordre de 90 dans les deux zones Les graphiques de la Figure 4 (voir infra la FO produite est en bleu) illustrent cette grande variabiliteacute avec des profils diffeacuterents selon les zones

Dans la zone de Mandoto comme deacutejagrave indiqueacute il y a une forte proportion drsquoEAF avec peu de fumure organique produite (plus de la moitieacute des EAF produisent moins de 15 tonnes) en raison du faible nombre drsquoanimaux et drsquoune production de compost qui reste peu importante Et ces EAF produisent environ frac14 de la fumure totale produite dans le terroir

Dans la zone drsquoArivonimamo la part des EAF avec moins de 15 tonnes est leacutegegraverement moindre (48) mais la FO produite pour lrsquoensemble de ces EAF nrsquoest que de 14 Donc un peu moins drsquoEAF mais une quantiteacute de FO produite tregraves faible On peut mettre cette diffeacuterence entre les deux zones au creacutedit de la production de compost traditionnel les EAF sans animaux sont plus importantes agrave Mandoto mais ces EAF pour compenser produisent du zezi-pako et en final sont moins deacutemunies que les EAF drsquoArivonimamoA lrsquoautre extreacutemiteacute des graphiques la part des EAF avec plus de 5 tonnes est faible agrave Mandoto agrave peine 4 des EAF et qui cumulent 6 de la FO produite totale Dans la zone drsquoArivonimamo la part de ces EAF est nettement plus importante (9) et surtout elles cumulent 29 de la FO Si on regroupe les deux derniegraveres classes la part des EAF avec plus de 3 tonnes agrave Arivonimamo est de 25 et ces EAF cumulent 58 de la FO agrave Mandoto elles sont 17 et cumulent 43 de la FO totale dans le terroir Ainsi si agrave Arivonimamo la production de FO moyenne par EAF est

supeacuterieure les ineacutegaliteacutes entre les EAF sont aussi plus importantes

3 La fumure organique disponible par EAF

La fumure organique disponible dans une EAF est en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les

fumiers produits la fabrication de composts mais aussi des eacutechanges

31 Les eacutechanges de fumure organique

Sur les Hautes Terres les eacutechanges de fumures organiques sont freacutequents que ces eacutechanges

soient marchands (achat vente) ou non (troc ou don)

Tableau 4 Part des EAF qui eacutechangent de la FO

Opeacuteration sur FO

Mandoto Arivonimamo

Ensemble 60 88- dont Achat 30 74- dont Vente 18 19- dont Troc 22 24

Comme le montre le Tableau 4 crsquoest une large majoriteacute des EAF qui eacutechangent de la fumure organique A Arivonimamo la pratique est presque geacuteneacuteraliseacutee avec 88 des EAF qui sont concerneacutees par au moins une opeacuteration drsquoentreacutee ou de sortie de FO

Si les opeacuterations drsquoeacutechanges non moneacutetariseacutes (troc ou don) et les ventes concernent agrave peu pregraves le mecircme pourcentage drsquoEAF dans les deux zones la diffeacuterence est forte en ce qui concerne les achats puisque agrave Arivonimamo ce sont presque 3 EAF sur 4 qui achegravetent de la FO Dans cette zone ougrave les productions maraichegraveres sont importantes les EAF sont agrave la recherche de fumure organique en termes de quantiteacutes pour augmenter le disponible mais aussi de qualiteacute (fumiers de porcs ou de volailles)

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Pour les eacutechanges sous forme de troc la fumure organique est eacutechangeacutee contre du travail (travail manuel ou prestation par exemple labour ou transport) contre de la paille de riz ou autres matiegravere organique (certainement pour produire du fumier) des semences (de riz ou maiumls) etc Les dons sont faits aux membres de la famille (le plus souvent des parents vers les enfants) mais aussi au meacutetayer voire agrave des voisins moins bien doteacutes Il y a donc un marcheacute de la fumure organique entre EAF drsquoune zone donneacutee mais aussi avec des EAF ou drsquoautres deacutetenteurs dans des zones plus eacuteloigneacutees Ainsi agrave Arivonimamo quelques EAF ont pu acqueacuterir des deacutechets urbains et beaucoup ont acheteacute du fumier en provenance drsquoeacutelevages speacutecialiseacutes

Tableau 5 Prix moyen en Ariary drsquoune charrette de fumure organique

Mandoto ArivonimamoNbre PU moyen Nbre PU moyen

Fumier de zeacutebu 179 5 809 225 16 158Fumier meacutelangeacute 49 4 837 88 13 286Fumier de porc 5 36 000 115 41 137Fumier de volaille 3 25 000 80 49 283Compost 8 18 333Zezi-pako 29 4 500

Les prix pour une charrette1 sont tregraves diffeacuterents entre les deux zones Et on peut penser qursquoagrave Arivonimamo le marcheacute de la fumure organique est laquo tendu raquo avec une forte demande et peu de fumure localement commercialiseacutee pour y reacutepondre Cette situation a des conseacutequences sur les prix avec comme lrsquoindique le Tableau 5 des prix tregraves eacuteleveacutes agrave Arivonimamo environ 3 fois plus eacuteleveacutes qursquoagrave Mandoto Ces prix ont eacuteteacute calculeacutes agrave partir des deacuteclarations de vente ou drsquoachat par les producteurs Lrsquoeffectif (Nbre) est le nombre de charrettes sur lequel a eacuteteacute calculeacute le prix moyen La part des achats est bien sucircr beaucoup plus eacuteleveacute et le plus souvent ce prix inclut le transport ce qui nrsquoest pas un eacuteleacutement neacutegligeable notamment agrave Arivonimamo ougrave la fumure provient drsquoeacutelevages relativement eacuteloigneacutes La charrette de fumier de porc ou de volaille est nettement plus chegravere que le fumier de zeacutebus ou de fumier meacutelangeacute Mais ce sont ces deux types de fumier qui sont les plus commerceacutes en quantiteacute

On notera que le pourcentage des EAF qui achegravetent est nettement supeacuterieur agrave celui des EAF qui vendent Les eacutechanges pourraient srsquoeacutequilibrer au niveau du territoire (le fokontany) par les quantiteacutes avec des EAF qui vendraient de grandes quantiteacutes et des EAF qui achegraveteraient de petites quantiteacutes En fait dans notre eacutechantillon (tireacute au sort et donc avec autant de chances de tirer un vendeur qursquoun acheteur) les eacutechanges ne srsquoeacutequilibrent pas et les quantiteacutes vendues ne repreacutesentent que 38 des quantiteacutes acheteacutees agrave Mandoto et seulement 22 agrave Arivonimamo Ainsi globalement les EAF achegravetent des fumures organiques agrave des exploitations agricoles drsquoautres fokontany et ceci est particuliegraverement reacutepandu agrave Arivonimamo avec des EAF qui achegravetent aux eacutelevages de poulets de chair de poules pondeuses ou de porcs proches de la ville drsquoImerintsiatosika

1 Aucune information nrsquoa eacuteteacute collecteacutee sur le poids des charrettes car le travail aurait eacuteteacute trop lourd agrave reacutealiser Ce poids deacutepend du niveau de remplissage mais aussi et beaucoup de la qualiteacute de la fumure organique Comme deacutejagrave indiqueacute pour faire les conversions nous avons utiliseacute le poids de 250 kg par charrette pour couvrir tous les types de fumure et eacuteviter les surestimations Certains pourront consideacuterer ce poids comme sous-estimeacute

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Figure 2 Evolution de la fumure moyenne produite par EAF

La fumure produite dans une EAF nrsquoest pas la fumure disponible celle-ci eacutevolue en fonction

des eacutechanges La Figure 2 preacutesente la situation moyenne drsquoune EAF selon la zone On constate que la quantiteacute de fumure disponible pour les cultures (apregraves entreacutees et sorties) est en moyenne plus importante que la fumure produite (voir aussi Tableau 6) Ainsi agrave Arivonimamo la fumure disponible passe agrave 29 tonnes par EAF alors que la quantiteacute produite est de lrsquoordre de 22 tonnes A Mandoto lrsquoeacutecart nrsquoest pas si important mais reste significatif avec respectivement 21 et 19 tonnesAinsi on peut deacuteduire de ces donneacutees que la strateacutegie des EAF est drsquoaugmenter la production de fumure organique sur lrsquoEAF (eacutelevage compost) mais aussi drsquoaugmenter la fumure organique disponible pour fertiliser les parcelles en achetant sur le marcheacute ou en srsquoapprovisionnant agrave travers

des eacutechanges non marchands Et cette strateacutegie est particuliegraverement dominante agrave ArivonimamoMais ces tendances geacuteneacuterales cachent de fortes dispariteacutes Ainsi les 3 EAF qui nrsquoavaient pas produit de FO en ont obtenu par achat et troc mais 4 EAF ont ceacutedeacute toute leur fumure organique Ainsi il y a toujours environ 1 de lrsquoeacutechantillon qui nrsquoa pas de FO disponible

32 Quantiteacutes disponibles et variabiliteacute

Ainsi lrsquoEAF moyenne a augmenteacute sa disponibiliteacute en FO dans les deux zones

(Figure 2 et Tableau 6) La composition (Figure 4) a eacutevolueacute par rapport agrave la FO produite (Figure 1) et ceci plus particuliegraverement agrave Arivonimamo Dans cette zone la part du fumier meacutelangeacute a fortement diminueacute (passant de 47 agrave 33) comme mais dans une moindre mesure celle du fumier bovin et ce sont les fumiers agrave base de deacutejections de porcs ou de fiente de volaille qui ont fortement progresseacute passant de 8 agrave 16 On note eacutegalement la progression du type autre FO qui est passeacute de 3 agrave 6 en lien avec lrsquoacquisition de deacutechets ou boues urbaines

Figure 3 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique disponible par EAF selon les zones

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A Mandoto les changements sont mineurs et concernent la reacutepartition entre fumier meacutelangeacute et fumier bovin ce dernier type progresse au deacutetriment du fumier meacutelangeacute Ceci srsquoexplique par le fait que les eacutechanges et en particulier moneacutetaires concernent le fumier de bovin et peu le fumier meacutelangeacute

Mais mecircme si on enregistre quelques eacutevolutions ce sont toujours le fumier de bovin et le fumier meacutelangeacute qui sont les fumures organiques les plus importantes car ils repreacutesentent plus de 70 des quantiteacutes moyennes disponibles au niveau de lrsquoEAF moyenne

Comme pour la fumure produite la fumure disponible par EAF est tregraves variable La variabiliteacute a mecircme augmenteacute avec des coefficients de variation autour de la moyenne un peu plus eacuteleveacutes pour la FO disponible Mais le recours au marcheacute et les eacutechanges non marchands ont fait fortement eacutevoluer la reacutepartition de la fumure organique entre les EAF La Figure 4 illustre ces eacutevolutions contrasteacutees selon les zones

Figure 4 Evolution de la reacutepartition des EAF et de la FO selon des classes de quantiteacutes de FO produite et disponible en tonnes

A Mandoto lrsquoeacutevolution nrsquoest pas tregraves importante les pourcentages drsquoEAF progressent en mecircme temps que les classes de quantiteacute de FO mais de maniegravere tregraves modeacutereacutee Le recours aux eacutechanges nrsquoentraicircne pas de modification spectaculaire dans le profil des graphiques que cela soit pour la reacutepartition des EAF ou pour la reacutepartition de la FO la part des EAF avec moins 05 tonne diminue de 18 agrave 15 et crsquoest la classe de 05 agrave 15 tonnes qui progresse de 3 la part des EAF les mieux pourvues (plus de 5 tonnes) progresse mais tregraves faiblement aussi

A Arivonimamo les changements sont beaucoup plus importants La part des EAF avec moins de 05 tonne diminue pour passer de 22 avec la fumure produite agrave seulement 9 pour la fumure disponible Ainsi la plus grande partie des EAF les moins pourvues se sont procureacutees de la FO sur le marcheacute ou par le troc car pour les cultures maraichegraveres il est indispensable drsquoavoir de la fumure organique Et ce sont les classes avec de plus grandes quantiteacutes de FO qui ont progresseacute de maniegravere remarquable

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les EAF avec plus de 3 tonnes sont passeacutees de 25 agrave 42 et la fumure que cumulent ces EAF est passeacutee de 58 agrave 73 La progression tregraves forte des EAF les mieux pourvues srsquoest tout de mecircme traduite par une concentration au niveau de ces EAF

33 Quantiteacute de fumure organique et surface

Lrsquoimportance de la fumure organique drsquoune EAF ne peut ecirctre appreacutecieacutee qursquoen fonction de la superficie agrave cultiver qui elle-mecircme deacutepend de la Surface Agricole Utile disponible par EAF Celle-ci varie selon la zone avec environ 15 ha agrave Mandoto et 09 ha agrave Arivonimamo

Tableau 6 Superficie et quantiteacutes moyennes par EAF

Variables par EAF Mandoto Arivonimamo

Moyenne CV Moyenne CVSAU (ha) 148 88 091 82FO produite (tonne) 187 90 218 92

FO disponible (tonne) 213 102 290 78

FO disponible (tonneha) 169 84 367 66

La quantiteacute de fumure disponible est en relation lineacuteaire avec la SAU les coefficients de correacutelation entre ces deux variables sont relativement eacuteleveacutes avec +076 agrave Mandoto et +059 agrave Arivonimamo et significatifs agrave 001 Dans les deux zones ces coefficients sont supeacuterieurs agrave ceux qui lient les variables de cheptel (nombre de bovins et valeur totale du cheptel) et les variables de SAU ainsi on peut en deacuteduire que cette relation entre quantiteacute de FO et surface nrsquoest pas seulement fonction des animaux disponibles mais bien dlsquoune strateacutegie des EAF une laquo strateacutegie de construction de la fertiliteacute raquo des sols (NrsquoDieacutenor et al 2011)

Figure 5 Nuages de points entre SAU et FO disponible pour chaque zone

Quand on ramegravene la quantiteacute de fumure organique disponible par ha de SAU la zone Arivonimamo apparaicirct nettement mieux pourvue avec pregraves de 35 t ha de SAU alors qursquoagrave Mandoto ougrave les EAF ont moins de FO disponible et plus de surface la moyenne est de 21 tonneha

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Les graphiques en nuage de points mettent en eacutevidence cette relation Les coefficients Rsup2 ne sont pas tregraves eacuteleveacutes ce qui signifie que la SAU disponible agrave elle seule nrsquoexplique pas tregraves bien la variabiliteacute observeacutee A Mandoto il y a quelques points atypiques (par exemple un producteur avec une superficie assez faible et beaucoup de fumure parce que le cheptel est important) mais la reacutegression semble repreacutesenter assez bien la situation la FO disponible est eacutegale agrave 125 fois la SAU + 03 tonnes

A Arivonimamo la reacutepartition des points est assez atypique et il semble exister deux groupes de producteurs avec des strateacutegies diffeacuterentes le premier en rouge dans le graphique vise une quantiteacute importante de FO par uniteacute de surface (35 fois la superficie plus 125 tonnes) alors que le second se rapproche de la situation de Mandoto et semble rechercher une quantiteacute de FO qui repreacutesente 15 fois la SAU + 01 tonne

Pour expliquer ces diffeacuterences entre les deux groupes il faut rechercher du cocircteacute des cultures pratiqueacutees avec pour le premier groupe des surfaces en cultures maraichegraveres plus importantes et avec pour le second un assolement beaucoup plus traditionnel (ces aspects seront analyseacutes dans le prochain article)

Ces quantiteacutes moyennes semblent cependant insuffisantes pour renouveler la fertiliteacute des sols cultiveacutes car selon les travaux de P Garin meneacutes il est vrai dans la zone du Lac Alaotra il faudrait 4 tonneshaan en moyenne de fumier pailleux neacutecessaire (Garin 1998 citeacute par Dubois 2004) pour restituer au sol la bonne quantiteacute de matiegravere organique contrebalanccedilant la mineacuteralisation de la matiegravere organique due aux cultures

Mais nombre de producteurs notamment dans la zone dArivonimamo ajoutent agrave la fumure organique des engrais mineacuteraux Ce point sera traiteacute dans le prochain numeacutero de JAE avec un article sur les strateacutegies drsquoutilisation de la fumure organique et mineacuterale

34 La qualiteacute fertilisante des fumiers

Dans le cadre du mecircme projet de recherche Secure des eacutechantillons de fumures

organiques destineacutees agrave la culture de riz pluvial ont eacuteteacute preacuteleveacutes dans 40 fermes de reacutefeacuterence (20 dans chacune des zones) pour la campagne culturale 2018-2019 Une quantiteacute drsquoenviron 700 cm3 a eacuteteacute preacuteleveacutee sur les parcelles au moment de la mise en place de la culture du riz Ces eacutechantillons ont eacuteteacute analyseacutes et les reacutesultats donnent une indication de la qualiteacute moyenne des fumiers produits et utiliseacutes dans les zones

Tableau 3 Qualiteacute des fumiers utiliseacutes (en de la matiegravere segraveche)

Zone pH N P KMandoto 86 11 03 18Arivonimamo 82 10 07 13

Avec des pH supeacuterieurs agrave 8 les fumiers permettent de corriger laciditeacute des sols (qui ont souvent des pH de deacutepart autour de 5) par leur pouvoir alcalinisant et dameacuteliorer dans la dureacutee les sols pour les rendre plus favorables aux cultures exigeantes comme le maiumls le soja le haricot les cultures maraichegraveres etc

La qualiteacute selon les trois principaux eacuteleacutements (N=Azote P=Phosphore et K=Potassium) peut ecirctre ainsi commenteacutee

bull N les teneurs moyennes en azote sont plutocirct faibles dans les 2 zones mettant en lumiegravere la neacutecessiteacute de mieux conserver cet eacuteleacutement tregraves mobile par dallage couverture rajout de pailles de riz ou de fanes de leacutegumineuse pour stockage de lurine Toutes les plantes ont besoin drsquoazote

bull P une teneur en phosphore nettement plus eacuteleveacutee agrave Arivonimamo en raison dassociations de deacutejections agrave base de volaille et de porc (dont une partie est acheteacutee voir infra) Mais ces teneurs sont faibles alors que lrsquoinsuffisance des sols en phosphore est tregraves souvent un des principaux facteurs limitant pour les cultures

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La FO avec ses faibles teneurs en P est de maniegravere geacuteneacuterale insuffisante pour lever ce facteur limitant

bull K les teneurs en potassium sont relativement eacuteleveacutees dans les deux zones par concentration des pailles par lrsquoajout de cendres de balles de riz ou de balles de riz en lrsquoeacutetat Le potassium est important notamment pour les cultures fruitiegraveres et maraicircchegraveres

Pour appreacutecier la qualiteacute en terme de nutrition des plantes on peut comparer les apports du fumier agrave ceux drsquoun engrais NPK 112216 (utiliseacute couramment dans la reacutegion) Le fumier moyen entre les deux reacutegions agrave des teneurs que lrsquoon peut arrondir agrave 1N 05P 15K en matiegravere segraveche (MS) ainsi en faisant simplement le rapport avec les des analyses 1 kilogramme drsquoengrais eacutequivaut pour N agrave 11 kgfumier MS pour P agrave 44 kgfumier MS et pour K agrave 11 kgfumier MS

Pour se rapprocher des pratiques paysannes il faut faire la comparaison avec des matiegraveres fraicircches et en uniteacute traditionnelle Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes le poids en MS eacutequivaut agrave 50 du poids en matiegravere fraiche une charrette de fumure organique pegravese1 250 kg Ainsi une charrette de fumier de faible qualiteacute eacutequivaut pour N agrave 11 kg pour P agrave 3 kg et pour K agrave 12 kg de lrsquoengrais NPK (112216) utiliseacute pour la comparaison

Si on fait la comparaison en termes de prix avec le kilogramme drsquoengrais agrave 2 200 Arkg (prix de 2019) et une charrette agrave 10 000 Ar lrsquouniteacute fertilisante coucircte avec lrsquoengrais environ 4 500 Ar et 2 700 Ar avec la charrette de fumier Ainsi lrsquoapport de FO est nettement plus inteacuteressant sur le plan eacuteconomique et ceci drsquoautant plus que la fumure est autoproduit valorisant ainsi lrsquoeacutelevage

1 Comme deacutejagrave indiqueacute le poids de la charrette varie for-tement selon le volume de remplissage et la qualiteacute du fumier Avec du fumier de bonne qualiteacute une charrette peut peser 400 kg voire plus mais avec du fumier de mauvaise qualiteacute ou du zezi-pako le poids peut descendre nettement en dessous des 250 kg Pour prendre en compte lrsquoensemble des types de fumure or-ganique nous avons adopteacute le poids moyen de 250 kgcharrette (notamment en reacutefeacuterence agrave Saint-Andreacute et al 2016)

etou le travail familial Cet amendement a aussi de nombreuses autres qualiteacutes que nrsquoa pas lrsquoapport drsquoengrais mineacuteraux avec des effets sur la structure et la faune du sol lrsquoapport drsquoeacuteleacutements fertilisants secondaires et des utilisations agronomiques inteacuteressantes (par exemple pour ameacuteliorer la leveacutee des cultures)

Ces calculs ont eacuteteacute faits avec des reacutefeacuterences moyennes plutocirct deacutefavorables agrave la FO (notamment le poids de la charrette) or les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de la qualiteacute et de la quantiteacute du fumier produit sont nombreuses (Salgado et Tillard 2012) avec des effets positifs sur la productiviteacute de la terre et du travail (Marline 20152) Dans le cadre des fermes de reacutefeacuterence sur les deux zones des agriculteurs appuyeacutes par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie se sont engageacutes dans un processus dameacutelioration des fumures organiques et peuvent ecirctre des reacutefeacuterents pour la diffusion des techniques

4 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La fumure organique disponible dans une EAF est fonction des quantiteacutes produites (en

moyenne 217 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 187 tonnes dans le MO du Vakinankaratra) en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les pratiques de compostage Mais pas seulement car le recours au marcheacute ou au eacutechanges non marchands font eacutevoluer de maniegravere significative agrave la fois les quantiteacutes disponibles par EAF mais aussi la qualiteacute et la reacutepartition entre les EAF La FO moyenne disponible est de 29 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 21 tonnes dans le MO du Vakinankaratra Rameneacutee agrave la SAU la quantiteacute de FO disponible est 367 tonnes par ha agrave Arivonimamo et 169 tha agrave Mandoto

2 Apregraves avoir enquecircteacute trente exploitations agricoles de la reacutegion Vakinankaratra Marline conclut que laquo lrsquoadoption des pra-tiques drsquoameacutelioration de la qualiteacute du fumier ne se traduit pas par une augmentation significative du coucirct de production du fumier notamment en raison des eacuteconomies drsquoeacutechelle dans la fabrication du fumier de qualiteacute En utilisant les reacutesultats des expeacuterimenta-tions de BIOVA lrsquoeacutepandage du fumier ameacutelioreacute sur les parcelles augmenterait la productiviteacute agricole de la terre de 27 et la pro-ductiviteacute globale du travail de 23 raquo (Marline 2015)

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Les produits ajouteacutes au fumier sont nombreux et la production de compost traditionnel ou laquo moderne raquo est reacutepandue

Ainsi que cela soit en termes de pourcentage drsquoEAF inteacuteresseacutees ou en termes de motivation il y a dans ces deux zones une base solide de pratiques et de connaissances paysannes sur laquelle peut srsquoappuyer la vulgarisation de lrsquoameacutelioration de la quantiteacute et de la qualiteacute du fumier et la production de compost

La recherche a commenceacute agrave analyser la diversiteacute de ces pratiques et leurs effets sur la production Un grand nombre de matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et animales sont recycleacutees et les premiers reacutesultats montrent drsquoimportantes synergies entre elles avec des associations courantes avec les engrais

La theacutematique de la fertilisation organique est importante pour les agriculteurs de ces zones Parmi diffeacuterentes pratiques agroeacutecologiques lrsquoutilisation des FO est assez geacuteneacuteraliseacutee et les agriculteurs adoptent via ces pratiques des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute (cf paragraphe 33) Dans cette optique les accompagnements et renforcements de la part des acteurs du deacuteveloppement rural nous semblent tregraves pertinents en matiegravere drsquoaugmentation en quantiteacute et en qualiteacute Les reacutefeacuterences drsquoameacutelioration existent deacutejagrave (Salgado et Tillard 2012 Rasolofo et al 2018) Des plantes ameacuteliorantes peuvent ecirctre eacutegalement utiliseacutees agrave lrsquoeacutechelle des EAF ou du territoire On peut citer les plantes reacutepulsives qui ameacuteliorent les FO dans la lutte contre les insectes (cf reacutefeacuterences du GSDM) les Tithonia qui apportent une quantiteacute significativement importante de K compareacutes agrave diffeacuterents types de fumiers (Olabode et al 2007) etc

Lrsquoeacutetude reacutevegravele eacutegalement que lrsquoutilisation des fumiers meacutelangeacutes provenant de plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage est une pratique courante des agriculteurs dans les deux zones Lrsquoameacutelioration des conduites drsquoeacutelevage dont lrsquoalimentation la santeacute ou lrsquohabitat pourrait ainsi ecirctre une autre faccedilon de rehausser la qualiteacute fertilisante des FO encore consideacutereacutee comme faible Lrsquoameacutelioration

dans ce cas devrait concerner de plus en plus les animaux agrave cycle court tels que les volailles etou les porcs En fait crsquoest parce que lrsquoeacutelevage bovin est menaceacute par les vols alors que les EAF ont toutes au moins des volailles au sein de leur exploitation

Les agriculteurs savent que la fumure organique est la base pour une bonne gestion de la fertiliteacute des sols qursquoelle permet drsquoameacuteliorer lrsquoefficience des engrais apporteacutes et qursquoelle peut aussi jouer un rocircle de leveacutee de certaines deacuteficiences De nouveaux enjeux apparaissent comme pour le compost avec la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et un besoin de reacutefeacuterentiel technico-eacuteconomique pour faire eacutevoluer la production de zezi-pako vers un compost avec plus de qualiteacutes fertilisantes

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Les plantes de services en Agro-eacutecologie les rotations et successions des cultures leccedilons apprises du GSDM

Rakotondramanana Raharison T Randriamitantsoa M Moussa N Razanamparany C Tokiherinionja TF Sandratriniaina R R

Randriamiarana V Razaka M

Introduction

Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale les paysans pratiquent toujours des associations de cultures mais

pour la plupart il srsquoagit drsquoassociation laquo gramineacutee ndash gramineacutee raquo qui ne contribue pas du tout agrave la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols Dans le district de Mandoto par exemple lrsquoassociation maiumls + riz pluvial (41 des surfaces) manioc + maiumls (19 des surfaces) maiumls + arachide (10 des surfaces) sont les plus dominantes (RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019) A part lrsquoassociation avec lrsquoarachide ces associations nrsquoont pas beaucoup drsquointeacuterecirct dans la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et devraient changer en association gramineacutees - leacutegumineuses en utilisant les plantes de couverture agrave forte capaciteacute de reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols en plus de leurs proprieacuteteacutes eacuteprouveacutees en tant que plantes de services Lrsquoassociation du maiumls avec le haricot est tregraves courante aussi bien sur les Hautes Terres que dans le Moyen Ouest crsquoest une association ougrave lrsquoon a deux cultures alimentaires en mecircme temps mais la biomasse de la leacutegumineuse le haricot se mineacuteralise tregraves vite et nrsquoest plus visible apregraves la saison segraveche De mecircme lrsquoassociation du maiumls avec le soja est aussi tregraves freacutequent sur les Hautes Terres et surtout sur les sols volcaniques drsquoAntsirabe et de Betafo mais comme le haricot le soja se mineacuteralise tregraves vite et ne contribue pas beaucoup agrave la biomasse

Le but principal de cet article est de rappeler les principales plantes de couvertures en compleacutetant avec les acquis du GSDM dans les principales reacutegions de Madagascar ceci par rapport aux donneacutees du Manuel pratique du semis direct de Madagascar (HUSSON O et al 2013) un travail collectif sous la houlette drsquoOlivier HUSSON ougrave nous avons largement contribueacute et dont les principales informations ont eacuteteacute soit actualiseacutees soit compleacuteteacutees

Brefs aperccedilus des principales plantes de couvertures ou drsquoembocagement des parcelles

11 Le mucuna

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc) mais ses proprieacuteteacutes en agronomie nrsquoont eacuteteacute que tregraves peu documenteacutees ou sont resteacutees inconnues Pourtant cette leacutegumineuse a un tregraves grand inteacuterecirct en agronomie

Photo 1 Une bonne biomasse de mucuna

111 Une leacutegumineuse pour la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et la lutte contre le striga

Dans le site drsquoIvory sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + Mucuna varient de 468 agrave 485 tha en F1 et de 5 agrave 536tha en F2 et les rendements de maiumls en association avec le Mucuna varient de 44 agrave 487 tha en F1

1 et de 53 agrave 56tha en F2

2 Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020)

1 F1 5 tha de fumier de ferme

2 F2 F1 + 80 kgha de NPK 11- 22 ndash 16 et 25 kg ha drsquoureacutee

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Ce systegraveme bisannuel en agriculture de conservation permet drsquoobtenir des rendements stables de la production de riz et de maiumls associeacute Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans et dans les eacutecoles (CEG) appuyeacutees par le GSDM

112 Une leacutegumineuse pour lutter contre les mauvaises herbes

Photo 2 Apregraves une biomasse de mucuna (jachegravere de mucuna en haut et biomasse de mucuna associeacute avec du maiumls en bas) pas de

mauvaises herbes pour la culture suivante

113 Un reacutepulsif contre les insectes et mecircme contre drsquoautres ravageurs des cultures

Contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) LrsquoONG DURRELL qui a introduit des

associations agrave base de mucuna dans les aires proteacutegeacutees a pu observer que le mucuna limite aussi les attaques de sangliers (DURRELL 2020) Les varieacuteteacutes noires type Garadake du CTAS ou marbreacute existent mais il semble que la varieacuteteacute noire est la plus appreacutecieacutee

12 Le nieacutebeacute eacuterigeacute

Le nieacutebeacute (Vigna unguiculata subsp unguiculata) est une sous-espegravece veacutegeacutetale du Vigna unguiculata originaire drsquoAfrique Probablement introduit en Ameacuterique tropicale au XVIIegraveme siegravecle par les Espagnols le nieacutebeacute est aujourdhui largement cultiveacute dans le Sud des Eacutetats-Unis aux Caraiumlbes et au Breacutesil et bien sucircr en Afrique Les observations faites sur de longues anneacutees montrent que le nieacutebeacute eacuterigeacute David est adapteacute agrave tous les types de sols dans tous les milieux agrave Madagascar Sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute proposeacutee dans les zones humides de la Cocircte Est uniquement agrave cause de problegraveme de production de semences Comme le haricot crsquoest une leacutegumineuse alimentaire agrave cycle court mais qui exige des traitements insecticides freacutequents

Photo 3 Nieacutebeacute eacuterigeacute cv David CEG Antokofoana

Sa biomasse peu lignifieacutee se deacutegrade tregraves vite et demande agrave ecirctre associeacutee avec une biomasse lignifieacutee comme celle du maiumls ou du sorgho

Madagascar est connu pour sa production de nieacutebeacute type laquo Black eyes raquo exporteacute vers plusieurs pays mais surtout vers lrsquoinde Crsquoest la reacutegion drsquoAmbato Boeny sur les baiboho du Betsiboka qui est la reacutegion de production la plus importante

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13 Les nieacutebeacutes rampants

Les nieacutebeacutes rampants sont des varieacuteteacutes locales seacutelectionneacutes par les paysans sur de longues anneacutees en geacuteneacuteral dans les zones segraveches comme le Sud Malgache La varieacuteteacute SPLF2 seacutelectionneacutee par lrsquoONG TAFA dans la reacutegion du Sud-Ouest renommeacute actuellement FARIMASO par le CTAS ou la varieacuteteacute BABOKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy sont des exemples de nieacutebeacute rampant (ANCOS 2016) Les nieacutebeacutes rampants existent en nombre important dans les zones segraveches mais ne sont pas toutes exploiteacutees Leur gros avantage dans le couvert veacutegeacutetal reacuteside dans leur biomasse tregraves lignifieacutee donc ne se mineacuteralise pas trop vite En plus ils sont tregraves adapteacutes dans tous types de sols en zones segraveches comme ici sur la photo que nous avons prise agrave Tsihombe sur sol tregraves sableux en 2016 une anneacutee tregraves segraveche dans le Sud (RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANAJAKA J 2016

Photo 4 Nieacutebeacute rampant sur sable roux Imongy Tsihombe 2016 peacuteriode tregraves segraveche

dans le Sud

14 Le Vigna radiata

Le Vigna radiata ou Antsoroko est une leacutegumineuse comestible par lrsquohomme au mecircme titre que les nieacutebeacutes Un exemple de ce type de leacutegumineuse est la varieacuteteacute MORAMASAKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy (ANCOS 2016) Les Antsoroko sont cultiveacutes par les paysans ou sont endeacutemiques dans les reacutegions de lrsquoAndroyAnosy dans le Sud-Ouest dans les bassins seacutedimentaires du Menabe du Boeny et du Nord-Ouest donc il y a une grande possibiliteacute de seacutelection de varieacuteteacutes dans les populations existantes Dans le Boeny nous

avons pu identifier une varieacuteteacute drsquoAntsoroko agrave forte biomasse qui srsquoassocie bien avec le maiumls (RAKOTONDRAMANANA 2019)

Photo 5 Antsoroko Bongomena Commune Rurale Marovoay

15 La dolique

Le lablab (Lablab purpureus syn Dolichos lablab L Dolichos purpureus L) eacutegalement appeleacute pois antaque (ou Antaka en Malgache) ou dolique dEacutegypte est une espegravece de leacutegumineuse de la famille des Fabaceae qui est largement reacutepandu comme plante alimentaire dans les reacutegions tropicales notamment en Afrique Plante alimentaire traditionnelle en Afrique ce leacutegume peu connu preacutesente un potentiel inteacuteressant pour ameacuteliorer la nutrition renforcer la seacutecuriteacute alimentaire favoriser le deacuteveloppement rural et soutenir lameacutenagement durable du territoire Dans lrsquoAndroy la dolique est torreacutefieacutee pileacutee au

Photo 6 Dolique photo sur internet

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mortier avec le maiumls et sert de repas riche pour beaucoup de communauteacute

A Madagascar la dolique est geacuteneacuteralement cultiveacutee dans les reacutegions infeacuterieures agrave 1200 m drsquoaltitude (HUSSON O et al 2013) mais pas partout A part lrsquoAndroy et les bassins seacutedimentaires de lrsquoOuest et du Nord-Ouest la dolique se cultive sur les baiboho de la rive Est du Lac Alaotra La dolique donne une biomasse lignifieacutee qui associeacutee avec celle du maiumls creacutee un excellent lit de semis du riz pluvial agrave la prochaine campagne sur la base des reacutesultats sur la rive Est du Lac Alaotra en particulier

Diffeacuterentes varieacuteteacutes ont eacuteteacute seacutelectionneacutees par le CTAS dans lrsquoAndroy Vorompotsy (CTAS D1) Manja (CTAS D2) Ondragne (CTAS D3) Lohapitse (CTAS D4) Les varieacuteteacutes agrave cycle long sont appreacutecieacutees dans le Sud

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Seasea Antake ambahe Antake salazagne) marron port rampant originaire de Tsihombe (ougrave elle est appreacutecieacutee) peu inteacuteressante pour le district drsquoAmbovombe (sensible aux insectes)

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Anta-drazagne Antake mena) rouge ou blanc port rampant tregraves appreacutecieacutee dans le district drsquoAmbovombe pour sa reacutesistance aux insectes

16 Le Stylosanthes guianensis

Crsquoest le systegraveme phare en semis sous couvert veacutegeacutetal dans le Moyen Ouest Le laquo Stylo raquo comme on lrsquoappelle localement ressemble un peu agrave Medicago sativa la luzerne cultiveacutee en France Le stylo a eacuteteacute introduit agrave Madagascar dans le Moyen Ouest pour la production de fourrages Mais cette vieille varieacuteteacute est actuellement sensible agrave lrsquoanthracnose si bien que le GSDM avec le projet Bassin Versant et Peacuterimegravetre Irrigueacute du Lac Alaotra (BV Lac) a introduit en 2004 la varieacuteteacute CIAT 184

bull Crsquoest une leacutegumineuse peacuterenne aux feuilles trifolieacutees on la cultive en moyenne sur un cycle de 3 ans mais qui peut se reconstituer facilement avec les graines tombeacutees dans le sol mecircme apregraves un labour

bull Elle produit une forte biomasse (5 agrave 10 T de matiegravere segraveche sur sol deacutegradeacute et jusqursquoagrave 20 T sur sol riche)

bull Elle fixe entre 70 et 200 kg drsquoazote agrave lrsquohectare bull Son puissant systegraveme racinaire pivotant

restructure les sols bull Son port buissonnant jusqursquoagrave 1m80 de haut

la rend agressive vis agrave vis de la plupart des adventices comme le Striga plante parasite du riz et du maiumls agrave Madagascar

bull Crsquoest un excellent fourrage et elle peut ecirctre pacirctureacutee

bull Ses fleurs sont mellifegraveres il fleurit agrave une peacuteriode ougrave lrsquoabsence de fleurs affaiblit les abeilles creacuteant une continuiteacute juste avant la floraison du litchi

Photo 7 Une bonne biomasse de Stylosanthes Coopeacuterative FANILO

Amparihy commune Vinany

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Ces caracteacuteristiques expliquent qursquoon la surnomme aussi laquo luzerne tropicale raquo et cela en fait un excellent preacuteceacutedent pour de nombreuses cultures et en particulier les plantes qui fournissent les produits de base agrave Madagascar riz et maiumls

Le Stylosanthes guianensis srsquoadapte agrave un large spectre de sols et en particulier les sols acides (elle est capable de produire des nodules agrave pH 4 ) ainsi qursquoagrave de nombreux climats jusqursquoagrave 10001

megravetres drsquoaltitude et une pluviomeacutetrie de 600 agrave 3000 mm par an

17 Les arachis

Arachis est un genre de plantes dicotyleacutedones de la famille des Fabaceae sous-famille des Faboideae originaire dAmeacuterique du Sud qui compte 70 espegraveces annuelles ou vivaces LrsquoArachis apporte beaucoup drsquoazote au sol et en plus crsquoest une plante largement utiliseacutee comme plante mellifegravere

Deux espegraveces ont eacuteteacute essayeacutees agrave Madagascar lrsquoArachis pintoiuml et lrsquoArachis peacuterenne Cette leacutegumineuse a eacuteteacute largement diffuseacutee dans le Pays dans les cultures de rente (cafeacuteier poivrier vanillier giroflier) et dans les cultures fruitiegraveres

Photo 8 Arachis pintoiuml

1 1000 m Corrigeacute par lrsquoauteur le texte initial eacutetait 1600 m drsquoaltitude agrave Madagascar le Stylo nrsquoest plus cultiveacute au-dessus de 1000 m drsquoaltitude

18 La vesce

Vicia sativa la vesce cultiveacutee ou vesce commune est une plante annuelle appartenant agrave la famille des Fabaceacutees du mecircme genre que la fegraveve ou le haricot La vesce commune est cultiveacutee en tant que fourrage mais crsquoest aussi un excellent engrais vert Elle est de plus une plante inteacuteressante pour lrsquoeacutelevage des abeilles et peut eacuteventuellement ecirctre consommeacutee par lrsquohomme De plus la vesce a des difficulteacutes agrave se deacutevelopper dans les sols tregraves argileux

La vesce a eacuteteacute essayeacutee un peu partout agrave Madagascar mais crsquoest surtout au Lac Alaotra sur baiboho et sur colluvions de bas de pente riche qursquoelle a connu un succegraves Au Lac Alaotra la vesce rentre dans un systegraveme Rizcultures maraicircchegraveresvesce Dans ce systegraveme le riz beacuteneacuteficie de la biomasse de la vesce et de lrsquoarriegravere effet de la fertilisation des cultures maraicircchegraveres En plus de sa biomasse on reacutecolte les semences avant de la rouler pour le semis du riz Essayeacute dans les autres reacutegions de Madagascar la vesce a rencontreacute des problegravemes de rotation avec le riz irrigueacute sur les Hauts Plateaux en raison de son cycle qui srsquoallonge et retarde ainsi le repiquage du riz Par ailleurs la production de semences a eacuteteacute un problegraveme

Photo 9 Riz sur biomasse de vesce en Riziegravere agrave Mauvaise Maicirctrise dEau (RMME) M Charles Mahatsinjo CR Ambohitsilaozana Rive Est Lac

Alaotra

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19 Le Pois drsquoAngole

Le pois dAngole (Cajanus cajan syn Cajanus indicus) est une espegravece de plante vivace de la famille des Fabaceae Le pois dAngole est agrave la fois une culture vivriegravere (pois secs farine pois frais ou leacutegumes verts et une culture fourragegravere de couverture) Les pois contiennent des niveaux eacuteleveacutes de proteacuteines et dimportants acides amineacutes (meacutethionine lysine et tryptophane) En combinaison avec des ceacutereacuteales le pois dAngole constitue une alimentation humaine eacutequilibreacutee Aussi sous le nom de pois cajan pois-congo ambrevade ou pwa di bwa en creacuteole Guadeloupeacuteen le pois dAngole est une leacutegumineuse vivace agrave graine cultiveacutee en agriculture pluviale dans les reacutegions tropicales semi-arides httpsfrwikipediaorgwikiPois_d27Angole)

Photo 10 Pois drsquoAngole agrave la maturiteacute des gousses

Les expeacuteriences avec le Pois drsquo Angole ont eacuteteacute surtout obtenues dans lrsquoAndroy ougrave il a eacuteteacute utiliseacute en brise-vent en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute (forecirct de Cajanus) mais surtout a beaucoup contribueacute agrave la seacutecuriteacute alimentaire de cette zone segraveche (RAHARISON T et al 2018) en effet la consommation du pois drsquoAngole est rentreacute dans les habitudes alimentaires de certaines tribus de lrsquoAndroy et se trouve mecircme consommeacute agrave la place du haricot dans les funeacuterailles

Le Pois drsquoAngole est connu pour sa capaciteacute agrave aller chercher lrsquohumiditeacute en profondeur Etant une plante lignifieacutee il aide agrave renforcer la biomasse des autres espegraveces

110 Les crotalaires

Les crotalaires ont eacuteteacute associeacutes au riz pluvial mais sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute un succegraves Cependant les crotalaires ont lrsquoavantage drsquoavoir une biomasse lignifieacutee et qui nrsquoest pas appeacuteteacutee par les animaux Par ailleurs les crotalaires ont des racines profondes qui cherchent lrsquoeau en profondeur

Photo 11 Crotalaria gramihana endeacutemique sur les Hauts Plateaux

2 Les reacutesultats de la recherche

Nous rappelons ici les reacutesultats du site drsquoIvory pour deacutemontrer les capaciteacutes des plantes de

couverture agrave reacutegeacuteneacuterer un sol pauvre infesteacute de striga En effet le sol de ce site un sol ferralitique agrave pH 4 eacutetait abandonneacute par le proprieacutetaire agrave cause de lrsquoimpossibiliteacute drsquoy planter du maiumls et du riz agrave cause du striga

Le site drsquoIvory est situeacute agrave 100 km agrave lrsquoouest drsquoAntsirabe (pregraves de la RN 34 vers Miandrivazo) sur les plateaux de la zone centrale du Moyen Ouest dans le district de Mandoto Commune rurale de Vinany (localisation agrave la fig1) Les systegravemes mis en place ont eacuteteacute baseacutes sur les 3 dispositifs agrave savoir la lutte contre le Striga la diversification des cultures et la collection varieacutetale Les systegravemes de cultures proposeacutees ont eacuteteacute baseacutes sur la mise en place de maiumls en association avec des leacutegumineuses annuelles (vivriegraveres nieacutebeacute soja arachide Vigna umbellata) ou de plantes de couverture (mucuna et Stylosanthes) drsquoune part et la mise en place de plante de couverture fourragegravere (Arachis pintoiuml et Arachis peacuterenne)

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Sur les dispositifs des systegravemes en Agriculture de Conservation sont compareacutes au teacutemoin traditionnel laboureacute avec un minimum drsquointrants F1 (fumier seul agrave 5tha) ou F2 (F1 + 80 kgha de NPK + 25 kgha drsquoureacutee) soit des doses faibles se rapprochant des pratiques paysannes Le traitement en culture pure sans couvert veacutegeacutetal sur labour constitue un teacutemoin commun aux diffeacuterents essais conduits en Agriculture de Conservation (AC) sur reacutesidus ou sur couverture vivante

Figure 1 localisation du site drsquoIvory dans le Moyen Ouest commune de Vinany district de Mandoto

Figure 2 Pluviomeacutetrie par deacutecade sur le site drsquoIvory

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Figure 3 Rendements de riz sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Figure 4 Rendements de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements des systegravemes en Agriculture de Conservation sont nettement plus eacuteleveacutes que ceux obtenus en pratiques traditionnelles Le laquo riz pluvial sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses vivriegraveres raquo est de 37 agrave 47 THa (fertilisation F2) contre seulement 07 agrave 10 tHa sur labour Les systegravemes agrave base de mucuna sont les plus performants Malgreacute une faible pluviomeacutetrie agrave la 3egraveme deacutecade de feacutevrier et agrave la 2egraveme de mars en 2019 les rendements de cette anneacutee nrsquoont pas eacuteteacute affecteacutes ce qui montre bien la reacutesilience des systegravemes en agriculture de conservation sur le changement climatique Les mecircmes observations sont faites sur les rendements du maiumls associeacute

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Ces observations sont reacuteguliegraveres sur de nombreuses anneacutees et montrent qursquoune fois la fertiliteacute restaureacutee avec de fortes biomasses sans labour du sol et avec de faible dose drsquoengrais on aboutit agrave de tregraves bons rendements Lrsquoautre observation importante est la tregraves grande diffeacuterence entre les parcelles laboureacutees et les parcelles non laboureacutees avec les mecircmes doses de fertilisations Ceci srsquoexplique sur le fait que le labour mineacuteralise la matiegravere organique et entraine une perte eacutenorme par lessivage

3 Quels systegravemes pour les Hautes terres

Les systegravemes suivants sont proposeacutes pour large diffusion sur les Hautes Terres Dans le cadre de la diffusion du Projet MANITATRA II on note un fort engouement des paysans pour les systegravemes agrave base de mucuna au vue des premiers reacutesultats obtenus dans les Champs Ecoles Paysans (CEP) et dans les parcelles drsquoapplication des Collegraveges drsquoEnseignement Geacuteneacuteral (CEG) en effet pour la campagne 2019 - 2020 le systegraveme agrave base de mucuna en association avec le maiumls deacuterobeacute dans lrsquoassociation laquo maiumls + haricot raquo ou mecircme en jachegravere de mucuna a connu une adoption importante sur les Hauts terres

31 Le maiumls associeacute au haricot deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la campagne suivante

Le maiumls associeacute au haricot est tregraves courant sur les hautes terres donc agrave la maturiteacute du haricot et mecircme avant la reacutecolte on segraveme le mucuna sur la ligne du haricot La biomasse de maiumls va srsquoassocier agrave celle du mucuna pour constituer un lit de semis pour le riz pluvial sans labour agrave la prochaine campagne Normalement le lit de semis est tregraves peu infesteacute de mauvaises herbes si la biomasse du mucuna arrive agrave couvrir le sol

32 Le maiumls associeacute au soja deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la saison suivante

Comme avec le systegraveme preacuteceacutedent avant la maturiteacute du soja on segraveme le mucuna dans la ligne du soja On peut mecircme le semer agrave la voleacutee

33 Les associations avec lrsquoavoine en vue de production de fourrages

Dans le systegraveme preacuteceacutedent (maiumls + soja) au lieu de semer du mucuna on peut semer de lrsquoavoine qui servira par la suite de fourrage Comme avec le mucuna la parcelle est propre dans un couvert drsquoavoine Le paysan peut preacutelever une partie de la biomasse de lrsquoavoine pour le fourrage

34 Habiller le riz pluvial avec drsquoautres leacutegumineuses

Sur les Hautes Terres une parcelle de riz pluvial qui existe deacutejagrave peut ecirctre habilleacute avec du Pois drsquoAngole ou avec du crotalaire ce qui eacutevitera drsquoavoir une faible biomasse de riz agrave la prochaine campagne Cette pratique a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet MANITATRA II

35 Les embocagements des cultures

Les embocagements de parcelles se feront avec du Tephrosia vogellii une leacutegumineuse tregraves adapteacutee aux reacutegions drsquoaltitude jusqursquoagrave 2000 m Crsquoest aussi un reacutepulsif contre les insectes Cette leacutegumineuse peut pousser tregraves haut jusqursquoagrave 150 m mais on peut aussi la tailler en fin de saison de pluie et les produits de la taille (feuille et rameaux) peuvent ecirctre ajouteacutes agrave la biomasse de la parcelle

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4 Quels systegravemes pour le Moyen Ouest

Le systegraveme phare dans le Moyen Ouest est le systegraveme agrave base de Stylosanthes mais les

systegravemes agrave base de leacutegumineuses annuelles sont aussi deacuteveloppeacutes en parallegravele avec le stylo car les petits paysans avec moins de 1 ha nrsquoont pas envie de srsquoinvestir dans une jachegravere de stylo

41 Le Stylosanthes comme systegraveme phare

Comme deacutecrit plus haut le stylo est la plante de couverture drsquoexcellence pour reacutegeacuteneacuterer les sols deacutegradeacutes Mais contrairement agrave ce qursquoon a veacutehiculeacute comme message auparavant on propose de labourer quand le paysan a envie de revenir aux leacutegumineuses annuelles Cette recommandation est valable notamment pour les petits producteurs ne pouvant pas supporter la jachegravere drsquoune anneacutee Il est important de souligner qursquoune jachegravere de Stylo peut ecirctre planteacutee en maiumls ou en manioc agrave faible densiteacute Par ailleurs la jachegravere de stylo permet aussi de reacutecolter des semences qui sont tregraves demandeacutees actuellement drsquoougrave un compleacutement de revenus important pour le paysan

42 Le maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial

Tous les systegravemes agrave base de maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial ont eacuteteacute testeacutes dans les sites drsquoIvory et peuvent ecirctre diffuseacutes dans le Moyen Ouest ce qui offre un large choix par rapport aux autres reacutegions Il est important de deacuterober du mucuna avec les leacutegumineuses agrave faible biomasse (nieacutebeacute tsiasisa haricot soja)

5 Quels systegravemes au Lac Alaotra

Le Lac Alaotra est connu pour ses grandes surfaces de baiboho et de Riziegraveres agrave Mauvaise Maicirctrise drsquoEau (RMME) ceci agrave cause des fortes eacuterosions des bassins versants reacutesultant drsquoune pluviomeacutetrie violente et de la fragiliteacute du sol drsquoorigine tectonique Dans ces conditions le maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses en rotation avec le riz pluvial est le systegraveme phare sur baiboho et le systegraveme rotation laquo Rizcultures maraichegraveresVesce raquo sur RMME Parmi les leacutegumineuses la

dolique associeacutee au maiumls est agrave privileacutegier car cette plante de couverture est bien adapteacutee dans cette reacutegion

6 Quels systegravemes pour les zones semi-arides de lrsquoAndroy

Le problegraveme essentiel dans lrsquoAndroy est lrsquoeacuterosion eacuteolienne en plus de lrsquoeacuterosion hydrique Crsquoest ainsi que le pois drsquoAngole a eacuteteacute largement utiliseacute en brise-vent mais aussi en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols tregraves deacutegradeacutes par le systegraveme de forecirct de Cajanus

Parmi les leacutegumineuses la dolique est endeacutemique dans la reacutegion mais le mucuna les nieacutebeacutes rampants le konoke (leacutegumineuse endeacutemique du genre Phaseolus sp) sont reacutepandus et bien adopteacutes

Une approche de diffusion par les blocs agro-eacutecologiques a permis une forte adoption de lrsquoAgro-eacutecologie dans lrsquoAndroy seacutedimentaire

7 Quels systegravemes pour le Boeny

Tous les systegravemes deacutecrits plus hauts sont applicables dans le Boeny Il faut noter toutefois la preacutedominance du Vigna radiata (Antsoroko) et nieacutebeacute rampant type Lojomena et du nieacutebeacute type Black Eyes sur les baiboho A cause de la forte eacuterosion des bassins versants dans cette reacutegion les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal sont agrave privileacutegier Un grand effort de formation des intervenants locaux est indispensable

Photo 15 Vigna radiata

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Conclusions

Cet essai de capitalisation est loin drsquoecirctre parfaite Crsquoest un travail qui demande agrave

ecirctre actualiseacute avec le temps Nous nrsquoavons pas couvert toutes les reacutegions mais globalement les systegravemes reposent tous sur les fondamentaux de lrsquoAgriculture de Conservation et de lrsquoAgro-eacutecologie Par ailleurs en plus des formations des intervenants locaux la production de semences de plantes de couverture pose un problegraveme dans beaucoup de reacutegion Il faut noter que le site drsquoIvory et la commune de Vinany ont eacuteteacute une zone de production de semences de couverture pendant de longues anneacutees

Drsquoautres problegravemes qui ne sont pas eacutevoqueacutes dans cet article sont les feux de brousse en saison segraveche et les divagations drsquoanimaux qui diminuent eacutenormeacutement la biomasse laisseacutee sur les sols agrave la prochaine campagne Une prise de conscience collective des paysans semble donner des reacutesultats comme en teacutemoignent les paysans de la commune de Vinany dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra

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Reacutefeacuterences bibliographiques

1 ANCOS 2016 Reacutegistre des espegraveces et varieacuteteacutes exploiteacute dans le systegraveme laquo Semence de Qualiteacute Deacuteclareacutee raquo dans le Sud de Madagascar ANCOS Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche

2 DURRELL 2020 Lrsquointroduction de lrsquoinnovation Agro eacutecologie pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire des communauteacutes aux alentours des Aires proteacutegeacutees (Baie de Baly et Lac Alaotra) et zone humide de Lac Sofia Lot II Y 49 J Ampasanimalo (101) BP 8511 Antananarivo 101 ndash Madagascar httpswwwdurrellorgwildlife httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

3 GSDM 2020 Rapport annuel anneacutee 3 intervention du GSDM dans le Projet PAPAM composante 2 GSDM lot VA 26 Y Ambatoroka ANTANANARIVO 101

4 HUSSON O SEGUY L CHARPENTIER H RAKOTONDRAMANANA MICHELLON R RAHARISON T et al (2013) Manuel pratique du semis direct de Madagascar GSDMCIRADhttpgsdm-mgorgwp-contentfilesManuel_SCV_Mada_V_IntegraleMedpdf

5 RAKOTONDRAMANANA 2019 Rapport de mission de capitalisation dans le PLAE III BOENY 17 au 23 Feacutevrier 2019 PLAE ANALAMAHITSY ANTANANARIVO 101

6 RAKOTONDRAMANANA et al 2018 La rotation ou lrsquoassociation avec le mucuna reacuteduit consideacuterablement les attaques de chenilles leacutegionnaires sur le maiumls Journal de lrsquoAgro-eacutecologie Ndeg7 httpopen-libraryciradfrfiles62385__JAE_NC2B07pdf

7 RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANJAKA J 2016 Rapport de mission de reconnaissance et de diagnostic du Projet SOHAVELO ASARA programme europeacuteen de seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle dans la reacutegion Sud et Sud Est de Madagascar ASARAAINA AVSF Lot VG 25 Antsahabe BP 3149- Antananarivo 101 ndash Madagascar httpopen-libraryciradfr

files62394__Rapport_de_mission_SOHAVELO_VFpdf

8 RAHARISON T et al 2018 Rapport drsquoeacutetude drsquoimpact des pratiques des blocs agro eacutecologiques diffuseacutees dans le cadre du projet HOBA GRET Antananarivo

9 RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019 Diversiteacute et importance des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols dans les exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar Journal de lAgro-eacutecologie Ndeg8 2019 httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

10 h t t p s w w w s u p a g r o f r r e s s - p e p i t e s PlantesdeCouvertureresStylosanthespdf

11 httpsfrwikipediaorgwikiArachis

12 httpsfrwikipediaorgwikiVicia

13 h t t p s f r w i k t i o n a r y o r g w i k i pois_dE28099Angole

14 httpsfrwiktionaryorgwikicrotalaire

15 httpsfrwikipediaorgwikiPois_mascate

16 httpsfrwikipediaorgwikiVigna_unguiculata

17 httpsfrwikipediaorgwikiHaricot_mungo

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SUCCESS STORIES

La technique du lombricompost se diffuse de paysan agrave paysan

Lrsquoutilisation agrave outrance des produits chimiques en tant que pesticides et fertilisants durant lrsquoegravere

de la reacutevolution verte nrsquoavait fait que renforcer les effets du changement climatique sur lrsquoagriculture Hormis son prix eacuteleveacute les engrais de synthegravese solubles laissent toujours des reacutesidus ayant des impacts preacutejudiciables agrave lrsquoenvironnement Dans le cadre de ses projets de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie le GSDM tend agrave former les paysans sur les proceacutedeacutes de fabrication de diffeacuterents types de compost dont le vermicompostage Cela dans lrsquooptique de rendre la production agricole plus durable et plus respectueuse de lrsquoenvironnement Les suivantes sont les teacutemoignages de paysans sur les inteacuterecircts du lombricompostage

Dans la commune rurale drsquoAnkazomiriotra au niveau du village drsquoAmbohitrinibe Fokontany Belanitra Est Madame RABEBINIRINA Minompamonjy David (Mme Mino) fait partie de ces paysans qui ont su tirer profit de lrsquoutilisation du lombricompost

Nrsquoayant pas de zeacutebu nous eacutetions obligeacutes drsquoacheter drsquoeacutenorme quantiteacute de fumiers et drsquoengrais pour fertiliser nos champs Crsquoeacutetait peacutenible vu que notre revenu couvrait difficilement le montant de nos besoins Vers 2013 nous avons assisteacute aux seacuteances de formations et drsquoanimations prodigueacutees par les techniciens travaillant sur le projet pilote Manitatra 1 Apregraves ces formations

ils nous ont fait don de 250g de vers Aujourdrsquohui nous en disposons drsquoau moins 20Kg Les reacutesultats que nous avons obtenus degraves la premiegravere anneacutee drsquoutilisation du lombricompost a eacuteteacute probant Drsquoabord la charge de travail due au transport de fertilisant vers le champ srsquoeacutetait beaucoup amoindri car nous nrsquoavons plus qursquoagrave transporter tout au plus le dixiegraveme du volume de fumier de parc qursquoon utilisait avant En effet 30 agrave 40 kg de lombricompost peut amplement suppleacuteer agrave 2 charrettes de fumier de parc Le sarclage est aussi devenu plus facile car le preacute-compostage a permis drsquoeacuteliminer les graines drsquoadventices qui dlsquohabitude viennent avec les fumiers organiques Ensuite les cultures reacutesistent mieux agrave la segravecheresse et les plantes parasites Par exemple nous avons constateacute que le riz devient plus vigoureux face aux attaques du striga Le rendement est de plus en plus soutenu et les produits maraicircchers sont moins sujets agrave la deacutegradation

La fabrication de lombricompost demande certes une certaine rigueur mais est tout agrave fait agrave la porteacutee de chaque paysan Il vous faut juste preacuteparer du preacute-compost qui servira de nourriture aux vers En plus il est indispensable drsquoarroser et de veacuterifier peacuteriodiquement la tempeacuterature Lrsquoessentiel des travaux consiste agrave seacuteparer les vers des composts mucircrs Il nous arrive encore drsquoacheter du fumier de parc pour servir drsquoappoint au preacute-compost mais ccedila en vaut la peine

Avec notre unique andain nous arrivons agrave produire 600kg de compost par mois

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SUCCESS STORIES

Nous nrsquoutilisons que le quart de notre production Le reste est vendu agrave des clients qui viennent drsquoun peu partout agrave Madagascar La plus grosse commande que nous avons eue en 2019 eacutetait de 15tonne La production de lombricompost contribue beaucoup agrave nos ressources peacutecuniaire car il nous arrivons agrave lrsquoeacutecouler jusqursquoagrave 1000Ar le kilo

Madame Mino peut ecirctre joint aux numeacuteros suivants 034 19 777 50033 13 412 10

Un autre paysan en la personne de Monsieur RAZAFINDRAKOTO Emilson (Dadakoto) habitant agrave Antanety 2 Commune Antanifotsy a aussi adopteacute le lombricompostage Les suivants sont ses points de vue quant agrave lrsquoutilisation du lombricompost

Nous avons construit le premier andain suite aux seacuteries drsquoanimation-formation effectueacutees par le paysan leader et le technicien du projet Manitatra 2 travaillant dans notre zone Ce premier andain eacutetait devenu productif agrave partir du mois de juin 2019 Je commence juste agrave produire du lombricompost mais jrsquoai deacutejagrave constateacute les reacutesultats sur la bonne veacutegeacutetation de mes maiumls et de mes riz par rapport agrave ce que jrsquoai eu auparavant Afin drsquoaugmenter la production nous avons construit drsquoautres andains et aujourdrsquohui nous en avons 5

Nous avons commenceacute avec 1kg de vers et maintenant nous en avons autour de 60kg Jusqursquoagrave preacutesent ma production est entiegraverement destineacutee agrave lrsquoautoconsommation Nous les utilisons surtout sur nos cultures de tanety comme le riz et le maiumls associeacute aux leacutegumineuses Je trouve qursquoil est plus inteacuteressant drsquoutiliser du lombricompost que de fumier de parc Actuellement je nrsquoutilise presque plus drsquoengrais chimique

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Produit biologique de lutte contre les Chenilles leacutegionnaires drsquoAutomne (CLA) la menace est maitriseacutee un article du Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la pecircche

(Source publication facebook du MAEP le 14 deacutecembre 2019)

Deacutesormais les producteurs de maiumls Malagasy ne devraient plus ecirctre anxieux et inquiets

face agrave la Chenille Leacutegionnaire drsquoAutomne ou CLA La menace est maicirctriseacutee Gracircce aux efforts du Ministegravere de lAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) agrave travers les techniciens de la DPV et de la FOFIFA des diffeacuterents chercheurs de lUniversiteacute dAntananarivo de lEssagro et dexperts africains appuyeacutes par la FAO une souche biologique appeleacutee BT ou Bacillus Thuringiensis a eacuteteacute deacutecouverte Les tests ont deacutemontreacute que cette bacteacuterie naturelle et endeacutemique agrave Madagascar est capable de tuer la CLA Meacutelangeacute agrave 50g de riz blanc elle peut recouvrir 1ha de champ de maiumls

Notons quelle naffecte ni lenvironnement ni la santeacute humaine Madagascar sest aussi doteacute de sa strateacutegie nationale quinquennale de lutte contre la CLA Telles sont parmi les grandes avanceacutees du PROJET DAPPUI DURGENCE Agrave LA MISE EN PLACE DUN SYSTEME DE SURVEILLANCE DE RIPOSTE ET DE LUTTE INTEGREacuteE CONTRE LA CLA meneacute avec lappui technique et financier de la FAO

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ACTUALITES

Fenetre sur lAgriculture Biologique agrave MadagascarRakotondramanana GSDM

Un projet de loi sur lrsquoAgriculture biologique a eacuteteacute preacutepareacute sur lrsquoinitiative du Syndicat Malgache de lrsquoAgriculture Biologique (SIMABIO) et du MAEP et sera incessamment soumis agrave lrsquoAssembleacutee

Nationale Suite agrave cela un voyage drsquoeacutetude au Maroc et en Tunisie a eacuteteacute reacutealiseacute en vue des perspectives drsquoeacutelaboration drsquoune Strateacutegie Nationale drsquoAppui agrave lrsquoAgriculture Biologique agrave Madagascar (SNABio)

La mission a vu la participation drsquoune deacuteleacutegation conduite par le Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) accompagneacutee du Preacutesident du SIMABIO du projet Coordonnateur National du projet CASEF de lrsquoassistant technique du projet CASEF du repreacutesentant de la recherche (FOFIFA) et du directeur exeacutecutif du GSDM

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Le secteur de lrsquoAgriculture Biologique (AB) agrave Madagascar est en pleine croissance depuis plusieurs anneacutees Repreacutesentant actuellement un chiffre drsquoaffaire annuel de lrsquoordre de 55 Meuro geacuteneacutereacutes par plus drsquoune centaine drsquoentreprises employant 7000 salarieacutes et srsquoapprovisionnant aupregraves de plus de 20 000 agriculteurs le secteur est quasiment exclusivement orienteacute vers lrsquoexportation drsquoune large gamme de produits agricoles beacuteneacuteficiant drsquoune forte typiciteacute (eacutepices fruits tropicaux huiles essentielles cacao crevettes etc) principalement vers lrsquoEurope

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les Etats-Unis le Japon (source CASEF) Les produits bio malgaches sont issues drsquoagriculture bio par des entreprises locales mais aussi de la cueillette Compareacute aux autres pays le coucirct de la certification est trop eacuteleveacute agrave cause du manque de concurrence (un seul organisme certificateur agreacuteeacute ECOCERT)

Au Maroc lrsquoAgriculture biologique repreacutesente de lrsquoordre de 60 Meuro drsquoexportation et en Tunisie 205Meuro mais dans ces deux pays on assiste agrave un marcheacute local en cours de progression Le tableau suivant reacutesume lrsquoagriculture Bio dans les deux pays Globalement les produits exporteacutes sont domineacutes par lrsquohuile drsquoOlive bio dans les deux pays

A lrsquoissue de la mission des perspectives pour Madagascar ont eacuteteacute souleveacutees sous forme drsquoenseignements et reacuteflexions bull Creacuteer un dispositif drsquoappui conseil technique et financier ciblant les producteurs et les entreprises

AB en synergie avec les meacutecanismes existants (FDA Banques IMF etc)bull Subventionner la certification =gt Accroitre la concurrence entre organismes de Controcircle et de Certification (OCC) =gt Agreacutement et controcircle effectif de la part des pouvoirs publicsbull Concevoir une strateacutegie ciblant une diversiteacute de filiegraveres prioritaires de maniegravere inclusive par

exemple Exports Filiegraveres inteacutegreacutees eacutecotourisme Filiegraveres courtes laquo petits producteurs raquo au systegraveme de garantie par Certification de Territoire (CT) et Systegraveme Participatif de Garantie (SPG)

bull Mise en place de centres de recherche technique deacutedieacute agrave lrsquoAB reacutepondant agrave la demande (par ex contrat programme recherche - reacutegions - organisations professionnelles)

bull Conceptionmise en œuvre drsquoun dispositif de formation AB avec obligation de modules dans les cursus agricoles

bull Dynamiser la professionnalisation et la structuration des producteurs et des entreprises malgaches dans lrsquoAB

bull Poursuivre lrsquointeacutegration du secteur priveacute (amont et aval) dans les diffeacuterentes laquo aregravenes raquo institutionnelles deacutefinition des strateacutegies conception et pilotage des dispositifs drsquoappui etc

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AGRO-ECOLOGIE EN PHOTO

La mise en place des parcelles dapplication en Agro-eacutecologie a eacuteteacute effectueacutee au niveau des 8

collegraveges de la reacutegion Boeny Les enseignants et eacutelegraveves ont eacuteteacute accompagneacutes et encadreacutes par les ingeacutenieurs agronomes du GSDM et les techniciens locaux

Une repreacutesentante de la deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo a visiteacute les

reacutealisations du GSDM dans le cadre du projet Manitatra 2 De nombreux points inteacuteressants pouvant ecirctre valoriseacutes dans le cadre dune future coopeacuteration ont eacuteteacute souleveacutes En attendant certaines observations seront agrave partager au cours dun eacuteveacutenement de la Commission europeacuteenne qui se tiendra courant de la 3egraveme semaine du mois de feacutevrier 2020 agrave Bruxelles

Le GSDM maitient lappui technique des 12 eacutetablissements beacuteneacuteficiaires de linteacutegration

de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire dans le Vakinankaratra Il sagit des 6 eacutecoles pilotes PAPAM et des 6 autres extensions reacutealiseacutees dans le cadre du projet MANITATRA 2 Pour lanneacutee scolaire 2019-2020 la mise en place des cultures de grande-saison la mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique ainsi que les suivis reacuteguliers des tehcniciens ont eacuteteacute reacutealiseacutes Quelques enseignants du CEG de Vinany du CEG de Betafo ont mecircme beacuteneacuteficieacutes dune formation de recyclage

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Mise en place de la parcelle dapplication en Agro-eacutecologie au niveau du CEG Mariarano Boeny

Visite des reacutealisations du GSDM projet MANITATRA 2 par une repreacutesentante de la

deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo

Mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique aux 12 eacutetablissements du

Vakinankaratra

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AVRIL 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull RAKOTO HERIMANDIMBY Reneacute - Superviseur de zone du Sud-Est Projet PAPAMbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo AGRISUD- membre du GSDMRubrique laquoDossierraquo GSDMRubrique laquoRechercheraquo Dp SPAD - Partenaire technique du GSDM Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA 2)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth avril 2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

Site WebFacebook

Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

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- Mission de suivi du Comesa les 16 et 17 mars 2020- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020 - Formation CSAFRDA Makanara du 25 au 28 mars 2020

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Emission FIVOHY sur la RNM Tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Deuxiegraveme session de formation des enseignants Boeny du 07 au 10 Avril 2020- Formation des parents deacutelegraveves collegravege Boeny preacutevue durant la semaine du 20 Avril 2020- Visite-eacutechange inter-reacutegional des enseignants parents et elegraveves preacutevue en fin du mois dAvril 2020

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MARS 2020

ANNEE 2020

Page 2: Edition trimestrielle N° 9 / 2020

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Capitalisation des acquis du projet MAHAVOTRA drsquoAgrisud International en Itasy de lrsquoexploitation agricole durable aux enjeux de planification du territoire

Adrien Lepage AGRISUD

LrsquoONG franccedilaise Agrisud International œuvre depuis 2006 agrave Madagascar dans la formation et lrsquoaccompagnement de tregraves petites entreprises (TPE) agricoles familiales dans le deacuteveloppement

durable de leurs activiteacutes Pour y arriver elle srsquoappuie sur une deacutemarche eacuteconomique et agroeacutecologique tout en valorisant des partenariats avec les acteurs locaux concerneacutes

Teacutemoignage et partage drsquoexpeacuteriences veacutecues

Parce que les exploitations agricoles sont en interaction avec leur territoire lrsquoappui au deacuteveloppement drsquoune agriculture durable neacutecessite drsquointervenir non seulement au niveau de lrsquoexploitation (systegravemes agricoles pratiques culturaleseacutelevage gestion des activiteacutes) mais aussi de maniegravere compleacutementaire en agissant sur les aspects administratifs le paysage naturel (milieu physique) les aspects socio-culturels et eacuteconomiques

Ce sont ces approches compleacutementaires qui ont eacuteteacute mises en œuvre progressivement et au cours de plus de 10 anneacutees drsquointerventions par Agrisud International en Itasy agrave la suite drsquoun diagnostic reacutegional meneacute en 2008 pour identifier les probleacutematiques cleacutes du territoire Une action rendue possible gracircce agrave lrsquoimplication et aux financements de la coopeacuteration

deacutecentraliseacutee Nouvelle-Aquitaine - Itasy de lrsquoAFD et du CEAS Le projet Mahavotra qui en reacutesulte srsquoest alors orienteacute vers un objectif de deacuteveloppement de lagriculture en Itasy gracircce agrave une restauration globale de lenvironnement agroeacutecologique par le deacuteploiement de deux principales strateacutegies bull la mise en place de prestataires de proximiteacute appeleacutes laquo Maicirctres-Exploitants raquo pour doter les

territoires drsquoune offre de services agricoles locaux et accessibles pour les producteurs et diffuser localement des pratiques agricoles durables et productives

bull lrsquoappui agrave la reacutehabilitation drsquoespaces agricoles deacutegradeacutes pour reacutepondre de maniegravere directe aux probleacutematiques drsquoeacuterosion et de baisse de fertiliteacute

Dans un second temps le projet a anticipeacute lrsquoarriveacutee sur le marcheacute des productions issues des 585 ha drsquoameacutenagements vivriers et agroforestiers appuyeacutes durant Mahavotra I Ainsi une peacutepiniegravere drsquoentreprises rurales en agro-transformation a eacuteteacute creacuteeacutee afin de favoriser la valorisation locale des productions agricoles tout en compleacutetant lrsquooffre de formation reacutegionale La peacutepiniegravere est localiseacutee au Centre Reacutegional de Formation Professionnelle Agricole (CRFPA) pour compleacuteter et diversifier lrsquooffre de formation du centre

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AU NIVEAU NATIONAL

Drsquoautre part crsquoest lameacutelioration de la planification et des capaciteacutes de gestion des territoires ruraux dans la Reacutegion Itasy a eacuteteacute accompagneacutee bull par lrsquoappui agrave lrsquoeacutelaboration de Scheacutemas drsquoAmeacutenagements Communaux (SAC) afin que les collectiviteacutes

locales puissent orienter les acteurs du deacuteveloppement reacutegional et maicirctriser leur impact sur le milieu naturel

bull et par lrsquoappui agrave la mise en place au niveau reacutegional drsquoune Cellule de Systegravemes drsquoInformation Geacuteographique (Cellule SIG) capable de creacuteer de la donneacutee spatialiseacutee pour appuyer et harmoniser les actions des acteurs reacutegionaux

Agrisud International et ses partenaires mettent aujourdrsquohui agrave disposition de toutes et tous 4 documents de capitalisation issus de certaines expeacuteriences du projet MAHAVOTRA Ils preacutesentent les meacutethodologies drsquoaction les recommandations et points de vigilance agrave destination de toute structure inteacuteresseacutee par la deacutemarche ou le thegraveme correspondantCes capitalisations portent sur

bull Lrsquoensemble de ces capitalisations sont en accegraves libre sur le site drsquoAgrisud International httpwwwagrisudorgfr dans la rubrique laquo Publication raquo

Nous vous invitons eacutegalement agrave voir ou revoir le film laquo Maicirctres-exploitants un reacuteseau de prestataires agricoles au service de leur territoire raquo reacutealiseacute dans le mecircme processus de capitalisation du projet Mahavotra II Rendez-vous sur la plateforme YouTube avec les mots cleacutes laquoAgriculture durable et dynamiques territoriales agrave Madagascar (2019) raquo ou sur le lien httpsyoutube2PytZh2_LsA ou encore en scannant ce QR code

Le projet Mahavotra toujours en cours dans la reacutegion Itasy a entameacute sa 3egraveme phase drsquoactions depuis avril 2019 Les enjeux sont maintenant porteacutes sur le deacuteploiement et la consolidation de ses actions leur peacuterennisation et le transfert de leur gestion aux structures locales peacuterennes et leacutegitimes

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AU NIVEAU NATIONALLa DRAEP Vakinankaratra accompagne la mise en œuvre des projets

DRAEP Vakinankaratra

Sur les hautes terres malgaches

particuliegraverement dans le Vakinankaratra la promotion de lrsquoAgriculture de

conservation les Bonnes pratiques agricoles et plus geacuteneacuteralement lrsquoAgro-eacutecologie revecirct une importance vitale La pression fonciegravere y est tellement forte que tous les terroirs des bassins versants sont exploiteacutes En lrsquoabsence drsquoencadrement les techniques Agricoles qui y sont pratiqueacutees peuvent avoir des conseacutequences deacutesastreuses sur le sol et par conseacutequent sur la productionConscient de la graviteacute de la situation des mesures ont eacuteteacute prises par le MAEP1 agrave travers la DRAEP Vakinankaratra De multiples interventions pour la vulgarisation de lrsquoAgro-eacutecologie y sont actuellement meneacutees directement par le biais du SECRU (Service Environnement Climat et Reacuteponses aux Urgences) UECRU (Uniteacute Environnement Climat et Reacuteponses aux Urgences) ou par lrsquointermeacutediaire des Projets principalement PAPAM et MANITATRA II

Aussi la DRAEP2 Vakinankaratra accorde une importance particuliegravere pour la coordination des activiteacutes Des reacuteunions de coordinations sont organiseacutees semestriellement par la Direction 1 MAEP Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche2 DRAEP Direction Reacutegioanle de lAgriculture de lElevage et de la Pecirche

dans le cadre des activiteacutes du PAPAM avec la participation des autres acteurs opeacuterant directement ou indirectement dans la promotion de lrsquoAgro-eacutecologie (CSA FDAR CASEF Fert GSDM MANITATRA IIhellip) Un exemple type du fruit de cette coordination a eacuteteacute les ameacutenagements reacutealiseacutes en 2019 par le SECRU dans la zone deacutelimiteacutee par le Projet PAPAM en tant que site pilote servant de deacutemonstration aux techniques drsquoameacutenagement et des techniques agroeacutecologiques situeacute agrave Ambohimena Commune rurale drsquoAmbano dans le District Antsirabe II Ce sont donc des activiteacutes baseacutees sur la protection des bassins versants surplombant un barrage construit par le projet PURSAPS

Drsquoautre part entre 2017 et 2018 toujours en collaboration avec PAPAM 61 agents de la Direction Reacutegionale soit 95 de son personnel technique ont beacuteneacuteficieacute drsquoun renforcement de capaciteacute sur lrsquoAgro-eacutecologie Agrave partir de lagrave des descentes conjointes sont meneacutees hebdomadairement entre les deux entiteacutes pour favoriser lrsquoappropriation des activiteacutes par le personnel de la DRAEP Cette implication est drsquoautant plus importante en cette derniegravere anneacutee du Projet (2020) pour faciliter la reprise des interventions par la Direction Dans ce cadre un lobbying pour le deacuteblocage des fonds de financement du FDAR est actuellement en cours pour booster la vulgarisation des techniques Agro-eacutecologiques dans toute la Reacutegion du Vakinankaratra

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Compte tenu de lrsquoefficaciteacute de cette meacutethode drsquointervention un dispositif similaire est en cours de mise en place pour accompagner MANITATRA II Une convention a eacuteteacute signeacutee en Aoucirct 2019 entre le Projet et la DRAEP Vakinankaratra et les descentes conjointes ont deacutejagrave deacutebuteacute

La peacuterennisation et lrsquoextension des actions drsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire favorisent un changement de mentaliteacute collectif et contribuent agrave une mise agrave lrsquoeacutechelle de la diffusion des techniques

Eacutequipe du GSDM

Le GSDM maintient les appuis techniques et les accompagnements des collegraveges dans le Vakinankaratra

La formation constitue une des missions principales du GSDM Pour assurer la mise

agrave lrsquoeacutechelle de la diffusion de lrsquoAgro-eacutecologie le GSDM reacutealise ainsi des formations en Agro-eacutecologie agrave diffeacuterents niveaux Les conduites de formations proposeacutees correspondent aux niveaux des diffeacuterentes cibles De nombreuses formations sont ainsi dispenseacutees essentiellement au niveau des eacutecoles des centres de formations des universiteacutes des associations et des projets programmes

Pour la 3egraveme anneacutee scolaire conseacutecutive dans le cadre du projet PAPAM et la 2egraveme anneacutee pour le projet MANITATRA 2 le GSDM maintient les appuis techniques et continue lrsquoapprentissage de lrsquoAgro-eacutecologie au niveau des 12 collegraveges du Vakinankaratra Pour lrsquoanneacutee scolaire 2019-2020 les beacuteneacuteficiaires comptent actuellement 1692 eacutelegraveves Il srsquoagit essentiellement des nouveaux entrants en classe de 6egraveme et des admis en classe de 5egraveme On peut citer eacutegalement les beacuteneacuteficiaires indirectes en particulier les parents drsquoeacutelegraveves le corps eacuteducatif ainsi que les paysans aux alentours Drsquoanneacutee en anneacutee une prise de conscience et de responsabiliteacute collective est constateacutee au travers des changements de comportement des concerneacutes Ces aspects se manifestent surtout par le sens de partage des eacutelegraveves par les demandes de formation des parents par la

curiositeacute des paysans aux alentours et lrsquoadoption des techniques par les enseignants et les parents

A la fin du mois de novembre 2019 un atelier bilan des eacutecoles srsquoest tenu agrave la Reacutesidence sociale drsquoAntsirabe Lrsquoobjectif eacutetant drsquoeacutevaluer les impacts et les retombeacutees du projet durant ces quelques anneacutees drsquoaction Lrsquoatelier a vu la participation des diffeacuterents intervenants impliqueacutes dans la mise en œuvre du projet essentiellement les autoriteacutes locales et centrales les membres du GSDM les repreacutesentants de projetsprogrammes les Directeurs des 12 eacutetablissements les enseignants les parents drsquoeacutelegraveves les eacutelegraveves beacuteneacuteficiaires et les journalistes Les points forts les contraintes et la peacuterennisation des actions ont eacuteteacute eacutevoqueacutes et discuteacutes Lors des eacutechanges chaque partie prenante en particulier les chefs drsquoeacutetablissements et les enseignants ont reacuteiteacutereacute leurs engagements respectifs pour lrsquoatteinte des objectifs du projet Cependant la formation de nouveaux enseignants responsable des cours drsquoAgro-eacutecologie devient primordiale suite au deacutepart agrave la retraite de certains enseignants ou de leurs mutations vers drsquoautres postes

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Pour cette anneacutee scolaire la mise en place des cultures de saison pluviale a eacuteteacute reacutealiseacutee au niveau des parcelles drsquoapplication des eacutetablissements avec lrsquoappui du GSDM Cocircteacute pratique les enseignants ont deacutebuteacute le transfert de connaissances aux eacutelegraveves et enchainent les travaux pratiques au niveau des parcelles drsquoapplication La remise des outils peacutedagogiques aux eacutetablissements et des livrets ludiques aux eacutelegraveves est preacutevue tregraves prochainement La reacutealisation et la production drsquoune bande dessineacutee 3D est eacutegalement preacutevue courant cette anneacutee scolaire 2019-2020

Drsquoapregraves le tableau reacutecapitulatif ci-dessous environ 3000 eacutelegraveves beacuteneacuteficient actuellement de lrsquoappren-tissage de lrsquoAgro-eacutecologie dans le Vakinankaratra

ECOLES PAPAMEtablissement Cisco Effectif 6egraveme Effectif 5egraveme Total

CEG Vinany Mandoto 81 84 165CEG Ankazomiriotra Mandoto 138 41 179CEG Betafo Betafo 667 1181CEG Annexe Alakamisy Anativato Betafo 128 46 174

Collegravege Priveacute AINA Antsirabe II 32 28 58CEG Vinaninkarena Antsirabe II 100 90 190

Sous total 1 993 954 1947ECOLES MANITATRA 2

CEG Ihazolava Ambatolampy 99 66 165CEG Ambohimandroso Antanifotsy 192 127 319CEG Ampitatafika Antanifotsy 123 45 168Lyceacutee Priveacute Loterana Antanifotsy Antanifotsy 31 29 60

CEG Antsoatany Antsirabe II 124 48 172CEG Tsaramasoandro Antokofoana Betafo 85 84 169

Sous total 2 654 399 1053Total des eacutelegraveves beacuteneacuteficiaires 1647 1353 3000

Le GSDM continue ses engagements dans le Boeny

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La preacuteparation des parcelles drsquoapplication et la mise en place des cultures de grande saison a eacuteteacute eacutegalement reacutealiseacutee au niveau des 8 eacutetablissements de la reacutegion Boeny Pour lrsquooccasion les ingeacutenieurs du GSDM ont fait le deacuteplacement pour accompagner des techniciens locaux et encadrer les enseignants et les eacutelegraveves Le transfert de connaissances theacuteorique et pratique se deacuteroule en fonction des plans drsquoaction proposeacutes par eacutetablissement et les techniciens srsquoassurent que tout se passe bien au travers de leurs freacutequents passages Actuellement lrsquoeacutequipe du GSDM et de lOffice de lEducation de Masse et du Civisme (OEMC) sont en train de concevoir le livret ludique adapteacute agrave la reacutegion Boeny et enchainent les missions de suivi pour garantir un bon reacutesultat

Transfert de connaissances travaux pratiques au niveau des parcelles dapplication

Ndeg PTF Collegraveges Cisco Enseignants formeacutes

Agents deacutecentraliseacutes

OEMC

Elegraveves 6egraveme

Elegraveves 5egraveme

1

GIZPRO-SOL

CEG Tsaramandroso

Ambato Boeny 4

1 DREMC1 BEMC Cisco

Ambato Boeny1 BEMC Cisco

Majunga 2

50 50

2 CP ADMIS Manerinerina

Ambato Boeny 4 30 25

3 CEG Ankijabe Ambato Boeny 4 116 43

8 Ecole Priveacutee MEMORIAL Ankijabe

Ambato Boeny 4 30 20

4 CEG Manerinerina Ambato Boeny 4 177 71

6 LP LES MEILLEURS Manerinerina

Ambato Boeny 4 50 28

7 CEG Mariarano Mahajanga II 4 40 30

8 CEG Ambovondramanesy Mahajanga II 4 58 32

Total 32 3 551 299

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Le GSDM est engageacute dans la mise en œuvre des mesures de protection des sols et de reacutehabilitation des terres dans le Boeny

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Dans le cadre des projets globaux SEWOH (Un monde sans faim) le Projet de conservation

et de reacutehabilitation des sols (ProSol) au travers du champ drsquoaction A laquo mise en œuvre de mesures de protection des sols et reacutehabilitation des terres raquo est exeacutecuteacute par le consortium Eco-consult GOPA dans les 6 communes reacuteparties dans 3 districts (Mahajanga II Ambatoboeny et Mitsinjo) dans la reacutegion du Boeny Les activiteacutes programmeacutees reposent sur la conception et la reacutealisation de plans drsquoameacutenagements et de gestion durable des paysages

Le projet collabore avec le GSDM pour appuyer le lancement de sites eacutecoles sur les techniques de protection et reacutehabilitation des sols pour former et conseiller des techniciens Ces activiteacutes sont poursuivies et deacuteveloppeacutees en partenariat avec les ONG locales sur trois lots de communes bull AIM pour le district de Mahajanga II bull MAZAVA pour le district drsquoAmbatoboeny bull AMADESE pour le district de Mitsinjo

Lrsquoobjectif est drsquoaccompagner les eacutequipes de 3 ONG partenaires de Prosol pour les activiteacutes lieacutees au Plan dlsquoAmeacutenagement Durable du Paysage

(PAGDP) afin que les paysans soient sensibiliseacutes formeacutes pour la mise en place des essais dans les sites eacutecoles qursquoils disposent des semences neacutecessaires et reacutealisent la planification eacutetablie

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Dans ce cadre lrsquoexpertise du GSDM concerne la reacutealisation des diagnostics du milieu et des systegravemes drsquoexploitation des meacutenages agricoles afin de formuler des propositions techniques et de strateacutegies drsquointervention (Champ eacutecole paysan (CEP) sites de production de semence etc) pour la protection des sols ougrave la restauration de leur fertiliteacute dans ces trois Districts Elle consiste eacutegalement agrave former et conseiller les techniciens des ONG locales

Les reacutealisations du GSDM sont les suivantes

bull Mise en œuvre de diagnostics compleacutementaires dans les sites prioritaires reacutealiseacutes en deux eacutetapes Avril-mai 2019

bull Identification concerteacutee des 6 sites eacutecoles issue des missions drsquoavril-mai 2019

bull Reacutealisation de la Planifications participatives drsquoameacutenagement dans les 06 sites eacutecoles reacutealiseacutee en juillet 2019

bull Formulation des propositions techniques issue de la planification participative et valideacutees ensemble avec les acteurs concerneacutes

bull Formation des acteurs concerneacutes y compris les ONG drsquoaccompagnement reacutealiseacutee en Aoucirct et deacutebut septembre 2019

bull Enquecircte pour la compreacutehension du fonctionnement des meacutenages et pour la situation T0 de suivi-eacutevaluation reacutealiseacutee en deacutecembre 2019

bull Appui et accompagnement des techniciens des ONG agrave la mise en place des cultures de grande saison dans les zones drsquointervention du projet PROSOL reacutealiseacutee en deacutecembre 2019

bull Suivi en cours de culture pour le renforcement

de capaciteacutes des techniciens et les eacutechanges avec les paysans reacutealiseacutees en feacutevrier 2020

Drsquoautres interventions du GSDM sont eacutegalement preacutevues dans le cadre de ce projet entre autres

bull Lrsquoeacutevaluation qualitative des reacutealisations avant reacutecolte

bull La seacutelection des paysans multiplicateurs de semences (choix de parcelles formation sur les principes et les eacutetapes cleacutes de la production de semences jusqursquoaux opeacuterations post-reacutecolte)

bull Les appuis aux DRAEP sur les mesures et estimations de rendements

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Le GSDM accompagne le Projet ATASEF dans la mise en place de champs eacutecole en Agro-eacutecologie dans le District drsquoAnkazobe

Le GSDM a eacuteteacute mandateacute par l Organisation de Soutien pour le Deacuteveloppement Rural

agrave Madagascar de la Fondation AGA KHAN (OSDRM) (convention de service Ndeg2019_DecaTD-002 du 26 novembre 2019) pour appuyer et accompagner lrsquoeacutequipe du projet ATASEF en vue de la mise en place des champs eacutecoles paysans ou CEP agro-eacutecologiques dans le district drsquoAnkazobe Le Projet ATASEF ou laquo Appui agrave la Transition Agroeacutecologique par la Seacutecurisation Economique et Fonciegravere raquo est un projet financeacute par lrsquoAFD dans le cadre de la Faciliteacute drsquoInnovation Sectorielle pour les ONG (FISONG) Lrsquoobjectif principal du projet consiste agrave reacuteduire la pauvreteacute et la vulneacuterabiliteacute des meacutenages agricoles de la Zones drsquoInvestissement Agricole (ZIA) drsquoAnkazobe Parmi les activiteacutes preacutevues pour les beacuteneacuteficiaires figurent notamment lrsquoinitiation et lrsquoaccompagnement agrave lrsquoagroeacutecologie et la mise en œuvre des ameacutenagements

Un des principaux enjeux sur lequel le projet se base dans ses actions est que laquo lrsquoinseacutecuriteacute fonciegravere constitue un frein agrave lrsquoameacutelioration de la production agricole la non mise en valeur de terres mecircme propices agrave lrsquoagriculture et qui constitue aussi agrave son tour un obstacle agrave leur seacutecurisation fonciegravere formelle raquo

Dans ce cadre le projet vise agrave donner aux meacutenages lrsquoopportuniteacute de seacutecuriser leurs droits fonciers sur des terrains qursquoils devront mettre en valeur ameacutenager et exploiter en suivant des techniques agro-eacutecologiques et agroforestiegraveres

Les objectifs speacutecifiques du Projet consistent agrave bull Contribuer au deacuteveloppement drsquoune activiteacute

agro-sylvo-pastorale seacutedentaire dans la ZIA par la promotion de lrsquoagro-eacutecologie et lrsquoadaptation au changement climatique

bull Renforcer le rocircle socioeacuteconomique des meacutenages de la ZIA

bull Et seacutecuriser le capital foncier des meacutenages de la ZIA Les groupes cibles du projet sont les meacutenages extrecircmement pauvres (vivant avec moins de 1 USD par jour et par personne) et vulneacuterables

LrsquoAgro-eacutecologie est inteacutegreacute dans les ProjetsProgrammes

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Le Projet dAppui agrave la transition Agro-eacutecologique par la seacutecurisation eacuteconomique et fonciegravere (ATASEF) srsquoeacutetale sur 3 ans de 2017 agrave 2020 et preacutevoit agrave terme i) la seacutecurisation fonciegravere par voie de certification de 450 Ha de terrains dans les Communes de Kiangara et Tsaramasoandro dans la partie Nord du district drsquoAnkazobe et dans la limite mecircme de la reacutegion drsquoAnalamanga (limitrophe avec la reacutegion de Betsiboka) et ii) un accompagnement technique et socio-organisationnel dans le processus de mise en valeur drsquoameacutenagement et drsquoexploitation des terres de 225 meacutenages vulneacuterables beacuteneacuteficiaires

Drsquoapregraves le document du Projet les activiteacutes srsquoorientent sur bull Lrsquoappui agrave lrsquoorganisation des producteurs

structureacutes en Groupes drsquoEpargne Communautaire ou GEC

bull Lrsquoinstallation la seacutecurisation fonciegravere et lrsquoinclusion financiegravere des meacutenages par la promotion des chaicircnes de valeur et lrsquoagriculture contractuelle avec la culture du taro (Saonjo) qui se complegravetent au systegraveme de riziculture

bull Lrsquoappui agrave lrsquointensification Agroeacutecologique et agrave lrsquointeacutegration eacuteconomique

Lrsquoobjectif principal de lrsquointervention du GSDM consiste donc agrave appuyer et accompagner lrsquoeacutequipe du projet ATASEF pour la mise en place des champs eacutecoles paysans ou CEP agroeacutecologiques dans le district drsquoAnkazobe

Les objectifs speacutecifiques sont de bull Reacutealiser un diagnostic de terrain pour mieux

comprendre les enjeux et les contraintes locaux et mieux orienter les propositions ainsi que les strateacutegies de mise en œuvre

bull Concevoir et mettre en œuvre des techniques drsquoagroeacutecologie agrave appliquer dans les cinq villages au niveau des communes rurales de Kiangara et de Tsaramasoandro

bull Former et accompagner les techniciens drsquoencadrement

bull Appuyer les techniciens agrave la mise en place de champs eacutecoles paysans permettant la diffusion de cette innovation

bull Former les paysans membres de GEC au

niveau des champs eacutecoles paysans et au travers des visites eacutechanges au niveau des sites agroeacutecologiques du GSDM dans la reacutegion du Vakinankaratra (Ivory Mandoto) et au sein du projet MANITATRA 2

Le diagnostic sur terrain a eacuteteacute meneacute par deux agents du GSDM en particulier de l Agroeacuteconomiste et du Responsable enquecircte et BDD les 6 et 7 deacutecembre 2019

Sur terrain les observations du milieu les enquecirctes focus group les enquecirctes aupregraves des meacutenages agricoles et lrsquoeacutelaboration drsquoune typologie des meacutenages agricoles ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau de cinq Champs eacutecoles paysans ou CEP choisis par le projet Il srsquoagit de 4 CEP dans la commune de Kiangara dont Tsarafara de Bemasoandro drsquoAnosimbary et drsquoAntsahalava et drsquoun CEP agrave Vohitsara dans la commune de Tsaramasoandro

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La formation en Agro-eacutecologie en faveur des agents a eacuteteacute reacutealiseacutee du 7 au 9 janvier 2020 et lrsquoappui et accompagnement des techniciens agrave la mise en place des champs eacutecoles du 21 au 23 janvier 2020 Lrsquoobjectif de la formation est de permettre aux techniciens d assurer la formation et lrsquoaccompagnement des beacuteneacuteficiaires sur les pratiques Agro-eacutecologiques dans les zones drsquointervention du projet Huit (8) participants ont assisteacute agrave la formation dont le Responsable de Programme Reacutegional OSDRM le chef de projet ATASEF 2 animateurs et 4 agents de terrain du projet ATASEF

Les geacuteneacuteraliteacutes en matiegravere drsquoAgro-eacutecologie et les pratiques adapteacutees dans les zones drsquointervention du projet ATASEF ont eacuteteacute preacutesenteacutees et discuteacutees durant la formation theacuteorique en salle Pour cette premiegravere session lrsquoembocagement et les bandes veacutegeacutetales lrsquoassociation et la rotation des cultures les composts et la lutte biologique lrsquoagroforesterie ont eacuteteacute deacuteveloppeacutes durant 4 jours de formation en salle Les travaux pratiques ont eacuteteacute reacutealiseacutes agrave Bemasoandro commune Kiangara et agrave Vohitsara commune Tsaramasoandro Lrsquoorganisation de lrsquooccupation de lrsquoespace et de la mise en place des cultures sur les diffeacuterentes parties du terrain ont eacuteteacute discuteacutees Le renforcement de quelques pieds des plants deacutejagrave planteacutes sur des lignes de courbe de niveau (Khaya Paulownia et Acacia) a eacuteteacute effectueacute sur un terrain de plus de 2 hectares agrave Bemasoandro Outre la mise au point sur la technique de traccedilage des courbes de niveau les avantages de lrsquoinstallation des plantes de couverture dans les cultures deacutejagrave en place ont eacuteteacute expliqueacutes aux techniciens et aux agriculteurs preacutesents agrave Vohitsara Lrsquo Appui et lrsquoaccompagnement des techniciens

du projet ATASEF agrave la mise en place des CEP et lrsquoinstallation des plantes ameacuteliorantes de fertiliteacute (leacutegumineuses) dans les cultures deacutejagrave en place au niveau des agriculteurs beacuteneacuteficiaires sont encore preacutevus avant la fin du mois de janvier 2020 Par ailleurs lrsquoappui conseil sur lrsquoameacutelioration du fumier la fabrication de composts et la lutte agro-eacutecologique seront eacutegalement preacutevus pour cette campagne culturale 2019-2020

Des actions de communication de masse pour accompagner la diffusion de lrsquoAgro-eacutecologie

Les actions de communication accompagnent la mise agrave lrsquoeacutechelle

de la diffusion des techniques ainsi que lrsquoanimation et la sensibilisation en Agro-eacutecologie Elles se traduisent par la valorisation des acquisexpeacuteriences au travers de la conception et lrsquoeacutedition des supports de communication adapteacutes aux diffeacuterentes cibles du GSDM Il srsquoagit essentiellement des eacutemissions radioteacuteleacute des films et des supports de formation de la gestion des reacuteseaux sociaux de lrsquoeacutedition des journaux et revues de la participation aux ateliers strateacutegiques aux eacutevegravenements promotionnels et autres plateformes drsquoanimation tant sur le plan national qursquointernational Derniegraverement le GSDM a participeacute dans le guide de lrsquoenvironnement du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable (MEDD) le magazine Mahavokatse du MAEP et de lrsquoagenda 2020 du MAEP

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Production et acquisition de fumure organique pour la gestion de la fertiliteacute des sols par les exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice (CIRADAIDA) RAZANAKOTO

Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina (GSDMMontpellier SUPAGRO)

RECHERCHES

1 Introduction

Dans le ndeg8 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait la diversiteacute et lrsquoimportance

des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols agrave partir des reacutesultats obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Les aspects concernant la fumure organique nrsquoavaient eacuteteacute qursquoeffleureacutes ils sont traiteacutes dans cet article qui preacutesente les reacutesultats obtenus sur les mecircmes exploitations agricoles familiales (EAF) du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Pour plus drsquoinformations sur le projet Secure et sur les aspects mateacuteriels et meacutethodes le lecteur est inviteacute agrave consulter le ndeg8 de JAE et le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats preacutesenteacutes sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

Les fertilisants organiques produits par les EAF des zones drsquoeacutetude sont divers Les fumiers sont les plus importants en lien avec les animaux de lrsquoexploitation (bovins porcs volailles lapins)

le systegraveme drsquoeacutelevage et les techniques de production En plus de ces fumiers utiliseacutes purs ou meacutelangeacutes il existe des laquo composts raquo traditionnels fabriqueacutes avec les ordures meacutenagegraveres des cendres etou autres matiegraveres organiques ajouteacutees (ces fumures sont appeleacutees zezi-pako et zezi-davenona) et aussi des composts dont la production suit les techniques diffuseacutees dans le cadre de programmes de deacuteveloppement Les EAF peuvent eacutegalement avoir recours au marcheacute de la fumure organique pour augmenter la disponibiliteacute (acheter ou eacuteventuellement eacutechanger) mais aussi pour vendre

La production et lrsquoacquisition de fumures organiques sont caracteacuteriseacutees ici dans leur diversiteacute Lrsquoanalyse des pratiques montre les logiques suivies par les EAF La variabiliteacute observeacutee est forte notamment en terme de quantiteacutes disponibles qui suggegravere une gamme de propositions adapteacutees de la part de la recherche et du deacuteveloppement pour ameacuteliorer ces pratiques qui sont la clef de voute de la gestion de la fertiliteacute des sols et de la durabiliteacute des systegravemes de culture

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2 La fumure organique produite dans Les EAF

La production de fumure organique (FO) a eacuteteacute eacutevalueacutee1 pour lrsquoanneacutee enquecircteacutee (2016) Toutes les EAF en ont produit sauf trois (moins de 1) qui nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux2 durant toute lrsquoanneacutee et qui nrsquoont pas valoriseacute leurs ordures meacutenagegraveres sous forme de compost

21 Quantiteacutes et composition

Parmi les types de FO (Figure 1) on note lrsquoimportance du fumier meacutelangeacute les exploitations qui ont plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage meacutelangent souvent les deacutejections qui fermentent ensemble dans le parc agrave bœuf ou pendant leur stockage dans une fosse ou simplement en tas Souvent les exploitants y ajoutent les deacutechets meacutenagers des cendres et dans certains cas drsquoautres reacutesidus de culture ou deacutechets (voir infra) Crsquoest donc un produit fertilisant dont la composition et la qualiteacute varient fortement drsquoune EAF agrave une autre

La production moyenne annuelle de FO par EAF (Figure 1) est plus importante dans la zone drsquoArivonimamo (217 tonnes) que dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra (187 tonnes) Les constituants principaux sont le fumier meacutelangeacute et le fumier de bovins qui agrave eux deux repreacutesentent 72 de la FO totale agrave Mandoto et 83 agrave Arivonimamo Lrsquoeacutecart entre les deux moyennes nrsquoest pas tregraves eacuteleveacute mais il est significatif et la diffeacuterence srsquoexplique drsquoabord par un nombre drsquoanimaux drsquoeacutelevage en moyenne plus important dans la zone drsquoArivonimamo (18 bovins et 7 porcs par EAF) que dans la zone de Mandoto (14 bovins et 23 porcs) Il existe une relation lineacuteaire positive entre le nombre moyen de bovins ou la valeur du cheptel dans lrsquoEAF et la quantiteacute de FO produite (coefficients de correacutelations respectivement de 057 et 062 signification agrave 001)

Figure 1 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF selon les zones

1 On notera que cette eacutevaluation a eacuteteacute faite sur la base des deacuteclarations des exploitants agricoles avec les uniteacutes tradition-nelles que sont la charrette le sac la soubique (panier) etc Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes 250 kgcharrette (en reacutefeacuterence agrave Saint Andreacute et al 2016) 30 kgsac et 10 kgsoubique Ainsi les reacutesultats preacutesenteacutes sont des ordres de grandeur mecircme si les chiffres semblent indiquer une certaine preacutecision et si la taille conseacutequente de lrsquoeacutechantillon fait que les approximations se compensent2 Comme pour la production de FO lrsquoeacutelevage est la norme puisque seules 1 des EAF nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte On notera que le fait de ne pas avoir drsquoanimal agrave un moment donneacute ne signifie pas que lrsquoexploitation ne pratique pas lrsquoeacutelevage lrsquoabsence drsquoanimal est le plus souvent conjoncturelle et un indicateur de difficulteacutes eacuteconomiques

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Au-delagrave des diffeacuterences de quantiteacute on note lrsquoimportance du compost traditionnel (zezi-pako) agrave Mandoto avec 16 de la FO alors qursquoagrave Arivonimamo il ne repreacutesente que 1 Le zezi-pako est constitueacute essentiellement agrave partir des ordures domestiques et de veacutegeacutetaux reacutecolteacutes sur ou en dehors de lrsquoEAF (Ravonjiarison et al 2018) Il est reacuteputeacute ne pas contenir de deacutejection animale (mecircme si selon les deacuteclarations 60 des EAF en ajoute voir infra) et srsquoil en contient crsquoest en faible quantiteacute Il peut ecirctre brucircleacute surtout srsquoil contient beaucoup de veacutegeacutetaux peu deacutegradeacutes Le zezi-pako est utiliseacute plutocirct par les petites exploitations les grandes exploitations preacutefeacuterant produire du compost Les quantiteacutes de composts laquo modernes raquo ne sont pas significativement diffeacuterentes entre les zones

22 Les produits apporteacutes dans le fumier et le compost

Les produits apporteacutes pour la fabrication du fumier et du compost ont des effets sur la qualiteacute

fertilisante finale des produits Comme lrsquoindique le Tableau 1 les EAF apportent des produits divers cette pratique permet drsquoaugmenter le volume de fumier produit (Alvarez S 2012 Rasolofo L I 2017) mais aussi de produire des fumures de composition variable par rapport aux caracteacuteristiques reconnues (Ravonjiarison et al 2018)

Lrsquoapport des deacutejections animales est bien sucircr fonction des animaux sur lrsquoEAF mais aussi pour les composts (et en particulier pour le zezi-pako) des deacutejections de zeacutebus ramasseacutees sur les chemins ou parcours emprunteacutes par des animaux qui appartiennent agrave drsquoautres EAF les exploitants connaissent lrsquoimportance des deacutejections animales pour la fumure des cultures et les plus pauvres avec tregraves peu drsquoanimaux ramassent des deacutejections laquo perdues raquo Ainsi 60 des EAF qui produisent du compost ajoutent dans celui-ci des deacutejections animales

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les EAF ajoutent de nombreux produits dans la fabrication du fumier autant si ce nrsquoest plus en freacutequence que pour

le compost Pour les pailles et balles de riz la prioriteacute semble ecirctre donneacutee au fumier mecircme si la freacutequence reste eacuteleveacutee pour le compost Les EAF pratiquent avec un fort pourcentage le recyclage des reacutesidus de cultures (paille de riz balles de riz autres reacutesidus de culture) Pregraves des deux tiers des EAF ajoutent du bozaka1 et une EAF sur deux qui produit du compost ajoute des feuilles drsquoarbres

Tableau 1 Principaux produits apporteacutes pour la fabrication des fumiers ou des composts (en des EAF)

Produits apporteacutes Fumier (EAF=304)

Compost (EAF=122)

Deacutejection de bovins 70

60

Deacutejection de porcs 73Deacutejection de volailles

84

Deacutejection autres animaux

1

Paille de riz 72 60Balles de riz 51 33Reacutesidus autres cultures

43 39

Bozaka 68 60Autres herbes 17 9Feuille darbres 13 50Deacutechets meacutenagers 36 54Cendres 46 57Terre fertile Terreau

3 12

Sels 4 9Vers 0 2Autres produits 4 7

1 Nom geacuteneacuterique pour deacutesigner les laquo herbes raquo et plus particuliegraverement les gramineacutees qui couvrent pentes et sommets des collines (Andropogon eucomus Aristida adscensionis etc) (source dictionnaire malgache httpmotmalgacheorgbinsteny2) Le bozaka peut avoir eacuteteacute coupeacute ou arracheacute dans ce cas il comprend les racines et un peu de terre

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Ces produits bozaka feuilles drsquoarbres autres herbes sont pour la plupart des produits de cueillette et participent agrave une laquo gestion horizontale de la fertiliteacute raquo avec un transfert drsquoeacuteleacutements fertilisants preacuteleveacutes sur drsquoautres parties du terroir et rameneacutes sur les parcelles cultiveacutees (Rollin 1994 Andriambelomanga 2017) amplifiant le mecircme transfert reacutealiseacute par les animaux (pacircturages ou parcours fumier cultures) Les autres produits utiliseacutes notamment par les EAF qui produisent du compost sont les cendres le terreau mais aussi du sel acheteacute et dlsquoautres produits comme de la dolomie de la sciure de bois etc

23 Les motivations pour la production du compost

La production de compost est lrsquoune des techniques vulgariseacutees pour augmenter

les quantiteacutes de matiegraveres fertilisantes encourageacutees par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie Les reacutesultats de lrsquoenquecircte montrent que la moitieacute des EAF agrave Mandoto et 30 des EAF agrave Arivonimamo ont deacutejagrave cette pratique

Tableau 2 Part des EAF qui produisent du compost

Mandoto ArivonimamoCompost moderne

9 12

Compost traditionnel

41 18

Total avec compost

50 30

A Mandoto ce sont les pratiques traditionnelles de production de zezi-pako qui dominent tregraves largement On notera que si le total nrsquoest que de 50 crsquoest que quelques EAF rares toutefois font les deux types de compost A Arivonimamo certainement en raison des programmes de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la technique la part des EAF avec compost laquo moderne raquo est un peu plus eacuteleveacutee mais le compost traditionnel

est moins reacutepandu On pourrait penser que le fumier se substitue au compost crsquoest-agrave-dire qursquoune EAF qui produit du fumier abandonne la production de compost car comme mentionneacute preacuteceacutedemment les EAF apportent en grande partie les mecircmes constituants aux deux types de fumure organique En fait il nrsquoen est rien 55 des EAF qui produisent du compost agrave Mandoto ont du fumier et agrave Arivonimamo ce taux est de 82

La raison principale pour laquelle les EAF produisent du compost crsquoest drsquoabord pour augmenter la quantiteacute disponible de fertilisants (34 des EAF qui ont reacutepondu) ou beacuteneacuteficier des effets en augmentant la production (11) et en ameacuteliorant la fertiliteacute des sols (9) On note tout de mecircme que 25 des EAF ont reacutepondu que crsquoeacutetait parce qursquoelles nrsquoavaient pas de fumier (et le taux est plus eacuteleveacute agrave Mandoto) Enfin 9 des EAF ont eacutevoqueacute le coucirct moindre du compost par rapport aux autres fertilisants et 12 ont donneacute des raisons que lrsquoon peut rattacher agrave une meilleure agronomie le zezi-pako est meilleur que le fumier car brucircleacute il ne transmet pas les maladies ou les graines de mauvaises herbes la cendre du zezi-pako a de nombreux avantages (notamment dans la lutte contre les ravageurs sur les peacutepiniegraveres) le compost est meilleur que les engrais pour les sols etc

Pour les EAF qui produisent du compost les contraintes principales sont pour 38 des EAF qui ont reacutepondu le temps de travail neacutecessaire (notamment pour ramasser les feuilles drsquoarbres le bozaka etc) et pour 35 des EAF la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres On notera que pour 12 des EAF il nrsquoy a pas de veacuteritable limite agrave la production de compost Enfin pour les 16 drsquoEAF restantes ces limites sont diverses lrsquoeau pour lrsquoarrosage du compost (5) mais aussi la treacutesorerie pour acheter le bozaka ou payer la main drsquoœuvre pour ramasser des matiegraveres premiegraveres le risque drsquoincendie etc

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24 Une production de FO tregraves variable selon les EAF

Malgreacute les apports sur le fumier et la production de compost la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF est faible en valeur absolue et surtout comme indiqueacute preacuteceacutedemment on observe une grande diversiteacute de situation entre les EAF avec un coefficient de variation de lrsquoordre de 90 dans les deux zones Les graphiques de la Figure 4 (voir infra la FO produite est en bleu) illustrent cette grande variabiliteacute avec des profils diffeacuterents selon les zones

Dans la zone de Mandoto comme deacutejagrave indiqueacute il y a une forte proportion drsquoEAF avec peu de fumure organique produite (plus de la moitieacute des EAF produisent moins de 15 tonnes) en raison du faible nombre drsquoanimaux et drsquoune production de compost qui reste peu importante Et ces EAF produisent environ frac14 de la fumure totale produite dans le terroir

Dans la zone drsquoArivonimamo la part des EAF avec moins de 15 tonnes est leacutegegraverement moindre (48) mais la FO produite pour lrsquoensemble de ces EAF nrsquoest que de 14 Donc un peu moins drsquoEAF mais une quantiteacute de FO produite tregraves faible On peut mettre cette diffeacuterence entre les deux zones au creacutedit de la production de compost traditionnel les EAF sans animaux sont plus importantes agrave Mandoto mais ces EAF pour compenser produisent du zezi-pako et en final sont moins deacutemunies que les EAF drsquoArivonimamoA lrsquoautre extreacutemiteacute des graphiques la part des EAF avec plus de 5 tonnes est faible agrave Mandoto agrave peine 4 des EAF et qui cumulent 6 de la FO produite totale Dans la zone drsquoArivonimamo la part de ces EAF est nettement plus importante (9) et surtout elles cumulent 29 de la FO Si on regroupe les deux derniegraveres classes la part des EAF avec plus de 3 tonnes agrave Arivonimamo est de 25 et ces EAF cumulent 58 de la FO agrave Mandoto elles sont 17 et cumulent 43 de la FO totale dans le terroir Ainsi si agrave Arivonimamo la production de FO moyenne par EAF est

supeacuterieure les ineacutegaliteacutes entre les EAF sont aussi plus importantes

3 La fumure organique disponible par EAF

La fumure organique disponible dans une EAF est en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les

fumiers produits la fabrication de composts mais aussi des eacutechanges

31 Les eacutechanges de fumure organique

Sur les Hautes Terres les eacutechanges de fumures organiques sont freacutequents que ces eacutechanges

soient marchands (achat vente) ou non (troc ou don)

Tableau 4 Part des EAF qui eacutechangent de la FO

Opeacuteration sur FO

Mandoto Arivonimamo

Ensemble 60 88- dont Achat 30 74- dont Vente 18 19- dont Troc 22 24

Comme le montre le Tableau 4 crsquoest une large majoriteacute des EAF qui eacutechangent de la fumure organique A Arivonimamo la pratique est presque geacuteneacuteraliseacutee avec 88 des EAF qui sont concerneacutees par au moins une opeacuteration drsquoentreacutee ou de sortie de FO

Si les opeacuterations drsquoeacutechanges non moneacutetariseacutes (troc ou don) et les ventes concernent agrave peu pregraves le mecircme pourcentage drsquoEAF dans les deux zones la diffeacuterence est forte en ce qui concerne les achats puisque agrave Arivonimamo ce sont presque 3 EAF sur 4 qui achegravetent de la FO Dans cette zone ougrave les productions maraichegraveres sont importantes les EAF sont agrave la recherche de fumure organique en termes de quantiteacutes pour augmenter le disponible mais aussi de qualiteacute (fumiers de porcs ou de volailles)

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Pour les eacutechanges sous forme de troc la fumure organique est eacutechangeacutee contre du travail (travail manuel ou prestation par exemple labour ou transport) contre de la paille de riz ou autres matiegravere organique (certainement pour produire du fumier) des semences (de riz ou maiumls) etc Les dons sont faits aux membres de la famille (le plus souvent des parents vers les enfants) mais aussi au meacutetayer voire agrave des voisins moins bien doteacutes Il y a donc un marcheacute de la fumure organique entre EAF drsquoune zone donneacutee mais aussi avec des EAF ou drsquoautres deacutetenteurs dans des zones plus eacuteloigneacutees Ainsi agrave Arivonimamo quelques EAF ont pu acqueacuterir des deacutechets urbains et beaucoup ont acheteacute du fumier en provenance drsquoeacutelevages speacutecialiseacutes

Tableau 5 Prix moyen en Ariary drsquoune charrette de fumure organique

Mandoto ArivonimamoNbre PU moyen Nbre PU moyen

Fumier de zeacutebu 179 5 809 225 16 158Fumier meacutelangeacute 49 4 837 88 13 286Fumier de porc 5 36 000 115 41 137Fumier de volaille 3 25 000 80 49 283Compost 8 18 333Zezi-pako 29 4 500

Les prix pour une charrette1 sont tregraves diffeacuterents entre les deux zones Et on peut penser qursquoagrave Arivonimamo le marcheacute de la fumure organique est laquo tendu raquo avec une forte demande et peu de fumure localement commercialiseacutee pour y reacutepondre Cette situation a des conseacutequences sur les prix avec comme lrsquoindique le Tableau 5 des prix tregraves eacuteleveacutes agrave Arivonimamo environ 3 fois plus eacuteleveacutes qursquoagrave Mandoto Ces prix ont eacuteteacute calculeacutes agrave partir des deacuteclarations de vente ou drsquoachat par les producteurs Lrsquoeffectif (Nbre) est le nombre de charrettes sur lequel a eacuteteacute calculeacute le prix moyen La part des achats est bien sucircr beaucoup plus eacuteleveacute et le plus souvent ce prix inclut le transport ce qui nrsquoest pas un eacuteleacutement neacutegligeable notamment agrave Arivonimamo ougrave la fumure provient drsquoeacutelevages relativement eacuteloigneacutes La charrette de fumier de porc ou de volaille est nettement plus chegravere que le fumier de zeacutebus ou de fumier meacutelangeacute Mais ce sont ces deux types de fumier qui sont les plus commerceacutes en quantiteacute

On notera que le pourcentage des EAF qui achegravetent est nettement supeacuterieur agrave celui des EAF qui vendent Les eacutechanges pourraient srsquoeacutequilibrer au niveau du territoire (le fokontany) par les quantiteacutes avec des EAF qui vendraient de grandes quantiteacutes et des EAF qui achegraveteraient de petites quantiteacutes En fait dans notre eacutechantillon (tireacute au sort et donc avec autant de chances de tirer un vendeur qursquoun acheteur) les eacutechanges ne srsquoeacutequilibrent pas et les quantiteacutes vendues ne repreacutesentent que 38 des quantiteacutes acheteacutees agrave Mandoto et seulement 22 agrave Arivonimamo Ainsi globalement les EAF achegravetent des fumures organiques agrave des exploitations agricoles drsquoautres fokontany et ceci est particuliegraverement reacutepandu agrave Arivonimamo avec des EAF qui achegravetent aux eacutelevages de poulets de chair de poules pondeuses ou de porcs proches de la ville drsquoImerintsiatosika

1 Aucune information nrsquoa eacuteteacute collecteacutee sur le poids des charrettes car le travail aurait eacuteteacute trop lourd agrave reacutealiser Ce poids deacutepend du niveau de remplissage mais aussi et beaucoup de la qualiteacute de la fumure organique Comme deacutejagrave indiqueacute pour faire les conversions nous avons utiliseacute le poids de 250 kg par charrette pour couvrir tous les types de fumure et eacuteviter les surestimations Certains pourront consideacuterer ce poids comme sous-estimeacute

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Figure 2 Evolution de la fumure moyenne produite par EAF

La fumure produite dans une EAF nrsquoest pas la fumure disponible celle-ci eacutevolue en fonction

des eacutechanges La Figure 2 preacutesente la situation moyenne drsquoune EAF selon la zone On constate que la quantiteacute de fumure disponible pour les cultures (apregraves entreacutees et sorties) est en moyenne plus importante que la fumure produite (voir aussi Tableau 6) Ainsi agrave Arivonimamo la fumure disponible passe agrave 29 tonnes par EAF alors que la quantiteacute produite est de lrsquoordre de 22 tonnes A Mandoto lrsquoeacutecart nrsquoest pas si important mais reste significatif avec respectivement 21 et 19 tonnesAinsi on peut deacuteduire de ces donneacutees que la strateacutegie des EAF est drsquoaugmenter la production de fumure organique sur lrsquoEAF (eacutelevage compost) mais aussi drsquoaugmenter la fumure organique disponible pour fertiliser les parcelles en achetant sur le marcheacute ou en srsquoapprovisionnant agrave travers

des eacutechanges non marchands Et cette strateacutegie est particuliegraverement dominante agrave ArivonimamoMais ces tendances geacuteneacuterales cachent de fortes dispariteacutes Ainsi les 3 EAF qui nrsquoavaient pas produit de FO en ont obtenu par achat et troc mais 4 EAF ont ceacutedeacute toute leur fumure organique Ainsi il y a toujours environ 1 de lrsquoeacutechantillon qui nrsquoa pas de FO disponible

32 Quantiteacutes disponibles et variabiliteacute

Ainsi lrsquoEAF moyenne a augmenteacute sa disponibiliteacute en FO dans les deux zones

(Figure 2 et Tableau 6) La composition (Figure 4) a eacutevolueacute par rapport agrave la FO produite (Figure 1) et ceci plus particuliegraverement agrave Arivonimamo Dans cette zone la part du fumier meacutelangeacute a fortement diminueacute (passant de 47 agrave 33) comme mais dans une moindre mesure celle du fumier bovin et ce sont les fumiers agrave base de deacutejections de porcs ou de fiente de volaille qui ont fortement progresseacute passant de 8 agrave 16 On note eacutegalement la progression du type autre FO qui est passeacute de 3 agrave 6 en lien avec lrsquoacquisition de deacutechets ou boues urbaines

Figure 3 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique disponible par EAF selon les zones

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A Mandoto les changements sont mineurs et concernent la reacutepartition entre fumier meacutelangeacute et fumier bovin ce dernier type progresse au deacutetriment du fumier meacutelangeacute Ceci srsquoexplique par le fait que les eacutechanges et en particulier moneacutetaires concernent le fumier de bovin et peu le fumier meacutelangeacute

Mais mecircme si on enregistre quelques eacutevolutions ce sont toujours le fumier de bovin et le fumier meacutelangeacute qui sont les fumures organiques les plus importantes car ils repreacutesentent plus de 70 des quantiteacutes moyennes disponibles au niveau de lrsquoEAF moyenne

Comme pour la fumure produite la fumure disponible par EAF est tregraves variable La variabiliteacute a mecircme augmenteacute avec des coefficients de variation autour de la moyenne un peu plus eacuteleveacutes pour la FO disponible Mais le recours au marcheacute et les eacutechanges non marchands ont fait fortement eacutevoluer la reacutepartition de la fumure organique entre les EAF La Figure 4 illustre ces eacutevolutions contrasteacutees selon les zones

Figure 4 Evolution de la reacutepartition des EAF et de la FO selon des classes de quantiteacutes de FO produite et disponible en tonnes

A Mandoto lrsquoeacutevolution nrsquoest pas tregraves importante les pourcentages drsquoEAF progressent en mecircme temps que les classes de quantiteacute de FO mais de maniegravere tregraves modeacutereacutee Le recours aux eacutechanges nrsquoentraicircne pas de modification spectaculaire dans le profil des graphiques que cela soit pour la reacutepartition des EAF ou pour la reacutepartition de la FO la part des EAF avec moins 05 tonne diminue de 18 agrave 15 et crsquoest la classe de 05 agrave 15 tonnes qui progresse de 3 la part des EAF les mieux pourvues (plus de 5 tonnes) progresse mais tregraves faiblement aussi

A Arivonimamo les changements sont beaucoup plus importants La part des EAF avec moins de 05 tonne diminue pour passer de 22 avec la fumure produite agrave seulement 9 pour la fumure disponible Ainsi la plus grande partie des EAF les moins pourvues se sont procureacutees de la FO sur le marcheacute ou par le troc car pour les cultures maraichegraveres il est indispensable drsquoavoir de la fumure organique Et ce sont les classes avec de plus grandes quantiteacutes de FO qui ont progresseacute de maniegravere remarquable

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les EAF avec plus de 3 tonnes sont passeacutees de 25 agrave 42 et la fumure que cumulent ces EAF est passeacutee de 58 agrave 73 La progression tregraves forte des EAF les mieux pourvues srsquoest tout de mecircme traduite par une concentration au niveau de ces EAF

33 Quantiteacute de fumure organique et surface

Lrsquoimportance de la fumure organique drsquoune EAF ne peut ecirctre appreacutecieacutee qursquoen fonction de la superficie agrave cultiver qui elle-mecircme deacutepend de la Surface Agricole Utile disponible par EAF Celle-ci varie selon la zone avec environ 15 ha agrave Mandoto et 09 ha agrave Arivonimamo

Tableau 6 Superficie et quantiteacutes moyennes par EAF

Variables par EAF Mandoto Arivonimamo

Moyenne CV Moyenne CVSAU (ha) 148 88 091 82FO produite (tonne) 187 90 218 92

FO disponible (tonne) 213 102 290 78

FO disponible (tonneha) 169 84 367 66

La quantiteacute de fumure disponible est en relation lineacuteaire avec la SAU les coefficients de correacutelation entre ces deux variables sont relativement eacuteleveacutes avec +076 agrave Mandoto et +059 agrave Arivonimamo et significatifs agrave 001 Dans les deux zones ces coefficients sont supeacuterieurs agrave ceux qui lient les variables de cheptel (nombre de bovins et valeur totale du cheptel) et les variables de SAU ainsi on peut en deacuteduire que cette relation entre quantiteacute de FO et surface nrsquoest pas seulement fonction des animaux disponibles mais bien dlsquoune strateacutegie des EAF une laquo strateacutegie de construction de la fertiliteacute raquo des sols (NrsquoDieacutenor et al 2011)

Figure 5 Nuages de points entre SAU et FO disponible pour chaque zone

Quand on ramegravene la quantiteacute de fumure organique disponible par ha de SAU la zone Arivonimamo apparaicirct nettement mieux pourvue avec pregraves de 35 t ha de SAU alors qursquoagrave Mandoto ougrave les EAF ont moins de FO disponible et plus de surface la moyenne est de 21 tonneha

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Les graphiques en nuage de points mettent en eacutevidence cette relation Les coefficients Rsup2 ne sont pas tregraves eacuteleveacutes ce qui signifie que la SAU disponible agrave elle seule nrsquoexplique pas tregraves bien la variabiliteacute observeacutee A Mandoto il y a quelques points atypiques (par exemple un producteur avec une superficie assez faible et beaucoup de fumure parce que le cheptel est important) mais la reacutegression semble repreacutesenter assez bien la situation la FO disponible est eacutegale agrave 125 fois la SAU + 03 tonnes

A Arivonimamo la reacutepartition des points est assez atypique et il semble exister deux groupes de producteurs avec des strateacutegies diffeacuterentes le premier en rouge dans le graphique vise une quantiteacute importante de FO par uniteacute de surface (35 fois la superficie plus 125 tonnes) alors que le second se rapproche de la situation de Mandoto et semble rechercher une quantiteacute de FO qui repreacutesente 15 fois la SAU + 01 tonne

Pour expliquer ces diffeacuterences entre les deux groupes il faut rechercher du cocircteacute des cultures pratiqueacutees avec pour le premier groupe des surfaces en cultures maraichegraveres plus importantes et avec pour le second un assolement beaucoup plus traditionnel (ces aspects seront analyseacutes dans le prochain article)

Ces quantiteacutes moyennes semblent cependant insuffisantes pour renouveler la fertiliteacute des sols cultiveacutes car selon les travaux de P Garin meneacutes il est vrai dans la zone du Lac Alaotra il faudrait 4 tonneshaan en moyenne de fumier pailleux neacutecessaire (Garin 1998 citeacute par Dubois 2004) pour restituer au sol la bonne quantiteacute de matiegravere organique contrebalanccedilant la mineacuteralisation de la matiegravere organique due aux cultures

Mais nombre de producteurs notamment dans la zone dArivonimamo ajoutent agrave la fumure organique des engrais mineacuteraux Ce point sera traiteacute dans le prochain numeacutero de JAE avec un article sur les strateacutegies drsquoutilisation de la fumure organique et mineacuterale

34 La qualiteacute fertilisante des fumiers

Dans le cadre du mecircme projet de recherche Secure des eacutechantillons de fumures

organiques destineacutees agrave la culture de riz pluvial ont eacuteteacute preacuteleveacutes dans 40 fermes de reacutefeacuterence (20 dans chacune des zones) pour la campagne culturale 2018-2019 Une quantiteacute drsquoenviron 700 cm3 a eacuteteacute preacuteleveacutee sur les parcelles au moment de la mise en place de la culture du riz Ces eacutechantillons ont eacuteteacute analyseacutes et les reacutesultats donnent une indication de la qualiteacute moyenne des fumiers produits et utiliseacutes dans les zones

Tableau 3 Qualiteacute des fumiers utiliseacutes (en de la matiegravere segraveche)

Zone pH N P KMandoto 86 11 03 18Arivonimamo 82 10 07 13

Avec des pH supeacuterieurs agrave 8 les fumiers permettent de corriger laciditeacute des sols (qui ont souvent des pH de deacutepart autour de 5) par leur pouvoir alcalinisant et dameacuteliorer dans la dureacutee les sols pour les rendre plus favorables aux cultures exigeantes comme le maiumls le soja le haricot les cultures maraichegraveres etc

La qualiteacute selon les trois principaux eacuteleacutements (N=Azote P=Phosphore et K=Potassium) peut ecirctre ainsi commenteacutee

bull N les teneurs moyennes en azote sont plutocirct faibles dans les 2 zones mettant en lumiegravere la neacutecessiteacute de mieux conserver cet eacuteleacutement tregraves mobile par dallage couverture rajout de pailles de riz ou de fanes de leacutegumineuse pour stockage de lurine Toutes les plantes ont besoin drsquoazote

bull P une teneur en phosphore nettement plus eacuteleveacutee agrave Arivonimamo en raison dassociations de deacutejections agrave base de volaille et de porc (dont une partie est acheteacutee voir infra) Mais ces teneurs sont faibles alors que lrsquoinsuffisance des sols en phosphore est tregraves souvent un des principaux facteurs limitant pour les cultures

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La FO avec ses faibles teneurs en P est de maniegravere geacuteneacuterale insuffisante pour lever ce facteur limitant

bull K les teneurs en potassium sont relativement eacuteleveacutees dans les deux zones par concentration des pailles par lrsquoajout de cendres de balles de riz ou de balles de riz en lrsquoeacutetat Le potassium est important notamment pour les cultures fruitiegraveres et maraicircchegraveres

Pour appreacutecier la qualiteacute en terme de nutrition des plantes on peut comparer les apports du fumier agrave ceux drsquoun engrais NPK 112216 (utiliseacute couramment dans la reacutegion) Le fumier moyen entre les deux reacutegions agrave des teneurs que lrsquoon peut arrondir agrave 1N 05P 15K en matiegravere segraveche (MS) ainsi en faisant simplement le rapport avec les des analyses 1 kilogramme drsquoengrais eacutequivaut pour N agrave 11 kgfumier MS pour P agrave 44 kgfumier MS et pour K agrave 11 kgfumier MS

Pour se rapprocher des pratiques paysannes il faut faire la comparaison avec des matiegraveres fraicircches et en uniteacute traditionnelle Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes le poids en MS eacutequivaut agrave 50 du poids en matiegravere fraiche une charrette de fumure organique pegravese1 250 kg Ainsi une charrette de fumier de faible qualiteacute eacutequivaut pour N agrave 11 kg pour P agrave 3 kg et pour K agrave 12 kg de lrsquoengrais NPK (112216) utiliseacute pour la comparaison

Si on fait la comparaison en termes de prix avec le kilogramme drsquoengrais agrave 2 200 Arkg (prix de 2019) et une charrette agrave 10 000 Ar lrsquouniteacute fertilisante coucircte avec lrsquoengrais environ 4 500 Ar et 2 700 Ar avec la charrette de fumier Ainsi lrsquoapport de FO est nettement plus inteacuteressant sur le plan eacuteconomique et ceci drsquoautant plus que la fumure est autoproduit valorisant ainsi lrsquoeacutelevage

1 Comme deacutejagrave indiqueacute le poids de la charrette varie for-tement selon le volume de remplissage et la qualiteacute du fumier Avec du fumier de bonne qualiteacute une charrette peut peser 400 kg voire plus mais avec du fumier de mauvaise qualiteacute ou du zezi-pako le poids peut descendre nettement en dessous des 250 kg Pour prendre en compte lrsquoensemble des types de fumure or-ganique nous avons adopteacute le poids moyen de 250 kgcharrette (notamment en reacutefeacuterence agrave Saint-Andreacute et al 2016)

etou le travail familial Cet amendement a aussi de nombreuses autres qualiteacutes que nrsquoa pas lrsquoapport drsquoengrais mineacuteraux avec des effets sur la structure et la faune du sol lrsquoapport drsquoeacuteleacutements fertilisants secondaires et des utilisations agronomiques inteacuteressantes (par exemple pour ameacuteliorer la leveacutee des cultures)

Ces calculs ont eacuteteacute faits avec des reacutefeacuterences moyennes plutocirct deacutefavorables agrave la FO (notamment le poids de la charrette) or les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de la qualiteacute et de la quantiteacute du fumier produit sont nombreuses (Salgado et Tillard 2012) avec des effets positifs sur la productiviteacute de la terre et du travail (Marline 20152) Dans le cadre des fermes de reacutefeacuterence sur les deux zones des agriculteurs appuyeacutes par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie se sont engageacutes dans un processus dameacutelioration des fumures organiques et peuvent ecirctre des reacutefeacuterents pour la diffusion des techniques

4 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La fumure organique disponible dans une EAF est fonction des quantiteacutes produites (en

moyenne 217 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 187 tonnes dans le MO du Vakinankaratra) en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les pratiques de compostage Mais pas seulement car le recours au marcheacute ou au eacutechanges non marchands font eacutevoluer de maniegravere significative agrave la fois les quantiteacutes disponibles par EAF mais aussi la qualiteacute et la reacutepartition entre les EAF La FO moyenne disponible est de 29 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 21 tonnes dans le MO du Vakinankaratra Rameneacutee agrave la SAU la quantiteacute de FO disponible est 367 tonnes par ha agrave Arivonimamo et 169 tha agrave Mandoto

2 Apregraves avoir enquecircteacute trente exploitations agricoles de la reacutegion Vakinankaratra Marline conclut que laquo lrsquoadoption des pra-tiques drsquoameacutelioration de la qualiteacute du fumier ne se traduit pas par une augmentation significative du coucirct de production du fumier notamment en raison des eacuteconomies drsquoeacutechelle dans la fabrication du fumier de qualiteacute En utilisant les reacutesultats des expeacuterimenta-tions de BIOVA lrsquoeacutepandage du fumier ameacutelioreacute sur les parcelles augmenterait la productiviteacute agricole de la terre de 27 et la pro-ductiviteacute globale du travail de 23 raquo (Marline 2015)

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Les produits ajouteacutes au fumier sont nombreux et la production de compost traditionnel ou laquo moderne raquo est reacutepandue

Ainsi que cela soit en termes de pourcentage drsquoEAF inteacuteresseacutees ou en termes de motivation il y a dans ces deux zones une base solide de pratiques et de connaissances paysannes sur laquelle peut srsquoappuyer la vulgarisation de lrsquoameacutelioration de la quantiteacute et de la qualiteacute du fumier et la production de compost

La recherche a commenceacute agrave analyser la diversiteacute de ces pratiques et leurs effets sur la production Un grand nombre de matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et animales sont recycleacutees et les premiers reacutesultats montrent drsquoimportantes synergies entre elles avec des associations courantes avec les engrais

La theacutematique de la fertilisation organique est importante pour les agriculteurs de ces zones Parmi diffeacuterentes pratiques agroeacutecologiques lrsquoutilisation des FO est assez geacuteneacuteraliseacutee et les agriculteurs adoptent via ces pratiques des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute (cf paragraphe 33) Dans cette optique les accompagnements et renforcements de la part des acteurs du deacuteveloppement rural nous semblent tregraves pertinents en matiegravere drsquoaugmentation en quantiteacute et en qualiteacute Les reacutefeacuterences drsquoameacutelioration existent deacutejagrave (Salgado et Tillard 2012 Rasolofo et al 2018) Des plantes ameacuteliorantes peuvent ecirctre eacutegalement utiliseacutees agrave lrsquoeacutechelle des EAF ou du territoire On peut citer les plantes reacutepulsives qui ameacuteliorent les FO dans la lutte contre les insectes (cf reacutefeacuterences du GSDM) les Tithonia qui apportent une quantiteacute significativement importante de K compareacutes agrave diffeacuterents types de fumiers (Olabode et al 2007) etc

Lrsquoeacutetude reacutevegravele eacutegalement que lrsquoutilisation des fumiers meacutelangeacutes provenant de plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage est une pratique courante des agriculteurs dans les deux zones Lrsquoameacutelioration des conduites drsquoeacutelevage dont lrsquoalimentation la santeacute ou lrsquohabitat pourrait ainsi ecirctre une autre faccedilon de rehausser la qualiteacute fertilisante des FO encore consideacutereacutee comme faible Lrsquoameacutelioration

dans ce cas devrait concerner de plus en plus les animaux agrave cycle court tels que les volailles etou les porcs En fait crsquoest parce que lrsquoeacutelevage bovin est menaceacute par les vols alors que les EAF ont toutes au moins des volailles au sein de leur exploitation

Les agriculteurs savent que la fumure organique est la base pour une bonne gestion de la fertiliteacute des sols qursquoelle permet drsquoameacuteliorer lrsquoefficience des engrais apporteacutes et qursquoelle peut aussi jouer un rocircle de leveacutee de certaines deacuteficiences De nouveaux enjeux apparaissent comme pour le compost avec la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et un besoin de reacutefeacuterentiel technico-eacuteconomique pour faire eacutevoluer la production de zezi-pako vers un compost avec plus de qualiteacutes fertilisantes

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Les plantes de services en Agro-eacutecologie les rotations et successions des cultures leccedilons apprises du GSDM

Rakotondramanana Raharison T Randriamitantsoa M Moussa N Razanamparany C Tokiherinionja TF Sandratriniaina R R

Randriamiarana V Razaka M

Introduction

Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale les paysans pratiquent toujours des associations de cultures mais

pour la plupart il srsquoagit drsquoassociation laquo gramineacutee ndash gramineacutee raquo qui ne contribue pas du tout agrave la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols Dans le district de Mandoto par exemple lrsquoassociation maiumls + riz pluvial (41 des surfaces) manioc + maiumls (19 des surfaces) maiumls + arachide (10 des surfaces) sont les plus dominantes (RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019) A part lrsquoassociation avec lrsquoarachide ces associations nrsquoont pas beaucoup drsquointeacuterecirct dans la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et devraient changer en association gramineacutees - leacutegumineuses en utilisant les plantes de couverture agrave forte capaciteacute de reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols en plus de leurs proprieacuteteacutes eacuteprouveacutees en tant que plantes de services Lrsquoassociation du maiumls avec le haricot est tregraves courante aussi bien sur les Hautes Terres que dans le Moyen Ouest crsquoest une association ougrave lrsquoon a deux cultures alimentaires en mecircme temps mais la biomasse de la leacutegumineuse le haricot se mineacuteralise tregraves vite et nrsquoest plus visible apregraves la saison segraveche De mecircme lrsquoassociation du maiumls avec le soja est aussi tregraves freacutequent sur les Hautes Terres et surtout sur les sols volcaniques drsquoAntsirabe et de Betafo mais comme le haricot le soja se mineacuteralise tregraves vite et ne contribue pas beaucoup agrave la biomasse

Le but principal de cet article est de rappeler les principales plantes de couvertures en compleacutetant avec les acquis du GSDM dans les principales reacutegions de Madagascar ceci par rapport aux donneacutees du Manuel pratique du semis direct de Madagascar (HUSSON O et al 2013) un travail collectif sous la houlette drsquoOlivier HUSSON ougrave nous avons largement contribueacute et dont les principales informations ont eacuteteacute soit actualiseacutees soit compleacuteteacutees

Brefs aperccedilus des principales plantes de couvertures ou drsquoembocagement des parcelles

11 Le mucuna

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc) mais ses proprieacuteteacutes en agronomie nrsquoont eacuteteacute que tregraves peu documenteacutees ou sont resteacutees inconnues Pourtant cette leacutegumineuse a un tregraves grand inteacuterecirct en agronomie

Photo 1 Une bonne biomasse de mucuna

111 Une leacutegumineuse pour la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et la lutte contre le striga

Dans le site drsquoIvory sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + Mucuna varient de 468 agrave 485 tha en F1 et de 5 agrave 536tha en F2 et les rendements de maiumls en association avec le Mucuna varient de 44 agrave 487 tha en F1

1 et de 53 agrave 56tha en F2

2 Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020)

1 F1 5 tha de fumier de ferme

2 F2 F1 + 80 kgha de NPK 11- 22 ndash 16 et 25 kg ha drsquoureacutee

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Ce systegraveme bisannuel en agriculture de conservation permet drsquoobtenir des rendements stables de la production de riz et de maiumls associeacute Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans et dans les eacutecoles (CEG) appuyeacutees par le GSDM

112 Une leacutegumineuse pour lutter contre les mauvaises herbes

Photo 2 Apregraves une biomasse de mucuna (jachegravere de mucuna en haut et biomasse de mucuna associeacute avec du maiumls en bas) pas de

mauvaises herbes pour la culture suivante

113 Un reacutepulsif contre les insectes et mecircme contre drsquoautres ravageurs des cultures

Contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) LrsquoONG DURRELL qui a introduit des

associations agrave base de mucuna dans les aires proteacutegeacutees a pu observer que le mucuna limite aussi les attaques de sangliers (DURRELL 2020) Les varieacuteteacutes noires type Garadake du CTAS ou marbreacute existent mais il semble que la varieacuteteacute noire est la plus appreacutecieacutee

12 Le nieacutebeacute eacuterigeacute

Le nieacutebeacute (Vigna unguiculata subsp unguiculata) est une sous-espegravece veacutegeacutetale du Vigna unguiculata originaire drsquoAfrique Probablement introduit en Ameacuterique tropicale au XVIIegraveme siegravecle par les Espagnols le nieacutebeacute est aujourdhui largement cultiveacute dans le Sud des Eacutetats-Unis aux Caraiumlbes et au Breacutesil et bien sucircr en Afrique Les observations faites sur de longues anneacutees montrent que le nieacutebeacute eacuterigeacute David est adapteacute agrave tous les types de sols dans tous les milieux agrave Madagascar Sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute proposeacutee dans les zones humides de la Cocircte Est uniquement agrave cause de problegraveme de production de semences Comme le haricot crsquoest une leacutegumineuse alimentaire agrave cycle court mais qui exige des traitements insecticides freacutequents

Photo 3 Nieacutebeacute eacuterigeacute cv David CEG Antokofoana

Sa biomasse peu lignifieacutee se deacutegrade tregraves vite et demande agrave ecirctre associeacutee avec une biomasse lignifieacutee comme celle du maiumls ou du sorgho

Madagascar est connu pour sa production de nieacutebeacute type laquo Black eyes raquo exporteacute vers plusieurs pays mais surtout vers lrsquoinde Crsquoest la reacutegion drsquoAmbato Boeny sur les baiboho du Betsiboka qui est la reacutegion de production la plus importante

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13 Les nieacutebeacutes rampants

Les nieacutebeacutes rampants sont des varieacuteteacutes locales seacutelectionneacutes par les paysans sur de longues anneacutees en geacuteneacuteral dans les zones segraveches comme le Sud Malgache La varieacuteteacute SPLF2 seacutelectionneacutee par lrsquoONG TAFA dans la reacutegion du Sud-Ouest renommeacute actuellement FARIMASO par le CTAS ou la varieacuteteacute BABOKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy sont des exemples de nieacutebeacute rampant (ANCOS 2016) Les nieacutebeacutes rampants existent en nombre important dans les zones segraveches mais ne sont pas toutes exploiteacutees Leur gros avantage dans le couvert veacutegeacutetal reacuteside dans leur biomasse tregraves lignifieacutee donc ne se mineacuteralise pas trop vite En plus ils sont tregraves adapteacutes dans tous types de sols en zones segraveches comme ici sur la photo que nous avons prise agrave Tsihombe sur sol tregraves sableux en 2016 une anneacutee tregraves segraveche dans le Sud (RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANAJAKA J 2016

Photo 4 Nieacutebeacute rampant sur sable roux Imongy Tsihombe 2016 peacuteriode tregraves segraveche

dans le Sud

14 Le Vigna radiata

Le Vigna radiata ou Antsoroko est une leacutegumineuse comestible par lrsquohomme au mecircme titre que les nieacutebeacutes Un exemple de ce type de leacutegumineuse est la varieacuteteacute MORAMASAKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy (ANCOS 2016) Les Antsoroko sont cultiveacutes par les paysans ou sont endeacutemiques dans les reacutegions de lrsquoAndroyAnosy dans le Sud-Ouest dans les bassins seacutedimentaires du Menabe du Boeny et du Nord-Ouest donc il y a une grande possibiliteacute de seacutelection de varieacuteteacutes dans les populations existantes Dans le Boeny nous

avons pu identifier une varieacuteteacute drsquoAntsoroko agrave forte biomasse qui srsquoassocie bien avec le maiumls (RAKOTONDRAMANANA 2019)

Photo 5 Antsoroko Bongomena Commune Rurale Marovoay

15 La dolique

Le lablab (Lablab purpureus syn Dolichos lablab L Dolichos purpureus L) eacutegalement appeleacute pois antaque (ou Antaka en Malgache) ou dolique dEacutegypte est une espegravece de leacutegumineuse de la famille des Fabaceae qui est largement reacutepandu comme plante alimentaire dans les reacutegions tropicales notamment en Afrique Plante alimentaire traditionnelle en Afrique ce leacutegume peu connu preacutesente un potentiel inteacuteressant pour ameacuteliorer la nutrition renforcer la seacutecuriteacute alimentaire favoriser le deacuteveloppement rural et soutenir lameacutenagement durable du territoire Dans lrsquoAndroy la dolique est torreacutefieacutee pileacutee au

Photo 6 Dolique photo sur internet

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mortier avec le maiumls et sert de repas riche pour beaucoup de communauteacute

A Madagascar la dolique est geacuteneacuteralement cultiveacutee dans les reacutegions infeacuterieures agrave 1200 m drsquoaltitude (HUSSON O et al 2013) mais pas partout A part lrsquoAndroy et les bassins seacutedimentaires de lrsquoOuest et du Nord-Ouest la dolique se cultive sur les baiboho de la rive Est du Lac Alaotra La dolique donne une biomasse lignifieacutee qui associeacutee avec celle du maiumls creacutee un excellent lit de semis du riz pluvial agrave la prochaine campagne sur la base des reacutesultats sur la rive Est du Lac Alaotra en particulier

Diffeacuterentes varieacuteteacutes ont eacuteteacute seacutelectionneacutees par le CTAS dans lrsquoAndroy Vorompotsy (CTAS D1) Manja (CTAS D2) Ondragne (CTAS D3) Lohapitse (CTAS D4) Les varieacuteteacutes agrave cycle long sont appreacutecieacutees dans le Sud

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Seasea Antake ambahe Antake salazagne) marron port rampant originaire de Tsihombe (ougrave elle est appreacutecieacutee) peu inteacuteressante pour le district drsquoAmbovombe (sensible aux insectes)

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Anta-drazagne Antake mena) rouge ou blanc port rampant tregraves appreacutecieacutee dans le district drsquoAmbovombe pour sa reacutesistance aux insectes

16 Le Stylosanthes guianensis

Crsquoest le systegraveme phare en semis sous couvert veacutegeacutetal dans le Moyen Ouest Le laquo Stylo raquo comme on lrsquoappelle localement ressemble un peu agrave Medicago sativa la luzerne cultiveacutee en France Le stylo a eacuteteacute introduit agrave Madagascar dans le Moyen Ouest pour la production de fourrages Mais cette vieille varieacuteteacute est actuellement sensible agrave lrsquoanthracnose si bien que le GSDM avec le projet Bassin Versant et Peacuterimegravetre Irrigueacute du Lac Alaotra (BV Lac) a introduit en 2004 la varieacuteteacute CIAT 184

bull Crsquoest une leacutegumineuse peacuterenne aux feuilles trifolieacutees on la cultive en moyenne sur un cycle de 3 ans mais qui peut se reconstituer facilement avec les graines tombeacutees dans le sol mecircme apregraves un labour

bull Elle produit une forte biomasse (5 agrave 10 T de matiegravere segraveche sur sol deacutegradeacute et jusqursquoagrave 20 T sur sol riche)

bull Elle fixe entre 70 et 200 kg drsquoazote agrave lrsquohectare bull Son puissant systegraveme racinaire pivotant

restructure les sols bull Son port buissonnant jusqursquoagrave 1m80 de haut

la rend agressive vis agrave vis de la plupart des adventices comme le Striga plante parasite du riz et du maiumls agrave Madagascar

bull Crsquoest un excellent fourrage et elle peut ecirctre pacirctureacutee

bull Ses fleurs sont mellifegraveres il fleurit agrave une peacuteriode ougrave lrsquoabsence de fleurs affaiblit les abeilles creacuteant une continuiteacute juste avant la floraison du litchi

Photo 7 Une bonne biomasse de Stylosanthes Coopeacuterative FANILO

Amparihy commune Vinany

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Ces caracteacuteristiques expliquent qursquoon la surnomme aussi laquo luzerne tropicale raquo et cela en fait un excellent preacuteceacutedent pour de nombreuses cultures et en particulier les plantes qui fournissent les produits de base agrave Madagascar riz et maiumls

Le Stylosanthes guianensis srsquoadapte agrave un large spectre de sols et en particulier les sols acides (elle est capable de produire des nodules agrave pH 4 ) ainsi qursquoagrave de nombreux climats jusqursquoagrave 10001

megravetres drsquoaltitude et une pluviomeacutetrie de 600 agrave 3000 mm par an

17 Les arachis

Arachis est un genre de plantes dicotyleacutedones de la famille des Fabaceae sous-famille des Faboideae originaire dAmeacuterique du Sud qui compte 70 espegraveces annuelles ou vivaces LrsquoArachis apporte beaucoup drsquoazote au sol et en plus crsquoest une plante largement utiliseacutee comme plante mellifegravere

Deux espegraveces ont eacuteteacute essayeacutees agrave Madagascar lrsquoArachis pintoiuml et lrsquoArachis peacuterenne Cette leacutegumineuse a eacuteteacute largement diffuseacutee dans le Pays dans les cultures de rente (cafeacuteier poivrier vanillier giroflier) et dans les cultures fruitiegraveres

Photo 8 Arachis pintoiuml

1 1000 m Corrigeacute par lrsquoauteur le texte initial eacutetait 1600 m drsquoaltitude agrave Madagascar le Stylo nrsquoest plus cultiveacute au-dessus de 1000 m drsquoaltitude

18 La vesce

Vicia sativa la vesce cultiveacutee ou vesce commune est une plante annuelle appartenant agrave la famille des Fabaceacutees du mecircme genre que la fegraveve ou le haricot La vesce commune est cultiveacutee en tant que fourrage mais crsquoest aussi un excellent engrais vert Elle est de plus une plante inteacuteressante pour lrsquoeacutelevage des abeilles et peut eacuteventuellement ecirctre consommeacutee par lrsquohomme De plus la vesce a des difficulteacutes agrave se deacutevelopper dans les sols tregraves argileux

La vesce a eacuteteacute essayeacutee un peu partout agrave Madagascar mais crsquoest surtout au Lac Alaotra sur baiboho et sur colluvions de bas de pente riche qursquoelle a connu un succegraves Au Lac Alaotra la vesce rentre dans un systegraveme Rizcultures maraicircchegraveresvesce Dans ce systegraveme le riz beacuteneacuteficie de la biomasse de la vesce et de lrsquoarriegravere effet de la fertilisation des cultures maraicircchegraveres En plus de sa biomasse on reacutecolte les semences avant de la rouler pour le semis du riz Essayeacute dans les autres reacutegions de Madagascar la vesce a rencontreacute des problegravemes de rotation avec le riz irrigueacute sur les Hauts Plateaux en raison de son cycle qui srsquoallonge et retarde ainsi le repiquage du riz Par ailleurs la production de semences a eacuteteacute un problegraveme

Photo 9 Riz sur biomasse de vesce en Riziegravere agrave Mauvaise Maicirctrise dEau (RMME) M Charles Mahatsinjo CR Ambohitsilaozana Rive Est Lac

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19 Le Pois drsquoAngole

Le pois dAngole (Cajanus cajan syn Cajanus indicus) est une espegravece de plante vivace de la famille des Fabaceae Le pois dAngole est agrave la fois une culture vivriegravere (pois secs farine pois frais ou leacutegumes verts et une culture fourragegravere de couverture) Les pois contiennent des niveaux eacuteleveacutes de proteacuteines et dimportants acides amineacutes (meacutethionine lysine et tryptophane) En combinaison avec des ceacutereacuteales le pois dAngole constitue une alimentation humaine eacutequilibreacutee Aussi sous le nom de pois cajan pois-congo ambrevade ou pwa di bwa en creacuteole Guadeloupeacuteen le pois dAngole est une leacutegumineuse vivace agrave graine cultiveacutee en agriculture pluviale dans les reacutegions tropicales semi-arides httpsfrwikipediaorgwikiPois_d27Angole)

Photo 10 Pois drsquoAngole agrave la maturiteacute des gousses

Les expeacuteriences avec le Pois drsquo Angole ont eacuteteacute surtout obtenues dans lrsquoAndroy ougrave il a eacuteteacute utiliseacute en brise-vent en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute (forecirct de Cajanus) mais surtout a beaucoup contribueacute agrave la seacutecuriteacute alimentaire de cette zone segraveche (RAHARISON T et al 2018) en effet la consommation du pois drsquoAngole est rentreacute dans les habitudes alimentaires de certaines tribus de lrsquoAndroy et se trouve mecircme consommeacute agrave la place du haricot dans les funeacuterailles

Le Pois drsquoAngole est connu pour sa capaciteacute agrave aller chercher lrsquohumiditeacute en profondeur Etant une plante lignifieacutee il aide agrave renforcer la biomasse des autres espegraveces

110 Les crotalaires

Les crotalaires ont eacuteteacute associeacutes au riz pluvial mais sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute un succegraves Cependant les crotalaires ont lrsquoavantage drsquoavoir une biomasse lignifieacutee et qui nrsquoest pas appeacuteteacutee par les animaux Par ailleurs les crotalaires ont des racines profondes qui cherchent lrsquoeau en profondeur

Photo 11 Crotalaria gramihana endeacutemique sur les Hauts Plateaux

2 Les reacutesultats de la recherche

Nous rappelons ici les reacutesultats du site drsquoIvory pour deacutemontrer les capaciteacutes des plantes de

couverture agrave reacutegeacuteneacuterer un sol pauvre infesteacute de striga En effet le sol de ce site un sol ferralitique agrave pH 4 eacutetait abandonneacute par le proprieacutetaire agrave cause de lrsquoimpossibiliteacute drsquoy planter du maiumls et du riz agrave cause du striga

Le site drsquoIvory est situeacute agrave 100 km agrave lrsquoouest drsquoAntsirabe (pregraves de la RN 34 vers Miandrivazo) sur les plateaux de la zone centrale du Moyen Ouest dans le district de Mandoto Commune rurale de Vinany (localisation agrave la fig1) Les systegravemes mis en place ont eacuteteacute baseacutes sur les 3 dispositifs agrave savoir la lutte contre le Striga la diversification des cultures et la collection varieacutetale Les systegravemes de cultures proposeacutees ont eacuteteacute baseacutes sur la mise en place de maiumls en association avec des leacutegumineuses annuelles (vivriegraveres nieacutebeacute soja arachide Vigna umbellata) ou de plantes de couverture (mucuna et Stylosanthes) drsquoune part et la mise en place de plante de couverture fourragegravere (Arachis pintoiuml et Arachis peacuterenne)

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Sur les dispositifs des systegravemes en Agriculture de Conservation sont compareacutes au teacutemoin traditionnel laboureacute avec un minimum drsquointrants F1 (fumier seul agrave 5tha) ou F2 (F1 + 80 kgha de NPK + 25 kgha drsquoureacutee) soit des doses faibles se rapprochant des pratiques paysannes Le traitement en culture pure sans couvert veacutegeacutetal sur labour constitue un teacutemoin commun aux diffeacuterents essais conduits en Agriculture de Conservation (AC) sur reacutesidus ou sur couverture vivante

Figure 1 localisation du site drsquoIvory dans le Moyen Ouest commune de Vinany district de Mandoto

Figure 2 Pluviomeacutetrie par deacutecade sur le site drsquoIvory

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Figure 3 Rendements de riz sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Figure 4 Rendements de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements des systegravemes en Agriculture de Conservation sont nettement plus eacuteleveacutes que ceux obtenus en pratiques traditionnelles Le laquo riz pluvial sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses vivriegraveres raquo est de 37 agrave 47 THa (fertilisation F2) contre seulement 07 agrave 10 tHa sur labour Les systegravemes agrave base de mucuna sont les plus performants Malgreacute une faible pluviomeacutetrie agrave la 3egraveme deacutecade de feacutevrier et agrave la 2egraveme de mars en 2019 les rendements de cette anneacutee nrsquoont pas eacuteteacute affecteacutes ce qui montre bien la reacutesilience des systegravemes en agriculture de conservation sur le changement climatique Les mecircmes observations sont faites sur les rendements du maiumls associeacute

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Ces observations sont reacuteguliegraveres sur de nombreuses anneacutees et montrent qursquoune fois la fertiliteacute restaureacutee avec de fortes biomasses sans labour du sol et avec de faible dose drsquoengrais on aboutit agrave de tregraves bons rendements Lrsquoautre observation importante est la tregraves grande diffeacuterence entre les parcelles laboureacutees et les parcelles non laboureacutees avec les mecircmes doses de fertilisations Ceci srsquoexplique sur le fait que le labour mineacuteralise la matiegravere organique et entraine une perte eacutenorme par lessivage

3 Quels systegravemes pour les Hautes terres

Les systegravemes suivants sont proposeacutes pour large diffusion sur les Hautes Terres Dans le cadre de la diffusion du Projet MANITATRA II on note un fort engouement des paysans pour les systegravemes agrave base de mucuna au vue des premiers reacutesultats obtenus dans les Champs Ecoles Paysans (CEP) et dans les parcelles drsquoapplication des Collegraveges drsquoEnseignement Geacuteneacuteral (CEG) en effet pour la campagne 2019 - 2020 le systegraveme agrave base de mucuna en association avec le maiumls deacuterobeacute dans lrsquoassociation laquo maiumls + haricot raquo ou mecircme en jachegravere de mucuna a connu une adoption importante sur les Hauts terres

31 Le maiumls associeacute au haricot deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la campagne suivante

Le maiumls associeacute au haricot est tregraves courant sur les hautes terres donc agrave la maturiteacute du haricot et mecircme avant la reacutecolte on segraveme le mucuna sur la ligne du haricot La biomasse de maiumls va srsquoassocier agrave celle du mucuna pour constituer un lit de semis pour le riz pluvial sans labour agrave la prochaine campagne Normalement le lit de semis est tregraves peu infesteacute de mauvaises herbes si la biomasse du mucuna arrive agrave couvrir le sol

32 Le maiumls associeacute au soja deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la saison suivante

Comme avec le systegraveme preacuteceacutedent avant la maturiteacute du soja on segraveme le mucuna dans la ligne du soja On peut mecircme le semer agrave la voleacutee

33 Les associations avec lrsquoavoine en vue de production de fourrages

Dans le systegraveme preacuteceacutedent (maiumls + soja) au lieu de semer du mucuna on peut semer de lrsquoavoine qui servira par la suite de fourrage Comme avec le mucuna la parcelle est propre dans un couvert drsquoavoine Le paysan peut preacutelever une partie de la biomasse de lrsquoavoine pour le fourrage

34 Habiller le riz pluvial avec drsquoautres leacutegumineuses

Sur les Hautes Terres une parcelle de riz pluvial qui existe deacutejagrave peut ecirctre habilleacute avec du Pois drsquoAngole ou avec du crotalaire ce qui eacutevitera drsquoavoir une faible biomasse de riz agrave la prochaine campagne Cette pratique a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet MANITATRA II

35 Les embocagements des cultures

Les embocagements de parcelles se feront avec du Tephrosia vogellii une leacutegumineuse tregraves adapteacutee aux reacutegions drsquoaltitude jusqursquoagrave 2000 m Crsquoest aussi un reacutepulsif contre les insectes Cette leacutegumineuse peut pousser tregraves haut jusqursquoagrave 150 m mais on peut aussi la tailler en fin de saison de pluie et les produits de la taille (feuille et rameaux) peuvent ecirctre ajouteacutes agrave la biomasse de la parcelle

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4 Quels systegravemes pour le Moyen Ouest

Le systegraveme phare dans le Moyen Ouest est le systegraveme agrave base de Stylosanthes mais les

systegravemes agrave base de leacutegumineuses annuelles sont aussi deacuteveloppeacutes en parallegravele avec le stylo car les petits paysans avec moins de 1 ha nrsquoont pas envie de srsquoinvestir dans une jachegravere de stylo

41 Le Stylosanthes comme systegraveme phare

Comme deacutecrit plus haut le stylo est la plante de couverture drsquoexcellence pour reacutegeacuteneacuterer les sols deacutegradeacutes Mais contrairement agrave ce qursquoon a veacutehiculeacute comme message auparavant on propose de labourer quand le paysan a envie de revenir aux leacutegumineuses annuelles Cette recommandation est valable notamment pour les petits producteurs ne pouvant pas supporter la jachegravere drsquoune anneacutee Il est important de souligner qursquoune jachegravere de Stylo peut ecirctre planteacutee en maiumls ou en manioc agrave faible densiteacute Par ailleurs la jachegravere de stylo permet aussi de reacutecolter des semences qui sont tregraves demandeacutees actuellement drsquoougrave un compleacutement de revenus important pour le paysan

42 Le maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial

Tous les systegravemes agrave base de maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial ont eacuteteacute testeacutes dans les sites drsquoIvory et peuvent ecirctre diffuseacutes dans le Moyen Ouest ce qui offre un large choix par rapport aux autres reacutegions Il est important de deacuterober du mucuna avec les leacutegumineuses agrave faible biomasse (nieacutebeacute tsiasisa haricot soja)

5 Quels systegravemes au Lac Alaotra

Le Lac Alaotra est connu pour ses grandes surfaces de baiboho et de Riziegraveres agrave Mauvaise Maicirctrise drsquoEau (RMME) ceci agrave cause des fortes eacuterosions des bassins versants reacutesultant drsquoune pluviomeacutetrie violente et de la fragiliteacute du sol drsquoorigine tectonique Dans ces conditions le maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses en rotation avec le riz pluvial est le systegraveme phare sur baiboho et le systegraveme rotation laquo Rizcultures maraichegraveresVesce raquo sur RMME Parmi les leacutegumineuses la

dolique associeacutee au maiumls est agrave privileacutegier car cette plante de couverture est bien adapteacutee dans cette reacutegion

6 Quels systegravemes pour les zones semi-arides de lrsquoAndroy

Le problegraveme essentiel dans lrsquoAndroy est lrsquoeacuterosion eacuteolienne en plus de lrsquoeacuterosion hydrique Crsquoest ainsi que le pois drsquoAngole a eacuteteacute largement utiliseacute en brise-vent mais aussi en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols tregraves deacutegradeacutes par le systegraveme de forecirct de Cajanus

Parmi les leacutegumineuses la dolique est endeacutemique dans la reacutegion mais le mucuna les nieacutebeacutes rampants le konoke (leacutegumineuse endeacutemique du genre Phaseolus sp) sont reacutepandus et bien adopteacutes

Une approche de diffusion par les blocs agro-eacutecologiques a permis une forte adoption de lrsquoAgro-eacutecologie dans lrsquoAndroy seacutedimentaire

7 Quels systegravemes pour le Boeny

Tous les systegravemes deacutecrits plus hauts sont applicables dans le Boeny Il faut noter toutefois la preacutedominance du Vigna radiata (Antsoroko) et nieacutebeacute rampant type Lojomena et du nieacutebeacute type Black Eyes sur les baiboho A cause de la forte eacuterosion des bassins versants dans cette reacutegion les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal sont agrave privileacutegier Un grand effort de formation des intervenants locaux est indispensable

Photo 15 Vigna radiata

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Conclusions

Cet essai de capitalisation est loin drsquoecirctre parfaite Crsquoest un travail qui demande agrave

ecirctre actualiseacute avec le temps Nous nrsquoavons pas couvert toutes les reacutegions mais globalement les systegravemes reposent tous sur les fondamentaux de lrsquoAgriculture de Conservation et de lrsquoAgro-eacutecologie Par ailleurs en plus des formations des intervenants locaux la production de semences de plantes de couverture pose un problegraveme dans beaucoup de reacutegion Il faut noter que le site drsquoIvory et la commune de Vinany ont eacuteteacute une zone de production de semences de couverture pendant de longues anneacutees

Drsquoautres problegravemes qui ne sont pas eacutevoqueacutes dans cet article sont les feux de brousse en saison segraveche et les divagations drsquoanimaux qui diminuent eacutenormeacutement la biomasse laisseacutee sur les sols agrave la prochaine campagne Une prise de conscience collective des paysans semble donner des reacutesultats comme en teacutemoignent les paysans de la commune de Vinany dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra

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Reacutefeacuterences bibliographiques

1 ANCOS 2016 Reacutegistre des espegraveces et varieacuteteacutes exploiteacute dans le systegraveme laquo Semence de Qualiteacute Deacuteclareacutee raquo dans le Sud de Madagascar ANCOS Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche

2 DURRELL 2020 Lrsquointroduction de lrsquoinnovation Agro eacutecologie pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire des communauteacutes aux alentours des Aires proteacutegeacutees (Baie de Baly et Lac Alaotra) et zone humide de Lac Sofia Lot II Y 49 J Ampasanimalo (101) BP 8511 Antananarivo 101 ndash Madagascar httpswwwdurrellorgwildlife httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

3 GSDM 2020 Rapport annuel anneacutee 3 intervention du GSDM dans le Projet PAPAM composante 2 GSDM lot VA 26 Y Ambatoroka ANTANANARIVO 101

4 HUSSON O SEGUY L CHARPENTIER H RAKOTONDRAMANANA MICHELLON R RAHARISON T et al (2013) Manuel pratique du semis direct de Madagascar GSDMCIRADhttpgsdm-mgorgwp-contentfilesManuel_SCV_Mada_V_IntegraleMedpdf

5 RAKOTONDRAMANANA 2019 Rapport de mission de capitalisation dans le PLAE III BOENY 17 au 23 Feacutevrier 2019 PLAE ANALAMAHITSY ANTANANARIVO 101

6 RAKOTONDRAMANANA et al 2018 La rotation ou lrsquoassociation avec le mucuna reacuteduit consideacuterablement les attaques de chenilles leacutegionnaires sur le maiumls Journal de lrsquoAgro-eacutecologie Ndeg7 httpopen-libraryciradfrfiles62385__JAE_NC2B07pdf

7 RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANJAKA J 2016 Rapport de mission de reconnaissance et de diagnostic du Projet SOHAVELO ASARA programme europeacuteen de seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle dans la reacutegion Sud et Sud Est de Madagascar ASARAAINA AVSF Lot VG 25 Antsahabe BP 3149- Antananarivo 101 ndash Madagascar httpopen-libraryciradfr

files62394__Rapport_de_mission_SOHAVELO_VFpdf

8 RAHARISON T et al 2018 Rapport drsquoeacutetude drsquoimpact des pratiques des blocs agro eacutecologiques diffuseacutees dans le cadre du projet HOBA GRET Antananarivo

9 RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019 Diversiteacute et importance des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols dans les exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar Journal de lAgro-eacutecologie Ndeg8 2019 httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

10 h t t p s w w w s u p a g r o f r r e s s - p e p i t e s PlantesdeCouvertureresStylosanthespdf

11 httpsfrwikipediaorgwikiArachis

12 httpsfrwikipediaorgwikiVicia

13 h t t p s f r w i k t i o n a r y o r g w i k i pois_dE28099Angole

14 httpsfrwiktionaryorgwikicrotalaire

15 httpsfrwikipediaorgwikiPois_mascate

16 httpsfrwikipediaorgwikiVigna_unguiculata

17 httpsfrwikipediaorgwikiHaricot_mungo

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La technique du lombricompost se diffuse de paysan agrave paysan

Lrsquoutilisation agrave outrance des produits chimiques en tant que pesticides et fertilisants durant lrsquoegravere

de la reacutevolution verte nrsquoavait fait que renforcer les effets du changement climatique sur lrsquoagriculture Hormis son prix eacuteleveacute les engrais de synthegravese solubles laissent toujours des reacutesidus ayant des impacts preacutejudiciables agrave lrsquoenvironnement Dans le cadre de ses projets de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie le GSDM tend agrave former les paysans sur les proceacutedeacutes de fabrication de diffeacuterents types de compost dont le vermicompostage Cela dans lrsquooptique de rendre la production agricole plus durable et plus respectueuse de lrsquoenvironnement Les suivantes sont les teacutemoignages de paysans sur les inteacuterecircts du lombricompostage

Dans la commune rurale drsquoAnkazomiriotra au niveau du village drsquoAmbohitrinibe Fokontany Belanitra Est Madame RABEBINIRINA Minompamonjy David (Mme Mino) fait partie de ces paysans qui ont su tirer profit de lrsquoutilisation du lombricompost

Nrsquoayant pas de zeacutebu nous eacutetions obligeacutes drsquoacheter drsquoeacutenorme quantiteacute de fumiers et drsquoengrais pour fertiliser nos champs Crsquoeacutetait peacutenible vu que notre revenu couvrait difficilement le montant de nos besoins Vers 2013 nous avons assisteacute aux seacuteances de formations et drsquoanimations prodigueacutees par les techniciens travaillant sur le projet pilote Manitatra 1 Apregraves ces formations

ils nous ont fait don de 250g de vers Aujourdrsquohui nous en disposons drsquoau moins 20Kg Les reacutesultats que nous avons obtenus degraves la premiegravere anneacutee drsquoutilisation du lombricompost a eacuteteacute probant Drsquoabord la charge de travail due au transport de fertilisant vers le champ srsquoeacutetait beaucoup amoindri car nous nrsquoavons plus qursquoagrave transporter tout au plus le dixiegraveme du volume de fumier de parc qursquoon utilisait avant En effet 30 agrave 40 kg de lombricompost peut amplement suppleacuteer agrave 2 charrettes de fumier de parc Le sarclage est aussi devenu plus facile car le preacute-compostage a permis drsquoeacuteliminer les graines drsquoadventices qui dlsquohabitude viennent avec les fumiers organiques Ensuite les cultures reacutesistent mieux agrave la segravecheresse et les plantes parasites Par exemple nous avons constateacute que le riz devient plus vigoureux face aux attaques du striga Le rendement est de plus en plus soutenu et les produits maraicircchers sont moins sujets agrave la deacutegradation

La fabrication de lombricompost demande certes une certaine rigueur mais est tout agrave fait agrave la porteacutee de chaque paysan Il vous faut juste preacuteparer du preacute-compost qui servira de nourriture aux vers En plus il est indispensable drsquoarroser et de veacuterifier peacuteriodiquement la tempeacuterature Lrsquoessentiel des travaux consiste agrave seacuteparer les vers des composts mucircrs Il nous arrive encore drsquoacheter du fumier de parc pour servir drsquoappoint au preacute-compost mais ccedila en vaut la peine

Avec notre unique andain nous arrivons agrave produire 600kg de compost par mois

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Nous nrsquoutilisons que le quart de notre production Le reste est vendu agrave des clients qui viennent drsquoun peu partout agrave Madagascar La plus grosse commande que nous avons eue en 2019 eacutetait de 15tonne La production de lombricompost contribue beaucoup agrave nos ressources peacutecuniaire car il nous arrivons agrave lrsquoeacutecouler jusqursquoagrave 1000Ar le kilo

Madame Mino peut ecirctre joint aux numeacuteros suivants 034 19 777 50033 13 412 10

Un autre paysan en la personne de Monsieur RAZAFINDRAKOTO Emilson (Dadakoto) habitant agrave Antanety 2 Commune Antanifotsy a aussi adopteacute le lombricompostage Les suivants sont ses points de vue quant agrave lrsquoutilisation du lombricompost

Nous avons construit le premier andain suite aux seacuteries drsquoanimation-formation effectueacutees par le paysan leader et le technicien du projet Manitatra 2 travaillant dans notre zone Ce premier andain eacutetait devenu productif agrave partir du mois de juin 2019 Je commence juste agrave produire du lombricompost mais jrsquoai deacutejagrave constateacute les reacutesultats sur la bonne veacutegeacutetation de mes maiumls et de mes riz par rapport agrave ce que jrsquoai eu auparavant Afin drsquoaugmenter la production nous avons construit drsquoautres andains et aujourdrsquohui nous en avons 5

Nous avons commenceacute avec 1kg de vers et maintenant nous en avons autour de 60kg Jusqursquoagrave preacutesent ma production est entiegraverement destineacutee agrave lrsquoautoconsommation Nous les utilisons surtout sur nos cultures de tanety comme le riz et le maiumls associeacute aux leacutegumineuses Je trouve qursquoil est plus inteacuteressant drsquoutiliser du lombricompost que de fumier de parc Actuellement je nrsquoutilise presque plus drsquoengrais chimique

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Produit biologique de lutte contre les Chenilles leacutegionnaires drsquoAutomne (CLA) la menace est maitriseacutee un article du Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la pecircche

(Source publication facebook du MAEP le 14 deacutecembre 2019)

Deacutesormais les producteurs de maiumls Malagasy ne devraient plus ecirctre anxieux et inquiets

face agrave la Chenille Leacutegionnaire drsquoAutomne ou CLA La menace est maicirctriseacutee Gracircce aux efforts du Ministegravere de lAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) agrave travers les techniciens de la DPV et de la FOFIFA des diffeacuterents chercheurs de lUniversiteacute dAntananarivo de lEssagro et dexperts africains appuyeacutes par la FAO une souche biologique appeleacutee BT ou Bacillus Thuringiensis a eacuteteacute deacutecouverte Les tests ont deacutemontreacute que cette bacteacuterie naturelle et endeacutemique agrave Madagascar est capable de tuer la CLA Meacutelangeacute agrave 50g de riz blanc elle peut recouvrir 1ha de champ de maiumls

Notons quelle naffecte ni lenvironnement ni la santeacute humaine Madagascar sest aussi doteacute de sa strateacutegie nationale quinquennale de lutte contre la CLA Telles sont parmi les grandes avanceacutees du PROJET DAPPUI DURGENCE Agrave LA MISE EN PLACE DUN SYSTEME DE SURVEILLANCE DE RIPOSTE ET DE LUTTE INTEGREacuteE CONTRE LA CLA meneacute avec lappui technique et financier de la FAO

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Fenetre sur lAgriculture Biologique agrave MadagascarRakotondramanana GSDM

Un projet de loi sur lrsquoAgriculture biologique a eacuteteacute preacutepareacute sur lrsquoinitiative du Syndicat Malgache de lrsquoAgriculture Biologique (SIMABIO) et du MAEP et sera incessamment soumis agrave lrsquoAssembleacutee

Nationale Suite agrave cela un voyage drsquoeacutetude au Maroc et en Tunisie a eacuteteacute reacutealiseacute en vue des perspectives drsquoeacutelaboration drsquoune Strateacutegie Nationale drsquoAppui agrave lrsquoAgriculture Biologique agrave Madagascar (SNABio)

La mission a vu la participation drsquoune deacuteleacutegation conduite par le Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) accompagneacutee du Preacutesident du SIMABIO du projet Coordonnateur National du projet CASEF de lrsquoassistant technique du projet CASEF du repreacutesentant de la recherche (FOFIFA) et du directeur exeacutecutif du GSDM

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Le secteur de lrsquoAgriculture Biologique (AB) agrave Madagascar est en pleine croissance depuis plusieurs anneacutees Repreacutesentant actuellement un chiffre drsquoaffaire annuel de lrsquoordre de 55 Meuro geacuteneacutereacutes par plus drsquoune centaine drsquoentreprises employant 7000 salarieacutes et srsquoapprovisionnant aupregraves de plus de 20 000 agriculteurs le secteur est quasiment exclusivement orienteacute vers lrsquoexportation drsquoune large gamme de produits agricoles beacuteneacuteficiant drsquoune forte typiciteacute (eacutepices fruits tropicaux huiles essentielles cacao crevettes etc) principalement vers lrsquoEurope

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les Etats-Unis le Japon (source CASEF) Les produits bio malgaches sont issues drsquoagriculture bio par des entreprises locales mais aussi de la cueillette Compareacute aux autres pays le coucirct de la certification est trop eacuteleveacute agrave cause du manque de concurrence (un seul organisme certificateur agreacuteeacute ECOCERT)

Au Maroc lrsquoAgriculture biologique repreacutesente de lrsquoordre de 60 Meuro drsquoexportation et en Tunisie 205Meuro mais dans ces deux pays on assiste agrave un marcheacute local en cours de progression Le tableau suivant reacutesume lrsquoagriculture Bio dans les deux pays Globalement les produits exporteacutes sont domineacutes par lrsquohuile drsquoOlive bio dans les deux pays

A lrsquoissue de la mission des perspectives pour Madagascar ont eacuteteacute souleveacutees sous forme drsquoenseignements et reacuteflexions bull Creacuteer un dispositif drsquoappui conseil technique et financier ciblant les producteurs et les entreprises

AB en synergie avec les meacutecanismes existants (FDA Banques IMF etc)bull Subventionner la certification =gt Accroitre la concurrence entre organismes de Controcircle et de Certification (OCC) =gt Agreacutement et controcircle effectif de la part des pouvoirs publicsbull Concevoir une strateacutegie ciblant une diversiteacute de filiegraveres prioritaires de maniegravere inclusive par

exemple Exports Filiegraveres inteacutegreacutees eacutecotourisme Filiegraveres courtes laquo petits producteurs raquo au systegraveme de garantie par Certification de Territoire (CT) et Systegraveme Participatif de Garantie (SPG)

bull Mise en place de centres de recherche technique deacutedieacute agrave lrsquoAB reacutepondant agrave la demande (par ex contrat programme recherche - reacutegions - organisations professionnelles)

bull Conceptionmise en œuvre drsquoun dispositif de formation AB avec obligation de modules dans les cursus agricoles

bull Dynamiser la professionnalisation et la structuration des producteurs et des entreprises malgaches dans lrsquoAB

bull Poursuivre lrsquointeacutegration du secteur priveacute (amont et aval) dans les diffeacuterentes laquo aregravenes raquo institutionnelles deacutefinition des strateacutegies conception et pilotage des dispositifs drsquoappui etc

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AGRO-ECOLOGIE EN PHOTO

La mise en place des parcelles dapplication en Agro-eacutecologie a eacuteteacute effectueacutee au niveau des 8

collegraveges de la reacutegion Boeny Les enseignants et eacutelegraveves ont eacuteteacute accompagneacutes et encadreacutes par les ingeacutenieurs agronomes du GSDM et les techniciens locaux

Une repreacutesentante de la deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo a visiteacute les

reacutealisations du GSDM dans le cadre du projet Manitatra 2 De nombreux points inteacuteressants pouvant ecirctre valoriseacutes dans le cadre dune future coopeacuteration ont eacuteteacute souleveacutes En attendant certaines observations seront agrave partager au cours dun eacuteveacutenement de la Commission europeacuteenne qui se tiendra courant de la 3egraveme semaine du mois de feacutevrier 2020 agrave Bruxelles

Le GSDM maitient lappui technique des 12 eacutetablissements beacuteneacuteficiaires de linteacutegration

de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire dans le Vakinankaratra Il sagit des 6 eacutecoles pilotes PAPAM et des 6 autres extensions reacutealiseacutees dans le cadre du projet MANITATRA 2 Pour lanneacutee scolaire 2019-2020 la mise en place des cultures de grande-saison la mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique ainsi que les suivis reacuteguliers des tehcniciens ont eacuteteacute reacutealiseacutes Quelques enseignants du CEG de Vinany du CEG de Betafo ont mecircme beacuteneacuteficieacutes dune formation de recyclage

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Mise en place de la parcelle dapplication en Agro-eacutecologie au niveau du CEG Mariarano Boeny

Visite des reacutealisations du GSDM projet MANITATRA 2 par une repreacutesentante de la

deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo

Mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique aux 12 eacutetablissements du

Vakinankaratra

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AVRIL 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull RAKOTO HERIMANDIMBY Reneacute - Superviseur de zone du Sud-Est Projet PAPAMbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo AGRISUD- membre du GSDMRubrique laquoDossierraquo GSDMRubrique laquoRechercheraquo Dp SPAD - Partenaire technique du GSDM Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA 2)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth avril 2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

Site WebFacebook

Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

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- Mission de suivi du Comesa les 16 et 17 mars 2020- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020 - Formation CSAFRDA Makanara du 25 au 28 mars 2020

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Emission FIVOHY sur la RNM Tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Deuxiegraveme session de formation des enseignants Boeny du 07 au 10 Avril 2020- Formation des parents deacutelegraveves collegravege Boeny preacutevue durant la semaine du 20 Avril 2020- Visite-eacutechange inter-reacutegional des enseignants parents et elegraveves preacutevue en fin du mois dAvril 2020

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MARS 2020

ANNEE 2020

Page 3: Edition trimestrielle N° 9 / 2020

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AU NIVEAU NATIONAL

Drsquoautre part crsquoest lameacutelioration de la planification et des capaciteacutes de gestion des territoires ruraux dans la Reacutegion Itasy a eacuteteacute accompagneacutee bull par lrsquoappui agrave lrsquoeacutelaboration de Scheacutemas drsquoAmeacutenagements Communaux (SAC) afin que les collectiviteacutes

locales puissent orienter les acteurs du deacuteveloppement reacutegional et maicirctriser leur impact sur le milieu naturel

bull et par lrsquoappui agrave la mise en place au niveau reacutegional drsquoune Cellule de Systegravemes drsquoInformation Geacuteographique (Cellule SIG) capable de creacuteer de la donneacutee spatialiseacutee pour appuyer et harmoniser les actions des acteurs reacutegionaux

Agrisud International et ses partenaires mettent aujourdrsquohui agrave disposition de toutes et tous 4 documents de capitalisation issus de certaines expeacuteriences du projet MAHAVOTRA Ils preacutesentent les meacutethodologies drsquoaction les recommandations et points de vigilance agrave destination de toute structure inteacuteresseacutee par la deacutemarche ou le thegraveme correspondantCes capitalisations portent sur

bull Lrsquoensemble de ces capitalisations sont en accegraves libre sur le site drsquoAgrisud International httpwwwagrisudorgfr dans la rubrique laquo Publication raquo

Nous vous invitons eacutegalement agrave voir ou revoir le film laquo Maicirctres-exploitants un reacuteseau de prestataires agricoles au service de leur territoire raquo reacutealiseacute dans le mecircme processus de capitalisation du projet Mahavotra II Rendez-vous sur la plateforme YouTube avec les mots cleacutes laquoAgriculture durable et dynamiques territoriales agrave Madagascar (2019) raquo ou sur le lien httpsyoutube2PytZh2_LsA ou encore en scannant ce QR code

Le projet Mahavotra toujours en cours dans la reacutegion Itasy a entameacute sa 3egraveme phase drsquoactions depuis avril 2019 Les enjeux sont maintenant porteacutes sur le deacuteploiement et la consolidation de ses actions leur peacuterennisation et le transfert de leur gestion aux structures locales peacuterennes et leacutegitimes

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AU NIVEAU NATIONALLa DRAEP Vakinankaratra accompagne la mise en œuvre des projets

DRAEP Vakinankaratra

Sur les hautes terres malgaches

particuliegraverement dans le Vakinankaratra la promotion de lrsquoAgriculture de

conservation les Bonnes pratiques agricoles et plus geacuteneacuteralement lrsquoAgro-eacutecologie revecirct une importance vitale La pression fonciegravere y est tellement forte que tous les terroirs des bassins versants sont exploiteacutes En lrsquoabsence drsquoencadrement les techniques Agricoles qui y sont pratiqueacutees peuvent avoir des conseacutequences deacutesastreuses sur le sol et par conseacutequent sur la productionConscient de la graviteacute de la situation des mesures ont eacuteteacute prises par le MAEP1 agrave travers la DRAEP Vakinankaratra De multiples interventions pour la vulgarisation de lrsquoAgro-eacutecologie y sont actuellement meneacutees directement par le biais du SECRU (Service Environnement Climat et Reacuteponses aux Urgences) UECRU (Uniteacute Environnement Climat et Reacuteponses aux Urgences) ou par lrsquointermeacutediaire des Projets principalement PAPAM et MANITATRA II

Aussi la DRAEP2 Vakinankaratra accorde une importance particuliegravere pour la coordination des activiteacutes Des reacuteunions de coordinations sont organiseacutees semestriellement par la Direction 1 MAEP Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche2 DRAEP Direction Reacutegioanle de lAgriculture de lElevage et de la Pecirche

dans le cadre des activiteacutes du PAPAM avec la participation des autres acteurs opeacuterant directement ou indirectement dans la promotion de lrsquoAgro-eacutecologie (CSA FDAR CASEF Fert GSDM MANITATRA IIhellip) Un exemple type du fruit de cette coordination a eacuteteacute les ameacutenagements reacutealiseacutes en 2019 par le SECRU dans la zone deacutelimiteacutee par le Projet PAPAM en tant que site pilote servant de deacutemonstration aux techniques drsquoameacutenagement et des techniques agroeacutecologiques situeacute agrave Ambohimena Commune rurale drsquoAmbano dans le District Antsirabe II Ce sont donc des activiteacutes baseacutees sur la protection des bassins versants surplombant un barrage construit par le projet PURSAPS

Drsquoautre part entre 2017 et 2018 toujours en collaboration avec PAPAM 61 agents de la Direction Reacutegionale soit 95 de son personnel technique ont beacuteneacuteficieacute drsquoun renforcement de capaciteacute sur lrsquoAgro-eacutecologie Agrave partir de lagrave des descentes conjointes sont meneacutees hebdomadairement entre les deux entiteacutes pour favoriser lrsquoappropriation des activiteacutes par le personnel de la DRAEP Cette implication est drsquoautant plus importante en cette derniegravere anneacutee du Projet (2020) pour faciliter la reprise des interventions par la Direction Dans ce cadre un lobbying pour le deacuteblocage des fonds de financement du FDAR est actuellement en cours pour booster la vulgarisation des techniques Agro-eacutecologiques dans toute la Reacutegion du Vakinankaratra

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Compte tenu de lrsquoefficaciteacute de cette meacutethode drsquointervention un dispositif similaire est en cours de mise en place pour accompagner MANITATRA II Une convention a eacuteteacute signeacutee en Aoucirct 2019 entre le Projet et la DRAEP Vakinankaratra et les descentes conjointes ont deacutejagrave deacutebuteacute

La peacuterennisation et lrsquoextension des actions drsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire favorisent un changement de mentaliteacute collectif et contribuent agrave une mise agrave lrsquoeacutechelle de la diffusion des techniques

Eacutequipe du GSDM

Le GSDM maintient les appuis techniques et les accompagnements des collegraveges dans le Vakinankaratra

La formation constitue une des missions principales du GSDM Pour assurer la mise

agrave lrsquoeacutechelle de la diffusion de lrsquoAgro-eacutecologie le GSDM reacutealise ainsi des formations en Agro-eacutecologie agrave diffeacuterents niveaux Les conduites de formations proposeacutees correspondent aux niveaux des diffeacuterentes cibles De nombreuses formations sont ainsi dispenseacutees essentiellement au niveau des eacutecoles des centres de formations des universiteacutes des associations et des projets programmes

Pour la 3egraveme anneacutee scolaire conseacutecutive dans le cadre du projet PAPAM et la 2egraveme anneacutee pour le projet MANITATRA 2 le GSDM maintient les appuis techniques et continue lrsquoapprentissage de lrsquoAgro-eacutecologie au niveau des 12 collegraveges du Vakinankaratra Pour lrsquoanneacutee scolaire 2019-2020 les beacuteneacuteficiaires comptent actuellement 1692 eacutelegraveves Il srsquoagit essentiellement des nouveaux entrants en classe de 6egraveme et des admis en classe de 5egraveme On peut citer eacutegalement les beacuteneacuteficiaires indirectes en particulier les parents drsquoeacutelegraveves le corps eacuteducatif ainsi que les paysans aux alentours Drsquoanneacutee en anneacutee une prise de conscience et de responsabiliteacute collective est constateacutee au travers des changements de comportement des concerneacutes Ces aspects se manifestent surtout par le sens de partage des eacutelegraveves par les demandes de formation des parents par la

curiositeacute des paysans aux alentours et lrsquoadoption des techniques par les enseignants et les parents

A la fin du mois de novembre 2019 un atelier bilan des eacutecoles srsquoest tenu agrave la Reacutesidence sociale drsquoAntsirabe Lrsquoobjectif eacutetant drsquoeacutevaluer les impacts et les retombeacutees du projet durant ces quelques anneacutees drsquoaction Lrsquoatelier a vu la participation des diffeacuterents intervenants impliqueacutes dans la mise en œuvre du projet essentiellement les autoriteacutes locales et centrales les membres du GSDM les repreacutesentants de projetsprogrammes les Directeurs des 12 eacutetablissements les enseignants les parents drsquoeacutelegraveves les eacutelegraveves beacuteneacuteficiaires et les journalistes Les points forts les contraintes et la peacuterennisation des actions ont eacuteteacute eacutevoqueacutes et discuteacutes Lors des eacutechanges chaque partie prenante en particulier les chefs drsquoeacutetablissements et les enseignants ont reacuteiteacutereacute leurs engagements respectifs pour lrsquoatteinte des objectifs du projet Cependant la formation de nouveaux enseignants responsable des cours drsquoAgro-eacutecologie devient primordiale suite au deacutepart agrave la retraite de certains enseignants ou de leurs mutations vers drsquoautres postes

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Pour cette anneacutee scolaire la mise en place des cultures de saison pluviale a eacuteteacute reacutealiseacutee au niveau des parcelles drsquoapplication des eacutetablissements avec lrsquoappui du GSDM Cocircteacute pratique les enseignants ont deacutebuteacute le transfert de connaissances aux eacutelegraveves et enchainent les travaux pratiques au niveau des parcelles drsquoapplication La remise des outils peacutedagogiques aux eacutetablissements et des livrets ludiques aux eacutelegraveves est preacutevue tregraves prochainement La reacutealisation et la production drsquoune bande dessineacutee 3D est eacutegalement preacutevue courant cette anneacutee scolaire 2019-2020

Drsquoapregraves le tableau reacutecapitulatif ci-dessous environ 3000 eacutelegraveves beacuteneacuteficient actuellement de lrsquoappren-tissage de lrsquoAgro-eacutecologie dans le Vakinankaratra

ECOLES PAPAMEtablissement Cisco Effectif 6egraveme Effectif 5egraveme Total

CEG Vinany Mandoto 81 84 165CEG Ankazomiriotra Mandoto 138 41 179CEG Betafo Betafo 667 1181CEG Annexe Alakamisy Anativato Betafo 128 46 174

Collegravege Priveacute AINA Antsirabe II 32 28 58CEG Vinaninkarena Antsirabe II 100 90 190

Sous total 1 993 954 1947ECOLES MANITATRA 2

CEG Ihazolava Ambatolampy 99 66 165CEG Ambohimandroso Antanifotsy 192 127 319CEG Ampitatafika Antanifotsy 123 45 168Lyceacutee Priveacute Loterana Antanifotsy Antanifotsy 31 29 60

CEG Antsoatany Antsirabe II 124 48 172CEG Tsaramasoandro Antokofoana Betafo 85 84 169

Sous total 2 654 399 1053Total des eacutelegraveves beacuteneacuteficiaires 1647 1353 3000

Le GSDM continue ses engagements dans le Boeny

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La preacuteparation des parcelles drsquoapplication et la mise en place des cultures de grande saison a eacuteteacute eacutegalement reacutealiseacutee au niveau des 8 eacutetablissements de la reacutegion Boeny Pour lrsquooccasion les ingeacutenieurs du GSDM ont fait le deacuteplacement pour accompagner des techniciens locaux et encadrer les enseignants et les eacutelegraveves Le transfert de connaissances theacuteorique et pratique se deacuteroule en fonction des plans drsquoaction proposeacutes par eacutetablissement et les techniciens srsquoassurent que tout se passe bien au travers de leurs freacutequents passages Actuellement lrsquoeacutequipe du GSDM et de lOffice de lEducation de Masse et du Civisme (OEMC) sont en train de concevoir le livret ludique adapteacute agrave la reacutegion Boeny et enchainent les missions de suivi pour garantir un bon reacutesultat

Transfert de connaissances travaux pratiques au niveau des parcelles dapplication

Ndeg PTF Collegraveges Cisco Enseignants formeacutes

Agents deacutecentraliseacutes

OEMC

Elegraveves 6egraveme

Elegraveves 5egraveme

1

GIZPRO-SOL

CEG Tsaramandroso

Ambato Boeny 4

1 DREMC1 BEMC Cisco

Ambato Boeny1 BEMC Cisco

Majunga 2

50 50

2 CP ADMIS Manerinerina

Ambato Boeny 4 30 25

3 CEG Ankijabe Ambato Boeny 4 116 43

8 Ecole Priveacutee MEMORIAL Ankijabe

Ambato Boeny 4 30 20

4 CEG Manerinerina Ambato Boeny 4 177 71

6 LP LES MEILLEURS Manerinerina

Ambato Boeny 4 50 28

7 CEG Mariarano Mahajanga II 4 40 30

8 CEG Ambovondramanesy Mahajanga II 4 58 32

Total 32 3 551 299

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Le GSDM est engageacute dans la mise en œuvre des mesures de protection des sols et de reacutehabilitation des terres dans le Boeny

Equipe GSDM

Dans le cadre des projets globaux SEWOH (Un monde sans faim) le Projet de conservation

et de reacutehabilitation des sols (ProSol) au travers du champ drsquoaction A laquo mise en œuvre de mesures de protection des sols et reacutehabilitation des terres raquo est exeacutecuteacute par le consortium Eco-consult GOPA dans les 6 communes reacuteparties dans 3 districts (Mahajanga II Ambatoboeny et Mitsinjo) dans la reacutegion du Boeny Les activiteacutes programmeacutees reposent sur la conception et la reacutealisation de plans drsquoameacutenagements et de gestion durable des paysages

Le projet collabore avec le GSDM pour appuyer le lancement de sites eacutecoles sur les techniques de protection et reacutehabilitation des sols pour former et conseiller des techniciens Ces activiteacutes sont poursuivies et deacuteveloppeacutees en partenariat avec les ONG locales sur trois lots de communes bull AIM pour le district de Mahajanga II bull MAZAVA pour le district drsquoAmbatoboeny bull AMADESE pour le district de Mitsinjo

Lrsquoobjectif est drsquoaccompagner les eacutequipes de 3 ONG partenaires de Prosol pour les activiteacutes lieacutees au Plan dlsquoAmeacutenagement Durable du Paysage

(PAGDP) afin que les paysans soient sensibiliseacutes formeacutes pour la mise en place des essais dans les sites eacutecoles qursquoils disposent des semences neacutecessaires et reacutealisent la planification eacutetablie

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Dans ce cadre lrsquoexpertise du GSDM concerne la reacutealisation des diagnostics du milieu et des systegravemes drsquoexploitation des meacutenages agricoles afin de formuler des propositions techniques et de strateacutegies drsquointervention (Champ eacutecole paysan (CEP) sites de production de semence etc) pour la protection des sols ougrave la restauration de leur fertiliteacute dans ces trois Districts Elle consiste eacutegalement agrave former et conseiller les techniciens des ONG locales

Les reacutealisations du GSDM sont les suivantes

bull Mise en œuvre de diagnostics compleacutementaires dans les sites prioritaires reacutealiseacutes en deux eacutetapes Avril-mai 2019

bull Identification concerteacutee des 6 sites eacutecoles issue des missions drsquoavril-mai 2019

bull Reacutealisation de la Planifications participatives drsquoameacutenagement dans les 06 sites eacutecoles reacutealiseacutee en juillet 2019

bull Formulation des propositions techniques issue de la planification participative et valideacutees ensemble avec les acteurs concerneacutes

bull Formation des acteurs concerneacutes y compris les ONG drsquoaccompagnement reacutealiseacutee en Aoucirct et deacutebut septembre 2019

bull Enquecircte pour la compreacutehension du fonctionnement des meacutenages et pour la situation T0 de suivi-eacutevaluation reacutealiseacutee en deacutecembre 2019

bull Appui et accompagnement des techniciens des ONG agrave la mise en place des cultures de grande saison dans les zones drsquointervention du projet PROSOL reacutealiseacutee en deacutecembre 2019

bull Suivi en cours de culture pour le renforcement

de capaciteacutes des techniciens et les eacutechanges avec les paysans reacutealiseacutees en feacutevrier 2020

Drsquoautres interventions du GSDM sont eacutegalement preacutevues dans le cadre de ce projet entre autres

bull Lrsquoeacutevaluation qualitative des reacutealisations avant reacutecolte

bull La seacutelection des paysans multiplicateurs de semences (choix de parcelles formation sur les principes et les eacutetapes cleacutes de la production de semences jusqursquoaux opeacuterations post-reacutecolte)

bull Les appuis aux DRAEP sur les mesures et estimations de rendements

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Le GSDM accompagne le Projet ATASEF dans la mise en place de champs eacutecole en Agro-eacutecologie dans le District drsquoAnkazobe

Le GSDM a eacuteteacute mandateacute par l Organisation de Soutien pour le Deacuteveloppement Rural

agrave Madagascar de la Fondation AGA KHAN (OSDRM) (convention de service Ndeg2019_DecaTD-002 du 26 novembre 2019) pour appuyer et accompagner lrsquoeacutequipe du projet ATASEF en vue de la mise en place des champs eacutecoles paysans ou CEP agro-eacutecologiques dans le district drsquoAnkazobe Le Projet ATASEF ou laquo Appui agrave la Transition Agroeacutecologique par la Seacutecurisation Economique et Fonciegravere raquo est un projet financeacute par lrsquoAFD dans le cadre de la Faciliteacute drsquoInnovation Sectorielle pour les ONG (FISONG) Lrsquoobjectif principal du projet consiste agrave reacuteduire la pauvreteacute et la vulneacuterabiliteacute des meacutenages agricoles de la Zones drsquoInvestissement Agricole (ZIA) drsquoAnkazobe Parmi les activiteacutes preacutevues pour les beacuteneacuteficiaires figurent notamment lrsquoinitiation et lrsquoaccompagnement agrave lrsquoagroeacutecologie et la mise en œuvre des ameacutenagements

Un des principaux enjeux sur lequel le projet se base dans ses actions est que laquo lrsquoinseacutecuriteacute fonciegravere constitue un frein agrave lrsquoameacutelioration de la production agricole la non mise en valeur de terres mecircme propices agrave lrsquoagriculture et qui constitue aussi agrave son tour un obstacle agrave leur seacutecurisation fonciegravere formelle raquo

Dans ce cadre le projet vise agrave donner aux meacutenages lrsquoopportuniteacute de seacutecuriser leurs droits fonciers sur des terrains qursquoils devront mettre en valeur ameacutenager et exploiter en suivant des techniques agro-eacutecologiques et agroforestiegraveres

Les objectifs speacutecifiques du Projet consistent agrave bull Contribuer au deacuteveloppement drsquoune activiteacute

agro-sylvo-pastorale seacutedentaire dans la ZIA par la promotion de lrsquoagro-eacutecologie et lrsquoadaptation au changement climatique

bull Renforcer le rocircle socioeacuteconomique des meacutenages de la ZIA

bull Et seacutecuriser le capital foncier des meacutenages de la ZIA Les groupes cibles du projet sont les meacutenages extrecircmement pauvres (vivant avec moins de 1 USD par jour et par personne) et vulneacuterables

LrsquoAgro-eacutecologie est inteacutegreacute dans les ProjetsProgrammes

Equipe GSDM

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Le Projet dAppui agrave la transition Agro-eacutecologique par la seacutecurisation eacuteconomique et fonciegravere (ATASEF) srsquoeacutetale sur 3 ans de 2017 agrave 2020 et preacutevoit agrave terme i) la seacutecurisation fonciegravere par voie de certification de 450 Ha de terrains dans les Communes de Kiangara et Tsaramasoandro dans la partie Nord du district drsquoAnkazobe et dans la limite mecircme de la reacutegion drsquoAnalamanga (limitrophe avec la reacutegion de Betsiboka) et ii) un accompagnement technique et socio-organisationnel dans le processus de mise en valeur drsquoameacutenagement et drsquoexploitation des terres de 225 meacutenages vulneacuterables beacuteneacuteficiaires

Drsquoapregraves le document du Projet les activiteacutes srsquoorientent sur bull Lrsquoappui agrave lrsquoorganisation des producteurs

structureacutes en Groupes drsquoEpargne Communautaire ou GEC

bull Lrsquoinstallation la seacutecurisation fonciegravere et lrsquoinclusion financiegravere des meacutenages par la promotion des chaicircnes de valeur et lrsquoagriculture contractuelle avec la culture du taro (Saonjo) qui se complegravetent au systegraveme de riziculture

bull Lrsquoappui agrave lrsquointensification Agroeacutecologique et agrave lrsquointeacutegration eacuteconomique

Lrsquoobjectif principal de lrsquointervention du GSDM consiste donc agrave appuyer et accompagner lrsquoeacutequipe du projet ATASEF pour la mise en place des champs eacutecoles paysans ou CEP agroeacutecologiques dans le district drsquoAnkazobe

Les objectifs speacutecifiques sont de bull Reacutealiser un diagnostic de terrain pour mieux

comprendre les enjeux et les contraintes locaux et mieux orienter les propositions ainsi que les strateacutegies de mise en œuvre

bull Concevoir et mettre en œuvre des techniques drsquoagroeacutecologie agrave appliquer dans les cinq villages au niveau des communes rurales de Kiangara et de Tsaramasoandro

bull Former et accompagner les techniciens drsquoencadrement

bull Appuyer les techniciens agrave la mise en place de champs eacutecoles paysans permettant la diffusion de cette innovation

bull Former les paysans membres de GEC au

niveau des champs eacutecoles paysans et au travers des visites eacutechanges au niveau des sites agroeacutecologiques du GSDM dans la reacutegion du Vakinankaratra (Ivory Mandoto) et au sein du projet MANITATRA 2

Le diagnostic sur terrain a eacuteteacute meneacute par deux agents du GSDM en particulier de l Agroeacuteconomiste et du Responsable enquecircte et BDD les 6 et 7 deacutecembre 2019

Sur terrain les observations du milieu les enquecirctes focus group les enquecirctes aupregraves des meacutenages agricoles et lrsquoeacutelaboration drsquoune typologie des meacutenages agricoles ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau de cinq Champs eacutecoles paysans ou CEP choisis par le projet Il srsquoagit de 4 CEP dans la commune de Kiangara dont Tsarafara de Bemasoandro drsquoAnosimbary et drsquoAntsahalava et drsquoun CEP agrave Vohitsara dans la commune de Tsaramasoandro

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La formation en Agro-eacutecologie en faveur des agents a eacuteteacute reacutealiseacutee du 7 au 9 janvier 2020 et lrsquoappui et accompagnement des techniciens agrave la mise en place des champs eacutecoles du 21 au 23 janvier 2020 Lrsquoobjectif de la formation est de permettre aux techniciens d assurer la formation et lrsquoaccompagnement des beacuteneacuteficiaires sur les pratiques Agro-eacutecologiques dans les zones drsquointervention du projet Huit (8) participants ont assisteacute agrave la formation dont le Responsable de Programme Reacutegional OSDRM le chef de projet ATASEF 2 animateurs et 4 agents de terrain du projet ATASEF

Les geacuteneacuteraliteacutes en matiegravere drsquoAgro-eacutecologie et les pratiques adapteacutees dans les zones drsquointervention du projet ATASEF ont eacuteteacute preacutesenteacutees et discuteacutees durant la formation theacuteorique en salle Pour cette premiegravere session lrsquoembocagement et les bandes veacutegeacutetales lrsquoassociation et la rotation des cultures les composts et la lutte biologique lrsquoagroforesterie ont eacuteteacute deacuteveloppeacutes durant 4 jours de formation en salle Les travaux pratiques ont eacuteteacute reacutealiseacutes agrave Bemasoandro commune Kiangara et agrave Vohitsara commune Tsaramasoandro Lrsquoorganisation de lrsquooccupation de lrsquoespace et de la mise en place des cultures sur les diffeacuterentes parties du terrain ont eacuteteacute discuteacutees Le renforcement de quelques pieds des plants deacutejagrave planteacutes sur des lignes de courbe de niveau (Khaya Paulownia et Acacia) a eacuteteacute effectueacute sur un terrain de plus de 2 hectares agrave Bemasoandro Outre la mise au point sur la technique de traccedilage des courbes de niveau les avantages de lrsquoinstallation des plantes de couverture dans les cultures deacutejagrave en place ont eacuteteacute expliqueacutes aux techniciens et aux agriculteurs preacutesents agrave Vohitsara Lrsquo Appui et lrsquoaccompagnement des techniciens

du projet ATASEF agrave la mise en place des CEP et lrsquoinstallation des plantes ameacuteliorantes de fertiliteacute (leacutegumineuses) dans les cultures deacutejagrave en place au niveau des agriculteurs beacuteneacuteficiaires sont encore preacutevus avant la fin du mois de janvier 2020 Par ailleurs lrsquoappui conseil sur lrsquoameacutelioration du fumier la fabrication de composts et la lutte agro-eacutecologique seront eacutegalement preacutevus pour cette campagne culturale 2019-2020

Des actions de communication de masse pour accompagner la diffusion de lrsquoAgro-eacutecologie

Les actions de communication accompagnent la mise agrave lrsquoeacutechelle

de la diffusion des techniques ainsi que lrsquoanimation et la sensibilisation en Agro-eacutecologie Elles se traduisent par la valorisation des acquisexpeacuteriences au travers de la conception et lrsquoeacutedition des supports de communication adapteacutes aux diffeacuterentes cibles du GSDM Il srsquoagit essentiellement des eacutemissions radioteacuteleacute des films et des supports de formation de la gestion des reacuteseaux sociaux de lrsquoeacutedition des journaux et revues de la participation aux ateliers strateacutegiques aux eacutevegravenements promotionnels et autres plateformes drsquoanimation tant sur le plan national qursquointernational Derniegraverement le GSDM a participeacute dans le guide de lrsquoenvironnement du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable (MEDD) le magazine Mahavokatse du MAEP et de lrsquoagenda 2020 du MAEP

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Production et acquisition de fumure organique pour la gestion de la fertiliteacute des sols par les exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice (CIRADAIDA) RAZANAKOTO

Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina (GSDMMontpellier SUPAGRO)

RECHERCHES

1 Introduction

Dans le ndeg8 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait la diversiteacute et lrsquoimportance

des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols agrave partir des reacutesultats obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Les aspects concernant la fumure organique nrsquoavaient eacuteteacute qursquoeffleureacutes ils sont traiteacutes dans cet article qui preacutesente les reacutesultats obtenus sur les mecircmes exploitations agricoles familiales (EAF) du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Pour plus drsquoinformations sur le projet Secure et sur les aspects mateacuteriels et meacutethodes le lecteur est inviteacute agrave consulter le ndeg8 de JAE et le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats preacutesenteacutes sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

Les fertilisants organiques produits par les EAF des zones drsquoeacutetude sont divers Les fumiers sont les plus importants en lien avec les animaux de lrsquoexploitation (bovins porcs volailles lapins)

le systegraveme drsquoeacutelevage et les techniques de production En plus de ces fumiers utiliseacutes purs ou meacutelangeacutes il existe des laquo composts raquo traditionnels fabriqueacutes avec les ordures meacutenagegraveres des cendres etou autres matiegraveres organiques ajouteacutees (ces fumures sont appeleacutees zezi-pako et zezi-davenona) et aussi des composts dont la production suit les techniques diffuseacutees dans le cadre de programmes de deacuteveloppement Les EAF peuvent eacutegalement avoir recours au marcheacute de la fumure organique pour augmenter la disponibiliteacute (acheter ou eacuteventuellement eacutechanger) mais aussi pour vendre

La production et lrsquoacquisition de fumures organiques sont caracteacuteriseacutees ici dans leur diversiteacute Lrsquoanalyse des pratiques montre les logiques suivies par les EAF La variabiliteacute observeacutee est forte notamment en terme de quantiteacutes disponibles qui suggegravere une gamme de propositions adapteacutees de la part de la recherche et du deacuteveloppement pour ameacuteliorer ces pratiques qui sont la clef de voute de la gestion de la fertiliteacute des sols et de la durabiliteacute des systegravemes de culture

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RECHERCHES

2 La fumure organique produite dans Les EAF

La production de fumure organique (FO) a eacuteteacute eacutevalueacutee1 pour lrsquoanneacutee enquecircteacutee (2016) Toutes les EAF en ont produit sauf trois (moins de 1) qui nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux2 durant toute lrsquoanneacutee et qui nrsquoont pas valoriseacute leurs ordures meacutenagegraveres sous forme de compost

21 Quantiteacutes et composition

Parmi les types de FO (Figure 1) on note lrsquoimportance du fumier meacutelangeacute les exploitations qui ont plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage meacutelangent souvent les deacutejections qui fermentent ensemble dans le parc agrave bœuf ou pendant leur stockage dans une fosse ou simplement en tas Souvent les exploitants y ajoutent les deacutechets meacutenagers des cendres et dans certains cas drsquoautres reacutesidus de culture ou deacutechets (voir infra) Crsquoest donc un produit fertilisant dont la composition et la qualiteacute varient fortement drsquoune EAF agrave une autre

La production moyenne annuelle de FO par EAF (Figure 1) est plus importante dans la zone drsquoArivonimamo (217 tonnes) que dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra (187 tonnes) Les constituants principaux sont le fumier meacutelangeacute et le fumier de bovins qui agrave eux deux repreacutesentent 72 de la FO totale agrave Mandoto et 83 agrave Arivonimamo Lrsquoeacutecart entre les deux moyennes nrsquoest pas tregraves eacuteleveacute mais il est significatif et la diffeacuterence srsquoexplique drsquoabord par un nombre drsquoanimaux drsquoeacutelevage en moyenne plus important dans la zone drsquoArivonimamo (18 bovins et 7 porcs par EAF) que dans la zone de Mandoto (14 bovins et 23 porcs) Il existe une relation lineacuteaire positive entre le nombre moyen de bovins ou la valeur du cheptel dans lrsquoEAF et la quantiteacute de FO produite (coefficients de correacutelations respectivement de 057 et 062 signification agrave 001)

Figure 1 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF selon les zones

1 On notera que cette eacutevaluation a eacuteteacute faite sur la base des deacuteclarations des exploitants agricoles avec les uniteacutes tradition-nelles que sont la charrette le sac la soubique (panier) etc Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes 250 kgcharrette (en reacutefeacuterence agrave Saint Andreacute et al 2016) 30 kgsac et 10 kgsoubique Ainsi les reacutesultats preacutesenteacutes sont des ordres de grandeur mecircme si les chiffres semblent indiquer une certaine preacutecision et si la taille conseacutequente de lrsquoeacutechantillon fait que les approximations se compensent2 Comme pour la production de FO lrsquoeacutelevage est la norme puisque seules 1 des EAF nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte On notera que le fait de ne pas avoir drsquoanimal agrave un moment donneacute ne signifie pas que lrsquoexploitation ne pratique pas lrsquoeacutelevage lrsquoabsence drsquoanimal est le plus souvent conjoncturelle et un indicateur de difficulteacutes eacuteconomiques

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Au-delagrave des diffeacuterences de quantiteacute on note lrsquoimportance du compost traditionnel (zezi-pako) agrave Mandoto avec 16 de la FO alors qursquoagrave Arivonimamo il ne repreacutesente que 1 Le zezi-pako est constitueacute essentiellement agrave partir des ordures domestiques et de veacutegeacutetaux reacutecolteacutes sur ou en dehors de lrsquoEAF (Ravonjiarison et al 2018) Il est reacuteputeacute ne pas contenir de deacutejection animale (mecircme si selon les deacuteclarations 60 des EAF en ajoute voir infra) et srsquoil en contient crsquoest en faible quantiteacute Il peut ecirctre brucircleacute surtout srsquoil contient beaucoup de veacutegeacutetaux peu deacutegradeacutes Le zezi-pako est utiliseacute plutocirct par les petites exploitations les grandes exploitations preacutefeacuterant produire du compost Les quantiteacutes de composts laquo modernes raquo ne sont pas significativement diffeacuterentes entre les zones

22 Les produits apporteacutes dans le fumier et le compost

Les produits apporteacutes pour la fabrication du fumier et du compost ont des effets sur la qualiteacute

fertilisante finale des produits Comme lrsquoindique le Tableau 1 les EAF apportent des produits divers cette pratique permet drsquoaugmenter le volume de fumier produit (Alvarez S 2012 Rasolofo L I 2017) mais aussi de produire des fumures de composition variable par rapport aux caracteacuteristiques reconnues (Ravonjiarison et al 2018)

Lrsquoapport des deacutejections animales est bien sucircr fonction des animaux sur lrsquoEAF mais aussi pour les composts (et en particulier pour le zezi-pako) des deacutejections de zeacutebus ramasseacutees sur les chemins ou parcours emprunteacutes par des animaux qui appartiennent agrave drsquoautres EAF les exploitants connaissent lrsquoimportance des deacutejections animales pour la fumure des cultures et les plus pauvres avec tregraves peu drsquoanimaux ramassent des deacutejections laquo perdues raquo Ainsi 60 des EAF qui produisent du compost ajoutent dans celui-ci des deacutejections animales

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les EAF ajoutent de nombreux produits dans la fabrication du fumier autant si ce nrsquoest plus en freacutequence que pour

le compost Pour les pailles et balles de riz la prioriteacute semble ecirctre donneacutee au fumier mecircme si la freacutequence reste eacuteleveacutee pour le compost Les EAF pratiquent avec un fort pourcentage le recyclage des reacutesidus de cultures (paille de riz balles de riz autres reacutesidus de culture) Pregraves des deux tiers des EAF ajoutent du bozaka1 et une EAF sur deux qui produit du compost ajoute des feuilles drsquoarbres

Tableau 1 Principaux produits apporteacutes pour la fabrication des fumiers ou des composts (en des EAF)

Produits apporteacutes Fumier (EAF=304)

Compost (EAF=122)

Deacutejection de bovins 70

60

Deacutejection de porcs 73Deacutejection de volailles

84

Deacutejection autres animaux

1

Paille de riz 72 60Balles de riz 51 33Reacutesidus autres cultures

43 39

Bozaka 68 60Autres herbes 17 9Feuille darbres 13 50Deacutechets meacutenagers 36 54Cendres 46 57Terre fertile Terreau

3 12

Sels 4 9Vers 0 2Autres produits 4 7

1 Nom geacuteneacuterique pour deacutesigner les laquo herbes raquo et plus particuliegraverement les gramineacutees qui couvrent pentes et sommets des collines (Andropogon eucomus Aristida adscensionis etc) (source dictionnaire malgache httpmotmalgacheorgbinsteny2) Le bozaka peut avoir eacuteteacute coupeacute ou arracheacute dans ce cas il comprend les racines et un peu de terre

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Ces produits bozaka feuilles drsquoarbres autres herbes sont pour la plupart des produits de cueillette et participent agrave une laquo gestion horizontale de la fertiliteacute raquo avec un transfert drsquoeacuteleacutements fertilisants preacuteleveacutes sur drsquoautres parties du terroir et rameneacutes sur les parcelles cultiveacutees (Rollin 1994 Andriambelomanga 2017) amplifiant le mecircme transfert reacutealiseacute par les animaux (pacircturages ou parcours fumier cultures) Les autres produits utiliseacutes notamment par les EAF qui produisent du compost sont les cendres le terreau mais aussi du sel acheteacute et dlsquoautres produits comme de la dolomie de la sciure de bois etc

23 Les motivations pour la production du compost

La production de compost est lrsquoune des techniques vulgariseacutees pour augmenter

les quantiteacutes de matiegraveres fertilisantes encourageacutees par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie Les reacutesultats de lrsquoenquecircte montrent que la moitieacute des EAF agrave Mandoto et 30 des EAF agrave Arivonimamo ont deacutejagrave cette pratique

Tableau 2 Part des EAF qui produisent du compost

Mandoto ArivonimamoCompost moderne

9 12

Compost traditionnel

41 18

Total avec compost

50 30

A Mandoto ce sont les pratiques traditionnelles de production de zezi-pako qui dominent tregraves largement On notera que si le total nrsquoest que de 50 crsquoest que quelques EAF rares toutefois font les deux types de compost A Arivonimamo certainement en raison des programmes de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la technique la part des EAF avec compost laquo moderne raquo est un peu plus eacuteleveacutee mais le compost traditionnel

est moins reacutepandu On pourrait penser que le fumier se substitue au compost crsquoest-agrave-dire qursquoune EAF qui produit du fumier abandonne la production de compost car comme mentionneacute preacuteceacutedemment les EAF apportent en grande partie les mecircmes constituants aux deux types de fumure organique En fait il nrsquoen est rien 55 des EAF qui produisent du compost agrave Mandoto ont du fumier et agrave Arivonimamo ce taux est de 82

La raison principale pour laquelle les EAF produisent du compost crsquoest drsquoabord pour augmenter la quantiteacute disponible de fertilisants (34 des EAF qui ont reacutepondu) ou beacuteneacuteficier des effets en augmentant la production (11) et en ameacuteliorant la fertiliteacute des sols (9) On note tout de mecircme que 25 des EAF ont reacutepondu que crsquoeacutetait parce qursquoelles nrsquoavaient pas de fumier (et le taux est plus eacuteleveacute agrave Mandoto) Enfin 9 des EAF ont eacutevoqueacute le coucirct moindre du compost par rapport aux autres fertilisants et 12 ont donneacute des raisons que lrsquoon peut rattacher agrave une meilleure agronomie le zezi-pako est meilleur que le fumier car brucircleacute il ne transmet pas les maladies ou les graines de mauvaises herbes la cendre du zezi-pako a de nombreux avantages (notamment dans la lutte contre les ravageurs sur les peacutepiniegraveres) le compost est meilleur que les engrais pour les sols etc

Pour les EAF qui produisent du compost les contraintes principales sont pour 38 des EAF qui ont reacutepondu le temps de travail neacutecessaire (notamment pour ramasser les feuilles drsquoarbres le bozaka etc) et pour 35 des EAF la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres On notera que pour 12 des EAF il nrsquoy a pas de veacuteritable limite agrave la production de compost Enfin pour les 16 drsquoEAF restantes ces limites sont diverses lrsquoeau pour lrsquoarrosage du compost (5) mais aussi la treacutesorerie pour acheter le bozaka ou payer la main drsquoœuvre pour ramasser des matiegraveres premiegraveres le risque drsquoincendie etc

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24 Une production de FO tregraves variable selon les EAF

Malgreacute les apports sur le fumier et la production de compost la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF est faible en valeur absolue et surtout comme indiqueacute preacuteceacutedemment on observe une grande diversiteacute de situation entre les EAF avec un coefficient de variation de lrsquoordre de 90 dans les deux zones Les graphiques de la Figure 4 (voir infra la FO produite est en bleu) illustrent cette grande variabiliteacute avec des profils diffeacuterents selon les zones

Dans la zone de Mandoto comme deacutejagrave indiqueacute il y a une forte proportion drsquoEAF avec peu de fumure organique produite (plus de la moitieacute des EAF produisent moins de 15 tonnes) en raison du faible nombre drsquoanimaux et drsquoune production de compost qui reste peu importante Et ces EAF produisent environ frac14 de la fumure totale produite dans le terroir

Dans la zone drsquoArivonimamo la part des EAF avec moins de 15 tonnes est leacutegegraverement moindre (48) mais la FO produite pour lrsquoensemble de ces EAF nrsquoest que de 14 Donc un peu moins drsquoEAF mais une quantiteacute de FO produite tregraves faible On peut mettre cette diffeacuterence entre les deux zones au creacutedit de la production de compost traditionnel les EAF sans animaux sont plus importantes agrave Mandoto mais ces EAF pour compenser produisent du zezi-pako et en final sont moins deacutemunies que les EAF drsquoArivonimamoA lrsquoautre extreacutemiteacute des graphiques la part des EAF avec plus de 5 tonnes est faible agrave Mandoto agrave peine 4 des EAF et qui cumulent 6 de la FO produite totale Dans la zone drsquoArivonimamo la part de ces EAF est nettement plus importante (9) et surtout elles cumulent 29 de la FO Si on regroupe les deux derniegraveres classes la part des EAF avec plus de 3 tonnes agrave Arivonimamo est de 25 et ces EAF cumulent 58 de la FO agrave Mandoto elles sont 17 et cumulent 43 de la FO totale dans le terroir Ainsi si agrave Arivonimamo la production de FO moyenne par EAF est

supeacuterieure les ineacutegaliteacutes entre les EAF sont aussi plus importantes

3 La fumure organique disponible par EAF

La fumure organique disponible dans une EAF est en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les

fumiers produits la fabrication de composts mais aussi des eacutechanges

31 Les eacutechanges de fumure organique

Sur les Hautes Terres les eacutechanges de fumures organiques sont freacutequents que ces eacutechanges

soient marchands (achat vente) ou non (troc ou don)

Tableau 4 Part des EAF qui eacutechangent de la FO

Opeacuteration sur FO

Mandoto Arivonimamo

Ensemble 60 88- dont Achat 30 74- dont Vente 18 19- dont Troc 22 24

Comme le montre le Tableau 4 crsquoest une large majoriteacute des EAF qui eacutechangent de la fumure organique A Arivonimamo la pratique est presque geacuteneacuteraliseacutee avec 88 des EAF qui sont concerneacutees par au moins une opeacuteration drsquoentreacutee ou de sortie de FO

Si les opeacuterations drsquoeacutechanges non moneacutetariseacutes (troc ou don) et les ventes concernent agrave peu pregraves le mecircme pourcentage drsquoEAF dans les deux zones la diffeacuterence est forte en ce qui concerne les achats puisque agrave Arivonimamo ce sont presque 3 EAF sur 4 qui achegravetent de la FO Dans cette zone ougrave les productions maraichegraveres sont importantes les EAF sont agrave la recherche de fumure organique en termes de quantiteacutes pour augmenter le disponible mais aussi de qualiteacute (fumiers de porcs ou de volailles)

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Pour les eacutechanges sous forme de troc la fumure organique est eacutechangeacutee contre du travail (travail manuel ou prestation par exemple labour ou transport) contre de la paille de riz ou autres matiegravere organique (certainement pour produire du fumier) des semences (de riz ou maiumls) etc Les dons sont faits aux membres de la famille (le plus souvent des parents vers les enfants) mais aussi au meacutetayer voire agrave des voisins moins bien doteacutes Il y a donc un marcheacute de la fumure organique entre EAF drsquoune zone donneacutee mais aussi avec des EAF ou drsquoautres deacutetenteurs dans des zones plus eacuteloigneacutees Ainsi agrave Arivonimamo quelques EAF ont pu acqueacuterir des deacutechets urbains et beaucoup ont acheteacute du fumier en provenance drsquoeacutelevages speacutecialiseacutes

Tableau 5 Prix moyen en Ariary drsquoune charrette de fumure organique

Mandoto ArivonimamoNbre PU moyen Nbre PU moyen

Fumier de zeacutebu 179 5 809 225 16 158Fumier meacutelangeacute 49 4 837 88 13 286Fumier de porc 5 36 000 115 41 137Fumier de volaille 3 25 000 80 49 283Compost 8 18 333Zezi-pako 29 4 500

Les prix pour une charrette1 sont tregraves diffeacuterents entre les deux zones Et on peut penser qursquoagrave Arivonimamo le marcheacute de la fumure organique est laquo tendu raquo avec une forte demande et peu de fumure localement commercialiseacutee pour y reacutepondre Cette situation a des conseacutequences sur les prix avec comme lrsquoindique le Tableau 5 des prix tregraves eacuteleveacutes agrave Arivonimamo environ 3 fois plus eacuteleveacutes qursquoagrave Mandoto Ces prix ont eacuteteacute calculeacutes agrave partir des deacuteclarations de vente ou drsquoachat par les producteurs Lrsquoeffectif (Nbre) est le nombre de charrettes sur lequel a eacuteteacute calculeacute le prix moyen La part des achats est bien sucircr beaucoup plus eacuteleveacute et le plus souvent ce prix inclut le transport ce qui nrsquoest pas un eacuteleacutement neacutegligeable notamment agrave Arivonimamo ougrave la fumure provient drsquoeacutelevages relativement eacuteloigneacutes La charrette de fumier de porc ou de volaille est nettement plus chegravere que le fumier de zeacutebus ou de fumier meacutelangeacute Mais ce sont ces deux types de fumier qui sont les plus commerceacutes en quantiteacute

On notera que le pourcentage des EAF qui achegravetent est nettement supeacuterieur agrave celui des EAF qui vendent Les eacutechanges pourraient srsquoeacutequilibrer au niveau du territoire (le fokontany) par les quantiteacutes avec des EAF qui vendraient de grandes quantiteacutes et des EAF qui achegraveteraient de petites quantiteacutes En fait dans notre eacutechantillon (tireacute au sort et donc avec autant de chances de tirer un vendeur qursquoun acheteur) les eacutechanges ne srsquoeacutequilibrent pas et les quantiteacutes vendues ne repreacutesentent que 38 des quantiteacutes acheteacutees agrave Mandoto et seulement 22 agrave Arivonimamo Ainsi globalement les EAF achegravetent des fumures organiques agrave des exploitations agricoles drsquoautres fokontany et ceci est particuliegraverement reacutepandu agrave Arivonimamo avec des EAF qui achegravetent aux eacutelevages de poulets de chair de poules pondeuses ou de porcs proches de la ville drsquoImerintsiatosika

1 Aucune information nrsquoa eacuteteacute collecteacutee sur le poids des charrettes car le travail aurait eacuteteacute trop lourd agrave reacutealiser Ce poids deacutepend du niveau de remplissage mais aussi et beaucoup de la qualiteacute de la fumure organique Comme deacutejagrave indiqueacute pour faire les conversions nous avons utiliseacute le poids de 250 kg par charrette pour couvrir tous les types de fumure et eacuteviter les surestimations Certains pourront consideacuterer ce poids comme sous-estimeacute

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Figure 2 Evolution de la fumure moyenne produite par EAF

La fumure produite dans une EAF nrsquoest pas la fumure disponible celle-ci eacutevolue en fonction

des eacutechanges La Figure 2 preacutesente la situation moyenne drsquoune EAF selon la zone On constate que la quantiteacute de fumure disponible pour les cultures (apregraves entreacutees et sorties) est en moyenne plus importante que la fumure produite (voir aussi Tableau 6) Ainsi agrave Arivonimamo la fumure disponible passe agrave 29 tonnes par EAF alors que la quantiteacute produite est de lrsquoordre de 22 tonnes A Mandoto lrsquoeacutecart nrsquoest pas si important mais reste significatif avec respectivement 21 et 19 tonnesAinsi on peut deacuteduire de ces donneacutees que la strateacutegie des EAF est drsquoaugmenter la production de fumure organique sur lrsquoEAF (eacutelevage compost) mais aussi drsquoaugmenter la fumure organique disponible pour fertiliser les parcelles en achetant sur le marcheacute ou en srsquoapprovisionnant agrave travers

des eacutechanges non marchands Et cette strateacutegie est particuliegraverement dominante agrave ArivonimamoMais ces tendances geacuteneacuterales cachent de fortes dispariteacutes Ainsi les 3 EAF qui nrsquoavaient pas produit de FO en ont obtenu par achat et troc mais 4 EAF ont ceacutedeacute toute leur fumure organique Ainsi il y a toujours environ 1 de lrsquoeacutechantillon qui nrsquoa pas de FO disponible

32 Quantiteacutes disponibles et variabiliteacute

Ainsi lrsquoEAF moyenne a augmenteacute sa disponibiliteacute en FO dans les deux zones

(Figure 2 et Tableau 6) La composition (Figure 4) a eacutevolueacute par rapport agrave la FO produite (Figure 1) et ceci plus particuliegraverement agrave Arivonimamo Dans cette zone la part du fumier meacutelangeacute a fortement diminueacute (passant de 47 agrave 33) comme mais dans une moindre mesure celle du fumier bovin et ce sont les fumiers agrave base de deacutejections de porcs ou de fiente de volaille qui ont fortement progresseacute passant de 8 agrave 16 On note eacutegalement la progression du type autre FO qui est passeacute de 3 agrave 6 en lien avec lrsquoacquisition de deacutechets ou boues urbaines

Figure 3 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique disponible par EAF selon les zones

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A Mandoto les changements sont mineurs et concernent la reacutepartition entre fumier meacutelangeacute et fumier bovin ce dernier type progresse au deacutetriment du fumier meacutelangeacute Ceci srsquoexplique par le fait que les eacutechanges et en particulier moneacutetaires concernent le fumier de bovin et peu le fumier meacutelangeacute

Mais mecircme si on enregistre quelques eacutevolutions ce sont toujours le fumier de bovin et le fumier meacutelangeacute qui sont les fumures organiques les plus importantes car ils repreacutesentent plus de 70 des quantiteacutes moyennes disponibles au niveau de lrsquoEAF moyenne

Comme pour la fumure produite la fumure disponible par EAF est tregraves variable La variabiliteacute a mecircme augmenteacute avec des coefficients de variation autour de la moyenne un peu plus eacuteleveacutes pour la FO disponible Mais le recours au marcheacute et les eacutechanges non marchands ont fait fortement eacutevoluer la reacutepartition de la fumure organique entre les EAF La Figure 4 illustre ces eacutevolutions contrasteacutees selon les zones

Figure 4 Evolution de la reacutepartition des EAF et de la FO selon des classes de quantiteacutes de FO produite et disponible en tonnes

A Mandoto lrsquoeacutevolution nrsquoest pas tregraves importante les pourcentages drsquoEAF progressent en mecircme temps que les classes de quantiteacute de FO mais de maniegravere tregraves modeacutereacutee Le recours aux eacutechanges nrsquoentraicircne pas de modification spectaculaire dans le profil des graphiques que cela soit pour la reacutepartition des EAF ou pour la reacutepartition de la FO la part des EAF avec moins 05 tonne diminue de 18 agrave 15 et crsquoest la classe de 05 agrave 15 tonnes qui progresse de 3 la part des EAF les mieux pourvues (plus de 5 tonnes) progresse mais tregraves faiblement aussi

A Arivonimamo les changements sont beaucoup plus importants La part des EAF avec moins de 05 tonne diminue pour passer de 22 avec la fumure produite agrave seulement 9 pour la fumure disponible Ainsi la plus grande partie des EAF les moins pourvues se sont procureacutees de la FO sur le marcheacute ou par le troc car pour les cultures maraichegraveres il est indispensable drsquoavoir de la fumure organique Et ce sont les classes avec de plus grandes quantiteacutes de FO qui ont progresseacute de maniegravere remarquable

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les EAF avec plus de 3 tonnes sont passeacutees de 25 agrave 42 et la fumure que cumulent ces EAF est passeacutee de 58 agrave 73 La progression tregraves forte des EAF les mieux pourvues srsquoest tout de mecircme traduite par une concentration au niveau de ces EAF

33 Quantiteacute de fumure organique et surface

Lrsquoimportance de la fumure organique drsquoune EAF ne peut ecirctre appreacutecieacutee qursquoen fonction de la superficie agrave cultiver qui elle-mecircme deacutepend de la Surface Agricole Utile disponible par EAF Celle-ci varie selon la zone avec environ 15 ha agrave Mandoto et 09 ha agrave Arivonimamo

Tableau 6 Superficie et quantiteacutes moyennes par EAF

Variables par EAF Mandoto Arivonimamo

Moyenne CV Moyenne CVSAU (ha) 148 88 091 82FO produite (tonne) 187 90 218 92

FO disponible (tonne) 213 102 290 78

FO disponible (tonneha) 169 84 367 66

La quantiteacute de fumure disponible est en relation lineacuteaire avec la SAU les coefficients de correacutelation entre ces deux variables sont relativement eacuteleveacutes avec +076 agrave Mandoto et +059 agrave Arivonimamo et significatifs agrave 001 Dans les deux zones ces coefficients sont supeacuterieurs agrave ceux qui lient les variables de cheptel (nombre de bovins et valeur totale du cheptel) et les variables de SAU ainsi on peut en deacuteduire que cette relation entre quantiteacute de FO et surface nrsquoest pas seulement fonction des animaux disponibles mais bien dlsquoune strateacutegie des EAF une laquo strateacutegie de construction de la fertiliteacute raquo des sols (NrsquoDieacutenor et al 2011)

Figure 5 Nuages de points entre SAU et FO disponible pour chaque zone

Quand on ramegravene la quantiteacute de fumure organique disponible par ha de SAU la zone Arivonimamo apparaicirct nettement mieux pourvue avec pregraves de 35 t ha de SAU alors qursquoagrave Mandoto ougrave les EAF ont moins de FO disponible et plus de surface la moyenne est de 21 tonneha

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Les graphiques en nuage de points mettent en eacutevidence cette relation Les coefficients Rsup2 ne sont pas tregraves eacuteleveacutes ce qui signifie que la SAU disponible agrave elle seule nrsquoexplique pas tregraves bien la variabiliteacute observeacutee A Mandoto il y a quelques points atypiques (par exemple un producteur avec une superficie assez faible et beaucoup de fumure parce que le cheptel est important) mais la reacutegression semble repreacutesenter assez bien la situation la FO disponible est eacutegale agrave 125 fois la SAU + 03 tonnes

A Arivonimamo la reacutepartition des points est assez atypique et il semble exister deux groupes de producteurs avec des strateacutegies diffeacuterentes le premier en rouge dans le graphique vise une quantiteacute importante de FO par uniteacute de surface (35 fois la superficie plus 125 tonnes) alors que le second se rapproche de la situation de Mandoto et semble rechercher une quantiteacute de FO qui repreacutesente 15 fois la SAU + 01 tonne

Pour expliquer ces diffeacuterences entre les deux groupes il faut rechercher du cocircteacute des cultures pratiqueacutees avec pour le premier groupe des surfaces en cultures maraichegraveres plus importantes et avec pour le second un assolement beaucoup plus traditionnel (ces aspects seront analyseacutes dans le prochain article)

Ces quantiteacutes moyennes semblent cependant insuffisantes pour renouveler la fertiliteacute des sols cultiveacutes car selon les travaux de P Garin meneacutes il est vrai dans la zone du Lac Alaotra il faudrait 4 tonneshaan en moyenne de fumier pailleux neacutecessaire (Garin 1998 citeacute par Dubois 2004) pour restituer au sol la bonne quantiteacute de matiegravere organique contrebalanccedilant la mineacuteralisation de la matiegravere organique due aux cultures

Mais nombre de producteurs notamment dans la zone dArivonimamo ajoutent agrave la fumure organique des engrais mineacuteraux Ce point sera traiteacute dans le prochain numeacutero de JAE avec un article sur les strateacutegies drsquoutilisation de la fumure organique et mineacuterale

34 La qualiteacute fertilisante des fumiers

Dans le cadre du mecircme projet de recherche Secure des eacutechantillons de fumures

organiques destineacutees agrave la culture de riz pluvial ont eacuteteacute preacuteleveacutes dans 40 fermes de reacutefeacuterence (20 dans chacune des zones) pour la campagne culturale 2018-2019 Une quantiteacute drsquoenviron 700 cm3 a eacuteteacute preacuteleveacutee sur les parcelles au moment de la mise en place de la culture du riz Ces eacutechantillons ont eacuteteacute analyseacutes et les reacutesultats donnent une indication de la qualiteacute moyenne des fumiers produits et utiliseacutes dans les zones

Tableau 3 Qualiteacute des fumiers utiliseacutes (en de la matiegravere segraveche)

Zone pH N P KMandoto 86 11 03 18Arivonimamo 82 10 07 13

Avec des pH supeacuterieurs agrave 8 les fumiers permettent de corriger laciditeacute des sols (qui ont souvent des pH de deacutepart autour de 5) par leur pouvoir alcalinisant et dameacuteliorer dans la dureacutee les sols pour les rendre plus favorables aux cultures exigeantes comme le maiumls le soja le haricot les cultures maraichegraveres etc

La qualiteacute selon les trois principaux eacuteleacutements (N=Azote P=Phosphore et K=Potassium) peut ecirctre ainsi commenteacutee

bull N les teneurs moyennes en azote sont plutocirct faibles dans les 2 zones mettant en lumiegravere la neacutecessiteacute de mieux conserver cet eacuteleacutement tregraves mobile par dallage couverture rajout de pailles de riz ou de fanes de leacutegumineuse pour stockage de lurine Toutes les plantes ont besoin drsquoazote

bull P une teneur en phosphore nettement plus eacuteleveacutee agrave Arivonimamo en raison dassociations de deacutejections agrave base de volaille et de porc (dont une partie est acheteacutee voir infra) Mais ces teneurs sont faibles alors que lrsquoinsuffisance des sols en phosphore est tregraves souvent un des principaux facteurs limitant pour les cultures

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La FO avec ses faibles teneurs en P est de maniegravere geacuteneacuterale insuffisante pour lever ce facteur limitant

bull K les teneurs en potassium sont relativement eacuteleveacutees dans les deux zones par concentration des pailles par lrsquoajout de cendres de balles de riz ou de balles de riz en lrsquoeacutetat Le potassium est important notamment pour les cultures fruitiegraveres et maraicircchegraveres

Pour appreacutecier la qualiteacute en terme de nutrition des plantes on peut comparer les apports du fumier agrave ceux drsquoun engrais NPK 112216 (utiliseacute couramment dans la reacutegion) Le fumier moyen entre les deux reacutegions agrave des teneurs que lrsquoon peut arrondir agrave 1N 05P 15K en matiegravere segraveche (MS) ainsi en faisant simplement le rapport avec les des analyses 1 kilogramme drsquoengrais eacutequivaut pour N agrave 11 kgfumier MS pour P agrave 44 kgfumier MS et pour K agrave 11 kgfumier MS

Pour se rapprocher des pratiques paysannes il faut faire la comparaison avec des matiegraveres fraicircches et en uniteacute traditionnelle Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes le poids en MS eacutequivaut agrave 50 du poids en matiegravere fraiche une charrette de fumure organique pegravese1 250 kg Ainsi une charrette de fumier de faible qualiteacute eacutequivaut pour N agrave 11 kg pour P agrave 3 kg et pour K agrave 12 kg de lrsquoengrais NPK (112216) utiliseacute pour la comparaison

Si on fait la comparaison en termes de prix avec le kilogramme drsquoengrais agrave 2 200 Arkg (prix de 2019) et une charrette agrave 10 000 Ar lrsquouniteacute fertilisante coucircte avec lrsquoengrais environ 4 500 Ar et 2 700 Ar avec la charrette de fumier Ainsi lrsquoapport de FO est nettement plus inteacuteressant sur le plan eacuteconomique et ceci drsquoautant plus que la fumure est autoproduit valorisant ainsi lrsquoeacutelevage

1 Comme deacutejagrave indiqueacute le poids de la charrette varie for-tement selon le volume de remplissage et la qualiteacute du fumier Avec du fumier de bonne qualiteacute une charrette peut peser 400 kg voire plus mais avec du fumier de mauvaise qualiteacute ou du zezi-pako le poids peut descendre nettement en dessous des 250 kg Pour prendre en compte lrsquoensemble des types de fumure or-ganique nous avons adopteacute le poids moyen de 250 kgcharrette (notamment en reacutefeacuterence agrave Saint-Andreacute et al 2016)

etou le travail familial Cet amendement a aussi de nombreuses autres qualiteacutes que nrsquoa pas lrsquoapport drsquoengrais mineacuteraux avec des effets sur la structure et la faune du sol lrsquoapport drsquoeacuteleacutements fertilisants secondaires et des utilisations agronomiques inteacuteressantes (par exemple pour ameacuteliorer la leveacutee des cultures)

Ces calculs ont eacuteteacute faits avec des reacutefeacuterences moyennes plutocirct deacutefavorables agrave la FO (notamment le poids de la charrette) or les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de la qualiteacute et de la quantiteacute du fumier produit sont nombreuses (Salgado et Tillard 2012) avec des effets positifs sur la productiviteacute de la terre et du travail (Marline 20152) Dans le cadre des fermes de reacutefeacuterence sur les deux zones des agriculteurs appuyeacutes par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie se sont engageacutes dans un processus dameacutelioration des fumures organiques et peuvent ecirctre des reacutefeacuterents pour la diffusion des techniques

4 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La fumure organique disponible dans une EAF est fonction des quantiteacutes produites (en

moyenne 217 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 187 tonnes dans le MO du Vakinankaratra) en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les pratiques de compostage Mais pas seulement car le recours au marcheacute ou au eacutechanges non marchands font eacutevoluer de maniegravere significative agrave la fois les quantiteacutes disponibles par EAF mais aussi la qualiteacute et la reacutepartition entre les EAF La FO moyenne disponible est de 29 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 21 tonnes dans le MO du Vakinankaratra Rameneacutee agrave la SAU la quantiteacute de FO disponible est 367 tonnes par ha agrave Arivonimamo et 169 tha agrave Mandoto

2 Apregraves avoir enquecircteacute trente exploitations agricoles de la reacutegion Vakinankaratra Marline conclut que laquo lrsquoadoption des pra-tiques drsquoameacutelioration de la qualiteacute du fumier ne se traduit pas par une augmentation significative du coucirct de production du fumier notamment en raison des eacuteconomies drsquoeacutechelle dans la fabrication du fumier de qualiteacute En utilisant les reacutesultats des expeacuterimenta-tions de BIOVA lrsquoeacutepandage du fumier ameacutelioreacute sur les parcelles augmenterait la productiviteacute agricole de la terre de 27 et la pro-ductiviteacute globale du travail de 23 raquo (Marline 2015)

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Les produits ajouteacutes au fumier sont nombreux et la production de compost traditionnel ou laquo moderne raquo est reacutepandue

Ainsi que cela soit en termes de pourcentage drsquoEAF inteacuteresseacutees ou en termes de motivation il y a dans ces deux zones une base solide de pratiques et de connaissances paysannes sur laquelle peut srsquoappuyer la vulgarisation de lrsquoameacutelioration de la quantiteacute et de la qualiteacute du fumier et la production de compost

La recherche a commenceacute agrave analyser la diversiteacute de ces pratiques et leurs effets sur la production Un grand nombre de matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et animales sont recycleacutees et les premiers reacutesultats montrent drsquoimportantes synergies entre elles avec des associations courantes avec les engrais

La theacutematique de la fertilisation organique est importante pour les agriculteurs de ces zones Parmi diffeacuterentes pratiques agroeacutecologiques lrsquoutilisation des FO est assez geacuteneacuteraliseacutee et les agriculteurs adoptent via ces pratiques des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute (cf paragraphe 33) Dans cette optique les accompagnements et renforcements de la part des acteurs du deacuteveloppement rural nous semblent tregraves pertinents en matiegravere drsquoaugmentation en quantiteacute et en qualiteacute Les reacutefeacuterences drsquoameacutelioration existent deacutejagrave (Salgado et Tillard 2012 Rasolofo et al 2018) Des plantes ameacuteliorantes peuvent ecirctre eacutegalement utiliseacutees agrave lrsquoeacutechelle des EAF ou du territoire On peut citer les plantes reacutepulsives qui ameacuteliorent les FO dans la lutte contre les insectes (cf reacutefeacuterences du GSDM) les Tithonia qui apportent une quantiteacute significativement importante de K compareacutes agrave diffeacuterents types de fumiers (Olabode et al 2007) etc

Lrsquoeacutetude reacutevegravele eacutegalement que lrsquoutilisation des fumiers meacutelangeacutes provenant de plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage est une pratique courante des agriculteurs dans les deux zones Lrsquoameacutelioration des conduites drsquoeacutelevage dont lrsquoalimentation la santeacute ou lrsquohabitat pourrait ainsi ecirctre une autre faccedilon de rehausser la qualiteacute fertilisante des FO encore consideacutereacutee comme faible Lrsquoameacutelioration

dans ce cas devrait concerner de plus en plus les animaux agrave cycle court tels que les volailles etou les porcs En fait crsquoest parce que lrsquoeacutelevage bovin est menaceacute par les vols alors que les EAF ont toutes au moins des volailles au sein de leur exploitation

Les agriculteurs savent que la fumure organique est la base pour une bonne gestion de la fertiliteacute des sols qursquoelle permet drsquoameacuteliorer lrsquoefficience des engrais apporteacutes et qursquoelle peut aussi jouer un rocircle de leveacutee de certaines deacuteficiences De nouveaux enjeux apparaissent comme pour le compost avec la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et un besoin de reacutefeacuterentiel technico-eacuteconomique pour faire eacutevoluer la production de zezi-pako vers un compost avec plus de qualiteacutes fertilisantes

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Les plantes de services en Agro-eacutecologie les rotations et successions des cultures leccedilons apprises du GSDM

Rakotondramanana Raharison T Randriamitantsoa M Moussa N Razanamparany C Tokiherinionja TF Sandratriniaina R R

Randriamiarana V Razaka M

Introduction

Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale les paysans pratiquent toujours des associations de cultures mais

pour la plupart il srsquoagit drsquoassociation laquo gramineacutee ndash gramineacutee raquo qui ne contribue pas du tout agrave la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols Dans le district de Mandoto par exemple lrsquoassociation maiumls + riz pluvial (41 des surfaces) manioc + maiumls (19 des surfaces) maiumls + arachide (10 des surfaces) sont les plus dominantes (RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019) A part lrsquoassociation avec lrsquoarachide ces associations nrsquoont pas beaucoup drsquointeacuterecirct dans la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et devraient changer en association gramineacutees - leacutegumineuses en utilisant les plantes de couverture agrave forte capaciteacute de reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols en plus de leurs proprieacuteteacutes eacuteprouveacutees en tant que plantes de services Lrsquoassociation du maiumls avec le haricot est tregraves courante aussi bien sur les Hautes Terres que dans le Moyen Ouest crsquoest une association ougrave lrsquoon a deux cultures alimentaires en mecircme temps mais la biomasse de la leacutegumineuse le haricot se mineacuteralise tregraves vite et nrsquoest plus visible apregraves la saison segraveche De mecircme lrsquoassociation du maiumls avec le soja est aussi tregraves freacutequent sur les Hautes Terres et surtout sur les sols volcaniques drsquoAntsirabe et de Betafo mais comme le haricot le soja se mineacuteralise tregraves vite et ne contribue pas beaucoup agrave la biomasse

Le but principal de cet article est de rappeler les principales plantes de couvertures en compleacutetant avec les acquis du GSDM dans les principales reacutegions de Madagascar ceci par rapport aux donneacutees du Manuel pratique du semis direct de Madagascar (HUSSON O et al 2013) un travail collectif sous la houlette drsquoOlivier HUSSON ougrave nous avons largement contribueacute et dont les principales informations ont eacuteteacute soit actualiseacutees soit compleacuteteacutees

Brefs aperccedilus des principales plantes de couvertures ou drsquoembocagement des parcelles

11 Le mucuna

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc) mais ses proprieacuteteacutes en agronomie nrsquoont eacuteteacute que tregraves peu documenteacutees ou sont resteacutees inconnues Pourtant cette leacutegumineuse a un tregraves grand inteacuterecirct en agronomie

Photo 1 Une bonne biomasse de mucuna

111 Une leacutegumineuse pour la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et la lutte contre le striga

Dans le site drsquoIvory sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + Mucuna varient de 468 agrave 485 tha en F1 et de 5 agrave 536tha en F2 et les rendements de maiumls en association avec le Mucuna varient de 44 agrave 487 tha en F1

1 et de 53 agrave 56tha en F2

2 Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020)

1 F1 5 tha de fumier de ferme

2 F2 F1 + 80 kgha de NPK 11- 22 ndash 16 et 25 kg ha drsquoureacutee

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Ce systegraveme bisannuel en agriculture de conservation permet drsquoobtenir des rendements stables de la production de riz et de maiumls associeacute Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans et dans les eacutecoles (CEG) appuyeacutees par le GSDM

112 Une leacutegumineuse pour lutter contre les mauvaises herbes

Photo 2 Apregraves une biomasse de mucuna (jachegravere de mucuna en haut et biomasse de mucuna associeacute avec du maiumls en bas) pas de

mauvaises herbes pour la culture suivante

113 Un reacutepulsif contre les insectes et mecircme contre drsquoautres ravageurs des cultures

Contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) LrsquoONG DURRELL qui a introduit des

associations agrave base de mucuna dans les aires proteacutegeacutees a pu observer que le mucuna limite aussi les attaques de sangliers (DURRELL 2020) Les varieacuteteacutes noires type Garadake du CTAS ou marbreacute existent mais il semble que la varieacuteteacute noire est la plus appreacutecieacutee

12 Le nieacutebeacute eacuterigeacute

Le nieacutebeacute (Vigna unguiculata subsp unguiculata) est une sous-espegravece veacutegeacutetale du Vigna unguiculata originaire drsquoAfrique Probablement introduit en Ameacuterique tropicale au XVIIegraveme siegravecle par les Espagnols le nieacutebeacute est aujourdhui largement cultiveacute dans le Sud des Eacutetats-Unis aux Caraiumlbes et au Breacutesil et bien sucircr en Afrique Les observations faites sur de longues anneacutees montrent que le nieacutebeacute eacuterigeacute David est adapteacute agrave tous les types de sols dans tous les milieux agrave Madagascar Sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute proposeacutee dans les zones humides de la Cocircte Est uniquement agrave cause de problegraveme de production de semences Comme le haricot crsquoest une leacutegumineuse alimentaire agrave cycle court mais qui exige des traitements insecticides freacutequents

Photo 3 Nieacutebeacute eacuterigeacute cv David CEG Antokofoana

Sa biomasse peu lignifieacutee se deacutegrade tregraves vite et demande agrave ecirctre associeacutee avec une biomasse lignifieacutee comme celle du maiumls ou du sorgho

Madagascar est connu pour sa production de nieacutebeacute type laquo Black eyes raquo exporteacute vers plusieurs pays mais surtout vers lrsquoinde Crsquoest la reacutegion drsquoAmbato Boeny sur les baiboho du Betsiboka qui est la reacutegion de production la plus importante

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13 Les nieacutebeacutes rampants

Les nieacutebeacutes rampants sont des varieacuteteacutes locales seacutelectionneacutes par les paysans sur de longues anneacutees en geacuteneacuteral dans les zones segraveches comme le Sud Malgache La varieacuteteacute SPLF2 seacutelectionneacutee par lrsquoONG TAFA dans la reacutegion du Sud-Ouest renommeacute actuellement FARIMASO par le CTAS ou la varieacuteteacute BABOKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy sont des exemples de nieacutebeacute rampant (ANCOS 2016) Les nieacutebeacutes rampants existent en nombre important dans les zones segraveches mais ne sont pas toutes exploiteacutees Leur gros avantage dans le couvert veacutegeacutetal reacuteside dans leur biomasse tregraves lignifieacutee donc ne se mineacuteralise pas trop vite En plus ils sont tregraves adapteacutes dans tous types de sols en zones segraveches comme ici sur la photo que nous avons prise agrave Tsihombe sur sol tregraves sableux en 2016 une anneacutee tregraves segraveche dans le Sud (RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANAJAKA J 2016

Photo 4 Nieacutebeacute rampant sur sable roux Imongy Tsihombe 2016 peacuteriode tregraves segraveche

dans le Sud

14 Le Vigna radiata

Le Vigna radiata ou Antsoroko est une leacutegumineuse comestible par lrsquohomme au mecircme titre que les nieacutebeacutes Un exemple de ce type de leacutegumineuse est la varieacuteteacute MORAMASAKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy (ANCOS 2016) Les Antsoroko sont cultiveacutes par les paysans ou sont endeacutemiques dans les reacutegions de lrsquoAndroyAnosy dans le Sud-Ouest dans les bassins seacutedimentaires du Menabe du Boeny et du Nord-Ouest donc il y a une grande possibiliteacute de seacutelection de varieacuteteacutes dans les populations existantes Dans le Boeny nous

avons pu identifier une varieacuteteacute drsquoAntsoroko agrave forte biomasse qui srsquoassocie bien avec le maiumls (RAKOTONDRAMANANA 2019)

Photo 5 Antsoroko Bongomena Commune Rurale Marovoay

15 La dolique

Le lablab (Lablab purpureus syn Dolichos lablab L Dolichos purpureus L) eacutegalement appeleacute pois antaque (ou Antaka en Malgache) ou dolique dEacutegypte est une espegravece de leacutegumineuse de la famille des Fabaceae qui est largement reacutepandu comme plante alimentaire dans les reacutegions tropicales notamment en Afrique Plante alimentaire traditionnelle en Afrique ce leacutegume peu connu preacutesente un potentiel inteacuteressant pour ameacuteliorer la nutrition renforcer la seacutecuriteacute alimentaire favoriser le deacuteveloppement rural et soutenir lameacutenagement durable du territoire Dans lrsquoAndroy la dolique est torreacutefieacutee pileacutee au

Photo 6 Dolique photo sur internet

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mortier avec le maiumls et sert de repas riche pour beaucoup de communauteacute

A Madagascar la dolique est geacuteneacuteralement cultiveacutee dans les reacutegions infeacuterieures agrave 1200 m drsquoaltitude (HUSSON O et al 2013) mais pas partout A part lrsquoAndroy et les bassins seacutedimentaires de lrsquoOuest et du Nord-Ouest la dolique se cultive sur les baiboho de la rive Est du Lac Alaotra La dolique donne une biomasse lignifieacutee qui associeacutee avec celle du maiumls creacutee un excellent lit de semis du riz pluvial agrave la prochaine campagne sur la base des reacutesultats sur la rive Est du Lac Alaotra en particulier

Diffeacuterentes varieacuteteacutes ont eacuteteacute seacutelectionneacutees par le CTAS dans lrsquoAndroy Vorompotsy (CTAS D1) Manja (CTAS D2) Ondragne (CTAS D3) Lohapitse (CTAS D4) Les varieacuteteacutes agrave cycle long sont appreacutecieacutees dans le Sud

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Seasea Antake ambahe Antake salazagne) marron port rampant originaire de Tsihombe (ougrave elle est appreacutecieacutee) peu inteacuteressante pour le district drsquoAmbovombe (sensible aux insectes)

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Anta-drazagne Antake mena) rouge ou blanc port rampant tregraves appreacutecieacutee dans le district drsquoAmbovombe pour sa reacutesistance aux insectes

16 Le Stylosanthes guianensis

Crsquoest le systegraveme phare en semis sous couvert veacutegeacutetal dans le Moyen Ouest Le laquo Stylo raquo comme on lrsquoappelle localement ressemble un peu agrave Medicago sativa la luzerne cultiveacutee en France Le stylo a eacuteteacute introduit agrave Madagascar dans le Moyen Ouest pour la production de fourrages Mais cette vieille varieacuteteacute est actuellement sensible agrave lrsquoanthracnose si bien que le GSDM avec le projet Bassin Versant et Peacuterimegravetre Irrigueacute du Lac Alaotra (BV Lac) a introduit en 2004 la varieacuteteacute CIAT 184

bull Crsquoest une leacutegumineuse peacuterenne aux feuilles trifolieacutees on la cultive en moyenne sur un cycle de 3 ans mais qui peut se reconstituer facilement avec les graines tombeacutees dans le sol mecircme apregraves un labour

bull Elle produit une forte biomasse (5 agrave 10 T de matiegravere segraveche sur sol deacutegradeacute et jusqursquoagrave 20 T sur sol riche)

bull Elle fixe entre 70 et 200 kg drsquoazote agrave lrsquohectare bull Son puissant systegraveme racinaire pivotant

restructure les sols bull Son port buissonnant jusqursquoagrave 1m80 de haut

la rend agressive vis agrave vis de la plupart des adventices comme le Striga plante parasite du riz et du maiumls agrave Madagascar

bull Crsquoest un excellent fourrage et elle peut ecirctre pacirctureacutee

bull Ses fleurs sont mellifegraveres il fleurit agrave une peacuteriode ougrave lrsquoabsence de fleurs affaiblit les abeilles creacuteant une continuiteacute juste avant la floraison du litchi

Photo 7 Une bonne biomasse de Stylosanthes Coopeacuterative FANILO

Amparihy commune Vinany

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Ces caracteacuteristiques expliquent qursquoon la surnomme aussi laquo luzerne tropicale raquo et cela en fait un excellent preacuteceacutedent pour de nombreuses cultures et en particulier les plantes qui fournissent les produits de base agrave Madagascar riz et maiumls

Le Stylosanthes guianensis srsquoadapte agrave un large spectre de sols et en particulier les sols acides (elle est capable de produire des nodules agrave pH 4 ) ainsi qursquoagrave de nombreux climats jusqursquoagrave 10001

megravetres drsquoaltitude et une pluviomeacutetrie de 600 agrave 3000 mm par an

17 Les arachis

Arachis est un genre de plantes dicotyleacutedones de la famille des Fabaceae sous-famille des Faboideae originaire dAmeacuterique du Sud qui compte 70 espegraveces annuelles ou vivaces LrsquoArachis apporte beaucoup drsquoazote au sol et en plus crsquoest une plante largement utiliseacutee comme plante mellifegravere

Deux espegraveces ont eacuteteacute essayeacutees agrave Madagascar lrsquoArachis pintoiuml et lrsquoArachis peacuterenne Cette leacutegumineuse a eacuteteacute largement diffuseacutee dans le Pays dans les cultures de rente (cafeacuteier poivrier vanillier giroflier) et dans les cultures fruitiegraveres

Photo 8 Arachis pintoiuml

1 1000 m Corrigeacute par lrsquoauteur le texte initial eacutetait 1600 m drsquoaltitude agrave Madagascar le Stylo nrsquoest plus cultiveacute au-dessus de 1000 m drsquoaltitude

18 La vesce

Vicia sativa la vesce cultiveacutee ou vesce commune est une plante annuelle appartenant agrave la famille des Fabaceacutees du mecircme genre que la fegraveve ou le haricot La vesce commune est cultiveacutee en tant que fourrage mais crsquoest aussi un excellent engrais vert Elle est de plus une plante inteacuteressante pour lrsquoeacutelevage des abeilles et peut eacuteventuellement ecirctre consommeacutee par lrsquohomme De plus la vesce a des difficulteacutes agrave se deacutevelopper dans les sols tregraves argileux

La vesce a eacuteteacute essayeacutee un peu partout agrave Madagascar mais crsquoest surtout au Lac Alaotra sur baiboho et sur colluvions de bas de pente riche qursquoelle a connu un succegraves Au Lac Alaotra la vesce rentre dans un systegraveme Rizcultures maraicircchegraveresvesce Dans ce systegraveme le riz beacuteneacuteficie de la biomasse de la vesce et de lrsquoarriegravere effet de la fertilisation des cultures maraicircchegraveres En plus de sa biomasse on reacutecolte les semences avant de la rouler pour le semis du riz Essayeacute dans les autres reacutegions de Madagascar la vesce a rencontreacute des problegravemes de rotation avec le riz irrigueacute sur les Hauts Plateaux en raison de son cycle qui srsquoallonge et retarde ainsi le repiquage du riz Par ailleurs la production de semences a eacuteteacute un problegraveme

Photo 9 Riz sur biomasse de vesce en Riziegravere agrave Mauvaise Maicirctrise dEau (RMME) M Charles Mahatsinjo CR Ambohitsilaozana Rive Est Lac

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19 Le Pois drsquoAngole

Le pois dAngole (Cajanus cajan syn Cajanus indicus) est une espegravece de plante vivace de la famille des Fabaceae Le pois dAngole est agrave la fois une culture vivriegravere (pois secs farine pois frais ou leacutegumes verts et une culture fourragegravere de couverture) Les pois contiennent des niveaux eacuteleveacutes de proteacuteines et dimportants acides amineacutes (meacutethionine lysine et tryptophane) En combinaison avec des ceacutereacuteales le pois dAngole constitue une alimentation humaine eacutequilibreacutee Aussi sous le nom de pois cajan pois-congo ambrevade ou pwa di bwa en creacuteole Guadeloupeacuteen le pois dAngole est une leacutegumineuse vivace agrave graine cultiveacutee en agriculture pluviale dans les reacutegions tropicales semi-arides httpsfrwikipediaorgwikiPois_d27Angole)

Photo 10 Pois drsquoAngole agrave la maturiteacute des gousses

Les expeacuteriences avec le Pois drsquo Angole ont eacuteteacute surtout obtenues dans lrsquoAndroy ougrave il a eacuteteacute utiliseacute en brise-vent en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute (forecirct de Cajanus) mais surtout a beaucoup contribueacute agrave la seacutecuriteacute alimentaire de cette zone segraveche (RAHARISON T et al 2018) en effet la consommation du pois drsquoAngole est rentreacute dans les habitudes alimentaires de certaines tribus de lrsquoAndroy et se trouve mecircme consommeacute agrave la place du haricot dans les funeacuterailles

Le Pois drsquoAngole est connu pour sa capaciteacute agrave aller chercher lrsquohumiditeacute en profondeur Etant une plante lignifieacutee il aide agrave renforcer la biomasse des autres espegraveces

110 Les crotalaires

Les crotalaires ont eacuteteacute associeacutes au riz pluvial mais sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute un succegraves Cependant les crotalaires ont lrsquoavantage drsquoavoir une biomasse lignifieacutee et qui nrsquoest pas appeacuteteacutee par les animaux Par ailleurs les crotalaires ont des racines profondes qui cherchent lrsquoeau en profondeur

Photo 11 Crotalaria gramihana endeacutemique sur les Hauts Plateaux

2 Les reacutesultats de la recherche

Nous rappelons ici les reacutesultats du site drsquoIvory pour deacutemontrer les capaciteacutes des plantes de

couverture agrave reacutegeacuteneacuterer un sol pauvre infesteacute de striga En effet le sol de ce site un sol ferralitique agrave pH 4 eacutetait abandonneacute par le proprieacutetaire agrave cause de lrsquoimpossibiliteacute drsquoy planter du maiumls et du riz agrave cause du striga

Le site drsquoIvory est situeacute agrave 100 km agrave lrsquoouest drsquoAntsirabe (pregraves de la RN 34 vers Miandrivazo) sur les plateaux de la zone centrale du Moyen Ouest dans le district de Mandoto Commune rurale de Vinany (localisation agrave la fig1) Les systegravemes mis en place ont eacuteteacute baseacutes sur les 3 dispositifs agrave savoir la lutte contre le Striga la diversification des cultures et la collection varieacutetale Les systegravemes de cultures proposeacutees ont eacuteteacute baseacutes sur la mise en place de maiumls en association avec des leacutegumineuses annuelles (vivriegraveres nieacutebeacute soja arachide Vigna umbellata) ou de plantes de couverture (mucuna et Stylosanthes) drsquoune part et la mise en place de plante de couverture fourragegravere (Arachis pintoiuml et Arachis peacuterenne)

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Sur les dispositifs des systegravemes en Agriculture de Conservation sont compareacutes au teacutemoin traditionnel laboureacute avec un minimum drsquointrants F1 (fumier seul agrave 5tha) ou F2 (F1 + 80 kgha de NPK + 25 kgha drsquoureacutee) soit des doses faibles se rapprochant des pratiques paysannes Le traitement en culture pure sans couvert veacutegeacutetal sur labour constitue un teacutemoin commun aux diffeacuterents essais conduits en Agriculture de Conservation (AC) sur reacutesidus ou sur couverture vivante

Figure 1 localisation du site drsquoIvory dans le Moyen Ouest commune de Vinany district de Mandoto

Figure 2 Pluviomeacutetrie par deacutecade sur le site drsquoIvory

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Figure 3 Rendements de riz sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Figure 4 Rendements de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements des systegravemes en Agriculture de Conservation sont nettement plus eacuteleveacutes que ceux obtenus en pratiques traditionnelles Le laquo riz pluvial sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses vivriegraveres raquo est de 37 agrave 47 THa (fertilisation F2) contre seulement 07 agrave 10 tHa sur labour Les systegravemes agrave base de mucuna sont les plus performants Malgreacute une faible pluviomeacutetrie agrave la 3egraveme deacutecade de feacutevrier et agrave la 2egraveme de mars en 2019 les rendements de cette anneacutee nrsquoont pas eacuteteacute affecteacutes ce qui montre bien la reacutesilience des systegravemes en agriculture de conservation sur le changement climatique Les mecircmes observations sont faites sur les rendements du maiumls associeacute

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Ces observations sont reacuteguliegraveres sur de nombreuses anneacutees et montrent qursquoune fois la fertiliteacute restaureacutee avec de fortes biomasses sans labour du sol et avec de faible dose drsquoengrais on aboutit agrave de tregraves bons rendements Lrsquoautre observation importante est la tregraves grande diffeacuterence entre les parcelles laboureacutees et les parcelles non laboureacutees avec les mecircmes doses de fertilisations Ceci srsquoexplique sur le fait que le labour mineacuteralise la matiegravere organique et entraine une perte eacutenorme par lessivage

3 Quels systegravemes pour les Hautes terres

Les systegravemes suivants sont proposeacutes pour large diffusion sur les Hautes Terres Dans le cadre de la diffusion du Projet MANITATRA II on note un fort engouement des paysans pour les systegravemes agrave base de mucuna au vue des premiers reacutesultats obtenus dans les Champs Ecoles Paysans (CEP) et dans les parcelles drsquoapplication des Collegraveges drsquoEnseignement Geacuteneacuteral (CEG) en effet pour la campagne 2019 - 2020 le systegraveme agrave base de mucuna en association avec le maiumls deacuterobeacute dans lrsquoassociation laquo maiumls + haricot raquo ou mecircme en jachegravere de mucuna a connu une adoption importante sur les Hauts terres

31 Le maiumls associeacute au haricot deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la campagne suivante

Le maiumls associeacute au haricot est tregraves courant sur les hautes terres donc agrave la maturiteacute du haricot et mecircme avant la reacutecolte on segraveme le mucuna sur la ligne du haricot La biomasse de maiumls va srsquoassocier agrave celle du mucuna pour constituer un lit de semis pour le riz pluvial sans labour agrave la prochaine campagne Normalement le lit de semis est tregraves peu infesteacute de mauvaises herbes si la biomasse du mucuna arrive agrave couvrir le sol

32 Le maiumls associeacute au soja deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la saison suivante

Comme avec le systegraveme preacuteceacutedent avant la maturiteacute du soja on segraveme le mucuna dans la ligne du soja On peut mecircme le semer agrave la voleacutee

33 Les associations avec lrsquoavoine en vue de production de fourrages

Dans le systegraveme preacuteceacutedent (maiumls + soja) au lieu de semer du mucuna on peut semer de lrsquoavoine qui servira par la suite de fourrage Comme avec le mucuna la parcelle est propre dans un couvert drsquoavoine Le paysan peut preacutelever une partie de la biomasse de lrsquoavoine pour le fourrage

34 Habiller le riz pluvial avec drsquoautres leacutegumineuses

Sur les Hautes Terres une parcelle de riz pluvial qui existe deacutejagrave peut ecirctre habilleacute avec du Pois drsquoAngole ou avec du crotalaire ce qui eacutevitera drsquoavoir une faible biomasse de riz agrave la prochaine campagne Cette pratique a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet MANITATRA II

35 Les embocagements des cultures

Les embocagements de parcelles se feront avec du Tephrosia vogellii une leacutegumineuse tregraves adapteacutee aux reacutegions drsquoaltitude jusqursquoagrave 2000 m Crsquoest aussi un reacutepulsif contre les insectes Cette leacutegumineuse peut pousser tregraves haut jusqursquoagrave 150 m mais on peut aussi la tailler en fin de saison de pluie et les produits de la taille (feuille et rameaux) peuvent ecirctre ajouteacutes agrave la biomasse de la parcelle

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4 Quels systegravemes pour le Moyen Ouest

Le systegraveme phare dans le Moyen Ouest est le systegraveme agrave base de Stylosanthes mais les

systegravemes agrave base de leacutegumineuses annuelles sont aussi deacuteveloppeacutes en parallegravele avec le stylo car les petits paysans avec moins de 1 ha nrsquoont pas envie de srsquoinvestir dans une jachegravere de stylo

41 Le Stylosanthes comme systegraveme phare

Comme deacutecrit plus haut le stylo est la plante de couverture drsquoexcellence pour reacutegeacuteneacuterer les sols deacutegradeacutes Mais contrairement agrave ce qursquoon a veacutehiculeacute comme message auparavant on propose de labourer quand le paysan a envie de revenir aux leacutegumineuses annuelles Cette recommandation est valable notamment pour les petits producteurs ne pouvant pas supporter la jachegravere drsquoune anneacutee Il est important de souligner qursquoune jachegravere de Stylo peut ecirctre planteacutee en maiumls ou en manioc agrave faible densiteacute Par ailleurs la jachegravere de stylo permet aussi de reacutecolter des semences qui sont tregraves demandeacutees actuellement drsquoougrave un compleacutement de revenus important pour le paysan

42 Le maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial

Tous les systegravemes agrave base de maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial ont eacuteteacute testeacutes dans les sites drsquoIvory et peuvent ecirctre diffuseacutes dans le Moyen Ouest ce qui offre un large choix par rapport aux autres reacutegions Il est important de deacuterober du mucuna avec les leacutegumineuses agrave faible biomasse (nieacutebeacute tsiasisa haricot soja)

5 Quels systegravemes au Lac Alaotra

Le Lac Alaotra est connu pour ses grandes surfaces de baiboho et de Riziegraveres agrave Mauvaise Maicirctrise drsquoEau (RMME) ceci agrave cause des fortes eacuterosions des bassins versants reacutesultant drsquoune pluviomeacutetrie violente et de la fragiliteacute du sol drsquoorigine tectonique Dans ces conditions le maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses en rotation avec le riz pluvial est le systegraveme phare sur baiboho et le systegraveme rotation laquo Rizcultures maraichegraveresVesce raquo sur RMME Parmi les leacutegumineuses la

dolique associeacutee au maiumls est agrave privileacutegier car cette plante de couverture est bien adapteacutee dans cette reacutegion

6 Quels systegravemes pour les zones semi-arides de lrsquoAndroy

Le problegraveme essentiel dans lrsquoAndroy est lrsquoeacuterosion eacuteolienne en plus de lrsquoeacuterosion hydrique Crsquoest ainsi que le pois drsquoAngole a eacuteteacute largement utiliseacute en brise-vent mais aussi en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols tregraves deacutegradeacutes par le systegraveme de forecirct de Cajanus

Parmi les leacutegumineuses la dolique est endeacutemique dans la reacutegion mais le mucuna les nieacutebeacutes rampants le konoke (leacutegumineuse endeacutemique du genre Phaseolus sp) sont reacutepandus et bien adopteacutes

Une approche de diffusion par les blocs agro-eacutecologiques a permis une forte adoption de lrsquoAgro-eacutecologie dans lrsquoAndroy seacutedimentaire

7 Quels systegravemes pour le Boeny

Tous les systegravemes deacutecrits plus hauts sont applicables dans le Boeny Il faut noter toutefois la preacutedominance du Vigna radiata (Antsoroko) et nieacutebeacute rampant type Lojomena et du nieacutebeacute type Black Eyes sur les baiboho A cause de la forte eacuterosion des bassins versants dans cette reacutegion les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal sont agrave privileacutegier Un grand effort de formation des intervenants locaux est indispensable

Photo 15 Vigna radiata

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Conclusions

Cet essai de capitalisation est loin drsquoecirctre parfaite Crsquoest un travail qui demande agrave

ecirctre actualiseacute avec le temps Nous nrsquoavons pas couvert toutes les reacutegions mais globalement les systegravemes reposent tous sur les fondamentaux de lrsquoAgriculture de Conservation et de lrsquoAgro-eacutecologie Par ailleurs en plus des formations des intervenants locaux la production de semences de plantes de couverture pose un problegraveme dans beaucoup de reacutegion Il faut noter que le site drsquoIvory et la commune de Vinany ont eacuteteacute une zone de production de semences de couverture pendant de longues anneacutees

Drsquoautres problegravemes qui ne sont pas eacutevoqueacutes dans cet article sont les feux de brousse en saison segraveche et les divagations drsquoanimaux qui diminuent eacutenormeacutement la biomasse laisseacutee sur les sols agrave la prochaine campagne Une prise de conscience collective des paysans semble donner des reacutesultats comme en teacutemoignent les paysans de la commune de Vinany dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra

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Reacutefeacuterences bibliographiques

1 ANCOS 2016 Reacutegistre des espegraveces et varieacuteteacutes exploiteacute dans le systegraveme laquo Semence de Qualiteacute Deacuteclareacutee raquo dans le Sud de Madagascar ANCOS Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche

2 DURRELL 2020 Lrsquointroduction de lrsquoinnovation Agro eacutecologie pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire des communauteacutes aux alentours des Aires proteacutegeacutees (Baie de Baly et Lac Alaotra) et zone humide de Lac Sofia Lot II Y 49 J Ampasanimalo (101) BP 8511 Antananarivo 101 ndash Madagascar httpswwwdurrellorgwildlife httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

3 GSDM 2020 Rapport annuel anneacutee 3 intervention du GSDM dans le Projet PAPAM composante 2 GSDM lot VA 26 Y Ambatoroka ANTANANARIVO 101

4 HUSSON O SEGUY L CHARPENTIER H RAKOTONDRAMANANA MICHELLON R RAHARISON T et al (2013) Manuel pratique du semis direct de Madagascar GSDMCIRADhttpgsdm-mgorgwp-contentfilesManuel_SCV_Mada_V_IntegraleMedpdf

5 RAKOTONDRAMANANA 2019 Rapport de mission de capitalisation dans le PLAE III BOENY 17 au 23 Feacutevrier 2019 PLAE ANALAMAHITSY ANTANANARIVO 101

6 RAKOTONDRAMANANA et al 2018 La rotation ou lrsquoassociation avec le mucuna reacuteduit consideacuterablement les attaques de chenilles leacutegionnaires sur le maiumls Journal de lrsquoAgro-eacutecologie Ndeg7 httpopen-libraryciradfrfiles62385__JAE_NC2B07pdf

7 RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANJAKA J 2016 Rapport de mission de reconnaissance et de diagnostic du Projet SOHAVELO ASARA programme europeacuteen de seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle dans la reacutegion Sud et Sud Est de Madagascar ASARAAINA AVSF Lot VG 25 Antsahabe BP 3149- Antananarivo 101 ndash Madagascar httpopen-libraryciradfr

files62394__Rapport_de_mission_SOHAVELO_VFpdf

8 RAHARISON T et al 2018 Rapport drsquoeacutetude drsquoimpact des pratiques des blocs agro eacutecologiques diffuseacutees dans le cadre du projet HOBA GRET Antananarivo

9 RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019 Diversiteacute et importance des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols dans les exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar Journal de lAgro-eacutecologie Ndeg8 2019 httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

10 h t t p s w w w s u p a g r o f r r e s s - p e p i t e s PlantesdeCouvertureresStylosanthespdf

11 httpsfrwikipediaorgwikiArachis

12 httpsfrwikipediaorgwikiVicia

13 h t t p s f r w i k t i o n a r y o r g w i k i pois_dE28099Angole

14 httpsfrwiktionaryorgwikicrotalaire

15 httpsfrwikipediaorgwikiPois_mascate

16 httpsfrwikipediaorgwikiVigna_unguiculata

17 httpsfrwikipediaorgwikiHaricot_mungo

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La technique du lombricompost se diffuse de paysan agrave paysan

Lrsquoutilisation agrave outrance des produits chimiques en tant que pesticides et fertilisants durant lrsquoegravere

de la reacutevolution verte nrsquoavait fait que renforcer les effets du changement climatique sur lrsquoagriculture Hormis son prix eacuteleveacute les engrais de synthegravese solubles laissent toujours des reacutesidus ayant des impacts preacutejudiciables agrave lrsquoenvironnement Dans le cadre de ses projets de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie le GSDM tend agrave former les paysans sur les proceacutedeacutes de fabrication de diffeacuterents types de compost dont le vermicompostage Cela dans lrsquooptique de rendre la production agricole plus durable et plus respectueuse de lrsquoenvironnement Les suivantes sont les teacutemoignages de paysans sur les inteacuterecircts du lombricompostage

Dans la commune rurale drsquoAnkazomiriotra au niveau du village drsquoAmbohitrinibe Fokontany Belanitra Est Madame RABEBINIRINA Minompamonjy David (Mme Mino) fait partie de ces paysans qui ont su tirer profit de lrsquoutilisation du lombricompost

Nrsquoayant pas de zeacutebu nous eacutetions obligeacutes drsquoacheter drsquoeacutenorme quantiteacute de fumiers et drsquoengrais pour fertiliser nos champs Crsquoeacutetait peacutenible vu que notre revenu couvrait difficilement le montant de nos besoins Vers 2013 nous avons assisteacute aux seacuteances de formations et drsquoanimations prodigueacutees par les techniciens travaillant sur le projet pilote Manitatra 1 Apregraves ces formations

ils nous ont fait don de 250g de vers Aujourdrsquohui nous en disposons drsquoau moins 20Kg Les reacutesultats que nous avons obtenus degraves la premiegravere anneacutee drsquoutilisation du lombricompost a eacuteteacute probant Drsquoabord la charge de travail due au transport de fertilisant vers le champ srsquoeacutetait beaucoup amoindri car nous nrsquoavons plus qursquoagrave transporter tout au plus le dixiegraveme du volume de fumier de parc qursquoon utilisait avant En effet 30 agrave 40 kg de lombricompost peut amplement suppleacuteer agrave 2 charrettes de fumier de parc Le sarclage est aussi devenu plus facile car le preacute-compostage a permis drsquoeacuteliminer les graines drsquoadventices qui dlsquohabitude viennent avec les fumiers organiques Ensuite les cultures reacutesistent mieux agrave la segravecheresse et les plantes parasites Par exemple nous avons constateacute que le riz devient plus vigoureux face aux attaques du striga Le rendement est de plus en plus soutenu et les produits maraicircchers sont moins sujets agrave la deacutegradation

La fabrication de lombricompost demande certes une certaine rigueur mais est tout agrave fait agrave la porteacutee de chaque paysan Il vous faut juste preacuteparer du preacute-compost qui servira de nourriture aux vers En plus il est indispensable drsquoarroser et de veacuterifier peacuteriodiquement la tempeacuterature Lrsquoessentiel des travaux consiste agrave seacuteparer les vers des composts mucircrs Il nous arrive encore drsquoacheter du fumier de parc pour servir drsquoappoint au preacute-compost mais ccedila en vaut la peine

Avec notre unique andain nous arrivons agrave produire 600kg de compost par mois

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Nous nrsquoutilisons que le quart de notre production Le reste est vendu agrave des clients qui viennent drsquoun peu partout agrave Madagascar La plus grosse commande que nous avons eue en 2019 eacutetait de 15tonne La production de lombricompost contribue beaucoup agrave nos ressources peacutecuniaire car il nous arrivons agrave lrsquoeacutecouler jusqursquoagrave 1000Ar le kilo

Madame Mino peut ecirctre joint aux numeacuteros suivants 034 19 777 50033 13 412 10

Un autre paysan en la personne de Monsieur RAZAFINDRAKOTO Emilson (Dadakoto) habitant agrave Antanety 2 Commune Antanifotsy a aussi adopteacute le lombricompostage Les suivants sont ses points de vue quant agrave lrsquoutilisation du lombricompost

Nous avons construit le premier andain suite aux seacuteries drsquoanimation-formation effectueacutees par le paysan leader et le technicien du projet Manitatra 2 travaillant dans notre zone Ce premier andain eacutetait devenu productif agrave partir du mois de juin 2019 Je commence juste agrave produire du lombricompost mais jrsquoai deacutejagrave constateacute les reacutesultats sur la bonne veacutegeacutetation de mes maiumls et de mes riz par rapport agrave ce que jrsquoai eu auparavant Afin drsquoaugmenter la production nous avons construit drsquoautres andains et aujourdrsquohui nous en avons 5

Nous avons commenceacute avec 1kg de vers et maintenant nous en avons autour de 60kg Jusqursquoagrave preacutesent ma production est entiegraverement destineacutee agrave lrsquoautoconsommation Nous les utilisons surtout sur nos cultures de tanety comme le riz et le maiumls associeacute aux leacutegumineuses Je trouve qursquoil est plus inteacuteressant drsquoutiliser du lombricompost que de fumier de parc Actuellement je nrsquoutilise presque plus drsquoengrais chimique

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Produit biologique de lutte contre les Chenilles leacutegionnaires drsquoAutomne (CLA) la menace est maitriseacutee un article du Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la pecircche

(Source publication facebook du MAEP le 14 deacutecembre 2019)

Deacutesormais les producteurs de maiumls Malagasy ne devraient plus ecirctre anxieux et inquiets

face agrave la Chenille Leacutegionnaire drsquoAutomne ou CLA La menace est maicirctriseacutee Gracircce aux efforts du Ministegravere de lAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) agrave travers les techniciens de la DPV et de la FOFIFA des diffeacuterents chercheurs de lUniversiteacute dAntananarivo de lEssagro et dexperts africains appuyeacutes par la FAO une souche biologique appeleacutee BT ou Bacillus Thuringiensis a eacuteteacute deacutecouverte Les tests ont deacutemontreacute que cette bacteacuterie naturelle et endeacutemique agrave Madagascar est capable de tuer la CLA Meacutelangeacute agrave 50g de riz blanc elle peut recouvrir 1ha de champ de maiumls

Notons quelle naffecte ni lenvironnement ni la santeacute humaine Madagascar sest aussi doteacute de sa strateacutegie nationale quinquennale de lutte contre la CLA Telles sont parmi les grandes avanceacutees du PROJET DAPPUI DURGENCE Agrave LA MISE EN PLACE DUN SYSTEME DE SURVEILLANCE DE RIPOSTE ET DE LUTTE INTEGREacuteE CONTRE LA CLA meneacute avec lappui technique et financier de la FAO

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Fenetre sur lAgriculture Biologique agrave MadagascarRakotondramanana GSDM

Un projet de loi sur lrsquoAgriculture biologique a eacuteteacute preacutepareacute sur lrsquoinitiative du Syndicat Malgache de lrsquoAgriculture Biologique (SIMABIO) et du MAEP et sera incessamment soumis agrave lrsquoAssembleacutee

Nationale Suite agrave cela un voyage drsquoeacutetude au Maroc et en Tunisie a eacuteteacute reacutealiseacute en vue des perspectives drsquoeacutelaboration drsquoune Strateacutegie Nationale drsquoAppui agrave lrsquoAgriculture Biologique agrave Madagascar (SNABio)

La mission a vu la participation drsquoune deacuteleacutegation conduite par le Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) accompagneacutee du Preacutesident du SIMABIO du projet Coordonnateur National du projet CASEF de lrsquoassistant technique du projet CASEF du repreacutesentant de la recherche (FOFIFA) et du directeur exeacutecutif du GSDM

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Le secteur de lrsquoAgriculture Biologique (AB) agrave Madagascar est en pleine croissance depuis plusieurs anneacutees Repreacutesentant actuellement un chiffre drsquoaffaire annuel de lrsquoordre de 55 Meuro geacuteneacutereacutes par plus drsquoune centaine drsquoentreprises employant 7000 salarieacutes et srsquoapprovisionnant aupregraves de plus de 20 000 agriculteurs le secteur est quasiment exclusivement orienteacute vers lrsquoexportation drsquoune large gamme de produits agricoles beacuteneacuteficiant drsquoune forte typiciteacute (eacutepices fruits tropicaux huiles essentielles cacao crevettes etc) principalement vers lrsquoEurope

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les Etats-Unis le Japon (source CASEF) Les produits bio malgaches sont issues drsquoagriculture bio par des entreprises locales mais aussi de la cueillette Compareacute aux autres pays le coucirct de la certification est trop eacuteleveacute agrave cause du manque de concurrence (un seul organisme certificateur agreacuteeacute ECOCERT)

Au Maroc lrsquoAgriculture biologique repreacutesente de lrsquoordre de 60 Meuro drsquoexportation et en Tunisie 205Meuro mais dans ces deux pays on assiste agrave un marcheacute local en cours de progression Le tableau suivant reacutesume lrsquoagriculture Bio dans les deux pays Globalement les produits exporteacutes sont domineacutes par lrsquohuile drsquoOlive bio dans les deux pays

A lrsquoissue de la mission des perspectives pour Madagascar ont eacuteteacute souleveacutees sous forme drsquoenseignements et reacuteflexions bull Creacuteer un dispositif drsquoappui conseil technique et financier ciblant les producteurs et les entreprises

AB en synergie avec les meacutecanismes existants (FDA Banques IMF etc)bull Subventionner la certification =gt Accroitre la concurrence entre organismes de Controcircle et de Certification (OCC) =gt Agreacutement et controcircle effectif de la part des pouvoirs publicsbull Concevoir une strateacutegie ciblant une diversiteacute de filiegraveres prioritaires de maniegravere inclusive par

exemple Exports Filiegraveres inteacutegreacutees eacutecotourisme Filiegraveres courtes laquo petits producteurs raquo au systegraveme de garantie par Certification de Territoire (CT) et Systegraveme Participatif de Garantie (SPG)

bull Mise en place de centres de recherche technique deacutedieacute agrave lrsquoAB reacutepondant agrave la demande (par ex contrat programme recherche - reacutegions - organisations professionnelles)

bull Conceptionmise en œuvre drsquoun dispositif de formation AB avec obligation de modules dans les cursus agricoles

bull Dynamiser la professionnalisation et la structuration des producteurs et des entreprises malgaches dans lrsquoAB

bull Poursuivre lrsquointeacutegration du secteur priveacute (amont et aval) dans les diffeacuterentes laquo aregravenes raquo institutionnelles deacutefinition des strateacutegies conception et pilotage des dispositifs drsquoappui etc

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AGRO-ECOLOGIE EN PHOTO

La mise en place des parcelles dapplication en Agro-eacutecologie a eacuteteacute effectueacutee au niveau des 8

collegraveges de la reacutegion Boeny Les enseignants et eacutelegraveves ont eacuteteacute accompagneacutes et encadreacutes par les ingeacutenieurs agronomes du GSDM et les techniciens locaux

Une repreacutesentante de la deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo a visiteacute les

reacutealisations du GSDM dans le cadre du projet Manitatra 2 De nombreux points inteacuteressants pouvant ecirctre valoriseacutes dans le cadre dune future coopeacuteration ont eacuteteacute souleveacutes En attendant certaines observations seront agrave partager au cours dun eacuteveacutenement de la Commission europeacuteenne qui se tiendra courant de la 3egraveme semaine du mois de feacutevrier 2020 agrave Bruxelles

Le GSDM maitient lappui technique des 12 eacutetablissements beacuteneacuteficiaires de linteacutegration

de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire dans le Vakinankaratra Il sagit des 6 eacutecoles pilotes PAPAM et des 6 autres extensions reacutealiseacutees dans le cadre du projet MANITATRA 2 Pour lanneacutee scolaire 2019-2020 la mise en place des cultures de grande-saison la mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique ainsi que les suivis reacuteguliers des tehcniciens ont eacuteteacute reacutealiseacutes Quelques enseignants du CEG de Vinany du CEG de Betafo ont mecircme beacuteneacuteficieacutes dune formation de recyclage

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Mise en place de la parcelle dapplication en Agro-eacutecologie au niveau du CEG Mariarano Boeny

Visite des reacutealisations du GSDM projet MANITATRA 2 par une repreacutesentante de la

deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo

Mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique aux 12 eacutetablissements du

Vakinankaratra

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AVRIL 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull RAKOTO HERIMANDIMBY Reneacute - Superviseur de zone du Sud-Est Projet PAPAMbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo AGRISUD- membre du GSDMRubrique laquoDossierraquo GSDMRubrique laquoRechercheraquo Dp SPAD - Partenaire technique du GSDM Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA 2)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth avril 2020

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Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

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- Mission de suivi du Comesa les 16 et 17 mars 2020- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020 - Formation CSAFRDA Makanara du 25 au 28 mars 2020

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

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- Emission FIVOHY sur la RNM Tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Deuxiegraveme session de formation des enseignants Boeny du 07 au 10 Avril 2020- Formation des parents deacutelegraveves collegravege Boeny preacutevue durant la semaine du 20 Avril 2020- Visite-eacutechange inter-reacutegional des enseignants parents et elegraveves preacutevue en fin du mois dAvril 2020

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MARS 2020

ANNEE 2020

Page 4: Edition trimestrielle N° 9 / 2020

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IELrsquoAGRO-ECOLOGIE

AU NIVEAU NATIONALLa DRAEP Vakinankaratra accompagne la mise en œuvre des projets

DRAEP Vakinankaratra

Sur les hautes terres malgaches

particuliegraverement dans le Vakinankaratra la promotion de lrsquoAgriculture de

conservation les Bonnes pratiques agricoles et plus geacuteneacuteralement lrsquoAgro-eacutecologie revecirct une importance vitale La pression fonciegravere y est tellement forte que tous les terroirs des bassins versants sont exploiteacutes En lrsquoabsence drsquoencadrement les techniques Agricoles qui y sont pratiqueacutees peuvent avoir des conseacutequences deacutesastreuses sur le sol et par conseacutequent sur la productionConscient de la graviteacute de la situation des mesures ont eacuteteacute prises par le MAEP1 agrave travers la DRAEP Vakinankaratra De multiples interventions pour la vulgarisation de lrsquoAgro-eacutecologie y sont actuellement meneacutees directement par le biais du SECRU (Service Environnement Climat et Reacuteponses aux Urgences) UECRU (Uniteacute Environnement Climat et Reacuteponses aux Urgences) ou par lrsquointermeacutediaire des Projets principalement PAPAM et MANITATRA II

Aussi la DRAEP2 Vakinankaratra accorde une importance particuliegravere pour la coordination des activiteacutes Des reacuteunions de coordinations sont organiseacutees semestriellement par la Direction 1 MAEP Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche2 DRAEP Direction Reacutegioanle de lAgriculture de lElevage et de la Pecirche

dans le cadre des activiteacutes du PAPAM avec la participation des autres acteurs opeacuterant directement ou indirectement dans la promotion de lrsquoAgro-eacutecologie (CSA FDAR CASEF Fert GSDM MANITATRA IIhellip) Un exemple type du fruit de cette coordination a eacuteteacute les ameacutenagements reacutealiseacutes en 2019 par le SECRU dans la zone deacutelimiteacutee par le Projet PAPAM en tant que site pilote servant de deacutemonstration aux techniques drsquoameacutenagement et des techniques agroeacutecologiques situeacute agrave Ambohimena Commune rurale drsquoAmbano dans le District Antsirabe II Ce sont donc des activiteacutes baseacutees sur la protection des bassins versants surplombant un barrage construit par le projet PURSAPS

Drsquoautre part entre 2017 et 2018 toujours en collaboration avec PAPAM 61 agents de la Direction Reacutegionale soit 95 de son personnel technique ont beacuteneacuteficieacute drsquoun renforcement de capaciteacute sur lrsquoAgro-eacutecologie Agrave partir de lagrave des descentes conjointes sont meneacutees hebdomadairement entre les deux entiteacutes pour favoriser lrsquoappropriation des activiteacutes par le personnel de la DRAEP Cette implication est drsquoautant plus importante en cette derniegravere anneacutee du Projet (2020) pour faciliter la reprise des interventions par la Direction Dans ce cadre un lobbying pour le deacuteblocage des fonds de financement du FDAR est actuellement en cours pour booster la vulgarisation des techniques Agro-eacutecologiques dans toute la Reacutegion du Vakinankaratra

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Compte tenu de lrsquoefficaciteacute de cette meacutethode drsquointervention un dispositif similaire est en cours de mise en place pour accompagner MANITATRA II Une convention a eacuteteacute signeacutee en Aoucirct 2019 entre le Projet et la DRAEP Vakinankaratra et les descentes conjointes ont deacutejagrave deacutebuteacute

La peacuterennisation et lrsquoextension des actions drsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire favorisent un changement de mentaliteacute collectif et contribuent agrave une mise agrave lrsquoeacutechelle de la diffusion des techniques

Eacutequipe du GSDM

Le GSDM maintient les appuis techniques et les accompagnements des collegraveges dans le Vakinankaratra

La formation constitue une des missions principales du GSDM Pour assurer la mise

agrave lrsquoeacutechelle de la diffusion de lrsquoAgro-eacutecologie le GSDM reacutealise ainsi des formations en Agro-eacutecologie agrave diffeacuterents niveaux Les conduites de formations proposeacutees correspondent aux niveaux des diffeacuterentes cibles De nombreuses formations sont ainsi dispenseacutees essentiellement au niveau des eacutecoles des centres de formations des universiteacutes des associations et des projets programmes

Pour la 3egraveme anneacutee scolaire conseacutecutive dans le cadre du projet PAPAM et la 2egraveme anneacutee pour le projet MANITATRA 2 le GSDM maintient les appuis techniques et continue lrsquoapprentissage de lrsquoAgro-eacutecologie au niveau des 12 collegraveges du Vakinankaratra Pour lrsquoanneacutee scolaire 2019-2020 les beacuteneacuteficiaires comptent actuellement 1692 eacutelegraveves Il srsquoagit essentiellement des nouveaux entrants en classe de 6egraveme et des admis en classe de 5egraveme On peut citer eacutegalement les beacuteneacuteficiaires indirectes en particulier les parents drsquoeacutelegraveves le corps eacuteducatif ainsi que les paysans aux alentours Drsquoanneacutee en anneacutee une prise de conscience et de responsabiliteacute collective est constateacutee au travers des changements de comportement des concerneacutes Ces aspects se manifestent surtout par le sens de partage des eacutelegraveves par les demandes de formation des parents par la

curiositeacute des paysans aux alentours et lrsquoadoption des techniques par les enseignants et les parents

A la fin du mois de novembre 2019 un atelier bilan des eacutecoles srsquoest tenu agrave la Reacutesidence sociale drsquoAntsirabe Lrsquoobjectif eacutetant drsquoeacutevaluer les impacts et les retombeacutees du projet durant ces quelques anneacutees drsquoaction Lrsquoatelier a vu la participation des diffeacuterents intervenants impliqueacutes dans la mise en œuvre du projet essentiellement les autoriteacutes locales et centrales les membres du GSDM les repreacutesentants de projetsprogrammes les Directeurs des 12 eacutetablissements les enseignants les parents drsquoeacutelegraveves les eacutelegraveves beacuteneacuteficiaires et les journalistes Les points forts les contraintes et la peacuterennisation des actions ont eacuteteacute eacutevoqueacutes et discuteacutes Lors des eacutechanges chaque partie prenante en particulier les chefs drsquoeacutetablissements et les enseignants ont reacuteiteacutereacute leurs engagements respectifs pour lrsquoatteinte des objectifs du projet Cependant la formation de nouveaux enseignants responsable des cours drsquoAgro-eacutecologie devient primordiale suite au deacutepart agrave la retraite de certains enseignants ou de leurs mutations vers drsquoautres postes

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Pour cette anneacutee scolaire la mise en place des cultures de saison pluviale a eacuteteacute reacutealiseacutee au niveau des parcelles drsquoapplication des eacutetablissements avec lrsquoappui du GSDM Cocircteacute pratique les enseignants ont deacutebuteacute le transfert de connaissances aux eacutelegraveves et enchainent les travaux pratiques au niveau des parcelles drsquoapplication La remise des outils peacutedagogiques aux eacutetablissements et des livrets ludiques aux eacutelegraveves est preacutevue tregraves prochainement La reacutealisation et la production drsquoune bande dessineacutee 3D est eacutegalement preacutevue courant cette anneacutee scolaire 2019-2020

Drsquoapregraves le tableau reacutecapitulatif ci-dessous environ 3000 eacutelegraveves beacuteneacuteficient actuellement de lrsquoappren-tissage de lrsquoAgro-eacutecologie dans le Vakinankaratra

ECOLES PAPAMEtablissement Cisco Effectif 6egraveme Effectif 5egraveme Total

CEG Vinany Mandoto 81 84 165CEG Ankazomiriotra Mandoto 138 41 179CEG Betafo Betafo 667 1181CEG Annexe Alakamisy Anativato Betafo 128 46 174

Collegravege Priveacute AINA Antsirabe II 32 28 58CEG Vinaninkarena Antsirabe II 100 90 190

Sous total 1 993 954 1947ECOLES MANITATRA 2

CEG Ihazolava Ambatolampy 99 66 165CEG Ambohimandroso Antanifotsy 192 127 319CEG Ampitatafika Antanifotsy 123 45 168Lyceacutee Priveacute Loterana Antanifotsy Antanifotsy 31 29 60

CEG Antsoatany Antsirabe II 124 48 172CEG Tsaramasoandro Antokofoana Betafo 85 84 169

Sous total 2 654 399 1053Total des eacutelegraveves beacuteneacuteficiaires 1647 1353 3000

Le GSDM continue ses engagements dans le Boeny

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La preacuteparation des parcelles drsquoapplication et la mise en place des cultures de grande saison a eacuteteacute eacutegalement reacutealiseacutee au niveau des 8 eacutetablissements de la reacutegion Boeny Pour lrsquooccasion les ingeacutenieurs du GSDM ont fait le deacuteplacement pour accompagner des techniciens locaux et encadrer les enseignants et les eacutelegraveves Le transfert de connaissances theacuteorique et pratique se deacuteroule en fonction des plans drsquoaction proposeacutes par eacutetablissement et les techniciens srsquoassurent que tout se passe bien au travers de leurs freacutequents passages Actuellement lrsquoeacutequipe du GSDM et de lOffice de lEducation de Masse et du Civisme (OEMC) sont en train de concevoir le livret ludique adapteacute agrave la reacutegion Boeny et enchainent les missions de suivi pour garantir un bon reacutesultat

Transfert de connaissances travaux pratiques au niveau des parcelles dapplication

Ndeg PTF Collegraveges Cisco Enseignants formeacutes

Agents deacutecentraliseacutes

OEMC

Elegraveves 6egraveme

Elegraveves 5egraveme

1

GIZPRO-SOL

CEG Tsaramandroso

Ambato Boeny 4

1 DREMC1 BEMC Cisco

Ambato Boeny1 BEMC Cisco

Majunga 2

50 50

2 CP ADMIS Manerinerina

Ambato Boeny 4 30 25

3 CEG Ankijabe Ambato Boeny 4 116 43

8 Ecole Priveacutee MEMORIAL Ankijabe

Ambato Boeny 4 30 20

4 CEG Manerinerina Ambato Boeny 4 177 71

6 LP LES MEILLEURS Manerinerina

Ambato Boeny 4 50 28

7 CEG Mariarano Mahajanga II 4 40 30

8 CEG Ambovondramanesy Mahajanga II 4 58 32

Total 32 3 551 299

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Le GSDM est engageacute dans la mise en œuvre des mesures de protection des sols et de reacutehabilitation des terres dans le Boeny

Equipe GSDM

Dans le cadre des projets globaux SEWOH (Un monde sans faim) le Projet de conservation

et de reacutehabilitation des sols (ProSol) au travers du champ drsquoaction A laquo mise en œuvre de mesures de protection des sols et reacutehabilitation des terres raquo est exeacutecuteacute par le consortium Eco-consult GOPA dans les 6 communes reacuteparties dans 3 districts (Mahajanga II Ambatoboeny et Mitsinjo) dans la reacutegion du Boeny Les activiteacutes programmeacutees reposent sur la conception et la reacutealisation de plans drsquoameacutenagements et de gestion durable des paysages

Le projet collabore avec le GSDM pour appuyer le lancement de sites eacutecoles sur les techniques de protection et reacutehabilitation des sols pour former et conseiller des techniciens Ces activiteacutes sont poursuivies et deacuteveloppeacutees en partenariat avec les ONG locales sur trois lots de communes bull AIM pour le district de Mahajanga II bull MAZAVA pour le district drsquoAmbatoboeny bull AMADESE pour le district de Mitsinjo

Lrsquoobjectif est drsquoaccompagner les eacutequipes de 3 ONG partenaires de Prosol pour les activiteacutes lieacutees au Plan dlsquoAmeacutenagement Durable du Paysage

(PAGDP) afin que les paysans soient sensibiliseacutes formeacutes pour la mise en place des essais dans les sites eacutecoles qursquoils disposent des semences neacutecessaires et reacutealisent la planification eacutetablie

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Dans ce cadre lrsquoexpertise du GSDM concerne la reacutealisation des diagnostics du milieu et des systegravemes drsquoexploitation des meacutenages agricoles afin de formuler des propositions techniques et de strateacutegies drsquointervention (Champ eacutecole paysan (CEP) sites de production de semence etc) pour la protection des sols ougrave la restauration de leur fertiliteacute dans ces trois Districts Elle consiste eacutegalement agrave former et conseiller les techniciens des ONG locales

Les reacutealisations du GSDM sont les suivantes

bull Mise en œuvre de diagnostics compleacutementaires dans les sites prioritaires reacutealiseacutes en deux eacutetapes Avril-mai 2019

bull Identification concerteacutee des 6 sites eacutecoles issue des missions drsquoavril-mai 2019

bull Reacutealisation de la Planifications participatives drsquoameacutenagement dans les 06 sites eacutecoles reacutealiseacutee en juillet 2019

bull Formulation des propositions techniques issue de la planification participative et valideacutees ensemble avec les acteurs concerneacutes

bull Formation des acteurs concerneacutes y compris les ONG drsquoaccompagnement reacutealiseacutee en Aoucirct et deacutebut septembre 2019

bull Enquecircte pour la compreacutehension du fonctionnement des meacutenages et pour la situation T0 de suivi-eacutevaluation reacutealiseacutee en deacutecembre 2019

bull Appui et accompagnement des techniciens des ONG agrave la mise en place des cultures de grande saison dans les zones drsquointervention du projet PROSOL reacutealiseacutee en deacutecembre 2019

bull Suivi en cours de culture pour le renforcement

de capaciteacutes des techniciens et les eacutechanges avec les paysans reacutealiseacutees en feacutevrier 2020

Drsquoautres interventions du GSDM sont eacutegalement preacutevues dans le cadre de ce projet entre autres

bull Lrsquoeacutevaluation qualitative des reacutealisations avant reacutecolte

bull La seacutelection des paysans multiplicateurs de semences (choix de parcelles formation sur les principes et les eacutetapes cleacutes de la production de semences jusqursquoaux opeacuterations post-reacutecolte)

bull Les appuis aux DRAEP sur les mesures et estimations de rendements

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Le GSDM accompagne le Projet ATASEF dans la mise en place de champs eacutecole en Agro-eacutecologie dans le District drsquoAnkazobe

Le GSDM a eacuteteacute mandateacute par l Organisation de Soutien pour le Deacuteveloppement Rural

agrave Madagascar de la Fondation AGA KHAN (OSDRM) (convention de service Ndeg2019_DecaTD-002 du 26 novembre 2019) pour appuyer et accompagner lrsquoeacutequipe du projet ATASEF en vue de la mise en place des champs eacutecoles paysans ou CEP agro-eacutecologiques dans le district drsquoAnkazobe Le Projet ATASEF ou laquo Appui agrave la Transition Agroeacutecologique par la Seacutecurisation Economique et Fonciegravere raquo est un projet financeacute par lrsquoAFD dans le cadre de la Faciliteacute drsquoInnovation Sectorielle pour les ONG (FISONG) Lrsquoobjectif principal du projet consiste agrave reacuteduire la pauvreteacute et la vulneacuterabiliteacute des meacutenages agricoles de la Zones drsquoInvestissement Agricole (ZIA) drsquoAnkazobe Parmi les activiteacutes preacutevues pour les beacuteneacuteficiaires figurent notamment lrsquoinitiation et lrsquoaccompagnement agrave lrsquoagroeacutecologie et la mise en œuvre des ameacutenagements

Un des principaux enjeux sur lequel le projet se base dans ses actions est que laquo lrsquoinseacutecuriteacute fonciegravere constitue un frein agrave lrsquoameacutelioration de la production agricole la non mise en valeur de terres mecircme propices agrave lrsquoagriculture et qui constitue aussi agrave son tour un obstacle agrave leur seacutecurisation fonciegravere formelle raquo

Dans ce cadre le projet vise agrave donner aux meacutenages lrsquoopportuniteacute de seacutecuriser leurs droits fonciers sur des terrains qursquoils devront mettre en valeur ameacutenager et exploiter en suivant des techniques agro-eacutecologiques et agroforestiegraveres

Les objectifs speacutecifiques du Projet consistent agrave bull Contribuer au deacuteveloppement drsquoune activiteacute

agro-sylvo-pastorale seacutedentaire dans la ZIA par la promotion de lrsquoagro-eacutecologie et lrsquoadaptation au changement climatique

bull Renforcer le rocircle socioeacuteconomique des meacutenages de la ZIA

bull Et seacutecuriser le capital foncier des meacutenages de la ZIA Les groupes cibles du projet sont les meacutenages extrecircmement pauvres (vivant avec moins de 1 USD par jour et par personne) et vulneacuterables

LrsquoAgro-eacutecologie est inteacutegreacute dans les ProjetsProgrammes

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Le Projet dAppui agrave la transition Agro-eacutecologique par la seacutecurisation eacuteconomique et fonciegravere (ATASEF) srsquoeacutetale sur 3 ans de 2017 agrave 2020 et preacutevoit agrave terme i) la seacutecurisation fonciegravere par voie de certification de 450 Ha de terrains dans les Communes de Kiangara et Tsaramasoandro dans la partie Nord du district drsquoAnkazobe et dans la limite mecircme de la reacutegion drsquoAnalamanga (limitrophe avec la reacutegion de Betsiboka) et ii) un accompagnement technique et socio-organisationnel dans le processus de mise en valeur drsquoameacutenagement et drsquoexploitation des terres de 225 meacutenages vulneacuterables beacuteneacuteficiaires

Drsquoapregraves le document du Projet les activiteacutes srsquoorientent sur bull Lrsquoappui agrave lrsquoorganisation des producteurs

structureacutes en Groupes drsquoEpargne Communautaire ou GEC

bull Lrsquoinstallation la seacutecurisation fonciegravere et lrsquoinclusion financiegravere des meacutenages par la promotion des chaicircnes de valeur et lrsquoagriculture contractuelle avec la culture du taro (Saonjo) qui se complegravetent au systegraveme de riziculture

bull Lrsquoappui agrave lrsquointensification Agroeacutecologique et agrave lrsquointeacutegration eacuteconomique

Lrsquoobjectif principal de lrsquointervention du GSDM consiste donc agrave appuyer et accompagner lrsquoeacutequipe du projet ATASEF pour la mise en place des champs eacutecoles paysans ou CEP agroeacutecologiques dans le district drsquoAnkazobe

Les objectifs speacutecifiques sont de bull Reacutealiser un diagnostic de terrain pour mieux

comprendre les enjeux et les contraintes locaux et mieux orienter les propositions ainsi que les strateacutegies de mise en œuvre

bull Concevoir et mettre en œuvre des techniques drsquoagroeacutecologie agrave appliquer dans les cinq villages au niveau des communes rurales de Kiangara et de Tsaramasoandro

bull Former et accompagner les techniciens drsquoencadrement

bull Appuyer les techniciens agrave la mise en place de champs eacutecoles paysans permettant la diffusion de cette innovation

bull Former les paysans membres de GEC au

niveau des champs eacutecoles paysans et au travers des visites eacutechanges au niveau des sites agroeacutecologiques du GSDM dans la reacutegion du Vakinankaratra (Ivory Mandoto) et au sein du projet MANITATRA 2

Le diagnostic sur terrain a eacuteteacute meneacute par deux agents du GSDM en particulier de l Agroeacuteconomiste et du Responsable enquecircte et BDD les 6 et 7 deacutecembre 2019

Sur terrain les observations du milieu les enquecirctes focus group les enquecirctes aupregraves des meacutenages agricoles et lrsquoeacutelaboration drsquoune typologie des meacutenages agricoles ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau de cinq Champs eacutecoles paysans ou CEP choisis par le projet Il srsquoagit de 4 CEP dans la commune de Kiangara dont Tsarafara de Bemasoandro drsquoAnosimbary et drsquoAntsahalava et drsquoun CEP agrave Vohitsara dans la commune de Tsaramasoandro

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La formation en Agro-eacutecologie en faveur des agents a eacuteteacute reacutealiseacutee du 7 au 9 janvier 2020 et lrsquoappui et accompagnement des techniciens agrave la mise en place des champs eacutecoles du 21 au 23 janvier 2020 Lrsquoobjectif de la formation est de permettre aux techniciens d assurer la formation et lrsquoaccompagnement des beacuteneacuteficiaires sur les pratiques Agro-eacutecologiques dans les zones drsquointervention du projet Huit (8) participants ont assisteacute agrave la formation dont le Responsable de Programme Reacutegional OSDRM le chef de projet ATASEF 2 animateurs et 4 agents de terrain du projet ATASEF

Les geacuteneacuteraliteacutes en matiegravere drsquoAgro-eacutecologie et les pratiques adapteacutees dans les zones drsquointervention du projet ATASEF ont eacuteteacute preacutesenteacutees et discuteacutees durant la formation theacuteorique en salle Pour cette premiegravere session lrsquoembocagement et les bandes veacutegeacutetales lrsquoassociation et la rotation des cultures les composts et la lutte biologique lrsquoagroforesterie ont eacuteteacute deacuteveloppeacutes durant 4 jours de formation en salle Les travaux pratiques ont eacuteteacute reacutealiseacutes agrave Bemasoandro commune Kiangara et agrave Vohitsara commune Tsaramasoandro Lrsquoorganisation de lrsquooccupation de lrsquoespace et de la mise en place des cultures sur les diffeacuterentes parties du terrain ont eacuteteacute discuteacutees Le renforcement de quelques pieds des plants deacutejagrave planteacutes sur des lignes de courbe de niveau (Khaya Paulownia et Acacia) a eacuteteacute effectueacute sur un terrain de plus de 2 hectares agrave Bemasoandro Outre la mise au point sur la technique de traccedilage des courbes de niveau les avantages de lrsquoinstallation des plantes de couverture dans les cultures deacutejagrave en place ont eacuteteacute expliqueacutes aux techniciens et aux agriculteurs preacutesents agrave Vohitsara Lrsquo Appui et lrsquoaccompagnement des techniciens

du projet ATASEF agrave la mise en place des CEP et lrsquoinstallation des plantes ameacuteliorantes de fertiliteacute (leacutegumineuses) dans les cultures deacutejagrave en place au niveau des agriculteurs beacuteneacuteficiaires sont encore preacutevus avant la fin du mois de janvier 2020 Par ailleurs lrsquoappui conseil sur lrsquoameacutelioration du fumier la fabrication de composts et la lutte agro-eacutecologique seront eacutegalement preacutevus pour cette campagne culturale 2019-2020

Des actions de communication de masse pour accompagner la diffusion de lrsquoAgro-eacutecologie

Les actions de communication accompagnent la mise agrave lrsquoeacutechelle

de la diffusion des techniques ainsi que lrsquoanimation et la sensibilisation en Agro-eacutecologie Elles se traduisent par la valorisation des acquisexpeacuteriences au travers de la conception et lrsquoeacutedition des supports de communication adapteacutes aux diffeacuterentes cibles du GSDM Il srsquoagit essentiellement des eacutemissions radioteacuteleacute des films et des supports de formation de la gestion des reacuteseaux sociaux de lrsquoeacutedition des journaux et revues de la participation aux ateliers strateacutegiques aux eacutevegravenements promotionnels et autres plateformes drsquoanimation tant sur le plan national qursquointernational Derniegraverement le GSDM a participeacute dans le guide de lrsquoenvironnement du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable (MEDD) le magazine Mahavokatse du MAEP et de lrsquoagenda 2020 du MAEP

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Production et acquisition de fumure organique pour la gestion de la fertiliteacute des sols par les exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice (CIRADAIDA) RAZANAKOTO

Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina (GSDMMontpellier SUPAGRO)

RECHERCHES

1 Introduction

Dans le ndeg8 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait la diversiteacute et lrsquoimportance

des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols agrave partir des reacutesultats obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Les aspects concernant la fumure organique nrsquoavaient eacuteteacute qursquoeffleureacutes ils sont traiteacutes dans cet article qui preacutesente les reacutesultats obtenus sur les mecircmes exploitations agricoles familiales (EAF) du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Pour plus drsquoinformations sur le projet Secure et sur les aspects mateacuteriels et meacutethodes le lecteur est inviteacute agrave consulter le ndeg8 de JAE et le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats preacutesenteacutes sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

Les fertilisants organiques produits par les EAF des zones drsquoeacutetude sont divers Les fumiers sont les plus importants en lien avec les animaux de lrsquoexploitation (bovins porcs volailles lapins)

le systegraveme drsquoeacutelevage et les techniques de production En plus de ces fumiers utiliseacutes purs ou meacutelangeacutes il existe des laquo composts raquo traditionnels fabriqueacutes avec les ordures meacutenagegraveres des cendres etou autres matiegraveres organiques ajouteacutees (ces fumures sont appeleacutees zezi-pako et zezi-davenona) et aussi des composts dont la production suit les techniques diffuseacutees dans le cadre de programmes de deacuteveloppement Les EAF peuvent eacutegalement avoir recours au marcheacute de la fumure organique pour augmenter la disponibiliteacute (acheter ou eacuteventuellement eacutechanger) mais aussi pour vendre

La production et lrsquoacquisition de fumures organiques sont caracteacuteriseacutees ici dans leur diversiteacute Lrsquoanalyse des pratiques montre les logiques suivies par les EAF La variabiliteacute observeacutee est forte notamment en terme de quantiteacutes disponibles qui suggegravere une gamme de propositions adapteacutees de la part de la recherche et du deacuteveloppement pour ameacuteliorer ces pratiques qui sont la clef de voute de la gestion de la fertiliteacute des sols et de la durabiliteacute des systegravemes de culture

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RECHERCHES

2 La fumure organique produite dans Les EAF

La production de fumure organique (FO) a eacuteteacute eacutevalueacutee1 pour lrsquoanneacutee enquecircteacutee (2016) Toutes les EAF en ont produit sauf trois (moins de 1) qui nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux2 durant toute lrsquoanneacutee et qui nrsquoont pas valoriseacute leurs ordures meacutenagegraveres sous forme de compost

21 Quantiteacutes et composition

Parmi les types de FO (Figure 1) on note lrsquoimportance du fumier meacutelangeacute les exploitations qui ont plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage meacutelangent souvent les deacutejections qui fermentent ensemble dans le parc agrave bœuf ou pendant leur stockage dans une fosse ou simplement en tas Souvent les exploitants y ajoutent les deacutechets meacutenagers des cendres et dans certains cas drsquoautres reacutesidus de culture ou deacutechets (voir infra) Crsquoest donc un produit fertilisant dont la composition et la qualiteacute varient fortement drsquoune EAF agrave une autre

La production moyenne annuelle de FO par EAF (Figure 1) est plus importante dans la zone drsquoArivonimamo (217 tonnes) que dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra (187 tonnes) Les constituants principaux sont le fumier meacutelangeacute et le fumier de bovins qui agrave eux deux repreacutesentent 72 de la FO totale agrave Mandoto et 83 agrave Arivonimamo Lrsquoeacutecart entre les deux moyennes nrsquoest pas tregraves eacuteleveacute mais il est significatif et la diffeacuterence srsquoexplique drsquoabord par un nombre drsquoanimaux drsquoeacutelevage en moyenne plus important dans la zone drsquoArivonimamo (18 bovins et 7 porcs par EAF) que dans la zone de Mandoto (14 bovins et 23 porcs) Il existe une relation lineacuteaire positive entre le nombre moyen de bovins ou la valeur du cheptel dans lrsquoEAF et la quantiteacute de FO produite (coefficients de correacutelations respectivement de 057 et 062 signification agrave 001)

Figure 1 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF selon les zones

1 On notera que cette eacutevaluation a eacuteteacute faite sur la base des deacuteclarations des exploitants agricoles avec les uniteacutes tradition-nelles que sont la charrette le sac la soubique (panier) etc Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes 250 kgcharrette (en reacutefeacuterence agrave Saint Andreacute et al 2016) 30 kgsac et 10 kgsoubique Ainsi les reacutesultats preacutesenteacutes sont des ordres de grandeur mecircme si les chiffres semblent indiquer une certaine preacutecision et si la taille conseacutequente de lrsquoeacutechantillon fait que les approximations se compensent2 Comme pour la production de FO lrsquoeacutelevage est la norme puisque seules 1 des EAF nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte On notera que le fait de ne pas avoir drsquoanimal agrave un moment donneacute ne signifie pas que lrsquoexploitation ne pratique pas lrsquoeacutelevage lrsquoabsence drsquoanimal est le plus souvent conjoncturelle et un indicateur de difficulteacutes eacuteconomiques

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Au-delagrave des diffeacuterences de quantiteacute on note lrsquoimportance du compost traditionnel (zezi-pako) agrave Mandoto avec 16 de la FO alors qursquoagrave Arivonimamo il ne repreacutesente que 1 Le zezi-pako est constitueacute essentiellement agrave partir des ordures domestiques et de veacutegeacutetaux reacutecolteacutes sur ou en dehors de lrsquoEAF (Ravonjiarison et al 2018) Il est reacuteputeacute ne pas contenir de deacutejection animale (mecircme si selon les deacuteclarations 60 des EAF en ajoute voir infra) et srsquoil en contient crsquoest en faible quantiteacute Il peut ecirctre brucircleacute surtout srsquoil contient beaucoup de veacutegeacutetaux peu deacutegradeacutes Le zezi-pako est utiliseacute plutocirct par les petites exploitations les grandes exploitations preacutefeacuterant produire du compost Les quantiteacutes de composts laquo modernes raquo ne sont pas significativement diffeacuterentes entre les zones

22 Les produits apporteacutes dans le fumier et le compost

Les produits apporteacutes pour la fabrication du fumier et du compost ont des effets sur la qualiteacute

fertilisante finale des produits Comme lrsquoindique le Tableau 1 les EAF apportent des produits divers cette pratique permet drsquoaugmenter le volume de fumier produit (Alvarez S 2012 Rasolofo L I 2017) mais aussi de produire des fumures de composition variable par rapport aux caracteacuteristiques reconnues (Ravonjiarison et al 2018)

Lrsquoapport des deacutejections animales est bien sucircr fonction des animaux sur lrsquoEAF mais aussi pour les composts (et en particulier pour le zezi-pako) des deacutejections de zeacutebus ramasseacutees sur les chemins ou parcours emprunteacutes par des animaux qui appartiennent agrave drsquoautres EAF les exploitants connaissent lrsquoimportance des deacutejections animales pour la fumure des cultures et les plus pauvres avec tregraves peu drsquoanimaux ramassent des deacutejections laquo perdues raquo Ainsi 60 des EAF qui produisent du compost ajoutent dans celui-ci des deacutejections animales

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les EAF ajoutent de nombreux produits dans la fabrication du fumier autant si ce nrsquoest plus en freacutequence que pour

le compost Pour les pailles et balles de riz la prioriteacute semble ecirctre donneacutee au fumier mecircme si la freacutequence reste eacuteleveacutee pour le compost Les EAF pratiquent avec un fort pourcentage le recyclage des reacutesidus de cultures (paille de riz balles de riz autres reacutesidus de culture) Pregraves des deux tiers des EAF ajoutent du bozaka1 et une EAF sur deux qui produit du compost ajoute des feuilles drsquoarbres

Tableau 1 Principaux produits apporteacutes pour la fabrication des fumiers ou des composts (en des EAF)

Produits apporteacutes Fumier (EAF=304)

Compost (EAF=122)

Deacutejection de bovins 70

60

Deacutejection de porcs 73Deacutejection de volailles

84

Deacutejection autres animaux

1

Paille de riz 72 60Balles de riz 51 33Reacutesidus autres cultures

43 39

Bozaka 68 60Autres herbes 17 9Feuille darbres 13 50Deacutechets meacutenagers 36 54Cendres 46 57Terre fertile Terreau

3 12

Sels 4 9Vers 0 2Autres produits 4 7

1 Nom geacuteneacuterique pour deacutesigner les laquo herbes raquo et plus particuliegraverement les gramineacutees qui couvrent pentes et sommets des collines (Andropogon eucomus Aristida adscensionis etc) (source dictionnaire malgache httpmotmalgacheorgbinsteny2) Le bozaka peut avoir eacuteteacute coupeacute ou arracheacute dans ce cas il comprend les racines et un peu de terre

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Ces produits bozaka feuilles drsquoarbres autres herbes sont pour la plupart des produits de cueillette et participent agrave une laquo gestion horizontale de la fertiliteacute raquo avec un transfert drsquoeacuteleacutements fertilisants preacuteleveacutes sur drsquoautres parties du terroir et rameneacutes sur les parcelles cultiveacutees (Rollin 1994 Andriambelomanga 2017) amplifiant le mecircme transfert reacutealiseacute par les animaux (pacircturages ou parcours fumier cultures) Les autres produits utiliseacutes notamment par les EAF qui produisent du compost sont les cendres le terreau mais aussi du sel acheteacute et dlsquoautres produits comme de la dolomie de la sciure de bois etc

23 Les motivations pour la production du compost

La production de compost est lrsquoune des techniques vulgariseacutees pour augmenter

les quantiteacutes de matiegraveres fertilisantes encourageacutees par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie Les reacutesultats de lrsquoenquecircte montrent que la moitieacute des EAF agrave Mandoto et 30 des EAF agrave Arivonimamo ont deacutejagrave cette pratique

Tableau 2 Part des EAF qui produisent du compost

Mandoto ArivonimamoCompost moderne

9 12

Compost traditionnel

41 18

Total avec compost

50 30

A Mandoto ce sont les pratiques traditionnelles de production de zezi-pako qui dominent tregraves largement On notera que si le total nrsquoest que de 50 crsquoest que quelques EAF rares toutefois font les deux types de compost A Arivonimamo certainement en raison des programmes de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la technique la part des EAF avec compost laquo moderne raquo est un peu plus eacuteleveacutee mais le compost traditionnel

est moins reacutepandu On pourrait penser que le fumier se substitue au compost crsquoest-agrave-dire qursquoune EAF qui produit du fumier abandonne la production de compost car comme mentionneacute preacuteceacutedemment les EAF apportent en grande partie les mecircmes constituants aux deux types de fumure organique En fait il nrsquoen est rien 55 des EAF qui produisent du compost agrave Mandoto ont du fumier et agrave Arivonimamo ce taux est de 82

La raison principale pour laquelle les EAF produisent du compost crsquoest drsquoabord pour augmenter la quantiteacute disponible de fertilisants (34 des EAF qui ont reacutepondu) ou beacuteneacuteficier des effets en augmentant la production (11) et en ameacuteliorant la fertiliteacute des sols (9) On note tout de mecircme que 25 des EAF ont reacutepondu que crsquoeacutetait parce qursquoelles nrsquoavaient pas de fumier (et le taux est plus eacuteleveacute agrave Mandoto) Enfin 9 des EAF ont eacutevoqueacute le coucirct moindre du compost par rapport aux autres fertilisants et 12 ont donneacute des raisons que lrsquoon peut rattacher agrave une meilleure agronomie le zezi-pako est meilleur que le fumier car brucircleacute il ne transmet pas les maladies ou les graines de mauvaises herbes la cendre du zezi-pako a de nombreux avantages (notamment dans la lutte contre les ravageurs sur les peacutepiniegraveres) le compost est meilleur que les engrais pour les sols etc

Pour les EAF qui produisent du compost les contraintes principales sont pour 38 des EAF qui ont reacutepondu le temps de travail neacutecessaire (notamment pour ramasser les feuilles drsquoarbres le bozaka etc) et pour 35 des EAF la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres On notera que pour 12 des EAF il nrsquoy a pas de veacuteritable limite agrave la production de compost Enfin pour les 16 drsquoEAF restantes ces limites sont diverses lrsquoeau pour lrsquoarrosage du compost (5) mais aussi la treacutesorerie pour acheter le bozaka ou payer la main drsquoœuvre pour ramasser des matiegraveres premiegraveres le risque drsquoincendie etc

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24 Une production de FO tregraves variable selon les EAF

Malgreacute les apports sur le fumier et la production de compost la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF est faible en valeur absolue et surtout comme indiqueacute preacuteceacutedemment on observe une grande diversiteacute de situation entre les EAF avec un coefficient de variation de lrsquoordre de 90 dans les deux zones Les graphiques de la Figure 4 (voir infra la FO produite est en bleu) illustrent cette grande variabiliteacute avec des profils diffeacuterents selon les zones

Dans la zone de Mandoto comme deacutejagrave indiqueacute il y a une forte proportion drsquoEAF avec peu de fumure organique produite (plus de la moitieacute des EAF produisent moins de 15 tonnes) en raison du faible nombre drsquoanimaux et drsquoune production de compost qui reste peu importante Et ces EAF produisent environ frac14 de la fumure totale produite dans le terroir

Dans la zone drsquoArivonimamo la part des EAF avec moins de 15 tonnes est leacutegegraverement moindre (48) mais la FO produite pour lrsquoensemble de ces EAF nrsquoest que de 14 Donc un peu moins drsquoEAF mais une quantiteacute de FO produite tregraves faible On peut mettre cette diffeacuterence entre les deux zones au creacutedit de la production de compost traditionnel les EAF sans animaux sont plus importantes agrave Mandoto mais ces EAF pour compenser produisent du zezi-pako et en final sont moins deacutemunies que les EAF drsquoArivonimamoA lrsquoautre extreacutemiteacute des graphiques la part des EAF avec plus de 5 tonnes est faible agrave Mandoto agrave peine 4 des EAF et qui cumulent 6 de la FO produite totale Dans la zone drsquoArivonimamo la part de ces EAF est nettement plus importante (9) et surtout elles cumulent 29 de la FO Si on regroupe les deux derniegraveres classes la part des EAF avec plus de 3 tonnes agrave Arivonimamo est de 25 et ces EAF cumulent 58 de la FO agrave Mandoto elles sont 17 et cumulent 43 de la FO totale dans le terroir Ainsi si agrave Arivonimamo la production de FO moyenne par EAF est

supeacuterieure les ineacutegaliteacutes entre les EAF sont aussi plus importantes

3 La fumure organique disponible par EAF

La fumure organique disponible dans une EAF est en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les

fumiers produits la fabrication de composts mais aussi des eacutechanges

31 Les eacutechanges de fumure organique

Sur les Hautes Terres les eacutechanges de fumures organiques sont freacutequents que ces eacutechanges

soient marchands (achat vente) ou non (troc ou don)

Tableau 4 Part des EAF qui eacutechangent de la FO

Opeacuteration sur FO

Mandoto Arivonimamo

Ensemble 60 88- dont Achat 30 74- dont Vente 18 19- dont Troc 22 24

Comme le montre le Tableau 4 crsquoest une large majoriteacute des EAF qui eacutechangent de la fumure organique A Arivonimamo la pratique est presque geacuteneacuteraliseacutee avec 88 des EAF qui sont concerneacutees par au moins une opeacuteration drsquoentreacutee ou de sortie de FO

Si les opeacuterations drsquoeacutechanges non moneacutetariseacutes (troc ou don) et les ventes concernent agrave peu pregraves le mecircme pourcentage drsquoEAF dans les deux zones la diffeacuterence est forte en ce qui concerne les achats puisque agrave Arivonimamo ce sont presque 3 EAF sur 4 qui achegravetent de la FO Dans cette zone ougrave les productions maraichegraveres sont importantes les EAF sont agrave la recherche de fumure organique en termes de quantiteacutes pour augmenter le disponible mais aussi de qualiteacute (fumiers de porcs ou de volailles)

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Pour les eacutechanges sous forme de troc la fumure organique est eacutechangeacutee contre du travail (travail manuel ou prestation par exemple labour ou transport) contre de la paille de riz ou autres matiegravere organique (certainement pour produire du fumier) des semences (de riz ou maiumls) etc Les dons sont faits aux membres de la famille (le plus souvent des parents vers les enfants) mais aussi au meacutetayer voire agrave des voisins moins bien doteacutes Il y a donc un marcheacute de la fumure organique entre EAF drsquoune zone donneacutee mais aussi avec des EAF ou drsquoautres deacutetenteurs dans des zones plus eacuteloigneacutees Ainsi agrave Arivonimamo quelques EAF ont pu acqueacuterir des deacutechets urbains et beaucoup ont acheteacute du fumier en provenance drsquoeacutelevages speacutecialiseacutes

Tableau 5 Prix moyen en Ariary drsquoune charrette de fumure organique

Mandoto ArivonimamoNbre PU moyen Nbre PU moyen

Fumier de zeacutebu 179 5 809 225 16 158Fumier meacutelangeacute 49 4 837 88 13 286Fumier de porc 5 36 000 115 41 137Fumier de volaille 3 25 000 80 49 283Compost 8 18 333Zezi-pako 29 4 500

Les prix pour une charrette1 sont tregraves diffeacuterents entre les deux zones Et on peut penser qursquoagrave Arivonimamo le marcheacute de la fumure organique est laquo tendu raquo avec une forte demande et peu de fumure localement commercialiseacutee pour y reacutepondre Cette situation a des conseacutequences sur les prix avec comme lrsquoindique le Tableau 5 des prix tregraves eacuteleveacutes agrave Arivonimamo environ 3 fois plus eacuteleveacutes qursquoagrave Mandoto Ces prix ont eacuteteacute calculeacutes agrave partir des deacuteclarations de vente ou drsquoachat par les producteurs Lrsquoeffectif (Nbre) est le nombre de charrettes sur lequel a eacuteteacute calculeacute le prix moyen La part des achats est bien sucircr beaucoup plus eacuteleveacute et le plus souvent ce prix inclut le transport ce qui nrsquoest pas un eacuteleacutement neacutegligeable notamment agrave Arivonimamo ougrave la fumure provient drsquoeacutelevages relativement eacuteloigneacutes La charrette de fumier de porc ou de volaille est nettement plus chegravere que le fumier de zeacutebus ou de fumier meacutelangeacute Mais ce sont ces deux types de fumier qui sont les plus commerceacutes en quantiteacute

On notera que le pourcentage des EAF qui achegravetent est nettement supeacuterieur agrave celui des EAF qui vendent Les eacutechanges pourraient srsquoeacutequilibrer au niveau du territoire (le fokontany) par les quantiteacutes avec des EAF qui vendraient de grandes quantiteacutes et des EAF qui achegraveteraient de petites quantiteacutes En fait dans notre eacutechantillon (tireacute au sort et donc avec autant de chances de tirer un vendeur qursquoun acheteur) les eacutechanges ne srsquoeacutequilibrent pas et les quantiteacutes vendues ne repreacutesentent que 38 des quantiteacutes acheteacutees agrave Mandoto et seulement 22 agrave Arivonimamo Ainsi globalement les EAF achegravetent des fumures organiques agrave des exploitations agricoles drsquoautres fokontany et ceci est particuliegraverement reacutepandu agrave Arivonimamo avec des EAF qui achegravetent aux eacutelevages de poulets de chair de poules pondeuses ou de porcs proches de la ville drsquoImerintsiatosika

1 Aucune information nrsquoa eacuteteacute collecteacutee sur le poids des charrettes car le travail aurait eacuteteacute trop lourd agrave reacutealiser Ce poids deacutepend du niveau de remplissage mais aussi et beaucoup de la qualiteacute de la fumure organique Comme deacutejagrave indiqueacute pour faire les conversions nous avons utiliseacute le poids de 250 kg par charrette pour couvrir tous les types de fumure et eacuteviter les surestimations Certains pourront consideacuterer ce poids comme sous-estimeacute

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Figure 2 Evolution de la fumure moyenne produite par EAF

La fumure produite dans une EAF nrsquoest pas la fumure disponible celle-ci eacutevolue en fonction

des eacutechanges La Figure 2 preacutesente la situation moyenne drsquoune EAF selon la zone On constate que la quantiteacute de fumure disponible pour les cultures (apregraves entreacutees et sorties) est en moyenne plus importante que la fumure produite (voir aussi Tableau 6) Ainsi agrave Arivonimamo la fumure disponible passe agrave 29 tonnes par EAF alors que la quantiteacute produite est de lrsquoordre de 22 tonnes A Mandoto lrsquoeacutecart nrsquoest pas si important mais reste significatif avec respectivement 21 et 19 tonnesAinsi on peut deacuteduire de ces donneacutees que la strateacutegie des EAF est drsquoaugmenter la production de fumure organique sur lrsquoEAF (eacutelevage compost) mais aussi drsquoaugmenter la fumure organique disponible pour fertiliser les parcelles en achetant sur le marcheacute ou en srsquoapprovisionnant agrave travers

des eacutechanges non marchands Et cette strateacutegie est particuliegraverement dominante agrave ArivonimamoMais ces tendances geacuteneacuterales cachent de fortes dispariteacutes Ainsi les 3 EAF qui nrsquoavaient pas produit de FO en ont obtenu par achat et troc mais 4 EAF ont ceacutedeacute toute leur fumure organique Ainsi il y a toujours environ 1 de lrsquoeacutechantillon qui nrsquoa pas de FO disponible

32 Quantiteacutes disponibles et variabiliteacute

Ainsi lrsquoEAF moyenne a augmenteacute sa disponibiliteacute en FO dans les deux zones

(Figure 2 et Tableau 6) La composition (Figure 4) a eacutevolueacute par rapport agrave la FO produite (Figure 1) et ceci plus particuliegraverement agrave Arivonimamo Dans cette zone la part du fumier meacutelangeacute a fortement diminueacute (passant de 47 agrave 33) comme mais dans une moindre mesure celle du fumier bovin et ce sont les fumiers agrave base de deacutejections de porcs ou de fiente de volaille qui ont fortement progresseacute passant de 8 agrave 16 On note eacutegalement la progression du type autre FO qui est passeacute de 3 agrave 6 en lien avec lrsquoacquisition de deacutechets ou boues urbaines

Figure 3 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique disponible par EAF selon les zones

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A Mandoto les changements sont mineurs et concernent la reacutepartition entre fumier meacutelangeacute et fumier bovin ce dernier type progresse au deacutetriment du fumier meacutelangeacute Ceci srsquoexplique par le fait que les eacutechanges et en particulier moneacutetaires concernent le fumier de bovin et peu le fumier meacutelangeacute

Mais mecircme si on enregistre quelques eacutevolutions ce sont toujours le fumier de bovin et le fumier meacutelangeacute qui sont les fumures organiques les plus importantes car ils repreacutesentent plus de 70 des quantiteacutes moyennes disponibles au niveau de lrsquoEAF moyenne

Comme pour la fumure produite la fumure disponible par EAF est tregraves variable La variabiliteacute a mecircme augmenteacute avec des coefficients de variation autour de la moyenne un peu plus eacuteleveacutes pour la FO disponible Mais le recours au marcheacute et les eacutechanges non marchands ont fait fortement eacutevoluer la reacutepartition de la fumure organique entre les EAF La Figure 4 illustre ces eacutevolutions contrasteacutees selon les zones

Figure 4 Evolution de la reacutepartition des EAF et de la FO selon des classes de quantiteacutes de FO produite et disponible en tonnes

A Mandoto lrsquoeacutevolution nrsquoest pas tregraves importante les pourcentages drsquoEAF progressent en mecircme temps que les classes de quantiteacute de FO mais de maniegravere tregraves modeacutereacutee Le recours aux eacutechanges nrsquoentraicircne pas de modification spectaculaire dans le profil des graphiques que cela soit pour la reacutepartition des EAF ou pour la reacutepartition de la FO la part des EAF avec moins 05 tonne diminue de 18 agrave 15 et crsquoest la classe de 05 agrave 15 tonnes qui progresse de 3 la part des EAF les mieux pourvues (plus de 5 tonnes) progresse mais tregraves faiblement aussi

A Arivonimamo les changements sont beaucoup plus importants La part des EAF avec moins de 05 tonne diminue pour passer de 22 avec la fumure produite agrave seulement 9 pour la fumure disponible Ainsi la plus grande partie des EAF les moins pourvues se sont procureacutees de la FO sur le marcheacute ou par le troc car pour les cultures maraichegraveres il est indispensable drsquoavoir de la fumure organique Et ce sont les classes avec de plus grandes quantiteacutes de FO qui ont progresseacute de maniegravere remarquable

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les EAF avec plus de 3 tonnes sont passeacutees de 25 agrave 42 et la fumure que cumulent ces EAF est passeacutee de 58 agrave 73 La progression tregraves forte des EAF les mieux pourvues srsquoest tout de mecircme traduite par une concentration au niveau de ces EAF

33 Quantiteacute de fumure organique et surface

Lrsquoimportance de la fumure organique drsquoune EAF ne peut ecirctre appreacutecieacutee qursquoen fonction de la superficie agrave cultiver qui elle-mecircme deacutepend de la Surface Agricole Utile disponible par EAF Celle-ci varie selon la zone avec environ 15 ha agrave Mandoto et 09 ha agrave Arivonimamo

Tableau 6 Superficie et quantiteacutes moyennes par EAF

Variables par EAF Mandoto Arivonimamo

Moyenne CV Moyenne CVSAU (ha) 148 88 091 82FO produite (tonne) 187 90 218 92

FO disponible (tonne) 213 102 290 78

FO disponible (tonneha) 169 84 367 66

La quantiteacute de fumure disponible est en relation lineacuteaire avec la SAU les coefficients de correacutelation entre ces deux variables sont relativement eacuteleveacutes avec +076 agrave Mandoto et +059 agrave Arivonimamo et significatifs agrave 001 Dans les deux zones ces coefficients sont supeacuterieurs agrave ceux qui lient les variables de cheptel (nombre de bovins et valeur totale du cheptel) et les variables de SAU ainsi on peut en deacuteduire que cette relation entre quantiteacute de FO et surface nrsquoest pas seulement fonction des animaux disponibles mais bien dlsquoune strateacutegie des EAF une laquo strateacutegie de construction de la fertiliteacute raquo des sols (NrsquoDieacutenor et al 2011)

Figure 5 Nuages de points entre SAU et FO disponible pour chaque zone

Quand on ramegravene la quantiteacute de fumure organique disponible par ha de SAU la zone Arivonimamo apparaicirct nettement mieux pourvue avec pregraves de 35 t ha de SAU alors qursquoagrave Mandoto ougrave les EAF ont moins de FO disponible et plus de surface la moyenne est de 21 tonneha

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Les graphiques en nuage de points mettent en eacutevidence cette relation Les coefficients Rsup2 ne sont pas tregraves eacuteleveacutes ce qui signifie que la SAU disponible agrave elle seule nrsquoexplique pas tregraves bien la variabiliteacute observeacutee A Mandoto il y a quelques points atypiques (par exemple un producteur avec une superficie assez faible et beaucoup de fumure parce que le cheptel est important) mais la reacutegression semble repreacutesenter assez bien la situation la FO disponible est eacutegale agrave 125 fois la SAU + 03 tonnes

A Arivonimamo la reacutepartition des points est assez atypique et il semble exister deux groupes de producteurs avec des strateacutegies diffeacuterentes le premier en rouge dans le graphique vise une quantiteacute importante de FO par uniteacute de surface (35 fois la superficie plus 125 tonnes) alors que le second se rapproche de la situation de Mandoto et semble rechercher une quantiteacute de FO qui repreacutesente 15 fois la SAU + 01 tonne

Pour expliquer ces diffeacuterences entre les deux groupes il faut rechercher du cocircteacute des cultures pratiqueacutees avec pour le premier groupe des surfaces en cultures maraichegraveres plus importantes et avec pour le second un assolement beaucoup plus traditionnel (ces aspects seront analyseacutes dans le prochain article)

Ces quantiteacutes moyennes semblent cependant insuffisantes pour renouveler la fertiliteacute des sols cultiveacutes car selon les travaux de P Garin meneacutes il est vrai dans la zone du Lac Alaotra il faudrait 4 tonneshaan en moyenne de fumier pailleux neacutecessaire (Garin 1998 citeacute par Dubois 2004) pour restituer au sol la bonne quantiteacute de matiegravere organique contrebalanccedilant la mineacuteralisation de la matiegravere organique due aux cultures

Mais nombre de producteurs notamment dans la zone dArivonimamo ajoutent agrave la fumure organique des engrais mineacuteraux Ce point sera traiteacute dans le prochain numeacutero de JAE avec un article sur les strateacutegies drsquoutilisation de la fumure organique et mineacuterale

34 La qualiteacute fertilisante des fumiers

Dans le cadre du mecircme projet de recherche Secure des eacutechantillons de fumures

organiques destineacutees agrave la culture de riz pluvial ont eacuteteacute preacuteleveacutes dans 40 fermes de reacutefeacuterence (20 dans chacune des zones) pour la campagne culturale 2018-2019 Une quantiteacute drsquoenviron 700 cm3 a eacuteteacute preacuteleveacutee sur les parcelles au moment de la mise en place de la culture du riz Ces eacutechantillons ont eacuteteacute analyseacutes et les reacutesultats donnent une indication de la qualiteacute moyenne des fumiers produits et utiliseacutes dans les zones

Tableau 3 Qualiteacute des fumiers utiliseacutes (en de la matiegravere segraveche)

Zone pH N P KMandoto 86 11 03 18Arivonimamo 82 10 07 13

Avec des pH supeacuterieurs agrave 8 les fumiers permettent de corriger laciditeacute des sols (qui ont souvent des pH de deacutepart autour de 5) par leur pouvoir alcalinisant et dameacuteliorer dans la dureacutee les sols pour les rendre plus favorables aux cultures exigeantes comme le maiumls le soja le haricot les cultures maraichegraveres etc

La qualiteacute selon les trois principaux eacuteleacutements (N=Azote P=Phosphore et K=Potassium) peut ecirctre ainsi commenteacutee

bull N les teneurs moyennes en azote sont plutocirct faibles dans les 2 zones mettant en lumiegravere la neacutecessiteacute de mieux conserver cet eacuteleacutement tregraves mobile par dallage couverture rajout de pailles de riz ou de fanes de leacutegumineuse pour stockage de lurine Toutes les plantes ont besoin drsquoazote

bull P une teneur en phosphore nettement plus eacuteleveacutee agrave Arivonimamo en raison dassociations de deacutejections agrave base de volaille et de porc (dont une partie est acheteacutee voir infra) Mais ces teneurs sont faibles alors que lrsquoinsuffisance des sols en phosphore est tregraves souvent un des principaux facteurs limitant pour les cultures

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La FO avec ses faibles teneurs en P est de maniegravere geacuteneacuterale insuffisante pour lever ce facteur limitant

bull K les teneurs en potassium sont relativement eacuteleveacutees dans les deux zones par concentration des pailles par lrsquoajout de cendres de balles de riz ou de balles de riz en lrsquoeacutetat Le potassium est important notamment pour les cultures fruitiegraveres et maraicircchegraveres

Pour appreacutecier la qualiteacute en terme de nutrition des plantes on peut comparer les apports du fumier agrave ceux drsquoun engrais NPK 112216 (utiliseacute couramment dans la reacutegion) Le fumier moyen entre les deux reacutegions agrave des teneurs que lrsquoon peut arrondir agrave 1N 05P 15K en matiegravere segraveche (MS) ainsi en faisant simplement le rapport avec les des analyses 1 kilogramme drsquoengrais eacutequivaut pour N agrave 11 kgfumier MS pour P agrave 44 kgfumier MS et pour K agrave 11 kgfumier MS

Pour se rapprocher des pratiques paysannes il faut faire la comparaison avec des matiegraveres fraicircches et en uniteacute traditionnelle Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes le poids en MS eacutequivaut agrave 50 du poids en matiegravere fraiche une charrette de fumure organique pegravese1 250 kg Ainsi une charrette de fumier de faible qualiteacute eacutequivaut pour N agrave 11 kg pour P agrave 3 kg et pour K agrave 12 kg de lrsquoengrais NPK (112216) utiliseacute pour la comparaison

Si on fait la comparaison en termes de prix avec le kilogramme drsquoengrais agrave 2 200 Arkg (prix de 2019) et une charrette agrave 10 000 Ar lrsquouniteacute fertilisante coucircte avec lrsquoengrais environ 4 500 Ar et 2 700 Ar avec la charrette de fumier Ainsi lrsquoapport de FO est nettement plus inteacuteressant sur le plan eacuteconomique et ceci drsquoautant plus que la fumure est autoproduit valorisant ainsi lrsquoeacutelevage

1 Comme deacutejagrave indiqueacute le poids de la charrette varie for-tement selon le volume de remplissage et la qualiteacute du fumier Avec du fumier de bonne qualiteacute une charrette peut peser 400 kg voire plus mais avec du fumier de mauvaise qualiteacute ou du zezi-pako le poids peut descendre nettement en dessous des 250 kg Pour prendre en compte lrsquoensemble des types de fumure or-ganique nous avons adopteacute le poids moyen de 250 kgcharrette (notamment en reacutefeacuterence agrave Saint-Andreacute et al 2016)

etou le travail familial Cet amendement a aussi de nombreuses autres qualiteacutes que nrsquoa pas lrsquoapport drsquoengrais mineacuteraux avec des effets sur la structure et la faune du sol lrsquoapport drsquoeacuteleacutements fertilisants secondaires et des utilisations agronomiques inteacuteressantes (par exemple pour ameacuteliorer la leveacutee des cultures)

Ces calculs ont eacuteteacute faits avec des reacutefeacuterences moyennes plutocirct deacutefavorables agrave la FO (notamment le poids de la charrette) or les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de la qualiteacute et de la quantiteacute du fumier produit sont nombreuses (Salgado et Tillard 2012) avec des effets positifs sur la productiviteacute de la terre et du travail (Marline 20152) Dans le cadre des fermes de reacutefeacuterence sur les deux zones des agriculteurs appuyeacutes par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie se sont engageacutes dans un processus dameacutelioration des fumures organiques et peuvent ecirctre des reacutefeacuterents pour la diffusion des techniques

4 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La fumure organique disponible dans une EAF est fonction des quantiteacutes produites (en

moyenne 217 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 187 tonnes dans le MO du Vakinankaratra) en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les pratiques de compostage Mais pas seulement car le recours au marcheacute ou au eacutechanges non marchands font eacutevoluer de maniegravere significative agrave la fois les quantiteacutes disponibles par EAF mais aussi la qualiteacute et la reacutepartition entre les EAF La FO moyenne disponible est de 29 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 21 tonnes dans le MO du Vakinankaratra Rameneacutee agrave la SAU la quantiteacute de FO disponible est 367 tonnes par ha agrave Arivonimamo et 169 tha agrave Mandoto

2 Apregraves avoir enquecircteacute trente exploitations agricoles de la reacutegion Vakinankaratra Marline conclut que laquo lrsquoadoption des pra-tiques drsquoameacutelioration de la qualiteacute du fumier ne se traduit pas par une augmentation significative du coucirct de production du fumier notamment en raison des eacuteconomies drsquoeacutechelle dans la fabrication du fumier de qualiteacute En utilisant les reacutesultats des expeacuterimenta-tions de BIOVA lrsquoeacutepandage du fumier ameacutelioreacute sur les parcelles augmenterait la productiviteacute agricole de la terre de 27 et la pro-ductiviteacute globale du travail de 23 raquo (Marline 2015)

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Les produits ajouteacutes au fumier sont nombreux et la production de compost traditionnel ou laquo moderne raquo est reacutepandue

Ainsi que cela soit en termes de pourcentage drsquoEAF inteacuteresseacutees ou en termes de motivation il y a dans ces deux zones une base solide de pratiques et de connaissances paysannes sur laquelle peut srsquoappuyer la vulgarisation de lrsquoameacutelioration de la quantiteacute et de la qualiteacute du fumier et la production de compost

La recherche a commenceacute agrave analyser la diversiteacute de ces pratiques et leurs effets sur la production Un grand nombre de matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et animales sont recycleacutees et les premiers reacutesultats montrent drsquoimportantes synergies entre elles avec des associations courantes avec les engrais

La theacutematique de la fertilisation organique est importante pour les agriculteurs de ces zones Parmi diffeacuterentes pratiques agroeacutecologiques lrsquoutilisation des FO est assez geacuteneacuteraliseacutee et les agriculteurs adoptent via ces pratiques des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute (cf paragraphe 33) Dans cette optique les accompagnements et renforcements de la part des acteurs du deacuteveloppement rural nous semblent tregraves pertinents en matiegravere drsquoaugmentation en quantiteacute et en qualiteacute Les reacutefeacuterences drsquoameacutelioration existent deacutejagrave (Salgado et Tillard 2012 Rasolofo et al 2018) Des plantes ameacuteliorantes peuvent ecirctre eacutegalement utiliseacutees agrave lrsquoeacutechelle des EAF ou du territoire On peut citer les plantes reacutepulsives qui ameacuteliorent les FO dans la lutte contre les insectes (cf reacutefeacuterences du GSDM) les Tithonia qui apportent une quantiteacute significativement importante de K compareacutes agrave diffeacuterents types de fumiers (Olabode et al 2007) etc

Lrsquoeacutetude reacutevegravele eacutegalement que lrsquoutilisation des fumiers meacutelangeacutes provenant de plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage est une pratique courante des agriculteurs dans les deux zones Lrsquoameacutelioration des conduites drsquoeacutelevage dont lrsquoalimentation la santeacute ou lrsquohabitat pourrait ainsi ecirctre une autre faccedilon de rehausser la qualiteacute fertilisante des FO encore consideacutereacutee comme faible Lrsquoameacutelioration

dans ce cas devrait concerner de plus en plus les animaux agrave cycle court tels que les volailles etou les porcs En fait crsquoest parce que lrsquoeacutelevage bovin est menaceacute par les vols alors que les EAF ont toutes au moins des volailles au sein de leur exploitation

Les agriculteurs savent que la fumure organique est la base pour une bonne gestion de la fertiliteacute des sols qursquoelle permet drsquoameacuteliorer lrsquoefficience des engrais apporteacutes et qursquoelle peut aussi jouer un rocircle de leveacutee de certaines deacuteficiences De nouveaux enjeux apparaissent comme pour le compost avec la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et un besoin de reacutefeacuterentiel technico-eacuteconomique pour faire eacutevoluer la production de zezi-pako vers un compost avec plus de qualiteacutes fertilisantes

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Les plantes de services en Agro-eacutecologie les rotations et successions des cultures leccedilons apprises du GSDM

Rakotondramanana Raharison T Randriamitantsoa M Moussa N Razanamparany C Tokiherinionja TF Sandratriniaina R R

Randriamiarana V Razaka M

Introduction

Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale les paysans pratiquent toujours des associations de cultures mais

pour la plupart il srsquoagit drsquoassociation laquo gramineacutee ndash gramineacutee raquo qui ne contribue pas du tout agrave la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols Dans le district de Mandoto par exemple lrsquoassociation maiumls + riz pluvial (41 des surfaces) manioc + maiumls (19 des surfaces) maiumls + arachide (10 des surfaces) sont les plus dominantes (RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019) A part lrsquoassociation avec lrsquoarachide ces associations nrsquoont pas beaucoup drsquointeacuterecirct dans la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et devraient changer en association gramineacutees - leacutegumineuses en utilisant les plantes de couverture agrave forte capaciteacute de reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols en plus de leurs proprieacuteteacutes eacuteprouveacutees en tant que plantes de services Lrsquoassociation du maiumls avec le haricot est tregraves courante aussi bien sur les Hautes Terres que dans le Moyen Ouest crsquoest une association ougrave lrsquoon a deux cultures alimentaires en mecircme temps mais la biomasse de la leacutegumineuse le haricot se mineacuteralise tregraves vite et nrsquoest plus visible apregraves la saison segraveche De mecircme lrsquoassociation du maiumls avec le soja est aussi tregraves freacutequent sur les Hautes Terres et surtout sur les sols volcaniques drsquoAntsirabe et de Betafo mais comme le haricot le soja se mineacuteralise tregraves vite et ne contribue pas beaucoup agrave la biomasse

Le but principal de cet article est de rappeler les principales plantes de couvertures en compleacutetant avec les acquis du GSDM dans les principales reacutegions de Madagascar ceci par rapport aux donneacutees du Manuel pratique du semis direct de Madagascar (HUSSON O et al 2013) un travail collectif sous la houlette drsquoOlivier HUSSON ougrave nous avons largement contribueacute et dont les principales informations ont eacuteteacute soit actualiseacutees soit compleacuteteacutees

Brefs aperccedilus des principales plantes de couvertures ou drsquoembocagement des parcelles

11 Le mucuna

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc) mais ses proprieacuteteacutes en agronomie nrsquoont eacuteteacute que tregraves peu documenteacutees ou sont resteacutees inconnues Pourtant cette leacutegumineuse a un tregraves grand inteacuterecirct en agronomie

Photo 1 Une bonne biomasse de mucuna

111 Une leacutegumineuse pour la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et la lutte contre le striga

Dans le site drsquoIvory sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + Mucuna varient de 468 agrave 485 tha en F1 et de 5 agrave 536tha en F2 et les rendements de maiumls en association avec le Mucuna varient de 44 agrave 487 tha en F1

1 et de 53 agrave 56tha en F2

2 Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020)

1 F1 5 tha de fumier de ferme

2 F2 F1 + 80 kgha de NPK 11- 22 ndash 16 et 25 kg ha drsquoureacutee

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Ce systegraveme bisannuel en agriculture de conservation permet drsquoobtenir des rendements stables de la production de riz et de maiumls associeacute Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans et dans les eacutecoles (CEG) appuyeacutees par le GSDM

112 Une leacutegumineuse pour lutter contre les mauvaises herbes

Photo 2 Apregraves une biomasse de mucuna (jachegravere de mucuna en haut et biomasse de mucuna associeacute avec du maiumls en bas) pas de

mauvaises herbes pour la culture suivante

113 Un reacutepulsif contre les insectes et mecircme contre drsquoautres ravageurs des cultures

Contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) LrsquoONG DURRELL qui a introduit des

associations agrave base de mucuna dans les aires proteacutegeacutees a pu observer que le mucuna limite aussi les attaques de sangliers (DURRELL 2020) Les varieacuteteacutes noires type Garadake du CTAS ou marbreacute existent mais il semble que la varieacuteteacute noire est la plus appreacutecieacutee

12 Le nieacutebeacute eacuterigeacute

Le nieacutebeacute (Vigna unguiculata subsp unguiculata) est une sous-espegravece veacutegeacutetale du Vigna unguiculata originaire drsquoAfrique Probablement introduit en Ameacuterique tropicale au XVIIegraveme siegravecle par les Espagnols le nieacutebeacute est aujourdhui largement cultiveacute dans le Sud des Eacutetats-Unis aux Caraiumlbes et au Breacutesil et bien sucircr en Afrique Les observations faites sur de longues anneacutees montrent que le nieacutebeacute eacuterigeacute David est adapteacute agrave tous les types de sols dans tous les milieux agrave Madagascar Sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute proposeacutee dans les zones humides de la Cocircte Est uniquement agrave cause de problegraveme de production de semences Comme le haricot crsquoest une leacutegumineuse alimentaire agrave cycle court mais qui exige des traitements insecticides freacutequents

Photo 3 Nieacutebeacute eacuterigeacute cv David CEG Antokofoana

Sa biomasse peu lignifieacutee se deacutegrade tregraves vite et demande agrave ecirctre associeacutee avec une biomasse lignifieacutee comme celle du maiumls ou du sorgho

Madagascar est connu pour sa production de nieacutebeacute type laquo Black eyes raquo exporteacute vers plusieurs pays mais surtout vers lrsquoinde Crsquoest la reacutegion drsquoAmbato Boeny sur les baiboho du Betsiboka qui est la reacutegion de production la plus importante

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13 Les nieacutebeacutes rampants

Les nieacutebeacutes rampants sont des varieacuteteacutes locales seacutelectionneacutes par les paysans sur de longues anneacutees en geacuteneacuteral dans les zones segraveches comme le Sud Malgache La varieacuteteacute SPLF2 seacutelectionneacutee par lrsquoONG TAFA dans la reacutegion du Sud-Ouest renommeacute actuellement FARIMASO par le CTAS ou la varieacuteteacute BABOKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy sont des exemples de nieacutebeacute rampant (ANCOS 2016) Les nieacutebeacutes rampants existent en nombre important dans les zones segraveches mais ne sont pas toutes exploiteacutees Leur gros avantage dans le couvert veacutegeacutetal reacuteside dans leur biomasse tregraves lignifieacutee donc ne se mineacuteralise pas trop vite En plus ils sont tregraves adapteacutes dans tous types de sols en zones segraveches comme ici sur la photo que nous avons prise agrave Tsihombe sur sol tregraves sableux en 2016 une anneacutee tregraves segraveche dans le Sud (RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANAJAKA J 2016

Photo 4 Nieacutebeacute rampant sur sable roux Imongy Tsihombe 2016 peacuteriode tregraves segraveche

dans le Sud

14 Le Vigna radiata

Le Vigna radiata ou Antsoroko est une leacutegumineuse comestible par lrsquohomme au mecircme titre que les nieacutebeacutes Un exemple de ce type de leacutegumineuse est la varieacuteteacute MORAMASAKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy (ANCOS 2016) Les Antsoroko sont cultiveacutes par les paysans ou sont endeacutemiques dans les reacutegions de lrsquoAndroyAnosy dans le Sud-Ouest dans les bassins seacutedimentaires du Menabe du Boeny et du Nord-Ouest donc il y a une grande possibiliteacute de seacutelection de varieacuteteacutes dans les populations existantes Dans le Boeny nous

avons pu identifier une varieacuteteacute drsquoAntsoroko agrave forte biomasse qui srsquoassocie bien avec le maiumls (RAKOTONDRAMANANA 2019)

Photo 5 Antsoroko Bongomena Commune Rurale Marovoay

15 La dolique

Le lablab (Lablab purpureus syn Dolichos lablab L Dolichos purpureus L) eacutegalement appeleacute pois antaque (ou Antaka en Malgache) ou dolique dEacutegypte est une espegravece de leacutegumineuse de la famille des Fabaceae qui est largement reacutepandu comme plante alimentaire dans les reacutegions tropicales notamment en Afrique Plante alimentaire traditionnelle en Afrique ce leacutegume peu connu preacutesente un potentiel inteacuteressant pour ameacuteliorer la nutrition renforcer la seacutecuriteacute alimentaire favoriser le deacuteveloppement rural et soutenir lameacutenagement durable du territoire Dans lrsquoAndroy la dolique est torreacutefieacutee pileacutee au

Photo 6 Dolique photo sur internet

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mortier avec le maiumls et sert de repas riche pour beaucoup de communauteacute

A Madagascar la dolique est geacuteneacuteralement cultiveacutee dans les reacutegions infeacuterieures agrave 1200 m drsquoaltitude (HUSSON O et al 2013) mais pas partout A part lrsquoAndroy et les bassins seacutedimentaires de lrsquoOuest et du Nord-Ouest la dolique se cultive sur les baiboho de la rive Est du Lac Alaotra La dolique donne une biomasse lignifieacutee qui associeacutee avec celle du maiumls creacutee un excellent lit de semis du riz pluvial agrave la prochaine campagne sur la base des reacutesultats sur la rive Est du Lac Alaotra en particulier

Diffeacuterentes varieacuteteacutes ont eacuteteacute seacutelectionneacutees par le CTAS dans lrsquoAndroy Vorompotsy (CTAS D1) Manja (CTAS D2) Ondragne (CTAS D3) Lohapitse (CTAS D4) Les varieacuteteacutes agrave cycle long sont appreacutecieacutees dans le Sud

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Seasea Antake ambahe Antake salazagne) marron port rampant originaire de Tsihombe (ougrave elle est appreacutecieacutee) peu inteacuteressante pour le district drsquoAmbovombe (sensible aux insectes)

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Anta-drazagne Antake mena) rouge ou blanc port rampant tregraves appreacutecieacutee dans le district drsquoAmbovombe pour sa reacutesistance aux insectes

16 Le Stylosanthes guianensis

Crsquoest le systegraveme phare en semis sous couvert veacutegeacutetal dans le Moyen Ouest Le laquo Stylo raquo comme on lrsquoappelle localement ressemble un peu agrave Medicago sativa la luzerne cultiveacutee en France Le stylo a eacuteteacute introduit agrave Madagascar dans le Moyen Ouest pour la production de fourrages Mais cette vieille varieacuteteacute est actuellement sensible agrave lrsquoanthracnose si bien que le GSDM avec le projet Bassin Versant et Peacuterimegravetre Irrigueacute du Lac Alaotra (BV Lac) a introduit en 2004 la varieacuteteacute CIAT 184

bull Crsquoest une leacutegumineuse peacuterenne aux feuilles trifolieacutees on la cultive en moyenne sur un cycle de 3 ans mais qui peut se reconstituer facilement avec les graines tombeacutees dans le sol mecircme apregraves un labour

bull Elle produit une forte biomasse (5 agrave 10 T de matiegravere segraveche sur sol deacutegradeacute et jusqursquoagrave 20 T sur sol riche)

bull Elle fixe entre 70 et 200 kg drsquoazote agrave lrsquohectare bull Son puissant systegraveme racinaire pivotant

restructure les sols bull Son port buissonnant jusqursquoagrave 1m80 de haut

la rend agressive vis agrave vis de la plupart des adventices comme le Striga plante parasite du riz et du maiumls agrave Madagascar

bull Crsquoest un excellent fourrage et elle peut ecirctre pacirctureacutee

bull Ses fleurs sont mellifegraveres il fleurit agrave une peacuteriode ougrave lrsquoabsence de fleurs affaiblit les abeilles creacuteant une continuiteacute juste avant la floraison du litchi

Photo 7 Une bonne biomasse de Stylosanthes Coopeacuterative FANILO

Amparihy commune Vinany

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Ces caracteacuteristiques expliquent qursquoon la surnomme aussi laquo luzerne tropicale raquo et cela en fait un excellent preacuteceacutedent pour de nombreuses cultures et en particulier les plantes qui fournissent les produits de base agrave Madagascar riz et maiumls

Le Stylosanthes guianensis srsquoadapte agrave un large spectre de sols et en particulier les sols acides (elle est capable de produire des nodules agrave pH 4 ) ainsi qursquoagrave de nombreux climats jusqursquoagrave 10001

megravetres drsquoaltitude et une pluviomeacutetrie de 600 agrave 3000 mm par an

17 Les arachis

Arachis est un genre de plantes dicotyleacutedones de la famille des Fabaceae sous-famille des Faboideae originaire dAmeacuterique du Sud qui compte 70 espegraveces annuelles ou vivaces LrsquoArachis apporte beaucoup drsquoazote au sol et en plus crsquoest une plante largement utiliseacutee comme plante mellifegravere

Deux espegraveces ont eacuteteacute essayeacutees agrave Madagascar lrsquoArachis pintoiuml et lrsquoArachis peacuterenne Cette leacutegumineuse a eacuteteacute largement diffuseacutee dans le Pays dans les cultures de rente (cafeacuteier poivrier vanillier giroflier) et dans les cultures fruitiegraveres

Photo 8 Arachis pintoiuml

1 1000 m Corrigeacute par lrsquoauteur le texte initial eacutetait 1600 m drsquoaltitude agrave Madagascar le Stylo nrsquoest plus cultiveacute au-dessus de 1000 m drsquoaltitude

18 La vesce

Vicia sativa la vesce cultiveacutee ou vesce commune est une plante annuelle appartenant agrave la famille des Fabaceacutees du mecircme genre que la fegraveve ou le haricot La vesce commune est cultiveacutee en tant que fourrage mais crsquoest aussi un excellent engrais vert Elle est de plus une plante inteacuteressante pour lrsquoeacutelevage des abeilles et peut eacuteventuellement ecirctre consommeacutee par lrsquohomme De plus la vesce a des difficulteacutes agrave se deacutevelopper dans les sols tregraves argileux

La vesce a eacuteteacute essayeacutee un peu partout agrave Madagascar mais crsquoest surtout au Lac Alaotra sur baiboho et sur colluvions de bas de pente riche qursquoelle a connu un succegraves Au Lac Alaotra la vesce rentre dans un systegraveme Rizcultures maraicircchegraveresvesce Dans ce systegraveme le riz beacuteneacuteficie de la biomasse de la vesce et de lrsquoarriegravere effet de la fertilisation des cultures maraicircchegraveres En plus de sa biomasse on reacutecolte les semences avant de la rouler pour le semis du riz Essayeacute dans les autres reacutegions de Madagascar la vesce a rencontreacute des problegravemes de rotation avec le riz irrigueacute sur les Hauts Plateaux en raison de son cycle qui srsquoallonge et retarde ainsi le repiquage du riz Par ailleurs la production de semences a eacuteteacute un problegraveme

Photo 9 Riz sur biomasse de vesce en Riziegravere agrave Mauvaise Maicirctrise dEau (RMME) M Charles Mahatsinjo CR Ambohitsilaozana Rive Est Lac

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19 Le Pois drsquoAngole

Le pois dAngole (Cajanus cajan syn Cajanus indicus) est une espegravece de plante vivace de la famille des Fabaceae Le pois dAngole est agrave la fois une culture vivriegravere (pois secs farine pois frais ou leacutegumes verts et une culture fourragegravere de couverture) Les pois contiennent des niveaux eacuteleveacutes de proteacuteines et dimportants acides amineacutes (meacutethionine lysine et tryptophane) En combinaison avec des ceacutereacuteales le pois dAngole constitue une alimentation humaine eacutequilibreacutee Aussi sous le nom de pois cajan pois-congo ambrevade ou pwa di bwa en creacuteole Guadeloupeacuteen le pois dAngole est une leacutegumineuse vivace agrave graine cultiveacutee en agriculture pluviale dans les reacutegions tropicales semi-arides httpsfrwikipediaorgwikiPois_d27Angole)

Photo 10 Pois drsquoAngole agrave la maturiteacute des gousses

Les expeacuteriences avec le Pois drsquo Angole ont eacuteteacute surtout obtenues dans lrsquoAndroy ougrave il a eacuteteacute utiliseacute en brise-vent en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute (forecirct de Cajanus) mais surtout a beaucoup contribueacute agrave la seacutecuriteacute alimentaire de cette zone segraveche (RAHARISON T et al 2018) en effet la consommation du pois drsquoAngole est rentreacute dans les habitudes alimentaires de certaines tribus de lrsquoAndroy et se trouve mecircme consommeacute agrave la place du haricot dans les funeacuterailles

Le Pois drsquoAngole est connu pour sa capaciteacute agrave aller chercher lrsquohumiditeacute en profondeur Etant une plante lignifieacutee il aide agrave renforcer la biomasse des autres espegraveces

110 Les crotalaires

Les crotalaires ont eacuteteacute associeacutes au riz pluvial mais sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute un succegraves Cependant les crotalaires ont lrsquoavantage drsquoavoir une biomasse lignifieacutee et qui nrsquoest pas appeacuteteacutee par les animaux Par ailleurs les crotalaires ont des racines profondes qui cherchent lrsquoeau en profondeur

Photo 11 Crotalaria gramihana endeacutemique sur les Hauts Plateaux

2 Les reacutesultats de la recherche

Nous rappelons ici les reacutesultats du site drsquoIvory pour deacutemontrer les capaciteacutes des plantes de

couverture agrave reacutegeacuteneacuterer un sol pauvre infesteacute de striga En effet le sol de ce site un sol ferralitique agrave pH 4 eacutetait abandonneacute par le proprieacutetaire agrave cause de lrsquoimpossibiliteacute drsquoy planter du maiumls et du riz agrave cause du striga

Le site drsquoIvory est situeacute agrave 100 km agrave lrsquoouest drsquoAntsirabe (pregraves de la RN 34 vers Miandrivazo) sur les plateaux de la zone centrale du Moyen Ouest dans le district de Mandoto Commune rurale de Vinany (localisation agrave la fig1) Les systegravemes mis en place ont eacuteteacute baseacutes sur les 3 dispositifs agrave savoir la lutte contre le Striga la diversification des cultures et la collection varieacutetale Les systegravemes de cultures proposeacutees ont eacuteteacute baseacutes sur la mise en place de maiumls en association avec des leacutegumineuses annuelles (vivriegraveres nieacutebeacute soja arachide Vigna umbellata) ou de plantes de couverture (mucuna et Stylosanthes) drsquoune part et la mise en place de plante de couverture fourragegravere (Arachis pintoiuml et Arachis peacuterenne)

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Sur les dispositifs des systegravemes en Agriculture de Conservation sont compareacutes au teacutemoin traditionnel laboureacute avec un minimum drsquointrants F1 (fumier seul agrave 5tha) ou F2 (F1 + 80 kgha de NPK + 25 kgha drsquoureacutee) soit des doses faibles se rapprochant des pratiques paysannes Le traitement en culture pure sans couvert veacutegeacutetal sur labour constitue un teacutemoin commun aux diffeacuterents essais conduits en Agriculture de Conservation (AC) sur reacutesidus ou sur couverture vivante

Figure 1 localisation du site drsquoIvory dans le Moyen Ouest commune de Vinany district de Mandoto

Figure 2 Pluviomeacutetrie par deacutecade sur le site drsquoIvory

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Figure 3 Rendements de riz sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Figure 4 Rendements de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements des systegravemes en Agriculture de Conservation sont nettement plus eacuteleveacutes que ceux obtenus en pratiques traditionnelles Le laquo riz pluvial sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses vivriegraveres raquo est de 37 agrave 47 THa (fertilisation F2) contre seulement 07 agrave 10 tHa sur labour Les systegravemes agrave base de mucuna sont les plus performants Malgreacute une faible pluviomeacutetrie agrave la 3egraveme deacutecade de feacutevrier et agrave la 2egraveme de mars en 2019 les rendements de cette anneacutee nrsquoont pas eacuteteacute affecteacutes ce qui montre bien la reacutesilience des systegravemes en agriculture de conservation sur le changement climatique Les mecircmes observations sont faites sur les rendements du maiumls associeacute

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Ces observations sont reacuteguliegraveres sur de nombreuses anneacutees et montrent qursquoune fois la fertiliteacute restaureacutee avec de fortes biomasses sans labour du sol et avec de faible dose drsquoengrais on aboutit agrave de tregraves bons rendements Lrsquoautre observation importante est la tregraves grande diffeacuterence entre les parcelles laboureacutees et les parcelles non laboureacutees avec les mecircmes doses de fertilisations Ceci srsquoexplique sur le fait que le labour mineacuteralise la matiegravere organique et entraine une perte eacutenorme par lessivage

3 Quels systegravemes pour les Hautes terres

Les systegravemes suivants sont proposeacutes pour large diffusion sur les Hautes Terres Dans le cadre de la diffusion du Projet MANITATRA II on note un fort engouement des paysans pour les systegravemes agrave base de mucuna au vue des premiers reacutesultats obtenus dans les Champs Ecoles Paysans (CEP) et dans les parcelles drsquoapplication des Collegraveges drsquoEnseignement Geacuteneacuteral (CEG) en effet pour la campagne 2019 - 2020 le systegraveme agrave base de mucuna en association avec le maiumls deacuterobeacute dans lrsquoassociation laquo maiumls + haricot raquo ou mecircme en jachegravere de mucuna a connu une adoption importante sur les Hauts terres

31 Le maiumls associeacute au haricot deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la campagne suivante

Le maiumls associeacute au haricot est tregraves courant sur les hautes terres donc agrave la maturiteacute du haricot et mecircme avant la reacutecolte on segraveme le mucuna sur la ligne du haricot La biomasse de maiumls va srsquoassocier agrave celle du mucuna pour constituer un lit de semis pour le riz pluvial sans labour agrave la prochaine campagne Normalement le lit de semis est tregraves peu infesteacute de mauvaises herbes si la biomasse du mucuna arrive agrave couvrir le sol

32 Le maiumls associeacute au soja deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la saison suivante

Comme avec le systegraveme preacuteceacutedent avant la maturiteacute du soja on segraveme le mucuna dans la ligne du soja On peut mecircme le semer agrave la voleacutee

33 Les associations avec lrsquoavoine en vue de production de fourrages

Dans le systegraveme preacuteceacutedent (maiumls + soja) au lieu de semer du mucuna on peut semer de lrsquoavoine qui servira par la suite de fourrage Comme avec le mucuna la parcelle est propre dans un couvert drsquoavoine Le paysan peut preacutelever une partie de la biomasse de lrsquoavoine pour le fourrage

34 Habiller le riz pluvial avec drsquoautres leacutegumineuses

Sur les Hautes Terres une parcelle de riz pluvial qui existe deacutejagrave peut ecirctre habilleacute avec du Pois drsquoAngole ou avec du crotalaire ce qui eacutevitera drsquoavoir une faible biomasse de riz agrave la prochaine campagne Cette pratique a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet MANITATRA II

35 Les embocagements des cultures

Les embocagements de parcelles se feront avec du Tephrosia vogellii une leacutegumineuse tregraves adapteacutee aux reacutegions drsquoaltitude jusqursquoagrave 2000 m Crsquoest aussi un reacutepulsif contre les insectes Cette leacutegumineuse peut pousser tregraves haut jusqursquoagrave 150 m mais on peut aussi la tailler en fin de saison de pluie et les produits de la taille (feuille et rameaux) peuvent ecirctre ajouteacutes agrave la biomasse de la parcelle

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4 Quels systegravemes pour le Moyen Ouest

Le systegraveme phare dans le Moyen Ouest est le systegraveme agrave base de Stylosanthes mais les

systegravemes agrave base de leacutegumineuses annuelles sont aussi deacuteveloppeacutes en parallegravele avec le stylo car les petits paysans avec moins de 1 ha nrsquoont pas envie de srsquoinvestir dans une jachegravere de stylo

41 Le Stylosanthes comme systegraveme phare

Comme deacutecrit plus haut le stylo est la plante de couverture drsquoexcellence pour reacutegeacuteneacuterer les sols deacutegradeacutes Mais contrairement agrave ce qursquoon a veacutehiculeacute comme message auparavant on propose de labourer quand le paysan a envie de revenir aux leacutegumineuses annuelles Cette recommandation est valable notamment pour les petits producteurs ne pouvant pas supporter la jachegravere drsquoune anneacutee Il est important de souligner qursquoune jachegravere de Stylo peut ecirctre planteacutee en maiumls ou en manioc agrave faible densiteacute Par ailleurs la jachegravere de stylo permet aussi de reacutecolter des semences qui sont tregraves demandeacutees actuellement drsquoougrave un compleacutement de revenus important pour le paysan

42 Le maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial

Tous les systegravemes agrave base de maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial ont eacuteteacute testeacutes dans les sites drsquoIvory et peuvent ecirctre diffuseacutes dans le Moyen Ouest ce qui offre un large choix par rapport aux autres reacutegions Il est important de deacuterober du mucuna avec les leacutegumineuses agrave faible biomasse (nieacutebeacute tsiasisa haricot soja)

5 Quels systegravemes au Lac Alaotra

Le Lac Alaotra est connu pour ses grandes surfaces de baiboho et de Riziegraveres agrave Mauvaise Maicirctrise drsquoEau (RMME) ceci agrave cause des fortes eacuterosions des bassins versants reacutesultant drsquoune pluviomeacutetrie violente et de la fragiliteacute du sol drsquoorigine tectonique Dans ces conditions le maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses en rotation avec le riz pluvial est le systegraveme phare sur baiboho et le systegraveme rotation laquo Rizcultures maraichegraveresVesce raquo sur RMME Parmi les leacutegumineuses la

dolique associeacutee au maiumls est agrave privileacutegier car cette plante de couverture est bien adapteacutee dans cette reacutegion

6 Quels systegravemes pour les zones semi-arides de lrsquoAndroy

Le problegraveme essentiel dans lrsquoAndroy est lrsquoeacuterosion eacuteolienne en plus de lrsquoeacuterosion hydrique Crsquoest ainsi que le pois drsquoAngole a eacuteteacute largement utiliseacute en brise-vent mais aussi en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols tregraves deacutegradeacutes par le systegraveme de forecirct de Cajanus

Parmi les leacutegumineuses la dolique est endeacutemique dans la reacutegion mais le mucuna les nieacutebeacutes rampants le konoke (leacutegumineuse endeacutemique du genre Phaseolus sp) sont reacutepandus et bien adopteacutes

Une approche de diffusion par les blocs agro-eacutecologiques a permis une forte adoption de lrsquoAgro-eacutecologie dans lrsquoAndroy seacutedimentaire

7 Quels systegravemes pour le Boeny

Tous les systegravemes deacutecrits plus hauts sont applicables dans le Boeny Il faut noter toutefois la preacutedominance du Vigna radiata (Antsoroko) et nieacutebeacute rampant type Lojomena et du nieacutebeacute type Black Eyes sur les baiboho A cause de la forte eacuterosion des bassins versants dans cette reacutegion les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal sont agrave privileacutegier Un grand effort de formation des intervenants locaux est indispensable

Photo 15 Vigna radiata

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Conclusions

Cet essai de capitalisation est loin drsquoecirctre parfaite Crsquoest un travail qui demande agrave

ecirctre actualiseacute avec le temps Nous nrsquoavons pas couvert toutes les reacutegions mais globalement les systegravemes reposent tous sur les fondamentaux de lrsquoAgriculture de Conservation et de lrsquoAgro-eacutecologie Par ailleurs en plus des formations des intervenants locaux la production de semences de plantes de couverture pose un problegraveme dans beaucoup de reacutegion Il faut noter que le site drsquoIvory et la commune de Vinany ont eacuteteacute une zone de production de semences de couverture pendant de longues anneacutees

Drsquoautres problegravemes qui ne sont pas eacutevoqueacutes dans cet article sont les feux de brousse en saison segraveche et les divagations drsquoanimaux qui diminuent eacutenormeacutement la biomasse laisseacutee sur les sols agrave la prochaine campagne Une prise de conscience collective des paysans semble donner des reacutesultats comme en teacutemoignent les paysans de la commune de Vinany dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra

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Reacutefeacuterences bibliographiques

1 ANCOS 2016 Reacutegistre des espegraveces et varieacuteteacutes exploiteacute dans le systegraveme laquo Semence de Qualiteacute Deacuteclareacutee raquo dans le Sud de Madagascar ANCOS Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche

2 DURRELL 2020 Lrsquointroduction de lrsquoinnovation Agro eacutecologie pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire des communauteacutes aux alentours des Aires proteacutegeacutees (Baie de Baly et Lac Alaotra) et zone humide de Lac Sofia Lot II Y 49 J Ampasanimalo (101) BP 8511 Antananarivo 101 ndash Madagascar httpswwwdurrellorgwildlife httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

3 GSDM 2020 Rapport annuel anneacutee 3 intervention du GSDM dans le Projet PAPAM composante 2 GSDM lot VA 26 Y Ambatoroka ANTANANARIVO 101

4 HUSSON O SEGUY L CHARPENTIER H RAKOTONDRAMANANA MICHELLON R RAHARISON T et al (2013) Manuel pratique du semis direct de Madagascar GSDMCIRADhttpgsdm-mgorgwp-contentfilesManuel_SCV_Mada_V_IntegraleMedpdf

5 RAKOTONDRAMANANA 2019 Rapport de mission de capitalisation dans le PLAE III BOENY 17 au 23 Feacutevrier 2019 PLAE ANALAMAHITSY ANTANANARIVO 101

6 RAKOTONDRAMANANA et al 2018 La rotation ou lrsquoassociation avec le mucuna reacuteduit consideacuterablement les attaques de chenilles leacutegionnaires sur le maiumls Journal de lrsquoAgro-eacutecologie Ndeg7 httpopen-libraryciradfrfiles62385__JAE_NC2B07pdf

7 RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANJAKA J 2016 Rapport de mission de reconnaissance et de diagnostic du Projet SOHAVELO ASARA programme europeacuteen de seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle dans la reacutegion Sud et Sud Est de Madagascar ASARAAINA AVSF Lot VG 25 Antsahabe BP 3149- Antananarivo 101 ndash Madagascar httpopen-libraryciradfr

files62394__Rapport_de_mission_SOHAVELO_VFpdf

8 RAHARISON T et al 2018 Rapport drsquoeacutetude drsquoimpact des pratiques des blocs agro eacutecologiques diffuseacutees dans le cadre du projet HOBA GRET Antananarivo

9 RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019 Diversiteacute et importance des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols dans les exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar Journal de lAgro-eacutecologie Ndeg8 2019 httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

10 h t t p s w w w s u p a g r o f r r e s s - p e p i t e s PlantesdeCouvertureresStylosanthespdf

11 httpsfrwikipediaorgwikiArachis

12 httpsfrwikipediaorgwikiVicia

13 h t t p s f r w i k t i o n a r y o r g w i k i pois_dE28099Angole

14 httpsfrwiktionaryorgwikicrotalaire

15 httpsfrwikipediaorgwikiPois_mascate

16 httpsfrwikipediaorgwikiVigna_unguiculata

17 httpsfrwikipediaorgwikiHaricot_mungo

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SUCCESS STORIES

La technique du lombricompost se diffuse de paysan agrave paysan

Lrsquoutilisation agrave outrance des produits chimiques en tant que pesticides et fertilisants durant lrsquoegravere

de la reacutevolution verte nrsquoavait fait que renforcer les effets du changement climatique sur lrsquoagriculture Hormis son prix eacuteleveacute les engrais de synthegravese solubles laissent toujours des reacutesidus ayant des impacts preacutejudiciables agrave lrsquoenvironnement Dans le cadre de ses projets de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie le GSDM tend agrave former les paysans sur les proceacutedeacutes de fabrication de diffeacuterents types de compost dont le vermicompostage Cela dans lrsquooptique de rendre la production agricole plus durable et plus respectueuse de lrsquoenvironnement Les suivantes sont les teacutemoignages de paysans sur les inteacuterecircts du lombricompostage

Dans la commune rurale drsquoAnkazomiriotra au niveau du village drsquoAmbohitrinibe Fokontany Belanitra Est Madame RABEBINIRINA Minompamonjy David (Mme Mino) fait partie de ces paysans qui ont su tirer profit de lrsquoutilisation du lombricompost

Nrsquoayant pas de zeacutebu nous eacutetions obligeacutes drsquoacheter drsquoeacutenorme quantiteacute de fumiers et drsquoengrais pour fertiliser nos champs Crsquoeacutetait peacutenible vu que notre revenu couvrait difficilement le montant de nos besoins Vers 2013 nous avons assisteacute aux seacuteances de formations et drsquoanimations prodigueacutees par les techniciens travaillant sur le projet pilote Manitatra 1 Apregraves ces formations

ils nous ont fait don de 250g de vers Aujourdrsquohui nous en disposons drsquoau moins 20Kg Les reacutesultats que nous avons obtenus degraves la premiegravere anneacutee drsquoutilisation du lombricompost a eacuteteacute probant Drsquoabord la charge de travail due au transport de fertilisant vers le champ srsquoeacutetait beaucoup amoindri car nous nrsquoavons plus qursquoagrave transporter tout au plus le dixiegraveme du volume de fumier de parc qursquoon utilisait avant En effet 30 agrave 40 kg de lombricompost peut amplement suppleacuteer agrave 2 charrettes de fumier de parc Le sarclage est aussi devenu plus facile car le preacute-compostage a permis drsquoeacuteliminer les graines drsquoadventices qui dlsquohabitude viennent avec les fumiers organiques Ensuite les cultures reacutesistent mieux agrave la segravecheresse et les plantes parasites Par exemple nous avons constateacute que le riz devient plus vigoureux face aux attaques du striga Le rendement est de plus en plus soutenu et les produits maraicircchers sont moins sujets agrave la deacutegradation

La fabrication de lombricompost demande certes une certaine rigueur mais est tout agrave fait agrave la porteacutee de chaque paysan Il vous faut juste preacuteparer du preacute-compost qui servira de nourriture aux vers En plus il est indispensable drsquoarroser et de veacuterifier peacuteriodiquement la tempeacuterature Lrsquoessentiel des travaux consiste agrave seacuteparer les vers des composts mucircrs Il nous arrive encore drsquoacheter du fumier de parc pour servir drsquoappoint au preacute-compost mais ccedila en vaut la peine

Avec notre unique andain nous arrivons agrave produire 600kg de compost par mois

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Nous nrsquoutilisons que le quart de notre production Le reste est vendu agrave des clients qui viennent drsquoun peu partout agrave Madagascar La plus grosse commande que nous avons eue en 2019 eacutetait de 15tonne La production de lombricompost contribue beaucoup agrave nos ressources peacutecuniaire car il nous arrivons agrave lrsquoeacutecouler jusqursquoagrave 1000Ar le kilo

Madame Mino peut ecirctre joint aux numeacuteros suivants 034 19 777 50033 13 412 10

Un autre paysan en la personne de Monsieur RAZAFINDRAKOTO Emilson (Dadakoto) habitant agrave Antanety 2 Commune Antanifotsy a aussi adopteacute le lombricompostage Les suivants sont ses points de vue quant agrave lrsquoutilisation du lombricompost

Nous avons construit le premier andain suite aux seacuteries drsquoanimation-formation effectueacutees par le paysan leader et le technicien du projet Manitatra 2 travaillant dans notre zone Ce premier andain eacutetait devenu productif agrave partir du mois de juin 2019 Je commence juste agrave produire du lombricompost mais jrsquoai deacutejagrave constateacute les reacutesultats sur la bonne veacutegeacutetation de mes maiumls et de mes riz par rapport agrave ce que jrsquoai eu auparavant Afin drsquoaugmenter la production nous avons construit drsquoautres andains et aujourdrsquohui nous en avons 5

Nous avons commenceacute avec 1kg de vers et maintenant nous en avons autour de 60kg Jusqursquoagrave preacutesent ma production est entiegraverement destineacutee agrave lrsquoautoconsommation Nous les utilisons surtout sur nos cultures de tanety comme le riz et le maiumls associeacute aux leacutegumineuses Je trouve qursquoil est plus inteacuteressant drsquoutiliser du lombricompost que de fumier de parc Actuellement je nrsquoutilise presque plus drsquoengrais chimique

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Produit biologique de lutte contre les Chenilles leacutegionnaires drsquoAutomne (CLA) la menace est maitriseacutee un article du Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la pecircche

(Source publication facebook du MAEP le 14 deacutecembre 2019)

Deacutesormais les producteurs de maiumls Malagasy ne devraient plus ecirctre anxieux et inquiets

face agrave la Chenille Leacutegionnaire drsquoAutomne ou CLA La menace est maicirctriseacutee Gracircce aux efforts du Ministegravere de lAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) agrave travers les techniciens de la DPV et de la FOFIFA des diffeacuterents chercheurs de lUniversiteacute dAntananarivo de lEssagro et dexperts africains appuyeacutes par la FAO une souche biologique appeleacutee BT ou Bacillus Thuringiensis a eacuteteacute deacutecouverte Les tests ont deacutemontreacute que cette bacteacuterie naturelle et endeacutemique agrave Madagascar est capable de tuer la CLA Meacutelangeacute agrave 50g de riz blanc elle peut recouvrir 1ha de champ de maiumls

Notons quelle naffecte ni lenvironnement ni la santeacute humaine Madagascar sest aussi doteacute de sa strateacutegie nationale quinquennale de lutte contre la CLA Telles sont parmi les grandes avanceacutees du PROJET DAPPUI DURGENCE Agrave LA MISE EN PLACE DUN SYSTEME DE SURVEILLANCE DE RIPOSTE ET DE LUTTE INTEGREacuteE CONTRE LA CLA meneacute avec lappui technique et financier de la FAO

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Fenetre sur lAgriculture Biologique agrave MadagascarRakotondramanana GSDM

Un projet de loi sur lrsquoAgriculture biologique a eacuteteacute preacutepareacute sur lrsquoinitiative du Syndicat Malgache de lrsquoAgriculture Biologique (SIMABIO) et du MAEP et sera incessamment soumis agrave lrsquoAssembleacutee

Nationale Suite agrave cela un voyage drsquoeacutetude au Maroc et en Tunisie a eacuteteacute reacutealiseacute en vue des perspectives drsquoeacutelaboration drsquoune Strateacutegie Nationale drsquoAppui agrave lrsquoAgriculture Biologique agrave Madagascar (SNABio)

La mission a vu la participation drsquoune deacuteleacutegation conduite par le Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) accompagneacutee du Preacutesident du SIMABIO du projet Coordonnateur National du projet CASEF de lrsquoassistant technique du projet CASEF du repreacutesentant de la recherche (FOFIFA) et du directeur exeacutecutif du GSDM

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Le secteur de lrsquoAgriculture Biologique (AB) agrave Madagascar est en pleine croissance depuis plusieurs anneacutees Repreacutesentant actuellement un chiffre drsquoaffaire annuel de lrsquoordre de 55 Meuro geacuteneacutereacutes par plus drsquoune centaine drsquoentreprises employant 7000 salarieacutes et srsquoapprovisionnant aupregraves de plus de 20 000 agriculteurs le secteur est quasiment exclusivement orienteacute vers lrsquoexportation drsquoune large gamme de produits agricoles beacuteneacuteficiant drsquoune forte typiciteacute (eacutepices fruits tropicaux huiles essentielles cacao crevettes etc) principalement vers lrsquoEurope

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les Etats-Unis le Japon (source CASEF) Les produits bio malgaches sont issues drsquoagriculture bio par des entreprises locales mais aussi de la cueillette Compareacute aux autres pays le coucirct de la certification est trop eacuteleveacute agrave cause du manque de concurrence (un seul organisme certificateur agreacuteeacute ECOCERT)

Au Maroc lrsquoAgriculture biologique repreacutesente de lrsquoordre de 60 Meuro drsquoexportation et en Tunisie 205Meuro mais dans ces deux pays on assiste agrave un marcheacute local en cours de progression Le tableau suivant reacutesume lrsquoagriculture Bio dans les deux pays Globalement les produits exporteacutes sont domineacutes par lrsquohuile drsquoOlive bio dans les deux pays

A lrsquoissue de la mission des perspectives pour Madagascar ont eacuteteacute souleveacutees sous forme drsquoenseignements et reacuteflexions bull Creacuteer un dispositif drsquoappui conseil technique et financier ciblant les producteurs et les entreprises

AB en synergie avec les meacutecanismes existants (FDA Banques IMF etc)bull Subventionner la certification =gt Accroitre la concurrence entre organismes de Controcircle et de Certification (OCC) =gt Agreacutement et controcircle effectif de la part des pouvoirs publicsbull Concevoir une strateacutegie ciblant une diversiteacute de filiegraveres prioritaires de maniegravere inclusive par

exemple Exports Filiegraveres inteacutegreacutees eacutecotourisme Filiegraveres courtes laquo petits producteurs raquo au systegraveme de garantie par Certification de Territoire (CT) et Systegraveme Participatif de Garantie (SPG)

bull Mise en place de centres de recherche technique deacutedieacute agrave lrsquoAB reacutepondant agrave la demande (par ex contrat programme recherche - reacutegions - organisations professionnelles)

bull Conceptionmise en œuvre drsquoun dispositif de formation AB avec obligation de modules dans les cursus agricoles

bull Dynamiser la professionnalisation et la structuration des producteurs et des entreprises malgaches dans lrsquoAB

bull Poursuivre lrsquointeacutegration du secteur priveacute (amont et aval) dans les diffeacuterentes laquo aregravenes raquo institutionnelles deacutefinition des strateacutegies conception et pilotage des dispositifs drsquoappui etc

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AGRO-ECOLOGIE EN PHOTO

La mise en place des parcelles dapplication en Agro-eacutecologie a eacuteteacute effectueacutee au niveau des 8

collegraveges de la reacutegion Boeny Les enseignants et eacutelegraveves ont eacuteteacute accompagneacutes et encadreacutes par les ingeacutenieurs agronomes du GSDM et les techniciens locaux

Une repreacutesentante de la deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo a visiteacute les

reacutealisations du GSDM dans le cadre du projet Manitatra 2 De nombreux points inteacuteressants pouvant ecirctre valoriseacutes dans le cadre dune future coopeacuteration ont eacuteteacute souleveacutes En attendant certaines observations seront agrave partager au cours dun eacuteveacutenement de la Commission europeacuteenne qui se tiendra courant de la 3egraveme semaine du mois de feacutevrier 2020 agrave Bruxelles

Le GSDM maitient lappui technique des 12 eacutetablissements beacuteneacuteficiaires de linteacutegration

de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire dans le Vakinankaratra Il sagit des 6 eacutecoles pilotes PAPAM et des 6 autres extensions reacutealiseacutees dans le cadre du projet MANITATRA 2 Pour lanneacutee scolaire 2019-2020 la mise en place des cultures de grande-saison la mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique ainsi que les suivis reacuteguliers des tehcniciens ont eacuteteacute reacutealiseacutes Quelques enseignants du CEG de Vinany du CEG de Betafo ont mecircme beacuteneacuteficieacutes dune formation de recyclage

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Mise en place de la parcelle dapplication en Agro-eacutecologie au niveau du CEG Mariarano Boeny

Visite des reacutealisations du GSDM projet MANITATRA 2 par une repreacutesentante de la

deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo

Mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique aux 12 eacutetablissements du

Vakinankaratra

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AVRIL 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull RAKOTO HERIMANDIMBY Reneacute - Superviseur de zone du Sud-Est Projet PAPAMbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo AGRISUD- membre du GSDMRubrique laquoDossierraquo GSDMRubrique laquoRechercheraquo Dp SPAD - Partenaire technique du GSDM Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA 2)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth avril 2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

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Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

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- Mission de suivi du Comesa les 16 et 17 mars 2020- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020 - Formation CSAFRDA Makanara du 25 au 28 mars 2020

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Emission FIVOHY sur la RNM Tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Deuxiegraveme session de formation des enseignants Boeny du 07 au 10 Avril 2020- Formation des parents deacutelegraveves collegravege Boeny preacutevue durant la semaine du 20 Avril 2020- Visite-eacutechange inter-reacutegional des enseignants parents et elegraveves preacutevue en fin du mois dAvril 2020

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MARS 2020

ANNEE 2020

Page 5: Edition trimestrielle N° 9 / 2020

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Compte tenu de lrsquoefficaciteacute de cette meacutethode drsquointervention un dispositif similaire est en cours de mise en place pour accompagner MANITATRA II Une convention a eacuteteacute signeacutee en Aoucirct 2019 entre le Projet et la DRAEP Vakinankaratra et les descentes conjointes ont deacutejagrave deacutebuteacute

La peacuterennisation et lrsquoextension des actions drsquointeacutegration de lrsquoAgro-eacutecologie en milieu scolaire favorisent un changement de mentaliteacute collectif et contribuent agrave une mise agrave lrsquoeacutechelle de la diffusion des techniques

Eacutequipe du GSDM

Le GSDM maintient les appuis techniques et les accompagnements des collegraveges dans le Vakinankaratra

La formation constitue une des missions principales du GSDM Pour assurer la mise

agrave lrsquoeacutechelle de la diffusion de lrsquoAgro-eacutecologie le GSDM reacutealise ainsi des formations en Agro-eacutecologie agrave diffeacuterents niveaux Les conduites de formations proposeacutees correspondent aux niveaux des diffeacuterentes cibles De nombreuses formations sont ainsi dispenseacutees essentiellement au niveau des eacutecoles des centres de formations des universiteacutes des associations et des projets programmes

Pour la 3egraveme anneacutee scolaire conseacutecutive dans le cadre du projet PAPAM et la 2egraveme anneacutee pour le projet MANITATRA 2 le GSDM maintient les appuis techniques et continue lrsquoapprentissage de lrsquoAgro-eacutecologie au niveau des 12 collegraveges du Vakinankaratra Pour lrsquoanneacutee scolaire 2019-2020 les beacuteneacuteficiaires comptent actuellement 1692 eacutelegraveves Il srsquoagit essentiellement des nouveaux entrants en classe de 6egraveme et des admis en classe de 5egraveme On peut citer eacutegalement les beacuteneacuteficiaires indirectes en particulier les parents drsquoeacutelegraveves le corps eacuteducatif ainsi que les paysans aux alentours Drsquoanneacutee en anneacutee une prise de conscience et de responsabiliteacute collective est constateacutee au travers des changements de comportement des concerneacutes Ces aspects se manifestent surtout par le sens de partage des eacutelegraveves par les demandes de formation des parents par la

curiositeacute des paysans aux alentours et lrsquoadoption des techniques par les enseignants et les parents

A la fin du mois de novembre 2019 un atelier bilan des eacutecoles srsquoest tenu agrave la Reacutesidence sociale drsquoAntsirabe Lrsquoobjectif eacutetant drsquoeacutevaluer les impacts et les retombeacutees du projet durant ces quelques anneacutees drsquoaction Lrsquoatelier a vu la participation des diffeacuterents intervenants impliqueacutes dans la mise en œuvre du projet essentiellement les autoriteacutes locales et centrales les membres du GSDM les repreacutesentants de projetsprogrammes les Directeurs des 12 eacutetablissements les enseignants les parents drsquoeacutelegraveves les eacutelegraveves beacuteneacuteficiaires et les journalistes Les points forts les contraintes et la peacuterennisation des actions ont eacuteteacute eacutevoqueacutes et discuteacutes Lors des eacutechanges chaque partie prenante en particulier les chefs drsquoeacutetablissements et les enseignants ont reacuteiteacutereacute leurs engagements respectifs pour lrsquoatteinte des objectifs du projet Cependant la formation de nouveaux enseignants responsable des cours drsquoAgro-eacutecologie devient primordiale suite au deacutepart agrave la retraite de certains enseignants ou de leurs mutations vers drsquoautres postes

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Pour cette anneacutee scolaire la mise en place des cultures de saison pluviale a eacuteteacute reacutealiseacutee au niveau des parcelles drsquoapplication des eacutetablissements avec lrsquoappui du GSDM Cocircteacute pratique les enseignants ont deacutebuteacute le transfert de connaissances aux eacutelegraveves et enchainent les travaux pratiques au niveau des parcelles drsquoapplication La remise des outils peacutedagogiques aux eacutetablissements et des livrets ludiques aux eacutelegraveves est preacutevue tregraves prochainement La reacutealisation et la production drsquoune bande dessineacutee 3D est eacutegalement preacutevue courant cette anneacutee scolaire 2019-2020

Drsquoapregraves le tableau reacutecapitulatif ci-dessous environ 3000 eacutelegraveves beacuteneacuteficient actuellement de lrsquoappren-tissage de lrsquoAgro-eacutecologie dans le Vakinankaratra

ECOLES PAPAMEtablissement Cisco Effectif 6egraveme Effectif 5egraveme Total

CEG Vinany Mandoto 81 84 165CEG Ankazomiriotra Mandoto 138 41 179CEG Betafo Betafo 667 1181CEG Annexe Alakamisy Anativato Betafo 128 46 174

Collegravege Priveacute AINA Antsirabe II 32 28 58CEG Vinaninkarena Antsirabe II 100 90 190

Sous total 1 993 954 1947ECOLES MANITATRA 2

CEG Ihazolava Ambatolampy 99 66 165CEG Ambohimandroso Antanifotsy 192 127 319CEG Ampitatafika Antanifotsy 123 45 168Lyceacutee Priveacute Loterana Antanifotsy Antanifotsy 31 29 60

CEG Antsoatany Antsirabe II 124 48 172CEG Tsaramasoandro Antokofoana Betafo 85 84 169

Sous total 2 654 399 1053Total des eacutelegraveves beacuteneacuteficiaires 1647 1353 3000

Le GSDM continue ses engagements dans le Boeny

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La preacuteparation des parcelles drsquoapplication et la mise en place des cultures de grande saison a eacuteteacute eacutegalement reacutealiseacutee au niveau des 8 eacutetablissements de la reacutegion Boeny Pour lrsquooccasion les ingeacutenieurs du GSDM ont fait le deacuteplacement pour accompagner des techniciens locaux et encadrer les enseignants et les eacutelegraveves Le transfert de connaissances theacuteorique et pratique se deacuteroule en fonction des plans drsquoaction proposeacutes par eacutetablissement et les techniciens srsquoassurent que tout se passe bien au travers de leurs freacutequents passages Actuellement lrsquoeacutequipe du GSDM et de lOffice de lEducation de Masse et du Civisme (OEMC) sont en train de concevoir le livret ludique adapteacute agrave la reacutegion Boeny et enchainent les missions de suivi pour garantir un bon reacutesultat

Transfert de connaissances travaux pratiques au niveau des parcelles dapplication

Ndeg PTF Collegraveges Cisco Enseignants formeacutes

Agents deacutecentraliseacutes

OEMC

Elegraveves 6egraveme

Elegraveves 5egraveme

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GIZPRO-SOL

CEG Tsaramandroso

Ambato Boeny 4

1 DREMC1 BEMC Cisco

Ambato Boeny1 BEMC Cisco

Majunga 2

50 50

2 CP ADMIS Manerinerina

Ambato Boeny 4 30 25

3 CEG Ankijabe Ambato Boeny 4 116 43

8 Ecole Priveacutee MEMORIAL Ankijabe

Ambato Boeny 4 30 20

4 CEG Manerinerina Ambato Boeny 4 177 71

6 LP LES MEILLEURS Manerinerina

Ambato Boeny 4 50 28

7 CEG Mariarano Mahajanga II 4 40 30

8 CEG Ambovondramanesy Mahajanga II 4 58 32

Total 32 3 551 299

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Le GSDM est engageacute dans la mise en œuvre des mesures de protection des sols et de reacutehabilitation des terres dans le Boeny

Equipe GSDM

Dans le cadre des projets globaux SEWOH (Un monde sans faim) le Projet de conservation

et de reacutehabilitation des sols (ProSol) au travers du champ drsquoaction A laquo mise en œuvre de mesures de protection des sols et reacutehabilitation des terres raquo est exeacutecuteacute par le consortium Eco-consult GOPA dans les 6 communes reacuteparties dans 3 districts (Mahajanga II Ambatoboeny et Mitsinjo) dans la reacutegion du Boeny Les activiteacutes programmeacutees reposent sur la conception et la reacutealisation de plans drsquoameacutenagements et de gestion durable des paysages

Le projet collabore avec le GSDM pour appuyer le lancement de sites eacutecoles sur les techniques de protection et reacutehabilitation des sols pour former et conseiller des techniciens Ces activiteacutes sont poursuivies et deacuteveloppeacutees en partenariat avec les ONG locales sur trois lots de communes bull AIM pour le district de Mahajanga II bull MAZAVA pour le district drsquoAmbatoboeny bull AMADESE pour le district de Mitsinjo

Lrsquoobjectif est drsquoaccompagner les eacutequipes de 3 ONG partenaires de Prosol pour les activiteacutes lieacutees au Plan dlsquoAmeacutenagement Durable du Paysage

(PAGDP) afin que les paysans soient sensibiliseacutes formeacutes pour la mise en place des essais dans les sites eacutecoles qursquoils disposent des semences neacutecessaires et reacutealisent la planification eacutetablie

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Dans ce cadre lrsquoexpertise du GSDM concerne la reacutealisation des diagnostics du milieu et des systegravemes drsquoexploitation des meacutenages agricoles afin de formuler des propositions techniques et de strateacutegies drsquointervention (Champ eacutecole paysan (CEP) sites de production de semence etc) pour la protection des sols ougrave la restauration de leur fertiliteacute dans ces trois Districts Elle consiste eacutegalement agrave former et conseiller les techniciens des ONG locales

Les reacutealisations du GSDM sont les suivantes

bull Mise en œuvre de diagnostics compleacutementaires dans les sites prioritaires reacutealiseacutes en deux eacutetapes Avril-mai 2019

bull Identification concerteacutee des 6 sites eacutecoles issue des missions drsquoavril-mai 2019

bull Reacutealisation de la Planifications participatives drsquoameacutenagement dans les 06 sites eacutecoles reacutealiseacutee en juillet 2019

bull Formulation des propositions techniques issue de la planification participative et valideacutees ensemble avec les acteurs concerneacutes

bull Formation des acteurs concerneacutes y compris les ONG drsquoaccompagnement reacutealiseacutee en Aoucirct et deacutebut septembre 2019

bull Enquecircte pour la compreacutehension du fonctionnement des meacutenages et pour la situation T0 de suivi-eacutevaluation reacutealiseacutee en deacutecembre 2019

bull Appui et accompagnement des techniciens des ONG agrave la mise en place des cultures de grande saison dans les zones drsquointervention du projet PROSOL reacutealiseacutee en deacutecembre 2019

bull Suivi en cours de culture pour le renforcement

de capaciteacutes des techniciens et les eacutechanges avec les paysans reacutealiseacutees en feacutevrier 2020

Drsquoautres interventions du GSDM sont eacutegalement preacutevues dans le cadre de ce projet entre autres

bull Lrsquoeacutevaluation qualitative des reacutealisations avant reacutecolte

bull La seacutelection des paysans multiplicateurs de semences (choix de parcelles formation sur les principes et les eacutetapes cleacutes de la production de semences jusqursquoaux opeacuterations post-reacutecolte)

bull Les appuis aux DRAEP sur les mesures et estimations de rendements

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Le GSDM accompagne le Projet ATASEF dans la mise en place de champs eacutecole en Agro-eacutecologie dans le District drsquoAnkazobe

Le GSDM a eacuteteacute mandateacute par l Organisation de Soutien pour le Deacuteveloppement Rural

agrave Madagascar de la Fondation AGA KHAN (OSDRM) (convention de service Ndeg2019_DecaTD-002 du 26 novembre 2019) pour appuyer et accompagner lrsquoeacutequipe du projet ATASEF en vue de la mise en place des champs eacutecoles paysans ou CEP agro-eacutecologiques dans le district drsquoAnkazobe Le Projet ATASEF ou laquo Appui agrave la Transition Agroeacutecologique par la Seacutecurisation Economique et Fonciegravere raquo est un projet financeacute par lrsquoAFD dans le cadre de la Faciliteacute drsquoInnovation Sectorielle pour les ONG (FISONG) Lrsquoobjectif principal du projet consiste agrave reacuteduire la pauvreteacute et la vulneacuterabiliteacute des meacutenages agricoles de la Zones drsquoInvestissement Agricole (ZIA) drsquoAnkazobe Parmi les activiteacutes preacutevues pour les beacuteneacuteficiaires figurent notamment lrsquoinitiation et lrsquoaccompagnement agrave lrsquoagroeacutecologie et la mise en œuvre des ameacutenagements

Un des principaux enjeux sur lequel le projet se base dans ses actions est que laquo lrsquoinseacutecuriteacute fonciegravere constitue un frein agrave lrsquoameacutelioration de la production agricole la non mise en valeur de terres mecircme propices agrave lrsquoagriculture et qui constitue aussi agrave son tour un obstacle agrave leur seacutecurisation fonciegravere formelle raquo

Dans ce cadre le projet vise agrave donner aux meacutenages lrsquoopportuniteacute de seacutecuriser leurs droits fonciers sur des terrains qursquoils devront mettre en valeur ameacutenager et exploiter en suivant des techniques agro-eacutecologiques et agroforestiegraveres

Les objectifs speacutecifiques du Projet consistent agrave bull Contribuer au deacuteveloppement drsquoune activiteacute

agro-sylvo-pastorale seacutedentaire dans la ZIA par la promotion de lrsquoagro-eacutecologie et lrsquoadaptation au changement climatique

bull Renforcer le rocircle socioeacuteconomique des meacutenages de la ZIA

bull Et seacutecuriser le capital foncier des meacutenages de la ZIA Les groupes cibles du projet sont les meacutenages extrecircmement pauvres (vivant avec moins de 1 USD par jour et par personne) et vulneacuterables

LrsquoAgro-eacutecologie est inteacutegreacute dans les ProjetsProgrammes

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Le Projet dAppui agrave la transition Agro-eacutecologique par la seacutecurisation eacuteconomique et fonciegravere (ATASEF) srsquoeacutetale sur 3 ans de 2017 agrave 2020 et preacutevoit agrave terme i) la seacutecurisation fonciegravere par voie de certification de 450 Ha de terrains dans les Communes de Kiangara et Tsaramasoandro dans la partie Nord du district drsquoAnkazobe et dans la limite mecircme de la reacutegion drsquoAnalamanga (limitrophe avec la reacutegion de Betsiboka) et ii) un accompagnement technique et socio-organisationnel dans le processus de mise en valeur drsquoameacutenagement et drsquoexploitation des terres de 225 meacutenages vulneacuterables beacuteneacuteficiaires

Drsquoapregraves le document du Projet les activiteacutes srsquoorientent sur bull Lrsquoappui agrave lrsquoorganisation des producteurs

structureacutes en Groupes drsquoEpargne Communautaire ou GEC

bull Lrsquoinstallation la seacutecurisation fonciegravere et lrsquoinclusion financiegravere des meacutenages par la promotion des chaicircnes de valeur et lrsquoagriculture contractuelle avec la culture du taro (Saonjo) qui se complegravetent au systegraveme de riziculture

bull Lrsquoappui agrave lrsquointensification Agroeacutecologique et agrave lrsquointeacutegration eacuteconomique

Lrsquoobjectif principal de lrsquointervention du GSDM consiste donc agrave appuyer et accompagner lrsquoeacutequipe du projet ATASEF pour la mise en place des champs eacutecoles paysans ou CEP agroeacutecologiques dans le district drsquoAnkazobe

Les objectifs speacutecifiques sont de bull Reacutealiser un diagnostic de terrain pour mieux

comprendre les enjeux et les contraintes locaux et mieux orienter les propositions ainsi que les strateacutegies de mise en œuvre

bull Concevoir et mettre en œuvre des techniques drsquoagroeacutecologie agrave appliquer dans les cinq villages au niveau des communes rurales de Kiangara et de Tsaramasoandro

bull Former et accompagner les techniciens drsquoencadrement

bull Appuyer les techniciens agrave la mise en place de champs eacutecoles paysans permettant la diffusion de cette innovation

bull Former les paysans membres de GEC au

niveau des champs eacutecoles paysans et au travers des visites eacutechanges au niveau des sites agroeacutecologiques du GSDM dans la reacutegion du Vakinankaratra (Ivory Mandoto) et au sein du projet MANITATRA 2

Le diagnostic sur terrain a eacuteteacute meneacute par deux agents du GSDM en particulier de l Agroeacuteconomiste et du Responsable enquecircte et BDD les 6 et 7 deacutecembre 2019

Sur terrain les observations du milieu les enquecirctes focus group les enquecirctes aupregraves des meacutenages agricoles et lrsquoeacutelaboration drsquoune typologie des meacutenages agricoles ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau de cinq Champs eacutecoles paysans ou CEP choisis par le projet Il srsquoagit de 4 CEP dans la commune de Kiangara dont Tsarafara de Bemasoandro drsquoAnosimbary et drsquoAntsahalava et drsquoun CEP agrave Vohitsara dans la commune de Tsaramasoandro

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La formation en Agro-eacutecologie en faveur des agents a eacuteteacute reacutealiseacutee du 7 au 9 janvier 2020 et lrsquoappui et accompagnement des techniciens agrave la mise en place des champs eacutecoles du 21 au 23 janvier 2020 Lrsquoobjectif de la formation est de permettre aux techniciens d assurer la formation et lrsquoaccompagnement des beacuteneacuteficiaires sur les pratiques Agro-eacutecologiques dans les zones drsquointervention du projet Huit (8) participants ont assisteacute agrave la formation dont le Responsable de Programme Reacutegional OSDRM le chef de projet ATASEF 2 animateurs et 4 agents de terrain du projet ATASEF

Les geacuteneacuteraliteacutes en matiegravere drsquoAgro-eacutecologie et les pratiques adapteacutees dans les zones drsquointervention du projet ATASEF ont eacuteteacute preacutesenteacutees et discuteacutees durant la formation theacuteorique en salle Pour cette premiegravere session lrsquoembocagement et les bandes veacutegeacutetales lrsquoassociation et la rotation des cultures les composts et la lutte biologique lrsquoagroforesterie ont eacuteteacute deacuteveloppeacutes durant 4 jours de formation en salle Les travaux pratiques ont eacuteteacute reacutealiseacutes agrave Bemasoandro commune Kiangara et agrave Vohitsara commune Tsaramasoandro Lrsquoorganisation de lrsquooccupation de lrsquoespace et de la mise en place des cultures sur les diffeacuterentes parties du terrain ont eacuteteacute discuteacutees Le renforcement de quelques pieds des plants deacutejagrave planteacutes sur des lignes de courbe de niveau (Khaya Paulownia et Acacia) a eacuteteacute effectueacute sur un terrain de plus de 2 hectares agrave Bemasoandro Outre la mise au point sur la technique de traccedilage des courbes de niveau les avantages de lrsquoinstallation des plantes de couverture dans les cultures deacutejagrave en place ont eacuteteacute expliqueacutes aux techniciens et aux agriculteurs preacutesents agrave Vohitsara Lrsquo Appui et lrsquoaccompagnement des techniciens

du projet ATASEF agrave la mise en place des CEP et lrsquoinstallation des plantes ameacuteliorantes de fertiliteacute (leacutegumineuses) dans les cultures deacutejagrave en place au niveau des agriculteurs beacuteneacuteficiaires sont encore preacutevus avant la fin du mois de janvier 2020 Par ailleurs lrsquoappui conseil sur lrsquoameacutelioration du fumier la fabrication de composts et la lutte agro-eacutecologique seront eacutegalement preacutevus pour cette campagne culturale 2019-2020

Des actions de communication de masse pour accompagner la diffusion de lrsquoAgro-eacutecologie

Les actions de communication accompagnent la mise agrave lrsquoeacutechelle

de la diffusion des techniques ainsi que lrsquoanimation et la sensibilisation en Agro-eacutecologie Elles se traduisent par la valorisation des acquisexpeacuteriences au travers de la conception et lrsquoeacutedition des supports de communication adapteacutes aux diffeacuterentes cibles du GSDM Il srsquoagit essentiellement des eacutemissions radioteacuteleacute des films et des supports de formation de la gestion des reacuteseaux sociaux de lrsquoeacutedition des journaux et revues de la participation aux ateliers strateacutegiques aux eacutevegravenements promotionnels et autres plateformes drsquoanimation tant sur le plan national qursquointernational Derniegraverement le GSDM a participeacute dans le guide de lrsquoenvironnement du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable (MEDD) le magazine Mahavokatse du MAEP et de lrsquoagenda 2020 du MAEP

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Production et acquisition de fumure organique pour la gestion de la fertiliteacute des sols par les exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice (CIRADAIDA) RAZANAKOTO

Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina (GSDMMontpellier SUPAGRO)

RECHERCHES

1 Introduction

Dans le ndeg8 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait la diversiteacute et lrsquoimportance

des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols agrave partir des reacutesultats obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Les aspects concernant la fumure organique nrsquoavaient eacuteteacute qursquoeffleureacutes ils sont traiteacutes dans cet article qui preacutesente les reacutesultats obtenus sur les mecircmes exploitations agricoles familiales (EAF) du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Pour plus drsquoinformations sur le projet Secure et sur les aspects mateacuteriels et meacutethodes le lecteur est inviteacute agrave consulter le ndeg8 de JAE et le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats preacutesenteacutes sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

Les fertilisants organiques produits par les EAF des zones drsquoeacutetude sont divers Les fumiers sont les plus importants en lien avec les animaux de lrsquoexploitation (bovins porcs volailles lapins)

le systegraveme drsquoeacutelevage et les techniques de production En plus de ces fumiers utiliseacutes purs ou meacutelangeacutes il existe des laquo composts raquo traditionnels fabriqueacutes avec les ordures meacutenagegraveres des cendres etou autres matiegraveres organiques ajouteacutees (ces fumures sont appeleacutees zezi-pako et zezi-davenona) et aussi des composts dont la production suit les techniques diffuseacutees dans le cadre de programmes de deacuteveloppement Les EAF peuvent eacutegalement avoir recours au marcheacute de la fumure organique pour augmenter la disponibiliteacute (acheter ou eacuteventuellement eacutechanger) mais aussi pour vendre

La production et lrsquoacquisition de fumures organiques sont caracteacuteriseacutees ici dans leur diversiteacute Lrsquoanalyse des pratiques montre les logiques suivies par les EAF La variabiliteacute observeacutee est forte notamment en terme de quantiteacutes disponibles qui suggegravere une gamme de propositions adapteacutees de la part de la recherche et du deacuteveloppement pour ameacuteliorer ces pratiques qui sont la clef de voute de la gestion de la fertiliteacute des sols et de la durabiliteacute des systegravemes de culture

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2 La fumure organique produite dans Les EAF

La production de fumure organique (FO) a eacuteteacute eacutevalueacutee1 pour lrsquoanneacutee enquecircteacutee (2016) Toutes les EAF en ont produit sauf trois (moins de 1) qui nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux2 durant toute lrsquoanneacutee et qui nrsquoont pas valoriseacute leurs ordures meacutenagegraveres sous forme de compost

21 Quantiteacutes et composition

Parmi les types de FO (Figure 1) on note lrsquoimportance du fumier meacutelangeacute les exploitations qui ont plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage meacutelangent souvent les deacutejections qui fermentent ensemble dans le parc agrave bœuf ou pendant leur stockage dans une fosse ou simplement en tas Souvent les exploitants y ajoutent les deacutechets meacutenagers des cendres et dans certains cas drsquoautres reacutesidus de culture ou deacutechets (voir infra) Crsquoest donc un produit fertilisant dont la composition et la qualiteacute varient fortement drsquoune EAF agrave une autre

La production moyenne annuelle de FO par EAF (Figure 1) est plus importante dans la zone drsquoArivonimamo (217 tonnes) que dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra (187 tonnes) Les constituants principaux sont le fumier meacutelangeacute et le fumier de bovins qui agrave eux deux repreacutesentent 72 de la FO totale agrave Mandoto et 83 agrave Arivonimamo Lrsquoeacutecart entre les deux moyennes nrsquoest pas tregraves eacuteleveacute mais il est significatif et la diffeacuterence srsquoexplique drsquoabord par un nombre drsquoanimaux drsquoeacutelevage en moyenne plus important dans la zone drsquoArivonimamo (18 bovins et 7 porcs par EAF) que dans la zone de Mandoto (14 bovins et 23 porcs) Il existe une relation lineacuteaire positive entre le nombre moyen de bovins ou la valeur du cheptel dans lrsquoEAF et la quantiteacute de FO produite (coefficients de correacutelations respectivement de 057 et 062 signification agrave 001)

Figure 1 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF selon les zones

1 On notera que cette eacutevaluation a eacuteteacute faite sur la base des deacuteclarations des exploitants agricoles avec les uniteacutes tradition-nelles que sont la charrette le sac la soubique (panier) etc Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes 250 kgcharrette (en reacutefeacuterence agrave Saint Andreacute et al 2016) 30 kgsac et 10 kgsoubique Ainsi les reacutesultats preacutesenteacutes sont des ordres de grandeur mecircme si les chiffres semblent indiquer une certaine preacutecision et si la taille conseacutequente de lrsquoeacutechantillon fait que les approximations se compensent2 Comme pour la production de FO lrsquoeacutelevage est la norme puisque seules 1 des EAF nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte On notera que le fait de ne pas avoir drsquoanimal agrave un moment donneacute ne signifie pas que lrsquoexploitation ne pratique pas lrsquoeacutelevage lrsquoabsence drsquoanimal est le plus souvent conjoncturelle et un indicateur de difficulteacutes eacuteconomiques

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Au-delagrave des diffeacuterences de quantiteacute on note lrsquoimportance du compost traditionnel (zezi-pako) agrave Mandoto avec 16 de la FO alors qursquoagrave Arivonimamo il ne repreacutesente que 1 Le zezi-pako est constitueacute essentiellement agrave partir des ordures domestiques et de veacutegeacutetaux reacutecolteacutes sur ou en dehors de lrsquoEAF (Ravonjiarison et al 2018) Il est reacuteputeacute ne pas contenir de deacutejection animale (mecircme si selon les deacuteclarations 60 des EAF en ajoute voir infra) et srsquoil en contient crsquoest en faible quantiteacute Il peut ecirctre brucircleacute surtout srsquoil contient beaucoup de veacutegeacutetaux peu deacutegradeacutes Le zezi-pako est utiliseacute plutocirct par les petites exploitations les grandes exploitations preacutefeacuterant produire du compost Les quantiteacutes de composts laquo modernes raquo ne sont pas significativement diffeacuterentes entre les zones

22 Les produits apporteacutes dans le fumier et le compost

Les produits apporteacutes pour la fabrication du fumier et du compost ont des effets sur la qualiteacute

fertilisante finale des produits Comme lrsquoindique le Tableau 1 les EAF apportent des produits divers cette pratique permet drsquoaugmenter le volume de fumier produit (Alvarez S 2012 Rasolofo L I 2017) mais aussi de produire des fumures de composition variable par rapport aux caracteacuteristiques reconnues (Ravonjiarison et al 2018)

Lrsquoapport des deacutejections animales est bien sucircr fonction des animaux sur lrsquoEAF mais aussi pour les composts (et en particulier pour le zezi-pako) des deacutejections de zeacutebus ramasseacutees sur les chemins ou parcours emprunteacutes par des animaux qui appartiennent agrave drsquoautres EAF les exploitants connaissent lrsquoimportance des deacutejections animales pour la fumure des cultures et les plus pauvres avec tregraves peu drsquoanimaux ramassent des deacutejections laquo perdues raquo Ainsi 60 des EAF qui produisent du compost ajoutent dans celui-ci des deacutejections animales

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les EAF ajoutent de nombreux produits dans la fabrication du fumier autant si ce nrsquoest plus en freacutequence que pour

le compost Pour les pailles et balles de riz la prioriteacute semble ecirctre donneacutee au fumier mecircme si la freacutequence reste eacuteleveacutee pour le compost Les EAF pratiquent avec un fort pourcentage le recyclage des reacutesidus de cultures (paille de riz balles de riz autres reacutesidus de culture) Pregraves des deux tiers des EAF ajoutent du bozaka1 et une EAF sur deux qui produit du compost ajoute des feuilles drsquoarbres

Tableau 1 Principaux produits apporteacutes pour la fabrication des fumiers ou des composts (en des EAF)

Produits apporteacutes Fumier (EAF=304)

Compost (EAF=122)

Deacutejection de bovins 70

60

Deacutejection de porcs 73Deacutejection de volailles

84

Deacutejection autres animaux

1

Paille de riz 72 60Balles de riz 51 33Reacutesidus autres cultures

43 39

Bozaka 68 60Autres herbes 17 9Feuille darbres 13 50Deacutechets meacutenagers 36 54Cendres 46 57Terre fertile Terreau

3 12

Sels 4 9Vers 0 2Autres produits 4 7

1 Nom geacuteneacuterique pour deacutesigner les laquo herbes raquo et plus particuliegraverement les gramineacutees qui couvrent pentes et sommets des collines (Andropogon eucomus Aristida adscensionis etc) (source dictionnaire malgache httpmotmalgacheorgbinsteny2) Le bozaka peut avoir eacuteteacute coupeacute ou arracheacute dans ce cas il comprend les racines et un peu de terre

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Ces produits bozaka feuilles drsquoarbres autres herbes sont pour la plupart des produits de cueillette et participent agrave une laquo gestion horizontale de la fertiliteacute raquo avec un transfert drsquoeacuteleacutements fertilisants preacuteleveacutes sur drsquoautres parties du terroir et rameneacutes sur les parcelles cultiveacutees (Rollin 1994 Andriambelomanga 2017) amplifiant le mecircme transfert reacutealiseacute par les animaux (pacircturages ou parcours fumier cultures) Les autres produits utiliseacutes notamment par les EAF qui produisent du compost sont les cendres le terreau mais aussi du sel acheteacute et dlsquoautres produits comme de la dolomie de la sciure de bois etc

23 Les motivations pour la production du compost

La production de compost est lrsquoune des techniques vulgariseacutees pour augmenter

les quantiteacutes de matiegraveres fertilisantes encourageacutees par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie Les reacutesultats de lrsquoenquecircte montrent que la moitieacute des EAF agrave Mandoto et 30 des EAF agrave Arivonimamo ont deacutejagrave cette pratique

Tableau 2 Part des EAF qui produisent du compost

Mandoto ArivonimamoCompost moderne

9 12

Compost traditionnel

41 18

Total avec compost

50 30

A Mandoto ce sont les pratiques traditionnelles de production de zezi-pako qui dominent tregraves largement On notera que si le total nrsquoest que de 50 crsquoest que quelques EAF rares toutefois font les deux types de compost A Arivonimamo certainement en raison des programmes de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la technique la part des EAF avec compost laquo moderne raquo est un peu plus eacuteleveacutee mais le compost traditionnel

est moins reacutepandu On pourrait penser que le fumier se substitue au compost crsquoest-agrave-dire qursquoune EAF qui produit du fumier abandonne la production de compost car comme mentionneacute preacuteceacutedemment les EAF apportent en grande partie les mecircmes constituants aux deux types de fumure organique En fait il nrsquoen est rien 55 des EAF qui produisent du compost agrave Mandoto ont du fumier et agrave Arivonimamo ce taux est de 82

La raison principale pour laquelle les EAF produisent du compost crsquoest drsquoabord pour augmenter la quantiteacute disponible de fertilisants (34 des EAF qui ont reacutepondu) ou beacuteneacuteficier des effets en augmentant la production (11) et en ameacuteliorant la fertiliteacute des sols (9) On note tout de mecircme que 25 des EAF ont reacutepondu que crsquoeacutetait parce qursquoelles nrsquoavaient pas de fumier (et le taux est plus eacuteleveacute agrave Mandoto) Enfin 9 des EAF ont eacutevoqueacute le coucirct moindre du compost par rapport aux autres fertilisants et 12 ont donneacute des raisons que lrsquoon peut rattacher agrave une meilleure agronomie le zezi-pako est meilleur que le fumier car brucircleacute il ne transmet pas les maladies ou les graines de mauvaises herbes la cendre du zezi-pako a de nombreux avantages (notamment dans la lutte contre les ravageurs sur les peacutepiniegraveres) le compost est meilleur que les engrais pour les sols etc

Pour les EAF qui produisent du compost les contraintes principales sont pour 38 des EAF qui ont reacutepondu le temps de travail neacutecessaire (notamment pour ramasser les feuilles drsquoarbres le bozaka etc) et pour 35 des EAF la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres On notera que pour 12 des EAF il nrsquoy a pas de veacuteritable limite agrave la production de compost Enfin pour les 16 drsquoEAF restantes ces limites sont diverses lrsquoeau pour lrsquoarrosage du compost (5) mais aussi la treacutesorerie pour acheter le bozaka ou payer la main drsquoœuvre pour ramasser des matiegraveres premiegraveres le risque drsquoincendie etc

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24 Une production de FO tregraves variable selon les EAF

Malgreacute les apports sur le fumier et la production de compost la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF est faible en valeur absolue et surtout comme indiqueacute preacuteceacutedemment on observe une grande diversiteacute de situation entre les EAF avec un coefficient de variation de lrsquoordre de 90 dans les deux zones Les graphiques de la Figure 4 (voir infra la FO produite est en bleu) illustrent cette grande variabiliteacute avec des profils diffeacuterents selon les zones

Dans la zone de Mandoto comme deacutejagrave indiqueacute il y a une forte proportion drsquoEAF avec peu de fumure organique produite (plus de la moitieacute des EAF produisent moins de 15 tonnes) en raison du faible nombre drsquoanimaux et drsquoune production de compost qui reste peu importante Et ces EAF produisent environ frac14 de la fumure totale produite dans le terroir

Dans la zone drsquoArivonimamo la part des EAF avec moins de 15 tonnes est leacutegegraverement moindre (48) mais la FO produite pour lrsquoensemble de ces EAF nrsquoest que de 14 Donc un peu moins drsquoEAF mais une quantiteacute de FO produite tregraves faible On peut mettre cette diffeacuterence entre les deux zones au creacutedit de la production de compost traditionnel les EAF sans animaux sont plus importantes agrave Mandoto mais ces EAF pour compenser produisent du zezi-pako et en final sont moins deacutemunies que les EAF drsquoArivonimamoA lrsquoautre extreacutemiteacute des graphiques la part des EAF avec plus de 5 tonnes est faible agrave Mandoto agrave peine 4 des EAF et qui cumulent 6 de la FO produite totale Dans la zone drsquoArivonimamo la part de ces EAF est nettement plus importante (9) et surtout elles cumulent 29 de la FO Si on regroupe les deux derniegraveres classes la part des EAF avec plus de 3 tonnes agrave Arivonimamo est de 25 et ces EAF cumulent 58 de la FO agrave Mandoto elles sont 17 et cumulent 43 de la FO totale dans le terroir Ainsi si agrave Arivonimamo la production de FO moyenne par EAF est

supeacuterieure les ineacutegaliteacutes entre les EAF sont aussi plus importantes

3 La fumure organique disponible par EAF

La fumure organique disponible dans une EAF est en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les

fumiers produits la fabrication de composts mais aussi des eacutechanges

31 Les eacutechanges de fumure organique

Sur les Hautes Terres les eacutechanges de fumures organiques sont freacutequents que ces eacutechanges

soient marchands (achat vente) ou non (troc ou don)

Tableau 4 Part des EAF qui eacutechangent de la FO

Opeacuteration sur FO

Mandoto Arivonimamo

Ensemble 60 88- dont Achat 30 74- dont Vente 18 19- dont Troc 22 24

Comme le montre le Tableau 4 crsquoest une large majoriteacute des EAF qui eacutechangent de la fumure organique A Arivonimamo la pratique est presque geacuteneacuteraliseacutee avec 88 des EAF qui sont concerneacutees par au moins une opeacuteration drsquoentreacutee ou de sortie de FO

Si les opeacuterations drsquoeacutechanges non moneacutetariseacutes (troc ou don) et les ventes concernent agrave peu pregraves le mecircme pourcentage drsquoEAF dans les deux zones la diffeacuterence est forte en ce qui concerne les achats puisque agrave Arivonimamo ce sont presque 3 EAF sur 4 qui achegravetent de la FO Dans cette zone ougrave les productions maraichegraveres sont importantes les EAF sont agrave la recherche de fumure organique en termes de quantiteacutes pour augmenter le disponible mais aussi de qualiteacute (fumiers de porcs ou de volailles)

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Pour les eacutechanges sous forme de troc la fumure organique est eacutechangeacutee contre du travail (travail manuel ou prestation par exemple labour ou transport) contre de la paille de riz ou autres matiegravere organique (certainement pour produire du fumier) des semences (de riz ou maiumls) etc Les dons sont faits aux membres de la famille (le plus souvent des parents vers les enfants) mais aussi au meacutetayer voire agrave des voisins moins bien doteacutes Il y a donc un marcheacute de la fumure organique entre EAF drsquoune zone donneacutee mais aussi avec des EAF ou drsquoautres deacutetenteurs dans des zones plus eacuteloigneacutees Ainsi agrave Arivonimamo quelques EAF ont pu acqueacuterir des deacutechets urbains et beaucoup ont acheteacute du fumier en provenance drsquoeacutelevages speacutecialiseacutes

Tableau 5 Prix moyen en Ariary drsquoune charrette de fumure organique

Mandoto ArivonimamoNbre PU moyen Nbre PU moyen

Fumier de zeacutebu 179 5 809 225 16 158Fumier meacutelangeacute 49 4 837 88 13 286Fumier de porc 5 36 000 115 41 137Fumier de volaille 3 25 000 80 49 283Compost 8 18 333Zezi-pako 29 4 500

Les prix pour une charrette1 sont tregraves diffeacuterents entre les deux zones Et on peut penser qursquoagrave Arivonimamo le marcheacute de la fumure organique est laquo tendu raquo avec une forte demande et peu de fumure localement commercialiseacutee pour y reacutepondre Cette situation a des conseacutequences sur les prix avec comme lrsquoindique le Tableau 5 des prix tregraves eacuteleveacutes agrave Arivonimamo environ 3 fois plus eacuteleveacutes qursquoagrave Mandoto Ces prix ont eacuteteacute calculeacutes agrave partir des deacuteclarations de vente ou drsquoachat par les producteurs Lrsquoeffectif (Nbre) est le nombre de charrettes sur lequel a eacuteteacute calculeacute le prix moyen La part des achats est bien sucircr beaucoup plus eacuteleveacute et le plus souvent ce prix inclut le transport ce qui nrsquoest pas un eacuteleacutement neacutegligeable notamment agrave Arivonimamo ougrave la fumure provient drsquoeacutelevages relativement eacuteloigneacutes La charrette de fumier de porc ou de volaille est nettement plus chegravere que le fumier de zeacutebus ou de fumier meacutelangeacute Mais ce sont ces deux types de fumier qui sont les plus commerceacutes en quantiteacute

On notera que le pourcentage des EAF qui achegravetent est nettement supeacuterieur agrave celui des EAF qui vendent Les eacutechanges pourraient srsquoeacutequilibrer au niveau du territoire (le fokontany) par les quantiteacutes avec des EAF qui vendraient de grandes quantiteacutes et des EAF qui achegraveteraient de petites quantiteacutes En fait dans notre eacutechantillon (tireacute au sort et donc avec autant de chances de tirer un vendeur qursquoun acheteur) les eacutechanges ne srsquoeacutequilibrent pas et les quantiteacutes vendues ne repreacutesentent que 38 des quantiteacutes acheteacutees agrave Mandoto et seulement 22 agrave Arivonimamo Ainsi globalement les EAF achegravetent des fumures organiques agrave des exploitations agricoles drsquoautres fokontany et ceci est particuliegraverement reacutepandu agrave Arivonimamo avec des EAF qui achegravetent aux eacutelevages de poulets de chair de poules pondeuses ou de porcs proches de la ville drsquoImerintsiatosika

1 Aucune information nrsquoa eacuteteacute collecteacutee sur le poids des charrettes car le travail aurait eacuteteacute trop lourd agrave reacutealiser Ce poids deacutepend du niveau de remplissage mais aussi et beaucoup de la qualiteacute de la fumure organique Comme deacutejagrave indiqueacute pour faire les conversions nous avons utiliseacute le poids de 250 kg par charrette pour couvrir tous les types de fumure et eacuteviter les surestimations Certains pourront consideacuterer ce poids comme sous-estimeacute

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Figure 2 Evolution de la fumure moyenne produite par EAF

La fumure produite dans une EAF nrsquoest pas la fumure disponible celle-ci eacutevolue en fonction

des eacutechanges La Figure 2 preacutesente la situation moyenne drsquoune EAF selon la zone On constate que la quantiteacute de fumure disponible pour les cultures (apregraves entreacutees et sorties) est en moyenne plus importante que la fumure produite (voir aussi Tableau 6) Ainsi agrave Arivonimamo la fumure disponible passe agrave 29 tonnes par EAF alors que la quantiteacute produite est de lrsquoordre de 22 tonnes A Mandoto lrsquoeacutecart nrsquoest pas si important mais reste significatif avec respectivement 21 et 19 tonnesAinsi on peut deacuteduire de ces donneacutees que la strateacutegie des EAF est drsquoaugmenter la production de fumure organique sur lrsquoEAF (eacutelevage compost) mais aussi drsquoaugmenter la fumure organique disponible pour fertiliser les parcelles en achetant sur le marcheacute ou en srsquoapprovisionnant agrave travers

des eacutechanges non marchands Et cette strateacutegie est particuliegraverement dominante agrave ArivonimamoMais ces tendances geacuteneacuterales cachent de fortes dispariteacutes Ainsi les 3 EAF qui nrsquoavaient pas produit de FO en ont obtenu par achat et troc mais 4 EAF ont ceacutedeacute toute leur fumure organique Ainsi il y a toujours environ 1 de lrsquoeacutechantillon qui nrsquoa pas de FO disponible

32 Quantiteacutes disponibles et variabiliteacute

Ainsi lrsquoEAF moyenne a augmenteacute sa disponibiliteacute en FO dans les deux zones

(Figure 2 et Tableau 6) La composition (Figure 4) a eacutevolueacute par rapport agrave la FO produite (Figure 1) et ceci plus particuliegraverement agrave Arivonimamo Dans cette zone la part du fumier meacutelangeacute a fortement diminueacute (passant de 47 agrave 33) comme mais dans une moindre mesure celle du fumier bovin et ce sont les fumiers agrave base de deacutejections de porcs ou de fiente de volaille qui ont fortement progresseacute passant de 8 agrave 16 On note eacutegalement la progression du type autre FO qui est passeacute de 3 agrave 6 en lien avec lrsquoacquisition de deacutechets ou boues urbaines

Figure 3 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique disponible par EAF selon les zones

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A Mandoto les changements sont mineurs et concernent la reacutepartition entre fumier meacutelangeacute et fumier bovin ce dernier type progresse au deacutetriment du fumier meacutelangeacute Ceci srsquoexplique par le fait que les eacutechanges et en particulier moneacutetaires concernent le fumier de bovin et peu le fumier meacutelangeacute

Mais mecircme si on enregistre quelques eacutevolutions ce sont toujours le fumier de bovin et le fumier meacutelangeacute qui sont les fumures organiques les plus importantes car ils repreacutesentent plus de 70 des quantiteacutes moyennes disponibles au niveau de lrsquoEAF moyenne

Comme pour la fumure produite la fumure disponible par EAF est tregraves variable La variabiliteacute a mecircme augmenteacute avec des coefficients de variation autour de la moyenne un peu plus eacuteleveacutes pour la FO disponible Mais le recours au marcheacute et les eacutechanges non marchands ont fait fortement eacutevoluer la reacutepartition de la fumure organique entre les EAF La Figure 4 illustre ces eacutevolutions contrasteacutees selon les zones

Figure 4 Evolution de la reacutepartition des EAF et de la FO selon des classes de quantiteacutes de FO produite et disponible en tonnes

A Mandoto lrsquoeacutevolution nrsquoest pas tregraves importante les pourcentages drsquoEAF progressent en mecircme temps que les classes de quantiteacute de FO mais de maniegravere tregraves modeacutereacutee Le recours aux eacutechanges nrsquoentraicircne pas de modification spectaculaire dans le profil des graphiques que cela soit pour la reacutepartition des EAF ou pour la reacutepartition de la FO la part des EAF avec moins 05 tonne diminue de 18 agrave 15 et crsquoest la classe de 05 agrave 15 tonnes qui progresse de 3 la part des EAF les mieux pourvues (plus de 5 tonnes) progresse mais tregraves faiblement aussi

A Arivonimamo les changements sont beaucoup plus importants La part des EAF avec moins de 05 tonne diminue pour passer de 22 avec la fumure produite agrave seulement 9 pour la fumure disponible Ainsi la plus grande partie des EAF les moins pourvues se sont procureacutees de la FO sur le marcheacute ou par le troc car pour les cultures maraichegraveres il est indispensable drsquoavoir de la fumure organique Et ce sont les classes avec de plus grandes quantiteacutes de FO qui ont progresseacute de maniegravere remarquable

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les EAF avec plus de 3 tonnes sont passeacutees de 25 agrave 42 et la fumure que cumulent ces EAF est passeacutee de 58 agrave 73 La progression tregraves forte des EAF les mieux pourvues srsquoest tout de mecircme traduite par une concentration au niveau de ces EAF

33 Quantiteacute de fumure organique et surface

Lrsquoimportance de la fumure organique drsquoune EAF ne peut ecirctre appreacutecieacutee qursquoen fonction de la superficie agrave cultiver qui elle-mecircme deacutepend de la Surface Agricole Utile disponible par EAF Celle-ci varie selon la zone avec environ 15 ha agrave Mandoto et 09 ha agrave Arivonimamo

Tableau 6 Superficie et quantiteacutes moyennes par EAF

Variables par EAF Mandoto Arivonimamo

Moyenne CV Moyenne CVSAU (ha) 148 88 091 82FO produite (tonne) 187 90 218 92

FO disponible (tonne) 213 102 290 78

FO disponible (tonneha) 169 84 367 66

La quantiteacute de fumure disponible est en relation lineacuteaire avec la SAU les coefficients de correacutelation entre ces deux variables sont relativement eacuteleveacutes avec +076 agrave Mandoto et +059 agrave Arivonimamo et significatifs agrave 001 Dans les deux zones ces coefficients sont supeacuterieurs agrave ceux qui lient les variables de cheptel (nombre de bovins et valeur totale du cheptel) et les variables de SAU ainsi on peut en deacuteduire que cette relation entre quantiteacute de FO et surface nrsquoest pas seulement fonction des animaux disponibles mais bien dlsquoune strateacutegie des EAF une laquo strateacutegie de construction de la fertiliteacute raquo des sols (NrsquoDieacutenor et al 2011)

Figure 5 Nuages de points entre SAU et FO disponible pour chaque zone

Quand on ramegravene la quantiteacute de fumure organique disponible par ha de SAU la zone Arivonimamo apparaicirct nettement mieux pourvue avec pregraves de 35 t ha de SAU alors qursquoagrave Mandoto ougrave les EAF ont moins de FO disponible et plus de surface la moyenne est de 21 tonneha

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Les graphiques en nuage de points mettent en eacutevidence cette relation Les coefficients Rsup2 ne sont pas tregraves eacuteleveacutes ce qui signifie que la SAU disponible agrave elle seule nrsquoexplique pas tregraves bien la variabiliteacute observeacutee A Mandoto il y a quelques points atypiques (par exemple un producteur avec une superficie assez faible et beaucoup de fumure parce que le cheptel est important) mais la reacutegression semble repreacutesenter assez bien la situation la FO disponible est eacutegale agrave 125 fois la SAU + 03 tonnes

A Arivonimamo la reacutepartition des points est assez atypique et il semble exister deux groupes de producteurs avec des strateacutegies diffeacuterentes le premier en rouge dans le graphique vise une quantiteacute importante de FO par uniteacute de surface (35 fois la superficie plus 125 tonnes) alors que le second se rapproche de la situation de Mandoto et semble rechercher une quantiteacute de FO qui repreacutesente 15 fois la SAU + 01 tonne

Pour expliquer ces diffeacuterences entre les deux groupes il faut rechercher du cocircteacute des cultures pratiqueacutees avec pour le premier groupe des surfaces en cultures maraichegraveres plus importantes et avec pour le second un assolement beaucoup plus traditionnel (ces aspects seront analyseacutes dans le prochain article)

Ces quantiteacutes moyennes semblent cependant insuffisantes pour renouveler la fertiliteacute des sols cultiveacutes car selon les travaux de P Garin meneacutes il est vrai dans la zone du Lac Alaotra il faudrait 4 tonneshaan en moyenne de fumier pailleux neacutecessaire (Garin 1998 citeacute par Dubois 2004) pour restituer au sol la bonne quantiteacute de matiegravere organique contrebalanccedilant la mineacuteralisation de la matiegravere organique due aux cultures

Mais nombre de producteurs notamment dans la zone dArivonimamo ajoutent agrave la fumure organique des engrais mineacuteraux Ce point sera traiteacute dans le prochain numeacutero de JAE avec un article sur les strateacutegies drsquoutilisation de la fumure organique et mineacuterale

34 La qualiteacute fertilisante des fumiers

Dans le cadre du mecircme projet de recherche Secure des eacutechantillons de fumures

organiques destineacutees agrave la culture de riz pluvial ont eacuteteacute preacuteleveacutes dans 40 fermes de reacutefeacuterence (20 dans chacune des zones) pour la campagne culturale 2018-2019 Une quantiteacute drsquoenviron 700 cm3 a eacuteteacute preacuteleveacutee sur les parcelles au moment de la mise en place de la culture du riz Ces eacutechantillons ont eacuteteacute analyseacutes et les reacutesultats donnent une indication de la qualiteacute moyenne des fumiers produits et utiliseacutes dans les zones

Tableau 3 Qualiteacute des fumiers utiliseacutes (en de la matiegravere segraveche)

Zone pH N P KMandoto 86 11 03 18Arivonimamo 82 10 07 13

Avec des pH supeacuterieurs agrave 8 les fumiers permettent de corriger laciditeacute des sols (qui ont souvent des pH de deacutepart autour de 5) par leur pouvoir alcalinisant et dameacuteliorer dans la dureacutee les sols pour les rendre plus favorables aux cultures exigeantes comme le maiumls le soja le haricot les cultures maraichegraveres etc

La qualiteacute selon les trois principaux eacuteleacutements (N=Azote P=Phosphore et K=Potassium) peut ecirctre ainsi commenteacutee

bull N les teneurs moyennes en azote sont plutocirct faibles dans les 2 zones mettant en lumiegravere la neacutecessiteacute de mieux conserver cet eacuteleacutement tregraves mobile par dallage couverture rajout de pailles de riz ou de fanes de leacutegumineuse pour stockage de lurine Toutes les plantes ont besoin drsquoazote

bull P une teneur en phosphore nettement plus eacuteleveacutee agrave Arivonimamo en raison dassociations de deacutejections agrave base de volaille et de porc (dont une partie est acheteacutee voir infra) Mais ces teneurs sont faibles alors que lrsquoinsuffisance des sols en phosphore est tregraves souvent un des principaux facteurs limitant pour les cultures

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La FO avec ses faibles teneurs en P est de maniegravere geacuteneacuterale insuffisante pour lever ce facteur limitant

bull K les teneurs en potassium sont relativement eacuteleveacutees dans les deux zones par concentration des pailles par lrsquoajout de cendres de balles de riz ou de balles de riz en lrsquoeacutetat Le potassium est important notamment pour les cultures fruitiegraveres et maraicircchegraveres

Pour appreacutecier la qualiteacute en terme de nutrition des plantes on peut comparer les apports du fumier agrave ceux drsquoun engrais NPK 112216 (utiliseacute couramment dans la reacutegion) Le fumier moyen entre les deux reacutegions agrave des teneurs que lrsquoon peut arrondir agrave 1N 05P 15K en matiegravere segraveche (MS) ainsi en faisant simplement le rapport avec les des analyses 1 kilogramme drsquoengrais eacutequivaut pour N agrave 11 kgfumier MS pour P agrave 44 kgfumier MS et pour K agrave 11 kgfumier MS

Pour se rapprocher des pratiques paysannes il faut faire la comparaison avec des matiegraveres fraicircches et en uniteacute traditionnelle Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes le poids en MS eacutequivaut agrave 50 du poids en matiegravere fraiche une charrette de fumure organique pegravese1 250 kg Ainsi une charrette de fumier de faible qualiteacute eacutequivaut pour N agrave 11 kg pour P agrave 3 kg et pour K agrave 12 kg de lrsquoengrais NPK (112216) utiliseacute pour la comparaison

Si on fait la comparaison en termes de prix avec le kilogramme drsquoengrais agrave 2 200 Arkg (prix de 2019) et une charrette agrave 10 000 Ar lrsquouniteacute fertilisante coucircte avec lrsquoengrais environ 4 500 Ar et 2 700 Ar avec la charrette de fumier Ainsi lrsquoapport de FO est nettement plus inteacuteressant sur le plan eacuteconomique et ceci drsquoautant plus que la fumure est autoproduit valorisant ainsi lrsquoeacutelevage

1 Comme deacutejagrave indiqueacute le poids de la charrette varie for-tement selon le volume de remplissage et la qualiteacute du fumier Avec du fumier de bonne qualiteacute une charrette peut peser 400 kg voire plus mais avec du fumier de mauvaise qualiteacute ou du zezi-pako le poids peut descendre nettement en dessous des 250 kg Pour prendre en compte lrsquoensemble des types de fumure or-ganique nous avons adopteacute le poids moyen de 250 kgcharrette (notamment en reacutefeacuterence agrave Saint-Andreacute et al 2016)

etou le travail familial Cet amendement a aussi de nombreuses autres qualiteacutes que nrsquoa pas lrsquoapport drsquoengrais mineacuteraux avec des effets sur la structure et la faune du sol lrsquoapport drsquoeacuteleacutements fertilisants secondaires et des utilisations agronomiques inteacuteressantes (par exemple pour ameacuteliorer la leveacutee des cultures)

Ces calculs ont eacuteteacute faits avec des reacutefeacuterences moyennes plutocirct deacutefavorables agrave la FO (notamment le poids de la charrette) or les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de la qualiteacute et de la quantiteacute du fumier produit sont nombreuses (Salgado et Tillard 2012) avec des effets positifs sur la productiviteacute de la terre et du travail (Marline 20152) Dans le cadre des fermes de reacutefeacuterence sur les deux zones des agriculteurs appuyeacutes par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie se sont engageacutes dans un processus dameacutelioration des fumures organiques et peuvent ecirctre des reacutefeacuterents pour la diffusion des techniques

4 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La fumure organique disponible dans une EAF est fonction des quantiteacutes produites (en

moyenne 217 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 187 tonnes dans le MO du Vakinankaratra) en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les pratiques de compostage Mais pas seulement car le recours au marcheacute ou au eacutechanges non marchands font eacutevoluer de maniegravere significative agrave la fois les quantiteacutes disponibles par EAF mais aussi la qualiteacute et la reacutepartition entre les EAF La FO moyenne disponible est de 29 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 21 tonnes dans le MO du Vakinankaratra Rameneacutee agrave la SAU la quantiteacute de FO disponible est 367 tonnes par ha agrave Arivonimamo et 169 tha agrave Mandoto

2 Apregraves avoir enquecircteacute trente exploitations agricoles de la reacutegion Vakinankaratra Marline conclut que laquo lrsquoadoption des pra-tiques drsquoameacutelioration de la qualiteacute du fumier ne se traduit pas par une augmentation significative du coucirct de production du fumier notamment en raison des eacuteconomies drsquoeacutechelle dans la fabrication du fumier de qualiteacute En utilisant les reacutesultats des expeacuterimenta-tions de BIOVA lrsquoeacutepandage du fumier ameacutelioreacute sur les parcelles augmenterait la productiviteacute agricole de la terre de 27 et la pro-ductiviteacute globale du travail de 23 raquo (Marline 2015)

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Les produits ajouteacutes au fumier sont nombreux et la production de compost traditionnel ou laquo moderne raquo est reacutepandue

Ainsi que cela soit en termes de pourcentage drsquoEAF inteacuteresseacutees ou en termes de motivation il y a dans ces deux zones une base solide de pratiques et de connaissances paysannes sur laquelle peut srsquoappuyer la vulgarisation de lrsquoameacutelioration de la quantiteacute et de la qualiteacute du fumier et la production de compost

La recherche a commenceacute agrave analyser la diversiteacute de ces pratiques et leurs effets sur la production Un grand nombre de matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et animales sont recycleacutees et les premiers reacutesultats montrent drsquoimportantes synergies entre elles avec des associations courantes avec les engrais

La theacutematique de la fertilisation organique est importante pour les agriculteurs de ces zones Parmi diffeacuterentes pratiques agroeacutecologiques lrsquoutilisation des FO est assez geacuteneacuteraliseacutee et les agriculteurs adoptent via ces pratiques des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute (cf paragraphe 33) Dans cette optique les accompagnements et renforcements de la part des acteurs du deacuteveloppement rural nous semblent tregraves pertinents en matiegravere drsquoaugmentation en quantiteacute et en qualiteacute Les reacutefeacuterences drsquoameacutelioration existent deacutejagrave (Salgado et Tillard 2012 Rasolofo et al 2018) Des plantes ameacuteliorantes peuvent ecirctre eacutegalement utiliseacutees agrave lrsquoeacutechelle des EAF ou du territoire On peut citer les plantes reacutepulsives qui ameacuteliorent les FO dans la lutte contre les insectes (cf reacutefeacuterences du GSDM) les Tithonia qui apportent une quantiteacute significativement importante de K compareacutes agrave diffeacuterents types de fumiers (Olabode et al 2007) etc

Lrsquoeacutetude reacutevegravele eacutegalement que lrsquoutilisation des fumiers meacutelangeacutes provenant de plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage est une pratique courante des agriculteurs dans les deux zones Lrsquoameacutelioration des conduites drsquoeacutelevage dont lrsquoalimentation la santeacute ou lrsquohabitat pourrait ainsi ecirctre une autre faccedilon de rehausser la qualiteacute fertilisante des FO encore consideacutereacutee comme faible Lrsquoameacutelioration

dans ce cas devrait concerner de plus en plus les animaux agrave cycle court tels que les volailles etou les porcs En fait crsquoest parce que lrsquoeacutelevage bovin est menaceacute par les vols alors que les EAF ont toutes au moins des volailles au sein de leur exploitation

Les agriculteurs savent que la fumure organique est la base pour une bonne gestion de la fertiliteacute des sols qursquoelle permet drsquoameacuteliorer lrsquoefficience des engrais apporteacutes et qursquoelle peut aussi jouer un rocircle de leveacutee de certaines deacuteficiences De nouveaux enjeux apparaissent comme pour le compost avec la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et un besoin de reacutefeacuterentiel technico-eacuteconomique pour faire eacutevoluer la production de zezi-pako vers un compost avec plus de qualiteacutes fertilisantes

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Les plantes de services en Agro-eacutecologie les rotations et successions des cultures leccedilons apprises du GSDM

Rakotondramanana Raharison T Randriamitantsoa M Moussa N Razanamparany C Tokiherinionja TF Sandratriniaina R R

Randriamiarana V Razaka M

Introduction

Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale les paysans pratiquent toujours des associations de cultures mais

pour la plupart il srsquoagit drsquoassociation laquo gramineacutee ndash gramineacutee raquo qui ne contribue pas du tout agrave la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols Dans le district de Mandoto par exemple lrsquoassociation maiumls + riz pluvial (41 des surfaces) manioc + maiumls (19 des surfaces) maiumls + arachide (10 des surfaces) sont les plus dominantes (RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019) A part lrsquoassociation avec lrsquoarachide ces associations nrsquoont pas beaucoup drsquointeacuterecirct dans la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et devraient changer en association gramineacutees - leacutegumineuses en utilisant les plantes de couverture agrave forte capaciteacute de reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols en plus de leurs proprieacuteteacutes eacuteprouveacutees en tant que plantes de services Lrsquoassociation du maiumls avec le haricot est tregraves courante aussi bien sur les Hautes Terres que dans le Moyen Ouest crsquoest une association ougrave lrsquoon a deux cultures alimentaires en mecircme temps mais la biomasse de la leacutegumineuse le haricot se mineacuteralise tregraves vite et nrsquoest plus visible apregraves la saison segraveche De mecircme lrsquoassociation du maiumls avec le soja est aussi tregraves freacutequent sur les Hautes Terres et surtout sur les sols volcaniques drsquoAntsirabe et de Betafo mais comme le haricot le soja se mineacuteralise tregraves vite et ne contribue pas beaucoup agrave la biomasse

Le but principal de cet article est de rappeler les principales plantes de couvertures en compleacutetant avec les acquis du GSDM dans les principales reacutegions de Madagascar ceci par rapport aux donneacutees du Manuel pratique du semis direct de Madagascar (HUSSON O et al 2013) un travail collectif sous la houlette drsquoOlivier HUSSON ougrave nous avons largement contribueacute et dont les principales informations ont eacuteteacute soit actualiseacutees soit compleacuteteacutees

Brefs aperccedilus des principales plantes de couvertures ou drsquoembocagement des parcelles

11 Le mucuna

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc) mais ses proprieacuteteacutes en agronomie nrsquoont eacuteteacute que tregraves peu documenteacutees ou sont resteacutees inconnues Pourtant cette leacutegumineuse a un tregraves grand inteacuterecirct en agronomie

Photo 1 Une bonne biomasse de mucuna

111 Une leacutegumineuse pour la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et la lutte contre le striga

Dans le site drsquoIvory sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + Mucuna varient de 468 agrave 485 tha en F1 et de 5 agrave 536tha en F2 et les rendements de maiumls en association avec le Mucuna varient de 44 agrave 487 tha en F1

1 et de 53 agrave 56tha en F2

2 Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020)

1 F1 5 tha de fumier de ferme

2 F2 F1 + 80 kgha de NPK 11- 22 ndash 16 et 25 kg ha drsquoureacutee

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Ce systegraveme bisannuel en agriculture de conservation permet drsquoobtenir des rendements stables de la production de riz et de maiumls associeacute Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans et dans les eacutecoles (CEG) appuyeacutees par le GSDM

112 Une leacutegumineuse pour lutter contre les mauvaises herbes

Photo 2 Apregraves une biomasse de mucuna (jachegravere de mucuna en haut et biomasse de mucuna associeacute avec du maiumls en bas) pas de

mauvaises herbes pour la culture suivante

113 Un reacutepulsif contre les insectes et mecircme contre drsquoautres ravageurs des cultures

Contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) LrsquoONG DURRELL qui a introduit des

associations agrave base de mucuna dans les aires proteacutegeacutees a pu observer que le mucuna limite aussi les attaques de sangliers (DURRELL 2020) Les varieacuteteacutes noires type Garadake du CTAS ou marbreacute existent mais il semble que la varieacuteteacute noire est la plus appreacutecieacutee

12 Le nieacutebeacute eacuterigeacute

Le nieacutebeacute (Vigna unguiculata subsp unguiculata) est une sous-espegravece veacutegeacutetale du Vigna unguiculata originaire drsquoAfrique Probablement introduit en Ameacuterique tropicale au XVIIegraveme siegravecle par les Espagnols le nieacutebeacute est aujourdhui largement cultiveacute dans le Sud des Eacutetats-Unis aux Caraiumlbes et au Breacutesil et bien sucircr en Afrique Les observations faites sur de longues anneacutees montrent que le nieacutebeacute eacuterigeacute David est adapteacute agrave tous les types de sols dans tous les milieux agrave Madagascar Sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute proposeacutee dans les zones humides de la Cocircte Est uniquement agrave cause de problegraveme de production de semences Comme le haricot crsquoest une leacutegumineuse alimentaire agrave cycle court mais qui exige des traitements insecticides freacutequents

Photo 3 Nieacutebeacute eacuterigeacute cv David CEG Antokofoana

Sa biomasse peu lignifieacutee se deacutegrade tregraves vite et demande agrave ecirctre associeacutee avec une biomasse lignifieacutee comme celle du maiumls ou du sorgho

Madagascar est connu pour sa production de nieacutebeacute type laquo Black eyes raquo exporteacute vers plusieurs pays mais surtout vers lrsquoinde Crsquoest la reacutegion drsquoAmbato Boeny sur les baiboho du Betsiboka qui est la reacutegion de production la plus importante

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13 Les nieacutebeacutes rampants

Les nieacutebeacutes rampants sont des varieacuteteacutes locales seacutelectionneacutes par les paysans sur de longues anneacutees en geacuteneacuteral dans les zones segraveches comme le Sud Malgache La varieacuteteacute SPLF2 seacutelectionneacutee par lrsquoONG TAFA dans la reacutegion du Sud-Ouest renommeacute actuellement FARIMASO par le CTAS ou la varieacuteteacute BABOKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy sont des exemples de nieacutebeacute rampant (ANCOS 2016) Les nieacutebeacutes rampants existent en nombre important dans les zones segraveches mais ne sont pas toutes exploiteacutees Leur gros avantage dans le couvert veacutegeacutetal reacuteside dans leur biomasse tregraves lignifieacutee donc ne se mineacuteralise pas trop vite En plus ils sont tregraves adapteacutes dans tous types de sols en zones segraveches comme ici sur la photo que nous avons prise agrave Tsihombe sur sol tregraves sableux en 2016 une anneacutee tregraves segraveche dans le Sud (RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANAJAKA J 2016

Photo 4 Nieacutebeacute rampant sur sable roux Imongy Tsihombe 2016 peacuteriode tregraves segraveche

dans le Sud

14 Le Vigna radiata

Le Vigna radiata ou Antsoroko est une leacutegumineuse comestible par lrsquohomme au mecircme titre que les nieacutebeacutes Un exemple de ce type de leacutegumineuse est la varieacuteteacute MORAMASAKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy (ANCOS 2016) Les Antsoroko sont cultiveacutes par les paysans ou sont endeacutemiques dans les reacutegions de lrsquoAndroyAnosy dans le Sud-Ouest dans les bassins seacutedimentaires du Menabe du Boeny et du Nord-Ouest donc il y a une grande possibiliteacute de seacutelection de varieacuteteacutes dans les populations existantes Dans le Boeny nous

avons pu identifier une varieacuteteacute drsquoAntsoroko agrave forte biomasse qui srsquoassocie bien avec le maiumls (RAKOTONDRAMANANA 2019)

Photo 5 Antsoroko Bongomena Commune Rurale Marovoay

15 La dolique

Le lablab (Lablab purpureus syn Dolichos lablab L Dolichos purpureus L) eacutegalement appeleacute pois antaque (ou Antaka en Malgache) ou dolique dEacutegypte est une espegravece de leacutegumineuse de la famille des Fabaceae qui est largement reacutepandu comme plante alimentaire dans les reacutegions tropicales notamment en Afrique Plante alimentaire traditionnelle en Afrique ce leacutegume peu connu preacutesente un potentiel inteacuteressant pour ameacuteliorer la nutrition renforcer la seacutecuriteacute alimentaire favoriser le deacuteveloppement rural et soutenir lameacutenagement durable du territoire Dans lrsquoAndroy la dolique est torreacutefieacutee pileacutee au

Photo 6 Dolique photo sur internet

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mortier avec le maiumls et sert de repas riche pour beaucoup de communauteacute

A Madagascar la dolique est geacuteneacuteralement cultiveacutee dans les reacutegions infeacuterieures agrave 1200 m drsquoaltitude (HUSSON O et al 2013) mais pas partout A part lrsquoAndroy et les bassins seacutedimentaires de lrsquoOuest et du Nord-Ouest la dolique se cultive sur les baiboho de la rive Est du Lac Alaotra La dolique donne une biomasse lignifieacutee qui associeacutee avec celle du maiumls creacutee un excellent lit de semis du riz pluvial agrave la prochaine campagne sur la base des reacutesultats sur la rive Est du Lac Alaotra en particulier

Diffeacuterentes varieacuteteacutes ont eacuteteacute seacutelectionneacutees par le CTAS dans lrsquoAndroy Vorompotsy (CTAS D1) Manja (CTAS D2) Ondragne (CTAS D3) Lohapitse (CTAS D4) Les varieacuteteacutes agrave cycle long sont appreacutecieacutees dans le Sud

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Seasea Antake ambahe Antake salazagne) marron port rampant originaire de Tsihombe (ougrave elle est appreacutecieacutee) peu inteacuteressante pour le district drsquoAmbovombe (sensible aux insectes)

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Anta-drazagne Antake mena) rouge ou blanc port rampant tregraves appreacutecieacutee dans le district drsquoAmbovombe pour sa reacutesistance aux insectes

16 Le Stylosanthes guianensis

Crsquoest le systegraveme phare en semis sous couvert veacutegeacutetal dans le Moyen Ouest Le laquo Stylo raquo comme on lrsquoappelle localement ressemble un peu agrave Medicago sativa la luzerne cultiveacutee en France Le stylo a eacuteteacute introduit agrave Madagascar dans le Moyen Ouest pour la production de fourrages Mais cette vieille varieacuteteacute est actuellement sensible agrave lrsquoanthracnose si bien que le GSDM avec le projet Bassin Versant et Peacuterimegravetre Irrigueacute du Lac Alaotra (BV Lac) a introduit en 2004 la varieacuteteacute CIAT 184

bull Crsquoest une leacutegumineuse peacuterenne aux feuilles trifolieacutees on la cultive en moyenne sur un cycle de 3 ans mais qui peut se reconstituer facilement avec les graines tombeacutees dans le sol mecircme apregraves un labour

bull Elle produit une forte biomasse (5 agrave 10 T de matiegravere segraveche sur sol deacutegradeacute et jusqursquoagrave 20 T sur sol riche)

bull Elle fixe entre 70 et 200 kg drsquoazote agrave lrsquohectare bull Son puissant systegraveme racinaire pivotant

restructure les sols bull Son port buissonnant jusqursquoagrave 1m80 de haut

la rend agressive vis agrave vis de la plupart des adventices comme le Striga plante parasite du riz et du maiumls agrave Madagascar

bull Crsquoest un excellent fourrage et elle peut ecirctre pacirctureacutee

bull Ses fleurs sont mellifegraveres il fleurit agrave une peacuteriode ougrave lrsquoabsence de fleurs affaiblit les abeilles creacuteant une continuiteacute juste avant la floraison du litchi

Photo 7 Une bonne biomasse de Stylosanthes Coopeacuterative FANILO

Amparihy commune Vinany

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Ces caracteacuteristiques expliquent qursquoon la surnomme aussi laquo luzerne tropicale raquo et cela en fait un excellent preacuteceacutedent pour de nombreuses cultures et en particulier les plantes qui fournissent les produits de base agrave Madagascar riz et maiumls

Le Stylosanthes guianensis srsquoadapte agrave un large spectre de sols et en particulier les sols acides (elle est capable de produire des nodules agrave pH 4 ) ainsi qursquoagrave de nombreux climats jusqursquoagrave 10001

megravetres drsquoaltitude et une pluviomeacutetrie de 600 agrave 3000 mm par an

17 Les arachis

Arachis est un genre de plantes dicotyleacutedones de la famille des Fabaceae sous-famille des Faboideae originaire dAmeacuterique du Sud qui compte 70 espegraveces annuelles ou vivaces LrsquoArachis apporte beaucoup drsquoazote au sol et en plus crsquoest une plante largement utiliseacutee comme plante mellifegravere

Deux espegraveces ont eacuteteacute essayeacutees agrave Madagascar lrsquoArachis pintoiuml et lrsquoArachis peacuterenne Cette leacutegumineuse a eacuteteacute largement diffuseacutee dans le Pays dans les cultures de rente (cafeacuteier poivrier vanillier giroflier) et dans les cultures fruitiegraveres

Photo 8 Arachis pintoiuml

1 1000 m Corrigeacute par lrsquoauteur le texte initial eacutetait 1600 m drsquoaltitude agrave Madagascar le Stylo nrsquoest plus cultiveacute au-dessus de 1000 m drsquoaltitude

18 La vesce

Vicia sativa la vesce cultiveacutee ou vesce commune est une plante annuelle appartenant agrave la famille des Fabaceacutees du mecircme genre que la fegraveve ou le haricot La vesce commune est cultiveacutee en tant que fourrage mais crsquoest aussi un excellent engrais vert Elle est de plus une plante inteacuteressante pour lrsquoeacutelevage des abeilles et peut eacuteventuellement ecirctre consommeacutee par lrsquohomme De plus la vesce a des difficulteacutes agrave se deacutevelopper dans les sols tregraves argileux

La vesce a eacuteteacute essayeacutee un peu partout agrave Madagascar mais crsquoest surtout au Lac Alaotra sur baiboho et sur colluvions de bas de pente riche qursquoelle a connu un succegraves Au Lac Alaotra la vesce rentre dans un systegraveme Rizcultures maraicircchegraveresvesce Dans ce systegraveme le riz beacuteneacuteficie de la biomasse de la vesce et de lrsquoarriegravere effet de la fertilisation des cultures maraicircchegraveres En plus de sa biomasse on reacutecolte les semences avant de la rouler pour le semis du riz Essayeacute dans les autres reacutegions de Madagascar la vesce a rencontreacute des problegravemes de rotation avec le riz irrigueacute sur les Hauts Plateaux en raison de son cycle qui srsquoallonge et retarde ainsi le repiquage du riz Par ailleurs la production de semences a eacuteteacute un problegraveme

Photo 9 Riz sur biomasse de vesce en Riziegravere agrave Mauvaise Maicirctrise dEau (RMME) M Charles Mahatsinjo CR Ambohitsilaozana Rive Est Lac

Alaotra

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19 Le Pois drsquoAngole

Le pois dAngole (Cajanus cajan syn Cajanus indicus) est une espegravece de plante vivace de la famille des Fabaceae Le pois dAngole est agrave la fois une culture vivriegravere (pois secs farine pois frais ou leacutegumes verts et une culture fourragegravere de couverture) Les pois contiennent des niveaux eacuteleveacutes de proteacuteines et dimportants acides amineacutes (meacutethionine lysine et tryptophane) En combinaison avec des ceacutereacuteales le pois dAngole constitue une alimentation humaine eacutequilibreacutee Aussi sous le nom de pois cajan pois-congo ambrevade ou pwa di bwa en creacuteole Guadeloupeacuteen le pois dAngole est une leacutegumineuse vivace agrave graine cultiveacutee en agriculture pluviale dans les reacutegions tropicales semi-arides httpsfrwikipediaorgwikiPois_d27Angole)

Photo 10 Pois drsquoAngole agrave la maturiteacute des gousses

Les expeacuteriences avec le Pois drsquo Angole ont eacuteteacute surtout obtenues dans lrsquoAndroy ougrave il a eacuteteacute utiliseacute en brise-vent en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute (forecirct de Cajanus) mais surtout a beaucoup contribueacute agrave la seacutecuriteacute alimentaire de cette zone segraveche (RAHARISON T et al 2018) en effet la consommation du pois drsquoAngole est rentreacute dans les habitudes alimentaires de certaines tribus de lrsquoAndroy et se trouve mecircme consommeacute agrave la place du haricot dans les funeacuterailles

Le Pois drsquoAngole est connu pour sa capaciteacute agrave aller chercher lrsquohumiditeacute en profondeur Etant une plante lignifieacutee il aide agrave renforcer la biomasse des autres espegraveces

110 Les crotalaires

Les crotalaires ont eacuteteacute associeacutes au riz pluvial mais sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute un succegraves Cependant les crotalaires ont lrsquoavantage drsquoavoir une biomasse lignifieacutee et qui nrsquoest pas appeacuteteacutee par les animaux Par ailleurs les crotalaires ont des racines profondes qui cherchent lrsquoeau en profondeur

Photo 11 Crotalaria gramihana endeacutemique sur les Hauts Plateaux

2 Les reacutesultats de la recherche

Nous rappelons ici les reacutesultats du site drsquoIvory pour deacutemontrer les capaciteacutes des plantes de

couverture agrave reacutegeacuteneacuterer un sol pauvre infesteacute de striga En effet le sol de ce site un sol ferralitique agrave pH 4 eacutetait abandonneacute par le proprieacutetaire agrave cause de lrsquoimpossibiliteacute drsquoy planter du maiumls et du riz agrave cause du striga

Le site drsquoIvory est situeacute agrave 100 km agrave lrsquoouest drsquoAntsirabe (pregraves de la RN 34 vers Miandrivazo) sur les plateaux de la zone centrale du Moyen Ouest dans le district de Mandoto Commune rurale de Vinany (localisation agrave la fig1) Les systegravemes mis en place ont eacuteteacute baseacutes sur les 3 dispositifs agrave savoir la lutte contre le Striga la diversification des cultures et la collection varieacutetale Les systegravemes de cultures proposeacutees ont eacuteteacute baseacutes sur la mise en place de maiumls en association avec des leacutegumineuses annuelles (vivriegraveres nieacutebeacute soja arachide Vigna umbellata) ou de plantes de couverture (mucuna et Stylosanthes) drsquoune part et la mise en place de plante de couverture fourragegravere (Arachis pintoiuml et Arachis peacuterenne)

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Sur les dispositifs des systegravemes en Agriculture de Conservation sont compareacutes au teacutemoin traditionnel laboureacute avec un minimum drsquointrants F1 (fumier seul agrave 5tha) ou F2 (F1 + 80 kgha de NPK + 25 kgha drsquoureacutee) soit des doses faibles se rapprochant des pratiques paysannes Le traitement en culture pure sans couvert veacutegeacutetal sur labour constitue un teacutemoin commun aux diffeacuterents essais conduits en Agriculture de Conservation (AC) sur reacutesidus ou sur couverture vivante

Figure 1 localisation du site drsquoIvory dans le Moyen Ouest commune de Vinany district de Mandoto

Figure 2 Pluviomeacutetrie par deacutecade sur le site drsquoIvory

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Figure 3 Rendements de riz sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Figure 4 Rendements de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements des systegravemes en Agriculture de Conservation sont nettement plus eacuteleveacutes que ceux obtenus en pratiques traditionnelles Le laquo riz pluvial sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses vivriegraveres raquo est de 37 agrave 47 THa (fertilisation F2) contre seulement 07 agrave 10 tHa sur labour Les systegravemes agrave base de mucuna sont les plus performants Malgreacute une faible pluviomeacutetrie agrave la 3egraveme deacutecade de feacutevrier et agrave la 2egraveme de mars en 2019 les rendements de cette anneacutee nrsquoont pas eacuteteacute affecteacutes ce qui montre bien la reacutesilience des systegravemes en agriculture de conservation sur le changement climatique Les mecircmes observations sont faites sur les rendements du maiumls associeacute

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Ces observations sont reacuteguliegraveres sur de nombreuses anneacutees et montrent qursquoune fois la fertiliteacute restaureacutee avec de fortes biomasses sans labour du sol et avec de faible dose drsquoengrais on aboutit agrave de tregraves bons rendements Lrsquoautre observation importante est la tregraves grande diffeacuterence entre les parcelles laboureacutees et les parcelles non laboureacutees avec les mecircmes doses de fertilisations Ceci srsquoexplique sur le fait que le labour mineacuteralise la matiegravere organique et entraine une perte eacutenorme par lessivage

3 Quels systegravemes pour les Hautes terres

Les systegravemes suivants sont proposeacutes pour large diffusion sur les Hautes Terres Dans le cadre de la diffusion du Projet MANITATRA II on note un fort engouement des paysans pour les systegravemes agrave base de mucuna au vue des premiers reacutesultats obtenus dans les Champs Ecoles Paysans (CEP) et dans les parcelles drsquoapplication des Collegraveges drsquoEnseignement Geacuteneacuteral (CEG) en effet pour la campagne 2019 - 2020 le systegraveme agrave base de mucuna en association avec le maiumls deacuterobeacute dans lrsquoassociation laquo maiumls + haricot raquo ou mecircme en jachegravere de mucuna a connu une adoption importante sur les Hauts terres

31 Le maiumls associeacute au haricot deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la campagne suivante

Le maiumls associeacute au haricot est tregraves courant sur les hautes terres donc agrave la maturiteacute du haricot et mecircme avant la reacutecolte on segraveme le mucuna sur la ligne du haricot La biomasse de maiumls va srsquoassocier agrave celle du mucuna pour constituer un lit de semis pour le riz pluvial sans labour agrave la prochaine campagne Normalement le lit de semis est tregraves peu infesteacute de mauvaises herbes si la biomasse du mucuna arrive agrave couvrir le sol

32 Le maiumls associeacute au soja deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la saison suivante

Comme avec le systegraveme preacuteceacutedent avant la maturiteacute du soja on segraveme le mucuna dans la ligne du soja On peut mecircme le semer agrave la voleacutee

33 Les associations avec lrsquoavoine en vue de production de fourrages

Dans le systegraveme preacuteceacutedent (maiumls + soja) au lieu de semer du mucuna on peut semer de lrsquoavoine qui servira par la suite de fourrage Comme avec le mucuna la parcelle est propre dans un couvert drsquoavoine Le paysan peut preacutelever une partie de la biomasse de lrsquoavoine pour le fourrage

34 Habiller le riz pluvial avec drsquoautres leacutegumineuses

Sur les Hautes Terres une parcelle de riz pluvial qui existe deacutejagrave peut ecirctre habilleacute avec du Pois drsquoAngole ou avec du crotalaire ce qui eacutevitera drsquoavoir une faible biomasse de riz agrave la prochaine campagne Cette pratique a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet MANITATRA II

35 Les embocagements des cultures

Les embocagements de parcelles se feront avec du Tephrosia vogellii une leacutegumineuse tregraves adapteacutee aux reacutegions drsquoaltitude jusqursquoagrave 2000 m Crsquoest aussi un reacutepulsif contre les insectes Cette leacutegumineuse peut pousser tregraves haut jusqursquoagrave 150 m mais on peut aussi la tailler en fin de saison de pluie et les produits de la taille (feuille et rameaux) peuvent ecirctre ajouteacutes agrave la biomasse de la parcelle

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4 Quels systegravemes pour le Moyen Ouest

Le systegraveme phare dans le Moyen Ouest est le systegraveme agrave base de Stylosanthes mais les

systegravemes agrave base de leacutegumineuses annuelles sont aussi deacuteveloppeacutes en parallegravele avec le stylo car les petits paysans avec moins de 1 ha nrsquoont pas envie de srsquoinvestir dans une jachegravere de stylo

41 Le Stylosanthes comme systegraveme phare

Comme deacutecrit plus haut le stylo est la plante de couverture drsquoexcellence pour reacutegeacuteneacuterer les sols deacutegradeacutes Mais contrairement agrave ce qursquoon a veacutehiculeacute comme message auparavant on propose de labourer quand le paysan a envie de revenir aux leacutegumineuses annuelles Cette recommandation est valable notamment pour les petits producteurs ne pouvant pas supporter la jachegravere drsquoune anneacutee Il est important de souligner qursquoune jachegravere de Stylo peut ecirctre planteacutee en maiumls ou en manioc agrave faible densiteacute Par ailleurs la jachegravere de stylo permet aussi de reacutecolter des semences qui sont tregraves demandeacutees actuellement drsquoougrave un compleacutement de revenus important pour le paysan

42 Le maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial

Tous les systegravemes agrave base de maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial ont eacuteteacute testeacutes dans les sites drsquoIvory et peuvent ecirctre diffuseacutes dans le Moyen Ouest ce qui offre un large choix par rapport aux autres reacutegions Il est important de deacuterober du mucuna avec les leacutegumineuses agrave faible biomasse (nieacutebeacute tsiasisa haricot soja)

5 Quels systegravemes au Lac Alaotra

Le Lac Alaotra est connu pour ses grandes surfaces de baiboho et de Riziegraveres agrave Mauvaise Maicirctrise drsquoEau (RMME) ceci agrave cause des fortes eacuterosions des bassins versants reacutesultant drsquoune pluviomeacutetrie violente et de la fragiliteacute du sol drsquoorigine tectonique Dans ces conditions le maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses en rotation avec le riz pluvial est le systegraveme phare sur baiboho et le systegraveme rotation laquo Rizcultures maraichegraveresVesce raquo sur RMME Parmi les leacutegumineuses la

dolique associeacutee au maiumls est agrave privileacutegier car cette plante de couverture est bien adapteacutee dans cette reacutegion

6 Quels systegravemes pour les zones semi-arides de lrsquoAndroy

Le problegraveme essentiel dans lrsquoAndroy est lrsquoeacuterosion eacuteolienne en plus de lrsquoeacuterosion hydrique Crsquoest ainsi que le pois drsquoAngole a eacuteteacute largement utiliseacute en brise-vent mais aussi en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols tregraves deacutegradeacutes par le systegraveme de forecirct de Cajanus

Parmi les leacutegumineuses la dolique est endeacutemique dans la reacutegion mais le mucuna les nieacutebeacutes rampants le konoke (leacutegumineuse endeacutemique du genre Phaseolus sp) sont reacutepandus et bien adopteacutes

Une approche de diffusion par les blocs agro-eacutecologiques a permis une forte adoption de lrsquoAgro-eacutecologie dans lrsquoAndroy seacutedimentaire

7 Quels systegravemes pour le Boeny

Tous les systegravemes deacutecrits plus hauts sont applicables dans le Boeny Il faut noter toutefois la preacutedominance du Vigna radiata (Antsoroko) et nieacutebeacute rampant type Lojomena et du nieacutebeacute type Black Eyes sur les baiboho A cause de la forte eacuterosion des bassins versants dans cette reacutegion les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal sont agrave privileacutegier Un grand effort de formation des intervenants locaux est indispensable

Photo 15 Vigna radiata

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Conclusions

Cet essai de capitalisation est loin drsquoecirctre parfaite Crsquoest un travail qui demande agrave

ecirctre actualiseacute avec le temps Nous nrsquoavons pas couvert toutes les reacutegions mais globalement les systegravemes reposent tous sur les fondamentaux de lrsquoAgriculture de Conservation et de lrsquoAgro-eacutecologie Par ailleurs en plus des formations des intervenants locaux la production de semences de plantes de couverture pose un problegraveme dans beaucoup de reacutegion Il faut noter que le site drsquoIvory et la commune de Vinany ont eacuteteacute une zone de production de semences de couverture pendant de longues anneacutees

Drsquoautres problegravemes qui ne sont pas eacutevoqueacutes dans cet article sont les feux de brousse en saison segraveche et les divagations drsquoanimaux qui diminuent eacutenormeacutement la biomasse laisseacutee sur les sols agrave la prochaine campagne Une prise de conscience collective des paysans semble donner des reacutesultats comme en teacutemoignent les paysans de la commune de Vinany dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra

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Reacutefeacuterences bibliographiques

1 ANCOS 2016 Reacutegistre des espegraveces et varieacuteteacutes exploiteacute dans le systegraveme laquo Semence de Qualiteacute Deacuteclareacutee raquo dans le Sud de Madagascar ANCOS Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche

2 DURRELL 2020 Lrsquointroduction de lrsquoinnovation Agro eacutecologie pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire des communauteacutes aux alentours des Aires proteacutegeacutees (Baie de Baly et Lac Alaotra) et zone humide de Lac Sofia Lot II Y 49 J Ampasanimalo (101) BP 8511 Antananarivo 101 ndash Madagascar httpswwwdurrellorgwildlife httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

3 GSDM 2020 Rapport annuel anneacutee 3 intervention du GSDM dans le Projet PAPAM composante 2 GSDM lot VA 26 Y Ambatoroka ANTANANARIVO 101

4 HUSSON O SEGUY L CHARPENTIER H RAKOTONDRAMANANA MICHELLON R RAHARISON T et al (2013) Manuel pratique du semis direct de Madagascar GSDMCIRADhttpgsdm-mgorgwp-contentfilesManuel_SCV_Mada_V_IntegraleMedpdf

5 RAKOTONDRAMANANA 2019 Rapport de mission de capitalisation dans le PLAE III BOENY 17 au 23 Feacutevrier 2019 PLAE ANALAMAHITSY ANTANANARIVO 101

6 RAKOTONDRAMANANA et al 2018 La rotation ou lrsquoassociation avec le mucuna reacuteduit consideacuterablement les attaques de chenilles leacutegionnaires sur le maiumls Journal de lrsquoAgro-eacutecologie Ndeg7 httpopen-libraryciradfrfiles62385__JAE_NC2B07pdf

7 RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANJAKA J 2016 Rapport de mission de reconnaissance et de diagnostic du Projet SOHAVELO ASARA programme europeacuteen de seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle dans la reacutegion Sud et Sud Est de Madagascar ASARAAINA AVSF Lot VG 25 Antsahabe BP 3149- Antananarivo 101 ndash Madagascar httpopen-libraryciradfr

files62394__Rapport_de_mission_SOHAVELO_VFpdf

8 RAHARISON T et al 2018 Rapport drsquoeacutetude drsquoimpact des pratiques des blocs agro eacutecologiques diffuseacutees dans le cadre du projet HOBA GRET Antananarivo

9 RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019 Diversiteacute et importance des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols dans les exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar Journal de lAgro-eacutecologie Ndeg8 2019 httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

10 h t t p s w w w s u p a g r o f r r e s s - p e p i t e s PlantesdeCouvertureresStylosanthespdf

11 httpsfrwikipediaorgwikiArachis

12 httpsfrwikipediaorgwikiVicia

13 h t t p s f r w i k t i o n a r y o r g w i k i pois_dE28099Angole

14 httpsfrwiktionaryorgwikicrotalaire

15 httpsfrwikipediaorgwikiPois_mascate

16 httpsfrwikipediaorgwikiVigna_unguiculata

17 httpsfrwikipediaorgwikiHaricot_mungo

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La technique du lombricompost se diffuse de paysan agrave paysan

Lrsquoutilisation agrave outrance des produits chimiques en tant que pesticides et fertilisants durant lrsquoegravere

de la reacutevolution verte nrsquoavait fait que renforcer les effets du changement climatique sur lrsquoagriculture Hormis son prix eacuteleveacute les engrais de synthegravese solubles laissent toujours des reacutesidus ayant des impacts preacutejudiciables agrave lrsquoenvironnement Dans le cadre de ses projets de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie le GSDM tend agrave former les paysans sur les proceacutedeacutes de fabrication de diffeacuterents types de compost dont le vermicompostage Cela dans lrsquooptique de rendre la production agricole plus durable et plus respectueuse de lrsquoenvironnement Les suivantes sont les teacutemoignages de paysans sur les inteacuterecircts du lombricompostage

Dans la commune rurale drsquoAnkazomiriotra au niveau du village drsquoAmbohitrinibe Fokontany Belanitra Est Madame RABEBINIRINA Minompamonjy David (Mme Mino) fait partie de ces paysans qui ont su tirer profit de lrsquoutilisation du lombricompost

Nrsquoayant pas de zeacutebu nous eacutetions obligeacutes drsquoacheter drsquoeacutenorme quantiteacute de fumiers et drsquoengrais pour fertiliser nos champs Crsquoeacutetait peacutenible vu que notre revenu couvrait difficilement le montant de nos besoins Vers 2013 nous avons assisteacute aux seacuteances de formations et drsquoanimations prodigueacutees par les techniciens travaillant sur le projet pilote Manitatra 1 Apregraves ces formations

ils nous ont fait don de 250g de vers Aujourdrsquohui nous en disposons drsquoau moins 20Kg Les reacutesultats que nous avons obtenus degraves la premiegravere anneacutee drsquoutilisation du lombricompost a eacuteteacute probant Drsquoabord la charge de travail due au transport de fertilisant vers le champ srsquoeacutetait beaucoup amoindri car nous nrsquoavons plus qursquoagrave transporter tout au plus le dixiegraveme du volume de fumier de parc qursquoon utilisait avant En effet 30 agrave 40 kg de lombricompost peut amplement suppleacuteer agrave 2 charrettes de fumier de parc Le sarclage est aussi devenu plus facile car le preacute-compostage a permis drsquoeacuteliminer les graines drsquoadventices qui dlsquohabitude viennent avec les fumiers organiques Ensuite les cultures reacutesistent mieux agrave la segravecheresse et les plantes parasites Par exemple nous avons constateacute que le riz devient plus vigoureux face aux attaques du striga Le rendement est de plus en plus soutenu et les produits maraicircchers sont moins sujets agrave la deacutegradation

La fabrication de lombricompost demande certes une certaine rigueur mais est tout agrave fait agrave la porteacutee de chaque paysan Il vous faut juste preacuteparer du preacute-compost qui servira de nourriture aux vers En plus il est indispensable drsquoarroser et de veacuterifier peacuteriodiquement la tempeacuterature Lrsquoessentiel des travaux consiste agrave seacuteparer les vers des composts mucircrs Il nous arrive encore drsquoacheter du fumier de parc pour servir drsquoappoint au preacute-compost mais ccedila en vaut la peine

Avec notre unique andain nous arrivons agrave produire 600kg de compost par mois

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Nous nrsquoutilisons que le quart de notre production Le reste est vendu agrave des clients qui viennent drsquoun peu partout agrave Madagascar La plus grosse commande que nous avons eue en 2019 eacutetait de 15tonne La production de lombricompost contribue beaucoup agrave nos ressources peacutecuniaire car il nous arrivons agrave lrsquoeacutecouler jusqursquoagrave 1000Ar le kilo

Madame Mino peut ecirctre joint aux numeacuteros suivants 034 19 777 50033 13 412 10

Un autre paysan en la personne de Monsieur RAZAFINDRAKOTO Emilson (Dadakoto) habitant agrave Antanety 2 Commune Antanifotsy a aussi adopteacute le lombricompostage Les suivants sont ses points de vue quant agrave lrsquoutilisation du lombricompost

Nous avons construit le premier andain suite aux seacuteries drsquoanimation-formation effectueacutees par le paysan leader et le technicien du projet Manitatra 2 travaillant dans notre zone Ce premier andain eacutetait devenu productif agrave partir du mois de juin 2019 Je commence juste agrave produire du lombricompost mais jrsquoai deacutejagrave constateacute les reacutesultats sur la bonne veacutegeacutetation de mes maiumls et de mes riz par rapport agrave ce que jrsquoai eu auparavant Afin drsquoaugmenter la production nous avons construit drsquoautres andains et aujourdrsquohui nous en avons 5

Nous avons commenceacute avec 1kg de vers et maintenant nous en avons autour de 60kg Jusqursquoagrave preacutesent ma production est entiegraverement destineacutee agrave lrsquoautoconsommation Nous les utilisons surtout sur nos cultures de tanety comme le riz et le maiumls associeacute aux leacutegumineuses Je trouve qursquoil est plus inteacuteressant drsquoutiliser du lombricompost que de fumier de parc Actuellement je nrsquoutilise presque plus drsquoengrais chimique

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Produit biologique de lutte contre les Chenilles leacutegionnaires drsquoAutomne (CLA) la menace est maitriseacutee un article du Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la pecircche

(Source publication facebook du MAEP le 14 deacutecembre 2019)

Deacutesormais les producteurs de maiumls Malagasy ne devraient plus ecirctre anxieux et inquiets

face agrave la Chenille Leacutegionnaire drsquoAutomne ou CLA La menace est maicirctriseacutee Gracircce aux efforts du Ministegravere de lAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) agrave travers les techniciens de la DPV et de la FOFIFA des diffeacuterents chercheurs de lUniversiteacute dAntananarivo de lEssagro et dexperts africains appuyeacutes par la FAO une souche biologique appeleacutee BT ou Bacillus Thuringiensis a eacuteteacute deacutecouverte Les tests ont deacutemontreacute que cette bacteacuterie naturelle et endeacutemique agrave Madagascar est capable de tuer la CLA Meacutelangeacute agrave 50g de riz blanc elle peut recouvrir 1ha de champ de maiumls

Notons quelle naffecte ni lenvironnement ni la santeacute humaine Madagascar sest aussi doteacute de sa strateacutegie nationale quinquennale de lutte contre la CLA Telles sont parmi les grandes avanceacutees du PROJET DAPPUI DURGENCE Agrave LA MISE EN PLACE DUN SYSTEME DE SURVEILLANCE DE RIPOSTE ET DE LUTTE INTEGREacuteE CONTRE LA CLA meneacute avec lappui technique et financier de la FAO

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Fenetre sur lAgriculture Biologique agrave MadagascarRakotondramanana GSDM

Un projet de loi sur lrsquoAgriculture biologique a eacuteteacute preacutepareacute sur lrsquoinitiative du Syndicat Malgache de lrsquoAgriculture Biologique (SIMABIO) et du MAEP et sera incessamment soumis agrave lrsquoAssembleacutee

Nationale Suite agrave cela un voyage drsquoeacutetude au Maroc et en Tunisie a eacuteteacute reacutealiseacute en vue des perspectives drsquoeacutelaboration drsquoune Strateacutegie Nationale drsquoAppui agrave lrsquoAgriculture Biologique agrave Madagascar (SNABio)

La mission a vu la participation drsquoune deacuteleacutegation conduite par le Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) accompagneacutee du Preacutesident du SIMABIO du projet Coordonnateur National du projet CASEF de lrsquoassistant technique du projet CASEF du repreacutesentant de la recherche (FOFIFA) et du directeur exeacutecutif du GSDM

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Le secteur de lrsquoAgriculture Biologique (AB) agrave Madagascar est en pleine croissance depuis plusieurs anneacutees Repreacutesentant actuellement un chiffre drsquoaffaire annuel de lrsquoordre de 55 Meuro geacuteneacutereacutes par plus drsquoune centaine drsquoentreprises employant 7000 salarieacutes et srsquoapprovisionnant aupregraves de plus de 20 000 agriculteurs le secteur est quasiment exclusivement orienteacute vers lrsquoexportation drsquoune large gamme de produits agricoles beacuteneacuteficiant drsquoune forte typiciteacute (eacutepices fruits tropicaux huiles essentielles cacao crevettes etc) principalement vers lrsquoEurope

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ACTUALITES

les Etats-Unis le Japon (source CASEF) Les produits bio malgaches sont issues drsquoagriculture bio par des entreprises locales mais aussi de la cueillette Compareacute aux autres pays le coucirct de la certification est trop eacuteleveacute agrave cause du manque de concurrence (un seul organisme certificateur agreacuteeacute ECOCERT)

Au Maroc lrsquoAgriculture biologique repreacutesente de lrsquoordre de 60 Meuro drsquoexportation et en Tunisie 205Meuro mais dans ces deux pays on assiste agrave un marcheacute local en cours de progression Le tableau suivant reacutesume lrsquoagriculture Bio dans les deux pays Globalement les produits exporteacutes sont domineacutes par lrsquohuile drsquoOlive bio dans les deux pays

A lrsquoissue de la mission des perspectives pour Madagascar ont eacuteteacute souleveacutees sous forme drsquoenseignements et reacuteflexions bull Creacuteer un dispositif drsquoappui conseil technique et financier ciblant les producteurs et les entreprises

AB en synergie avec les meacutecanismes existants (FDA Banques IMF etc)bull Subventionner la certification =gt Accroitre la concurrence entre organismes de Controcircle et de Certification (OCC) =gt Agreacutement et controcircle effectif de la part des pouvoirs publicsbull Concevoir une strateacutegie ciblant une diversiteacute de filiegraveres prioritaires de maniegravere inclusive par

exemple Exports Filiegraveres inteacutegreacutees eacutecotourisme Filiegraveres courtes laquo petits producteurs raquo au systegraveme de garantie par Certification de Territoire (CT) et Systegraveme Participatif de Garantie (SPG)

bull Mise en place de centres de recherche technique deacutedieacute agrave lrsquoAB reacutepondant agrave la demande (par ex contrat programme recherche - reacutegions - organisations professionnelles)

bull Conceptionmise en œuvre drsquoun dispositif de formation AB avec obligation de modules dans les cursus agricoles

bull Dynamiser la professionnalisation et la structuration des producteurs et des entreprises malgaches dans lrsquoAB

bull Poursuivre lrsquointeacutegration du secteur priveacute (amont et aval) dans les diffeacuterentes laquo aregravenes raquo institutionnelles deacutefinition des strateacutegies conception et pilotage des dispositifs drsquoappui etc

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AGRO-ECOLOGIE EN PHOTO

La mise en place des parcelles dapplication en Agro-eacutecologie a eacuteteacute effectueacutee au niveau des 8

collegraveges de la reacutegion Boeny Les enseignants et eacutelegraveves ont eacuteteacute accompagneacutes et encadreacutes par les ingeacutenieurs agronomes du GSDM et les techniciens locaux

Une repreacutesentante de la deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo a visiteacute les

reacutealisations du GSDM dans le cadre du projet Manitatra 2 De nombreux points inteacuteressants pouvant ecirctre valoriseacutes dans le cadre dune future coopeacuteration ont eacuteteacute souleveacutes En attendant certaines observations seront agrave partager au cours dun eacuteveacutenement de la Commission europeacuteenne qui se tiendra courant de la 3egraveme semaine du mois de feacutevrier 2020 agrave Bruxelles

Le GSDM maitient lappui technique des 12 eacutetablissements beacuteneacuteficiaires de linteacutegration

de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire dans le Vakinankaratra Il sagit des 6 eacutecoles pilotes PAPAM et des 6 autres extensions reacutealiseacutees dans le cadre du projet MANITATRA 2 Pour lanneacutee scolaire 2019-2020 la mise en place des cultures de grande-saison la mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique ainsi que les suivis reacuteguliers des tehcniciens ont eacuteteacute reacutealiseacutes Quelques enseignants du CEG de Vinany du CEG de Betafo ont mecircme beacuteneacuteficieacutes dune formation de recyclage

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Mise en place de la parcelle dapplication en Agro-eacutecologie au niveau du CEG Mariarano Boeny

Visite des reacutealisations du GSDM projet MANITATRA 2 par une repreacutesentante de la

deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo

Mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique aux 12 eacutetablissements du

Vakinankaratra

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AVRIL 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull RAKOTO HERIMANDIMBY Reneacute - Superviseur de zone du Sud-Est Projet PAPAMbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo AGRISUD- membre du GSDMRubrique laquoDossierraquo GSDMRubrique laquoRechercheraquo Dp SPAD - Partenaire technique du GSDM Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA 2)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth avril 2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

Site WebFacebook

Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

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- Mission de suivi du Comesa les 16 et 17 mars 2020- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020 - Formation CSAFRDA Makanara du 25 au 28 mars 2020

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Emission FIVOHY sur la RNM Tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Deuxiegraveme session de formation des enseignants Boeny du 07 au 10 Avril 2020- Formation des parents deacutelegraveves collegravege Boeny preacutevue durant la semaine du 20 Avril 2020- Visite-eacutechange inter-reacutegional des enseignants parents et elegraveves preacutevue en fin du mois dAvril 2020

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MARS 2020

ANNEE 2020

Page 6: Edition trimestrielle N° 9 / 2020

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Pour cette anneacutee scolaire la mise en place des cultures de saison pluviale a eacuteteacute reacutealiseacutee au niveau des parcelles drsquoapplication des eacutetablissements avec lrsquoappui du GSDM Cocircteacute pratique les enseignants ont deacutebuteacute le transfert de connaissances aux eacutelegraveves et enchainent les travaux pratiques au niveau des parcelles drsquoapplication La remise des outils peacutedagogiques aux eacutetablissements et des livrets ludiques aux eacutelegraveves est preacutevue tregraves prochainement La reacutealisation et la production drsquoune bande dessineacutee 3D est eacutegalement preacutevue courant cette anneacutee scolaire 2019-2020

Drsquoapregraves le tableau reacutecapitulatif ci-dessous environ 3000 eacutelegraveves beacuteneacuteficient actuellement de lrsquoappren-tissage de lrsquoAgro-eacutecologie dans le Vakinankaratra

ECOLES PAPAMEtablissement Cisco Effectif 6egraveme Effectif 5egraveme Total

CEG Vinany Mandoto 81 84 165CEG Ankazomiriotra Mandoto 138 41 179CEG Betafo Betafo 667 1181CEG Annexe Alakamisy Anativato Betafo 128 46 174

Collegravege Priveacute AINA Antsirabe II 32 28 58CEG Vinaninkarena Antsirabe II 100 90 190

Sous total 1 993 954 1947ECOLES MANITATRA 2

CEG Ihazolava Ambatolampy 99 66 165CEG Ambohimandroso Antanifotsy 192 127 319CEG Ampitatafika Antanifotsy 123 45 168Lyceacutee Priveacute Loterana Antanifotsy Antanifotsy 31 29 60

CEG Antsoatany Antsirabe II 124 48 172CEG Tsaramasoandro Antokofoana Betafo 85 84 169

Sous total 2 654 399 1053Total des eacutelegraveves beacuteneacuteficiaires 1647 1353 3000

Le GSDM continue ses engagements dans le Boeny

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La preacuteparation des parcelles drsquoapplication et la mise en place des cultures de grande saison a eacuteteacute eacutegalement reacutealiseacutee au niveau des 8 eacutetablissements de la reacutegion Boeny Pour lrsquooccasion les ingeacutenieurs du GSDM ont fait le deacuteplacement pour accompagner des techniciens locaux et encadrer les enseignants et les eacutelegraveves Le transfert de connaissances theacuteorique et pratique se deacuteroule en fonction des plans drsquoaction proposeacutes par eacutetablissement et les techniciens srsquoassurent que tout se passe bien au travers de leurs freacutequents passages Actuellement lrsquoeacutequipe du GSDM et de lOffice de lEducation de Masse et du Civisme (OEMC) sont en train de concevoir le livret ludique adapteacute agrave la reacutegion Boeny et enchainent les missions de suivi pour garantir un bon reacutesultat

Transfert de connaissances travaux pratiques au niveau des parcelles dapplication

Ndeg PTF Collegraveges Cisco Enseignants formeacutes

Agents deacutecentraliseacutes

OEMC

Elegraveves 6egraveme

Elegraveves 5egraveme

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GIZPRO-SOL

CEG Tsaramandroso

Ambato Boeny 4

1 DREMC1 BEMC Cisco

Ambato Boeny1 BEMC Cisco

Majunga 2

50 50

2 CP ADMIS Manerinerina

Ambato Boeny 4 30 25

3 CEG Ankijabe Ambato Boeny 4 116 43

8 Ecole Priveacutee MEMORIAL Ankijabe

Ambato Boeny 4 30 20

4 CEG Manerinerina Ambato Boeny 4 177 71

6 LP LES MEILLEURS Manerinerina

Ambato Boeny 4 50 28

7 CEG Mariarano Mahajanga II 4 40 30

8 CEG Ambovondramanesy Mahajanga II 4 58 32

Total 32 3 551 299

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Le GSDM est engageacute dans la mise en œuvre des mesures de protection des sols et de reacutehabilitation des terres dans le Boeny

Equipe GSDM

Dans le cadre des projets globaux SEWOH (Un monde sans faim) le Projet de conservation

et de reacutehabilitation des sols (ProSol) au travers du champ drsquoaction A laquo mise en œuvre de mesures de protection des sols et reacutehabilitation des terres raquo est exeacutecuteacute par le consortium Eco-consult GOPA dans les 6 communes reacuteparties dans 3 districts (Mahajanga II Ambatoboeny et Mitsinjo) dans la reacutegion du Boeny Les activiteacutes programmeacutees reposent sur la conception et la reacutealisation de plans drsquoameacutenagements et de gestion durable des paysages

Le projet collabore avec le GSDM pour appuyer le lancement de sites eacutecoles sur les techniques de protection et reacutehabilitation des sols pour former et conseiller des techniciens Ces activiteacutes sont poursuivies et deacuteveloppeacutees en partenariat avec les ONG locales sur trois lots de communes bull AIM pour le district de Mahajanga II bull MAZAVA pour le district drsquoAmbatoboeny bull AMADESE pour le district de Mitsinjo

Lrsquoobjectif est drsquoaccompagner les eacutequipes de 3 ONG partenaires de Prosol pour les activiteacutes lieacutees au Plan dlsquoAmeacutenagement Durable du Paysage

(PAGDP) afin que les paysans soient sensibiliseacutes formeacutes pour la mise en place des essais dans les sites eacutecoles qursquoils disposent des semences neacutecessaires et reacutealisent la planification eacutetablie

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Dans ce cadre lrsquoexpertise du GSDM concerne la reacutealisation des diagnostics du milieu et des systegravemes drsquoexploitation des meacutenages agricoles afin de formuler des propositions techniques et de strateacutegies drsquointervention (Champ eacutecole paysan (CEP) sites de production de semence etc) pour la protection des sols ougrave la restauration de leur fertiliteacute dans ces trois Districts Elle consiste eacutegalement agrave former et conseiller les techniciens des ONG locales

Les reacutealisations du GSDM sont les suivantes

bull Mise en œuvre de diagnostics compleacutementaires dans les sites prioritaires reacutealiseacutes en deux eacutetapes Avril-mai 2019

bull Identification concerteacutee des 6 sites eacutecoles issue des missions drsquoavril-mai 2019

bull Reacutealisation de la Planifications participatives drsquoameacutenagement dans les 06 sites eacutecoles reacutealiseacutee en juillet 2019

bull Formulation des propositions techniques issue de la planification participative et valideacutees ensemble avec les acteurs concerneacutes

bull Formation des acteurs concerneacutes y compris les ONG drsquoaccompagnement reacutealiseacutee en Aoucirct et deacutebut septembre 2019

bull Enquecircte pour la compreacutehension du fonctionnement des meacutenages et pour la situation T0 de suivi-eacutevaluation reacutealiseacutee en deacutecembre 2019

bull Appui et accompagnement des techniciens des ONG agrave la mise en place des cultures de grande saison dans les zones drsquointervention du projet PROSOL reacutealiseacutee en deacutecembre 2019

bull Suivi en cours de culture pour le renforcement

de capaciteacutes des techniciens et les eacutechanges avec les paysans reacutealiseacutees en feacutevrier 2020

Drsquoautres interventions du GSDM sont eacutegalement preacutevues dans le cadre de ce projet entre autres

bull Lrsquoeacutevaluation qualitative des reacutealisations avant reacutecolte

bull La seacutelection des paysans multiplicateurs de semences (choix de parcelles formation sur les principes et les eacutetapes cleacutes de la production de semences jusqursquoaux opeacuterations post-reacutecolte)

bull Les appuis aux DRAEP sur les mesures et estimations de rendements

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Le GSDM accompagne le Projet ATASEF dans la mise en place de champs eacutecole en Agro-eacutecologie dans le District drsquoAnkazobe

Le GSDM a eacuteteacute mandateacute par l Organisation de Soutien pour le Deacuteveloppement Rural

agrave Madagascar de la Fondation AGA KHAN (OSDRM) (convention de service Ndeg2019_DecaTD-002 du 26 novembre 2019) pour appuyer et accompagner lrsquoeacutequipe du projet ATASEF en vue de la mise en place des champs eacutecoles paysans ou CEP agro-eacutecologiques dans le district drsquoAnkazobe Le Projet ATASEF ou laquo Appui agrave la Transition Agroeacutecologique par la Seacutecurisation Economique et Fonciegravere raquo est un projet financeacute par lrsquoAFD dans le cadre de la Faciliteacute drsquoInnovation Sectorielle pour les ONG (FISONG) Lrsquoobjectif principal du projet consiste agrave reacuteduire la pauvreteacute et la vulneacuterabiliteacute des meacutenages agricoles de la Zones drsquoInvestissement Agricole (ZIA) drsquoAnkazobe Parmi les activiteacutes preacutevues pour les beacuteneacuteficiaires figurent notamment lrsquoinitiation et lrsquoaccompagnement agrave lrsquoagroeacutecologie et la mise en œuvre des ameacutenagements

Un des principaux enjeux sur lequel le projet se base dans ses actions est que laquo lrsquoinseacutecuriteacute fonciegravere constitue un frein agrave lrsquoameacutelioration de la production agricole la non mise en valeur de terres mecircme propices agrave lrsquoagriculture et qui constitue aussi agrave son tour un obstacle agrave leur seacutecurisation fonciegravere formelle raquo

Dans ce cadre le projet vise agrave donner aux meacutenages lrsquoopportuniteacute de seacutecuriser leurs droits fonciers sur des terrains qursquoils devront mettre en valeur ameacutenager et exploiter en suivant des techniques agro-eacutecologiques et agroforestiegraveres

Les objectifs speacutecifiques du Projet consistent agrave bull Contribuer au deacuteveloppement drsquoune activiteacute

agro-sylvo-pastorale seacutedentaire dans la ZIA par la promotion de lrsquoagro-eacutecologie et lrsquoadaptation au changement climatique

bull Renforcer le rocircle socioeacuteconomique des meacutenages de la ZIA

bull Et seacutecuriser le capital foncier des meacutenages de la ZIA Les groupes cibles du projet sont les meacutenages extrecircmement pauvres (vivant avec moins de 1 USD par jour et par personne) et vulneacuterables

LrsquoAgro-eacutecologie est inteacutegreacute dans les ProjetsProgrammes

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Le Projet dAppui agrave la transition Agro-eacutecologique par la seacutecurisation eacuteconomique et fonciegravere (ATASEF) srsquoeacutetale sur 3 ans de 2017 agrave 2020 et preacutevoit agrave terme i) la seacutecurisation fonciegravere par voie de certification de 450 Ha de terrains dans les Communes de Kiangara et Tsaramasoandro dans la partie Nord du district drsquoAnkazobe et dans la limite mecircme de la reacutegion drsquoAnalamanga (limitrophe avec la reacutegion de Betsiboka) et ii) un accompagnement technique et socio-organisationnel dans le processus de mise en valeur drsquoameacutenagement et drsquoexploitation des terres de 225 meacutenages vulneacuterables beacuteneacuteficiaires

Drsquoapregraves le document du Projet les activiteacutes srsquoorientent sur bull Lrsquoappui agrave lrsquoorganisation des producteurs

structureacutes en Groupes drsquoEpargne Communautaire ou GEC

bull Lrsquoinstallation la seacutecurisation fonciegravere et lrsquoinclusion financiegravere des meacutenages par la promotion des chaicircnes de valeur et lrsquoagriculture contractuelle avec la culture du taro (Saonjo) qui se complegravetent au systegraveme de riziculture

bull Lrsquoappui agrave lrsquointensification Agroeacutecologique et agrave lrsquointeacutegration eacuteconomique

Lrsquoobjectif principal de lrsquointervention du GSDM consiste donc agrave appuyer et accompagner lrsquoeacutequipe du projet ATASEF pour la mise en place des champs eacutecoles paysans ou CEP agroeacutecologiques dans le district drsquoAnkazobe

Les objectifs speacutecifiques sont de bull Reacutealiser un diagnostic de terrain pour mieux

comprendre les enjeux et les contraintes locaux et mieux orienter les propositions ainsi que les strateacutegies de mise en œuvre

bull Concevoir et mettre en œuvre des techniques drsquoagroeacutecologie agrave appliquer dans les cinq villages au niveau des communes rurales de Kiangara et de Tsaramasoandro

bull Former et accompagner les techniciens drsquoencadrement

bull Appuyer les techniciens agrave la mise en place de champs eacutecoles paysans permettant la diffusion de cette innovation

bull Former les paysans membres de GEC au

niveau des champs eacutecoles paysans et au travers des visites eacutechanges au niveau des sites agroeacutecologiques du GSDM dans la reacutegion du Vakinankaratra (Ivory Mandoto) et au sein du projet MANITATRA 2

Le diagnostic sur terrain a eacuteteacute meneacute par deux agents du GSDM en particulier de l Agroeacuteconomiste et du Responsable enquecircte et BDD les 6 et 7 deacutecembre 2019

Sur terrain les observations du milieu les enquecirctes focus group les enquecirctes aupregraves des meacutenages agricoles et lrsquoeacutelaboration drsquoune typologie des meacutenages agricoles ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau de cinq Champs eacutecoles paysans ou CEP choisis par le projet Il srsquoagit de 4 CEP dans la commune de Kiangara dont Tsarafara de Bemasoandro drsquoAnosimbary et drsquoAntsahalava et drsquoun CEP agrave Vohitsara dans la commune de Tsaramasoandro

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La formation en Agro-eacutecologie en faveur des agents a eacuteteacute reacutealiseacutee du 7 au 9 janvier 2020 et lrsquoappui et accompagnement des techniciens agrave la mise en place des champs eacutecoles du 21 au 23 janvier 2020 Lrsquoobjectif de la formation est de permettre aux techniciens d assurer la formation et lrsquoaccompagnement des beacuteneacuteficiaires sur les pratiques Agro-eacutecologiques dans les zones drsquointervention du projet Huit (8) participants ont assisteacute agrave la formation dont le Responsable de Programme Reacutegional OSDRM le chef de projet ATASEF 2 animateurs et 4 agents de terrain du projet ATASEF

Les geacuteneacuteraliteacutes en matiegravere drsquoAgro-eacutecologie et les pratiques adapteacutees dans les zones drsquointervention du projet ATASEF ont eacuteteacute preacutesenteacutees et discuteacutees durant la formation theacuteorique en salle Pour cette premiegravere session lrsquoembocagement et les bandes veacutegeacutetales lrsquoassociation et la rotation des cultures les composts et la lutte biologique lrsquoagroforesterie ont eacuteteacute deacuteveloppeacutes durant 4 jours de formation en salle Les travaux pratiques ont eacuteteacute reacutealiseacutes agrave Bemasoandro commune Kiangara et agrave Vohitsara commune Tsaramasoandro Lrsquoorganisation de lrsquooccupation de lrsquoespace et de la mise en place des cultures sur les diffeacuterentes parties du terrain ont eacuteteacute discuteacutees Le renforcement de quelques pieds des plants deacutejagrave planteacutes sur des lignes de courbe de niveau (Khaya Paulownia et Acacia) a eacuteteacute effectueacute sur un terrain de plus de 2 hectares agrave Bemasoandro Outre la mise au point sur la technique de traccedilage des courbes de niveau les avantages de lrsquoinstallation des plantes de couverture dans les cultures deacutejagrave en place ont eacuteteacute expliqueacutes aux techniciens et aux agriculteurs preacutesents agrave Vohitsara Lrsquo Appui et lrsquoaccompagnement des techniciens

du projet ATASEF agrave la mise en place des CEP et lrsquoinstallation des plantes ameacuteliorantes de fertiliteacute (leacutegumineuses) dans les cultures deacutejagrave en place au niveau des agriculteurs beacuteneacuteficiaires sont encore preacutevus avant la fin du mois de janvier 2020 Par ailleurs lrsquoappui conseil sur lrsquoameacutelioration du fumier la fabrication de composts et la lutte agro-eacutecologique seront eacutegalement preacutevus pour cette campagne culturale 2019-2020

Des actions de communication de masse pour accompagner la diffusion de lrsquoAgro-eacutecologie

Les actions de communication accompagnent la mise agrave lrsquoeacutechelle

de la diffusion des techniques ainsi que lrsquoanimation et la sensibilisation en Agro-eacutecologie Elles se traduisent par la valorisation des acquisexpeacuteriences au travers de la conception et lrsquoeacutedition des supports de communication adapteacutes aux diffeacuterentes cibles du GSDM Il srsquoagit essentiellement des eacutemissions radioteacuteleacute des films et des supports de formation de la gestion des reacuteseaux sociaux de lrsquoeacutedition des journaux et revues de la participation aux ateliers strateacutegiques aux eacutevegravenements promotionnels et autres plateformes drsquoanimation tant sur le plan national qursquointernational Derniegraverement le GSDM a participeacute dans le guide de lrsquoenvironnement du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable (MEDD) le magazine Mahavokatse du MAEP et de lrsquoagenda 2020 du MAEP

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Production et acquisition de fumure organique pour la gestion de la fertiliteacute des sols par les exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice (CIRADAIDA) RAZANAKOTO

Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina (GSDMMontpellier SUPAGRO)

RECHERCHES

1 Introduction

Dans le ndeg8 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait la diversiteacute et lrsquoimportance

des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols agrave partir des reacutesultats obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Les aspects concernant la fumure organique nrsquoavaient eacuteteacute qursquoeffleureacutes ils sont traiteacutes dans cet article qui preacutesente les reacutesultats obtenus sur les mecircmes exploitations agricoles familiales (EAF) du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Pour plus drsquoinformations sur le projet Secure et sur les aspects mateacuteriels et meacutethodes le lecteur est inviteacute agrave consulter le ndeg8 de JAE et le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats preacutesenteacutes sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

Les fertilisants organiques produits par les EAF des zones drsquoeacutetude sont divers Les fumiers sont les plus importants en lien avec les animaux de lrsquoexploitation (bovins porcs volailles lapins)

le systegraveme drsquoeacutelevage et les techniques de production En plus de ces fumiers utiliseacutes purs ou meacutelangeacutes il existe des laquo composts raquo traditionnels fabriqueacutes avec les ordures meacutenagegraveres des cendres etou autres matiegraveres organiques ajouteacutees (ces fumures sont appeleacutees zezi-pako et zezi-davenona) et aussi des composts dont la production suit les techniques diffuseacutees dans le cadre de programmes de deacuteveloppement Les EAF peuvent eacutegalement avoir recours au marcheacute de la fumure organique pour augmenter la disponibiliteacute (acheter ou eacuteventuellement eacutechanger) mais aussi pour vendre

La production et lrsquoacquisition de fumures organiques sont caracteacuteriseacutees ici dans leur diversiteacute Lrsquoanalyse des pratiques montre les logiques suivies par les EAF La variabiliteacute observeacutee est forte notamment en terme de quantiteacutes disponibles qui suggegravere une gamme de propositions adapteacutees de la part de la recherche et du deacuteveloppement pour ameacuteliorer ces pratiques qui sont la clef de voute de la gestion de la fertiliteacute des sols et de la durabiliteacute des systegravemes de culture

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RECHERCHES

2 La fumure organique produite dans Les EAF

La production de fumure organique (FO) a eacuteteacute eacutevalueacutee1 pour lrsquoanneacutee enquecircteacutee (2016) Toutes les EAF en ont produit sauf trois (moins de 1) qui nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux2 durant toute lrsquoanneacutee et qui nrsquoont pas valoriseacute leurs ordures meacutenagegraveres sous forme de compost

21 Quantiteacutes et composition

Parmi les types de FO (Figure 1) on note lrsquoimportance du fumier meacutelangeacute les exploitations qui ont plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage meacutelangent souvent les deacutejections qui fermentent ensemble dans le parc agrave bœuf ou pendant leur stockage dans une fosse ou simplement en tas Souvent les exploitants y ajoutent les deacutechets meacutenagers des cendres et dans certains cas drsquoautres reacutesidus de culture ou deacutechets (voir infra) Crsquoest donc un produit fertilisant dont la composition et la qualiteacute varient fortement drsquoune EAF agrave une autre

La production moyenne annuelle de FO par EAF (Figure 1) est plus importante dans la zone drsquoArivonimamo (217 tonnes) que dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra (187 tonnes) Les constituants principaux sont le fumier meacutelangeacute et le fumier de bovins qui agrave eux deux repreacutesentent 72 de la FO totale agrave Mandoto et 83 agrave Arivonimamo Lrsquoeacutecart entre les deux moyennes nrsquoest pas tregraves eacuteleveacute mais il est significatif et la diffeacuterence srsquoexplique drsquoabord par un nombre drsquoanimaux drsquoeacutelevage en moyenne plus important dans la zone drsquoArivonimamo (18 bovins et 7 porcs par EAF) que dans la zone de Mandoto (14 bovins et 23 porcs) Il existe une relation lineacuteaire positive entre le nombre moyen de bovins ou la valeur du cheptel dans lrsquoEAF et la quantiteacute de FO produite (coefficients de correacutelations respectivement de 057 et 062 signification agrave 001)

Figure 1 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF selon les zones

1 On notera que cette eacutevaluation a eacuteteacute faite sur la base des deacuteclarations des exploitants agricoles avec les uniteacutes tradition-nelles que sont la charrette le sac la soubique (panier) etc Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes 250 kgcharrette (en reacutefeacuterence agrave Saint Andreacute et al 2016) 30 kgsac et 10 kgsoubique Ainsi les reacutesultats preacutesenteacutes sont des ordres de grandeur mecircme si les chiffres semblent indiquer une certaine preacutecision et si la taille conseacutequente de lrsquoeacutechantillon fait que les approximations se compensent2 Comme pour la production de FO lrsquoeacutelevage est la norme puisque seules 1 des EAF nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte On notera que le fait de ne pas avoir drsquoanimal agrave un moment donneacute ne signifie pas que lrsquoexploitation ne pratique pas lrsquoeacutelevage lrsquoabsence drsquoanimal est le plus souvent conjoncturelle et un indicateur de difficulteacutes eacuteconomiques

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Au-delagrave des diffeacuterences de quantiteacute on note lrsquoimportance du compost traditionnel (zezi-pako) agrave Mandoto avec 16 de la FO alors qursquoagrave Arivonimamo il ne repreacutesente que 1 Le zezi-pako est constitueacute essentiellement agrave partir des ordures domestiques et de veacutegeacutetaux reacutecolteacutes sur ou en dehors de lrsquoEAF (Ravonjiarison et al 2018) Il est reacuteputeacute ne pas contenir de deacutejection animale (mecircme si selon les deacuteclarations 60 des EAF en ajoute voir infra) et srsquoil en contient crsquoest en faible quantiteacute Il peut ecirctre brucircleacute surtout srsquoil contient beaucoup de veacutegeacutetaux peu deacutegradeacutes Le zezi-pako est utiliseacute plutocirct par les petites exploitations les grandes exploitations preacutefeacuterant produire du compost Les quantiteacutes de composts laquo modernes raquo ne sont pas significativement diffeacuterentes entre les zones

22 Les produits apporteacutes dans le fumier et le compost

Les produits apporteacutes pour la fabrication du fumier et du compost ont des effets sur la qualiteacute

fertilisante finale des produits Comme lrsquoindique le Tableau 1 les EAF apportent des produits divers cette pratique permet drsquoaugmenter le volume de fumier produit (Alvarez S 2012 Rasolofo L I 2017) mais aussi de produire des fumures de composition variable par rapport aux caracteacuteristiques reconnues (Ravonjiarison et al 2018)

Lrsquoapport des deacutejections animales est bien sucircr fonction des animaux sur lrsquoEAF mais aussi pour les composts (et en particulier pour le zezi-pako) des deacutejections de zeacutebus ramasseacutees sur les chemins ou parcours emprunteacutes par des animaux qui appartiennent agrave drsquoautres EAF les exploitants connaissent lrsquoimportance des deacutejections animales pour la fumure des cultures et les plus pauvres avec tregraves peu drsquoanimaux ramassent des deacutejections laquo perdues raquo Ainsi 60 des EAF qui produisent du compost ajoutent dans celui-ci des deacutejections animales

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les EAF ajoutent de nombreux produits dans la fabrication du fumier autant si ce nrsquoest plus en freacutequence que pour

le compost Pour les pailles et balles de riz la prioriteacute semble ecirctre donneacutee au fumier mecircme si la freacutequence reste eacuteleveacutee pour le compost Les EAF pratiquent avec un fort pourcentage le recyclage des reacutesidus de cultures (paille de riz balles de riz autres reacutesidus de culture) Pregraves des deux tiers des EAF ajoutent du bozaka1 et une EAF sur deux qui produit du compost ajoute des feuilles drsquoarbres

Tableau 1 Principaux produits apporteacutes pour la fabrication des fumiers ou des composts (en des EAF)

Produits apporteacutes Fumier (EAF=304)

Compost (EAF=122)

Deacutejection de bovins 70

60

Deacutejection de porcs 73Deacutejection de volailles

84

Deacutejection autres animaux

1

Paille de riz 72 60Balles de riz 51 33Reacutesidus autres cultures

43 39

Bozaka 68 60Autres herbes 17 9Feuille darbres 13 50Deacutechets meacutenagers 36 54Cendres 46 57Terre fertile Terreau

3 12

Sels 4 9Vers 0 2Autres produits 4 7

1 Nom geacuteneacuterique pour deacutesigner les laquo herbes raquo et plus particuliegraverement les gramineacutees qui couvrent pentes et sommets des collines (Andropogon eucomus Aristida adscensionis etc) (source dictionnaire malgache httpmotmalgacheorgbinsteny2) Le bozaka peut avoir eacuteteacute coupeacute ou arracheacute dans ce cas il comprend les racines et un peu de terre

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Ces produits bozaka feuilles drsquoarbres autres herbes sont pour la plupart des produits de cueillette et participent agrave une laquo gestion horizontale de la fertiliteacute raquo avec un transfert drsquoeacuteleacutements fertilisants preacuteleveacutes sur drsquoautres parties du terroir et rameneacutes sur les parcelles cultiveacutees (Rollin 1994 Andriambelomanga 2017) amplifiant le mecircme transfert reacutealiseacute par les animaux (pacircturages ou parcours fumier cultures) Les autres produits utiliseacutes notamment par les EAF qui produisent du compost sont les cendres le terreau mais aussi du sel acheteacute et dlsquoautres produits comme de la dolomie de la sciure de bois etc

23 Les motivations pour la production du compost

La production de compost est lrsquoune des techniques vulgariseacutees pour augmenter

les quantiteacutes de matiegraveres fertilisantes encourageacutees par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie Les reacutesultats de lrsquoenquecircte montrent que la moitieacute des EAF agrave Mandoto et 30 des EAF agrave Arivonimamo ont deacutejagrave cette pratique

Tableau 2 Part des EAF qui produisent du compost

Mandoto ArivonimamoCompost moderne

9 12

Compost traditionnel

41 18

Total avec compost

50 30

A Mandoto ce sont les pratiques traditionnelles de production de zezi-pako qui dominent tregraves largement On notera que si le total nrsquoest que de 50 crsquoest que quelques EAF rares toutefois font les deux types de compost A Arivonimamo certainement en raison des programmes de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la technique la part des EAF avec compost laquo moderne raquo est un peu plus eacuteleveacutee mais le compost traditionnel

est moins reacutepandu On pourrait penser que le fumier se substitue au compost crsquoest-agrave-dire qursquoune EAF qui produit du fumier abandonne la production de compost car comme mentionneacute preacuteceacutedemment les EAF apportent en grande partie les mecircmes constituants aux deux types de fumure organique En fait il nrsquoen est rien 55 des EAF qui produisent du compost agrave Mandoto ont du fumier et agrave Arivonimamo ce taux est de 82

La raison principale pour laquelle les EAF produisent du compost crsquoest drsquoabord pour augmenter la quantiteacute disponible de fertilisants (34 des EAF qui ont reacutepondu) ou beacuteneacuteficier des effets en augmentant la production (11) et en ameacuteliorant la fertiliteacute des sols (9) On note tout de mecircme que 25 des EAF ont reacutepondu que crsquoeacutetait parce qursquoelles nrsquoavaient pas de fumier (et le taux est plus eacuteleveacute agrave Mandoto) Enfin 9 des EAF ont eacutevoqueacute le coucirct moindre du compost par rapport aux autres fertilisants et 12 ont donneacute des raisons que lrsquoon peut rattacher agrave une meilleure agronomie le zezi-pako est meilleur que le fumier car brucircleacute il ne transmet pas les maladies ou les graines de mauvaises herbes la cendre du zezi-pako a de nombreux avantages (notamment dans la lutte contre les ravageurs sur les peacutepiniegraveres) le compost est meilleur que les engrais pour les sols etc

Pour les EAF qui produisent du compost les contraintes principales sont pour 38 des EAF qui ont reacutepondu le temps de travail neacutecessaire (notamment pour ramasser les feuilles drsquoarbres le bozaka etc) et pour 35 des EAF la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres On notera que pour 12 des EAF il nrsquoy a pas de veacuteritable limite agrave la production de compost Enfin pour les 16 drsquoEAF restantes ces limites sont diverses lrsquoeau pour lrsquoarrosage du compost (5) mais aussi la treacutesorerie pour acheter le bozaka ou payer la main drsquoœuvre pour ramasser des matiegraveres premiegraveres le risque drsquoincendie etc

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24 Une production de FO tregraves variable selon les EAF

Malgreacute les apports sur le fumier et la production de compost la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF est faible en valeur absolue et surtout comme indiqueacute preacuteceacutedemment on observe une grande diversiteacute de situation entre les EAF avec un coefficient de variation de lrsquoordre de 90 dans les deux zones Les graphiques de la Figure 4 (voir infra la FO produite est en bleu) illustrent cette grande variabiliteacute avec des profils diffeacuterents selon les zones

Dans la zone de Mandoto comme deacutejagrave indiqueacute il y a une forte proportion drsquoEAF avec peu de fumure organique produite (plus de la moitieacute des EAF produisent moins de 15 tonnes) en raison du faible nombre drsquoanimaux et drsquoune production de compost qui reste peu importante Et ces EAF produisent environ frac14 de la fumure totale produite dans le terroir

Dans la zone drsquoArivonimamo la part des EAF avec moins de 15 tonnes est leacutegegraverement moindre (48) mais la FO produite pour lrsquoensemble de ces EAF nrsquoest que de 14 Donc un peu moins drsquoEAF mais une quantiteacute de FO produite tregraves faible On peut mettre cette diffeacuterence entre les deux zones au creacutedit de la production de compost traditionnel les EAF sans animaux sont plus importantes agrave Mandoto mais ces EAF pour compenser produisent du zezi-pako et en final sont moins deacutemunies que les EAF drsquoArivonimamoA lrsquoautre extreacutemiteacute des graphiques la part des EAF avec plus de 5 tonnes est faible agrave Mandoto agrave peine 4 des EAF et qui cumulent 6 de la FO produite totale Dans la zone drsquoArivonimamo la part de ces EAF est nettement plus importante (9) et surtout elles cumulent 29 de la FO Si on regroupe les deux derniegraveres classes la part des EAF avec plus de 3 tonnes agrave Arivonimamo est de 25 et ces EAF cumulent 58 de la FO agrave Mandoto elles sont 17 et cumulent 43 de la FO totale dans le terroir Ainsi si agrave Arivonimamo la production de FO moyenne par EAF est

supeacuterieure les ineacutegaliteacutes entre les EAF sont aussi plus importantes

3 La fumure organique disponible par EAF

La fumure organique disponible dans une EAF est en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les

fumiers produits la fabrication de composts mais aussi des eacutechanges

31 Les eacutechanges de fumure organique

Sur les Hautes Terres les eacutechanges de fumures organiques sont freacutequents que ces eacutechanges

soient marchands (achat vente) ou non (troc ou don)

Tableau 4 Part des EAF qui eacutechangent de la FO

Opeacuteration sur FO

Mandoto Arivonimamo

Ensemble 60 88- dont Achat 30 74- dont Vente 18 19- dont Troc 22 24

Comme le montre le Tableau 4 crsquoest une large majoriteacute des EAF qui eacutechangent de la fumure organique A Arivonimamo la pratique est presque geacuteneacuteraliseacutee avec 88 des EAF qui sont concerneacutees par au moins une opeacuteration drsquoentreacutee ou de sortie de FO

Si les opeacuterations drsquoeacutechanges non moneacutetariseacutes (troc ou don) et les ventes concernent agrave peu pregraves le mecircme pourcentage drsquoEAF dans les deux zones la diffeacuterence est forte en ce qui concerne les achats puisque agrave Arivonimamo ce sont presque 3 EAF sur 4 qui achegravetent de la FO Dans cette zone ougrave les productions maraichegraveres sont importantes les EAF sont agrave la recherche de fumure organique en termes de quantiteacutes pour augmenter le disponible mais aussi de qualiteacute (fumiers de porcs ou de volailles)

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Pour les eacutechanges sous forme de troc la fumure organique est eacutechangeacutee contre du travail (travail manuel ou prestation par exemple labour ou transport) contre de la paille de riz ou autres matiegravere organique (certainement pour produire du fumier) des semences (de riz ou maiumls) etc Les dons sont faits aux membres de la famille (le plus souvent des parents vers les enfants) mais aussi au meacutetayer voire agrave des voisins moins bien doteacutes Il y a donc un marcheacute de la fumure organique entre EAF drsquoune zone donneacutee mais aussi avec des EAF ou drsquoautres deacutetenteurs dans des zones plus eacuteloigneacutees Ainsi agrave Arivonimamo quelques EAF ont pu acqueacuterir des deacutechets urbains et beaucoup ont acheteacute du fumier en provenance drsquoeacutelevages speacutecialiseacutes

Tableau 5 Prix moyen en Ariary drsquoune charrette de fumure organique

Mandoto ArivonimamoNbre PU moyen Nbre PU moyen

Fumier de zeacutebu 179 5 809 225 16 158Fumier meacutelangeacute 49 4 837 88 13 286Fumier de porc 5 36 000 115 41 137Fumier de volaille 3 25 000 80 49 283Compost 8 18 333Zezi-pako 29 4 500

Les prix pour une charrette1 sont tregraves diffeacuterents entre les deux zones Et on peut penser qursquoagrave Arivonimamo le marcheacute de la fumure organique est laquo tendu raquo avec une forte demande et peu de fumure localement commercialiseacutee pour y reacutepondre Cette situation a des conseacutequences sur les prix avec comme lrsquoindique le Tableau 5 des prix tregraves eacuteleveacutes agrave Arivonimamo environ 3 fois plus eacuteleveacutes qursquoagrave Mandoto Ces prix ont eacuteteacute calculeacutes agrave partir des deacuteclarations de vente ou drsquoachat par les producteurs Lrsquoeffectif (Nbre) est le nombre de charrettes sur lequel a eacuteteacute calculeacute le prix moyen La part des achats est bien sucircr beaucoup plus eacuteleveacute et le plus souvent ce prix inclut le transport ce qui nrsquoest pas un eacuteleacutement neacutegligeable notamment agrave Arivonimamo ougrave la fumure provient drsquoeacutelevages relativement eacuteloigneacutes La charrette de fumier de porc ou de volaille est nettement plus chegravere que le fumier de zeacutebus ou de fumier meacutelangeacute Mais ce sont ces deux types de fumier qui sont les plus commerceacutes en quantiteacute

On notera que le pourcentage des EAF qui achegravetent est nettement supeacuterieur agrave celui des EAF qui vendent Les eacutechanges pourraient srsquoeacutequilibrer au niveau du territoire (le fokontany) par les quantiteacutes avec des EAF qui vendraient de grandes quantiteacutes et des EAF qui achegraveteraient de petites quantiteacutes En fait dans notre eacutechantillon (tireacute au sort et donc avec autant de chances de tirer un vendeur qursquoun acheteur) les eacutechanges ne srsquoeacutequilibrent pas et les quantiteacutes vendues ne repreacutesentent que 38 des quantiteacutes acheteacutees agrave Mandoto et seulement 22 agrave Arivonimamo Ainsi globalement les EAF achegravetent des fumures organiques agrave des exploitations agricoles drsquoautres fokontany et ceci est particuliegraverement reacutepandu agrave Arivonimamo avec des EAF qui achegravetent aux eacutelevages de poulets de chair de poules pondeuses ou de porcs proches de la ville drsquoImerintsiatosika

1 Aucune information nrsquoa eacuteteacute collecteacutee sur le poids des charrettes car le travail aurait eacuteteacute trop lourd agrave reacutealiser Ce poids deacutepend du niveau de remplissage mais aussi et beaucoup de la qualiteacute de la fumure organique Comme deacutejagrave indiqueacute pour faire les conversions nous avons utiliseacute le poids de 250 kg par charrette pour couvrir tous les types de fumure et eacuteviter les surestimations Certains pourront consideacuterer ce poids comme sous-estimeacute

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Figure 2 Evolution de la fumure moyenne produite par EAF

La fumure produite dans une EAF nrsquoest pas la fumure disponible celle-ci eacutevolue en fonction

des eacutechanges La Figure 2 preacutesente la situation moyenne drsquoune EAF selon la zone On constate que la quantiteacute de fumure disponible pour les cultures (apregraves entreacutees et sorties) est en moyenne plus importante que la fumure produite (voir aussi Tableau 6) Ainsi agrave Arivonimamo la fumure disponible passe agrave 29 tonnes par EAF alors que la quantiteacute produite est de lrsquoordre de 22 tonnes A Mandoto lrsquoeacutecart nrsquoest pas si important mais reste significatif avec respectivement 21 et 19 tonnesAinsi on peut deacuteduire de ces donneacutees que la strateacutegie des EAF est drsquoaugmenter la production de fumure organique sur lrsquoEAF (eacutelevage compost) mais aussi drsquoaugmenter la fumure organique disponible pour fertiliser les parcelles en achetant sur le marcheacute ou en srsquoapprovisionnant agrave travers

des eacutechanges non marchands Et cette strateacutegie est particuliegraverement dominante agrave ArivonimamoMais ces tendances geacuteneacuterales cachent de fortes dispariteacutes Ainsi les 3 EAF qui nrsquoavaient pas produit de FO en ont obtenu par achat et troc mais 4 EAF ont ceacutedeacute toute leur fumure organique Ainsi il y a toujours environ 1 de lrsquoeacutechantillon qui nrsquoa pas de FO disponible

32 Quantiteacutes disponibles et variabiliteacute

Ainsi lrsquoEAF moyenne a augmenteacute sa disponibiliteacute en FO dans les deux zones

(Figure 2 et Tableau 6) La composition (Figure 4) a eacutevolueacute par rapport agrave la FO produite (Figure 1) et ceci plus particuliegraverement agrave Arivonimamo Dans cette zone la part du fumier meacutelangeacute a fortement diminueacute (passant de 47 agrave 33) comme mais dans une moindre mesure celle du fumier bovin et ce sont les fumiers agrave base de deacutejections de porcs ou de fiente de volaille qui ont fortement progresseacute passant de 8 agrave 16 On note eacutegalement la progression du type autre FO qui est passeacute de 3 agrave 6 en lien avec lrsquoacquisition de deacutechets ou boues urbaines

Figure 3 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique disponible par EAF selon les zones

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A Mandoto les changements sont mineurs et concernent la reacutepartition entre fumier meacutelangeacute et fumier bovin ce dernier type progresse au deacutetriment du fumier meacutelangeacute Ceci srsquoexplique par le fait que les eacutechanges et en particulier moneacutetaires concernent le fumier de bovin et peu le fumier meacutelangeacute

Mais mecircme si on enregistre quelques eacutevolutions ce sont toujours le fumier de bovin et le fumier meacutelangeacute qui sont les fumures organiques les plus importantes car ils repreacutesentent plus de 70 des quantiteacutes moyennes disponibles au niveau de lrsquoEAF moyenne

Comme pour la fumure produite la fumure disponible par EAF est tregraves variable La variabiliteacute a mecircme augmenteacute avec des coefficients de variation autour de la moyenne un peu plus eacuteleveacutes pour la FO disponible Mais le recours au marcheacute et les eacutechanges non marchands ont fait fortement eacutevoluer la reacutepartition de la fumure organique entre les EAF La Figure 4 illustre ces eacutevolutions contrasteacutees selon les zones

Figure 4 Evolution de la reacutepartition des EAF et de la FO selon des classes de quantiteacutes de FO produite et disponible en tonnes

A Mandoto lrsquoeacutevolution nrsquoest pas tregraves importante les pourcentages drsquoEAF progressent en mecircme temps que les classes de quantiteacute de FO mais de maniegravere tregraves modeacutereacutee Le recours aux eacutechanges nrsquoentraicircne pas de modification spectaculaire dans le profil des graphiques que cela soit pour la reacutepartition des EAF ou pour la reacutepartition de la FO la part des EAF avec moins 05 tonne diminue de 18 agrave 15 et crsquoest la classe de 05 agrave 15 tonnes qui progresse de 3 la part des EAF les mieux pourvues (plus de 5 tonnes) progresse mais tregraves faiblement aussi

A Arivonimamo les changements sont beaucoup plus importants La part des EAF avec moins de 05 tonne diminue pour passer de 22 avec la fumure produite agrave seulement 9 pour la fumure disponible Ainsi la plus grande partie des EAF les moins pourvues se sont procureacutees de la FO sur le marcheacute ou par le troc car pour les cultures maraichegraveres il est indispensable drsquoavoir de la fumure organique Et ce sont les classes avec de plus grandes quantiteacutes de FO qui ont progresseacute de maniegravere remarquable

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les EAF avec plus de 3 tonnes sont passeacutees de 25 agrave 42 et la fumure que cumulent ces EAF est passeacutee de 58 agrave 73 La progression tregraves forte des EAF les mieux pourvues srsquoest tout de mecircme traduite par une concentration au niveau de ces EAF

33 Quantiteacute de fumure organique et surface

Lrsquoimportance de la fumure organique drsquoune EAF ne peut ecirctre appreacutecieacutee qursquoen fonction de la superficie agrave cultiver qui elle-mecircme deacutepend de la Surface Agricole Utile disponible par EAF Celle-ci varie selon la zone avec environ 15 ha agrave Mandoto et 09 ha agrave Arivonimamo

Tableau 6 Superficie et quantiteacutes moyennes par EAF

Variables par EAF Mandoto Arivonimamo

Moyenne CV Moyenne CVSAU (ha) 148 88 091 82FO produite (tonne) 187 90 218 92

FO disponible (tonne) 213 102 290 78

FO disponible (tonneha) 169 84 367 66

La quantiteacute de fumure disponible est en relation lineacuteaire avec la SAU les coefficients de correacutelation entre ces deux variables sont relativement eacuteleveacutes avec +076 agrave Mandoto et +059 agrave Arivonimamo et significatifs agrave 001 Dans les deux zones ces coefficients sont supeacuterieurs agrave ceux qui lient les variables de cheptel (nombre de bovins et valeur totale du cheptel) et les variables de SAU ainsi on peut en deacuteduire que cette relation entre quantiteacute de FO et surface nrsquoest pas seulement fonction des animaux disponibles mais bien dlsquoune strateacutegie des EAF une laquo strateacutegie de construction de la fertiliteacute raquo des sols (NrsquoDieacutenor et al 2011)

Figure 5 Nuages de points entre SAU et FO disponible pour chaque zone

Quand on ramegravene la quantiteacute de fumure organique disponible par ha de SAU la zone Arivonimamo apparaicirct nettement mieux pourvue avec pregraves de 35 t ha de SAU alors qursquoagrave Mandoto ougrave les EAF ont moins de FO disponible et plus de surface la moyenne est de 21 tonneha

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Les graphiques en nuage de points mettent en eacutevidence cette relation Les coefficients Rsup2 ne sont pas tregraves eacuteleveacutes ce qui signifie que la SAU disponible agrave elle seule nrsquoexplique pas tregraves bien la variabiliteacute observeacutee A Mandoto il y a quelques points atypiques (par exemple un producteur avec une superficie assez faible et beaucoup de fumure parce que le cheptel est important) mais la reacutegression semble repreacutesenter assez bien la situation la FO disponible est eacutegale agrave 125 fois la SAU + 03 tonnes

A Arivonimamo la reacutepartition des points est assez atypique et il semble exister deux groupes de producteurs avec des strateacutegies diffeacuterentes le premier en rouge dans le graphique vise une quantiteacute importante de FO par uniteacute de surface (35 fois la superficie plus 125 tonnes) alors que le second se rapproche de la situation de Mandoto et semble rechercher une quantiteacute de FO qui repreacutesente 15 fois la SAU + 01 tonne

Pour expliquer ces diffeacuterences entre les deux groupes il faut rechercher du cocircteacute des cultures pratiqueacutees avec pour le premier groupe des surfaces en cultures maraichegraveres plus importantes et avec pour le second un assolement beaucoup plus traditionnel (ces aspects seront analyseacutes dans le prochain article)

Ces quantiteacutes moyennes semblent cependant insuffisantes pour renouveler la fertiliteacute des sols cultiveacutes car selon les travaux de P Garin meneacutes il est vrai dans la zone du Lac Alaotra il faudrait 4 tonneshaan en moyenne de fumier pailleux neacutecessaire (Garin 1998 citeacute par Dubois 2004) pour restituer au sol la bonne quantiteacute de matiegravere organique contrebalanccedilant la mineacuteralisation de la matiegravere organique due aux cultures

Mais nombre de producteurs notamment dans la zone dArivonimamo ajoutent agrave la fumure organique des engrais mineacuteraux Ce point sera traiteacute dans le prochain numeacutero de JAE avec un article sur les strateacutegies drsquoutilisation de la fumure organique et mineacuterale

34 La qualiteacute fertilisante des fumiers

Dans le cadre du mecircme projet de recherche Secure des eacutechantillons de fumures

organiques destineacutees agrave la culture de riz pluvial ont eacuteteacute preacuteleveacutes dans 40 fermes de reacutefeacuterence (20 dans chacune des zones) pour la campagne culturale 2018-2019 Une quantiteacute drsquoenviron 700 cm3 a eacuteteacute preacuteleveacutee sur les parcelles au moment de la mise en place de la culture du riz Ces eacutechantillons ont eacuteteacute analyseacutes et les reacutesultats donnent une indication de la qualiteacute moyenne des fumiers produits et utiliseacutes dans les zones

Tableau 3 Qualiteacute des fumiers utiliseacutes (en de la matiegravere segraveche)

Zone pH N P KMandoto 86 11 03 18Arivonimamo 82 10 07 13

Avec des pH supeacuterieurs agrave 8 les fumiers permettent de corriger laciditeacute des sols (qui ont souvent des pH de deacutepart autour de 5) par leur pouvoir alcalinisant et dameacuteliorer dans la dureacutee les sols pour les rendre plus favorables aux cultures exigeantes comme le maiumls le soja le haricot les cultures maraichegraveres etc

La qualiteacute selon les trois principaux eacuteleacutements (N=Azote P=Phosphore et K=Potassium) peut ecirctre ainsi commenteacutee

bull N les teneurs moyennes en azote sont plutocirct faibles dans les 2 zones mettant en lumiegravere la neacutecessiteacute de mieux conserver cet eacuteleacutement tregraves mobile par dallage couverture rajout de pailles de riz ou de fanes de leacutegumineuse pour stockage de lurine Toutes les plantes ont besoin drsquoazote

bull P une teneur en phosphore nettement plus eacuteleveacutee agrave Arivonimamo en raison dassociations de deacutejections agrave base de volaille et de porc (dont une partie est acheteacutee voir infra) Mais ces teneurs sont faibles alors que lrsquoinsuffisance des sols en phosphore est tregraves souvent un des principaux facteurs limitant pour les cultures

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La FO avec ses faibles teneurs en P est de maniegravere geacuteneacuterale insuffisante pour lever ce facteur limitant

bull K les teneurs en potassium sont relativement eacuteleveacutees dans les deux zones par concentration des pailles par lrsquoajout de cendres de balles de riz ou de balles de riz en lrsquoeacutetat Le potassium est important notamment pour les cultures fruitiegraveres et maraicircchegraveres

Pour appreacutecier la qualiteacute en terme de nutrition des plantes on peut comparer les apports du fumier agrave ceux drsquoun engrais NPK 112216 (utiliseacute couramment dans la reacutegion) Le fumier moyen entre les deux reacutegions agrave des teneurs que lrsquoon peut arrondir agrave 1N 05P 15K en matiegravere segraveche (MS) ainsi en faisant simplement le rapport avec les des analyses 1 kilogramme drsquoengrais eacutequivaut pour N agrave 11 kgfumier MS pour P agrave 44 kgfumier MS et pour K agrave 11 kgfumier MS

Pour se rapprocher des pratiques paysannes il faut faire la comparaison avec des matiegraveres fraicircches et en uniteacute traditionnelle Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes le poids en MS eacutequivaut agrave 50 du poids en matiegravere fraiche une charrette de fumure organique pegravese1 250 kg Ainsi une charrette de fumier de faible qualiteacute eacutequivaut pour N agrave 11 kg pour P agrave 3 kg et pour K agrave 12 kg de lrsquoengrais NPK (112216) utiliseacute pour la comparaison

Si on fait la comparaison en termes de prix avec le kilogramme drsquoengrais agrave 2 200 Arkg (prix de 2019) et une charrette agrave 10 000 Ar lrsquouniteacute fertilisante coucircte avec lrsquoengrais environ 4 500 Ar et 2 700 Ar avec la charrette de fumier Ainsi lrsquoapport de FO est nettement plus inteacuteressant sur le plan eacuteconomique et ceci drsquoautant plus que la fumure est autoproduit valorisant ainsi lrsquoeacutelevage

1 Comme deacutejagrave indiqueacute le poids de la charrette varie for-tement selon le volume de remplissage et la qualiteacute du fumier Avec du fumier de bonne qualiteacute une charrette peut peser 400 kg voire plus mais avec du fumier de mauvaise qualiteacute ou du zezi-pako le poids peut descendre nettement en dessous des 250 kg Pour prendre en compte lrsquoensemble des types de fumure or-ganique nous avons adopteacute le poids moyen de 250 kgcharrette (notamment en reacutefeacuterence agrave Saint-Andreacute et al 2016)

etou le travail familial Cet amendement a aussi de nombreuses autres qualiteacutes que nrsquoa pas lrsquoapport drsquoengrais mineacuteraux avec des effets sur la structure et la faune du sol lrsquoapport drsquoeacuteleacutements fertilisants secondaires et des utilisations agronomiques inteacuteressantes (par exemple pour ameacuteliorer la leveacutee des cultures)

Ces calculs ont eacuteteacute faits avec des reacutefeacuterences moyennes plutocirct deacutefavorables agrave la FO (notamment le poids de la charrette) or les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de la qualiteacute et de la quantiteacute du fumier produit sont nombreuses (Salgado et Tillard 2012) avec des effets positifs sur la productiviteacute de la terre et du travail (Marline 20152) Dans le cadre des fermes de reacutefeacuterence sur les deux zones des agriculteurs appuyeacutes par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie se sont engageacutes dans un processus dameacutelioration des fumures organiques et peuvent ecirctre des reacutefeacuterents pour la diffusion des techniques

4 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La fumure organique disponible dans une EAF est fonction des quantiteacutes produites (en

moyenne 217 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 187 tonnes dans le MO du Vakinankaratra) en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les pratiques de compostage Mais pas seulement car le recours au marcheacute ou au eacutechanges non marchands font eacutevoluer de maniegravere significative agrave la fois les quantiteacutes disponibles par EAF mais aussi la qualiteacute et la reacutepartition entre les EAF La FO moyenne disponible est de 29 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 21 tonnes dans le MO du Vakinankaratra Rameneacutee agrave la SAU la quantiteacute de FO disponible est 367 tonnes par ha agrave Arivonimamo et 169 tha agrave Mandoto

2 Apregraves avoir enquecircteacute trente exploitations agricoles de la reacutegion Vakinankaratra Marline conclut que laquo lrsquoadoption des pra-tiques drsquoameacutelioration de la qualiteacute du fumier ne se traduit pas par une augmentation significative du coucirct de production du fumier notamment en raison des eacuteconomies drsquoeacutechelle dans la fabrication du fumier de qualiteacute En utilisant les reacutesultats des expeacuterimenta-tions de BIOVA lrsquoeacutepandage du fumier ameacutelioreacute sur les parcelles augmenterait la productiviteacute agricole de la terre de 27 et la pro-ductiviteacute globale du travail de 23 raquo (Marline 2015)

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Les produits ajouteacutes au fumier sont nombreux et la production de compost traditionnel ou laquo moderne raquo est reacutepandue

Ainsi que cela soit en termes de pourcentage drsquoEAF inteacuteresseacutees ou en termes de motivation il y a dans ces deux zones une base solide de pratiques et de connaissances paysannes sur laquelle peut srsquoappuyer la vulgarisation de lrsquoameacutelioration de la quantiteacute et de la qualiteacute du fumier et la production de compost

La recherche a commenceacute agrave analyser la diversiteacute de ces pratiques et leurs effets sur la production Un grand nombre de matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et animales sont recycleacutees et les premiers reacutesultats montrent drsquoimportantes synergies entre elles avec des associations courantes avec les engrais

La theacutematique de la fertilisation organique est importante pour les agriculteurs de ces zones Parmi diffeacuterentes pratiques agroeacutecologiques lrsquoutilisation des FO est assez geacuteneacuteraliseacutee et les agriculteurs adoptent via ces pratiques des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute (cf paragraphe 33) Dans cette optique les accompagnements et renforcements de la part des acteurs du deacuteveloppement rural nous semblent tregraves pertinents en matiegravere drsquoaugmentation en quantiteacute et en qualiteacute Les reacutefeacuterences drsquoameacutelioration existent deacutejagrave (Salgado et Tillard 2012 Rasolofo et al 2018) Des plantes ameacuteliorantes peuvent ecirctre eacutegalement utiliseacutees agrave lrsquoeacutechelle des EAF ou du territoire On peut citer les plantes reacutepulsives qui ameacuteliorent les FO dans la lutte contre les insectes (cf reacutefeacuterences du GSDM) les Tithonia qui apportent une quantiteacute significativement importante de K compareacutes agrave diffeacuterents types de fumiers (Olabode et al 2007) etc

Lrsquoeacutetude reacutevegravele eacutegalement que lrsquoutilisation des fumiers meacutelangeacutes provenant de plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage est une pratique courante des agriculteurs dans les deux zones Lrsquoameacutelioration des conduites drsquoeacutelevage dont lrsquoalimentation la santeacute ou lrsquohabitat pourrait ainsi ecirctre une autre faccedilon de rehausser la qualiteacute fertilisante des FO encore consideacutereacutee comme faible Lrsquoameacutelioration

dans ce cas devrait concerner de plus en plus les animaux agrave cycle court tels que les volailles etou les porcs En fait crsquoest parce que lrsquoeacutelevage bovin est menaceacute par les vols alors que les EAF ont toutes au moins des volailles au sein de leur exploitation

Les agriculteurs savent que la fumure organique est la base pour une bonne gestion de la fertiliteacute des sols qursquoelle permet drsquoameacuteliorer lrsquoefficience des engrais apporteacutes et qursquoelle peut aussi jouer un rocircle de leveacutee de certaines deacuteficiences De nouveaux enjeux apparaissent comme pour le compost avec la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et un besoin de reacutefeacuterentiel technico-eacuteconomique pour faire eacutevoluer la production de zezi-pako vers un compost avec plus de qualiteacutes fertilisantes

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Les plantes de services en Agro-eacutecologie les rotations et successions des cultures leccedilons apprises du GSDM

Rakotondramanana Raharison T Randriamitantsoa M Moussa N Razanamparany C Tokiherinionja TF Sandratriniaina R R

Randriamiarana V Razaka M

Introduction

Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale les paysans pratiquent toujours des associations de cultures mais

pour la plupart il srsquoagit drsquoassociation laquo gramineacutee ndash gramineacutee raquo qui ne contribue pas du tout agrave la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols Dans le district de Mandoto par exemple lrsquoassociation maiumls + riz pluvial (41 des surfaces) manioc + maiumls (19 des surfaces) maiumls + arachide (10 des surfaces) sont les plus dominantes (RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019) A part lrsquoassociation avec lrsquoarachide ces associations nrsquoont pas beaucoup drsquointeacuterecirct dans la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et devraient changer en association gramineacutees - leacutegumineuses en utilisant les plantes de couverture agrave forte capaciteacute de reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols en plus de leurs proprieacuteteacutes eacuteprouveacutees en tant que plantes de services Lrsquoassociation du maiumls avec le haricot est tregraves courante aussi bien sur les Hautes Terres que dans le Moyen Ouest crsquoest une association ougrave lrsquoon a deux cultures alimentaires en mecircme temps mais la biomasse de la leacutegumineuse le haricot se mineacuteralise tregraves vite et nrsquoest plus visible apregraves la saison segraveche De mecircme lrsquoassociation du maiumls avec le soja est aussi tregraves freacutequent sur les Hautes Terres et surtout sur les sols volcaniques drsquoAntsirabe et de Betafo mais comme le haricot le soja se mineacuteralise tregraves vite et ne contribue pas beaucoup agrave la biomasse

Le but principal de cet article est de rappeler les principales plantes de couvertures en compleacutetant avec les acquis du GSDM dans les principales reacutegions de Madagascar ceci par rapport aux donneacutees du Manuel pratique du semis direct de Madagascar (HUSSON O et al 2013) un travail collectif sous la houlette drsquoOlivier HUSSON ougrave nous avons largement contribueacute et dont les principales informations ont eacuteteacute soit actualiseacutees soit compleacuteteacutees

Brefs aperccedilus des principales plantes de couvertures ou drsquoembocagement des parcelles

11 Le mucuna

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc) mais ses proprieacuteteacutes en agronomie nrsquoont eacuteteacute que tregraves peu documenteacutees ou sont resteacutees inconnues Pourtant cette leacutegumineuse a un tregraves grand inteacuterecirct en agronomie

Photo 1 Une bonne biomasse de mucuna

111 Une leacutegumineuse pour la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et la lutte contre le striga

Dans le site drsquoIvory sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + Mucuna varient de 468 agrave 485 tha en F1 et de 5 agrave 536tha en F2 et les rendements de maiumls en association avec le Mucuna varient de 44 agrave 487 tha en F1

1 et de 53 agrave 56tha en F2

2 Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020)

1 F1 5 tha de fumier de ferme

2 F2 F1 + 80 kgha de NPK 11- 22 ndash 16 et 25 kg ha drsquoureacutee

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Ce systegraveme bisannuel en agriculture de conservation permet drsquoobtenir des rendements stables de la production de riz et de maiumls associeacute Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans et dans les eacutecoles (CEG) appuyeacutees par le GSDM

112 Une leacutegumineuse pour lutter contre les mauvaises herbes

Photo 2 Apregraves une biomasse de mucuna (jachegravere de mucuna en haut et biomasse de mucuna associeacute avec du maiumls en bas) pas de

mauvaises herbes pour la culture suivante

113 Un reacutepulsif contre les insectes et mecircme contre drsquoautres ravageurs des cultures

Contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) LrsquoONG DURRELL qui a introduit des

associations agrave base de mucuna dans les aires proteacutegeacutees a pu observer que le mucuna limite aussi les attaques de sangliers (DURRELL 2020) Les varieacuteteacutes noires type Garadake du CTAS ou marbreacute existent mais il semble que la varieacuteteacute noire est la plus appreacutecieacutee

12 Le nieacutebeacute eacuterigeacute

Le nieacutebeacute (Vigna unguiculata subsp unguiculata) est une sous-espegravece veacutegeacutetale du Vigna unguiculata originaire drsquoAfrique Probablement introduit en Ameacuterique tropicale au XVIIegraveme siegravecle par les Espagnols le nieacutebeacute est aujourdhui largement cultiveacute dans le Sud des Eacutetats-Unis aux Caraiumlbes et au Breacutesil et bien sucircr en Afrique Les observations faites sur de longues anneacutees montrent que le nieacutebeacute eacuterigeacute David est adapteacute agrave tous les types de sols dans tous les milieux agrave Madagascar Sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute proposeacutee dans les zones humides de la Cocircte Est uniquement agrave cause de problegraveme de production de semences Comme le haricot crsquoest une leacutegumineuse alimentaire agrave cycle court mais qui exige des traitements insecticides freacutequents

Photo 3 Nieacutebeacute eacuterigeacute cv David CEG Antokofoana

Sa biomasse peu lignifieacutee se deacutegrade tregraves vite et demande agrave ecirctre associeacutee avec une biomasse lignifieacutee comme celle du maiumls ou du sorgho

Madagascar est connu pour sa production de nieacutebeacute type laquo Black eyes raquo exporteacute vers plusieurs pays mais surtout vers lrsquoinde Crsquoest la reacutegion drsquoAmbato Boeny sur les baiboho du Betsiboka qui est la reacutegion de production la plus importante

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13 Les nieacutebeacutes rampants

Les nieacutebeacutes rampants sont des varieacuteteacutes locales seacutelectionneacutes par les paysans sur de longues anneacutees en geacuteneacuteral dans les zones segraveches comme le Sud Malgache La varieacuteteacute SPLF2 seacutelectionneacutee par lrsquoONG TAFA dans la reacutegion du Sud-Ouest renommeacute actuellement FARIMASO par le CTAS ou la varieacuteteacute BABOKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy sont des exemples de nieacutebeacute rampant (ANCOS 2016) Les nieacutebeacutes rampants existent en nombre important dans les zones segraveches mais ne sont pas toutes exploiteacutees Leur gros avantage dans le couvert veacutegeacutetal reacuteside dans leur biomasse tregraves lignifieacutee donc ne se mineacuteralise pas trop vite En plus ils sont tregraves adapteacutes dans tous types de sols en zones segraveches comme ici sur la photo que nous avons prise agrave Tsihombe sur sol tregraves sableux en 2016 une anneacutee tregraves segraveche dans le Sud (RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANAJAKA J 2016

Photo 4 Nieacutebeacute rampant sur sable roux Imongy Tsihombe 2016 peacuteriode tregraves segraveche

dans le Sud

14 Le Vigna radiata

Le Vigna radiata ou Antsoroko est une leacutegumineuse comestible par lrsquohomme au mecircme titre que les nieacutebeacutes Un exemple de ce type de leacutegumineuse est la varieacuteteacute MORAMASAKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy (ANCOS 2016) Les Antsoroko sont cultiveacutes par les paysans ou sont endeacutemiques dans les reacutegions de lrsquoAndroyAnosy dans le Sud-Ouest dans les bassins seacutedimentaires du Menabe du Boeny et du Nord-Ouest donc il y a une grande possibiliteacute de seacutelection de varieacuteteacutes dans les populations existantes Dans le Boeny nous

avons pu identifier une varieacuteteacute drsquoAntsoroko agrave forte biomasse qui srsquoassocie bien avec le maiumls (RAKOTONDRAMANANA 2019)

Photo 5 Antsoroko Bongomena Commune Rurale Marovoay

15 La dolique

Le lablab (Lablab purpureus syn Dolichos lablab L Dolichos purpureus L) eacutegalement appeleacute pois antaque (ou Antaka en Malgache) ou dolique dEacutegypte est une espegravece de leacutegumineuse de la famille des Fabaceae qui est largement reacutepandu comme plante alimentaire dans les reacutegions tropicales notamment en Afrique Plante alimentaire traditionnelle en Afrique ce leacutegume peu connu preacutesente un potentiel inteacuteressant pour ameacuteliorer la nutrition renforcer la seacutecuriteacute alimentaire favoriser le deacuteveloppement rural et soutenir lameacutenagement durable du territoire Dans lrsquoAndroy la dolique est torreacutefieacutee pileacutee au

Photo 6 Dolique photo sur internet

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mortier avec le maiumls et sert de repas riche pour beaucoup de communauteacute

A Madagascar la dolique est geacuteneacuteralement cultiveacutee dans les reacutegions infeacuterieures agrave 1200 m drsquoaltitude (HUSSON O et al 2013) mais pas partout A part lrsquoAndroy et les bassins seacutedimentaires de lrsquoOuest et du Nord-Ouest la dolique se cultive sur les baiboho de la rive Est du Lac Alaotra La dolique donne une biomasse lignifieacutee qui associeacutee avec celle du maiumls creacutee un excellent lit de semis du riz pluvial agrave la prochaine campagne sur la base des reacutesultats sur la rive Est du Lac Alaotra en particulier

Diffeacuterentes varieacuteteacutes ont eacuteteacute seacutelectionneacutees par le CTAS dans lrsquoAndroy Vorompotsy (CTAS D1) Manja (CTAS D2) Ondragne (CTAS D3) Lohapitse (CTAS D4) Les varieacuteteacutes agrave cycle long sont appreacutecieacutees dans le Sud

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Seasea Antake ambahe Antake salazagne) marron port rampant originaire de Tsihombe (ougrave elle est appreacutecieacutee) peu inteacuteressante pour le district drsquoAmbovombe (sensible aux insectes)

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Anta-drazagne Antake mena) rouge ou blanc port rampant tregraves appreacutecieacutee dans le district drsquoAmbovombe pour sa reacutesistance aux insectes

16 Le Stylosanthes guianensis

Crsquoest le systegraveme phare en semis sous couvert veacutegeacutetal dans le Moyen Ouest Le laquo Stylo raquo comme on lrsquoappelle localement ressemble un peu agrave Medicago sativa la luzerne cultiveacutee en France Le stylo a eacuteteacute introduit agrave Madagascar dans le Moyen Ouest pour la production de fourrages Mais cette vieille varieacuteteacute est actuellement sensible agrave lrsquoanthracnose si bien que le GSDM avec le projet Bassin Versant et Peacuterimegravetre Irrigueacute du Lac Alaotra (BV Lac) a introduit en 2004 la varieacuteteacute CIAT 184

bull Crsquoest une leacutegumineuse peacuterenne aux feuilles trifolieacutees on la cultive en moyenne sur un cycle de 3 ans mais qui peut se reconstituer facilement avec les graines tombeacutees dans le sol mecircme apregraves un labour

bull Elle produit une forte biomasse (5 agrave 10 T de matiegravere segraveche sur sol deacutegradeacute et jusqursquoagrave 20 T sur sol riche)

bull Elle fixe entre 70 et 200 kg drsquoazote agrave lrsquohectare bull Son puissant systegraveme racinaire pivotant

restructure les sols bull Son port buissonnant jusqursquoagrave 1m80 de haut

la rend agressive vis agrave vis de la plupart des adventices comme le Striga plante parasite du riz et du maiumls agrave Madagascar

bull Crsquoest un excellent fourrage et elle peut ecirctre pacirctureacutee

bull Ses fleurs sont mellifegraveres il fleurit agrave une peacuteriode ougrave lrsquoabsence de fleurs affaiblit les abeilles creacuteant une continuiteacute juste avant la floraison du litchi

Photo 7 Une bonne biomasse de Stylosanthes Coopeacuterative FANILO

Amparihy commune Vinany

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Ces caracteacuteristiques expliquent qursquoon la surnomme aussi laquo luzerne tropicale raquo et cela en fait un excellent preacuteceacutedent pour de nombreuses cultures et en particulier les plantes qui fournissent les produits de base agrave Madagascar riz et maiumls

Le Stylosanthes guianensis srsquoadapte agrave un large spectre de sols et en particulier les sols acides (elle est capable de produire des nodules agrave pH 4 ) ainsi qursquoagrave de nombreux climats jusqursquoagrave 10001

megravetres drsquoaltitude et une pluviomeacutetrie de 600 agrave 3000 mm par an

17 Les arachis

Arachis est un genre de plantes dicotyleacutedones de la famille des Fabaceae sous-famille des Faboideae originaire dAmeacuterique du Sud qui compte 70 espegraveces annuelles ou vivaces LrsquoArachis apporte beaucoup drsquoazote au sol et en plus crsquoest une plante largement utiliseacutee comme plante mellifegravere

Deux espegraveces ont eacuteteacute essayeacutees agrave Madagascar lrsquoArachis pintoiuml et lrsquoArachis peacuterenne Cette leacutegumineuse a eacuteteacute largement diffuseacutee dans le Pays dans les cultures de rente (cafeacuteier poivrier vanillier giroflier) et dans les cultures fruitiegraveres

Photo 8 Arachis pintoiuml

1 1000 m Corrigeacute par lrsquoauteur le texte initial eacutetait 1600 m drsquoaltitude agrave Madagascar le Stylo nrsquoest plus cultiveacute au-dessus de 1000 m drsquoaltitude

18 La vesce

Vicia sativa la vesce cultiveacutee ou vesce commune est une plante annuelle appartenant agrave la famille des Fabaceacutees du mecircme genre que la fegraveve ou le haricot La vesce commune est cultiveacutee en tant que fourrage mais crsquoest aussi un excellent engrais vert Elle est de plus une plante inteacuteressante pour lrsquoeacutelevage des abeilles et peut eacuteventuellement ecirctre consommeacutee par lrsquohomme De plus la vesce a des difficulteacutes agrave se deacutevelopper dans les sols tregraves argileux

La vesce a eacuteteacute essayeacutee un peu partout agrave Madagascar mais crsquoest surtout au Lac Alaotra sur baiboho et sur colluvions de bas de pente riche qursquoelle a connu un succegraves Au Lac Alaotra la vesce rentre dans un systegraveme Rizcultures maraicircchegraveresvesce Dans ce systegraveme le riz beacuteneacuteficie de la biomasse de la vesce et de lrsquoarriegravere effet de la fertilisation des cultures maraicircchegraveres En plus de sa biomasse on reacutecolte les semences avant de la rouler pour le semis du riz Essayeacute dans les autres reacutegions de Madagascar la vesce a rencontreacute des problegravemes de rotation avec le riz irrigueacute sur les Hauts Plateaux en raison de son cycle qui srsquoallonge et retarde ainsi le repiquage du riz Par ailleurs la production de semences a eacuteteacute un problegraveme

Photo 9 Riz sur biomasse de vesce en Riziegravere agrave Mauvaise Maicirctrise dEau (RMME) M Charles Mahatsinjo CR Ambohitsilaozana Rive Est Lac

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19 Le Pois drsquoAngole

Le pois dAngole (Cajanus cajan syn Cajanus indicus) est une espegravece de plante vivace de la famille des Fabaceae Le pois dAngole est agrave la fois une culture vivriegravere (pois secs farine pois frais ou leacutegumes verts et une culture fourragegravere de couverture) Les pois contiennent des niveaux eacuteleveacutes de proteacuteines et dimportants acides amineacutes (meacutethionine lysine et tryptophane) En combinaison avec des ceacutereacuteales le pois dAngole constitue une alimentation humaine eacutequilibreacutee Aussi sous le nom de pois cajan pois-congo ambrevade ou pwa di bwa en creacuteole Guadeloupeacuteen le pois dAngole est une leacutegumineuse vivace agrave graine cultiveacutee en agriculture pluviale dans les reacutegions tropicales semi-arides httpsfrwikipediaorgwikiPois_d27Angole)

Photo 10 Pois drsquoAngole agrave la maturiteacute des gousses

Les expeacuteriences avec le Pois drsquo Angole ont eacuteteacute surtout obtenues dans lrsquoAndroy ougrave il a eacuteteacute utiliseacute en brise-vent en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute (forecirct de Cajanus) mais surtout a beaucoup contribueacute agrave la seacutecuriteacute alimentaire de cette zone segraveche (RAHARISON T et al 2018) en effet la consommation du pois drsquoAngole est rentreacute dans les habitudes alimentaires de certaines tribus de lrsquoAndroy et se trouve mecircme consommeacute agrave la place du haricot dans les funeacuterailles

Le Pois drsquoAngole est connu pour sa capaciteacute agrave aller chercher lrsquohumiditeacute en profondeur Etant une plante lignifieacutee il aide agrave renforcer la biomasse des autres espegraveces

110 Les crotalaires

Les crotalaires ont eacuteteacute associeacutes au riz pluvial mais sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute un succegraves Cependant les crotalaires ont lrsquoavantage drsquoavoir une biomasse lignifieacutee et qui nrsquoest pas appeacuteteacutee par les animaux Par ailleurs les crotalaires ont des racines profondes qui cherchent lrsquoeau en profondeur

Photo 11 Crotalaria gramihana endeacutemique sur les Hauts Plateaux

2 Les reacutesultats de la recherche

Nous rappelons ici les reacutesultats du site drsquoIvory pour deacutemontrer les capaciteacutes des plantes de

couverture agrave reacutegeacuteneacuterer un sol pauvre infesteacute de striga En effet le sol de ce site un sol ferralitique agrave pH 4 eacutetait abandonneacute par le proprieacutetaire agrave cause de lrsquoimpossibiliteacute drsquoy planter du maiumls et du riz agrave cause du striga

Le site drsquoIvory est situeacute agrave 100 km agrave lrsquoouest drsquoAntsirabe (pregraves de la RN 34 vers Miandrivazo) sur les plateaux de la zone centrale du Moyen Ouest dans le district de Mandoto Commune rurale de Vinany (localisation agrave la fig1) Les systegravemes mis en place ont eacuteteacute baseacutes sur les 3 dispositifs agrave savoir la lutte contre le Striga la diversification des cultures et la collection varieacutetale Les systegravemes de cultures proposeacutees ont eacuteteacute baseacutes sur la mise en place de maiumls en association avec des leacutegumineuses annuelles (vivriegraveres nieacutebeacute soja arachide Vigna umbellata) ou de plantes de couverture (mucuna et Stylosanthes) drsquoune part et la mise en place de plante de couverture fourragegravere (Arachis pintoiuml et Arachis peacuterenne)

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Sur les dispositifs des systegravemes en Agriculture de Conservation sont compareacutes au teacutemoin traditionnel laboureacute avec un minimum drsquointrants F1 (fumier seul agrave 5tha) ou F2 (F1 + 80 kgha de NPK + 25 kgha drsquoureacutee) soit des doses faibles se rapprochant des pratiques paysannes Le traitement en culture pure sans couvert veacutegeacutetal sur labour constitue un teacutemoin commun aux diffeacuterents essais conduits en Agriculture de Conservation (AC) sur reacutesidus ou sur couverture vivante

Figure 1 localisation du site drsquoIvory dans le Moyen Ouest commune de Vinany district de Mandoto

Figure 2 Pluviomeacutetrie par deacutecade sur le site drsquoIvory

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Figure 3 Rendements de riz sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Figure 4 Rendements de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements des systegravemes en Agriculture de Conservation sont nettement plus eacuteleveacutes que ceux obtenus en pratiques traditionnelles Le laquo riz pluvial sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses vivriegraveres raquo est de 37 agrave 47 THa (fertilisation F2) contre seulement 07 agrave 10 tHa sur labour Les systegravemes agrave base de mucuna sont les plus performants Malgreacute une faible pluviomeacutetrie agrave la 3egraveme deacutecade de feacutevrier et agrave la 2egraveme de mars en 2019 les rendements de cette anneacutee nrsquoont pas eacuteteacute affecteacutes ce qui montre bien la reacutesilience des systegravemes en agriculture de conservation sur le changement climatique Les mecircmes observations sont faites sur les rendements du maiumls associeacute

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Ces observations sont reacuteguliegraveres sur de nombreuses anneacutees et montrent qursquoune fois la fertiliteacute restaureacutee avec de fortes biomasses sans labour du sol et avec de faible dose drsquoengrais on aboutit agrave de tregraves bons rendements Lrsquoautre observation importante est la tregraves grande diffeacuterence entre les parcelles laboureacutees et les parcelles non laboureacutees avec les mecircmes doses de fertilisations Ceci srsquoexplique sur le fait que le labour mineacuteralise la matiegravere organique et entraine une perte eacutenorme par lessivage

3 Quels systegravemes pour les Hautes terres

Les systegravemes suivants sont proposeacutes pour large diffusion sur les Hautes Terres Dans le cadre de la diffusion du Projet MANITATRA II on note un fort engouement des paysans pour les systegravemes agrave base de mucuna au vue des premiers reacutesultats obtenus dans les Champs Ecoles Paysans (CEP) et dans les parcelles drsquoapplication des Collegraveges drsquoEnseignement Geacuteneacuteral (CEG) en effet pour la campagne 2019 - 2020 le systegraveme agrave base de mucuna en association avec le maiumls deacuterobeacute dans lrsquoassociation laquo maiumls + haricot raquo ou mecircme en jachegravere de mucuna a connu une adoption importante sur les Hauts terres

31 Le maiumls associeacute au haricot deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la campagne suivante

Le maiumls associeacute au haricot est tregraves courant sur les hautes terres donc agrave la maturiteacute du haricot et mecircme avant la reacutecolte on segraveme le mucuna sur la ligne du haricot La biomasse de maiumls va srsquoassocier agrave celle du mucuna pour constituer un lit de semis pour le riz pluvial sans labour agrave la prochaine campagne Normalement le lit de semis est tregraves peu infesteacute de mauvaises herbes si la biomasse du mucuna arrive agrave couvrir le sol

32 Le maiumls associeacute au soja deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la saison suivante

Comme avec le systegraveme preacuteceacutedent avant la maturiteacute du soja on segraveme le mucuna dans la ligne du soja On peut mecircme le semer agrave la voleacutee

33 Les associations avec lrsquoavoine en vue de production de fourrages

Dans le systegraveme preacuteceacutedent (maiumls + soja) au lieu de semer du mucuna on peut semer de lrsquoavoine qui servira par la suite de fourrage Comme avec le mucuna la parcelle est propre dans un couvert drsquoavoine Le paysan peut preacutelever une partie de la biomasse de lrsquoavoine pour le fourrage

34 Habiller le riz pluvial avec drsquoautres leacutegumineuses

Sur les Hautes Terres une parcelle de riz pluvial qui existe deacutejagrave peut ecirctre habilleacute avec du Pois drsquoAngole ou avec du crotalaire ce qui eacutevitera drsquoavoir une faible biomasse de riz agrave la prochaine campagne Cette pratique a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet MANITATRA II

35 Les embocagements des cultures

Les embocagements de parcelles se feront avec du Tephrosia vogellii une leacutegumineuse tregraves adapteacutee aux reacutegions drsquoaltitude jusqursquoagrave 2000 m Crsquoest aussi un reacutepulsif contre les insectes Cette leacutegumineuse peut pousser tregraves haut jusqursquoagrave 150 m mais on peut aussi la tailler en fin de saison de pluie et les produits de la taille (feuille et rameaux) peuvent ecirctre ajouteacutes agrave la biomasse de la parcelle

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4 Quels systegravemes pour le Moyen Ouest

Le systegraveme phare dans le Moyen Ouest est le systegraveme agrave base de Stylosanthes mais les

systegravemes agrave base de leacutegumineuses annuelles sont aussi deacuteveloppeacutes en parallegravele avec le stylo car les petits paysans avec moins de 1 ha nrsquoont pas envie de srsquoinvestir dans une jachegravere de stylo

41 Le Stylosanthes comme systegraveme phare

Comme deacutecrit plus haut le stylo est la plante de couverture drsquoexcellence pour reacutegeacuteneacuterer les sols deacutegradeacutes Mais contrairement agrave ce qursquoon a veacutehiculeacute comme message auparavant on propose de labourer quand le paysan a envie de revenir aux leacutegumineuses annuelles Cette recommandation est valable notamment pour les petits producteurs ne pouvant pas supporter la jachegravere drsquoune anneacutee Il est important de souligner qursquoune jachegravere de Stylo peut ecirctre planteacutee en maiumls ou en manioc agrave faible densiteacute Par ailleurs la jachegravere de stylo permet aussi de reacutecolter des semences qui sont tregraves demandeacutees actuellement drsquoougrave un compleacutement de revenus important pour le paysan

42 Le maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial

Tous les systegravemes agrave base de maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial ont eacuteteacute testeacutes dans les sites drsquoIvory et peuvent ecirctre diffuseacutes dans le Moyen Ouest ce qui offre un large choix par rapport aux autres reacutegions Il est important de deacuterober du mucuna avec les leacutegumineuses agrave faible biomasse (nieacutebeacute tsiasisa haricot soja)

5 Quels systegravemes au Lac Alaotra

Le Lac Alaotra est connu pour ses grandes surfaces de baiboho et de Riziegraveres agrave Mauvaise Maicirctrise drsquoEau (RMME) ceci agrave cause des fortes eacuterosions des bassins versants reacutesultant drsquoune pluviomeacutetrie violente et de la fragiliteacute du sol drsquoorigine tectonique Dans ces conditions le maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses en rotation avec le riz pluvial est le systegraveme phare sur baiboho et le systegraveme rotation laquo Rizcultures maraichegraveresVesce raquo sur RMME Parmi les leacutegumineuses la

dolique associeacutee au maiumls est agrave privileacutegier car cette plante de couverture est bien adapteacutee dans cette reacutegion

6 Quels systegravemes pour les zones semi-arides de lrsquoAndroy

Le problegraveme essentiel dans lrsquoAndroy est lrsquoeacuterosion eacuteolienne en plus de lrsquoeacuterosion hydrique Crsquoest ainsi que le pois drsquoAngole a eacuteteacute largement utiliseacute en brise-vent mais aussi en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols tregraves deacutegradeacutes par le systegraveme de forecirct de Cajanus

Parmi les leacutegumineuses la dolique est endeacutemique dans la reacutegion mais le mucuna les nieacutebeacutes rampants le konoke (leacutegumineuse endeacutemique du genre Phaseolus sp) sont reacutepandus et bien adopteacutes

Une approche de diffusion par les blocs agro-eacutecologiques a permis une forte adoption de lrsquoAgro-eacutecologie dans lrsquoAndroy seacutedimentaire

7 Quels systegravemes pour le Boeny

Tous les systegravemes deacutecrits plus hauts sont applicables dans le Boeny Il faut noter toutefois la preacutedominance du Vigna radiata (Antsoroko) et nieacutebeacute rampant type Lojomena et du nieacutebeacute type Black Eyes sur les baiboho A cause de la forte eacuterosion des bassins versants dans cette reacutegion les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal sont agrave privileacutegier Un grand effort de formation des intervenants locaux est indispensable

Photo 15 Vigna radiata

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Conclusions

Cet essai de capitalisation est loin drsquoecirctre parfaite Crsquoest un travail qui demande agrave

ecirctre actualiseacute avec le temps Nous nrsquoavons pas couvert toutes les reacutegions mais globalement les systegravemes reposent tous sur les fondamentaux de lrsquoAgriculture de Conservation et de lrsquoAgro-eacutecologie Par ailleurs en plus des formations des intervenants locaux la production de semences de plantes de couverture pose un problegraveme dans beaucoup de reacutegion Il faut noter que le site drsquoIvory et la commune de Vinany ont eacuteteacute une zone de production de semences de couverture pendant de longues anneacutees

Drsquoautres problegravemes qui ne sont pas eacutevoqueacutes dans cet article sont les feux de brousse en saison segraveche et les divagations drsquoanimaux qui diminuent eacutenormeacutement la biomasse laisseacutee sur les sols agrave la prochaine campagne Une prise de conscience collective des paysans semble donner des reacutesultats comme en teacutemoignent les paysans de la commune de Vinany dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra

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Reacutefeacuterences bibliographiques

1 ANCOS 2016 Reacutegistre des espegraveces et varieacuteteacutes exploiteacute dans le systegraveme laquo Semence de Qualiteacute Deacuteclareacutee raquo dans le Sud de Madagascar ANCOS Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche

2 DURRELL 2020 Lrsquointroduction de lrsquoinnovation Agro eacutecologie pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire des communauteacutes aux alentours des Aires proteacutegeacutees (Baie de Baly et Lac Alaotra) et zone humide de Lac Sofia Lot II Y 49 J Ampasanimalo (101) BP 8511 Antananarivo 101 ndash Madagascar httpswwwdurrellorgwildlife httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

3 GSDM 2020 Rapport annuel anneacutee 3 intervention du GSDM dans le Projet PAPAM composante 2 GSDM lot VA 26 Y Ambatoroka ANTANANARIVO 101

4 HUSSON O SEGUY L CHARPENTIER H RAKOTONDRAMANANA MICHELLON R RAHARISON T et al (2013) Manuel pratique du semis direct de Madagascar GSDMCIRADhttpgsdm-mgorgwp-contentfilesManuel_SCV_Mada_V_IntegraleMedpdf

5 RAKOTONDRAMANANA 2019 Rapport de mission de capitalisation dans le PLAE III BOENY 17 au 23 Feacutevrier 2019 PLAE ANALAMAHITSY ANTANANARIVO 101

6 RAKOTONDRAMANANA et al 2018 La rotation ou lrsquoassociation avec le mucuna reacuteduit consideacuterablement les attaques de chenilles leacutegionnaires sur le maiumls Journal de lrsquoAgro-eacutecologie Ndeg7 httpopen-libraryciradfrfiles62385__JAE_NC2B07pdf

7 RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANJAKA J 2016 Rapport de mission de reconnaissance et de diagnostic du Projet SOHAVELO ASARA programme europeacuteen de seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle dans la reacutegion Sud et Sud Est de Madagascar ASARAAINA AVSF Lot VG 25 Antsahabe BP 3149- Antananarivo 101 ndash Madagascar httpopen-libraryciradfr

files62394__Rapport_de_mission_SOHAVELO_VFpdf

8 RAHARISON T et al 2018 Rapport drsquoeacutetude drsquoimpact des pratiques des blocs agro eacutecologiques diffuseacutees dans le cadre du projet HOBA GRET Antananarivo

9 RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019 Diversiteacute et importance des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols dans les exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar Journal de lAgro-eacutecologie Ndeg8 2019 httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

10 h t t p s w w w s u p a g r o f r r e s s - p e p i t e s PlantesdeCouvertureresStylosanthespdf

11 httpsfrwikipediaorgwikiArachis

12 httpsfrwikipediaorgwikiVicia

13 h t t p s f r w i k t i o n a r y o r g w i k i pois_dE28099Angole

14 httpsfrwiktionaryorgwikicrotalaire

15 httpsfrwikipediaorgwikiPois_mascate

16 httpsfrwikipediaorgwikiVigna_unguiculata

17 httpsfrwikipediaorgwikiHaricot_mungo

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SUCCESS STORIES

La technique du lombricompost se diffuse de paysan agrave paysan

Lrsquoutilisation agrave outrance des produits chimiques en tant que pesticides et fertilisants durant lrsquoegravere

de la reacutevolution verte nrsquoavait fait que renforcer les effets du changement climatique sur lrsquoagriculture Hormis son prix eacuteleveacute les engrais de synthegravese solubles laissent toujours des reacutesidus ayant des impacts preacutejudiciables agrave lrsquoenvironnement Dans le cadre de ses projets de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie le GSDM tend agrave former les paysans sur les proceacutedeacutes de fabrication de diffeacuterents types de compost dont le vermicompostage Cela dans lrsquooptique de rendre la production agricole plus durable et plus respectueuse de lrsquoenvironnement Les suivantes sont les teacutemoignages de paysans sur les inteacuterecircts du lombricompostage

Dans la commune rurale drsquoAnkazomiriotra au niveau du village drsquoAmbohitrinibe Fokontany Belanitra Est Madame RABEBINIRINA Minompamonjy David (Mme Mino) fait partie de ces paysans qui ont su tirer profit de lrsquoutilisation du lombricompost

Nrsquoayant pas de zeacutebu nous eacutetions obligeacutes drsquoacheter drsquoeacutenorme quantiteacute de fumiers et drsquoengrais pour fertiliser nos champs Crsquoeacutetait peacutenible vu que notre revenu couvrait difficilement le montant de nos besoins Vers 2013 nous avons assisteacute aux seacuteances de formations et drsquoanimations prodigueacutees par les techniciens travaillant sur le projet pilote Manitatra 1 Apregraves ces formations

ils nous ont fait don de 250g de vers Aujourdrsquohui nous en disposons drsquoau moins 20Kg Les reacutesultats que nous avons obtenus degraves la premiegravere anneacutee drsquoutilisation du lombricompost a eacuteteacute probant Drsquoabord la charge de travail due au transport de fertilisant vers le champ srsquoeacutetait beaucoup amoindri car nous nrsquoavons plus qursquoagrave transporter tout au plus le dixiegraveme du volume de fumier de parc qursquoon utilisait avant En effet 30 agrave 40 kg de lombricompost peut amplement suppleacuteer agrave 2 charrettes de fumier de parc Le sarclage est aussi devenu plus facile car le preacute-compostage a permis drsquoeacuteliminer les graines drsquoadventices qui dlsquohabitude viennent avec les fumiers organiques Ensuite les cultures reacutesistent mieux agrave la segravecheresse et les plantes parasites Par exemple nous avons constateacute que le riz devient plus vigoureux face aux attaques du striga Le rendement est de plus en plus soutenu et les produits maraicircchers sont moins sujets agrave la deacutegradation

La fabrication de lombricompost demande certes une certaine rigueur mais est tout agrave fait agrave la porteacutee de chaque paysan Il vous faut juste preacuteparer du preacute-compost qui servira de nourriture aux vers En plus il est indispensable drsquoarroser et de veacuterifier peacuteriodiquement la tempeacuterature Lrsquoessentiel des travaux consiste agrave seacuteparer les vers des composts mucircrs Il nous arrive encore drsquoacheter du fumier de parc pour servir drsquoappoint au preacute-compost mais ccedila en vaut la peine

Avec notre unique andain nous arrivons agrave produire 600kg de compost par mois

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Nous nrsquoutilisons que le quart de notre production Le reste est vendu agrave des clients qui viennent drsquoun peu partout agrave Madagascar La plus grosse commande que nous avons eue en 2019 eacutetait de 15tonne La production de lombricompost contribue beaucoup agrave nos ressources peacutecuniaire car il nous arrivons agrave lrsquoeacutecouler jusqursquoagrave 1000Ar le kilo

Madame Mino peut ecirctre joint aux numeacuteros suivants 034 19 777 50033 13 412 10

Un autre paysan en la personne de Monsieur RAZAFINDRAKOTO Emilson (Dadakoto) habitant agrave Antanety 2 Commune Antanifotsy a aussi adopteacute le lombricompostage Les suivants sont ses points de vue quant agrave lrsquoutilisation du lombricompost

Nous avons construit le premier andain suite aux seacuteries drsquoanimation-formation effectueacutees par le paysan leader et le technicien du projet Manitatra 2 travaillant dans notre zone Ce premier andain eacutetait devenu productif agrave partir du mois de juin 2019 Je commence juste agrave produire du lombricompost mais jrsquoai deacutejagrave constateacute les reacutesultats sur la bonne veacutegeacutetation de mes maiumls et de mes riz par rapport agrave ce que jrsquoai eu auparavant Afin drsquoaugmenter la production nous avons construit drsquoautres andains et aujourdrsquohui nous en avons 5

Nous avons commenceacute avec 1kg de vers et maintenant nous en avons autour de 60kg Jusqursquoagrave preacutesent ma production est entiegraverement destineacutee agrave lrsquoautoconsommation Nous les utilisons surtout sur nos cultures de tanety comme le riz et le maiumls associeacute aux leacutegumineuses Je trouve qursquoil est plus inteacuteressant drsquoutiliser du lombricompost que de fumier de parc Actuellement je nrsquoutilise presque plus drsquoengrais chimique

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Produit biologique de lutte contre les Chenilles leacutegionnaires drsquoAutomne (CLA) la menace est maitriseacutee un article du Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la pecircche

(Source publication facebook du MAEP le 14 deacutecembre 2019)

Deacutesormais les producteurs de maiumls Malagasy ne devraient plus ecirctre anxieux et inquiets

face agrave la Chenille Leacutegionnaire drsquoAutomne ou CLA La menace est maicirctriseacutee Gracircce aux efforts du Ministegravere de lAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) agrave travers les techniciens de la DPV et de la FOFIFA des diffeacuterents chercheurs de lUniversiteacute dAntananarivo de lEssagro et dexperts africains appuyeacutes par la FAO une souche biologique appeleacutee BT ou Bacillus Thuringiensis a eacuteteacute deacutecouverte Les tests ont deacutemontreacute que cette bacteacuterie naturelle et endeacutemique agrave Madagascar est capable de tuer la CLA Meacutelangeacute agrave 50g de riz blanc elle peut recouvrir 1ha de champ de maiumls

Notons quelle naffecte ni lenvironnement ni la santeacute humaine Madagascar sest aussi doteacute de sa strateacutegie nationale quinquennale de lutte contre la CLA Telles sont parmi les grandes avanceacutees du PROJET DAPPUI DURGENCE Agrave LA MISE EN PLACE DUN SYSTEME DE SURVEILLANCE DE RIPOSTE ET DE LUTTE INTEGREacuteE CONTRE LA CLA meneacute avec lappui technique et financier de la FAO

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Fenetre sur lAgriculture Biologique agrave MadagascarRakotondramanana GSDM

Un projet de loi sur lrsquoAgriculture biologique a eacuteteacute preacutepareacute sur lrsquoinitiative du Syndicat Malgache de lrsquoAgriculture Biologique (SIMABIO) et du MAEP et sera incessamment soumis agrave lrsquoAssembleacutee

Nationale Suite agrave cela un voyage drsquoeacutetude au Maroc et en Tunisie a eacuteteacute reacutealiseacute en vue des perspectives drsquoeacutelaboration drsquoune Strateacutegie Nationale drsquoAppui agrave lrsquoAgriculture Biologique agrave Madagascar (SNABio)

La mission a vu la participation drsquoune deacuteleacutegation conduite par le Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) accompagneacutee du Preacutesident du SIMABIO du projet Coordonnateur National du projet CASEF de lrsquoassistant technique du projet CASEF du repreacutesentant de la recherche (FOFIFA) et du directeur exeacutecutif du GSDM

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Le secteur de lrsquoAgriculture Biologique (AB) agrave Madagascar est en pleine croissance depuis plusieurs anneacutees Repreacutesentant actuellement un chiffre drsquoaffaire annuel de lrsquoordre de 55 Meuro geacuteneacutereacutes par plus drsquoune centaine drsquoentreprises employant 7000 salarieacutes et srsquoapprovisionnant aupregraves de plus de 20 000 agriculteurs le secteur est quasiment exclusivement orienteacute vers lrsquoexportation drsquoune large gamme de produits agricoles beacuteneacuteficiant drsquoune forte typiciteacute (eacutepices fruits tropicaux huiles essentielles cacao crevettes etc) principalement vers lrsquoEurope

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les Etats-Unis le Japon (source CASEF) Les produits bio malgaches sont issues drsquoagriculture bio par des entreprises locales mais aussi de la cueillette Compareacute aux autres pays le coucirct de la certification est trop eacuteleveacute agrave cause du manque de concurrence (un seul organisme certificateur agreacuteeacute ECOCERT)

Au Maroc lrsquoAgriculture biologique repreacutesente de lrsquoordre de 60 Meuro drsquoexportation et en Tunisie 205Meuro mais dans ces deux pays on assiste agrave un marcheacute local en cours de progression Le tableau suivant reacutesume lrsquoagriculture Bio dans les deux pays Globalement les produits exporteacutes sont domineacutes par lrsquohuile drsquoOlive bio dans les deux pays

A lrsquoissue de la mission des perspectives pour Madagascar ont eacuteteacute souleveacutees sous forme drsquoenseignements et reacuteflexions bull Creacuteer un dispositif drsquoappui conseil technique et financier ciblant les producteurs et les entreprises

AB en synergie avec les meacutecanismes existants (FDA Banques IMF etc)bull Subventionner la certification =gt Accroitre la concurrence entre organismes de Controcircle et de Certification (OCC) =gt Agreacutement et controcircle effectif de la part des pouvoirs publicsbull Concevoir une strateacutegie ciblant une diversiteacute de filiegraveres prioritaires de maniegravere inclusive par

exemple Exports Filiegraveres inteacutegreacutees eacutecotourisme Filiegraveres courtes laquo petits producteurs raquo au systegraveme de garantie par Certification de Territoire (CT) et Systegraveme Participatif de Garantie (SPG)

bull Mise en place de centres de recherche technique deacutedieacute agrave lrsquoAB reacutepondant agrave la demande (par ex contrat programme recherche - reacutegions - organisations professionnelles)

bull Conceptionmise en œuvre drsquoun dispositif de formation AB avec obligation de modules dans les cursus agricoles

bull Dynamiser la professionnalisation et la structuration des producteurs et des entreprises malgaches dans lrsquoAB

bull Poursuivre lrsquointeacutegration du secteur priveacute (amont et aval) dans les diffeacuterentes laquo aregravenes raquo institutionnelles deacutefinition des strateacutegies conception et pilotage des dispositifs drsquoappui etc

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La mise en place des parcelles dapplication en Agro-eacutecologie a eacuteteacute effectueacutee au niveau des 8

collegraveges de la reacutegion Boeny Les enseignants et eacutelegraveves ont eacuteteacute accompagneacutes et encadreacutes par les ingeacutenieurs agronomes du GSDM et les techniciens locaux

Une repreacutesentante de la deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo a visiteacute les

reacutealisations du GSDM dans le cadre du projet Manitatra 2 De nombreux points inteacuteressants pouvant ecirctre valoriseacutes dans le cadre dune future coopeacuteration ont eacuteteacute souleveacutes En attendant certaines observations seront agrave partager au cours dun eacuteveacutenement de la Commission europeacuteenne qui se tiendra courant de la 3egraveme semaine du mois de feacutevrier 2020 agrave Bruxelles

Le GSDM maitient lappui technique des 12 eacutetablissements beacuteneacuteficiaires de linteacutegration

de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire dans le Vakinankaratra Il sagit des 6 eacutecoles pilotes PAPAM et des 6 autres extensions reacutealiseacutees dans le cadre du projet MANITATRA 2 Pour lanneacutee scolaire 2019-2020 la mise en place des cultures de grande-saison la mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique ainsi que les suivis reacuteguliers des tehcniciens ont eacuteteacute reacutealiseacutes Quelques enseignants du CEG de Vinany du CEG de Betafo ont mecircme beacuteneacuteficieacutes dune formation de recyclage

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Mise en place de la parcelle dapplication en Agro-eacutecologie au niveau du CEG Mariarano Boeny

Visite des reacutealisations du GSDM projet MANITATRA 2 par une repreacutesentante de la

deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo

Mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique aux 12 eacutetablissements du

Vakinankaratra

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AVRIL 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull RAKOTO HERIMANDIMBY Reneacute - Superviseur de zone du Sud-Est Projet PAPAMbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo AGRISUD- membre du GSDMRubrique laquoDossierraquo GSDMRubrique laquoRechercheraquo Dp SPAD - Partenaire technique du GSDM Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA 2)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth avril 2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

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Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

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- Mission de suivi du Comesa les 16 et 17 mars 2020- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020 - Formation CSAFRDA Makanara du 25 au 28 mars 2020

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Emission FIVOHY sur la RNM Tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Deuxiegraveme session de formation des enseignants Boeny du 07 au 10 Avril 2020- Formation des parents deacutelegraveves collegravege Boeny preacutevue durant la semaine du 20 Avril 2020- Visite-eacutechange inter-reacutegional des enseignants parents et elegraveves preacutevue en fin du mois dAvril 2020

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Page 7: Edition trimestrielle N° 9 / 2020

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La preacuteparation des parcelles drsquoapplication et la mise en place des cultures de grande saison a eacuteteacute eacutegalement reacutealiseacutee au niveau des 8 eacutetablissements de la reacutegion Boeny Pour lrsquooccasion les ingeacutenieurs du GSDM ont fait le deacuteplacement pour accompagner des techniciens locaux et encadrer les enseignants et les eacutelegraveves Le transfert de connaissances theacuteorique et pratique se deacuteroule en fonction des plans drsquoaction proposeacutes par eacutetablissement et les techniciens srsquoassurent que tout se passe bien au travers de leurs freacutequents passages Actuellement lrsquoeacutequipe du GSDM et de lOffice de lEducation de Masse et du Civisme (OEMC) sont en train de concevoir le livret ludique adapteacute agrave la reacutegion Boeny et enchainent les missions de suivi pour garantir un bon reacutesultat

Transfert de connaissances travaux pratiques au niveau des parcelles dapplication

Ndeg PTF Collegraveges Cisco Enseignants formeacutes

Agents deacutecentraliseacutes

OEMC

Elegraveves 6egraveme

Elegraveves 5egraveme

1

GIZPRO-SOL

CEG Tsaramandroso

Ambato Boeny 4

1 DREMC1 BEMC Cisco

Ambato Boeny1 BEMC Cisco

Majunga 2

50 50

2 CP ADMIS Manerinerina

Ambato Boeny 4 30 25

3 CEG Ankijabe Ambato Boeny 4 116 43

8 Ecole Priveacutee MEMORIAL Ankijabe

Ambato Boeny 4 30 20

4 CEG Manerinerina Ambato Boeny 4 177 71

6 LP LES MEILLEURS Manerinerina

Ambato Boeny 4 50 28

7 CEG Mariarano Mahajanga II 4 40 30

8 CEG Ambovondramanesy Mahajanga II 4 58 32

Total 32 3 551 299

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Le GSDM est engageacute dans la mise en œuvre des mesures de protection des sols et de reacutehabilitation des terres dans le Boeny

Equipe GSDM

Dans le cadre des projets globaux SEWOH (Un monde sans faim) le Projet de conservation

et de reacutehabilitation des sols (ProSol) au travers du champ drsquoaction A laquo mise en œuvre de mesures de protection des sols et reacutehabilitation des terres raquo est exeacutecuteacute par le consortium Eco-consult GOPA dans les 6 communes reacuteparties dans 3 districts (Mahajanga II Ambatoboeny et Mitsinjo) dans la reacutegion du Boeny Les activiteacutes programmeacutees reposent sur la conception et la reacutealisation de plans drsquoameacutenagements et de gestion durable des paysages

Le projet collabore avec le GSDM pour appuyer le lancement de sites eacutecoles sur les techniques de protection et reacutehabilitation des sols pour former et conseiller des techniciens Ces activiteacutes sont poursuivies et deacuteveloppeacutees en partenariat avec les ONG locales sur trois lots de communes bull AIM pour le district de Mahajanga II bull MAZAVA pour le district drsquoAmbatoboeny bull AMADESE pour le district de Mitsinjo

Lrsquoobjectif est drsquoaccompagner les eacutequipes de 3 ONG partenaires de Prosol pour les activiteacutes lieacutees au Plan dlsquoAmeacutenagement Durable du Paysage

(PAGDP) afin que les paysans soient sensibiliseacutes formeacutes pour la mise en place des essais dans les sites eacutecoles qursquoils disposent des semences neacutecessaires et reacutealisent la planification eacutetablie

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Dans ce cadre lrsquoexpertise du GSDM concerne la reacutealisation des diagnostics du milieu et des systegravemes drsquoexploitation des meacutenages agricoles afin de formuler des propositions techniques et de strateacutegies drsquointervention (Champ eacutecole paysan (CEP) sites de production de semence etc) pour la protection des sols ougrave la restauration de leur fertiliteacute dans ces trois Districts Elle consiste eacutegalement agrave former et conseiller les techniciens des ONG locales

Les reacutealisations du GSDM sont les suivantes

bull Mise en œuvre de diagnostics compleacutementaires dans les sites prioritaires reacutealiseacutes en deux eacutetapes Avril-mai 2019

bull Identification concerteacutee des 6 sites eacutecoles issue des missions drsquoavril-mai 2019

bull Reacutealisation de la Planifications participatives drsquoameacutenagement dans les 06 sites eacutecoles reacutealiseacutee en juillet 2019

bull Formulation des propositions techniques issue de la planification participative et valideacutees ensemble avec les acteurs concerneacutes

bull Formation des acteurs concerneacutes y compris les ONG drsquoaccompagnement reacutealiseacutee en Aoucirct et deacutebut septembre 2019

bull Enquecircte pour la compreacutehension du fonctionnement des meacutenages et pour la situation T0 de suivi-eacutevaluation reacutealiseacutee en deacutecembre 2019

bull Appui et accompagnement des techniciens des ONG agrave la mise en place des cultures de grande saison dans les zones drsquointervention du projet PROSOL reacutealiseacutee en deacutecembre 2019

bull Suivi en cours de culture pour le renforcement

de capaciteacutes des techniciens et les eacutechanges avec les paysans reacutealiseacutees en feacutevrier 2020

Drsquoautres interventions du GSDM sont eacutegalement preacutevues dans le cadre de ce projet entre autres

bull Lrsquoeacutevaluation qualitative des reacutealisations avant reacutecolte

bull La seacutelection des paysans multiplicateurs de semences (choix de parcelles formation sur les principes et les eacutetapes cleacutes de la production de semences jusqursquoaux opeacuterations post-reacutecolte)

bull Les appuis aux DRAEP sur les mesures et estimations de rendements

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Le GSDM accompagne le Projet ATASEF dans la mise en place de champs eacutecole en Agro-eacutecologie dans le District drsquoAnkazobe

Le GSDM a eacuteteacute mandateacute par l Organisation de Soutien pour le Deacuteveloppement Rural

agrave Madagascar de la Fondation AGA KHAN (OSDRM) (convention de service Ndeg2019_DecaTD-002 du 26 novembre 2019) pour appuyer et accompagner lrsquoeacutequipe du projet ATASEF en vue de la mise en place des champs eacutecoles paysans ou CEP agro-eacutecologiques dans le district drsquoAnkazobe Le Projet ATASEF ou laquo Appui agrave la Transition Agroeacutecologique par la Seacutecurisation Economique et Fonciegravere raquo est un projet financeacute par lrsquoAFD dans le cadre de la Faciliteacute drsquoInnovation Sectorielle pour les ONG (FISONG) Lrsquoobjectif principal du projet consiste agrave reacuteduire la pauvreteacute et la vulneacuterabiliteacute des meacutenages agricoles de la Zones drsquoInvestissement Agricole (ZIA) drsquoAnkazobe Parmi les activiteacutes preacutevues pour les beacuteneacuteficiaires figurent notamment lrsquoinitiation et lrsquoaccompagnement agrave lrsquoagroeacutecologie et la mise en œuvre des ameacutenagements

Un des principaux enjeux sur lequel le projet se base dans ses actions est que laquo lrsquoinseacutecuriteacute fonciegravere constitue un frein agrave lrsquoameacutelioration de la production agricole la non mise en valeur de terres mecircme propices agrave lrsquoagriculture et qui constitue aussi agrave son tour un obstacle agrave leur seacutecurisation fonciegravere formelle raquo

Dans ce cadre le projet vise agrave donner aux meacutenages lrsquoopportuniteacute de seacutecuriser leurs droits fonciers sur des terrains qursquoils devront mettre en valeur ameacutenager et exploiter en suivant des techniques agro-eacutecologiques et agroforestiegraveres

Les objectifs speacutecifiques du Projet consistent agrave bull Contribuer au deacuteveloppement drsquoune activiteacute

agro-sylvo-pastorale seacutedentaire dans la ZIA par la promotion de lrsquoagro-eacutecologie et lrsquoadaptation au changement climatique

bull Renforcer le rocircle socioeacuteconomique des meacutenages de la ZIA

bull Et seacutecuriser le capital foncier des meacutenages de la ZIA Les groupes cibles du projet sont les meacutenages extrecircmement pauvres (vivant avec moins de 1 USD par jour et par personne) et vulneacuterables

LrsquoAgro-eacutecologie est inteacutegreacute dans les ProjetsProgrammes

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Le Projet dAppui agrave la transition Agro-eacutecologique par la seacutecurisation eacuteconomique et fonciegravere (ATASEF) srsquoeacutetale sur 3 ans de 2017 agrave 2020 et preacutevoit agrave terme i) la seacutecurisation fonciegravere par voie de certification de 450 Ha de terrains dans les Communes de Kiangara et Tsaramasoandro dans la partie Nord du district drsquoAnkazobe et dans la limite mecircme de la reacutegion drsquoAnalamanga (limitrophe avec la reacutegion de Betsiboka) et ii) un accompagnement technique et socio-organisationnel dans le processus de mise en valeur drsquoameacutenagement et drsquoexploitation des terres de 225 meacutenages vulneacuterables beacuteneacuteficiaires

Drsquoapregraves le document du Projet les activiteacutes srsquoorientent sur bull Lrsquoappui agrave lrsquoorganisation des producteurs

structureacutes en Groupes drsquoEpargne Communautaire ou GEC

bull Lrsquoinstallation la seacutecurisation fonciegravere et lrsquoinclusion financiegravere des meacutenages par la promotion des chaicircnes de valeur et lrsquoagriculture contractuelle avec la culture du taro (Saonjo) qui se complegravetent au systegraveme de riziculture

bull Lrsquoappui agrave lrsquointensification Agroeacutecologique et agrave lrsquointeacutegration eacuteconomique

Lrsquoobjectif principal de lrsquointervention du GSDM consiste donc agrave appuyer et accompagner lrsquoeacutequipe du projet ATASEF pour la mise en place des champs eacutecoles paysans ou CEP agroeacutecologiques dans le district drsquoAnkazobe

Les objectifs speacutecifiques sont de bull Reacutealiser un diagnostic de terrain pour mieux

comprendre les enjeux et les contraintes locaux et mieux orienter les propositions ainsi que les strateacutegies de mise en œuvre

bull Concevoir et mettre en œuvre des techniques drsquoagroeacutecologie agrave appliquer dans les cinq villages au niveau des communes rurales de Kiangara et de Tsaramasoandro

bull Former et accompagner les techniciens drsquoencadrement

bull Appuyer les techniciens agrave la mise en place de champs eacutecoles paysans permettant la diffusion de cette innovation

bull Former les paysans membres de GEC au

niveau des champs eacutecoles paysans et au travers des visites eacutechanges au niveau des sites agroeacutecologiques du GSDM dans la reacutegion du Vakinankaratra (Ivory Mandoto) et au sein du projet MANITATRA 2

Le diagnostic sur terrain a eacuteteacute meneacute par deux agents du GSDM en particulier de l Agroeacuteconomiste et du Responsable enquecircte et BDD les 6 et 7 deacutecembre 2019

Sur terrain les observations du milieu les enquecirctes focus group les enquecirctes aupregraves des meacutenages agricoles et lrsquoeacutelaboration drsquoune typologie des meacutenages agricoles ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau de cinq Champs eacutecoles paysans ou CEP choisis par le projet Il srsquoagit de 4 CEP dans la commune de Kiangara dont Tsarafara de Bemasoandro drsquoAnosimbary et drsquoAntsahalava et drsquoun CEP agrave Vohitsara dans la commune de Tsaramasoandro

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La formation en Agro-eacutecologie en faveur des agents a eacuteteacute reacutealiseacutee du 7 au 9 janvier 2020 et lrsquoappui et accompagnement des techniciens agrave la mise en place des champs eacutecoles du 21 au 23 janvier 2020 Lrsquoobjectif de la formation est de permettre aux techniciens d assurer la formation et lrsquoaccompagnement des beacuteneacuteficiaires sur les pratiques Agro-eacutecologiques dans les zones drsquointervention du projet Huit (8) participants ont assisteacute agrave la formation dont le Responsable de Programme Reacutegional OSDRM le chef de projet ATASEF 2 animateurs et 4 agents de terrain du projet ATASEF

Les geacuteneacuteraliteacutes en matiegravere drsquoAgro-eacutecologie et les pratiques adapteacutees dans les zones drsquointervention du projet ATASEF ont eacuteteacute preacutesenteacutees et discuteacutees durant la formation theacuteorique en salle Pour cette premiegravere session lrsquoembocagement et les bandes veacutegeacutetales lrsquoassociation et la rotation des cultures les composts et la lutte biologique lrsquoagroforesterie ont eacuteteacute deacuteveloppeacutes durant 4 jours de formation en salle Les travaux pratiques ont eacuteteacute reacutealiseacutes agrave Bemasoandro commune Kiangara et agrave Vohitsara commune Tsaramasoandro Lrsquoorganisation de lrsquooccupation de lrsquoespace et de la mise en place des cultures sur les diffeacuterentes parties du terrain ont eacuteteacute discuteacutees Le renforcement de quelques pieds des plants deacutejagrave planteacutes sur des lignes de courbe de niveau (Khaya Paulownia et Acacia) a eacuteteacute effectueacute sur un terrain de plus de 2 hectares agrave Bemasoandro Outre la mise au point sur la technique de traccedilage des courbes de niveau les avantages de lrsquoinstallation des plantes de couverture dans les cultures deacutejagrave en place ont eacuteteacute expliqueacutes aux techniciens et aux agriculteurs preacutesents agrave Vohitsara Lrsquo Appui et lrsquoaccompagnement des techniciens

du projet ATASEF agrave la mise en place des CEP et lrsquoinstallation des plantes ameacuteliorantes de fertiliteacute (leacutegumineuses) dans les cultures deacutejagrave en place au niveau des agriculteurs beacuteneacuteficiaires sont encore preacutevus avant la fin du mois de janvier 2020 Par ailleurs lrsquoappui conseil sur lrsquoameacutelioration du fumier la fabrication de composts et la lutte agro-eacutecologique seront eacutegalement preacutevus pour cette campagne culturale 2019-2020

Des actions de communication de masse pour accompagner la diffusion de lrsquoAgro-eacutecologie

Les actions de communication accompagnent la mise agrave lrsquoeacutechelle

de la diffusion des techniques ainsi que lrsquoanimation et la sensibilisation en Agro-eacutecologie Elles se traduisent par la valorisation des acquisexpeacuteriences au travers de la conception et lrsquoeacutedition des supports de communication adapteacutes aux diffeacuterentes cibles du GSDM Il srsquoagit essentiellement des eacutemissions radioteacuteleacute des films et des supports de formation de la gestion des reacuteseaux sociaux de lrsquoeacutedition des journaux et revues de la participation aux ateliers strateacutegiques aux eacutevegravenements promotionnels et autres plateformes drsquoanimation tant sur le plan national qursquointernational Derniegraverement le GSDM a participeacute dans le guide de lrsquoenvironnement du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable (MEDD) le magazine Mahavokatse du MAEP et de lrsquoagenda 2020 du MAEP

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Production et acquisition de fumure organique pour la gestion de la fertiliteacute des sols par les exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice (CIRADAIDA) RAZANAKOTO

Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina (GSDMMontpellier SUPAGRO)

RECHERCHES

1 Introduction

Dans le ndeg8 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait la diversiteacute et lrsquoimportance

des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols agrave partir des reacutesultats obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Les aspects concernant la fumure organique nrsquoavaient eacuteteacute qursquoeffleureacutes ils sont traiteacutes dans cet article qui preacutesente les reacutesultats obtenus sur les mecircmes exploitations agricoles familiales (EAF) du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Pour plus drsquoinformations sur le projet Secure et sur les aspects mateacuteriels et meacutethodes le lecteur est inviteacute agrave consulter le ndeg8 de JAE et le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats preacutesenteacutes sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

Les fertilisants organiques produits par les EAF des zones drsquoeacutetude sont divers Les fumiers sont les plus importants en lien avec les animaux de lrsquoexploitation (bovins porcs volailles lapins)

le systegraveme drsquoeacutelevage et les techniques de production En plus de ces fumiers utiliseacutes purs ou meacutelangeacutes il existe des laquo composts raquo traditionnels fabriqueacutes avec les ordures meacutenagegraveres des cendres etou autres matiegraveres organiques ajouteacutees (ces fumures sont appeleacutees zezi-pako et zezi-davenona) et aussi des composts dont la production suit les techniques diffuseacutees dans le cadre de programmes de deacuteveloppement Les EAF peuvent eacutegalement avoir recours au marcheacute de la fumure organique pour augmenter la disponibiliteacute (acheter ou eacuteventuellement eacutechanger) mais aussi pour vendre

La production et lrsquoacquisition de fumures organiques sont caracteacuteriseacutees ici dans leur diversiteacute Lrsquoanalyse des pratiques montre les logiques suivies par les EAF La variabiliteacute observeacutee est forte notamment en terme de quantiteacutes disponibles qui suggegravere une gamme de propositions adapteacutees de la part de la recherche et du deacuteveloppement pour ameacuteliorer ces pratiques qui sont la clef de voute de la gestion de la fertiliteacute des sols et de la durabiliteacute des systegravemes de culture

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RECHERCHES

2 La fumure organique produite dans Les EAF

La production de fumure organique (FO) a eacuteteacute eacutevalueacutee1 pour lrsquoanneacutee enquecircteacutee (2016) Toutes les EAF en ont produit sauf trois (moins de 1) qui nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux2 durant toute lrsquoanneacutee et qui nrsquoont pas valoriseacute leurs ordures meacutenagegraveres sous forme de compost

21 Quantiteacutes et composition

Parmi les types de FO (Figure 1) on note lrsquoimportance du fumier meacutelangeacute les exploitations qui ont plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage meacutelangent souvent les deacutejections qui fermentent ensemble dans le parc agrave bœuf ou pendant leur stockage dans une fosse ou simplement en tas Souvent les exploitants y ajoutent les deacutechets meacutenagers des cendres et dans certains cas drsquoautres reacutesidus de culture ou deacutechets (voir infra) Crsquoest donc un produit fertilisant dont la composition et la qualiteacute varient fortement drsquoune EAF agrave une autre

La production moyenne annuelle de FO par EAF (Figure 1) est plus importante dans la zone drsquoArivonimamo (217 tonnes) que dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra (187 tonnes) Les constituants principaux sont le fumier meacutelangeacute et le fumier de bovins qui agrave eux deux repreacutesentent 72 de la FO totale agrave Mandoto et 83 agrave Arivonimamo Lrsquoeacutecart entre les deux moyennes nrsquoest pas tregraves eacuteleveacute mais il est significatif et la diffeacuterence srsquoexplique drsquoabord par un nombre drsquoanimaux drsquoeacutelevage en moyenne plus important dans la zone drsquoArivonimamo (18 bovins et 7 porcs par EAF) que dans la zone de Mandoto (14 bovins et 23 porcs) Il existe une relation lineacuteaire positive entre le nombre moyen de bovins ou la valeur du cheptel dans lrsquoEAF et la quantiteacute de FO produite (coefficients de correacutelations respectivement de 057 et 062 signification agrave 001)

Figure 1 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF selon les zones

1 On notera que cette eacutevaluation a eacuteteacute faite sur la base des deacuteclarations des exploitants agricoles avec les uniteacutes tradition-nelles que sont la charrette le sac la soubique (panier) etc Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes 250 kgcharrette (en reacutefeacuterence agrave Saint Andreacute et al 2016) 30 kgsac et 10 kgsoubique Ainsi les reacutesultats preacutesenteacutes sont des ordres de grandeur mecircme si les chiffres semblent indiquer une certaine preacutecision et si la taille conseacutequente de lrsquoeacutechantillon fait que les approximations se compensent2 Comme pour la production de FO lrsquoeacutelevage est la norme puisque seules 1 des EAF nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte On notera que le fait de ne pas avoir drsquoanimal agrave un moment donneacute ne signifie pas que lrsquoexploitation ne pratique pas lrsquoeacutelevage lrsquoabsence drsquoanimal est le plus souvent conjoncturelle et un indicateur de difficulteacutes eacuteconomiques

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Au-delagrave des diffeacuterences de quantiteacute on note lrsquoimportance du compost traditionnel (zezi-pako) agrave Mandoto avec 16 de la FO alors qursquoagrave Arivonimamo il ne repreacutesente que 1 Le zezi-pako est constitueacute essentiellement agrave partir des ordures domestiques et de veacutegeacutetaux reacutecolteacutes sur ou en dehors de lrsquoEAF (Ravonjiarison et al 2018) Il est reacuteputeacute ne pas contenir de deacutejection animale (mecircme si selon les deacuteclarations 60 des EAF en ajoute voir infra) et srsquoil en contient crsquoest en faible quantiteacute Il peut ecirctre brucircleacute surtout srsquoil contient beaucoup de veacutegeacutetaux peu deacutegradeacutes Le zezi-pako est utiliseacute plutocirct par les petites exploitations les grandes exploitations preacutefeacuterant produire du compost Les quantiteacutes de composts laquo modernes raquo ne sont pas significativement diffeacuterentes entre les zones

22 Les produits apporteacutes dans le fumier et le compost

Les produits apporteacutes pour la fabrication du fumier et du compost ont des effets sur la qualiteacute

fertilisante finale des produits Comme lrsquoindique le Tableau 1 les EAF apportent des produits divers cette pratique permet drsquoaugmenter le volume de fumier produit (Alvarez S 2012 Rasolofo L I 2017) mais aussi de produire des fumures de composition variable par rapport aux caracteacuteristiques reconnues (Ravonjiarison et al 2018)

Lrsquoapport des deacutejections animales est bien sucircr fonction des animaux sur lrsquoEAF mais aussi pour les composts (et en particulier pour le zezi-pako) des deacutejections de zeacutebus ramasseacutees sur les chemins ou parcours emprunteacutes par des animaux qui appartiennent agrave drsquoautres EAF les exploitants connaissent lrsquoimportance des deacutejections animales pour la fumure des cultures et les plus pauvres avec tregraves peu drsquoanimaux ramassent des deacutejections laquo perdues raquo Ainsi 60 des EAF qui produisent du compost ajoutent dans celui-ci des deacutejections animales

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les EAF ajoutent de nombreux produits dans la fabrication du fumier autant si ce nrsquoest plus en freacutequence que pour

le compost Pour les pailles et balles de riz la prioriteacute semble ecirctre donneacutee au fumier mecircme si la freacutequence reste eacuteleveacutee pour le compost Les EAF pratiquent avec un fort pourcentage le recyclage des reacutesidus de cultures (paille de riz balles de riz autres reacutesidus de culture) Pregraves des deux tiers des EAF ajoutent du bozaka1 et une EAF sur deux qui produit du compost ajoute des feuilles drsquoarbres

Tableau 1 Principaux produits apporteacutes pour la fabrication des fumiers ou des composts (en des EAF)

Produits apporteacutes Fumier (EAF=304)

Compost (EAF=122)

Deacutejection de bovins 70

60

Deacutejection de porcs 73Deacutejection de volailles

84

Deacutejection autres animaux

1

Paille de riz 72 60Balles de riz 51 33Reacutesidus autres cultures

43 39

Bozaka 68 60Autres herbes 17 9Feuille darbres 13 50Deacutechets meacutenagers 36 54Cendres 46 57Terre fertile Terreau

3 12

Sels 4 9Vers 0 2Autres produits 4 7

1 Nom geacuteneacuterique pour deacutesigner les laquo herbes raquo et plus particuliegraverement les gramineacutees qui couvrent pentes et sommets des collines (Andropogon eucomus Aristida adscensionis etc) (source dictionnaire malgache httpmotmalgacheorgbinsteny2) Le bozaka peut avoir eacuteteacute coupeacute ou arracheacute dans ce cas il comprend les racines et un peu de terre

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Ces produits bozaka feuilles drsquoarbres autres herbes sont pour la plupart des produits de cueillette et participent agrave une laquo gestion horizontale de la fertiliteacute raquo avec un transfert drsquoeacuteleacutements fertilisants preacuteleveacutes sur drsquoautres parties du terroir et rameneacutes sur les parcelles cultiveacutees (Rollin 1994 Andriambelomanga 2017) amplifiant le mecircme transfert reacutealiseacute par les animaux (pacircturages ou parcours fumier cultures) Les autres produits utiliseacutes notamment par les EAF qui produisent du compost sont les cendres le terreau mais aussi du sel acheteacute et dlsquoautres produits comme de la dolomie de la sciure de bois etc

23 Les motivations pour la production du compost

La production de compost est lrsquoune des techniques vulgariseacutees pour augmenter

les quantiteacutes de matiegraveres fertilisantes encourageacutees par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie Les reacutesultats de lrsquoenquecircte montrent que la moitieacute des EAF agrave Mandoto et 30 des EAF agrave Arivonimamo ont deacutejagrave cette pratique

Tableau 2 Part des EAF qui produisent du compost

Mandoto ArivonimamoCompost moderne

9 12

Compost traditionnel

41 18

Total avec compost

50 30

A Mandoto ce sont les pratiques traditionnelles de production de zezi-pako qui dominent tregraves largement On notera que si le total nrsquoest que de 50 crsquoest que quelques EAF rares toutefois font les deux types de compost A Arivonimamo certainement en raison des programmes de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la technique la part des EAF avec compost laquo moderne raquo est un peu plus eacuteleveacutee mais le compost traditionnel

est moins reacutepandu On pourrait penser que le fumier se substitue au compost crsquoest-agrave-dire qursquoune EAF qui produit du fumier abandonne la production de compost car comme mentionneacute preacuteceacutedemment les EAF apportent en grande partie les mecircmes constituants aux deux types de fumure organique En fait il nrsquoen est rien 55 des EAF qui produisent du compost agrave Mandoto ont du fumier et agrave Arivonimamo ce taux est de 82

La raison principale pour laquelle les EAF produisent du compost crsquoest drsquoabord pour augmenter la quantiteacute disponible de fertilisants (34 des EAF qui ont reacutepondu) ou beacuteneacuteficier des effets en augmentant la production (11) et en ameacuteliorant la fertiliteacute des sols (9) On note tout de mecircme que 25 des EAF ont reacutepondu que crsquoeacutetait parce qursquoelles nrsquoavaient pas de fumier (et le taux est plus eacuteleveacute agrave Mandoto) Enfin 9 des EAF ont eacutevoqueacute le coucirct moindre du compost par rapport aux autres fertilisants et 12 ont donneacute des raisons que lrsquoon peut rattacher agrave une meilleure agronomie le zezi-pako est meilleur que le fumier car brucircleacute il ne transmet pas les maladies ou les graines de mauvaises herbes la cendre du zezi-pako a de nombreux avantages (notamment dans la lutte contre les ravageurs sur les peacutepiniegraveres) le compost est meilleur que les engrais pour les sols etc

Pour les EAF qui produisent du compost les contraintes principales sont pour 38 des EAF qui ont reacutepondu le temps de travail neacutecessaire (notamment pour ramasser les feuilles drsquoarbres le bozaka etc) et pour 35 des EAF la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres On notera que pour 12 des EAF il nrsquoy a pas de veacuteritable limite agrave la production de compost Enfin pour les 16 drsquoEAF restantes ces limites sont diverses lrsquoeau pour lrsquoarrosage du compost (5) mais aussi la treacutesorerie pour acheter le bozaka ou payer la main drsquoœuvre pour ramasser des matiegraveres premiegraveres le risque drsquoincendie etc

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24 Une production de FO tregraves variable selon les EAF

Malgreacute les apports sur le fumier et la production de compost la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF est faible en valeur absolue et surtout comme indiqueacute preacuteceacutedemment on observe une grande diversiteacute de situation entre les EAF avec un coefficient de variation de lrsquoordre de 90 dans les deux zones Les graphiques de la Figure 4 (voir infra la FO produite est en bleu) illustrent cette grande variabiliteacute avec des profils diffeacuterents selon les zones

Dans la zone de Mandoto comme deacutejagrave indiqueacute il y a une forte proportion drsquoEAF avec peu de fumure organique produite (plus de la moitieacute des EAF produisent moins de 15 tonnes) en raison du faible nombre drsquoanimaux et drsquoune production de compost qui reste peu importante Et ces EAF produisent environ frac14 de la fumure totale produite dans le terroir

Dans la zone drsquoArivonimamo la part des EAF avec moins de 15 tonnes est leacutegegraverement moindre (48) mais la FO produite pour lrsquoensemble de ces EAF nrsquoest que de 14 Donc un peu moins drsquoEAF mais une quantiteacute de FO produite tregraves faible On peut mettre cette diffeacuterence entre les deux zones au creacutedit de la production de compost traditionnel les EAF sans animaux sont plus importantes agrave Mandoto mais ces EAF pour compenser produisent du zezi-pako et en final sont moins deacutemunies que les EAF drsquoArivonimamoA lrsquoautre extreacutemiteacute des graphiques la part des EAF avec plus de 5 tonnes est faible agrave Mandoto agrave peine 4 des EAF et qui cumulent 6 de la FO produite totale Dans la zone drsquoArivonimamo la part de ces EAF est nettement plus importante (9) et surtout elles cumulent 29 de la FO Si on regroupe les deux derniegraveres classes la part des EAF avec plus de 3 tonnes agrave Arivonimamo est de 25 et ces EAF cumulent 58 de la FO agrave Mandoto elles sont 17 et cumulent 43 de la FO totale dans le terroir Ainsi si agrave Arivonimamo la production de FO moyenne par EAF est

supeacuterieure les ineacutegaliteacutes entre les EAF sont aussi plus importantes

3 La fumure organique disponible par EAF

La fumure organique disponible dans une EAF est en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les

fumiers produits la fabrication de composts mais aussi des eacutechanges

31 Les eacutechanges de fumure organique

Sur les Hautes Terres les eacutechanges de fumures organiques sont freacutequents que ces eacutechanges

soient marchands (achat vente) ou non (troc ou don)

Tableau 4 Part des EAF qui eacutechangent de la FO

Opeacuteration sur FO

Mandoto Arivonimamo

Ensemble 60 88- dont Achat 30 74- dont Vente 18 19- dont Troc 22 24

Comme le montre le Tableau 4 crsquoest une large majoriteacute des EAF qui eacutechangent de la fumure organique A Arivonimamo la pratique est presque geacuteneacuteraliseacutee avec 88 des EAF qui sont concerneacutees par au moins une opeacuteration drsquoentreacutee ou de sortie de FO

Si les opeacuterations drsquoeacutechanges non moneacutetariseacutes (troc ou don) et les ventes concernent agrave peu pregraves le mecircme pourcentage drsquoEAF dans les deux zones la diffeacuterence est forte en ce qui concerne les achats puisque agrave Arivonimamo ce sont presque 3 EAF sur 4 qui achegravetent de la FO Dans cette zone ougrave les productions maraichegraveres sont importantes les EAF sont agrave la recherche de fumure organique en termes de quantiteacutes pour augmenter le disponible mais aussi de qualiteacute (fumiers de porcs ou de volailles)

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Pour les eacutechanges sous forme de troc la fumure organique est eacutechangeacutee contre du travail (travail manuel ou prestation par exemple labour ou transport) contre de la paille de riz ou autres matiegravere organique (certainement pour produire du fumier) des semences (de riz ou maiumls) etc Les dons sont faits aux membres de la famille (le plus souvent des parents vers les enfants) mais aussi au meacutetayer voire agrave des voisins moins bien doteacutes Il y a donc un marcheacute de la fumure organique entre EAF drsquoune zone donneacutee mais aussi avec des EAF ou drsquoautres deacutetenteurs dans des zones plus eacuteloigneacutees Ainsi agrave Arivonimamo quelques EAF ont pu acqueacuterir des deacutechets urbains et beaucoup ont acheteacute du fumier en provenance drsquoeacutelevages speacutecialiseacutes

Tableau 5 Prix moyen en Ariary drsquoune charrette de fumure organique

Mandoto ArivonimamoNbre PU moyen Nbre PU moyen

Fumier de zeacutebu 179 5 809 225 16 158Fumier meacutelangeacute 49 4 837 88 13 286Fumier de porc 5 36 000 115 41 137Fumier de volaille 3 25 000 80 49 283Compost 8 18 333Zezi-pako 29 4 500

Les prix pour une charrette1 sont tregraves diffeacuterents entre les deux zones Et on peut penser qursquoagrave Arivonimamo le marcheacute de la fumure organique est laquo tendu raquo avec une forte demande et peu de fumure localement commercialiseacutee pour y reacutepondre Cette situation a des conseacutequences sur les prix avec comme lrsquoindique le Tableau 5 des prix tregraves eacuteleveacutes agrave Arivonimamo environ 3 fois plus eacuteleveacutes qursquoagrave Mandoto Ces prix ont eacuteteacute calculeacutes agrave partir des deacuteclarations de vente ou drsquoachat par les producteurs Lrsquoeffectif (Nbre) est le nombre de charrettes sur lequel a eacuteteacute calculeacute le prix moyen La part des achats est bien sucircr beaucoup plus eacuteleveacute et le plus souvent ce prix inclut le transport ce qui nrsquoest pas un eacuteleacutement neacutegligeable notamment agrave Arivonimamo ougrave la fumure provient drsquoeacutelevages relativement eacuteloigneacutes La charrette de fumier de porc ou de volaille est nettement plus chegravere que le fumier de zeacutebus ou de fumier meacutelangeacute Mais ce sont ces deux types de fumier qui sont les plus commerceacutes en quantiteacute

On notera que le pourcentage des EAF qui achegravetent est nettement supeacuterieur agrave celui des EAF qui vendent Les eacutechanges pourraient srsquoeacutequilibrer au niveau du territoire (le fokontany) par les quantiteacutes avec des EAF qui vendraient de grandes quantiteacutes et des EAF qui achegraveteraient de petites quantiteacutes En fait dans notre eacutechantillon (tireacute au sort et donc avec autant de chances de tirer un vendeur qursquoun acheteur) les eacutechanges ne srsquoeacutequilibrent pas et les quantiteacutes vendues ne repreacutesentent que 38 des quantiteacutes acheteacutees agrave Mandoto et seulement 22 agrave Arivonimamo Ainsi globalement les EAF achegravetent des fumures organiques agrave des exploitations agricoles drsquoautres fokontany et ceci est particuliegraverement reacutepandu agrave Arivonimamo avec des EAF qui achegravetent aux eacutelevages de poulets de chair de poules pondeuses ou de porcs proches de la ville drsquoImerintsiatosika

1 Aucune information nrsquoa eacuteteacute collecteacutee sur le poids des charrettes car le travail aurait eacuteteacute trop lourd agrave reacutealiser Ce poids deacutepend du niveau de remplissage mais aussi et beaucoup de la qualiteacute de la fumure organique Comme deacutejagrave indiqueacute pour faire les conversions nous avons utiliseacute le poids de 250 kg par charrette pour couvrir tous les types de fumure et eacuteviter les surestimations Certains pourront consideacuterer ce poids comme sous-estimeacute

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Figure 2 Evolution de la fumure moyenne produite par EAF

La fumure produite dans une EAF nrsquoest pas la fumure disponible celle-ci eacutevolue en fonction

des eacutechanges La Figure 2 preacutesente la situation moyenne drsquoune EAF selon la zone On constate que la quantiteacute de fumure disponible pour les cultures (apregraves entreacutees et sorties) est en moyenne plus importante que la fumure produite (voir aussi Tableau 6) Ainsi agrave Arivonimamo la fumure disponible passe agrave 29 tonnes par EAF alors que la quantiteacute produite est de lrsquoordre de 22 tonnes A Mandoto lrsquoeacutecart nrsquoest pas si important mais reste significatif avec respectivement 21 et 19 tonnesAinsi on peut deacuteduire de ces donneacutees que la strateacutegie des EAF est drsquoaugmenter la production de fumure organique sur lrsquoEAF (eacutelevage compost) mais aussi drsquoaugmenter la fumure organique disponible pour fertiliser les parcelles en achetant sur le marcheacute ou en srsquoapprovisionnant agrave travers

des eacutechanges non marchands Et cette strateacutegie est particuliegraverement dominante agrave ArivonimamoMais ces tendances geacuteneacuterales cachent de fortes dispariteacutes Ainsi les 3 EAF qui nrsquoavaient pas produit de FO en ont obtenu par achat et troc mais 4 EAF ont ceacutedeacute toute leur fumure organique Ainsi il y a toujours environ 1 de lrsquoeacutechantillon qui nrsquoa pas de FO disponible

32 Quantiteacutes disponibles et variabiliteacute

Ainsi lrsquoEAF moyenne a augmenteacute sa disponibiliteacute en FO dans les deux zones

(Figure 2 et Tableau 6) La composition (Figure 4) a eacutevolueacute par rapport agrave la FO produite (Figure 1) et ceci plus particuliegraverement agrave Arivonimamo Dans cette zone la part du fumier meacutelangeacute a fortement diminueacute (passant de 47 agrave 33) comme mais dans une moindre mesure celle du fumier bovin et ce sont les fumiers agrave base de deacutejections de porcs ou de fiente de volaille qui ont fortement progresseacute passant de 8 agrave 16 On note eacutegalement la progression du type autre FO qui est passeacute de 3 agrave 6 en lien avec lrsquoacquisition de deacutechets ou boues urbaines

Figure 3 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique disponible par EAF selon les zones

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A Mandoto les changements sont mineurs et concernent la reacutepartition entre fumier meacutelangeacute et fumier bovin ce dernier type progresse au deacutetriment du fumier meacutelangeacute Ceci srsquoexplique par le fait que les eacutechanges et en particulier moneacutetaires concernent le fumier de bovin et peu le fumier meacutelangeacute

Mais mecircme si on enregistre quelques eacutevolutions ce sont toujours le fumier de bovin et le fumier meacutelangeacute qui sont les fumures organiques les plus importantes car ils repreacutesentent plus de 70 des quantiteacutes moyennes disponibles au niveau de lrsquoEAF moyenne

Comme pour la fumure produite la fumure disponible par EAF est tregraves variable La variabiliteacute a mecircme augmenteacute avec des coefficients de variation autour de la moyenne un peu plus eacuteleveacutes pour la FO disponible Mais le recours au marcheacute et les eacutechanges non marchands ont fait fortement eacutevoluer la reacutepartition de la fumure organique entre les EAF La Figure 4 illustre ces eacutevolutions contrasteacutees selon les zones

Figure 4 Evolution de la reacutepartition des EAF et de la FO selon des classes de quantiteacutes de FO produite et disponible en tonnes

A Mandoto lrsquoeacutevolution nrsquoest pas tregraves importante les pourcentages drsquoEAF progressent en mecircme temps que les classes de quantiteacute de FO mais de maniegravere tregraves modeacutereacutee Le recours aux eacutechanges nrsquoentraicircne pas de modification spectaculaire dans le profil des graphiques que cela soit pour la reacutepartition des EAF ou pour la reacutepartition de la FO la part des EAF avec moins 05 tonne diminue de 18 agrave 15 et crsquoest la classe de 05 agrave 15 tonnes qui progresse de 3 la part des EAF les mieux pourvues (plus de 5 tonnes) progresse mais tregraves faiblement aussi

A Arivonimamo les changements sont beaucoup plus importants La part des EAF avec moins de 05 tonne diminue pour passer de 22 avec la fumure produite agrave seulement 9 pour la fumure disponible Ainsi la plus grande partie des EAF les moins pourvues se sont procureacutees de la FO sur le marcheacute ou par le troc car pour les cultures maraichegraveres il est indispensable drsquoavoir de la fumure organique Et ce sont les classes avec de plus grandes quantiteacutes de FO qui ont progresseacute de maniegravere remarquable

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les EAF avec plus de 3 tonnes sont passeacutees de 25 agrave 42 et la fumure que cumulent ces EAF est passeacutee de 58 agrave 73 La progression tregraves forte des EAF les mieux pourvues srsquoest tout de mecircme traduite par une concentration au niveau de ces EAF

33 Quantiteacute de fumure organique et surface

Lrsquoimportance de la fumure organique drsquoune EAF ne peut ecirctre appreacutecieacutee qursquoen fonction de la superficie agrave cultiver qui elle-mecircme deacutepend de la Surface Agricole Utile disponible par EAF Celle-ci varie selon la zone avec environ 15 ha agrave Mandoto et 09 ha agrave Arivonimamo

Tableau 6 Superficie et quantiteacutes moyennes par EAF

Variables par EAF Mandoto Arivonimamo

Moyenne CV Moyenne CVSAU (ha) 148 88 091 82FO produite (tonne) 187 90 218 92

FO disponible (tonne) 213 102 290 78

FO disponible (tonneha) 169 84 367 66

La quantiteacute de fumure disponible est en relation lineacuteaire avec la SAU les coefficients de correacutelation entre ces deux variables sont relativement eacuteleveacutes avec +076 agrave Mandoto et +059 agrave Arivonimamo et significatifs agrave 001 Dans les deux zones ces coefficients sont supeacuterieurs agrave ceux qui lient les variables de cheptel (nombre de bovins et valeur totale du cheptel) et les variables de SAU ainsi on peut en deacuteduire que cette relation entre quantiteacute de FO et surface nrsquoest pas seulement fonction des animaux disponibles mais bien dlsquoune strateacutegie des EAF une laquo strateacutegie de construction de la fertiliteacute raquo des sols (NrsquoDieacutenor et al 2011)

Figure 5 Nuages de points entre SAU et FO disponible pour chaque zone

Quand on ramegravene la quantiteacute de fumure organique disponible par ha de SAU la zone Arivonimamo apparaicirct nettement mieux pourvue avec pregraves de 35 t ha de SAU alors qursquoagrave Mandoto ougrave les EAF ont moins de FO disponible et plus de surface la moyenne est de 21 tonneha

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Les graphiques en nuage de points mettent en eacutevidence cette relation Les coefficients Rsup2 ne sont pas tregraves eacuteleveacutes ce qui signifie que la SAU disponible agrave elle seule nrsquoexplique pas tregraves bien la variabiliteacute observeacutee A Mandoto il y a quelques points atypiques (par exemple un producteur avec une superficie assez faible et beaucoup de fumure parce que le cheptel est important) mais la reacutegression semble repreacutesenter assez bien la situation la FO disponible est eacutegale agrave 125 fois la SAU + 03 tonnes

A Arivonimamo la reacutepartition des points est assez atypique et il semble exister deux groupes de producteurs avec des strateacutegies diffeacuterentes le premier en rouge dans le graphique vise une quantiteacute importante de FO par uniteacute de surface (35 fois la superficie plus 125 tonnes) alors que le second se rapproche de la situation de Mandoto et semble rechercher une quantiteacute de FO qui repreacutesente 15 fois la SAU + 01 tonne

Pour expliquer ces diffeacuterences entre les deux groupes il faut rechercher du cocircteacute des cultures pratiqueacutees avec pour le premier groupe des surfaces en cultures maraichegraveres plus importantes et avec pour le second un assolement beaucoup plus traditionnel (ces aspects seront analyseacutes dans le prochain article)

Ces quantiteacutes moyennes semblent cependant insuffisantes pour renouveler la fertiliteacute des sols cultiveacutes car selon les travaux de P Garin meneacutes il est vrai dans la zone du Lac Alaotra il faudrait 4 tonneshaan en moyenne de fumier pailleux neacutecessaire (Garin 1998 citeacute par Dubois 2004) pour restituer au sol la bonne quantiteacute de matiegravere organique contrebalanccedilant la mineacuteralisation de la matiegravere organique due aux cultures

Mais nombre de producteurs notamment dans la zone dArivonimamo ajoutent agrave la fumure organique des engrais mineacuteraux Ce point sera traiteacute dans le prochain numeacutero de JAE avec un article sur les strateacutegies drsquoutilisation de la fumure organique et mineacuterale

34 La qualiteacute fertilisante des fumiers

Dans le cadre du mecircme projet de recherche Secure des eacutechantillons de fumures

organiques destineacutees agrave la culture de riz pluvial ont eacuteteacute preacuteleveacutes dans 40 fermes de reacutefeacuterence (20 dans chacune des zones) pour la campagne culturale 2018-2019 Une quantiteacute drsquoenviron 700 cm3 a eacuteteacute preacuteleveacutee sur les parcelles au moment de la mise en place de la culture du riz Ces eacutechantillons ont eacuteteacute analyseacutes et les reacutesultats donnent une indication de la qualiteacute moyenne des fumiers produits et utiliseacutes dans les zones

Tableau 3 Qualiteacute des fumiers utiliseacutes (en de la matiegravere segraveche)

Zone pH N P KMandoto 86 11 03 18Arivonimamo 82 10 07 13

Avec des pH supeacuterieurs agrave 8 les fumiers permettent de corriger laciditeacute des sols (qui ont souvent des pH de deacutepart autour de 5) par leur pouvoir alcalinisant et dameacuteliorer dans la dureacutee les sols pour les rendre plus favorables aux cultures exigeantes comme le maiumls le soja le haricot les cultures maraichegraveres etc

La qualiteacute selon les trois principaux eacuteleacutements (N=Azote P=Phosphore et K=Potassium) peut ecirctre ainsi commenteacutee

bull N les teneurs moyennes en azote sont plutocirct faibles dans les 2 zones mettant en lumiegravere la neacutecessiteacute de mieux conserver cet eacuteleacutement tregraves mobile par dallage couverture rajout de pailles de riz ou de fanes de leacutegumineuse pour stockage de lurine Toutes les plantes ont besoin drsquoazote

bull P une teneur en phosphore nettement plus eacuteleveacutee agrave Arivonimamo en raison dassociations de deacutejections agrave base de volaille et de porc (dont une partie est acheteacutee voir infra) Mais ces teneurs sont faibles alors que lrsquoinsuffisance des sols en phosphore est tregraves souvent un des principaux facteurs limitant pour les cultures

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La FO avec ses faibles teneurs en P est de maniegravere geacuteneacuterale insuffisante pour lever ce facteur limitant

bull K les teneurs en potassium sont relativement eacuteleveacutees dans les deux zones par concentration des pailles par lrsquoajout de cendres de balles de riz ou de balles de riz en lrsquoeacutetat Le potassium est important notamment pour les cultures fruitiegraveres et maraicircchegraveres

Pour appreacutecier la qualiteacute en terme de nutrition des plantes on peut comparer les apports du fumier agrave ceux drsquoun engrais NPK 112216 (utiliseacute couramment dans la reacutegion) Le fumier moyen entre les deux reacutegions agrave des teneurs que lrsquoon peut arrondir agrave 1N 05P 15K en matiegravere segraveche (MS) ainsi en faisant simplement le rapport avec les des analyses 1 kilogramme drsquoengrais eacutequivaut pour N agrave 11 kgfumier MS pour P agrave 44 kgfumier MS et pour K agrave 11 kgfumier MS

Pour se rapprocher des pratiques paysannes il faut faire la comparaison avec des matiegraveres fraicircches et en uniteacute traditionnelle Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes le poids en MS eacutequivaut agrave 50 du poids en matiegravere fraiche une charrette de fumure organique pegravese1 250 kg Ainsi une charrette de fumier de faible qualiteacute eacutequivaut pour N agrave 11 kg pour P agrave 3 kg et pour K agrave 12 kg de lrsquoengrais NPK (112216) utiliseacute pour la comparaison

Si on fait la comparaison en termes de prix avec le kilogramme drsquoengrais agrave 2 200 Arkg (prix de 2019) et une charrette agrave 10 000 Ar lrsquouniteacute fertilisante coucircte avec lrsquoengrais environ 4 500 Ar et 2 700 Ar avec la charrette de fumier Ainsi lrsquoapport de FO est nettement plus inteacuteressant sur le plan eacuteconomique et ceci drsquoautant plus que la fumure est autoproduit valorisant ainsi lrsquoeacutelevage

1 Comme deacutejagrave indiqueacute le poids de la charrette varie for-tement selon le volume de remplissage et la qualiteacute du fumier Avec du fumier de bonne qualiteacute une charrette peut peser 400 kg voire plus mais avec du fumier de mauvaise qualiteacute ou du zezi-pako le poids peut descendre nettement en dessous des 250 kg Pour prendre en compte lrsquoensemble des types de fumure or-ganique nous avons adopteacute le poids moyen de 250 kgcharrette (notamment en reacutefeacuterence agrave Saint-Andreacute et al 2016)

etou le travail familial Cet amendement a aussi de nombreuses autres qualiteacutes que nrsquoa pas lrsquoapport drsquoengrais mineacuteraux avec des effets sur la structure et la faune du sol lrsquoapport drsquoeacuteleacutements fertilisants secondaires et des utilisations agronomiques inteacuteressantes (par exemple pour ameacuteliorer la leveacutee des cultures)

Ces calculs ont eacuteteacute faits avec des reacutefeacuterences moyennes plutocirct deacutefavorables agrave la FO (notamment le poids de la charrette) or les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de la qualiteacute et de la quantiteacute du fumier produit sont nombreuses (Salgado et Tillard 2012) avec des effets positifs sur la productiviteacute de la terre et du travail (Marline 20152) Dans le cadre des fermes de reacutefeacuterence sur les deux zones des agriculteurs appuyeacutes par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie se sont engageacutes dans un processus dameacutelioration des fumures organiques et peuvent ecirctre des reacutefeacuterents pour la diffusion des techniques

4 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La fumure organique disponible dans une EAF est fonction des quantiteacutes produites (en

moyenne 217 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 187 tonnes dans le MO du Vakinankaratra) en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les pratiques de compostage Mais pas seulement car le recours au marcheacute ou au eacutechanges non marchands font eacutevoluer de maniegravere significative agrave la fois les quantiteacutes disponibles par EAF mais aussi la qualiteacute et la reacutepartition entre les EAF La FO moyenne disponible est de 29 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 21 tonnes dans le MO du Vakinankaratra Rameneacutee agrave la SAU la quantiteacute de FO disponible est 367 tonnes par ha agrave Arivonimamo et 169 tha agrave Mandoto

2 Apregraves avoir enquecircteacute trente exploitations agricoles de la reacutegion Vakinankaratra Marline conclut que laquo lrsquoadoption des pra-tiques drsquoameacutelioration de la qualiteacute du fumier ne se traduit pas par une augmentation significative du coucirct de production du fumier notamment en raison des eacuteconomies drsquoeacutechelle dans la fabrication du fumier de qualiteacute En utilisant les reacutesultats des expeacuterimenta-tions de BIOVA lrsquoeacutepandage du fumier ameacutelioreacute sur les parcelles augmenterait la productiviteacute agricole de la terre de 27 et la pro-ductiviteacute globale du travail de 23 raquo (Marline 2015)

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Les produits ajouteacutes au fumier sont nombreux et la production de compost traditionnel ou laquo moderne raquo est reacutepandue

Ainsi que cela soit en termes de pourcentage drsquoEAF inteacuteresseacutees ou en termes de motivation il y a dans ces deux zones une base solide de pratiques et de connaissances paysannes sur laquelle peut srsquoappuyer la vulgarisation de lrsquoameacutelioration de la quantiteacute et de la qualiteacute du fumier et la production de compost

La recherche a commenceacute agrave analyser la diversiteacute de ces pratiques et leurs effets sur la production Un grand nombre de matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et animales sont recycleacutees et les premiers reacutesultats montrent drsquoimportantes synergies entre elles avec des associations courantes avec les engrais

La theacutematique de la fertilisation organique est importante pour les agriculteurs de ces zones Parmi diffeacuterentes pratiques agroeacutecologiques lrsquoutilisation des FO est assez geacuteneacuteraliseacutee et les agriculteurs adoptent via ces pratiques des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute (cf paragraphe 33) Dans cette optique les accompagnements et renforcements de la part des acteurs du deacuteveloppement rural nous semblent tregraves pertinents en matiegravere drsquoaugmentation en quantiteacute et en qualiteacute Les reacutefeacuterences drsquoameacutelioration existent deacutejagrave (Salgado et Tillard 2012 Rasolofo et al 2018) Des plantes ameacuteliorantes peuvent ecirctre eacutegalement utiliseacutees agrave lrsquoeacutechelle des EAF ou du territoire On peut citer les plantes reacutepulsives qui ameacuteliorent les FO dans la lutte contre les insectes (cf reacutefeacuterences du GSDM) les Tithonia qui apportent une quantiteacute significativement importante de K compareacutes agrave diffeacuterents types de fumiers (Olabode et al 2007) etc

Lrsquoeacutetude reacutevegravele eacutegalement que lrsquoutilisation des fumiers meacutelangeacutes provenant de plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage est une pratique courante des agriculteurs dans les deux zones Lrsquoameacutelioration des conduites drsquoeacutelevage dont lrsquoalimentation la santeacute ou lrsquohabitat pourrait ainsi ecirctre une autre faccedilon de rehausser la qualiteacute fertilisante des FO encore consideacutereacutee comme faible Lrsquoameacutelioration

dans ce cas devrait concerner de plus en plus les animaux agrave cycle court tels que les volailles etou les porcs En fait crsquoest parce que lrsquoeacutelevage bovin est menaceacute par les vols alors que les EAF ont toutes au moins des volailles au sein de leur exploitation

Les agriculteurs savent que la fumure organique est la base pour une bonne gestion de la fertiliteacute des sols qursquoelle permet drsquoameacuteliorer lrsquoefficience des engrais apporteacutes et qursquoelle peut aussi jouer un rocircle de leveacutee de certaines deacuteficiences De nouveaux enjeux apparaissent comme pour le compost avec la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et un besoin de reacutefeacuterentiel technico-eacuteconomique pour faire eacutevoluer la production de zezi-pako vers un compost avec plus de qualiteacutes fertilisantes

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Les plantes de services en Agro-eacutecologie les rotations et successions des cultures leccedilons apprises du GSDM

Rakotondramanana Raharison T Randriamitantsoa M Moussa N Razanamparany C Tokiherinionja TF Sandratriniaina R R

Randriamiarana V Razaka M

Introduction

Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale les paysans pratiquent toujours des associations de cultures mais

pour la plupart il srsquoagit drsquoassociation laquo gramineacutee ndash gramineacutee raquo qui ne contribue pas du tout agrave la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols Dans le district de Mandoto par exemple lrsquoassociation maiumls + riz pluvial (41 des surfaces) manioc + maiumls (19 des surfaces) maiumls + arachide (10 des surfaces) sont les plus dominantes (RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019) A part lrsquoassociation avec lrsquoarachide ces associations nrsquoont pas beaucoup drsquointeacuterecirct dans la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et devraient changer en association gramineacutees - leacutegumineuses en utilisant les plantes de couverture agrave forte capaciteacute de reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols en plus de leurs proprieacuteteacutes eacuteprouveacutees en tant que plantes de services Lrsquoassociation du maiumls avec le haricot est tregraves courante aussi bien sur les Hautes Terres que dans le Moyen Ouest crsquoest une association ougrave lrsquoon a deux cultures alimentaires en mecircme temps mais la biomasse de la leacutegumineuse le haricot se mineacuteralise tregraves vite et nrsquoest plus visible apregraves la saison segraveche De mecircme lrsquoassociation du maiumls avec le soja est aussi tregraves freacutequent sur les Hautes Terres et surtout sur les sols volcaniques drsquoAntsirabe et de Betafo mais comme le haricot le soja se mineacuteralise tregraves vite et ne contribue pas beaucoup agrave la biomasse

Le but principal de cet article est de rappeler les principales plantes de couvertures en compleacutetant avec les acquis du GSDM dans les principales reacutegions de Madagascar ceci par rapport aux donneacutees du Manuel pratique du semis direct de Madagascar (HUSSON O et al 2013) un travail collectif sous la houlette drsquoOlivier HUSSON ougrave nous avons largement contribueacute et dont les principales informations ont eacuteteacute soit actualiseacutees soit compleacuteteacutees

Brefs aperccedilus des principales plantes de couvertures ou drsquoembocagement des parcelles

11 Le mucuna

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc) mais ses proprieacuteteacutes en agronomie nrsquoont eacuteteacute que tregraves peu documenteacutees ou sont resteacutees inconnues Pourtant cette leacutegumineuse a un tregraves grand inteacuterecirct en agronomie

Photo 1 Une bonne biomasse de mucuna

111 Une leacutegumineuse pour la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et la lutte contre le striga

Dans le site drsquoIvory sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + Mucuna varient de 468 agrave 485 tha en F1 et de 5 agrave 536tha en F2 et les rendements de maiumls en association avec le Mucuna varient de 44 agrave 487 tha en F1

1 et de 53 agrave 56tha en F2

2 Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020)

1 F1 5 tha de fumier de ferme

2 F2 F1 + 80 kgha de NPK 11- 22 ndash 16 et 25 kg ha drsquoureacutee

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Ce systegraveme bisannuel en agriculture de conservation permet drsquoobtenir des rendements stables de la production de riz et de maiumls associeacute Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans et dans les eacutecoles (CEG) appuyeacutees par le GSDM

112 Une leacutegumineuse pour lutter contre les mauvaises herbes

Photo 2 Apregraves une biomasse de mucuna (jachegravere de mucuna en haut et biomasse de mucuna associeacute avec du maiumls en bas) pas de

mauvaises herbes pour la culture suivante

113 Un reacutepulsif contre les insectes et mecircme contre drsquoautres ravageurs des cultures

Contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) LrsquoONG DURRELL qui a introduit des

associations agrave base de mucuna dans les aires proteacutegeacutees a pu observer que le mucuna limite aussi les attaques de sangliers (DURRELL 2020) Les varieacuteteacutes noires type Garadake du CTAS ou marbreacute existent mais il semble que la varieacuteteacute noire est la plus appreacutecieacutee

12 Le nieacutebeacute eacuterigeacute

Le nieacutebeacute (Vigna unguiculata subsp unguiculata) est une sous-espegravece veacutegeacutetale du Vigna unguiculata originaire drsquoAfrique Probablement introduit en Ameacuterique tropicale au XVIIegraveme siegravecle par les Espagnols le nieacutebeacute est aujourdhui largement cultiveacute dans le Sud des Eacutetats-Unis aux Caraiumlbes et au Breacutesil et bien sucircr en Afrique Les observations faites sur de longues anneacutees montrent que le nieacutebeacute eacuterigeacute David est adapteacute agrave tous les types de sols dans tous les milieux agrave Madagascar Sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute proposeacutee dans les zones humides de la Cocircte Est uniquement agrave cause de problegraveme de production de semences Comme le haricot crsquoest une leacutegumineuse alimentaire agrave cycle court mais qui exige des traitements insecticides freacutequents

Photo 3 Nieacutebeacute eacuterigeacute cv David CEG Antokofoana

Sa biomasse peu lignifieacutee se deacutegrade tregraves vite et demande agrave ecirctre associeacutee avec une biomasse lignifieacutee comme celle du maiumls ou du sorgho

Madagascar est connu pour sa production de nieacutebeacute type laquo Black eyes raquo exporteacute vers plusieurs pays mais surtout vers lrsquoinde Crsquoest la reacutegion drsquoAmbato Boeny sur les baiboho du Betsiboka qui est la reacutegion de production la plus importante

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13 Les nieacutebeacutes rampants

Les nieacutebeacutes rampants sont des varieacuteteacutes locales seacutelectionneacutes par les paysans sur de longues anneacutees en geacuteneacuteral dans les zones segraveches comme le Sud Malgache La varieacuteteacute SPLF2 seacutelectionneacutee par lrsquoONG TAFA dans la reacutegion du Sud-Ouest renommeacute actuellement FARIMASO par le CTAS ou la varieacuteteacute BABOKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy sont des exemples de nieacutebeacute rampant (ANCOS 2016) Les nieacutebeacutes rampants existent en nombre important dans les zones segraveches mais ne sont pas toutes exploiteacutees Leur gros avantage dans le couvert veacutegeacutetal reacuteside dans leur biomasse tregraves lignifieacutee donc ne se mineacuteralise pas trop vite En plus ils sont tregraves adapteacutes dans tous types de sols en zones segraveches comme ici sur la photo que nous avons prise agrave Tsihombe sur sol tregraves sableux en 2016 une anneacutee tregraves segraveche dans le Sud (RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANAJAKA J 2016

Photo 4 Nieacutebeacute rampant sur sable roux Imongy Tsihombe 2016 peacuteriode tregraves segraveche

dans le Sud

14 Le Vigna radiata

Le Vigna radiata ou Antsoroko est une leacutegumineuse comestible par lrsquohomme au mecircme titre que les nieacutebeacutes Un exemple de ce type de leacutegumineuse est la varieacuteteacute MORAMASAKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy (ANCOS 2016) Les Antsoroko sont cultiveacutes par les paysans ou sont endeacutemiques dans les reacutegions de lrsquoAndroyAnosy dans le Sud-Ouest dans les bassins seacutedimentaires du Menabe du Boeny et du Nord-Ouest donc il y a une grande possibiliteacute de seacutelection de varieacuteteacutes dans les populations existantes Dans le Boeny nous

avons pu identifier une varieacuteteacute drsquoAntsoroko agrave forte biomasse qui srsquoassocie bien avec le maiumls (RAKOTONDRAMANANA 2019)

Photo 5 Antsoroko Bongomena Commune Rurale Marovoay

15 La dolique

Le lablab (Lablab purpureus syn Dolichos lablab L Dolichos purpureus L) eacutegalement appeleacute pois antaque (ou Antaka en Malgache) ou dolique dEacutegypte est une espegravece de leacutegumineuse de la famille des Fabaceae qui est largement reacutepandu comme plante alimentaire dans les reacutegions tropicales notamment en Afrique Plante alimentaire traditionnelle en Afrique ce leacutegume peu connu preacutesente un potentiel inteacuteressant pour ameacuteliorer la nutrition renforcer la seacutecuriteacute alimentaire favoriser le deacuteveloppement rural et soutenir lameacutenagement durable du territoire Dans lrsquoAndroy la dolique est torreacutefieacutee pileacutee au

Photo 6 Dolique photo sur internet

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mortier avec le maiumls et sert de repas riche pour beaucoup de communauteacute

A Madagascar la dolique est geacuteneacuteralement cultiveacutee dans les reacutegions infeacuterieures agrave 1200 m drsquoaltitude (HUSSON O et al 2013) mais pas partout A part lrsquoAndroy et les bassins seacutedimentaires de lrsquoOuest et du Nord-Ouest la dolique se cultive sur les baiboho de la rive Est du Lac Alaotra La dolique donne une biomasse lignifieacutee qui associeacutee avec celle du maiumls creacutee un excellent lit de semis du riz pluvial agrave la prochaine campagne sur la base des reacutesultats sur la rive Est du Lac Alaotra en particulier

Diffeacuterentes varieacuteteacutes ont eacuteteacute seacutelectionneacutees par le CTAS dans lrsquoAndroy Vorompotsy (CTAS D1) Manja (CTAS D2) Ondragne (CTAS D3) Lohapitse (CTAS D4) Les varieacuteteacutes agrave cycle long sont appreacutecieacutees dans le Sud

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Seasea Antake ambahe Antake salazagne) marron port rampant originaire de Tsihombe (ougrave elle est appreacutecieacutee) peu inteacuteressante pour le district drsquoAmbovombe (sensible aux insectes)

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Anta-drazagne Antake mena) rouge ou blanc port rampant tregraves appreacutecieacutee dans le district drsquoAmbovombe pour sa reacutesistance aux insectes

16 Le Stylosanthes guianensis

Crsquoest le systegraveme phare en semis sous couvert veacutegeacutetal dans le Moyen Ouest Le laquo Stylo raquo comme on lrsquoappelle localement ressemble un peu agrave Medicago sativa la luzerne cultiveacutee en France Le stylo a eacuteteacute introduit agrave Madagascar dans le Moyen Ouest pour la production de fourrages Mais cette vieille varieacuteteacute est actuellement sensible agrave lrsquoanthracnose si bien que le GSDM avec le projet Bassin Versant et Peacuterimegravetre Irrigueacute du Lac Alaotra (BV Lac) a introduit en 2004 la varieacuteteacute CIAT 184

bull Crsquoest une leacutegumineuse peacuterenne aux feuilles trifolieacutees on la cultive en moyenne sur un cycle de 3 ans mais qui peut se reconstituer facilement avec les graines tombeacutees dans le sol mecircme apregraves un labour

bull Elle produit une forte biomasse (5 agrave 10 T de matiegravere segraveche sur sol deacutegradeacute et jusqursquoagrave 20 T sur sol riche)

bull Elle fixe entre 70 et 200 kg drsquoazote agrave lrsquohectare bull Son puissant systegraveme racinaire pivotant

restructure les sols bull Son port buissonnant jusqursquoagrave 1m80 de haut

la rend agressive vis agrave vis de la plupart des adventices comme le Striga plante parasite du riz et du maiumls agrave Madagascar

bull Crsquoest un excellent fourrage et elle peut ecirctre pacirctureacutee

bull Ses fleurs sont mellifegraveres il fleurit agrave une peacuteriode ougrave lrsquoabsence de fleurs affaiblit les abeilles creacuteant une continuiteacute juste avant la floraison du litchi

Photo 7 Une bonne biomasse de Stylosanthes Coopeacuterative FANILO

Amparihy commune Vinany

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Ces caracteacuteristiques expliquent qursquoon la surnomme aussi laquo luzerne tropicale raquo et cela en fait un excellent preacuteceacutedent pour de nombreuses cultures et en particulier les plantes qui fournissent les produits de base agrave Madagascar riz et maiumls

Le Stylosanthes guianensis srsquoadapte agrave un large spectre de sols et en particulier les sols acides (elle est capable de produire des nodules agrave pH 4 ) ainsi qursquoagrave de nombreux climats jusqursquoagrave 10001

megravetres drsquoaltitude et une pluviomeacutetrie de 600 agrave 3000 mm par an

17 Les arachis

Arachis est un genre de plantes dicotyleacutedones de la famille des Fabaceae sous-famille des Faboideae originaire dAmeacuterique du Sud qui compte 70 espegraveces annuelles ou vivaces LrsquoArachis apporte beaucoup drsquoazote au sol et en plus crsquoest une plante largement utiliseacutee comme plante mellifegravere

Deux espegraveces ont eacuteteacute essayeacutees agrave Madagascar lrsquoArachis pintoiuml et lrsquoArachis peacuterenne Cette leacutegumineuse a eacuteteacute largement diffuseacutee dans le Pays dans les cultures de rente (cafeacuteier poivrier vanillier giroflier) et dans les cultures fruitiegraveres

Photo 8 Arachis pintoiuml

1 1000 m Corrigeacute par lrsquoauteur le texte initial eacutetait 1600 m drsquoaltitude agrave Madagascar le Stylo nrsquoest plus cultiveacute au-dessus de 1000 m drsquoaltitude

18 La vesce

Vicia sativa la vesce cultiveacutee ou vesce commune est une plante annuelle appartenant agrave la famille des Fabaceacutees du mecircme genre que la fegraveve ou le haricot La vesce commune est cultiveacutee en tant que fourrage mais crsquoest aussi un excellent engrais vert Elle est de plus une plante inteacuteressante pour lrsquoeacutelevage des abeilles et peut eacuteventuellement ecirctre consommeacutee par lrsquohomme De plus la vesce a des difficulteacutes agrave se deacutevelopper dans les sols tregraves argileux

La vesce a eacuteteacute essayeacutee un peu partout agrave Madagascar mais crsquoest surtout au Lac Alaotra sur baiboho et sur colluvions de bas de pente riche qursquoelle a connu un succegraves Au Lac Alaotra la vesce rentre dans un systegraveme Rizcultures maraicircchegraveresvesce Dans ce systegraveme le riz beacuteneacuteficie de la biomasse de la vesce et de lrsquoarriegravere effet de la fertilisation des cultures maraicircchegraveres En plus de sa biomasse on reacutecolte les semences avant de la rouler pour le semis du riz Essayeacute dans les autres reacutegions de Madagascar la vesce a rencontreacute des problegravemes de rotation avec le riz irrigueacute sur les Hauts Plateaux en raison de son cycle qui srsquoallonge et retarde ainsi le repiquage du riz Par ailleurs la production de semences a eacuteteacute un problegraveme

Photo 9 Riz sur biomasse de vesce en Riziegravere agrave Mauvaise Maicirctrise dEau (RMME) M Charles Mahatsinjo CR Ambohitsilaozana Rive Est Lac

Alaotra

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19 Le Pois drsquoAngole

Le pois dAngole (Cajanus cajan syn Cajanus indicus) est une espegravece de plante vivace de la famille des Fabaceae Le pois dAngole est agrave la fois une culture vivriegravere (pois secs farine pois frais ou leacutegumes verts et une culture fourragegravere de couverture) Les pois contiennent des niveaux eacuteleveacutes de proteacuteines et dimportants acides amineacutes (meacutethionine lysine et tryptophane) En combinaison avec des ceacutereacuteales le pois dAngole constitue une alimentation humaine eacutequilibreacutee Aussi sous le nom de pois cajan pois-congo ambrevade ou pwa di bwa en creacuteole Guadeloupeacuteen le pois dAngole est une leacutegumineuse vivace agrave graine cultiveacutee en agriculture pluviale dans les reacutegions tropicales semi-arides httpsfrwikipediaorgwikiPois_d27Angole)

Photo 10 Pois drsquoAngole agrave la maturiteacute des gousses

Les expeacuteriences avec le Pois drsquo Angole ont eacuteteacute surtout obtenues dans lrsquoAndroy ougrave il a eacuteteacute utiliseacute en brise-vent en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute (forecirct de Cajanus) mais surtout a beaucoup contribueacute agrave la seacutecuriteacute alimentaire de cette zone segraveche (RAHARISON T et al 2018) en effet la consommation du pois drsquoAngole est rentreacute dans les habitudes alimentaires de certaines tribus de lrsquoAndroy et se trouve mecircme consommeacute agrave la place du haricot dans les funeacuterailles

Le Pois drsquoAngole est connu pour sa capaciteacute agrave aller chercher lrsquohumiditeacute en profondeur Etant une plante lignifieacutee il aide agrave renforcer la biomasse des autres espegraveces

110 Les crotalaires

Les crotalaires ont eacuteteacute associeacutes au riz pluvial mais sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute un succegraves Cependant les crotalaires ont lrsquoavantage drsquoavoir une biomasse lignifieacutee et qui nrsquoest pas appeacuteteacutee par les animaux Par ailleurs les crotalaires ont des racines profondes qui cherchent lrsquoeau en profondeur

Photo 11 Crotalaria gramihana endeacutemique sur les Hauts Plateaux

2 Les reacutesultats de la recherche

Nous rappelons ici les reacutesultats du site drsquoIvory pour deacutemontrer les capaciteacutes des plantes de

couverture agrave reacutegeacuteneacuterer un sol pauvre infesteacute de striga En effet le sol de ce site un sol ferralitique agrave pH 4 eacutetait abandonneacute par le proprieacutetaire agrave cause de lrsquoimpossibiliteacute drsquoy planter du maiumls et du riz agrave cause du striga

Le site drsquoIvory est situeacute agrave 100 km agrave lrsquoouest drsquoAntsirabe (pregraves de la RN 34 vers Miandrivazo) sur les plateaux de la zone centrale du Moyen Ouest dans le district de Mandoto Commune rurale de Vinany (localisation agrave la fig1) Les systegravemes mis en place ont eacuteteacute baseacutes sur les 3 dispositifs agrave savoir la lutte contre le Striga la diversification des cultures et la collection varieacutetale Les systegravemes de cultures proposeacutees ont eacuteteacute baseacutes sur la mise en place de maiumls en association avec des leacutegumineuses annuelles (vivriegraveres nieacutebeacute soja arachide Vigna umbellata) ou de plantes de couverture (mucuna et Stylosanthes) drsquoune part et la mise en place de plante de couverture fourragegravere (Arachis pintoiuml et Arachis peacuterenne)

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Sur les dispositifs des systegravemes en Agriculture de Conservation sont compareacutes au teacutemoin traditionnel laboureacute avec un minimum drsquointrants F1 (fumier seul agrave 5tha) ou F2 (F1 + 80 kgha de NPK + 25 kgha drsquoureacutee) soit des doses faibles se rapprochant des pratiques paysannes Le traitement en culture pure sans couvert veacutegeacutetal sur labour constitue un teacutemoin commun aux diffeacuterents essais conduits en Agriculture de Conservation (AC) sur reacutesidus ou sur couverture vivante

Figure 1 localisation du site drsquoIvory dans le Moyen Ouest commune de Vinany district de Mandoto

Figure 2 Pluviomeacutetrie par deacutecade sur le site drsquoIvory

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Figure 3 Rendements de riz sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Figure 4 Rendements de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements des systegravemes en Agriculture de Conservation sont nettement plus eacuteleveacutes que ceux obtenus en pratiques traditionnelles Le laquo riz pluvial sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses vivriegraveres raquo est de 37 agrave 47 THa (fertilisation F2) contre seulement 07 agrave 10 tHa sur labour Les systegravemes agrave base de mucuna sont les plus performants Malgreacute une faible pluviomeacutetrie agrave la 3egraveme deacutecade de feacutevrier et agrave la 2egraveme de mars en 2019 les rendements de cette anneacutee nrsquoont pas eacuteteacute affecteacutes ce qui montre bien la reacutesilience des systegravemes en agriculture de conservation sur le changement climatique Les mecircmes observations sont faites sur les rendements du maiumls associeacute

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Ces observations sont reacuteguliegraveres sur de nombreuses anneacutees et montrent qursquoune fois la fertiliteacute restaureacutee avec de fortes biomasses sans labour du sol et avec de faible dose drsquoengrais on aboutit agrave de tregraves bons rendements Lrsquoautre observation importante est la tregraves grande diffeacuterence entre les parcelles laboureacutees et les parcelles non laboureacutees avec les mecircmes doses de fertilisations Ceci srsquoexplique sur le fait que le labour mineacuteralise la matiegravere organique et entraine une perte eacutenorme par lessivage

3 Quels systegravemes pour les Hautes terres

Les systegravemes suivants sont proposeacutes pour large diffusion sur les Hautes Terres Dans le cadre de la diffusion du Projet MANITATRA II on note un fort engouement des paysans pour les systegravemes agrave base de mucuna au vue des premiers reacutesultats obtenus dans les Champs Ecoles Paysans (CEP) et dans les parcelles drsquoapplication des Collegraveges drsquoEnseignement Geacuteneacuteral (CEG) en effet pour la campagne 2019 - 2020 le systegraveme agrave base de mucuna en association avec le maiumls deacuterobeacute dans lrsquoassociation laquo maiumls + haricot raquo ou mecircme en jachegravere de mucuna a connu une adoption importante sur les Hauts terres

31 Le maiumls associeacute au haricot deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la campagne suivante

Le maiumls associeacute au haricot est tregraves courant sur les hautes terres donc agrave la maturiteacute du haricot et mecircme avant la reacutecolte on segraveme le mucuna sur la ligne du haricot La biomasse de maiumls va srsquoassocier agrave celle du mucuna pour constituer un lit de semis pour le riz pluvial sans labour agrave la prochaine campagne Normalement le lit de semis est tregraves peu infesteacute de mauvaises herbes si la biomasse du mucuna arrive agrave couvrir le sol

32 Le maiumls associeacute au soja deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la saison suivante

Comme avec le systegraveme preacuteceacutedent avant la maturiteacute du soja on segraveme le mucuna dans la ligne du soja On peut mecircme le semer agrave la voleacutee

33 Les associations avec lrsquoavoine en vue de production de fourrages

Dans le systegraveme preacuteceacutedent (maiumls + soja) au lieu de semer du mucuna on peut semer de lrsquoavoine qui servira par la suite de fourrage Comme avec le mucuna la parcelle est propre dans un couvert drsquoavoine Le paysan peut preacutelever une partie de la biomasse de lrsquoavoine pour le fourrage

34 Habiller le riz pluvial avec drsquoautres leacutegumineuses

Sur les Hautes Terres une parcelle de riz pluvial qui existe deacutejagrave peut ecirctre habilleacute avec du Pois drsquoAngole ou avec du crotalaire ce qui eacutevitera drsquoavoir une faible biomasse de riz agrave la prochaine campagne Cette pratique a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet MANITATRA II

35 Les embocagements des cultures

Les embocagements de parcelles se feront avec du Tephrosia vogellii une leacutegumineuse tregraves adapteacutee aux reacutegions drsquoaltitude jusqursquoagrave 2000 m Crsquoest aussi un reacutepulsif contre les insectes Cette leacutegumineuse peut pousser tregraves haut jusqursquoagrave 150 m mais on peut aussi la tailler en fin de saison de pluie et les produits de la taille (feuille et rameaux) peuvent ecirctre ajouteacutes agrave la biomasse de la parcelle

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4 Quels systegravemes pour le Moyen Ouest

Le systegraveme phare dans le Moyen Ouest est le systegraveme agrave base de Stylosanthes mais les

systegravemes agrave base de leacutegumineuses annuelles sont aussi deacuteveloppeacutes en parallegravele avec le stylo car les petits paysans avec moins de 1 ha nrsquoont pas envie de srsquoinvestir dans une jachegravere de stylo

41 Le Stylosanthes comme systegraveme phare

Comme deacutecrit plus haut le stylo est la plante de couverture drsquoexcellence pour reacutegeacuteneacuterer les sols deacutegradeacutes Mais contrairement agrave ce qursquoon a veacutehiculeacute comme message auparavant on propose de labourer quand le paysan a envie de revenir aux leacutegumineuses annuelles Cette recommandation est valable notamment pour les petits producteurs ne pouvant pas supporter la jachegravere drsquoune anneacutee Il est important de souligner qursquoune jachegravere de Stylo peut ecirctre planteacutee en maiumls ou en manioc agrave faible densiteacute Par ailleurs la jachegravere de stylo permet aussi de reacutecolter des semences qui sont tregraves demandeacutees actuellement drsquoougrave un compleacutement de revenus important pour le paysan

42 Le maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial

Tous les systegravemes agrave base de maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial ont eacuteteacute testeacutes dans les sites drsquoIvory et peuvent ecirctre diffuseacutes dans le Moyen Ouest ce qui offre un large choix par rapport aux autres reacutegions Il est important de deacuterober du mucuna avec les leacutegumineuses agrave faible biomasse (nieacutebeacute tsiasisa haricot soja)

5 Quels systegravemes au Lac Alaotra

Le Lac Alaotra est connu pour ses grandes surfaces de baiboho et de Riziegraveres agrave Mauvaise Maicirctrise drsquoEau (RMME) ceci agrave cause des fortes eacuterosions des bassins versants reacutesultant drsquoune pluviomeacutetrie violente et de la fragiliteacute du sol drsquoorigine tectonique Dans ces conditions le maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses en rotation avec le riz pluvial est le systegraveme phare sur baiboho et le systegraveme rotation laquo Rizcultures maraichegraveresVesce raquo sur RMME Parmi les leacutegumineuses la

dolique associeacutee au maiumls est agrave privileacutegier car cette plante de couverture est bien adapteacutee dans cette reacutegion

6 Quels systegravemes pour les zones semi-arides de lrsquoAndroy

Le problegraveme essentiel dans lrsquoAndroy est lrsquoeacuterosion eacuteolienne en plus de lrsquoeacuterosion hydrique Crsquoest ainsi que le pois drsquoAngole a eacuteteacute largement utiliseacute en brise-vent mais aussi en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols tregraves deacutegradeacutes par le systegraveme de forecirct de Cajanus

Parmi les leacutegumineuses la dolique est endeacutemique dans la reacutegion mais le mucuna les nieacutebeacutes rampants le konoke (leacutegumineuse endeacutemique du genre Phaseolus sp) sont reacutepandus et bien adopteacutes

Une approche de diffusion par les blocs agro-eacutecologiques a permis une forte adoption de lrsquoAgro-eacutecologie dans lrsquoAndroy seacutedimentaire

7 Quels systegravemes pour le Boeny

Tous les systegravemes deacutecrits plus hauts sont applicables dans le Boeny Il faut noter toutefois la preacutedominance du Vigna radiata (Antsoroko) et nieacutebeacute rampant type Lojomena et du nieacutebeacute type Black Eyes sur les baiboho A cause de la forte eacuterosion des bassins versants dans cette reacutegion les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal sont agrave privileacutegier Un grand effort de formation des intervenants locaux est indispensable

Photo 15 Vigna radiata

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Conclusions

Cet essai de capitalisation est loin drsquoecirctre parfaite Crsquoest un travail qui demande agrave

ecirctre actualiseacute avec le temps Nous nrsquoavons pas couvert toutes les reacutegions mais globalement les systegravemes reposent tous sur les fondamentaux de lrsquoAgriculture de Conservation et de lrsquoAgro-eacutecologie Par ailleurs en plus des formations des intervenants locaux la production de semences de plantes de couverture pose un problegraveme dans beaucoup de reacutegion Il faut noter que le site drsquoIvory et la commune de Vinany ont eacuteteacute une zone de production de semences de couverture pendant de longues anneacutees

Drsquoautres problegravemes qui ne sont pas eacutevoqueacutes dans cet article sont les feux de brousse en saison segraveche et les divagations drsquoanimaux qui diminuent eacutenormeacutement la biomasse laisseacutee sur les sols agrave la prochaine campagne Une prise de conscience collective des paysans semble donner des reacutesultats comme en teacutemoignent les paysans de la commune de Vinany dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra

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Reacutefeacuterences bibliographiques

1 ANCOS 2016 Reacutegistre des espegraveces et varieacuteteacutes exploiteacute dans le systegraveme laquo Semence de Qualiteacute Deacuteclareacutee raquo dans le Sud de Madagascar ANCOS Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche

2 DURRELL 2020 Lrsquointroduction de lrsquoinnovation Agro eacutecologie pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire des communauteacutes aux alentours des Aires proteacutegeacutees (Baie de Baly et Lac Alaotra) et zone humide de Lac Sofia Lot II Y 49 J Ampasanimalo (101) BP 8511 Antananarivo 101 ndash Madagascar httpswwwdurrellorgwildlife httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

3 GSDM 2020 Rapport annuel anneacutee 3 intervention du GSDM dans le Projet PAPAM composante 2 GSDM lot VA 26 Y Ambatoroka ANTANANARIVO 101

4 HUSSON O SEGUY L CHARPENTIER H RAKOTONDRAMANANA MICHELLON R RAHARISON T et al (2013) Manuel pratique du semis direct de Madagascar GSDMCIRADhttpgsdm-mgorgwp-contentfilesManuel_SCV_Mada_V_IntegraleMedpdf

5 RAKOTONDRAMANANA 2019 Rapport de mission de capitalisation dans le PLAE III BOENY 17 au 23 Feacutevrier 2019 PLAE ANALAMAHITSY ANTANANARIVO 101

6 RAKOTONDRAMANANA et al 2018 La rotation ou lrsquoassociation avec le mucuna reacuteduit consideacuterablement les attaques de chenilles leacutegionnaires sur le maiumls Journal de lrsquoAgro-eacutecologie Ndeg7 httpopen-libraryciradfrfiles62385__JAE_NC2B07pdf

7 RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANJAKA J 2016 Rapport de mission de reconnaissance et de diagnostic du Projet SOHAVELO ASARA programme europeacuteen de seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle dans la reacutegion Sud et Sud Est de Madagascar ASARAAINA AVSF Lot VG 25 Antsahabe BP 3149- Antananarivo 101 ndash Madagascar httpopen-libraryciradfr

files62394__Rapport_de_mission_SOHAVELO_VFpdf

8 RAHARISON T et al 2018 Rapport drsquoeacutetude drsquoimpact des pratiques des blocs agro eacutecologiques diffuseacutees dans le cadre du projet HOBA GRET Antananarivo

9 RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019 Diversiteacute et importance des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols dans les exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar Journal de lAgro-eacutecologie Ndeg8 2019 httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

10 h t t p s w w w s u p a g r o f r r e s s - p e p i t e s PlantesdeCouvertureresStylosanthespdf

11 httpsfrwikipediaorgwikiArachis

12 httpsfrwikipediaorgwikiVicia

13 h t t p s f r w i k t i o n a r y o r g w i k i pois_dE28099Angole

14 httpsfrwiktionaryorgwikicrotalaire

15 httpsfrwikipediaorgwikiPois_mascate

16 httpsfrwikipediaorgwikiVigna_unguiculata

17 httpsfrwikipediaorgwikiHaricot_mungo

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La technique du lombricompost se diffuse de paysan agrave paysan

Lrsquoutilisation agrave outrance des produits chimiques en tant que pesticides et fertilisants durant lrsquoegravere

de la reacutevolution verte nrsquoavait fait que renforcer les effets du changement climatique sur lrsquoagriculture Hormis son prix eacuteleveacute les engrais de synthegravese solubles laissent toujours des reacutesidus ayant des impacts preacutejudiciables agrave lrsquoenvironnement Dans le cadre de ses projets de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie le GSDM tend agrave former les paysans sur les proceacutedeacutes de fabrication de diffeacuterents types de compost dont le vermicompostage Cela dans lrsquooptique de rendre la production agricole plus durable et plus respectueuse de lrsquoenvironnement Les suivantes sont les teacutemoignages de paysans sur les inteacuterecircts du lombricompostage

Dans la commune rurale drsquoAnkazomiriotra au niveau du village drsquoAmbohitrinibe Fokontany Belanitra Est Madame RABEBINIRINA Minompamonjy David (Mme Mino) fait partie de ces paysans qui ont su tirer profit de lrsquoutilisation du lombricompost

Nrsquoayant pas de zeacutebu nous eacutetions obligeacutes drsquoacheter drsquoeacutenorme quantiteacute de fumiers et drsquoengrais pour fertiliser nos champs Crsquoeacutetait peacutenible vu que notre revenu couvrait difficilement le montant de nos besoins Vers 2013 nous avons assisteacute aux seacuteances de formations et drsquoanimations prodigueacutees par les techniciens travaillant sur le projet pilote Manitatra 1 Apregraves ces formations

ils nous ont fait don de 250g de vers Aujourdrsquohui nous en disposons drsquoau moins 20Kg Les reacutesultats que nous avons obtenus degraves la premiegravere anneacutee drsquoutilisation du lombricompost a eacuteteacute probant Drsquoabord la charge de travail due au transport de fertilisant vers le champ srsquoeacutetait beaucoup amoindri car nous nrsquoavons plus qursquoagrave transporter tout au plus le dixiegraveme du volume de fumier de parc qursquoon utilisait avant En effet 30 agrave 40 kg de lombricompost peut amplement suppleacuteer agrave 2 charrettes de fumier de parc Le sarclage est aussi devenu plus facile car le preacute-compostage a permis drsquoeacuteliminer les graines drsquoadventices qui dlsquohabitude viennent avec les fumiers organiques Ensuite les cultures reacutesistent mieux agrave la segravecheresse et les plantes parasites Par exemple nous avons constateacute que le riz devient plus vigoureux face aux attaques du striga Le rendement est de plus en plus soutenu et les produits maraicircchers sont moins sujets agrave la deacutegradation

La fabrication de lombricompost demande certes une certaine rigueur mais est tout agrave fait agrave la porteacutee de chaque paysan Il vous faut juste preacuteparer du preacute-compost qui servira de nourriture aux vers En plus il est indispensable drsquoarroser et de veacuterifier peacuteriodiquement la tempeacuterature Lrsquoessentiel des travaux consiste agrave seacuteparer les vers des composts mucircrs Il nous arrive encore drsquoacheter du fumier de parc pour servir drsquoappoint au preacute-compost mais ccedila en vaut la peine

Avec notre unique andain nous arrivons agrave produire 600kg de compost par mois

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Nous nrsquoutilisons que le quart de notre production Le reste est vendu agrave des clients qui viennent drsquoun peu partout agrave Madagascar La plus grosse commande que nous avons eue en 2019 eacutetait de 15tonne La production de lombricompost contribue beaucoup agrave nos ressources peacutecuniaire car il nous arrivons agrave lrsquoeacutecouler jusqursquoagrave 1000Ar le kilo

Madame Mino peut ecirctre joint aux numeacuteros suivants 034 19 777 50033 13 412 10

Un autre paysan en la personne de Monsieur RAZAFINDRAKOTO Emilson (Dadakoto) habitant agrave Antanety 2 Commune Antanifotsy a aussi adopteacute le lombricompostage Les suivants sont ses points de vue quant agrave lrsquoutilisation du lombricompost

Nous avons construit le premier andain suite aux seacuteries drsquoanimation-formation effectueacutees par le paysan leader et le technicien du projet Manitatra 2 travaillant dans notre zone Ce premier andain eacutetait devenu productif agrave partir du mois de juin 2019 Je commence juste agrave produire du lombricompost mais jrsquoai deacutejagrave constateacute les reacutesultats sur la bonne veacutegeacutetation de mes maiumls et de mes riz par rapport agrave ce que jrsquoai eu auparavant Afin drsquoaugmenter la production nous avons construit drsquoautres andains et aujourdrsquohui nous en avons 5

Nous avons commenceacute avec 1kg de vers et maintenant nous en avons autour de 60kg Jusqursquoagrave preacutesent ma production est entiegraverement destineacutee agrave lrsquoautoconsommation Nous les utilisons surtout sur nos cultures de tanety comme le riz et le maiumls associeacute aux leacutegumineuses Je trouve qursquoil est plus inteacuteressant drsquoutiliser du lombricompost que de fumier de parc Actuellement je nrsquoutilise presque plus drsquoengrais chimique

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Produit biologique de lutte contre les Chenilles leacutegionnaires drsquoAutomne (CLA) la menace est maitriseacutee un article du Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la pecircche

(Source publication facebook du MAEP le 14 deacutecembre 2019)

Deacutesormais les producteurs de maiumls Malagasy ne devraient plus ecirctre anxieux et inquiets

face agrave la Chenille Leacutegionnaire drsquoAutomne ou CLA La menace est maicirctriseacutee Gracircce aux efforts du Ministegravere de lAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) agrave travers les techniciens de la DPV et de la FOFIFA des diffeacuterents chercheurs de lUniversiteacute dAntananarivo de lEssagro et dexperts africains appuyeacutes par la FAO une souche biologique appeleacutee BT ou Bacillus Thuringiensis a eacuteteacute deacutecouverte Les tests ont deacutemontreacute que cette bacteacuterie naturelle et endeacutemique agrave Madagascar est capable de tuer la CLA Meacutelangeacute agrave 50g de riz blanc elle peut recouvrir 1ha de champ de maiumls

Notons quelle naffecte ni lenvironnement ni la santeacute humaine Madagascar sest aussi doteacute de sa strateacutegie nationale quinquennale de lutte contre la CLA Telles sont parmi les grandes avanceacutees du PROJET DAPPUI DURGENCE Agrave LA MISE EN PLACE DUN SYSTEME DE SURVEILLANCE DE RIPOSTE ET DE LUTTE INTEGREacuteE CONTRE LA CLA meneacute avec lappui technique et financier de la FAO

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Fenetre sur lAgriculture Biologique agrave MadagascarRakotondramanana GSDM

Un projet de loi sur lrsquoAgriculture biologique a eacuteteacute preacutepareacute sur lrsquoinitiative du Syndicat Malgache de lrsquoAgriculture Biologique (SIMABIO) et du MAEP et sera incessamment soumis agrave lrsquoAssembleacutee

Nationale Suite agrave cela un voyage drsquoeacutetude au Maroc et en Tunisie a eacuteteacute reacutealiseacute en vue des perspectives drsquoeacutelaboration drsquoune Strateacutegie Nationale drsquoAppui agrave lrsquoAgriculture Biologique agrave Madagascar (SNABio)

La mission a vu la participation drsquoune deacuteleacutegation conduite par le Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) accompagneacutee du Preacutesident du SIMABIO du projet Coordonnateur National du projet CASEF de lrsquoassistant technique du projet CASEF du repreacutesentant de la recherche (FOFIFA) et du directeur exeacutecutif du GSDM

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Le secteur de lrsquoAgriculture Biologique (AB) agrave Madagascar est en pleine croissance depuis plusieurs anneacutees Repreacutesentant actuellement un chiffre drsquoaffaire annuel de lrsquoordre de 55 Meuro geacuteneacutereacutes par plus drsquoune centaine drsquoentreprises employant 7000 salarieacutes et srsquoapprovisionnant aupregraves de plus de 20 000 agriculteurs le secteur est quasiment exclusivement orienteacute vers lrsquoexportation drsquoune large gamme de produits agricoles beacuteneacuteficiant drsquoune forte typiciteacute (eacutepices fruits tropicaux huiles essentielles cacao crevettes etc) principalement vers lrsquoEurope

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les Etats-Unis le Japon (source CASEF) Les produits bio malgaches sont issues drsquoagriculture bio par des entreprises locales mais aussi de la cueillette Compareacute aux autres pays le coucirct de la certification est trop eacuteleveacute agrave cause du manque de concurrence (un seul organisme certificateur agreacuteeacute ECOCERT)

Au Maroc lrsquoAgriculture biologique repreacutesente de lrsquoordre de 60 Meuro drsquoexportation et en Tunisie 205Meuro mais dans ces deux pays on assiste agrave un marcheacute local en cours de progression Le tableau suivant reacutesume lrsquoagriculture Bio dans les deux pays Globalement les produits exporteacutes sont domineacutes par lrsquohuile drsquoOlive bio dans les deux pays

A lrsquoissue de la mission des perspectives pour Madagascar ont eacuteteacute souleveacutees sous forme drsquoenseignements et reacuteflexions bull Creacuteer un dispositif drsquoappui conseil technique et financier ciblant les producteurs et les entreprises

AB en synergie avec les meacutecanismes existants (FDA Banques IMF etc)bull Subventionner la certification =gt Accroitre la concurrence entre organismes de Controcircle et de Certification (OCC) =gt Agreacutement et controcircle effectif de la part des pouvoirs publicsbull Concevoir une strateacutegie ciblant une diversiteacute de filiegraveres prioritaires de maniegravere inclusive par

exemple Exports Filiegraveres inteacutegreacutees eacutecotourisme Filiegraveres courtes laquo petits producteurs raquo au systegraveme de garantie par Certification de Territoire (CT) et Systegraveme Participatif de Garantie (SPG)

bull Mise en place de centres de recherche technique deacutedieacute agrave lrsquoAB reacutepondant agrave la demande (par ex contrat programme recherche - reacutegions - organisations professionnelles)

bull Conceptionmise en œuvre drsquoun dispositif de formation AB avec obligation de modules dans les cursus agricoles

bull Dynamiser la professionnalisation et la structuration des producteurs et des entreprises malgaches dans lrsquoAB

bull Poursuivre lrsquointeacutegration du secteur priveacute (amont et aval) dans les diffeacuterentes laquo aregravenes raquo institutionnelles deacutefinition des strateacutegies conception et pilotage des dispositifs drsquoappui etc

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AGRO-ECOLOGIE EN PHOTO

La mise en place des parcelles dapplication en Agro-eacutecologie a eacuteteacute effectueacutee au niveau des 8

collegraveges de la reacutegion Boeny Les enseignants et eacutelegraveves ont eacuteteacute accompagneacutes et encadreacutes par les ingeacutenieurs agronomes du GSDM et les techniciens locaux

Une repreacutesentante de la deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo a visiteacute les

reacutealisations du GSDM dans le cadre du projet Manitatra 2 De nombreux points inteacuteressants pouvant ecirctre valoriseacutes dans le cadre dune future coopeacuteration ont eacuteteacute souleveacutes En attendant certaines observations seront agrave partager au cours dun eacuteveacutenement de la Commission europeacuteenne qui se tiendra courant de la 3egraveme semaine du mois de feacutevrier 2020 agrave Bruxelles

Le GSDM maitient lappui technique des 12 eacutetablissements beacuteneacuteficiaires de linteacutegration

de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire dans le Vakinankaratra Il sagit des 6 eacutecoles pilotes PAPAM et des 6 autres extensions reacutealiseacutees dans le cadre du projet MANITATRA 2 Pour lanneacutee scolaire 2019-2020 la mise en place des cultures de grande-saison la mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique ainsi que les suivis reacuteguliers des tehcniciens ont eacuteteacute reacutealiseacutes Quelques enseignants du CEG de Vinany du CEG de Betafo ont mecircme beacuteneacuteficieacutes dune formation de recyclage

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Mise en place de la parcelle dapplication en Agro-eacutecologie au niveau du CEG Mariarano Boeny

Visite des reacutealisations du GSDM projet MANITATRA 2 par une repreacutesentante de la

deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo

Mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique aux 12 eacutetablissements du

Vakinankaratra

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AVRIL 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull RAKOTO HERIMANDIMBY Reneacute - Superviseur de zone du Sud-Est Projet PAPAMbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo AGRISUD- membre du GSDMRubrique laquoDossierraquo GSDMRubrique laquoRechercheraquo Dp SPAD - Partenaire technique du GSDM Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA 2)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth avril 2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

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23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

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- Mission de suivi du Comesa les 16 et 17 mars 2020- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020 - Formation CSAFRDA Makanara du 25 au 28 mars 2020

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Emission FIVOHY sur la RNM Tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Deuxiegraveme session de formation des enseignants Boeny du 07 au 10 Avril 2020- Formation des parents deacutelegraveves collegravege Boeny preacutevue durant la semaine du 20 Avril 2020- Visite-eacutechange inter-reacutegional des enseignants parents et elegraveves preacutevue en fin du mois dAvril 2020

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ANNEE 2020

Page 8: Edition trimestrielle N° 9 / 2020

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Le GSDM est engageacute dans la mise en œuvre des mesures de protection des sols et de reacutehabilitation des terres dans le Boeny

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Dans le cadre des projets globaux SEWOH (Un monde sans faim) le Projet de conservation

et de reacutehabilitation des sols (ProSol) au travers du champ drsquoaction A laquo mise en œuvre de mesures de protection des sols et reacutehabilitation des terres raquo est exeacutecuteacute par le consortium Eco-consult GOPA dans les 6 communes reacuteparties dans 3 districts (Mahajanga II Ambatoboeny et Mitsinjo) dans la reacutegion du Boeny Les activiteacutes programmeacutees reposent sur la conception et la reacutealisation de plans drsquoameacutenagements et de gestion durable des paysages

Le projet collabore avec le GSDM pour appuyer le lancement de sites eacutecoles sur les techniques de protection et reacutehabilitation des sols pour former et conseiller des techniciens Ces activiteacutes sont poursuivies et deacuteveloppeacutees en partenariat avec les ONG locales sur trois lots de communes bull AIM pour le district de Mahajanga II bull MAZAVA pour le district drsquoAmbatoboeny bull AMADESE pour le district de Mitsinjo

Lrsquoobjectif est drsquoaccompagner les eacutequipes de 3 ONG partenaires de Prosol pour les activiteacutes lieacutees au Plan dlsquoAmeacutenagement Durable du Paysage

(PAGDP) afin que les paysans soient sensibiliseacutes formeacutes pour la mise en place des essais dans les sites eacutecoles qursquoils disposent des semences neacutecessaires et reacutealisent la planification eacutetablie

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Dans ce cadre lrsquoexpertise du GSDM concerne la reacutealisation des diagnostics du milieu et des systegravemes drsquoexploitation des meacutenages agricoles afin de formuler des propositions techniques et de strateacutegies drsquointervention (Champ eacutecole paysan (CEP) sites de production de semence etc) pour la protection des sols ougrave la restauration de leur fertiliteacute dans ces trois Districts Elle consiste eacutegalement agrave former et conseiller les techniciens des ONG locales

Les reacutealisations du GSDM sont les suivantes

bull Mise en œuvre de diagnostics compleacutementaires dans les sites prioritaires reacutealiseacutes en deux eacutetapes Avril-mai 2019

bull Identification concerteacutee des 6 sites eacutecoles issue des missions drsquoavril-mai 2019

bull Reacutealisation de la Planifications participatives drsquoameacutenagement dans les 06 sites eacutecoles reacutealiseacutee en juillet 2019

bull Formulation des propositions techniques issue de la planification participative et valideacutees ensemble avec les acteurs concerneacutes

bull Formation des acteurs concerneacutes y compris les ONG drsquoaccompagnement reacutealiseacutee en Aoucirct et deacutebut septembre 2019

bull Enquecircte pour la compreacutehension du fonctionnement des meacutenages et pour la situation T0 de suivi-eacutevaluation reacutealiseacutee en deacutecembre 2019

bull Appui et accompagnement des techniciens des ONG agrave la mise en place des cultures de grande saison dans les zones drsquointervention du projet PROSOL reacutealiseacutee en deacutecembre 2019

bull Suivi en cours de culture pour le renforcement

de capaciteacutes des techniciens et les eacutechanges avec les paysans reacutealiseacutees en feacutevrier 2020

Drsquoautres interventions du GSDM sont eacutegalement preacutevues dans le cadre de ce projet entre autres

bull Lrsquoeacutevaluation qualitative des reacutealisations avant reacutecolte

bull La seacutelection des paysans multiplicateurs de semences (choix de parcelles formation sur les principes et les eacutetapes cleacutes de la production de semences jusqursquoaux opeacuterations post-reacutecolte)

bull Les appuis aux DRAEP sur les mesures et estimations de rendements

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Le GSDM accompagne le Projet ATASEF dans la mise en place de champs eacutecole en Agro-eacutecologie dans le District drsquoAnkazobe

Le GSDM a eacuteteacute mandateacute par l Organisation de Soutien pour le Deacuteveloppement Rural

agrave Madagascar de la Fondation AGA KHAN (OSDRM) (convention de service Ndeg2019_DecaTD-002 du 26 novembre 2019) pour appuyer et accompagner lrsquoeacutequipe du projet ATASEF en vue de la mise en place des champs eacutecoles paysans ou CEP agro-eacutecologiques dans le district drsquoAnkazobe Le Projet ATASEF ou laquo Appui agrave la Transition Agroeacutecologique par la Seacutecurisation Economique et Fonciegravere raquo est un projet financeacute par lrsquoAFD dans le cadre de la Faciliteacute drsquoInnovation Sectorielle pour les ONG (FISONG) Lrsquoobjectif principal du projet consiste agrave reacuteduire la pauvreteacute et la vulneacuterabiliteacute des meacutenages agricoles de la Zones drsquoInvestissement Agricole (ZIA) drsquoAnkazobe Parmi les activiteacutes preacutevues pour les beacuteneacuteficiaires figurent notamment lrsquoinitiation et lrsquoaccompagnement agrave lrsquoagroeacutecologie et la mise en œuvre des ameacutenagements

Un des principaux enjeux sur lequel le projet se base dans ses actions est que laquo lrsquoinseacutecuriteacute fonciegravere constitue un frein agrave lrsquoameacutelioration de la production agricole la non mise en valeur de terres mecircme propices agrave lrsquoagriculture et qui constitue aussi agrave son tour un obstacle agrave leur seacutecurisation fonciegravere formelle raquo

Dans ce cadre le projet vise agrave donner aux meacutenages lrsquoopportuniteacute de seacutecuriser leurs droits fonciers sur des terrains qursquoils devront mettre en valeur ameacutenager et exploiter en suivant des techniques agro-eacutecologiques et agroforestiegraveres

Les objectifs speacutecifiques du Projet consistent agrave bull Contribuer au deacuteveloppement drsquoune activiteacute

agro-sylvo-pastorale seacutedentaire dans la ZIA par la promotion de lrsquoagro-eacutecologie et lrsquoadaptation au changement climatique

bull Renforcer le rocircle socioeacuteconomique des meacutenages de la ZIA

bull Et seacutecuriser le capital foncier des meacutenages de la ZIA Les groupes cibles du projet sont les meacutenages extrecircmement pauvres (vivant avec moins de 1 USD par jour et par personne) et vulneacuterables

LrsquoAgro-eacutecologie est inteacutegreacute dans les ProjetsProgrammes

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Le Projet dAppui agrave la transition Agro-eacutecologique par la seacutecurisation eacuteconomique et fonciegravere (ATASEF) srsquoeacutetale sur 3 ans de 2017 agrave 2020 et preacutevoit agrave terme i) la seacutecurisation fonciegravere par voie de certification de 450 Ha de terrains dans les Communes de Kiangara et Tsaramasoandro dans la partie Nord du district drsquoAnkazobe et dans la limite mecircme de la reacutegion drsquoAnalamanga (limitrophe avec la reacutegion de Betsiboka) et ii) un accompagnement technique et socio-organisationnel dans le processus de mise en valeur drsquoameacutenagement et drsquoexploitation des terres de 225 meacutenages vulneacuterables beacuteneacuteficiaires

Drsquoapregraves le document du Projet les activiteacutes srsquoorientent sur bull Lrsquoappui agrave lrsquoorganisation des producteurs

structureacutes en Groupes drsquoEpargne Communautaire ou GEC

bull Lrsquoinstallation la seacutecurisation fonciegravere et lrsquoinclusion financiegravere des meacutenages par la promotion des chaicircnes de valeur et lrsquoagriculture contractuelle avec la culture du taro (Saonjo) qui se complegravetent au systegraveme de riziculture

bull Lrsquoappui agrave lrsquointensification Agroeacutecologique et agrave lrsquointeacutegration eacuteconomique

Lrsquoobjectif principal de lrsquointervention du GSDM consiste donc agrave appuyer et accompagner lrsquoeacutequipe du projet ATASEF pour la mise en place des champs eacutecoles paysans ou CEP agroeacutecologiques dans le district drsquoAnkazobe

Les objectifs speacutecifiques sont de bull Reacutealiser un diagnostic de terrain pour mieux

comprendre les enjeux et les contraintes locaux et mieux orienter les propositions ainsi que les strateacutegies de mise en œuvre

bull Concevoir et mettre en œuvre des techniques drsquoagroeacutecologie agrave appliquer dans les cinq villages au niveau des communes rurales de Kiangara et de Tsaramasoandro

bull Former et accompagner les techniciens drsquoencadrement

bull Appuyer les techniciens agrave la mise en place de champs eacutecoles paysans permettant la diffusion de cette innovation

bull Former les paysans membres de GEC au

niveau des champs eacutecoles paysans et au travers des visites eacutechanges au niveau des sites agroeacutecologiques du GSDM dans la reacutegion du Vakinankaratra (Ivory Mandoto) et au sein du projet MANITATRA 2

Le diagnostic sur terrain a eacuteteacute meneacute par deux agents du GSDM en particulier de l Agroeacuteconomiste et du Responsable enquecircte et BDD les 6 et 7 deacutecembre 2019

Sur terrain les observations du milieu les enquecirctes focus group les enquecirctes aupregraves des meacutenages agricoles et lrsquoeacutelaboration drsquoune typologie des meacutenages agricoles ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau de cinq Champs eacutecoles paysans ou CEP choisis par le projet Il srsquoagit de 4 CEP dans la commune de Kiangara dont Tsarafara de Bemasoandro drsquoAnosimbary et drsquoAntsahalava et drsquoun CEP agrave Vohitsara dans la commune de Tsaramasoandro

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La formation en Agro-eacutecologie en faveur des agents a eacuteteacute reacutealiseacutee du 7 au 9 janvier 2020 et lrsquoappui et accompagnement des techniciens agrave la mise en place des champs eacutecoles du 21 au 23 janvier 2020 Lrsquoobjectif de la formation est de permettre aux techniciens d assurer la formation et lrsquoaccompagnement des beacuteneacuteficiaires sur les pratiques Agro-eacutecologiques dans les zones drsquointervention du projet Huit (8) participants ont assisteacute agrave la formation dont le Responsable de Programme Reacutegional OSDRM le chef de projet ATASEF 2 animateurs et 4 agents de terrain du projet ATASEF

Les geacuteneacuteraliteacutes en matiegravere drsquoAgro-eacutecologie et les pratiques adapteacutees dans les zones drsquointervention du projet ATASEF ont eacuteteacute preacutesenteacutees et discuteacutees durant la formation theacuteorique en salle Pour cette premiegravere session lrsquoembocagement et les bandes veacutegeacutetales lrsquoassociation et la rotation des cultures les composts et la lutte biologique lrsquoagroforesterie ont eacuteteacute deacuteveloppeacutes durant 4 jours de formation en salle Les travaux pratiques ont eacuteteacute reacutealiseacutes agrave Bemasoandro commune Kiangara et agrave Vohitsara commune Tsaramasoandro Lrsquoorganisation de lrsquooccupation de lrsquoespace et de la mise en place des cultures sur les diffeacuterentes parties du terrain ont eacuteteacute discuteacutees Le renforcement de quelques pieds des plants deacutejagrave planteacutes sur des lignes de courbe de niveau (Khaya Paulownia et Acacia) a eacuteteacute effectueacute sur un terrain de plus de 2 hectares agrave Bemasoandro Outre la mise au point sur la technique de traccedilage des courbes de niveau les avantages de lrsquoinstallation des plantes de couverture dans les cultures deacutejagrave en place ont eacuteteacute expliqueacutes aux techniciens et aux agriculteurs preacutesents agrave Vohitsara Lrsquo Appui et lrsquoaccompagnement des techniciens

du projet ATASEF agrave la mise en place des CEP et lrsquoinstallation des plantes ameacuteliorantes de fertiliteacute (leacutegumineuses) dans les cultures deacutejagrave en place au niveau des agriculteurs beacuteneacuteficiaires sont encore preacutevus avant la fin du mois de janvier 2020 Par ailleurs lrsquoappui conseil sur lrsquoameacutelioration du fumier la fabrication de composts et la lutte agro-eacutecologique seront eacutegalement preacutevus pour cette campagne culturale 2019-2020

Des actions de communication de masse pour accompagner la diffusion de lrsquoAgro-eacutecologie

Les actions de communication accompagnent la mise agrave lrsquoeacutechelle

de la diffusion des techniques ainsi que lrsquoanimation et la sensibilisation en Agro-eacutecologie Elles se traduisent par la valorisation des acquisexpeacuteriences au travers de la conception et lrsquoeacutedition des supports de communication adapteacutes aux diffeacuterentes cibles du GSDM Il srsquoagit essentiellement des eacutemissions radioteacuteleacute des films et des supports de formation de la gestion des reacuteseaux sociaux de lrsquoeacutedition des journaux et revues de la participation aux ateliers strateacutegiques aux eacutevegravenements promotionnels et autres plateformes drsquoanimation tant sur le plan national qursquointernational Derniegraverement le GSDM a participeacute dans le guide de lrsquoenvironnement du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable (MEDD) le magazine Mahavokatse du MAEP et de lrsquoagenda 2020 du MAEP

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Production et acquisition de fumure organique pour la gestion de la fertiliteacute des sols par les exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice (CIRADAIDA) RAZANAKOTO

Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina (GSDMMontpellier SUPAGRO)

RECHERCHES

1 Introduction

Dans le ndeg8 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait la diversiteacute et lrsquoimportance

des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols agrave partir des reacutesultats obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Les aspects concernant la fumure organique nrsquoavaient eacuteteacute qursquoeffleureacutes ils sont traiteacutes dans cet article qui preacutesente les reacutesultats obtenus sur les mecircmes exploitations agricoles familiales (EAF) du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Pour plus drsquoinformations sur le projet Secure et sur les aspects mateacuteriels et meacutethodes le lecteur est inviteacute agrave consulter le ndeg8 de JAE et le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats preacutesenteacutes sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

Les fertilisants organiques produits par les EAF des zones drsquoeacutetude sont divers Les fumiers sont les plus importants en lien avec les animaux de lrsquoexploitation (bovins porcs volailles lapins)

le systegraveme drsquoeacutelevage et les techniques de production En plus de ces fumiers utiliseacutes purs ou meacutelangeacutes il existe des laquo composts raquo traditionnels fabriqueacutes avec les ordures meacutenagegraveres des cendres etou autres matiegraveres organiques ajouteacutees (ces fumures sont appeleacutees zezi-pako et zezi-davenona) et aussi des composts dont la production suit les techniques diffuseacutees dans le cadre de programmes de deacuteveloppement Les EAF peuvent eacutegalement avoir recours au marcheacute de la fumure organique pour augmenter la disponibiliteacute (acheter ou eacuteventuellement eacutechanger) mais aussi pour vendre

La production et lrsquoacquisition de fumures organiques sont caracteacuteriseacutees ici dans leur diversiteacute Lrsquoanalyse des pratiques montre les logiques suivies par les EAF La variabiliteacute observeacutee est forte notamment en terme de quantiteacutes disponibles qui suggegravere une gamme de propositions adapteacutees de la part de la recherche et du deacuteveloppement pour ameacuteliorer ces pratiques qui sont la clef de voute de la gestion de la fertiliteacute des sols et de la durabiliteacute des systegravemes de culture

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2 La fumure organique produite dans Les EAF

La production de fumure organique (FO) a eacuteteacute eacutevalueacutee1 pour lrsquoanneacutee enquecircteacutee (2016) Toutes les EAF en ont produit sauf trois (moins de 1) qui nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux2 durant toute lrsquoanneacutee et qui nrsquoont pas valoriseacute leurs ordures meacutenagegraveres sous forme de compost

21 Quantiteacutes et composition

Parmi les types de FO (Figure 1) on note lrsquoimportance du fumier meacutelangeacute les exploitations qui ont plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage meacutelangent souvent les deacutejections qui fermentent ensemble dans le parc agrave bœuf ou pendant leur stockage dans une fosse ou simplement en tas Souvent les exploitants y ajoutent les deacutechets meacutenagers des cendres et dans certains cas drsquoautres reacutesidus de culture ou deacutechets (voir infra) Crsquoest donc un produit fertilisant dont la composition et la qualiteacute varient fortement drsquoune EAF agrave une autre

La production moyenne annuelle de FO par EAF (Figure 1) est plus importante dans la zone drsquoArivonimamo (217 tonnes) que dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra (187 tonnes) Les constituants principaux sont le fumier meacutelangeacute et le fumier de bovins qui agrave eux deux repreacutesentent 72 de la FO totale agrave Mandoto et 83 agrave Arivonimamo Lrsquoeacutecart entre les deux moyennes nrsquoest pas tregraves eacuteleveacute mais il est significatif et la diffeacuterence srsquoexplique drsquoabord par un nombre drsquoanimaux drsquoeacutelevage en moyenne plus important dans la zone drsquoArivonimamo (18 bovins et 7 porcs par EAF) que dans la zone de Mandoto (14 bovins et 23 porcs) Il existe une relation lineacuteaire positive entre le nombre moyen de bovins ou la valeur du cheptel dans lrsquoEAF et la quantiteacute de FO produite (coefficients de correacutelations respectivement de 057 et 062 signification agrave 001)

Figure 1 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF selon les zones

1 On notera que cette eacutevaluation a eacuteteacute faite sur la base des deacuteclarations des exploitants agricoles avec les uniteacutes tradition-nelles que sont la charrette le sac la soubique (panier) etc Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes 250 kgcharrette (en reacutefeacuterence agrave Saint Andreacute et al 2016) 30 kgsac et 10 kgsoubique Ainsi les reacutesultats preacutesenteacutes sont des ordres de grandeur mecircme si les chiffres semblent indiquer une certaine preacutecision et si la taille conseacutequente de lrsquoeacutechantillon fait que les approximations se compensent2 Comme pour la production de FO lrsquoeacutelevage est la norme puisque seules 1 des EAF nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte On notera que le fait de ne pas avoir drsquoanimal agrave un moment donneacute ne signifie pas que lrsquoexploitation ne pratique pas lrsquoeacutelevage lrsquoabsence drsquoanimal est le plus souvent conjoncturelle et un indicateur de difficulteacutes eacuteconomiques

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Au-delagrave des diffeacuterences de quantiteacute on note lrsquoimportance du compost traditionnel (zezi-pako) agrave Mandoto avec 16 de la FO alors qursquoagrave Arivonimamo il ne repreacutesente que 1 Le zezi-pako est constitueacute essentiellement agrave partir des ordures domestiques et de veacutegeacutetaux reacutecolteacutes sur ou en dehors de lrsquoEAF (Ravonjiarison et al 2018) Il est reacuteputeacute ne pas contenir de deacutejection animale (mecircme si selon les deacuteclarations 60 des EAF en ajoute voir infra) et srsquoil en contient crsquoest en faible quantiteacute Il peut ecirctre brucircleacute surtout srsquoil contient beaucoup de veacutegeacutetaux peu deacutegradeacutes Le zezi-pako est utiliseacute plutocirct par les petites exploitations les grandes exploitations preacutefeacuterant produire du compost Les quantiteacutes de composts laquo modernes raquo ne sont pas significativement diffeacuterentes entre les zones

22 Les produits apporteacutes dans le fumier et le compost

Les produits apporteacutes pour la fabrication du fumier et du compost ont des effets sur la qualiteacute

fertilisante finale des produits Comme lrsquoindique le Tableau 1 les EAF apportent des produits divers cette pratique permet drsquoaugmenter le volume de fumier produit (Alvarez S 2012 Rasolofo L I 2017) mais aussi de produire des fumures de composition variable par rapport aux caracteacuteristiques reconnues (Ravonjiarison et al 2018)

Lrsquoapport des deacutejections animales est bien sucircr fonction des animaux sur lrsquoEAF mais aussi pour les composts (et en particulier pour le zezi-pako) des deacutejections de zeacutebus ramasseacutees sur les chemins ou parcours emprunteacutes par des animaux qui appartiennent agrave drsquoautres EAF les exploitants connaissent lrsquoimportance des deacutejections animales pour la fumure des cultures et les plus pauvres avec tregraves peu drsquoanimaux ramassent des deacutejections laquo perdues raquo Ainsi 60 des EAF qui produisent du compost ajoutent dans celui-ci des deacutejections animales

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les EAF ajoutent de nombreux produits dans la fabrication du fumier autant si ce nrsquoest plus en freacutequence que pour

le compost Pour les pailles et balles de riz la prioriteacute semble ecirctre donneacutee au fumier mecircme si la freacutequence reste eacuteleveacutee pour le compost Les EAF pratiquent avec un fort pourcentage le recyclage des reacutesidus de cultures (paille de riz balles de riz autres reacutesidus de culture) Pregraves des deux tiers des EAF ajoutent du bozaka1 et une EAF sur deux qui produit du compost ajoute des feuilles drsquoarbres

Tableau 1 Principaux produits apporteacutes pour la fabrication des fumiers ou des composts (en des EAF)

Produits apporteacutes Fumier (EAF=304)

Compost (EAF=122)

Deacutejection de bovins 70

60

Deacutejection de porcs 73Deacutejection de volailles

84

Deacutejection autres animaux

1

Paille de riz 72 60Balles de riz 51 33Reacutesidus autres cultures

43 39

Bozaka 68 60Autres herbes 17 9Feuille darbres 13 50Deacutechets meacutenagers 36 54Cendres 46 57Terre fertile Terreau

3 12

Sels 4 9Vers 0 2Autres produits 4 7

1 Nom geacuteneacuterique pour deacutesigner les laquo herbes raquo et plus particuliegraverement les gramineacutees qui couvrent pentes et sommets des collines (Andropogon eucomus Aristida adscensionis etc) (source dictionnaire malgache httpmotmalgacheorgbinsteny2) Le bozaka peut avoir eacuteteacute coupeacute ou arracheacute dans ce cas il comprend les racines et un peu de terre

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Ces produits bozaka feuilles drsquoarbres autres herbes sont pour la plupart des produits de cueillette et participent agrave une laquo gestion horizontale de la fertiliteacute raquo avec un transfert drsquoeacuteleacutements fertilisants preacuteleveacutes sur drsquoautres parties du terroir et rameneacutes sur les parcelles cultiveacutees (Rollin 1994 Andriambelomanga 2017) amplifiant le mecircme transfert reacutealiseacute par les animaux (pacircturages ou parcours fumier cultures) Les autres produits utiliseacutes notamment par les EAF qui produisent du compost sont les cendres le terreau mais aussi du sel acheteacute et dlsquoautres produits comme de la dolomie de la sciure de bois etc

23 Les motivations pour la production du compost

La production de compost est lrsquoune des techniques vulgariseacutees pour augmenter

les quantiteacutes de matiegraveres fertilisantes encourageacutees par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie Les reacutesultats de lrsquoenquecircte montrent que la moitieacute des EAF agrave Mandoto et 30 des EAF agrave Arivonimamo ont deacutejagrave cette pratique

Tableau 2 Part des EAF qui produisent du compost

Mandoto ArivonimamoCompost moderne

9 12

Compost traditionnel

41 18

Total avec compost

50 30

A Mandoto ce sont les pratiques traditionnelles de production de zezi-pako qui dominent tregraves largement On notera que si le total nrsquoest que de 50 crsquoest que quelques EAF rares toutefois font les deux types de compost A Arivonimamo certainement en raison des programmes de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la technique la part des EAF avec compost laquo moderne raquo est un peu plus eacuteleveacutee mais le compost traditionnel

est moins reacutepandu On pourrait penser que le fumier se substitue au compost crsquoest-agrave-dire qursquoune EAF qui produit du fumier abandonne la production de compost car comme mentionneacute preacuteceacutedemment les EAF apportent en grande partie les mecircmes constituants aux deux types de fumure organique En fait il nrsquoen est rien 55 des EAF qui produisent du compost agrave Mandoto ont du fumier et agrave Arivonimamo ce taux est de 82

La raison principale pour laquelle les EAF produisent du compost crsquoest drsquoabord pour augmenter la quantiteacute disponible de fertilisants (34 des EAF qui ont reacutepondu) ou beacuteneacuteficier des effets en augmentant la production (11) et en ameacuteliorant la fertiliteacute des sols (9) On note tout de mecircme que 25 des EAF ont reacutepondu que crsquoeacutetait parce qursquoelles nrsquoavaient pas de fumier (et le taux est plus eacuteleveacute agrave Mandoto) Enfin 9 des EAF ont eacutevoqueacute le coucirct moindre du compost par rapport aux autres fertilisants et 12 ont donneacute des raisons que lrsquoon peut rattacher agrave une meilleure agronomie le zezi-pako est meilleur que le fumier car brucircleacute il ne transmet pas les maladies ou les graines de mauvaises herbes la cendre du zezi-pako a de nombreux avantages (notamment dans la lutte contre les ravageurs sur les peacutepiniegraveres) le compost est meilleur que les engrais pour les sols etc

Pour les EAF qui produisent du compost les contraintes principales sont pour 38 des EAF qui ont reacutepondu le temps de travail neacutecessaire (notamment pour ramasser les feuilles drsquoarbres le bozaka etc) et pour 35 des EAF la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres On notera que pour 12 des EAF il nrsquoy a pas de veacuteritable limite agrave la production de compost Enfin pour les 16 drsquoEAF restantes ces limites sont diverses lrsquoeau pour lrsquoarrosage du compost (5) mais aussi la treacutesorerie pour acheter le bozaka ou payer la main drsquoœuvre pour ramasser des matiegraveres premiegraveres le risque drsquoincendie etc

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24 Une production de FO tregraves variable selon les EAF

Malgreacute les apports sur le fumier et la production de compost la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF est faible en valeur absolue et surtout comme indiqueacute preacuteceacutedemment on observe une grande diversiteacute de situation entre les EAF avec un coefficient de variation de lrsquoordre de 90 dans les deux zones Les graphiques de la Figure 4 (voir infra la FO produite est en bleu) illustrent cette grande variabiliteacute avec des profils diffeacuterents selon les zones

Dans la zone de Mandoto comme deacutejagrave indiqueacute il y a une forte proportion drsquoEAF avec peu de fumure organique produite (plus de la moitieacute des EAF produisent moins de 15 tonnes) en raison du faible nombre drsquoanimaux et drsquoune production de compost qui reste peu importante Et ces EAF produisent environ frac14 de la fumure totale produite dans le terroir

Dans la zone drsquoArivonimamo la part des EAF avec moins de 15 tonnes est leacutegegraverement moindre (48) mais la FO produite pour lrsquoensemble de ces EAF nrsquoest que de 14 Donc un peu moins drsquoEAF mais une quantiteacute de FO produite tregraves faible On peut mettre cette diffeacuterence entre les deux zones au creacutedit de la production de compost traditionnel les EAF sans animaux sont plus importantes agrave Mandoto mais ces EAF pour compenser produisent du zezi-pako et en final sont moins deacutemunies que les EAF drsquoArivonimamoA lrsquoautre extreacutemiteacute des graphiques la part des EAF avec plus de 5 tonnes est faible agrave Mandoto agrave peine 4 des EAF et qui cumulent 6 de la FO produite totale Dans la zone drsquoArivonimamo la part de ces EAF est nettement plus importante (9) et surtout elles cumulent 29 de la FO Si on regroupe les deux derniegraveres classes la part des EAF avec plus de 3 tonnes agrave Arivonimamo est de 25 et ces EAF cumulent 58 de la FO agrave Mandoto elles sont 17 et cumulent 43 de la FO totale dans le terroir Ainsi si agrave Arivonimamo la production de FO moyenne par EAF est

supeacuterieure les ineacutegaliteacutes entre les EAF sont aussi plus importantes

3 La fumure organique disponible par EAF

La fumure organique disponible dans une EAF est en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les

fumiers produits la fabrication de composts mais aussi des eacutechanges

31 Les eacutechanges de fumure organique

Sur les Hautes Terres les eacutechanges de fumures organiques sont freacutequents que ces eacutechanges

soient marchands (achat vente) ou non (troc ou don)

Tableau 4 Part des EAF qui eacutechangent de la FO

Opeacuteration sur FO

Mandoto Arivonimamo

Ensemble 60 88- dont Achat 30 74- dont Vente 18 19- dont Troc 22 24

Comme le montre le Tableau 4 crsquoest une large majoriteacute des EAF qui eacutechangent de la fumure organique A Arivonimamo la pratique est presque geacuteneacuteraliseacutee avec 88 des EAF qui sont concerneacutees par au moins une opeacuteration drsquoentreacutee ou de sortie de FO

Si les opeacuterations drsquoeacutechanges non moneacutetariseacutes (troc ou don) et les ventes concernent agrave peu pregraves le mecircme pourcentage drsquoEAF dans les deux zones la diffeacuterence est forte en ce qui concerne les achats puisque agrave Arivonimamo ce sont presque 3 EAF sur 4 qui achegravetent de la FO Dans cette zone ougrave les productions maraichegraveres sont importantes les EAF sont agrave la recherche de fumure organique en termes de quantiteacutes pour augmenter le disponible mais aussi de qualiteacute (fumiers de porcs ou de volailles)

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Pour les eacutechanges sous forme de troc la fumure organique est eacutechangeacutee contre du travail (travail manuel ou prestation par exemple labour ou transport) contre de la paille de riz ou autres matiegravere organique (certainement pour produire du fumier) des semences (de riz ou maiumls) etc Les dons sont faits aux membres de la famille (le plus souvent des parents vers les enfants) mais aussi au meacutetayer voire agrave des voisins moins bien doteacutes Il y a donc un marcheacute de la fumure organique entre EAF drsquoune zone donneacutee mais aussi avec des EAF ou drsquoautres deacutetenteurs dans des zones plus eacuteloigneacutees Ainsi agrave Arivonimamo quelques EAF ont pu acqueacuterir des deacutechets urbains et beaucoup ont acheteacute du fumier en provenance drsquoeacutelevages speacutecialiseacutes

Tableau 5 Prix moyen en Ariary drsquoune charrette de fumure organique

Mandoto ArivonimamoNbre PU moyen Nbre PU moyen

Fumier de zeacutebu 179 5 809 225 16 158Fumier meacutelangeacute 49 4 837 88 13 286Fumier de porc 5 36 000 115 41 137Fumier de volaille 3 25 000 80 49 283Compost 8 18 333Zezi-pako 29 4 500

Les prix pour une charrette1 sont tregraves diffeacuterents entre les deux zones Et on peut penser qursquoagrave Arivonimamo le marcheacute de la fumure organique est laquo tendu raquo avec une forte demande et peu de fumure localement commercialiseacutee pour y reacutepondre Cette situation a des conseacutequences sur les prix avec comme lrsquoindique le Tableau 5 des prix tregraves eacuteleveacutes agrave Arivonimamo environ 3 fois plus eacuteleveacutes qursquoagrave Mandoto Ces prix ont eacuteteacute calculeacutes agrave partir des deacuteclarations de vente ou drsquoachat par les producteurs Lrsquoeffectif (Nbre) est le nombre de charrettes sur lequel a eacuteteacute calculeacute le prix moyen La part des achats est bien sucircr beaucoup plus eacuteleveacute et le plus souvent ce prix inclut le transport ce qui nrsquoest pas un eacuteleacutement neacutegligeable notamment agrave Arivonimamo ougrave la fumure provient drsquoeacutelevages relativement eacuteloigneacutes La charrette de fumier de porc ou de volaille est nettement plus chegravere que le fumier de zeacutebus ou de fumier meacutelangeacute Mais ce sont ces deux types de fumier qui sont les plus commerceacutes en quantiteacute

On notera que le pourcentage des EAF qui achegravetent est nettement supeacuterieur agrave celui des EAF qui vendent Les eacutechanges pourraient srsquoeacutequilibrer au niveau du territoire (le fokontany) par les quantiteacutes avec des EAF qui vendraient de grandes quantiteacutes et des EAF qui achegraveteraient de petites quantiteacutes En fait dans notre eacutechantillon (tireacute au sort et donc avec autant de chances de tirer un vendeur qursquoun acheteur) les eacutechanges ne srsquoeacutequilibrent pas et les quantiteacutes vendues ne repreacutesentent que 38 des quantiteacutes acheteacutees agrave Mandoto et seulement 22 agrave Arivonimamo Ainsi globalement les EAF achegravetent des fumures organiques agrave des exploitations agricoles drsquoautres fokontany et ceci est particuliegraverement reacutepandu agrave Arivonimamo avec des EAF qui achegravetent aux eacutelevages de poulets de chair de poules pondeuses ou de porcs proches de la ville drsquoImerintsiatosika

1 Aucune information nrsquoa eacuteteacute collecteacutee sur le poids des charrettes car le travail aurait eacuteteacute trop lourd agrave reacutealiser Ce poids deacutepend du niveau de remplissage mais aussi et beaucoup de la qualiteacute de la fumure organique Comme deacutejagrave indiqueacute pour faire les conversions nous avons utiliseacute le poids de 250 kg par charrette pour couvrir tous les types de fumure et eacuteviter les surestimations Certains pourront consideacuterer ce poids comme sous-estimeacute

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Figure 2 Evolution de la fumure moyenne produite par EAF

La fumure produite dans une EAF nrsquoest pas la fumure disponible celle-ci eacutevolue en fonction

des eacutechanges La Figure 2 preacutesente la situation moyenne drsquoune EAF selon la zone On constate que la quantiteacute de fumure disponible pour les cultures (apregraves entreacutees et sorties) est en moyenne plus importante que la fumure produite (voir aussi Tableau 6) Ainsi agrave Arivonimamo la fumure disponible passe agrave 29 tonnes par EAF alors que la quantiteacute produite est de lrsquoordre de 22 tonnes A Mandoto lrsquoeacutecart nrsquoest pas si important mais reste significatif avec respectivement 21 et 19 tonnesAinsi on peut deacuteduire de ces donneacutees que la strateacutegie des EAF est drsquoaugmenter la production de fumure organique sur lrsquoEAF (eacutelevage compost) mais aussi drsquoaugmenter la fumure organique disponible pour fertiliser les parcelles en achetant sur le marcheacute ou en srsquoapprovisionnant agrave travers

des eacutechanges non marchands Et cette strateacutegie est particuliegraverement dominante agrave ArivonimamoMais ces tendances geacuteneacuterales cachent de fortes dispariteacutes Ainsi les 3 EAF qui nrsquoavaient pas produit de FO en ont obtenu par achat et troc mais 4 EAF ont ceacutedeacute toute leur fumure organique Ainsi il y a toujours environ 1 de lrsquoeacutechantillon qui nrsquoa pas de FO disponible

32 Quantiteacutes disponibles et variabiliteacute

Ainsi lrsquoEAF moyenne a augmenteacute sa disponibiliteacute en FO dans les deux zones

(Figure 2 et Tableau 6) La composition (Figure 4) a eacutevolueacute par rapport agrave la FO produite (Figure 1) et ceci plus particuliegraverement agrave Arivonimamo Dans cette zone la part du fumier meacutelangeacute a fortement diminueacute (passant de 47 agrave 33) comme mais dans une moindre mesure celle du fumier bovin et ce sont les fumiers agrave base de deacutejections de porcs ou de fiente de volaille qui ont fortement progresseacute passant de 8 agrave 16 On note eacutegalement la progression du type autre FO qui est passeacute de 3 agrave 6 en lien avec lrsquoacquisition de deacutechets ou boues urbaines

Figure 3 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique disponible par EAF selon les zones

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A Mandoto les changements sont mineurs et concernent la reacutepartition entre fumier meacutelangeacute et fumier bovin ce dernier type progresse au deacutetriment du fumier meacutelangeacute Ceci srsquoexplique par le fait que les eacutechanges et en particulier moneacutetaires concernent le fumier de bovin et peu le fumier meacutelangeacute

Mais mecircme si on enregistre quelques eacutevolutions ce sont toujours le fumier de bovin et le fumier meacutelangeacute qui sont les fumures organiques les plus importantes car ils repreacutesentent plus de 70 des quantiteacutes moyennes disponibles au niveau de lrsquoEAF moyenne

Comme pour la fumure produite la fumure disponible par EAF est tregraves variable La variabiliteacute a mecircme augmenteacute avec des coefficients de variation autour de la moyenne un peu plus eacuteleveacutes pour la FO disponible Mais le recours au marcheacute et les eacutechanges non marchands ont fait fortement eacutevoluer la reacutepartition de la fumure organique entre les EAF La Figure 4 illustre ces eacutevolutions contrasteacutees selon les zones

Figure 4 Evolution de la reacutepartition des EAF et de la FO selon des classes de quantiteacutes de FO produite et disponible en tonnes

A Mandoto lrsquoeacutevolution nrsquoest pas tregraves importante les pourcentages drsquoEAF progressent en mecircme temps que les classes de quantiteacute de FO mais de maniegravere tregraves modeacutereacutee Le recours aux eacutechanges nrsquoentraicircne pas de modification spectaculaire dans le profil des graphiques que cela soit pour la reacutepartition des EAF ou pour la reacutepartition de la FO la part des EAF avec moins 05 tonne diminue de 18 agrave 15 et crsquoest la classe de 05 agrave 15 tonnes qui progresse de 3 la part des EAF les mieux pourvues (plus de 5 tonnes) progresse mais tregraves faiblement aussi

A Arivonimamo les changements sont beaucoup plus importants La part des EAF avec moins de 05 tonne diminue pour passer de 22 avec la fumure produite agrave seulement 9 pour la fumure disponible Ainsi la plus grande partie des EAF les moins pourvues se sont procureacutees de la FO sur le marcheacute ou par le troc car pour les cultures maraichegraveres il est indispensable drsquoavoir de la fumure organique Et ce sont les classes avec de plus grandes quantiteacutes de FO qui ont progresseacute de maniegravere remarquable

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les EAF avec plus de 3 tonnes sont passeacutees de 25 agrave 42 et la fumure que cumulent ces EAF est passeacutee de 58 agrave 73 La progression tregraves forte des EAF les mieux pourvues srsquoest tout de mecircme traduite par une concentration au niveau de ces EAF

33 Quantiteacute de fumure organique et surface

Lrsquoimportance de la fumure organique drsquoune EAF ne peut ecirctre appreacutecieacutee qursquoen fonction de la superficie agrave cultiver qui elle-mecircme deacutepend de la Surface Agricole Utile disponible par EAF Celle-ci varie selon la zone avec environ 15 ha agrave Mandoto et 09 ha agrave Arivonimamo

Tableau 6 Superficie et quantiteacutes moyennes par EAF

Variables par EAF Mandoto Arivonimamo

Moyenne CV Moyenne CVSAU (ha) 148 88 091 82FO produite (tonne) 187 90 218 92

FO disponible (tonne) 213 102 290 78

FO disponible (tonneha) 169 84 367 66

La quantiteacute de fumure disponible est en relation lineacuteaire avec la SAU les coefficients de correacutelation entre ces deux variables sont relativement eacuteleveacutes avec +076 agrave Mandoto et +059 agrave Arivonimamo et significatifs agrave 001 Dans les deux zones ces coefficients sont supeacuterieurs agrave ceux qui lient les variables de cheptel (nombre de bovins et valeur totale du cheptel) et les variables de SAU ainsi on peut en deacuteduire que cette relation entre quantiteacute de FO et surface nrsquoest pas seulement fonction des animaux disponibles mais bien dlsquoune strateacutegie des EAF une laquo strateacutegie de construction de la fertiliteacute raquo des sols (NrsquoDieacutenor et al 2011)

Figure 5 Nuages de points entre SAU et FO disponible pour chaque zone

Quand on ramegravene la quantiteacute de fumure organique disponible par ha de SAU la zone Arivonimamo apparaicirct nettement mieux pourvue avec pregraves de 35 t ha de SAU alors qursquoagrave Mandoto ougrave les EAF ont moins de FO disponible et plus de surface la moyenne est de 21 tonneha

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Les graphiques en nuage de points mettent en eacutevidence cette relation Les coefficients Rsup2 ne sont pas tregraves eacuteleveacutes ce qui signifie que la SAU disponible agrave elle seule nrsquoexplique pas tregraves bien la variabiliteacute observeacutee A Mandoto il y a quelques points atypiques (par exemple un producteur avec une superficie assez faible et beaucoup de fumure parce que le cheptel est important) mais la reacutegression semble repreacutesenter assez bien la situation la FO disponible est eacutegale agrave 125 fois la SAU + 03 tonnes

A Arivonimamo la reacutepartition des points est assez atypique et il semble exister deux groupes de producteurs avec des strateacutegies diffeacuterentes le premier en rouge dans le graphique vise une quantiteacute importante de FO par uniteacute de surface (35 fois la superficie plus 125 tonnes) alors que le second se rapproche de la situation de Mandoto et semble rechercher une quantiteacute de FO qui repreacutesente 15 fois la SAU + 01 tonne

Pour expliquer ces diffeacuterences entre les deux groupes il faut rechercher du cocircteacute des cultures pratiqueacutees avec pour le premier groupe des surfaces en cultures maraichegraveres plus importantes et avec pour le second un assolement beaucoup plus traditionnel (ces aspects seront analyseacutes dans le prochain article)

Ces quantiteacutes moyennes semblent cependant insuffisantes pour renouveler la fertiliteacute des sols cultiveacutes car selon les travaux de P Garin meneacutes il est vrai dans la zone du Lac Alaotra il faudrait 4 tonneshaan en moyenne de fumier pailleux neacutecessaire (Garin 1998 citeacute par Dubois 2004) pour restituer au sol la bonne quantiteacute de matiegravere organique contrebalanccedilant la mineacuteralisation de la matiegravere organique due aux cultures

Mais nombre de producteurs notamment dans la zone dArivonimamo ajoutent agrave la fumure organique des engrais mineacuteraux Ce point sera traiteacute dans le prochain numeacutero de JAE avec un article sur les strateacutegies drsquoutilisation de la fumure organique et mineacuterale

34 La qualiteacute fertilisante des fumiers

Dans le cadre du mecircme projet de recherche Secure des eacutechantillons de fumures

organiques destineacutees agrave la culture de riz pluvial ont eacuteteacute preacuteleveacutes dans 40 fermes de reacutefeacuterence (20 dans chacune des zones) pour la campagne culturale 2018-2019 Une quantiteacute drsquoenviron 700 cm3 a eacuteteacute preacuteleveacutee sur les parcelles au moment de la mise en place de la culture du riz Ces eacutechantillons ont eacuteteacute analyseacutes et les reacutesultats donnent une indication de la qualiteacute moyenne des fumiers produits et utiliseacutes dans les zones

Tableau 3 Qualiteacute des fumiers utiliseacutes (en de la matiegravere segraveche)

Zone pH N P KMandoto 86 11 03 18Arivonimamo 82 10 07 13

Avec des pH supeacuterieurs agrave 8 les fumiers permettent de corriger laciditeacute des sols (qui ont souvent des pH de deacutepart autour de 5) par leur pouvoir alcalinisant et dameacuteliorer dans la dureacutee les sols pour les rendre plus favorables aux cultures exigeantes comme le maiumls le soja le haricot les cultures maraichegraveres etc

La qualiteacute selon les trois principaux eacuteleacutements (N=Azote P=Phosphore et K=Potassium) peut ecirctre ainsi commenteacutee

bull N les teneurs moyennes en azote sont plutocirct faibles dans les 2 zones mettant en lumiegravere la neacutecessiteacute de mieux conserver cet eacuteleacutement tregraves mobile par dallage couverture rajout de pailles de riz ou de fanes de leacutegumineuse pour stockage de lurine Toutes les plantes ont besoin drsquoazote

bull P une teneur en phosphore nettement plus eacuteleveacutee agrave Arivonimamo en raison dassociations de deacutejections agrave base de volaille et de porc (dont une partie est acheteacutee voir infra) Mais ces teneurs sont faibles alors que lrsquoinsuffisance des sols en phosphore est tregraves souvent un des principaux facteurs limitant pour les cultures

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La FO avec ses faibles teneurs en P est de maniegravere geacuteneacuterale insuffisante pour lever ce facteur limitant

bull K les teneurs en potassium sont relativement eacuteleveacutees dans les deux zones par concentration des pailles par lrsquoajout de cendres de balles de riz ou de balles de riz en lrsquoeacutetat Le potassium est important notamment pour les cultures fruitiegraveres et maraicircchegraveres

Pour appreacutecier la qualiteacute en terme de nutrition des plantes on peut comparer les apports du fumier agrave ceux drsquoun engrais NPK 112216 (utiliseacute couramment dans la reacutegion) Le fumier moyen entre les deux reacutegions agrave des teneurs que lrsquoon peut arrondir agrave 1N 05P 15K en matiegravere segraveche (MS) ainsi en faisant simplement le rapport avec les des analyses 1 kilogramme drsquoengrais eacutequivaut pour N agrave 11 kgfumier MS pour P agrave 44 kgfumier MS et pour K agrave 11 kgfumier MS

Pour se rapprocher des pratiques paysannes il faut faire la comparaison avec des matiegraveres fraicircches et en uniteacute traditionnelle Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes le poids en MS eacutequivaut agrave 50 du poids en matiegravere fraiche une charrette de fumure organique pegravese1 250 kg Ainsi une charrette de fumier de faible qualiteacute eacutequivaut pour N agrave 11 kg pour P agrave 3 kg et pour K agrave 12 kg de lrsquoengrais NPK (112216) utiliseacute pour la comparaison

Si on fait la comparaison en termes de prix avec le kilogramme drsquoengrais agrave 2 200 Arkg (prix de 2019) et une charrette agrave 10 000 Ar lrsquouniteacute fertilisante coucircte avec lrsquoengrais environ 4 500 Ar et 2 700 Ar avec la charrette de fumier Ainsi lrsquoapport de FO est nettement plus inteacuteressant sur le plan eacuteconomique et ceci drsquoautant plus que la fumure est autoproduit valorisant ainsi lrsquoeacutelevage

1 Comme deacutejagrave indiqueacute le poids de la charrette varie for-tement selon le volume de remplissage et la qualiteacute du fumier Avec du fumier de bonne qualiteacute une charrette peut peser 400 kg voire plus mais avec du fumier de mauvaise qualiteacute ou du zezi-pako le poids peut descendre nettement en dessous des 250 kg Pour prendre en compte lrsquoensemble des types de fumure or-ganique nous avons adopteacute le poids moyen de 250 kgcharrette (notamment en reacutefeacuterence agrave Saint-Andreacute et al 2016)

etou le travail familial Cet amendement a aussi de nombreuses autres qualiteacutes que nrsquoa pas lrsquoapport drsquoengrais mineacuteraux avec des effets sur la structure et la faune du sol lrsquoapport drsquoeacuteleacutements fertilisants secondaires et des utilisations agronomiques inteacuteressantes (par exemple pour ameacuteliorer la leveacutee des cultures)

Ces calculs ont eacuteteacute faits avec des reacutefeacuterences moyennes plutocirct deacutefavorables agrave la FO (notamment le poids de la charrette) or les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de la qualiteacute et de la quantiteacute du fumier produit sont nombreuses (Salgado et Tillard 2012) avec des effets positifs sur la productiviteacute de la terre et du travail (Marline 20152) Dans le cadre des fermes de reacutefeacuterence sur les deux zones des agriculteurs appuyeacutes par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie se sont engageacutes dans un processus dameacutelioration des fumures organiques et peuvent ecirctre des reacutefeacuterents pour la diffusion des techniques

4 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La fumure organique disponible dans une EAF est fonction des quantiteacutes produites (en

moyenne 217 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 187 tonnes dans le MO du Vakinankaratra) en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les pratiques de compostage Mais pas seulement car le recours au marcheacute ou au eacutechanges non marchands font eacutevoluer de maniegravere significative agrave la fois les quantiteacutes disponibles par EAF mais aussi la qualiteacute et la reacutepartition entre les EAF La FO moyenne disponible est de 29 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 21 tonnes dans le MO du Vakinankaratra Rameneacutee agrave la SAU la quantiteacute de FO disponible est 367 tonnes par ha agrave Arivonimamo et 169 tha agrave Mandoto

2 Apregraves avoir enquecircteacute trente exploitations agricoles de la reacutegion Vakinankaratra Marline conclut que laquo lrsquoadoption des pra-tiques drsquoameacutelioration de la qualiteacute du fumier ne se traduit pas par une augmentation significative du coucirct de production du fumier notamment en raison des eacuteconomies drsquoeacutechelle dans la fabrication du fumier de qualiteacute En utilisant les reacutesultats des expeacuterimenta-tions de BIOVA lrsquoeacutepandage du fumier ameacutelioreacute sur les parcelles augmenterait la productiviteacute agricole de la terre de 27 et la pro-ductiviteacute globale du travail de 23 raquo (Marline 2015)

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Les produits ajouteacutes au fumier sont nombreux et la production de compost traditionnel ou laquo moderne raquo est reacutepandue

Ainsi que cela soit en termes de pourcentage drsquoEAF inteacuteresseacutees ou en termes de motivation il y a dans ces deux zones une base solide de pratiques et de connaissances paysannes sur laquelle peut srsquoappuyer la vulgarisation de lrsquoameacutelioration de la quantiteacute et de la qualiteacute du fumier et la production de compost

La recherche a commenceacute agrave analyser la diversiteacute de ces pratiques et leurs effets sur la production Un grand nombre de matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et animales sont recycleacutees et les premiers reacutesultats montrent drsquoimportantes synergies entre elles avec des associations courantes avec les engrais

La theacutematique de la fertilisation organique est importante pour les agriculteurs de ces zones Parmi diffeacuterentes pratiques agroeacutecologiques lrsquoutilisation des FO est assez geacuteneacuteraliseacutee et les agriculteurs adoptent via ces pratiques des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute (cf paragraphe 33) Dans cette optique les accompagnements et renforcements de la part des acteurs du deacuteveloppement rural nous semblent tregraves pertinents en matiegravere drsquoaugmentation en quantiteacute et en qualiteacute Les reacutefeacuterences drsquoameacutelioration existent deacutejagrave (Salgado et Tillard 2012 Rasolofo et al 2018) Des plantes ameacuteliorantes peuvent ecirctre eacutegalement utiliseacutees agrave lrsquoeacutechelle des EAF ou du territoire On peut citer les plantes reacutepulsives qui ameacuteliorent les FO dans la lutte contre les insectes (cf reacutefeacuterences du GSDM) les Tithonia qui apportent une quantiteacute significativement importante de K compareacutes agrave diffeacuterents types de fumiers (Olabode et al 2007) etc

Lrsquoeacutetude reacutevegravele eacutegalement que lrsquoutilisation des fumiers meacutelangeacutes provenant de plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage est une pratique courante des agriculteurs dans les deux zones Lrsquoameacutelioration des conduites drsquoeacutelevage dont lrsquoalimentation la santeacute ou lrsquohabitat pourrait ainsi ecirctre une autre faccedilon de rehausser la qualiteacute fertilisante des FO encore consideacutereacutee comme faible Lrsquoameacutelioration

dans ce cas devrait concerner de plus en plus les animaux agrave cycle court tels que les volailles etou les porcs En fait crsquoest parce que lrsquoeacutelevage bovin est menaceacute par les vols alors que les EAF ont toutes au moins des volailles au sein de leur exploitation

Les agriculteurs savent que la fumure organique est la base pour une bonne gestion de la fertiliteacute des sols qursquoelle permet drsquoameacuteliorer lrsquoefficience des engrais apporteacutes et qursquoelle peut aussi jouer un rocircle de leveacutee de certaines deacuteficiences De nouveaux enjeux apparaissent comme pour le compost avec la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et un besoin de reacutefeacuterentiel technico-eacuteconomique pour faire eacutevoluer la production de zezi-pako vers un compost avec plus de qualiteacutes fertilisantes

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RECHERCHES

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Les plantes de services en Agro-eacutecologie les rotations et successions des cultures leccedilons apprises du GSDM

Rakotondramanana Raharison T Randriamitantsoa M Moussa N Razanamparany C Tokiherinionja TF Sandratriniaina R R

Randriamiarana V Razaka M

Introduction

Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale les paysans pratiquent toujours des associations de cultures mais

pour la plupart il srsquoagit drsquoassociation laquo gramineacutee ndash gramineacutee raquo qui ne contribue pas du tout agrave la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols Dans le district de Mandoto par exemple lrsquoassociation maiumls + riz pluvial (41 des surfaces) manioc + maiumls (19 des surfaces) maiumls + arachide (10 des surfaces) sont les plus dominantes (RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019) A part lrsquoassociation avec lrsquoarachide ces associations nrsquoont pas beaucoup drsquointeacuterecirct dans la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et devraient changer en association gramineacutees - leacutegumineuses en utilisant les plantes de couverture agrave forte capaciteacute de reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols en plus de leurs proprieacuteteacutes eacuteprouveacutees en tant que plantes de services Lrsquoassociation du maiumls avec le haricot est tregraves courante aussi bien sur les Hautes Terres que dans le Moyen Ouest crsquoest une association ougrave lrsquoon a deux cultures alimentaires en mecircme temps mais la biomasse de la leacutegumineuse le haricot se mineacuteralise tregraves vite et nrsquoest plus visible apregraves la saison segraveche De mecircme lrsquoassociation du maiumls avec le soja est aussi tregraves freacutequent sur les Hautes Terres et surtout sur les sols volcaniques drsquoAntsirabe et de Betafo mais comme le haricot le soja se mineacuteralise tregraves vite et ne contribue pas beaucoup agrave la biomasse

Le but principal de cet article est de rappeler les principales plantes de couvertures en compleacutetant avec les acquis du GSDM dans les principales reacutegions de Madagascar ceci par rapport aux donneacutees du Manuel pratique du semis direct de Madagascar (HUSSON O et al 2013) un travail collectif sous la houlette drsquoOlivier HUSSON ougrave nous avons largement contribueacute et dont les principales informations ont eacuteteacute soit actualiseacutees soit compleacuteteacutees

Brefs aperccedilus des principales plantes de couvertures ou drsquoembocagement des parcelles

11 Le mucuna

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc) mais ses proprieacuteteacutes en agronomie nrsquoont eacuteteacute que tregraves peu documenteacutees ou sont resteacutees inconnues Pourtant cette leacutegumineuse a un tregraves grand inteacuterecirct en agronomie

Photo 1 Une bonne biomasse de mucuna

111 Une leacutegumineuse pour la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et la lutte contre le striga

Dans le site drsquoIvory sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + Mucuna varient de 468 agrave 485 tha en F1 et de 5 agrave 536tha en F2 et les rendements de maiumls en association avec le Mucuna varient de 44 agrave 487 tha en F1

1 et de 53 agrave 56tha en F2

2 Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020)

1 F1 5 tha de fumier de ferme

2 F2 F1 + 80 kgha de NPK 11- 22 ndash 16 et 25 kg ha drsquoureacutee

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Ce systegraveme bisannuel en agriculture de conservation permet drsquoobtenir des rendements stables de la production de riz et de maiumls associeacute Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans et dans les eacutecoles (CEG) appuyeacutees par le GSDM

112 Une leacutegumineuse pour lutter contre les mauvaises herbes

Photo 2 Apregraves une biomasse de mucuna (jachegravere de mucuna en haut et biomasse de mucuna associeacute avec du maiumls en bas) pas de

mauvaises herbes pour la culture suivante

113 Un reacutepulsif contre les insectes et mecircme contre drsquoautres ravageurs des cultures

Contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) LrsquoONG DURRELL qui a introduit des

associations agrave base de mucuna dans les aires proteacutegeacutees a pu observer que le mucuna limite aussi les attaques de sangliers (DURRELL 2020) Les varieacuteteacutes noires type Garadake du CTAS ou marbreacute existent mais il semble que la varieacuteteacute noire est la plus appreacutecieacutee

12 Le nieacutebeacute eacuterigeacute

Le nieacutebeacute (Vigna unguiculata subsp unguiculata) est une sous-espegravece veacutegeacutetale du Vigna unguiculata originaire drsquoAfrique Probablement introduit en Ameacuterique tropicale au XVIIegraveme siegravecle par les Espagnols le nieacutebeacute est aujourdhui largement cultiveacute dans le Sud des Eacutetats-Unis aux Caraiumlbes et au Breacutesil et bien sucircr en Afrique Les observations faites sur de longues anneacutees montrent que le nieacutebeacute eacuterigeacute David est adapteacute agrave tous les types de sols dans tous les milieux agrave Madagascar Sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute proposeacutee dans les zones humides de la Cocircte Est uniquement agrave cause de problegraveme de production de semences Comme le haricot crsquoest une leacutegumineuse alimentaire agrave cycle court mais qui exige des traitements insecticides freacutequents

Photo 3 Nieacutebeacute eacuterigeacute cv David CEG Antokofoana

Sa biomasse peu lignifieacutee se deacutegrade tregraves vite et demande agrave ecirctre associeacutee avec une biomasse lignifieacutee comme celle du maiumls ou du sorgho

Madagascar est connu pour sa production de nieacutebeacute type laquo Black eyes raquo exporteacute vers plusieurs pays mais surtout vers lrsquoinde Crsquoest la reacutegion drsquoAmbato Boeny sur les baiboho du Betsiboka qui est la reacutegion de production la plus importante

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13 Les nieacutebeacutes rampants

Les nieacutebeacutes rampants sont des varieacuteteacutes locales seacutelectionneacutes par les paysans sur de longues anneacutees en geacuteneacuteral dans les zones segraveches comme le Sud Malgache La varieacuteteacute SPLF2 seacutelectionneacutee par lrsquoONG TAFA dans la reacutegion du Sud-Ouest renommeacute actuellement FARIMASO par le CTAS ou la varieacuteteacute BABOKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy sont des exemples de nieacutebeacute rampant (ANCOS 2016) Les nieacutebeacutes rampants existent en nombre important dans les zones segraveches mais ne sont pas toutes exploiteacutees Leur gros avantage dans le couvert veacutegeacutetal reacuteside dans leur biomasse tregraves lignifieacutee donc ne se mineacuteralise pas trop vite En plus ils sont tregraves adapteacutes dans tous types de sols en zones segraveches comme ici sur la photo que nous avons prise agrave Tsihombe sur sol tregraves sableux en 2016 une anneacutee tregraves segraveche dans le Sud (RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANAJAKA J 2016

Photo 4 Nieacutebeacute rampant sur sable roux Imongy Tsihombe 2016 peacuteriode tregraves segraveche

dans le Sud

14 Le Vigna radiata

Le Vigna radiata ou Antsoroko est une leacutegumineuse comestible par lrsquohomme au mecircme titre que les nieacutebeacutes Un exemple de ce type de leacutegumineuse est la varieacuteteacute MORAMASAKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy (ANCOS 2016) Les Antsoroko sont cultiveacutes par les paysans ou sont endeacutemiques dans les reacutegions de lrsquoAndroyAnosy dans le Sud-Ouest dans les bassins seacutedimentaires du Menabe du Boeny et du Nord-Ouest donc il y a une grande possibiliteacute de seacutelection de varieacuteteacutes dans les populations existantes Dans le Boeny nous

avons pu identifier une varieacuteteacute drsquoAntsoroko agrave forte biomasse qui srsquoassocie bien avec le maiumls (RAKOTONDRAMANANA 2019)

Photo 5 Antsoroko Bongomena Commune Rurale Marovoay

15 La dolique

Le lablab (Lablab purpureus syn Dolichos lablab L Dolichos purpureus L) eacutegalement appeleacute pois antaque (ou Antaka en Malgache) ou dolique dEacutegypte est une espegravece de leacutegumineuse de la famille des Fabaceae qui est largement reacutepandu comme plante alimentaire dans les reacutegions tropicales notamment en Afrique Plante alimentaire traditionnelle en Afrique ce leacutegume peu connu preacutesente un potentiel inteacuteressant pour ameacuteliorer la nutrition renforcer la seacutecuriteacute alimentaire favoriser le deacuteveloppement rural et soutenir lameacutenagement durable du territoire Dans lrsquoAndroy la dolique est torreacutefieacutee pileacutee au

Photo 6 Dolique photo sur internet

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mortier avec le maiumls et sert de repas riche pour beaucoup de communauteacute

A Madagascar la dolique est geacuteneacuteralement cultiveacutee dans les reacutegions infeacuterieures agrave 1200 m drsquoaltitude (HUSSON O et al 2013) mais pas partout A part lrsquoAndroy et les bassins seacutedimentaires de lrsquoOuest et du Nord-Ouest la dolique se cultive sur les baiboho de la rive Est du Lac Alaotra La dolique donne une biomasse lignifieacutee qui associeacutee avec celle du maiumls creacutee un excellent lit de semis du riz pluvial agrave la prochaine campagne sur la base des reacutesultats sur la rive Est du Lac Alaotra en particulier

Diffeacuterentes varieacuteteacutes ont eacuteteacute seacutelectionneacutees par le CTAS dans lrsquoAndroy Vorompotsy (CTAS D1) Manja (CTAS D2) Ondragne (CTAS D3) Lohapitse (CTAS D4) Les varieacuteteacutes agrave cycle long sont appreacutecieacutees dans le Sud

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Seasea Antake ambahe Antake salazagne) marron port rampant originaire de Tsihombe (ougrave elle est appreacutecieacutee) peu inteacuteressante pour le district drsquoAmbovombe (sensible aux insectes)

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Anta-drazagne Antake mena) rouge ou blanc port rampant tregraves appreacutecieacutee dans le district drsquoAmbovombe pour sa reacutesistance aux insectes

16 Le Stylosanthes guianensis

Crsquoest le systegraveme phare en semis sous couvert veacutegeacutetal dans le Moyen Ouest Le laquo Stylo raquo comme on lrsquoappelle localement ressemble un peu agrave Medicago sativa la luzerne cultiveacutee en France Le stylo a eacuteteacute introduit agrave Madagascar dans le Moyen Ouest pour la production de fourrages Mais cette vieille varieacuteteacute est actuellement sensible agrave lrsquoanthracnose si bien que le GSDM avec le projet Bassin Versant et Peacuterimegravetre Irrigueacute du Lac Alaotra (BV Lac) a introduit en 2004 la varieacuteteacute CIAT 184

bull Crsquoest une leacutegumineuse peacuterenne aux feuilles trifolieacutees on la cultive en moyenne sur un cycle de 3 ans mais qui peut se reconstituer facilement avec les graines tombeacutees dans le sol mecircme apregraves un labour

bull Elle produit une forte biomasse (5 agrave 10 T de matiegravere segraveche sur sol deacutegradeacute et jusqursquoagrave 20 T sur sol riche)

bull Elle fixe entre 70 et 200 kg drsquoazote agrave lrsquohectare bull Son puissant systegraveme racinaire pivotant

restructure les sols bull Son port buissonnant jusqursquoagrave 1m80 de haut

la rend agressive vis agrave vis de la plupart des adventices comme le Striga plante parasite du riz et du maiumls agrave Madagascar

bull Crsquoest un excellent fourrage et elle peut ecirctre pacirctureacutee

bull Ses fleurs sont mellifegraveres il fleurit agrave une peacuteriode ougrave lrsquoabsence de fleurs affaiblit les abeilles creacuteant une continuiteacute juste avant la floraison du litchi

Photo 7 Une bonne biomasse de Stylosanthes Coopeacuterative FANILO

Amparihy commune Vinany

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Ces caracteacuteristiques expliquent qursquoon la surnomme aussi laquo luzerne tropicale raquo et cela en fait un excellent preacuteceacutedent pour de nombreuses cultures et en particulier les plantes qui fournissent les produits de base agrave Madagascar riz et maiumls

Le Stylosanthes guianensis srsquoadapte agrave un large spectre de sols et en particulier les sols acides (elle est capable de produire des nodules agrave pH 4 ) ainsi qursquoagrave de nombreux climats jusqursquoagrave 10001

megravetres drsquoaltitude et une pluviomeacutetrie de 600 agrave 3000 mm par an

17 Les arachis

Arachis est un genre de plantes dicotyleacutedones de la famille des Fabaceae sous-famille des Faboideae originaire dAmeacuterique du Sud qui compte 70 espegraveces annuelles ou vivaces LrsquoArachis apporte beaucoup drsquoazote au sol et en plus crsquoest une plante largement utiliseacutee comme plante mellifegravere

Deux espegraveces ont eacuteteacute essayeacutees agrave Madagascar lrsquoArachis pintoiuml et lrsquoArachis peacuterenne Cette leacutegumineuse a eacuteteacute largement diffuseacutee dans le Pays dans les cultures de rente (cafeacuteier poivrier vanillier giroflier) et dans les cultures fruitiegraveres

Photo 8 Arachis pintoiuml

1 1000 m Corrigeacute par lrsquoauteur le texte initial eacutetait 1600 m drsquoaltitude agrave Madagascar le Stylo nrsquoest plus cultiveacute au-dessus de 1000 m drsquoaltitude

18 La vesce

Vicia sativa la vesce cultiveacutee ou vesce commune est une plante annuelle appartenant agrave la famille des Fabaceacutees du mecircme genre que la fegraveve ou le haricot La vesce commune est cultiveacutee en tant que fourrage mais crsquoest aussi un excellent engrais vert Elle est de plus une plante inteacuteressante pour lrsquoeacutelevage des abeilles et peut eacuteventuellement ecirctre consommeacutee par lrsquohomme De plus la vesce a des difficulteacutes agrave se deacutevelopper dans les sols tregraves argileux

La vesce a eacuteteacute essayeacutee un peu partout agrave Madagascar mais crsquoest surtout au Lac Alaotra sur baiboho et sur colluvions de bas de pente riche qursquoelle a connu un succegraves Au Lac Alaotra la vesce rentre dans un systegraveme Rizcultures maraicircchegraveresvesce Dans ce systegraveme le riz beacuteneacuteficie de la biomasse de la vesce et de lrsquoarriegravere effet de la fertilisation des cultures maraicircchegraveres En plus de sa biomasse on reacutecolte les semences avant de la rouler pour le semis du riz Essayeacute dans les autres reacutegions de Madagascar la vesce a rencontreacute des problegravemes de rotation avec le riz irrigueacute sur les Hauts Plateaux en raison de son cycle qui srsquoallonge et retarde ainsi le repiquage du riz Par ailleurs la production de semences a eacuteteacute un problegraveme

Photo 9 Riz sur biomasse de vesce en Riziegravere agrave Mauvaise Maicirctrise dEau (RMME) M Charles Mahatsinjo CR Ambohitsilaozana Rive Est Lac

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19 Le Pois drsquoAngole

Le pois dAngole (Cajanus cajan syn Cajanus indicus) est une espegravece de plante vivace de la famille des Fabaceae Le pois dAngole est agrave la fois une culture vivriegravere (pois secs farine pois frais ou leacutegumes verts et une culture fourragegravere de couverture) Les pois contiennent des niveaux eacuteleveacutes de proteacuteines et dimportants acides amineacutes (meacutethionine lysine et tryptophane) En combinaison avec des ceacutereacuteales le pois dAngole constitue une alimentation humaine eacutequilibreacutee Aussi sous le nom de pois cajan pois-congo ambrevade ou pwa di bwa en creacuteole Guadeloupeacuteen le pois dAngole est une leacutegumineuse vivace agrave graine cultiveacutee en agriculture pluviale dans les reacutegions tropicales semi-arides httpsfrwikipediaorgwikiPois_d27Angole)

Photo 10 Pois drsquoAngole agrave la maturiteacute des gousses

Les expeacuteriences avec le Pois drsquo Angole ont eacuteteacute surtout obtenues dans lrsquoAndroy ougrave il a eacuteteacute utiliseacute en brise-vent en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute (forecirct de Cajanus) mais surtout a beaucoup contribueacute agrave la seacutecuriteacute alimentaire de cette zone segraveche (RAHARISON T et al 2018) en effet la consommation du pois drsquoAngole est rentreacute dans les habitudes alimentaires de certaines tribus de lrsquoAndroy et se trouve mecircme consommeacute agrave la place du haricot dans les funeacuterailles

Le Pois drsquoAngole est connu pour sa capaciteacute agrave aller chercher lrsquohumiditeacute en profondeur Etant une plante lignifieacutee il aide agrave renforcer la biomasse des autres espegraveces

110 Les crotalaires

Les crotalaires ont eacuteteacute associeacutes au riz pluvial mais sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute un succegraves Cependant les crotalaires ont lrsquoavantage drsquoavoir une biomasse lignifieacutee et qui nrsquoest pas appeacuteteacutee par les animaux Par ailleurs les crotalaires ont des racines profondes qui cherchent lrsquoeau en profondeur

Photo 11 Crotalaria gramihana endeacutemique sur les Hauts Plateaux

2 Les reacutesultats de la recherche

Nous rappelons ici les reacutesultats du site drsquoIvory pour deacutemontrer les capaciteacutes des plantes de

couverture agrave reacutegeacuteneacuterer un sol pauvre infesteacute de striga En effet le sol de ce site un sol ferralitique agrave pH 4 eacutetait abandonneacute par le proprieacutetaire agrave cause de lrsquoimpossibiliteacute drsquoy planter du maiumls et du riz agrave cause du striga

Le site drsquoIvory est situeacute agrave 100 km agrave lrsquoouest drsquoAntsirabe (pregraves de la RN 34 vers Miandrivazo) sur les plateaux de la zone centrale du Moyen Ouest dans le district de Mandoto Commune rurale de Vinany (localisation agrave la fig1) Les systegravemes mis en place ont eacuteteacute baseacutes sur les 3 dispositifs agrave savoir la lutte contre le Striga la diversification des cultures et la collection varieacutetale Les systegravemes de cultures proposeacutees ont eacuteteacute baseacutes sur la mise en place de maiumls en association avec des leacutegumineuses annuelles (vivriegraveres nieacutebeacute soja arachide Vigna umbellata) ou de plantes de couverture (mucuna et Stylosanthes) drsquoune part et la mise en place de plante de couverture fourragegravere (Arachis pintoiuml et Arachis peacuterenne)

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Sur les dispositifs des systegravemes en Agriculture de Conservation sont compareacutes au teacutemoin traditionnel laboureacute avec un minimum drsquointrants F1 (fumier seul agrave 5tha) ou F2 (F1 + 80 kgha de NPK + 25 kgha drsquoureacutee) soit des doses faibles se rapprochant des pratiques paysannes Le traitement en culture pure sans couvert veacutegeacutetal sur labour constitue un teacutemoin commun aux diffeacuterents essais conduits en Agriculture de Conservation (AC) sur reacutesidus ou sur couverture vivante

Figure 1 localisation du site drsquoIvory dans le Moyen Ouest commune de Vinany district de Mandoto

Figure 2 Pluviomeacutetrie par deacutecade sur le site drsquoIvory

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Figure 3 Rendements de riz sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Figure 4 Rendements de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements des systegravemes en Agriculture de Conservation sont nettement plus eacuteleveacutes que ceux obtenus en pratiques traditionnelles Le laquo riz pluvial sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses vivriegraveres raquo est de 37 agrave 47 THa (fertilisation F2) contre seulement 07 agrave 10 tHa sur labour Les systegravemes agrave base de mucuna sont les plus performants Malgreacute une faible pluviomeacutetrie agrave la 3egraveme deacutecade de feacutevrier et agrave la 2egraveme de mars en 2019 les rendements de cette anneacutee nrsquoont pas eacuteteacute affecteacutes ce qui montre bien la reacutesilience des systegravemes en agriculture de conservation sur le changement climatique Les mecircmes observations sont faites sur les rendements du maiumls associeacute

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Ces observations sont reacuteguliegraveres sur de nombreuses anneacutees et montrent qursquoune fois la fertiliteacute restaureacutee avec de fortes biomasses sans labour du sol et avec de faible dose drsquoengrais on aboutit agrave de tregraves bons rendements Lrsquoautre observation importante est la tregraves grande diffeacuterence entre les parcelles laboureacutees et les parcelles non laboureacutees avec les mecircmes doses de fertilisations Ceci srsquoexplique sur le fait que le labour mineacuteralise la matiegravere organique et entraine une perte eacutenorme par lessivage

3 Quels systegravemes pour les Hautes terres

Les systegravemes suivants sont proposeacutes pour large diffusion sur les Hautes Terres Dans le cadre de la diffusion du Projet MANITATRA II on note un fort engouement des paysans pour les systegravemes agrave base de mucuna au vue des premiers reacutesultats obtenus dans les Champs Ecoles Paysans (CEP) et dans les parcelles drsquoapplication des Collegraveges drsquoEnseignement Geacuteneacuteral (CEG) en effet pour la campagne 2019 - 2020 le systegraveme agrave base de mucuna en association avec le maiumls deacuterobeacute dans lrsquoassociation laquo maiumls + haricot raquo ou mecircme en jachegravere de mucuna a connu une adoption importante sur les Hauts terres

31 Le maiumls associeacute au haricot deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la campagne suivante

Le maiumls associeacute au haricot est tregraves courant sur les hautes terres donc agrave la maturiteacute du haricot et mecircme avant la reacutecolte on segraveme le mucuna sur la ligne du haricot La biomasse de maiumls va srsquoassocier agrave celle du mucuna pour constituer un lit de semis pour le riz pluvial sans labour agrave la prochaine campagne Normalement le lit de semis est tregraves peu infesteacute de mauvaises herbes si la biomasse du mucuna arrive agrave couvrir le sol

32 Le maiumls associeacute au soja deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la saison suivante

Comme avec le systegraveme preacuteceacutedent avant la maturiteacute du soja on segraveme le mucuna dans la ligne du soja On peut mecircme le semer agrave la voleacutee

33 Les associations avec lrsquoavoine en vue de production de fourrages

Dans le systegraveme preacuteceacutedent (maiumls + soja) au lieu de semer du mucuna on peut semer de lrsquoavoine qui servira par la suite de fourrage Comme avec le mucuna la parcelle est propre dans un couvert drsquoavoine Le paysan peut preacutelever une partie de la biomasse de lrsquoavoine pour le fourrage

34 Habiller le riz pluvial avec drsquoautres leacutegumineuses

Sur les Hautes Terres une parcelle de riz pluvial qui existe deacutejagrave peut ecirctre habilleacute avec du Pois drsquoAngole ou avec du crotalaire ce qui eacutevitera drsquoavoir une faible biomasse de riz agrave la prochaine campagne Cette pratique a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet MANITATRA II

35 Les embocagements des cultures

Les embocagements de parcelles se feront avec du Tephrosia vogellii une leacutegumineuse tregraves adapteacutee aux reacutegions drsquoaltitude jusqursquoagrave 2000 m Crsquoest aussi un reacutepulsif contre les insectes Cette leacutegumineuse peut pousser tregraves haut jusqursquoagrave 150 m mais on peut aussi la tailler en fin de saison de pluie et les produits de la taille (feuille et rameaux) peuvent ecirctre ajouteacutes agrave la biomasse de la parcelle

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4 Quels systegravemes pour le Moyen Ouest

Le systegraveme phare dans le Moyen Ouest est le systegraveme agrave base de Stylosanthes mais les

systegravemes agrave base de leacutegumineuses annuelles sont aussi deacuteveloppeacutes en parallegravele avec le stylo car les petits paysans avec moins de 1 ha nrsquoont pas envie de srsquoinvestir dans une jachegravere de stylo

41 Le Stylosanthes comme systegraveme phare

Comme deacutecrit plus haut le stylo est la plante de couverture drsquoexcellence pour reacutegeacuteneacuterer les sols deacutegradeacutes Mais contrairement agrave ce qursquoon a veacutehiculeacute comme message auparavant on propose de labourer quand le paysan a envie de revenir aux leacutegumineuses annuelles Cette recommandation est valable notamment pour les petits producteurs ne pouvant pas supporter la jachegravere drsquoune anneacutee Il est important de souligner qursquoune jachegravere de Stylo peut ecirctre planteacutee en maiumls ou en manioc agrave faible densiteacute Par ailleurs la jachegravere de stylo permet aussi de reacutecolter des semences qui sont tregraves demandeacutees actuellement drsquoougrave un compleacutement de revenus important pour le paysan

42 Le maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial

Tous les systegravemes agrave base de maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial ont eacuteteacute testeacutes dans les sites drsquoIvory et peuvent ecirctre diffuseacutes dans le Moyen Ouest ce qui offre un large choix par rapport aux autres reacutegions Il est important de deacuterober du mucuna avec les leacutegumineuses agrave faible biomasse (nieacutebeacute tsiasisa haricot soja)

5 Quels systegravemes au Lac Alaotra

Le Lac Alaotra est connu pour ses grandes surfaces de baiboho et de Riziegraveres agrave Mauvaise Maicirctrise drsquoEau (RMME) ceci agrave cause des fortes eacuterosions des bassins versants reacutesultant drsquoune pluviomeacutetrie violente et de la fragiliteacute du sol drsquoorigine tectonique Dans ces conditions le maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses en rotation avec le riz pluvial est le systegraveme phare sur baiboho et le systegraveme rotation laquo Rizcultures maraichegraveresVesce raquo sur RMME Parmi les leacutegumineuses la

dolique associeacutee au maiumls est agrave privileacutegier car cette plante de couverture est bien adapteacutee dans cette reacutegion

6 Quels systegravemes pour les zones semi-arides de lrsquoAndroy

Le problegraveme essentiel dans lrsquoAndroy est lrsquoeacuterosion eacuteolienne en plus de lrsquoeacuterosion hydrique Crsquoest ainsi que le pois drsquoAngole a eacuteteacute largement utiliseacute en brise-vent mais aussi en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols tregraves deacutegradeacutes par le systegraveme de forecirct de Cajanus

Parmi les leacutegumineuses la dolique est endeacutemique dans la reacutegion mais le mucuna les nieacutebeacutes rampants le konoke (leacutegumineuse endeacutemique du genre Phaseolus sp) sont reacutepandus et bien adopteacutes

Une approche de diffusion par les blocs agro-eacutecologiques a permis une forte adoption de lrsquoAgro-eacutecologie dans lrsquoAndroy seacutedimentaire

7 Quels systegravemes pour le Boeny

Tous les systegravemes deacutecrits plus hauts sont applicables dans le Boeny Il faut noter toutefois la preacutedominance du Vigna radiata (Antsoroko) et nieacutebeacute rampant type Lojomena et du nieacutebeacute type Black Eyes sur les baiboho A cause de la forte eacuterosion des bassins versants dans cette reacutegion les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal sont agrave privileacutegier Un grand effort de formation des intervenants locaux est indispensable

Photo 15 Vigna radiata

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Conclusions

Cet essai de capitalisation est loin drsquoecirctre parfaite Crsquoest un travail qui demande agrave

ecirctre actualiseacute avec le temps Nous nrsquoavons pas couvert toutes les reacutegions mais globalement les systegravemes reposent tous sur les fondamentaux de lrsquoAgriculture de Conservation et de lrsquoAgro-eacutecologie Par ailleurs en plus des formations des intervenants locaux la production de semences de plantes de couverture pose un problegraveme dans beaucoup de reacutegion Il faut noter que le site drsquoIvory et la commune de Vinany ont eacuteteacute une zone de production de semences de couverture pendant de longues anneacutees

Drsquoautres problegravemes qui ne sont pas eacutevoqueacutes dans cet article sont les feux de brousse en saison segraveche et les divagations drsquoanimaux qui diminuent eacutenormeacutement la biomasse laisseacutee sur les sols agrave la prochaine campagne Une prise de conscience collective des paysans semble donner des reacutesultats comme en teacutemoignent les paysans de la commune de Vinany dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra

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Reacutefeacuterences bibliographiques

1 ANCOS 2016 Reacutegistre des espegraveces et varieacuteteacutes exploiteacute dans le systegraveme laquo Semence de Qualiteacute Deacuteclareacutee raquo dans le Sud de Madagascar ANCOS Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche

2 DURRELL 2020 Lrsquointroduction de lrsquoinnovation Agro eacutecologie pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire des communauteacutes aux alentours des Aires proteacutegeacutees (Baie de Baly et Lac Alaotra) et zone humide de Lac Sofia Lot II Y 49 J Ampasanimalo (101) BP 8511 Antananarivo 101 ndash Madagascar httpswwwdurrellorgwildlife httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

3 GSDM 2020 Rapport annuel anneacutee 3 intervention du GSDM dans le Projet PAPAM composante 2 GSDM lot VA 26 Y Ambatoroka ANTANANARIVO 101

4 HUSSON O SEGUY L CHARPENTIER H RAKOTONDRAMANANA MICHELLON R RAHARISON T et al (2013) Manuel pratique du semis direct de Madagascar GSDMCIRADhttpgsdm-mgorgwp-contentfilesManuel_SCV_Mada_V_IntegraleMedpdf

5 RAKOTONDRAMANANA 2019 Rapport de mission de capitalisation dans le PLAE III BOENY 17 au 23 Feacutevrier 2019 PLAE ANALAMAHITSY ANTANANARIVO 101

6 RAKOTONDRAMANANA et al 2018 La rotation ou lrsquoassociation avec le mucuna reacuteduit consideacuterablement les attaques de chenilles leacutegionnaires sur le maiumls Journal de lrsquoAgro-eacutecologie Ndeg7 httpopen-libraryciradfrfiles62385__JAE_NC2B07pdf

7 RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANJAKA J 2016 Rapport de mission de reconnaissance et de diagnostic du Projet SOHAVELO ASARA programme europeacuteen de seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle dans la reacutegion Sud et Sud Est de Madagascar ASARAAINA AVSF Lot VG 25 Antsahabe BP 3149- Antananarivo 101 ndash Madagascar httpopen-libraryciradfr

files62394__Rapport_de_mission_SOHAVELO_VFpdf

8 RAHARISON T et al 2018 Rapport drsquoeacutetude drsquoimpact des pratiques des blocs agro eacutecologiques diffuseacutees dans le cadre du projet HOBA GRET Antananarivo

9 RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019 Diversiteacute et importance des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols dans les exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar Journal de lAgro-eacutecologie Ndeg8 2019 httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

10 h t t p s w w w s u p a g r o f r r e s s - p e p i t e s PlantesdeCouvertureresStylosanthespdf

11 httpsfrwikipediaorgwikiArachis

12 httpsfrwikipediaorgwikiVicia

13 h t t p s f r w i k t i o n a r y o r g w i k i pois_dE28099Angole

14 httpsfrwiktionaryorgwikicrotalaire

15 httpsfrwikipediaorgwikiPois_mascate

16 httpsfrwikipediaorgwikiVigna_unguiculata

17 httpsfrwikipediaorgwikiHaricot_mungo

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La technique du lombricompost se diffuse de paysan agrave paysan

Lrsquoutilisation agrave outrance des produits chimiques en tant que pesticides et fertilisants durant lrsquoegravere

de la reacutevolution verte nrsquoavait fait que renforcer les effets du changement climatique sur lrsquoagriculture Hormis son prix eacuteleveacute les engrais de synthegravese solubles laissent toujours des reacutesidus ayant des impacts preacutejudiciables agrave lrsquoenvironnement Dans le cadre de ses projets de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie le GSDM tend agrave former les paysans sur les proceacutedeacutes de fabrication de diffeacuterents types de compost dont le vermicompostage Cela dans lrsquooptique de rendre la production agricole plus durable et plus respectueuse de lrsquoenvironnement Les suivantes sont les teacutemoignages de paysans sur les inteacuterecircts du lombricompostage

Dans la commune rurale drsquoAnkazomiriotra au niveau du village drsquoAmbohitrinibe Fokontany Belanitra Est Madame RABEBINIRINA Minompamonjy David (Mme Mino) fait partie de ces paysans qui ont su tirer profit de lrsquoutilisation du lombricompost

Nrsquoayant pas de zeacutebu nous eacutetions obligeacutes drsquoacheter drsquoeacutenorme quantiteacute de fumiers et drsquoengrais pour fertiliser nos champs Crsquoeacutetait peacutenible vu que notre revenu couvrait difficilement le montant de nos besoins Vers 2013 nous avons assisteacute aux seacuteances de formations et drsquoanimations prodigueacutees par les techniciens travaillant sur le projet pilote Manitatra 1 Apregraves ces formations

ils nous ont fait don de 250g de vers Aujourdrsquohui nous en disposons drsquoau moins 20Kg Les reacutesultats que nous avons obtenus degraves la premiegravere anneacutee drsquoutilisation du lombricompost a eacuteteacute probant Drsquoabord la charge de travail due au transport de fertilisant vers le champ srsquoeacutetait beaucoup amoindri car nous nrsquoavons plus qursquoagrave transporter tout au plus le dixiegraveme du volume de fumier de parc qursquoon utilisait avant En effet 30 agrave 40 kg de lombricompost peut amplement suppleacuteer agrave 2 charrettes de fumier de parc Le sarclage est aussi devenu plus facile car le preacute-compostage a permis drsquoeacuteliminer les graines drsquoadventices qui dlsquohabitude viennent avec les fumiers organiques Ensuite les cultures reacutesistent mieux agrave la segravecheresse et les plantes parasites Par exemple nous avons constateacute que le riz devient plus vigoureux face aux attaques du striga Le rendement est de plus en plus soutenu et les produits maraicircchers sont moins sujets agrave la deacutegradation

La fabrication de lombricompost demande certes une certaine rigueur mais est tout agrave fait agrave la porteacutee de chaque paysan Il vous faut juste preacuteparer du preacute-compost qui servira de nourriture aux vers En plus il est indispensable drsquoarroser et de veacuterifier peacuteriodiquement la tempeacuterature Lrsquoessentiel des travaux consiste agrave seacuteparer les vers des composts mucircrs Il nous arrive encore drsquoacheter du fumier de parc pour servir drsquoappoint au preacute-compost mais ccedila en vaut la peine

Avec notre unique andain nous arrivons agrave produire 600kg de compost par mois

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Nous nrsquoutilisons que le quart de notre production Le reste est vendu agrave des clients qui viennent drsquoun peu partout agrave Madagascar La plus grosse commande que nous avons eue en 2019 eacutetait de 15tonne La production de lombricompost contribue beaucoup agrave nos ressources peacutecuniaire car il nous arrivons agrave lrsquoeacutecouler jusqursquoagrave 1000Ar le kilo

Madame Mino peut ecirctre joint aux numeacuteros suivants 034 19 777 50033 13 412 10

Un autre paysan en la personne de Monsieur RAZAFINDRAKOTO Emilson (Dadakoto) habitant agrave Antanety 2 Commune Antanifotsy a aussi adopteacute le lombricompostage Les suivants sont ses points de vue quant agrave lrsquoutilisation du lombricompost

Nous avons construit le premier andain suite aux seacuteries drsquoanimation-formation effectueacutees par le paysan leader et le technicien du projet Manitatra 2 travaillant dans notre zone Ce premier andain eacutetait devenu productif agrave partir du mois de juin 2019 Je commence juste agrave produire du lombricompost mais jrsquoai deacutejagrave constateacute les reacutesultats sur la bonne veacutegeacutetation de mes maiumls et de mes riz par rapport agrave ce que jrsquoai eu auparavant Afin drsquoaugmenter la production nous avons construit drsquoautres andains et aujourdrsquohui nous en avons 5

Nous avons commenceacute avec 1kg de vers et maintenant nous en avons autour de 60kg Jusqursquoagrave preacutesent ma production est entiegraverement destineacutee agrave lrsquoautoconsommation Nous les utilisons surtout sur nos cultures de tanety comme le riz et le maiumls associeacute aux leacutegumineuses Je trouve qursquoil est plus inteacuteressant drsquoutiliser du lombricompost que de fumier de parc Actuellement je nrsquoutilise presque plus drsquoengrais chimique

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Produit biologique de lutte contre les Chenilles leacutegionnaires drsquoAutomne (CLA) la menace est maitriseacutee un article du Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la pecircche

(Source publication facebook du MAEP le 14 deacutecembre 2019)

Deacutesormais les producteurs de maiumls Malagasy ne devraient plus ecirctre anxieux et inquiets

face agrave la Chenille Leacutegionnaire drsquoAutomne ou CLA La menace est maicirctriseacutee Gracircce aux efforts du Ministegravere de lAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) agrave travers les techniciens de la DPV et de la FOFIFA des diffeacuterents chercheurs de lUniversiteacute dAntananarivo de lEssagro et dexperts africains appuyeacutes par la FAO une souche biologique appeleacutee BT ou Bacillus Thuringiensis a eacuteteacute deacutecouverte Les tests ont deacutemontreacute que cette bacteacuterie naturelle et endeacutemique agrave Madagascar est capable de tuer la CLA Meacutelangeacute agrave 50g de riz blanc elle peut recouvrir 1ha de champ de maiumls

Notons quelle naffecte ni lenvironnement ni la santeacute humaine Madagascar sest aussi doteacute de sa strateacutegie nationale quinquennale de lutte contre la CLA Telles sont parmi les grandes avanceacutees du PROJET DAPPUI DURGENCE Agrave LA MISE EN PLACE DUN SYSTEME DE SURVEILLANCE DE RIPOSTE ET DE LUTTE INTEGREacuteE CONTRE LA CLA meneacute avec lappui technique et financier de la FAO

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Fenetre sur lAgriculture Biologique agrave MadagascarRakotondramanana GSDM

Un projet de loi sur lrsquoAgriculture biologique a eacuteteacute preacutepareacute sur lrsquoinitiative du Syndicat Malgache de lrsquoAgriculture Biologique (SIMABIO) et du MAEP et sera incessamment soumis agrave lrsquoAssembleacutee

Nationale Suite agrave cela un voyage drsquoeacutetude au Maroc et en Tunisie a eacuteteacute reacutealiseacute en vue des perspectives drsquoeacutelaboration drsquoune Strateacutegie Nationale drsquoAppui agrave lrsquoAgriculture Biologique agrave Madagascar (SNABio)

La mission a vu la participation drsquoune deacuteleacutegation conduite par le Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) accompagneacutee du Preacutesident du SIMABIO du projet Coordonnateur National du projet CASEF de lrsquoassistant technique du projet CASEF du repreacutesentant de la recherche (FOFIFA) et du directeur exeacutecutif du GSDM

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Le secteur de lrsquoAgriculture Biologique (AB) agrave Madagascar est en pleine croissance depuis plusieurs anneacutees Repreacutesentant actuellement un chiffre drsquoaffaire annuel de lrsquoordre de 55 Meuro geacuteneacutereacutes par plus drsquoune centaine drsquoentreprises employant 7000 salarieacutes et srsquoapprovisionnant aupregraves de plus de 20 000 agriculteurs le secteur est quasiment exclusivement orienteacute vers lrsquoexportation drsquoune large gamme de produits agricoles beacuteneacuteficiant drsquoune forte typiciteacute (eacutepices fruits tropicaux huiles essentielles cacao crevettes etc) principalement vers lrsquoEurope

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les Etats-Unis le Japon (source CASEF) Les produits bio malgaches sont issues drsquoagriculture bio par des entreprises locales mais aussi de la cueillette Compareacute aux autres pays le coucirct de la certification est trop eacuteleveacute agrave cause du manque de concurrence (un seul organisme certificateur agreacuteeacute ECOCERT)

Au Maroc lrsquoAgriculture biologique repreacutesente de lrsquoordre de 60 Meuro drsquoexportation et en Tunisie 205Meuro mais dans ces deux pays on assiste agrave un marcheacute local en cours de progression Le tableau suivant reacutesume lrsquoagriculture Bio dans les deux pays Globalement les produits exporteacutes sont domineacutes par lrsquohuile drsquoOlive bio dans les deux pays

A lrsquoissue de la mission des perspectives pour Madagascar ont eacuteteacute souleveacutees sous forme drsquoenseignements et reacuteflexions bull Creacuteer un dispositif drsquoappui conseil technique et financier ciblant les producteurs et les entreprises

AB en synergie avec les meacutecanismes existants (FDA Banques IMF etc)bull Subventionner la certification =gt Accroitre la concurrence entre organismes de Controcircle et de Certification (OCC) =gt Agreacutement et controcircle effectif de la part des pouvoirs publicsbull Concevoir une strateacutegie ciblant une diversiteacute de filiegraveres prioritaires de maniegravere inclusive par

exemple Exports Filiegraveres inteacutegreacutees eacutecotourisme Filiegraveres courtes laquo petits producteurs raquo au systegraveme de garantie par Certification de Territoire (CT) et Systegraveme Participatif de Garantie (SPG)

bull Mise en place de centres de recherche technique deacutedieacute agrave lrsquoAB reacutepondant agrave la demande (par ex contrat programme recherche - reacutegions - organisations professionnelles)

bull Conceptionmise en œuvre drsquoun dispositif de formation AB avec obligation de modules dans les cursus agricoles

bull Dynamiser la professionnalisation et la structuration des producteurs et des entreprises malgaches dans lrsquoAB

bull Poursuivre lrsquointeacutegration du secteur priveacute (amont et aval) dans les diffeacuterentes laquo aregravenes raquo institutionnelles deacutefinition des strateacutegies conception et pilotage des dispositifs drsquoappui etc

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AGRO-ECOLOGIE EN PHOTO

La mise en place des parcelles dapplication en Agro-eacutecologie a eacuteteacute effectueacutee au niveau des 8

collegraveges de la reacutegion Boeny Les enseignants et eacutelegraveves ont eacuteteacute accompagneacutes et encadreacutes par les ingeacutenieurs agronomes du GSDM et les techniciens locaux

Une repreacutesentante de la deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo a visiteacute les

reacutealisations du GSDM dans le cadre du projet Manitatra 2 De nombreux points inteacuteressants pouvant ecirctre valoriseacutes dans le cadre dune future coopeacuteration ont eacuteteacute souleveacutes En attendant certaines observations seront agrave partager au cours dun eacuteveacutenement de la Commission europeacuteenne qui se tiendra courant de la 3egraveme semaine du mois de feacutevrier 2020 agrave Bruxelles

Le GSDM maitient lappui technique des 12 eacutetablissements beacuteneacuteficiaires de linteacutegration

de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire dans le Vakinankaratra Il sagit des 6 eacutecoles pilotes PAPAM et des 6 autres extensions reacutealiseacutees dans le cadre du projet MANITATRA 2 Pour lanneacutee scolaire 2019-2020 la mise en place des cultures de grande-saison la mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique ainsi que les suivis reacuteguliers des tehcniciens ont eacuteteacute reacutealiseacutes Quelques enseignants du CEG de Vinany du CEG de Betafo ont mecircme beacuteneacuteficieacutes dune formation de recyclage

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Mise en place de la parcelle dapplication en Agro-eacutecologie au niveau du CEG Mariarano Boeny

Visite des reacutealisations du GSDM projet MANITATRA 2 par une repreacutesentante de la

deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo

Mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique aux 12 eacutetablissements du

Vakinankaratra

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AVRIL 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull RAKOTO HERIMANDIMBY Reneacute - Superviseur de zone du Sud-Est Projet PAPAMbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo AGRISUD- membre du GSDMRubrique laquoDossierraquo GSDMRubrique laquoRechercheraquo Dp SPAD - Partenaire technique du GSDM Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA 2)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth avril 2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

Site WebFacebook

Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

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- Mission de suivi du Comesa les 16 et 17 mars 2020- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020 - Formation CSAFRDA Makanara du 25 au 28 mars 2020

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Emission FIVOHY sur la RNM Tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Deuxiegraveme session de formation des enseignants Boeny du 07 au 10 Avril 2020- Formation des parents deacutelegraveves collegravege Boeny preacutevue durant la semaine du 20 Avril 2020- Visite-eacutechange inter-reacutegional des enseignants parents et elegraveves preacutevue en fin du mois dAvril 2020

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ANNEE 2020

Page 9: Edition trimestrielle N° 9 / 2020

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Dans ce cadre lrsquoexpertise du GSDM concerne la reacutealisation des diagnostics du milieu et des systegravemes drsquoexploitation des meacutenages agricoles afin de formuler des propositions techniques et de strateacutegies drsquointervention (Champ eacutecole paysan (CEP) sites de production de semence etc) pour la protection des sols ougrave la restauration de leur fertiliteacute dans ces trois Districts Elle consiste eacutegalement agrave former et conseiller les techniciens des ONG locales

Les reacutealisations du GSDM sont les suivantes

bull Mise en œuvre de diagnostics compleacutementaires dans les sites prioritaires reacutealiseacutes en deux eacutetapes Avril-mai 2019

bull Identification concerteacutee des 6 sites eacutecoles issue des missions drsquoavril-mai 2019

bull Reacutealisation de la Planifications participatives drsquoameacutenagement dans les 06 sites eacutecoles reacutealiseacutee en juillet 2019

bull Formulation des propositions techniques issue de la planification participative et valideacutees ensemble avec les acteurs concerneacutes

bull Formation des acteurs concerneacutes y compris les ONG drsquoaccompagnement reacutealiseacutee en Aoucirct et deacutebut septembre 2019

bull Enquecircte pour la compreacutehension du fonctionnement des meacutenages et pour la situation T0 de suivi-eacutevaluation reacutealiseacutee en deacutecembre 2019

bull Appui et accompagnement des techniciens des ONG agrave la mise en place des cultures de grande saison dans les zones drsquointervention du projet PROSOL reacutealiseacutee en deacutecembre 2019

bull Suivi en cours de culture pour le renforcement

de capaciteacutes des techniciens et les eacutechanges avec les paysans reacutealiseacutees en feacutevrier 2020

Drsquoautres interventions du GSDM sont eacutegalement preacutevues dans le cadre de ce projet entre autres

bull Lrsquoeacutevaluation qualitative des reacutealisations avant reacutecolte

bull La seacutelection des paysans multiplicateurs de semences (choix de parcelles formation sur les principes et les eacutetapes cleacutes de la production de semences jusqursquoaux opeacuterations post-reacutecolte)

bull Les appuis aux DRAEP sur les mesures et estimations de rendements

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Le GSDM accompagne le Projet ATASEF dans la mise en place de champs eacutecole en Agro-eacutecologie dans le District drsquoAnkazobe

Le GSDM a eacuteteacute mandateacute par l Organisation de Soutien pour le Deacuteveloppement Rural

agrave Madagascar de la Fondation AGA KHAN (OSDRM) (convention de service Ndeg2019_DecaTD-002 du 26 novembre 2019) pour appuyer et accompagner lrsquoeacutequipe du projet ATASEF en vue de la mise en place des champs eacutecoles paysans ou CEP agro-eacutecologiques dans le district drsquoAnkazobe Le Projet ATASEF ou laquo Appui agrave la Transition Agroeacutecologique par la Seacutecurisation Economique et Fonciegravere raquo est un projet financeacute par lrsquoAFD dans le cadre de la Faciliteacute drsquoInnovation Sectorielle pour les ONG (FISONG) Lrsquoobjectif principal du projet consiste agrave reacuteduire la pauvreteacute et la vulneacuterabiliteacute des meacutenages agricoles de la Zones drsquoInvestissement Agricole (ZIA) drsquoAnkazobe Parmi les activiteacutes preacutevues pour les beacuteneacuteficiaires figurent notamment lrsquoinitiation et lrsquoaccompagnement agrave lrsquoagroeacutecologie et la mise en œuvre des ameacutenagements

Un des principaux enjeux sur lequel le projet se base dans ses actions est que laquo lrsquoinseacutecuriteacute fonciegravere constitue un frein agrave lrsquoameacutelioration de la production agricole la non mise en valeur de terres mecircme propices agrave lrsquoagriculture et qui constitue aussi agrave son tour un obstacle agrave leur seacutecurisation fonciegravere formelle raquo

Dans ce cadre le projet vise agrave donner aux meacutenages lrsquoopportuniteacute de seacutecuriser leurs droits fonciers sur des terrains qursquoils devront mettre en valeur ameacutenager et exploiter en suivant des techniques agro-eacutecologiques et agroforestiegraveres

Les objectifs speacutecifiques du Projet consistent agrave bull Contribuer au deacuteveloppement drsquoune activiteacute

agro-sylvo-pastorale seacutedentaire dans la ZIA par la promotion de lrsquoagro-eacutecologie et lrsquoadaptation au changement climatique

bull Renforcer le rocircle socioeacuteconomique des meacutenages de la ZIA

bull Et seacutecuriser le capital foncier des meacutenages de la ZIA Les groupes cibles du projet sont les meacutenages extrecircmement pauvres (vivant avec moins de 1 USD par jour et par personne) et vulneacuterables

LrsquoAgro-eacutecologie est inteacutegreacute dans les ProjetsProgrammes

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Le Projet dAppui agrave la transition Agro-eacutecologique par la seacutecurisation eacuteconomique et fonciegravere (ATASEF) srsquoeacutetale sur 3 ans de 2017 agrave 2020 et preacutevoit agrave terme i) la seacutecurisation fonciegravere par voie de certification de 450 Ha de terrains dans les Communes de Kiangara et Tsaramasoandro dans la partie Nord du district drsquoAnkazobe et dans la limite mecircme de la reacutegion drsquoAnalamanga (limitrophe avec la reacutegion de Betsiboka) et ii) un accompagnement technique et socio-organisationnel dans le processus de mise en valeur drsquoameacutenagement et drsquoexploitation des terres de 225 meacutenages vulneacuterables beacuteneacuteficiaires

Drsquoapregraves le document du Projet les activiteacutes srsquoorientent sur bull Lrsquoappui agrave lrsquoorganisation des producteurs

structureacutes en Groupes drsquoEpargne Communautaire ou GEC

bull Lrsquoinstallation la seacutecurisation fonciegravere et lrsquoinclusion financiegravere des meacutenages par la promotion des chaicircnes de valeur et lrsquoagriculture contractuelle avec la culture du taro (Saonjo) qui se complegravetent au systegraveme de riziculture

bull Lrsquoappui agrave lrsquointensification Agroeacutecologique et agrave lrsquointeacutegration eacuteconomique

Lrsquoobjectif principal de lrsquointervention du GSDM consiste donc agrave appuyer et accompagner lrsquoeacutequipe du projet ATASEF pour la mise en place des champs eacutecoles paysans ou CEP agroeacutecologiques dans le district drsquoAnkazobe

Les objectifs speacutecifiques sont de bull Reacutealiser un diagnostic de terrain pour mieux

comprendre les enjeux et les contraintes locaux et mieux orienter les propositions ainsi que les strateacutegies de mise en œuvre

bull Concevoir et mettre en œuvre des techniques drsquoagroeacutecologie agrave appliquer dans les cinq villages au niveau des communes rurales de Kiangara et de Tsaramasoandro

bull Former et accompagner les techniciens drsquoencadrement

bull Appuyer les techniciens agrave la mise en place de champs eacutecoles paysans permettant la diffusion de cette innovation

bull Former les paysans membres de GEC au

niveau des champs eacutecoles paysans et au travers des visites eacutechanges au niveau des sites agroeacutecologiques du GSDM dans la reacutegion du Vakinankaratra (Ivory Mandoto) et au sein du projet MANITATRA 2

Le diagnostic sur terrain a eacuteteacute meneacute par deux agents du GSDM en particulier de l Agroeacuteconomiste et du Responsable enquecircte et BDD les 6 et 7 deacutecembre 2019

Sur terrain les observations du milieu les enquecirctes focus group les enquecirctes aupregraves des meacutenages agricoles et lrsquoeacutelaboration drsquoune typologie des meacutenages agricoles ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau de cinq Champs eacutecoles paysans ou CEP choisis par le projet Il srsquoagit de 4 CEP dans la commune de Kiangara dont Tsarafara de Bemasoandro drsquoAnosimbary et drsquoAntsahalava et drsquoun CEP agrave Vohitsara dans la commune de Tsaramasoandro

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La formation en Agro-eacutecologie en faveur des agents a eacuteteacute reacutealiseacutee du 7 au 9 janvier 2020 et lrsquoappui et accompagnement des techniciens agrave la mise en place des champs eacutecoles du 21 au 23 janvier 2020 Lrsquoobjectif de la formation est de permettre aux techniciens d assurer la formation et lrsquoaccompagnement des beacuteneacuteficiaires sur les pratiques Agro-eacutecologiques dans les zones drsquointervention du projet Huit (8) participants ont assisteacute agrave la formation dont le Responsable de Programme Reacutegional OSDRM le chef de projet ATASEF 2 animateurs et 4 agents de terrain du projet ATASEF

Les geacuteneacuteraliteacutes en matiegravere drsquoAgro-eacutecologie et les pratiques adapteacutees dans les zones drsquointervention du projet ATASEF ont eacuteteacute preacutesenteacutees et discuteacutees durant la formation theacuteorique en salle Pour cette premiegravere session lrsquoembocagement et les bandes veacutegeacutetales lrsquoassociation et la rotation des cultures les composts et la lutte biologique lrsquoagroforesterie ont eacuteteacute deacuteveloppeacutes durant 4 jours de formation en salle Les travaux pratiques ont eacuteteacute reacutealiseacutes agrave Bemasoandro commune Kiangara et agrave Vohitsara commune Tsaramasoandro Lrsquoorganisation de lrsquooccupation de lrsquoespace et de la mise en place des cultures sur les diffeacuterentes parties du terrain ont eacuteteacute discuteacutees Le renforcement de quelques pieds des plants deacutejagrave planteacutes sur des lignes de courbe de niveau (Khaya Paulownia et Acacia) a eacuteteacute effectueacute sur un terrain de plus de 2 hectares agrave Bemasoandro Outre la mise au point sur la technique de traccedilage des courbes de niveau les avantages de lrsquoinstallation des plantes de couverture dans les cultures deacutejagrave en place ont eacuteteacute expliqueacutes aux techniciens et aux agriculteurs preacutesents agrave Vohitsara Lrsquo Appui et lrsquoaccompagnement des techniciens

du projet ATASEF agrave la mise en place des CEP et lrsquoinstallation des plantes ameacuteliorantes de fertiliteacute (leacutegumineuses) dans les cultures deacutejagrave en place au niveau des agriculteurs beacuteneacuteficiaires sont encore preacutevus avant la fin du mois de janvier 2020 Par ailleurs lrsquoappui conseil sur lrsquoameacutelioration du fumier la fabrication de composts et la lutte agro-eacutecologique seront eacutegalement preacutevus pour cette campagne culturale 2019-2020

Des actions de communication de masse pour accompagner la diffusion de lrsquoAgro-eacutecologie

Les actions de communication accompagnent la mise agrave lrsquoeacutechelle

de la diffusion des techniques ainsi que lrsquoanimation et la sensibilisation en Agro-eacutecologie Elles se traduisent par la valorisation des acquisexpeacuteriences au travers de la conception et lrsquoeacutedition des supports de communication adapteacutes aux diffeacuterentes cibles du GSDM Il srsquoagit essentiellement des eacutemissions radioteacuteleacute des films et des supports de formation de la gestion des reacuteseaux sociaux de lrsquoeacutedition des journaux et revues de la participation aux ateliers strateacutegiques aux eacutevegravenements promotionnels et autres plateformes drsquoanimation tant sur le plan national qursquointernational Derniegraverement le GSDM a participeacute dans le guide de lrsquoenvironnement du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable (MEDD) le magazine Mahavokatse du MAEP et de lrsquoagenda 2020 du MAEP

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Production et acquisition de fumure organique pour la gestion de la fertiliteacute des sols par les exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice (CIRADAIDA) RAZANAKOTO

Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina (GSDMMontpellier SUPAGRO)

RECHERCHES

1 Introduction

Dans le ndeg8 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait la diversiteacute et lrsquoimportance

des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols agrave partir des reacutesultats obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Les aspects concernant la fumure organique nrsquoavaient eacuteteacute qursquoeffleureacutes ils sont traiteacutes dans cet article qui preacutesente les reacutesultats obtenus sur les mecircmes exploitations agricoles familiales (EAF) du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Pour plus drsquoinformations sur le projet Secure et sur les aspects mateacuteriels et meacutethodes le lecteur est inviteacute agrave consulter le ndeg8 de JAE et le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats preacutesenteacutes sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

Les fertilisants organiques produits par les EAF des zones drsquoeacutetude sont divers Les fumiers sont les plus importants en lien avec les animaux de lrsquoexploitation (bovins porcs volailles lapins)

le systegraveme drsquoeacutelevage et les techniques de production En plus de ces fumiers utiliseacutes purs ou meacutelangeacutes il existe des laquo composts raquo traditionnels fabriqueacutes avec les ordures meacutenagegraveres des cendres etou autres matiegraveres organiques ajouteacutees (ces fumures sont appeleacutees zezi-pako et zezi-davenona) et aussi des composts dont la production suit les techniques diffuseacutees dans le cadre de programmes de deacuteveloppement Les EAF peuvent eacutegalement avoir recours au marcheacute de la fumure organique pour augmenter la disponibiliteacute (acheter ou eacuteventuellement eacutechanger) mais aussi pour vendre

La production et lrsquoacquisition de fumures organiques sont caracteacuteriseacutees ici dans leur diversiteacute Lrsquoanalyse des pratiques montre les logiques suivies par les EAF La variabiliteacute observeacutee est forte notamment en terme de quantiteacutes disponibles qui suggegravere une gamme de propositions adapteacutees de la part de la recherche et du deacuteveloppement pour ameacuteliorer ces pratiques qui sont la clef de voute de la gestion de la fertiliteacute des sols et de la durabiliteacute des systegravemes de culture

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2 La fumure organique produite dans Les EAF

La production de fumure organique (FO) a eacuteteacute eacutevalueacutee1 pour lrsquoanneacutee enquecircteacutee (2016) Toutes les EAF en ont produit sauf trois (moins de 1) qui nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux2 durant toute lrsquoanneacutee et qui nrsquoont pas valoriseacute leurs ordures meacutenagegraveres sous forme de compost

21 Quantiteacutes et composition

Parmi les types de FO (Figure 1) on note lrsquoimportance du fumier meacutelangeacute les exploitations qui ont plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage meacutelangent souvent les deacutejections qui fermentent ensemble dans le parc agrave bœuf ou pendant leur stockage dans une fosse ou simplement en tas Souvent les exploitants y ajoutent les deacutechets meacutenagers des cendres et dans certains cas drsquoautres reacutesidus de culture ou deacutechets (voir infra) Crsquoest donc un produit fertilisant dont la composition et la qualiteacute varient fortement drsquoune EAF agrave une autre

La production moyenne annuelle de FO par EAF (Figure 1) est plus importante dans la zone drsquoArivonimamo (217 tonnes) que dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra (187 tonnes) Les constituants principaux sont le fumier meacutelangeacute et le fumier de bovins qui agrave eux deux repreacutesentent 72 de la FO totale agrave Mandoto et 83 agrave Arivonimamo Lrsquoeacutecart entre les deux moyennes nrsquoest pas tregraves eacuteleveacute mais il est significatif et la diffeacuterence srsquoexplique drsquoabord par un nombre drsquoanimaux drsquoeacutelevage en moyenne plus important dans la zone drsquoArivonimamo (18 bovins et 7 porcs par EAF) que dans la zone de Mandoto (14 bovins et 23 porcs) Il existe une relation lineacuteaire positive entre le nombre moyen de bovins ou la valeur du cheptel dans lrsquoEAF et la quantiteacute de FO produite (coefficients de correacutelations respectivement de 057 et 062 signification agrave 001)

Figure 1 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF selon les zones

1 On notera que cette eacutevaluation a eacuteteacute faite sur la base des deacuteclarations des exploitants agricoles avec les uniteacutes tradition-nelles que sont la charrette le sac la soubique (panier) etc Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes 250 kgcharrette (en reacutefeacuterence agrave Saint Andreacute et al 2016) 30 kgsac et 10 kgsoubique Ainsi les reacutesultats preacutesenteacutes sont des ordres de grandeur mecircme si les chiffres semblent indiquer une certaine preacutecision et si la taille conseacutequente de lrsquoeacutechantillon fait que les approximations se compensent2 Comme pour la production de FO lrsquoeacutelevage est la norme puisque seules 1 des EAF nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte On notera que le fait de ne pas avoir drsquoanimal agrave un moment donneacute ne signifie pas que lrsquoexploitation ne pratique pas lrsquoeacutelevage lrsquoabsence drsquoanimal est le plus souvent conjoncturelle et un indicateur de difficulteacutes eacuteconomiques

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Au-delagrave des diffeacuterences de quantiteacute on note lrsquoimportance du compost traditionnel (zezi-pako) agrave Mandoto avec 16 de la FO alors qursquoagrave Arivonimamo il ne repreacutesente que 1 Le zezi-pako est constitueacute essentiellement agrave partir des ordures domestiques et de veacutegeacutetaux reacutecolteacutes sur ou en dehors de lrsquoEAF (Ravonjiarison et al 2018) Il est reacuteputeacute ne pas contenir de deacutejection animale (mecircme si selon les deacuteclarations 60 des EAF en ajoute voir infra) et srsquoil en contient crsquoest en faible quantiteacute Il peut ecirctre brucircleacute surtout srsquoil contient beaucoup de veacutegeacutetaux peu deacutegradeacutes Le zezi-pako est utiliseacute plutocirct par les petites exploitations les grandes exploitations preacutefeacuterant produire du compost Les quantiteacutes de composts laquo modernes raquo ne sont pas significativement diffeacuterentes entre les zones

22 Les produits apporteacutes dans le fumier et le compost

Les produits apporteacutes pour la fabrication du fumier et du compost ont des effets sur la qualiteacute

fertilisante finale des produits Comme lrsquoindique le Tableau 1 les EAF apportent des produits divers cette pratique permet drsquoaugmenter le volume de fumier produit (Alvarez S 2012 Rasolofo L I 2017) mais aussi de produire des fumures de composition variable par rapport aux caracteacuteristiques reconnues (Ravonjiarison et al 2018)

Lrsquoapport des deacutejections animales est bien sucircr fonction des animaux sur lrsquoEAF mais aussi pour les composts (et en particulier pour le zezi-pako) des deacutejections de zeacutebus ramasseacutees sur les chemins ou parcours emprunteacutes par des animaux qui appartiennent agrave drsquoautres EAF les exploitants connaissent lrsquoimportance des deacutejections animales pour la fumure des cultures et les plus pauvres avec tregraves peu drsquoanimaux ramassent des deacutejections laquo perdues raquo Ainsi 60 des EAF qui produisent du compost ajoutent dans celui-ci des deacutejections animales

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les EAF ajoutent de nombreux produits dans la fabrication du fumier autant si ce nrsquoest plus en freacutequence que pour

le compost Pour les pailles et balles de riz la prioriteacute semble ecirctre donneacutee au fumier mecircme si la freacutequence reste eacuteleveacutee pour le compost Les EAF pratiquent avec un fort pourcentage le recyclage des reacutesidus de cultures (paille de riz balles de riz autres reacutesidus de culture) Pregraves des deux tiers des EAF ajoutent du bozaka1 et une EAF sur deux qui produit du compost ajoute des feuilles drsquoarbres

Tableau 1 Principaux produits apporteacutes pour la fabrication des fumiers ou des composts (en des EAF)

Produits apporteacutes Fumier (EAF=304)

Compost (EAF=122)

Deacutejection de bovins 70

60

Deacutejection de porcs 73Deacutejection de volailles

84

Deacutejection autres animaux

1

Paille de riz 72 60Balles de riz 51 33Reacutesidus autres cultures

43 39

Bozaka 68 60Autres herbes 17 9Feuille darbres 13 50Deacutechets meacutenagers 36 54Cendres 46 57Terre fertile Terreau

3 12

Sels 4 9Vers 0 2Autres produits 4 7

1 Nom geacuteneacuterique pour deacutesigner les laquo herbes raquo et plus particuliegraverement les gramineacutees qui couvrent pentes et sommets des collines (Andropogon eucomus Aristida adscensionis etc) (source dictionnaire malgache httpmotmalgacheorgbinsteny2) Le bozaka peut avoir eacuteteacute coupeacute ou arracheacute dans ce cas il comprend les racines et un peu de terre

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Ces produits bozaka feuilles drsquoarbres autres herbes sont pour la plupart des produits de cueillette et participent agrave une laquo gestion horizontale de la fertiliteacute raquo avec un transfert drsquoeacuteleacutements fertilisants preacuteleveacutes sur drsquoautres parties du terroir et rameneacutes sur les parcelles cultiveacutees (Rollin 1994 Andriambelomanga 2017) amplifiant le mecircme transfert reacutealiseacute par les animaux (pacircturages ou parcours fumier cultures) Les autres produits utiliseacutes notamment par les EAF qui produisent du compost sont les cendres le terreau mais aussi du sel acheteacute et dlsquoautres produits comme de la dolomie de la sciure de bois etc

23 Les motivations pour la production du compost

La production de compost est lrsquoune des techniques vulgariseacutees pour augmenter

les quantiteacutes de matiegraveres fertilisantes encourageacutees par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie Les reacutesultats de lrsquoenquecircte montrent que la moitieacute des EAF agrave Mandoto et 30 des EAF agrave Arivonimamo ont deacutejagrave cette pratique

Tableau 2 Part des EAF qui produisent du compost

Mandoto ArivonimamoCompost moderne

9 12

Compost traditionnel

41 18

Total avec compost

50 30

A Mandoto ce sont les pratiques traditionnelles de production de zezi-pako qui dominent tregraves largement On notera que si le total nrsquoest que de 50 crsquoest que quelques EAF rares toutefois font les deux types de compost A Arivonimamo certainement en raison des programmes de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la technique la part des EAF avec compost laquo moderne raquo est un peu plus eacuteleveacutee mais le compost traditionnel

est moins reacutepandu On pourrait penser que le fumier se substitue au compost crsquoest-agrave-dire qursquoune EAF qui produit du fumier abandonne la production de compost car comme mentionneacute preacuteceacutedemment les EAF apportent en grande partie les mecircmes constituants aux deux types de fumure organique En fait il nrsquoen est rien 55 des EAF qui produisent du compost agrave Mandoto ont du fumier et agrave Arivonimamo ce taux est de 82

La raison principale pour laquelle les EAF produisent du compost crsquoest drsquoabord pour augmenter la quantiteacute disponible de fertilisants (34 des EAF qui ont reacutepondu) ou beacuteneacuteficier des effets en augmentant la production (11) et en ameacuteliorant la fertiliteacute des sols (9) On note tout de mecircme que 25 des EAF ont reacutepondu que crsquoeacutetait parce qursquoelles nrsquoavaient pas de fumier (et le taux est plus eacuteleveacute agrave Mandoto) Enfin 9 des EAF ont eacutevoqueacute le coucirct moindre du compost par rapport aux autres fertilisants et 12 ont donneacute des raisons que lrsquoon peut rattacher agrave une meilleure agronomie le zezi-pako est meilleur que le fumier car brucircleacute il ne transmet pas les maladies ou les graines de mauvaises herbes la cendre du zezi-pako a de nombreux avantages (notamment dans la lutte contre les ravageurs sur les peacutepiniegraveres) le compost est meilleur que les engrais pour les sols etc

Pour les EAF qui produisent du compost les contraintes principales sont pour 38 des EAF qui ont reacutepondu le temps de travail neacutecessaire (notamment pour ramasser les feuilles drsquoarbres le bozaka etc) et pour 35 des EAF la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres On notera que pour 12 des EAF il nrsquoy a pas de veacuteritable limite agrave la production de compost Enfin pour les 16 drsquoEAF restantes ces limites sont diverses lrsquoeau pour lrsquoarrosage du compost (5) mais aussi la treacutesorerie pour acheter le bozaka ou payer la main drsquoœuvre pour ramasser des matiegraveres premiegraveres le risque drsquoincendie etc

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24 Une production de FO tregraves variable selon les EAF

Malgreacute les apports sur le fumier et la production de compost la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF est faible en valeur absolue et surtout comme indiqueacute preacuteceacutedemment on observe une grande diversiteacute de situation entre les EAF avec un coefficient de variation de lrsquoordre de 90 dans les deux zones Les graphiques de la Figure 4 (voir infra la FO produite est en bleu) illustrent cette grande variabiliteacute avec des profils diffeacuterents selon les zones

Dans la zone de Mandoto comme deacutejagrave indiqueacute il y a une forte proportion drsquoEAF avec peu de fumure organique produite (plus de la moitieacute des EAF produisent moins de 15 tonnes) en raison du faible nombre drsquoanimaux et drsquoune production de compost qui reste peu importante Et ces EAF produisent environ frac14 de la fumure totale produite dans le terroir

Dans la zone drsquoArivonimamo la part des EAF avec moins de 15 tonnes est leacutegegraverement moindre (48) mais la FO produite pour lrsquoensemble de ces EAF nrsquoest que de 14 Donc un peu moins drsquoEAF mais une quantiteacute de FO produite tregraves faible On peut mettre cette diffeacuterence entre les deux zones au creacutedit de la production de compost traditionnel les EAF sans animaux sont plus importantes agrave Mandoto mais ces EAF pour compenser produisent du zezi-pako et en final sont moins deacutemunies que les EAF drsquoArivonimamoA lrsquoautre extreacutemiteacute des graphiques la part des EAF avec plus de 5 tonnes est faible agrave Mandoto agrave peine 4 des EAF et qui cumulent 6 de la FO produite totale Dans la zone drsquoArivonimamo la part de ces EAF est nettement plus importante (9) et surtout elles cumulent 29 de la FO Si on regroupe les deux derniegraveres classes la part des EAF avec plus de 3 tonnes agrave Arivonimamo est de 25 et ces EAF cumulent 58 de la FO agrave Mandoto elles sont 17 et cumulent 43 de la FO totale dans le terroir Ainsi si agrave Arivonimamo la production de FO moyenne par EAF est

supeacuterieure les ineacutegaliteacutes entre les EAF sont aussi plus importantes

3 La fumure organique disponible par EAF

La fumure organique disponible dans une EAF est en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les

fumiers produits la fabrication de composts mais aussi des eacutechanges

31 Les eacutechanges de fumure organique

Sur les Hautes Terres les eacutechanges de fumures organiques sont freacutequents que ces eacutechanges

soient marchands (achat vente) ou non (troc ou don)

Tableau 4 Part des EAF qui eacutechangent de la FO

Opeacuteration sur FO

Mandoto Arivonimamo

Ensemble 60 88- dont Achat 30 74- dont Vente 18 19- dont Troc 22 24

Comme le montre le Tableau 4 crsquoest une large majoriteacute des EAF qui eacutechangent de la fumure organique A Arivonimamo la pratique est presque geacuteneacuteraliseacutee avec 88 des EAF qui sont concerneacutees par au moins une opeacuteration drsquoentreacutee ou de sortie de FO

Si les opeacuterations drsquoeacutechanges non moneacutetariseacutes (troc ou don) et les ventes concernent agrave peu pregraves le mecircme pourcentage drsquoEAF dans les deux zones la diffeacuterence est forte en ce qui concerne les achats puisque agrave Arivonimamo ce sont presque 3 EAF sur 4 qui achegravetent de la FO Dans cette zone ougrave les productions maraichegraveres sont importantes les EAF sont agrave la recherche de fumure organique en termes de quantiteacutes pour augmenter le disponible mais aussi de qualiteacute (fumiers de porcs ou de volailles)

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Pour les eacutechanges sous forme de troc la fumure organique est eacutechangeacutee contre du travail (travail manuel ou prestation par exemple labour ou transport) contre de la paille de riz ou autres matiegravere organique (certainement pour produire du fumier) des semences (de riz ou maiumls) etc Les dons sont faits aux membres de la famille (le plus souvent des parents vers les enfants) mais aussi au meacutetayer voire agrave des voisins moins bien doteacutes Il y a donc un marcheacute de la fumure organique entre EAF drsquoune zone donneacutee mais aussi avec des EAF ou drsquoautres deacutetenteurs dans des zones plus eacuteloigneacutees Ainsi agrave Arivonimamo quelques EAF ont pu acqueacuterir des deacutechets urbains et beaucoup ont acheteacute du fumier en provenance drsquoeacutelevages speacutecialiseacutes

Tableau 5 Prix moyen en Ariary drsquoune charrette de fumure organique

Mandoto ArivonimamoNbre PU moyen Nbre PU moyen

Fumier de zeacutebu 179 5 809 225 16 158Fumier meacutelangeacute 49 4 837 88 13 286Fumier de porc 5 36 000 115 41 137Fumier de volaille 3 25 000 80 49 283Compost 8 18 333Zezi-pako 29 4 500

Les prix pour une charrette1 sont tregraves diffeacuterents entre les deux zones Et on peut penser qursquoagrave Arivonimamo le marcheacute de la fumure organique est laquo tendu raquo avec une forte demande et peu de fumure localement commercialiseacutee pour y reacutepondre Cette situation a des conseacutequences sur les prix avec comme lrsquoindique le Tableau 5 des prix tregraves eacuteleveacutes agrave Arivonimamo environ 3 fois plus eacuteleveacutes qursquoagrave Mandoto Ces prix ont eacuteteacute calculeacutes agrave partir des deacuteclarations de vente ou drsquoachat par les producteurs Lrsquoeffectif (Nbre) est le nombre de charrettes sur lequel a eacuteteacute calculeacute le prix moyen La part des achats est bien sucircr beaucoup plus eacuteleveacute et le plus souvent ce prix inclut le transport ce qui nrsquoest pas un eacuteleacutement neacutegligeable notamment agrave Arivonimamo ougrave la fumure provient drsquoeacutelevages relativement eacuteloigneacutes La charrette de fumier de porc ou de volaille est nettement plus chegravere que le fumier de zeacutebus ou de fumier meacutelangeacute Mais ce sont ces deux types de fumier qui sont les plus commerceacutes en quantiteacute

On notera que le pourcentage des EAF qui achegravetent est nettement supeacuterieur agrave celui des EAF qui vendent Les eacutechanges pourraient srsquoeacutequilibrer au niveau du territoire (le fokontany) par les quantiteacutes avec des EAF qui vendraient de grandes quantiteacutes et des EAF qui achegraveteraient de petites quantiteacutes En fait dans notre eacutechantillon (tireacute au sort et donc avec autant de chances de tirer un vendeur qursquoun acheteur) les eacutechanges ne srsquoeacutequilibrent pas et les quantiteacutes vendues ne repreacutesentent que 38 des quantiteacutes acheteacutees agrave Mandoto et seulement 22 agrave Arivonimamo Ainsi globalement les EAF achegravetent des fumures organiques agrave des exploitations agricoles drsquoautres fokontany et ceci est particuliegraverement reacutepandu agrave Arivonimamo avec des EAF qui achegravetent aux eacutelevages de poulets de chair de poules pondeuses ou de porcs proches de la ville drsquoImerintsiatosika

1 Aucune information nrsquoa eacuteteacute collecteacutee sur le poids des charrettes car le travail aurait eacuteteacute trop lourd agrave reacutealiser Ce poids deacutepend du niveau de remplissage mais aussi et beaucoup de la qualiteacute de la fumure organique Comme deacutejagrave indiqueacute pour faire les conversions nous avons utiliseacute le poids de 250 kg par charrette pour couvrir tous les types de fumure et eacuteviter les surestimations Certains pourront consideacuterer ce poids comme sous-estimeacute

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Figure 2 Evolution de la fumure moyenne produite par EAF

La fumure produite dans une EAF nrsquoest pas la fumure disponible celle-ci eacutevolue en fonction

des eacutechanges La Figure 2 preacutesente la situation moyenne drsquoune EAF selon la zone On constate que la quantiteacute de fumure disponible pour les cultures (apregraves entreacutees et sorties) est en moyenne plus importante que la fumure produite (voir aussi Tableau 6) Ainsi agrave Arivonimamo la fumure disponible passe agrave 29 tonnes par EAF alors que la quantiteacute produite est de lrsquoordre de 22 tonnes A Mandoto lrsquoeacutecart nrsquoest pas si important mais reste significatif avec respectivement 21 et 19 tonnesAinsi on peut deacuteduire de ces donneacutees que la strateacutegie des EAF est drsquoaugmenter la production de fumure organique sur lrsquoEAF (eacutelevage compost) mais aussi drsquoaugmenter la fumure organique disponible pour fertiliser les parcelles en achetant sur le marcheacute ou en srsquoapprovisionnant agrave travers

des eacutechanges non marchands Et cette strateacutegie est particuliegraverement dominante agrave ArivonimamoMais ces tendances geacuteneacuterales cachent de fortes dispariteacutes Ainsi les 3 EAF qui nrsquoavaient pas produit de FO en ont obtenu par achat et troc mais 4 EAF ont ceacutedeacute toute leur fumure organique Ainsi il y a toujours environ 1 de lrsquoeacutechantillon qui nrsquoa pas de FO disponible

32 Quantiteacutes disponibles et variabiliteacute

Ainsi lrsquoEAF moyenne a augmenteacute sa disponibiliteacute en FO dans les deux zones

(Figure 2 et Tableau 6) La composition (Figure 4) a eacutevolueacute par rapport agrave la FO produite (Figure 1) et ceci plus particuliegraverement agrave Arivonimamo Dans cette zone la part du fumier meacutelangeacute a fortement diminueacute (passant de 47 agrave 33) comme mais dans une moindre mesure celle du fumier bovin et ce sont les fumiers agrave base de deacutejections de porcs ou de fiente de volaille qui ont fortement progresseacute passant de 8 agrave 16 On note eacutegalement la progression du type autre FO qui est passeacute de 3 agrave 6 en lien avec lrsquoacquisition de deacutechets ou boues urbaines

Figure 3 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique disponible par EAF selon les zones

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A Mandoto les changements sont mineurs et concernent la reacutepartition entre fumier meacutelangeacute et fumier bovin ce dernier type progresse au deacutetriment du fumier meacutelangeacute Ceci srsquoexplique par le fait que les eacutechanges et en particulier moneacutetaires concernent le fumier de bovin et peu le fumier meacutelangeacute

Mais mecircme si on enregistre quelques eacutevolutions ce sont toujours le fumier de bovin et le fumier meacutelangeacute qui sont les fumures organiques les plus importantes car ils repreacutesentent plus de 70 des quantiteacutes moyennes disponibles au niveau de lrsquoEAF moyenne

Comme pour la fumure produite la fumure disponible par EAF est tregraves variable La variabiliteacute a mecircme augmenteacute avec des coefficients de variation autour de la moyenne un peu plus eacuteleveacutes pour la FO disponible Mais le recours au marcheacute et les eacutechanges non marchands ont fait fortement eacutevoluer la reacutepartition de la fumure organique entre les EAF La Figure 4 illustre ces eacutevolutions contrasteacutees selon les zones

Figure 4 Evolution de la reacutepartition des EAF et de la FO selon des classes de quantiteacutes de FO produite et disponible en tonnes

A Mandoto lrsquoeacutevolution nrsquoest pas tregraves importante les pourcentages drsquoEAF progressent en mecircme temps que les classes de quantiteacute de FO mais de maniegravere tregraves modeacutereacutee Le recours aux eacutechanges nrsquoentraicircne pas de modification spectaculaire dans le profil des graphiques que cela soit pour la reacutepartition des EAF ou pour la reacutepartition de la FO la part des EAF avec moins 05 tonne diminue de 18 agrave 15 et crsquoest la classe de 05 agrave 15 tonnes qui progresse de 3 la part des EAF les mieux pourvues (plus de 5 tonnes) progresse mais tregraves faiblement aussi

A Arivonimamo les changements sont beaucoup plus importants La part des EAF avec moins de 05 tonne diminue pour passer de 22 avec la fumure produite agrave seulement 9 pour la fumure disponible Ainsi la plus grande partie des EAF les moins pourvues se sont procureacutees de la FO sur le marcheacute ou par le troc car pour les cultures maraichegraveres il est indispensable drsquoavoir de la fumure organique Et ce sont les classes avec de plus grandes quantiteacutes de FO qui ont progresseacute de maniegravere remarquable

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les EAF avec plus de 3 tonnes sont passeacutees de 25 agrave 42 et la fumure que cumulent ces EAF est passeacutee de 58 agrave 73 La progression tregraves forte des EAF les mieux pourvues srsquoest tout de mecircme traduite par une concentration au niveau de ces EAF

33 Quantiteacute de fumure organique et surface

Lrsquoimportance de la fumure organique drsquoune EAF ne peut ecirctre appreacutecieacutee qursquoen fonction de la superficie agrave cultiver qui elle-mecircme deacutepend de la Surface Agricole Utile disponible par EAF Celle-ci varie selon la zone avec environ 15 ha agrave Mandoto et 09 ha agrave Arivonimamo

Tableau 6 Superficie et quantiteacutes moyennes par EAF

Variables par EAF Mandoto Arivonimamo

Moyenne CV Moyenne CVSAU (ha) 148 88 091 82FO produite (tonne) 187 90 218 92

FO disponible (tonne) 213 102 290 78

FO disponible (tonneha) 169 84 367 66

La quantiteacute de fumure disponible est en relation lineacuteaire avec la SAU les coefficients de correacutelation entre ces deux variables sont relativement eacuteleveacutes avec +076 agrave Mandoto et +059 agrave Arivonimamo et significatifs agrave 001 Dans les deux zones ces coefficients sont supeacuterieurs agrave ceux qui lient les variables de cheptel (nombre de bovins et valeur totale du cheptel) et les variables de SAU ainsi on peut en deacuteduire que cette relation entre quantiteacute de FO et surface nrsquoest pas seulement fonction des animaux disponibles mais bien dlsquoune strateacutegie des EAF une laquo strateacutegie de construction de la fertiliteacute raquo des sols (NrsquoDieacutenor et al 2011)

Figure 5 Nuages de points entre SAU et FO disponible pour chaque zone

Quand on ramegravene la quantiteacute de fumure organique disponible par ha de SAU la zone Arivonimamo apparaicirct nettement mieux pourvue avec pregraves de 35 t ha de SAU alors qursquoagrave Mandoto ougrave les EAF ont moins de FO disponible et plus de surface la moyenne est de 21 tonneha

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Les graphiques en nuage de points mettent en eacutevidence cette relation Les coefficients Rsup2 ne sont pas tregraves eacuteleveacutes ce qui signifie que la SAU disponible agrave elle seule nrsquoexplique pas tregraves bien la variabiliteacute observeacutee A Mandoto il y a quelques points atypiques (par exemple un producteur avec une superficie assez faible et beaucoup de fumure parce que le cheptel est important) mais la reacutegression semble repreacutesenter assez bien la situation la FO disponible est eacutegale agrave 125 fois la SAU + 03 tonnes

A Arivonimamo la reacutepartition des points est assez atypique et il semble exister deux groupes de producteurs avec des strateacutegies diffeacuterentes le premier en rouge dans le graphique vise une quantiteacute importante de FO par uniteacute de surface (35 fois la superficie plus 125 tonnes) alors que le second se rapproche de la situation de Mandoto et semble rechercher une quantiteacute de FO qui repreacutesente 15 fois la SAU + 01 tonne

Pour expliquer ces diffeacuterences entre les deux groupes il faut rechercher du cocircteacute des cultures pratiqueacutees avec pour le premier groupe des surfaces en cultures maraichegraveres plus importantes et avec pour le second un assolement beaucoup plus traditionnel (ces aspects seront analyseacutes dans le prochain article)

Ces quantiteacutes moyennes semblent cependant insuffisantes pour renouveler la fertiliteacute des sols cultiveacutes car selon les travaux de P Garin meneacutes il est vrai dans la zone du Lac Alaotra il faudrait 4 tonneshaan en moyenne de fumier pailleux neacutecessaire (Garin 1998 citeacute par Dubois 2004) pour restituer au sol la bonne quantiteacute de matiegravere organique contrebalanccedilant la mineacuteralisation de la matiegravere organique due aux cultures

Mais nombre de producteurs notamment dans la zone dArivonimamo ajoutent agrave la fumure organique des engrais mineacuteraux Ce point sera traiteacute dans le prochain numeacutero de JAE avec un article sur les strateacutegies drsquoutilisation de la fumure organique et mineacuterale

34 La qualiteacute fertilisante des fumiers

Dans le cadre du mecircme projet de recherche Secure des eacutechantillons de fumures

organiques destineacutees agrave la culture de riz pluvial ont eacuteteacute preacuteleveacutes dans 40 fermes de reacutefeacuterence (20 dans chacune des zones) pour la campagne culturale 2018-2019 Une quantiteacute drsquoenviron 700 cm3 a eacuteteacute preacuteleveacutee sur les parcelles au moment de la mise en place de la culture du riz Ces eacutechantillons ont eacuteteacute analyseacutes et les reacutesultats donnent une indication de la qualiteacute moyenne des fumiers produits et utiliseacutes dans les zones

Tableau 3 Qualiteacute des fumiers utiliseacutes (en de la matiegravere segraveche)

Zone pH N P KMandoto 86 11 03 18Arivonimamo 82 10 07 13

Avec des pH supeacuterieurs agrave 8 les fumiers permettent de corriger laciditeacute des sols (qui ont souvent des pH de deacutepart autour de 5) par leur pouvoir alcalinisant et dameacuteliorer dans la dureacutee les sols pour les rendre plus favorables aux cultures exigeantes comme le maiumls le soja le haricot les cultures maraichegraveres etc

La qualiteacute selon les trois principaux eacuteleacutements (N=Azote P=Phosphore et K=Potassium) peut ecirctre ainsi commenteacutee

bull N les teneurs moyennes en azote sont plutocirct faibles dans les 2 zones mettant en lumiegravere la neacutecessiteacute de mieux conserver cet eacuteleacutement tregraves mobile par dallage couverture rajout de pailles de riz ou de fanes de leacutegumineuse pour stockage de lurine Toutes les plantes ont besoin drsquoazote

bull P une teneur en phosphore nettement plus eacuteleveacutee agrave Arivonimamo en raison dassociations de deacutejections agrave base de volaille et de porc (dont une partie est acheteacutee voir infra) Mais ces teneurs sont faibles alors que lrsquoinsuffisance des sols en phosphore est tregraves souvent un des principaux facteurs limitant pour les cultures

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La FO avec ses faibles teneurs en P est de maniegravere geacuteneacuterale insuffisante pour lever ce facteur limitant

bull K les teneurs en potassium sont relativement eacuteleveacutees dans les deux zones par concentration des pailles par lrsquoajout de cendres de balles de riz ou de balles de riz en lrsquoeacutetat Le potassium est important notamment pour les cultures fruitiegraveres et maraicircchegraveres

Pour appreacutecier la qualiteacute en terme de nutrition des plantes on peut comparer les apports du fumier agrave ceux drsquoun engrais NPK 112216 (utiliseacute couramment dans la reacutegion) Le fumier moyen entre les deux reacutegions agrave des teneurs que lrsquoon peut arrondir agrave 1N 05P 15K en matiegravere segraveche (MS) ainsi en faisant simplement le rapport avec les des analyses 1 kilogramme drsquoengrais eacutequivaut pour N agrave 11 kgfumier MS pour P agrave 44 kgfumier MS et pour K agrave 11 kgfumier MS

Pour se rapprocher des pratiques paysannes il faut faire la comparaison avec des matiegraveres fraicircches et en uniteacute traditionnelle Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes le poids en MS eacutequivaut agrave 50 du poids en matiegravere fraiche une charrette de fumure organique pegravese1 250 kg Ainsi une charrette de fumier de faible qualiteacute eacutequivaut pour N agrave 11 kg pour P agrave 3 kg et pour K agrave 12 kg de lrsquoengrais NPK (112216) utiliseacute pour la comparaison

Si on fait la comparaison en termes de prix avec le kilogramme drsquoengrais agrave 2 200 Arkg (prix de 2019) et une charrette agrave 10 000 Ar lrsquouniteacute fertilisante coucircte avec lrsquoengrais environ 4 500 Ar et 2 700 Ar avec la charrette de fumier Ainsi lrsquoapport de FO est nettement plus inteacuteressant sur le plan eacuteconomique et ceci drsquoautant plus que la fumure est autoproduit valorisant ainsi lrsquoeacutelevage

1 Comme deacutejagrave indiqueacute le poids de la charrette varie for-tement selon le volume de remplissage et la qualiteacute du fumier Avec du fumier de bonne qualiteacute une charrette peut peser 400 kg voire plus mais avec du fumier de mauvaise qualiteacute ou du zezi-pako le poids peut descendre nettement en dessous des 250 kg Pour prendre en compte lrsquoensemble des types de fumure or-ganique nous avons adopteacute le poids moyen de 250 kgcharrette (notamment en reacutefeacuterence agrave Saint-Andreacute et al 2016)

etou le travail familial Cet amendement a aussi de nombreuses autres qualiteacutes que nrsquoa pas lrsquoapport drsquoengrais mineacuteraux avec des effets sur la structure et la faune du sol lrsquoapport drsquoeacuteleacutements fertilisants secondaires et des utilisations agronomiques inteacuteressantes (par exemple pour ameacuteliorer la leveacutee des cultures)

Ces calculs ont eacuteteacute faits avec des reacutefeacuterences moyennes plutocirct deacutefavorables agrave la FO (notamment le poids de la charrette) or les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de la qualiteacute et de la quantiteacute du fumier produit sont nombreuses (Salgado et Tillard 2012) avec des effets positifs sur la productiviteacute de la terre et du travail (Marline 20152) Dans le cadre des fermes de reacutefeacuterence sur les deux zones des agriculteurs appuyeacutes par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie se sont engageacutes dans un processus dameacutelioration des fumures organiques et peuvent ecirctre des reacutefeacuterents pour la diffusion des techniques

4 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La fumure organique disponible dans une EAF est fonction des quantiteacutes produites (en

moyenne 217 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 187 tonnes dans le MO du Vakinankaratra) en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les pratiques de compostage Mais pas seulement car le recours au marcheacute ou au eacutechanges non marchands font eacutevoluer de maniegravere significative agrave la fois les quantiteacutes disponibles par EAF mais aussi la qualiteacute et la reacutepartition entre les EAF La FO moyenne disponible est de 29 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 21 tonnes dans le MO du Vakinankaratra Rameneacutee agrave la SAU la quantiteacute de FO disponible est 367 tonnes par ha agrave Arivonimamo et 169 tha agrave Mandoto

2 Apregraves avoir enquecircteacute trente exploitations agricoles de la reacutegion Vakinankaratra Marline conclut que laquo lrsquoadoption des pra-tiques drsquoameacutelioration de la qualiteacute du fumier ne se traduit pas par une augmentation significative du coucirct de production du fumier notamment en raison des eacuteconomies drsquoeacutechelle dans la fabrication du fumier de qualiteacute En utilisant les reacutesultats des expeacuterimenta-tions de BIOVA lrsquoeacutepandage du fumier ameacutelioreacute sur les parcelles augmenterait la productiviteacute agricole de la terre de 27 et la pro-ductiviteacute globale du travail de 23 raquo (Marline 2015)

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Les produits ajouteacutes au fumier sont nombreux et la production de compost traditionnel ou laquo moderne raquo est reacutepandue

Ainsi que cela soit en termes de pourcentage drsquoEAF inteacuteresseacutees ou en termes de motivation il y a dans ces deux zones une base solide de pratiques et de connaissances paysannes sur laquelle peut srsquoappuyer la vulgarisation de lrsquoameacutelioration de la quantiteacute et de la qualiteacute du fumier et la production de compost

La recherche a commenceacute agrave analyser la diversiteacute de ces pratiques et leurs effets sur la production Un grand nombre de matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et animales sont recycleacutees et les premiers reacutesultats montrent drsquoimportantes synergies entre elles avec des associations courantes avec les engrais

La theacutematique de la fertilisation organique est importante pour les agriculteurs de ces zones Parmi diffeacuterentes pratiques agroeacutecologiques lrsquoutilisation des FO est assez geacuteneacuteraliseacutee et les agriculteurs adoptent via ces pratiques des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute (cf paragraphe 33) Dans cette optique les accompagnements et renforcements de la part des acteurs du deacuteveloppement rural nous semblent tregraves pertinents en matiegravere drsquoaugmentation en quantiteacute et en qualiteacute Les reacutefeacuterences drsquoameacutelioration existent deacutejagrave (Salgado et Tillard 2012 Rasolofo et al 2018) Des plantes ameacuteliorantes peuvent ecirctre eacutegalement utiliseacutees agrave lrsquoeacutechelle des EAF ou du territoire On peut citer les plantes reacutepulsives qui ameacuteliorent les FO dans la lutte contre les insectes (cf reacutefeacuterences du GSDM) les Tithonia qui apportent une quantiteacute significativement importante de K compareacutes agrave diffeacuterents types de fumiers (Olabode et al 2007) etc

Lrsquoeacutetude reacutevegravele eacutegalement que lrsquoutilisation des fumiers meacutelangeacutes provenant de plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage est une pratique courante des agriculteurs dans les deux zones Lrsquoameacutelioration des conduites drsquoeacutelevage dont lrsquoalimentation la santeacute ou lrsquohabitat pourrait ainsi ecirctre une autre faccedilon de rehausser la qualiteacute fertilisante des FO encore consideacutereacutee comme faible Lrsquoameacutelioration

dans ce cas devrait concerner de plus en plus les animaux agrave cycle court tels que les volailles etou les porcs En fait crsquoest parce que lrsquoeacutelevage bovin est menaceacute par les vols alors que les EAF ont toutes au moins des volailles au sein de leur exploitation

Les agriculteurs savent que la fumure organique est la base pour une bonne gestion de la fertiliteacute des sols qursquoelle permet drsquoameacuteliorer lrsquoefficience des engrais apporteacutes et qursquoelle peut aussi jouer un rocircle de leveacutee de certaines deacuteficiences De nouveaux enjeux apparaissent comme pour le compost avec la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et un besoin de reacutefeacuterentiel technico-eacuteconomique pour faire eacutevoluer la production de zezi-pako vers un compost avec plus de qualiteacutes fertilisantes

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Les plantes de services en Agro-eacutecologie les rotations et successions des cultures leccedilons apprises du GSDM

Rakotondramanana Raharison T Randriamitantsoa M Moussa N Razanamparany C Tokiherinionja TF Sandratriniaina R R

Randriamiarana V Razaka M

Introduction

Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale les paysans pratiquent toujours des associations de cultures mais

pour la plupart il srsquoagit drsquoassociation laquo gramineacutee ndash gramineacutee raquo qui ne contribue pas du tout agrave la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols Dans le district de Mandoto par exemple lrsquoassociation maiumls + riz pluvial (41 des surfaces) manioc + maiumls (19 des surfaces) maiumls + arachide (10 des surfaces) sont les plus dominantes (RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019) A part lrsquoassociation avec lrsquoarachide ces associations nrsquoont pas beaucoup drsquointeacuterecirct dans la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et devraient changer en association gramineacutees - leacutegumineuses en utilisant les plantes de couverture agrave forte capaciteacute de reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols en plus de leurs proprieacuteteacutes eacuteprouveacutees en tant que plantes de services Lrsquoassociation du maiumls avec le haricot est tregraves courante aussi bien sur les Hautes Terres que dans le Moyen Ouest crsquoest une association ougrave lrsquoon a deux cultures alimentaires en mecircme temps mais la biomasse de la leacutegumineuse le haricot se mineacuteralise tregraves vite et nrsquoest plus visible apregraves la saison segraveche De mecircme lrsquoassociation du maiumls avec le soja est aussi tregraves freacutequent sur les Hautes Terres et surtout sur les sols volcaniques drsquoAntsirabe et de Betafo mais comme le haricot le soja se mineacuteralise tregraves vite et ne contribue pas beaucoup agrave la biomasse

Le but principal de cet article est de rappeler les principales plantes de couvertures en compleacutetant avec les acquis du GSDM dans les principales reacutegions de Madagascar ceci par rapport aux donneacutees du Manuel pratique du semis direct de Madagascar (HUSSON O et al 2013) un travail collectif sous la houlette drsquoOlivier HUSSON ougrave nous avons largement contribueacute et dont les principales informations ont eacuteteacute soit actualiseacutees soit compleacuteteacutees

Brefs aperccedilus des principales plantes de couvertures ou drsquoembocagement des parcelles

11 Le mucuna

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc) mais ses proprieacuteteacutes en agronomie nrsquoont eacuteteacute que tregraves peu documenteacutees ou sont resteacutees inconnues Pourtant cette leacutegumineuse a un tregraves grand inteacuterecirct en agronomie

Photo 1 Une bonne biomasse de mucuna

111 Une leacutegumineuse pour la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et la lutte contre le striga

Dans le site drsquoIvory sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + Mucuna varient de 468 agrave 485 tha en F1 et de 5 agrave 536tha en F2 et les rendements de maiumls en association avec le Mucuna varient de 44 agrave 487 tha en F1

1 et de 53 agrave 56tha en F2

2 Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020)

1 F1 5 tha de fumier de ferme

2 F2 F1 + 80 kgha de NPK 11- 22 ndash 16 et 25 kg ha drsquoureacutee

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Ce systegraveme bisannuel en agriculture de conservation permet drsquoobtenir des rendements stables de la production de riz et de maiumls associeacute Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans et dans les eacutecoles (CEG) appuyeacutees par le GSDM

112 Une leacutegumineuse pour lutter contre les mauvaises herbes

Photo 2 Apregraves une biomasse de mucuna (jachegravere de mucuna en haut et biomasse de mucuna associeacute avec du maiumls en bas) pas de

mauvaises herbes pour la culture suivante

113 Un reacutepulsif contre les insectes et mecircme contre drsquoautres ravageurs des cultures

Contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) LrsquoONG DURRELL qui a introduit des

associations agrave base de mucuna dans les aires proteacutegeacutees a pu observer que le mucuna limite aussi les attaques de sangliers (DURRELL 2020) Les varieacuteteacutes noires type Garadake du CTAS ou marbreacute existent mais il semble que la varieacuteteacute noire est la plus appreacutecieacutee

12 Le nieacutebeacute eacuterigeacute

Le nieacutebeacute (Vigna unguiculata subsp unguiculata) est une sous-espegravece veacutegeacutetale du Vigna unguiculata originaire drsquoAfrique Probablement introduit en Ameacuterique tropicale au XVIIegraveme siegravecle par les Espagnols le nieacutebeacute est aujourdhui largement cultiveacute dans le Sud des Eacutetats-Unis aux Caraiumlbes et au Breacutesil et bien sucircr en Afrique Les observations faites sur de longues anneacutees montrent que le nieacutebeacute eacuterigeacute David est adapteacute agrave tous les types de sols dans tous les milieux agrave Madagascar Sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute proposeacutee dans les zones humides de la Cocircte Est uniquement agrave cause de problegraveme de production de semences Comme le haricot crsquoest une leacutegumineuse alimentaire agrave cycle court mais qui exige des traitements insecticides freacutequents

Photo 3 Nieacutebeacute eacuterigeacute cv David CEG Antokofoana

Sa biomasse peu lignifieacutee se deacutegrade tregraves vite et demande agrave ecirctre associeacutee avec une biomasse lignifieacutee comme celle du maiumls ou du sorgho

Madagascar est connu pour sa production de nieacutebeacute type laquo Black eyes raquo exporteacute vers plusieurs pays mais surtout vers lrsquoinde Crsquoest la reacutegion drsquoAmbato Boeny sur les baiboho du Betsiboka qui est la reacutegion de production la plus importante

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13 Les nieacutebeacutes rampants

Les nieacutebeacutes rampants sont des varieacuteteacutes locales seacutelectionneacutes par les paysans sur de longues anneacutees en geacuteneacuteral dans les zones segraveches comme le Sud Malgache La varieacuteteacute SPLF2 seacutelectionneacutee par lrsquoONG TAFA dans la reacutegion du Sud-Ouest renommeacute actuellement FARIMASO par le CTAS ou la varieacuteteacute BABOKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy sont des exemples de nieacutebeacute rampant (ANCOS 2016) Les nieacutebeacutes rampants existent en nombre important dans les zones segraveches mais ne sont pas toutes exploiteacutees Leur gros avantage dans le couvert veacutegeacutetal reacuteside dans leur biomasse tregraves lignifieacutee donc ne se mineacuteralise pas trop vite En plus ils sont tregraves adapteacutes dans tous types de sols en zones segraveches comme ici sur la photo que nous avons prise agrave Tsihombe sur sol tregraves sableux en 2016 une anneacutee tregraves segraveche dans le Sud (RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANAJAKA J 2016

Photo 4 Nieacutebeacute rampant sur sable roux Imongy Tsihombe 2016 peacuteriode tregraves segraveche

dans le Sud

14 Le Vigna radiata

Le Vigna radiata ou Antsoroko est une leacutegumineuse comestible par lrsquohomme au mecircme titre que les nieacutebeacutes Un exemple de ce type de leacutegumineuse est la varieacuteteacute MORAMASAKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy (ANCOS 2016) Les Antsoroko sont cultiveacutes par les paysans ou sont endeacutemiques dans les reacutegions de lrsquoAndroyAnosy dans le Sud-Ouest dans les bassins seacutedimentaires du Menabe du Boeny et du Nord-Ouest donc il y a une grande possibiliteacute de seacutelection de varieacuteteacutes dans les populations existantes Dans le Boeny nous

avons pu identifier une varieacuteteacute drsquoAntsoroko agrave forte biomasse qui srsquoassocie bien avec le maiumls (RAKOTONDRAMANANA 2019)

Photo 5 Antsoroko Bongomena Commune Rurale Marovoay

15 La dolique

Le lablab (Lablab purpureus syn Dolichos lablab L Dolichos purpureus L) eacutegalement appeleacute pois antaque (ou Antaka en Malgache) ou dolique dEacutegypte est une espegravece de leacutegumineuse de la famille des Fabaceae qui est largement reacutepandu comme plante alimentaire dans les reacutegions tropicales notamment en Afrique Plante alimentaire traditionnelle en Afrique ce leacutegume peu connu preacutesente un potentiel inteacuteressant pour ameacuteliorer la nutrition renforcer la seacutecuriteacute alimentaire favoriser le deacuteveloppement rural et soutenir lameacutenagement durable du territoire Dans lrsquoAndroy la dolique est torreacutefieacutee pileacutee au

Photo 6 Dolique photo sur internet

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mortier avec le maiumls et sert de repas riche pour beaucoup de communauteacute

A Madagascar la dolique est geacuteneacuteralement cultiveacutee dans les reacutegions infeacuterieures agrave 1200 m drsquoaltitude (HUSSON O et al 2013) mais pas partout A part lrsquoAndroy et les bassins seacutedimentaires de lrsquoOuest et du Nord-Ouest la dolique se cultive sur les baiboho de la rive Est du Lac Alaotra La dolique donne une biomasse lignifieacutee qui associeacutee avec celle du maiumls creacutee un excellent lit de semis du riz pluvial agrave la prochaine campagne sur la base des reacutesultats sur la rive Est du Lac Alaotra en particulier

Diffeacuterentes varieacuteteacutes ont eacuteteacute seacutelectionneacutees par le CTAS dans lrsquoAndroy Vorompotsy (CTAS D1) Manja (CTAS D2) Ondragne (CTAS D3) Lohapitse (CTAS D4) Les varieacuteteacutes agrave cycle long sont appreacutecieacutees dans le Sud

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Seasea Antake ambahe Antake salazagne) marron port rampant originaire de Tsihombe (ougrave elle est appreacutecieacutee) peu inteacuteressante pour le district drsquoAmbovombe (sensible aux insectes)

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Anta-drazagne Antake mena) rouge ou blanc port rampant tregraves appreacutecieacutee dans le district drsquoAmbovombe pour sa reacutesistance aux insectes

16 Le Stylosanthes guianensis

Crsquoest le systegraveme phare en semis sous couvert veacutegeacutetal dans le Moyen Ouest Le laquo Stylo raquo comme on lrsquoappelle localement ressemble un peu agrave Medicago sativa la luzerne cultiveacutee en France Le stylo a eacuteteacute introduit agrave Madagascar dans le Moyen Ouest pour la production de fourrages Mais cette vieille varieacuteteacute est actuellement sensible agrave lrsquoanthracnose si bien que le GSDM avec le projet Bassin Versant et Peacuterimegravetre Irrigueacute du Lac Alaotra (BV Lac) a introduit en 2004 la varieacuteteacute CIAT 184

bull Crsquoest une leacutegumineuse peacuterenne aux feuilles trifolieacutees on la cultive en moyenne sur un cycle de 3 ans mais qui peut se reconstituer facilement avec les graines tombeacutees dans le sol mecircme apregraves un labour

bull Elle produit une forte biomasse (5 agrave 10 T de matiegravere segraveche sur sol deacutegradeacute et jusqursquoagrave 20 T sur sol riche)

bull Elle fixe entre 70 et 200 kg drsquoazote agrave lrsquohectare bull Son puissant systegraveme racinaire pivotant

restructure les sols bull Son port buissonnant jusqursquoagrave 1m80 de haut

la rend agressive vis agrave vis de la plupart des adventices comme le Striga plante parasite du riz et du maiumls agrave Madagascar

bull Crsquoest un excellent fourrage et elle peut ecirctre pacirctureacutee

bull Ses fleurs sont mellifegraveres il fleurit agrave une peacuteriode ougrave lrsquoabsence de fleurs affaiblit les abeilles creacuteant une continuiteacute juste avant la floraison du litchi

Photo 7 Une bonne biomasse de Stylosanthes Coopeacuterative FANILO

Amparihy commune Vinany

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Ces caracteacuteristiques expliquent qursquoon la surnomme aussi laquo luzerne tropicale raquo et cela en fait un excellent preacuteceacutedent pour de nombreuses cultures et en particulier les plantes qui fournissent les produits de base agrave Madagascar riz et maiumls

Le Stylosanthes guianensis srsquoadapte agrave un large spectre de sols et en particulier les sols acides (elle est capable de produire des nodules agrave pH 4 ) ainsi qursquoagrave de nombreux climats jusqursquoagrave 10001

megravetres drsquoaltitude et une pluviomeacutetrie de 600 agrave 3000 mm par an

17 Les arachis

Arachis est un genre de plantes dicotyleacutedones de la famille des Fabaceae sous-famille des Faboideae originaire dAmeacuterique du Sud qui compte 70 espegraveces annuelles ou vivaces LrsquoArachis apporte beaucoup drsquoazote au sol et en plus crsquoest une plante largement utiliseacutee comme plante mellifegravere

Deux espegraveces ont eacuteteacute essayeacutees agrave Madagascar lrsquoArachis pintoiuml et lrsquoArachis peacuterenne Cette leacutegumineuse a eacuteteacute largement diffuseacutee dans le Pays dans les cultures de rente (cafeacuteier poivrier vanillier giroflier) et dans les cultures fruitiegraveres

Photo 8 Arachis pintoiuml

1 1000 m Corrigeacute par lrsquoauteur le texte initial eacutetait 1600 m drsquoaltitude agrave Madagascar le Stylo nrsquoest plus cultiveacute au-dessus de 1000 m drsquoaltitude

18 La vesce

Vicia sativa la vesce cultiveacutee ou vesce commune est une plante annuelle appartenant agrave la famille des Fabaceacutees du mecircme genre que la fegraveve ou le haricot La vesce commune est cultiveacutee en tant que fourrage mais crsquoest aussi un excellent engrais vert Elle est de plus une plante inteacuteressante pour lrsquoeacutelevage des abeilles et peut eacuteventuellement ecirctre consommeacutee par lrsquohomme De plus la vesce a des difficulteacutes agrave se deacutevelopper dans les sols tregraves argileux

La vesce a eacuteteacute essayeacutee un peu partout agrave Madagascar mais crsquoest surtout au Lac Alaotra sur baiboho et sur colluvions de bas de pente riche qursquoelle a connu un succegraves Au Lac Alaotra la vesce rentre dans un systegraveme Rizcultures maraicircchegraveresvesce Dans ce systegraveme le riz beacuteneacuteficie de la biomasse de la vesce et de lrsquoarriegravere effet de la fertilisation des cultures maraicircchegraveres En plus de sa biomasse on reacutecolte les semences avant de la rouler pour le semis du riz Essayeacute dans les autres reacutegions de Madagascar la vesce a rencontreacute des problegravemes de rotation avec le riz irrigueacute sur les Hauts Plateaux en raison de son cycle qui srsquoallonge et retarde ainsi le repiquage du riz Par ailleurs la production de semences a eacuteteacute un problegraveme

Photo 9 Riz sur biomasse de vesce en Riziegravere agrave Mauvaise Maicirctrise dEau (RMME) M Charles Mahatsinjo CR Ambohitsilaozana Rive Est Lac

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19 Le Pois drsquoAngole

Le pois dAngole (Cajanus cajan syn Cajanus indicus) est une espegravece de plante vivace de la famille des Fabaceae Le pois dAngole est agrave la fois une culture vivriegravere (pois secs farine pois frais ou leacutegumes verts et une culture fourragegravere de couverture) Les pois contiennent des niveaux eacuteleveacutes de proteacuteines et dimportants acides amineacutes (meacutethionine lysine et tryptophane) En combinaison avec des ceacutereacuteales le pois dAngole constitue une alimentation humaine eacutequilibreacutee Aussi sous le nom de pois cajan pois-congo ambrevade ou pwa di bwa en creacuteole Guadeloupeacuteen le pois dAngole est une leacutegumineuse vivace agrave graine cultiveacutee en agriculture pluviale dans les reacutegions tropicales semi-arides httpsfrwikipediaorgwikiPois_d27Angole)

Photo 10 Pois drsquoAngole agrave la maturiteacute des gousses

Les expeacuteriences avec le Pois drsquo Angole ont eacuteteacute surtout obtenues dans lrsquoAndroy ougrave il a eacuteteacute utiliseacute en brise-vent en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute (forecirct de Cajanus) mais surtout a beaucoup contribueacute agrave la seacutecuriteacute alimentaire de cette zone segraveche (RAHARISON T et al 2018) en effet la consommation du pois drsquoAngole est rentreacute dans les habitudes alimentaires de certaines tribus de lrsquoAndroy et se trouve mecircme consommeacute agrave la place du haricot dans les funeacuterailles

Le Pois drsquoAngole est connu pour sa capaciteacute agrave aller chercher lrsquohumiditeacute en profondeur Etant une plante lignifieacutee il aide agrave renforcer la biomasse des autres espegraveces

110 Les crotalaires

Les crotalaires ont eacuteteacute associeacutes au riz pluvial mais sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute un succegraves Cependant les crotalaires ont lrsquoavantage drsquoavoir une biomasse lignifieacutee et qui nrsquoest pas appeacuteteacutee par les animaux Par ailleurs les crotalaires ont des racines profondes qui cherchent lrsquoeau en profondeur

Photo 11 Crotalaria gramihana endeacutemique sur les Hauts Plateaux

2 Les reacutesultats de la recherche

Nous rappelons ici les reacutesultats du site drsquoIvory pour deacutemontrer les capaciteacutes des plantes de

couverture agrave reacutegeacuteneacuterer un sol pauvre infesteacute de striga En effet le sol de ce site un sol ferralitique agrave pH 4 eacutetait abandonneacute par le proprieacutetaire agrave cause de lrsquoimpossibiliteacute drsquoy planter du maiumls et du riz agrave cause du striga

Le site drsquoIvory est situeacute agrave 100 km agrave lrsquoouest drsquoAntsirabe (pregraves de la RN 34 vers Miandrivazo) sur les plateaux de la zone centrale du Moyen Ouest dans le district de Mandoto Commune rurale de Vinany (localisation agrave la fig1) Les systegravemes mis en place ont eacuteteacute baseacutes sur les 3 dispositifs agrave savoir la lutte contre le Striga la diversification des cultures et la collection varieacutetale Les systegravemes de cultures proposeacutees ont eacuteteacute baseacutes sur la mise en place de maiumls en association avec des leacutegumineuses annuelles (vivriegraveres nieacutebeacute soja arachide Vigna umbellata) ou de plantes de couverture (mucuna et Stylosanthes) drsquoune part et la mise en place de plante de couverture fourragegravere (Arachis pintoiuml et Arachis peacuterenne)

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Sur les dispositifs des systegravemes en Agriculture de Conservation sont compareacutes au teacutemoin traditionnel laboureacute avec un minimum drsquointrants F1 (fumier seul agrave 5tha) ou F2 (F1 + 80 kgha de NPK + 25 kgha drsquoureacutee) soit des doses faibles se rapprochant des pratiques paysannes Le traitement en culture pure sans couvert veacutegeacutetal sur labour constitue un teacutemoin commun aux diffeacuterents essais conduits en Agriculture de Conservation (AC) sur reacutesidus ou sur couverture vivante

Figure 1 localisation du site drsquoIvory dans le Moyen Ouest commune de Vinany district de Mandoto

Figure 2 Pluviomeacutetrie par deacutecade sur le site drsquoIvory

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Figure 3 Rendements de riz sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Figure 4 Rendements de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements des systegravemes en Agriculture de Conservation sont nettement plus eacuteleveacutes que ceux obtenus en pratiques traditionnelles Le laquo riz pluvial sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses vivriegraveres raquo est de 37 agrave 47 THa (fertilisation F2) contre seulement 07 agrave 10 tHa sur labour Les systegravemes agrave base de mucuna sont les plus performants Malgreacute une faible pluviomeacutetrie agrave la 3egraveme deacutecade de feacutevrier et agrave la 2egraveme de mars en 2019 les rendements de cette anneacutee nrsquoont pas eacuteteacute affecteacutes ce qui montre bien la reacutesilience des systegravemes en agriculture de conservation sur le changement climatique Les mecircmes observations sont faites sur les rendements du maiumls associeacute

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Ces observations sont reacuteguliegraveres sur de nombreuses anneacutees et montrent qursquoune fois la fertiliteacute restaureacutee avec de fortes biomasses sans labour du sol et avec de faible dose drsquoengrais on aboutit agrave de tregraves bons rendements Lrsquoautre observation importante est la tregraves grande diffeacuterence entre les parcelles laboureacutees et les parcelles non laboureacutees avec les mecircmes doses de fertilisations Ceci srsquoexplique sur le fait que le labour mineacuteralise la matiegravere organique et entraine une perte eacutenorme par lessivage

3 Quels systegravemes pour les Hautes terres

Les systegravemes suivants sont proposeacutes pour large diffusion sur les Hautes Terres Dans le cadre de la diffusion du Projet MANITATRA II on note un fort engouement des paysans pour les systegravemes agrave base de mucuna au vue des premiers reacutesultats obtenus dans les Champs Ecoles Paysans (CEP) et dans les parcelles drsquoapplication des Collegraveges drsquoEnseignement Geacuteneacuteral (CEG) en effet pour la campagne 2019 - 2020 le systegraveme agrave base de mucuna en association avec le maiumls deacuterobeacute dans lrsquoassociation laquo maiumls + haricot raquo ou mecircme en jachegravere de mucuna a connu une adoption importante sur les Hauts terres

31 Le maiumls associeacute au haricot deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la campagne suivante

Le maiumls associeacute au haricot est tregraves courant sur les hautes terres donc agrave la maturiteacute du haricot et mecircme avant la reacutecolte on segraveme le mucuna sur la ligne du haricot La biomasse de maiumls va srsquoassocier agrave celle du mucuna pour constituer un lit de semis pour le riz pluvial sans labour agrave la prochaine campagne Normalement le lit de semis est tregraves peu infesteacute de mauvaises herbes si la biomasse du mucuna arrive agrave couvrir le sol

32 Le maiumls associeacute au soja deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la saison suivante

Comme avec le systegraveme preacuteceacutedent avant la maturiteacute du soja on segraveme le mucuna dans la ligne du soja On peut mecircme le semer agrave la voleacutee

33 Les associations avec lrsquoavoine en vue de production de fourrages

Dans le systegraveme preacuteceacutedent (maiumls + soja) au lieu de semer du mucuna on peut semer de lrsquoavoine qui servira par la suite de fourrage Comme avec le mucuna la parcelle est propre dans un couvert drsquoavoine Le paysan peut preacutelever une partie de la biomasse de lrsquoavoine pour le fourrage

34 Habiller le riz pluvial avec drsquoautres leacutegumineuses

Sur les Hautes Terres une parcelle de riz pluvial qui existe deacutejagrave peut ecirctre habilleacute avec du Pois drsquoAngole ou avec du crotalaire ce qui eacutevitera drsquoavoir une faible biomasse de riz agrave la prochaine campagne Cette pratique a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet MANITATRA II

35 Les embocagements des cultures

Les embocagements de parcelles se feront avec du Tephrosia vogellii une leacutegumineuse tregraves adapteacutee aux reacutegions drsquoaltitude jusqursquoagrave 2000 m Crsquoest aussi un reacutepulsif contre les insectes Cette leacutegumineuse peut pousser tregraves haut jusqursquoagrave 150 m mais on peut aussi la tailler en fin de saison de pluie et les produits de la taille (feuille et rameaux) peuvent ecirctre ajouteacutes agrave la biomasse de la parcelle

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4 Quels systegravemes pour le Moyen Ouest

Le systegraveme phare dans le Moyen Ouest est le systegraveme agrave base de Stylosanthes mais les

systegravemes agrave base de leacutegumineuses annuelles sont aussi deacuteveloppeacutes en parallegravele avec le stylo car les petits paysans avec moins de 1 ha nrsquoont pas envie de srsquoinvestir dans une jachegravere de stylo

41 Le Stylosanthes comme systegraveme phare

Comme deacutecrit plus haut le stylo est la plante de couverture drsquoexcellence pour reacutegeacuteneacuterer les sols deacutegradeacutes Mais contrairement agrave ce qursquoon a veacutehiculeacute comme message auparavant on propose de labourer quand le paysan a envie de revenir aux leacutegumineuses annuelles Cette recommandation est valable notamment pour les petits producteurs ne pouvant pas supporter la jachegravere drsquoune anneacutee Il est important de souligner qursquoune jachegravere de Stylo peut ecirctre planteacutee en maiumls ou en manioc agrave faible densiteacute Par ailleurs la jachegravere de stylo permet aussi de reacutecolter des semences qui sont tregraves demandeacutees actuellement drsquoougrave un compleacutement de revenus important pour le paysan

42 Le maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial

Tous les systegravemes agrave base de maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial ont eacuteteacute testeacutes dans les sites drsquoIvory et peuvent ecirctre diffuseacutes dans le Moyen Ouest ce qui offre un large choix par rapport aux autres reacutegions Il est important de deacuterober du mucuna avec les leacutegumineuses agrave faible biomasse (nieacutebeacute tsiasisa haricot soja)

5 Quels systegravemes au Lac Alaotra

Le Lac Alaotra est connu pour ses grandes surfaces de baiboho et de Riziegraveres agrave Mauvaise Maicirctrise drsquoEau (RMME) ceci agrave cause des fortes eacuterosions des bassins versants reacutesultant drsquoune pluviomeacutetrie violente et de la fragiliteacute du sol drsquoorigine tectonique Dans ces conditions le maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses en rotation avec le riz pluvial est le systegraveme phare sur baiboho et le systegraveme rotation laquo Rizcultures maraichegraveresVesce raquo sur RMME Parmi les leacutegumineuses la

dolique associeacutee au maiumls est agrave privileacutegier car cette plante de couverture est bien adapteacutee dans cette reacutegion

6 Quels systegravemes pour les zones semi-arides de lrsquoAndroy

Le problegraveme essentiel dans lrsquoAndroy est lrsquoeacuterosion eacuteolienne en plus de lrsquoeacuterosion hydrique Crsquoest ainsi que le pois drsquoAngole a eacuteteacute largement utiliseacute en brise-vent mais aussi en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols tregraves deacutegradeacutes par le systegraveme de forecirct de Cajanus

Parmi les leacutegumineuses la dolique est endeacutemique dans la reacutegion mais le mucuna les nieacutebeacutes rampants le konoke (leacutegumineuse endeacutemique du genre Phaseolus sp) sont reacutepandus et bien adopteacutes

Une approche de diffusion par les blocs agro-eacutecologiques a permis une forte adoption de lrsquoAgro-eacutecologie dans lrsquoAndroy seacutedimentaire

7 Quels systegravemes pour le Boeny

Tous les systegravemes deacutecrits plus hauts sont applicables dans le Boeny Il faut noter toutefois la preacutedominance du Vigna radiata (Antsoroko) et nieacutebeacute rampant type Lojomena et du nieacutebeacute type Black Eyes sur les baiboho A cause de la forte eacuterosion des bassins versants dans cette reacutegion les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal sont agrave privileacutegier Un grand effort de formation des intervenants locaux est indispensable

Photo 15 Vigna radiata

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Conclusions

Cet essai de capitalisation est loin drsquoecirctre parfaite Crsquoest un travail qui demande agrave

ecirctre actualiseacute avec le temps Nous nrsquoavons pas couvert toutes les reacutegions mais globalement les systegravemes reposent tous sur les fondamentaux de lrsquoAgriculture de Conservation et de lrsquoAgro-eacutecologie Par ailleurs en plus des formations des intervenants locaux la production de semences de plantes de couverture pose un problegraveme dans beaucoup de reacutegion Il faut noter que le site drsquoIvory et la commune de Vinany ont eacuteteacute une zone de production de semences de couverture pendant de longues anneacutees

Drsquoautres problegravemes qui ne sont pas eacutevoqueacutes dans cet article sont les feux de brousse en saison segraveche et les divagations drsquoanimaux qui diminuent eacutenormeacutement la biomasse laisseacutee sur les sols agrave la prochaine campagne Une prise de conscience collective des paysans semble donner des reacutesultats comme en teacutemoignent les paysans de la commune de Vinany dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra

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Reacutefeacuterences bibliographiques

1 ANCOS 2016 Reacutegistre des espegraveces et varieacuteteacutes exploiteacute dans le systegraveme laquo Semence de Qualiteacute Deacuteclareacutee raquo dans le Sud de Madagascar ANCOS Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche

2 DURRELL 2020 Lrsquointroduction de lrsquoinnovation Agro eacutecologie pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire des communauteacutes aux alentours des Aires proteacutegeacutees (Baie de Baly et Lac Alaotra) et zone humide de Lac Sofia Lot II Y 49 J Ampasanimalo (101) BP 8511 Antananarivo 101 ndash Madagascar httpswwwdurrellorgwildlife httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

3 GSDM 2020 Rapport annuel anneacutee 3 intervention du GSDM dans le Projet PAPAM composante 2 GSDM lot VA 26 Y Ambatoroka ANTANANARIVO 101

4 HUSSON O SEGUY L CHARPENTIER H RAKOTONDRAMANANA MICHELLON R RAHARISON T et al (2013) Manuel pratique du semis direct de Madagascar GSDMCIRADhttpgsdm-mgorgwp-contentfilesManuel_SCV_Mada_V_IntegraleMedpdf

5 RAKOTONDRAMANANA 2019 Rapport de mission de capitalisation dans le PLAE III BOENY 17 au 23 Feacutevrier 2019 PLAE ANALAMAHITSY ANTANANARIVO 101

6 RAKOTONDRAMANANA et al 2018 La rotation ou lrsquoassociation avec le mucuna reacuteduit consideacuterablement les attaques de chenilles leacutegionnaires sur le maiumls Journal de lrsquoAgro-eacutecologie Ndeg7 httpopen-libraryciradfrfiles62385__JAE_NC2B07pdf

7 RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANJAKA J 2016 Rapport de mission de reconnaissance et de diagnostic du Projet SOHAVELO ASARA programme europeacuteen de seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle dans la reacutegion Sud et Sud Est de Madagascar ASARAAINA AVSF Lot VG 25 Antsahabe BP 3149- Antananarivo 101 ndash Madagascar httpopen-libraryciradfr

files62394__Rapport_de_mission_SOHAVELO_VFpdf

8 RAHARISON T et al 2018 Rapport drsquoeacutetude drsquoimpact des pratiques des blocs agro eacutecologiques diffuseacutees dans le cadre du projet HOBA GRET Antananarivo

9 RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019 Diversiteacute et importance des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols dans les exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar Journal de lAgro-eacutecologie Ndeg8 2019 httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

10 h t t p s w w w s u p a g r o f r r e s s - p e p i t e s PlantesdeCouvertureresStylosanthespdf

11 httpsfrwikipediaorgwikiArachis

12 httpsfrwikipediaorgwikiVicia

13 h t t p s f r w i k t i o n a r y o r g w i k i pois_dE28099Angole

14 httpsfrwiktionaryorgwikicrotalaire

15 httpsfrwikipediaorgwikiPois_mascate

16 httpsfrwikipediaorgwikiVigna_unguiculata

17 httpsfrwikipediaorgwikiHaricot_mungo

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SUCCESS STORIES

La technique du lombricompost se diffuse de paysan agrave paysan

Lrsquoutilisation agrave outrance des produits chimiques en tant que pesticides et fertilisants durant lrsquoegravere

de la reacutevolution verte nrsquoavait fait que renforcer les effets du changement climatique sur lrsquoagriculture Hormis son prix eacuteleveacute les engrais de synthegravese solubles laissent toujours des reacutesidus ayant des impacts preacutejudiciables agrave lrsquoenvironnement Dans le cadre de ses projets de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie le GSDM tend agrave former les paysans sur les proceacutedeacutes de fabrication de diffeacuterents types de compost dont le vermicompostage Cela dans lrsquooptique de rendre la production agricole plus durable et plus respectueuse de lrsquoenvironnement Les suivantes sont les teacutemoignages de paysans sur les inteacuterecircts du lombricompostage

Dans la commune rurale drsquoAnkazomiriotra au niveau du village drsquoAmbohitrinibe Fokontany Belanitra Est Madame RABEBINIRINA Minompamonjy David (Mme Mino) fait partie de ces paysans qui ont su tirer profit de lrsquoutilisation du lombricompost

Nrsquoayant pas de zeacutebu nous eacutetions obligeacutes drsquoacheter drsquoeacutenorme quantiteacute de fumiers et drsquoengrais pour fertiliser nos champs Crsquoeacutetait peacutenible vu que notre revenu couvrait difficilement le montant de nos besoins Vers 2013 nous avons assisteacute aux seacuteances de formations et drsquoanimations prodigueacutees par les techniciens travaillant sur le projet pilote Manitatra 1 Apregraves ces formations

ils nous ont fait don de 250g de vers Aujourdrsquohui nous en disposons drsquoau moins 20Kg Les reacutesultats que nous avons obtenus degraves la premiegravere anneacutee drsquoutilisation du lombricompost a eacuteteacute probant Drsquoabord la charge de travail due au transport de fertilisant vers le champ srsquoeacutetait beaucoup amoindri car nous nrsquoavons plus qursquoagrave transporter tout au plus le dixiegraveme du volume de fumier de parc qursquoon utilisait avant En effet 30 agrave 40 kg de lombricompost peut amplement suppleacuteer agrave 2 charrettes de fumier de parc Le sarclage est aussi devenu plus facile car le preacute-compostage a permis drsquoeacuteliminer les graines drsquoadventices qui dlsquohabitude viennent avec les fumiers organiques Ensuite les cultures reacutesistent mieux agrave la segravecheresse et les plantes parasites Par exemple nous avons constateacute que le riz devient plus vigoureux face aux attaques du striga Le rendement est de plus en plus soutenu et les produits maraicircchers sont moins sujets agrave la deacutegradation

La fabrication de lombricompost demande certes une certaine rigueur mais est tout agrave fait agrave la porteacutee de chaque paysan Il vous faut juste preacuteparer du preacute-compost qui servira de nourriture aux vers En plus il est indispensable drsquoarroser et de veacuterifier peacuteriodiquement la tempeacuterature Lrsquoessentiel des travaux consiste agrave seacuteparer les vers des composts mucircrs Il nous arrive encore drsquoacheter du fumier de parc pour servir drsquoappoint au preacute-compost mais ccedila en vaut la peine

Avec notre unique andain nous arrivons agrave produire 600kg de compost par mois

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SUCCESS STORIES

Nous nrsquoutilisons que le quart de notre production Le reste est vendu agrave des clients qui viennent drsquoun peu partout agrave Madagascar La plus grosse commande que nous avons eue en 2019 eacutetait de 15tonne La production de lombricompost contribue beaucoup agrave nos ressources peacutecuniaire car il nous arrivons agrave lrsquoeacutecouler jusqursquoagrave 1000Ar le kilo

Madame Mino peut ecirctre joint aux numeacuteros suivants 034 19 777 50033 13 412 10

Un autre paysan en la personne de Monsieur RAZAFINDRAKOTO Emilson (Dadakoto) habitant agrave Antanety 2 Commune Antanifotsy a aussi adopteacute le lombricompostage Les suivants sont ses points de vue quant agrave lrsquoutilisation du lombricompost

Nous avons construit le premier andain suite aux seacuteries drsquoanimation-formation effectueacutees par le paysan leader et le technicien du projet Manitatra 2 travaillant dans notre zone Ce premier andain eacutetait devenu productif agrave partir du mois de juin 2019 Je commence juste agrave produire du lombricompost mais jrsquoai deacutejagrave constateacute les reacutesultats sur la bonne veacutegeacutetation de mes maiumls et de mes riz par rapport agrave ce que jrsquoai eu auparavant Afin drsquoaugmenter la production nous avons construit drsquoautres andains et aujourdrsquohui nous en avons 5

Nous avons commenceacute avec 1kg de vers et maintenant nous en avons autour de 60kg Jusqursquoagrave preacutesent ma production est entiegraverement destineacutee agrave lrsquoautoconsommation Nous les utilisons surtout sur nos cultures de tanety comme le riz et le maiumls associeacute aux leacutegumineuses Je trouve qursquoil est plus inteacuteressant drsquoutiliser du lombricompost que de fumier de parc Actuellement je nrsquoutilise presque plus drsquoengrais chimique

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Produit biologique de lutte contre les Chenilles leacutegionnaires drsquoAutomne (CLA) la menace est maitriseacutee un article du Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la pecircche

(Source publication facebook du MAEP le 14 deacutecembre 2019)

Deacutesormais les producteurs de maiumls Malagasy ne devraient plus ecirctre anxieux et inquiets

face agrave la Chenille Leacutegionnaire drsquoAutomne ou CLA La menace est maicirctriseacutee Gracircce aux efforts du Ministegravere de lAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) agrave travers les techniciens de la DPV et de la FOFIFA des diffeacuterents chercheurs de lUniversiteacute dAntananarivo de lEssagro et dexperts africains appuyeacutes par la FAO une souche biologique appeleacutee BT ou Bacillus Thuringiensis a eacuteteacute deacutecouverte Les tests ont deacutemontreacute que cette bacteacuterie naturelle et endeacutemique agrave Madagascar est capable de tuer la CLA Meacutelangeacute agrave 50g de riz blanc elle peut recouvrir 1ha de champ de maiumls

Notons quelle naffecte ni lenvironnement ni la santeacute humaine Madagascar sest aussi doteacute de sa strateacutegie nationale quinquennale de lutte contre la CLA Telles sont parmi les grandes avanceacutees du PROJET DAPPUI DURGENCE Agrave LA MISE EN PLACE DUN SYSTEME DE SURVEILLANCE DE RIPOSTE ET DE LUTTE INTEGREacuteE CONTRE LA CLA meneacute avec lappui technique et financier de la FAO

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ACTUALITES

Fenetre sur lAgriculture Biologique agrave MadagascarRakotondramanana GSDM

Un projet de loi sur lrsquoAgriculture biologique a eacuteteacute preacutepareacute sur lrsquoinitiative du Syndicat Malgache de lrsquoAgriculture Biologique (SIMABIO) et du MAEP et sera incessamment soumis agrave lrsquoAssembleacutee

Nationale Suite agrave cela un voyage drsquoeacutetude au Maroc et en Tunisie a eacuteteacute reacutealiseacute en vue des perspectives drsquoeacutelaboration drsquoune Strateacutegie Nationale drsquoAppui agrave lrsquoAgriculture Biologique agrave Madagascar (SNABio)

La mission a vu la participation drsquoune deacuteleacutegation conduite par le Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) accompagneacutee du Preacutesident du SIMABIO du projet Coordonnateur National du projet CASEF de lrsquoassistant technique du projet CASEF du repreacutesentant de la recherche (FOFIFA) et du directeur exeacutecutif du GSDM

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Le secteur de lrsquoAgriculture Biologique (AB) agrave Madagascar est en pleine croissance depuis plusieurs anneacutees Repreacutesentant actuellement un chiffre drsquoaffaire annuel de lrsquoordre de 55 Meuro geacuteneacutereacutes par plus drsquoune centaine drsquoentreprises employant 7000 salarieacutes et srsquoapprovisionnant aupregraves de plus de 20 000 agriculteurs le secteur est quasiment exclusivement orienteacute vers lrsquoexportation drsquoune large gamme de produits agricoles beacuteneacuteficiant drsquoune forte typiciteacute (eacutepices fruits tropicaux huiles essentielles cacao crevettes etc) principalement vers lrsquoEurope

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les Etats-Unis le Japon (source CASEF) Les produits bio malgaches sont issues drsquoagriculture bio par des entreprises locales mais aussi de la cueillette Compareacute aux autres pays le coucirct de la certification est trop eacuteleveacute agrave cause du manque de concurrence (un seul organisme certificateur agreacuteeacute ECOCERT)

Au Maroc lrsquoAgriculture biologique repreacutesente de lrsquoordre de 60 Meuro drsquoexportation et en Tunisie 205Meuro mais dans ces deux pays on assiste agrave un marcheacute local en cours de progression Le tableau suivant reacutesume lrsquoagriculture Bio dans les deux pays Globalement les produits exporteacutes sont domineacutes par lrsquohuile drsquoOlive bio dans les deux pays

A lrsquoissue de la mission des perspectives pour Madagascar ont eacuteteacute souleveacutees sous forme drsquoenseignements et reacuteflexions bull Creacuteer un dispositif drsquoappui conseil technique et financier ciblant les producteurs et les entreprises

AB en synergie avec les meacutecanismes existants (FDA Banques IMF etc)bull Subventionner la certification =gt Accroitre la concurrence entre organismes de Controcircle et de Certification (OCC) =gt Agreacutement et controcircle effectif de la part des pouvoirs publicsbull Concevoir une strateacutegie ciblant une diversiteacute de filiegraveres prioritaires de maniegravere inclusive par

exemple Exports Filiegraveres inteacutegreacutees eacutecotourisme Filiegraveres courtes laquo petits producteurs raquo au systegraveme de garantie par Certification de Territoire (CT) et Systegraveme Participatif de Garantie (SPG)

bull Mise en place de centres de recherche technique deacutedieacute agrave lrsquoAB reacutepondant agrave la demande (par ex contrat programme recherche - reacutegions - organisations professionnelles)

bull Conceptionmise en œuvre drsquoun dispositif de formation AB avec obligation de modules dans les cursus agricoles

bull Dynamiser la professionnalisation et la structuration des producteurs et des entreprises malgaches dans lrsquoAB

bull Poursuivre lrsquointeacutegration du secteur priveacute (amont et aval) dans les diffeacuterentes laquo aregravenes raquo institutionnelles deacutefinition des strateacutegies conception et pilotage des dispositifs drsquoappui etc

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La mise en place des parcelles dapplication en Agro-eacutecologie a eacuteteacute effectueacutee au niveau des 8

collegraveges de la reacutegion Boeny Les enseignants et eacutelegraveves ont eacuteteacute accompagneacutes et encadreacutes par les ingeacutenieurs agronomes du GSDM et les techniciens locaux

Une repreacutesentante de la deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo a visiteacute les

reacutealisations du GSDM dans le cadre du projet Manitatra 2 De nombreux points inteacuteressants pouvant ecirctre valoriseacutes dans le cadre dune future coopeacuteration ont eacuteteacute souleveacutes En attendant certaines observations seront agrave partager au cours dun eacuteveacutenement de la Commission europeacuteenne qui se tiendra courant de la 3egraveme semaine du mois de feacutevrier 2020 agrave Bruxelles

Le GSDM maitient lappui technique des 12 eacutetablissements beacuteneacuteficiaires de linteacutegration

de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire dans le Vakinankaratra Il sagit des 6 eacutecoles pilotes PAPAM et des 6 autres extensions reacutealiseacutees dans le cadre du projet MANITATRA 2 Pour lanneacutee scolaire 2019-2020 la mise en place des cultures de grande-saison la mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique ainsi que les suivis reacuteguliers des tehcniciens ont eacuteteacute reacutealiseacutes Quelques enseignants du CEG de Vinany du CEG de Betafo ont mecircme beacuteneacuteficieacutes dune formation de recyclage

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Mise en place de la parcelle dapplication en Agro-eacutecologie au niveau du CEG Mariarano Boeny

Visite des reacutealisations du GSDM projet MANITATRA 2 par une repreacutesentante de la

deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo

Mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique aux 12 eacutetablissements du

Vakinankaratra

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AVRIL 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull RAKOTO HERIMANDIMBY Reneacute - Superviseur de zone du Sud-Est Projet PAPAMbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo AGRISUD- membre du GSDMRubrique laquoDossierraquo GSDMRubrique laquoRechercheraquo Dp SPAD - Partenaire technique du GSDM Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA 2)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth avril 2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

Site WebFacebook

Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

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- Mission de suivi du Comesa les 16 et 17 mars 2020- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020 - Formation CSAFRDA Makanara du 25 au 28 mars 2020

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Emission FIVOHY sur la RNM Tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Deuxiegraveme session de formation des enseignants Boeny du 07 au 10 Avril 2020- Formation des parents deacutelegraveves collegravege Boeny preacutevue durant la semaine du 20 Avril 2020- Visite-eacutechange inter-reacutegional des enseignants parents et elegraveves preacutevue en fin du mois dAvril 2020

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MARS 2020

ANNEE 2020

Page 10: Edition trimestrielle N° 9 / 2020

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Le GSDM accompagne le Projet ATASEF dans la mise en place de champs eacutecole en Agro-eacutecologie dans le District drsquoAnkazobe

Le GSDM a eacuteteacute mandateacute par l Organisation de Soutien pour le Deacuteveloppement Rural

agrave Madagascar de la Fondation AGA KHAN (OSDRM) (convention de service Ndeg2019_DecaTD-002 du 26 novembre 2019) pour appuyer et accompagner lrsquoeacutequipe du projet ATASEF en vue de la mise en place des champs eacutecoles paysans ou CEP agro-eacutecologiques dans le district drsquoAnkazobe Le Projet ATASEF ou laquo Appui agrave la Transition Agroeacutecologique par la Seacutecurisation Economique et Fonciegravere raquo est un projet financeacute par lrsquoAFD dans le cadre de la Faciliteacute drsquoInnovation Sectorielle pour les ONG (FISONG) Lrsquoobjectif principal du projet consiste agrave reacuteduire la pauvreteacute et la vulneacuterabiliteacute des meacutenages agricoles de la Zones drsquoInvestissement Agricole (ZIA) drsquoAnkazobe Parmi les activiteacutes preacutevues pour les beacuteneacuteficiaires figurent notamment lrsquoinitiation et lrsquoaccompagnement agrave lrsquoagroeacutecologie et la mise en œuvre des ameacutenagements

Un des principaux enjeux sur lequel le projet se base dans ses actions est que laquo lrsquoinseacutecuriteacute fonciegravere constitue un frein agrave lrsquoameacutelioration de la production agricole la non mise en valeur de terres mecircme propices agrave lrsquoagriculture et qui constitue aussi agrave son tour un obstacle agrave leur seacutecurisation fonciegravere formelle raquo

Dans ce cadre le projet vise agrave donner aux meacutenages lrsquoopportuniteacute de seacutecuriser leurs droits fonciers sur des terrains qursquoils devront mettre en valeur ameacutenager et exploiter en suivant des techniques agro-eacutecologiques et agroforestiegraveres

Les objectifs speacutecifiques du Projet consistent agrave bull Contribuer au deacuteveloppement drsquoune activiteacute

agro-sylvo-pastorale seacutedentaire dans la ZIA par la promotion de lrsquoagro-eacutecologie et lrsquoadaptation au changement climatique

bull Renforcer le rocircle socioeacuteconomique des meacutenages de la ZIA

bull Et seacutecuriser le capital foncier des meacutenages de la ZIA Les groupes cibles du projet sont les meacutenages extrecircmement pauvres (vivant avec moins de 1 USD par jour et par personne) et vulneacuterables

LrsquoAgro-eacutecologie est inteacutegreacute dans les ProjetsProgrammes

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Le Projet dAppui agrave la transition Agro-eacutecologique par la seacutecurisation eacuteconomique et fonciegravere (ATASEF) srsquoeacutetale sur 3 ans de 2017 agrave 2020 et preacutevoit agrave terme i) la seacutecurisation fonciegravere par voie de certification de 450 Ha de terrains dans les Communes de Kiangara et Tsaramasoandro dans la partie Nord du district drsquoAnkazobe et dans la limite mecircme de la reacutegion drsquoAnalamanga (limitrophe avec la reacutegion de Betsiboka) et ii) un accompagnement technique et socio-organisationnel dans le processus de mise en valeur drsquoameacutenagement et drsquoexploitation des terres de 225 meacutenages vulneacuterables beacuteneacuteficiaires

Drsquoapregraves le document du Projet les activiteacutes srsquoorientent sur bull Lrsquoappui agrave lrsquoorganisation des producteurs

structureacutes en Groupes drsquoEpargne Communautaire ou GEC

bull Lrsquoinstallation la seacutecurisation fonciegravere et lrsquoinclusion financiegravere des meacutenages par la promotion des chaicircnes de valeur et lrsquoagriculture contractuelle avec la culture du taro (Saonjo) qui se complegravetent au systegraveme de riziculture

bull Lrsquoappui agrave lrsquointensification Agroeacutecologique et agrave lrsquointeacutegration eacuteconomique

Lrsquoobjectif principal de lrsquointervention du GSDM consiste donc agrave appuyer et accompagner lrsquoeacutequipe du projet ATASEF pour la mise en place des champs eacutecoles paysans ou CEP agroeacutecologiques dans le district drsquoAnkazobe

Les objectifs speacutecifiques sont de bull Reacutealiser un diagnostic de terrain pour mieux

comprendre les enjeux et les contraintes locaux et mieux orienter les propositions ainsi que les strateacutegies de mise en œuvre

bull Concevoir et mettre en œuvre des techniques drsquoagroeacutecologie agrave appliquer dans les cinq villages au niveau des communes rurales de Kiangara et de Tsaramasoandro

bull Former et accompagner les techniciens drsquoencadrement

bull Appuyer les techniciens agrave la mise en place de champs eacutecoles paysans permettant la diffusion de cette innovation

bull Former les paysans membres de GEC au

niveau des champs eacutecoles paysans et au travers des visites eacutechanges au niveau des sites agroeacutecologiques du GSDM dans la reacutegion du Vakinankaratra (Ivory Mandoto) et au sein du projet MANITATRA 2

Le diagnostic sur terrain a eacuteteacute meneacute par deux agents du GSDM en particulier de l Agroeacuteconomiste et du Responsable enquecircte et BDD les 6 et 7 deacutecembre 2019

Sur terrain les observations du milieu les enquecirctes focus group les enquecirctes aupregraves des meacutenages agricoles et lrsquoeacutelaboration drsquoune typologie des meacutenages agricoles ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau de cinq Champs eacutecoles paysans ou CEP choisis par le projet Il srsquoagit de 4 CEP dans la commune de Kiangara dont Tsarafara de Bemasoandro drsquoAnosimbary et drsquoAntsahalava et drsquoun CEP agrave Vohitsara dans la commune de Tsaramasoandro

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La formation en Agro-eacutecologie en faveur des agents a eacuteteacute reacutealiseacutee du 7 au 9 janvier 2020 et lrsquoappui et accompagnement des techniciens agrave la mise en place des champs eacutecoles du 21 au 23 janvier 2020 Lrsquoobjectif de la formation est de permettre aux techniciens d assurer la formation et lrsquoaccompagnement des beacuteneacuteficiaires sur les pratiques Agro-eacutecologiques dans les zones drsquointervention du projet Huit (8) participants ont assisteacute agrave la formation dont le Responsable de Programme Reacutegional OSDRM le chef de projet ATASEF 2 animateurs et 4 agents de terrain du projet ATASEF

Les geacuteneacuteraliteacutes en matiegravere drsquoAgro-eacutecologie et les pratiques adapteacutees dans les zones drsquointervention du projet ATASEF ont eacuteteacute preacutesenteacutees et discuteacutees durant la formation theacuteorique en salle Pour cette premiegravere session lrsquoembocagement et les bandes veacutegeacutetales lrsquoassociation et la rotation des cultures les composts et la lutte biologique lrsquoagroforesterie ont eacuteteacute deacuteveloppeacutes durant 4 jours de formation en salle Les travaux pratiques ont eacuteteacute reacutealiseacutes agrave Bemasoandro commune Kiangara et agrave Vohitsara commune Tsaramasoandro Lrsquoorganisation de lrsquooccupation de lrsquoespace et de la mise en place des cultures sur les diffeacuterentes parties du terrain ont eacuteteacute discuteacutees Le renforcement de quelques pieds des plants deacutejagrave planteacutes sur des lignes de courbe de niveau (Khaya Paulownia et Acacia) a eacuteteacute effectueacute sur un terrain de plus de 2 hectares agrave Bemasoandro Outre la mise au point sur la technique de traccedilage des courbes de niveau les avantages de lrsquoinstallation des plantes de couverture dans les cultures deacutejagrave en place ont eacuteteacute expliqueacutes aux techniciens et aux agriculteurs preacutesents agrave Vohitsara Lrsquo Appui et lrsquoaccompagnement des techniciens

du projet ATASEF agrave la mise en place des CEP et lrsquoinstallation des plantes ameacuteliorantes de fertiliteacute (leacutegumineuses) dans les cultures deacutejagrave en place au niveau des agriculteurs beacuteneacuteficiaires sont encore preacutevus avant la fin du mois de janvier 2020 Par ailleurs lrsquoappui conseil sur lrsquoameacutelioration du fumier la fabrication de composts et la lutte agro-eacutecologique seront eacutegalement preacutevus pour cette campagne culturale 2019-2020

Des actions de communication de masse pour accompagner la diffusion de lrsquoAgro-eacutecologie

Les actions de communication accompagnent la mise agrave lrsquoeacutechelle

de la diffusion des techniques ainsi que lrsquoanimation et la sensibilisation en Agro-eacutecologie Elles se traduisent par la valorisation des acquisexpeacuteriences au travers de la conception et lrsquoeacutedition des supports de communication adapteacutes aux diffeacuterentes cibles du GSDM Il srsquoagit essentiellement des eacutemissions radioteacuteleacute des films et des supports de formation de la gestion des reacuteseaux sociaux de lrsquoeacutedition des journaux et revues de la participation aux ateliers strateacutegiques aux eacutevegravenements promotionnels et autres plateformes drsquoanimation tant sur le plan national qursquointernational Derniegraverement le GSDM a participeacute dans le guide de lrsquoenvironnement du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable (MEDD) le magazine Mahavokatse du MAEP et de lrsquoagenda 2020 du MAEP

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Production et acquisition de fumure organique pour la gestion de la fertiliteacute des sols par les exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice (CIRADAIDA) RAZANAKOTO

Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina (GSDMMontpellier SUPAGRO)

RECHERCHES

1 Introduction

Dans le ndeg8 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait la diversiteacute et lrsquoimportance

des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols agrave partir des reacutesultats obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Les aspects concernant la fumure organique nrsquoavaient eacuteteacute qursquoeffleureacutes ils sont traiteacutes dans cet article qui preacutesente les reacutesultats obtenus sur les mecircmes exploitations agricoles familiales (EAF) du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Pour plus drsquoinformations sur le projet Secure et sur les aspects mateacuteriels et meacutethodes le lecteur est inviteacute agrave consulter le ndeg8 de JAE et le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats preacutesenteacutes sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

Les fertilisants organiques produits par les EAF des zones drsquoeacutetude sont divers Les fumiers sont les plus importants en lien avec les animaux de lrsquoexploitation (bovins porcs volailles lapins)

le systegraveme drsquoeacutelevage et les techniques de production En plus de ces fumiers utiliseacutes purs ou meacutelangeacutes il existe des laquo composts raquo traditionnels fabriqueacutes avec les ordures meacutenagegraveres des cendres etou autres matiegraveres organiques ajouteacutees (ces fumures sont appeleacutees zezi-pako et zezi-davenona) et aussi des composts dont la production suit les techniques diffuseacutees dans le cadre de programmes de deacuteveloppement Les EAF peuvent eacutegalement avoir recours au marcheacute de la fumure organique pour augmenter la disponibiliteacute (acheter ou eacuteventuellement eacutechanger) mais aussi pour vendre

La production et lrsquoacquisition de fumures organiques sont caracteacuteriseacutees ici dans leur diversiteacute Lrsquoanalyse des pratiques montre les logiques suivies par les EAF La variabiliteacute observeacutee est forte notamment en terme de quantiteacutes disponibles qui suggegravere une gamme de propositions adapteacutees de la part de la recherche et du deacuteveloppement pour ameacuteliorer ces pratiques qui sont la clef de voute de la gestion de la fertiliteacute des sols et de la durabiliteacute des systegravemes de culture

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2 La fumure organique produite dans Les EAF

La production de fumure organique (FO) a eacuteteacute eacutevalueacutee1 pour lrsquoanneacutee enquecircteacutee (2016) Toutes les EAF en ont produit sauf trois (moins de 1) qui nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux2 durant toute lrsquoanneacutee et qui nrsquoont pas valoriseacute leurs ordures meacutenagegraveres sous forme de compost

21 Quantiteacutes et composition

Parmi les types de FO (Figure 1) on note lrsquoimportance du fumier meacutelangeacute les exploitations qui ont plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage meacutelangent souvent les deacutejections qui fermentent ensemble dans le parc agrave bœuf ou pendant leur stockage dans une fosse ou simplement en tas Souvent les exploitants y ajoutent les deacutechets meacutenagers des cendres et dans certains cas drsquoautres reacutesidus de culture ou deacutechets (voir infra) Crsquoest donc un produit fertilisant dont la composition et la qualiteacute varient fortement drsquoune EAF agrave une autre

La production moyenne annuelle de FO par EAF (Figure 1) est plus importante dans la zone drsquoArivonimamo (217 tonnes) que dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra (187 tonnes) Les constituants principaux sont le fumier meacutelangeacute et le fumier de bovins qui agrave eux deux repreacutesentent 72 de la FO totale agrave Mandoto et 83 agrave Arivonimamo Lrsquoeacutecart entre les deux moyennes nrsquoest pas tregraves eacuteleveacute mais il est significatif et la diffeacuterence srsquoexplique drsquoabord par un nombre drsquoanimaux drsquoeacutelevage en moyenne plus important dans la zone drsquoArivonimamo (18 bovins et 7 porcs par EAF) que dans la zone de Mandoto (14 bovins et 23 porcs) Il existe une relation lineacuteaire positive entre le nombre moyen de bovins ou la valeur du cheptel dans lrsquoEAF et la quantiteacute de FO produite (coefficients de correacutelations respectivement de 057 et 062 signification agrave 001)

Figure 1 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF selon les zones

1 On notera que cette eacutevaluation a eacuteteacute faite sur la base des deacuteclarations des exploitants agricoles avec les uniteacutes tradition-nelles que sont la charrette le sac la soubique (panier) etc Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes 250 kgcharrette (en reacutefeacuterence agrave Saint Andreacute et al 2016) 30 kgsac et 10 kgsoubique Ainsi les reacutesultats preacutesenteacutes sont des ordres de grandeur mecircme si les chiffres semblent indiquer une certaine preacutecision et si la taille conseacutequente de lrsquoeacutechantillon fait que les approximations se compensent2 Comme pour la production de FO lrsquoeacutelevage est la norme puisque seules 1 des EAF nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte On notera que le fait de ne pas avoir drsquoanimal agrave un moment donneacute ne signifie pas que lrsquoexploitation ne pratique pas lrsquoeacutelevage lrsquoabsence drsquoanimal est le plus souvent conjoncturelle et un indicateur de difficulteacutes eacuteconomiques

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Au-delagrave des diffeacuterences de quantiteacute on note lrsquoimportance du compost traditionnel (zezi-pako) agrave Mandoto avec 16 de la FO alors qursquoagrave Arivonimamo il ne repreacutesente que 1 Le zezi-pako est constitueacute essentiellement agrave partir des ordures domestiques et de veacutegeacutetaux reacutecolteacutes sur ou en dehors de lrsquoEAF (Ravonjiarison et al 2018) Il est reacuteputeacute ne pas contenir de deacutejection animale (mecircme si selon les deacuteclarations 60 des EAF en ajoute voir infra) et srsquoil en contient crsquoest en faible quantiteacute Il peut ecirctre brucircleacute surtout srsquoil contient beaucoup de veacutegeacutetaux peu deacutegradeacutes Le zezi-pako est utiliseacute plutocirct par les petites exploitations les grandes exploitations preacutefeacuterant produire du compost Les quantiteacutes de composts laquo modernes raquo ne sont pas significativement diffeacuterentes entre les zones

22 Les produits apporteacutes dans le fumier et le compost

Les produits apporteacutes pour la fabrication du fumier et du compost ont des effets sur la qualiteacute

fertilisante finale des produits Comme lrsquoindique le Tableau 1 les EAF apportent des produits divers cette pratique permet drsquoaugmenter le volume de fumier produit (Alvarez S 2012 Rasolofo L I 2017) mais aussi de produire des fumures de composition variable par rapport aux caracteacuteristiques reconnues (Ravonjiarison et al 2018)

Lrsquoapport des deacutejections animales est bien sucircr fonction des animaux sur lrsquoEAF mais aussi pour les composts (et en particulier pour le zezi-pako) des deacutejections de zeacutebus ramasseacutees sur les chemins ou parcours emprunteacutes par des animaux qui appartiennent agrave drsquoautres EAF les exploitants connaissent lrsquoimportance des deacutejections animales pour la fumure des cultures et les plus pauvres avec tregraves peu drsquoanimaux ramassent des deacutejections laquo perdues raquo Ainsi 60 des EAF qui produisent du compost ajoutent dans celui-ci des deacutejections animales

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les EAF ajoutent de nombreux produits dans la fabrication du fumier autant si ce nrsquoest plus en freacutequence que pour

le compost Pour les pailles et balles de riz la prioriteacute semble ecirctre donneacutee au fumier mecircme si la freacutequence reste eacuteleveacutee pour le compost Les EAF pratiquent avec un fort pourcentage le recyclage des reacutesidus de cultures (paille de riz balles de riz autres reacutesidus de culture) Pregraves des deux tiers des EAF ajoutent du bozaka1 et une EAF sur deux qui produit du compost ajoute des feuilles drsquoarbres

Tableau 1 Principaux produits apporteacutes pour la fabrication des fumiers ou des composts (en des EAF)

Produits apporteacutes Fumier (EAF=304)

Compost (EAF=122)

Deacutejection de bovins 70

60

Deacutejection de porcs 73Deacutejection de volailles

84

Deacutejection autres animaux

1

Paille de riz 72 60Balles de riz 51 33Reacutesidus autres cultures

43 39

Bozaka 68 60Autres herbes 17 9Feuille darbres 13 50Deacutechets meacutenagers 36 54Cendres 46 57Terre fertile Terreau

3 12

Sels 4 9Vers 0 2Autres produits 4 7

1 Nom geacuteneacuterique pour deacutesigner les laquo herbes raquo et plus particuliegraverement les gramineacutees qui couvrent pentes et sommets des collines (Andropogon eucomus Aristida adscensionis etc) (source dictionnaire malgache httpmotmalgacheorgbinsteny2) Le bozaka peut avoir eacuteteacute coupeacute ou arracheacute dans ce cas il comprend les racines et un peu de terre

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Ces produits bozaka feuilles drsquoarbres autres herbes sont pour la plupart des produits de cueillette et participent agrave une laquo gestion horizontale de la fertiliteacute raquo avec un transfert drsquoeacuteleacutements fertilisants preacuteleveacutes sur drsquoautres parties du terroir et rameneacutes sur les parcelles cultiveacutees (Rollin 1994 Andriambelomanga 2017) amplifiant le mecircme transfert reacutealiseacute par les animaux (pacircturages ou parcours fumier cultures) Les autres produits utiliseacutes notamment par les EAF qui produisent du compost sont les cendres le terreau mais aussi du sel acheteacute et dlsquoautres produits comme de la dolomie de la sciure de bois etc

23 Les motivations pour la production du compost

La production de compost est lrsquoune des techniques vulgariseacutees pour augmenter

les quantiteacutes de matiegraveres fertilisantes encourageacutees par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie Les reacutesultats de lrsquoenquecircte montrent que la moitieacute des EAF agrave Mandoto et 30 des EAF agrave Arivonimamo ont deacutejagrave cette pratique

Tableau 2 Part des EAF qui produisent du compost

Mandoto ArivonimamoCompost moderne

9 12

Compost traditionnel

41 18

Total avec compost

50 30

A Mandoto ce sont les pratiques traditionnelles de production de zezi-pako qui dominent tregraves largement On notera que si le total nrsquoest que de 50 crsquoest que quelques EAF rares toutefois font les deux types de compost A Arivonimamo certainement en raison des programmes de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la technique la part des EAF avec compost laquo moderne raquo est un peu plus eacuteleveacutee mais le compost traditionnel

est moins reacutepandu On pourrait penser que le fumier se substitue au compost crsquoest-agrave-dire qursquoune EAF qui produit du fumier abandonne la production de compost car comme mentionneacute preacuteceacutedemment les EAF apportent en grande partie les mecircmes constituants aux deux types de fumure organique En fait il nrsquoen est rien 55 des EAF qui produisent du compost agrave Mandoto ont du fumier et agrave Arivonimamo ce taux est de 82

La raison principale pour laquelle les EAF produisent du compost crsquoest drsquoabord pour augmenter la quantiteacute disponible de fertilisants (34 des EAF qui ont reacutepondu) ou beacuteneacuteficier des effets en augmentant la production (11) et en ameacuteliorant la fertiliteacute des sols (9) On note tout de mecircme que 25 des EAF ont reacutepondu que crsquoeacutetait parce qursquoelles nrsquoavaient pas de fumier (et le taux est plus eacuteleveacute agrave Mandoto) Enfin 9 des EAF ont eacutevoqueacute le coucirct moindre du compost par rapport aux autres fertilisants et 12 ont donneacute des raisons que lrsquoon peut rattacher agrave une meilleure agronomie le zezi-pako est meilleur que le fumier car brucircleacute il ne transmet pas les maladies ou les graines de mauvaises herbes la cendre du zezi-pako a de nombreux avantages (notamment dans la lutte contre les ravageurs sur les peacutepiniegraveres) le compost est meilleur que les engrais pour les sols etc

Pour les EAF qui produisent du compost les contraintes principales sont pour 38 des EAF qui ont reacutepondu le temps de travail neacutecessaire (notamment pour ramasser les feuilles drsquoarbres le bozaka etc) et pour 35 des EAF la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres On notera que pour 12 des EAF il nrsquoy a pas de veacuteritable limite agrave la production de compost Enfin pour les 16 drsquoEAF restantes ces limites sont diverses lrsquoeau pour lrsquoarrosage du compost (5) mais aussi la treacutesorerie pour acheter le bozaka ou payer la main drsquoœuvre pour ramasser des matiegraveres premiegraveres le risque drsquoincendie etc

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24 Une production de FO tregraves variable selon les EAF

Malgreacute les apports sur le fumier et la production de compost la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF est faible en valeur absolue et surtout comme indiqueacute preacuteceacutedemment on observe une grande diversiteacute de situation entre les EAF avec un coefficient de variation de lrsquoordre de 90 dans les deux zones Les graphiques de la Figure 4 (voir infra la FO produite est en bleu) illustrent cette grande variabiliteacute avec des profils diffeacuterents selon les zones

Dans la zone de Mandoto comme deacutejagrave indiqueacute il y a une forte proportion drsquoEAF avec peu de fumure organique produite (plus de la moitieacute des EAF produisent moins de 15 tonnes) en raison du faible nombre drsquoanimaux et drsquoune production de compost qui reste peu importante Et ces EAF produisent environ frac14 de la fumure totale produite dans le terroir

Dans la zone drsquoArivonimamo la part des EAF avec moins de 15 tonnes est leacutegegraverement moindre (48) mais la FO produite pour lrsquoensemble de ces EAF nrsquoest que de 14 Donc un peu moins drsquoEAF mais une quantiteacute de FO produite tregraves faible On peut mettre cette diffeacuterence entre les deux zones au creacutedit de la production de compost traditionnel les EAF sans animaux sont plus importantes agrave Mandoto mais ces EAF pour compenser produisent du zezi-pako et en final sont moins deacutemunies que les EAF drsquoArivonimamoA lrsquoautre extreacutemiteacute des graphiques la part des EAF avec plus de 5 tonnes est faible agrave Mandoto agrave peine 4 des EAF et qui cumulent 6 de la FO produite totale Dans la zone drsquoArivonimamo la part de ces EAF est nettement plus importante (9) et surtout elles cumulent 29 de la FO Si on regroupe les deux derniegraveres classes la part des EAF avec plus de 3 tonnes agrave Arivonimamo est de 25 et ces EAF cumulent 58 de la FO agrave Mandoto elles sont 17 et cumulent 43 de la FO totale dans le terroir Ainsi si agrave Arivonimamo la production de FO moyenne par EAF est

supeacuterieure les ineacutegaliteacutes entre les EAF sont aussi plus importantes

3 La fumure organique disponible par EAF

La fumure organique disponible dans une EAF est en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les

fumiers produits la fabrication de composts mais aussi des eacutechanges

31 Les eacutechanges de fumure organique

Sur les Hautes Terres les eacutechanges de fumures organiques sont freacutequents que ces eacutechanges

soient marchands (achat vente) ou non (troc ou don)

Tableau 4 Part des EAF qui eacutechangent de la FO

Opeacuteration sur FO

Mandoto Arivonimamo

Ensemble 60 88- dont Achat 30 74- dont Vente 18 19- dont Troc 22 24

Comme le montre le Tableau 4 crsquoest une large majoriteacute des EAF qui eacutechangent de la fumure organique A Arivonimamo la pratique est presque geacuteneacuteraliseacutee avec 88 des EAF qui sont concerneacutees par au moins une opeacuteration drsquoentreacutee ou de sortie de FO

Si les opeacuterations drsquoeacutechanges non moneacutetariseacutes (troc ou don) et les ventes concernent agrave peu pregraves le mecircme pourcentage drsquoEAF dans les deux zones la diffeacuterence est forte en ce qui concerne les achats puisque agrave Arivonimamo ce sont presque 3 EAF sur 4 qui achegravetent de la FO Dans cette zone ougrave les productions maraichegraveres sont importantes les EAF sont agrave la recherche de fumure organique en termes de quantiteacutes pour augmenter le disponible mais aussi de qualiteacute (fumiers de porcs ou de volailles)

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Pour les eacutechanges sous forme de troc la fumure organique est eacutechangeacutee contre du travail (travail manuel ou prestation par exemple labour ou transport) contre de la paille de riz ou autres matiegravere organique (certainement pour produire du fumier) des semences (de riz ou maiumls) etc Les dons sont faits aux membres de la famille (le plus souvent des parents vers les enfants) mais aussi au meacutetayer voire agrave des voisins moins bien doteacutes Il y a donc un marcheacute de la fumure organique entre EAF drsquoune zone donneacutee mais aussi avec des EAF ou drsquoautres deacutetenteurs dans des zones plus eacuteloigneacutees Ainsi agrave Arivonimamo quelques EAF ont pu acqueacuterir des deacutechets urbains et beaucoup ont acheteacute du fumier en provenance drsquoeacutelevages speacutecialiseacutes

Tableau 5 Prix moyen en Ariary drsquoune charrette de fumure organique

Mandoto ArivonimamoNbre PU moyen Nbre PU moyen

Fumier de zeacutebu 179 5 809 225 16 158Fumier meacutelangeacute 49 4 837 88 13 286Fumier de porc 5 36 000 115 41 137Fumier de volaille 3 25 000 80 49 283Compost 8 18 333Zezi-pako 29 4 500

Les prix pour une charrette1 sont tregraves diffeacuterents entre les deux zones Et on peut penser qursquoagrave Arivonimamo le marcheacute de la fumure organique est laquo tendu raquo avec une forte demande et peu de fumure localement commercialiseacutee pour y reacutepondre Cette situation a des conseacutequences sur les prix avec comme lrsquoindique le Tableau 5 des prix tregraves eacuteleveacutes agrave Arivonimamo environ 3 fois plus eacuteleveacutes qursquoagrave Mandoto Ces prix ont eacuteteacute calculeacutes agrave partir des deacuteclarations de vente ou drsquoachat par les producteurs Lrsquoeffectif (Nbre) est le nombre de charrettes sur lequel a eacuteteacute calculeacute le prix moyen La part des achats est bien sucircr beaucoup plus eacuteleveacute et le plus souvent ce prix inclut le transport ce qui nrsquoest pas un eacuteleacutement neacutegligeable notamment agrave Arivonimamo ougrave la fumure provient drsquoeacutelevages relativement eacuteloigneacutes La charrette de fumier de porc ou de volaille est nettement plus chegravere que le fumier de zeacutebus ou de fumier meacutelangeacute Mais ce sont ces deux types de fumier qui sont les plus commerceacutes en quantiteacute

On notera que le pourcentage des EAF qui achegravetent est nettement supeacuterieur agrave celui des EAF qui vendent Les eacutechanges pourraient srsquoeacutequilibrer au niveau du territoire (le fokontany) par les quantiteacutes avec des EAF qui vendraient de grandes quantiteacutes et des EAF qui achegraveteraient de petites quantiteacutes En fait dans notre eacutechantillon (tireacute au sort et donc avec autant de chances de tirer un vendeur qursquoun acheteur) les eacutechanges ne srsquoeacutequilibrent pas et les quantiteacutes vendues ne repreacutesentent que 38 des quantiteacutes acheteacutees agrave Mandoto et seulement 22 agrave Arivonimamo Ainsi globalement les EAF achegravetent des fumures organiques agrave des exploitations agricoles drsquoautres fokontany et ceci est particuliegraverement reacutepandu agrave Arivonimamo avec des EAF qui achegravetent aux eacutelevages de poulets de chair de poules pondeuses ou de porcs proches de la ville drsquoImerintsiatosika

1 Aucune information nrsquoa eacuteteacute collecteacutee sur le poids des charrettes car le travail aurait eacuteteacute trop lourd agrave reacutealiser Ce poids deacutepend du niveau de remplissage mais aussi et beaucoup de la qualiteacute de la fumure organique Comme deacutejagrave indiqueacute pour faire les conversions nous avons utiliseacute le poids de 250 kg par charrette pour couvrir tous les types de fumure et eacuteviter les surestimations Certains pourront consideacuterer ce poids comme sous-estimeacute

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Figure 2 Evolution de la fumure moyenne produite par EAF

La fumure produite dans une EAF nrsquoest pas la fumure disponible celle-ci eacutevolue en fonction

des eacutechanges La Figure 2 preacutesente la situation moyenne drsquoune EAF selon la zone On constate que la quantiteacute de fumure disponible pour les cultures (apregraves entreacutees et sorties) est en moyenne plus importante que la fumure produite (voir aussi Tableau 6) Ainsi agrave Arivonimamo la fumure disponible passe agrave 29 tonnes par EAF alors que la quantiteacute produite est de lrsquoordre de 22 tonnes A Mandoto lrsquoeacutecart nrsquoest pas si important mais reste significatif avec respectivement 21 et 19 tonnesAinsi on peut deacuteduire de ces donneacutees que la strateacutegie des EAF est drsquoaugmenter la production de fumure organique sur lrsquoEAF (eacutelevage compost) mais aussi drsquoaugmenter la fumure organique disponible pour fertiliser les parcelles en achetant sur le marcheacute ou en srsquoapprovisionnant agrave travers

des eacutechanges non marchands Et cette strateacutegie est particuliegraverement dominante agrave ArivonimamoMais ces tendances geacuteneacuterales cachent de fortes dispariteacutes Ainsi les 3 EAF qui nrsquoavaient pas produit de FO en ont obtenu par achat et troc mais 4 EAF ont ceacutedeacute toute leur fumure organique Ainsi il y a toujours environ 1 de lrsquoeacutechantillon qui nrsquoa pas de FO disponible

32 Quantiteacutes disponibles et variabiliteacute

Ainsi lrsquoEAF moyenne a augmenteacute sa disponibiliteacute en FO dans les deux zones

(Figure 2 et Tableau 6) La composition (Figure 4) a eacutevolueacute par rapport agrave la FO produite (Figure 1) et ceci plus particuliegraverement agrave Arivonimamo Dans cette zone la part du fumier meacutelangeacute a fortement diminueacute (passant de 47 agrave 33) comme mais dans une moindre mesure celle du fumier bovin et ce sont les fumiers agrave base de deacutejections de porcs ou de fiente de volaille qui ont fortement progresseacute passant de 8 agrave 16 On note eacutegalement la progression du type autre FO qui est passeacute de 3 agrave 6 en lien avec lrsquoacquisition de deacutechets ou boues urbaines

Figure 3 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique disponible par EAF selon les zones

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A Mandoto les changements sont mineurs et concernent la reacutepartition entre fumier meacutelangeacute et fumier bovin ce dernier type progresse au deacutetriment du fumier meacutelangeacute Ceci srsquoexplique par le fait que les eacutechanges et en particulier moneacutetaires concernent le fumier de bovin et peu le fumier meacutelangeacute

Mais mecircme si on enregistre quelques eacutevolutions ce sont toujours le fumier de bovin et le fumier meacutelangeacute qui sont les fumures organiques les plus importantes car ils repreacutesentent plus de 70 des quantiteacutes moyennes disponibles au niveau de lrsquoEAF moyenne

Comme pour la fumure produite la fumure disponible par EAF est tregraves variable La variabiliteacute a mecircme augmenteacute avec des coefficients de variation autour de la moyenne un peu plus eacuteleveacutes pour la FO disponible Mais le recours au marcheacute et les eacutechanges non marchands ont fait fortement eacutevoluer la reacutepartition de la fumure organique entre les EAF La Figure 4 illustre ces eacutevolutions contrasteacutees selon les zones

Figure 4 Evolution de la reacutepartition des EAF et de la FO selon des classes de quantiteacutes de FO produite et disponible en tonnes

A Mandoto lrsquoeacutevolution nrsquoest pas tregraves importante les pourcentages drsquoEAF progressent en mecircme temps que les classes de quantiteacute de FO mais de maniegravere tregraves modeacutereacutee Le recours aux eacutechanges nrsquoentraicircne pas de modification spectaculaire dans le profil des graphiques que cela soit pour la reacutepartition des EAF ou pour la reacutepartition de la FO la part des EAF avec moins 05 tonne diminue de 18 agrave 15 et crsquoest la classe de 05 agrave 15 tonnes qui progresse de 3 la part des EAF les mieux pourvues (plus de 5 tonnes) progresse mais tregraves faiblement aussi

A Arivonimamo les changements sont beaucoup plus importants La part des EAF avec moins de 05 tonne diminue pour passer de 22 avec la fumure produite agrave seulement 9 pour la fumure disponible Ainsi la plus grande partie des EAF les moins pourvues se sont procureacutees de la FO sur le marcheacute ou par le troc car pour les cultures maraichegraveres il est indispensable drsquoavoir de la fumure organique Et ce sont les classes avec de plus grandes quantiteacutes de FO qui ont progresseacute de maniegravere remarquable

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les EAF avec plus de 3 tonnes sont passeacutees de 25 agrave 42 et la fumure que cumulent ces EAF est passeacutee de 58 agrave 73 La progression tregraves forte des EAF les mieux pourvues srsquoest tout de mecircme traduite par une concentration au niveau de ces EAF

33 Quantiteacute de fumure organique et surface

Lrsquoimportance de la fumure organique drsquoune EAF ne peut ecirctre appreacutecieacutee qursquoen fonction de la superficie agrave cultiver qui elle-mecircme deacutepend de la Surface Agricole Utile disponible par EAF Celle-ci varie selon la zone avec environ 15 ha agrave Mandoto et 09 ha agrave Arivonimamo

Tableau 6 Superficie et quantiteacutes moyennes par EAF

Variables par EAF Mandoto Arivonimamo

Moyenne CV Moyenne CVSAU (ha) 148 88 091 82FO produite (tonne) 187 90 218 92

FO disponible (tonne) 213 102 290 78

FO disponible (tonneha) 169 84 367 66

La quantiteacute de fumure disponible est en relation lineacuteaire avec la SAU les coefficients de correacutelation entre ces deux variables sont relativement eacuteleveacutes avec +076 agrave Mandoto et +059 agrave Arivonimamo et significatifs agrave 001 Dans les deux zones ces coefficients sont supeacuterieurs agrave ceux qui lient les variables de cheptel (nombre de bovins et valeur totale du cheptel) et les variables de SAU ainsi on peut en deacuteduire que cette relation entre quantiteacute de FO et surface nrsquoest pas seulement fonction des animaux disponibles mais bien dlsquoune strateacutegie des EAF une laquo strateacutegie de construction de la fertiliteacute raquo des sols (NrsquoDieacutenor et al 2011)

Figure 5 Nuages de points entre SAU et FO disponible pour chaque zone

Quand on ramegravene la quantiteacute de fumure organique disponible par ha de SAU la zone Arivonimamo apparaicirct nettement mieux pourvue avec pregraves de 35 t ha de SAU alors qursquoagrave Mandoto ougrave les EAF ont moins de FO disponible et plus de surface la moyenne est de 21 tonneha

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Les graphiques en nuage de points mettent en eacutevidence cette relation Les coefficients Rsup2 ne sont pas tregraves eacuteleveacutes ce qui signifie que la SAU disponible agrave elle seule nrsquoexplique pas tregraves bien la variabiliteacute observeacutee A Mandoto il y a quelques points atypiques (par exemple un producteur avec une superficie assez faible et beaucoup de fumure parce que le cheptel est important) mais la reacutegression semble repreacutesenter assez bien la situation la FO disponible est eacutegale agrave 125 fois la SAU + 03 tonnes

A Arivonimamo la reacutepartition des points est assez atypique et il semble exister deux groupes de producteurs avec des strateacutegies diffeacuterentes le premier en rouge dans le graphique vise une quantiteacute importante de FO par uniteacute de surface (35 fois la superficie plus 125 tonnes) alors que le second se rapproche de la situation de Mandoto et semble rechercher une quantiteacute de FO qui repreacutesente 15 fois la SAU + 01 tonne

Pour expliquer ces diffeacuterences entre les deux groupes il faut rechercher du cocircteacute des cultures pratiqueacutees avec pour le premier groupe des surfaces en cultures maraichegraveres plus importantes et avec pour le second un assolement beaucoup plus traditionnel (ces aspects seront analyseacutes dans le prochain article)

Ces quantiteacutes moyennes semblent cependant insuffisantes pour renouveler la fertiliteacute des sols cultiveacutes car selon les travaux de P Garin meneacutes il est vrai dans la zone du Lac Alaotra il faudrait 4 tonneshaan en moyenne de fumier pailleux neacutecessaire (Garin 1998 citeacute par Dubois 2004) pour restituer au sol la bonne quantiteacute de matiegravere organique contrebalanccedilant la mineacuteralisation de la matiegravere organique due aux cultures

Mais nombre de producteurs notamment dans la zone dArivonimamo ajoutent agrave la fumure organique des engrais mineacuteraux Ce point sera traiteacute dans le prochain numeacutero de JAE avec un article sur les strateacutegies drsquoutilisation de la fumure organique et mineacuterale

34 La qualiteacute fertilisante des fumiers

Dans le cadre du mecircme projet de recherche Secure des eacutechantillons de fumures

organiques destineacutees agrave la culture de riz pluvial ont eacuteteacute preacuteleveacutes dans 40 fermes de reacutefeacuterence (20 dans chacune des zones) pour la campagne culturale 2018-2019 Une quantiteacute drsquoenviron 700 cm3 a eacuteteacute preacuteleveacutee sur les parcelles au moment de la mise en place de la culture du riz Ces eacutechantillons ont eacuteteacute analyseacutes et les reacutesultats donnent une indication de la qualiteacute moyenne des fumiers produits et utiliseacutes dans les zones

Tableau 3 Qualiteacute des fumiers utiliseacutes (en de la matiegravere segraveche)

Zone pH N P KMandoto 86 11 03 18Arivonimamo 82 10 07 13

Avec des pH supeacuterieurs agrave 8 les fumiers permettent de corriger laciditeacute des sols (qui ont souvent des pH de deacutepart autour de 5) par leur pouvoir alcalinisant et dameacuteliorer dans la dureacutee les sols pour les rendre plus favorables aux cultures exigeantes comme le maiumls le soja le haricot les cultures maraichegraveres etc

La qualiteacute selon les trois principaux eacuteleacutements (N=Azote P=Phosphore et K=Potassium) peut ecirctre ainsi commenteacutee

bull N les teneurs moyennes en azote sont plutocirct faibles dans les 2 zones mettant en lumiegravere la neacutecessiteacute de mieux conserver cet eacuteleacutement tregraves mobile par dallage couverture rajout de pailles de riz ou de fanes de leacutegumineuse pour stockage de lurine Toutes les plantes ont besoin drsquoazote

bull P une teneur en phosphore nettement plus eacuteleveacutee agrave Arivonimamo en raison dassociations de deacutejections agrave base de volaille et de porc (dont une partie est acheteacutee voir infra) Mais ces teneurs sont faibles alors que lrsquoinsuffisance des sols en phosphore est tregraves souvent un des principaux facteurs limitant pour les cultures

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La FO avec ses faibles teneurs en P est de maniegravere geacuteneacuterale insuffisante pour lever ce facteur limitant

bull K les teneurs en potassium sont relativement eacuteleveacutees dans les deux zones par concentration des pailles par lrsquoajout de cendres de balles de riz ou de balles de riz en lrsquoeacutetat Le potassium est important notamment pour les cultures fruitiegraveres et maraicircchegraveres

Pour appreacutecier la qualiteacute en terme de nutrition des plantes on peut comparer les apports du fumier agrave ceux drsquoun engrais NPK 112216 (utiliseacute couramment dans la reacutegion) Le fumier moyen entre les deux reacutegions agrave des teneurs que lrsquoon peut arrondir agrave 1N 05P 15K en matiegravere segraveche (MS) ainsi en faisant simplement le rapport avec les des analyses 1 kilogramme drsquoengrais eacutequivaut pour N agrave 11 kgfumier MS pour P agrave 44 kgfumier MS et pour K agrave 11 kgfumier MS

Pour se rapprocher des pratiques paysannes il faut faire la comparaison avec des matiegraveres fraicircches et en uniteacute traditionnelle Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes le poids en MS eacutequivaut agrave 50 du poids en matiegravere fraiche une charrette de fumure organique pegravese1 250 kg Ainsi une charrette de fumier de faible qualiteacute eacutequivaut pour N agrave 11 kg pour P agrave 3 kg et pour K agrave 12 kg de lrsquoengrais NPK (112216) utiliseacute pour la comparaison

Si on fait la comparaison en termes de prix avec le kilogramme drsquoengrais agrave 2 200 Arkg (prix de 2019) et une charrette agrave 10 000 Ar lrsquouniteacute fertilisante coucircte avec lrsquoengrais environ 4 500 Ar et 2 700 Ar avec la charrette de fumier Ainsi lrsquoapport de FO est nettement plus inteacuteressant sur le plan eacuteconomique et ceci drsquoautant plus que la fumure est autoproduit valorisant ainsi lrsquoeacutelevage

1 Comme deacutejagrave indiqueacute le poids de la charrette varie for-tement selon le volume de remplissage et la qualiteacute du fumier Avec du fumier de bonne qualiteacute une charrette peut peser 400 kg voire plus mais avec du fumier de mauvaise qualiteacute ou du zezi-pako le poids peut descendre nettement en dessous des 250 kg Pour prendre en compte lrsquoensemble des types de fumure or-ganique nous avons adopteacute le poids moyen de 250 kgcharrette (notamment en reacutefeacuterence agrave Saint-Andreacute et al 2016)

etou le travail familial Cet amendement a aussi de nombreuses autres qualiteacutes que nrsquoa pas lrsquoapport drsquoengrais mineacuteraux avec des effets sur la structure et la faune du sol lrsquoapport drsquoeacuteleacutements fertilisants secondaires et des utilisations agronomiques inteacuteressantes (par exemple pour ameacuteliorer la leveacutee des cultures)

Ces calculs ont eacuteteacute faits avec des reacutefeacuterences moyennes plutocirct deacutefavorables agrave la FO (notamment le poids de la charrette) or les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de la qualiteacute et de la quantiteacute du fumier produit sont nombreuses (Salgado et Tillard 2012) avec des effets positifs sur la productiviteacute de la terre et du travail (Marline 20152) Dans le cadre des fermes de reacutefeacuterence sur les deux zones des agriculteurs appuyeacutes par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie se sont engageacutes dans un processus dameacutelioration des fumures organiques et peuvent ecirctre des reacutefeacuterents pour la diffusion des techniques

4 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La fumure organique disponible dans une EAF est fonction des quantiteacutes produites (en

moyenne 217 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 187 tonnes dans le MO du Vakinankaratra) en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les pratiques de compostage Mais pas seulement car le recours au marcheacute ou au eacutechanges non marchands font eacutevoluer de maniegravere significative agrave la fois les quantiteacutes disponibles par EAF mais aussi la qualiteacute et la reacutepartition entre les EAF La FO moyenne disponible est de 29 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 21 tonnes dans le MO du Vakinankaratra Rameneacutee agrave la SAU la quantiteacute de FO disponible est 367 tonnes par ha agrave Arivonimamo et 169 tha agrave Mandoto

2 Apregraves avoir enquecircteacute trente exploitations agricoles de la reacutegion Vakinankaratra Marline conclut que laquo lrsquoadoption des pra-tiques drsquoameacutelioration de la qualiteacute du fumier ne se traduit pas par une augmentation significative du coucirct de production du fumier notamment en raison des eacuteconomies drsquoeacutechelle dans la fabrication du fumier de qualiteacute En utilisant les reacutesultats des expeacuterimenta-tions de BIOVA lrsquoeacutepandage du fumier ameacutelioreacute sur les parcelles augmenterait la productiviteacute agricole de la terre de 27 et la pro-ductiviteacute globale du travail de 23 raquo (Marline 2015)

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Les produits ajouteacutes au fumier sont nombreux et la production de compost traditionnel ou laquo moderne raquo est reacutepandue

Ainsi que cela soit en termes de pourcentage drsquoEAF inteacuteresseacutees ou en termes de motivation il y a dans ces deux zones une base solide de pratiques et de connaissances paysannes sur laquelle peut srsquoappuyer la vulgarisation de lrsquoameacutelioration de la quantiteacute et de la qualiteacute du fumier et la production de compost

La recherche a commenceacute agrave analyser la diversiteacute de ces pratiques et leurs effets sur la production Un grand nombre de matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et animales sont recycleacutees et les premiers reacutesultats montrent drsquoimportantes synergies entre elles avec des associations courantes avec les engrais

La theacutematique de la fertilisation organique est importante pour les agriculteurs de ces zones Parmi diffeacuterentes pratiques agroeacutecologiques lrsquoutilisation des FO est assez geacuteneacuteraliseacutee et les agriculteurs adoptent via ces pratiques des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute (cf paragraphe 33) Dans cette optique les accompagnements et renforcements de la part des acteurs du deacuteveloppement rural nous semblent tregraves pertinents en matiegravere drsquoaugmentation en quantiteacute et en qualiteacute Les reacutefeacuterences drsquoameacutelioration existent deacutejagrave (Salgado et Tillard 2012 Rasolofo et al 2018) Des plantes ameacuteliorantes peuvent ecirctre eacutegalement utiliseacutees agrave lrsquoeacutechelle des EAF ou du territoire On peut citer les plantes reacutepulsives qui ameacuteliorent les FO dans la lutte contre les insectes (cf reacutefeacuterences du GSDM) les Tithonia qui apportent une quantiteacute significativement importante de K compareacutes agrave diffeacuterents types de fumiers (Olabode et al 2007) etc

Lrsquoeacutetude reacutevegravele eacutegalement que lrsquoutilisation des fumiers meacutelangeacutes provenant de plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage est une pratique courante des agriculteurs dans les deux zones Lrsquoameacutelioration des conduites drsquoeacutelevage dont lrsquoalimentation la santeacute ou lrsquohabitat pourrait ainsi ecirctre une autre faccedilon de rehausser la qualiteacute fertilisante des FO encore consideacutereacutee comme faible Lrsquoameacutelioration

dans ce cas devrait concerner de plus en plus les animaux agrave cycle court tels que les volailles etou les porcs En fait crsquoest parce que lrsquoeacutelevage bovin est menaceacute par les vols alors que les EAF ont toutes au moins des volailles au sein de leur exploitation

Les agriculteurs savent que la fumure organique est la base pour une bonne gestion de la fertiliteacute des sols qursquoelle permet drsquoameacuteliorer lrsquoefficience des engrais apporteacutes et qursquoelle peut aussi jouer un rocircle de leveacutee de certaines deacuteficiences De nouveaux enjeux apparaissent comme pour le compost avec la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et un besoin de reacutefeacuterentiel technico-eacuteconomique pour faire eacutevoluer la production de zezi-pako vers un compost avec plus de qualiteacutes fertilisantes

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Les plantes de services en Agro-eacutecologie les rotations et successions des cultures leccedilons apprises du GSDM

Rakotondramanana Raharison T Randriamitantsoa M Moussa N Razanamparany C Tokiherinionja TF Sandratriniaina R R

Randriamiarana V Razaka M

Introduction

Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale les paysans pratiquent toujours des associations de cultures mais

pour la plupart il srsquoagit drsquoassociation laquo gramineacutee ndash gramineacutee raquo qui ne contribue pas du tout agrave la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols Dans le district de Mandoto par exemple lrsquoassociation maiumls + riz pluvial (41 des surfaces) manioc + maiumls (19 des surfaces) maiumls + arachide (10 des surfaces) sont les plus dominantes (RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019) A part lrsquoassociation avec lrsquoarachide ces associations nrsquoont pas beaucoup drsquointeacuterecirct dans la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et devraient changer en association gramineacutees - leacutegumineuses en utilisant les plantes de couverture agrave forte capaciteacute de reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols en plus de leurs proprieacuteteacutes eacuteprouveacutees en tant que plantes de services Lrsquoassociation du maiumls avec le haricot est tregraves courante aussi bien sur les Hautes Terres que dans le Moyen Ouest crsquoest une association ougrave lrsquoon a deux cultures alimentaires en mecircme temps mais la biomasse de la leacutegumineuse le haricot se mineacuteralise tregraves vite et nrsquoest plus visible apregraves la saison segraveche De mecircme lrsquoassociation du maiumls avec le soja est aussi tregraves freacutequent sur les Hautes Terres et surtout sur les sols volcaniques drsquoAntsirabe et de Betafo mais comme le haricot le soja se mineacuteralise tregraves vite et ne contribue pas beaucoup agrave la biomasse

Le but principal de cet article est de rappeler les principales plantes de couvertures en compleacutetant avec les acquis du GSDM dans les principales reacutegions de Madagascar ceci par rapport aux donneacutees du Manuel pratique du semis direct de Madagascar (HUSSON O et al 2013) un travail collectif sous la houlette drsquoOlivier HUSSON ougrave nous avons largement contribueacute et dont les principales informations ont eacuteteacute soit actualiseacutees soit compleacuteteacutees

Brefs aperccedilus des principales plantes de couvertures ou drsquoembocagement des parcelles

11 Le mucuna

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc) mais ses proprieacuteteacutes en agronomie nrsquoont eacuteteacute que tregraves peu documenteacutees ou sont resteacutees inconnues Pourtant cette leacutegumineuse a un tregraves grand inteacuterecirct en agronomie

Photo 1 Une bonne biomasse de mucuna

111 Une leacutegumineuse pour la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et la lutte contre le striga

Dans le site drsquoIvory sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + Mucuna varient de 468 agrave 485 tha en F1 et de 5 agrave 536tha en F2 et les rendements de maiumls en association avec le Mucuna varient de 44 agrave 487 tha en F1

1 et de 53 agrave 56tha en F2

2 Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020)

1 F1 5 tha de fumier de ferme

2 F2 F1 + 80 kgha de NPK 11- 22 ndash 16 et 25 kg ha drsquoureacutee

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Ce systegraveme bisannuel en agriculture de conservation permet drsquoobtenir des rendements stables de la production de riz et de maiumls associeacute Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans et dans les eacutecoles (CEG) appuyeacutees par le GSDM

112 Une leacutegumineuse pour lutter contre les mauvaises herbes

Photo 2 Apregraves une biomasse de mucuna (jachegravere de mucuna en haut et biomasse de mucuna associeacute avec du maiumls en bas) pas de

mauvaises herbes pour la culture suivante

113 Un reacutepulsif contre les insectes et mecircme contre drsquoautres ravageurs des cultures

Contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) LrsquoONG DURRELL qui a introduit des

associations agrave base de mucuna dans les aires proteacutegeacutees a pu observer que le mucuna limite aussi les attaques de sangliers (DURRELL 2020) Les varieacuteteacutes noires type Garadake du CTAS ou marbreacute existent mais il semble que la varieacuteteacute noire est la plus appreacutecieacutee

12 Le nieacutebeacute eacuterigeacute

Le nieacutebeacute (Vigna unguiculata subsp unguiculata) est une sous-espegravece veacutegeacutetale du Vigna unguiculata originaire drsquoAfrique Probablement introduit en Ameacuterique tropicale au XVIIegraveme siegravecle par les Espagnols le nieacutebeacute est aujourdhui largement cultiveacute dans le Sud des Eacutetats-Unis aux Caraiumlbes et au Breacutesil et bien sucircr en Afrique Les observations faites sur de longues anneacutees montrent que le nieacutebeacute eacuterigeacute David est adapteacute agrave tous les types de sols dans tous les milieux agrave Madagascar Sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute proposeacutee dans les zones humides de la Cocircte Est uniquement agrave cause de problegraveme de production de semences Comme le haricot crsquoest une leacutegumineuse alimentaire agrave cycle court mais qui exige des traitements insecticides freacutequents

Photo 3 Nieacutebeacute eacuterigeacute cv David CEG Antokofoana

Sa biomasse peu lignifieacutee se deacutegrade tregraves vite et demande agrave ecirctre associeacutee avec une biomasse lignifieacutee comme celle du maiumls ou du sorgho

Madagascar est connu pour sa production de nieacutebeacute type laquo Black eyes raquo exporteacute vers plusieurs pays mais surtout vers lrsquoinde Crsquoest la reacutegion drsquoAmbato Boeny sur les baiboho du Betsiboka qui est la reacutegion de production la plus importante

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13 Les nieacutebeacutes rampants

Les nieacutebeacutes rampants sont des varieacuteteacutes locales seacutelectionneacutes par les paysans sur de longues anneacutees en geacuteneacuteral dans les zones segraveches comme le Sud Malgache La varieacuteteacute SPLF2 seacutelectionneacutee par lrsquoONG TAFA dans la reacutegion du Sud-Ouest renommeacute actuellement FARIMASO par le CTAS ou la varieacuteteacute BABOKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy sont des exemples de nieacutebeacute rampant (ANCOS 2016) Les nieacutebeacutes rampants existent en nombre important dans les zones segraveches mais ne sont pas toutes exploiteacutees Leur gros avantage dans le couvert veacutegeacutetal reacuteside dans leur biomasse tregraves lignifieacutee donc ne se mineacuteralise pas trop vite En plus ils sont tregraves adapteacutes dans tous types de sols en zones segraveches comme ici sur la photo que nous avons prise agrave Tsihombe sur sol tregraves sableux en 2016 une anneacutee tregraves segraveche dans le Sud (RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANAJAKA J 2016

Photo 4 Nieacutebeacute rampant sur sable roux Imongy Tsihombe 2016 peacuteriode tregraves segraveche

dans le Sud

14 Le Vigna radiata

Le Vigna radiata ou Antsoroko est une leacutegumineuse comestible par lrsquohomme au mecircme titre que les nieacutebeacutes Un exemple de ce type de leacutegumineuse est la varieacuteteacute MORAMASAKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy (ANCOS 2016) Les Antsoroko sont cultiveacutes par les paysans ou sont endeacutemiques dans les reacutegions de lrsquoAndroyAnosy dans le Sud-Ouest dans les bassins seacutedimentaires du Menabe du Boeny et du Nord-Ouest donc il y a une grande possibiliteacute de seacutelection de varieacuteteacutes dans les populations existantes Dans le Boeny nous

avons pu identifier une varieacuteteacute drsquoAntsoroko agrave forte biomasse qui srsquoassocie bien avec le maiumls (RAKOTONDRAMANANA 2019)

Photo 5 Antsoroko Bongomena Commune Rurale Marovoay

15 La dolique

Le lablab (Lablab purpureus syn Dolichos lablab L Dolichos purpureus L) eacutegalement appeleacute pois antaque (ou Antaka en Malgache) ou dolique dEacutegypte est une espegravece de leacutegumineuse de la famille des Fabaceae qui est largement reacutepandu comme plante alimentaire dans les reacutegions tropicales notamment en Afrique Plante alimentaire traditionnelle en Afrique ce leacutegume peu connu preacutesente un potentiel inteacuteressant pour ameacuteliorer la nutrition renforcer la seacutecuriteacute alimentaire favoriser le deacuteveloppement rural et soutenir lameacutenagement durable du territoire Dans lrsquoAndroy la dolique est torreacutefieacutee pileacutee au

Photo 6 Dolique photo sur internet

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mortier avec le maiumls et sert de repas riche pour beaucoup de communauteacute

A Madagascar la dolique est geacuteneacuteralement cultiveacutee dans les reacutegions infeacuterieures agrave 1200 m drsquoaltitude (HUSSON O et al 2013) mais pas partout A part lrsquoAndroy et les bassins seacutedimentaires de lrsquoOuest et du Nord-Ouest la dolique se cultive sur les baiboho de la rive Est du Lac Alaotra La dolique donne une biomasse lignifieacutee qui associeacutee avec celle du maiumls creacutee un excellent lit de semis du riz pluvial agrave la prochaine campagne sur la base des reacutesultats sur la rive Est du Lac Alaotra en particulier

Diffeacuterentes varieacuteteacutes ont eacuteteacute seacutelectionneacutees par le CTAS dans lrsquoAndroy Vorompotsy (CTAS D1) Manja (CTAS D2) Ondragne (CTAS D3) Lohapitse (CTAS D4) Les varieacuteteacutes agrave cycle long sont appreacutecieacutees dans le Sud

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Seasea Antake ambahe Antake salazagne) marron port rampant originaire de Tsihombe (ougrave elle est appreacutecieacutee) peu inteacuteressante pour le district drsquoAmbovombe (sensible aux insectes)

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Anta-drazagne Antake mena) rouge ou blanc port rampant tregraves appreacutecieacutee dans le district drsquoAmbovombe pour sa reacutesistance aux insectes

16 Le Stylosanthes guianensis

Crsquoest le systegraveme phare en semis sous couvert veacutegeacutetal dans le Moyen Ouest Le laquo Stylo raquo comme on lrsquoappelle localement ressemble un peu agrave Medicago sativa la luzerne cultiveacutee en France Le stylo a eacuteteacute introduit agrave Madagascar dans le Moyen Ouest pour la production de fourrages Mais cette vieille varieacuteteacute est actuellement sensible agrave lrsquoanthracnose si bien que le GSDM avec le projet Bassin Versant et Peacuterimegravetre Irrigueacute du Lac Alaotra (BV Lac) a introduit en 2004 la varieacuteteacute CIAT 184

bull Crsquoest une leacutegumineuse peacuterenne aux feuilles trifolieacutees on la cultive en moyenne sur un cycle de 3 ans mais qui peut se reconstituer facilement avec les graines tombeacutees dans le sol mecircme apregraves un labour

bull Elle produit une forte biomasse (5 agrave 10 T de matiegravere segraveche sur sol deacutegradeacute et jusqursquoagrave 20 T sur sol riche)

bull Elle fixe entre 70 et 200 kg drsquoazote agrave lrsquohectare bull Son puissant systegraveme racinaire pivotant

restructure les sols bull Son port buissonnant jusqursquoagrave 1m80 de haut

la rend agressive vis agrave vis de la plupart des adventices comme le Striga plante parasite du riz et du maiumls agrave Madagascar

bull Crsquoest un excellent fourrage et elle peut ecirctre pacirctureacutee

bull Ses fleurs sont mellifegraveres il fleurit agrave une peacuteriode ougrave lrsquoabsence de fleurs affaiblit les abeilles creacuteant une continuiteacute juste avant la floraison du litchi

Photo 7 Une bonne biomasse de Stylosanthes Coopeacuterative FANILO

Amparihy commune Vinany

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Ces caracteacuteristiques expliquent qursquoon la surnomme aussi laquo luzerne tropicale raquo et cela en fait un excellent preacuteceacutedent pour de nombreuses cultures et en particulier les plantes qui fournissent les produits de base agrave Madagascar riz et maiumls

Le Stylosanthes guianensis srsquoadapte agrave un large spectre de sols et en particulier les sols acides (elle est capable de produire des nodules agrave pH 4 ) ainsi qursquoagrave de nombreux climats jusqursquoagrave 10001

megravetres drsquoaltitude et une pluviomeacutetrie de 600 agrave 3000 mm par an

17 Les arachis

Arachis est un genre de plantes dicotyleacutedones de la famille des Fabaceae sous-famille des Faboideae originaire dAmeacuterique du Sud qui compte 70 espegraveces annuelles ou vivaces LrsquoArachis apporte beaucoup drsquoazote au sol et en plus crsquoest une plante largement utiliseacutee comme plante mellifegravere

Deux espegraveces ont eacuteteacute essayeacutees agrave Madagascar lrsquoArachis pintoiuml et lrsquoArachis peacuterenne Cette leacutegumineuse a eacuteteacute largement diffuseacutee dans le Pays dans les cultures de rente (cafeacuteier poivrier vanillier giroflier) et dans les cultures fruitiegraveres

Photo 8 Arachis pintoiuml

1 1000 m Corrigeacute par lrsquoauteur le texte initial eacutetait 1600 m drsquoaltitude agrave Madagascar le Stylo nrsquoest plus cultiveacute au-dessus de 1000 m drsquoaltitude

18 La vesce

Vicia sativa la vesce cultiveacutee ou vesce commune est une plante annuelle appartenant agrave la famille des Fabaceacutees du mecircme genre que la fegraveve ou le haricot La vesce commune est cultiveacutee en tant que fourrage mais crsquoest aussi un excellent engrais vert Elle est de plus une plante inteacuteressante pour lrsquoeacutelevage des abeilles et peut eacuteventuellement ecirctre consommeacutee par lrsquohomme De plus la vesce a des difficulteacutes agrave se deacutevelopper dans les sols tregraves argileux

La vesce a eacuteteacute essayeacutee un peu partout agrave Madagascar mais crsquoest surtout au Lac Alaotra sur baiboho et sur colluvions de bas de pente riche qursquoelle a connu un succegraves Au Lac Alaotra la vesce rentre dans un systegraveme Rizcultures maraicircchegraveresvesce Dans ce systegraveme le riz beacuteneacuteficie de la biomasse de la vesce et de lrsquoarriegravere effet de la fertilisation des cultures maraicircchegraveres En plus de sa biomasse on reacutecolte les semences avant de la rouler pour le semis du riz Essayeacute dans les autres reacutegions de Madagascar la vesce a rencontreacute des problegravemes de rotation avec le riz irrigueacute sur les Hauts Plateaux en raison de son cycle qui srsquoallonge et retarde ainsi le repiquage du riz Par ailleurs la production de semences a eacuteteacute un problegraveme

Photo 9 Riz sur biomasse de vesce en Riziegravere agrave Mauvaise Maicirctrise dEau (RMME) M Charles Mahatsinjo CR Ambohitsilaozana Rive Est Lac

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19 Le Pois drsquoAngole

Le pois dAngole (Cajanus cajan syn Cajanus indicus) est une espegravece de plante vivace de la famille des Fabaceae Le pois dAngole est agrave la fois une culture vivriegravere (pois secs farine pois frais ou leacutegumes verts et une culture fourragegravere de couverture) Les pois contiennent des niveaux eacuteleveacutes de proteacuteines et dimportants acides amineacutes (meacutethionine lysine et tryptophane) En combinaison avec des ceacutereacuteales le pois dAngole constitue une alimentation humaine eacutequilibreacutee Aussi sous le nom de pois cajan pois-congo ambrevade ou pwa di bwa en creacuteole Guadeloupeacuteen le pois dAngole est une leacutegumineuse vivace agrave graine cultiveacutee en agriculture pluviale dans les reacutegions tropicales semi-arides httpsfrwikipediaorgwikiPois_d27Angole)

Photo 10 Pois drsquoAngole agrave la maturiteacute des gousses

Les expeacuteriences avec le Pois drsquo Angole ont eacuteteacute surtout obtenues dans lrsquoAndroy ougrave il a eacuteteacute utiliseacute en brise-vent en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute (forecirct de Cajanus) mais surtout a beaucoup contribueacute agrave la seacutecuriteacute alimentaire de cette zone segraveche (RAHARISON T et al 2018) en effet la consommation du pois drsquoAngole est rentreacute dans les habitudes alimentaires de certaines tribus de lrsquoAndroy et se trouve mecircme consommeacute agrave la place du haricot dans les funeacuterailles

Le Pois drsquoAngole est connu pour sa capaciteacute agrave aller chercher lrsquohumiditeacute en profondeur Etant une plante lignifieacutee il aide agrave renforcer la biomasse des autres espegraveces

110 Les crotalaires

Les crotalaires ont eacuteteacute associeacutes au riz pluvial mais sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute un succegraves Cependant les crotalaires ont lrsquoavantage drsquoavoir une biomasse lignifieacutee et qui nrsquoest pas appeacuteteacutee par les animaux Par ailleurs les crotalaires ont des racines profondes qui cherchent lrsquoeau en profondeur

Photo 11 Crotalaria gramihana endeacutemique sur les Hauts Plateaux

2 Les reacutesultats de la recherche

Nous rappelons ici les reacutesultats du site drsquoIvory pour deacutemontrer les capaciteacutes des plantes de

couverture agrave reacutegeacuteneacuterer un sol pauvre infesteacute de striga En effet le sol de ce site un sol ferralitique agrave pH 4 eacutetait abandonneacute par le proprieacutetaire agrave cause de lrsquoimpossibiliteacute drsquoy planter du maiumls et du riz agrave cause du striga

Le site drsquoIvory est situeacute agrave 100 km agrave lrsquoouest drsquoAntsirabe (pregraves de la RN 34 vers Miandrivazo) sur les plateaux de la zone centrale du Moyen Ouest dans le district de Mandoto Commune rurale de Vinany (localisation agrave la fig1) Les systegravemes mis en place ont eacuteteacute baseacutes sur les 3 dispositifs agrave savoir la lutte contre le Striga la diversification des cultures et la collection varieacutetale Les systegravemes de cultures proposeacutees ont eacuteteacute baseacutes sur la mise en place de maiumls en association avec des leacutegumineuses annuelles (vivriegraveres nieacutebeacute soja arachide Vigna umbellata) ou de plantes de couverture (mucuna et Stylosanthes) drsquoune part et la mise en place de plante de couverture fourragegravere (Arachis pintoiuml et Arachis peacuterenne)

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Sur les dispositifs des systegravemes en Agriculture de Conservation sont compareacutes au teacutemoin traditionnel laboureacute avec un minimum drsquointrants F1 (fumier seul agrave 5tha) ou F2 (F1 + 80 kgha de NPK + 25 kgha drsquoureacutee) soit des doses faibles se rapprochant des pratiques paysannes Le traitement en culture pure sans couvert veacutegeacutetal sur labour constitue un teacutemoin commun aux diffeacuterents essais conduits en Agriculture de Conservation (AC) sur reacutesidus ou sur couverture vivante

Figure 1 localisation du site drsquoIvory dans le Moyen Ouest commune de Vinany district de Mandoto

Figure 2 Pluviomeacutetrie par deacutecade sur le site drsquoIvory

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Figure 3 Rendements de riz sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Figure 4 Rendements de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements des systegravemes en Agriculture de Conservation sont nettement plus eacuteleveacutes que ceux obtenus en pratiques traditionnelles Le laquo riz pluvial sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses vivriegraveres raquo est de 37 agrave 47 THa (fertilisation F2) contre seulement 07 agrave 10 tHa sur labour Les systegravemes agrave base de mucuna sont les plus performants Malgreacute une faible pluviomeacutetrie agrave la 3egraveme deacutecade de feacutevrier et agrave la 2egraveme de mars en 2019 les rendements de cette anneacutee nrsquoont pas eacuteteacute affecteacutes ce qui montre bien la reacutesilience des systegravemes en agriculture de conservation sur le changement climatique Les mecircmes observations sont faites sur les rendements du maiumls associeacute

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Ces observations sont reacuteguliegraveres sur de nombreuses anneacutees et montrent qursquoune fois la fertiliteacute restaureacutee avec de fortes biomasses sans labour du sol et avec de faible dose drsquoengrais on aboutit agrave de tregraves bons rendements Lrsquoautre observation importante est la tregraves grande diffeacuterence entre les parcelles laboureacutees et les parcelles non laboureacutees avec les mecircmes doses de fertilisations Ceci srsquoexplique sur le fait que le labour mineacuteralise la matiegravere organique et entraine une perte eacutenorme par lessivage

3 Quels systegravemes pour les Hautes terres

Les systegravemes suivants sont proposeacutes pour large diffusion sur les Hautes Terres Dans le cadre de la diffusion du Projet MANITATRA II on note un fort engouement des paysans pour les systegravemes agrave base de mucuna au vue des premiers reacutesultats obtenus dans les Champs Ecoles Paysans (CEP) et dans les parcelles drsquoapplication des Collegraveges drsquoEnseignement Geacuteneacuteral (CEG) en effet pour la campagne 2019 - 2020 le systegraveme agrave base de mucuna en association avec le maiumls deacuterobeacute dans lrsquoassociation laquo maiumls + haricot raquo ou mecircme en jachegravere de mucuna a connu une adoption importante sur les Hauts terres

31 Le maiumls associeacute au haricot deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la campagne suivante

Le maiumls associeacute au haricot est tregraves courant sur les hautes terres donc agrave la maturiteacute du haricot et mecircme avant la reacutecolte on segraveme le mucuna sur la ligne du haricot La biomasse de maiumls va srsquoassocier agrave celle du mucuna pour constituer un lit de semis pour le riz pluvial sans labour agrave la prochaine campagne Normalement le lit de semis est tregraves peu infesteacute de mauvaises herbes si la biomasse du mucuna arrive agrave couvrir le sol

32 Le maiumls associeacute au soja deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la saison suivante

Comme avec le systegraveme preacuteceacutedent avant la maturiteacute du soja on segraveme le mucuna dans la ligne du soja On peut mecircme le semer agrave la voleacutee

33 Les associations avec lrsquoavoine en vue de production de fourrages

Dans le systegraveme preacuteceacutedent (maiumls + soja) au lieu de semer du mucuna on peut semer de lrsquoavoine qui servira par la suite de fourrage Comme avec le mucuna la parcelle est propre dans un couvert drsquoavoine Le paysan peut preacutelever une partie de la biomasse de lrsquoavoine pour le fourrage

34 Habiller le riz pluvial avec drsquoautres leacutegumineuses

Sur les Hautes Terres une parcelle de riz pluvial qui existe deacutejagrave peut ecirctre habilleacute avec du Pois drsquoAngole ou avec du crotalaire ce qui eacutevitera drsquoavoir une faible biomasse de riz agrave la prochaine campagne Cette pratique a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet MANITATRA II

35 Les embocagements des cultures

Les embocagements de parcelles se feront avec du Tephrosia vogellii une leacutegumineuse tregraves adapteacutee aux reacutegions drsquoaltitude jusqursquoagrave 2000 m Crsquoest aussi un reacutepulsif contre les insectes Cette leacutegumineuse peut pousser tregraves haut jusqursquoagrave 150 m mais on peut aussi la tailler en fin de saison de pluie et les produits de la taille (feuille et rameaux) peuvent ecirctre ajouteacutes agrave la biomasse de la parcelle

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4 Quels systegravemes pour le Moyen Ouest

Le systegraveme phare dans le Moyen Ouest est le systegraveme agrave base de Stylosanthes mais les

systegravemes agrave base de leacutegumineuses annuelles sont aussi deacuteveloppeacutes en parallegravele avec le stylo car les petits paysans avec moins de 1 ha nrsquoont pas envie de srsquoinvestir dans une jachegravere de stylo

41 Le Stylosanthes comme systegraveme phare

Comme deacutecrit plus haut le stylo est la plante de couverture drsquoexcellence pour reacutegeacuteneacuterer les sols deacutegradeacutes Mais contrairement agrave ce qursquoon a veacutehiculeacute comme message auparavant on propose de labourer quand le paysan a envie de revenir aux leacutegumineuses annuelles Cette recommandation est valable notamment pour les petits producteurs ne pouvant pas supporter la jachegravere drsquoune anneacutee Il est important de souligner qursquoune jachegravere de Stylo peut ecirctre planteacutee en maiumls ou en manioc agrave faible densiteacute Par ailleurs la jachegravere de stylo permet aussi de reacutecolter des semences qui sont tregraves demandeacutees actuellement drsquoougrave un compleacutement de revenus important pour le paysan

42 Le maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial

Tous les systegravemes agrave base de maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial ont eacuteteacute testeacutes dans les sites drsquoIvory et peuvent ecirctre diffuseacutes dans le Moyen Ouest ce qui offre un large choix par rapport aux autres reacutegions Il est important de deacuterober du mucuna avec les leacutegumineuses agrave faible biomasse (nieacutebeacute tsiasisa haricot soja)

5 Quels systegravemes au Lac Alaotra

Le Lac Alaotra est connu pour ses grandes surfaces de baiboho et de Riziegraveres agrave Mauvaise Maicirctrise drsquoEau (RMME) ceci agrave cause des fortes eacuterosions des bassins versants reacutesultant drsquoune pluviomeacutetrie violente et de la fragiliteacute du sol drsquoorigine tectonique Dans ces conditions le maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses en rotation avec le riz pluvial est le systegraveme phare sur baiboho et le systegraveme rotation laquo Rizcultures maraichegraveresVesce raquo sur RMME Parmi les leacutegumineuses la

dolique associeacutee au maiumls est agrave privileacutegier car cette plante de couverture est bien adapteacutee dans cette reacutegion

6 Quels systegravemes pour les zones semi-arides de lrsquoAndroy

Le problegraveme essentiel dans lrsquoAndroy est lrsquoeacuterosion eacuteolienne en plus de lrsquoeacuterosion hydrique Crsquoest ainsi que le pois drsquoAngole a eacuteteacute largement utiliseacute en brise-vent mais aussi en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols tregraves deacutegradeacutes par le systegraveme de forecirct de Cajanus

Parmi les leacutegumineuses la dolique est endeacutemique dans la reacutegion mais le mucuna les nieacutebeacutes rampants le konoke (leacutegumineuse endeacutemique du genre Phaseolus sp) sont reacutepandus et bien adopteacutes

Une approche de diffusion par les blocs agro-eacutecologiques a permis une forte adoption de lrsquoAgro-eacutecologie dans lrsquoAndroy seacutedimentaire

7 Quels systegravemes pour le Boeny

Tous les systegravemes deacutecrits plus hauts sont applicables dans le Boeny Il faut noter toutefois la preacutedominance du Vigna radiata (Antsoroko) et nieacutebeacute rampant type Lojomena et du nieacutebeacute type Black Eyes sur les baiboho A cause de la forte eacuterosion des bassins versants dans cette reacutegion les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal sont agrave privileacutegier Un grand effort de formation des intervenants locaux est indispensable

Photo 15 Vigna radiata

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Conclusions

Cet essai de capitalisation est loin drsquoecirctre parfaite Crsquoest un travail qui demande agrave

ecirctre actualiseacute avec le temps Nous nrsquoavons pas couvert toutes les reacutegions mais globalement les systegravemes reposent tous sur les fondamentaux de lrsquoAgriculture de Conservation et de lrsquoAgro-eacutecologie Par ailleurs en plus des formations des intervenants locaux la production de semences de plantes de couverture pose un problegraveme dans beaucoup de reacutegion Il faut noter que le site drsquoIvory et la commune de Vinany ont eacuteteacute une zone de production de semences de couverture pendant de longues anneacutees

Drsquoautres problegravemes qui ne sont pas eacutevoqueacutes dans cet article sont les feux de brousse en saison segraveche et les divagations drsquoanimaux qui diminuent eacutenormeacutement la biomasse laisseacutee sur les sols agrave la prochaine campagne Une prise de conscience collective des paysans semble donner des reacutesultats comme en teacutemoignent les paysans de la commune de Vinany dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra

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Reacutefeacuterences bibliographiques

1 ANCOS 2016 Reacutegistre des espegraveces et varieacuteteacutes exploiteacute dans le systegraveme laquo Semence de Qualiteacute Deacuteclareacutee raquo dans le Sud de Madagascar ANCOS Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche

2 DURRELL 2020 Lrsquointroduction de lrsquoinnovation Agro eacutecologie pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire des communauteacutes aux alentours des Aires proteacutegeacutees (Baie de Baly et Lac Alaotra) et zone humide de Lac Sofia Lot II Y 49 J Ampasanimalo (101) BP 8511 Antananarivo 101 ndash Madagascar httpswwwdurrellorgwildlife httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

3 GSDM 2020 Rapport annuel anneacutee 3 intervention du GSDM dans le Projet PAPAM composante 2 GSDM lot VA 26 Y Ambatoroka ANTANANARIVO 101

4 HUSSON O SEGUY L CHARPENTIER H RAKOTONDRAMANANA MICHELLON R RAHARISON T et al (2013) Manuel pratique du semis direct de Madagascar GSDMCIRADhttpgsdm-mgorgwp-contentfilesManuel_SCV_Mada_V_IntegraleMedpdf

5 RAKOTONDRAMANANA 2019 Rapport de mission de capitalisation dans le PLAE III BOENY 17 au 23 Feacutevrier 2019 PLAE ANALAMAHITSY ANTANANARIVO 101

6 RAKOTONDRAMANANA et al 2018 La rotation ou lrsquoassociation avec le mucuna reacuteduit consideacuterablement les attaques de chenilles leacutegionnaires sur le maiumls Journal de lrsquoAgro-eacutecologie Ndeg7 httpopen-libraryciradfrfiles62385__JAE_NC2B07pdf

7 RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANJAKA J 2016 Rapport de mission de reconnaissance et de diagnostic du Projet SOHAVELO ASARA programme europeacuteen de seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle dans la reacutegion Sud et Sud Est de Madagascar ASARAAINA AVSF Lot VG 25 Antsahabe BP 3149- Antananarivo 101 ndash Madagascar httpopen-libraryciradfr

files62394__Rapport_de_mission_SOHAVELO_VFpdf

8 RAHARISON T et al 2018 Rapport drsquoeacutetude drsquoimpact des pratiques des blocs agro eacutecologiques diffuseacutees dans le cadre du projet HOBA GRET Antananarivo

9 RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019 Diversiteacute et importance des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols dans les exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar Journal de lAgro-eacutecologie Ndeg8 2019 httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

10 h t t p s w w w s u p a g r o f r r e s s - p e p i t e s PlantesdeCouvertureresStylosanthespdf

11 httpsfrwikipediaorgwikiArachis

12 httpsfrwikipediaorgwikiVicia

13 h t t p s f r w i k t i o n a r y o r g w i k i pois_dE28099Angole

14 httpsfrwiktionaryorgwikicrotalaire

15 httpsfrwikipediaorgwikiPois_mascate

16 httpsfrwikipediaorgwikiVigna_unguiculata

17 httpsfrwikipediaorgwikiHaricot_mungo

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La technique du lombricompost se diffuse de paysan agrave paysan

Lrsquoutilisation agrave outrance des produits chimiques en tant que pesticides et fertilisants durant lrsquoegravere

de la reacutevolution verte nrsquoavait fait que renforcer les effets du changement climatique sur lrsquoagriculture Hormis son prix eacuteleveacute les engrais de synthegravese solubles laissent toujours des reacutesidus ayant des impacts preacutejudiciables agrave lrsquoenvironnement Dans le cadre de ses projets de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie le GSDM tend agrave former les paysans sur les proceacutedeacutes de fabrication de diffeacuterents types de compost dont le vermicompostage Cela dans lrsquooptique de rendre la production agricole plus durable et plus respectueuse de lrsquoenvironnement Les suivantes sont les teacutemoignages de paysans sur les inteacuterecircts du lombricompostage

Dans la commune rurale drsquoAnkazomiriotra au niveau du village drsquoAmbohitrinibe Fokontany Belanitra Est Madame RABEBINIRINA Minompamonjy David (Mme Mino) fait partie de ces paysans qui ont su tirer profit de lrsquoutilisation du lombricompost

Nrsquoayant pas de zeacutebu nous eacutetions obligeacutes drsquoacheter drsquoeacutenorme quantiteacute de fumiers et drsquoengrais pour fertiliser nos champs Crsquoeacutetait peacutenible vu que notre revenu couvrait difficilement le montant de nos besoins Vers 2013 nous avons assisteacute aux seacuteances de formations et drsquoanimations prodigueacutees par les techniciens travaillant sur le projet pilote Manitatra 1 Apregraves ces formations

ils nous ont fait don de 250g de vers Aujourdrsquohui nous en disposons drsquoau moins 20Kg Les reacutesultats que nous avons obtenus degraves la premiegravere anneacutee drsquoutilisation du lombricompost a eacuteteacute probant Drsquoabord la charge de travail due au transport de fertilisant vers le champ srsquoeacutetait beaucoup amoindri car nous nrsquoavons plus qursquoagrave transporter tout au plus le dixiegraveme du volume de fumier de parc qursquoon utilisait avant En effet 30 agrave 40 kg de lombricompost peut amplement suppleacuteer agrave 2 charrettes de fumier de parc Le sarclage est aussi devenu plus facile car le preacute-compostage a permis drsquoeacuteliminer les graines drsquoadventices qui dlsquohabitude viennent avec les fumiers organiques Ensuite les cultures reacutesistent mieux agrave la segravecheresse et les plantes parasites Par exemple nous avons constateacute que le riz devient plus vigoureux face aux attaques du striga Le rendement est de plus en plus soutenu et les produits maraicircchers sont moins sujets agrave la deacutegradation

La fabrication de lombricompost demande certes une certaine rigueur mais est tout agrave fait agrave la porteacutee de chaque paysan Il vous faut juste preacuteparer du preacute-compost qui servira de nourriture aux vers En plus il est indispensable drsquoarroser et de veacuterifier peacuteriodiquement la tempeacuterature Lrsquoessentiel des travaux consiste agrave seacuteparer les vers des composts mucircrs Il nous arrive encore drsquoacheter du fumier de parc pour servir drsquoappoint au preacute-compost mais ccedila en vaut la peine

Avec notre unique andain nous arrivons agrave produire 600kg de compost par mois

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Nous nrsquoutilisons que le quart de notre production Le reste est vendu agrave des clients qui viennent drsquoun peu partout agrave Madagascar La plus grosse commande que nous avons eue en 2019 eacutetait de 15tonne La production de lombricompost contribue beaucoup agrave nos ressources peacutecuniaire car il nous arrivons agrave lrsquoeacutecouler jusqursquoagrave 1000Ar le kilo

Madame Mino peut ecirctre joint aux numeacuteros suivants 034 19 777 50033 13 412 10

Un autre paysan en la personne de Monsieur RAZAFINDRAKOTO Emilson (Dadakoto) habitant agrave Antanety 2 Commune Antanifotsy a aussi adopteacute le lombricompostage Les suivants sont ses points de vue quant agrave lrsquoutilisation du lombricompost

Nous avons construit le premier andain suite aux seacuteries drsquoanimation-formation effectueacutees par le paysan leader et le technicien du projet Manitatra 2 travaillant dans notre zone Ce premier andain eacutetait devenu productif agrave partir du mois de juin 2019 Je commence juste agrave produire du lombricompost mais jrsquoai deacutejagrave constateacute les reacutesultats sur la bonne veacutegeacutetation de mes maiumls et de mes riz par rapport agrave ce que jrsquoai eu auparavant Afin drsquoaugmenter la production nous avons construit drsquoautres andains et aujourdrsquohui nous en avons 5

Nous avons commenceacute avec 1kg de vers et maintenant nous en avons autour de 60kg Jusqursquoagrave preacutesent ma production est entiegraverement destineacutee agrave lrsquoautoconsommation Nous les utilisons surtout sur nos cultures de tanety comme le riz et le maiumls associeacute aux leacutegumineuses Je trouve qursquoil est plus inteacuteressant drsquoutiliser du lombricompost que de fumier de parc Actuellement je nrsquoutilise presque plus drsquoengrais chimique

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Produit biologique de lutte contre les Chenilles leacutegionnaires drsquoAutomne (CLA) la menace est maitriseacutee un article du Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la pecircche

(Source publication facebook du MAEP le 14 deacutecembre 2019)

Deacutesormais les producteurs de maiumls Malagasy ne devraient plus ecirctre anxieux et inquiets

face agrave la Chenille Leacutegionnaire drsquoAutomne ou CLA La menace est maicirctriseacutee Gracircce aux efforts du Ministegravere de lAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) agrave travers les techniciens de la DPV et de la FOFIFA des diffeacuterents chercheurs de lUniversiteacute dAntananarivo de lEssagro et dexperts africains appuyeacutes par la FAO une souche biologique appeleacutee BT ou Bacillus Thuringiensis a eacuteteacute deacutecouverte Les tests ont deacutemontreacute que cette bacteacuterie naturelle et endeacutemique agrave Madagascar est capable de tuer la CLA Meacutelangeacute agrave 50g de riz blanc elle peut recouvrir 1ha de champ de maiumls

Notons quelle naffecte ni lenvironnement ni la santeacute humaine Madagascar sest aussi doteacute de sa strateacutegie nationale quinquennale de lutte contre la CLA Telles sont parmi les grandes avanceacutees du PROJET DAPPUI DURGENCE Agrave LA MISE EN PLACE DUN SYSTEME DE SURVEILLANCE DE RIPOSTE ET DE LUTTE INTEGREacuteE CONTRE LA CLA meneacute avec lappui technique et financier de la FAO

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Fenetre sur lAgriculture Biologique agrave MadagascarRakotondramanana GSDM

Un projet de loi sur lrsquoAgriculture biologique a eacuteteacute preacutepareacute sur lrsquoinitiative du Syndicat Malgache de lrsquoAgriculture Biologique (SIMABIO) et du MAEP et sera incessamment soumis agrave lrsquoAssembleacutee

Nationale Suite agrave cela un voyage drsquoeacutetude au Maroc et en Tunisie a eacuteteacute reacutealiseacute en vue des perspectives drsquoeacutelaboration drsquoune Strateacutegie Nationale drsquoAppui agrave lrsquoAgriculture Biologique agrave Madagascar (SNABio)

La mission a vu la participation drsquoune deacuteleacutegation conduite par le Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) accompagneacutee du Preacutesident du SIMABIO du projet Coordonnateur National du projet CASEF de lrsquoassistant technique du projet CASEF du repreacutesentant de la recherche (FOFIFA) et du directeur exeacutecutif du GSDM

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Le secteur de lrsquoAgriculture Biologique (AB) agrave Madagascar est en pleine croissance depuis plusieurs anneacutees Repreacutesentant actuellement un chiffre drsquoaffaire annuel de lrsquoordre de 55 Meuro geacuteneacutereacutes par plus drsquoune centaine drsquoentreprises employant 7000 salarieacutes et srsquoapprovisionnant aupregraves de plus de 20 000 agriculteurs le secteur est quasiment exclusivement orienteacute vers lrsquoexportation drsquoune large gamme de produits agricoles beacuteneacuteficiant drsquoune forte typiciteacute (eacutepices fruits tropicaux huiles essentielles cacao crevettes etc) principalement vers lrsquoEurope

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ACTUALITES

les Etats-Unis le Japon (source CASEF) Les produits bio malgaches sont issues drsquoagriculture bio par des entreprises locales mais aussi de la cueillette Compareacute aux autres pays le coucirct de la certification est trop eacuteleveacute agrave cause du manque de concurrence (un seul organisme certificateur agreacuteeacute ECOCERT)

Au Maroc lrsquoAgriculture biologique repreacutesente de lrsquoordre de 60 Meuro drsquoexportation et en Tunisie 205Meuro mais dans ces deux pays on assiste agrave un marcheacute local en cours de progression Le tableau suivant reacutesume lrsquoagriculture Bio dans les deux pays Globalement les produits exporteacutes sont domineacutes par lrsquohuile drsquoOlive bio dans les deux pays

A lrsquoissue de la mission des perspectives pour Madagascar ont eacuteteacute souleveacutees sous forme drsquoenseignements et reacuteflexions bull Creacuteer un dispositif drsquoappui conseil technique et financier ciblant les producteurs et les entreprises

AB en synergie avec les meacutecanismes existants (FDA Banques IMF etc)bull Subventionner la certification =gt Accroitre la concurrence entre organismes de Controcircle et de Certification (OCC) =gt Agreacutement et controcircle effectif de la part des pouvoirs publicsbull Concevoir une strateacutegie ciblant une diversiteacute de filiegraveres prioritaires de maniegravere inclusive par

exemple Exports Filiegraveres inteacutegreacutees eacutecotourisme Filiegraveres courtes laquo petits producteurs raquo au systegraveme de garantie par Certification de Territoire (CT) et Systegraveme Participatif de Garantie (SPG)

bull Mise en place de centres de recherche technique deacutedieacute agrave lrsquoAB reacutepondant agrave la demande (par ex contrat programme recherche - reacutegions - organisations professionnelles)

bull Conceptionmise en œuvre drsquoun dispositif de formation AB avec obligation de modules dans les cursus agricoles

bull Dynamiser la professionnalisation et la structuration des producteurs et des entreprises malgaches dans lrsquoAB

bull Poursuivre lrsquointeacutegration du secteur priveacute (amont et aval) dans les diffeacuterentes laquo aregravenes raquo institutionnelles deacutefinition des strateacutegies conception et pilotage des dispositifs drsquoappui etc

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AGRO-ECOLOGIE EN PHOTO

La mise en place des parcelles dapplication en Agro-eacutecologie a eacuteteacute effectueacutee au niveau des 8

collegraveges de la reacutegion Boeny Les enseignants et eacutelegraveves ont eacuteteacute accompagneacutes et encadreacutes par les ingeacutenieurs agronomes du GSDM et les techniciens locaux

Une repreacutesentante de la deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo a visiteacute les

reacutealisations du GSDM dans le cadre du projet Manitatra 2 De nombreux points inteacuteressants pouvant ecirctre valoriseacutes dans le cadre dune future coopeacuteration ont eacuteteacute souleveacutes En attendant certaines observations seront agrave partager au cours dun eacuteveacutenement de la Commission europeacuteenne qui se tiendra courant de la 3egraveme semaine du mois de feacutevrier 2020 agrave Bruxelles

Le GSDM maitient lappui technique des 12 eacutetablissements beacuteneacuteficiaires de linteacutegration

de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire dans le Vakinankaratra Il sagit des 6 eacutecoles pilotes PAPAM et des 6 autres extensions reacutealiseacutees dans le cadre du projet MANITATRA 2 Pour lanneacutee scolaire 2019-2020 la mise en place des cultures de grande-saison la mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique ainsi que les suivis reacuteguliers des tehcniciens ont eacuteteacute reacutealiseacutes Quelques enseignants du CEG de Vinany du CEG de Betafo ont mecircme beacuteneacuteficieacutes dune formation de recyclage

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Mise en place de la parcelle dapplication en Agro-eacutecologie au niveau du CEG Mariarano Boeny

Visite des reacutealisations du GSDM projet MANITATRA 2 par une repreacutesentante de la

deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo

Mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique aux 12 eacutetablissements du

Vakinankaratra

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AVRIL 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull RAKOTO HERIMANDIMBY Reneacute - Superviseur de zone du Sud-Est Projet PAPAMbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo AGRISUD- membre du GSDMRubrique laquoDossierraquo GSDMRubrique laquoRechercheraquo Dp SPAD - Partenaire technique du GSDM Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA 2)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth avril 2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

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Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

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- Mission de suivi du Comesa les 16 et 17 mars 2020- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020 - Formation CSAFRDA Makanara du 25 au 28 mars 2020

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Emission FIVOHY sur la RNM Tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Deuxiegraveme session de formation des enseignants Boeny du 07 au 10 Avril 2020- Formation des parents deacutelegraveves collegravege Boeny preacutevue durant la semaine du 20 Avril 2020- Visite-eacutechange inter-reacutegional des enseignants parents et elegraveves preacutevue en fin du mois dAvril 2020

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Page 11: Edition trimestrielle N° 9 / 2020

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Le Projet dAppui agrave la transition Agro-eacutecologique par la seacutecurisation eacuteconomique et fonciegravere (ATASEF) srsquoeacutetale sur 3 ans de 2017 agrave 2020 et preacutevoit agrave terme i) la seacutecurisation fonciegravere par voie de certification de 450 Ha de terrains dans les Communes de Kiangara et Tsaramasoandro dans la partie Nord du district drsquoAnkazobe et dans la limite mecircme de la reacutegion drsquoAnalamanga (limitrophe avec la reacutegion de Betsiboka) et ii) un accompagnement technique et socio-organisationnel dans le processus de mise en valeur drsquoameacutenagement et drsquoexploitation des terres de 225 meacutenages vulneacuterables beacuteneacuteficiaires

Drsquoapregraves le document du Projet les activiteacutes srsquoorientent sur bull Lrsquoappui agrave lrsquoorganisation des producteurs

structureacutes en Groupes drsquoEpargne Communautaire ou GEC

bull Lrsquoinstallation la seacutecurisation fonciegravere et lrsquoinclusion financiegravere des meacutenages par la promotion des chaicircnes de valeur et lrsquoagriculture contractuelle avec la culture du taro (Saonjo) qui se complegravetent au systegraveme de riziculture

bull Lrsquoappui agrave lrsquointensification Agroeacutecologique et agrave lrsquointeacutegration eacuteconomique

Lrsquoobjectif principal de lrsquointervention du GSDM consiste donc agrave appuyer et accompagner lrsquoeacutequipe du projet ATASEF pour la mise en place des champs eacutecoles paysans ou CEP agroeacutecologiques dans le district drsquoAnkazobe

Les objectifs speacutecifiques sont de bull Reacutealiser un diagnostic de terrain pour mieux

comprendre les enjeux et les contraintes locaux et mieux orienter les propositions ainsi que les strateacutegies de mise en œuvre

bull Concevoir et mettre en œuvre des techniques drsquoagroeacutecologie agrave appliquer dans les cinq villages au niveau des communes rurales de Kiangara et de Tsaramasoandro

bull Former et accompagner les techniciens drsquoencadrement

bull Appuyer les techniciens agrave la mise en place de champs eacutecoles paysans permettant la diffusion de cette innovation

bull Former les paysans membres de GEC au

niveau des champs eacutecoles paysans et au travers des visites eacutechanges au niveau des sites agroeacutecologiques du GSDM dans la reacutegion du Vakinankaratra (Ivory Mandoto) et au sein du projet MANITATRA 2

Le diagnostic sur terrain a eacuteteacute meneacute par deux agents du GSDM en particulier de l Agroeacuteconomiste et du Responsable enquecircte et BDD les 6 et 7 deacutecembre 2019

Sur terrain les observations du milieu les enquecirctes focus group les enquecirctes aupregraves des meacutenages agricoles et lrsquoeacutelaboration drsquoune typologie des meacutenages agricoles ont eacuteteacute reacutealiseacutees au niveau de cinq Champs eacutecoles paysans ou CEP choisis par le projet Il srsquoagit de 4 CEP dans la commune de Kiangara dont Tsarafara de Bemasoandro drsquoAnosimbary et drsquoAntsahalava et drsquoun CEP agrave Vohitsara dans la commune de Tsaramasoandro

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La formation en Agro-eacutecologie en faveur des agents a eacuteteacute reacutealiseacutee du 7 au 9 janvier 2020 et lrsquoappui et accompagnement des techniciens agrave la mise en place des champs eacutecoles du 21 au 23 janvier 2020 Lrsquoobjectif de la formation est de permettre aux techniciens d assurer la formation et lrsquoaccompagnement des beacuteneacuteficiaires sur les pratiques Agro-eacutecologiques dans les zones drsquointervention du projet Huit (8) participants ont assisteacute agrave la formation dont le Responsable de Programme Reacutegional OSDRM le chef de projet ATASEF 2 animateurs et 4 agents de terrain du projet ATASEF

Les geacuteneacuteraliteacutes en matiegravere drsquoAgro-eacutecologie et les pratiques adapteacutees dans les zones drsquointervention du projet ATASEF ont eacuteteacute preacutesenteacutees et discuteacutees durant la formation theacuteorique en salle Pour cette premiegravere session lrsquoembocagement et les bandes veacutegeacutetales lrsquoassociation et la rotation des cultures les composts et la lutte biologique lrsquoagroforesterie ont eacuteteacute deacuteveloppeacutes durant 4 jours de formation en salle Les travaux pratiques ont eacuteteacute reacutealiseacutes agrave Bemasoandro commune Kiangara et agrave Vohitsara commune Tsaramasoandro Lrsquoorganisation de lrsquooccupation de lrsquoespace et de la mise en place des cultures sur les diffeacuterentes parties du terrain ont eacuteteacute discuteacutees Le renforcement de quelques pieds des plants deacutejagrave planteacutes sur des lignes de courbe de niveau (Khaya Paulownia et Acacia) a eacuteteacute effectueacute sur un terrain de plus de 2 hectares agrave Bemasoandro Outre la mise au point sur la technique de traccedilage des courbes de niveau les avantages de lrsquoinstallation des plantes de couverture dans les cultures deacutejagrave en place ont eacuteteacute expliqueacutes aux techniciens et aux agriculteurs preacutesents agrave Vohitsara Lrsquo Appui et lrsquoaccompagnement des techniciens

du projet ATASEF agrave la mise en place des CEP et lrsquoinstallation des plantes ameacuteliorantes de fertiliteacute (leacutegumineuses) dans les cultures deacutejagrave en place au niveau des agriculteurs beacuteneacuteficiaires sont encore preacutevus avant la fin du mois de janvier 2020 Par ailleurs lrsquoappui conseil sur lrsquoameacutelioration du fumier la fabrication de composts et la lutte agro-eacutecologique seront eacutegalement preacutevus pour cette campagne culturale 2019-2020

Des actions de communication de masse pour accompagner la diffusion de lrsquoAgro-eacutecologie

Les actions de communication accompagnent la mise agrave lrsquoeacutechelle

de la diffusion des techniques ainsi que lrsquoanimation et la sensibilisation en Agro-eacutecologie Elles se traduisent par la valorisation des acquisexpeacuteriences au travers de la conception et lrsquoeacutedition des supports de communication adapteacutes aux diffeacuterentes cibles du GSDM Il srsquoagit essentiellement des eacutemissions radioteacuteleacute des films et des supports de formation de la gestion des reacuteseaux sociaux de lrsquoeacutedition des journaux et revues de la participation aux ateliers strateacutegiques aux eacutevegravenements promotionnels et autres plateformes drsquoanimation tant sur le plan national qursquointernational Derniegraverement le GSDM a participeacute dans le guide de lrsquoenvironnement du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable (MEDD) le magazine Mahavokatse du MAEP et de lrsquoagenda 2020 du MAEP

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Production et acquisition de fumure organique pour la gestion de la fertiliteacute des sols par les exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice (CIRADAIDA) RAZANAKOTO

Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina (GSDMMontpellier SUPAGRO)

RECHERCHES

1 Introduction

Dans le ndeg8 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait la diversiteacute et lrsquoimportance

des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols agrave partir des reacutesultats obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Les aspects concernant la fumure organique nrsquoavaient eacuteteacute qursquoeffleureacutes ils sont traiteacutes dans cet article qui preacutesente les reacutesultats obtenus sur les mecircmes exploitations agricoles familiales (EAF) du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Pour plus drsquoinformations sur le projet Secure et sur les aspects mateacuteriels et meacutethodes le lecteur est inviteacute agrave consulter le ndeg8 de JAE et le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats preacutesenteacutes sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

Les fertilisants organiques produits par les EAF des zones drsquoeacutetude sont divers Les fumiers sont les plus importants en lien avec les animaux de lrsquoexploitation (bovins porcs volailles lapins)

le systegraveme drsquoeacutelevage et les techniques de production En plus de ces fumiers utiliseacutes purs ou meacutelangeacutes il existe des laquo composts raquo traditionnels fabriqueacutes avec les ordures meacutenagegraveres des cendres etou autres matiegraveres organiques ajouteacutees (ces fumures sont appeleacutees zezi-pako et zezi-davenona) et aussi des composts dont la production suit les techniques diffuseacutees dans le cadre de programmes de deacuteveloppement Les EAF peuvent eacutegalement avoir recours au marcheacute de la fumure organique pour augmenter la disponibiliteacute (acheter ou eacuteventuellement eacutechanger) mais aussi pour vendre

La production et lrsquoacquisition de fumures organiques sont caracteacuteriseacutees ici dans leur diversiteacute Lrsquoanalyse des pratiques montre les logiques suivies par les EAF La variabiliteacute observeacutee est forte notamment en terme de quantiteacutes disponibles qui suggegravere une gamme de propositions adapteacutees de la part de la recherche et du deacuteveloppement pour ameacuteliorer ces pratiques qui sont la clef de voute de la gestion de la fertiliteacute des sols et de la durabiliteacute des systegravemes de culture

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2 La fumure organique produite dans Les EAF

La production de fumure organique (FO) a eacuteteacute eacutevalueacutee1 pour lrsquoanneacutee enquecircteacutee (2016) Toutes les EAF en ont produit sauf trois (moins de 1) qui nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux2 durant toute lrsquoanneacutee et qui nrsquoont pas valoriseacute leurs ordures meacutenagegraveres sous forme de compost

21 Quantiteacutes et composition

Parmi les types de FO (Figure 1) on note lrsquoimportance du fumier meacutelangeacute les exploitations qui ont plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage meacutelangent souvent les deacutejections qui fermentent ensemble dans le parc agrave bœuf ou pendant leur stockage dans une fosse ou simplement en tas Souvent les exploitants y ajoutent les deacutechets meacutenagers des cendres et dans certains cas drsquoautres reacutesidus de culture ou deacutechets (voir infra) Crsquoest donc un produit fertilisant dont la composition et la qualiteacute varient fortement drsquoune EAF agrave une autre

La production moyenne annuelle de FO par EAF (Figure 1) est plus importante dans la zone drsquoArivonimamo (217 tonnes) que dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra (187 tonnes) Les constituants principaux sont le fumier meacutelangeacute et le fumier de bovins qui agrave eux deux repreacutesentent 72 de la FO totale agrave Mandoto et 83 agrave Arivonimamo Lrsquoeacutecart entre les deux moyennes nrsquoest pas tregraves eacuteleveacute mais il est significatif et la diffeacuterence srsquoexplique drsquoabord par un nombre drsquoanimaux drsquoeacutelevage en moyenne plus important dans la zone drsquoArivonimamo (18 bovins et 7 porcs par EAF) que dans la zone de Mandoto (14 bovins et 23 porcs) Il existe une relation lineacuteaire positive entre le nombre moyen de bovins ou la valeur du cheptel dans lrsquoEAF et la quantiteacute de FO produite (coefficients de correacutelations respectivement de 057 et 062 signification agrave 001)

Figure 1 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF selon les zones

1 On notera que cette eacutevaluation a eacuteteacute faite sur la base des deacuteclarations des exploitants agricoles avec les uniteacutes tradition-nelles que sont la charrette le sac la soubique (panier) etc Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes 250 kgcharrette (en reacutefeacuterence agrave Saint Andreacute et al 2016) 30 kgsac et 10 kgsoubique Ainsi les reacutesultats preacutesenteacutes sont des ordres de grandeur mecircme si les chiffres semblent indiquer une certaine preacutecision et si la taille conseacutequente de lrsquoeacutechantillon fait que les approximations se compensent2 Comme pour la production de FO lrsquoeacutelevage est la norme puisque seules 1 des EAF nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte On notera que le fait de ne pas avoir drsquoanimal agrave un moment donneacute ne signifie pas que lrsquoexploitation ne pratique pas lrsquoeacutelevage lrsquoabsence drsquoanimal est le plus souvent conjoncturelle et un indicateur de difficulteacutes eacuteconomiques

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Au-delagrave des diffeacuterences de quantiteacute on note lrsquoimportance du compost traditionnel (zezi-pako) agrave Mandoto avec 16 de la FO alors qursquoagrave Arivonimamo il ne repreacutesente que 1 Le zezi-pako est constitueacute essentiellement agrave partir des ordures domestiques et de veacutegeacutetaux reacutecolteacutes sur ou en dehors de lrsquoEAF (Ravonjiarison et al 2018) Il est reacuteputeacute ne pas contenir de deacutejection animale (mecircme si selon les deacuteclarations 60 des EAF en ajoute voir infra) et srsquoil en contient crsquoest en faible quantiteacute Il peut ecirctre brucircleacute surtout srsquoil contient beaucoup de veacutegeacutetaux peu deacutegradeacutes Le zezi-pako est utiliseacute plutocirct par les petites exploitations les grandes exploitations preacutefeacuterant produire du compost Les quantiteacutes de composts laquo modernes raquo ne sont pas significativement diffeacuterentes entre les zones

22 Les produits apporteacutes dans le fumier et le compost

Les produits apporteacutes pour la fabrication du fumier et du compost ont des effets sur la qualiteacute

fertilisante finale des produits Comme lrsquoindique le Tableau 1 les EAF apportent des produits divers cette pratique permet drsquoaugmenter le volume de fumier produit (Alvarez S 2012 Rasolofo L I 2017) mais aussi de produire des fumures de composition variable par rapport aux caracteacuteristiques reconnues (Ravonjiarison et al 2018)

Lrsquoapport des deacutejections animales est bien sucircr fonction des animaux sur lrsquoEAF mais aussi pour les composts (et en particulier pour le zezi-pako) des deacutejections de zeacutebus ramasseacutees sur les chemins ou parcours emprunteacutes par des animaux qui appartiennent agrave drsquoautres EAF les exploitants connaissent lrsquoimportance des deacutejections animales pour la fumure des cultures et les plus pauvres avec tregraves peu drsquoanimaux ramassent des deacutejections laquo perdues raquo Ainsi 60 des EAF qui produisent du compost ajoutent dans celui-ci des deacutejections animales

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les EAF ajoutent de nombreux produits dans la fabrication du fumier autant si ce nrsquoest plus en freacutequence que pour

le compost Pour les pailles et balles de riz la prioriteacute semble ecirctre donneacutee au fumier mecircme si la freacutequence reste eacuteleveacutee pour le compost Les EAF pratiquent avec un fort pourcentage le recyclage des reacutesidus de cultures (paille de riz balles de riz autres reacutesidus de culture) Pregraves des deux tiers des EAF ajoutent du bozaka1 et une EAF sur deux qui produit du compost ajoute des feuilles drsquoarbres

Tableau 1 Principaux produits apporteacutes pour la fabrication des fumiers ou des composts (en des EAF)

Produits apporteacutes Fumier (EAF=304)

Compost (EAF=122)

Deacutejection de bovins 70

60

Deacutejection de porcs 73Deacutejection de volailles

84

Deacutejection autres animaux

1

Paille de riz 72 60Balles de riz 51 33Reacutesidus autres cultures

43 39

Bozaka 68 60Autres herbes 17 9Feuille darbres 13 50Deacutechets meacutenagers 36 54Cendres 46 57Terre fertile Terreau

3 12

Sels 4 9Vers 0 2Autres produits 4 7

1 Nom geacuteneacuterique pour deacutesigner les laquo herbes raquo et plus particuliegraverement les gramineacutees qui couvrent pentes et sommets des collines (Andropogon eucomus Aristida adscensionis etc) (source dictionnaire malgache httpmotmalgacheorgbinsteny2) Le bozaka peut avoir eacuteteacute coupeacute ou arracheacute dans ce cas il comprend les racines et un peu de terre

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Ces produits bozaka feuilles drsquoarbres autres herbes sont pour la plupart des produits de cueillette et participent agrave une laquo gestion horizontale de la fertiliteacute raquo avec un transfert drsquoeacuteleacutements fertilisants preacuteleveacutes sur drsquoautres parties du terroir et rameneacutes sur les parcelles cultiveacutees (Rollin 1994 Andriambelomanga 2017) amplifiant le mecircme transfert reacutealiseacute par les animaux (pacircturages ou parcours fumier cultures) Les autres produits utiliseacutes notamment par les EAF qui produisent du compost sont les cendres le terreau mais aussi du sel acheteacute et dlsquoautres produits comme de la dolomie de la sciure de bois etc

23 Les motivations pour la production du compost

La production de compost est lrsquoune des techniques vulgariseacutees pour augmenter

les quantiteacutes de matiegraveres fertilisantes encourageacutees par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie Les reacutesultats de lrsquoenquecircte montrent que la moitieacute des EAF agrave Mandoto et 30 des EAF agrave Arivonimamo ont deacutejagrave cette pratique

Tableau 2 Part des EAF qui produisent du compost

Mandoto ArivonimamoCompost moderne

9 12

Compost traditionnel

41 18

Total avec compost

50 30

A Mandoto ce sont les pratiques traditionnelles de production de zezi-pako qui dominent tregraves largement On notera que si le total nrsquoest que de 50 crsquoest que quelques EAF rares toutefois font les deux types de compost A Arivonimamo certainement en raison des programmes de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la technique la part des EAF avec compost laquo moderne raquo est un peu plus eacuteleveacutee mais le compost traditionnel

est moins reacutepandu On pourrait penser que le fumier se substitue au compost crsquoest-agrave-dire qursquoune EAF qui produit du fumier abandonne la production de compost car comme mentionneacute preacuteceacutedemment les EAF apportent en grande partie les mecircmes constituants aux deux types de fumure organique En fait il nrsquoen est rien 55 des EAF qui produisent du compost agrave Mandoto ont du fumier et agrave Arivonimamo ce taux est de 82

La raison principale pour laquelle les EAF produisent du compost crsquoest drsquoabord pour augmenter la quantiteacute disponible de fertilisants (34 des EAF qui ont reacutepondu) ou beacuteneacuteficier des effets en augmentant la production (11) et en ameacuteliorant la fertiliteacute des sols (9) On note tout de mecircme que 25 des EAF ont reacutepondu que crsquoeacutetait parce qursquoelles nrsquoavaient pas de fumier (et le taux est plus eacuteleveacute agrave Mandoto) Enfin 9 des EAF ont eacutevoqueacute le coucirct moindre du compost par rapport aux autres fertilisants et 12 ont donneacute des raisons que lrsquoon peut rattacher agrave une meilleure agronomie le zezi-pako est meilleur que le fumier car brucircleacute il ne transmet pas les maladies ou les graines de mauvaises herbes la cendre du zezi-pako a de nombreux avantages (notamment dans la lutte contre les ravageurs sur les peacutepiniegraveres) le compost est meilleur que les engrais pour les sols etc

Pour les EAF qui produisent du compost les contraintes principales sont pour 38 des EAF qui ont reacutepondu le temps de travail neacutecessaire (notamment pour ramasser les feuilles drsquoarbres le bozaka etc) et pour 35 des EAF la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres On notera que pour 12 des EAF il nrsquoy a pas de veacuteritable limite agrave la production de compost Enfin pour les 16 drsquoEAF restantes ces limites sont diverses lrsquoeau pour lrsquoarrosage du compost (5) mais aussi la treacutesorerie pour acheter le bozaka ou payer la main drsquoœuvre pour ramasser des matiegraveres premiegraveres le risque drsquoincendie etc

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24 Une production de FO tregraves variable selon les EAF

Malgreacute les apports sur le fumier et la production de compost la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF est faible en valeur absolue et surtout comme indiqueacute preacuteceacutedemment on observe une grande diversiteacute de situation entre les EAF avec un coefficient de variation de lrsquoordre de 90 dans les deux zones Les graphiques de la Figure 4 (voir infra la FO produite est en bleu) illustrent cette grande variabiliteacute avec des profils diffeacuterents selon les zones

Dans la zone de Mandoto comme deacutejagrave indiqueacute il y a une forte proportion drsquoEAF avec peu de fumure organique produite (plus de la moitieacute des EAF produisent moins de 15 tonnes) en raison du faible nombre drsquoanimaux et drsquoune production de compost qui reste peu importante Et ces EAF produisent environ frac14 de la fumure totale produite dans le terroir

Dans la zone drsquoArivonimamo la part des EAF avec moins de 15 tonnes est leacutegegraverement moindre (48) mais la FO produite pour lrsquoensemble de ces EAF nrsquoest que de 14 Donc un peu moins drsquoEAF mais une quantiteacute de FO produite tregraves faible On peut mettre cette diffeacuterence entre les deux zones au creacutedit de la production de compost traditionnel les EAF sans animaux sont plus importantes agrave Mandoto mais ces EAF pour compenser produisent du zezi-pako et en final sont moins deacutemunies que les EAF drsquoArivonimamoA lrsquoautre extreacutemiteacute des graphiques la part des EAF avec plus de 5 tonnes est faible agrave Mandoto agrave peine 4 des EAF et qui cumulent 6 de la FO produite totale Dans la zone drsquoArivonimamo la part de ces EAF est nettement plus importante (9) et surtout elles cumulent 29 de la FO Si on regroupe les deux derniegraveres classes la part des EAF avec plus de 3 tonnes agrave Arivonimamo est de 25 et ces EAF cumulent 58 de la FO agrave Mandoto elles sont 17 et cumulent 43 de la FO totale dans le terroir Ainsi si agrave Arivonimamo la production de FO moyenne par EAF est

supeacuterieure les ineacutegaliteacutes entre les EAF sont aussi plus importantes

3 La fumure organique disponible par EAF

La fumure organique disponible dans une EAF est en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les

fumiers produits la fabrication de composts mais aussi des eacutechanges

31 Les eacutechanges de fumure organique

Sur les Hautes Terres les eacutechanges de fumures organiques sont freacutequents que ces eacutechanges

soient marchands (achat vente) ou non (troc ou don)

Tableau 4 Part des EAF qui eacutechangent de la FO

Opeacuteration sur FO

Mandoto Arivonimamo

Ensemble 60 88- dont Achat 30 74- dont Vente 18 19- dont Troc 22 24

Comme le montre le Tableau 4 crsquoest une large majoriteacute des EAF qui eacutechangent de la fumure organique A Arivonimamo la pratique est presque geacuteneacuteraliseacutee avec 88 des EAF qui sont concerneacutees par au moins une opeacuteration drsquoentreacutee ou de sortie de FO

Si les opeacuterations drsquoeacutechanges non moneacutetariseacutes (troc ou don) et les ventes concernent agrave peu pregraves le mecircme pourcentage drsquoEAF dans les deux zones la diffeacuterence est forte en ce qui concerne les achats puisque agrave Arivonimamo ce sont presque 3 EAF sur 4 qui achegravetent de la FO Dans cette zone ougrave les productions maraichegraveres sont importantes les EAF sont agrave la recherche de fumure organique en termes de quantiteacutes pour augmenter le disponible mais aussi de qualiteacute (fumiers de porcs ou de volailles)

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Pour les eacutechanges sous forme de troc la fumure organique est eacutechangeacutee contre du travail (travail manuel ou prestation par exemple labour ou transport) contre de la paille de riz ou autres matiegravere organique (certainement pour produire du fumier) des semences (de riz ou maiumls) etc Les dons sont faits aux membres de la famille (le plus souvent des parents vers les enfants) mais aussi au meacutetayer voire agrave des voisins moins bien doteacutes Il y a donc un marcheacute de la fumure organique entre EAF drsquoune zone donneacutee mais aussi avec des EAF ou drsquoautres deacutetenteurs dans des zones plus eacuteloigneacutees Ainsi agrave Arivonimamo quelques EAF ont pu acqueacuterir des deacutechets urbains et beaucoup ont acheteacute du fumier en provenance drsquoeacutelevages speacutecialiseacutes

Tableau 5 Prix moyen en Ariary drsquoune charrette de fumure organique

Mandoto ArivonimamoNbre PU moyen Nbre PU moyen

Fumier de zeacutebu 179 5 809 225 16 158Fumier meacutelangeacute 49 4 837 88 13 286Fumier de porc 5 36 000 115 41 137Fumier de volaille 3 25 000 80 49 283Compost 8 18 333Zezi-pako 29 4 500

Les prix pour une charrette1 sont tregraves diffeacuterents entre les deux zones Et on peut penser qursquoagrave Arivonimamo le marcheacute de la fumure organique est laquo tendu raquo avec une forte demande et peu de fumure localement commercialiseacutee pour y reacutepondre Cette situation a des conseacutequences sur les prix avec comme lrsquoindique le Tableau 5 des prix tregraves eacuteleveacutes agrave Arivonimamo environ 3 fois plus eacuteleveacutes qursquoagrave Mandoto Ces prix ont eacuteteacute calculeacutes agrave partir des deacuteclarations de vente ou drsquoachat par les producteurs Lrsquoeffectif (Nbre) est le nombre de charrettes sur lequel a eacuteteacute calculeacute le prix moyen La part des achats est bien sucircr beaucoup plus eacuteleveacute et le plus souvent ce prix inclut le transport ce qui nrsquoest pas un eacuteleacutement neacutegligeable notamment agrave Arivonimamo ougrave la fumure provient drsquoeacutelevages relativement eacuteloigneacutes La charrette de fumier de porc ou de volaille est nettement plus chegravere que le fumier de zeacutebus ou de fumier meacutelangeacute Mais ce sont ces deux types de fumier qui sont les plus commerceacutes en quantiteacute

On notera que le pourcentage des EAF qui achegravetent est nettement supeacuterieur agrave celui des EAF qui vendent Les eacutechanges pourraient srsquoeacutequilibrer au niveau du territoire (le fokontany) par les quantiteacutes avec des EAF qui vendraient de grandes quantiteacutes et des EAF qui achegraveteraient de petites quantiteacutes En fait dans notre eacutechantillon (tireacute au sort et donc avec autant de chances de tirer un vendeur qursquoun acheteur) les eacutechanges ne srsquoeacutequilibrent pas et les quantiteacutes vendues ne repreacutesentent que 38 des quantiteacutes acheteacutees agrave Mandoto et seulement 22 agrave Arivonimamo Ainsi globalement les EAF achegravetent des fumures organiques agrave des exploitations agricoles drsquoautres fokontany et ceci est particuliegraverement reacutepandu agrave Arivonimamo avec des EAF qui achegravetent aux eacutelevages de poulets de chair de poules pondeuses ou de porcs proches de la ville drsquoImerintsiatosika

1 Aucune information nrsquoa eacuteteacute collecteacutee sur le poids des charrettes car le travail aurait eacuteteacute trop lourd agrave reacutealiser Ce poids deacutepend du niveau de remplissage mais aussi et beaucoup de la qualiteacute de la fumure organique Comme deacutejagrave indiqueacute pour faire les conversions nous avons utiliseacute le poids de 250 kg par charrette pour couvrir tous les types de fumure et eacuteviter les surestimations Certains pourront consideacuterer ce poids comme sous-estimeacute

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Figure 2 Evolution de la fumure moyenne produite par EAF

La fumure produite dans une EAF nrsquoest pas la fumure disponible celle-ci eacutevolue en fonction

des eacutechanges La Figure 2 preacutesente la situation moyenne drsquoune EAF selon la zone On constate que la quantiteacute de fumure disponible pour les cultures (apregraves entreacutees et sorties) est en moyenne plus importante que la fumure produite (voir aussi Tableau 6) Ainsi agrave Arivonimamo la fumure disponible passe agrave 29 tonnes par EAF alors que la quantiteacute produite est de lrsquoordre de 22 tonnes A Mandoto lrsquoeacutecart nrsquoest pas si important mais reste significatif avec respectivement 21 et 19 tonnesAinsi on peut deacuteduire de ces donneacutees que la strateacutegie des EAF est drsquoaugmenter la production de fumure organique sur lrsquoEAF (eacutelevage compost) mais aussi drsquoaugmenter la fumure organique disponible pour fertiliser les parcelles en achetant sur le marcheacute ou en srsquoapprovisionnant agrave travers

des eacutechanges non marchands Et cette strateacutegie est particuliegraverement dominante agrave ArivonimamoMais ces tendances geacuteneacuterales cachent de fortes dispariteacutes Ainsi les 3 EAF qui nrsquoavaient pas produit de FO en ont obtenu par achat et troc mais 4 EAF ont ceacutedeacute toute leur fumure organique Ainsi il y a toujours environ 1 de lrsquoeacutechantillon qui nrsquoa pas de FO disponible

32 Quantiteacutes disponibles et variabiliteacute

Ainsi lrsquoEAF moyenne a augmenteacute sa disponibiliteacute en FO dans les deux zones

(Figure 2 et Tableau 6) La composition (Figure 4) a eacutevolueacute par rapport agrave la FO produite (Figure 1) et ceci plus particuliegraverement agrave Arivonimamo Dans cette zone la part du fumier meacutelangeacute a fortement diminueacute (passant de 47 agrave 33) comme mais dans une moindre mesure celle du fumier bovin et ce sont les fumiers agrave base de deacutejections de porcs ou de fiente de volaille qui ont fortement progresseacute passant de 8 agrave 16 On note eacutegalement la progression du type autre FO qui est passeacute de 3 agrave 6 en lien avec lrsquoacquisition de deacutechets ou boues urbaines

Figure 3 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique disponible par EAF selon les zones

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A Mandoto les changements sont mineurs et concernent la reacutepartition entre fumier meacutelangeacute et fumier bovin ce dernier type progresse au deacutetriment du fumier meacutelangeacute Ceci srsquoexplique par le fait que les eacutechanges et en particulier moneacutetaires concernent le fumier de bovin et peu le fumier meacutelangeacute

Mais mecircme si on enregistre quelques eacutevolutions ce sont toujours le fumier de bovin et le fumier meacutelangeacute qui sont les fumures organiques les plus importantes car ils repreacutesentent plus de 70 des quantiteacutes moyennes disponibles au niveau de lrsquoEAF moyenne

Comme pour la fumure produite la fumure disponible par EAF est tregraves variable La variabiliteacute a mecircme augmenteacute avec des coefficients de variation autour de la moyenne un peu plus eacuteleveacutes pour la FO disponible Mais le recours au marcheacute et les eacutechanges non marchands ont fait fortement eacutevoluer la reacutepartition de la fumure organique entre les EAF La Figure 4 illustre ces eacutevolutions contrasteacutees selon les zones

Figure 4 Evolution de la reacutepartition des EAF et de la FO selon des classes de quantiteacutes de FO produite et disponible en tonnes

A Mandoto lrsquoeacutevolution nrsquoest pas tregraves importante les pourcentages drsquoEAF progressent en mecircme temps que les classes de quantiteacute de FO mais de maniegravere tregraves modeacutereacutee Le recours aux eacutechanges nrsquoentraicircne pas de modification spectaculaire dans le profil des graphiques que cela soit pour la reacutepartition des EAF ou pour la reacutepartition de la FO la part des EAF avec moins 05 tonne diminue de 18 agrave 15 et crsquoest la classe de 05 agrave 15 tonnes qui progresse de 3 la part des EAF les mieux pourvues (plus de 5 tonnes) progresse mais tregraves faiblement aussi

A Arivonimamo les changements sont beaucoup plus importants La part des EAF avec moins de 05 tonne diminue pour passer de 22 avec la fumure produite agrave seulement 9 pour la fumure disponible Ainsi la plus grande partie des EAF les moins pourvues se sont procureacutees de la FO sur le marcheacute ou par le troc car pour les cultures maraichegraveres il est indispensable drsquoavoir de la fumure organique Et ce sont les classes avec de plus grandes quantiteacutes de FO qui ont progresseacute de maniegravere remarquable

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les EAF avec plus de 3 tonnes sont passeacutees de 25 agrave 42 et la fumure que cumulent ces EAF est passeacutee de 58 agrave 73 La progression tregraves forte des EAF les mieux pourvues srsquoest tout de mecircme traduite par une concentration au niveau de ces EAF

33 Quantiteacute de fumure organique et surface

Lrsquoimportance de la fumure organique drsquoune EAF ne peut ecirctre appreacutecieacutee qursquoen fonction de la superficie agrave cultiver qui elle-mecircme deacutepend de la Surface Agricole Utile disponible par EAF Celle-ci varie selon la zone avec environ 15 ha agrave Mandoto et 09 ha agrave Arivonimamo

Tableau 6 Superficie et quantiteacutes moyennes par EAF

Variables par EAF Mandoto Arivonimamo

Moyenne CV Moyenne CVSAU (ha) 148 88 091 82FO produite (tonne) 187 90 218 92

FO disponible (tonne) 213 102 290 78

FO disponible (tonneha) 169 84 367 66

La quantiteacute de fumure disponible est en relation lineacuteaire avec la SAU les coefficients de correacutelation entre ces deux variables sont relativement eacuteleveacutes avec +076 agrave Mandoto et +059 agrave Arivonimamo et significatifs agrave 001 Dans les deux zones ces coefficients sont supeacuterieurs agrave ceux qui lient les variables de cheptel (nombre de bovins et valeur totale du cheptel) et les variables de SAU ainsi on peut en deacuteduire que cette relation entre quantiteacute de FO et surface nrsquoest pas seulement fonction des animaux disponibles mais bien dlsquoune strateacutegie des EAF une laquo strateacutegie de construction de la fertiliteacute raquo des sols (NrsquoDieacutenor et al 2011)

Figure 5 Nuages de points entre SAU et FO disponible pour chaque zone

Quand on ramegravene la quantiteacute de fumure organique disponible par ha de SAU la zone Arivonimamo apparaicirct nettement mieux pourvue avec pregraves de 35 t ha de SAU alors qursquoagrave Mandoto ougrave les EAF ont moins de FO disponible et plus de surface la moyenne est de 21 tonneha

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Les graphiques en nuage de points mettent en eacutevidence cette relation Les coefficients Rsup2 ne sont pas tregraves eacuteleveacutes ce qui signifie que la SAU disponible agrave elle seule nrsquoexplique pas tregraves bien la variabiliteacute observeacutee A Mandoto il y a quelques points atypiques (par exemple un producteur avec une superficie assez faible et beaucoup de fumure parce que le cheptel est important) mais la reacutegression semble repreacutesenter assez bien la situation la FO disponible est eacutegale agrave 125 fois la SAU + 03 tonnes

A Arivonimamo la reacutepartition des points est assez atypique et il semble exister deux groupes de producteurs avec des strateacutegies diffeacuterentes le premier en rouge dans le graphique vise une quantiteacute importante de FO par uniteacute de surface (35 fois la superficie plus 125 tonnes) alors que le second se rapproche de la situation de Mandoto et semble rechercher une quantiteacute de FO qui repreacutesente 15 fois la SAU + 01 tonne

Pour expliquer ces diffeacuterences entre les deux groupes il faut rechercher du cocircteacute des cultures pratiqueacutees avec pour le premier groupe des surfaces en cultures maraichegraveres plus importantes et avec pour le second un assolement beaucoup plus traditionnel (ces aspects seront analyseacutes dans le prochain article)

Ces quantiteacutes moyennes semblent cependant insuffisantes pour renouveler la fertiliteacute des sols cultiveacutes car selon les travaux de P Garin meneacutes il est vrai dans la zone du Lac Alaotra il faudrait 4 tonneshaan en moyenne de fumier pailleux neacutecessaire (Garin 1998 citeacute par Dubois 2004) pour restituer au sol la bonne quantiteacute de matiegravere organique contrebalanccedilant la mineacuteralisation de la matiegravere organique due aux cultures

Mais nombre de producteurs notamment dans la zone dArivonimamo ajoutent agrave la fumure organique des engrais mineacuteraux Ce point sera traiteacute dans le prochain numeacutero de JAE avec un article sur les strateacutegies drsquoutilisation de la fumure organique et mineacuterale

34 La qualiteacute fertilisante des fumiers

Dans le cadre du mecircme projet de recherche Secure des eacutechantillons de fumures

organiques destineacutees agrave la culture de riz pluvial ont eacuteteacute preacuteleveacutes dans 40 fermes de reacutefeacuterence (20 dans chacune des zones) pour la campagne culturale 2018-2019 Une quantiteacute drsquoenviron 700 cm3 a eacuteteacute preacuteleveacutee sur les parcelles au moment de la mise en place de la culture du riz Ces eacutechantillons ont eacuteteacute analyseacutes et les reacutesultats donnent une indication de la qualiteacute moyenne des fumiers produits et utiliseacutes dans les zones

Tableau 3 Qualiteacute des fumiers utiliseacutes (en de la matiegravere segraveche)

Zone pH N P KMandoto 86 11 03 18Arivonimamo 82 10 07 13

Avec des pH supeacuterieurs agrave 8 les fumiers permettent de corriger laciditeacute des sols (qui ont souvent des pH de deacutepart autour de 5) par leur pouvoir alcalinisant et dameacuteliorer dans la dureacutee les sols pour les rendre plus favorables aux cultures exigeantes comme le maiumls le soja le haricot les cultures maraichegraveres etc

La qualiteacute selon les trois principaux eacuteleacutements (N=Azote P=Phosphore et K=Potassium) peut ecirctre ainsi commenteacutee

bull N les teneurs moyennes en azote sont plutocirct faibles dans les 2 zones mettant en lumiegravere la neacutecessiteacute de mieux conserver cet eacuteleacutement tregraves mobile par dallage couverture rajout de pailles de riz ou de fanes de leacutegumineuse pour stockage de lurine Toutes les plantes ont besoin drsquoazote

bull P une teneur en phosphore nettement plus eacuteleveacutee agrave Arivonimamo en raison dassociations de deacutejections agrave base de volaille et de porc (dont une partie est acheteacutee voir infra) Mais ces teneurs sont faibles alors que lrsquoinsuffisance des sols en phosphore est tregraves souvent un des principaux facteurs limitant pour les cultures

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La FO avec ses faibles teneurs en P est de maniegravere geacuteneacuterale insuffisante pour lever ce facteur limitant

bull K les teneurs en potassium sont relativement eacuteleveacutees dans les deux zones par concentration des pailles par lrsquoajout de cendres de balles de riz ou de balles de riz en lrsquoeacutetat Le potassium est important notamment pour les cultures fruitiegraveres et maraicircchegraveres

Pour appreacutecier la qualiteacute en terme de nutrition des plantes on peut comparer les apports du fumier agrave ceux drsquoun engrais NPK 112216 (utiliseacute couramment dans la reacutegion) Le fumier moyen entre les deux reacutegions agrave des teneurs que lrsquoon peut arrondir agrave 1N 05P 15K en matiegravere segraveche (MS) ainsi en faisant simplement le rapport avec les des analyses 1 kilogramme drsquoengrais eacutequivaut pour N agrave 11 kgfumier MS pour P agrave 44 kgfumier MS et pour K agrave 11 kgfumier MS

Pour se rapprocher des pratiques paysannes il faut faire la comparaison avec des matiegraveres fraicircches et en uniteacute traditionnelle Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes le poids en MS eacutequivaut agrave 50 du poids en matiegravere fraiche une charrette de fumure organique pegravese1 250 kg Ainsi une charrette de fumier de faible qualiteacute eacutequivaut pour N agrave 11 kg pour P agrave 3 kg et pour K agrave 12 kg de lrsquoengrais NPK (112216) utiliseacute pour la comparaison

Si on fait la comparaison en termes de prix avec le kilogramme drsquoengrais agrave 2 200 Arkg (prix de 2019) et une charrette agrave 10 000 Ar lrsquouniteacute fertilisante coucircte avec lrsquoengrais environ 4 500 Ar et 2 700 Ar avec la charrette de fumier Ainsi lrsquoapport de FO est nettement plus inteacuteressant sur le plan eacuteconomique et ceci drsquoautant plus que la fumure est autoproduit valorisant ainsi lrsquoeacutelevage

1 Comme deacutejagrave indiqueacute le poids de la charrette varie for-tement selon le volume de remplissage et la qualiteacute du fumier Avec du fumier de bonne qualiteacute une charrette peut peser 400 kg voire plus mais avec du fumier de mauvaise qualiteacute ou du zezi-pako le poids peut descendre nettement en dessous des 250 kg Pour prendre en compte lrsquoensemble des types de fumure or-ganique nous avons adopteacute le poids moyen de 250 kgcharrette (notamment en reacutefeacuterence agrave Saint-Andreacute et al 2016)

etou le travail familial Cet amendement a aussi de nombreuses autres qualiteacutes que nrsquoa pas lrsquoapport drsquoengrais mineacuteraux avec des effets sur la structure et la faune du sol lrsquoapport drsquoeacuteleacutements fertilisants secondaires et des utilisations agronomiques inteacuteressantes (par exemple pour ameacuteliorer la leveacutee des cultures)

Ces calculs ont eacuteteacute faits avec des reacutefeacuterences moyennes plutocirct deacutefavorables agrave la FO (notamment le poids de la charrette) or les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de la qualiteacute et de la quantiteacute du fumier produit sont nombreuses (Salgado et Tillard 2012) avec des effets positifs sur la productiviteacute de la terre et du travail (Marline 20152) Dans le cadre des fermes de reacutefeacuterence sur les deux zones des agriculteurs appuyeacutes par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie se sont engageacutes dans un processus dameacutelioration des fumures organiques et peuvent ecirctre des reacutefeacuterents pour la diffusion des techniques

4 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La fumure organique disponible dans une EAF est fonction des quantiteacutes produites (en

moyenne 217 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 187 tonnes dans le MO du Vakinankaratra) en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les pratiques de compostage Mais pas seulement car le recours au marcheacute ou au eacutechanges non marchands font eacutevoluer de maniegravere significative agrave la fois les quantiteacutes disponibles par EAF mais aussi la qualiteacute et la reacutepartition entre les EAF La FO moyenne disponible est de 29 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 21 tonnes dans le MO du Vakinankaratra Rameneacutee agrave la SAU la quantiteacute de FO disponible est 367 tonnes par ha agrave Arivonimamo et 169 tha agrave Mandoto

2 Apregraves avoir enquecircteacute trente exploitations agricoles de la reacutegion Vakinankaratra Marline conclut que laquo lrsquoadoption des pra-tiques drsquoameacutelioration de la qualiteacute du fumier ne se traduit pas par une augmentation significative du coucirct de production du fumier notamment en raison des eacuteconomies drsquoeacutechelle dans la fabrication du fumier de qualiteacute En utilisant les reacutesultats des expeacuterimenta-tions de BIOVA lrsquoeacutepandage du fumier ameacutelioreacute sur les parcelles augmenterait la productiviteacute agricole de la terre de 27 et la pro-ductiviteacute globale du travail de 23 raquo (Marline 2015)

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Les produits ajouteacutes au fumier sont nombreux et la production de compost traditionnel ou laquo moderne raquo est reacutepandue

Ainsi que cela soit en termes de pourcentage drsquoEAF inteacuteresseacutees ou en termes de motivation il y a dans ces deux zones une base solide de pratiques et de connaissances paysannes sur laquelle peut srsquoappuyer la vulgarisation de lrsquoameacutelioration de la quantiteacute et de la qualiteacute du fumier et la production de compost

La recherche a commenceacute agrave analyser la diversiteacute de ces pratiques et leurs effets sur la production Un grand nombre de matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et animales sont recycleacutees et les premiers reacutesultats montrent drsquoimportantes synergies entre elles avec des associations courantes avec les engrais

La theacutematique de la fertilisation organique est importante pour les agriculteurs de ces zones Parmi diffeacuterentes pratiques agroeacutecologiques lrsquoutilisation des FO est assez geacuteneacuteraliseacutee et les agriculteurs adoptent via ces pratiques des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute (cf paragraphe 33) Dans cette optique les accompagnements et renforcements de la part des acteurs du deacuteveloppement rural nous semblent tregraves pertinents en matiegravere drsquoaugmentation en quantiteacute et en qualiteacute Les reacutefeacuterences drsquoameacutelioration existent deacutejagrave (Salgado et Tillard 2012 Rasolofo et al 2018) Des plantes ameacuteliorantes peuvent ecirctre eacutegalement utiliseacutees agrave lrsquoeacutechelle des EAF ou du territoire On peut citer les plantes reacutepulsives qui ameacuteliorent les FO dans la lutte contre les insectes (cf reacutefeacuterences du GSDM) les Tithonia qui apportent une quantiteacute significativement importante de K compareacutes agrave diffeacuterents types de fumiers (Olabode et al 2007) etc

Lrsquoeacutetude reacutevegravele eacutegalement que lrsquoutilisation des fumiers meacutelangeacutes provenant de plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage est une pratique courante des agriculteurs dans les deux zones Lrsquoameacutelioration des conduites drsquoeacutelevage dont lrsquoalimentation la santeacute ou lrsquohabitat pourrait ainsi ecirctre une autre faccedilon de rehausser la qualiteacute fertilisante des FO encore consideacutereacutee comme faible Lrsquoameacutelioration

dans ce cas devrait concerner de plus en plus les animaux agrave cycle court tels que les volailles etou les porcs En fait crsquoest parce que lrsquoeacutelevage bovin est menaceacute par les vols alors que les EAF ont toutes au moins des volailles au sein de leur exploitation

Les agriculteurs savent que la fumure organique est la base pour une bonne gestion de la fertiliteacute des sols qursquoelle permet drsquoameacuteliorer lrsquoefficience des engrais apporteacutes et qursquoelle peut aussi jouer un rocircle de leveacutee de certaines deacuteficiences De nouveaux enjeux apparaissent comme pour le compost avec la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et un besoin de reacutefeacuterentiel technico-eacuteconomique pour faire eacutevoluer la production de zezi-pako vers un compost avec plus de qualiteacutes fertilisantes

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Les plantes de services en Agro-eacutecologie les rotations et successions des cultures leccedilons apprises du GSDM

Rakotondramanana Raharison T Randriamitantsoa M Moussa N Razanamparany C Tokiherinionja TF Sandratriniaina R R

Randriamiarana V Razaka M

Introduction

Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale les paysans pratiquent toujours des associations de cultures mais

pour la plupart il srsquoagit drsquoassociation laquo gramineacutee ndash gramineacutee raquo qui ne contribue pas du tout agrave la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols Dans le district de Mandoto par exemple lrsquoassociation maiumls + riz pluvial (41 des surfaces) manioc + maiumls (19 des surfaces) maiumls + arachide (10 des surfaces) sont les plus dominantes (RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019) A part lrsquoassociation avec lrsquoarachide ces associations nrsquoont pas beaucoup drsquointeacuterecirct dans la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et devraient changer en association gramineacutees - leacutegumineuses en utilisant les plantes de couverture agrave forte capaciteacute de reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols en plus de leurs proprieacuteteacutes eacuteprouveacutees en tant que plantes de services Lrsquoassociation du maiumls avec le haricot est tregraves courante aussi bien sur les Hautes Terres que dans le Moyen Ouest crsquoest une association ougrave lrsquoon a deux cultures alimentaires en mecircme temps mais la biomasse de la leacutegumineuse le haricot se mineacuteralise tregraves vite et nrsquoest plus visible apregraves la saison segraveche De mecircme lrsquoassociation du maiumls avec le soja est aussi tregraves freacutequent sur les Hautes Terres et surtout sur les sols volcaniques drsquoAntsirabe et de Betafo mais comme le haricot le soja se mineacuteralise tregraves vite et ne contribue pas beaucoup agrave la biomasse

Le but principal de cet article est de rappeler les principales plantes de couvertures en compleacutetant avec les acquis du GSDM dans les principales reacutegions de Madagascar ceci par rapport aux donneacutees du Manuel pratique du semis direct de Madagascar (HUSSON O et al 2013) un travail collectif sous la houlette drsquoOlivier HUSSON ougrave nous avons largement contribueacute et dont les principales informations ont eacuteteacute soit actualiseacutees soit compleacuteteacutees

Brefs aperccedilus des principales plantes de couvertures ou drsquoembocagement des parcelles

11 Le mucuna

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc) mais ses proprieacuteteacutes en agronomie nrsquoont eacuteteacute que tregraves peu documenteacutees ou sont resteacutees inconnues Pourtant cette leacutegumineuse a un tregraves grand inteacuterecirct en agronomie

Photo 1 Une bonne biomasse de mucuna

111 Une leacutegumineuse pour la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et la lutte contre le striga

Dans le site drsquoIvory sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + Mucuna varient de 468 agrave 485 tha en F1 et de 5 agrave 536tha en F2 et les rendements de maiumls en association avec le Mucuna varient de 44 agrave 487 tha en F1

1 et de 53 agrave 56tha en F2

2 Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020)

1 F1 5 tha de fumier de ferme

2 F2 F1 + 80 kgha de NPK 11- 22 ndash 16 et 25 kg ha drsquoureacutee

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Ce systegraveme bisannuel en agriculture de conservation permet drsquoobtenir des rendements stables de la production de riz et de maiumls associeacute Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans et dans les eacutecoles (CEG) appuyeacutees par le GSDM

112 Une leacutegumineuse pour lutter contre les mauvaises herbes

Photo 2 Apregraves une biomasse de mucuna (jachegravere de mucuna en haut et biomasse de mucuna associeacute avec du maiumls en bas) pas de

mauvaises herbes pour la culture suivante

113 Un reacutepulsif contre les insectes et mecircme contre drsquoautres ravageurs des cultures

Contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) LrsquoONG DURRELL qui a introduit des

associations agrave base de mucuna dans les aires proteacutegeacutees a pu observer que le mucuna limite aussi les attaques de sangliers (DURRELL 2020) Les varieacuteteacutes noires type Garadake du CTAS ou marbreacute existent mais il semble que la varieacuteteacute noire est la plus appreacutecieacutee

12 Le nieacutebeacute eacuterigeacute

Le nieacutebeacute (Vigna unguiculata subsp unguiculata) est une sous-espegravece veacutegeacutetale du Vigna unguiculata originaire drsquoAfrique Probablement introduit en Ameacuterique tropicale au XVIIegraveme siegravecle par les Espagnols le nieacutebeacute est aujourdhui largement cultiveacute dans le Sud des Eacutetats-Unis aux Caraiumlbes et au Breacutesil et bien sucircr en Afrique Les observations faites sur de longues anneacutees montrent que le nieacutebeacute eacuterigeacute David est adapteacute agrave tous les types de sols dans tous les milieux agrave Madagascar Sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute proposeacutee dans les zones humides de la Cocircte Est uniquement agrave cause de problegraveme de production de semences Comme le haricot crsquoest une leacutegumineuse alimentaire agrave cycle court mais qui exige des traitements insecticides freacutequents

Photo 3 Nieacutebeacute eacuterigeacute cv David CEG Antokofoana

Sa biomasse peu lignifieacutee se deacutegrade tregraves vite et demande agrave ecirctre associeacutee avec une biomasse lignifieacutee comme celle du maiumls ou du sorgho

Madagascar est connu pour sa production de nieacutebeacute type laquo Black eyes raquo exporteacute vers plusieurs pays mais surtout vers lrsquoinde Crsquoest la reacutegion drsquoAmbato Boeny sur les baiboho du Betsiboka qui est la reacutegion de production la plus importante

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13 Les nieacutebeacutes rampants

Les nieacutebeacutes rampants sont des varieacuteteacutes locales seacutelectionneacutes par les paysans sur de longues anneacutees en geacuteneacuteral dans les zones segraveches comme le Sud Malgache La varieacuteteacute SPLF2 seacutelectionneacutee par lrsquoONG TAFA dans la reacutegion du Sud-Ouest renommeacute actuellement FARIMASO par le CTAS ou la varieacuteteacute BABOKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy sont des exemples de nieacutebeacute rampant (ANCOS 2016) Les nieacutebeacutes rampants existent en nombre important dans les zones segraveches mais ne sont pas toutes exploiteacutees Leur gros avantage dans le couvert veacutegeacutetal reacuteside dans leur biomasse tregraves lignifieacutee donc ne se mineacuteralise pas trop vite En plus ils sont tregraves adapteacutes dans tous types de sols en zones segraveches comme ici sur la photo que nous avons prise agrave Tsihombe sur sol tregraves sableux en 2016 une anneacutee tregraves segraveche dans le Sud (RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANAJAKA J 2016

Photo 4 Nieacutebeacute rampant sur sable roux Imongy Tsihombe 2016 peacuteriode tregraves segraveche

dans le Sud

14 Le Vigna radiata

Le Vigna radiata ou Antsoroko est une leacutegumineuse comestible par lrsquohomme au mecircme titre que les nieacutebeacutes Un exemple de ce type de leacutegumineuse est la varieacuteteacute MORAMASAKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy (ANCOS 2016) Les Antsoroko sont cultiveacutes par les paysans ou sont endeacutemiques dans les reacutegions de lrsquoAndroyAnosy dans le Sud-Ouest dans les bassins seacutedimentaires du Menabe du Boeny et du Nord-Ouest donc il y a une grande possibiliteacute de seacutelection de varieacuteteacutes dans les populations existantes Dans le Boeny nous

avons pu identifier une varieacuteteacute drsquoAntsoroko agrave forte biomasse qui srsquoassocie bien avec le maiumls (RAKOTONDRAMANANA 2019)

Photo 5 Antsoroko Bongomena Commune Rurale Marovoay

15 La dolique

Le lablab (Lablab purpureus syn Dolichos lablab L Dolichos purpureus L) eacutegalement appeleacute pois antaque (ou Antaka en Malgache) ou dolique dEacutegypte est une espegravece de leacutegumineuse de la famille des Fabaceae qui est largement reacutepandu comme plante alimentaire dans les reacutegions tropicales notamment en Afrique Plante alimentaire traditionnelle en Afrique ce leacutegume peu connu preacutesente un potentiel inteacuteressant pour ameacuteliorer la nutrition renforcer la seacutecuriteacute alimentaire favoriser le deacuteveloppement rural et soutenir lameacutenagement durable du territoire Dans lrsquoAndroy la dolique est torreacutefieacutee pileacutee au

Photo 6 Dolique photo sur internet

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mortier avec le maiumls et sert de repas riche pour beaucoup de communauteacute

A Madagascar la dolique est geacuteneacuteralement cultiveacutee dans les reacutegions infeacuterieures agrave 1200 m drsquoaltitude (HUSSON O et al 2013) mais pas partout A part lrsquoAndroy et les bassins seacutedimentaires de lrsquoOuest et du Nord-Ouest la dolique se cultive sur les baiboho de la rive Est du Lac Alaotra La dolique donne une biomasse lignifieacutee qui associeacutee avec celle du maiumls creacutee un excellent lit de semis du riz pluvial agrave la prochaine campagne sur la base des reacutesultats sur la rive Est du Lac Alaotra en particulier

Diffeacuterentes varieacuteteacutes ont eacuteteacute seacutelectionneacutees par le CTAS dans lrsquoAndroy Vorompotsy (CTAS D1) Manja (CTAS D2) Ondragne (CTAS D3) Lohapitse (CTAS D4) Les varieacuteteacutes agrave cycle long sont appreacutecieacutees dans le Sud

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Seasea Antake ambahe Antake salazagne) marron port rampant originaire de Tsihombe (ougrave elle est appreacutecieacutee) peu inteacuteressante pour le district drsquoAmbovombe (sensible aux insectes)

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Anta-drazagne Antake mena) rouge ou blanc port rampant tregraves appreacutecieacutee dans le district drsquoAmbovombe pour sa reacutesistance aux insectes

16 Le Stylosanthes guianensis

Crsquoest le systegraveme phare en semis sous couvert veacutegeacutetal dans le Moyen Ouest Le laquo Stylo raquo comme on lrsquoappelle localement ressemble un peu agrave Medicago sativa la luzerne cultiveacutee en France Le stylo a eacuteteacute introduit agrave Madagascar dans le Moyen Ouest pour la production de fourrages Mais cette vieille varieacuteteacute est actuellement sensible agrave lrsquoanthracnose si bien que le GSDM avec le projet Bassin Versant et Peacuterimegravetre Irrigueacute du Lac Alaotra (BV Lac) a introduit en 2004 la varieacuteteacute CIAT 184

bull Crsquoest une leacutegumineuse peacuterenne aux feuilles trifolieacutees on la cultive en moyenne sur un cycle de 3 ans mais qui peut se reconstituer facilement avec les graines tombeacutees dans le sol mecircme apregraves un labour

bull Elle produit une forte biomasse (5 agrave 10 T de matiegravere segraveche sur sol deacutegradeacute et jusqursquoagrave 20 T sur sol riche)

bull Elle fixe entre 70 et 200 kg drsquoazote agrave lrsquohectare bull Son puissant systegraveme racinaire pivotant

restructure les sols bull Son port buissonnant jusqursquoagrave 1m80 de haut

la rend agressive vis agrave vis de la plupart des adventices comme le Striga plante parasite du riz et du maiumls agrave Madagascar

bull Crsquoest un excellent fourrage et elle peut ecirctre pacirctureacutee

bull Ses fleurs sont mellifegraveres il fleurit agrave une peacuteriode ougrave lrsquoabsence de fleurs affaiblit les abeilles creacuteant une continuiteacute juste avant la floraison du litchi

Photo 7 Une bonne biomasse de Stylosanthes Coopeacuterative FANILO

Amparihy commune Vinany

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Ces caracteacuteristiques expliquent qursquoon la surnomme aussi laquo luzerne tropicale raquo et cela en fait un excellent preacuteceacutedent pour de nombreuses cultures et en particulier les plantes qui fournissent les produits de base agrave Madagascar riz et maiumls

Le Stylosanthes guianensis srsquoadapte agrave un large spectre de sols et en particulier les sols acides (elle est capable de produire des nodules agrave pH 4 ) ainsi qursquoagrave de nombreux climats jusqursquoagrave 10001

megravetres drsquoaltitude et une pluviomeacutetrie de 600 agrave 3000 mm par an

17 Les arachis

Arachis est un genre de plantes dicotyleacutedones de la famille des Fabaceae sous-famille des Faboideae originaire dAmeacuterique du Sud qui compte 70 espegraveces annuelles ou vivaces LrsquoArachis apporte beaucoup drsquoazote au sol et en plus crsquoest une plante largement utiliseacutee comme plante mellifegravere

Deux espegraveces ont eacuteteacute essayeacutees agrave Madagascar lrsquoArachis pintoiuml et lrsquoArachis peacuterenne Cette leacutegumineuse a eacuteteacute largement diffuseacutee dans le Pays dans les cultures de rente (cafeacuteier poivrier vanillier giroflier) et dans les cultures fruitiegraveres

Photo 8 Arachis pintoiuml

1 1000 m Corrigeacute par lrsquoauteur le texte initial eacutetait 1600 m drsquoaltitude agrave Madagascar le Stylo nrsquoest plus cultiveacute au-dessus de 1000 m drsquoaltitude

18 La vesce

Vicia sativa la vesce cultiveacutee ou vesce commune est une plante annuelle appartenant agrave la famille des Fabaceacutees du mecircme genre que la fegraveve ou le haricot La vesce commune est cultiveacutee en tant que fourrage mais crsquoest aussi un excellent engrais vert Elle est de plus une plante inteacuteressante pour lrsquoeacutelevage des abeilles et peut eacuteventuellement ecirctre consommeacutee par lrsquohomme De plus la vesce a des difficulteacutes agrave se deacutevelopper dans les sols tregraves argileux

La vesce a eacuteteacute essayeacutee un peu partout agrave Madagascar mais crsquoest surtout au Lac Alaotra sur baiboho et sur colluvions de bas de pente riche qursquoelle a connu un succegraves Au Lac Alaotra la vesce rentre dans un systegraveme Rizcultures maraicircchegraveresvesce Dans ce systegraveme le riz beacuteneacuteficie de la biomasse de la vesce et de lrsquoarriegravere effet de la fertilisation des cultures maraicircchegraveres En plus de sa biomasse on reacutecolte les semences avant de la rouler pour le semis du riz Essayeacute dans les autres reacutegions de Madagascar la vesce a rencontreacute des problegravemes de rotation avec le riz irrigueacute sur les Hauts Plateaux en raison de son cycle qui srsquoallonge et retarde ainsi le repiquage du riz Par ailleurs la production de semences a eacuteteacute un problegraveme

Photo 9 Riz sur biomasse de vesce en Riziegravere agrave Mauvaise Maicirctrise dEau (RMME) M Charles Mahatsinjo CR Ambohitsilaozana Rive Est Lac

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19 Le Pois drsquoAngole

Le pois dAngole (Cajanus cajan syn Cajanus indicus) est une espegravece de plante vivace de la famille des Fabaceae Le pois dAngole est agrave la fois une culture vivriegravere (pois secs farine pois frais ou leacutegumes verts et une culture fourragegravere de couverture) Les pois contiennent des niveaux eacuteleveacutes de proteacuteines et dimportants acides amineacutes (meacutethionine lysine et tryptophane) En combinaison avec des ceacutereacuteales le pois dAngole constitue une alimentation humaine eacutequilibreacutee Aussi sous le nom de pois cajan pois-congo ambrevade ou pwa di bwa en creacuteole Guadeloupeacuteen le pois dAngole est une leacutegumineuse vivace agrave graine cultiveacutee en agriculture pluviale dans les reacutegions tropicales semi-arides httpsfrwikipediaorgwikiPois_d27Angole)

Photo 10 Pois drsquoAngole agrave la maturiteacute des gousses

Les expeacuteriences avec le Pois drsquo Angole ont eacuteteacute surtout obtenues dans lrsquoAndroy ougrave il a eacuteteacute utiliseacute en brise-vent en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute (forecirct de Cajanus) mais surtout a beaucoup contribueacute agrave la seacutecuriteacute alimentaire de cette zone segraveche (RAHARISON T et al 2018) en effet la consommation du pois drsquoAngole est rentreacute dans les habitudes alimentaires de certaines tribus de lrsquoAndroy et se trouve mecircme consommeacute agrave la place du haricot dans les funeacuterailles

Le Pois drsquoAngole est connu pour sa capaciteacute agrave aller chercher lrsquohumiditeacute en profondeur Etant une plante lignifieacutee il aide agrave renforcer la biomasse des autres espegraveces

110 Les crotalaires

Les crotalaires ont eacuteteacute associeacutes au riz pluvial mais sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute un succegraves Cependant les crotalaires ont lrsquoavantage drsquoavoir une biomasse lignifieacutee et qui nrsquoest pas appeacuteteacutee par les animaux Par ailleurs les crotalaires ont des racines profondes qui cherchent lrsquoeau en profondeur

Photo 11 Crotalaria gramihana endeacutemique sur les Hauts Plateaux

2 Les reacutesultats de la recherche

Nous rappelons ici les reacutesultats du site drsquoIvory pour deacutemontrer les capaciteacutes des plantes de

couverture agrave reacutegeacuteneacuterer un sol pauvre infesteacute de striga En effet le sol de ce site un sol ferralitique agrave pH 4 eacutetait abandonneacute par le proprieacutetaire agrave cause de lrsquoimpossibiliteacute drsquoy planter du maiumls et du riz agrave cause du striga

Le site drsquoIvory est situeacute agrave 100 km agrave lrsquoouest drsquoAntsirabe (pregraves de la RN 34 vers Miandrivazo) sur les plateaux de la zone centrale du Moyen Ouest dans le district de Mandoto Commune rurale de Vinany (localisation agrave la fig1) Les systegravemes mis en place ont eacuteteacute baseacutes sur les 3 dispositifs agrave savoir la lutte contre le Striga la diversification des cultures et la collection varieacutetale Les systegravemes de cultures proposeacutees ont eacuteteacute baseacutes sur la mise en place de maiumls en association avec des leacutegumineuses annuelles (vivriegraveres nieacutebeacute soja arachide Vigna umbellata) ou de plantes de couverture (mucuna et Stylosanthes) drsquoune part et la mise en place de plante de couverture fourragegravere (Arachis pintoiuml et Arachis peacuterenne)

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Sur les dispositifs des systegravemes en Agriculture de Conservation sont compareacutes au teacutemoin traditionnel laboureacute avec un minimum drsquointrants F1 (fumier seul agrave 5tha) ou F2 (F1 + 80 kgha de NPK + 25 kgha drsquoureacutee) soit des doses faibles se rapprochant des pratiques paysannes Le traitement en culture pure sans couvert veacutegeacutetal sur labour constitue un teacutemoin commun aux diffeacuterents essais conduits en Agriculture de Conservation (AC) sur reacutesidus ou sur couverture vivante

Figure 1 localisation du site drsquoIvory dans le Moyen Ouest commune de Vinany district de Mandoto

Figure 2 Pluviomeacutetrie par deacutecade sur le site drsquoIvory

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Figure 3 Rendements de riz sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Figure 4 Rendements de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements des systegravemes en Agriculture de Conservation sont nettement plus eacuteleveacutes que ceux obtenus en pratiques traditionnelles Le laquo riz pluvial sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses vivriegraveres raquo est de 37 agrave 47 THa (fertilisation F2) contre seulement 07 agrave 10 tHa sur labour Les systegravemes agrave base de mucuna sont les plus performants Malgreacute une faible pluviomeacutetrie agrave la 3egraveme deacutecade de feacutevrier et agrave la 2egraveme de mars en 2019 les rendements de cette anneacutee nrsquoont pas eacuteteacute affecteacutes ce qui montre bien la reacutesilience des systegravemes en agriculture de conservation sur le changement climatique Les mecircmes observations sont faites sur les rendements du maiumls associeacute

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Ces observations sont reacuteguliegraveres sur de nombreuses anneacutees et montrent qursquoune fois la fertiliteacute restaureacutee avec de fortes biomasses sans labour du sol et avec de faible dose drsquoengrais on aboutit agrave de tregraves bons rendements Lrsquoautre observation importante est la tregraves grande diffeacuterence entre les parcelles laboureacutees et les parcelles non laboureacutees avec les mecircmes doses de fertilisations Ceci srsquoexplique sur le fait que le labour mineacuteralise la matiegravere organique et entraine une perte eacutenorme par lessivage

3 Quels systegravemes pour les Hautes terres

Les systegravemes suivants sont proposeacutes pour large diffusion sur les Hautes Terres Dans le cadre de la diffusion du Projet MANITATRA II on note un fort engouement des paysans pour les systegravemes agrave base de mucuna au vue des premiers reacutesultats obtenus dans les Champs Ecoles Paysans (CEP) et dans les parcelles drsquoapplication des Collegraveges drsquoEnseignement Geacuteneacuteral (CEG) en effet pour la campagne 2019 - 2020 le systegraveme agrave base de mucuna en association avec le maiumls deacuterobeacute dans lrsquoassociation laquo maiumls + haricot raquo ou mecircme en jachegravere de mucuna a connu une adoption importante sur les Hauts terres

31 Le maiumls associeacute au haricot deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la campagne suivante

Le maiumls associeacute au haricot est tregraves courant sur les hautes terres donc agrave la maturiteacute du haricot et mecircme avant la reacutecolte on segraveme le mucuna sur la ligne du haricot La biomasse de maiumls va srsquoassocier agrave celle du mucuna pour constituer un lit de semis pour le riz pluvial sans labour agrave la prochaine campagne Normalement le lit de semis est tregraves peu infesteacute de mauvaises herbes si la biomasse du mucuna arrive agrave couvrir le sol

32 Le maiumls associeacute au soja deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la saison suivante

Comme avec le systegraveme preacuteceacutedent avant la maturiteacute du soja on segraveme le mucuna dans la ligne du soja On peut mecircme le semer agrave la voleacutee

33 Les associations avec lrsquoavoine en vue de production de fourrages

Dans le systegraveme preacuteceacutedent (maiumls + soja) au lieu de semer du mucuna on peut semer de lrsquoavoine qui servira par la suite de fourrage Comme avec le mucuna la parcelle est propre dans un couvert drsquoavoine Le paysan peut preacutelever une partie de la biomasse de lrsquoavoine pour le fourrage

34 Habiller le riz pluvial avec drsquoautres leacutegumineuses

Sur les Hautes Terres une parcelle de riz pluvial qui existe deacutejagrave peut ecirctre habilleacute avec du Pois drsquoAngole ou avec du crotalaire ce qui eacutevitera drsquoavoir une faible biomasse de riz agrave la prochaine campagne Cette pratique a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet MANITATRA II

35 Les embocagements des cultures

Les embocagements de parcelles se feront avec du Tephrosia vogellii une leacutegumineuse tregraves adapteacutee aux reacutegions drsquoaltitude jusqursquoagrave 2000 m Crsquoest aussi un reacutepulsif contre les insectes Cette leacutegumineuse peut pousser tregraves haut jusqursquoagrave 150 m mais on peut aussi la tailler en fin de saison de pluie et les produits de la taille (feuille et rameaux) peuvent ecirctre ajouteacutes agrave la biomasse de la parcelle

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4 Quels systegravemes pour le Moyen Ouest

Le systegraveme phare dans le Moyen Ouest est le systegraveme agrave base de Stylosanthes mais les

systegravemes agrave base de leacutegumineuses annuelles sont aussi deacuteveloppeacutes en parallegravele avec le stylo car les petits paysans avec moins de 1 ha nrsquoont pas envie de srsquoinvestir dans une jachegravere de stylo

41 Le Stylosanthes comme systegraveme phare

Comme deacutecrit plus haut le stylo est la plante de couverture drsquoexcellence pour reacutegeacuteneacuterer les sols deacutegradeacutes Mais contrairement agrave ce qursquoon a veacutehiculeacute comme message auparavant on propose de labourer quand le paysan a envie de revenir aux leacutegumineuses annuelles Cette recommandation est valable notamment pour les petits producteurs ne pouvant pas supporter la jachegravere drsquoune anneacutee Il est important de souligner qursquoune jachegravere de Stylo peut ecirctre planteacutee en maiumls ou en manioc agrave faible densiteacute Par ailleurs la jachegravere de stylo permet aussi de reacutecolter des semences qui sont tregraves demandeacutees actuellement drsquoougrave un compleacutement de revenus important pour le paysan

42 Le maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial

Tous les systegravemes agrave base de maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial ont eacuteteacute testeacutes dans les sites drsquoIvory et peuvent ecirctre diffuseacutes dans le Moyen Ouest ce qui offre un large choix par rapport aux autres reacutegions Il est important de deacuterober du mucuna avec les leacutegumineuses agrave faible biomasse (nieacutebeacute tsiasisa haricot soja)

5 Quels systegravemes au Lac Alaotra

Le Lac Alaotra est connu pour ses grandes surfaces de baiboho et de Riziegraveres agrave Mauvaise Maicirctrise drsquoEau (RMME) ceci agrave cause des fortes eacuterosions des bassins versants reacutesultant drsquoune pluviomeacutetrie violente et de la fragiliteacute du sol drsquoorigine tectonique Dans ces conditions le maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses en rotation avec le riz pluvial est le systegraveme phare sur baiboho et le systegraveme rotation laquo Rizcultures maraichegraveresVesce raquo sur RMME Parmi les leacutegumineuses la

dolique associeacutee au maiumls est agrave privileacutegier car cette plante de couverture est bien adapteacutee dans cette reacutegion

6 Quels systegravemes pour les zones semi-arides de lrsquoAndroy

Le problegraveme essentiel dans lrsquoAndroy est lrsquoeacuterosion eacuteolienne en plus de lrsquoeacuterosion hydrique Crsquoest ainsi que le pois drsquoAngole a eacuteteacute largement utiliseacute en brise-vent mais aussi en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols tregraves deacutegradeacutes par le systegraveme de forecirct de Cajanus

Parmi les leacutegumineuses la dolique est endeacutemique dans la reacutegion mais le mucuna les nieacutebeacutes rampants le konoke (leacutegumineuse endeacutemique du genre Phaseolus sp) sont reacutepandus et bien adopteacutes

Une approche de diffusion par les blocs agro-eacutecologiques a permis une forte adoption de lrsquoAgro-eacutecologie dans lrsquoAndroy seacutedimentaire

7 Quels systegravemes pour le Boeny

Tous les systegravemes deacutecrits plus hauts sont applicables dans le Boeny Il faut noter toutefois la preacutedominance du Vigna radiata (Antsoroko) et nieacutebeacute rampant type Lojomena et du nieacutebeacute type Black Eyes sur les baiboho A cause de la forte eacuterosion des bassins versants dans cette reacutegion les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal sont agrave privileacutegier Un grand effort de formation des intervenants locaux est indispensable

Photo 15 Vigna radiata

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Conclusions

Cet essai de capitalisation est loin drsquoecirctre parfaite Crsquoest un travail qui demande agrave

ecirctre actualiseacute avec le temps Nous nrsquoavons pas couvert toutes les reacutegions mais globalement les systegravemes reposent tous sur les fondamentaux de lrsquoAgriculture de Conservation et de lrsquoAgro-eacutecologie Par ailleurs en plus des formations des intervenants locaux la production de semences de plantes de couverture pose un problegraveme dans beaucoup de reacutegion Il faut noter que le site drsquoIvory et la commune de Vinany ont eacuteteacute une zone de production de semences de couverture pendant de longues anneacutees

Drsquoautres problegravemes qui ne sont pas eacutevoqueacutes dans cet article sont les feux de brousse en saison segraveche et les divagations drsquoanimaux qui diminuent eacutenormeacutement la biomasse laisseacutee sur les sols agrave la prochaine campagne Une prise de conscience collective des paysans semble donner des reacutesultats comme en teacutemoignent les paysans de la commune de Vinany dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra

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Reacutefeacuterences bibliographiques

1 ANCOS 2016 Reacutegistre des espegraveces et varieacuteteacutes exploiteacute dans le systegraveme laquo Semence de Qualiteacute Deacuteclareacutee raquo dans le Sud de Madagascar ANCOS Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche

2 DURRELL 2020 Lrsquointroduction de lrsquoinnovation Agro eacutecologie pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire des communauteacutes aux alentours des Aires proteacutegeacutees (Baie de Baly et Lac Alaotra) et zone humide de Lac Sofia Lot II Y 49 J Ampasanimalo (101) BP 8511 Antananarivo 101 ndash Madagascar httpswwwdurrellorgwildlife httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

3 GSDM 2020 Rapport annuel anneacutee 3 intervention du GSDM dans le Projet PAPAM composante 2 GSDM lot VA 26 Y Ambatoroka ANTANANARIVO 101

4 HUSSON O SEGUY L CHARPENTIER H RAKOTONDRAMANANA MICHELLON R RAHARISON T et al (2013) Manuel pratique du semis direct de Madagascar GSDMCIRADhttpgsdm-mgorgwp-contentfilesManuel_SCV_Mada_V_IntegraleMedpdf

5 RAKOTONDRAMANANA 2019 Rapport de mission de capitalisation dans le PLAE III BOENY 17 au 23 Feacutevrier 2019 PLAE ANALAMAHITSY ANTANANARIVO 101

6 RAKOTONDRAMANANA et al 2018 La rotation ou lrsquoassociation avec le mucuna reacuteduit consideacuterablement les attaques de chenilles leacutegionnaires sur le maiumls Journal de lrsquoAgro-eacutecologie Ndeg7 httpopen-libraryciradfrfiles62385__JAE_NC2B07pdf

7 RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANJAKA J 2016 Rapport de mission de reconnaissance et de diagnostic du Projet SOHAVELO ASARA programme europeacuteen de seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle dans la reacutegion Sud et Sud Est de Madagascar ASARAAINA AVSF Lot VG 25 Antsahabe BP 3149- Antananarivo 101 ndash Madagascar httpopen-libraryciradfr

files62394__Rapport_de_mission_SOHAVELO_VFpdf

8 RAHARISON T et al 2018 Rapport drsquoeacutetude drsquoimpact des pratiques des blocs agro eacutecologiques diffuseacutees dans le cadre du projet HOBA GRET Antananarivo

9 RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019 Diversiteacute et importance des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols dans les exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar Journal de lAgro-eacutecologie Ndeg8 2019 httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

10 h t t p s w w w s u p a g r o f r r e s s - p e p i t e s PlantesdeCouvertureresStylosanthespdf

11 httpsfrwikipediaorgwikiArachis

12 httpsfrwikipediaorgwikiVicia

13 h t t p s f r w i k t i o n a r y o r g w i k i pois_dE28099Angole

14 httpsfrwiktionaryorgwikicrotalaire

15 httpsfrwikipediaorgwikiPois_mascate

16 httpsfrwikipediaorgwikiVigna_unguiculata

17 httpsfrwikipediaorgwikiHaricot_mungo

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SUCCESS STORIES

La technique du lombricompost se diffuse de paysan agrave paysan

Lrsquoutilisation agrave outrance des produits chimiques en tant que pesticides et fertilisants durant lrsquoegravere

de la reacutevolution verte nrsquoavait fait que renforcer les effets du changement climatique sur lrsquoagriculture Hormis son prix eacuteleveacute les engrais de synthegravese solubles laissent toujours des reacutesidus ayant des impacts preacutejudiciables agrave lrsquoenvironnement Dans le cadre de ses projets de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie le GSDM tend agrave former les paysans sur les proceacutedeacutes de fabrication de diffeacuterents types de compost dont le vermicompostage Cela dans lrsquooptique de rendre la production agricole plus durable et plus respectueuse de lrsquoenvironnement Les suivantes sont les teacutemoignages de paysans sur les inteacuterecircts du lombricompostage

Dans la commune rurale drsquoAnkazomiriotra au niveau du village drsquoAmbohitrinibe Fokontany Belanitra Est Madame RABEBINIRINA Minompamonjy David (Mme Mino) fait partie de ces paysans qui ont su tirer profit de lrsquoutilisation du lombricompost

Nrsquoayant pas de zeacutebu nous eacutetions obligeacutes drsquoacheter drsquoeacutenorme quantiteacute de fumiers et drsquoengrais pour fertiliser nos champs Crsquoeacutetait peacutenible vu que notre revenu couvrait difficilement le montant de nos besoins Vers 2013 nous avons assisteacute aux seacuteances de formations et drsquoanimations prodigueacutees par les techniciens travaillant sur le projet pilote Manitatra 1 Apregraves ces formations

ils nous ont fait don de 250g de vers Aujourdrsquohui nous en disposons drsquoau moins 20Kg Les reacutesultats que nous avons obtenus degraves la premiegravere anneacutee drsquoutilisation du lombricompost a eacuteteacute probant Drsquoabord la charge de travail due au transport de fertilisant vers le champ srsquoeacutetait beaucoup amoindri car nous nrsquoavons plus qursquoagrave transporter tout au plus le dixiegraveme du volume de fumier de parc qursquoon utilisait avant En effet 30 agrave 40 kg de lombricompost peut amplement suppleacuteer agrave 2 charrettes de fumier de parc Le sarclage est aussi devenu plus facile car le preacute-compostage a permis drsquoeacuteliminer les graines drsquoadventices qui dlsquohabitude viennent avec les fumiers organiques Ensuite les cultures reacutesistent mieux agrave la segravecheresse et les plantes parasites Par exemple nous avons constateacute que le riz devient plus vigoureux face aux attaques du striga Le rendement est de plus en plus soutenu et les produits maraicircchers sont moins sujets agrave la deacutegradation

La fabrication de lombricompost demande certes une certaine rigueur mais est tout agrave fait agrave la porteacutee de chaque paysan Il vous faut juste preacuteparer du preacute-compost qui servira de nourriture aux vers En plus il est indispensable drsquoarroser et de veacuterifier peacuteriodiquement la tempeacuterature Lrsquoessentiel des travaux consiste agrave seacuteparer les vers des composts mucircrs Il nous arrive encore drsquoacheter du fumier de parc pour servir drsquoappoint au preacute-compost mais ccedila en vaut la peine

Avec notre unique andain nous arrivons agrave produire 600kg de compost par mois

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Nous nrsquoutilisons que le quart de notre production Le reste est vendu agrave des clients qui viennent drsquoun peu partout agrave Madagascar La plus grosse commande que nous avons eue en 2019 eacutetait de 15tonne La production de lombricompost contribue beaucoup agrave nos ressources peacutecuniaire car il nous arrivons agrave lrsquoeacutecouler jusqursquoagrave 1000Ar le kilo

Madame Mino peut ecirctre joint aux numeacuteros suivants 034 19 777 50033 13 412 10

Un autre paysan en la personne de Monsieur RAZAFINDRAKOTO Emilson (Dadakoto) habitant agrave Antanety 2 Commune Antanifotsy a aussi adopteacute le lombricompostage Les suivants sont ses points de vue quant agrave lrsquoutilisation du lombricompost

Nous avons construit le premier andain suite aux seacuteries drsquoanimation-formation effectueacutees par le paysan leader et le technicien du projet Manitatra 2 travaillant dans notre zone Ce premier andain eacutetait devenu productif agrave partir du mois de juin 2019 Je commence juste agrave produire du lombricompost mais jrsquoai deacutejagrave constateacute les reacutesultats sur la bonne veacutegeacutetation de mes maiumls et de mes riz par rapport agrave ce que jrsquoai eu auparavant Afin drsquoaugmenter la production nous avons construit drsquoautres andains et aujourdrsquohui nous en avons 5

Nous avons commenceacute avec 1kg de vers et maintenant nous en avons autour de 60kg Jusqursquoagrave preacutesent ma production est entiegraverement destineacutee agrave lrsquoautoconsommation Nous les utilisons surtout sur nos cultures de tanety comme le riz et le maiumls associeacute aux leacutegumineuses Je trouve qursquoil est plus inteacuteressant drsquoutiliser du lombricompost que de fumier de parc Actuellement je nrsquoutilise presque plus drsquoengrais chimique

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Produit biologique de lutte contre les Chenilles leacutegionnaires drsquoAutomne (CLA) la menace est maitriseacutee un article du Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la pecircche

(Source publication facebook du MAEP le 14 deacutecembre 2019)

Deacutesormais les producteurs de maiumls Malagasy ne devraient plus ecirctre anxieux et inquiets

face agrave la Chenille Leacutegionnaire drsquoAutomne ou CLA La menace est maicirctriseacutee Gracircce aux efforts du Ministegravere de lAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) agrave travers les techniciens de la DPV et de la FOFIFA des diffeacuterents chercheurs de lUniversiteacute dAntananarivo de lEssagro et dexperts africains appuyeacutes par la FAO une souche biologique appeleacutee BT ou Bacillus Thuringiensis a eacuteteacute deacutecouverte Les tests ont deacutemontreacute que cette bacteacuterie naturelle et endeacutemique agrave Madagascar est capable de tuer la CLA Meacutelangeacute agrave 50g de riz blanc elle peut recouvrir 1ha de champ de maiumls

Notons quelle naffecte ni lenvironnement ni la santeacute humaine Madagascar sest aussi doteacute de sa strateacutegie nationale quinquennale de lutte contre la CLA Telles sont parmi les grandes avanceacutees du PROJET DAPPUI DURGENCE Agrave LA MISE EN PLACE DUN SYSTEME DE SURVEILLANCE DE RIPOSTE ET DE LUTTE INTEGREacuteE CONTRE LA CLA meneacute avec lappui technique et financier de la FAO

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Fenetre sur lAgriculture Biologique agrave MadagascarRakotondramanana GSDM

Un projet de loi sur lrsquoAgriculture biologique a eacuteteacute preacutepareacute sur lrsquoinitiative du Syndicat Malgache de lrsquoAgriculture Biologique (SIMABIO) et du MAEP et sera incessamment soumis agrave lrsquoAssembleacutee

Nationale Suite agrave cela un voyage drsquoeacutetude au Maroc et en Tunisie a eacuteteacute reacutealiseacute en vue des perspectives drsquoeacutelaboration drsquoune Strateacutegie Nationale drsquoAppui agrave lrsquoAgriculture Biologique agrave Madagascar (SNABio)

La mission a vu la participation drsquoune deacuteleacutegation conduite par le Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) accompagneacutee du Preacutesident du SIMABIO du projet Coordonnateur National du projet CASEF de lrsquoassistant technique du projet CASEF du repreacutesentant de la recherche (FOFIFA) et du directeur exeacutecutif du GSDM

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Le secteur de lrsquoAgriculture Biologique (AB) agrave Madagascar est en pleine croissance depuis plusieurs anneacutees Repreacutesentant actuellement un chiffre drsquoaffaire annuel de lrsquoordre de 55 Meuro geacuteneacutereacutes par plus drsquoune centaine drsquoentreprises employant 7000 salarieacutes et srsquoapprovisionnant aupregraves de plus de 20 000 agriculteurs le secteur est quasiment exclusivement orienteacute vers lrsquoexportation drsquoune large gamme de produits agricoles beacuteneacuteficiant drsquoune forte typiciteacute (eacutepices fruits tropicaux huiles essentielles cacao crevettes etc) principalement vers lrsquoEurope

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les Etats-Unis le Japon (source CASEF) Les produits bio malgaches sont issues drsquoagriculture bio par des entreprises locales mais aussi de la cueillette Compareacute aux autres pays le coucirct de la certification est trop eacuteleveacute agrave cause du manque de concurrence (un seul organisme certificateur agreacuteeacute ECOCERT)

Au Maroc lrsquoAgriculture biologique repreacutesente de lrsquoordre de 60 Meuro drsquoexportation et en Tunisie 205Meuro mais dans ces deux pays on assiste agrave un marcheacute local en cours de progression Le tableau suivant reacutesume lrsquoagriculture Bio dans les deux pays Globalement les produits exporteacutes sont domineacutes par lrsquohuile drsquoOlive bio dans les deux pays

A lrsquoissue de la mission des perspectives pour Madagascar ont eacuteteacute souleveacutees sous forme drsquoenseignements et reacuteflexions bull Creacuteer un dispositif drsquoappui conseil technique et financier ciblant les producteurs et les entreprises

AB en synergie avec les meacutecanismes existants (FDA Banques IMF etc)bull Subventionner la certification =gt Accroitre la concurrence entre organismes de Controcircle et de Certification (OCC) =gt Agreacutement et controcircle effectif de la part des pouvoirs publicsbull Concevoir une strateacutegie ciblant une diversiteacute de filiegraveres prioritaires de maniegravere inclusive par

exemple Exports Filiegraveres inteacutegreacutees eacutecotourisme Filiegraveres courtes laquo petits producteurs raquo au systegraveme de garantie par Certification de Territoire (CT) et Systegraveme Participatif de Garantie (SPG)

bull Mise en place de centres de recherche technique deacutedieacute agrave lrsquoAB reacutepondant agrave la demande (par ex contrat programme recherche - reacutegions - organisations professionnelles)

bull Conceptionmise en œuvre drsquoun dispositif de formation AB avec obligation de modules dans les cursus agricoles

bull Dynamiser la professionnalisation et la structuration des producteurs et des entreprises malgaches dans lrsquoAB

bull Poursuivre lrsquointeacutegration du secteur priveacute (amont et aval) dans les diffeacuterentes laquo aregravenes raquo institutionnelles deacutefinition des strateacutegies conception et pilotage des dispositifs drsquoappui etc

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La mise en place des parcelles dapplication en Agro-eacutecologie a eacuteteacute effectueacutee au niveau des 8

collegraveges de la reacutegion Boeny Les enseignants et eacutelegraveves ont eacuteteacute accompagneacutes et encadreacutes par les ingeacutenieurs agronomes du GSDM et les techniciens locaux

Une repreacutesentante de la deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo a visiteacute les

reacutealisations du GSDM dans le cadre du projet Manitatra 2 De nombreux points inteacuteressants pouvant ecirctre valoriseacutes dans le cadre dune future coopeacuteration ont eacuteteacute souleveacutes En attendant certaines observations seront agrave partager au cours dun eacuteveacutenement de la Commission europeacuteenne qui se tiendra courant de la 3egraveme semaine du mois de feacutevrier 2020 agrave Bruxelles

Le GSDM maitient lappui technique des 12 eacutetablissements beacuteneacuteficiaires de linteacutegration

de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire dans le Vakinankaratra Il sagit des 6 eacutecoles pilotes PAPAM et des 6 autres extensions reacutealiseacutees dans le cadre du projet MANITATRA 2 Pour lanneacutee scolaire 2019-2020 la mise en place des cultures de grande-saison la mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique ainsi que les suivis reacuteguliers des tehcniciens ont eacuteteacute reacutealiseacutes Quelques enseignants du CEG de Vinany du CEG de Betafo ont mecircme beacuteneacuteficieacutes dune formation de recyclage

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Mise en place de la parcelle dapplication en Agro-eacutecologie au niveau du CEG Mariarano Boeny

Visite des reacutealisations du GSDM projet MANITATRA 2 par une repreacutesentante de la

deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo

Mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique aux 12 eacutetablissements du

Vakinankaratra

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AVRIL 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull RAKOTO HERIMANDIMBY Reneacute - Superviseur de zone du Sud-Est Projet PAPAMbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo AGRISUD- membre du GSDMRubrique laquoDossierraquo GSDMRubrique laquoRechercheraquo Dp SPAD - Partenaire technique du GSDM Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA 2)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth avril 2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

Site WebFacebook

Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

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- Mission de suivi du Comesa les 16 et 17 mars 2020- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020 - Formation CSAFRDA Makanara du 25 au 28 mars 2020

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Emission FIVOHY sur la RNM Tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Deuxiegraveme session de formation des enseignants Boeny du 07 au 10 Avril 2020- Formation des parents deacutelegraveves collegravege Boeny preacutevue durant la semaine du 20 Avril 2020- Visite-eacutechange inter-reacutegional des enseignants parents et elegraveves preacutevue en fin du mois dAvril 2020

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Page 12: Edition trimestrielle N° 9 / 2020

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LrsquoAGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL

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La formation en Agro-eacutecologie en faveur des agents a eacuteteacute reacutealiseacutee du 7 au 9 janvier 2020 et lrsquoappui et accompagnement des techniciens agrave la mise en place des champs eacutecoles du 21 au 23 janvier 2020 Lrsquoobjectif de la formation est de permettre aux techniciens d assurer la formation et lrsquoaccompagnement des beacuteneacuteficiaires sur les pratiques Agro-eacutecologiques dans les zones drsquointervention du projet Huit (8) participants ont assisteacute agrave la formation dont le Responsable de Programme Reacutegional OSDRM le chef de projet ATASEF 2 animateurs et 4 agents de terrain du projet ATASEF

Les geacuteneacuteraliteacutes en matiegravere drsquoAgro-eacutecologie et les pratiques adapteacutees dans les zones drsquointervention du projet ATASEF ont eacuteteacute preacutesenteacutees et discuteacutees durant la formation theacuteorique en salle Pour cette premiegravere session lrsquoembocagement et les bandes veacutegeacutetales lrsquoassociation et la rotation des cultures les composts et la lutte biologique lrsquoagroforesterie ont eacuteteacute deacuteveloppeacutes durant 4 jours de formation en salle Les travaux pratiques ont eacuteteacute reacutealiseacutes agrave Bemasoandro commune Kiangara et agrave Vohitsara commune Tsaramasoandro Lrsquoorganisation de lrsquooccupation de lrsquoespace et de la mise en place des cultures sur les diffeacuterentes parties du terrain ont eacuteteacute discuteacutees Le renforcement de quelques pieds des plants deacutejagrave planteacutes sur des lignes de courbe de niveau (Khaya Paulownia et Acacia) a eacuteteacute effectueacute sur un terrain de plus de 2 hectares agrave Bemasoandro Outre la mise au point sur la technique de traccedilage des courbes de niveau les avantages de lrsquoinstallation des plantes de couverture dans les cultures deacutejagrave en place ont eacuteteacute expliqueacutes aux techniciens et aux agriculteurs preacutesents agrave Vohitsara Lrsquo Appui et lrsquoaccompagnement des techniciens

du projet ATASEF agrave la mise en place des CEP et lrsquoinstallation des plantes ameacuteliorantes de fertiliteacute (leacutegumineuses) dans les cultures deacutejagrave en place au niveau des agriculteurs beacuteneacuteficiaires sont encore preacutevus avant la fin du mois de janvier 2020 Par ailleurs lrsquoappui conseil sur lrsquoameacutelioration du fumier la fabrication de composts et la lutte agro-eacutecologique seront eacutegalement preacutevus pour cette campagne culturale 2019-2020

Des actions de communication de masse pour accompagner la diffusion de lrsquoAgro-eacutecologie

Les actions de communication accompagnent la mise agrave lrsquoeacutechelle

de la diffusion des techniques ainsi que lrsquoanimation et la sensibilisation en Agro-eacutecologie Elles se traduisent par la valorisation des acquisexpeacuteriences au travers de la conception et lrsquoeacutedition des supports de communication adapteacutes aux diffeacuterentes cibles du GSDM Il srsquoagit essentiellement des eacutemissions radioteacuteleacute des films et des supports de formation de la gestion des reacuteseaux sociaux de lrsquoeacutedition des journaux et revues de la participation aux ateliers strateacutegiques aux eacutevegravenements promotionnels et autres plateformes drsquoanimation tant sur le plan national qursquointernational Derniegraverement le GSDM a participeacute dans le guide de lrsquoenvironnement du Ministegravere de lEnvironnement et du Deacuteveloppement Durable (MEDD) le magazine Mahavokatse du MAEP et de lrsquoagenda 2020 du MAEP

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Production et acquisition de fumure organique pour la gestion de la fertiliteacute des sols par les exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice (CIRADAIDA) RAZANAKOTO

Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina (GSDMMontpellier SUPAGRO)

RECHERCHES

1 Introduction

Dans le ndeg8 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait la diversiteacute et lrsquoimportance

des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols agrave partir des reacutesultats obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Les aspects concernant la fumure organique nrsquoavaient eacuteteacute qursquoeffleureacutes ils sont traiteacutes dans cet article qui preacutesente les reacutesultats obtenus sur les mecircmes exploitations agricoles familiales (EAF) du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Pour plus drsquoinformations sur le projet Secure et sur les aspects mateacuteriels et meacutethodes le lecteur est inviteacute agrave consulter le ndeg8 de JAE et le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats preacutesenteacutes sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

Les fertilisants organiques produits par les EAF des zones drsquoeacutetude sont divers Les fumiers sont les plus importants en lien avec les animaux de lrsquoexploitation (bovins porcs volailles lapins)

le systegraveme drsquoeacutelevage et les techniques de production En plus de ces fumiers utiliseacutes purs ou meacutelangeacutes il existe des laquo composts raquo traditionnels fabriqueacutes avec les ordures meacutenagegraveres des cendres etou autres matiegraveres organiques ajouteacutees (ces fumures sont appeleacutees zezi-pako et zezi-davenona) et aussi des composts dont la production suit les techniques diffuseacutees dans le cadre de programmes de deacuteveloppement Les EAF peuvent eacutegalement avoir recours au marcheacute de la fumure organique pour augmenter la disponibiliteacute (acheter ou eacuteventuellement eacutechanger) mais aussi pour vendre

La production et lrsquoacquisition de fumures organiques sont caracteacuteriseacutees ici dans leur diversiteacute Lrsquoanalyse des pratiques montre les logiques suivies par les EAF La variabiliteacute observeacutee est forte notamment en terme de quantiteacutes disponibles qui suggegravere une gamme de propositions adapteacutees de la part de la recherche et du deacuteveloppement pour ameacuteliorer ces pratiques qui sont la clef de voute de la gestion de la fertiliteacute des sols et de la durabiliteacute des systegravemes de culture

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2 La fumure organique produite dans Les EAF

La production de fumure organique (FO) a eacuteteacute eacutevalueacutee1 pour lrsquoanneacutee enquecircteacutee (2016) Toutes les EAF en ont produit sauf trois (moins de 1) qui nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux2 durant toute lrsquoanneacutee et qui nrsquoont pas valoriseacute leurs ordures meacutenagegraveres sous forme de compost

21 Quantiteacutes et composition

Parmi les types de FO (Figure 1) on note lrsquoimportance du fumier meacutelangeacute les exploitations qui ont plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage meacutelangent souvent les deacutejections qui fermentent ensemble dans le parc agrave bœuf ou pendant leur stockage dans une fosse ou simplement en tas Souvent les exploitants y ajoutent les deacutechets meacutenagers des cendres et dans certains cas drsquoautres reacutesidus de culture ou deacutechets (voir infra) Crsquoest donc un produit fertilisant dont la composition et la qualiteacute varient fortement drsquoune EAF agrave une autre

La production moyenne annuelle de FO par EAF (Figure 1) est plus importante dans la zone drsquoArivonimamo (217 tonnes) que dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra (187 tonnes) Les constituants principaux sont le fumier meacutelangeacute et le fumier de bovins qui agrave eux deux repreacutesentent 72 de la FO totale agrave Mandoto et 83 agrave Arivonimamo Lrsquoeacutecart entre les deux moyennes nrsquoest pas tregraves eacuteleveacute mais il est significatif et la diffeacuterence srsquoexplique drsquoabord par un nombre drsquoanimaux drsquoeacutelevage en moyenne plus important dans la zone drsquoArivonimamo (18 bovins et 7 porcs par EAF) que dans la zone de Mandoto (14 bovins et 23 porcs) Il existe une relation lineacuteaire positive entre le nombre moyen de bovins ou la valeur du cheptel dans lrsquoEAF et la quantiteacute de FO produite (coefficients de correacutelations respectivement de 057 et 062 signification agrave 001)

Figure 1 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF selon les zones

1 On notera que cette eacutevaluation a eacuteteacute faite sur la base des deacuteclarations des exploitants agricoles avec les uniteacutes tradition-nelles que sont la charrette le sac la soubique (panier) etc Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes 250 kgcharrette (en reacutefeacuterence agrave Saint Andreacute et al 2016) 30 kgsac et 10 kgsoubique Ainsi les reacutesultats preacutesenteacutes sont des ordres de grandeur mecircme si les chiffres semblent indiquer une certaine preacutecision et si la taille conseacutequente de lrsquoeacutechantillon fait que les approximations se compensent2 Comme pour la production de FO lrsquoeacutelevage est la norme puisque seules 1 des EAF nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte On notera que le fait de ne pas avoir drsquoanimal agrave un moment donneacute ne signifie pas que lrsquoexploitation ne pratique pas lrsquoeacutelevage lrsquoabsence drsquoanimal est le plus souvent conjoncturelle et un indicateur de difficulteacutes eacuteconomiques

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Au-delagrave des diffeacuterences de quantiteacute on note lrsquoimportance du compost traditionnel (zezi-pako) agrave Mandoto avec 16 de la FO alors qursquoagrave Arivonimamo il ne repreacutesente que 1 Le zezi-pako est constitueacute essentiellement agrave partir des ordures domestiques et de veacutegeacutetaux reacutecolteacutes sur ou en dehors de lrsquoEAF (Ravonjiarison et al 2018) Il est reacuteputeacute ne pas contenir de deacutejection animale (mecircme si selon les deacuteclarations 60 des EAF en ajoute voir infra) et srsquoil en contient crsquoest en faible quantiteacute Il peut ecirctre brucircleacute surtout srsquoil contient beaucoup de veacutegeacutetaux peu deacutegradeacutes Le zezi-pako est utiliseacute plutocirct par les petites exploitations les grandes exploitations preacutefeacuterant produire du compost Les quantiteacutes de composts laquo modernes raquo ne sont pas significativement diffeacuterentes entre les zones

22 Les produits apporteacutes dans le fumier et le compost

Les produits apporteacutes pour la fabrication du fumier et du compost ont des effets sur la qualiteacute

fertilisante finale des produits Comme lrsquoindique le Tableau 1 les EAF apportent des produits divers cette pratique permet drsquoaugmenter le volume de fumier produit (Alvarez S 2012 Rasolofo L I 2017) mais aussi de produire des fumures de composition variable par rapport aux caracteacuteristiques reconnues (Ravonjiarison et al 2018)

Lrsquoapport des deacutejections animales est bien sucircr fonction des animaux sur lrsquoEAF mais aussi pour les composts (et en particulier pour le zezi-pako) des deacutejections de zeacutebus ramasseacutees sur les chemins ou parcours emprunteacutes par des animaux qui appartiennent agrave drsquoautres EAF les exploitants connaissent lrsquoimportance des deacutejections animales pour la fumure des cultures et les plus pauvres avec tregraves peu drsquoanimaux ramassent des deacutejections laquo perdues raquo Ainsi 60 des EAF qui produisent du compost ajoutent dans celui-ci des deacutejections animales

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les EAF ajoutent de nombreux produits dans la fabrication du fumier autant si ce nrsquoest plus en freacutequence que pour

le compost Pour les pailles et balles de riz la prioriteacute semble ecirctre donneacutee au fumier mecircme si la freacutequence reste eacuteleveacutee pour le compost Les EAF pratiquent avec un fort pourcentage le recyclage des reacutesidus de cultures (paille de riz balles de riz autres reacutesidus de culture) Pregraves des deux tiers des EAF ajoutent du bozaka1 et une EAF sur deux qui produit du compost ajoute des feuilles drsquoarbres

Tableau 1 Principaux produits apporteacutes pour la fabrication des fumiers ou des composts (en des EAF)

Produits apporteacutes Fumier (EAF=304)

Compost (EAF=122)

Deacutejection de bovins 70

60

Deacutejection de porcs 73Deacutejection de volailles

84

Deacutejection autres animaux

1

Paille de riz 72 60Balles de riz 51 33Reacutesidus autres cultures

43 39

Bozaka 68 60Autres herbes 17 9Feuille darbres 13 50Deacutechets meacutenagers 36 54Cendres 46 57Terre fertile Terreau

3 12

Sels 4 9Vers 0 2Autres produits 4 7

1 Nom geacuteneacuterique pour deacutesigner les laquo herbes raquo et plus particuliegraverement les gramineacutees qui couvrent pentes et sommets des collines (Andropogon eucomus Aristida adscensionis etc) (source dictionnaire malgache httpmotmalgacheorgbinsteny2) Le bozaka peut avoir eacuteteacute coupeacute ou arracheacute dans ce cas il comprend les racines et un peu de terre

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Ces produits bozaka feuilles drsquoarbres autres herbes sont pour la plupart des produits de cueillette et participent agrave une laquo gestion horizontale de la fertiliteacute raquo avec un transfert drsquoeacuteleacutements fertilisants preacuteleveacutes sur drsquoautres parties du terroir et rameneacutes sur les parcelles cultiveacutees (Rollin 1994 Andriambelomanga 2017) amplifiant le mecircme transfert reacutealiseacute par les animaux (pacircturages ou parcours fumier cultures) Les autres produits utiliseacutes notamment par les EAF qui produisent du compost sont les cendres le terreau mais aussi du sel acheteacute et dlsquoautres produits comme de la dolomie de la sciure de bois etc

23 Les motivations pour la production du compost

La production de compost est lrsquoune des techniques vulgariseacutees pour augmenter

les quantiteacutes de matiegraveres fertilisantes encourageacutees par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie Les reacutesultats de lrsquoenquecircte montrent que la moitieacute des EAF agrave Mandoto et 30 des EAF agrave Arivonimamo ont deacutejagrave cette pratique

Tableau 2 Part des EAF qui produisent du compost

Mandoto ArivonimamoCompost moderne

9 12

Compost traditionnel

41 18

Total avec compost

50 30

A Mandoto ce sont les pratiques traditionnelles de production de zezi-pako qui dominent tregraves largement On notera que si le total nrsquoest que de 50 crsquoest que quelques EAF rares toutefois font les deux types de compost A Arivonimamo certainement en raison des programmes de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la technique la part des EAF avec compost laquo moderne raquo est un peu plus eacuteleveacutee mais le compost traditionnel

est moins reacutepandu On pourrait penser que le fumier se substitue au compost crsquoest-agrave-dire qursquoune EAF qui produit du fumier abandonne la production de compost car comme mentionneacute preacuteceacutedemment les EAF apportent en grande partie les mecircmes constituants aux deux types de fumure organique En fait il nrsquoen est rien 55 des EAF qui produisent du compost agrave Mandoto ont du fumier et agrave Arivonimamo ce taux est de 82

La raison principale pour laquelle les EAF produisent du compost crsquoest drsquoabord pour augmenter la quantiteacute disponible de fertilisants (34 des EAF qui ont reacutepondu) ou beacuteneacuteficier des effets en augmentant la production (11) et en ameacuteliorant la fertiliteacute des sols (9) On note tout de mecircme que 25 des EAF ont reacutepondu que crsquoeacutetait parce qursquoelles nrsquoavaient pas de fumier (et le taux est plus eacuteleveacute agrave Mandoto) Enfin 9 des EAF ont eacutevoqueacute le coucirct moindre du compost par rapport aux autres fertilisants et 12 ont donneacute des raisons que lrsquoon peut rattacher agrave une meilleure agronomie le zezi-pako est meilleur que le fumier car brucircleacute il ne transmet pas les maladies ou les graines de mauvaises herbes la cendre du zezi-pako a de nombreux avantages (notamment dans la lutte contre les ravageurs sur les peacutepiniegraveres) le compost est meilleur que les engrais pour les sols etc

Pour les EAF qui produisent du compost les contraintes principales sont pour 38 des EAF qui ont reacutepondu le temps de travail neacutecessaire (notamment pour ramasser les feuilles drsquoarbres le bozaka etc) et pour 35 des EAF la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres On notera que pour 12 des EAF il nrsquoy a pas de veacuteritable limite agrave la production de compost Enfin pour les 16 drsquoEAF restantes ces limites sont diverses lrsquoeau pour lrsquoarrosage du compost (5) mais aussi la treacutesorerie pour acheter le bozaka ou payer la main drsquoœuvre pour ramasser des matiegraveres premiegraveres le risque drsquoincendie etc

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24 Une production de FO tregraves variable selon les EAF

Malgreacute les apports sur le fumier et la production de compost la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF est faible en valeur absolue et surtout comme indiqueacute preacuteceacutedemment on observe une grande diversiteacute de situation entre les EAF avec un coefficient de variation de lrsquoordre de 90 dans les deux zones Les graphiques de la Figure 4 (voir infra la FO produite est en bleu) illustrent cette grande variabiliteacute avec des profils diffeacuterents selon les zones

Dans la zone de Mandoto comme deacutejagrave indiqueacute il y a une forte proportion drsquoEAF avec peu de fumure organique produite (plus de la moitieacute des EAF produisent moins de 15 tonnes) en raison du faible nombre drsquoanimaux et drsquoune production de compost qui reste peu importante Et ces EAF produisent environ frac14 de la fumure totale produite dans le terroir

Dans la zone drsquoArivonimamo la part des EAF avec moins de 15 tonnes est leacutegegraverement moindre (48) mais la FO produite pour lrsquoensemble de ces EAF nrsquoest que de 14 Donc un peu moins drsquoEAF mais une quantiteacute de FO produite tregraves faible On peut mettre cette diffeacuterence entre les deux zones au creacutedit de la production de compost traditionnel les EAF sans animaux sont plus importantes agrave Mandoto mais ces EAF pour compenser produisent du zezi-pako et en final sont moins deacutemunies que les EAF drsquoArivonimamoA lrsquoautre extreacutemiteacute des graphiques la part des EAF avec plus de 5 tonnes est faible agrave Mandoto agrave peine 4 des EAF et qui cumulent 6 de la FO produite totale Dans la zone drsquoArivonimamo la part de ces EAF est nettement plus importante (9) et surtout elles cumulent 29 de la FO Si on regroupe les deux derniegraveres classes la part des EAF avec plus de 3 tonnes agrave Arivonimamo est de 25 et ces EAF cumulent 58 de la FO agrave Mandoto elles sont 17 et cumulent 43 de la FO totale dans le terroir Ainsi si agrave Arivonimamo la production de FO moyenne par EAF est

supeacuterieure les ineacutegaliteacutes entre les EAF sont aussi plus importantes

3 La fumure organique disponible par EAF

La fumure organique disponible dans une EAF est en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les

fumiers produits la fabrication de composts mais aussi des eacutechanges

31 Les eacutechanges de fumure organique

Sur les Hautes Terres les eacutechanges de fumures organiques sont freacutequents que ces eacutechanges

soient marchands (achat vente) ou non (troc ou don)

Tableau 4 Part des EAF qui eacutechangent de la FO

Opeacuteration sur FO

Mandoto Arivonimamo

Ensemble 60 88- dont Achat 30 74- dont Vente 18 19- dont Troc 22 24

Comme le montre le Tableau 4 crsquoest une large majoriteacute des EAF qui eacutechangent de la fumure organique A Arivonimamo la pratique est presque geacuteneacuteraliseacutee avec 88 des EAF qui sont concerneacutees par au moins une opeacuteration drsquoentreacutee ou de sortie de FO

Si les opeacuterations drsquoeacutechanges non moneacutetariseacutes (troc ou don) et les ventes concernent agrave peu pregraves le mecircme pourcentage drsquoEAF dans les deux zones la diffeacuterence est forte en ce qui concerne les achats puisque agrave Arivonimamo ce sont presque 3 EAF sur 4 qui achegravetent de la FO Dans cette zone ougrave les productions maraichegraveres sont importantes les EAF sont agrave la recherche de fumure organique en termes de quantiteacutes pour augmenter le disponible mais aussi de qualiteacute (fumiers de porcs ou de volailles)

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Pour les eacutechanges sous forme de troc la fumure organique est eacutechangeacutee contre du travail (travail manuel ou prestation par exemple labour ou transport) contre de la paille de riz ou autres matiegravere organique (certainement pour produire du fumier) des semences (de riz ou maiumls) etc Les dons sont faits aux membres de la famille (le plus souvent des parents vers les enfants) mais aussi au meacutetayer voire agrave des voisins moins bien doteacutes Il y a donc un marcheacute de la fumure organique entre EAF drsquoune zone donneacutee mais aussi avec des EAF ou drsquoautres deacutetenteurs dans des zones plus eacuteloigneacutees Ainsi agrave Arivonimamo quelques EAF ont pu acqueacuterir des deacutechets urbains et beaucoup ont acheteacute du fumier en provenance drsquoeacutelevages speacutecialiseacutes

Tableau 5 Prix moyen en Ariary drsquoune charrette de fumure organique

Mandoto ArivonimamoNbre PU moyen Nbre PU moyen

Fumier de zeacutebu 179 5 809 225 16 158Fumier meacutelangeacute 49 4 837 88 13 286Fumier de porc 5 36 000 115 41 137Fumier de volaille 3 25 000 80 49 283Compost 8 18 333Zezi-pako 29 4 500

Les prix pour une charrette1 sont tregraves diffeacuterents entre les deux zones Et on peut penser qursquoagrave Arivonimamo le marcheacute de la fumure organique est laquo tendu raquo avec une forte demande et peu de fumure localement commercialiseacutee pour y reacutepondre Cette situation a des conseacutequences sur les prix avec comme lrsquoindique le Tableau 5 des prix tregraves eacuteleveacutes agrave Arivonimamo environ 3 fois plus eacuteleveacutes qursquoagrave Mandoto Ces prix ont eacuteteacute calculeacutes agrave partir des deacuteclarations de vente ou drsquoachat par les producteurs Lrsquoeffectif (Nbre) est le nombre de charrettes sur lequel a eacuteteacute calculeacute le prix moyen La part des achats est bien sucircr beaucoup plus eacuteleveacute et le plus souvent ce prix inclut le transport ce qui nrsquoest pas un eacuteleacutement neacutegligeable notamment agrave Arivonimamo ougrave la fumure provient drsquoeacutelevages relativement eacuteloigneacutes La charrette de fumier de porc ou de volaille est nettement plus chegravere que le fumier de zeacutebus ou de fumier meacutelangeacute Mais ce sont ces deux types de fumier qui sont les plus commerceacutes en quantiteacute

On notera que le pourcentage des EAF qui achegravetent est nettement supeacuterieur agrave celui des EAF qui vendent Les eacutechanges pourraient srsquoeacutequilibrer au niveau du territoire (le fokontany) par les quantiteacutes avec des EAF qui vendraient de grandes quantiteacutes et des EAF qui achegraveteraient de petites quantiteacutes En fait dans notre eacutechantillon (tireacute au sort et donc avec autant de chances de tirer un vendeur qursquoun acheteur) les eacutechanges ne srsquoeacutequilibrent pas et les quantiteacutes vendues ne repreacutesentent que 38 des quantiteacutes acheteacutees agrave Mandoto et seulement 22 agrave Arivonimamo Ainsi globalement les EAF achegravetent des fumures organiques agrave des exploitations agricoles drsquoautres fokontany et ceci est particuliegraverement reacutepandu agrave Arivonimamo avec des EAF qui achegravetent aux eacutelevages de poulets de chair de poules pondeuses ou de porcs proches de la ville drsquoImerintsiatosika

1 Aucune information nrsquoa eacuteteacute collecteacutee sur le poids des charrettes car le travail aurait eacuteteacute trop lourd agrave reacutealiser Ce poids deacutepend du niveau de remplissage mais aussi et beaucoup de la qualiteacute de la fumure organique Comme deacutejagrave indiqueacute pour faire les conversions nous avons utiliseacute le poids de 250 kg par charrette pour couvrir tous les types de fumure et eacuteviter les surestimations Certains pourront consideacuterer ce poids comme sous-estimeacute

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Figure 2 Evolution de la fumure moyenne produite par EAF

La fumure produite dans une EAF nrsquoest pas la fumure disponible celle-ci eacutevolue en fonction

des eacutechanges La Figure 2 preacutesente la situation moyenne drsquoune EAF selon la zone On constate que la quantiteacute de fumure disponible pour les cultures (apregraves entreacutees et sorties) est en moyenne plus importante que la fumure produite (voir aussi Tableau 6) Ainsi agrave Arivonimamo la fumure disponible passe agrave 29 tonnes par EAF alors que la quantiteacute produite est de lrsquoordre de 22 tonnes A Mandoto lrsquoeacutecart nrsquoest pas si important mais reste significatif avec respectivement 21 et 19 tonnesAinsi on peut deacuteduire de ces donneacutees que la strateacutegie des EAF est drsquoaugmenter la production de fumure organique sur lrsquoEAF (eacutelevage compost) mais aussi drsquoaugmenter la fumure organique disponible pour fertiliser les parcelles en achetant sur le marcheacute ou en srsquoapprovisionnant agrave travers

des eacutechanges non marchands Et cette strateacutegie est particuliegraverement dominante agrave ArivonimamoMais ces tendances geacuteneacuterales cachent de fortes dispariteacutes Ainsi les 3 EAF qui nrsquoavaient pas produit de FO en ont obtenu par achat et troc mais 4 EAF ont ceacutedeacute toute leur fumure organique Ainsi il y a toujours environ 1 de lrsquoeacutechantillon qui nrsquoa pas de FO disponible

32 Quantiteacutes disponibles et variabiliteacute

Ainsi lrsquoEAF moyenne a augmenteacute sa disponibiliteacute en FO dans les deux zones

(Figure 2 et Tableau 6) La composition (Figure 4) a eacutevolueacute par rapport agrave la FO produite (Figure 1) et ceci plus particuliegraverement agrave Arivonimamo Dans cette zone la part du fumier meacutelangeacute a fortement diminueacute (passant de 47 agrave 33) comme mais dans une moindre mesure celle du fumier bovin et ce sont les fumiers agrave base de deacutejections de porcs ou de fiente de volaille qui ont fortement progresseacute passant de 8 agrave 16 On note eacutegalement la progression du type autre FO qui est passeacute de 3 agrave 6 en lien avec lrsquoacquisition de deacutechets ou boues urbaines

Figure 3 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique disponible par EAF selon les zones

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A Mandoto les changements sont mineurs et concernent la reacutepartition entre fumier meacutelangeacute et fumier bovin ce dernier type progresse au deacutetriment du fumier meacutelangeacute Ceci srsquoexplique par le fait que les eacutechanges et en particulier moneacutetaires concernent le fumier de bovin et peu le fumier meacutelangeacute

Mais mecircme si on enregistre quelques eacutevolutions ce sont toujours le fumier de bovin et le fumier meacutelangeacute qui sont les fumures organiques les plus importantes car ils repreacutesentent plus de 70 des quantiteacutes moyennes disponibles au niveau de lrsquoEAF moyenne

Comme pour la fumure produite la fumure disponible par EAF est tregraves variable La variabiliteacute a mecircme augmenteacute avec des coefficients de variation autour de la moyenne un peu plus eacuteleveacutes pour la FO disponible Mais le recours au marcheacute et les eacutechanges non marchands ont fait fortement eacutevoluer la reacutepartition de la fumure organique entre les EAF La Figure 4 illustre ces eacutevolutions contrasteacutees selon les zones

Figure 4 Evolution de la reacutepartition des EAF et de la FO selon des classes de quantiteacutes de FO produite et disponible en tonnes

A Mandoto lrsquoeacutevolution nrsquoest pas tregraves importante les pourcentages drsquoEAF progressent en mecircme temps que les classes de quantiteacute de FO mais de maniegravere tregraves modeacutereacutee Le recours aux eacutechanges nrsquoentraicircne pas de modification spectaculaire dans le profil des graphiques que cela soit pour la reacutepartition des EAF ou pour la reacutepartition de la FO la part des EAF avec moins 05 tonne diminue de 18 agrave 15 et crsquoest la classe de 05 agrave 15 tonnes qui progresse de 3 la part des EAF les mieux pourvues (plus de 5 tonnes) progresse mais tregraves faiblement aussi

A Arivonimamo les changements sont beaucoup plus importants La part des EAF avec moins de 05 tonne diminue pour passer de 22 avec la fumure produite agrave seulement 9 pour la fumure disponible Ainsi la plus grande partie des EAF les moins pourvues se sont procureacutees de la FO sur le marcheacute ou par le troc car pour les cultures maraichegraveres il est indispensable drsquoavoir de la fumure organique Et ce sont les classes avec de plus grandes quantiteacutes de FO qui ont progresseacute de maniegravere remarquable

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les EAF avec plus de 3 tonnes sont passeacutees de 25 agrave 42 et la fumure que cumulent ces EAF est passeacutee de 58 agrave 73 La progression tregraves forte des EAF les mieux pourvues srsquoest tout de mecircme traduite par une concentration au niveau de ces EAF

33 Quantiteacute de fumure organique et surface

Lrsquoimportance de la fumure organique drsquoune EAF ne peut ecirctre appreacutecieacutee qursquoen fonction de la superficie agrave cultiver qui elle-mecircme deacutepend de la Surface Agricole Utile disponible par EAF Celle-ci varie selon la zone avec environ 15 ha agrave Mandoto et 09 ha agrave Arivonimamo

Tableau 6 Superficie et quantiteacutes moyennes par EAF

Variables par EAF Mandoto Arivonimamo

Moyenne CV Moyenne CVSAU (ha) 148 88 091 82FO produite (tonne) 187 90 218 92

FO disponible (tonne) 213 102 290 78

FO disponible (tonneha) 169 84 367 66

La quantiteacute de fumure disponible est en relation lineacuteaire avec la SAU les coefficients de correacutelation entre ces deux variables sont relativement eacuteleveacutes avec +076 agrave Mandoto et +059 agrave Arivonimamo et significatifs agrave 001 Dans les deux zones ces coefficients sont supeacuterieurs agrave ceux qui lient les variables de cheptel (nombre de bovins et valeur totale du cheptel) et les variables de SAU ainsi on peut en deacuteduire que cette relation entre quantiteacute de FO et surface nrsquoest pas seulement fonction des animaux disponibles mais bien dlsquoune strateacutegie des EAF une laquo strateacutegie de construction de la fertiliteacute raquo des sols (NrsquoDieacutenor et al 2011)

Figure 5 Nuages de points entre SAU et FO disponible pour chaque zone

Quand on ramegravene la quantiteacute de fumure organique disponible par ha de SAU la zone Arivonimamo apparaicirct nettement mieux pourvue avec pregraves de 35 t ha de SAU alors qursquoagrave Mandoto ougrave les EAF ont moins de FO disponible et plus de surface la moyenne est de 21 tonneha

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Les graphiques en nuage de points mettent en eacutevidence cette relation Les coefficients Rsup2 ne sont pas tregraves eacuteleveacutes ce qui signifie que la SAU disponible agrave elle seule nrsquoexplique pas tregraves bien la variabiliteacute observeacutee A Mandoto il y a quelques points atypiques (par exemple un producteur avec une superficie assez faible et beaucoup de fumure parce que le cheptel est important) mais la reacutegression semble repreacutesenter assez bien la situation la FO disponible est eacutegale agrave 125 fois la SAU + 03 tonnes

A Arivonimamo la reacutepartition des points est assez atypique et il semble exister deux groupes de producteurs avec des strateacutegies diffeacuterentes le premier en rouge dans le graphique vise une quantiteacute importante de FO par uniteacute de surface (35 fois la superficie plus 125 tonnes) alors que le second se rapproche de la situation de Mandoto et semble rechercher une quantiteacute de FO qui repreacutesente 15 fois la SAU + 01 tonne

Pour expliquer ces diffeacuterences entre les deux groupes il faut rechercher du cocircteacute des cultures pratiqueacutees avec pour le premier groupe des surfaces en cultures maraichegraveres plus importantes et avec pour le second un assolement beaucoup plus traditionnel (ces aspects seront analyseacutes dans le prochain article)

Ces quantiteacutes moyennes semblent cependant insuffisantes pour renouveler la fertiliteacute des sols cultiveacutes car selon les travaux de P Garin meneacutes il est vrai dans la zone du Lac Alaotra il faudrait 4 tonneshaan en moyenne de fumier pailleux neacutecessaire (Garin 1998 citeacute par Dubois 2004) pour restituer au sol la bonne quantiteacute de matiegravere organique contrebalanccedilant la mineacuteralisation de la matiegravere organique due aux cultures

Mais nombre de producteurs notamment dans la zone dArivonimamo ajoutent agrave la fumure organique des engrais mineacuteraux Ce point sera traiteacute dans le prochain numeacutero de JAE avec un article sur les strateacutegies drsquoutilisation de la fumure organique et mineacuterale

34 La qualiteacute fertilisante des fumiers

Dans le cadre du mecircme projet de recherche Secure des eacutechantillons de fumures

organiques destineacutees agrave la culture de riz pluvial ont eacuteteacute preacuteleveacutes dans 40 fermes de reacutefeacuterence (20 dans chacune des zones) pour la campagne culturale 2018-2019 Une quantiteacute drsquoenviron 700 cm3 a eacuteteacute preacuteleveacutee sur les parcelles au moment de la mise en place de la culture du riz Ces eacutechantillons ont eacuteteacute analyseacutes et les reacutesultats donnent une indication de la qualiteacute moyenne des fumiers produits et utiliseacutes dans les zones

Tableau 3 Qualiteacute des fumiers utiliseacutes (en de la matiegravere segraveche)

Zone pH N P KMandoto 86 11 03 18Arivonimamo 82 10 07 13

Avec des pH supeacuterieurs agrave 8 les fumiers permettent de corriger laciditeacute des sols (qui ont souvent des pH de deacutepart autour de 5) par leur pouvoir alcalinisant et dameacuteliorer dans la dureacutee les sols pour les rendre plus favorables aux cultures exigeantes comme le maiumls le soja le haricot les cultures maraichegraveres etc

La qualiteacute selon les trois principaux eacuteleacutements (N=Azote P=Phosphore et K=Potassium) peut ecirctre ainsi commenteacutee

bull N les teneurs moyennes en azote sont plutocirct faibles dans les 2 zones mettant en lumiegravere la neacutecessiteacute de mieux conserver cet eacuteleacutement tregraves mobile par dallage couverture rajout de pailles de riz ou de fanes de leacutegumineuse pour stockage de lurine Toutes les plantes ont besoin drsquoazote

bull P une teneur en phosphore nettement plus eacuteleveacutee agrave Arivonimamo en raison dassociations de deacutejections agrave base de volaille et de porc (dont une partie est acheteacutee voir infra) Mais ces teneurs sont faibles alors que lrsquoinsuffisance des sols en phosphore est tregraves souvent un des principaux facteurs limitant pour les cultures

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La FO avec ses faibles teneurs en P est de maniegravere geacuteneacuterale insuffisante pour lever ce facteur limitant

bull K les teneurs en potassium sont relativement eacuteleveacutees dans les deux zones par concentration des pailles par lrsquoajout de cendres de balles de riz ou de balles de riz en lrsquoeacutetat Le potassium est important notamment pour les cultures fruitiegraveres et maraicircchegraveres

Pour appreacutecier la qualiteacute en terme de nutrition des plantes on peut comparer les apports du fumier agrave ceux drsquoun engrais NPK 112216 (utiliseacute couramment dans la reacutegion) Le fumier moyen entre les deux reacutegions agrave des teneurs que lrsquoon peut arrondir agrave 1N 05P 15K en matiegravere segraveche (MS) ainsi en faisant simplement le rapport avec les des analyses 1 kilogramme drsquoengrais eacutequivaut pour N agrave 11 kgfumier MS pour P agrave 44 kgfumier MS et pour K agrave 11 kgfumier MS

Pour se rapprocher des pratiques paysannes il faut faire la comparaison avec des matiegraveres fraicircches et en uniteacute traditionnelle Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes le poids en MS eacutequivaut agrave 50 du poids en matiegravere fraiche une charrette de fumure organique pegravese1 250 kg Ainsi une charrette de fumier de faible qualiteacute eacutequivaut pour N agrave 11 kg pour P agrave 3 kg et pour K agrave 12 kg de lrsquoengrais NPK (112216) utiliseacute pour la comparaison

Si on fait la comparaison en termes de prix avec le kilogramme drsquoengrais agrave 2 200 Arkg (prix de 2019) et une charrette agrave 10 000 Ar lrsquouniteacute fertilisante coucircte avec lrsquoengrais environ 4 500 Ar et 2 700 Ar avec la charrette de fumier Ainsi lrsquoapport de FO est nettement plus inteacuteressant sur le plan eacuteconomique et ceci drsquoautant plus que la fumure est autoproduit valorisant ainsi lrsquoeacutelevage

1 Comme deacutejagrave indiqueacute le poids de la charrette varie for-tement selon le volume de remplissage et la qualiteacute du fumier Avec du fumier de bonne qualiteacute une charrette peut peser 400 kg voire plus mais avec du fumier de mauvaise qualiteacute ou du zezi-pako le poids peut descendre nettement en dessous des 250 kg Pour prendre en compte lrsquoensemble des types de fumure or-ganique nous avons adopteacute le poids moyen de 250 kgcharrette (notamment en reacutefeacuterence agrave Saint-Andreacute et al 2016)

etou le travail familial Cet amendement a aussi de nombreuses autres qualiteacutes que nrsquoa pas lrsquoapport drsquoengrais mineacuteraux avec des effets sur la structure et la faune du sol lrsquoapport drsquoeacuteleacutements fertilisants secondaires et des utilisations agronomiques inteacuteressantes (par exemple pour ameacuteliorer la leveacutee des cultures)

Ces calculs ont eacuteteacute faits avec des reacutefeacuterences moyennes plutocirct deacutefavorables agrave la FO (notamment le poids de la charrette) or les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de la qualiteacute et de la quantiteacute du fumier produit sont nombreuses (Salgado et Tillard 2012) avec des effets positifs sur la productiviteacute de la terre et du travail (Marline 20152) Dans le cadre des fermes de reacutefeacuterence sur les deux zones des agriculteurs appuyeacutes par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie se sont engageacutes dans un processus dameacutelioration des fumures organiques et peuvent ecirctre des reacutefeacuterents pour la diffusion des techniques

4 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La fumure organique disponible dans une EAF est fonction des quantiteacutes produites (en

moyenne 217 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 187 tonnes dans le MO du Vakinankaratra) en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les pratiques de compostage Mais pas seulement car le recours au marcheacute ou au eacutechanges non marchands font eacutevoluer de maniegravere significative agrave la fois les quantiteacutes disponibles par EAF mais aussi la qualiteacute et la reacutepartition entre les EAF La FO moyenne disponible est de 29 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 21 tonnes dans le MO du Vakinankaratra Rameneacutee agrave la SAU la quantiteacute de FO disponible est 367 tonnes par ha agrave Arivonimamo et 169 tha agrave Mandoto

2 Apregraves avoir enquecircteacute trente exploitations agricoles de la reacutegion Vakinankaratra Marline conclut que laquo lrsquoadoption des pra-tiques drsquoameacutelioration de la qualiteacute du fumier ne se traduit pas par une augmentation significative du coucirct de production du fumier notamment en raison des eacuteconomies drsquoeacutechelle dans la fabrication du fumier de qualiteacute En utilisant les reacutesultats des expeacuterimenta-tions de BIOVA lrsquoeacutepandage du fumier ameacutelioreacute sur les parcelles augmenterait la productiviteacute agricole de la terre de 27 et la pro-ductiviteacute globale du travail de 23 raquo (Marline 2015)

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Les produits ajouteacutes au fumier sont nombreux et la production de compost traditionnel ou laquo moderne raquo est reacutepandue

Ainsi que cela soit en termes de pourcentage drsquoEAF inteacuteresseacutees ou en termes de motivation il y a dans ces deux zones une base solide de pratiques et de connaissances paysannes sur laquelle peut srsquoappuyer la vulgarisation de lrsquoameacutelioration de la quantiteacute et de la qualiteacute du fumier et la production de compost

La recherche a commenceacute agrave analyser la diversiteacute de ces pratiques et leurs effets sur la production Un grand nombre de matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et animales sont recycleacutees et les premiers reacutesultats montrent drsquoimportantes synergies entre elles avec des associations courantes avec les engrais

La theacutematique de la fertilisation organique est importante pour les agriculteurs de ces zones Parmi diffeacuterentes pratiques agroeacutecologiques lrsquoutilisation des FO est assez geacuteneacuteraliseacutee et les agriculteurs adoptent via ces pratiques des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute (cf paragraphe 33) Dans cette optique les accompagnements et renforcements de la part des acteurs du deacuteveloppement rural nous semblent tregraves pertinents en matiegravere drsquoaugmentation en quantiteacute et en qualiteacute Les reacutefeacuterences drsquoameacutelioration existent deacutejagrave (Salgado et Tillard 2012 Rasolofo et al 2018) Des plantes ameacuteliorantes peuvent ecirctre eacutegalement utiliseacutees agrave lrsquoeacutechelle des EAF ou du territoire On peut citer les plantes reacutepulsives qui ameacuteliorent les FO dans la lutte contre les insectes (cf reacutefeacuterences du GSDM) les Tithonia qui apportent une quantiteacute significativement importante de K compareacutes agrave diffeacuterents types de fumiers (Olabode et al 2007) etc

Lrsquoeacutetude reacutevegravele eacutegalement que lrsquoutilisation des fumiers meacutelangeacutes provenant de plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage est une pratique courante des agriculteurs dans les deux zones Lrsquoameacutelioration des conduites drsquoeacutelevage dont lrsquoalimentation la santeacute ou lrsquohabitat pourrait ainsi ecirctre une autre faccedilon de rehausser la qualiteacute fertilisante des FO encore consideacutereacutee comme faible Lrsquoameacutelioration

dans ce cas devrait concerner de plus en plus les animaux agrave cycle court tels que les volailles etou les porcs En fait crsquoest parce que lrsquoeacutelevage bovin est menaceacute par les vols alors que les EAF ont toutes au moins des volailles au sein de leur exploitation

Les agriculteurs savent que la fumure organique est la base pour une bonne gestion de la fertiliteacute des sols qursquoelle permet drsquoameacuteliorer lrsquoefficience des engrais apporteacutes et qursquoelle peut aussi jouer un rocircle de leveacutee de certaines deacuteficiences De nouveaux enjeux apparaissent comme pour le compost avec la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et un besoin de reacutefeacuterentiel technico-eacuteconomique pour faire eacutevoluer la production de zezi-pako vers un compost avec plus de qualiteacutes fertilisantes

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Les plantes de services en Agro-eacutecologie les rotations et successions des cultures leccedilons apprises du GSDM

Rakotondramanana Raharison T Randriamitantsoa M Moussa N Razanamparany C Tokiherinionja TF Sandratriniaina R R

Randriamiarana V Razaka M

Introduction

Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale les paysans pratiquent toujours des associations de cultures mais

pour la plupart il srsquoagit drsquoassociation laquo gramineacutee ndash gramineacutee raquo qui ne contribue pas du tout agrave la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols Dans le district de Mandoto par exemple lrsquoassociation maiumls + riz pluvial (41 des surfaces) manioc + maiumls (19 des surfaces) maiumls + arachide (10 des surfaces) sont les plus dominantes (RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019) A part lrsquoassociation avec lrsquoarachide ces associations nrsquoont pas beaucoup drsquointeacuterecirct dans la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et devraient changer en association gramineacutees - leacutegumineuses en utilisant les plantes de couverture agrave forte capaciteacute de reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols en plus de leurs proprieacuteteacutes eacuteprouveacutees en tant que plantes de services Lrsquoassociation du maiumls avec le haricot est tregraves courante aussi bien sur les Hautes Terres que dans le Moyen Ouest crsquoest une association ougrave lrsquoon a deux cultures alimentaires en mecircme temps mais la biomasse de la leacutegumineuse le haricot se mineacuteralise tregraves vite et nrsquoest plus visible apregraves la saison segraveche De mecircme lrsquoassociation du maiumls avec le soja est aussi tregraves freacutequent sur les Hautes Terres et surtout sur les sols volcaniques drsquoAntsirabe et de Betafo mais comme le haricot le soja se mineacuteralise tregraves vite et ne contribue pas beaucoup agrave la biomasse

Le but principal de cet article est de rappeler les principales plantes de couvertures en compleacutetant avec les acquis du GSDM dans les principales reacutegions de Madagascar ceci par rapport aux donneacutees du Manuel pratique du semis direct de Madagascar (HUSSON O et al 2013) un travail collectif sous la houlette drsquoOlivier HUSSON ougrave nous avons largement contribueacute et dont les principales informations ont eacuteteacute soit actualiseacutees soit compleacuteteacutees

Brefs aperccedilus des principales plantes de couvertures ou drsquoembocagement des parcelles

11 Le mucuna

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc) mais ses proprieacuteteacutes en agronomie nrsquoont eacuteteacute que tregraves peu documenteacutees ou sont resteacutees inconnues Pourtant cette leacutegumineuse a un tregraves grand inteacuterecirct en agronomie

Photo 1 Une bonne biomasse de mucuna

111 Une leacutegumineuse pour la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et la lutte contre le striga

Dans le site drsquoIvory sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + Mucuna varient de 468 agrave 485 tha en F1 et de 5 agrave 536tha en F2 et les rendements de maiumls en association avec le Mucuna varient de 44 agrave 487 tha en F1

1 et de 53 agrave 56tha en F2

2 Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020)

1 F1 5 tha de fumier de ferme

2 F2 F1 + 80 kgha de NPK 11- 22 ndash 16 et 25 kg ha drsquoureacutee

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Ce systegraveme bisannuel en agriculture de conservation permet drsquoobtenir des rendements stables de la production de riz et de maiumls associeacute Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans et dans les eacutecoles (CEG) appuyeacutees par le GSDM

112 Une leacutegumineuse pour lutter contre les mauvaises herbes

Photo 2 Apregraves une biomasse de mucuna (jachegravere de mucuna en haut et biomasse de mucuna associeacute avec du maiumls en bas) pas de

mauvaises herbes pour la culture suivante

113 Un reacutepulsif contre les insectes et mecircme contre drsquoautres ravageurs des cultures

Contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) LrsquoONG DURRELL qui a introduit des

associations agrave base de mucuna dans les aires proteacutegeacutees a pu observer que le mucuna limite aussi les attaques de sangliers (DURRELL 2020) Les varieacuteteacutes noires type Garadake du CTAS ou marbreacute existent mais il semble que la varieacuteteacute noire est la plus appreacutecieacutee

12 Le nieacutebeacute eacuterigeacute

Le nieacutebeacute (Vigna unguiculata subsp unguiculata) est une sous-espegravece veacutegeacutetale du Vigna unguiculata originaire drsquoAfrique Probablement introduit en Ameacuterique tropicale au XVIIegraveme siegravecle par les Espagnols le nieacutebeacute est aujourdhui largement cultiveacute dans le Sud des Eacutetats-Unis aux Caraiumlbes et au Breacutesil et bien sucircr en Afrique Les observations faites sur de longues anneacutees montrent que le nieacutebeacute eacuterigeacute David est adapteacute agrave tous les types de sols dans tous les milieux agrave Madagascar Sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute proposeacutee dans les zones humides de la Cocircte Est uniquement agrave cause de problegraveme de production de semences Comme le haricot crsquoest une leacutegumineuse alimentaire agrave cycle court mais qui exige des traitements insecticides freacutequents

Photo 3 Nieacutebeacute eacuterigeacute cv David CEG Antokofoana

Sa biomasse peu lignifieacutee se deacutegrade tregraves vite et demande agrave ecirctre associeacutee avec une biomasse lignifieacutee comme celle du maiumls ou du sorgho

Madagascar est connu pour sa production de nieacutebeacute type laquo Black eyes raquo exporteacute vers plusieurs pays mais surtout vers lrsquoinde Crsquoest la reacutegion drsquoAmbato Boeny sur les baiboho du Betsiboka qui est la reacutegion de production la plus importante

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13 Les nieacutebeacutes rampants

Les nieacutebeacutes rampants sont des varieacuteteacutes locales seacutelectionneacutes par les paysans sur de longues anneacutees en geacuteneacuteral dans les zones segraveches comme le Sud Malgache La varieacuteteacute SPLF2 seacutelectionneacutee par lrsquoONG TAFA dans la reacutegion du Sud-Ouest renommeacute actuellement FARIMASO par le CTAS ou la varieacuteteacute BABOKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy sont des exemples de nieacutebeacute rampant (ANCOS 2016) Les nieacutebeacutes rampants existent en nombre important dans les zones segraveches mais ne sont pas toutes exploiteacutees Leur gros avantage dans le couvert veacutegeacutetal reacuteside dans leur biomasse tregraves lignifieacutee donc ne se mineacuteralise pas trop vite En plus ils sont tregraves adapteacutes dans tous types de sols en zones segraveches comme ici sur la photo que nous avons prise agrave Tsihombe sur sol tregraves sableux en 2016 une anneacutee tregraves segraveche dans le Sud (RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANAJAKA J 2016

Photo 4 Nieacutebeacute rampant sur sable roux Imongy Tsihombe 2016 peacuteriode tregraves segraveche

dans le Sud

14 Le Vigna radiata

Le Vigna radiata ou Antsoroko est une leacutegumineuse comestible par lrsquohomme au mecircme titre que les nieacutebeacutes Un exemple de ce type de leacutegumineuse est la varieacuteteacute MORAMASAKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy (ANCOS 2016) Les Antsoroko sont cultiveacutes par les paysans ou sont endeacutemiques dans les reacutegions de lrsquoAndroyAnosy dans le Sud-Ouest dans les bassins seacutedimentaires du Menabe du Boeny et du Nord-Ouest donc il y a une grande possibiliteacute de seacutelection de varieacuteteacutes dans les populations existantes Dans le Boeny nous

avons pu identifier une varieacuteteacute drsquoAntsoroko agrave forte biomasse qui srsquoassocie bien avec le maiumls (RAKOTONDRAMANANA 2019)

Photo 5 Antsoroko Bongomena Commune Rurale Marovoay

15 La dolique

Le lablab (Lablab purpureus syn Dolichos lablab L Dolichos purpureus L) eacutegalement appeleacute pois antaque (ou Antaka en Malgache) ou dolique dEacutegypte est une espegravece de leacutegumineuse de la famille des Fabaceae qui est largement reacutepandu comme plante alimentaire dans les reacutegions tropicales notamment en Afrique Plante alimentaire traditionnelle en Afrique ce leacutegume peu connu preacutesente un potentiel inteacuteressant pour ameacuteliorer la nutrition renforcer la seacutecuriteacute alimentaire favoriser le deacuteveloppement rural et soutenir lameacutenagement durable du territoire Dans lrsquoAndroy la dolique est torreacutefieacutee pileacutee au

Photo 6 Dolique photo sur internet

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mortier avec le maiumls et sert de repas riche pour beaucoup de communauteacute

A Madagascar la dolique est geacuteneacuteralement cultiveacutee dans les reacutegions infeacuterieures agrave 1200 m drsquoaltitude (HUSSON O et al 2013) mais pas partout A part lrsquoAndroy et les bassins seacutedimentaires de lrsquoOuest et du Nord-Ouest la dolique se cultive sur les baiboho de la rive Est du Lac Alaotra La dolique donne une biomasse lignifieacutee qui associeacutee avec celle du maiumls creacutee un excellent lit de semis du riz pluvial agrave la prochaine campagne sur la base des reacutesultats sur la rive Est du Lac Alaotra en particulier

Diffeacuterentes varieacuteteacutes ont eacuteteacute seacutelectionneacutees par le CTAS dans lrsquoAndroy Vorompotsy (CTAS D1) Manja (CTAS D2) Ondragne (CTAS D3) Lohapitse (CTAS D4) Les varieacuteteacutes agrave cycle long sont appreacutecieacutees dans le Sud

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Seasea Antake ambahe Antake salazagne) marron port rampant originaire de Tsihombe (ougrave elle est appreacutecieacutee) peu inteacuteressante pour le district drsquoAmbovombe (sensible aux insectes)

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Anta-drazagne Antake mena) rouge ou blanc port rampant tregraves appreacutecieacutee dans le district drsquoAmbovombe pour sa reacutesistance aux insectes

16 Le Stylosanthes guianensis

Crsquoest le systegraveme phare en semis sous couvert veacutegeacutetal dans le Moyen Ouest Le laquo Stylo raquo comme on lrsquoappelle localement ressemble un peu agrave Medicago sativa la luzerne cultiveacutee en France Le stylo a eacuteteacute introduit agrave Madagascar dans le Moyen Ouest pour la production de fourrages Mais cette vieille varieacuteteacute est actuellement sensible agrave lrsquoanthracnose si bien que le GSDM avec le projet Bassin Versant et Peacuterimegravetre Irrigueacute du Lac Alaotra (BV Lac) a introduit en 2004 la varieacuteteacute CIAT 184

bull Crsquoest une leacutegumineuse peacuterenne aux feuilles trifolieacutees on la cultive en moyenne sur un cycle de 3 ans mais qui peut se reconstituer facilement avec les graines tombeacutees dans le sol mecircme apregraves un labour

bull Elle produit une forte biomasse (5 agrave 10 T de matiegravere segraveche sur sol deacutegradeacute et jusqursquoagrave 20 T sur sol riche)

bull Elle fixe entre 70 et 200 kg drsquoazote agrave lrsquohectare bull Son puissant systegraveme racinaire pivotant

restructure les sols bull Son port buissonnant jusqursquoagrave 1m80 de haut

la rend agressive vis agrave vis de la plupart des adventices comme le Striga plante parasite du riz et du maiumls agrave Madagascar

bull Crsquoest un excellent fourrage et elle peut ecirctre pacirctureacutee

bull Ses fleurs sont mellifegraveres il fleurit agrave une peacuteriode ougrave lrsquoabsence de fleurs affaiblit les abeilles creacuteant une continuiteacute juste avant la floraison du litchi

Photo 7 Une bonne biomasse de Stylosanthes Coopeacuterative FANILO

Amparihy commune Vinany

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Ces caracteacuteristiques expliquent qursquoon la surnomme aussi laquo luzerne tropicale raquo et cela en fait un excellent preacuteceacutedent pour de nombreuses cultures et en particulier les plantes qui fournissent les produits de base agrave Madagascar riz et maiumls

Le Stylosanthes guianensis srsquoadapte agrave un large spectre de sols et en particulier les sols acides (elle est capable de produire des nodules agrave pH 4 ) ainsi qursquoagrave de nombreux climats jusqursquoagrave 10001

megravetres drsquoaltitude et une pluviomeacutetrie de 600 agrave 3000 mm par an

17 Les arachis

Arachis est un genre de plantes dicotyleacutedones de la famille des Fabaceae sous-famille des Faboideae originaire dAmeacuterique du Sud qui compte 70 espegraveces annuelles ou vivaces LrsquoArachis apporte beaucoup drsquoazote au sol et en plus crsquoest une plante largement utiliseacutee comme plante mellifegravere

Deux espegraveces ont eacuteteacute essayeacutees agrave Madagascar lrsquoArachis pintoiuml et lrsquoArachis peacuterenne Cette leacutegumineuse a eacuteteacute largement diffuseacutee dans le Pays dans les cultures de rente (cafeacuteier poivrier vanillier giroflier) et dans les cultures fruitiegraveres

Photo 8 Arachis pintoiuml

1 1000 m Corrigeacute par lrsquoauteur le texte initial eacutetait 1600 m drsquoaltitude agrave Madagascar le Stylo nrsquoest plus cultiveacute au-dessus de 1000 m drsquoaltitude

18 La vesce

Vicia sativa la vesce cultiveacutee ou vesce commune est une plante annuelle appartenant agrave la famille des Fabaceacutees du mecircme genre que la fegraveve ou le haricot La vesce commune est cultiveacutee en tant que fourrage mais crsquoest aussi un excellent engrais vert Elle est de plus une plante inteacuteressante pour lrsquoeacutelevage des abeilles et peut eacuteventuellement ecirctre consommeacutee par lrsquohomme De plus la vesce a des difficulteacutes agrave se deacutevelopper dans les sols tregraves argileux

La vesce a eacuteteacute essayeacutee un peu partout agrave Madagascar mais crsquoest surtout au Lac Alaotra sur baiboho et sur colluvions de bas de pente riche qursquoelle a connu un succegraves Au Lac Alaotra la vesce rentre dans un systegraveme Rizcultures maraicircchegraveresvesce Dans ce systegraveme le riz beacuteneacuteficie de la biomasse de la vesce et de lrsquoarriegravere effet de la fertilisation des cultures maraicircchegraveres En plus de sa biomasse on reacutecolte les semences avant de la rouler pour le semis du riz Essayeacute dans les autres reacutegions de Madagascar la vesce a rencontreacute des problegravemes de rotation avec le riz irrigueacute sur les Hauts Plateaux en raison de son cycle qui srsquoallonge et retarde ainsi le repiquage du riz Par ailleurs la production de semences a eacuteteacute un problegraveme

Photo 9 Riz sur biomasse de vesce en Riziegravere agrave Mauvaise Maicirctrise dEau (RMME) M Charles Mahatsinjo CR Ambohitsilaozana Rive Est Lac

Alaotra

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19 Le Pois drsquoAngole

Le pois dAngole (Cajanus cajan syn Cajanus indicus) est une espegravece de plante vivace de la famille des Fabaceae Le pois dAngole est agrave la fois une culture vivriegravere (pois secs farine pois frais ou leacutegumes verts et une culture fourragegravere de couverture) Les pois contiennent des niveaux eacuteleveacutes de proteacuteines et dimportants acides amineacutes (meacutethionine lysine et tryptophane) En combinaison avec des ceacutereacuteales le pois dAngole constitue une alimentation humaine eacutequilibreacutee Aussi sous le nom de pois cajan pois-congo ambrevade ou pwa di bwa en creacuteole Guadeloupeacuteen le pois dAngole est une leacutegumineuse vivace agrave graine cultiveacutee en agriculture pluviale dans les reacutegions tropicales semi-arides httpsfrwikipediaorgwikiPois_d27Angole)

Photo 10 Pois drsquoAngole agrave la maturiteacute des gousses

Les expeacuteriences avec le Pois drsquo Angole ont eacuteteacute surtout obtenues dans lrsquoAndroy ougrave il a eacuteteacute utiliseacute en brise-vent en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute (forecirct de Cajanus) mais surtout a beaucoup contribueacute agrave la seacutecuriteacute alimentaire de cette zone segraveche (RAHARISON T et al 2018) en effet la consommation du pois drsquoAngole est rentreacute dans les habitudes alimentaires de certaines tribus de lrsquoAndroy et se trouve mecircme consommeacute agrave la place du haricot dans les funeacuterailles

Le Pois drsquoAngole est connu pour sa capaciteacute agrave aller chercher lrsquohumiditeacute en profondeur Etant une plante lignifieacutee il aide agrave renforcer la biomasse des autres espegraveces

110 Les crotalaires

Les crotalaires ont eacuteteacute associeacutes au riz pluvial mais sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute un succegraves Cependant les crotalaires ont lrsquoavantage drsquoavoir une biomasse lignifieacutee et qui nrsquoest pas appeacuteteacutee par les animaux Par ailleurs les crotalaires ont des racines profondes qui cherchent lrsquoeau en profondeur

Photo 11 Crotalaria gramihana endeacutemique sur les Hauts Plateaux

2 Les reacutesultats de la recherche

Nous rappelons ici les reacutesultats du site drsquoIvory pour deacutemontrer les capaciteacutes des plantes de

couverture agrave reacutegeacuteneacuterer un sol pauvre infesteacute de striga En effet le sol de ce site un sol ferralitique agrave pH 4 eacutetait abandonneacute par le proprieacutetaire agrave cause de lrsquoimpossibiliteacute drsquoy planter du maiumls et du riz agrave cause du striga

Le site drsquoIvory est situeacute agrave 100 km agrave lrsquoouest drsquoAntsirabe (pregraves de la RN 34 vers Miandrivazo) sur les plateaux de la zone centrale du Moyen Ouest dans le district de Mandoto Commune rurale de Vinany (localisation agrave la fig1) Les systegravemes mis en place ont eacuteteacute baseacutes sur les 3 dispositifs agrave savoir la lutte contre le Striga la diversification des cultures et la collection varieacutetale Les systegravemes de cultures proposeacutees ont eacuteteacute baseacutes sur la mise en place de maiumls en association avec des leacutegumineuses annuelles (vivriegraveres nieacutebeacute soja arachide Vigna umbellata) ou de plantes de couverture (mucuna et Stylosanthes) drsquoune part et la mise en place de plante de couverture fourragegravere (Arachis pintoiuml et Arachis peacuterenne)

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Sur les dispositifs des systegravemes en Agriculture de Conservation sont compareacutes au teacutemoin traditionnel laboureacute avec un minimum drsquointrants F1 (fumier seul agrave 5tha) ou F2 (F1 + 80 kgha de NPK + 25 kgha drsquoureacutee) soit des doses faibles se rapprochant des pratiques paysannes Le traitement en culture pure sans couvert veacutegeacutetal sur labour constitue un teacutemoin commun aux diffeacuterents essais conduits en Agriculture de Conservation (AC) sur reacutesidus ou sur couverture vivante

Figure 1 localisation du site drsquoIvory dans le Moyen Ouest commune de Vinany district de Mandoto

Figure 2 Pluviomeacutetrie par deacutecade sur le site drsquoIvory

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Figure 3 Rendements de riz sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Figure 4 Rendements de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements des systegravemes en Agriculture de Conservation sont nettement plus eacuteleveacutes que ceux obtenus en pratiques traditionnelles Le laquo riz pluvial sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses vivriegraveres raquo est de 37 agrave 47 THa (fertilisation F2) contre seulement 07 agrave 10 tHa sur labour Les systegravemes agrave base de mucuna sont les plus performants Malgreacute une faible pluviomeacutetrie agrave la 3egraveme deacutecade de feacutevrier et agrave la 2egraveme de mars en 2019 les rendements de cette anneacutee nrsquoont pas eacuteteacute affecteacutes ce qui montre bien la reacutesilience des systegravemes en agriculture de conservation sur le changement climatique Les mecircmes observations sont faites sur les rendements du maiumls associeacute

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Ces observations sont reacuteguliegraveres sur de nombreuses anneacutees et montrent qursquoune fois la fertiliteacute restaureacutee avec de fortes biomasses sans labour du sol et avec de faible dose drsquoengrais on aboutit agrave de tregraves bons rendements Lrsquoautre observation importante est la tregraves grande diffeacuterence entre les parcelles laboureacutees et les parcelles non laboureacutees avec les mecircmes doses de fertilisations Ceci srsquoexplique sur le fait que le labour mineacuteralise la matiegravere organique et entraine une perte eacutenorme par lessivage

3 Quels systegravemes pour les Hautes terres

Les systegravemes suivants sont proposeacutes pour large diffusion sur les Hautes Terres Dans le cadre de la diffusion du Projet MANITATRA II on note un fort engouement des paysans pour les systegravemes agrave base de mucuna au vue des premiers reacutesultats obtenus dans les Champs Ecoles Paysans (CEP) et dans les parcelles drsquoapplication des Collegraveges drsquoEnseignement Geacuteneacuteral (CEG) en effet pour la campagne 2019 - 2020 le systegraveme agrave base de mucuna en association avec le maiumls deacuterobeacute dans lrsquoassociation laquo maiumls + haricot raquo ou mecircme en jachegravere de mucuna a connu une adoption importante sur les Hauts terres

31 Le maiumls associeacute au haricot deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la campagne suivante

Le maiumls associeacute au haricot est tregraves courant sur les hautes terres donc agrave la maturiteacute du haricot et mecircme avant la reacutecolte on segraveme le mucuna sur la ligne du haricot La biomasse de maiumls va srsquoassocier agrave celle du mucuna pour constituer un lit de semis pour le riz pluvial sans labour agrave la prochaine campagne Normalement le lit de semis est tregraves peu infesteacute de mauvaises herbes si la biomasse du mucuna arrive agrave couvrir le sol

32 Le maiumls associeacute au soja deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la saison suivante

Comme avec le systegraveme preacuteceacutedent avant la maturiteacute du soja on segraveme le mucuna dans la ligne du soja On peut mecircme le semer agrave la voleacutee

33 Les associations avec lrsquoavoine en vue de production de fourrages

Dans le systegraveme preacuteceacutedent (maiumls + soja) au lieu de semer du mucuna on peut semer de lrsquoavoine qui servira par la suite de fourrage Comme avec le mucuna la parcelle est propre dans un couvert drsquoavoine Le paysan peut preacutelever une partie de la biomasse de lrsquoavoine pour le fourrage

34 Habiller le riz pluvial avec drsquoautres leacutegumineuses

Sur les Hautes Terres une parcelle de riz pluvial qui existe deacutejagrave peut ecirctre habilleacute avec du Pois drsquoAngole ou avec du crotalaire ce qui eacutevitera drsquoavoir une faible biomasse de riz agrave la prochaine campagne Cette pratique a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet MANITATRA II

35 Les embocagements des cultures

Les embocagements de parcelles se feront avec du Tephrosia vogellii une leacutegumineuse tregraves adapteacutee aux reacutegions drsquoaltitude jusqursquoagrave 2000 m Crsquoest aussi un reacutepulsif contre les insectes Cette leacutegumineuse peut pousser tregraves haut jusqursquoagrave 150 m mais on peut aussi la tailler en fin de saison de pluie et les produits de la taille (feuille et rameaux) peuvent ecirctre ajouteacutes agrave la biomasse de la parcelle

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4 Quels systegravemes pour le Moyen Ouest

Le systegraveme phare dans le Moyen Ouest est le systegraveme agrave base de Stylosanthes mais les

systegravemes agrave base de leacutegumineuses annuelles sont aussi deacuteveloppeacutes en parallegravele avec le stylo car les petits paysans avec moins de 1 ha nrsquoont pas envie de srsquoinvestir dans une jachegravere de stylo

41 Le Stylosanthes comme systegraveme phare

Comme deacutecrit plus haut le stylo est la plante de couverture drsquoexcellence pour reacutegeacuteneacuterer les sols deacutegradeacutes Mais contrairement agrave ce qursquoon a veacutehiculeacute comme message auparavant on propose de labourer quand le paysan a envie de revenir aux leacutegumineuses annuelles Cette recommandation est valable notamment pour les petits producteurs ne pouvant pas supporter la jachegravere drsquoune anneacutee Il est important de souligner qursquoune jachegravere de Stylo peut ecirctre planteacutee en maiumls ou en manioc agrave faible densiteacute Par ailleurs la jachegravere de stylo permet aussi de reacutecolter des semences qui sont tregraves demandeacutees actuellement drsquoougrave un compleacutement de revenus important pour le paysan

42 Le maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial

Tous les systegravemes agrave base de maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial ont eacuteteacute testeacutes dans les sites drsquoIvory et peuvent ecirctre diffuseacutes dans le Moyen Ouest ce qui offre un large choix par rapport aux autres reacutegions Il est important de deacuterober du mucuna avec les leacutegumineuses agrave faible biomasse (nieacutebeacute tsiasisa haricot soja)

5 Quels systegravemes au Lac Alaotra

Le Lac Alaotra est connu pour ses grandes surfaces de baiboho et de Riziegraveres agrave Mauvaise Maicirctrise drsquoEau (RMME) ceci agrave cause des fortes eacuterosions des bassins versants reacutesultant drsquoune pluviomeacutetrie violente et de la fragiliteacute du sol drsquoorigine tectonique Dans ces conditions le maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses en rotation avec le riz pluvial est le systegraveme phare sur baiboho et le systegraveme rotation laquo Rizcultures maraichegraveresVesce raquo sur RMME Parmi les leacutegumineuses la

dolique associeacutee au maiumls est agrave privileacutegier car cette plante de couverture est bien adapteacutee dans cette reacutegion

6 Quels systegravemes pour les zones semi-arides de lrsquoAndroy

Le problegraveme essentiel dans lrsquoAndroy est lrsquoeacuterosion eacuteolienne en plus de lrsquoeacuterosion hydrique Crsquoest ainsi que le pois drsquoAngole a eacuteteacute largement utiliseacute en brise-vent mais aussi en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols tregraves deacutegradeacutes par le systegraveme de forecirct de Cajanus

Parmi les leacutegumineuses la dolique est endeacutemique dans la reacutegion mais le mucuna les nieacutebeacutes rampants le konoke (leacutegumineuse endeacutemique du genre Phaseolus sp) sont reacutepandus et bien adopteacutes

Une approche de diffusion par les blocs agro-eacutecologiques a permis une forte adoption de lrsquoAgro-eacutecologie dans lrsquoAndroy seacutedimentaire

7 Quels systegravemes pour le Boeny

Tous les systegravemes deacutecrits plus hauts sont applicables dans le Boeny Il faut noter toutefois la preacutedominance du Vigna radiata (Antsoroko) et nieacutebeacute rampant type Lojomena et du nieacutebeacute type Black Eyes sur les baiboho A cause de la forte eacuterosion des bassins versants dans cette reacutegion les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal sont agrave privileacutegier Un grand effort de formation des intervenants locaux est indispensable

Photo 15 Vigna radiata

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Conclusions

Cet essai de capitalisation est loin drsquoecirctre parfaite Crsquoest un travail qui demande agrave

ecirctre actualiseacute avec le temps Nous nrsquoavons pas couvert toutes les reacutegions mais globalement les systegravemes reposent tous sur les fondamentaux de lrsquoAgriculture de Conservation et de lrsquoAgro-eacutecologie Par ailleurs en plus des formations des intervenants locaux la production de semences de plantes de couverture pose un problegraveme dans beaucoup de reacutegion Il faut noter que le site drsquoIvory et la commune de Vinany ont eacuteteacute une zone de production de semences de couverture pendant de longues anneacutees

Drsquoautres problegravemes qui ne sont pas eacutevoqueacutes dans cet article sont les feux de brousse en saison segraveche et les divagations drsquoanimaux qui diminuent eacutenormeacutement la biomasse laisseacutee sur les sols agrave la prochaine campagne Une prise de conscience collective des paysans semble donner des reacutesultats comme en teacutemoignent les paysans de la commune de Vinany dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra

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Reacutefeacuterences bibliographiques

1 ANCOS 2016 Reacutegistre des espegraveces et varieacuteteacutes exploiteacute dans le systegraveme laquo Semence de Qualiteacute Deacuteclareacutee raquo dans le Sud de Madagascar ANCOS Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche

2 DURRELL 2020 Lrsquointroduction de lrsquoinnovation Agro eacutecologie pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire des communauteacutes aux alentours des Aires proteacutegeacutees (Baie de Baly et Lac Alaotra) et zone humide de Lac Sofia Lot II Y 49 J Ampasanimalo (101) BP 8511 Antananarivo 101 ndash Madagascar httpswwwdurrellorgwildlife httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

3 GSDM 2020 Rapport annuel anneacutee 3 intervention du GSDM dans le Projet PAPAM composante 2 GSDM lot VA 26 Y Ambatoroka ANTANANARIVO 101

4 HUSSON O SEGUY L CHARPENTIER H RAKOTONDRAMANANA MICHELLON R RAHARISON T et al (2013) Manuel pratique du semis direct de Madagascar GSDMCIRADhttpgsdm-mgorgwp-contentfilesManuel_SCV_Mada_V_IntegraleMedpdf

5 RAKOTONDRAMANANA 2019 Rapport de mission de capitalisation dans le PLAE III BOENY 17 au 23 Feacutevrier 2019 PLAE ANALAMAHITSY ANTANANARIVO 101

6 RAKOTONDRAMANANA et al 2018 La rotation ou lrsquoassociation avec le mucuna reacuteduit consideacuterablement les attaques de chenilles leacutegionnaires sur le maiumls Journal de lrsquoAgro-eacutecologie Ndeg7 httpopen-libraryciradfrfiles62385__JAE_NC2B07pdf

7 RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANJAKA J 2016 Rapport de mission de reconnaissance et de diagnostic du Projet SOHAVELO ASARA programme europeacuteen de seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle dans la reacutegion Sud et Sud Est de Madagascar ASARAAINA AVSF Lot VG 25 Antsahabe BP 3149- Antananarivo 101 ndash Madagascar httpopen-libraryciradfr

files62394__Rapport_de_mission_SOHAVELO_VFpdf

8 RAHARISON T et al 2018 Rapport drsquoeacutetude drsquoimpact des pratiques des blocs agro eacutecologiques diffuseacutees dans le cadre du projet HOBA GRET Antananarivo

9 RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019 Diversiteacute et importance des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols dans les exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar Journal de lAgro-eacutecologie Ndeg8 2019 httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

10 h t t p s w w w s u p a g r o f r r e s s - p e p i t e s PlantesdeCouvertureresStylosanthespdf

11 httpsfrwikipediaorgwikiArachis

12 httpsfrwikipediaorgwikiVicia

13 h t t p s f r w i k t i o n a r y o r g w i k i pois_dE28099Angole

14 httpsfrwiktionaryorgwikicrotalaire

15 httpsfrwikipediaorgwikiPois_mascate

16 httpsfrwikipediaorgwikiVigna_unguiculata

17 httpsfrwikipediaorgwikiHaricot_mungo

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La technique du lombricompost se diffuse de paysan agrave paysan

Lrsquoutilisation agrave outrance des produits chimiques en tant que pesticides et fertilisants durant lrsquoegravere

de la reacutevolution verte nrsquoavait fait que renforcer les effets du changement climatique sur lrsquoagriculture Hormis son prix eacuteleveacute les engrais de synthegravese solubles laissent toujours des reacutesidus ayant des impacts preacutejudiciables agrave lrsquoenvironnement Dans le cadre de ses projets de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie le GSDM tend agrave former les paysans sur les proceacutedeacutes de fabrication de diffeacuterents types de compost dont le vermicompostage Cela dans lrsquooptique de rendre la production agricole plus durable et plus respectueuse de lrsquoenvironnement Les suivantes sont les teacutemoignages de paysans sur les inteacuterecircts du lombricompostage

Dans la commune rurale drsquoAnkazomiriotra au niveau du village drsquoAmbohitrinibe Fokontany Belanitra Est Madame RABEBINIRINA Minompamonjy David (Mme Mino) fait partie de ces paysans qui ont su tirer profit de lrsquoutilisation du lombricompost

Nrsquoayant pas de zeacutebu nous eacutetions obligeacutes drsquoacheter drsquoeacutenorme quantiteacute de fumiers et drsquoengrais pour fertiliser nos champs Crsquoeacutetait peacutenible vu que notre revenu couvrait difficilement le montant de nos besoins Vers 2013 nous avons assisteacute aux seacuteances de formations et drsquoanimations prodigueacutees par les techniciens travaillant sur le projet pilote Manitatra 1 Apregraves ces formations

ils nous ont fait don de 250g de vers Aujourdrsquohui nous en disposons drsquoau moins 20Kg Les reacutesultats que nous avons obtenus degraves la premiegravere anneacutee drsquoutilisation du lombricompost a eacuteteacute probant Drsquoabord la charge de travail due au transport de fertilisant vers le champ srsquoeacutetait beaucoup amoindri car nous nrsquoavons plus qursquoagrave transporter tout au plus le dixiegraveme du volume de fumier de parc qursquoon utilisait avant En effet 30 agrave 40 kg de lombricompost peut amplement suppleacuteer agrave 2 charrettes de fumier de parc Le sarclage est aussi devenu plus facile car le preacute-compostage a permis drsquoeacuteliminer les graines drsquoadventices qui dlsquohabitude viennent avec les fumiers organiques Ensuite les cultures reacutesistent mieux agrave la segravecheresse et les plantes parasites Par exemple nous avons constateacute que le riz devient plus vigoureux face aux attaques du striga Le rendement est de plus en plus soutenu et les produits maraicircchers sont moins sujets agrave la deacutegradation

La fabrication de lombricompost demande certes une certaine rigueur mais est tout agrave fait agrave la porteacutee de chaque paysan Il vous faut juste preacuteparer du preacute-compost qui servira de nourriture aux vers En plus il est indispensable drsquoarroser et de veacuterifier peacuteriodiquement la tempeacuterature Lrsquoessentiel des travaux consiste agrave seacuteparer les vers des composts mucircrs Il nous arrive encore drsquoacheter du fumier de parc pour servir drsquoappoint au preacute-compost mais ccedila en vaut la peine

Avec notre unique andain nous arrivons agrave produire 600kg de compost par mois

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Nous nrsquoutilisons que le quart de notre production Le reste est vendu agrave des clients qui viennent drsquoun peu partout agrave Madagascar La plus grosse commande que nous avons eue en 2019 eacutetait de 15tonne La production de lombricompost contribue beaucoup agrave nos ressources peacutecuniaire car il nous arrivons agrave lrsquoeacutecouler jusqursquoagrave 1000Ar le kilo

Madame Mino peut ecirctre joint aux numeacuteros suivants 034 19 777 50033 13 412 10

Un autre paysan en la personne de Monsieur RAZAFINDRAKOTO Emilson (Dadakoto) habitant agrave Antanety 2 Commune Antanifotsy a aussi adopteacute le lombricompostage Les suivants sont ses points de vue quant agrave lrsquoutilisation du lombricompost

Nous avons construit le premier andain suite aux seacuteries drsquoanimation-formation effectueacutees par le paysan leader et le technicien du projet Manitatra 2 travaillant dans notre zone Ce premier andain eacutetait devenu productif agrave partir du mois de juin 2019 Je commence juste agrave produire du lombricompost mais jrsquoai deacutejagrave constateacute les reacutesultats sur la bonne veacutegeacutetation de mes maiumls et de mes riz par rapport agrave ce que jrsquoai eu auparavant Afin drsquoaugmenter la production nous avons construit drsquoautres andains et aujourdrsquohui nous en avons 5

Nous avons commenceacute avec 1kg de vers et maintenant nous en avons autour de 60kg Jusqursquoagrave preacutesent ma production est entiegraverement destineacutee agrave lrsquoautoconsommation Nous les utilisons surtout sur nos cultures de tanety comme le riz et le maiumls associeacute aux leacutegumineuses Je trouve qursquoil est plus inteacuteressant drsquoutiliser du lombricompost que de fumier de parc Actuellement je nrsquoutilise presque plus drsquoengrais chimique

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Produit biologique de lutte contre les Chenilles leacutegionnaires drsquoAutomne (CLA) la menace est maitriseacutee un article du Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la pecircche

(Source publication facebook du MAEP le 14 deacutecembre 2019)

Deacutesormais les producteurs de maiumls Malagasy ne devraient plus ecirctre anxieux et inquiets

face agrave la Chenille Leacutegionnaire drsquoAutomne ou CLA La menace est maicirctriseacutee Gracircce aux efforts du Ministegravere de lAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) agrave travers les techniciens de la DPV et de la FOFIFA des diffeacuterents chercheurs de lUniversiteacute dAntananarivo de lEssagro et dexperts africains appuyeacutes par la FAO une souche biologique appeleacutee BT ou Bacillus Thuringiensis a eacuteteacute deacutecouverte Les tests ont deacutemontreacute que cette bacteacuterie naturelle et endeacutemique agrave Madagascar est capable de tuer la CLA Meacutelangeacute agrave 50g de riz blanc elle peut recouvrir 1ha de champ de maiumls

Notons quelle naffecte ni lenvironnement ni la santeacute humaine Madagascar sest aussi doteacute de sa strateacutegie nationale quinquennale de lutte contre la CLA Telles sont parmi les grandes avanceacutees du PROJET DAPPUI DURGENCE Agrave LA MISE EN PLACE DUN SYSTEME DE SURVEILLANCE DE RIPOSTE ET DE LUTTE INTEGREacuteE CONTRE LA CLA meneacute avec lappui technique et financier de la FAO

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Fenetre sur lAgriculture Biologique agrave MadagascarRakotondramanana GSDM

Un projet de loi sur lrsquoAgriculture biologique a eacuteteacute preacutepareacute sur lrsquoinitiative du Syndicat Malgache de lrsquoAgriculture Biologique (SIMABIO) et du MAEP et sera incessamment soumis agrave lrsquoAssembleacutee

Nationale Suite agrave cela un voyage drsquoeacutetude au Maroc et en Tunisie a eacuteteacute reacutealiseacute en vue des perspectives drsquoeacutelaboration drsquoune Strateacutegie Nationale drsquoAppui agrave lrsquoAgriculture Biologique agrave Madagascar (SNABio)

La mission a vu la participation drsquoune deacuteleacutegation conduite par le Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) accompagneacutee du Preacutesident du SIMABIO du projet Coordonnateur National du projet CASEF de lrsquoassistant technique du projet CASEF du repreacutesentant de la recherche (FOFIFA) et du directeur exeacutecutif du GSDM

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Le secteur de lrsquoAgriculture Biologique (AB) agrave Madagascar est en pleine croissance depuis plusieurs anneacutees Repreacutesentant actuellement un chiffre drsquoaffaire annuel de lrsquoordre de 55 Meuro geacuteneacutereacutes par plus drsquoune centaine drsquoentreprises employant 7000 salarieacutes et srsquoapprovisionnant aupregraves de plus de 20 000 agriculteurs le secteur est quasiment exclusivement orienteacute vers lrsquoexportation drsquoune large gamme de produits agricoles beacuteneacuteficiant drsquoune forte typiciteacute (eacutepices fruits tropicaux huiles essentielles cacao crevettes etc) principalement vers lrsquoEurope

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ACTUALITES

les Etats-Unis le Japon (source CASEF) Les produits bio malgaches sont issues drsquoagriculture bio par des entreprises locales mais aussi de la cueillette Compareacute aux autres pays le coucirct de la certification est trop eacuteleveacute agrave cause du manque de concurrence (un seul organisme certificateur agreacuteeacute ECOCERT)

Au Maroc lrsquoAgriculture biologique repreacutesente de lrsquoordre de 60 Meuro drsquoexportation et en Tunisie 205Meuro mais dans ces deux pays on assiste agrave un marcheacute local en cours de progression Le tableau suivant reacutesume lrsquoagriculture Bio dans les deux pays Globalement les produits exporteacutes sont domineacutes par lrsquohuile drsquoOlive bio dans les deux pays

A lrsquoissue de la mission des perspectives pour Madagascar ont eacuteteacute souleveacutees sous forme drsquoenseignements et reacuteflexions bull Creacuteer un dispositif drsquoappui conseil technique et financier ciblant les producteurs et les entreprises

AB en synergie avec les meacutecanismes existants (FDA Banques IMF etc)bull Subventionner la certification =gt Accroitre la concurrence entre organismes de Controcircle et de Certification (OCC) =gt Agreacutement et controcircle effectif de la part des pouvoirs publicsbull Concevoir une strateacutegie ciblant une diversiteacute de filiegraveres prioritaires de maniegravere inclusive par

exemple Exports Filiegraveres inteacutegreacutees eacutecotourisme Filiegraveres courtes laquo petits producteurs raquo au systegraveme de garantie par Certification de Territoire (CT) et Systegraveme Participatif de Garantie (SPG)

bull Mise en place de centres de recherche technique deacutedieacute agrave lrsquoAB reacutepondant agrave la demande (par ex contrat programme recherche - reacutegions - organisations professionnelles)

bull Conceptionmise en œuvre drsquoun dispositif de formation AB avec obligation de modules dans les cursus agricoles

bull Dynamiser la professionnalisation et la structuration des producteurs et des entreprises malgaches dans lrsquoAB

bull Poursuivre lrsquointeacutegration du secteur priveacute (amont et aval) dans les diffeacuterentes laquo aregravenes raquo institutionnelles deacutefinition des strateacutegies conception et pilotage des dispositifs drsquoappui etc

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AGRO-ECOLOGIE EN PHOTO

La mise en place des parcelles dapplication en Agro-eacutecologie a eacuteteacute effectueacutee au niveau des 8

collegraveges de la reacutegion Boeny Les enseignants et eacutelegraveves ont eacuteteacute accompagneacutes et encadreacutes par les ingeacutenieurs agronomes du GSDM et les techniciens locaux

Une repreacutesentante de la deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo a visiteacute les

reacutealisations du GSDM dans le cadre du projet Manitatra 2 De nombreux points inteacuteressants pouvant ecirctre valoriseacutes dans le cadre dune future coopeacuteration ont eacuteteacute souleveacutes En attendant certaines observations seront agrave partager au cours dun eacuteveacutenement de la Commission europeacuteenne qui se tiendra courant de la 3egraveme semaine du mois de feacutevrier 2020 agrave Bruxelles

Le GSDM maitient lappui technique des 12 eacutetablissements beacuteneacuteficiaires de linteacutegration

de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire dans le Vakinankaratra Il sagit des 6 eacutecoles pilotes PAPAM et des 6 autres extensions reacutealiseacutees dans le cadre du projet MANITATRA 2 Pour lanneacutee scolaire 2019-2020 la mise en place des cultures de grande-saison la mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique ainsi que les suivis reacuteguliers des tehcniciens ont eacuteteacute reacutealiseacutes Quelques enseignants du CEG de Vinany du CEG de Betafo ont mecircme beacuteneacuteficieacutes dune formation de recyclage

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Mise en place de la parcelle dapplication en Agro-eacutecologie au niveau du CEG Mariarano Boeny

Visite des reacutealisations du GSDM projet MANITATRA 2 par une repreacutesentante de la

deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo

Mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique aux 12 eacutetablissements du

Vakinankaratra

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AVRIL 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull RAKOTO HERIMANDIMBY Reneacute - Superviseur de zone du Sud-Est Projet PAPAMbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo AGRISUD- membre du GSDMRubrique laquoDossierraquo GSDMRubrique laquoRechercheraquo Dp SPAD - Partenaire technique du GSDM Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA 2)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth avril 2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

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Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

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- Mission de suivi du Comesa les 16 et 17 mars 2020- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020 - Formation CSAFRDA Makanara du 25 au 28 mars 2020

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Emission FIVOHY sur la RNM Tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Deuxiegraveme session de formation des enseignants Boeny du 07 au 10 Avril 2020- Formation des parents deacutelegraveves collegravege Boeny preacutevue durant la semaine du 20 Avril 2020- Visite-eacutechange inter-reacutegional des enseignants parents et elegraveves preacutevue en fin du mois dAvril 2020

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Page 13: Edition trimestrielle N° 9 / 2020

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Production et acquisition de fumure organique pour la gestion de la fertiliteacute des sols par les exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar

RAZAFIMAHATRATRA Hanitriniaina Mamy (FOFIFA) BEacuteLIEgraveRES Jean-Franccedilois (CIRADART-Dev et FOFIFA) RAHARIMALALA Sitrakiniaina (FOFIFAESSA) RANDRIAMIHARY FETRA SAROBIDY Eddy Josephson (FOFIFAESSA) AUTFRAY Patrice (CIRADAIDA) RAZANAKOTO

Onjaherilanto Rakotovao (ESSA) RAHARISON Tahina (GSDMMontpellier SUPAGRO)

RECHERCHES

1 Introduction

Dans le ndeg8 du Journal de lrsquoAgroeacutecologie un article preacutesentait la diversiteacute et lrsquoimportance

des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols agrave partir des reacutesultats obtenus dans le cadre du projet de recherche SECuRE (Soil ECological function REstoration to enhance agrosystem services in rainfed rice cropping systems in agroecological transition) financeacute par la fondation Agropolis Les aspects concernant la fumure organique nrsquoavaient eacuteteacute qursquoeffleureacutes ils sont traiteacutes dans cet article qui preacutesente les reacutesultats obtenus sur les mecircmes exploitations agricoles familiales (EAF) du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Pour plus drsquoinformations sur le projet Secure et sur les aspects mateacuteriels et meacutethodes le lecteur est inviteacute agrave consulter le ndeg8 de JAE et le site du projet (httpswwwsecuremgle-projet-secure) Il faut rappeler que les reacutesultats preacutesenteacutes sont repreacutesentatifs des fokontany dans les zones drsquoeacutetude car lrsquoeacutechantillonnage des EAF a eacuteteacute fait par tirage au sort

Les fertilisants organiques produits par les EAF des zones drsquoeacutetude sont divers Les fumiers sont les plus importants en lien avec les animaux de lrsquoexploitation (bovins porcs volailles lapins)

le systegraveme drsquoeacutelevage et les techniques de production En plus de ces fumiers utiliseacutes purs ou meacutelangeacutes il existe des laquo composts raquo traditionnels fabriqueacutes avec les ordures meacutenagegraveres des cendres etou autres matiegraveres organiques ajouteacutees (ces fumures sont appeleacutees zezi-pako et zezi-davenona) et aussi des composts dont la production suit les techniques diffuseacutees dans le cadre de programmes de deacuteveloppement Les EAF peuvent eacutegalement avoir recours au marcheacute de la fumure organique pour augmenter la disponibiliteacute (acheter ou eacuteventuellement eacutechanger) mais aussi pour vendre

La production et lrsquoacquisition de fumures organiques sont caracteacuteriseacutees ici dans leur diversiteacute Lrsquoanalyse des pratiques montre les logiques suivies par les EAF La variabiliteacute observeacutee est forte notamment en terme de quantiteacutes disponibles qui suggegravere une gamme de propositions adapteacutees de la part de la recherche et du deacuteveloppement pour ameacuteliorer ces pratiques qui sont la clef de voute de la gestion de la fertiliteacute des sols et de la durabiliteacute des systegravemes de culture

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2 La fumure organique produite dans Les EAF

La production de fumure organique (FO) a eacuteteacute eacutevalueacutee1 pour lrsquoanneacutee enquecircteacutee (2016) Toutes les EAF en ont produit sauf trois (moins de 1) qui nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux2 durant toute lrsquoanneacutee et qui nrsquoont pas valoriseacute leurs ordures meacutenagegraveres sous forme de compost

21 Quantiteacutes et composition

Parmi les types de FO (Figure 1) on note lrsquoimportance du fumier meacutelangeacute les exploitations qui ont plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage meacutelangent souvent les deacutejections qui fermentent ensemble dans le parc agrave bœuf ou pendant leur stockage dans une fosse ou simplement en tas Souvent les exploitants y ajoutent les deacutechets meacutenagers des cendres et dans certains cas drsquoautres reacutesidus de culture ou deacutechets (voir infra) Crsquoest donc un produit fertilisant dont la composition et la qualiteacute varient fortement drsquoune EAF agrave une autre

La production moyenne annuelle de FO par EAF (Figure 1) est plus importante dans la zone drsquoArivonimamo (217 tonnes) que dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra (187 tonnes) Les constituants principaux sont le fumier meacutelangeacute et le fumier de bovins qui agrave eux deux repreacutesentent 72 de la FO totale agrave Mandoto et 83 agrave Arivonimamo Lrsquoeacutecart entre les deux moyennes nrsquoest pas tregraves eacuteleveacute mais il est significatif et la diffeacuterence srsquoexplique drsquoabord par un nombre drsquoanimaux drsquoeacutelevage en moyenne plus important dans la zone drsquoArivonimamo (18 bovins et 7 porcs par EAF) que dans la zone de Mandoto (14 bovins et 23 porcs) Il existe une relation lineacuteaire positive entre le nombre moyen de bovins ou la valeur du cheptel dans lrsquoEAF et la quantiteacute de FO produite (coefficients de correacutelations respectivement de 057 et 062 signification agrave 001)

Figure 1 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF selon les zones

1 On notera que cette eacutevaluation a eacuteteacute faite sur la base des deacuteclarations des exploitants agricoles avec les uniteacutes tradition-nelles que sont la charrette le sac la soubique (panier) etc Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes 250 kgcharrette (en reacutefeacuterence agrave Saint Andreacute et al 2016) 30 kgsac et 10 kgsoubique Ainsi les reacutesultats preacutesenteacutes sont des ordres de grandeur mecircme si les chiffres semblent indiquer une certaine preacutecision et si la taille conseacutequente de lrsquoeacutechantillon fait que les approximations se compensent2 Comme pour la production de FO lrsquoeacutelevage est la norme puisque seules 1 des EAF nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte On notera que le fait de ne pas avoir drsquoanimal agrave un moment donneacute ne signifie pas que lrsquoexploitation ne pratique pas lrsquoeacutelevage lrsquoabsence drsquoanimal est le plus souvent conjoncturelle et un indicateur de difficulteacutes eacuteconomiques

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Au-delagrave des diffeacuterences de quantiteacute on note lrsquoimportance du compost traditionnel (zezi-pako) agrave Mandoto avec 16 de la FO alors qursquoagrave Arivonimamo il ne repreacutesente que 1 Le zezi-pako est constitueacute essentiellement agrave partir des ordures domestiques et de veacutegeacutetaux reacutecolteacutes sur ou en dehors de lrsquoEAF (Ravonjiarison et al 2018) Il est reacuteputeacute ne pas contenir de deacutejection animale (mecircme si selon les deacuteclarations 60 des EAF en ajoute voir infra) et srsquoil en contient crsquoest en faible quantiteacute Il peut ecirctre brucircleacute surtout srsquoil contient beaucoup de veacutegeacutetaux peu deacutegradeacutes Le zezi-pako est utiliseacute plutocirct par les petites exploitations les grandes exploitations preacutefeacuterant produire du compost Les quantiteacutes de composts laquo modernes raquo ne sont pas significativement diffeacuterentes entre les zones

22 Les produits apporteacutes dans le fumier et le compost

Les produits apporteacutes pour la fabrication du fumier et du compost ont des effets sur la qualiteacute

fertilisante finale des produits Comme lrsquoindique le Tableau 1 les EAF apportent des produits divers cette pratique permet drsquoaugmenter le volume de fumier produit (Alvarez S 2012 Rasolofo L I 2017) mais aussi de produire des fumures de composition variable par rapport aux caracteacuteristiques reconnues (Ravonjiarison et al 2018)

Lrsquoapport des deacutejections animales est bien sucircr fonction des animaux sur lrsquoEAF mais aussi pour les composts (et en particulier pour le zezi-pako) des deacutejections de zeacutebus ramasseacutees sur les chemins ou parcours emprunteacutes par des animaux qui appartiennent agrave drsquoautres EAF les exploitants connaissent lrsquoimportance des deacutejections animales pour la fumure des cultures et les plus pauvres avec tregraves peu drsquoanimaux ramassent des deacutejections laquo perdues raquo Ainsi 60 des EAF qui produisent du compost ajoutent dans celui-ci des deacutejections animales

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les EAF ajoutent de nombreux produits dans la fabrication du fumier autant si ce nrsquoest plus en freacutequence que pour

le compost Pour les pailles et balles de riz la prioriteacute semble ecirctre donneacutee au fumier mecircme si la freacutequence reste eacuteleveacutee pour le compost Les EAF pratiquent avec un fort pourcentage le recyclage des reacutesidus de cultures (paille de riz balles de riz autres reacutesidus de culture) Pregraves des deux tiers des EAF ajoutent du bozaka1 et une EAF sur deux qui produit du compost ajoute des feuilles drsquoarbres

Tableau 1 Principaux produits apporteacutes pour la fabrication des fumiers ou des composts (en des EAF)

Produits apporteacutes Fumier (EAF=304)

Compost (EAF=122)

Deacutejection de bovins 70

60

Deacutejection de porcs 73Deacutejection de volailles

84

Deacutejection autres animaux

1

Paille de riz 72 60Balles de riz 51 33Reacutesidus autres cultures

43 39

Bozaka 68 60Autres herbes 17 9Feuille darbres 13 50Deacutechets meacutenagers 36 54Cendres 46 57Terre fertile Terreau

3 12

Sels 4 9Vers 0 2Autres produits 4 7

1 Nom geacuteneacuterique pour deacutesigner les laquo herbes raquo et plus particuliegraverement les gramineacutees qui couvrent pentes et sommets des collines (Andropogon eucomus Aristida adscensionis etc) (source dictionnaire malgache httpmotmalgacheorgbinsteny2) Le bozaka peut avoir eacuteteacute coupeacute ou arracheacute dans ce cas il comprend les racines et un peu de terre

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Ces produits bozaka feuilles drsquoarbres autres herbes sont pour la plupart des produits de cueillette et participent agrave une laquo gestion horizontale de la fertiliteacute raquo avec un transfert drsquoeacuteleacutements fertilisants preacuteleveacutes sur drsquoautres parties du terroir et rameneacutes sur les parcelles cultiveacutees (Rollin 1994 Andriambelomanga 2017) amplifiant le mecircme transfert reacutealiseacute par les animaux (pacircturages ou parcours fumier cultures) Les autres produits utiliseacutes notamment par les EAF qui produisent du compost sont les cendres le terreau mais aussi du sel acheteacute et dlsquoautres produits comme de la dolomie de la sciure de bois etc

23 Les motivations pour la production du compost

La production de compost est lrsquoune des techniques vulgariseacutees pour augmenter

les quantiteacutes de matiegraveres fertilisantes encourageacutees par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie Les reacutesultats de lrsquoenquecircte montrent que la moitieacute des EAF agrave Mandoto et 30 des EAF agrave Arivonimamo ont deacutejagrave cette pratique

Tableau 2 Part des EAF qui produisent du compost

Mandoto ArivonimamoCompost moderne

9 12

Compost traditionnel

41 18

Total avec compost

50 30

A Mandoto ce sont les pratiques traditionnelles de production de zezi-pako qui dominent tregraves largement On notera que si le total nrsquoest que de 50 crsquoest que quelques EAF rares toutefois font les deux types de compost A Arivonimamo certainement en raison des programmes de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la technique la part des EAF avec compost laquo moderne raquo est un peu plus eacuteleveacutee mais le compost traditionnel

est moins reacutepandu On pourrait penser que le fumier se substitue au compost crsquoest-agrave-dire qursquoune EAF qui produit du fumier abandonne la production de compost car comme mentionneacute preacuteceacutedemment les EAF apportent en grande partie les mecircmes constituants aux deux types de fumure organique En fait il nrsquoen est rien 55 des EAF qui produisent du compost agrave Mandoto ont du fumier et agrave Arivonimamo ce taux est de 82

La raison principale pour laquelle les EAF produisent du compost crsquoest drsquoabord pour augmenter la quantiteacute disponible de fertilisants (34 des EAF qui ont reacutepondu) ou beacuteneacuteficier des effets en augmentant la production (11) et en ameacuteliorant la fertiliteacute des sols (9) On note tout de mecircme que 25 des EAF ont reacutepondu que crsquoeacutetait parce qursquoelles nrsquoavaient pas de fumier (et le taux est plus eacuteleveacute agrave Mandoto) Enfin 9 des EAF ont eacutevoqueacute le coucirct moindre du compost par rapport aux autres fertilisants et 12 ont donneacute des raisons que lrsquoon peut rattacher agrave une meilleure agronomie le zezi-pako est meilleur que le fumier car brucircleacute il ne transmet pas les maladies ou les graines de mauvaises herbes la cendre du zezi-pako a de nombreux avantages (notamment dans la lutte contre les ravageurs sur les peacutepiniegraveres) le compost est meilleur que les engrais pour les sols etc

Pour les EAF qui produisent du compost les contraintes principales sont pour 38 des EAF qui ont reacutepondu le temps de travail neacutecessaire (notamment pour ramasser les feuilles drsquoarbres le bozaka etc) et pour 35 des EAF la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres On notera que pour 12 des EAF il nrsquoy a pas de veacuteritable limite agrave la production de compost Enfin pour les 16 drsquoEAF restantes ces limites sont diverses lrsquoeau pour lrsquoarrosage du compost (5) mais aussi la treacutesorerie pour acheter le bozaka ou payer la main drsquoœuvre pour ramasser des matiegraveres premiegraveres le risque drsquoincendie etc

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24 Une production de FO tregraves variable selon les EAF

Malgreacute les apports sur le fumier et la production de compost la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF est faible en valeur absolue et surtout comme indiqueacute preacuteceacutedemment on observe une grande diversiteacute de situation entre les EAF avec un coefficient de variation de lrsquoordre de 90 dans les deux zones Les graphiques de la Figure 4 (voir infra la FO produite est en bleu) illustrent cette grande variabiliteacute avec des profils diffeacuterents selon les zones

Dans la zone de Mandoto comme deacutejagrave indiqueacute il y a une forte proportion drsquoEAF avec peu de fumure organique produite (plus de la moitieacute des EAF produisent moins de 15 tonnes) en raison du faible nombre drsquoanimaux et drsquoune production de compost qui reste peu importante Et ces EAF produisent environ frac14 de la fumure totale produite dans le terroir

Dans la zone drsquoArivonimamo la part des EAF avec moins de 15 tonnes est leacutegegraverement moindre (48) mais la FO produite pour lrsquoensemble de ces EAF nrsquoest que de 14 Donc un peu moins drsquoEAF mais une quantiteacute de FO produite tregraves faible On peut mettre cette diffeacuterence entre les deux zones au creacutedit de la production de compost traditionnel les EAF sans animaux sont plus importantes agrave Mandoto mais ces EAF pour compenser produisent du zezi-pako et en final sont moins deacutemunies que les EAF drsquoArivonimamoA lrsquoautre extreacutemiteacute des graphiques la part des EAF avec plus de 5 tonnes est faible agrave Mandoto agrave peine 4 des EAF et qui cumulent 6 de la FO produite totale Dans la zone drsquoArivonimamo la part de ces EAF est nettement plus importante (9) et surtout elles cumulent 29 de la FO Si on regroupe les deux derniegraveres classes la part des EAF avec plus de 3 tonnes agrave Arivonimamo est de 25 et ces EAF cumulent 58 de la FO agrave Mandoto elles sont 17 et cumulent 43 de la FO totale dans le terroir Ainsi si agrave Arivonimamo la production de FO moyenne par EAF est

supeacuterieure les ineacutegaliteacutes entre les EAF sont aussi plus importantes

3 La fumure organique disponible par EAF

La fumure organique disponible dans une EAF est en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les

fumiers produits la fabrication de composts mais aussi des eacutechanges

31 Les eacutechanges de fumure organique

Sur les Hautes Terres les eacutechanges de fumures organiques sont freacutequents que ces eacutechanges

soient marchands (achat vente) ou non (troc ou don)

Tableau 4 Part des EAF qui eacutechangent de la FO

Opeacuteration sur FO

Mandoto Arivonimamo

Ensemble 60 88- dont Achat 30 74- dont Vente 18 19- dont Troc 22 24

Comme le montre le Tableau 4 crsquoest une large majoriteacute des EAF qui eacutechangent de la fumure organique A Arivonimamo la pratique est presque geacuteneacuteraliseacutee avec 88 des EAF qui sont concerneacutees par au moins une opeacuteration drsquoentreacutee ou de sortie de FO

Si les opeacuterations drsquoeacutechanges non moneacutetariseacutes (troc ou don) et les ventes concernent agrave peu pregraves le mecircme pourcentage drsquoEAF dans les deux zones la diffeacuterence est forte en ce qui concerne les achats puisque agrave Arivonimamo ce sont presque 3 EAF sur 4 qui achegravetent de la FO Dans cette zone ougrave les productions maraichegraveres sont importantes les EAF sont agrave la recherche de fumure organique en termes de quantiteacutes pour augmenter le disponible mais aussi de qualiteacute (fumiers de porcs ou de volailles)

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Pour les eacutechanges sous forme de troc la fumure organique est eacutechangeacutee contre du travail (travail manuel ou prestation par exemple labour ou transport) contre de la paille de riz ou autres matiegravere organique (certainement pour produire du fumier) des semences (de riz ou maiumls) etc Les dons sont faits aux membres de la famille (le plus souvent des parents vers les enfants) mais aussi au meacutetayer voire agrave des voisins moins bien doteacutes Il y a donc un marcheacute de la fumure organique entre EAF drsquoune zone donneacutee mais aussi avec des EAF ou drsquoautres deacutetenteurs dans des zones plus eacuteloigneacutees Ainsi agrave Arivonimamo quelques EAF ont pu acqueacuterir des deacutechets urbains et beaucoup ont acheteacute du fumier en provenance drsquoeacutelevages speacutecialiseacutes

Tableau 5 Prix moyen en Ariary drsquoune charrette de fumure organique

Mandoto ArivonimamoNbre PU moyen Nbre PU moyen

Fumier de zeacutebu 179 5 809 225 16 158Fumier meacutelangeacute 49 4 837 88 13 286Fumier de porc 5 36 000 115 41 137Fumier de volaille 3 25 000 80 49 283Compost 8 18 333Zezi-pako 29 4 500

Les prix pour une charrette1 sont tregraves diffeacuterents entre les deux zones Et on peut penser qursquoagrave Arivonimamo le marcheacute de la fumure organique est laquo tendu raquo avec une forte demande et peu de fumure localement commercialiseacutee pour y reacutepondre Cette situation a des conseacutequences sur les prix avec comme lrsquoindique le Tableau 5 des prix tregraves eacuteleveacutes agrave Arivonimamo environ 3 fois plus eacuteleveacutes qursquoagrave Mandoto Ces prix ont eacuteteacute calculeacutes agrave partir des deacuteclarations de vente ou drsquoachat par les producteurs Lrsquoeffectif (Nbre) est le nombre de charrettes sur lequel a eacuteteacute calculeacute le prix moyen La part des achats est bien sucircr beaucoup plus eacuteleveacute et le plus souvent ce prix inclut le transport ce qui nrsquoest pas un eacuteleacutement neacutegligeable notamment agrave Arivonimamo ougrave la fumure provient drsquoeacutelevages relativement eacuteloigneacutes La charrette de fumier de porc ou de volaille est nettement plus chegravere que le fumier de zeacutebus ou de fumier meacutelangeacute Mais ce sont ces deux types de fumier qui sont les plus commerceacutes en quantiteacute

On notera que le pourcentage des EAF qui achegravetent est nettement supeacuterieur agrave celui des EAF qui vendent Les eacutechanges pourraient srsquoeacutequilibrer au niveau du territoire (le fokontany) par les quantiteacutes avec des EAF qui vendraient de grandes quantiteacutes et des EAF qui achegraveteraient de petites quantiteacutes En fait dans notre eacutechantillon (tireacute au sort et donc avec autant de chances de tirer un vendeur qursquoun acheteur) les eacutechanges ne srsquoeacutequilibrent pas et les quantiteacutes vendues ne repreacutesentent que 38 des quantiteacutes acheteacutees agrave Mandoto et seulement 22 agrave Arivonimamo Ainsi globalement les EAF achegravetent des fumures organiques agrave des exploitations agricoles drsquoautres fokontany et ceci est particuliegraverement reacutepandu agrave Arivonimamo avec des EAF qui achegravetent aux eacutelevages de poulets de chair de poules pondeuses ou de porcs proches de la ville drsquoImerintsiatosika

1 Aucune information nrsquoa eacuteteacute collecteacutee sur le poids des charrettes car le travail aurait eacuteteacute trop lourd agrave reacutealiser Ce poids deacutepend du niveau de remplissage mais aussi et beaucoup de la qualiteacute de la fumure organique Comme deacutejagrave indiqueacute pour faire les conversions nous avons utiliseacute le poids de 250 kg par charrette pour couvrir tous les types de fumure et eacuteviter les surestimations Certains pourront consideacuterer ce poids comme sous-estimeacute

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Figure 2 Evolution de la fumure moyenne produite par EAF

La fumure produite dans une EAF nrsquoest pas la fumure disponible celle-ci eacutevolue en fonction

des eacutechanges La Figure 2 preacutesente la situation moyenne drsquoune EAF selon la zone On constate que la quantiteacute de fumure disponible pour les cultures (apregraves entreacutees et sorties) est en moyenne plus importante que la fumure produite (voir aussi Tableau 6) Ainsi agrave Arivonimamo la fumure disponible passe agrave 29 tonnes par EAF alors que la quantiteacute produite est de lrsquoordre de 22 tonnes A Mandoto lrsquoeacutecart nrsquoest pas si important mais reste significatif avec respectivement 21 et 19 tonnesAinsi on peut deacuteduire de ces donneacutees que la strateacutegie des EAF est drsquoaugmenter la production de fumure organique sur lrsquoEAF (eacutelevage compost) mais aussi drsquoaugmenter la fumure organique disponible pour fertiliser les parcelles en achetant sur le marcheacute ou en srsquoapprovisionnant agrave travers

des eacutechanges non marchands Et cette strateacutegie est particuliegraverement dominante agrave ArivonimamoMais ces tendances geacuteneacuterales cachent de fortes dispariteacutes Ainsi les 3 EAF qui nrsquoavaient pas produit de FO en ont obtenu par achat et troc mais 4 EAF ont ceacutedeacute toute leur fumure organique Ainsi il y a toujours environ 1 de lrsquoeacutechantillon qui nrsquoa pas de FO disponible

32 Quantiteacutes disponibles et variabiliteacute

Ainsi lrsquoEAF moyenne a augmenteacute sa disponibiliteacute en FO dans les deux zones

(Figure 2 et Tableau 6) La composition (Figure 4) a eacutevolueacute par rapport agrave la FO produite (Figure 1) et ceci plus particuliegraverement agrave Arivonimamo Dans cette zone la part du fumier meacutelangeacute a fortement diminueacute (passant de 47 agrave 33) comme mais dans une moindre mesure celle du fumier bovin et ce sont les fumiers agrave base de deacutejections de porcs ou de fiente de volaille qui ont fortement progresseacute passant de 8 agrave 16 On note eacutegalement la progression du type autre FO qui est passeacute de 3 agrave 6 en lien avec lrsquoacquisition de deacutechets ou boues urbaines

Figure 3 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique disponible par EAF selon les zones

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A Mandoto les changements sont mineurs et concernent la reacutepartition entre fumier meacutelangeacute et fumier bovin ce dernier type progresse au deacutetriment du fumier meacutelangeacute Ceci srsquoexplique par le fait que les eacutechanges et en particulier moneacutetaires concernent le fumier de bovin et peu le fumier meacutelangeacute

Mais mecircme si on enregistre quelques eacutevolutions ce sont toujours le fumier de bovin et le fumier meacutelangeacute qui sont les fumures organiques les plus importantes car ils repreacutesentent plus de 70 des quantiteacutes moyennes disponibles au niveau de lrsquoEAF moyenne

Comme pour la fumure produite la fumure disponible par EAF est tregraves variable La variabiliteacute a mecircme augmenteacute avec des coefficients de variation autour de la moyenne un peu plus eacuteleveacutes pour la FO disponible Mais le recours au marcheacute et les eacutechanges non marchands ont fait fortement eacutevoluer la reacutepartition de la fumure organique entre les EAF La Figure 4 illustre ces eacutevolutions contrasteacutees selon les zones

Figure 4 Evolution de la reacutepartition des EAF et de la FO selon des classes de quantiteacutes de FO produite et disponible en tonnes

A Mandoto lrsquoeacutevolution nrsquoest pas tregraves importante les pourcentages drsquoEAF progressent en mecircme temps que les classes de quantiteacute de FO mais de maniegravere tregraves modeacutereacutee Le recours aux eacutechanges nrsquoentraicircne pas de modification spectaculaire dans le profil des graphiques que cela soit pour la reacutepartition des EAF ou pour la reacutepartition de la FO la part des EAF avec moins 05 tonne diminue de 18 agrave 15 et crsquoest la classe de 05 agrave 15 tonnes qui progresse de 3 la part des EAF les mieux pourvues (plus de 5 tonnes) progresse mais tregraves faiblement aussi

A Arivonimamo les changements sont beaucoup plus importants La part des EAF avec moins de 05 tonne diminue pour passer de 22 avec la fumure produite agrave seulement 9 pour la fumure disponible Ainsi la plus grande partie des EAF les moins pourvues se sont procureacutees de la FO sur le marcheacute ou par le troc car pour les cultures maraichegraveres il est indispensable drsquoavoir de la fumure organique Et ce sont les classes avec de plus grandes quantiteacutes de FO qui ont progresseacute de maniegravere remarquable

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les EAF avec plus de 3 tonnes sont passeacutees de 25 agrave 42 et la fumure que cumulent ces EAF est passeacutee de 58 agrave 73 La progression tregraves forte des EAF les mieux pourvues srsquoest tout de mecircme traduite par une concentration au niveau de ces EAF

33 Quantiteacute de fumure organique et surface

Lrsquoimportance de la fumure organique drsquoune EAF ne peut ecirctre appreacutecieacutee qursquoen fonction de la superficie agrave cultiver qui elle-mecircme deacutepend de la Surface Agricole Utile disponible par EAF Celle-ci varie selon la zone avec environ 15 ha agrave Mandoto et 09 ha agrave Arivonimamo

Tableau 6 Superficie et quantiteacutes moyennes par EAF

Variables par EAF Mandoto Arivonimamo

Moyenne CV Moyenne CVSAU (ha) 148 88 091 82FO produite (tonne) 187 90 218 92

FO disponible (tonne) 213 102 290 78

FO disponible (tonneha) 169 84 367 66

La quantiteacute de fumure disponible est en relation lineacuteaire avec la SAU les coefficients de correacutelation entre ces deux variables sont relativement eacuteleveacutes avec +076 agrave Mandoto et +059 agrave Arivonimamo et significatifs agrave 001 Dans les deux zones ces coefficients sont supeacuterieurs agrave ceux qui lient les variables de cheptel (nombre de bovins et valeur totale du cheptel) et les variables de SAU ainsi on peut en deacuteduire que cette relation entre quantiteacute de FO et surface nrsquoest pas seulement fonction des animaux disponibles mais bien dlsquoune strateacutegie des EAF une laquo strateacutegie de construction de la fertiliteacute raquo des sols (NrsquoDieacutenor et al 2011)

Figure 5 Nuages de points entre SAU et FO disponible pour chaque zone

Quand on ramegravene la quantiteacute de fumure organique disponible par ha de SAU la zone Arivonimamo apparaicirct nettement mieux pourvue avec pregraves de 35 t ha de SAU alors qursquoagrave Mandoto ougrave les EAF ont moins de FO disponible et plus de surface la moyenne est de 21 tonneha

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Les graphiques en nuage de points mettent en eacutevidence cette relation Les coefficients Rsup2 ne sont pas tregraves eacuteleveacutes ce qui signifie que la SAU disponible agrave elle seule nrsquoexplique pas tregraves bien la variabiliteacute observeacutee A Mandoto il y a quelques points atypiques (par exemple un producteur avec une superficie assez faible et beaucoup de fumure parce que le cheptel est important) mais la reacutegression semble repreacutesenter assez bien la situation la FO disponible est eacutegale agrave 125 fois la SAU + 03 tonnes

A Arivonimamo la reacutepartition des points est assez atypique et il semble exister deux groupes de producteurs avec des strateacutegies diffeacuterentes le premier en rouge dans le graphique vise une quantiteacute importante de FO par uniteacute de surface (35 fois la superficie plus 125 tonnes) alors que le second se rapproche de la situation de Mandoto et semble rechercher une quantiteacute de FO qui repreacutesente 15 fois la SAU + 01 tonne

Pour expliquer ces diffeacuterences entre les deux groupes il faut rechercher du cocircteacute des cultures pratiqueacutees avec pour le premier groupe des surfaces en cultures maraichegraveres plus importantes et avec pour le second un assolement beaucoup plus traditionnel (ces aspects seront analyseacutes dans le prochain article)

Ces quantiteacutes moyennes semblent cependant insuffisantes pour renouveler la fertiliteacute des sols cultiveacutes car selon les travaux de P Garin meneacutes il est vrai dans la zone du Lac Alaotra il faudrait 4 tonneshaan en moyenne de fumier pailleux neacutecessaire (Garin 1998 citeacute par Dubois 2004) pour restituer au sol la bonne quantiteacute de matiegravere organique contrebalanccedilant la mineacuteralisation de la matiegravere organique due aux cultures

Mais nombre de producteurs notamment dans la zone dArivonimamo ajoutent agrave la fumure organique des engrais mineacuteraux Ce point sera traiteacute dans le prochain numeacutero de JAE avec un article sur les strateacutegies drsquoutilisation de la fumure organique et mineacuterale

34 La qualiteacute fertilisante des fumiers

Dans le cadre du mecircme projet de recherche Secure des eacutechantillons de fumures

organiques destineacutees agrave la culture de riz pluvial ont eacuteteacute preacuteleveacutes dans 40 fermes de reacutefeacuterence (20 dans chacune des zones) pour la campagne culturale 2018-2019 Une quantiteacute drsquoenviron 700 cm3 a eacuteteacute preacuteleveacutee sur les parcelles au moment de la mise en place de la culture du riz Ces eacutechantillons ont eacuteteacute analyseacutes et les reacutesultats donnent une indication de la qualiteacute moyenne des fumiers produits et utiliseacutes dans les zones

Tableau 3 Qualiteacute des fumiers utiliseacutes (en de la matiegravere segraveche)

Zone pH N P KMandoto 86 11 03 18Arivonimamo 82 10 07 13

Avec des pH supeacuterieurs agrave 8 les fumiers permettent de corriger laciditeacute des sols (qui ont souvent des pH de deacutepart autour de 5) par leur pouvoir alcalinisant et dameacuteliorer dans la dureacutee les sols pour les rendre plus favorables aux cultures exigeantes comme le maiumls le soja le haricot les cultures maraichegraveres etc

La qualiteacute selon les trois principaux eacuteleacutements (N=Azote P=Phosphore et K=Potassium) peut ecirctre ainsi commenteacutee

bull N les teneurs moyennes en azote sont plutocirct faibles dans les 2 zones mettant en lumiegravere la neacutecessiteacute de mieux conserver cet eacuteleacutement tregraves mobile par dallage couverture rajout de pailles de riz ou de fanes de leacutegumineuse pour stockage de lurine Toutes les plantes ont besoin drsquoazote

bull P une teneur en phosphore nettement plus eacuteleveacutee agrave Arivonimamo en raison dassociations de deacutejections agrave base de volaille et de porc (dont une partie est acheteacutee voir infra) Mais ces teneurs sont faibles alors que lrsquoinsuffisance des sols en phosphore est tregraves souvent un des principaux facteurs limitant pour les cultures

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La FO avec ses faibles teneurs en P est de maniegravere geacuteneacuterale insuffisante pour lever ce facteur limitant

bull K les teneurs en potassium sont relativement eacuteleveacutees dans les deux zones par concentration des pailles par lrsquoajout de cendres de balles de riz ou de balles de riz en lrsquoeacutetat Le potassium est important notamment pour les cultures fruitiegraveres et maraicircchegraveres

Pour appreacutecier la qualiteacute en terme de nutrition des plantes on peut comparer les apports du fumier agrave ceux drsquoun engrais NPK 112216 (utiliseacute couramment dans la reacutegion) Le fumier moyen entre les deux reacutegions agrave des teneurs que lrsquoon peut arrondir agrave 1N 05P 15K en matiegravere segraveche (MS) ainsi en faisant simplement le rapport avec les des analyses 1 kilogramme drsquoengrais eacutequivaut pour N agrave 11 kgfumier MS pour P agrave 44 kgfumier MS et pour K agrave 11 kgfumier MS

Pour se rapprocher des pratiques paysannes il faut faire la comparaison avec des matiegraveres fraicircches et en uniteacute traditionnelle Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes le poids en MS eacutequivaut agrave 50 du poids en matiegravere fraiche une charrette de fumure organique pegravese1 250 kg Ainsi une charrette de fumier de faible qualiteacute eacutequivaut pour N agrave 11 kg pour P agrave 3 kg et pour K agrave 12 kg de lrsquoengrais NPK (112216) utiliseacute pour la comparaison

Si on fait la comparaison en termes de prix avec le kilogramme drsquoengrais agrave 2 200 Arkg (prix de 2019) et une charrette agrave 10 000 Ar lrsquouniteacute fertilisante coucircte avec lrsquoengrais environ 4 500 Ar et 2 700 Ar avec la charrette de fumier Ainsi lrsquoapport de FO est nettement plus inteacuteressant sur le plan eacuteconomique et ceci drsquoautant plus que la fumure est autoproduit valorisant ainsi lrsquoeacutelevage

1 Comme deacutejagrave indiqueacute le poids de la charrette varie for-tement selon le volume de remplissage et la qualiteacute du fumier Avec du fumier de bonne qualiteacute une charrette peut peser 400 kg voire plus mais avec du fumier de mauvaise qualiteacute ou du zezi-pako le poids peut descendre nettement en dessous des 250 kg Pour prendre en compte lrsquoensemble des types de fumure or-ganique nous avons adopteacute le poids moyen de 250 kgcharrette (notamment en reacutefeacuterence agrave Saint-Andreacute et al 2016)

etou le travail familial Cet amendement a aussi de nombreuses autres qualiteacutes que nrsquoa pas lrsquoapport drsquoengrais mineacuteraux avec des effets sur la structure et la faune du sol lrsquoapport drsquoeacuteleacutements fertilisants secondaires et des utilisations agronomiques inteacuteressantes (par exemple pour ameacuteliorer la leveacutee des cultures)

Ces calculs ont eacuteteacute faits avec des reacutefeacuterences moyennes plutocirct deacutefavorables agrave la FO (notamment le poids de la charrette) or les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de la qualiteacute et de la quantiteacute du fumier produit sont nombreuses (Salgado et Tillard 2012) avec des effets positifs sur la productiviteacute de la terre et du travail (Marline 20152) Dans le cadre des fermes de reacutefeacuterence sur les deux zones des agriculteurs appuyeacutes par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie se sont engageacutes dans un processus dameacutelioration des fumures organiques et peuvent ecirctre des reacutefeacuterents pour la diffusion des techniques

4 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La fumure organique disponible dans une EAF est fonction des quantiteacutes produites (en

moyenne 217 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 187 tonnes dans le MO du Vakinankaratra) en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les pratiques de compostage Mais pas seulement car le recours au marcheacute ou au eacutechanges non marchands font eacutevoluer de maniegravere significative agrave la fois les quantiteacutes disponibles par EAF mais aussi la qualiteacute et la reacutepartition entre les EAF La FO moyenne disponible est de 29 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 21 tonnes dans le MO du Vakinankaratra Rameneacutee agrave la SAU la quantiteacute de FO disponible est 367 tonnes par ha agrave Arivonimamo et 169 tha agrave Mandoto

2 Apregraves avoir enquecircteacute trente exploitations agricoles de la reacutegion Vakinankaratra Marline conclut que laquo lrsquoadoption des pra-tiques drsquoameacutelioration de la qualiteacute du fumier ne se traduit pas par une augmentation significative du coucirct de production du fumier notamment en raison des eacuteconomies drsquoeacutechelle dans la fabrication du fumier de qualiteacute En utilisant les reacutesultats des expeacuterimenta-tions de BIOVA lrsquoeacutepandage du fumier ameacutelioreacute sur les parcelles augmenterait la productiviteacute agricole de la terre de 27 et la pro-ductiviteacute globale du travail de 23 raquo (Marline 2015)

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Les produits ajouteacutes au fumier sont nombreux et la production de compost traditionnel ou laquo moderne raquo est reacutepandue

Ainsi que cela soit en termes de pourcentage drsquoEAF inteacuteresseacutees ou en termes de motivation il y a dans ces deux zones une base solide de pratiques et de connaissances paysannes sur laquelle peut srsquoappuyer la vulgarisation de lrsquoameacutelioration de la quantiteacute et de la qualiteacute du fumier et la production de compost

La recherche a commenceacute agrave analyser la diversiteacute de ces pratiques et leurs effets sur la production Un grand nombre de matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et animales sont recycleacutees et les premiers reacutesultats montrent drsquoimportantes synergies entre elles avec des associations courantes avec les engrais

La theacutematique de la fertilisation organique est importante pour les agriculteurs de ces zones Parmi diffeacuterentes pratiques agroeacutecologiques lrsquoutilisation des FO est assez geacuteneacuteraliseacutee et les agriculteurs adoptent via ces pratiques des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute (cf paragraphe 33) Dans cette optique les accompagnements et renforcements de la part des acteurs du deacuteveloppement rural nous semblent tregraves pertinents en matiegravere drsquoaugmentation en quantiteacute et en qualiteacute Les reacutefeacuterences drsquoameacutelioration existent deacutejagrave (Salgado et Tillard 2012 Rasolofo et al 2018) Des plantes ameacuteliorantes peuvent ecirctre eacutegalement utiliseacutees agrave lrsquoeacutechelle des EAF ou du territoire On peut citer les plantes reacutepulsives qui ameacuteliorent les FO dans la lutte contre les insectes (cf reacutefeacuterences du GSDM) les Tithonia qui apportent une quantiteacute significativement importante de K compareacutes agrave diffeacuterents types de fumiers (Olabode et al 2007) etc

Lrsquoeacutetude reacutevegravele eacutegalement que lrsquoutilisation des fumiers meacutelangeacutes provenant de plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage est une pratique courante des agriculteurs dans les deux zones Lrsquoameacutelioration des conduites drsquoeacutelevage dont lrsquoalimentation la santeacute ou lrsquohabitat pourrait ainsi ecirctre une autre faccedilon de rehausser la qualiteacute fertilisante des FO encore consideacutereacutee comme faible Lrsquoameacutelioration

dans ce cas devrait concerner de plus en plus les animaux agrave cycle court tels que les volailles etou les porcs En fait crsquoest parce que lrsquoeacutelevage bovin est menaceacute par les vols alors que les EAF ont toutes au moins des volailles au sein de leur exploitation

Les agriculteurs savent que la fumure organique est la base pour une bonne gestion de la fertiliteacute des sols qursquoelle permet drsquoameacuteliorer lrsquoefficience des engrais apporteacutes et qursquoelle peut aussi jouer un rocircle de leveacutee de certaines deacuteficiences De nouveaux enjeux apparaissent comme pour le compost avec la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et un besoin de reacutefeacuterentiel technico-eacuteconomique pour faire eacutevoluer la production de zezi-pako vers un compost avec plus de qualiteacutes fertilisantes

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Les plantes de services en Agro-eacutecologie les rotations et successions des cultures leccedilons apprises du GSDM

Rakotondramanana Raharison T Randriamitantsoa M Moussa N Razanamparany C Tokiherinionja TF Sandratriniaina R R

Randriamiarana V Razaka M

Introduction

Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale les paysans pratiquent toujours des associations de cultures mais

pour la plupart il srsquoagit drsquoassociation laquo gramineacutee ndash gramineacutee raquo qui ne contribue pas du tout agrave la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols Dans le district de Mandoto par exemple lrsquoassociation maiumls + riz pluvial (41 des surfaces) manioc + maiumls (19 des surfaces) maiumls + arachide (10 des surfaces) sont les plus dominantes (RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019) A part lrsquoassociation avec lrsquoarachide ces associations nrsquoont pas beaucoup drsquointeacuterecirct dans la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et devraient changer en association gramineacutees - leacutegumineuses en utilisant les plantes de couverture agrave forte capaciteacute de reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols en plus de leurs proprieacuteteacutes eacuteprouveacutees en tant que plantes de services Lrsquoassociation du maiumls avec le haricot est tregraves courante aussi bien sur les Hautes Terres que dans le Moyen Ouest crsquoest une association ougrave lrsquoon a deux cultures alimentaires en mecircme temps mais la biomasse de la leacutegumineuse le haricot se mineacuteralise tregraves vite et nrsquoest plus visible apregraves la saison segraveche De mecircme lrsquoassociation du maiumls avec le soja est aussi tregraves freacutequent sur les Hautes Terres et surtout sur les sols volcaniques drsquoAntsirabe et de Betafo mais comme le haricot le soja se mineacuteralise tregraves vite et ne contribue pas beaucoup agrave la biomasse

Le but principal de cet article est de rappeler les principales plantes de couvertures en compleacutetant avec les acquis du GSDM dans les principales reacutegions de Madagascar ceci par rapport aux donneacutees du Manuel pratique du semis direct de Madagascar (HUSSON O et al 2013) un travail collectif sous la houlette drsquoOlivier HUSSON ougrave nous avons largement contribueacute et dont les principales informations ont eacuteteacute soit actualiseacutees soit compleacuteteacutees

Brefs aperccedilus des principales plantes de couvertures ou drsquoembocagement des parcelles

11 Le mucuna

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc) mais ses proprieacuteteacutes en agronomie nrsquoont eacuteteacute que tregraves peu documenteacutees ou sont resteacutees inconnues Pourtant cette leacutegumineuse a un tregraves grand inteacuterecirct en agronomie

Photo 1 Une bonne biomasse de mucuna

111 Une leacutegumineuse pour la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et la lutte contre le striga

Dans le site drsquoIvory sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + Mucuna varient de 468 agrave 485 tha en F1 et de 5 agrave 536tha en F2 et les rendements de maiumls en association avec le Mucuna varient de 44 agrave 487 tha en F1

1 et de 53 agrave 56tha en F2

2 Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020)

1 F1 5 tha de fumier de ferme

2 F2 F1 + 80 kgha de NPK 11- 22 ndash 16 et 25 kg ha drsquoureacutee

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Ce systegraveme bisannuel en agriculture de conservation permet drsquoobtenir des rendements stables de la production de riz et de maiumls associeacute Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans et dans les eacutecoles (CEG) appuyeacutees par le GSDM

112 Une leacutegumineuse pour lutter contre les mauvaises herbes

Photo 2 Apregraves une biomasse de mucuna (jachegravere de mucuna en haut et biomasse de mucuna associeacute avec du maiumls en bas) pas de

mauvaises herbes pour la culture suivante

113 Un reacutepulsif contre les insectes et mecircme contre drsquoautres ravageurs des cultures

Contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) LrsquoONG DURRELL qui a introduit des

associations agrave base de mucuna dans les aires proteacutegeacutees a pu observer que le mucuna limite aussi les attaques de sangliers (DURRELL 2020) Les varieacuteteacutes noires type Garadake du CTAS ou marbreacute existent mais il semble que la varieacuteteacute noire est la plus appreacutecieacutee

12 Le nieacutebeacute eacuterigeacute

Le nieacutebeacute (Vigna unguiculata subsp unguiculata) est une sous-espegravece veacutegeacutetale du Vigna unguiculata originaire drsquoAfrique Probablement introduit en Ameacuterique tropicale au XVIIegraveme siegravecle par les Espagnols le nieacutebeacute est aujourdhui largement cultiveacute dans le Sud des Eacutetats-Unis aux Caraiumlbes et au Breacutesil et bien sucircr en Afrique Les observations faites sur de longues anneacutees montrent que le nieacutebeacute eacuterigeacute David est adapteacute agrave tous les types de sols dans tous les milieux agrave Madagascar Sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute proposeacutee dans les zones humides de la Cocircte Est uniquement agrave cause de problegraveme de production de semences Comme le haricot crsquoest une leacutegumineuse alimentaire agrave cycle court mais qui exige des traitements insecticides freacutequents

Photo 3 Nieacutebeacute eacuterigeacute cv David CEG Antokofoana

Sa biomasse peu lignifieacutee se deacutegrade tregraves vite et demande agrave ecirctre associeacutee avec une biomasse lignifieacutee comme celle du maiumls ou du sorgho

Madagascar est connu pour sa production de nieacutebeacute type laquo Black eyes raquo exporteacute vers plusieurs pays mais surtout vers lrsquoinde Crsquoest la reacutegion drsquoAmbato Boeny sur les baiboho du Betsiboka qui est la reacutegion de production la plus importante

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13 Les nieacutebeacutes rampants

Les nieacutebeacutes rampants sont des varieacuteteacutes locales seacutelectionneacutes par les paysans sur de longues anneacutees en geacuteneacuteral dans les zones segraveches comme le Sud Malgache La varieacuteteacute SPLF2 seacutelectionneacutee par lrsquoONG TAFA dans la reacutegion du Sud-Ouest renommeacute actuellement FARIMASO par le CTAS ou la varieacuteteacute BABOKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy sont des exemples de nieacutebeacute rampant (ANCOS 2016) Les nieacutebeacutes rampants existent en nombre important dans les zones segraveches mais ne sont pas toutes exploiteacutees Leur gros avantage dans le couvert veacutegeacutetal reacuteside dans leur biomasse tregraves lignifieacutee donc ne se mineacuteralise pas trop vite En plus ils sont tregraves adapteacutes dans tous types de sols en zones segraveches comme ici sur la photo que nous avons prise agrave Tsihombe sur sol tregraves sableux en 2016 une anneacutee tregraves segraveche dans le Sud (RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANAJAKA J 2016

Photo 4 Nieacutebeacute rampant sur sable roux Imongy Tsihombe 2016 peacuteriode tregraves segraveche

dans le Sud

14 Le Vigna radiata

Le Vigna radiata ou Antsoroko est une leacutegumineuse comestible par lrsquohomme au mecircme titre que les nieacutebeacutes Un exemple de ce type de leacutegumineuse est la varieacuteteacute MORAMASAKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy (ANCOS 2016) Les Antsoroko sont cultiveacutes par les paysans ou sont endeacutemiques dans les reacutegions de lrsquoAndroyAnosy dans le Sud-Ouest dans les bassins seacutedimentaires du Menabe du Boeny et du Nord-Ouest donc il y a une grande possibiliteacute de seacutelection de varieacuteteacutes dans les populations existantes Dans le Boeny nous

avons pu identifier une varieacuteteacute drsquoAntsoroko agrave forte biomasse qui srsquoassocie bien avec le maiumls (RAKOTONDRAMANANA 2019)

Photo 5 Antsoroko Bongomena Commune Rurale Marovoay

15 La dolique

Le lablab (Lablab purpureus syn Dolichos lablab L Dolichos purpureus L) eacutegalement appeleacute pois antaque (ou Antaka en Malgache) ou dolique dEacutegypte est une espegravece de leacutegumineuse de la famille des Fabaceae qui est largement reacutepandu comme plante alimentaire dans les reacutegions tropicales notamment en Afrique Plante alimentaire traditionnelle en Afrique ce leacutegume peu connu preacutesente un potentiel inteacuteressant pour ameacuteliorer la nutrition renforcer la seacutecuriteacute alimentaire favoriser le deacuteveloppement rural et soutenir lameacutenagement durable du territoire Dans lrsquoAndroy la dolique est torreacutefieacutee pileacutee au

Photo 6 Dolique photo sur internet

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mortier avec le maiumls et sert de repas riche pour beaucoup de communauteacute

A Madagascar la dolique est geacuteneacuteralement cultiveacutee dans les reacutegions infeacuterieures agrave 1200 m drsquoaltitude (HUSSON O et al 2013) mais pas partout A part lrsquoAndroy et les bassins seacutedimentaires de lrsquoOuest et du Nord-Ouest la dolique se cultive sur les baiboho de la rive Est du Lac Alaotra La dolique donne une biomasse lignifieacutee qui associeacutee avec celle du maiumls creacutee un excellent lit de semis du riz pluvial agrave la prochaine campagne sur la base des reacutesultats sur la rive Est du Lac Alaotra en particulier

Diffeacuterentes varieacuteteacutes ont eacuteteacute seacutelectionneacutees par le CTAS dans lrsquoAndroy Vorompotsy (CTAS D1) Manja (CTAS D2) Ondragne (CTAS D3) Lohapitse (CTAS D4) Les varieacuteteacutes agrave cycle long sont appreacutecieacutees dans le Sud

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Seasea Antake ambahe Antake salazagne) marron port rampant originaire de Tsihombe (ougrave elle est appreacutecieacutee) peu inteacuteressante pour le district drsquoAmbovombe (sensible aux insectes)

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Anta-drazagne Antake mena) rouge ou blanc port rampant tregraves appreacutecieacutee dans le district drsquoAmbovombe pour sa reacutesistance aux insectes

16 Le Stylosanthes guianensis

Crsquoest le systegraveme phare en semis sous couvert veacutegeacutetal dans le Moyen Ouest Le laquo Stylo raquo comme on lrsquoappelle localement ressemble un peu agrave Medicago sativa la luzerne cultiveacutee en France Le stylo a eacuteteacute introduit agrave Madagascar dans le Moyen Ouest pour la production de fourrages Mais cette vieille varieacuteteacute est actuellement sensible agrave lrsquoanthracnose si bien que le GSDM avec le projet Bassin Versant et Peacuterimegravetre Irrigueacute du Lac Alaotra (BV Lac) a introduit en 2004 la varieacuteteacute CIAT 184

bull Crsquoest une leacutegumineuse peacuterenne aux feuilles trifolieacutees on la cultive en moyenne sur un cycle de 3 ans mais qui peut se reconstituer facilement avec les graines tombeacutees dans le sol mecircme apregraves un labour

bull Elle produit une forte biomasse (5 agrave 10 T de matiegravere segraveche sur sol deacutegradeacute et jusqursquoagrave 20 T sur sol riche)

bull Elle fixe entre 70 et 200 kg drsquoazote agrave lrsquohectare bull Son puissant systegraveme racinaire pivotant

restructure les sols bull Son port buissonnant jusqursquoagrave 1m80 de haut

la rend agressive vis agrave vis de la plupart des adventices comme le Striga plante parasite du riz et du maiumls agrave Madagascar

bull Crsquoest un excellent fourrage et elle peut ecirctre pacirctureacutee

bull Ses fleurs sont mellifegraveres il fleurit agrave une peacuteriode ougrave lrsquoabsence de fleurs affaiblit les abeilles creacuteant une continuiteacute juste avant la floraison du litchi

Photo 7 Une bonne biomasse de Stylosanthes Coopeacuterative FANILO

Amparihy commune Vinany

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Ces caracteacuteristiques expliquent qursquoon la surnomme aussi laquo luzerne tropicale raquo et cela en fait un excellent preacuteceacutedent pour de nombreuses cultures et en particulier les plantes qui fournissent les produits de base agrave Madagascar riz et maiumls

Le Stylosanthes guianensis srsquoadapte agrave un large spectre de sols et en particulier les sols acides (elle est capable de produire des nodules agrave pH 4 ) ainsi qursquoagrave de nombreux climats jusqursquoagrave 10001

megravetres drsquoaltitude et une pluviomeacutetrie de 600 agrave 3000 mm par an

17 Les arachis

Arachis est un genre de plantes dicotyleacutedones de la famille des Fabaceae sous-famille des Faboideae originaire dAmeacuterique du Sud qui compte 70 espegraveces annuelles ou vivaces LrsquoArachis apporte beaucoup drsquoazote au sol et en plus crsquoest une plante largement utiliseacutee comme plante mellifegravere

Deux espegraveces ont eacuteteacute essayeacutees agrave Madagascar lrsquoArachis pintoiuml et lrsquoArachis peacuterenne Cette leacutegumineuse a eacuteteacute largement diffuseacutee dans le Pays dans les cultures de rente (cafeacuteier poivrier vanillier giroflier) et dans les cultures fruitiegraveres

Photo 8 Arachis pintoiuml

1 1000 m Corrigeacute par lrsquoauteur le texte initial eacutetait 1600 m drsquoaltitude agrave Madagascar le Stylo nrsquoest plus cultiveacute au-dessus de 1000 m drsquoaltitude

18 La vesce

Vicia sativa la vesce cultiveacutee ou vesce commune est une plante annuelle appartenant agrave la famille des Fabaceacutees du mecircme genre que la fegraveve ou le haricot La vesce commune est cultiveacutee en tant que fourrage mais crsquoest aussi un excellent engrais vert Elle est de plus une plante inteacuteressante pour lrsquoeacutelevage des abeilles et peut eacuteventuellement ecirctre consommeacutee par lrsquohomme De plus la vesce a des difficulteacutes agrave se deacutevelopper dans les sols tregraves argileux

La vesce a eacuteteacute essayeacutee un peu partout agrave Madagascar mais crsquoest surtout au Lac Alaotra sur baiboho et sur colluvions de bas de pente riche qursquoelle a connu un succegraves Au Lac Alaotra la vesce rentre dans un systegraveme Rizcultures maraicircchegraveresvesce Dans ce systegraveme le riz beacuteneacuteficie de la biomasse de la vesce et de lrsquoarriegravere effet de la fertilisation des cultures maraicircchegraveres En plus de sa biomasse on reacutecolte les semences avant de la rouler pour le semis du riz Essayeacute dans les autres reacutegions de Madagascar la vesce a rencontreacute des problegravemes de rotation avec le riz irrigueacute sur les Hauts Plateaux en raison de son cycle qui srsquoallonge et retarde ainsi le repiquage du riz Par ailleurs la production de semences a eacuteteacute un problegraveme

Photo 9 Riz sur biomasse de vesce en Riziegravere agrave Mauvaise Maicirctrise dEau (RMME) M Charles Mahatsinjo CR Ambohitsilaozana Rive Est Lac

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19 Le Pois drsquoAngole

Le pois dAngole (Cajanus cajan syn Cajanus indicus) est une espegravece de plante vivace de la famille des Fabaceae Le pois dAngole est agrave la fois une culture vivriegravere (pois secs farine pois frais ou leacutegumes verts et une culture fourragegravere de couverture) Les pois contiennent des niveaux eacuteleveacutes de proteacuteines et dimportants acides amineacutes (meacutethionine lysine et tryptophane) En combinaison avec des ceacutereacuteales le pois dAngole constitue une alimentation humaine eacutequilibreacutee Aussi sous le nom de pois cajan pois-congo ambrevade ou pwa di bwa en creacuteole Guadeloupeacuteen le pois dAngole est une leacutegumineuse vivace agrave graine cultiveacutee en agriculture pluviale dans les reacutegions tropicales semi-arides httpsfrwikipediaorgwikiPois_d27Angole)

Photo 10 Pois drsquoAngole agrave la maturiteacute des gousses

Les expeacuteriences avec le Pois drsquo Angole ont eacuteteacute surtout obtenues dans lrsquoAndroy ougrave il a eacuteteacute utiliseacute en brise-vent en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute (forecirct de Cajanus) mais surtout a beaucoup contribueacute agrave la seacutecuriteacute alimentaire de cette zone segraveche (RAHARISON T et al 2018) en effet la consommation du pois drsquoAngole est rentreacute dans les habitudes alimentaires de certaines tribus de lrsquoAndroy et se trouve mecircme consommeacute agrave la place du haricot dans les funeacuterailles

Le Pois drsquoAngole est connu pour sa capaciteacute agrave aller chercher lrsquohumiditeacute en profondeur Etant une plante lignifieacutee il aide agrave renforcer la biomasse des autres espegraveces

110 Les crotalaires

Les crotalaires ont eacuteteacute associeacutes au riz pluvial mais sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute un succegraves Cependant les crotalaires ont lrsquoavantage drsquoavoir une biomasse lignifieacutee et qui nrsquoest pas appeacuteteacutee par les animaux Par ailleurs les crotalaires ont des racines profondes qui cherchent lrsquoeau en profondeur

Photo 11 Crotalaria gramihana endeacutemique sur les Hauts Plateaux

2 Les reacutesultats de la recherche

Nous rappelons ici les reacutesultats du site drsquoIvory pour deacutemontrer les capaciteacutes des plantes de

couverture agrave reacutegeacuteneacuterer un sol pauvre infesteacute de striga En effet le sol de ce site un sol ferralitique agrave pH 4 eacutetait abandonneacute par le proprieacutetaire agrave cause de lrsquoimpossibiliteacute drsquoy planter du maiumls et du riz agrave cause du striga

Le site drsquoIvory est situeacute agrave 100 km agrave lrsquoouest drsquoAntsirabe (pregraves de la RN 34 vers Miandrivazo) sur les plateaux de la zone centrale du Moyen Ouest dans le district de Mandoto Commune rurale de Vinany (localisation agrave la fig1) Les systegravemes mis en place ont eacuteteacute baseacutes sur les 3 dispositifs agrave savoir la lutte contre le Striga la diversification des cultures et la collection varieacutetale Les systegravemes de cultures proposeacutees ont eacuteteacute baseacutes sur la mise en place de maiumls en association avec des leacutegumineuses annuelles (vivriegraveres nieacutebeacute soja arachide Vigna umbellata) ou de plantes de couverture (mucuna et Stylosanthes) drsquoune part et la mise en place de plante de couverture fourragegravere (Arachis pintoiuml et Arachis peacuterenne)

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Sur les dispositifs des systegravemes en Agriculture de Conservation sont compareacutes au teacutemoin traditionnel laboureacute avec un minimum drsquointrants F1 (fumier seul agrave 5tha) ou F2 (F1 + 80 kgha de NPK + 25 kgha drsquoureacutee) soit des doses faibles se rapprochant des pratiques paysannes Le traitement en culture pure sans couvert veacutegeacutetal sur labour constitue un teacutemoin commun aux diffeacuterents essais conduits en Agriculture de Conservation (AC) sur reacutesidus ou sur couverture vivante

Figure 1 localisation du site drsquoIvory dans le Moyen Ouest commune de Vinany district de Mandoto

Figure 2 Pluviomeacutetrie par deacutecade sur le site drsquoIvory

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Figure 3 Rendements de riz sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Figure 4 Rendements de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements des systegravemes en Agriculture de Conservation sont nettement plus eacuteleveacutes que ceux obtenus en pratiques traditionnelles Le laquo riz pluvial sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses vivriegraveres raquo est de 37 agrave 47 THa (fertilisation F2) contre seulement 07 agrave 10 tHa sur labour Les systegravemes agrave base de mucuna sont les plus performants Malgreacute une faible pluviomeacutetrie agrave la 3egraveme deacutecade de feacutevrier et agrave la 2egraveme de mars en 2019 les rendements de cette anneacutee nrsquoont pas eacuteteacute affecteacutes ce qui montre bien la reacutesilience des systegravemes en agriculture de conservation sur le changement climatique Les mecircmes observations sont faites sur les rendements du maiumls associeacute

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Ces observations sont reacuteguliegraveres sur de nombreuses anneacutees et montrent qursquoune fois la fertiliteacute restaureacutee avec de fortes biomasses sans labour du sol et avec de faible dose drsquoengrais on aboutit agrave de tregraves bons rendements Lrsquoautre observation importante est la tregraves grande diffeacuterence entre les parcelles laboureacutees et les parcelles non laboureacutees avec les mecircmes doses de fertilisations Ceci srsquoexplique sur le fait que le labour mineacuteralise la matiegravere organique et entraine une perte eacutenorme par lessivage

3 Quels systegravemes pour les Hautes terres

Les systegravemes suivants sont proposeacutes pour large diffusion sur les Hautes Terres Dans le cadre de la diffusion du Projet MANITATRA II on note un fort engouement des paysans pour les systegravemes agrave base de mucuna au vue des premiers reacutesultats obtenus dans les Champs Ecoles Paysans (CEP) et dans les parcelles drsquoapplication des Collegraveges drsquoEnseignement Geacuteneacuteral (CEG) en effet pour la campagne 2019 - 2020 le systegraveme agrave base de mucuna en association avec le maiumls deacuterobeacute dans lrsquoassociation laquo maiumls + haricot raquo ou mecircme en jachegravere de mucuna a connu une adoption importante sur les Hauts terres

31 Le maiumls associeacute au haricot deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la campagne suivante

Le maiumls associeacute au haricot est tregraves courant sur les hautes terres donc agrave la maturiteacute du haricot et mecircme avant la reacutecolte on segraveme le mucuna sur la ligne du haricot La biomasse de maiumls va srsquoassocier agrave celle du mucuna pour constituer un lit de semis pour le riz pluvial sans labour agrave la prochaine campagne Normalement le lit de semis est tregraves peu infesteacute de mauvaises herbes si la biomasse du mucuna arrive agrave couvrir le sol

32 Le maiumls associeacute au soja deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la saison suivante

Comme avec le systegraveme preacuteceacutedent avant la maturiteacute du soja on segraveme le mucuna dans la ligne du soja On peut mecircme le semer agrave la voleacutee

33 Les associations avec lrsquoavoine en vue de production de fourrages

Dans le systegraveme preacuteceacutedent (maiumls + soja) au lieu de semer du mucuna on peut semer de lrsquoavoine qui servira par la suite de fourrage Comme avec le mucuna la parcelle est propre dans un couvert drsquoavoine Le paysan peut preacutelever une partie de la biomasse de lrsquoavoine pour le fourrage

34 Habiller le riz pluvial avec drsquoautres leacutegumineuses

Sur les Hautes Terres une parcelle de riz pluvial qui existe deacutejagrave peut ecirctre habilleacute avec du Pois drsquoAngole ou avec du crotalaire ce qui eacutevitera drsquoavoir une faible biomasse de riz agrave la prochaine campagne Cette pratique a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet MANITATRA II

35 Les embocagements des cultures

Les embocagements de parcelles se feront avec du Tephrosia vogellii une leacutegumineuse tregraves adapteacutee aux reacutegions drsquoaltitude jusqursquoagrave 2000 m Crsquoest aussi un reacutepulsif contre les insectes Cette leacutegumineuse peut pousser tregraves haut jusqursquoagrave 150 m mais on peut aussi la tailler en fin de saison de pluie et les produits de la taille (feuille et rameaux) peuvent ecirctre ajouteacutes agrave la biomasse de la parcelle

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4 Quels systegravemes pour le Moyen Ouest

Le systegraveme phare dans le Moyen Ouest est le systegraveme agrave base de Stylosanthes mais les

systegravemes agrave base de leacutegumineuses annuelles sont aussi deacuteveloppeacutes en parallegravele avec le stylo car les petits paysans avec moins de 1 ha nrsquoont pas envie de srsquoinvestir dans une jachegravere de stylo

41 Le Stylosanthes comme systegraveme phare

Comme deacutecrit plus haut le stylo est la plante de couverture drsquoexcellence pour reacutegeacuteneacuterer les sols deacutegradeacutes Mais contrairement agrave ce qursquoon a veacutehiculeacute comme message auparavant on propose de labourer quand le paysan a envie de revenir aux leacutegumineuses annuelles Cette recommandation est valable notamment pour les petits producteurs ne pouvant pas supporter la jachegravere drsquoune anneacutee Il est important de souligner qursquoune jachegravere de Stylo peut ecirctre planteacutee en maiumls ou en manioc agrave faible densiteacute Par ailleurs la jachegravere de stylo permet aussi de reacutecolter des semences qui sont tregraves demandeacutees actuellement drsquoougrave un compleacutement de revenus important pour le paysan

42 Le maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial

Tous les systegravemes agrave base de maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial ont eacuteteacute testeacutes dans les sites drsquoIvory et peuvent ecirctre diffuseacutes dans le Moyen Ouest ce qui offre un large choix par rapport aux autres reacutegions Il est important de deacuterober du mucuna avec les leacutegumineuses agrave faible biomasse (nieacutebeacute tsiasisa haricot soja)

5 Quels systegravemes au Lac Alaotra

Le Lac Alaotra est connu pour ses grandes surfaces de baiboho et de Riziegraveres agrave Mauvaise Maicirctrise drsquoEau (RMME) ceci agrave cause des fortes eacuterosions des bassins versants reacutesultant drsquoune pluviomeacutetrie violente et de la fragiliteacute du sol drsquoorigine tectonique Dans ces conditions le maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses en rotation avec le riz pluvial est le systegraveme phare sur baiboho et le systegraveme rotation laquo Rizcultures maraichegraveresVesce raquo sur RMME Parmi les leacutegumineuses la

dolique associeacutee au maiumls est agrave privileacutegier car cette plante de couverture est bien adapteacutee dans cette reacutegion

6 Quels systegravemes pour les zones semi-arides de lrsquoAndroy

Le problegraveme essentiel dans lrsquoAndroy est lrsquoeacuterosion eacuteolienne en plus de lrsquoeacuterosion hydrique Crsquoest ainsi que le pois drsquoAngole a eacuteteacute largement utiliseacute en brise-vent mais aussi en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols tregraves deacutegradeacutes par le systegraveme de forecirct de Cajanus

Parmi les leacutegumineuses la dolique est endeacutemique dans la reacutegion mais le mucuna les nieacutebeacutes rampants le konoke (leacutegumineuse endeacutemique du genre Phaseolus sp) sont reacutepandus et bien adopteacutes

Une approche de diffusion par les blocs agro-eacutecologiques a permis une forte adoption de lrsquoAgro-eacutecologie dans lrsquoAndroy seacutedimentaire

7 Quels systegravemes pour le Boeny

Tous les systegravemes deacutecrits plus hauts sont applicables dans le Boeny Il faut noter toutefois la preacutedominance du Vigna radiata (Antsoroko) et nieacutebeacute rampant type Lojomena et du nieacutebeacute type Black Eyes sur les baiboho A cause de la forte eacuterosion des bassins versants dans cette reacutegion les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal sont agrave privileacutegier Un grand effort de formation des intervenants locaux est indispensable

Photo 15 Vigna radiata

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Conclusions

Cet essai de capitalisation est loin drsquoecirctre parfaite Crsquoest un travail qui demande agrave

ecirctre actualiseacute avec le temps Nous nrsquoavons pas couvert toutes les reacutegions mais globalement les systegravemes reposent tous sur les fondamentaux de lrsquoAgriculture de Conservation et de lrsquoAgro-eacutecologie Par ailleurs en plus des formations des intervenants locaux la production de semences de plantes de couverture pose un problegraveme dans beaucoup de reacutegion Il faut noter que le site drsquoIvory et la commune de Vinany ont eacuteteacute une zone de production de semences de couverture pendant de longues anneacutees

Drsquoautres problegravemes qui ne sont pas eacutevoqueacutes dans cet article sont les feux de brousse en saison segraveche et les divagations drsquoanimaux qui diminuent eacutenormeacutement la biomasse laisseacutee sur les sols agrave la prochaine campagne Une prise de conscience collective des paysans semble donner des reacutesultats comme en teacutemoignent les paysans de la commune de Vinany dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra

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Reacutefeacuterences bibliographiques

1 ANCOS 2016 Reacutegistre des espegraveces et varieacuteteacutes exploiteacute dans le systegraveme laquo Semence de Qualiteacute Deacuteclareacutee raquo dans le Sud de Madagascar ANCOS Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche

2 DURRELL 2020 Lrsquointroduction de lrsquoinnovation Agro eacutecologie pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire des communauteacutes aux alentours des Aires proteacutegeacutees (Baie de Baly et Lac Alaotra) et zone humide de Lac Sofia Lot II Y 49 J Ampasanimalo (101) BP 8511 Antananarivo 101 ndash Madagascar httpswwwdurrellorgwildlife httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

3 GSDM 2020 Rapport annuel anneacutee 3 intervention du GSDM dans le Projet PAPAM composante 2 GSDM lot VA 26 Y Ambatoroka ANTANANARIVO 101

4 HUSSON O SEGUY L CHARPENTIER H RAKOTONDRAMANANA MICHELLON R RAHARISON T et al (2013) Manuel pratique du semis direct de Madagascar GSDMCIRADhttpgsdm-mgorgwp-contentfilesManuel_SCV_Mada_V_IntegraleMedpdf

5 RAKOTONDRAMANANA 2019 Rapport de mission de capitalisation dans le PLAE III BOENY 17 au 23 Feacutevrier 2019 PLAE ANALAMAHITSY ANTANANARIVO 101

6 RAKOTONDRAMANANA et al 2018 La rotation ou lrsquoassociation avec le mucuna reacuteduit consideacuterablement les attaques de chenilles leacutegionnaires sur le maiumls Journal de lrsquoAgro-eacutecologie Ndeg7 httpopen-libraryciradfrfiles62385__JAE_NC2B07pdf

7 RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANJAKA J 2016 Rapport de mission de reconnaissance et de diagnostic du Projet SOHAVELO ASARA programme europeacuteen de seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle dans la reacutegion Sud et Sud Est de Madagascar ASARAAINA AVSF Lot VG 25 Antsahabe BP 3149- Antananarivo 101 ndash Madagascar httpopen-libraryciradfr

files62394__Rapport_de_mission_SOHAVELO_VFpdf

8 RAHARISON T et al 2018 Rapport drsquoeacutetude drsquoimpact des pratiques des blocs agro eacutecologiques diffuseacutees dans le cadre du projet HOBA GRET Antananarivo

9 RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019 Diversiteacute et importance des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols dans les exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar Journal de lAgro-eacutecologie Ndeg8 2019 httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

10 h t t p s w w w s u p a g r o f r r e s s - p e p i t e s PlantesdeCouvertureresStylosanthespdf

11 httpsfrwikipediaorgwikiArachis

12 httpsfrwikipediaorgwikiVicia

13 h t t p s f r w i k t i o n a r y o r g w i k i pois_dE28099Angole

14 httpsfrwiktionaryorgwikicrotalaire

15 httpsfrwikipediaorgwikiPois_mascate

16 httpsfrwikipediaorgwikiVigna_unguiculata

17 httpsfrwikipediaorgwikiHaricot_mungo

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SUCCESS STORIES

La technique du lombricompost se diffuse de paysan agrave paysan

Lrsquoutilisation agrave outrance des produits chimiques en tant que pesticides et fertilisants durant lrsquoegravere

de la reacutevolution verte nrsquoavait fait que renforcer les effets du changement climatique sur lrsquoagriculture Hormis son prix eacuteleveacute les engrais de synthegravese solubles laissent toujours des reacutesidus ayant des impacts preacutejudiciables agrave lrsquoenvironnement Dans le cadre de ses projets de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie le GSDM tend agrave former les paysans sur les proceacutedeacutes de fabrication de diffeacuterents types de compost dont le vermicompostage Cela dans lrsquooptique de rendre la production agricole plus durable et plus respectueuse de lrsquoenvironnement Les suivantes sont les teacutemoignages de paysans sur les inteacuterecircts du lombricompostage

Dans la commune rurale drsquoAnkazomiriotra au niveau du village drsquoAmbohitrinibe Fokontany Belanitra Est Madame RABEBINIRINA Minompamonjy David (Mme Mino) fait partie de ces paysans qui ont su tirer profit de lrsquoutilisation du lombricompost

Nrsquoayant pas de zeacutebu nous eacutetions obligeacutes drsquoacheter drsquoeacutenorme quantiteacute de fumiers et drsquoengrais pour fertiliser nos champs Crsquoeacutetait peacutenible vu que notre revenu couvrait difficilement le montant de nos besoins Vers 2013 nous avons assisteacute aux seacuteances de formations et drsquoanimations prodigueacutees par les techniciens travaillant sur le projet pilote Manitatra 1 Apregraves ces formations

ils nous ont fait don de 250g de vers Aujourdrsquohui nous en disposons drsquoau moins 20Kg Les reacutesultats que nous avons obtenus degraves la premiegravere anneacutee drsquoutilisation du lombricompost a eacuteteacute probant Drsquoabord la charge de travail due au transport de fertilisant vers le champ srsquoeacutetait beaucoup amoindri car nous nrsquoavons plus qursquoagrave transporter tout au plus le dixiegraveme du volume de fumier de parc qursquoon utilisait avant En effet 30 agrave 40 kg de lombricompost peut amplement suppleacuteer agrave 2 charrettes de fumier de parc Le sarclage est aussi devenu plus facile car le preacute-compostage a permis drsquoeacuteliminer les graines drsquoadventices qui dlsquohabitude viennent avec les fumiers organiques Ensuite les cultures reacutesistent mieux agrave la segravecheresse et les plantes parasites Par exemple nous avons constateacute que le riz devient plus vigoureux face aux attaques du striga Le rendement est de plus en plus soutenu et les produits maraicircchers sont moins sujets agrave la deacutegradation

La fabrication de lombricompost demande certes une certaine rigueur mais est tout agrave fait agrave la porteacutee de chaque paysan Il vous faut juste preacuteparer du preacute-compost qui servira de nourriture aux vers En plus il est indispensable drsquoarroser et de veacuterifier peacuteriodiquement la tempeacuterature Lrsquoessentiel des travaux consiste agrave seacuteparer les vers des composts mucircrs Il nous arrive encore drsquoacheter du fumier de parc pour servir drsquoappoint au preacute-compost mais ccedila en vaut la peine

Avec notre unique andain nous arrivons agrave produire 600kg de compost par mois

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SUCCESS STORIES

Nous nrsquoutilisons que le quart de notre production Le reste est vendu agrave des clients qui viennent drsquoun peu partout agrave Madagascar La plus grosse commande que nous avons eue en 2019 eacutetait de 15tonne La production de lombricompost contribue beaucoup agrave nos ressources peacutecuniaire car il nous arrivons agrave lrsquoeacutecouler jusqursquoagrave 1000Ar le kilo

Madame Mino peut ecirctre joint aux numeacuteros suivants 034 19 777 50033 13 412 10

Un autre paysan en la personne de Monsieur RAZAFINDRAKOTO Emilson (Dadakoto) habitant agrave Antanety 2 Commune Antanifotsy a aussi adopteacute le lombricompostage Les suivants sont ses points de vue quant agrave lrsquoutilisation du lombricompost

Nous avons construit le premier andain suite aux seacuteries drsquoanimation-formation effectueacutees par le paysan leader et le technicien du projet Manitatra 2 travaillant dans notre zone Ce premier andain eacutetait devenu productif agrave partir du mois de juin 2019 Je commence juste agrave produire du lombricompost mais jrsquoai deacutejagrave constateacute les reacutesultats sur la bonne veacutegeacutetation de mes maiumls et de mes riz par rapport agrave ce que jrsquoai eu auparavant Afin drsquoaugmenter la production nous avons construit drsquoautres andains et aujourdrsquohui nous en avons 5

Nous avons commenceacute avec 1kg de vers et maintenant nous en avons autour de 60kg Jusqursquoagrave preacutesent ma production est entiegraverement destineacutee agrave lrsquoautoconsommation Nous les utilisons surtout sur nos cultures de tanety comme le riz et le maiumls associeacute aux leacutegumineuses Je trouve qursquoil est plus inteacuteressant drsquoutiliser du lombricompost que de fumier de parc Actuellement je nrsquoutilise presque plus drsquoengrais chimique

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ACTUALITES

Produit biologique de lutte contre les Chenilles leacutegionnaires drsquoAutomne (CLA) la menace est maitriseacutee un article du Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la pecircche

(Source publication facebook du MAEP le 14 deacutecembre 2019)

Deacutesormais les producteurs de maiumls Malagasy ne devraient plus ecirctre anxieux et inquiets

face agrave la Chenille Leacutegionnaire drsquoAutomne ou CLA La menace est maicirctriseacutee Gracircce aux efforts du Ministegravere de lAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) agrave travers les techniciens de la DPV et de la FOFIFA des diffeacuterents chercheurs de lUniversiteacute dAntananarivo de lEssagro et dexperts africains appuyeacutes par la FAO une souche biologique appeleacutee BT ou Bacillus Thuringiensis a eacuteteacute deacutecouverte Les tests ont deacutemontreacute que cette bacteacuterie naturelle et endeacutemique agrave Madagascar est capable de tuer la CLA Meacutelangeacute agrave 50g de riz blanc elle peut recouvrir 1ha de champ de maiumls

Notons quelle naffecte ni lenvironnement ni la santeacute humaine Madagascar sest aussi doteacute de sa strateacutegie nationale quinquennale de lutte contre la CLA Telles sont parmi les grandes avanceacutees du PROJET DAPPUI DURGENCE Agrave LA MISE EN PLACE DUN SYSTEME DE SURVEILLANCE DE RIPOSTE ET DE LUTTE INTEGREacuteE CONTRE LA CLA meneacute avec lappui technique et financier de la FAO

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ACTUALITES

Fenetre sur lAgriculture Biologique agrave MadagascarRakotondramanana GSDM

Un projet de loi sur lrsquoAgriculture biologique a eacuteteacute preacutepareacute sur lrsquoinitiative du Syndicat Malgache de lrsquoAgriculture Biologique (SIMABIO) et du MAEP et sera incessamment soumis agrave lrsquoAssembleacutee

Nationale Suite agrave cela un voyage drsquoeacutetude au Maroc et en Tunisie a eacuteteacute reacutealiseacute en vue des perspectives drsquoeacutelaboration drsquoune Strateacutegie Nationale drsquoAppui agrave lrsquoAgriculture Biologique agrave Madagascar (SNABio)

La mission a vu la participation drsquoune deacuteleacutegation conduite par le Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) accompagneacutee du Preacutesident du SIMABIO du projet Coordonnateur National du projet CASEF de lrsquoassistant technique du projet CASEF du repreacutesentant de la recherche (FOFIFA) et du directeur exeacutecutif du GSDM

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Le secteur de lrsquoAgriculture Biologique (AB) agrave Madagascar est en pleine croissance depuis plusieurs anneacutees Repreacutesentant actuellement un chiffre drsquoaffaire annuel de lrsquoordre de 55 Meuro geacuteneacutereacutes par plus drsquoune centaine drsquoentreprises employant 7000 salarieacutes et srsquoapprovisionnant aupregraves de plus de 20 000 agriculteurs le secteur est quasiment exclusivement orienteacute vers lrsquoexportation drsquoune large gamme de produits agricoles beacuteneacuteficiant drsquoune forte typiciteacute (eacutepices fruits tropicaux huiles essentielles cacao crevettes etc) principalement vers lrsquoEurope

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ACTUALITES

les Etats-Unis le Japon (source CASEF) Les produits bio malgaches sont issues drsquoagriculture bio par des entreprises locales mais aussi de la cueillette Compareacute aux autres pays le coucirct de la certification est trop eacuteleveacute agrave cause du manque de concurrence (un seul organisme certificateur agreacuteeacute ECOCERT)

Au Maroc lrsquoAgriculture biologique repreacutesente de lrsquoordre de 60 Meuro drsquoexportation et en Tunisie 205Meuro mais dans ces deux pays on assiste agrave un marcheacute local en cours de progression Le tableau suivant reacutesume lrsquoagriculture Bio dans les deux pays Globalement les produits exporteacutes sont domineacutes par lrsquohuile drsquoOlive bio dans les deux pays

A lrsquoissue de la mission des perspectives pour Madagascar ont eacuteteacute souleveacutees sous forme drsquoenseignements et reacuteflexions bull Creacuteer un dispositif drsquoappui conseil technique et financier ciblant les producteurs et les entreprises

AB en synergie avec les meacutecanismes existants (FDA Banques IMF etc)bull Subventionner la certification =gt Accroitre la concurrence entre organismes de Controcircle et de Certification (OCC) =gt Agreacutement et controcircle effectif de la part des pouvoirs publicsbull Concevoir une strateacutegie ciblant une diversiteacute de filiegraveres prioritaires de maniegravere inclusive par

exemple Exports Filiegraveres inteacutegreacutees eacutecotourisme Filiegraveres courtes laquo petits producteurs raquo au systegraveme de garantie par Certification de Territoire (CT) et Systegraveme Participatif de Garantie (SPG)

bull Mise en place de centres de recherche technique deacutedieacute agrave lrsquoAB reacutepondant agrave la demande (par ex contrat programme recherche - reacutegions - organisations professionnelles)

bull Conceptionmise en œuvre drsquoun dispositif de formation AB avec obligation de modules dans les cursus agricoles

bull Dynamiser la professionnalisation et la structuration des producteurs et des entreprises malgaches dans lrsquoAB

bull Poursuivre lrsquointeacutegration du secteur priveacute (amont et aval) dans les diffeacuterentes laquo aregravenes raquo institutionnelles deacutefinition des strateacutegies conception et pilotage des dispositifs drsquoappui etc

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AGRO-ECOLOGIE EN PHOTO

La mise en place des parcelles dapplication en Agro-eacutecologie a eacuteteacute effectueacutee au niveau des 8

collegraveges de la reacutegion Boeny Les enseignants et eacutelegraveves ont eacuteteacute accompagneacutes et encadreacutes par les ingeacutenieurs agronomes du GSDM et les techniciens locaux

Une repreacutesentante de la deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo a visiteacute les

reacutealisations du GSDM dans le cadre du projet Manitatra 2 De nombreux points inteacuteressants pouvant ecirctre valoriseacutes dans le cadre dune future coopeacuteration ont eacuteteacute souleveacutes En attendant certaines observations seront agrave partager au cours dun eacuteveacutenement de la Commission europeacuteenne qui se tiendra courant de la 3egraveme semaine du mois de feacutevrier 2020 agrave Bruxelles

Le GSDM maitient lappui technique des 12 eacutetablissements beacuteneacuteficiaires de linteacutegration

de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire dans le Vakinankaratra Il sagit des 6 eacutecoles pilotes PAPAM et des 6 autres extensions reacutealiseacutees dans le cadre du projet MANITATRA 2 Pour lanneacutee scolaire 2019-2020 la mise en place des cultures de grande-saison la mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique ainsi que les suivis reacuteguliers des tehcniciens ont eacuteteacute reacutealiseacutes Quelques enseignants du CEG de Vinany du CEG de Betafo ont mecircme beacuteneacuteficieacutes dune formation de recyclage

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Mise en place de la parcelle dapplication en Agro-eacutecologie au niveau du CEG Mariarano Boeny

Visite des reacutealisations du GSDM projet MANITATRA 2 par une repreacutesentante de la

deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo

Mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique aux 12 eacutetablissements du

Vakinankaratra

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AVRIL 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull RAKOTO HERIMANDIMBY Reneacute - Superviseur de zone du Sud-Est Projet PAPAMbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo AGRISUD- membre du GSDMRubrique laquoDossierraquo GSDMRubrique laquoRechercheraquo Dp SPAD - Partenaire technique du GSDM Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA 2)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth avril 2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

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Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

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- Mission de suivi du Comesa les 16 et 17 mars 2020- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020 - Formation CSAFRDA Makanara du 25 au 28 mars 2020

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Emission FIVOHY sur la RNM Tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Deuxiegraveme session de formation des enseignants Boeny du 07 au 10 Avril 2020- Formation des parents deacutelegraveves collegravege Boeny preacutevue durant la semaine du 20 Avril 2020- Visite-eacutechange inter-reacutegional des enseignants parents et elegraveves preacutevue en fin du mois dAvril 2020

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MARS 2020

ANNEE 2020

Page 14: Edition trimestrielle N° 9 / 2020

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2 La fumure organique produite dans Les EAF

La production de fumure organique (FO) a eacuteteacute eacutevalueacutee1 pour lrsquoanneacutee enquecircteacutee (2016) Toutes les EAF en ont produit sauf trois (moins de 1) qui nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux2 durant toute lrsquoanneacutee et qui nrsquoont pas valoriseacute leurs ordures meacutenagegraveres sous forme de compost

21 Quantiteacutes et composition

Parmi les types de FO (Figure 1) on note lrsquoimportance du fumier meacutelangeacute les exploitations qui ont plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage meacutelangent souvent les deacutejections qui fermentent ensemble dans le parc agrave bœuf ou pendant leur stockage dans une fosse ou simplement en tas Souvent les exploitants y ajoutent les deacutechets meacutenagers des cendres et dans certains cas drsquoautres reacutesidus de culture ou deacutechets (voir infra) Crsquoest donc un produit fertilisant dont la composition et la qualiteacute varient fortement drsquoune EAF agrave une autre

La production moyenne annuelle de FO par EAF (Figure 1) est plus importante dans la zone drsquoArivonimamo (217 tonnes) que dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra (187 tonnes) Les constituants principaux sont le fumier meacutelangeacute et le fumier de bovins qui agrave eux deux repreacutesentent 72 de la FO totale agrave Mandoto et 83 agrave Arivonimamo Lrsquoeacutecart entre les deux moyennes nrsquoest pas tregraves eacuteleveacute mais il est significatif et la diffeacuterence srsquoexplique drsquoabord par un nombre drsquoanimaux drsquoeacutelevage en moyenne plus important dans la zone drsquoArivonimamo (18 bovins et 7 porcs par EAF) que dans la zone de Mandoto (14 bovins et 23 porcs) Il existe une relation lineacuteaire positive entre le nombre moyen de bovins ou la valeur du cheptel dans lrsquoEAF et la quantiteacute de FO produite (coefficients de correacutelations respectivement de 057 et 062 signification agrave 001)

Figure 1 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF selon les zones

1 On notera que cette eacutevaluation a eacuteteacute faite sur la base des deacuteclarations des exploitants agricoles avec les uniteacutes tradition-nelles que sont la charrette le sac la soubique (panier) etc Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes 250 kgcharrette (en reacutefeacuterence agrave Saint Andreacute et al 2016) 30 kgsac et 10 kgsoubique Ainsi les reacutesultats preacutesenteacutes sont des ordres de grandeur mecircme si les chiffres semblent indiquer une certaine preacutecision et si la taille conseacutequente de lrsquoeacutechantillon fait que les approximations se compensent2 Comme pour la production de FO lrsquoeacutelevage est la norme puisque seules 1 des EAF nrsquoont pas eacuteleveacute drsquoanimaux lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte On notera que le fait de ne pas avoir drsquoanimal agrave un moment donneacute ne signifie pas que lrsquoexploitation ne pratique pas lrsquoeacutelevage lrsquoabsence drsquoanimal est le plus souvent conjoncturelle et un indicateur de difficulteacutes eacuteconomiques

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Au-delagrave des diffeacuterences de quantiteacute on note lrsquoimportance du compost traditionnel (zezi-pako) agrave Mandoto avec 16 de la FO alors qursquoagrave Arivonimamo il ne repreacutesente que 1 Le zezi-pako est constitueacute essentiellement agrave partir des ordures domestiques et de veacutegeacutetaux reacutecolteacutes sur ou en dehors de lrsquoEAF (Ravonjiarison et al 2018) Il est reacuteputeacute ne pas contenir de deacutejection animale (mecircme si selon les deacuteclarations 60 des EAF en ajoute voir infra) et srsquoil en contient crsquoest en faible quantiteacute Il peut ecirctre brucircleacute surtout srsquoil contient beaucoup de veacutegeacutetaux peu deacutegradeacutes Le zezi-pako est utiliseacute plutocirct par les petites exploitations les grandes exploitations preacutefeacuterant produire du compost Les quantiteacutes de composts laquo modernes raquo ne sont pas significativement diffeacuterentes entre les zones

22 Les produits apporteacutes dans le fumier et le compost

Les produits apporteacutes pour la fabrication du fumier et du compost ont des effets sur la qualiteacute

fertilisante finale des produits Comme lrsquoindique le Tableau 1 les EAF apportent des produits divers cette pratique permet drsquoaugmenter le volume de fumier produit (Alvarez S 2012 Rasolofo L I 2017) mais aussi de produire des fumures de composition variable par rapport aux caracteacuteristiques reconnues (Ravonjiarison et al 2018)

Lrsquoapport des deacutejections animales est bien sucircr fonction des animaux sur lrsquoEAF mais aussi pour les composts (et en particulier pour le zezi-pako) des deacutejections de zeacutebus ramasseacutees sur les chemins ou parcours emprunteacutes par des animaux qui appartiennent agrave drsquoautres EAF les exploitants connaissent lrsquoimportance des deacutejections animales pour la fumure des cultures et les plus pauvres avec tregraves peu drsquoanimaux ramassent des deacutejections laquo perdues raquo Ainsi 60 des EAF qui produisent du compost ajoutent dans celui-ci des deacutejections animales

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les EAF ajoutent de nombreux produits dans la fabrication du fumier autant si ce nrsquoest plus en freacutequence que pour

le compost Pour les pailles et balles de riz la prioriteacute semble ecirctre donneacutee au fumier mecircme si la freacutequence reste eacuteleveacutee pour le compost Les EAF pratiquent avec un fort pourcentage le recyclage des reacutesidus de cultures (paille de riz balles de riz autres reacutesidus de culture) Pregraves des deux tiers des EAF ajoutent du bozaka1 et une EAF sur deux qui produit du compost ajoute des feuilles drsquoarbres

Tableau 1 Principaux produits apporteacutes pour la fabrication des fumiers ou des composts (en des EAF)

Produits apporteacutes Fumier (EAF=304)

Compost (EAF=122)

Deacutejection de bovins 70

60

Deacutejection de porcs 73Deacutejection de volailles

84

Deacutejection autres animaux

1

Paille de riz 72 60Balles de riz 51 33Reacutesidus autres cultures

43 39

Bozaka 68 60Autres herbes 17 9Feuille darbres 13 50Deacutechets meacutenagers 36 54Cendres 46 57Terre fertile Terreau

3 12

Sels 4 9Vers 0 2Autres produits 4 7

1 Nom geacuteneacuterique pour deacutesigner les laquo herbes raquo et plus particuliegraverement les gramineacutees qui couvrent pentes et sommets des collines (Andropogon eucomus Aristida adscensionis etc) (source dictionnaire malgache httpmotmalgacheorgbinsteny2) Le bozaka peut avoir eacuteteacute coupeacute ou arracheacute dans ce cas il comprend les racines et un peu de terre

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Ces produits bozaka feuilles drsquoarbres autres herbes sont pour la plupart des produits de cueillette et participent agrave une laquo gestion horizontale de la fertiliteacute raquo avec un transfert drsquoeacuteleacutements fertilisants preacuteleveacutes sur drsquoautres parties du terroir et rameneacutes sur les parcelles cultiveacutees (Rollin 1994 Andriambelomanga 2017) amplifiant le mecircme transfert reacutealiseacute par les animaux (pacircturages ou parcours fumier cultures) Les autres produits utiliseacutes notamment par les EAF qui produisent du compost sont les cendres le terreau mais aussi du sel acheteacute et dlsquoautres produits comme de la dolomie de la sciure de bois etc

23 Les motivations pour la production du compost

La production de compost est lrsquoune des techniques vulgariseacutees pour augmenter

les quantiteacutes de matiegraveres fertilisantes encourageacutees par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie Les reacutesultats de lrsquoenquecircte montrent que la moitieacute des EAF agrave Mandoto et 30 des EAF agrave Arivonimamo ont deacutejagrave cette pratique

Tableau 2 Part des EAF qui produisent du compost

Mandoto ArivonimamoCompost moderne

9 12

Compost traditionnel

41 18

Total avec compost

50 30

A Mandoto ce sont les pratiques traditionnelles de production de zezi-pako qui dominent tregraves largement On notera que si le total nrsquoest que de 50 crsquoest que quelques EAF rares toutefois font les deux types de compost A Arivonimamo certainement en raison des programmes de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la technique la part des EAF avec compost laquo moderne raquo est un peu plus eacuteleveacutee mais le compost traditionnel

est moins reacutepandu On pourrait penser que le fumier se substitue au compost crsquoest-agrave-dire qursquoune EAF qui produit du fumier abandonne la production de compost car comme mentionneacute preacuteceacutedemment les EAF apportent en grande partie les mecircmes constituants aux deux types de fumure organique En fait il nrsquoen est rien 55 des EAF qui produisent du compost agrave Mandoto ont du fumier et agrave Arivonimamo ce taux est de 82

La raison principale pour laquelle les EAF produisent du compost crsquoest drsquoabord pour augmenter la quantiteacute disponible de fertilisants (34 des EAF qui ont reacutepondu) ou beacuteneacuteficier des effets en augmentant la production (11) et en ameacuteliorant la fertiliteacute des sols (9) On note tout de mecircme que 25 des EAF ont reacutepondu que crsquoeacutetait parce qursquoelles nrsquoavaient pas de fumier (et le taux est plus eacuteleveacute agrave Mandoto) Enfin 9 des EAF ont eacutevoqueacute le coucirct moindre du compost par rapport aux autres fertilisants et 12 ont donneacute des raisons que lrsquoon peut rattacher agrave une meilleure agronomie le zezi-pako est meilleur que le fumier car brucircleacute il ne transmet pas les maladies ou les graines de mauvaises herbes la cendre du zezi-pako a de nombreux avantages (notamment dans la lutte contre les ravageurs sur les peacutepiniegraveres) le compost est meilleur que les engrais pour les sols etc

Pour les EAF qui produisent du compost les contraintes principales sont pour 38 des EAF qui ont reacutepondu le temps de travail neacutecessaire (notamment pour ramasser les feuilles drsquoarbres le bozaka etc) et pour 35 des EAF la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres On notera que pour 12 des EAF il nrsquoy a pas de veacuteritable limite agrave la production de compost Enfin pour les 16 drsquoEAF restantes ces limites sont diverses lrsquoeau pour lrsquoarrosage du compost (5) mais aussi la treacutesorerie pour acheter le bozaka ou payer la main drsquoœuvre pour ramasser des matiegraveres premiegraveres le risque drsquoincendie etc

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24 Une production de FO tregraves variable selon les EAF

Malgreacute les apports sur le fumier et la production de compost la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF est faible en valeur absolue et surtout comme indiqueacute preacuteceacutedemment on observe une grande diversiteacute de situation entre les EAF avec un coefficient de variation de lrsquoordre de 90 dans les deux zones Les graphiques de la Figure 4 (voir infra la FO produite est en bleu) illustrent cette grande variabiliteacute avec des profils diffeacuterents selon les zones

Dans la zone de Mandoto comme deacutejagrave indiqueacute il y a une forte proportion drsquoEAF avec peu de fumure organique produite (plus de la moitieacute des EAF produisent moins de 15 tonnes) en raison du faible nombre drsquoanimaux et drsquoune production de compost qui reste peu importante Et ces EAF produisent environ frac14 de la fumure totale produite dans le terroir

Dans la zone drsquoArivonimamo la part des EAF avec moins de 15 tonnes est leacutegegraverement moindre (48) mais la FO produite pour lrsquoensemble de ces EAF nrsquoest que de 14 Donc un peu moins drsquoEAF mais une quantiteacute de FO produite tregraves faible On peut mettre cette diffeacuterence entre les deux zones au creacutedit de la production de compost traditionnel les EAF sans animaux sont plus importantes agrave Mandoto mais ces EAF pour compenser produisent du zezi-pako et en final sont moins deacutemunies que les EAF drsquoArivonimamoA lrsquoautre extreacutemiteacute des graphiques la part des EAF avec plus de 5 tonnes est faible agrave Mandoto agrave peine 4 des EAF et qui cumulent 6 de la FO produite totale Dans la zone drsquoArivonimamo la part de ces EAF est nettement plus importante (9) et surtout elles cumulent 29 de la FO Si on regroupe les deux derniegraveres classes la part des EAF avec plus de 3 tonnes agrave Arivonimamo est de 25 et ces EAF cumulent 58 de la FO agrave Mandoto elles sont 17 et cumulent 43 de la FO totale dans le terroir Ainsi si agrave Arivonimamo la production de FO moyenne par EAF est

supeacuterieure les ineacutegaliteacutes entre les EAF sont aussi plus importantes

3 La fumure organique disponible par EAF

La fumure organique disponible dans une EAF est en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les

fumiers produits la fabrication de composts mais aussi des eacutechanges

31 Les eacutechanges de fumure organique

Sur les Hautes Terres les eacutechanges de fumures organiques sont freacutequents que ces eacutechanges

soient marchands (achat vente) ou non (troc ou don)

Tableau 4 Part des EAF qui eacutechangent de la FO

Opeacuteration sur FO

Mandoto Arivonimamo

Ensemble 60 88- dont Achat 30 74- dont Vente 18 19- dont Troc 22 24

Comme le montre le Tableau 4 crsquoest une large majoriteacute des EAF qui eacutechangent de la fumure organique A Arivonimamo la pratique est presque geacuteneacuteraliseacutee avec 88 des EAF qui sont concerneacutees par au moins une opeacuteration drsquoentreacutee ou de sortie de FO

Si les opeacuterations drsquoeacutechanges non moneacutetariseacutes (troc ou don) et les ventes concernent agrave peu pregraves le mecircme pourcentage drsquoEAF dans les deux zones la diffeacuterence est forte en ce qui concerne les achats puisque agrave Arivonimamo ce sont presque 3 EAF sur 4 qui achegravetent de la FO Dans cette zone ougrave les productions maraichegraveres sont importantes les EAF sont agrave la recherche de fumure organique en termes de quantiteacutes pour augmenter le disponible mais aussi de qualiteacute (fumiers de porcs ou de volailles)

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Pour les eacutechanges sous forme de troc la fumure organique est eacutechangeacutee contre du travail (travail manuel ou prestation par exemple labour ou transport) contre de la paille de riz ou autres matiegravere organique (certainement pour produire du fumier) des semences (de riz ou maiumls) etc Les dons sont faits aux membres de la famille (le plus souvent des parents vers les enfants) mais aussi au meacutetayer voire agrave des voisins moins bien doteacutes Il y a donc un marcheacute de la fumure organique entre EAF drsquoune zone donneacutee mais aussi avec des EAF ou drsquoautres deacutetenteurs dans des zones plus eacuteloigneacutees Ainsi agrave Arivonimamo quelques EAF ont pu acqueacuterir des deacutechets urbains et beaucoup ont acheteacute du fumier en provenance drsquoeacutelevages speacutecialiseacutes

Tableau 5 Prix moyen en Ariary drsquoune charrette de fumure organique

Mandoto ArivonimamoNbre PU moyen Nbre PU moyen

Fumier de zeacutebu 179 5 809 225 16 158Fumier meacutelangeacute 49 4 837 88 13 286Fumier de porc 5 36 000 115 41 137Fumier de volaille 3 25 000 80 49 283Compost 8 18 333Zezi-pako 29 4 500

Les prix pour une charrette1 sont tregraves diffeacuterents entre les deux zones Et on peut penser qursquoagrave Arivonimamo le marcheacute de la fumure organique est laquo tendu raquo avec une forte demande et peu de fumure localement commercialiseacutee pour y reacutepondre Cette situation a des conseacutequences sur les prix avec comme lrsquoindique le Tableau 5 des prix tregraves eacuteleveacutes agrave Arivonimamo environ 3 fois plus eacuteleveacutes qursquoagrave Mandoto Ces prix ont eacuteteacute calculeacutes agrave partir des deacuteclarations de vente ou drsquoachat par les producteurs Lrsquoeffectif (Nbre) est le nombre de charrettes sur lequel a eacuteteacute calculeacute le prix moyen La part des achats est bien sucircr beaucoup plus eacuteleveacute et le plus souvent ce prix inclut le transport ce qui nrsquoest pas un eacuteleacutement neacutegligeable notamment agrave Arivonimamo ougrave la fumure provient drsquoeacutelevages relativement eacuteloigneacutes La charrette de fumier de porc ou de volaille est nettement plus chegravere que le fumier de zeacutebus ou de fumier meacutelangeacute Mais ce sont ces deux types de fumier qui sont les plus commerceacutes en quantiteacute

On notera que le pourcentage des EAF qui achegravetent est nettement supeacuterieur agrave celui des EAF qui vendent Les eacutechanges pourraient srsquoeacutequilibrer au niveau du territoire (le fokontany) par les quantiteacutes avec des EAF qui vendraient de grandes quantiteacutes et des EAF qui achegraveteraient de petites quantiteacutes En fait dans notre eacutechantillon (tireacute au sort et donc avec autant de chances de tirer un vendeur qursquoun acheteur) les eacutechanges ne srsquoeacutequilibrent pas et les quantiteacutes vendues ne repreacutesentent que 38 des quantiteacutes acheteacutees agrave Mandoto et seulement 22 agrave Arivonimamo Ainsi globalement les EAF achegravetent des fumures organiques agrave des exploitations agricoles drsquoautres fokontany et ceci est particuliegraverement reacutepandu agrave Arivonimamo avec des EAF qui achegravetent aux eacutelevages de poulets de chair de poules pondeuses ou de porcs proches de la ville drsquoImerintsiatosika

1 Aucune information nrsquoa eacuteteacute collecteacutee sur le poids des charrettes car le travail aurait eacuteteacute trop lourd agrave reacutealiser Ce poids deacutepend du niveau de remplissage mais aussi et beaucoup de la qualiteacute de la fumure organique Comme deacutejagrave indiqueacute pour faire les conversions nous avons utiliseacute le poids de 250 kg par charrette pour couvrir tous les types de fumure et eacuteviter les surestimations Certains pourront consideacuterer ce poids comme sous-estimeacute

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Figure 2 Evolution de la fumure moyenne produite par EAF

La fumure produite dans une EAF nrsquoest pas la fumure disponible celle-ci eacutevolue en fonction

des eacutechanges La Figure 2 preacutesente la situation moyenne drsquoune EAF selon la zone On constate que la quantiteacute de fumure disponible pour les cultures (apregraves entreacutees et sorties) est en moyenne plus importante que la fumure produite (voir aussi Tableau 6) Ainsi agrave Arivonimamo la fumure disponible passe agrave 29 tonnes par EAF alors que la quantiteacute produite est de lrsquoordre de 22 tonnes A Mandoto lrsquoeacutecart nrsquoest pas si important mais reste significatif avec respectivement 21 et 19 tonnesAinsi on peut deacuteduire de ces donneacutees que la strateacutegie des EAF est drsquoaugmenter la production de fumure organique sur lrsquoEAF (eacutelevage compost) mais aussi drsquoaugmenter la fumure organique disponible pour fertiliser les parcelles en achetant sur le marcheacute ou en srsquoapprovisionnant agrave travers

des eacutechanges non marchands Et cette strateacutegie est particuliegraverement dominante agrave ArivonimamoMais ces tendances geacuteneacuterales cachent de fortes dispariteacutes Ainsi les 3 EAF qui nrsquoavaient pas produit de FO en ont obtenu par achat et troc mais 4 EAF ont ceacutedeacute toute leur fumure organique Ainsi il y a toujours environ 1 de lrsquoeacutechantillon qui nrsquoa pas de FO disponible

32 Quantiteacutes disponibles et variabiliteacute

Ainsi lrsquoEAF moyenne a augmenteacute sa disponibiliteacute en FO dans les deux zones

(Figure 2 et Tableau 6) La composition (Figure 4) a eacutevolueacute par rapport agrave la FO produite (Figure 1) et ceci plus particuliegraverement agrave Arivonimamo Dans cette zone la part du fumier meacutelangeacute a fortement diminueacute (passant de 47 agrave 33) comme mais dans une moindre mesure celle du fumier bovin et ce sont les fumiers agrave base de deacutejections de porcs ou de fiente de volaille qui ont fortement progresseacute passant de 8 agrave 16 On note eacutegalement la progression du type autre FO qui est passeacute de 3 agrave 6 en lien avec lrsquoacquisition de deacutechets ou boues urbaines

Figure 3 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique disponible par EAF selon les zones

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A Mandoto les changements sont mineurs et concernent la reacutepartition entre fumier meacutelangeacute et fumier bovin ce dernier type progresse au deacutetriment du fumier meacutelangeacute Ceci srsquoexplique par le fait que les eacutechanges et en particulier moneacutetaires concernent le fumier de bovin et peu le fumier meacutelangeacute

Mais mecircme si on enregistre quelques eacutevolutions ce sont toujours le fumier de bovin et le fumier meacutelangeacute qui sont les fumures organiques les plus importantes car ils repreacutesentent plus de 70 des quantiteacutes moyennes disponibles au niveau de lrsquoEAF moyenne

Comme pour la fumure produite la fumure disponible par EAF est tregraves variable La variabiliteacute a mecircme augmenteacute avec des coefficients de variation autour de la moyenne un peu plus eacuteleveacutes pour la FO disponible Mais le recours au marcheacute et les eacutechanges non marchands ont fait fortement eacutevoluer la reacutepartition de la fumure organique entre les EAF La Figure 4 illustre ces eacutevolutions contrasteacutees selon les zones

Figure 4 Evolution de la reacutepartition des EAF et de la FO selon des classes de quantiteacutes de FO produite et disponible en tonnes

A Mandoto lrsquoeacutevolution nrsquoest pas tregraves importante les pourcentages drsquoEAF progressent en mecircme temps que les classes de quantiteacute de FO mais de maniegravere tregraves modeacutereacutee Le recours aux eacutechanges nrsquoentraicircne pas de modification spectaculaire dans le profil des graphiques que cela soit pour la reacutepartition des EAF ou pour la reacutepartition de la FO la part des EAF avec moins 05 tonne diminue de 18 agrave 15 et crsquoest la classe de 05 agrave 15 tonnes qui progresse de 3 la part des EAF les mieux pourvues (plus de 5 tonnes) progresse mais tregraves faiblement aussi

A Arivonimamo les changements sont beaucoup plus importants La part des EAF avec moins de 05 tonne diminue pour passer de 22 avec la fumure produite agrave seulement 9 pour la fumure disponible Ainsi la plus grande partie des EAF les moins pourvues se sont procureacutees de la FO sur le marcheacute ou par le troc car pour les cultures maraichegraveres il est indispensable drsquoavoir de la fumure organique Et ce sont les classes avec de plus grandes quantiteacutes de FO qui ont progresseacute de maniegravere remarquable

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les EAF avec plus de 3 tonnes sont passeacutees de 25 agrave 42 et la fumure que cumulent ces EAF est passeacutee de 58 agrave 73 La progression tregraves forte des EAF les mieux pourvues srsquoest tout de mecircme traduite par une concentration au niveau de ces EAF

33 Quantiteacute de fumure organique et surface

Lrsquoimportance de la fumure organique drsquoune EAF ne peut ecirctre appreacutecieacutee qursquoen fonction de la superficie agrave cultiver qui elle-mecircme deacutepend de la Surface Agricole Utile disponible par EAF Celle-ci varie selon la zone avec environ 15 ha agrave Mandoto et 09 ha agrave Arivonimamo

Tableau 6 Superficie et quantiteacutes moyennes par EAF

Variables par EAF Mandoto Arivonimamo

Moyenne CV Moyenne CVSAU (ha) 148 88 091 82FO produite (tonne) 187 90 218 92

FO disponible (tonne) 213 102 290 78

FO disponible (tonneha) 169 84 367 66

La quantiteacute de fumure disponible est en relation lineacuteaire avec la SAU les coefficients de correacutelation entre ces deux variables sont relativement eacuteleveacutes avec +076 agrave Mandoto et +059 agrave Arivonimamo et significatifs agrave 001 Dans les deux zones ces coefficients sont supeacuterieurs agrave ceux qui lient les variables de cheptel (nombre de bovins et valeur totale du cheptel) et les variables de SAU ainsi on peut en deacuteduire que cette relation entre quantiteacute de FO et surface nrsquoest pas seulement fonction des animaux disponibles mais bien dlsquoune strateacutegie des EAF une laquo strateacutegie de construction de la fertiliteacute raquo des sols (NrsquoDieacutenor et al 2011)

Figure 5 Nuages de points entre SAU et FO disponible pour chaque zone

Quand on ramegravene la quantiteacute de fumure organique disponible par ha de SAU la zone Arivonimamo apparaicirct nettement mieux pourvue avec pregraves de 35 t ha de SAU alors qursquoagrave Mandoto ougrave les EAF ont moins de FO disponible et plus de surface la moyenne est de 21 tonneha

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Les graphiques en nuage de points mettent en eacutevidence cette relation Les coefficients Rsup2 ne sont pas tregraves eacuteleveacutes ce qui signifie que la SAU disponible agrave elle seule nrsquoexplique pas tregraves bien la variabiliteacute observeacutee A Mandoto il y a quelques points atypiques (par exemple un producteur avec une superficie assez faible et beaucoup de fumure parce que le cheptel est important) mais la reacutegression semble repreacutesenter assez bien la situation la FO disponible est eacutegale agrave 125 fois la SAU + 03 tonnes

A Arivonimamo la reacutepartition des points est assez atypique et il semble exister deux groupes de producteurs avec des strateacutegies diffeacuterentes le premier en rouge dans le graphique vise une quantiteacute importante de FO par uniteacute de surface (35 fois la superficie plus 125 tonnes) alors que le second se rapproche de la situation de Mandoto et semble rechercher une quantiteacute de FO qui repreacutesente 15 fois la SAU + 01 tonne

Pour expliquer ces diffeacuterences entre les deux groupes il faut rechercher du cocircteacute des cultures pratiqueacutees avec pour le premier groupe des surfaces en cultures maraichegraveres plus importantes et avec pour le second un assolement beaucoup plus traditionnel (ces aspects seront analyseacutes dans le prochain article)

Ces quantiteacutes moyennes semblent cependant insuffisantes pour renouveler la fertiliteacute des sols cultiveacutes car selon les travaux de P Garin meneacutes il est vrai dans la zone du Lac Alaotra il faudrait 4 tonneshaan en moyenne de fumier pailleux neacutecessaire (Garin 1998 citeacute par Dubois 2004) pour restituer au sol la bonne quantiteacute de matiegravere organique contrebalanccedilant la mineacuteralisation de la matiegravere organique due aux cultures

Mais nombre de producteurs notamment dans la zone dArivonimamo ajoutent agrave la fumure organique des engrais mineacuteraux Ce point sera traiteacute dans le prochain numeacutero de JAE avec un article sur les strateacutegies drsquoutilisation de la fumure organique et mineacuterale

34 La qualiteacute fertilisante des fumiers

Dans le cadre du mecircme projet de recherche Secure des eacutechantillons de fumures

organiques destineacutees agrave la culture de riz pluvial ont eacuteteacute preacuteleveacutes dans 40 fermes de reacutefeacuterence (20 dans chacune des zones) pour la campagne culturale 2018-2019 Une quantiteacute drsquoenviron 700 cm3 a eacuteteacute preacuteleveacutee sur les parcelles au moment de la mise en place de la culture du riz Ces eacutechantillons ont eacuteteacute analyseacutes et les reacutesultats donnent une indication de la qualiteacute moyenne des fumiers produits et utiliseacutes dans les zones

Tableau 3 Qualiteacute des fumiers utiliseacutes (en de la matiegravere segraveche)

Zone pH N P KMandoto 86 11 03 18Arivonimamo 82 10 07 13

Avec des pH supeacuterieurs agrave 8 les fumiers permettent de corriger laciditeacute des sols (qui ont souvent des pH de deacutepart autour de 5) par leur pouvoir alcalinisant et dameacuteliorer dans la dureacutee les sols pour les rendre plus favorables aux cultures exigeantes comme le maiumls le soja le haricot les cultures maraichegraveres etc

La qualiteacute selon les trois principaux eacuteleacutements (N=Azote P=Phosphore et K=Potassium) peut ecirctre ainsi commenteacutee

bull N les teneurs moyennes en azote sont plutocirct faibles dans les 2 zones mettant en lumiegravere la neacutecessiteacute de mieux conserver cet eacuteleacutement tregraves mobile par dallage couverture rajout de pailles de riz ou de fanes de leacutegumineuse pour stockage de lurine Toutes les plantes ont besoin drsquoazote

bull P une teneur en phosphore nettement plus eacuteleveacutee agrave Arivonimamo en raison dassociations de deacutejections agrave base de volaille et de porc (dont une partie est acheteacutee voir infra) Mais ces teneurs sont faibles alors que lrsquoinsuffisance des sols en phosphore est tregraves souvent un des principaux facteurs limitant pour les cultures

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La FO avec ses faibles teneurs en P est de maniegravere geacuteneacuterale insuffisante pour lever ce facteur limitant

bull K les teneurs en potassium sont relativement eacuteleveacutees dans les deux zones par concentration des pailles par lrsquoajout de cendres de balles de riz ou de balles de riz en lrsquoeacutetat Le potassium est important notamment pour les cultures fruitiegraveres et maraicircchegraveres

Pour appreacutecier la qualiteacute en terme de nutrition des plantes on peut comparer les apports du fumier agrave ceux drsquoun engrais NPK 112216 (utiliseacute couramment dans la reacutegion) Le fumier moyen entre les deux reacutegions agrave des teneurs que lrsquoon peut arrondir agrave 1N 05P 15K en matiegravere segraveche (MS) ainsi en faisant simplement le rapport avec les des analyses 1 kilogramme drsquoengrais eacutequivaut pour N agrave 11 kgfumier MS pour P agrave 44 kgfumier MS et pour K agrave 11 kgfumier MS

Pour se rapprocher des pratiques paysannes il faut faire la comparaison avec des matiegraveres fraicircches et en uniteacute traditionnelle Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes le poids en MS eacutequivaut agrave 50 du poids en matiegravere fraiche une charrette de fumure organique pegravese1 250 kg Ainsi une charrette de fumier de faible qualiteacute eacutequivaut pour N agrave 11 kg pour P agrave 3 kg et pour K agrave 12 kg de lrsquoengrais NPK (112216) utiliseacute pour la comparaison

Si on fait la comparaison en termes de prix avec le kilogramme drsquoengrais agrave 2 200 Arkg (prix de 2019) et une charrette agrave 10 000 Ar lrsquouniteacute fertilisante coucircte avec lrsquoengrais environ 4 500 Ar et 2 700 Ar avec la charrette de fumier Ainsi lrsquoapport de FO est nettement plus inteacuteressant sur le plan eacuteconomique et ceci drsquoautant plus que la fumure est autoproduit valorisant ainsi lrsquoeacutelevage

1 Comme deacutejagrave indiqueacute le poids de la charrette varie for-tement selon le volume de remplissage et la qualiteacute du fumier Avec du fumier de bonne qualiteacute une charrette peut peser 400 kg voire plus mais avec du fumier de mauvaise qualiteacute ou du zezi-pako le poids peut descendre nettement en dessous des 250 kg Pour prendre en compte lrsquoensemble des types de fumure or-ganique nous avons adopteacute le poids moyen de 250 kgcharrette (notamment en reacutefeacuterence agrave Saint-Andreacute et al 2016)

etou le travail familial Cet amendement a aussi de nombreuses autres qualiteacutes que nrsquoa pas lrsquoapport drsquoengrais mineacuteraux avec des effets sur la structure et la faune du sol lrsquoapport drsquoeacuteleacutements fertilisants secondaires et des utilisations agronomiques inteacuteressantes (par exemple pour ameacuteliorer la leveacutee des cultures)

Ces calculs ont eacuteteacute faits avec des reacutefeacuterences moyennes plutocirct deacutefavorables agrave la FO (notamment le poids de la charrette) or les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de la qualiteacute et de la quantiteacute du fumier produit sont nombreuses (Salgado et Tillard 2012) avec des effets positifs sur la productiviteacute de la terre et du travail (Marline 20152) Dans le cadre des fermes de reacutefeacuterence sur les deux zones des agriculteurs appuyeacutes par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie se sont engageacutes dans un processus dameacutelioration des fumures organiques et peuvent ecirctre des reacutefeacuterents pour la diffusion des techniques

4 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La fumure organique disponible dans une EAF est fonction des quantiteacutes produites (en

moyenne 217 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 187 tonnes dans le MO du Vakinankaratra) en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les pratiques de compostage Mais pas seulement car le recours au marcheacute ou au eacutechanges non marchands font eacutevoluer de maniegravere significative agrave la fois les quantiteacutes disponibles par EAF mais aussi la qualiteacute et la reacutepartition entre les EAF La FO moyenne disponible est de 29 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 21 tonnes dans le MO du Vakinankaratra Rameneacutee agrave la SAU la quantiteacute de FO disponible est 367 tonnes par ha agrave Arivonimamo et 169 tha agrave Mandoto

2 Apregraves avoir enquecircteacute trente exploitations agricoles de la reacutegion Vakinankaratra Marline conclut que laquo lrsquoadoption des pra-tiques drsquoameacutelioration de la qualiteacute du fumier ne se traduit pas par une augmentation significative du coucirct de production du fumier notamment en raison des eacuteconomies drsquoeacutechelle dans la fabrication du fumier de qualiteacute En utilisant les reacutesultats des expeacuterimenta-tions de BIOVA lrsquoeacutepandage du fumier ameacutelioreacute sur les parcelles augmenterait la productiviteacute agricole de la terre de 27 et la pro-ductiviteacute globale du travail de 23 raquo (Marline 2015)

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Les produits ajouteacutes au fumier sont nombreux et la production de compost traditionnel ou laquo moderne raquo est reacutepandue

Ainsi que cela soit en termes de pourcentage drsquoEAF inteacuteresseacutees ou en termes de motivation il y a dans ces deux zones une base solide de pratiques et de connaissances paysannes sur laquelle peut srsquoappuyer la vulgarisation de lrsquoameacutelioration de la quantiteacute et de la qualiteacute du fumier et la production de compost

La recherche a commenceacute agrave analyser la diversiteacute de ces pratiques et leurs effets sur la production Un grand nombre de matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et animales sont recycleacutees et les premiers reacutesultats montrent drsquoimportantes synergies entre elles avec des associations courantes avec les engrais

La theacutematique de la fertilisation organique est importante pour les agriculteurs de ces zones Parmi diffeacuterentes pratiques agroeacutecologiques lrsquoutilisation des FO est assez geacuteneacuteraliseacutee et les agriculteurs adoptent via ces pratiques des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute (cf paragraphe 33) Dans cette optique les accompagnements et renforcements de la part des acteurs du deacuteveloppement rural nous semblent tregraves pertinents en matiegravere drsquoaugmentation en quantiteacute et en qualiteacute Les reacutefeacuterences drsquoameacutelioration existent deacutejagrave (Salgado et Tillard 2012 Rasolofo et al 2018) Des plantes ameacuteliorantes peuvent ecirctre eacutegalement utiliseacutees agrave lrsquoeacutechelle des EAF ou du territoire On peut citer les plantes reacutepulsives qui ameacuteliorent les FO dans la lutte contre les insectes (cf reacutefeacuterences du GSDM) les Tithonia qui apportent une quantiteacute significativement importante de K compareacutes agrave diffeacuterents types de fumiers (Olabode et al 2007) etc

Lrsquoeacutetude reacutevegravele eacutegalement que lrsquoutilisation des fumiers meacutelangeacutes provenant de plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage est une pratique courante des agriculteurs dans les deux zones Lrsquoameacutelioration des conduites drsquoeacutelevage dont lrsquoalimentation la santeacute ou lrsquohabitat pourrait ainsi ecirctre une autre faccedilon de rehausser la qualiteacute fertilisante des FO encore consideacutereacutee comme faible Lrsquoameacutelioration

dans ce cas devrait concerner de plus en plus les animaux agrave cycle court tels que les volailles etou les porcs En fait crsquoest parce que lrsquoeacutelevage bovin est menaceacute par les vols alors que les EAF ont toutes au moins des volailles au sein de leur exploitation

Les agriculteurs savent que la fumure organique est la base pour une bonne gestion de la fertiliteacute des sols qursquoelle permet drsquoameacuteliorer lrsquoefficience des engrais apporteacutes et qursquoelle peut aussi jouer un rocircle de leveacutee de certaines deacuteficiences De nouveaux enjeux apparaissent comme pour le compost avec la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et un besoin de reacutefeacuterentiel technico-eacuteconomique pour faire eacutevoluer la production de zezi-pako vers un compost avec plus de qualiteacutes fertilisantes

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RECHERCHES

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Les plantes de services en Agro-eacutecologie les rotations et successions des cultures leccedilons apprises du GSDM

Rakotondramanana Raharison T Randriamitantsoa M Moussa N Razanamparany C Tokiherinionja TF Sandratriniaina R R

Randriamiarana V Razaka M

Introduction

Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale les paysans pratiquent toujours des associations de cultures mais

pour la plupart il srsquoagit drsquoassociation laquo gramineacutee ndash gramineacutee raquo qui ne contribue pas du tout agrave la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols Dans le district de Mandoto par exemple lrsquoassociation maiumls + riz pluvial (41 des surfaces) manioc + maiumls (19 des surfaces) maiumls + arachide (10 des surfaces) sont les plus dominantes (RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019) A part lrsquoassociation avec lrsquoarachide ces associations nrsquoont pas beaucoup drsquointeacuterecirct dans la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et devraient changer en association gramineacutees - leacutegumineuses en utilisant les plantes de couverture agrave forte capaciteacute de reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols en plus de leurs proprieacuteteacutes eacuteprouveacutees en tant que plantes de services Lrsquoassociation du maiumls avec le haricot est tregraves courante aussi bien sur les Hautes Terres que dans le Moyen Ouest crsquoest une association ougrave lrsquoon a deux cultures alimentaires en mecircme temps mais la biomasse de la leacutegumineuse le haricot se mineacuteralise tregraves vite et nrsquoest plus visible apregraves la saison segraveche De mecircme lrsquoassociation du maiumls avec le soja est aussi tregraves freacutequent sur les Hautes Terres et surtout sur les sols volcaniques drsquoAntsirabe et de Betafo mais comme le haricot le soja se mineacuteralise tregraves vite et ne contribue pas beaucoup agrave la biomasse

Le but principal de cet article est de rappeler les principales plantes de couvertures en compleacutetant avec les acquis du GSDM dans les principales reacutegions de Madagascar ceci par rapport aux donneacutees du Manuel pratique du semis direct de Madagascar (HUSSON O et al 2013) un travail collectif sous la houlette drsquoOlivier HUSSON ougrave nous avons largement contribueacute et dont les principales informations ont eacuteteacute soit actualiseacutees soit compleacuteteacutees

Brefs aperccedilus des principales plantes de couvertures ou drsquoembocagement des parcelles

11 Le mucuna

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc) mais ses proprieacuteteacutes en agronomie nrsquoont eacuteteacute que tregraves peu documenteacutees ou sont resteacutees inconnues Pourtant cette leacutegumineuse a un tregraves grand inteacuterecirct en agronomie

Photo 1 Une bonne biomasse de mucuna

111 Une leacutegumineuse pour la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et la lutte contre le striga

Dans le site drsquoIvory sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + Mucuna varient de 468 agrave 485 tha en F1 et de 5 agrave 536tha en F2 et les rendements de maiumls en association avec le Mucuna varient de 44 agrave 487 tha en F1

1 et de 53 agrave 56tha en F2

2 Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020)

1 F1 5 tha de fumier de ferme

2 F2 F1 + 80 kgha de NPK 11- 22 ndash 16 et 25 kg ha drsquoureacutee

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Ce systegraveme bisannuel en agriculture de conservation permet drsquoobtenir des rendements stables de la production de riz et de maiumls associeacute Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans et dans les eacutecoles (CEG) appuyeacutees par le GSDM

112 Une leacutegumineuse pour lutter contre les mauvaises herbes

Photo 2 Apregraves une biomasse de mucuna (jachegravere de mucuna en haut et biomasse de mucuna associeacute avec du maiumls en bas) pas de

mauvaises herbes pour la culture suivante

113 Un reacutepulsif contre les insectes et mecircme contre drsquoautres ravageurs des cultures

Contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) LrsquoONG DURRELL qui a introduit des

associations agrave base de mucuna dans les aires proteacutegeacutees a pu observer que le mucuna limite aussi les attaques de sangliers (DURRELL 2020) Les varieacuteteacutes noires type Garadake du CTAS ou marbreacute existent mais il semble que la varieacuteteacute noire est la plus appreacutecieacutee

12 Le nieacutebeacute eacuterigeacute

Le nieacutebeacute (Vigna unguiculata subsp unguiculata) est une sous-espegravece veacutegeacutetale du Vigna unguiculata originaire drsquoAfrique Probablement introduit en Ameacuterique tropicale au XVIIegraveme siegravecle par les Espagnols le nieacutebeacute est aujourdhui largement cultiveacute dans le Sud des Eacutetats-Unis aux Caraiumlbes et au Breacutesil et bien sucircr en Afrique Les observations faites sur de longues anneacutees montrent que le nieacutebeacute eacuterigeacute David est adapteacute agrave tous les types de sols dans tous les milieux agrave Madagascar Sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute proposeacutee dans les zones humides de la Cocircte Est uniquement agrave cause de problegraveme de production de semences Comme le haricot crsquoest une leacutegumineuse alimentaire agrave cycle court mais qui exige des traitements insecticides freacutequents

Photo 3 Nieacutebeacute eacuterigeacute cv David CEG Antokofoana

Sa biomasse peu lignifieacutee se deacutegrade tregraves vite et demande agrave ecirctre associeacutee avec une biomasse lignifieacutee comme celle du maiumls ou du sorgho

Madagascar est connu pour sa production de nieacutebeacute type laquo Black eyes raquo exporteacute vers plusieurs pays mais surtout vers lrsquoinde Crsquoest la reacutegion drsquoAmbato Boeny sur les baiboho du Betsiboka qui est la reacutegion de production la plus importante

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13 Les nieacutebeacutes rampants

Les nieacutebeacutes rampants sont des varieacuteteacutes locales seacutelectionneacutes par les paysans sur de longues anneacutees en geacuteneacuteral dans les zones segraveches comme le Sud Malgache La varieacuteteacute SPLF2 seacutelectionneacutee par lrsquoONG TAFA dans la reacutegion du Sud-Ouest renommeacute actuellement FARIMASO par le CTAS ou la varieacuteteacute BABOKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy sont des exemples de nieacutebeacute rampant (ANCOS 2016) Les nieacutebeacutes rampants existent en nombre important dans les zones segraveches mais ne sont pas toutes exploiteacutees Leur gros avantage dans le couvert veacutegeacutetal reacuteside dans leur biomasse tregraves lignifieacutee donc ne se mineacuteralise pas trop vite En plus ils sont tregraves adapteacutes dans tous types de sols en zones segraveches comme ici sur la photo que nous avons prise agrave Tsihombe sur sol tregraves sableux en 2016 une anneacutee tregraves segraveche dans le Sud (RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANAJAKA J 2016

Photo 4 Nieacutebeacute rampant sur sable roux Imongy Tsihombe 2016 peacuteriode tregraves segraveche

dans le Sud

14 Le Vigna radiata

Le Vigna radiata ou Antsoroko est une leacutegumineuse comestible par lrsquohomme au mecircme titre que les nieacutebeacutes Un exemple de ce type de leacutegumineuse est la varieacuteteacute MORAMASAKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy (ANCOS 2016) Les Antsoroko sont cultiveacutes par les paysans ou sont endeacutemiques dans les reacutegions de lrsquoAndroyAnosy dans le Sud-Ouest dans les bassins seacutedimentaires du Menabe du Boeny et du Nord-Ouest donc il y a une grande possibiliteacute de seacutelection de varieacuteteacutes dans les populations existantes Dans le Boeny nous

avons pu identifier une varieacuteteacute drsquoAntsoroko agrave forte biomasse qui srsquoassocie bien avec le maiumls (RAKOTONDRAMANANA 2019)

Photo 5 Antsoroko Bongomena Commune Rurale Marovoay

15 La dolique

Le lablab (Lablab purpureus syn Dolichos lablab L Dolichos purpureus L) eacutegalement appeleacute pois antaque (ou Antaka en Malgache) ou dolique dEacutegypte est une espegravece de leacutegumineuse de la famille des Fabaceae qui est largement reacutepandu comme plante alimentaire dans les reacutegions tropicales notamment en Afrique Plante alimentaire traditionnelle en Afrique ce leacutegume peu connu preacutesente un potentiel inteacuteressant pour ameacuteliorer la nutrition renforcer la seacutecuriteacute alimentaire favoriser le deacuteveloppement rural et soutenir lameacutenagement durable du territoire Dans lrsquoAndroy la dolique est torreacutefieacutee pileacutee au

Photo 6 Dolique photo sur internet

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mortier avec le maiumls et sert de repas riche pour beaucoup de communauteacute

A Madagascar la dolique est geacuteneacuteralement cultiveacutee dans les reacutegions infeacuterieures agrave 1200 m drsquoaltitude (HUSSON O et al 2013) mais pas partout A part lrsquoAndroy et les bassins seacutedimentaires de lrsquoOuest et du Nord-Ouest la dolique se cultive sur les baiboho de la rive Est du Lac Alaotra La dolique donne une biomasse lignifieacutee qui associeacutee avec celle du maiumls creacutee un excellent lit de semis du riz pluvial agrave la prochaine campagne sur la base des reacutesultats sur la rive Est du Lac Alaotra en particulier

Diffeacuterentes varieacuteteacutes ont eacuteteacute seacutelectionneacutees par le CTAS dans lrsquoAndroy Vorompotsy (CTAS D1) Manja (CTAS D2) Ondragne (CTAS D3) Lohapitse (CTAS D4) Les varieacuteteacutes agrave cycle long sont appreacutecieacutees dans le Sud

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Seasea Antake ambahe Antake salazagne) marron port rampant originaire de Tsihombe (ougrave elle est appreacutecieacutee) peu inteacuteressante pour le district drsquoAmbovombe (sensible aux insectes)

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Anta-drazagne Antake mena) rouge ou blanc port rampant tregraves appreacutecieacutee dans le district drsquoAmbovombe pour sa reacutesistance aux insectes

16 Le Stylosanthes guianensis

Crsquoest le systegraveme phare en semis sous couvert veacutegeacutetal dans le Moyen Ouest Le laquo Stylo raquo comme on lrsquoappelle localement ressemble un peu agrave Medicago sativa la luzerne cultiveacutee en France Le stylo a eacuteteacute introduit agrave Madagascar dans le Moyen Ouest pour la production de fourrages Mais cette vieille varieacuteteacute est actuellement sensible agrave lrsquoanthracnose si bien que le GSDM avec le projet Bassin Versant et Peacuterimegravetre Irrigueacute du Lac Alaotra (BV Lac) a introduit en 2004 la varieacuteteacute CIAT 184

bull Crsquoest une leacutegumineuse peacuterenne aux feuilles trifolieacutees on la cultive en moyenne sur un cycle de 3 ans mais qui peut se reconstituer facilement avec les graines tombeacutees dans le sol mecircme apregraves un labour

bull Elle produit une forte biomasse (5 agrave 10 T de matiegravere segraveche sur sol deacutegradeacute et jusqursquoagrave 20 T sur sol riche)

bull Elle fixe entre 70 et 200 kg drsquoazote agrave lrsquohectare bull Son puissant systegraveme racinaire pivotant

restructure les sols bull Son port buissonnant jusqursquoagrave 1m80 de haut

la rend agressive vis agrave vis de la plupart des adventices comme le Striga plante parasite du riz et du maiumls agrave Madagascar

bull Crsquoest un excellent fourrage et elle peut ecirctre pacirctureacutee

bull Ses fleurs sont mellifegraveres il fleurit agrave une peacuteriode ougrave lrsquoabsence de fleurs affaiblit les abeilles creacuteant une continuiteacute juste avant la floraison du litchi

Photo 7 Une bonne biomasse de Stylosanthes Coopeacuterative FANILO

Amparihy commune Vinany

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Ces caracteacuteristiques expliquent qursquoon la surnomme aussi laquo luzerne tropicale raquo et cela en fait un excellent preacuteceacutedent pour de nombreuses cultures et en particulier les plantes qui fournissent les produits de base agrave Madagascar riz et maiumls

Le Stylosanthes guianensis srsquoadapte agrave un large spectre de sols et en particulier les sols acides (elle est capable de produire des nodules agrave pH 4 ) ainsi qursquoagrave de nombreux climats jusqursquoagrave 10001

megravetres drsquoaltitude et une pluviomeacutetrie de 600 agrave 3000 mm par an

17 Les arachis

Arachis est un genre de plantes dicotyleacutedones de la famille des Fabaceae sous-famille des Faboideae originaire dAmeacuterique du Sud qui compte 70 espegraveces annuelles ou vivaces LrsquoArachis apporte beaucoup drsquoazote au sol et en plus crsquoest une plante largement utiliseacutee comme plante mellifegravere

Deux espegraveces ont eacuteteacute essayeacutees agrave Madagascar lrsquoArachis pintoiuml et lrsquoArachis peacuterenne Cette leacutegumineuse a eacuteteacute largement diffuseacutee dans le Pays dans les cultures de rente (cafeacuteier poivrier vanillier giroflier) et dans les cultures fruitiegraveres

Photo 8 Arachis pintoiuml

1 1000 m Corrigeacute par lrsquoauteur le texte initial eacutetait 1600 m drsquoaltitude agrave Madagascar le Stylo nrsquoest plus cultiveacute au-dessus de 1000 m drsquoaltitude

18 La vesce

Vicia sativa la vesce cultiveacutee ou vesce commune est une plante annuelle appartenant agrave la famille des Fabaceacutees du mecircme genre que la fegraveve ou le haricot La vesce commune est cultiveacutee en tant que fourrage mais crsquoest aussi un excellent engrais vert Elle est de plus une plante inteacuteressante pour lrsquoeacutelevage des abeilles et peut eacuteventuellement ecirctre consommeacutee par lrsquohomme De plus la vesce a des difficulteacutes agrave se deacutevelopper dans les sols tregraves argileux

La vesce a eacuteteacute essayeacutee un peu partout agrave Madagascar mais crsquoest surtout au Lac Alaotra sur baiboho et sur colluvions de bas de pente riche qursquoelle a connu un succegraves Au Lac Alaotra la vesce rentre dans un systegraveme Rizcultures maraicircchegraveresvesce Dans ce systegraveme le riz beacuteneacuteficie de la biomasse de la vesce et de lrsquoarriegravere effet de la fertilisation des cultures maraicircchegraveres En plus de sa biomasse on reacutecolte les semences avant de la rouler pour le semis du riz Essayeacute dans les autres reacutegions de Madagascar la vesce a rencontreacute des problegravemes de rotation avec le riz irrigueacute sur les Hauts Plateaux en raison de son cycle qui srsquoallonge et retarde ainsi le repiquage du riz Par ailleurs la production de semences a eacuteteacute un problegraveme

Photo 9 Riz sur biomasse de vesce en Riziegravere agrave Mauvaise Maicirctrise dEau (RMME) M Charles Mahatsinjo CR Ambohitsilaozana Rive Est Lac

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19 Le Pois drsquoAngole

Le pois dAngole (Cajanus cajan syn Cajanus indicus) est une espegravece de plante vivace de la famille des Fabaceae Le pois dAngole est agrave la fois une culture vivriegravere (pois secs farine pois frais ou leacutegumes verts et une culture fourragegravere de couverture) Les pois contiennent des niveaux eacuteleveacutes de proteacuteines et dimportants acides amineacutes (meacutethionine lysine et tryptophane) En combinaison avec des ceacutereacuteales le pois dAngole constitue une alimentation humaine eacutequilibreacutee Aussi sous le nom de pois cajan pois-congo ambrevade ou pwa di bwa en creacuteole Guadeloupeacuteen le pois dAngole est une leacutegumineuse vivace agrave graine cultiveacutee en agriculture pluviale dans les reacutegions tropicales semi-arides httpsfrwikipediaorgwikiPois_d27Angole)

Photo 10 Pois drsquoAngole agrave la maturiteacute des gousses

Les expeacuteriences avec le Pois drsquo Angole ont eacuteteacute surtout obtenues dans lrsquoAndroy ougrave il a eacuteteacute utiliseacute en brise-vent en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute (forecirct de Cajanus) mais surtout a beaucoup contribueacute agrave la seacutecuriteacute alimentaire de cette zone segraveche (RAHARISON T et al 2018) en effet la consommation du pois drsquoAngole est rentreacute dans les habitudes alimentaires de certaines tribus de lrsquoAndroy et se trouve mecircme consommeacute agrave la place du haricot dans les funeacuterailles

Le Pois drsquoAngole est connu pour sa capaciteacute agrave aller chercher lrsquohumiditeacute en profondeur Etant une plante lignifieacutee il aide agrave renforcer la biomasse des autres espegraveces

110 Les crotalaires

Les crotalaires ont eacuteteacute associeacutes au riz pluvial mais sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute un succegraves Cependant les crotalaires ont lrsquoavantage drsquoavoir une biomasse lignifieacutee et qui nrsquoest pas appeacuteteacutee par les animaux Par ailleurs les crotalaires ont des racines profondes qui cherchent lrsquoeau en profondeur

Photo 11 Crotalaria gramihana endeacutemique sur les Hauts Plateaux

2 Les reacutesultats de la recherche

Nous rappelons ici les reacutesultats du site drsquoIvory pour deacutemontrer les capaciteacutes des plantes de

couverture agrave reacutegeacuteneacuterer un sol pauvre infesteacute de striga En effet le sol de ce site un sol ferralitique agrave pH 4 eacutetait abandonneacute par le proprieacutetaire agrave cause de lrsquoimpossibiliteacute drsquoy planter du maiumls et du riz agrave cause du striga

Le site drsquoIvory est situeacute agrave 100 km agrave lrsquoouest drsquoAntsirabe (pregraves de la RN 34 vers Miandrivazo) sur les plateaux de la zone centrale du Moyen Ouest dans le district de Mandoto Commune rurale de Vinany (localisation agrave la fig1) Les systegravemes mis en place ont eacuteteacute baseacutes sur les 3 dispositifs agrave savoir la lutte contre le Striga la diversification des cultures et la collection varieacutetale Les systegravemes de cultures proposeacutees ont eacuteteacute baseacutes sur la mise en place de maiumls en association avec des leacutegumineuses annuelles (vivriegraveres nieacutebeacute soja arachide Vigna umbellata) ou de plantes de couverture (mucuna et Stylosanthes) drsquoune part et la mise en place de plante de couverture fourragegravere (Arachis pintoiuml et Arachis peacuterenne)

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Sur les dispositifs des systegravemes en Agriculture de Conservation sont compareacutes au teacutemoin traditionnel laboureacute avec un minimum drsquointrants F1 (fumier seul agrave 5tha) ou F2 (F1 + 80 kgha de NPK + 25 kgha drsquoureacutee) soit des doses faibles se rapprochant des pratiques paysannes Le traitement en culture pure sans couvert veacutegeacutetal sur labour constitue un teacutemoin commun aux diffeacuterents essais conduits en Agriculture de Conservation (AC) sur reacutesidus ou sur couverture vivante

Figure 1 localisation du site drsquoIvory dans le Moyen Ouest commune de Vinany district de Mandoto

Figure 2 Pluviomeacutetrie par deacutecade sur le site drsquoIvory

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Figure 3 Rendements de riz sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Figure 4 Rendements de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements des systegravemes en Agriculture de Conservation sont nettement plus eacuteleveacutes que ceux obtenus en pratiques traditionnelles Le laquo riz pluvial sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses vivriegraveres raquo est de 37 agrave 47 THa (fertilisation F2) contre seulement 07 agrave 10 tHa sur labour Les systegravemes agrave base de mucuna sont les plus performants Malgreacute une faible pluviomeacutetrie agrave la 3egraveme deacutecade de feacutevrier et agrave la 2egraveme de mars en 2019 les rendements de cette anneacutee nrsquoont pas eacuteteacute affecteacutes ce qui montre bien la reacutesilience des systegravemes en agriculture de conservation sur le changement climatique Les mecircmes observations sont faites sur les rendements du maiumls associeacute

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Ces observations sont reacuteguliegraveres sur de nombreuses anneacutees et montrent qursquoune fois la fertiliteacute restaureacutee avec de fortes biomasses sans labour du sol et avec de faible dose drsquoengrais on aboutit agrave de tregraves bons rendements Lrsquoautre observation importante est la tregraves grande diffeacuterence entre les parcelles laboureacutees et les parcelles non laboureacutees avec les mecircmes doses de fertilisations Ceci srsquoexplique sur le fait que le labour mineacuteralise la matiegravere organique et entraine une perte eacutenorme par lessivage

3 Quels systegravemes pour les Hautes terres

Les systegravemes suivants sont proposeacutes pour large diffusion sur les Hautes Terres Dans le cadre de la diffusion du Projet MANITATRA II on note un fort engouement des paysans pour les systegravemes agrave base de mucuna au vue des premiers reacutesultats obtenus dans les Champs Ecoles Paysans (CEP) et dans les parcelles drsquoapplication des Collegraveges drsquoEnseignement Geacuteneacuteral (CEG) en effet pour la campagne 2019 - 2020 le systegraveme agrave base de mucuna en association avec le maiumls deacuterobeacute dans lrsquoassociation laquo maiumls + haricot raquo ou mecircme en jachegravere de mucuna a connu une adoption importante sur les Hauts terres

31 Le maiumls associeacute au haricot deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la campagne suivante

Le maiumls associeacute au haricot est tregraves courant sur les hautes terres donc agrave la maturiteacute du haricot et mecircme avant la reacutecolte on segraveme le mucuna sur la ligne du haricot La biomasse de maiumls va srsquoassocier agrave celle du mucuna pour constituer un lit de semis pour le riz pluvial sans labour agrave la prochaine campagne Normalement le lit de semis est tregraves peu infesteacute de mauvaises herbes si la biomasse du mucuna arrive agrave couvrir le sol

32 Le maiumls associeacute au soja deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la saison suivante

Comme avec le systegraveme preacuteceacutedent avant la maturiteacute du soja on segraveme le mucuna dans la ligne du soja On peut mecircme le semer agrave la voleacutee

33 Les associations avec lrsquoavoine en vue de production de fourrages

Dans le systegraveme preacuteceacutedent (maiumls + soja) au lieu de semer du mucuna on peut semer de lrsquoavoine qui servira par la suite de fourrage Comme avec le mucuna la parcelle est propre dans un couvert drsquoavoine Le paysan peut preacutelever une partie de la biomasse de lrsquoavoine pour le fourrage

34 Habiller le riz pluvial avec drsquoautres leacutegumineuses

Sur les Hautes Terres une parcelle de riz pluvial qui existe deacutejagrave peut ecirctre habilleacute avec du Pois drsquoAngole ou avec du crotalaire ce qui eacutevitera drsquoavoir une faible biomasse de riz agrave la prochaine campagne Cette pratique a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet MANITATRA II

35 Les embocagements des cultures

Les embocagements de parcelles se feront avec du Tephrosia vogellii une leacutegumineuse tregraves adapteacutee aux reacutegions drsquoaltitude jusqursquoagrave 2000 m Crsquoest aussi un reacutepulsif contre les insectes Cette leacutegumineuse peut pousser tregraves haut jusqursquoagrave 150 m mais on peut aussi la tailler en fin de saison de pluie et les produits de la taille (feuille et rameaux) peuvent ecirctre ajouteacutes agrave la biomasse de la parcelle

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4 Quels systegravemes pour le Moyen Ouest

Le systegraveme phare dans le Moyen Ouest est le systegraveme agrave base de Stylosanthes mais les

systegravemes agrave base de leacutegumineuses annuelles sont aussi deacuteveloppeacutes en parallegravele avec le stylo car les petits paysans avec moins de 1 ha nrsquoont pas envie de srsquoinvestir dans une jachegravere de stylo

41 Le Stylosanthes comme systegraveme phare

Comme deacutecrit plus haut le stylo est la plante de couverture drsquoexcellence pour reacutegeacuteneacuterer les sols deacutegradeacutes Mais contrairement agrave ce qursquoon a veacutehiculeacute comme message auparavant on propose de labourer quand le paysan a envie de revenir aux leacutegumineuses annuelles Cette recommandation est valable notamment pour les petits producteurs ne pouvant pas supporter la jachegravere drsquoune anneacutee Il est important de souligner qursquoune jachegravere de Stylo peut ecirctre planteacutee en maiumls ou en manioc agrave faible densiteacute Par ailleurs la jachegravere de stylo permet aussi de reacutecolter des semences qui sont tregraves demandeacutees actuellement drsquoougrave un compleacutement de revenus important pour le paysan

42 Le maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial

Tous les systegravemes agrave base de maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial ont eacuteteacute testeacutes dans les sites drsquoIvory et peuvent ecirctre diffuseacutes dans le Moyen Ouest ce qui offre un large choix par rapport aux autres reacutegions Il est important de deacuterober du mucuna avec les leacutegumineuses agrave faible biomasse (nieacutebeacute tsiasisa haricot soja)

5 Quels systegravemes au Lac Alaotra

Le Lac Alaotra est connu pour ses grandes surfaces de baiboho et de Riziegraveres agrave Mauvaise Maicirctrise drsquoEau (RMME) ceci agrave cause des fortes eacuterosions des bassins versants reacutesultant drsquoune pluviomeacutetrie violente et de la fragiliteacute du sol drsquoorigine tectonique Dans ces conditions le maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses en rotation avec le riz pluvial est le systegraveme phare sur baiboho et le systegraveme rotation laquo Rizcultures maraichegraveresVesce raquo sur RMME Parmi les leacutegumineuses la

dolique associeacutee au maiumls est agrave privileacutegier car cette plante de couverture est bien adapteacutee dans cette reacutegion

6 Quels systegravemes pour les zones semi-arides de lrsquoAndroy

Le problegraveme essentiel dans lrsquoAndroy est lrsquoeacuterosion eacuteolienne en plus de lrsquoeacuterosion hydrique Crsquoest ainsi que le pois drsquoAngole a eacuteteacute largement utiliseacute en brise-vent mais aussi en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols tregraves deacutegradeacutes par le systegraveme de forecirct de Cajanus

Parmi les leacutegumineuses la dolique est endeacutemique dans la reacutegion mais le mucuna les nieacutebeacutes rampants le konoke (leacutegumineuse endeacutemique du genre Phaseolus sp) sont reacutepandus et bien adopteacutes

Une approche de diffusion par les blocs agro-eacutecologiques a permis une forte adoption de lrsquoAgro-eacutecologie dans lrsquoAndroy seacutedimentaire

7 Quels systegravemes pour le Boeny

Tous les systegravemes deacutecrits plus hauts sont applicables dans le Boeny Il faut noter toutefois la preacutedominance du Vigna radiata (Antsoroko) et nieacutebeacute rampant type Lojomena et du nieacutebeacute type Black Eyes sur les baiboho A cause de la forte eacuterosion des bassins versants dans cette reacutegion les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal sont agrave privileacutegier Un grand effort de formation des intervenants locaux est indispensable

Photo 15 Vigna radiata

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Conclusions

Cet essai de capitalisation est loin drsquoecirctre parfaite Crsquoest un travail qui demande agrave

ecirctre actualiseacute avec le temps Nous nrsquoavons pas couvert toutes les reacutegions mais globalement les systegravemes reposent tous sur les fondamentaux de lrsquoAgriculture de Conservation et de lrsquoAgro-eacutecologie Par ailleurs en plus des formations des intervenants locaux la production de semences de plantes de couverture pose un problegraveme dans beaucoup de reacutegion Il faut noter que le site drsquoIvory et la commune de Vinany ont eacuteteacute une zone de production de semences de couverture pendant de longues anneacutees

Drsquoautres problegravemes qui ne sont pas eacutevoqueacutes dans cet article sont les feux de brousse en saison segraveche et les divagations drsquoanimaux qui diminuent eacutenormeacutement la biomasse laisseacutee sur les sols agrave la prochaine campagne Une prise de conscience collective des paysans semble donner des reacutesultats comme en teacutemoignent les paysans de la commune de Vinany dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra

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Reacutefeacuterences bibliographiques

1 ANCOS 2016 Reacutegistre des espegraveces et varieacuteteacutes exploiteacute dans le systegraveme laquo Semence de Qualiteacute Deacuteclareacutee raquo dans le Sud de Madagascar ANCOS Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche

2 DURRELL 2020 Lrsquointroduction de lrsquoinnovation Agro eacutecologie pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire des communauteacutes aux alentours des Aires proteacutegeacutees (Baie de Baly et Lac Alaotra) et zone humide de Lac Sofia Lot II Y 49 J Ampasanimalo (101) BP 8511 Antananarivo 101 ndash Madagascar httpswwwdurrellorgwildlife httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

3 GSDM 2020 Rapport annuel anneacutee 3 intervention du GSDM dans le Projet PAPAM composante 2 GSDM lot VA 26 Y Ambatoroka ANTANANARIVO 101

4 HUSSON O SEGUY L CHARPENTIER H RAKOTONDRAMANANA MICHELLON R RAHARISON T et al (2013) Manuel pratique du semis direct de Madagascar GSDMCIRADhttpgsdm-mgorgwp-contentfilesManuel_SCV_Mada_V_IntegraleMedpdf

5 RAKOTONDRAMANANA 2019 Rapport de mission de capitalisation dans le PLAE III BOENY 17 au 23 Feacutevrier 2019 PLAE ANALAMAHITSY ANTANANARIVO 101

6 RAKOTONDRAMANANA et al 2018 La rotation ou lrsquoassociation avec le mucuna reacuteduit consideacuterablement les attaques de chenilles leacutegionnaires sur le maiumls Journal de lrsquoAgro-eacutecologie Ndeg7 httpopen-libraryciradfrfiles62385__JAE_NC2B07pdf

7 RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANJAKA J 2016 Rapport de mission de reconnaissance et de diagnostic du Projet SOHAVELO ASARA programme europeacuteen de seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle dans la reacutegion Sud et Sud Est de Madagascar ASARAAINA AVSF Lot VG 25 Antsahabe BP 3149- Antananarivo 101 ndash Madagascar httpopen-libraryciradfr

files62394__Rapport_de_mission_SOHAVELO_VFpdf

8 RAHARISON T et al 2018 Rapport drsquoeacutetude drsquoimpact des pratiques des blocs agro eacutecologiques diffuseacutees dans le cadre du projet HOBA GRET Antananarivo

9 RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019 Diversiteacute et importance des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols dans les exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar Journal de lAgro-eacutecologie Ndeg8 2019 httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

10 h t t p s w w w s u p a g r o f r r e s s - p e p i t e s PlantesdeCouvertureresStylosanthespdf

11 httpsfrwikipediaorgwikiArachis

12 httpsfrwikipediaorgwikiVicia

13 h t t p s f r w i k t i o n a r y o r g w i k i pois_dE28099Angole

14 httpsfrwiktionaryorgwikicrotalaire

15 httpsfrwikipediaorgwikiPois_mascate

16 httpsfrwikipediaorgwikiVigna_unguiculata

17 httpsfrwikipediaorgwikiHaricot_mungo

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La technique du lombricompost se diffuse de paysan agrave paysan

Lrsquoutilisation agrave outrance des produits chimiques en tant que pesticides et fertilisants durant lrsquoegravere

de la reacutevolution verte nrsquoavait fait que renforcer les effets du changement climatique sur lrsquoagriculture Hormis son prix eacuteleveacute les engrais de synthegravese solubles laissent toujours des reacutesidus ayant des impacts preacutejudiciables agrave lrsquoenvironnement Dans le cadre de ses projets de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie le GSDM tend agrave former les paysans sur les proceacutedeacutes de fabrication de diffeacuterents types de compost dont le vermicompostage Cela dans lrsquooptique de rendre la production agricole plus durable et plus respectueuse de lrsquoenvironnement Les suivantes sont les teacutemoignages de paysans sur les inteacuterecircts du lombricompostage

Dans la commune rurale drsquoAnkazomiriotra au niveau du village drsquoAmbohitrinibe Fokontany Belanitra Est Madame RABEBINIRINA Minompamonjy David (Mme Mino) fait partie de ces paysans qui ont su tirer profit de lrsquoutilisation du lombricompost

Nrsquoayant pas de zeacutebu nous eacutetions obligeacutes drsquoacheter drsquoeacutenorme quantiteacute de fumiers et drsquoengrais pour fertiliser nos champs Crsquoeacutetait peacutenible vu que notre revenu couvrait difficilement le montant de nos besoins Vers 2013 nous avons assisteacute aux seacuteances de formations et drsquoanimations prodigueacutees par les techniciens travaillant sur le projet pilote Manitatra 1 Apregraves ces formations

ils nous ont fait don de 250g de vers Aujourdrsquohui nous en disposons drsquoau moins 20Kg Les reacutesultats que nous avons obtenus degraves la premiegravere anneacutee drsquoutilisation du lombricompost a eacuteteacute probant Drsquoabord la charge de travail due au transport de fertilisant vers le champ srsquoeacutetait beaucoup amoindri car nous nrsquoavons plus qursquoagrave transporter tout au plus le dixiegraveme du volume de fumier de parc qursquoon utilisait avant En effet 30 agrave 40 kg de lombricompost peut amplement suppleacuteer agrave 2 charrettes de fumier de parc Le sarclage est aussi devenu plus facile car le preacute-compostage a permis drsquoeacuteliminer les graines drsquoadventices qui dlsquohabitude viennent avec les fumiers organiques Ensuite les cultures reacutesistent mieux agrave la segravecheresse et les plantes parasites Par exemple nous avons constateacute que le riz devient plus vigoureux face aux attaques du striga Le rendement est de plus en plus soutenu et les produits maraicircchers sont moins sujets agrave la deacutegradation

La fabrication de lombricompost demande certes une certaine rigueur mais est tout agrave fait agrave la porteacutee de chaque paysan Il vous faut juste preacuteparer du preacute-compost qui servira de nourriture aux vers En plus il est indispensable drsquoarroser et de veacuterifier peacuteriodiquement la tempeacuterature Lrsquoessentiel des travaux consiste agrave seacuteparer les vers des composts mucircrs Il nous arrive encore drsquoacheter du fumier de parc pour servir drsquoappoint au preacute-compost mais ccedila en vaut la peine

Avec notre unique andain nous arrivons agrave produire 600kg de compost par mois

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Nous nrsquoutilisons que le quart de notre production Le reste est vendu agrave des clients qui viennent drsquoun peu partout agrave Madagascar La plus grosse commande que nous avons eue en 2019 eacutetait de 15tonne La production de lombricompost contribue beaucoup agrave nos ressources peacutecuniaire car il nous arrivons agrave lrsquoeacutecouler jusqursquoagrave 1000Ar le kilo

Madame Mino peut ecirctre joint aux numeacuteros suivants 034 19 777 50033 13 412 10

Un autre paysan en la personne de Monsieur RAZAFINDRAKOTO Emilson (Dadakoto) habitant agrave Antanety 2 Commune Antanifotsy a aussi adopteacute le lombricompostage Les suivants sont ses points de vue quant agrave lrsquoutilisation du lombricompost

Nous avons construit le premier andain suite aux seacuteries drsquoanimation-formation effectueacutees par le paysan leader et le technicien du projet Manitatra 2 travaillant dans notre zone Ce premier andain eacutetait devenu productif agrave partir du mois de juin 2019 Je commence juste agrave produire du lombricompost mais jrsquoai deacutejagrave constateacute les reacutesultats sur la bonne veacutegeacutetation de mes maiumls et de mes riz par rapport agrave ce que jrsquoai eu auparavant Afin drsquoaugmenter la production nous avons construit drsquoautres andains et aujourdrsquohui nous en avons 5

Nous avons commenceacute avec 1kg de vers et maintenant nous en avons autour de 60kg Jusqursquoagrave preacutesent ma production est entiegraverement destineacutee agrave lrsquoautoconsommation Nous les utilisons surtout sur nos cultures de tanety comme le riz et le maiumls associeacute aux leacutegumineuses Je trouve qursquoil est plus inteacuteressant drsquoutiliser du lombricompost que de fumier de parc Actuellement je nrsquoutilise presque plus drsquoengrais chimique

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Produit biologique de lutte contre les Chenilles leacutegionnaires drsquoAutomne (CLA) la menace est maitriseacutee un article du Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la pecircche

(Source publication facebook du MAEP le 14 deacutecembre 2019)

Deacutesormais les producteurs de maiumls Malagasy ne devraient plus ecirctre anxieux et inquiets

face agrave la Chenille Leacutegionnaire drsquoAutomne ou CLA La menace est maicirctriseacutee Gracircce aux efforts du Ministegravere de lAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) agrave travers les techniciens de la DPV et de la FOFIFA des diffeacuterents chercheurs de lUniversiteacute dAntananarivo de lEssagro et dexperts africains appuyeacutes par la FAO une souche biologique appeleacutee BT ou Bacillus Thuringiensis a eacuteteacute deacutecouverte Les tests ont deacutemontreacute que cette bacteacuterie naturelle et endeacutemique agrave Madagascar est capable de tuer la CLA Meacutelangeacute agrave 50g de riz blanc elle peut recouvrir 1ha de champ de maiumls

Notons quelle naffecte ni lenvironnement ni la santeacute humaine Madagascar sest aussi doteacute de sa strateacutegie nationale quinquennale de lutte contre la CLA Telles sont parmi les grandes avanceacutees du PROJET DAPPUI DURGENCE Agrave LA MISE EN PLACE DUN SYSTEME DE SURVEILLANCE DE RIPOSTE ET DE LUTTE INTEGREacuteE CONTRE LA CLA meneacute avec lappui technique et financier de la FAO

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Fenetre sur lAgriculture Biologique agrave MadagascarRakotondramanana GSDM

Un projet de loi sur lrsquoAgriculture biologique a eacuteteacute preacutepareacute sur lrsquoinitiative du Syndicat Malgache de lrsquoAgriculture Biologique (SIMABIO) et du MAEP et sera incessamment soumis agrave lrsquoAssembleacutee

Nationale Suite agrave cela un voyage drsquoeacutetude au Maroc et en Tunisie a eacuteteacute reacutealiseacute en vue des perspectives drsquoeacutelaboration drsquoune Strateacutegie Nationale drsquoAppui agrave lrsquoAgriculture Biologique agrave Madagascar (SNABio)

La mission a vu la participation drsquoune deacuteleacutegation conduite par le Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) accompagneacutee du Preacutesident du SIMABIO du projet Coordonnateur National du projet CASEF de lrsquoassistant technique du projet CASEF du repreacutesentant de la recherche (FOFIFA) et du directeur exeacutecutif du GSDM

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Le secteur de lrsquoAgriculture Biologique (AB) agrave Madagascar est en pleine croissance depuis plusieurs anneacutees Repreacutesentant actuellement un chiffre drsquoaffaire annuel de lrsquoordre de 55 Meuro geacuteneacutereacutes par plus drsquoune centaine drsquoentreprises employant 7000 salarieacutes et srsquoapprovisionnant aupregraves de plus de 20 000 agriculteurs le secteur est quasiment exclusivement orienteacute vers lrsquoexportation drsquoune large gamme de produits agricoles beacuteneacuteficiant drsquoune forte typiciteacute (eacutepices fruits tropicaux huiles essentielles cacao crevettes etc) principalement vers lrsquoEurope

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les Etats-Unis le Japon (source CASEF) Les produits bio malgaches sont issues drsquoagriculture bio par des entreprises locales mais aussi de la cueillette Compareacute aux autres pays le coucirct de la certification est trop eacuteleveacute agrave cause du manque de concurrence (un seul organisme certificateur agreacuteeacute ECOCERT)

Au Maroc lrsquoAgriculture biologique repreacutesente de lrsquoordre de 60 Meuro drsquoexportation et en Tunisie 205Meuro mais dans ces deux pays on assiste agrave un marcheacute local en cours de progression Le tableau suivant reacutesume lrsquoagriculture Bio dans les deux pays Globalement les produits exporteacutes sont domineacutes par lrsquohuile drsquoOlive bio dans les deux pays

A lrsquoissue de la mission des perspectives pour Madagascar ont eacuteteacute souleveacutees sous forme drsquoenseignements et reacuteflexions bull Creacuteer un dispositif drsquoappui conseil technique et financier ciblant les producteurs et les entreprises

AB en synergie avec les meacutecanismes existants (FDA Banques IMF etc)bull Subventionner la certification =gt Accroitre la concurrence entre organismes de Controcircle et de Certification (OCC) =gt Agreacutement et controcircle effectif de la part des pouvoirs publicsbull Concevoir une strateacutegie ciblant une diversiteacute de filiegraveres prioritaires de maniegravere inclusive par

exemple Exports Filiegraveres inteacutegreacutees eacutecotourisme Filiegraveres courtes laquo petits producteurs raquo au systegraveme de garantie par Certification de Territoire (CT) et Systegraveme Participatif de Garantie (SPG)

bull Mise en place de centres de recherche technique deacutedieacute agrave lrsquoAB reacutepondant agrave la demande (par ex contrat programme recherche - reacutegions - organisations professionnelles)

bull Conceptionmise en œuvre drsquoun dispositif de formation AB avec obligation de modules dans les cursus agricoles

bull Dynamiser la professionnalisation et la structuration des producteurs et des entreprises malgaches dans lrsquoAB

bull Poursuivre lrsquointeacutegration du secteur priveacute (amont et aval) dans les diffeacuterentes laquo aregravenes raquo institutionnelles deacutefinition des strateacutegies conception et pilotage des dispositifs drsquoappui etc

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AGRO-ECOLOGIE EN PHOTO

La mise en place des parcelles dapplication en Agro-eacutecologie a eacuteteacute effectueacutee au niveau des 8

collegraveges de la reacutegion Boeny Les enseignants et eacutelegraveves ont eacuteteacute accompagneacutes et encadreacutes par les ingeacutenieurs agronomes du GSDM et les techniciens locaux

Une repreacutesentante de la deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo a visiteacute les

reacutealisations du GSDM dans le cadre du projet Manitatra 2 De nombreux points inteacuteressants pouvant ecirctre valoriseacutes dans le cadre dune future coopeacuteration ont eacuteteacute souleveacutes En attendant certaines observations seront agrave partager au cours dun eacuteveacutenement de la Commission europeacuteenne qui se tiendra courant de la 3egraveme semaine du mois de feacutevrier 2020 agrave Bruxelles

Le GSDM maitient lappui technique des 12 eacutetablissements beacuteneacuteficiaires de linteacutegration

de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire dans le Vakinankaratra Il sagit des 6 eacutecoles pilotes PAPAM et des 6 autres extensions reacutealiseacutees dans le cadre du projet MANITATRA 2 Pour lanneacutee scolaire 2019-2020 la mise en place des cultures de grande-saison la mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique ainsi que les suivis reacuteguliers des tehcniciens ont eacuteteacute reacutealiseacutes Quelques enseignants du CEG de Vinany du CEG de Betafo ont mecircme beacuteneacuteficieacutes dune formation de recyclage

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Mise en place de la parcelle dapplication en Agro-eacutecologie au niveau du CEG Mariarano Boeny

Visite des reacutealisations du GSDM projet MANITATRA 2 par une repreacutesentante de la

deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo

Mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique aux 12 eacutetablissements du

Vakinankaratra

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AVRIL 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull RAKOTO HERIMANDIMBY Reneacute - Superviseur de zone du Sud-Est Projet PAPAMbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo AGRISUD- membre du GSDMRubrique laquoDossierraquo GSDMRubrique laquoRechercheraquo Dp SPAD - Partenaire technique du GSDM Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA 2)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth avril 2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

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Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

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- Mission de suivi du Comesa les 16 et 17 mars 2020- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020 - Formation CSAFRDA Makanara du 25 au 28 mars 2020

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Emission FIVOHY sur la RNM Tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Deuxiegraveme session de formation des enseignants Boeny du 07 au 10 Avril 2020- Formation des parents deacutelegraveves collegravege Boeny preacutevue durant la semaine du 20 Avril 2020- Visite-eacutechange inter-reacutegional des enseignants parents et elegraveves preacutevue en fin du mois dAvril 2020

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ANNEE 2020

Page 15: Edition trimestrielle N° 9 / 2020

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Au-delagrave des diffeacuterences de quantiteacute on note lrsquoimportance du compost traditionnel (zezi-pako) agrave Mandoto avec 16 de la FO alors qursquoagrave Arivonimamo il ne repreacutesente que 1 Le zezi-pako est constitueacute essentiellement agrave partir des ordures domestiques et de veacutegeacutetaux reacutecolteacutes sur ou en dehors de lrsquoEAF (Ravonjiarison et al 2018) Il est reacuteputeacute ne pas contenir de deacutejection animale (mecircme si selon les deacuteclarations 60 des EAF en ajoute voir infra) et srsquoil en contient crsquoest en faible quantiteacute Il peut ecirctre brucircleacute surtout srsquoil contient beaucoup de veacutegeacutetaux peu deacutegradeacutes Le zezi-pako est utiliseacute plutocirct par les petites exploitations les grandes exploitations preacutefeacuterant produire du compost Les quantiteacutes de composts laquo modernes raquo ne sont pas significativement diffeacuterentes entre les zones

22 Les produits apporteacutes dans le fumier et le compost

Les produits apporteacutes pour la fabrication du fumier et du compost ont des effets sur la qualiteacute

fertilisante finale des produits Comme lrsquoindique le Tableau 1 les EAF apportent des produits divers cette pratique permet drsquoaugmenter le volume de fumier produit (Alvarez S 2012 Rasolofo L I 2017) mais aussi de produire des fumures de composition variable par rapport aux caracteacuteristiques reconnues (Ravonjiarison et al 2018)

Lrsquoapport des deacutejections animales est bien sucircr fonction des animaux sur lrsquoEAF mais aussi pour les composts (et en particulier pour le zezi-pako) des deacutejections de zeacutebus ramasseacutees sur les chemins ou parcours emprunteacutes par des animaux qui appartiennent agrave drsquoautres EAF les exploitants connaissent lrsquoimportance des deacutejections animales pour la fumure des cultures et les plus pauvres avec tregraves peu drsquoanimaux ramassent des deacutejections laquo perdues raquo Ainsi 60 des EAF qui produisent du compost ajoutent dans celui-ci des deacutejections animales

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les EAF ajoutent de nombreux produits dans la fabrication du fumier autant si ce nrsquoest plus en freacutequence que pour

le compost Pour les pailles et balles de riz la prioriteacute semble ecirctre donneacutee au fumier mecircme si la freacutequence reste eacuteleveacutee pour le compost Les EAF pratiquent avec un fort pourcentage le recyclage des reacutesidus de cultures (paille de riz balles de riz autres reacutesidus de culture) Pregraves des deux tiers des EAF ajoutent du bozaka1 et une EAF sur deux qui produit du compost ajoute des feuilles drsquoarbres

Tableau 1 Principaux produits apporteacutes pour la fabrication des fumiers ou des composts (en des EAF)

Produits apporteacutes Fumier (EAF=304)

Compost (EAF=122)

Deacutejection de bovins 70

60

Deacutejection de porcs 73Deacutejection de volailles

84

Deacutejection autres animaux

1

Paille de riz 72 60Balles de riz 51 33Reacutesidus autres cultures

43 39

Bozaka 68 60Autres herbes 17 9Feuille darbres 13 50Deacutechets meacutenagers 36 54Cendres 46 57Terre fertile Terreau

3 12

Sels 4 9Vers 0 2Autres produits 4 7

1 Nom geacuteneacuterique pour deacutesigner les laquo herbes raquo et plus particuliegraverement les gramineacutees qui couvrent pentes et sommets des collines (Andropogon eucomus Aristida adscensionis etc) (source dictionnaire malgache httpmotmalgacheorgbinsteny2) Le bozaka peut avoir eacuteteacute coupeacute ou arracheacute dans ce cas il comprend les racines et un peu de terre

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Ces produits bozaka feuilles drsquoarbres autres herbes sont pour la plupart des produits de cueillette et participent agrave une laquo gestion horizontale de la fertiliteacute raquo avec un transfert drsquoeacuteleacutements fertilisants preacuteleveacutes sur drsquoautres parties du terroir et rameneacutes sur les parcelles cultiveacutees (Rollin 1994 Andriambelomanga 2017) amplifiant le mecircme transfert reacutealiseacute par les animaux (pacircturages ou parcours fumier cultures) Les autres produits utiliseacutes notamment par les EAF qui produisent du compost sont les cendres le terreau mais aussi du sel acheteacute et dlsquoautres produits comme de la dolomie de la sciure de bois etc

23 Les motivations pour la production du compost

La production de compost est lrsquoune des techniques vulgariseacutees pour augmenter

les quantiteacutes de matiegraveres fertilisantes encourageacutees par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie Les reacutesultats de lrsquoenquecircte montrent que la moitieacute des EAF agrave Mandoto et 30 des EAF agrave Arivonimamo ont deacutejagrave cette pratique

Tableau 2 Part des EAF qui produisent du compost

Mandoto ArivonimamoCompost moderne

9 12

Compost traditionnel

41 18

Total avec compost

50 30

A Mandoto ce sont les pratiques traditionnelles de production de zezi-pako qui dominent tregraves largement On notera que si le total nrsquoest que de 50 crsquoest que quelques EAF rares toutefois font les deux types de compost A Arivonimamo certainement en raison des programmes de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la technique la part des EAF avec compost laquo moderne raquo est un peu plus eacuteleveacutee mais le compost traditionnel

est moins reacutepandu On pourrait penser que le fumier se substitue au compost crsquoest-agrave-dire qursquoune EAF qui produit du fumier abandonne la production de compost car comme mentionneacute preacuteceacutedemment les EAF apportent en grande partie les mecircmes constituants aux deux types de fumure organique En fait il nrsquoen est rien 55 des EAF qui produisent du compost agrave Mandoto ont du fumier et agrave Arivonimamo ce taux est de 82

La raison principale pour laquelle les EAF produisent du compost crsquoest drsquoabord pour augmenter la quantiteacute disponible de fertilisants (34 des EAF qui ont reacutepondu) ou beacuteneacuteficier des effets en augmentant la production (11) et en ameacuteliorant la fertiliteacute des sols (9) On note tout de mecircme que 25 des EAF ont reacutepondu que crsquoeacutetait parce qursquoelles nrsquoavaient pas de fumier (et le taux est plus eacuteleveacute agrave Mandoto) Enfin 9 des EAF ont eacutevoqueacute le coucirct moindre du compost par rapport aux autres fertilisants et 12 ont donneacute des raisons que lrsquoon peut rattacher agrave une meilleure agronomie le zezi-pako est meilleur que le fumier car brucircleacute il ne transmet pas les maladies ou les graines de mauvaises herbes la cendre du zezi-pako a de nombreux avantages (notamment dans la lutte contre les ravageurs sur les peacutepiniegraveres) le compost est meilleur que les engrais pour les sols etc

Pour les EAF qui produisent du compost les contraintes principales sont pour 38 des EAF qui ont reacutepondu le temps de travail neacutecessaire (notamment pour ramasser les feuilles drsquoarbres le bozaka etc) et pour 35 des EAF la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres On notera que pour 12 des EAF il nrsquoy a pas de veacuteritable limite agrave la production de compost Enfin pour les 16 drsquoEAF restantes ces limites sont diverses lrsquoeau pour lrsquoarrosage du compost (5) mais aussi la treacutesorerie pour acheter le bozaka ou payer la main drsquoœuvre pour ramasser des matiegraveres premiegraveres le risque drsquoincendie etc

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24 Une production de FO tregraves variable selon les EAF

Malgreacute les apports sur le fumier et la production de compost la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF est faible en valeur absolue et surtout comme indiqueacute preacuteceacutedemment on observe une grande diversiteacute de situation entre les EAF avec un coefficient de variation de lrsquoordre de 90 dans les deux zones Les graphiques de la Figure 4 (voir infra la FO produite est en bleu) illustrent cette grande variabiliteacute avec des profils diffeacuterents selon les zones

Dans la zone de Mandoto comme deacutejagrave indiqueacute il y a une forte proportion drsquoEAF avec peu de fumure organique produite (plus de la moitieacute des EAF produisent moins de 15 tonnes) en raison du faible nombre drsquoanimaux et drsquoune production de compost qui reste peu importante Et ces EAF produisent environ frac14 de la fumure totale produite dans le terroir

Dans la zone drsquoArivonimamo la part des EAF avec moins de 15 tonnes est leacutegegraverement moindre (48) mais la FO produite pour lrsquoensemble de ces EAF nrsquoest que de 14 Donc un peu moins drsquoEAF mais une quantiteacute de FO produite tregraves faible On peut mettre cette diffeacuterence entre les deux zones au creacutedit de la production de compost traditionnel les EAF sans animaux sont plus importantes agrave Mandoto mais ces EAF pour compenser produisent du zezi-pako et en final sont moins deacutemunies que les EAF drsquoArivonimamoA lrsquoautre extreacutemiteacute des graphiques la part des EAF avec plus de 5 tonnes est faible agrave Mandoto agrave peine 4 des EAF et qui cumulent 6 de la FO produite totale Dans la zone drsquoArivonimamo la part de ces EAF est nettement plus importante (9) et surtout elles cumulent 29 de la FO Si on regroupe les deux derniegraveres classes la part des EAF avec plus de 3 tonnes agrave Arivonimamo est de 25 et ces EAF cumulent 58 de la FO agrave Mandoto elles sont 17 et cumulent 43 de la FO totale dans le terroir Ainsi si agrave Arivonimamo la production de FO moyenne par EAF est

supeacuterieure les ineacutegaliteacutes entre les EAF sont aussi plus importantes

3 La fumure organique disponible par EAF

La fumure organique disponible dans une EAF est en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les

fumiers produits la fabrication de composts mais aussi des eacutechanges

31 Les eacutechanges de fumure organique

Sur les Hautes Terres les eacutechanges de fumures organiques sont freacutequents que ces eacutechanges

soient marchands (achat vente) ou non (troc ou don)

Tableau 4 Part des EAF qui eacutechangent de la FO

Opeacuteration sur FO

Mandoto Arivonimamo

Ensemble 60 88- dont Achat 30 74- dont Vente 18 19- dont Troc 22 24

Comme le montre le Tableau 4 crsquoest une large majoriteacute des EAF qui eacutechangent de la fumure organique A Arivonimamo la pratique est presque geacuteneacuteraliseacutee avec 88 des EAF qui sont concerneacutees par au moins une opeacuteration drsquoentreacutee ou de sortie de FO

Si les opeacuterations drsquoeacutechanges non moneacutetariseacutes (troc ou don) et les ventes concernent agrave peu pregraves le mecircme pourcentage drsquoEAF dans les deux zones la diffeacuterence est forte en ce qui concerne les achats puisque agrave Arivonimamo ce sont presque 3 EAF sur 4 qui achegravetent de la FO Dans cette zone ougrave les productions maraichegraveres sont importantes les EAF sont agrave la recherche de fumure organique en termes de quantiteacutes pour augmenter le disponible mais aussi de qualiteacute (fumiers de porcs ou de volailles)

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Pour les eacutechanges sous forme de troc la fumure organique est eacutechangeacutee contre du travail (travail manuel ou prestation par exemple labour ou transport) contre de la paille de riz ou autres matiegravere organique (certainement pour produire du fumier) des semences (de riz ou maiumls) etc Les dons sont faits aux membres de la famille (le plus souvent des parents vers les enfants) mais aussi au meacutetayer voire agrave des voisins moins bien doteacutes Il y a donc un marcheacute de la fumure organique entre EAF drsquoune zone donneacutee mais aussi avec des EAF ou drsquoautres deacutetenteurs dans des zones plus eacuteloigneacutees Ainsi agrave Arivonimamo quelques EAF ont pu acqueacuterir des deacutechets urbains et beaucoup ont acheteacute du fumier en provenance drsquoeacutelevages speacutecialiseacutes

Tableau 5 Prix moyen en Ariary drsquoune charrette de fumure organique

Mandoto ArivonimamoNbre PU moyen Nbre PU moyen

Fumier de zeacutebu 179 5 809 225 16 158Fumier meacutelangeacute 49 4 837 88 13 286Fumier de porc 5 36 000 115 41 137Fumier de volaille 3 25 000 80 49 283Compost 8 18 333Zezi-pako 29 4 500

Les prix pour une charrette1 sont tregraves diffeacuterents entre les deux zones Et on peut penser qursquoagrave Arivonimamo le marcheacute de la fumure organique est laquo tendu raquo avec une forte demande et peu de fumure localement commercialiseacutee pour y reacutepondre Cette situation a des conseacutequences sur les prix avec comme lrsquoindique le Tableau 5 des prix tregraves eacuteleveacutes agrave Arivonimamo environ 3 fois plus eacuteleveacutes qursquoagrave Mandoto Ces prix ont eacuteteacute calculeacutes agrave partir des deacuteclarations de vente ou drsquoachat par les producteurs Lrsquoeffectif (Nbre) est le nombre de charrettes sur lequel a eacuteteacute calculeacute le prix moyen La part des achats est bien sucircr beaucoup plus eacuteleveacute et le plus souvent ce prix inclut le transport ce qui nrsquoest pas un eacuteleacutement neacutegligeable notamment agrave Arivonimamo ougrave la fumure provient drsquoeacutelevages relativement eacuteloigneacutes La charrette de fumier de porc ou de volaille est nettement plus chegravere que le fumier de zeacutebus ou de fumier meacutelangeacute Mais ce sont ces deux types de fumier qui sont les plus commerceacutes en quantiteacute

On notera que le pourcentage des EAF qui achegravetent est nettement supeacuterieur agrave celui des EAF qui vendent Les eacutechanges pourraient srsquoeacutequilibrer au niveau du territoire (le fokontany) par les quantiteacutes avec des EAF qui vendraient de grandes quantiteacutes et des EAF qui achegraveteraient de petites quantiteacutes En fait dans notre eacutechantillon (tireacute au sort et donc avec autant de chances de tirer un vendeur qursquoun acheteur) les eacutechanges ne srsquoeacutequilibrent pas et les quantiteacutes vendues ne repreacutesentent que 38 des quantiteacutes acheteacutees agrave Mandoto et seulement 22 agrave Arivonimamo Ainsi globalement les EAF achegravetent des fumures organiques agrave des exploitations agricoles drsquoautres fokontany et ceci est particuliegraverement reacutepandu agrave Arivonimamo avec des EAF qui achegravetent aux eacutelevages de poulets de chair de poules pondeuses ou de porcs proches de la ville drsquoImerintsiatosika

1 Aucune information nrsquoa eacuteteacute collecteacutee sur le poids des charrettes car le travail aurait eacuteteacute trop lourd agrave reacutealiser Ce poids deacutepend du niveau de remplissage mais aussi et beaucoup de la qualiteacute de la fumure organique Comme deacutejagrave indiqueacute pour faire les conversions nous avons utiliseacute le poids de 250 kg par charrette pour couvrir tous les types de fumure et eacuteviter les surestimations Certains pourront consideacuterer ce poids comme sous-estimeacute

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Figure 2 Evolution de la fumure moyenne produite par EAF

La fumure produite dans une EAF nrsquoest pas la fumure disponible celle-ci eacutevolue en fonction

des eacutechanges La Figure 2 preacutesente la situation moyenne drsquoune EAF selon la zone On constate que la quantiteacute de fumure disponible pour les cultures (apregraves entreacutees et sorties) est en moyenne plus importante que la fumure produite (voir aussi Tableau 6) Ainsi agrave Arivonimamo la fumure disponible passe agrave 29 tonnes par EAF alors que la quantiteacute produite est de lrsquoordre de 22 tonnes A Mandoto lrsquoeacutecart nrsquoest pas si important mais reste significatif avec respectivement 21 et 19 tonnesAinsi on peut deacuteduire de ces donneacutees que la strateacutegie des EAF est drsquoaugmenter la production de fumure organique sur lrsquoEAF (eacutelevage compost) mais aussi drsquoaugmenter la fumure organique disponible pour fertiliser les parcelles en achetant sur le marcheacute ou en srsquoapprovisionnant agrave travers

des eacutechanges non marchands Et cette strateacutegie est particuliegraverement dominante agrave ArivonimamoMais ces tendances geacuteneacuterales cachent de fortes dispariteacutes Ainsi les 3 EAF qui nrsquoavaient pas produit de FO en ont obtenu par achat et troc mais 4 EAF ont ceacutedeacute toute leur fumure organique Ainsi il y a toujours environ 1 de lrsquoeacutechantillon qui nrsquoa pas de FO disponible

32 Quantiteacutes disponibles et variabiliteacute

Ainsi lrsquoEAF moyenne a augmenteacute sa disponibiliteacute en FO dans les deux zones

(Figure 2 et Tableau 6) La composition (Figure 4) a eacutevolueacute par rapport agrave la FO produite (Figure 1) et ceci plus particuliegraverement agrave Arivonimamo Dans cette zone la part du fumier meacutelangeacute a fortement diminueacute (passant de 47 agrave 33) comme mais dans une moindre mesure celle du fumier bovin et ce sont les fumiers agrave base de deacutejections de porcs ou de fiente de volaille qui ont fortement progresseacute passant de 8 agrave 16 On note eacutegalement la progression du type autre FO qui est passeacute de 3 agrave 6 en lien avec lrsquoacquisition de deacutechets ou boues urbaines

Figure 3 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique disponible par EAF selon les zones

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A Mandoto les changements sont mineurs et concernent la reacutepartition entre fumier meacutelangeacute et fumier bovin ce dernier type progresse au deacutetriment du fumier meacutelangeacute Ceci srsquoexplique par le fait que les eacutechanges et en particulier moneacutetaires concernent le fumier de bovin et peu le fumier meacutelangeacute

Mais mecircme si on enregistre quelques eacutevolutions ce sont toujours le fumier de bovin et le fumier meacutelangeacute qui sont les fumures organiques les plus importantes car ils repreacutesentent plus de 70 des quantiteacutes moyennes disponibles au niveau de lrsquoEAF moyenne

Comme pour la fumure produite la fumure disponible par EAF est tregraves variable La variabiliteacute a mecircme augmenteacute avec des coefficients de variation autour de la moyenne un peu plus eacuteleveacutes pour la FO disponible Mais le recours au marcheacute et les eacutechanges non marchands ont fait fortement eacutevoluer la reacutepartition de la fumure organique entre les EAF La Figure 4 illustre ces eacutevolutions contrasteacutees selon les zones

Figure 4 Evolution de la reacutepartition des EAF et de la FO selon des classes de quantiteacutes de FO produite et disponible en tonnes

A Mandoto lrsquoeacutevolution nrsquoest pas tregraves importante les pourcentages drsquoEAF progressent en mecircme temps que les classes de quantiteacute de FO mais de maniegravere tregraves modeacutereacutee Le recours aux eacutechanges nrsquoentraicircne pas de modification spectaculaire dans le profil des graphiques que cela soit pour la reacutepartition des EAF ou pour la reacutepartition de la FO la part des EAF avec moins 05 tonne diminue de 18 agrave 15 et crsquoest la classe de 05 agrave 15 tonnes qui progresse de 3 la part des EAF les mieux pourvues (plus de 5 tonnes) progresse mais tregraves faiblement aussi

A Arivonimamo les changements sont beaucoup plus importants La part des EAF avec moins de 05 tonne diminue pour passer de 22 avec la fumure produite agrave seulement 9 pour la fumure disponible Ainsi la plus grande partie des EAF les moins pourvues se sont procureacutees de la FO sur le marcheacute ou par le troc car pour les cultures maraichegraveres il est indispensable drsquoavoir de la fumure organique Et ce sont les classes avec de plus grandes quantiteacutes de FO qui ont progresseacute de maniegravere remarquable

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les EAF avec plus de 3 tonnes sont passeacutees de 25 agrave 42 et la fumure que cumulent ces EAF est passeacutee de 58 agrave 73 La progression tregraves forte des EAF les mieux pourvues srsquoest tout de mecircme traduite par une concentration au niveau de ces EAF

33 Quantiteacute de fumure organique et surface

Lrsquoimportance de la fumure organique drsquoune EAF ne peut ecirctre appreacutecieacutee qursquoen fonction de la superficie agrave cultiver qui elle-mecircme deacutepend de la Surface Agricole Utile disponible par EAF Celle-ci varie selon la zone avec environ 15 ha agrave Mandoto et 09 ha agrave Arivonimamo

Tableau 6 Superficie et quantiteacutes moyennes par EAF

Variables par EAF Mandoto Arivonimamo

Moyenne CV Moyenne CVSAU (ha) 148 88 091 82FO produite (tonne) 187 90 218 92

FO disponible (tonne) 213 102 290 78

FO disponible (tonneha) 169 84 367 66

La quantiteacute de fumure disponible est en relation lineacuteaire avec la SAU les coefficients de correacutelation entre ces deux variables sont relativement eacuteleveacutes avec +076 agrave Mandoto et +059 agrave Arivonimamo et significatifs agrave 001 Dans les deux zones ces coefficients sont supeacuterieurs agrave ceux qui lient les variables de cheptel (nombre de bovins et valeur totale du cheptel) et les variables de SAU ainsi on peut en deacuteduire que cette relation entre quantiteacute de FO et surface nrsquoest pas seulement fonction des animaux disponibles mais bien dlsquoune strateacutegie des EAF une laquo strateacutegie de construction de la fertiliteacute raquo des sols (NrsquoDieacutenor et al 2011)

Figure 5 Nuages de points entre SAU et FO disponible pour chaque zone

Quand on ramegravene la quantiteacute de fumure organique disponible par ha de SAU la zone Arivonimamo apparaicirct nettement mieux pourvue avec pregraves de 35 t ha de SAU alors qursquoagrave Mandoto ougrave les EAF ont moins de FO disponible et plus de surface la moyenne est de 21 tonneha

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Les graphiques en nuage de points mettent en eacutevidence cette relation Les coefficients Rsup2 ne sont pas tregraves eacuteleveacutes ce qui signifie que la SAU disponible agrave elle seule nrsquoexplique pas tregraves bien la variabiliteacute observeacutee A Mandoto il y a quelques points atypiques (par exemple un producteur avec une superficie assez faible et beaucoup de fumure parce que le cheptel est important) mais la reacutegression semble repreacutesenter assez bien la situation la FO disponible est eacutegale agrave 125 fois la SAU + 03 tonnes

A Arivonimamo la reacutepartition des points est assez atypique et il semble exister deux groupes de producteurs avec des strateacutegies diffeacuterentes le premier en rouge dans le graphique vise une quantiteacute importante de FO par uniteacute de surface (35 fois la superficie plus 125 tonnes) alors que le second se rapproche de la situation de Mandoto et semble rechercher une quantiteacute de FO qui repreacutesente 15 fois la SAU + 01 tonne

Pour expliquer ces diffeacuterences entre les deux groupes il faut rechercher du cocircteacute des cultures pratiqueacutees avec pour le premier groupe des surfaces en cultures maraichegraveres plus importantes et avec pour le second un assolement beaucoup plus traditionnel (ces aspects seront analyseacutes dans le prochain article)

Ces quantiteacutes moyennes semblent cependant insuffisantes pour renouveler la fertiliteacute des sols cultiveacutes car selon les travaux de P Garin meneacutes il est vrai dans la zone du Lac Alaotra il faudrait 4 tonneshaan en moyenne de fumier pailleux neacutecessaire (Garin 1998 citeacute par Dubois 2004) pour restituer au sol la bonne quantiteacute de matiegravere organique contrebalanccedilant la mineacuteralisation de la matiegravere organique due aux cultures

Mais nombre de producteurs notamment dans la zone dArivonimamo ajoutent agrave la fumure organique des engrais mineacuteraux Ce point sera traiteacute dans le prochain numeacutero de JAE avec un article sur les strateacutegies drsquoutilisation de la fumure organique et mineacuterale

34 La qualiteacute fertilisante des fumiers

Dans le cadre du mecircme projet de recherche Secure des eacutechantillons de fumures

organiques destineacutees agrave la culture de riz pluvial ont eacuteteacute preacuteleveacutes dans 40 fermes de reacutefeacuterence (20 dans chacune des zones) pour la campagne culturale 2018-2019 Une quantiteacute drsquoenviron 700 cm3 a eacuteteacute preacuteleveacutee sur les parcelles au moment de la mise en place de la culture du riz Ces eacutechantillons ont eacuteteacute analyseacutes et les reacutesultats donnent une indication de la qualiteacute moyenne des fumiers produits et utiliseacutes dans les zones

Tableau 3 Qualiteacute des fumiers utiliseacutes (en de la matiegravere segraveche)

Zone pH N P KMandoto 86 11 03 18Arivonimamo 82 10 07 13

Avec des pH supeacuterieurs agrave 8 les fumiers permettent de corriger laciditeacute des sols (qui ont souvent des pH de deacutepart autour de 5) par leur pouvoir alcalinisant et dameacuteliorer dans la dureacutee les sols pour les rendre plus favorables aux cultures exigeantes comme le maiumls le soja le haricot les cultures maraichegraveres etc

La qualiteacute selon les trois principaux eacuteleacutements (N=Azote P=Phosphore et K=Potassium) peut ecirctre ainsi commenteacutee

bull N les teneurs moyennes en azote sont plutocirct faibles dans les 2 zones mettant en lumiegravere la neacutecessiteacute de mieux conserver cet eacuteleacutement tregraves mobile par dallage couverture rajout de pailles de riz ou de fanes de leacutegumineuse pour stockage de lurine Toutes les plantes ont besoin drsquoazote

bull P une teneur en phosphore nettement plus eacuteleveacutee agrave Arivonimamo en raison dassociations de deacutejections agrave base de volaille et de porc (dont une partie est acheteacutee voir infra) Mais ces teneurs sont faibles alors que lrsquoinsuffisance des sols en phosphore est tregraves souvent un des principaux facteurs limitant pour les cultures

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La FO avec ses faibles teneurs en P est de maniegravere geacuteneacuterale insuffisante pour lever ce facteur limitant

bull K les teneurs en potassium sont relativement eacuteleveacutees dans les deux zones par concentration des pailles par lrsquoajout de cendres de balles de riz ou de balles de riz en lrsquoeacutetat Le potassium est important notamment pour les cultures fruitiegraveres et maraicircchegraveres

Pour appreacutecier la qualiteacute en terme de nutrition des plantes on peut comparer les apports du fumier agrave ceux drsquoun engrais NPK 112216 (utiliseacute couramment dans la reacutegion) Le fumier moyen entre les deux reacutegions agrave des teneurs que lrsquoon peut arrondir agrave 1N 05P 15K en matiegravere segraveche (MS) ainsi en faisant simplement le rapport avec les des analyses 1 kilogramme drsquoengrais eacutequivaut pour N agrave 11 kgfumier MS pour P agrave 44 kgfumier MS et pour K agrave 11 kgfumier MS

Pour se rapprocher des pratiques paysannes il faut faire la comparaison avec des matiegraveres fraicircches et en uniteacute traditionnelle Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes le poids en MS eacutequivaut agrave 50 du poids en matiegravere fraiche une charrette de fumure organique pegravese1 250 kg Ainsi une charrette de fumier de faible qualiteacute eacutequivaut pour N agrave 11 kg pour P agrave 3 kg et pour K agrave 12 kg de lrsquoengrais NPK (112216) utiliseacute pour la comparaison

Si on fait la comparaison en termes de prix avec le kilogramme drsquoengrais agrave 2 200 Arkg (prix de 2019) et une charrette agrave 10 000 Ar lrsquouniteacute fertilisante coucircte avec lrsquoengrais environ 4 500 Ar et 2 700 Ar avec la charrette de fumier Ainsi lrsquoapport de FO est nettement plus inteacuteressant sur le plan eacuteconomique et ceci drsquoautant plus que la fumure est autoproduit valorisant ainsi lrsquoeacutelevage

1 Comme deacutejagrave indiqueacute le poids de la charrette varie for-tement selon le volume de remplissage et la qualiteacute du fumier Avec du fumier de bonne qualiteacute une charrette peut peser 400 kg voire plus mais avec du fumier de mauvaise qualiteacute ou du zezi-pako le poids peut descendre nettement en dessous des 250 kg Pour prendre en compte lrsquoensemble des types de fumure or-ganique nous avons adopteacute le poids moyen de 250 kgcharrette (notamment en reacutefeacuterence agrave Saint-Andreacute et al 2016)

etou le travail familial Cet amendement a aussi de nombreuses autres qualiteacutes que nrsquoa pas lrsquoapport drsquoengrais mineacuteraux avec des effets sur la structure et la faune du sol lrsquoapport drsquoeacuteleacutements fertilisants secondaires et des utilisations agronomiques inteacuteressantes (par exemple pour ameacuteliorer la leveacutee des cultures)

Ces calculs ont eacuteteacute faits avec des reacutefeacuterences moyennes plutocirct deacutefavorables agrave la FO (notamment le poids de la charrette) or les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de la qualiteacute et de la quantiteacute du fumier produit sont nombreuses (Salgado et Tillard 2012) avec des effets positifs sur la productiviteacute de la terre et du travail (Marline 20152) Dans le cadre des fermes de reacutefeacuterence sur les deux zones des agriculteurs appuyeacutes par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie se sont engageacutes dans un processus dameacutelioration des fumures organiques et peuvent ecirctre des reacutefeacuterents pour la diffusion des techniques

4 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La fumure organique disponible dans une EAF est fonction des quantiteacutes produites (en

moyenne 217 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 187 tonnes dans le MO du Vakinankaratra) en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les pratiques de compostage Mais pas seulement car le recours au marcheacute ou au eacutechanges non marchands font eacutevoluer de maniegravere significative agrave la fois les quantiteacutes disponibles par EAF mais aussi la qualiteacute et la reacutepartition entre les EAF La FO moyenne disponible est de 29 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 21 tonnes dans le MO du Vakinankaratra Rameneacutee agrave la SAU la quantiteacute de FO disponible est 367 tonnes par ha agrave Arivonimamo et 169 tha agrave Mandoto

2 Apregraves avoir enquecircteacute trente exploitations agricoles de la reacutegion Vakinankaratra Marline conclut que laquo lrsquoadoption des pra-tiques drsquoameacutelioration de la qualiteacute du fumier ne se traduit pas par une augmentation significative du coucirct de production du fumier notamment en raison des eacuteconomies drsquoeacutechelle dans la fabrication du fumier de qualiteacute En utilisant les reacutesultats des expeacuterimenta-tions de BIOVA lrsquoeacutepandage du fumier ameacutelioreacute sur les parcelles augmenterait la productiviteacute agricole de la terre de 27 et la pro-ductiviteacute globale du travail de 23 raquo (Marline 2015)

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Les produits ajouteacutes au fumier sont nombreux et la production de compost traditionnel ou laquo moderne raquo est reacutepandue

Ainsi que cela soit en termes de pourcentage drsquoEAF inteacuteresseacutees ou en termes de motivation il y a dans ces deux zones une base solide de pratiques et de connaissances paysannes sur laquelle peut srsquoappuyer la vulgarisation de lrsquoameacutelioration de la quantiteacute et de la qualiteacute du fumier et la production de compost

La recherche a commenceacute agrave analyser la diversiteacute de ces pratiques et leurs effets sur la production Un grand nombre de matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et animales sont recycleacutees et les premiers reacutesultats montrent drsquoimportantes synergies entre elles avec des associations courantes avec les engrais

La theacutematique de la fertilisation organique est importante pour les agriculteurs de ces zones Parmi diffeacuterentes pratiques agroeacutecologiques lrsquoutilisation des FO est assez geacuteneacuteraliseacutee et les agriculteurs adoptent via ces pratiques des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute (cf paragraphe 33) Dans cette optique les accompagnements et renforcements de la part des acteurs du deacuteveloppement rural nous semblent tregraves pertinents en matiegravere drsquoaugmentation en quantiteacute et en qualiteacute Les reacutefeacuterences drsquoameacutelioration existent deacutejagrave (Salgado et Tillard 2012 Rasolofo et al 2018) Des plantes ameacuteliorantes peuvent ecirctre eacutegalement utiliseacutees agrave lrsquoeacutechelle des EAF ou du territoire On peut citer les plantes reacutepulsives qui ameacuteliorent les FO dans la lutte contre les insectes (cf reacutefeacuterences du GSDM) les Tithonia qui apportent une quantiteacute significativement importante de K compareacutes agrave diffeacuterents types de fumiers (Olabode et al 2007) etc

Lrsquoeacutetude reacutevegravele eacutegalement que lrsquoutilisation des fumiers meacutelangeacutes provenant de plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage est une pratique courante des agriculteurs dans les deux zones Lrsquoameacutelioration des conduites drsquoeacutelevage dont lrsquoalimentation la santeacute ou lrsquohabitat pourrait ainsi ecirctre une autre faccedilon de rehausser la qualiteacute fertilisante des FO encore consideacutereacutee comme faible Lrsquoameacutelioration

dans ce cas devrait concerner de plus en plus les animaux agrave cycle court tels que les volailles etou les porcs En fait crsquoest parce que lrsquoeacutelevage bovin est menaceacute par les vols alors que les EAF ont toutes au moins des volailles au sein de leur exploitation

Les agriculteurs savent que la fumure organique est la base pour une bonne gestion de la fertiliteacute des sols qursquoelle permet drsquoameacuteliorer lrsquoefficience des engrais apporteacutes et qursquoelle peut aussi jouer un rocircle de leveacutee de certaines deacuteficiences De nouveaux enjeux apparaissent comme pour le compost avec la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et un besoin de reacutefeacuterentiel technico-eacuteconomique pour faire eacutevoluer la production de zezi-pako vers un compost avec plus de qualiteacutes fertilisantes

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Les plantes de services en Agro-eacutecologie les rotations et successions des cultures leccedilons apprises du GSDM

Rakotondramanana Raharison T Randriamitantsoa M Moussa N Razanamparany C Tokiherinionja TF Sandratriniaina R R

Randriamiarana V Razaka M

Introduction

Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale les paysans pratiquent toujours des associations de cultures mais

pour la plupart il srsquoagit drsquoassociation laquo gramineacutee ndash gramineacutee raquo qui ne contribue pas du tout agrave la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols Dans le district de Mandoto par exemple lrsquoassociation maiumls + riz pluvial (41 des surfaces) manioc + maiumls (19 des surfaces) maiumls + arachide (10 des surfaces) sont les plus dominantes (RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019) A part lrsquoassociation avec lrsquoarachide ces associations nrsquoont pas beaucoup drsquointeacuterecirct dans la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et devraient changer en association gramineacutees - leacutegumineuses en utilisant les plantes de couverture agrave forte capaciteacute de reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols en plus de leurs proprieacuteteacutes eacuteprouveacutees en tant que plantes de services Lrsquoassociation du maiumls avec le haricot est tregraves courante aussi bien sur les Hautes Terres que dans le Moyen Ouest crsquoest une association ougrave lrsquoon a deux cultures alimentaires en mecircme temps mais la biomasse de la leacutegumineuse le haricot se mineacuteralise tregraves vite et nrsquoest plus visible apregraves la saison segraveche De mecircme lrsquoassociation du maiumls avec le soja est aussi tregraves freacutequent sur les Hautes Terres et surtout sur les sols volcaniques drsquoAntsirabe et de Betafo mais comme le haricot le soja se mineacuteralise tregraves vite et ne contribue pas beaucoup agrave la biomasse

Le but principal de cet article est de rappeler les principales plantes de couvertures en compleacutetant avec les acquis du GSDM dans les principales reacutegions de Madagascar ceci par rapport aux donneacutees du Manuel pratique du semis direct de Madagascar (HUSSON O et al 2013) un travail collectif sous la houlette drsquoOlivier HUSSON ougrave nous avons largement contribueacute et dont les principales informations ont eacuteteacute soit actualiseacutees soit compleacuteteacutees

Brefs aperccedilus des principales plantes de couvertures ou drsquoembocagement des parcelles

11 Le mucuna

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc) mais ses proprieacuteteacutes en agronomie nrsquoont eacuteteacute que tregraves peu documenteacutees ou sont resteacutees inconnues Pourtant cette leacutegumineuse a un tregraves grand inteacuterecirct en agronomie

Photo 1 Une bonne biomasse de mucuna

111 Une leacutegumineuse pour la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et la lutte contre le striga

Dans le site drsquoIvory sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + Mucuna varient de 468 agrave 485 tha en F1 et de 5 agrave 536tha en F2 et les rendements de maiumls en association avec le Mucuna varient de 44 agrave 487 tha en F1

1 et de 53 agrave 56tha en F2

2 Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020)

1 F1 5 tha de fumier de ferme

2 F2 F1 + 80 kgha de NPK 11- 22 ndash 16 et 25 kg ha drsquoureacutee

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Ce systegraveme bisannuel en agriculture de conservation permet drsquoobtenir des rendements stables de la production de riz et de maiumls associeacute Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans et dans les eacutecoles (CEG) appuyeacutees par le GSDM

112 Une leacutegumineuse pour lutter contre les mauvaises herbes

Photo 2 Apregraves une biomasse de mucuna (jachegravere de mucuna en haut et biomasse de mucuna associeacute avec du maiumls en bas) pas de

mauvaises herbes pour la culture suivante

113 Un reacutepulsif contre les insectes et mecircme contre drsquoautres ravageurs des cultures

Contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) LrsquoONG DURRELL qui a introduit des

associations agrave base de mucuna dans les aires proteacutegeacutees a pu observer que le mucuna limite aussi les attaques de sangliers (DURRELL 2020) Les varieacuteteacutes noires type Garadake du CTAS ou marbreacute existent mais il semble que la varieacuteteacute noire est la plus appreacutecieacutee

12 Le nieacutebeacute eacuterigeacute

Le nieacutebeacute (Vigna unguiculata subsp unguiculata) est une sous-espegravece veacutegeacutetale du Vigna unguiculata originaire drsquoAfrique Probablement introduit en Ameacuterique tropicale au XVIIegraveme siegravecle par les Espagnols le nieacutebeacute est aujourdhui largement cultiveacute dans le Sud des Eacutetats-Unis aux Caraiumlbes et au Breacutesil et bien sucircr en Afrique Les observations faites sur de longues anneacutees montrent que le nieacutebeacute eacuterigeacute David est adapteacute agrave tous les types de sols dans tous les milieux agrave Madagascar Sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute proposeacutee dans les zones humides de la Cocircte Est uniquement agrave cause de problegraveme de production de semences Comme le haricot crsquoest une leacutegumineuse alimentaire agrave cycle court mais qui exige des traitements insecticides freacutequents

Photo 3 Nieacutebeacute eacuterigeacute cv David CEG Antokofoana

Sa biomasse peu lignifieacutee se deacutegrade tregraves vite et demande agrave ecirctre associeacutee avec une biomasse lignifieacutee comme celle du maiumls ou du sorgho

Madagascar est connu pour sa production de nieacutebeacute type laquo Black eyes raquo exporteacute vers plusieurs pays mais surtout vers lrsquoinde Crsquoest la reacutegion drsquoAmbato Boeny sur les baiboho du Betsiboka qui est la reacutegion de production la plus importante

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13 Les nieacutebeacutes rampants

Les nieacutebeacutes rampants sont des varieacuteteacutes locales seacutelectionneacutes par les paysans sur de longues anneacutees en geacuteneacuteral dans les zones segraveches comme le Sud Malgache La varieacuteteacute SPLF2 seacutelectionneacutee par lrsquoONG TAFA dans la reacutegion du Sud-Ouest renommeacute actuellement FARIMASO par le CTAS ou la varieacuteteacute BABOKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy sont des exemples de nieacutebeacute rampant (ANCOS 2016) Les nieacutebeacutes rampants existent en nombre important dans les zones segraveches mais ne sont pas toutes exploiteacutees Leur gros avantage dans le couvert veacutegeacutetal reacuteside dans leur biomasse tregraves lignifieacutee donc ne se mineacuteralise pas trop vite En plus ils sont tregraves adapteacutes dans tous types de sols en zones segraveches comme ici sur la photo que nous avons prise agrave Tsihombe sur sol tregraves sableux en 2016 une anneacutee tregraves segraveche dans le Sud (RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANAJAKA J 2016

Photo 4 Nieacutebeacute rampant sur sable roux Imongy Tsihombe 2016 peacuteriode tregraves segraveche

dans le Sud

14 Le Vigna radiata

Le Vigna radiata ou Antsoroko est une leacutegumineuse comestible par lrsquohomme au mecircme titre que les nieacutebeacutes Un exemple de ce type de leacutegumineuse est la varieacuteteacute MORAMASAKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy (ANCOS 2016) Les Antsoroko sont cultiveacutes par les paysans ou sont endeacutemiques dans les reacutegions de lrsquoAndroyAnosy dans le Sud-Ouest dans les bassins seacutedimentaires du Menabe du Boeny et du Nord-Ouest donc il y a une grande possibiliteacute de seacutelection de varieacuteteacutes dans les populations existantes Dans le Boeny nous

avons pu identifier une varieacuteteacute drsquoAntsoroko agrave forte biomasse qui srsquoassocie bien avec le maiumls (RAKOTONDRAMANANA 2019)

Photo 5 Antsoroko Bongomena Commune Rurale Marovoay

15 La dolique

Le lablab (Lablab purpureus syn Dolichos lablab L Dolichos purpureus L) eacutegalement appeleacute pois antaque (ou Antaka en Malgache) ou dolique dEacutegypte est une espegravece de leacutegumineuse de la famille des Fabaceae qui est largement reacutepandu comme plante alimentaire dans les reacutegions tropicales notamment en Afrique Plante alimentaire traditionnelle en Afrique ce leacutegume peu connu preacutesente un potentiel inteacuteressant pour ameacuteliorer la nutrition renforcer la seacutecuriteacute alimentaire favoriser le deacuteveloppement rural et soutenir lameacutenagement durable du territoire Dans lrsquoAndroy la dolique est torreacutefieacutee pileacutee au

Photo 6 Dolique photo sur internet

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mortier avec le maiumls et sert de repas riche pour beaucoup de communauteacute

A Madagascar la dolique est geacuteneacuteralement cultiveacutee dans les reacutegions infeacuterieures agrave 1200 m drsquoaltitude (HUSSON O et al 2013) mais pas partout A part lrsquoAndroy et les bassins seacutedimentaires de lrsquoOuest et du Nord-Ouest la dolique se cultive sur les baiboho de la rive Est du Lac Alaotra La dolique donne une biomasse lignifieacutee qui associeacutee avec celle du maiumls creacutee un excellent lit de semis du riz pluvial agrave la prochaine campagne sur la base des reacutesultats sur la rive Est du Lac Alaotra en particulier

Diffeacuterentes varieacuteteacutes ont eacuteteacute seacutelectionneacutees par le CTAS dans lrsquoAndroy Vorompotsy (CTAS D1) Manja (CTAS D2) Ondragne (CTAS D3) Lohapitse (CTAS D4) Les varieacuteteacutes agrave cycle long sont appreacutecieacutees dans le Sud

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Seasea Antake ambahe Antake salazagne) marron port rampant originaire de Tsihombe (ougrave elle est appreacutecieacutee) peu inteacuteressante pour le district drsquoAmbovombe (sensible aux insectes)

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Anta-drazagne Antake mena) rouge ou blanc port rampant tregraves appreacutecieacutee dans le district drsquoAmbovombe pour sa reacutesistance aux insectes

16 Le Stylosanthes guianensis

Crsquoest le systegraveme phare en semis sous couvert veacutegeacutetal dans le Moyen Ouest Le laquo Stylo raquo comme on lrsquoappelle localement ressemble un peu agrave Medicago sativa la luzerne cultiveacutee en France Le stylo a eacuteteacute introduit agrave Madagascar dans le Moyen Ouest pour la production de fourrages Mais cette vieille varieacuteteacute est actuellement sensible agrave lrsquoanthracnose si bien que le GSDM avec le projet Bassin Versant et Peacuterimegravetre Irrigueacute du Lac Alaotra (BV Lac) a introduit en 2004 la varieacuteteacute CIAT 184

bull Crsquoest une leacutegumineuse peacuterenne aux feuilles trifolieacutees on la cultive en moyenne sur un cycle de 3 ans mais qui peut se reconstituer facilement avec les graines tombeacutees dans le sol mecircme apregraves un labour

bull Elle produit une forte biomasse (5 agrave 10 T de matiegravere segraveche sur sol deacutegradeacute et jusqursquoagrave 20 T sur sol riche)

bull Elle fixe entre 70 et 200 kg drsquoazote agrave lrsquohectare bull Son puissant systegraveme racinaire pivotant

restructure les sols bull Son port buissonnant jusqursquoagrave 1m80 de haut

la rend agressive vis agrave vis de la plupart des adventices comme le Striga plante parasite du riz et du maiumls agrave Madagascar

bull Crsquoest un excellent fourrage et elle peut ecirctre pacirctureacutee

bull Ses fleurs sont mellifegraveres il fleurit agrave une peacuteriode ougrave lrsquoabsence de fleurs affaiblit les abeilles creacuteant une continuiteacute juste avant la floraison du litchi

Photo 7 Une bonne biomasse de Stylosanthes Coopeacuterative FANILO

Amparihy commune Vinany

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Ces caracteacuteristiques expliquent qursquoon la surnomme aussi laquo luzerne tropicale raquo et cela en fait un excellent preacuteceacutedent pour de nombreuses cultures et en particulier les plantes qui fournissent les produits de base agrave Madagascar riz et maiumls

Le Stylosanthes guianensis srsquoadapte agrave un large spectre de sols et en particulier les sols acides (elle est capable de produire des nodules agrave pH 4 ) ainsi qursquoagrave de nombreux climats jusqursquoagrave 10001

megravetres drsquoaltitude et une pluviomeacutetrie de 600 agrave 3000 mm par an

17 Les arachis

Arachis est un genre de plantes dicotyleacutedones de la famille des Fabaceae sous-famille des Faboideae originaire dAmeacuterique du Sud qui compte 70 espegraveces annuelles ou vivaces LrsquoArachis apporte beaucoup drsquoazote au sol et en plus crsquoest une plante largement utiliseacutee comme plante mellifegravere

Deux espegraveces ont eacuteteacute essayeacutees agrave Madagascar lrsquoArachis pintoiuml et lrsquoArachis peacuterenne Cette leacutegumineuse a eacuteteacute largement diffuseacutee dans le Pays dans les cultures de rente (cafeacuteier poivrier vanillier giroflier) et dans les cultures fruitiegraveres

Photo 8 Arachis pintoiuml

1 1000 m Corrigeacute par lrsquoauteur le texte initial eacutetait 1600 m drsquoaltitude agrave Madagascar le Stylo nrsquoest plus cultiveacute au-dessus de 1000 m drsquoaltitude

18 La vesce

Vicia sativa la vesce cultiveacutee ou vesce commune est une plante annuelle appartenant agrave la famille des Fabaceacutees du mecircme genre que la fegraveve ou le haricot La vesce commune est cultiveacutee en tant que fourrage mais crsquoest aussi un excellent engrais vert Elle est de plus une plante inteacuteressante pour lrsquoeacutelevage des abeilles et peut eacuteventuellement ecirctre consommeacutee par lrsquohomme De plus la vesce a des difficulteacutes agrave se deacutevelopper dans les sols tregraves argileux

La vesce a eacuteteacute essayeacutee un peu partout agrave Madagascar mais crsquoest surtout au Lac Alaotra sur baiboho et sur colluvions de bas de pente riche qursquoelle a connu un succegraves Au Lac Alaotra la vesce rentre dans un systegraveme Rizcultures maraicircchegraveresvesce Dans ce systegraveme le riz beacuteneacuteficie de la biomasse de la vesce et de lrsquoarriegravere effet de la fertilisation des cultures maraicircchegraveres En plus de sa biomasse on reacutecolte les semences avant de la rouler pour le semis du riz Essayeacute dans les autres reacutegions de Madagascar la vesce a rencontreacute des problegravemes de rotation avec le riz irrigueacute sur les Hauts Plateaux en raison de son cycle qui srsquoallonge et retarde ainsi le repiquage du riz Par ailleurs la production de semences a eacuteteacute un problegraveme

Photo 9 Riz sur biomasse de vesce en Riziegravere agrave Mauvaise Maicirctrise dEau (RMME) M Charles Mahatsinjo CR Ambohitsilaozana Rive Est Lac

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19 Le Pois drsquoAngole

Le pois dAngole (Cajanus cajan syn Cajanus indicus) est une espegravece de plante vivace de la famille des Fabaceae Le pois dAngole est agrave la fois une culture vivriegravere (pois secs farine pois frais ou leacutegumes verts et une culture fourragegravere de couverture) Les pois contiennent des niveaux eacuteleveacutes de proteacuteines et dimportants acides amineacutes (meacutethionine lysine et tryptophane) En combinaison avec des ceacutereacuteales le pois dAngole constitue une alimentation humaine eacutequilibreacutee Aussi sous le nom de pois cajan pois-congo ambrevade ou pwa di bwa en creacuteole Guadeloupeacuteen le pois dAngole est une leacutegumineuse vivace agrave graine cultiveacutee en agriculture pluviale dans les reacutegions tropicales semi-arides httpsfrwikipediaorgwikiPois_d27Angole)

Photo 10 Pois drsquoAngole agrave la maturiteacute des gousses

Les expeacuteriences avec le Pois drsquo Angole ont eacuteteacute surtout obtenues dans lrsquoAndroy ougrave il a eacuteteacute utiliseacute en brise-vent en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute (forecirct de Cajanus) mais surtout a beaucoup contribueacute agrave la seacutecuriteacute alimentaire de cette zone segraveche (RAHARISON T et al 2018) en effet la consommation du pois drsquoAngole est rentreacute dans les habitudes alimentaires de certaines tribus de lrsquoAndroy et se trouve mecircme consommeacute agrave la place du haricot dans les funeacuterailles

Le Pois drsquoAngole est connu pour sa capaciteacute agrave aller chercher lrsquohumiditeacute en profondeur Etant une plante lignifieacutee il aide agrave renforcer la biomasse des autres espegraveces

110 Les crotalaires

Les crotalaires ont eacuteteacute associeacutes au riz pluvial mais sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute un succegraves Cependant les crotalaires ont lrsquoavantage drsquoavoir une biomasse lignifieacutee et qui nrsquoest pas appeacuteteacutee par les animaux Par ailleurs les crotalaires ont des racines profondes qui cherchent lrsquoeau en profondeur

Photo 11 Crotalaria gramihana endeacutemique sur les Hauts Plateaux

2 Les reacutesultats de la recherche

Nous rappelons ici les reacutesultats du site drsquoIvory pour deacutemontrer les capaciteacutes des plantes de

couverture agrave reacutegeacuteneacuterer un sol pauvre infesteacute de striga En effet le sol de ce site un sol ferralitique agrave pH 4 eacutetait abandonneacute par le proprieacutetaire agrave cause de lrsquoimpossibiliteacute drsquoy planter du maiumls et du riz agrave cause du striga

Le site drsquoIvory est situeacute agrave 100 km agrave lrsquoouest drsquoAntsirabe (pregraves de la RN 34 vers Miandrivazo) sur les plateaux de la zone centrale du Moyen Ouest dans le district de Mandoto Commune rurale de Vinany (localisation agrave la fig1) Les systegravemes mis en place ont eacuteteacute baseacutes sur les 3 dispositifs agrave savoir la lutte contre le Striga la diversification des cultures et la collection varieacutetale Les systegravemes de cultures proposeacutees ont eacuteteacute baseacutes sur la mise en place de maiumls en association avec des leacutegumineuses annuelles (vivriegraveres nieacutebeacute soja arachide Vigna umbellata) ou de plantes de couverture (mucuna et Stylosanthes) drsquoune part et la mise en place de plante de couverture fourragegravere (Arachis pintoiuml et Arachis peacuterenne)

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Sur les dispositifs des systegravemes en Agriculture de Conservation sont compareacutes au teacutemoin traditionnel laboureacute avec un minimum drsquointrants F1 (fumier seul agrave 5tha) ou F2 (F1 + 80 kgha de NPK + 25 kgha drsquoureacutee) soit des doses faibles se rapprochant des pratiques paysannes Le traitement en culture pure sans couvert veacutegeacutetal sur labour constitue un teacutemoin commun aux diffeacuterents essais conduits en Agriculture de Conservation (AC) sur reacutesidus ou sur couverture vivante

Figure 1 localisation du site drsquoIvory dans le Moyen Ouest commune de Vinany district de Mandoto

Figure 2 Pluviomeacutetrie par deacutecade sur le site drsquoIvory

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Figure 3 Rendements de riz sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Figure 4 Rendements de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements des systegravemes en Agriculture de Conservation sont nettement plus eacuteleveacutes que ceux obtenus en pratiques traditionnelles Le laquo riz pluvial sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses vivriegraveres raquo est de 37 agrave 47 THa (fertilisation F2) contre seulement 07 agrave 10 tHa sur labour Les systegravemes agrave base de mucuna sont les plus performants Malgreacute une faible pluviomeacutetrie agrave la 3egraveme deacutecade de feacutevrier et agrave la 2egraveme de mars en 2019 les rendements de cette anneacutee nrsquoont pas eacuteteacute affecteacutes ce qui montre bien la reacutesilience des systegravemes en agriculture de conservation sur le changement climatique Les mecircmes observations sont faites sur les rendements du maiumls associeacute

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Ces observations sont reacuteguliegraveres sur de nombreuses anneacutees et montrent qursquoune fois la fertiliteacute restaureacutee avec de fortes biomasses sans labour du sol et avec de faible dose drsquoengrais on aboutit agrave de tregraves bons rendements Lrsquoautre observation importante est la tregraves grande diffeacuterence entre les parcelles laboureacutees et les parcelles non laboureacutees avec les mecircmes doses de fertilisations Ceci srsquoexplique sur le fait que le labour mineacuteralise la matiegravere organique et entraine une perte eacutenorme par lessivage

3 Quels systegravemes pour les Hautes terres

Les systegravemes suivants sont proposeacutes pour large diffusion sur les Hautes Terres Dans le cadre de la diffusion du Projet MANITATRA II on note un fort engouement des paysans pour les systegravemes agrave base de mucuna au vue des premiers reacutesultats obtenus dans les Champs Ecoles Paysans (CEP) et dans les parcelles drsquoapplication des Collegraveges drsquoEnseignement Geacuteneacuteral (CEG) en effet pour la campagne 2019 - 2020 le systegraveme agrave base de mucuna en association avec le maiumls deacuterobeacute dans lrsquoassociation laquo maiumls + haricot raquo ou mecircme en jachegravere de mucuna a connu une adoption importante sur les Hauts terres

31 Le maiumls associeacute au haricot deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la campagne suivante

Le maiumls associeacute au haricot est tregraves courant sur les hautes terres donc agrave la maturiteacute du haricot et mecircme avant la reacutecolte on segraveme le mucuna sur la ligne du haricot La biomasse de maiumls va srsquoassocier agrave celle du mucuna pour constituer un lit de semis pour le riz pluvial sans labour agrave la prochaine campagne Normalement le lit de semis est tregraves peu infesteacute de mauvaises herbes si la biomasse du mucuna arrive agrave couvrir le sol

32 Le maiumls associeacute au soja deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la saison suivante

Comme avec le systegraveme preacuteceacutedent avant la maturiteacute du soja on segraveme le mucuna dans la ligne du soja On peut mecircme le semer agrave la voleacutee

33 Les associations avec lrsquoavoine en vue de production de fourrages

Dans le systegraveme preacuteceacutedent (maiumls + soja) au lieu de semer du mucuna on peut semer de lrsquoavoine qui servira par la suite de fourrage Comme avec le mucuna la parcelle est propre dans un couvert drsquoavoine Le paysan peut preacutelever une partie de la biomasse de lrsquoavoine pour le fourrage

34 Habiller le riz pluvial avec drsquoautres leacutegumineuses

Sur les Hautes Terres une parcelle de riz pluvial qui existe deacutejagrave peut ecirctre habilleacute avec du Pois drsquoAngole ou avec du crotalaire ce qui eacutevitera drsquoavoir une faible biomasse de riz agrave la prochaine campagne Cette pratique a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet MANITATRA II

35 Les embocagements des cultures

Les embocagements de parcelles se feront avec du Tephrosia vogellii une leacutegumineuse tregraves adapteacutee aux reacutegions drsquoaltitude jusqursquoagrave 2000 m Crsquoest aussi un reacutepulsif contre les insectes Cette leacutegumineuse peut pousser tregraves haut jusqursquoagrave 150 m mais on peut aussi la tailler en fin de saison de pluie et les produits de la taille (feuille et rameaux) peuvent ecirctre ajouteacutes agrave la biomasse de la parcelle

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4 Quels systegravemes pour le Moyen Ouest

Le systegraveme phare dans le Moyen Ouest est le systegraveme agrave base de Stylosanthes mais les

systegravemes agrave base de leacutegumineuses annuelles sont aussi deacuteveloppeacutes en parallegravele avec le stylo car les petits paysans avec moins de 1 ha nrsquoont pas envie de srsquoinvestir dans une jachegravere de stylo

41 Le Stylosanthes comme systegraveme phare

Comme deacutecrit plus haut le stylo est la plante de couverture drsquoexcellence pour reacutegeacuteneacuterer les sols deacutegradeacutes Mais contrairement agrave ce qursquoon a veacutehiculeacute comme message auparavant on propose de labourer quand le paysan a envie de revenir aux leacutegumineuses annuelles Cette recommandation est valable notamment pour les petits producteurs ne pouvant pas supporter la jachegravere drsquoune anneacutee Il est important de souligner qursquoune jachegravere de Stylo peut ecirctre planteacutee en maiumls ou en manioc agrave faible densiteacute Par ailleurs la jachegravere de stylo permet aussi de reacutecolter des semences qui sont tregraves demandeacutees actuellement drsquoougrave un compleacutement de revenus important pour le paysan

42 Le maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial

Tous les systegravemes agrave base de maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial ont eacuteteacute testeacutes dans les sites drsquoIvory et peuvent ecirctre diffuseacutes dans le Moyen Ouest ce qui offre un large choix par rapport aux autres reacutegions Il est important de deacuterober du mucuna avec les leacutegumineuses agrave faible biomasse (nieacutebeacute tsiasisa haricot soja)

5 Quels systegravemes au Lac Alaotra

Le Lac Alaotra est connu pour ses grandes surfaces de baiboho et de Riziegraveres agrave Mauvaise Maicirctrise drsquoEau (RMME) ceci agrave cause des fortes eacuterosions des bassins versants reacutesultant drsquoune pluviomeacutetrie violente et de la fragiliteacute du sol drsquoorigine tectonique Dans ces conditions le maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses en rotation avec le riz pluvial est le systegraveme phare sur baiboho et le systegraveme rotation laquo Rizcultures maraichegraveresVesce raquo sur RMME Parmi les leacutegumineuses la

dolique associeacutee au maiumls est agrave privileacutegier car cette plante de couverture est bien adapteacutee dans cette reacutegion

6 Quels systegravemes pour les zones semi-arides de lrsquoAndroy

Le problegraveme essentiel dans lrsquoAndroy est lrsquoeacuterosion eacuteolienne en plus de lrsquoeacuterosion hydrique Crsquoest ainsi que le pois drsquoAngole a eacuteteacute largement utiliseacute en brise-vent mais aussi en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols tregraves deacutegradeacutes par le systegraveme de forecirct de Cajanus

Parmi les leacutegumineuses la dolique est endeacutemique dans la reacutegion mais le mucuna les nieacutebeacutes rampants le konoke (leacutegumineuse endeacutemique du genre Phaseolus sp) sont reacutepandus et bien adopteacutes

Une approche de diffusion par les blocs agro-eacutecologiques a permis une forte adoption de lrsquoAgro-eacutecologie dans lrsquoAndroy seacutedimentaire

7 Quels systegravemes pour le Boeny

Tous les systegravemes deacutecrits plus hauts sont applicables dans le Boeny Il faut noter toutefois la preacutedominance du Vigna radiata (Antsoroko) et nieacutebeacute rampant type Lojomena et du nieacutebeacute type Black Eyes sur les baiboho A cause de la forte eacuterosion des bassins versants dans cette reacutegion les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal sont agrave privileacutegier Un grand effort de formation des intervenants locaux est indispensable

Photo 15 Vigna radiata

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Conclusions

Cet essai de capitalisation est loin drsquoecirctre parfaite Crsquoest un travail qui demande agrave

ecirctre actualiseacute avec le temps Nous nrsquoavons pas couvert toutes les reacutegions mais globalement les systegravemes reposent tous sur les fondamentaux de lrsquoAgriculture de Conservation et de lrsquoAgro-eacutecologie Par ailleurs en plus des formations des intervenants locaux la production de semences de plantes de couverture pose un problegraveme dans beaucoup de reacutegion Il faut noter que le site drsquoIvory et la commune de Vinany ont eacuteteacute une zone de production de semences de couverture pendant de longues anneacutees

Drsquoautres problegravemes qui ne sont pas eacutevoqueacutes dans cet article sont les feux de brousse en saison segraveche et les divagations drsquoanimaux qui diminuent eacutenormeacutement la biomasse laisseacutee sur les sols agrave la prochaine campagne Une prise de conscience collective des paysans semble donner des reacutesultats comme en teacutemoignent les paysans de la commune de Vinany dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra

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Reacutefeacuterences bibliographiques

1 ANCOS 2016 Reacutegistre des espegraveces et varieacuteteacutes exploiteacute dans le systegraveme laquo Semence de Qualiteacute Deacuteclareacutee raquo dans le Sud de Madagascar ANCOS Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche

2 DURRELL 2020 Lrsquointroduction de lrsquoinnovation Agro eacutecologie pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire des communauteacutes aux alentours des Aires proteacutegeacutees (Baie de Baly et Lac Alaotra) et zone humide de Lac Sofia Lot II Y 49 J Ampasanimalo (101) BP 8511 Antananarivo 101 ndash Madagascar httpswwwdurrellorgwildlife httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

3 GSDM 2020 Rapport annuel anneacutee 3 intervention du GSDM dans le Projet PAPAM composante 2 GSDM lot VA 26 Y Ambatoroka ANTANANARIVO 101

4 HUSSON O SEGUY L CHARPENTIER H RAKOTONDRAMANANA MICHELLON R RAHARISON T et al (2013) Manuel pratique du semis direct de Madagascar GSDMCIRADhttpgsdm-mgorgwp-contentfilesManuel_SCV_Mada_V_IntegraleMedpdf

5 RAKOTONDRAMANANA 2019 Rapport de mission de capitalisation dans le PLAE III BOENY 17 au 23 Feacutevrier 2019 PLAE ANALAMAHITSY ANTANANARIVO 101

6 RAKOTONDRAMANANA et al 2018 La rotation ou lrsquoassociation avec le mucuna reacuteduit consideacuterablement les attaques de chenilles leacutegionnaires sur le maiumls Journal de lrsquoAgro-eacutecologie Ndeg7 httpopen-libraryciradfrfiles62385__JAE_NC2B07pdf

7 RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANJAKA J 2016 Rapport de mission de reconnaissance et de diagnostic du Projet SOHAVELO ASARA programme europeacuteen de seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle dans la reacutegion Sud et Sud Est de Madagascar ASARAAINA AVSF Lot VG 25 Antsahabe BP 3149- Antananarivo 101 ndash Madagascar httpopen-libraryciradfr

files62394__Rapport_de_mission_SOHAVELO_VFpdf

8 RAHARISON T et al 2018 Rapport drsquoeacutetude drsquoimpact des pratiques des blocs agro eacutecologiques diffuseacutees dans le cadre du projet HOBA GRET Antananarivo

9 RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019 Diversiteacute et importance des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols dans les exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar Journal de lAgro-eacutecologie Ndeg8 2019 httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

10 h t t p s w w w s u p a g r o f r r e s s - p e p i t e s PlantesdeCouvertureresStylosanthespdf

11 httpsfrwikipediaorgwikiArachis

12 httpsfrwikipediaorgwikiVicia

13 h t t p s f r w i k t i o n a r y o r g w i k i pois_dE28099Angole

14 httpsfrwiktionaryorgwikicrotalaire

15 httpsfrwikipediaorgwikiPois_mascate

16 httpsfrwikipediaorgwikiVigna_unguiculata

17 httpsfrwikipediaorgwikiHaricot_mungo

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La technique du lombricompost se diffuse de paysan agrave paysan

Lrsquoutilisation agrave outrance des produits chimiques en tant que pesticides et fertilisants durant lrsquoegravere

de la reacutevolution verte nrsquoavait fait que renforcer les effets du changement climatique sur lrsquoagriculture Hormis son prix eacuteleveacute les engrais de synthegravese solubles laissent toujours des reacutesidus ayant des impacts preacutejudiciables agrave lrsquoenvironnement Dans le cadre de ses projets de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie le GSDM tend agrave former les paysans sur les proceacutedeacutes de fabrication de diffeacuterents types de compost dont le vermicompostage Cela dans lrsquooptique de rendre la production agricole plus durable et plus respectueuse de lrsquoenvironnement Les suivantes sont les teacutemoignages de paysans sur les inteacuterecircts du lombricompostage

Dans la commune rurale drsquoAnkazomiriotra au niveau du village drsquoAmbohitrinibe Fokontany Belanitra Est Madame RABEBINIRINA Minompamonjy David (Mme Mino) fait partie de ces paysans qui ont su tirer profit de lrsquoutilisation du lombricompost

Nrsquoayant pas de zeacutebu nous eacutetions obligeacutes drsquoacheter drsquoeacutenorme quantiteacute de fumiers et drsquoengrais pour fertiliser nos champs Crsquoeacutetait peacutenible vu que notre revenu couvrait difficilement le montant de nos besoins Vers 2013 nous avons assisteacute aux seacuteances de formations et drsquoanimations prodigueacutees par les techniciens travaillant sur le projet pilote Manitatra 1 Apregraves ces formations

ils nous ont fait don de 250g de vers Aujourdrsquohui nous en disposons drsquoau moins 20Kg Les reacutesultats que nous avons obtenus degraves la premiegravere anneacutee drsquoutilisation du lombricompost a eacuteteacute probant Drsquoabord la charge de travail due au transport de fertilisant vers le champ srsquoeacutetait beaucoup amoindri car nous nrsquoavons plus qursquoagrave transporter tout au plus le dixiegraveme du volume de fumier de parc qursquoon utilisait avant En effet 30 agrave 40 kg de lombricompost peut amplement suppleacuteer agrave 2 charrettes de fumier de parc Le sarclage est aussi devenu plus facile car le preacute-compostage a permis drsquoeacuteliminer les graines drsquoadventices qui dlsquohabitude viennent avec les fumiers organiques Ensuite les cultures reacutesistent mieux agrave la segravecheresse et les plantes parasites Par exemple nous avons constateacute que le riz devient plus vigoureux face aux attaques du striga Le rendement est de plus en plus soutenu et les produits maraicircchers sont moins sujets agrave la deacutegradation

La fabrication de lombricompost demande certes une certaine rigueur mais est tout agrave fait agrave la porteacutee de chaque paysan Il vous faut juste preacuteparer du preacute-compost qui servira de nourriture aux vers En plus il est indispensable drsquoarroser et de veacuterifier peacuteriodiquement la tempeacuterature Lrsquoessentiel des travaux consiste agrave seacuteparer les vers des composts mucircrs Il nous arrive encore drsquoacheter du fumier de parc pour servir drsquoappoint au preacute-compost mais ccedila en vaut la peine

Avec notre unique andain nous arrivons agrave produire 600kg de compost par mois

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Nous nrsquoutilisons que le quart de notre production Le reste est vendu agrave des clients qui viennent drsquoun peu partout agrave Madagascar La plus grosse commande que nous avons eue en 2019 eacutetait de 15tonne La production de lombricompost contribue beaucoup agrave nos ressources peacutecuniaire car il nous arrivons agrave lrsquoeacutecouler jusqursquoagrave 1000Ar le kilo

Madame Mino peut ecirctre joint aux numeacuteros suivants 034 19 777 50033 13 412 10

Un autre paysan en la personne de Monsieur RAZAFINDRAKOTO Emilson (Dadakoto) habitant agrave Antanety 2 Commune Antanifotsy a aussi adopteacute le lombricompostage Les suivants sont ses points de vue quant agrave lrsquoutilisation du lombricompost

Nous avons construit le premier andain suite aux seacuteries drsquoanimation-formation effectueacutees par le paysan leader et le technicien du projet Manitatra 2 travaillant dans notre zone Ce premier andain eacutetait devenu productif agrave partir du mois de juin 2019 Je commence juste agrave produire du lombricompost mais jrsquoai deacutejagrave constateacute les reacutesultats sur la bonne veacutegeacutetation de mes maiumls et de mes riz par rapport agrave ce que jrsquoai eu auparavant Afin drsquoaugmenter la production nous avons construit drsquoautres andains et aujourdrsquohui nous en avons 5

Nous avons commenceacute avec 1kg de vers et maintenant nous en avons autour de 60kg Jusqursquoagrave preacutesent ma production est entiegraverement destineacutee agrave lrsquoautoconsommation Nous les utilisons surtout sur nos cultures de tanety comme le riz et le maiumls associeacute aux leacutegumineuses Je trouve qursquoil est plus inteacuteressant drsquoutiliser du lombricompost que de fumier de parc Actuellement je nrsquoutilise presque plus drsquoengrais chimique

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Produit biologique de lutte contre les Chenilles leacutegionnaires drsquoAutomne (CLA) la menace est maitriseacutee un article du Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la pecircche

(Source publication facebook du MAEP le 14 deacutecembre 2019)

Deacutesormais les producteurs de maiumls Malagasy ne devraient plus ecirctre anxieux et inquiets

face agrave la Chenille Leacutegionnaire drsquoAutomne ou CLA La menace est maicirctriseacutee Gracircce aux efforts du Ministegravere de lAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) agrave travers les techniciens de la DPV et de la FOFIFA des diffeacuterents chercheurs de lUniversiteacute dAntananarivo de lEssagro et dexperts africains appuyeacutes par la FAO une souche biologique appeleacutee BT ou Bacillus Thuringiensis a eacuteteacute deacutecouverte Les tests ont deacutemontreacute que cette bacteacuterie naturelle et endeacutemique agrave Madagascar est capable de tuer la CLA Meacutelangeacute agrave 50g de riz blanc elle peut recouvrir 1ha de champ de maiumls

Notons quelle naffecte ni lenvironnement ni la santeacute humaine Madagascar sest aussi doteacute de sa strateacutegie nationale quinquennale de lutte contre la CLA Telles sont parmi les grandes avanceacutees du PROJET DAPPUI DURGENCE Agrave LA MISE EN PLACE DUN SYSTEME DE SURVEILLANCE DE RIPOSTE ET DE LUTTE INTEGREacuteE CONTRE LA CLA meneacute avec lappui technique et financier de la FAO

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Fenetre sur lAgriculture Biologique agrave MadagascarRakotondramanana GSDM

Un projet de loi sur lrsquoAgriculture biologique a eacuteteacute preacutepareacute sur lrsquoinitiative du Syndicat Malgache de lrsquoAgriculture Biologique (SIMABIO) et du MAEP et sera incessamment soumis agrave lrsquoAssembleacutee

Nationale Suite agrave cela un voyage drsquoeacutetude au Maroc et en Tunisie a eacuteteacute reacutealiseacute en vue des perspectives drsquoeacutelaboration drsquoune Strateacutegie Nationale drsquoAppui agrave lrsquoAgriculture Biologique agrave Madagascar (SNABio)

La mission a vu la participation drsquoune deacuteleacutegation conduite par le Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) accompagneacutee du Preacutesident du SIMABIO du projet Coordonnateur National du projet CASEF de lrsquoassistant technique du projet CASEF du repreacutesentant de la recherche (FOFIFA) et du directeur exeacutecutif du GSDM

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Le secteur de lrsquoAgriculture Biologique (AB) agrave Madagascar est en pleine croissance depuis plusieurs anneacutees Repreacutesentant actuellement un chiffre drsquoaffaire annuel de lrsquoordre de 55 Meuro geacuteneacutereacutes par plus drsquoune centaine drsquoentreprises employant 7000 salarieacutes et srsquoapprovisionnant aupregraves de plus de 20 000 agriculteurs le secteur est quasiment exclusivement orienteacute vers lrsquoexportation drsquoune large gamme de produits agricoles beacuteneacuteficiant drsquoune forte typiciteacute (eacutepices fruits tropicaux huiles essentielles cacao crevettes etc) principalement vers lrsquoEurope

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les Etats-Unis le Japon (source CASEF) Les produits bio malgaches sont issues drsquoagriculture bio par des entreprises locales mais aussi de la cueillette Compareacute aux autres pays le coucirct de la certification est trop eacuteleveacute agrave cause du manque de concurrence (un seul organisme certificateur agreacuteeacute ECOCERT)

Au Maroc lrsquoAgriculture biologique repreacutesente de lrsquoordre de 60 Meuro drsquoexportation et en Tunisie 205Meuro mais dans ces deux pays on assiste agrave un marcheacute local en cours de progression Le tableau suivant reacutesume lrsquoagriculture Bio dans les deux pays Globalement les produits exporteacutes sont domineacutes par lrsquohuile drsquoOlive bio dans les deux pays

A lrsquoissue de la mission des perspectives pour Madagascar ont eacuteteacute souleveacutees sous forme drsquoenseignements et reacuteflexions bull Creacuteer un dispositif drsquoappui conseil technique et financier ciblant les producteurs et les entreprises

AB en synergie avec les meacutecanismes existants (FDA Banques IMF etc)bull Subventionner la certification =gt Accroitre la concurrence entre organismes de Controcircle et de Certification (OCC) =gt Agreacutement et controcircle effectif de la part des pouvoirs publicsbull Concevoir une strateacutegie ciblant une diversiteacute de filiegraveres prioritaires de maniegravere inclusive par

exemple Exports Filiegraveres inteacutegreacutees eacutecotourisme Filiegraveres courtes laquo petits producteurs raquo au systegraveme de garantie par Certification de Territoire (CT) et Systegraveme Participatif de Garantie (SPG)

bull Mise en place de centres de recherche technique deacutedieacute agrave lrsquoAB reacutepondant agrave la demande (par ex contrat programme recherche - reacutegions - organisations professionnelles)

bull Conceptionmise en œuvre drsquoun dispositif de formation AB avec obligation de modules dans les cursus agricoles

bull Dynamiser la professionnalisation et la structuration des producteurs et des entreprises malgaches dans lrsquoAB

bull Poursuivre lrsquointeacutegration du secteur priveacute (amont et aval) dans les diffeacuterentes laquo aregravenes raquo institutionnelles deacutefinition des strateacutegies conception et pilotage des dispositifs drsquoappui etc

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AGRO-ECOLOGIE EN PHOTO

La mise en place des parcelles dapplication en Agro-eacutecologie a eacuteteacute effectueacutee au niveau des 8

collegraveges de la reacutegion Boeny Les enseignants et eacutelegraveves ont eacuteteacute accompagneacutes et encadreacutes par les ingeacutenieurs agronomes du GSDM et les techniciens locaux

Une repreacutesentante de la deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo a visiteacute les

reacutealisations du GSDM dans le cadre du projet Manitatra 2 De nombreux points inteacuteressants pouvant ecirctre valoriseacutes dans le cadre dune future coopeacuteration ont eacuteteacute souleveacutes En attendant certaines observations seront agrave partager au cours dun eacuteveacutenement de la Commission europeacuteenne qui se tiendra courant de la 3egraveme semaine du mois de feacutevrier 2020 agrave Bruxelles

Le GSDM maitient lappui technique des 12 eacutetablissements beacuteneacuteficiaires de linteacutegration

de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire dans le Vakinankaratra Il sagit des 6 eacutecoles pilotes PAPAM et des 6 autres extensions reacutealiseacutees dans le cadre du projet MANITATRA 2 Pour lanneacutee scolaire 2019-2020 la mise en place des cultures de grande-saison la mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique ainsi que les suivis reacuteguliers des tehcniciens ont eacuteteacute reacutealiseacutes Quelques enseignants du CEG de Vinany du CEG de Betafo ont mecircme beacuteneacuteficieacutes dune formation de recyclage

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Mise en place de la parcelle dapplication en Agro-eacutecologie au niveau du CEG Mariarano Boeny

Visite des reacutealisations du GSDM projet MANITATRA 2 par une repreacutesentante de la

deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo

Mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique aux 12 eacutetablissements du

Vakinankaratra

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AVRIL 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull RAKOTO HERIMANDIMBY Reneacute - Superviseur de zone du Sud-Est Projet PAPAMbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo AGRISUD- membre du GSDMRubrique laquoDossierraquo GSDMRubrique laquoRechercheraquo Dp SPAD - Partenaire technique du GSDM Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA 2)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth avril 2020

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Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

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- Mission de suivi du Comesa les 16 et 17 mars 2020- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020 - Formation CSAFRDA Makanara du 25 au 28 mars 2020

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

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MARS 2020

ANNEE 2020

Page 16: Edition trimestrielle N° 9 / 2020

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Ces produits bozaka feuilles drsquoarbres autres herbes sont pour la plupart des produits de cueillette et participent agrave une laquo gestion horizontale de la fertiliteacute raquo avec un transfert drsquoeacuteleacutements fertilisants preacuteleveacutes sur drsquoautres parties du terroir et rameneacutes sur les parcelles cultiveacutees (Rollin 1994 Andriambelomanga 2017) amplifiant le mecircme transfert reacutealiseacute par les animaux (pacircturages ou parcours fumier cultures) Les autres produits utiliseacutes notamment par les EAF qui produisent du compost sont les cendres le terreau mais aussi du sel acheteacute et dlsquoautres produits comme de la dolomie de la sciure de bois etc

23 Les motivations pour la production du compost

La production de compost est lrsquoune des techniques vulgariseacutees pour augmenter

les quantiteacutes de matiegraveres fertilisantes encourageacutees par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie Les reacutesultats de lrsquoenquecircte montrent que la moitieacute des EAF agrave Mandoto et 30 des EAF agrave Arivonimamo ont deacutejagrave cette pratique

Tableau 2 Part des EAF qui produisent du compost

Mandoto ArivonimamoCompost moderne

9 12

Compost traditionnel

41 18

Total avec compost

50 30

A Mandoto ce sont les pratiques traditionnelles de production de zezi-pako qui dominent tregraves largement On notera que si le total nrsquoest que de 50 crsquoest que quelques EAF rares toutefois font les deux types de compost A Arivonimamo certainement en raison des programmes de deacuteveloppement qui ont vulgariseacute la technique la part des EAF avec compost laquo moderne raquo est un peu plus eacuteleveacutee mais le compost traditionnel

est moins reacutepandu On pourrait penser que le fumier se substitue au compost crsquoest-agrave-dire qursquoune EAF qui produit du fumier abandonne la production de compost car comme mentionneacute preacuteceacutedemment les EAF apportent en grande partie les mecircmes constituants aux deux types de fumure organique En fait il nrsquoen est rien 55 des EAF qui produisent du compost agrave Mandoto ont du fumier et agrave Arivonimamo ce taux est de 82

La raison principale pour laquelle les EAF produisent du compost crsquoest drsquoabord pour augmenter la quantiteacute disponible de fertilisants (34 des EAF qui ont reacutepondu) ou beacuteneacuteficier des effets en augmentant la production (11) et en ameacuteliorant la fertiliteacute des sols (9) On note tout de mecircme que 25 des EAF ont reacutepondu que crsquoeacutetait parce qursquoelles nrsquoavaient pas de fumier (et le taux est plus eacuteleveacute agrave Mandoto) Enfin 9 des EAF ont eacutevoqueacute le coucirct moindre du compost par rapport aux autres fertilisants et 12 ont donneacute des raisons que lrsquoon peut rattacher agrave une meilleure agronomie le zezi-pako est meilleur que le fumier car brucircleacute il ne transmet pas les maladies ou les graines de mauvaises herbes la cendre du zezi-pako a de nombreux avantages (notamment dans la lutte contre les ravageurs sur les peacutepiniegraveres) le compost est meilleur que les engrais pour les sols etc

Pour les EAF qui produisent du compost les contraintes principales sont pour 38 des EAF qui ont reacutepondu le temps de travail neacutecessaire (notamment pour ramasser les feuilles drsquoarbres le bozaka etc) et pour 35 des EAF la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres On notera que pour 12 des EAF il nrsquoy a pas de veacuteritable limite agrave la production de compost Enfin pour les 16 drsquoEAF restantes ces limites sont diverses lrsquoeau pour lrsquoarrosage du compost (5) mais aussi la treacutesorerie pour acheter le bozaka ou payer la main drsquoœuvre pour ramasser des matiegraveres premiegraveres le risque drsquoincendie etc

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24 Une production de FO tregraves variable selon les EAF

Malgreacute les apports sur le fumier et la production de compost la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF est faible en valeur absolue et surtout comme indiqueacute preacuteceacutedemment on observe une grande diversiteacute de situation entre les EAF avec un coefficient de variation de lrsquoordre de 90 dans les deux zones Les graphiques de la Figure 4 (voir infra la FO produite est en bleu) illustrent cette grande variabiliteacute avec des profils diffeacuterents selon les zones

Dans la zone de Mandoto comme deacutejagrave indiqueacute il y a une forte proportion drsquoEAF avec peu de fumure organique produite (plus de la moitieacute des EAF produisent moins de 15 tonnes) en raison du faible nombre drsquoanimaux et drsquoune production de compost qui reste peu importante Et ces EAF produisent environ frac14 de la fumure totale produite dans le terroir

Dans la zone drsquoArivonimamo la part des EAF avec moins de 15 tonnes est leacutegegraverement moindre (48) mais la FO produite pour lrsquoensemble de ces EAF nrsquoest que de 14 Donc un peu moins drsquoEAF mais une quantiteacute de FO produite tregraves faible On peut mettre cette diffeacuterence entre les deux zones au creacutedit de la production de compost traditionnel les EAF sans animaux sont plus importantes agrave Mandoto mais ces EAF pour compenser produisent du zezi-pako et en final sont moins deacutemunies que les EAF drsquoArivonimamoA lrsquoautre extreacutemiteacute des graphiques la part des EAF avec plus de 5 tonnes est faible agrave Mandoto agrave peine 4 des EAF et qui cumulent 6 de la FO produite totale Dans la zone drsquoArivonimamo la part de ces EAF est nettement plus importante (9) et surtout elles cumulent 29 de la FO Si on regroupe les deux derniegraveres classes la part des EAF avec plus de 3 tonnes agrave Arivonimamo est de 25 et ces EAF cumulent 58 de la FO agrave Mandoto elles sont 17 et cumulent 43 de la FO totale dans le terroir Ainsi si agrave Arivonimamo la production de FO moyenne par EAF est

supeacuterieure les ineacutegaliteacutes entre les EAF sont aussi plus importantes

3 La fumure organique disponible par EAF

La fumure organique disponible dans une EAF est en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les

fumiers produits la fabrication de composts mais aussi des eacutechanges

31 Les eacutechanges de fumure organique

Sur les Hautes Terres les eacutechanges de fumures organiques sont freacutequents que ces eacutechanges

soient marchands (achat vente) ou non (troc ou don)

Tableau 4 Part des EAF qui eacutechangent de la FO

Opeacuteration sur FO

Mandoto Arivonimamo

Ensemble 60 88- dont Achat 30 74- dont Vente 18 19- dont Troc 22 24

Comme le montre le Tableau 4 crsquoest une large majoriteacute des EAF qui eacutechangent de la fumure organique A Arivonimamo la pratique est presque geacuteneacuteraliseacutee avec 88 des EAF qui sont concerneacutees par au moins une opeacuteration drsquoentreacutee ou de sortie de FO

Si les opeacuterations drsquoeacutechanges non moneacutetariseacutes (troc ou don) et les ventes concernent agrave peu pregraves le mecircme pourcentage drsquoEAF dans les deux zones la diffeacuterence est forte en ce qui concerne les achats puisque agrave Arivonimamo ce sont presque 3 EAF sur 4 qui achegravetent de la FO Dans cette zone ougrave les productions maraichegraveres sont importantes les EAF sont agrave la recherche de fumure organique en termes de quantiteacutes pour augmenter le disponible mais aussi de qualiteacute (fumiers de porcs ou de volailles)

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Pour les eacutechanges sous forme de troc la fumure organique est eacutechangeacutee contre du travail (travail manuel ou prestation par exemple labour ou transport) contre de la paille de riz ou autres matiegravere organique (certainement pour produire du fumier) des semences (de riz ou maiumls) etc Les dons sont faits aux membres de la famille (le plus souvent des parents vers les enfants) mais aussi au meacutetayer voire agrave des voisins moins bien doteacutes Il y a donc un marcheacute de la fumure organique entre EAF drsquoune zone donneacutee mais aussi avec des EAF ou drsquoautres deacutetenteurs dans des zones plus eacuteloigneacutees Ainsi agrave Arivonimamo quelques EAF ont pu acqueacuterir des deacutechets urbains et beaucoup ont acheteacute du fumier en provenance drsquoeacutelevages speacutecialiseacutes

Tableau 5 Prix moyen en Ariary drsquoune charrette de fumure organique

Mandoto ArivonimamoNbre PU moyen Nbre PU moyen

Fumier de zeacutebu 179 5 809 225 16 158Fumier meacutelangeacute 49 4 837 88 13 286Fumier de porc 5 36 000 115 41 137Fumier de volaille 3 25 000 80 49 283Compost 8 18 333Zezi-pako 29 4 500

Les prix pour une charrette1 sont tregraves diffeacuterents entre les deux zones Et on peut penser qursquoagrave Arivonimamo le marcheacute de la fumure organique est laquo tendu raquo avec une forte demande et peu de fumure localement commercialiseacutee pour y reacutepondre Cette situation a des conseacutequences sur les prix avec comme lrsquoindique le Tableau 5 des prix tregraves eacuteleveacutes agrave Arivonimamo environ 3 fois plus eacuteleveacutes qursquoagrave Mandoto Ces prix ont eacuteteacute calculeacutes agrave partir des deacuteclarations de vente ou drsquoachat par les producteurs Lrsquoeffectif (Nbre) est le nombre de charrettes sur lequel a eacuteteacute calculeacute le prix moyen La part des achats est bien sucircr beaucoup plus eacuteleveacute et le plus souvent ce prix inclut le transport ce qui nrsquoest pas un eacuteleacutement neacutegligeable notamment agrave Arivonimamo ougrave la fumure provient drsquoeacutelevages relativement eacuteloigneacutes La charrette de fumier de porc ou de volaille est nettement plus chegravere que le fumier de zeacutebus ou de fumier meacutelangeacute Mais ce sont ces deux types de fumier qui sont les plus commerceacutes en quantiteacute

On notera que le pourcentage des EAF qui achegravetent est nettement supeacuterieur agrave celui des EAF qui vendent Les eacutechanges pourraient srsquoeacutequilibrer au niveau du territoire (le fokontany) par les quantiteacutes avec des EAF qui vendraient de grandes quantiteacutes et des EAF qui achegraveteraient de petites quantiteacutes En fait dans notre eacutechantillon (tireacute au sort et donc avec autant de chances de tirer un vendeur qursquoun acheteur) les eacutechanges ne srsquoeacutequilibrent pas et les quantiteacutes vendues ne repreacutesentent que 38 des quantiteacutes acheteacutees agrave Mandoto et seulement 22 agrave Arivonimamo Ainsi globalement les EAF achegravetent des fumures organiques agrave des exploitations agricoles drsquoautres fokontany et ceci est particuliegraverement reacutepandu agrave Arivonimamo avec des EAF qui achegravetent aux eacutelevages de poulets de chair de poules pondeuses ou de porcs proches de la ville drsquoImerintsiatosika

1 Aucune information nrsquoa eacuteteacute collecteacutee sur le poids des charrettes car le travail aurait eacuteteacute trop lourd agrave reacutealiser Ce poids deacutepend du niveau de remplissage mais aussi et beaucoup de la qualiteacute de la fumure organique Comme deacutejagrave indiqueacute pour faire les conversions nous avons utiliseacute le poids de 250 kg par charrette pour couvrir tous les types de fumure et eacuteviter les surestimations Certains pourront consideacuterer ce poids comme sous-estimeacute

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Figure 2 Evolution de la fumure moyenne produite par EAF

La fumure produite dans une EAF nrsquoest pas la fumure disponible celle-ci eacutevolue en fonction

des eacutechanges La Figure 2 preacutesente la situation moyenne drsquoune EAF selon la zone On constate que la quantiteacute de fumure disponible pour les cultures (apregraves entreacutees et sorties) est en moyenne plus importante que la fumure produite (voir aussi Tableau 6) Ainsi agrave Arivonimamo la fumure disponible passe agrave 29 tonnes par EAF alors que la quantiteacute produite est de lrsquoordre de 22 tonnes A Mandoto lrsquoeacutecart nrsquoest pas si important mais reste significatif avec respectivement 21 et 19 tonnesAinsi on peut deacuteduire de ces donneacutees que la strateacutegie des EAF est drsquoaugmenter la production de fumure organique sur lrsquoEAF (eacutelevage compost) mais aussi drsquoaugmenter la fumure organique disponible pour fertiliser les parcelles en achetant sur le marcheacute ou en srsquoapprovisionnant agrave travers

des eacutechanges non marchands Et cette strateacutegie est particuliegraverement dominante agrave ArivonimamoMais ces tendances geacuteneacuterales cachent de fortes dispariteacutes Ainsi les 3 EAF qui nrsquoavaient pas produit de FO en ont obtenu par achat et troc mais 4 EAF ont ceacutedeacute toute leur fumure organique Ainsi il y a toujours environ 1 de lrsquoeacutechantillon qui nrsquoa pas de FO disponible

32 Quantiteacutes disponibles et variabiliteacute

Ainsi lrsquoEAF moyenne a augmenteacute sa disponibiliteacute en FO dans les deux zones

(Figure 2 et Tableau 6) La composition (Figure 4) a eacutevolueacute par rapport agrave la FO produite (Figure 1) et ceci plus particuliegraverement agrave Arivonimamo Dans cette zone la part du fumier meacutelangeacute a fortement diminueacute (passant de 47 agrave 33) comme mais dans une moindre mesure celle du fumier bovin et ce sont les fumiers agrave base de deacutejections de porcs ou de fiente de volaille qui ont fortement progresseacute passant de 8 agrave 16 On note eacutegalement la progression du type autre FO qui est passeacute de 3 agrave 6 en lien avec lrsquoacquisition de deacutechets ou boues urbaines

Figure 3 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique disponible par EAF selon les zones

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A Mandoto les changements sont mineurs et concernent la reacutepartition entre fumier meacutelangeacute et fumier bovin ce dernier type progresse au deacutetriment du fumier meacutelangeacute Ceci srsquoexplique par le fait que les eacutechanges et en particulier moneacutetaires concernent le fumier de bovin et peu le fumier meacutelangeacute

Mais mecircme si on enregistre quelques eacutevolutions ce sont toujours le fumier de bovin et le fumier meacutelangeacute qui sont les fumures organiques les plus importantes car ils repreacutesentent plus de 70 des quantiteacutes moyennes disponibles au niveau de lrsquoEAF moyenne

Comme pour la fumure produite la fumure disponible par EAF est tregraves variable La variabiliteacute a mecircme augmenteacute avec des coefficients de variation autour de la moyenne un peu plus eacuteleveacutes pour la FO disponible Mais le recours au marcheacute et les eacutechanges non marchands ont fait fortement eacutevoluer la reacutepartition de la fumure organique entre les EAF La Figure 4 illustre ces eacutevolutions contrasteacutees selon les zones

Figure 4 Evolution de la reacutepartition des EAF et de la FO selon des classes de quantiteacutes de FO produite et disponible en tonnes

A Mandoto lrsquoeacutevolution nrsquoest pas tregraves importante les pourcentages drsquoEAF progressent en mecircme temps que les classes de quantiteacute de FO mais de maniegravere tregraves modeacutereacutee Le recours aux eacutechanges nrsquoentraicircne pas de modification spectaculaire dans le profil des graphiques que cela soit pour la reacutepartition des EAF ou pour la reacutepartition de la FO la part des EAF avec moins 05 tonne diminue de 18 agrave 15 et crsquoest la classe de 05 agrave 15 tonnes qui progresse de 3 la part des EAF les mieux pourvues (plus de 5 tonnes) progresse mais tregraves faiblement aussi

A Arivonimamo les changements sont beaucoup plus importants La part des EAF avec moins de 05 tonne diminue pour passer de 22 avec la fumure produite agrave seulement 9 pour la fumure disponible Ainsi la plus grande partie des EAF les moins pourvues se sont procureacutees de la FO sur le marcheacute ou par le troc car pour les cultures maraichegraveres il est indispensable drsquoavoir de la fumure organique Et ce sont les classes avec de plus grandes quantiteacutes de FO qui ont progresseacute de maniegravere remarquable

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les EAF avec plus de 3 tonnes sont passeacutees de 25 agrave 42 et la fumure que cumulent ces EAF est passeacutee de 58 agrave 73 La progression tregraves forte des EAF les mieux pourvues srsquoest tout de mecircme traduite par une concentration au niveau de ces EAF

33 Quantiteacute de fumure organique et surface

Lrsquoimportance de la fumure organique drsquoune EAF ne peut ecirctre appreacutecieacutee qursquoen fonction de la superficie agrave cultiver qui elle-mecircme deacutepend de la Surface Agricole Utile disponible par EAF Celle-ci varie selon la zone avec environ 15 ha agrave Mandoto et 09 ha agrave Arivonimamo

Tableau 6 Superficie et quantiteacutes moyennes par EAF

Variables par EAF Mandoto Arivonimamo

Moyenne CV Moyenne CVSAU (ha) 148 88 091 82FO produite (tonne) 187 90 218 92

FO disponible (tonne) 213 102 290 78

FO disponible (tonneha) 169 84 367 66

La quantiteacute de fumure disponible est en relation lineacuteaire avec la SAU les coefficients de correacutelation entre ces deux variables sont relativement eacuteleveacutes avec +076 agrave Mandoto et +059 agrave Arivonimamo et significatifs agrave 001 Dans les deux zones ces coefficients sont supeacuterieurs agrave ceux qui lient les variables de cheptel (nombre de bovins et valeur totale du cheptel) et les variables de SAU ainsi on peut en deacuteduire que cette relation entre quantiteacute de FO et surface nrsquoest pas seulement fonction des animaux disponibles mais bien dlsquoune strateacutegie des EAF une laquo strateacutegie de construction de la fertiliteacute raquo des sols (NrsquoDieacutenor et al 2011)

Figure 5 Nuages de points entre SAU et FO disponible pour chaque zone

Quand on ramegravene la quantiteacute de fumure organique disponible par ha de SAU la zone Arivonimamo apparaicirct nettement mieux pourvue avec pregraves de 35 t ha de SAU alors qursquoagrave Mandoto ougrave les EAF ont moins de FO disponible et plus de surface la moyenne est de 21 tonneha

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Les graphiques en nuage de points mettent en eacutevidence cette relation Les coefficients Rsup2 ne sont pas tregraves eacuteleveacutes ce qui signifie que la SAU disponible agrave elle seule nrsquoexplique pas tregraves bien la variabiliteacute observeacutee A Mandoto il y a quelques points atypiques (par exemple un producteur avec une superficie assez faible et beaucoup de fumure parce que le cheptel est important) mais la reacutegression semble repreacutesenter assez bien la situation la FO disponible est eacutegale agrave 125 fois la SAU + 03 tonnes

A Arivonimamo la reacutepartition des points est assez atypique et il semble exister deux groupes de producteurs avec des strateacutegies diffeacuterentes le premier en rouge dans le graphique vise une quantiteacute importante de FO par uniteacute de surface (35 fois la superficie plus 125 tonnes) alors que le second se rapproche de la situation de Mandoto et semble rechercher une quantiteacute de FO qui repreacutesente 15 fois la SAU + 01 tonne

Pour expliquer ces diffeacuterences entre les deux groupes il faut rechercher du cocircteacute des cultures pratiqueacutees avec pour le premier groupe des surfaces en cultures maraichegraveres plus importantes et avec pour le second un assolement beaucoup plus traditionnel (ces aspects seront analyseacutes dans le prochain article)

Ces quantiteacutes moyennes semblent cependant insuffisantes pour renouveler la fertiliteacute des sols cultiveacutes car selon les travaux de P Garin meneacutes il est vrai dans la zone du Lac Alaotra il faudrait 4 tonneshaan en moyenne de fumier pailleux neacutecessaire (Garin 1998 citeacute par Dubois 2004) pour restituer au sol la bonne quantiteacute de matiegravere organique contrebalanccedilant la mineacuteralisation de la matiegravere organique due aux cultures

Mais nombre de producteurs notamment dans la zone dArivonimamo ajoutent agrave la fumure organique des engrais mineacuteraux Ce point sera traiteacute dans le prochain numeacutero de JAE avec un article sur les strateacutegies drsquoutilisation de la fumure organique et mineacuterale

34 La qualiteacute fertilisante des fumiers

Dans le cadre du mecircme projet de recherche Secure des eacutechantillons de fumures

organiques destineacutees agrave la culture de riz pluvial ont eacuteteacute preacuteleveacutes dans 40 fermes de reacutefeacuterence (20 dans chacune des zones) pour la campagne culturale 2018-2019 Une quantiteacute drsquoenviron 700 cm3 a eacuteteacute preacuteleveacutee sur les parcelles au moment de la mise en place de la culture du riz Ces eacutechantillons ont eacuteteacute analyseacutes et les reacutesultats donnent une indication de la qualiteacute moyenne des fumiers produits et utiliseacutes dans les zones

Tableau 3 Qualiteacute des fumiers utiliseacutes (en de la matiegravere segraveche)

Zone pH N P KMandoto 86 11 03 18Arivonimamo 82 10 07 13

Avec des pH supeacuterieurs agrave 8 les fumiers permettent de corriger laciditeacute des sols (qui ont souvent des pH de deacutepart autour de 5) par leur pouvoir alcalinisant et dameacuteliorer dans la dureacutee les sols pour les rendre plus favorables aux cultures exigeantes comme le maiumls le soja le haricot les cultures maraichegraveres etc

La qualiteacute selon les trois principaux eacuteleacutements (N=Azote P=Phosphore et K=Potassium) peut ecirctre ainsi commenteacutee

bull N les teneurs moyennes en azote sont plutocirct faibles dans les 2 zones mettant en lumiegravere la neacutecessiteacute de mieux conserver cet eacuteleacutement tregraves mobile par dallage couverture rajout de pailles de riz ou de fanes de leacutegumineuse pour stockage de lurine Toutes les plantes ont besoin drsquoazote

bull P une teneur en phosphore nettement plus eacuteleveacutee agrave Arivonimamo en raison dassociations de deacutejections agrave base de volaille et de porc (dont une partie est acheteacutee voir infra) Mais ces teneurs sont faibles alors que lrsquoinsuffisance des sols en phosphore est tregraves souvent un des principaux facteurs limitant pour les cultures

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La FO avec ses faibles teneurs en P est de maniegravere geacuteneacuterale insuffisante pour lever ce facteur limitant

bull K les teneurs en potassium sont relativement eacuteleveacutees dans les deux zones par concentration des pailles par lrsquoajout de cendres de balles de riz ou de balles de riz en lrsquoeacutetat Le potassium est important notamment pour les cultures fruitiegraveres et maraicircchegraveres

Pour appreacutecier la qualiteacute en terme de nutrition des plantes on peut comparer les apports du fumier agrave ceux drsquoun engrais NPK 112216 (utiliseacute couramment dans la reacutegion) Le fumier moyen entre les deux reacutegions agrave des teneurs que lrsquoon peut arrondir agrave 1N 05P 15K en matiegravere segraveche (MS) ainsi en faisant simplement le rapport avec les des analyses 1 kilogramme drsquoengrais eacutequivaut pour N agrave 11 kgfumier MS pour P agrave 44 kgfumier MS et pour K agrave 11 kgfumier MS

Pour se rapprocher des pratiques paysannes il faut faire la comparaison avec des matiegraveres fraicircches et en uniteacute traditionnelle Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes le poids en MS eacutequivaut agrave 50 du poids en matiegravere fraiche une charrette de fumure organique pegravese1 250 kg Ainsi une charrette de fumier de faible qualiteacute eacutequivaut pour N agrave 11 kg pour P agrave 3 kg et pour K agrave 12 kg de lrsquoengrais NPK (112216) utiliseacute pour la comparaison

Si on fait la comparaison en termes de prix avec le kilogramme drsquoengrais agrave 2 200 Arkg (prix de 2019) et une charrette agrave 10 000 Ar lrsquouniteacute fertilisante coucircte avec lrsquoengrais environ 4 500 Ar et 2 700 Ar avec la charrette de fumier Ainsi lrsquoapport de FO est nettement plus inteacuteressant sur le plan eacuteconomique et ceci drsquoautant plus que la fumure est autoproduit valorisant ainsi lrsquoeacutelevage

1 Comme deacutejagrave indiqueacute le poids de la charrette varie for-tement selon le volume de remplissage et la qualiteacute du fumier Avec du fumier de bonne qualiteacute une charrette peut peser 400 kg voire plus mais avec du fumier de mauvaise qualiteacute ou du zezi-pako le poids peut descendre nettement en dessous des 250 kg Pour prendre en compte lrsquoensemble des types de fumure or-ganique nous avons adopteacute le poids moyen de 250 kgcharrette (notamment en reacutefeacuterence agrave Saint-Andreacute et al 2016)

etou le travail familial Cet amendement a aussi de nombreuses autres qualiteacutes que nrsquoa pas lrsquoapport drsquoengrais mineacuteraux avec des effets sur la structure et la faune du sol lrsquoapport drsquoeacuteleacutements fertilisants secondaires et des utilisations agronomiques inteacuteressantes (par exemple pour ameacuteliorer la leveacutee des cultures)

Ces calculs ont eacuteteacute faits avec des reacutefeacuterences moyennes plutocirct deacutefavorables agrave la FO (notamment le poids de la charrette) or les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de la qualiteacute et de la quantiteacute du fumier produit sont nombreuses (Salgado et Tillard 2012) avec des effets positifs sur la productiviteacute de la terre et du travail (Marline 20152) Dans le cadre des fermes de reacutefeacuterence sur les deux zones des agriculteurs appuyeacutes par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie se sont engageacutes dans un processus dameacutelioration des fumures organiques et peuvent ecirctre des reacutefeacuterents pour la diffusion des techniques

4 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La fumure organique disponible dans une EAF est fonction des quantiteacutes produites (en

moyenne 217 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 187 tonnes dans le MO du Vakinankaratra) en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les pratiques de compostage Mais pas seulement car le recours au marcheacute ou au eacutechanges non marchands font eacutevoluer de maniegravere significative agrave la fois les quantiteacutes disponibles par EAF mais aussi la qualiteacute et la reacutepartition entre les EAF La FO moyenne disponible est de 29 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 21 tonnes dans le MO du Vakinankaratra Rameneacutee agrave la SAU la quantiteacute de FO disponible est 367 tonnes par ha agrave Arivonimamo et 169 tha agrave Mandoto

2 Apregraves avoir enquecircteacute trente exploitations agricoles de la reacutegion Vakinankaratra Marline conclut que laquo lrsquoadoption des pra-tiques drsquoameacutelioration de la qualiteacute du fumier ne se traduit pas par une augmentation significative du coucirct de production du fumier notamment en raison des eacuteconomies drsquoeacutechelle dans la fabrication du fumier de qualiteacute En utilisant les reacutesultats des expeacuterimenta-tions de BIOVA lrsquoeacutepandage du fumier ameacutelioreacute sur les parcelles augmenterait la productiviteacute agricole de la terre de 27 et la pro-ductiviteacute globale du travail de 23 raquo (Marline 2015)

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Les produits ajouteacutes au fumier sont nombreux et la production de compost traditionnel ou laquo moderne raquo est reacutepandue

Ainsi que cela soit en termes de pourcentage drsquoEAF inteacuteresseacutees ou en termes de motivation il y a dans ces deux zones une base solide de pratiques et de connaissances paysannes sur laquelle peut srsquoappuyer la vulgarisation de lrsquoameacutelioration de la quantiteacute et de la qualiteacute du fumier et la production de compost

La recherche a commenceacute agrave analyser la diversiteacute de ces pratiques et leurs effets sur la production Un grand nombre de matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et animales sont recycleacutees et les premiers reacutesultats montrent drsquoimportantes synergies entre elles avec des associations courantes avec les engrais

La theacutematique de la fertilisation organique est importante pour les agriculteurs de ces zones Parmi diffeacuterentes pratiques agroeacutecologiques lrsquoutilisation des FO est assez geacuteneacuteraliseacutee et les agriculteurs adoptent via ces pratiques des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute (cf paragraphe 33) Dans cette optique les accompagnements et renforcements de la part des acteurs du deacuteveloppement rural nous semblent tregraves pertinents en matiegravere drsquoaugmentation en quantiteacute et en qualiteacute Les reacutefeacuterences drsquoameacutelioration existent deacutejagrave (Salgado et Tillard 2012 Rasolofo et al 2018) Des plantes ameacuteliorantes peuvent ecirctre eacutegalement utiliseacutees agrave lrsquoeacutechelle des EAF ou du territoire On peut citer les plantes reacutepulsives qui ameacuteliorent les FO dans la lutte contre les insectes (cf reacutefeacuterences du GSDM) les Tithonia qui apportent une quantiteacute significativement importante de K compareacutes agrave diffeacuterents types de fumiers (Olabode et al 2007) etc

Lrsquoeacutetude reacutevegravele eacutegalement que lrsquoutilisation des fumiers meacutelangeacutes provenant de plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage est une pratique courante des agriculteurs dans les deux zones Lrsquoameacutelioration des conduites drsquoeacutelevage dont lrsquoalimentation la santeacute ou lrsquohabitat pourrait ainsi ecirctre une autre faccedilon de rehausser la qualiteacute fertilisante des FO encore consideacutereacutee comme faible Lrsquoameacutelioration

dans ce cas devrait concerner de plus en plus les animaux agrave cycle court tels que les volailles etou les porcs En fait crsquoest parce que lrsquoeacutelevage bovin est menaceacute par les vols alors que les EAF ont toutes au moins des volailles au sein de leur exploitation

Les agriculteurs savent que la fumure organique est la base pour une bonne gestion de la fertiliteacute des sols qursquoelle permet drsquoameacuteliorer lrsquoefficience des engrais apporteacutes et qursquoelle peut aussi jouer un rocircle de leveacutee de certaines deacuteficiences De nouveaux enjeux apparaissent comme pour le compost avec la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et un besoin de reacutefeacuterentiel technico-eacuteconomique pour faire eacutevoluer la production de zezi-pako vers un compost avec plus de qualiteacutes fertilisantes

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Les plantes de services en Agro-eacutecologie les rotations et successions des cultures leccedilons apprises du GSDM

Rakotondramanana Raharison T Randriamitantsoa M Moussa N Razanamparany C Tokiherinionja TF Sandratriniaina R R

Randriamiarana V Razaka M

Introduction

Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale les paysans pratiquent toujours des associations de cultures mais

pour la plupart il srsquoagit drsquoassociation laquo gramineacutee ndash gramineacutee raquo qui ne contribue pas du tout agrave la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols Dans le district de Mandoto par exemple lrsquoassociation maiumls + riz pluvial (41 des surfaces) manioc + maiumls (19 des surfaces) maiumls + arachide (10 des surfaces) sont les plus dominantes (RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019) A part lrsquoassociation avec lrsquoarachide ces associations nrsquoont pas beaucoup drsquointeacuterecirct dans la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et devraient changer en association gramineacutees - leacutegumineuses en utilisant les plantes de couverture agrave forte capaciteacute de reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols en plus de leurs proprieacuteteacutes eacuteprouveacutees en tant que plantes de services Lrsquoassociation du maiumls avec le haricot est tregraves courante aussi bien sur les Hautes Terres que dans le Moyen Ouest crsquoest une association ougrave lrsquoon a deux cultures alimentaires en mecircme temps mais la biomasse de la leacutegumineuse le haricot se mineacuteralise tregraves vite et nrsquoest plus visible apregraves la saison segraveche De mecircme lrsquoassociation du maiumls avec le soja est aussi tregraves freacutequent sur les Hautes Terres et surtout sur les sols volcaniques drsquoAntsirabe et de Betafo mais comme le haricot le soja se mineacuteralise tregraves vite et ne contribue pas beaucoup agrave la biomasse

Le but principal de cet article est de rappeler les principales plantes de couvertures en compleacutetant avec les acquis du GSDM dans les principales reacutegions de Madagascar ceci par rapport aux donneacutees du Manuel pratique du semis direct de Madagascar (HUSSON O et al 2013) un travail collectif sous la houlette drsquoOlivier HUSSON ougrave nous avons largement contribueacute et dont les principales informations ont eacuteteacute soit actualiseacutees soit compleacuteteacutees

Brefs aperccedilus des principales plantes de couvertures ou drsquoembocagement des parcelles

11 Le mucuna

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc) mais ses proprieacuteteacutes en agronomie nrsquoont eacuteteacute que tregraves peu documenteacutees ou sont resteacutees inconnues Pourtant cette leacutegumineuse a un tregraves grand inteacuterecirct en agronomie

Photo 1 Une bonne biomasse de mucuna

111 Une leacutegumineuse pour la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et la lutte contre le striga

Dans le site drsquoIvory sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + Mucuna varient de 468 agrave 485 tha en F1 et de 5 agrave 536tha en F2 et les rendements de maiumls en association avec le Mucuna varient de 44 agrave 487 tha en F1

1 et de 53 agrave 56tha en F2

2 Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020)

1 F1 5 tha de fumier de ferme

2 F2 F1 + 80 kgha de NPK 11- 22 ndash 16 et 25 kg ha drsquoureacutee

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Ce systegraveme bisannuel en agriculture de conservation permet drsquoobtenir des rendements stables de la production de riz et de maiumls associeacute Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans et dans les eacutecoles (CEG) appuyeacutees par le GSDM

112 Une leacutegumineuse pour lutter contre les mauvaises herbes

Photo 2 Apregraves une biomasse de mucuna (jachegravere de mucuna en haut et biomasse de mucuna associeacute avec du maiumls en bas) pas de

mauvaises herbes pour la culture suivante

113 Un reacutepulsif contre les insectes et mecircme contre drsquoautres ravageurs des cultures

Contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) LrsquoONG DURRELL qui a introduit des

associations agrave base de mucuna dans les aires proteacutegeacutees a pu observer que le mucuna limite aussi les attaques de sangliers (DURRELL 2020) Les varieacuteteacutes noires type Garadake du CTAS ou marbreacute existent mais il semble que la varieacuteteacute noire est la plus appreacutecieacutee

12 Le nieacutebeacute eacuterigeacute

Le nieacutebeacute (Vigna unguiculata subsp unguiculata) est une sous-espegravece veacutegeacutetale du Vigna unguiculata originaire drsquoAfrique Probablement introduit en Ameacuterique tropicale au XVIIegraveme siegravecle par les Espagnols le nieacutebeacute est aujourdhui largement cultiveacute dans le Sud des Eacutetats-Unis aux Caraiumlbes et au Breacutesil et bien sucircr en Afrique Les observations faites sur de longues anneacutees montrent que le nieacutebeacute eacuterigeacute David est adapteacute agrave tous les types de sols dans tous les milieux agrave Madagascar Sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute proposeacutee dans les zones humides de la Cocircte Est uniquement agrave cause de problegraveme de production de semences Comme le haricot crsquoest une leacutegumineuse alimentaire agrave cycle court mais qui exige des traitements insecticides freacutequents

Photo 3 Nieacutebeacute eacuterigeacute cv David CEG Antokofoana

Sa biomasse peu lignifieacutee se deacutegrade tregraves vite et demande agrave ecirctre associeacutee avec une biomasse lignifieacutee comme celle du maiumls ou du sorgho

Madagascar est connu pour sa production de nieacutebeacute type laquo Black eyes raquo exporteacute vers plusieurs pays mais surtout vers lrsquoinde Crsquoest la reacutegion drsquoAmbato Boeny sur les baiboho du Betsiboka qui est la reacutegion de production la plus importante

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13 Les nieacutebeacutes rampants

Les nieacutebeacutes rampants sont des varieacuteteacutes locales seacutelectionneacutes par les paysans sur de longues anneacutees en geacuteneacuteral dans les zones segraveches comme le Sud Malgache La varieacuteteacute SPLF2 seacutelectionneacutee par lrsquoONG TAFA dans la reacutegion du Sud-Ouest renommeacute actuellement FARIMASO par le CTAS ou la varieacuteteacute BABOKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy sont des exemples de nieacutebeacute rampant (ANCOS 2016) Les nieacutebeacutes rampants existent en nombre important dans les zones segraveches mais ne sont pas toutes exploiteacutees Leur gros avantage dans le couvert veacutegeacutetal reacuteside dans leur biomasse tregraves lignifieacutee donc ne se mineacuteralise pas trop vite En plus ils sont tregraves adapteacutes dans tous types de sols en zones segraveches comme ici sur la photo que nous avons prise agrave Tsihombe sur sol tregraves sableux en 2016 une anneacutee tregraves segraveche dans le Sud (RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANAJAKA J 2016

Photo 4 Nieacutebeacute rampant sur sable roux Imongy Tsihombe 2016 peacuteriode tregraves segraveche

dans le Sud

14 Le Vigna radiata

Le Vigna radiata ou Antsoroko est une leacutegumineuse comestible par lrsquohomme au mecircme titre que les nieacutebeacutes Un exemple de ce type de leacutegumineuse est la varieacuteteacute MORAMASAKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy (ANCOS 2016) Les Antsoroko sont cultiveacutes par les paysans ou sont endeacutemiques dans les reacutegions de lrsquoAndroyAnosy dans le Sud-Ouest dans les bassins seacutedimentaires du Menabe du Boeny et du Nord-Ouest donc il y a une grande possibiliteacute de seacutelection de varieacuteteacutes dans les populations existantes Dans le Boeny nous

avons pu identifier une varieacuteteacute drsquoAntsoroko agrave forte biomasse qui srsquoassocie bien avec le maiumls (RAKOTONDRAMANANA 2019)

Photo 5 Antsoroko Bongomena Commune Rurale Marovoay

15 La dolique

Le lablab (Lablab purpureus syn Dolichos lablab L Dolichos purpureus L) eacutegalement appeleacute pois antaque (ou Antaka en Malgache) ou dolique dEacutegypte est une espegravece de leacutegumineuse de la famille des Fabaceae qui est largement reacutepandu comme plante alimentaire dans les reacutegions tropicales notamment en Afrique Plante alimentaire traditionnelle en Afrique ce leacutegume peu connu preacutesente un potentiel inteacuteressant pour ameacuteliorer la nutrition renforcer la seacutecuriteacute alimentaire favoriser le deacuteveloppement rural et soutenir lameacutenagement durable du territoire Dans lrsquoAndroy la dolique est torreacutefieacutee pileacutee au

Photo 6 Dolique photo sur internet

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mortier avec le maiumls et sert de repas riche pour beaucoup de communauteacute

A Madagascar la dolique est geacuteneacuteralement cultiveacutee dans les reacutegions infeacuterieures agrave 1200 m drsquoaltitude (HUSSON O et al 2013) mais pas partout A part lrsquoAndroy et les bassins seacutedimentaires de lrsquoOuest et du Nord-Ouest la dolique se cultive sur les baiboho de la rive Est du Lac Alaotra La dolique donne une biomasse lignifieacutee qui associeacutee avec celle du maiumls creacutee un excellent lit de semis du riz pluvial agrave la prochaine campagne sur la base des reacutesultats sur la rive Est du Lac Alaotra en particulier

Diffeacuterentes varieacuteteacutes ont eacuteteacute seacutelectionneacutees par le CTAS dans lrsquoAndroy Vorompotsy (CTAS D1) Manja (CTAS D2) Ondragne (CTAS D3) Lohapitse (CTAS D4) Les varieacuteteacutes agrave cycle long sont appreacutecieacutees dans le Sud

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Seasea Antake ambahe Antake salazagne) marron port rampant originaire de Tsihombe (ougrave elle est appreacutecieacutee) peu inteacuteressante pour le district drsquoAmbovombe (sensible aux insectes)

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Anta-drazagne Antake mena) rouge ou blanc port rampant tregraves appreacutecieacutee dans le district drsquoAmbovombe pour sa reacutesistance aux insectes

16 Le Stylosanthes guianensis

Crsquoest le systegraveme phare en semis sous couvert veacutegeacutetal dans le Moyen Ouest Le laquo Stylo raquo comme on lrsquoappelle localement ressemble un peu agrave Medicago sativa la luzerne cultiveacutee en France Le stylo a eacuteteacute introduit agrave Madagascar dans le Moyen Ouest pour la production de fourrages Mais cette vieille varieacuteteacute est actuellement sensible agrave lrsquoanthracnose si bien que le GSDM avec le projet Bassin Versant et Peacuterimegravetre Irrigueacute du Lac Alaotra (BV Lac) a introduit en 2004 la varieacuteteacute CIAT 184

bull Crsquoest une leacutegumineuse peacuterenne aux feuilles trifolieacutees on la cultive en moyenne sur un cycle de 3 ans mais qui peut se reconstituer facilement avec les graines tombeacutees dans le sol mecircme apregraves un labour

bull Elle produit une forte biomasse (5 agrave 10 T de matiegravere segraveche sur sol deacutegradeacute et jusqursquoagrave 20 T sur sol riche)

bull Elle fixe entre 70 et 200 kg drsquoazote agrave lrsquohectare bull Son puissant systegraveme racinaire pivotant

restructure les sols bull Son port buissonnant jusqursquoagrave 1m80 de haut

la rend agressive vis agrave vis de la plupart des adventices comme le Striga plante parasite du riz et du maiumls agrave Madagascar

bull Crsquoest un excellent fourrage et elle peut ecirctre pacirctureacutee

bull Ses fleurs sont mellifegraveres il fleurit agrave une peacuteriode ougrave lrsquoabsence de fleurs affaiblit les abeilles creacuteant une continuiteacute juste avant la floraison du litchi

Photo 7 Une bonne biomasse de Stylosanthes Coopeacuterative FANILO

Amparihy commune Vinany

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Ces caracteacuteristiques expliquent qursquoon la surnomme aussi laquo luzerne tropicale raquo et cela en fait un excellent preacuteceacutedent pour de nombreuses cultures et en particulier les plantes qui fournissent les produits de base agrave Madagascar riz et maiumls

Le Stylosanthes guianensis srsquoadapte agrave un large spectre de sols et en particulier les sols acides (elle est capable de produire des nodules agrave pH 4 ) ainsi qursquoagrave de nombreux climats jusqursquoagrave 10001

megravetres drsquoaltitude et une pluviomeacutetrie de 600 agrave 3000 mm par an

17 Les arachis

Arachis est un genre de plantes dicotyleacutedones de la famille des Fabaceae sous-famille des Faboideae originaire dAmeacuterique du Sud qui compte 70 espegraveces annuelles ou vivaces LrsquoArachis apporte beaucoup drsquoazote au sol et en plus crsquoest une plante largement utiliseacutee comme plante mellifegravere

Deux espegraveces ont eacuteteacute essayeacutees agrave Madagascar lrsquoArachis pintoiuml et lrsquoArachis peacuterenne Cette leacutegumineuse a eacuteteacute largement diffuseacutee dans le Pays dans les cultures de rente (cafeacuteier poivrier vanillier giroflier) et dans les cultures fruitiegraveres

Photo 8 Arachis pintoiuml

1 1000 m Corrigeacute par lrsquoauteur le texte initial eacutetait 1600 m drsquoaltitude agrave Madagascar le Stylo nrsquoest plus cultiveacute au-dessus de 1000 m drsquoaltitude

18 La vesce

Vicia sativa la vesce cultiveacutee ou vesce commune est une plante annuelle appartenant agrave la famille des Fabaceacutees du mecircme genre que la fegraveve ou le haricot La vesce commune est cultiveacutee en tant que fourrage mais crsquoest aussi un excellent engrais vert Elle est de plus une plante inteacuteressante pour lrsquoeacutelevage des abeilles et peut eacuteventuellement ecirctre consommeacutee par lrsquohomme De plus la vesce a des difficulteacutes agrave se deacutevelopper dans les sols tregraves argileux

La vesce a eacuteteacute essayeacutee un peu partout agrave Madagascar mais crsquoest surtout au Lac Alaotra sur baiboho et sur colluvions de bas de pente riche qursquoelle a connu un succegraves Au Lac Alaotra la vesce rentre dans un systegraveme Rizcultures maraicircchegraveresvesce Dans ce systegraveme le riz beacuteneacuteficie de la biomasse de la vesce et de lrsquoarriegravere effet de la fertilisation des cultures maraicircchegraveres En plus de sa biomasse on reacutecolte les semences avant de la rouler pour le semis du riz Essayeacute dans les autres reacutegions de Madagascar la vesce a rencontreacute des problegravemes de rotation avec le riz irrigueacute sur les Hauts Plateaux en raison de son cycle qui srsquoallonge et retarde ainsi le repiquage du riz Par ailleurs la production de semences a eacuteteacute un problegraveme

Photo 9 Riz sur biomasse de vesce en Riziegravere agrave Mauvaise Maicirctrise dEau (RMME) M Charles Mahatsinjo CR Ambohitsilaozana Rive Est Lac

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19 Le Pois drsquoAngole

Le pois dAngole (Cajanus cajan syn Cajanus indicus) est une espegravece de plante vivace de la famille des Fabaceae Le pois dAngole est agrave la fois une culture vivriegravere (pois secs farine pois frais ou leacutegumes verts et une culture fourragegravere de couverture) Les pois contiennent des niveaux eacuteleveacutes de proteacuteines et dimportants acides amineacutes (meacutethionine lysine et tryptophane) En combinaison avec des ceacutereacuteales le pois dAngole constitue une alimentation humaine eacutequilibreacutee Aussi sous le nom de pois cajan pois-congo ambrevade ou pwa di bwa en creacuteole Guadeloupeacuteen le pois dAngole est une leacutegumineuse vivace agrave graine cultiveacutee en agriculture pluviale dans les reacutegions tropicales semi-arides httpsfrwikipediaorgwikiPois_d27Angole)

Photo 10 Pois drsquoAngole agrave la maturiteacute des gousses

Les expeacuteriences avec le Pois drsquo Angole ont eacuteteacute surtout obtenues dans lrsquoAndroy ougrave il a eacuteteacute utiliseacute en brise-vent en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute (forecirct de Cajanus) mais surtout a beaucoup contribueacute agrave la seacutecuriteacute alimentaire de cette zone segraveche (RAHARISON T et al 2018) en effet la consommation du pois drsquoAngole est rentreacute dans les habitudes alimentaires de certaines tribus de lrsquoAndroy et se trouve mecircme consommeacute agrave la place du haricot dans les funeacuterailles

Le Pois drsquoAngole est connu pour sa capaciteacute agrave aller chercher lrsquohumiditeacute en profondeur Etant une plante lignifieacutee il aide agrave renforcer la biomasse des autres espegraveces

110 Les crotalaires

Les crotalaires ont eacuteteacute associeacutes au riz pluvial mais sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute un succegraves Cependant les crotalaires ont lrsquoavantage drsquoavoir une biomasse lignifieacutee et qui nrsquoest pas appeacuteteacutee par les animaux Par ailleurs les crotalaires ont des racines profondes qui cherchent lrsquoeau en profondeur

Photo 11 Crotalaria gramihana endeacutemique sur les Hauts Plateaux

2 Les reacutesultats de la recherche

Nous rappelons ici les reacutesultats du site drsquoIvory pour deacutemontrer les capaciteacutes des plantes de

couverture agrave reacutegeacuteneacuterer un sol pauvre infesteacute de striga En effet le sol de ce site un sol ferralitique agrave pH 4 eacutetait abandonneacute par le proprieacutetaire agrave cause de lrsquoimpossibiliteacute drsquoy planter du maiumls et du riz agrave cause du striga

Le site drsquoIvory est situeacute agrave 100 km agrave lrsquoouest drsquoAntsirabe (pregraves de la RN 34 vers Miandrivazo) sur les plateaux de la zone centrale du Moyen Ouest dans le district de Mandoto Commune rurale de Vinany (localisation agrave la fig1) Les systegravemes mis en place ont eacuteteacute baseacutes sur les 3 dispositifs agrave savoir la lutte contre le Striga la diversification des cultures et la collection varieacutetale Les systegravemes de cultures proposeacutees ont eacuteteacute baseacutes sur la mise en place de maiumls en association avec des leacutegumineuses annuelles (vivriegraveres nieacutebeacute soja arachide Vigna umbellata) ou de plantes de couverture (mucuna et Stylosanthes) drsquoune part et la mise en place de plante de couverture fourragegravere (Arachis pintoiuml et Arachis peacuterenne)

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Sur les dispositifs des systegravemes en Agriculture de Conservation sont compareacutes au teacutemoin traditionnel laboureacute avec un minimum drsquointrants F1 (fumier seul agrave 5tha) ou F2 (F1 + 80 kgha de NPK + 25 kgha drsquoureacutee) soit des doses faibles se rapprochant des pratiques paysannes Le traitement en culture pure sans couvert veacutegeacutetal sur labour constitue un teacutemoin commun aux diffeacuterents essais conduits en Agriculture de Conservation (AC) sur reacutesidus ou sur couverture vivante

Figure 1 localisation du site drsquoIvory dans le Moyen Ouest commune de Vinany district de Mandoto

Figure 2 Pluviomeacutetrie par deacutecade sur le site drsquoIvory

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Figure 3 Rendements de riz sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Figure 4 Rendements de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements des systegravemes en Agriculture de Conservation sont nettement plus eacuteleveacutes que ceux obtenus en pratiques traditionnelles Le laquo riz pluvial sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses vivriegraveres raquo est de 37 agrave 47 THa (fertilisation F2) contre seulement 07 agrave 10 tHa sur labour Les systegravemes agrave base de mucuna sont les plus performants Malgreacute une faible pluviomeacutetrie agrave la 3egraveme deacutecade de feacutevrier et agrave la 2egraveme de mars en 2019 les rendements de cette anneacutee nrsquoont pas eacuteteacute affecteacutes ce qui montre bien la reacutesilience des systegravemes en agriculture de conservation sur le changement climatique Les mecircmes observations sont faites sur les rendements du maiumls associeacute

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Ces observations sont reacuteguliegraveres sur de nombreuses anneacutees et montrent qursquoune fois la fertiliteacute restaureacutee avec de fortes biomasses sans labour du sol et avec de faible dose drsquoengrais on aboutit agrave de tregraves bons rendements Lrsquoautre observation importante est la tregraves grande diffeacuterence entre les parcelles laboureacutees et les parcelles non laboureacutees avec les mecircmes doses de fertilisations Ceci srsquoexplique sur le fait que le labour mineacuteralise la matiegravere organique et entraine une perte eacutenorme par lessivage

3 Quels systegravemes pour les Hautes terres

Les systegravemes suivants sont proposeacutes pour large diffusion sur les Hautes Terres Dans le cadre de la diffusion du Projet MANITATRA II on note un fort engouement des paysans pour les systegravemes agrave base de mucuna au vue des premiers reacutesultats obtenus dans les Champs Ecoles Paysans (CEP) et dans les parcelles drsquoapplication des Collegraveges drsquoEnseignement Geacuteneacuteral (CEG) en effet pour la campagne 2019 - 2020 le systegraveme agrave base de mucuna en association avec le maiumls deacuterobeacute dans lrsquoassociation laquo maiumls + haricot raquo ou mecircme en jachegravere de mucuna a connu une adoption importante sur les Hauts terres

31 Le maiumls associeacute au haricot deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la campagne suivante

Le maiumls associeacute au haricot est tregraves courant sur les hautes terres donc agrave la maturiteacute du haricot et mecircme avant la reacutecolte on segraveme le mucuna sur la ligne du haricot La biomasse de maiumls va srsquoassocier agrave celle du mucuna pour constituer un lit de semis pour le riz pluvial sans labour agrave la prochaine campagne Normalement le lit de semis est tregraves peu infesteacute de mauvaises herbes si la biomasse du mucuna arrive agrave couvrir le sol

32 Le maiumls associeacute au soja deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la saison suivante

Comme avec le systegraveme preacuteceacutedent avant la maturiteacute du soja on segraveme le mucuna dans la ligne du soja On peut mecircme le semer agrave la voleacutee

33 Les associations avec lrsquoavoine en vue de production de fourrages

Dans le systegraveme preacuteceacutedent (maiumls + soja) au lieu de semer du mucuna on peut semer de lrsquoavoine qui servira par la suite de fourrage Comme avec le mucuna la parcelle est propre dans un couvert drsquoavoine Le paysan peut preacutelever une partie de la biomasse de lrsquoavoine pour le fourrage

34 Habiller le riz pluvial avec drsquoautres leacutegumineuses

Sur les Hautes Terres une parcelle de riz pluvial qui existe deacutejagrave peut ecirctre habilleacute avec du Pois drsquoAngole ou avec du crotalaire ce qui eacutevitera drsquoavoir une faible biomasse de riz agrave la prochaine campagne Cette pratique a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet MANITATRA II

35 Les embocagements des cultures

Les embocagements de parcelles se feront avec du Tephrosia vogellii une leacutegumineuse tregraves adapteacutee aux reacutegions drsquoaltitude jusqursquoagrave 2000 m Crsquoest aussi un reacutepulsif contre les insectes Cette leacutegumineuse peut pousser tregraves haut jusqursquoagrave 150 m mais on peut aussi la tailler en fin de saison de pluie et les produits de la taille (feuille et rameaux) peuvent ecirctre ajouteacutes agrave la biomasse de la parcelle

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4 Quels systegravemes pour le Moyen Ouest

Le systegraveme phare dans le Moyen Ouest est le systegraveme agrave base de Stylosanthes mais les

systegravemes agrave base de leacutegumineuses annuelles sont aussi deacuteveloppeacutes en parallegravele avec le stylo car les petits paysans avec moins de 1 ha nrsquoont pas envie de srsquoinvestir dans une jachegravere de stylo

41 Le Stylosanthes comme systegraveme phare

Comme deacutecrit plus haut le stylo est la plante de couverture drsquoexcellence pour reacutegeacuteneacuterer les sols deacutegradeacutes Mais contrairement agrave ce qursquoon a veacutehiculeacute comme message auparavant on propose de labourer quand le paysan a envie de revenir aux leacutegumineuses annuelles Cette recommandation est valable notamment pour les petits producteurs ne pouvant pas supporter la jachegravere drsquoune anneacutee Il est important de souligner qursquoune jachegravere de Stylo peut ecirctre planteacutee en maiumls ou en manioc agrave faible densiteacute Par ailleurs la jachegravere de stylo permet aussi de reacutecolter des semences qui sont tregraves demandeacutees actuellement drsquoougrave un compleacutement de revenus important pour le paysan

42 Le maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial

Tous les systegravemes agrave base de maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial ont eacuteteacute testeacutes dans les sites drsquoIvory et peuvent ecirctre diffuseacutes dans le Moyen Ouest ce qui offre un large choix par rapport aux autres reacutegions Il est important de deacuterober du mucuna avec les leacutegumineuses agrave faible biomasse (nieacutebeacute tsiasisa haricot soja)

5 Quels systegravemes au Lac Alaotra

Le Lac Alaotra est connu pour ses grandes surfaces de baiboho et de Riziegraveres agrave Mauvaise Maicirctrise drsquoEau (RMME) ceci agrave cause des fortes eacuterosions des bassins versants reacutesultant drsquoune pluviomeacutetrie violente et de la fragiliteacute du sol drsquoorigine tectonique Dans ces conditions le maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses en rotation avec le riz pluvial est le systegraveme phare sur baiboho et le systegraveme rotation laquo Rizcultures maraichegraveresVesce raquo sur RMME Parmi les leacutegumineuses la

dolique associeacutee au maiumls est agrave privileacutegier car cette plante de couverture est bien adapteacutee dans cette reacutegion

6 Quels systegravemes pour les zones semi-arides de lrsquoAndroy

Le problegraveme essentiel dans lrsquoAndroy est lrsquoeacuterosion eacuteolienne en plus de lrsquoeacuterosion hydrique Crsquoest ainsi que le pois drsquoAngole a eacuteteacute largement utiliseacute en brise-vent mais aussi en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols tregraves deacutegradeacutes par le systegraveme de forecirct de Cajanus

Parmi les leacutegumineuses la dolique est endeacutemique dans la reacutegion mais le mucuna les nieacutebeacutes rampants le konoke (leacutegumineuse endeacutemique du genre Phaseolus sp) sont reacutepandus et bien adopteacutes

Une approche de diffusion par les blocs agro-eacutecologiques a permis une forte adoption de lrsquoAgro-eacutecologie dans lrsquoAndroy seacutedimentaire

7 Quels systegravemes pour le Boeny

Tous les systegravemes deacutecrits plus hauts sont applicables dans le Boeny Il faut noter toutefois la preacutedominance du Vigna radiata (Antsoroko) et nieacutebeacute rampant type Lojomena et du nieacutebeacute type Black Eyes sur les baiboho A cause de la forte eacuterosion des bassins versants dans cette reacutegion les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal sont agrave privileacutegier Un grand effort de formation des intervenants locaux est indispensable

Photo 15 Vigna radiata

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Conclusions

Cet essai de capitalisation est loin drsquoecirctre parfaite Crsquoest un travail qui demande agrave

ecirctre actualiseacute avec le temps Nous nrsquoavons pas couvert toutes les reacutegions mais globalement les systegravemes reposent tous sur les fondamentaux de lrsquoAgriculture de Conservation et de lrsquoAgro-eacutecologie Par ailleurs en plus des formations des intervenants locaux la production de semences de plantes de couverture pose un problegraveme dans beaucoup de reacutegion Il faut noter que le site drsquoIvory et la commune de Vinany ont eacuteteacute une zone de production de semences de couverture pendant de longues anneacutees

Drsquoautres problegravemes qui ne sont pas eacutevoqueacutes dans cet article sont les feux de brousse en saison segraveche et les divagations drsquoanimaux qui diminuent eacutenormeacutement la biomasse laisseacutee sur les sols agrave la prochaine campagne Une prise de conscience collective des paysans semble donner des reacutesultats comme en teacutemoignent les paysans de la commune de Vinany dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra

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Reacutefeacuterences bibliographiques

1 ANCOS 2016 Reacutegistre des espegraveces et varieacuteteacutes exploiteacute dans le systegraveme laquo Semence de Qualiteacute Deacuteclareacutee raquo dans le Sud de Madagascar ANCOS Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche

2 DURRELL 2020 Lrsquointroduction de lrsquoinnovation Agro eacutecologie pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire des communauteacutes aux alentours des Aires proteacutegeacutees (Baie de Baly et Lac Alaotra) et zone humide de Lac Sofia Lot II Y 49 J Ampasanimalo (101) BP 8511 Antananarivo 101 ndash Madagascar httpswwwdurrellorgwildlife httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

3 GSDM 2020 Rapport annuel anneacutee 3 intervention du GSDM dans le Projet PAPAM composante 2 GSDM lot VA 26 Y Ambatoroka ANTANANARIVO 101

4 HUSSON O SEGUY L CHARPENTIER H RAKOTONDRAMANANA MICHELLON R RAHARISON T et al (2013) Manuel pratique du semis direct de Madagascar GSDMCIRADhttpgsdm-mgorgwp-contentfilesManuel_SCV_Mada_V_IntegraleMedpdf

5 RAKOTONDRAMANANA 2019 Rapport de mission de capitalisation dans le PLAE III BOENY 17 au 23 Feacutevrier 2019 PLAE ANALAMAHITSY ANTANANARIVO 101

6 RAKOTONDRAMANANA et al 2018 La rotation ou lrsquoassociation avec le mucuna reacuteduit consideacuterablement les attaques de chenilles leacutegionnaires sur le maiumls Journal de lrsquoAgro-eacutecologie Ndeg7 httpopen-libraryciradfrfiles62385__JAE_NC2B07pdf

7 RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANJAKA J 2016 Rapport de mission de reconnaissance et de diagnostic du Projet SOHAVELO ASARA programme europeacuteen de seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle dans la reacutegion Sud et Sud Est de Madagascar ASARAAINA AVSF Lot VG 25 Antsahabe BP 3149- Antananarivo 101 ndash Madagascar httpopen-libraryciradfr

files62394__Rapport_de_mission_SOHAVELO_VFpdf

8 RAHARISON T et al 2018 Rapport drsquoeacutetude drsquoimpact des pratiques des blocs agro eacutecologiques diffuseacutees dans le cadre du projet HOBA GRET Antananarivo

9 RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019 Diversiteacute et importance des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols dans les exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar Journal de lAgro-eacutecologie Ndeg8 2019 httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

10 h t t p s w w w s u p a g r o f r r e s s - p e p i t e s PlantesdeCouvertureresStylosanthespdf

11 httpsfrwikipediaorgwikiArachis

12 httpsfrwikipediaorgwikiVicia

13 h t t p s f r w i k t i o n a r y o r g w i k i pois_dE28099Angole

14 httpsfrwiktionaryorgwikicrotalaire

15 httpsfrwikipediaorgwikiPois_mascate

16 httpsfrwikipediaorgwikiVigna_unguiculata

17 httpsfrwikipediaorgwikiHaricot_mungo

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La technique du lombricompost se diffuse de paysan agrave paysan

Lrsquoutilisation agrave outrance des produits chimiques en tant que pesticides et fertilisants durant lrsquoegravere

de la reacutevolution verte nrsquoavait fait que renforcer les effets du changement climatique sur lrsquoagriculture Hormis son prix eacuteleveacute les engrais de synthegravese solubles laissent toujours des reacutesidus ayant des impacts preacutejudiciables agrave lrsquoenvironnement Dans le cadre de ses projets de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie le GSDM tend agrave former les paysans sur les proceacutedeacutes de fabrication de diffeacuterents types de compost dont le vermicompostage Cela dans lrsquooptique de rendre la production agricole plus durable et plus respectueuse de lrsquoenvironnement Les suivantes sont les teacutemoignages de paysans sur les inteacuterecircts du lombricompostage

Dans la commune rurale drsquoAnkazomiriotra au niveau du village drsquoAmbohitrinibe Fokontany Belanitra Est Madame RABEBINIRINA Minompamonjy David (Mme Mino) fait partie de ces paysans qui ont su tirer profit de lrsquoutilisation du lombricompost

Nrsquoayant pas de zeacutebu nous eacutetions obligeacutes drsquoacheter drsquoeacutenorme quantiteacute de fumiers et drsquoengrais pour fertiliser nos champs Crsquoeacutetait peacutenible vu que notre revenu couvrait difficilement le montant de nos besoins Vers 2013 nous avons assisteacute aux seacuteances de formations et drsquoanimations prodigueacutees par les techniciens travaillant sur le projet pilote Manitatra 1 Apregraves ces formations

ils nous ont fait don de 250g de vers Aujourdrsquohui nous en disposons drsquoau moins 20Kg Les reacutesultats que nous avons obtenus degraves la premiegravere anneacutee drsquoutilisation du lombricompost a eacuteteacute probant Drsquoabord la charge de travail due au transport de fertilisant vers le champ srsquoeacutetait beaucoup amoindri car nous nrsquoavons plus qursquoagrave transporter tout au plus le dixiegraveme du volume de fumier de parc qursquoon utilisait avant En effet 30 agrave 40 kg de lombricompost peut amplement suppleacuteer agrave 2 charrettes de fumier de parc Le sarclage est aussi devenu plus facile car le preacute-compostage a permis drsquoeacuteliminer les graines drsquoadventices qui dlsquohabitude viennent avec les fumiers organiques Ensuite les cultures reacutesistent mieux agrave la segravecheresse et les plantes parasites Par exemple nous avons constateacute que le riz devient plus vigoureux face aux attaques du striga Le rendement est de plus en plus soutenu et les produits maraicircchers sont moins sujets agrave la deacutegradation

La fabrication de lombricompost demande certes une certaine rigueur mais est tout agrave fait agrave la porteacutee de chaque paysan Il vous faut juste preacuteparer du preacute-compost qui servira de nourriture aux vers En plus il est indispensable drsquoarroser et de veacuterifier peacuteriodiquement la tempeacuterature Lrsquoessentiel des travaux consiste agrave seacuteparer les vers des composts mucircrs Il nous arrive encore drsquoacheter du fumier de parc pour servir drsquoappoint au preacute-compost mais ccedila en vaut la peine

Avec notre unique andain nous arrivons agrave produire 600kg de compost par mois

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Nous nrsquoutilisons que le quart de notre production Le reste est vendu agrave des clients qui viennent drsquoun peu partout agrave Madagascar La plus grosse commande que nous avons eue en 2019 eacutetait de 15tonne La production de lombricompost contribue beaucoup agrave nos ressources peacutecuniaire car il nous arrivons agrave lrsquoeacutecouler jusqursquoagrave 1000Ar le kilo

Madame Mino peut ecirctre joint aux numeacuteros suivants 034 19 777 50033 13 412 10

Un autre paysan en la personne de Monsieur RAZAFINDRAKOTO Emilson (Dadakoto) habitant agrave Antanety 2 Commune Antanifotsy a aussi adopteacute le lombricompostage Les suivants sont ses points de vue quant agrave lrsquoutilisation du lombricompost

Nous avons construit le premier andain suite aux seacuteries drsquoanimation-formation effectueacutees par le paysan leader et le technicien du projet Manitatra 2 travaillant dans notre zone Ce premier andain eacutetait devenu productif agrave partir du mois de juin 2019 Je commence juste agrave produire du lombricompost mais jrsquoai deacutejagrave constateacute les reacutesultats sur la bonne veacutegeacutetation de mes maiumls et de mes riz par rapport agrave ce que jrsquoai eu auparavant Afin drsquoaugmenter la production nous avons construit drsquoautres andains et aujourdrsquohui nous en avons 5

Nous avons commenceacute avec 1kg de vers et maintenant nous en avons autour de 60kg Jusqursquoagrave preacutesent ma production est entiegraverement destineacutee agrave lrsquoautoconsommation Nous les utilisons surtout sur nos cultures de tanety comme le riz et le maiumls associeacute aux leacutegumineuses Je trouve qursquoil est plus inteacuteressant drsquoutiliser du lombricompost que de fumier de parc Actuellement je nrsquoutilise presque plus drsquoengrais chimique

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Produit biologique de lutte contre les Chenilles leacutegionnaires drsquoAutomne (CLA) la menace est maitriseacutee un article du Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la pecircche

(Source publication facebook du MAEP le 14 deacutecembre 2019)

Deacutesormais les producteurs de maiumls Malagasy ne devraient plus ecirctre anxieux et inquiets

face agrave la Chenille Leacutegionnaire drsquoAutomne ou CLA La menace est maicirctriseacutee Gracircce aux efforts du Ministegravere de lAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) agrave travers les techniciens de la DPV et de la FOFIFA des diffeacuterents chercheurs de lUniversiteacute dAntananarivo de lEssagro et dexperts africains appuyeacutes par la FAO une souche biologique appeleacutee BT ou Bacillus Thuringiensis a eacuteteacute deacutecouverte Les tests ont deacutemontreacute que cette bacteacuterie naturelle et endeacutemique agrave Madagascar est capable de tuer la CLA Meacutelangeacute agrave 50g de riz blanc elle peut recouvrir 1ha de champ de maiumls

Notons quelle naffecte ni lenvironnement ni la santeacute humaine Madagascar sest aussi doteacute de sa strateacutegie nationale quinquennale de lutte contre la CLA Telles sont parmi les grandes avanceacutees du PROJET DAPPUI DURGENCE Agrave LA MISE EN PLACE DUN SYSTEME DE SURVEILLANCE DE RIPOSTE ET DE LUTTE INTEGREacuteE CONTRE LA CLA meneacute avec lappui technique et financier de la FAO

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Fenetre sur lAgriculture Biologique agrave MadagascarRakotondramanana GSDM

Un projet de loi sur lrsquoAgriculture biologique a eacuteteacute preacutepareacute sur lrsquoinitiative du Syndicat Malgache de lrsquoAgriculture Biologique (SIMABIO) et du MAEP et sera incessamment soumis agrave lrsquoAssembleacutee

Nationale Suite agrave cela un voyage drsquoeacutetude au Maroc et en Tunisie a eacuteteacute reacutealiseacute en vue des perspectives drsquoeacutelaboration drsquoune Strateacutegie Nationale drsquoAppui agrave lrsquoAgriculture Biologique agrave Madagascar (SNABio)

La mission a vu la participation drsquoune deacuteleacutegation conduite par le Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) accompagneacutee du Preacutesident du SIMABIO du projet Coordonnateur National du projet CASEF de lrsquoassistant technique du projet CASEF du repreacutesentant de la recherche (FOFIFA) et du directeur exeacutecutif du GSDM

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Le secteur de lrsquoAgriculture Biologique (AB) agrave Madagascar est en pleine croissance depuis plusieurs anneacutees Repreacutesentant actuellement un chiffre drsquoaffaire annuel de lrsquoordre de 55 Meuro geacuteneacutereacutes par plus drsquoune centaine drsquoentreprises employant 7000 salarieacutes et srsquoapprovisionnant aupregraves de plus de 20 000 agriculteurs le secteur est quasiment exclusivement orienteacute vers lrsquoexportation drsquoune large gamme de produits agricoles beacuteneacuteficiant drsquoune forte typiciteacute (eacutepices fruits tropicaux huiles essentielles cacao crevettes etc) principalement vers lrsquoEurope

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les Etats-Unis le Japon (source CASEF) Les produits bio malgaches sont issues drsquoagriculture bio par des entreprises locales mais aussi de la cueillette Compareacute aux autres pays le coucirct de la certification est trop eacuteleveacute agrave cause du manque de concurrence (un seul organisme certificateur agreacuteeacute ECOCERT)

Au Maroc lrsquoAgriculture biologique repreacutesente de lrsquoordre de 60 Meuro drsquoexportation et en Tunisie 205Meuro mais dans ces deux pays on assiste agrave un marcheacute local en cours de progression Le tableau suivant reacutesume lrsquoagriculture Bio dans les deux pays Globalement les produits exporteacutes sont domineacutes par lrsquohuile drsquoOlive bio dans les deux pays

A lrsquoissue de la mission des perspectives pour Madagascar ont eacuteteacute souleveacutees sous forme drsquoenseignements et reacuteflexions bull Creacuteer un dispositif drsquoappui conseil technique et financier ciblant les producteurs et les entreprises

AB en synergie avec les meacutecanismes existants (FDA Banques IMF etc)bull Subventionner la certification =gt Accroitre la concurrence entre organismes de Controcircle et de Certification (OCC) =gt Agreacutement et controcircle effectif de la part des pouvoirs publicsbull Concevoir une strateacutegie ciblant une diversiteacute de filiegraveres prioritaires de maniegravere inclusive par

exemple Exports Filiegraveres inteacutegreacutees eacutecotourisme Filiegraveres courtes laquo petits producteurs raquo au systegraveme de garantie par Certification de Territoire (CT) et Systegraveme Participatif de Garantie (SPG)

bull Mise en place de centres de recherche technique deacutedieacute agrave lrsquoAB reacutepondant agrave la demande (par ex contrat programme recherche - reacutegions - organisations professionnelles)

bull Conceptionmise en œuvre drsquoun dispositif de formation AB avec obligation de modules dans les cursus agricoles

bull Dynamiser la professionnalisation et la structuration des producteurs et des entreprises malgaches dans lrsquoAB

bull Poursuivre lrsquointeacutegration du secteur priveacute (amont et aval) dans les diffeacuterentes laquo aregravenes raquo institutionnelles deacutefinition des strateacutegies conception et pilotage des dispositifs drsquoappui etc

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AGRO-ECOLOGIE EN PHOTO

La mise en place des parcelles dapplication en Agro-eacutecologie a eacuteteacute effectueacutee au niveau des 8

collegraveges de la reacutegion Boeny Les enseignants et eacutelegraveves ont eacuteteacute accompagneacutes et encadreacutes par les ingeacutenieurs agronomes du GSDM et les techniciens locaux

Une repreacutesentante de la deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo a visiteacute les

reacutealisations du GSDM dans le cadre du projet Manitatra 2 De nombreux points inteacuteressants pouvant ecirctre valoriseacutes dans le cadre dune future coopeacuteration ont eacuteteacute souleveacutes En attendant certaines observations seront agrave partager au cours dun eacuteveacutenement de la Commission europeacuteenne qui se tiendra courant de la 3egraveme semaine du mois de feacutevrier 2020 agrave Bruxelles

Le GSDM maitient lappui technique des 12 eacutetablissements beacuteneacuteficiaires de linteacutegration

de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire dans le Vakinankaratra Il sagit des 6 eacutecoles pilotes PAPAM et des 6 autres extensions reacutealiseacutees dans le cadre du projet MANITATRA 2 Pour lanneacutee scolaire 2019-2020 la mise en place des cultures de grande-saison la mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique ainsi que les suivis reacuteguliers des tehcniciens ont eacuteteacute reacutealiseacutes Quelques enseignants du CEG de Vinany du CEG de Betafo ont mecircme beacuteneacuteficieacutes dune formation de recyclage

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Mise en place de la parcelle dapplication en Agro-eacutecologie au niveau du CEG Mariarano Boeny

Visite des reacutealisations du GSDM projet MANITATRA 2 par une repreacutesentante de la

deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo

Mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique aux 12 eacutetablissements du

Vakinankaratra

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AVRIL 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull RAKOTO HERIMANDIMBY Reneacute - Superviseur de zone du Sud-Est Projet PAPAMbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo AGRISUD- membre du GSDMRubrique laquoDossierraquo GSDMRubrique laquoRechercheraquo Dp SPAD - Partenaire technique du GSDM Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA 2)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth avril 2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

Site WebFacebook

Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

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- Mission de suivi du Comesa les 16 et 17 mars 2020- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020 - Formation CSAFRDA Makanara du 25 au 28 mars 2020

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Emission FIVOHY sur la RNM Tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Deuxiegraveme session de formation des enseignants Boeny du 07 au 10 Avril 2020- Formation des parents deacutelegraveves collegravege Boeny preacutevue durant la semaine du 20 Avril 2020- Visite-eacutechange inter-reacutegional des enseignants parents et elegraveves preacutevue en fin du mois dAvril 2020

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ANNEE 2020

Page 17: Edition trimestrielle N° 9 / 2020

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24 Une production de FO tregraves variable selon les EAF

Malgreacute les apports sur le fumier et la production de compost la quantiteacute moyenne de fumure organique produite par EAF est faible en valeur absolue et surtout comme indiqueacute preacuteceacutedemment on observe une grande diversiteacute de situation entre les EAF avec un coefficient de variation de lrsquoordre de 90 dans les deux zones Les graphiques de la Figure 4 (voir infra la FO produite est en bleu) illustrent cette grande variabiliteacute avec des profils diffeacuterents selon les zones

Dans la zone de Mandoto comme deacutejagrave indiqueacute il y a une forte proportion drsquoEAF avec peu de fumure organique produite (plus de la moitieacute des EAF produisent moins de 15 tonnes) en raison du faible nombre drsquoanimaux et drsquoune production de compost qui reste peu importante Et ces EAF produisent environ frac14 de la fumure totale produite dans le terroir

Dans la zone drsquoArivonimamo la part des EAF avec moins de 15 tonnes est leacutegegraverement moindre (48) mais la FO produite pour lrsquoensemble de ces EAF nrsquoest que de 14 Donc un peu moins drsquoEAF mais une quantiteacute de FO produite tregraves faible On peut mettre cette diffeacuterence entre les deux zones au creacutedit de la production de compost traditionnel les EAF sans animaux sont plus importantes agrave Mandoto mais ces EAF pour compenser produisent du zezi-pako et en final sont moins deacutemunies que les EAF drsquoArivonimamoA lrsquoautre extreacutemiteacute des graphiques la part des EAF avec plus de 5 tonnes est faible agrave Mandoto agrave peine 4 des EAF et qui cumulent 6 de la FO produite totale Dans la zone drsquoArivonimamo la part de ces EAF est nettement plus importante (9) et surtout elles cumulent 29 de la FO Si on regroupe les deux derniegraveres classes la part des EAF avec plus de 3 tonnes agrave Arivonimamo est de 25 et ces EAF cumulent 58 de la FO agrave Mandoto elles sont 17 et cumulent 43 de la FO totale dans le terroir Ainsi si agrave Arivonimamo la production de FO moyenne par EAF est

supeacuterieure les ineacutegaliteacutes entre les EAF sont aussi plus importantes

3 La fumure organique disponible par EAF

La fumure organique disponible dans une EAF est en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les

fumiers produits la fabrication de composts mais aussi des eacutechanges

31 Les eacutechanges de fumure organique

Sur les Hautes Terres les eacutechanges de fumures organiques sont freacutequents que ces eacutechanges

soient marchands (achat vente) ou non (troc ou don)

Tableau 4 Part des EAF qui eacutechangent de la FO

Opeacuteration sur FO

Mandoto Arivonimamo

Ensemble 60 88- dont Achat 30 74- dont Vente 18 19- dont Troc 22 24

Comme le montre le Tableau 4 crsquoest une large majoriteacute des EAF qui eacutechangent de la fumure organique A Arivonimamo la pratique est presque geacuteneacuteraliseacutee avec 88 des EAF qui sont concerneacutees par au moins une opeacuteration drsquoentreacutee ou de sortie de FO

Si les opeacuterations drsquoeacutechanges non moneacutetariseacutes (troc ou don) et les ventes concernent agrave peu pregraves le mecircme pourcentage drsquoEAF dans les deux zones la diffeacuterence est forte en ce qui concerne les achats puisque agrave Arivonimamo ce sont presque 3 EAF sur 4 qui achegravetent de la FO Dans cette zone ougrave les productions maraichegraveres sont importantes les EAF sont agrave la recherche de fumure organique en termes de quantiteacutes pour augmenter le disponible mais aussi de qualiteacute (fumiers de porcs ou de volailles)

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Pour les eacutechanges sous forme de troc la fumure organique est eacutechangeacutee contre du travail (travail manuel ou prestation par exemple labour ou transport) contre de la paille de riz ou autres matiegravere organique (certainement pour produire du fumier) des semences (de riz ou maiumls) etc Les dons sont faits aux membres de la famille (le plus souvent des parents vers les enfants) mais aussi au meacutetayer voire agrave des voisins moins bien doteacutes Il y a donc un marcheacute de la fumure organique entre EAF drsquoune zone donneacutee mais aussi avec des EAF ou drsquoautres deacutetenteurs dans des zones plus eacuteloigneacutees Ainsi agrave Arivonimamo quelques EAF ont pu acqueacuterir des deacutechets urbains et beaucoup ont acheteacute du fumier en provenance drsquoeacutelevages speacutecialiseacutes

Tableau 5 Prix moyen en Ariary drsquoune charrette de fumure organique

Mandoto ArivonimamoNbre PU moyen Nbre PU moyen

Fumier de zeacutebu 179 5 809 225 16 158Fumier meacutelangeacute 49 4 837 88 13 286Fumier de porc 5 36 000 115 41 137Fumier de volaille 3 25 000 80 49 283Compost 8 18 333Zezi-pako 29 4 500

Les prix pour une charrette1 sont tregraves diffeacuterents entre les deux zones Et on peut penser qursquoagrave Arivonimamo le marcheacute de la fumure organique est laquo tendu raquo avec une forte demande et peu de fumure localement commercialiseacutee pour y reacutepondre Cette situation a des conseacutequences sur les prix avec comme lrsquoindique le Tableau 5 des prix tregraves eacuteleveacutes agrave Arivonimamo environ 3 fois plus eacuteleveacutes qursquoagrave Mandoto Ces prix ont eacuteteacute calculeacutes agrave partir des deacuteclarations de vente ou drsquoachat par les producteurs Lrsquoeffectif (Nbre) est le nombre de charrettes sur lequel a eacuteteacute calculeacute le prix moyen La part des achats est bien sucircr beaucoup plus eacuteleveacute et le plus souvent ce prix inclut le transport ce qui nrsquoest pas un eacuteleacutement neacutegligeable notamment agrave Arivonimamo ougrave la fumure provient drsquoeacutelevages relativement eacuteloigneacutes La charrette de fumier de porc ou de volaille est nettement plus chegravere que le fumier de zeacutebus ou de fumier meacutelangeacute Mais ce sont ces deux types de fumier qui sont les plus commerceacutes en quantiteacute

On notera que le pourcentage des EAF qui achegravetent est nettement supeacuterieur agrave celui des EAF qui vendent Les eacutechanges pourraient srsquoeacutequilibrer au niveau du territoire (le fokontany) par les quantiteacutes avec des EAF qui vendraient de grandes quantiteacutes et des EAF qui achegraveteraient de petites quantiteacutes En fait dans notre eacutechantillon (tireacute au sort et donc avec autant de chances de tirer un vendeur qursquoun acheteur) les eacutechanges ne srsquoeacutequilibrent pas et les quantiteacutes vendues ne repreacutesentent que 38 des quantiteacutes acheteacutees agrave Mandoto et seulement 22 agrave Arivonimamo Ainsi globalement les EAF achegravetent des fumures organiques agrave des exploitations agricoles drsquoautres fokontany et ceci est particuliegraverement reacutepandu agrave Arivonimamo avec des EAF qui achegravetent aux eacutelevages de poulets de chair de poules pondeuses ou de porcs proches de la ville drsquoImerintsiatosika

1 Aucune information nrsquoa eacuteteacute collecteacutee sur le poids des charrettes car le travail aurait eacuteteacute trop lourd agrave reacutealiser Ce poids deacutepend du niveau de remplissage mais aussi et beaucoup de la qualiteacute de la fumure organique Comme deacutejagrave indiqueacute pour faire les conversions nous avons utiliseacute le poids de 250 kg par charrette pour couvrir tous les types de fumure et eacuteviter les surestimations Certains pourront consideacuterer ce poids comme sous-estimeacute

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Figure 2 Evolution de la fumure moyenne produite par EAF

La fumure produite dans une EAF nrsquoest pas la fumure disponible celle-ci eacutevolue en fonction

des eacutechanges La Figure 2 preacutesente la situation moyenne drsquoune EAF selon la zone On constate que la quantiteacute de fumure disponible pour les cultures (apregraves entreacutees et sorties) est en moyenne plus importante que la fumure produite (voir aussi Tableau 6) Ainsi agrave Arivonimamo la fumure disponible passe agrave 29 tonnes par EAF alors que la quantiteacute produite est de lrsquoordre de 22 tonnes A Mandoto lrsquoeacutecart nrsquoest pas si important mais reste significatif avec respectivement 21 et 19 tonnesAinsi on peut deacuteduire de ces donneacutees que la strateacutegie des EAF est drsquoaugmenter la production de fumure organique sur lrsquoEAF (eacutelevage compost) mais aussi drsquoaugmenter la fumure organique disponible pour fertiliser les parcelles en achetant sur le marcheacute ou en srsquoapprovisionnant agrave travers

des eacutechanges non marchands Et cette strateacutegie est particuliegraverement dominante agrave ArivonimamoMais ces tendances geacuteneacuterales cachent de fortes dispariteacutes Ainsi les 3 EAF qui nrsquoavaient pas produit de FO en ont obtenu par achat et troc mais 4 EAF ont ceacutedeacute toute leur fumure organique Ainsi il y a toujours environ 1 de lrsquoeacutechantillon qui nrsquoa pas de FO disponible

32 Quantiteacutes disponibles et variabiliteacute

Ainsi lrsquoEAF moyenne a augmenteacute sa disponibiliteacute en FO dans les deux zones

(Figure 2 et Tableau 6) La composition (Figure 4) a eacutevolueacute par rapport agrave la FO produite (Figure 1) et ceci plus particuliegraverement agrave Arivonimamo Dans cette zone la part du fumier meacutelangeacute a fortement diminueacute (passant de 47 agrave 33) comme mais dans une moindre mesure celle du fumier bovin et ce sont les fumiers agrave base de deacutejections de porcs ou de fiente de volaille qui ont fortement progresseacute passant de 8 agrave 16 On note eacutegalement la progression du type autre FO qui est passeacute de 3 agrave 6 en lien avec lrsquoacquisition de deacutechets ou boues urbaines

Figure 3 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique disponible par EAF selon les zones

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A Mandoto les changements sont mineurs et concernent la reacutepartition entre fumier meacutelangeacute et fumier bovin ce dernier type progresse au deacutetriment du fumier meacutelangeacute Ceci srsquoexplique par le fait que les eacutechanges et en particulier moneacutetaires concernent le fumier de bovin et peu le fumier meacutelangeacute

Mais mecircme si on enregistre quelques eacutevolutions ce sont toujours le fumier de bovin et le fumier meacutelangeacute qui sont les fumures organiques les plus importantes car ils repreacutesentent plus de 70 des quantiteacutes moyennes disponibles au niveau de lrsquoEAF moyenne

Comme pour la fumure produite la fumure disponible par EAF est tregraves variable La variabiliteacute a mecircme augmenteacute avec des coefficients de variation autour de la moyenne un peu plus eacuteleveacutes pour la FO disponible Mais le recours au marcheacute et les eacutechanges non marchands ont fait fortement eacutevoluer la reacutepartition de la fumure organique entre les EAF La Figure 4 illustre ces eacutevolutions contrasteacutees selon les zones

Figure 4 Evolution de la reacutepartition des EAF et de la FO selon des classes de quantiteacutes de FO produite et disponible en tonnes

A Mandoto lrsquoeacutevolution nrsquoest pas tregraves importante les pourcentages drsquoEAF progressent en mecircme temps que les classes de quantiteacute de FO mais de maniegravere tregraves modeacutereacutee Le recours aux eacutechanges nrsquoentraicircne pas de modification spectaculaire dans le profil des graphiques que cela soit pour la reacutepartition des EAF ou pour la reacutepartition de la FO la part des EAF avec moins 05 tonne diminue de 18 agrave 15 et crsquoest la classe de 05 agrave 15 tonnes qui progresse de 3 la part des EAF les mieux pourvues (plus de 5 tonnes) progresse mais tregraves faiblement aussi

A Arivonimamo les changements sont beaucoup plus importants La part des EAF avec moins de 05 tonne diminue pour passer de 22 avec la fumure produite agrave seulement 9 pour la fumure disponible Ainsi la plus grande partie des EAF les moins pourvues se sont procureacutees de la FO sur le marcheacute ou par le troc car pour les cultures maraichegraveres il est indispensable drsquoavoir de la fumure organique Et ce sont les classes avec de plus grandes quantiteacutes de FO qui ont progresseacute de maniegravere remarquable

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les EAF avec plus de 3 tonnes sont passeacutees de 25 agrave 42 et la fumure que cumulent ces EAF est passeacutee de 58 agrave 73 La progression tregraves forte des EAF les mieux pourvues srsquoest tout de mecircme traduite par une concentration au niveau de ces EAF

33 Quantiteacute de fumure organique et surface

Lrsquoimportance de la fumure organique drsquoune EAF ne peut ecirctre appreacutecieacutee qursquoen fonction de la superficie agrave cultiver qui elle-mecircme deacutepend de la Surface Agricole Utile disponible par EAF Celle-ci varie selon la zone avec environ 15 ha agrave Mandoto et 09 ha agrave Arivonimamo

Tableau 6 Superficie et quantiteacutes moyennes par EAF

Variables par EAF Mandoto Arivonimamo

Moyenne CV Moyenne CVSAU (ha) 148 88 091 82FO produite (tonne) 187 90 218 92

FO disponible (tonne) 213 102 290 78

FO disponible (tonneha) 169 84 367 66

La quantiteacute de fumure disponible est en relation lineacuteaire avec la SAU les coefficients de correacutelation entre ces deux variables sont relativement eacuteleveacutes avec +076 agrave Mandoto et +059 agrave Arivonimamo et significatifs agrave 001 Dans les deux zones ces coefficients sont supeacuterieurs agrave ceux qui lient les variables de cheptel (nombre de bovins et valeur totale du cheptel) et les variables de SAU ainsi on peut en deacuteduire que cette relation entre quantiteacute de FO et surface nrsquoest pas seulement fonction des animaux disponibles mais bien dlsquoune strateacutegie des EAF une laquo strateacutegie de construction de la fertiliteacute raquo des sols (NrsquoDieacutenor et al 2011)

Figure 5 Nuages de points entre SAU et FO disponible pour chaque zone

Quand on ramegravene la quantiteacute de fumure organique disponible par ha de SAU la zone Arivonimamo apparaicirct nettement mieux pourvue avec pregraves de 35 t ha de SAU alors qursquoagrave Mandoto ougrave les EAF ont moins de FO disponible et plus de surface la moyenne est de 21 tonneha

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Les graphiques en nuage de points mettent en eacutevidence cette relation Les coefficients Rsup2 ne sont pas tregraves eacuteleveacutes ce qui signifie que la SAU disponible agrave elle seule nrsquoexplique pas tregraves bien la variabiliteacute observeacutee A Mandoto il y a quelques points atypiques (par exemple un producteur avec une superficie assez faible et beaucoup de fumure parce que le cheptel est important) mais la reacutegression semble repreacutesenter assez bien la situation la FO disponible est eacutegale agrave 125 fois la SAU + 03 tonnes

A Arivonimamo la reacutepartition des points est assez atypique et il semble exister deux groupes de producteurs avec des strateacutegies diffeacuterentes le premier en rouge dans le graphique vise une quantiteacute importante de FO par uniteacute de surface (35 fois la superficie plus 125 tonnes) alors que le second se rapproche de la situation de Mandoto et semble rechercher une quantiteacute de FO qui repreacutesente 15 fois la SAU + 01 tonne

Pour expliquer ces diffeacuterences entre les deux groupes il faut rechercher du cocircteacute des cultures pratiqueacutees avec pour le premier groupe des surfaces en cultures maraichegraveres plus importantes et avec pour le second un assolement beaucoup plus traditionnel (ces aspects seront analyseacutes dans le prochain article)

Ces quantiteacutes moyennes semblent cependant insuffisantes pour renouveler la fertiliteacute des sols cultiveacutes car selon les travaux de P Garin meneacutes il est vrai dans la zone du Lac Alaotra il faudrait 4 tonneshaan en moyenne de fumier pailleux neacutecessaire (Garin 1998 citeacute par Dubois 2004) pour restituer au sol la bonne quantiteacute de matiegravere organique contrebalanccedilant la mineacuteralisation de la matiegravere organique due aux cultures

Mais nombre de producteurs notamment dans la zone dArivonimamo ajoutent agrave la fumure organique des engrais mineacuteraux Ce point sera traiteacute dans le prochain numeacutero de JAE avec un article sur les strateacutegies drsquoutilisation de la fumure organique et mineacuterale

34 La qualiteacute fertilisante des fumiers

Dans le cadre du mecircme projet de recherche Secure des eacutechantillons de fumures

organiques destineacutees agrave la culture de riz pluvial ont eacuteteacute preacuteleveacutes dans 40 fermes de reacutefeacuterence (20 dans chacune des zones) pour la campagne culturale 2018-2019 Une quantiteacute drsquoenviron 700 cm3 a eacuteteacute preacuteleveacutee sur les parcelles au moment de la mise en place de la culture du riz Ces eacutechantillons ont eacuteteacute analyseacutes et les reacutesultats donnent une indication de la qualiteacute moyenne des fumiers produits et utiliseacutes dans les zones

Tableau 3 Qualiteacute des fumiers utiliseacutes (en de la matiegravere segraveche)

Zone pH N P KMandoto 86 11 03 18Arivonimamo 82 10 07 13

Avec des pH supeacuterieurs agrave 8 les fumiers permettent de corriger laciditeacute des sols (qui ont souvent des pH de deacutepart autour de 5) par leur pouvoir alcalinisant et dameacuteliorer dans la dureacutee les sols pour les rendre plus favorables aux cultures exigeantes comme le maiumls le soja le haricot les cultures maraichegraveres etc

La qualiteacute selon les trois principaux eacuteleacutements (N=Azote P=Phosphore et K=Potassium) peut ecirctre ainsi commenteacutee

bull N les teneurs moyennes en azote sont plutocirct faibles dans les 2 zones mettant en lumiegravere la neacutecessiteacute de mieux conserver cet eacuteleacutement tregraves mobile par dallage couverture rajout de pailles de riz ou de fanes de leacutegumineuse pour stockage de lurine Toutes les plantes ont besoin drsquoazote

bull P une teneur en phosphore nettement plus eacuteleveacutee agrave Arivonimamo en raison dassociations de deacutejections agrave base de volaille et de porc (dont une partie est acheteacutee voir infra) Mais ces teneurs sont faibles alors que lrsquoinsuffisance des sols en phosphore est tregraves souvent un des principaux facteurs limitant pour les cultures

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La FO avec ses faibles teneurs en P est de maniegravere geacuteneacuterale insuffisante pour lever ce facteur limitant

bull K les teneurs en potassium sont relativement eacuteleveacutees dans les deux zones par concentration des pailles par lrsquoajout de cendres de balles de riz ou de balles de riz en lrsquoeacutetat Le potassium est important notamment pour les cultures fruitiegraveres et maraicircchegraveres

Pour appreacutecier la qualiteacute en terme de nutrition des plantes on peut comparer les apports du fumier agrave ceux drsquoun engrais NPK 112216 (utiliseacute couramment dans la reacutegion) Le fumier moyen entre les deux reacutegions agrave des teneurs que lrsquoon peut arrondir agrave 1N 05P 15K en matiegravere segraveche (MS) ainsi en faisant simplement le rapport avec les des analyses 1 kilogramme drsquoengrais eacutequivaut pour N agrave 11 kgfumier MS pour P agrave 44 kgfumier MS et pour K agrave 11 kgfumier MS

Pour se rapprocher des pratiques paysannes il faut faire la comparaison avec des matiegraveres fraicircches et en uniteacute traditionnelle Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes le poids en MS eacutequivaut agrave 50 du poids en matiegravere fraiche une charrette de fumure organique pegravese1 250 kg Ainsi une charrette de fumier de faible qualiteacute eacutequivaut pour N agrave 11 kg pour P agrave 3 kg et pour K agrave 12 kg de lrsquoengrais NPK (112216) utiliseacute pour la comparaison

Si on fait la comparaison en termes de prix avec le kilogramme drsquoengrais agrave 2 200 Arkg (prix de 2019) et une charrette agrave 10 000 Ar lrsquouniteacute fertilisante coucircte avec lrsquoengrais environ 4 500 Ar et 2 700 Ar avec la charrette de fumier Ainsi lrsquoapport de FO est nettement plus inteacuteressant sur le plan eacuteconomique et ceci drsquoautant plus que la fumure est autoproduit valorisant ainsi lrsquoeacutelevage

1 Comme deacutejagrave indiqueacute le poids de la charrette varie for-tement selon le volume de remplissage et la qualiteacute du fumier Avec du fumier de bonne qualiteacute une charrette peut peser 400 kg voire plus mais avec du fumier de mauvaise qualiteacute ou du zezi-pako le poids peut descendre nettement en dessous des 250 kg Pour prendre en compte lrsquoensemble des types de fumure or-ganique nous avons adopteacute le poids moyen de 250 kgcharrette (notamment en reacutefeacuterence agrave Saint-Andreacute et al 2016)

etou le travail familial Cet amendement a aussi de nombreuses autres qualiteacutes que nrsquoa pas lrsquoapport drsquoengrais mineacuteraux avec des effets sur la structure et la faune du sol lrsquoapport drsquoeacuteleacutements fertilisants secondaires et des utilisations agronomiques inteacuteressantes (par exemple pour ameacuteliorer la leveacutee des cultures)

Ces calculs ont eacuteteacute faits avec des reacutefeacuterences moyennes plutocirct deacutefavorables agrave la FO (notamment le poids de la charrette) or les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de la qualiteacute et de la quantiteacute du fumier produit sont nombreuses (Salgado et Tillard 2012) avec des effets positifs sur la productiviteacute de la terre et du travail (Marline 20152) Dans le cadre des fermes de reacutefeacuterence sur les deux zones des agriculteurs appuyeacutes par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie se sont engageacutes dans un processus dameacutelioration des fumures organiques et peuvent ecirctre des reacutefeacuterents pour la diffusion des techniques

4 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La fumure organique disponible dans une EAF est fonction des quantiteacutes produites (en

moyenne 217 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 187 tonnes dans le MO du Vakinankaratra) en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les pratiques de compostage Mais pas seulement car le recours au marcheacute ou au eacutechanges non marchands font eacutevoluer de maniegravere significative agrave la fois les quantiteacutes disponibles par EAF mais aussi la qualiteacute et la reacutepartition entre les EAF La FO moyenne disponible est de 29 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 21 tonnes dans le MO du Vakinankaratra Rameneacutee agrave la SAU la quantiteacute de FO disponible est 367 tonnes par ha agrave Arivonimamo et 169 tha agrave Mandoto

2 Apregraves avoir enquecircteacute trente exploitations agricoles de la reacutegion Vakinankaratra Marline conclut que laquo lrsquoadoption des pra-tiques drsquoameacutelioration de la qualiteacute du fumier ne se traduit pas par une augmentation significative du coucirct de production du fumier notamment en raison des eacuteconomies drsquoeacutechelle dans la fabrication du fumier de qualiteacute En utilisant les reacutesultats des expeacuterimenta-tions de BIOVA lrsquoeacutepandage du fumier ameacutelioreacute sur les parcelles augmenterait la productiviteacute agricole de la terre de 27 et la pro-ductiviteacute globale du travail de 23 raquo (Marline 2015)

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Les produits ajouteacutes au fumier sont nombreux et la production de compost traditionnel ou laquo moderne raquo est reacutepandue

Ainsi que cela soit en termes de pourcentage drsquoEAF inteacuteresseacutees ou en termes de motivation il y a dans ces deux zones une base solide de pratiques et de connaissances paysannes sur laquelle peut srsquoappuyer la vulgarisation de lrsquoameacutelioration de la quantiteacute et de la qualiteacute du fumier et la production de compost

La recherche a commenceacute agrave analyser la diversiteacute de ces pratiques et leurs effets sur la production Un grand nombre de matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et animales sont recycleacutees et les premiers reacutesultats montrent drsquoimportantes synergies entre elles avec des associations courantes avec les engrais

La theacutematique de la fertilisation organique est importante pour les agriculteurs de ces zones Parmi diffeacuterentes pratiques agroeacutecologiques lrsquoutilisation des FO est assez geacuteneacuteraliseacutee et les agriculteurs adoptent via ces pratiques des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute (cf paragraphe 33) Dans cette optique les accompagnements et renforcements de la part des acteurs du deacuteveloppement rural nous semblent tregraves pertinents en matiegravere drsquoaugmentation en quantiteacute et en qualiteacute Les reacutefeacuterences drsquoameacutelioration existent deacutejagrave (Salgado et Tillard 2012 Rasolofo et al 2018) Des plantes ameacuteliorantes peuvent ecirctre eacutegalement utiliseacutees agrave lrsquoeacutechelle des EAF ou du territoire On peut citer les plantes reacutepulsives qui ameacuteliorent les FO dans la lutte contre les insectes (cf reacutefeacuterences du GSDM) les Tithonia qui apportent une quantiteacute significativement importante de K compareacutes agrave diffeacuterents types de fumiers (Olabode et al 2007) etc

Lrsquoeacutetude reacutevegravele eacutegalement que lrsquoutilisation des fumiers meacutelangeacutes provenant de plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage est une pratique courante des agriculteurs dans les deux zones Lrsquoameacutelioration des conduites drsquoeacutelevage dont lrsquoalimentation la santeacute ou lrsquohabitat pourrait ainsi ecirctre une autre faccedilon de rehausser la qualiteacute fertilisante des FO encore consideacutereacutee comme faible Lrsquoameacutelioration

dans ce cas devrait concerner de plus en plus les animaux agrave cycle court tels que les volailles etou les porcs En fait crsquoest parce que lrsquoeacutelevage bovin est menaceacute par les vols alors que les EAF ont toutes au moins des volailles au sein de leur exploitation

Les agriculteurs savent que la fumure organique est la base pour une bonne gestion de la fertiliteacute des sols qursquoelle permet drsquoameacuteliorer lrsquoefficience des engrais apporteacutes et qursquoelle peut aussi jouer un rocircle de leveacutee de certaines deacuteficiences De nouveaux enjeux apparaissent comme pour le compost avec la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et un besoin de reacutefeacuterentiel technico-eacuteconomique pour faire eacutevoluer la production de zezi-pako vers un compost avec plus de qualiteacutes fertilisantes

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Les plantes de services en Agro-eacutecologie les rotations et successions des cultures leccedilons apprises du GSDM

Rakotondramanana Raharison T Randriamitantsoa M Moussa N Razanamparany C Tokiherinionja TF Sandratriniaina R R

Randriamiarana V Razaka M

Introduction

Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale les paysans pratiquent toujours des associations de cultures mais

pour la plupart il srsquoagit drsquoassociation laquo gramineacutee ndash gramineacutee raquo qui ne contribue pas du tout agrave la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols Dans le district de Mandoto par exemple lrsquoassociation maiumls + riz pluvial (41 des surfaces) manioc + maiumls (19 des surfaces) maiumls + arachide (10 des surfaces) sont les plus dominantes (RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019) A part lrsquoassociation avec lrsquoarachide ces associations nrsquoont pas beaucoup drsquointeacuterecirct dans la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et devraient changer en association gramineacutees - leacutegumineuses en utilisant les plantes de couverture agrave forte capaciteacute de reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols en plus de leurs proprieacuteteacutes eacuteprouveacutees en tant que plantes de services Lrsquoassociation du maiumls avec le haricot est tregraves courante aussi bien sur les Hautes Terres que dans le Moyen Ouest crsquoest une association ougrave lrsquoon a deux cultures alimentaires en mecircme temps mais la biomasse de la leacutegumineuse le haricot se mineacuteralise tregraves vite et nrsquoest plus visible apregraves la saison segraveche De mecircme lrsquoassociation du maiumls avec le soja est aussi tregraves freacutequent sur les Hautes Terres et surtout sur les sols volcaniques drsquoAntsirabe et de Betafo mais comme le haricot le soja se mineacuteralise tregraves vite et ne contribue pas beaucoup agrave la biomasse

Le but principal de cet article est de rappeler les principales plantes de couvertures en compleacutetant avec les acquis du GSDM dans les principales reacutegions de Madagascar ceci par rapport aux donneacutees du Manuel pratique du semis direct de Madagascar (HUSSON O et al 2013) un travail collectif sous la houlette drsquoOlivier HUSSON ougrave nous avons largement contribueacute et dont les principales informations ont eacuteteacute soit actualiseacutees soit compleacuteteacutees

Brefs aperccedilus des principales plantes de couvertures ou drsquoembocagement des parcelles

11 Le mucuna

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc) mais ses proprieacuteteacutes en agronomie nrsquoont eacuteteacute que tregraves peu documenteacutees ou sont resteacutees inconnues Pourtant cette leacutegumineuse a un tregraves grand inteacuterecirct en agronomie

Photo 1 Une bonne biomasse de mucuna

111 Une leacutegumineuse pour la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et la lutte contre le striga

Dans le site drsquoIvory sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + Mucuna varient de 468 agrave 485 tha en F1 et de 5 agrave 536tha en F2 et les rendements de maiumls en association avec le Mucuna varient de 44 agrave 487 tha en F1

1 et de 53 agrave 56tha en F2

2 Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020)

1 F1 5 tha de fumier de ferme

2 F2 F1 + 80 kgha de NPK 11- 22 ndash 16 et 25 kg ha drsquoureacutee

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Ce systegraveme bisannuel en agriculture de conservation permet drsquoobtenir des rendements stables de la production de riz et de maiumls associeacute Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans et dans les eacutecoles (CEG) appuyeacutees par le GSDM

112 Une leacutegumineuse pour lutter contre les mauvaises herbes

Photo 2 Apregraves une biomasse de mucuna (jachegravere de mucuna en haut et biomasse de mucuna associeacute avec du maiumls en bas) pas de

mauvaises herbes pour la culture suivante

113 Un reacutepulsif contre les insectes et mecircme contre drsquoautres ravageurs des cultures

Contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) LrsquoONG DURRELL qui a introduit des

associations agrave base de mucuna dans les aires proteacutegeacutees a pu observer que le mucuna limite aussi les attaques de sangliers (DURRELL 2020) Les varieacuteteacutes noires type Garadake du CTAS ou marbreacute existent mais il semble que la varieacuteteacute noire est la plus appreacutecieacutee

12 Le nieacutebeacute eacuterigeacute

Le nieacutebeacute (Vigna unguiculata subsp unguiculata) est une sous-espegravece veacutegeacutetale du Vigna unguiculata originaire drsquoAfrique Probablement introduit en Ameacuterique tropicale au XVIIegraveme siegravecle par les Espagnols le nieacutebeacute est aujourdhui largement cultiveacute dans le Sud des Eacutetats-Unis aux Caraiumlbes et au Breacutesil et bien sucircr en Afrique Les observations faites sur de longues anneacutees montrent que le nieacutebeacute eacuterigeacute David est adapteacute agrave tous les types de sols dans tous les milieux agrave Madagascar Sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute proposeacutee dans les zones humides de la Cocircte Est uniquement agrave cause de problegraveme de production de semences Comme le haricot crsquoest une leacutegumineuse alimentaire agrave cycle court mais qui exige des traitements insecticides freacutequents

Photo 3 Nieacutebeacute eacuterigeacute cv David CEG Antokofoana

Sa biomasse peu lignifieacutee se deacutegrade tregraves vite et demande agrave ecirctre associeacutee avec une biomasse lignifieacutee comme celle du maiumls ou du sorgho

Madagascar est connu pour sa production de nieacutebeacute type laquo Black eyes raquo exporteacute vers plusieurs pays mais surtout vers lrsquoinde Crsquoest la reacutegion drsquoAmbato Boeny sur les baiboho du Betsiboka qui est la reacutegion de production la plus importante

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13 Les nieacutebeacutes rampants

Les nieacutebeacutes rampants sont des varieacuteteacutes locales seacutelectionneacutes par les paysans sur de longues anneacutees en geacuteneacuteral dans les zones segraveches comme le Sud Malgache La varieacuteteacute SPLF2 seacutelectionneacutee par lrsquoONG TAFA dans la reacutegion du Sud-Ouest renommeacute actuellement FARIMASO par le CTAS ou la varieacuteteacute BABOKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy sont des exemples de nieacutebeacute rampant (ANCOS 2016) Les nieacutebeacutes rampants existent en nombre important dans les zones segraveches mais ne sont pas toutes exploiteacutees Leur gros avantage dans le couvert veacutegeacutetal reacuteside dans leur biomasse tregraves lignifieacutee donc ne se mineacuteralise pas trop vite En plus ils sont tregraves adapteacutes dans tous types de sols en zones segraveches comme ici sur la photo que nous avons prise agrave Tsihombe sur sol tregraves sableux en 2016 une anneacutee tregraves segraveche dans le Sud (RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANAJAKA J 2016

Photo 4 Nieacutebeacute rampant sur sable roux Imongy Tsihombe 2016 peacuteriode tregraves segraveche

dans le Sud

14 Le Vigna radiata

Le Vigna radiata ou Antsoroko est une leacutegumineuse comestible par lrsquohomme au mecircme titre que les nieacutebeacutes Un exemple de ce type de leacutegumineuse est la varieacuteteacute MORAMASAKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy (ANCOS 2016) Les Antsoroko sont cultiveacutes par les paysans ou sont endeacutemiques dans les reacutegions de lrsquoAndroyAnosy dans le Sud-Ouest dans les bassins seacutedimentaires du Menabe du Boeny et du Nord-Ouest donc il y a une grande possibiliteacute de seacutelection de varieacuteteacutes dans les populations existantes Dans le Boeny nous

avons pu identifier une varieacuteteacute drsquoAntsoroko agrave forte biomasse qui srsquoassocie bien avec le maiumls (RAKOTONDRAMANANA 2019)

Photo 5 Antsoroko Bongomena Commune Rurale Marovoay

15 La dolique

Le lablab (Lablab purpureus syn Dolichos lablab L Dolichos purpureus L) eacutegalement appeleacute pois antaque (ou Antaka en Malgache) ou dolique dEacutegypte est une espegravece de leacutegumineuse de la famille des Fabaceae qui est largement reacutepandu comme plante alimentaire dans les reacutegions tropicales notamment en Afrique Plante alimentaire traditionnelle en Afrique ce leacutegume peu connu preacutesente un potentiel inteacuteressant pour ameacuteliorer la nutrition renforcer la seacutecuriteacute alimentaire favoriser le deacuteveloppement rural et soutenir lameacutenagement durable du territoire Dans lrsquoAndroy la dolique est torreacutefieacutee pileacutee au

Photo 6 Dolique photo sur internet

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mortier avec le maiumls et sert de repas riche pour beaucoup de communauteacute

A Madagascar la dolique est geacuteneacuteralement cultiveacutee dans les reacutegions infeacuterieures agrave 1200 m drsquoaltitude (HUSSON O et al 2013) mais pas partout A part lrsquoAndroy et les bassins seacutedimentaires de lrsquoOuest et du Nord-Ouest la dolique se cultive sur les baiboho de la rive Est du Lac Alaotra La dolique donne une biomasse lignifieacutee qui associeacutee avec celle du maiumls creacutee un excellent lit de semis du riz pluvial agrave la prochaine campagne sur la base des reacutesultats sur la rive Est du Lac Alaotra en particulier

Diffeacuterentes varieacuteteacutes ont eacuteteacute seacutelectionneacutees par le CTAS dans lrsquoAndroy Vorompotsy (CTAS D1) Manja (CTAS D2) Ondragne (CTAS D3) Lohapitse (CTAS D4) Les varieacuteteacutes agrave cycle long sont appreacutecieacutees dans le Sud

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Seasea Antake ambahe Antake salazagne) marron port rampant originaire de Tsihombe (ougrave elle est appreacutecieacutee) peu inteacuteressante pour le district drsquoAmbovombe (sensible aux insectes)

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Anta-drazagne Antake mena) rouge ou blanc port rampant tregraves appreacutecieacutee dans le district drsquoAmbovombe pour sa reacutesistance aux insectes

16 Le Stylosanthes guianensis

Crsquoest le systegraveme phare en semis sous couvert veacutegeacutetal dans le Moyen Ouest Le laquo Stylo raquo comme on lrsquoappelle localement ressemble un peu agrave Medicago sativa la luzerne cultiveacutee en France Le stylo a eacuteteacute introduit agrave Madagascar dans le Moyen Ouest pour la production de fourrages Mais cette vieille varieacuteteacute est actuellement sensible agrave lrsquoanthracnose si bien que le GSDM avec le projet Bassin Versant et Peacuterimegravetre Irrigueacute du Lac Alaotra (BV Lac) a introduit en 2004 la varieacuteteacute CIAT 184

bull Crsquoest une leacutegumineuse peacuterenne aux feuilles trifolieacutees on la cultive en moyenne sur un cycle de 3 ans mais qui peut se reconstituer facilement avec les graines tombeacutees dans le sol mecircme apregraves un labour

bull Elle produit une forte biomasse (5 agrave 10 T de matiegravere segraveche sur sol deacutegradeacute et jusqursquoagrave 20 T sur sol riche)

bull Elle fixe entre 70 et 200 kg drsquoazote agrave lrsquohectare bull Son puissant systegraveme racinaire pivotant

restructure les sols bull Son port buissonnant jusqursquoagrave 1m80 de haut

la rend agressive vis agrave vis de la plupart des adventices comme le Striga plante parasite du riz et du maiumls agrave Madagascar

bull Crsquoest un excellent fourrage et elle peut ecirctre pacirctureacutee

bull Ses fleurs sont mellifegraveres il fleurit agrave une peacuteriode ougrave lrsquoabsence de fleurs affaiblit les abeilles creacuteant une continuiteacute juste avant la floraison du litchi

Photo 7 Une bonne biomasse de Stylosanthes Coopeacuterative FANILO

Amparihy commune Vinany

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Ces caracteacuteristiques expliquent qursquoon la surnomme aussi laquo luzerne tropicale raquo et cela en fait un excellent preacuteceacutedent pour de nombreuses cultures et en particulier les plantes qui fournissent les produits de base agrave Madagascar riz et maiumls

Le Stylosanthes guianensis srsquoadapte agrave un large spectre de sols et en particulier les sols acides (elle est capable de produire des nodules agrave pH 4 ) ainsi qursquoagrave de nombreux climats jusqursquoagrave 10001

megravetres drsquoaltitude et une pluviomeacutetrie de 600 agrave 3000 mm par an

17 Les arachis

Arachis est un genre de plantes dicotyleacutedones de la famille des Fabaceae sous-famille des Faboideae originaire dAmeacuterique du Sud qui compte 70 espegraveces annuelles ou vivaces LrsquoArachis apporte beaucoup drsquoazote au sol et en plus crsquoest une plante largement utiliseacutee comme plante mellifegravere

Deux espegraveces ont eacuteteacute essayeacutees agrave Madagascar lrsquoArachis pintoiuml et lrsquoArachis peacuterenne Cette leacutegumineuse a eacuteteacute largement diffuseacutee dans le Pays dans les cultures de rente (cafeacuteier poivrier vanillier giroflier) et dans les cultures fruitiegraveres

Photo 8 Arachis pintoiuml

1 1000 m Corrigeacute par lrsquoauteur le texte initial eacutetait 1600 m drsquoaltitude agrave Madagascar le Stylo nrsquoest plus cultiveacute au-dessus de 1000 m drsquoaltitude

18 La vesce

Vicia sativa la vesce cultiveacutee ou vesce commune est une plante annuelle appartenant agrave la famille des Fabaceacutees du mecircme genre que la fegraveve ou le haricot La vesce commune est cultiveacutee en tant que fourrage mais crsquoest aussi un excellent engrais vert Elle est de plus une plante inteacuteressante pour lrsquoeacutelevage des abeilles et peut eacuteventuellement ecirctre consommeacutee par lrsquohomme De plus la vesce a des difficulteacutes agrave se deacutevelopper dans les sols tregraves argileux

La vesce a eacuteteacute essayeacutee un peu partout agrave Madagascar mais crsquoest surtout au Lac Alaotra sur baiboho et sur colluvions de bas de pente riche qursquoelle a connu un succegraves Au Lac Alaotra la vesce rentre dans un systegraveme Rizcultures maraicircchegraveresvesce Dans ce systegraveme le riz beacuteneacuteficie de la biomasse de la vesce et de lrsquoarriegravere effet de la fertilisation des cultures maraicircchegraveres En plus de sa biomasse on reacutecolte les semences avant de la rouler pour le semis du riz Essayeacute dans les autres reacutegions de Madagascar la vesce a rencontreacute des problegravemes de rotation avec le riz irrigueacute sur les Hauts Plateaux en raison de son cycle qui srsquoallonge et retarde ainsi le repiquage du riz Par ailleurs la production de semences a eacuteteacute un problegraveme

Photo 9 Riz sur biomasse de vesce en Riziegravere agrave Mauvaise Maicirctrise dEau (RMME) M Charles Mahatsinjo CR Ambohitsilaozana Rive Est Lac

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19 Le Pois drsquoAngole

Le pois dAngole (Cajanus cajan syn Cajanus indicus) est une espegravece de plante vivace de la famille des Fabaceae Le pois dAngole est agrave la fois une culture vivriegravere (pois secs farine pois frais ou leacutegumes verts et une culture fourragegravere de couverture) Les pois contiennent des niveaux eacuteleveacutes de proteacuteines et dimportants acides amineacutes (meacutethionine lysine et tryptophane) En combinaison avec des ceacutereacuteales le pois dAngole constitue une alimentation humaine eacutequilibreacutee Aussi sous le nom de pois cajan pois-congo ambrevade ou pwa di bwa en creacuteole Guadeloupeacuteen le pois dAngole est une leacutegumineuse vivace agrave graine cultiveacutee en agriculture pluviale dans les reacutegions tropicales semi-arides httpsfrwikipediaorgwikiPois_d27Angole)

Photo 10 Pois drsquoAngole agrave la maturiteacute des gousses

Les expeacuteriences avec le Pois drsquo Angole ont eacuteteacute surtout obtenues dans lrsquoAndroy ougrave il a eacuteteacute utiliseacute en brise-vent en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute (forecirct de Cajanus) mais surtout a beaucoup contribueacute agrave la seacutecuriteacute alimentaire de cette zone segraveche (RAHARISON T et al 2018) en effet la consommation du pois drsquoAngole est rentreacute dans les habitudes alimentaires de certaines tribus de lrsquoAndroy et se trouve mecircme consommeacute agrave la place du haricot dans les funeacuterailles

Le Pois drsquoAngole est connu pour sa capaciteacute agrave aller chercher lrsquohumiditeacute en profondeur Etant une plante lignifieacutee il aide agrave renforcer la biomasse des autres espegraveces

110 Les crotalaires

Les crotalaires ont eacuteteacute associeacutes au riz pluvial mais sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute un succegraves Cependant les crotalaires ont lrsquoavantage drsquoavoir une biomasse lignifieacutee et qui nrsquoest pas appeacuteteacutee par les animaux Par ailleurs les crotalaires ont des racines profondes qui cherchent lrsquoeau en profondeur

Photo 11 Crotalaria gramihana endeacutemique sur les Hauts Plateaux

2 Les reacutesultats de la recherche

Nous rappelons ici les reacutesultats du site drsquoIvory pour deacutemontrer les capaciteacutes des plantes de

couverture agrave reacutegeacuteneacuterer un sol pauvre infesteacute de striga En effet le sol de ce site un sol ferralitique agrave pH 4 eacutetait abandonneacute par le proprieacutetaire agrave cause de lrsquoimpossibiliteacute drsquoy planter du maiumls et du riz agrave cause du striga

Le site drsquoIvory est situeacute agrave 100 km agrave lrsquoouest drsquoAntsirabe (pregraves de la RN 34 vers Miandrivazo) sur les plateaux de la zone centrale du Moyen Ouest dans le district de Mandoto Commune rurale de Vinany (localisation agrave la fig1) Les systegravemes mis en place ont eacuteteacute baseacutes sur les 3 dispositifs agrave savoir la lutte contre le Striga la diversification des cultures et la collection varieacutetale Les systegravemes de cultures proposeacutees ont eacuteteacute baseacutes sur la mise en place de maiumls en association avec des leacutegumineuses annuelles (vivriegraveres nieacutebeacute soja arachide Vigna umbellata) ou de plantes de couverture (mucuna et Stylosanthes) drsquoune part et la mise en place de plante de couverture fourragegravere (Arachis pintoiuml et Arachis peacuterenne)

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Sur les dispositifs des systegravemes en Agriculture de Conservation sont compareacutes au teacutemoin traditionnel laboureacute avec un minimum drsquointrants F1 (fumier seul agrave 5tha) ou F2 (F1 + 80 kgha de NPK + 25 kgha drsquoureacutee) soit des doses faibles se rapprochant des pratiques paysannes Le traitement en culture pure sans couvert veacutegeacutetal sur labour constitue un teacutemoin commun aux diffeacuterents essais conduits en Agriculture de Conservation (AC) sur reacutesidus ou sur couverture vivante

Figure 1 localisation du site drsquoIvory dans le Moyen Ouest commune de Vinany district de Mandoto

Figure 2 Pluviomeacutetrie par deacutecade sur le site drsquoIvory

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Figure 3 Rendements de riz sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Figure 4 Rendements de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements des systegravemes en Agriculture de Conservation sont nettement plus eacuteleveacutes que ceux obtenus en pratiques traditionnelles Le laquo riz pluvial sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses vivriegraveres raquo est de 37 agrave 47 THa (fertilisation F2) contre seulement 07 agrave 10 tHa sur labour Les systegravemes agrave base de mucuna sont les plus performants Malgreacute une faible pluviomeacutetrie agrave la 3egraveme deacutecade de feacutevrier et agrave la 2egraveme de mars en 2019 les rendements de cette anneacutee nrsquoont pas eacuteteacute affecteacutes ce qui montre bien la reacutesilience des systegravemes en agriculture de conservation sur le changement climatique Les mecircmes observations sont faites sur les rendements du maiumls associeacute

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Ces observations sont reacuteguliegraveres sur de nombreuses anneacutees et montrent qursquoune fois la fertiliteacute restaureacutee avec de fortes biomasses sans labour du sol et avec de faible dose drsquoengrais on aboutit agrave de tregraves bons rendements Lrsquoautre observation importante est la tregraves grande diffeacuterence entre les parcelles laboureacutees et les parcelles non laboureacutees avec les mecircmes doses de fertilisations Ceci srsquoexplique sur le fait que le labour mineacuteralise la matiegravere organique et entraine une perte eacutenorme par lessivage

3 Quels systegravemes pour les Hautes terres

Les systegravemes suivants sont proposeacutes pour large diffusion sur les Hautes Terres Dans le cadre de la diffusion du Projet MANITATRA II on note un fort engouement des paysans pour les systegravemes agrave base de mucuna au vue des premiers reacutesultats obtenus dans les Champs Ecoles Paysans (CEP) et dans les parcelles drsquoapplication des Collegraveges drsquoEnseignement Geacuteneacuteral (CEG) en effet pour la campagne 2019 - 2020 le systegraveme agrave base de mucuna en association avec le maiumls deacuterobeacute dans lrsquoassociation laquo maiumls + haricot raquo ou mecircme en jachegravere de mucuna a connu une adoption importante sur les Hauts terres

31 Le maiumls associeacute au haricot deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la campagne suivante

Le maiumls associeacute au haricot est tregraves courant sur les hautes terres donc agrave la maturiteacute du haricot et mecircme avant la reacutecolte on segraveme le mucuna sur la ligne du haricot La biomasse de maiumls va srsquoassocier agrave celle du mucuna pour constituer un lit de semis pour le riz pluvial sans labour agrave la prochaine campagne Normalement le lit de semis est tregraves peu infesteacute de mauvaises herbes si la biomasse du mucuna arrive agrave couvrir le sol

32 Le maiumls associeacute au soja deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la saison suivante

Comme avec le systegraveme preacuteceacutedent avant la maturiteacute du soja on segraveme le mucuna dans la ligne du soja On peut mecircme le semer agrave la voleacutee

33 Les associations avec lrsquoavoine en vue de production de fourrages

Dans le systegraveme preacuteceacutedent (maiumls + soja) au lieu de semer du mucuna on peut semer de lrsquoavoine qui servira par la suite de fourrage Comme avec le mucuna la parcelle est propre dans un couvert drsquoavoine Le paysan peut preacutelever une partie de la biomasse de lrsquoavoine pour le fourrage

34 Habiller le riz pluvial avec drsquoautres leacutegumineuses

Sur les Hautes Terres une parcelle de riz pluvial qui existe deacutejagrave peut ecirctre habilleacute avec du Pois drsquoAngole ou avec du crotalaire ce qui eacutevitera drsquoavoir une faible biomasse de riz agrave la prochaine campagne Cette pratique a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet MANITATRA II

35 Les embocagements des cultures

Les embocagements de parcelles se feront avec du Tephrosia vogellii une leacutegumineuse tregraves adapteacutee aux reacutegions drsquoaltitude jusqursquoagrave 2000 m Crsquoest aussi un reacutepulsif contre les insectes Cette leacutegumineuse peut pousser tregraves haut jusqursquoagrave 150 m mais on peut aussi la tailler en fin de saison de pluie et les produits de la taille (feuille et rameaux) peuvent ecirctre ajouteacutes agrave la biomasse de la parcelle

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4 Quels systegravemes pour le Moyen Ouest

Le systegraveme phare dans le Moyen Ouest est le systegraveme agrave base de Stylosanthes mais les

systegravemes agrave base de leacutegumineuses annuelles sont aussi deacuteveloppeacutes en parallegravele avec le stylo car les petits paysans avec moins de 1 ha nrsquoont pas envie de srsquoinvestir dans une jachegravere de stylo

41 Le Stylosanthes comme systegraveme phare

Comme deacutecrit plus haut le stylo est la plante de couverture drsquoexcellence pour reacutegeacuteneacuterer les sols deacutegradeacutes Mais contrairement agrave ce qursquoon a veacutehiculeacute comme message auparavant on propose de labourer quand le paysan a envie de revenir aux leacutegumineuses annuelles Cette recommandation est valable notamment pour les petits producteurs ne pouvant pas supporter la jachegravere drsquoune anneacutee Il est important de souligner qursquoune jachegravere de Stylo peut ecirctre planteacutee en maiumls ou en manioc agrave faible densiteacute Par ailleurs la jachegravere de stylo permet aussi de reacutecolter des semences qui sont tregraves demandeacutees actuellement drsquoougrave un compleacutement de revenus important pour le paysan

42 Le maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial

Tous les systegravemes agrave base de maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial ont eacuteteacute testeacutes dans les sites drsquoIvory et peuvent ecirctre diffuseacutes dans le Moyen Ouest ce qui offre un large choix par rapport aux autres reacutegions Il est important de deacuterober du mucuna avec les leacutegumineuses agrave faible biomasse (nieacutebeacute tsiasisa haricot soja)

5 Quels systegravemes au Lac Alaotra

Le Lac Alaotra est connu pour ses grandes surfaces de baiboho et de Riziegraveres agrave Mauvaise Maicirctrise drsquoEau (RMME) ceci agrave cause des fortes eacuterosions des bassins versants reacutesultant drsquoune pluviomeacutetrie violente et de la fragiliteacute du sol drsquoorigine tectonique Dans ces conditions le maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses en rotation avec le riz pluvial est le systegraveme phare sur baiboho et le systegraveme rotation laquo Rizcultures maraichegraveresVesce raquo sur RMME Parmi les leacutegumineuses la

dolique associeacutee au maiumls est agrave privileacutegier car cette plante de couverture est bien adapteacutee dans cette reacutegion

6 Quels systegravemes pour les zones semi-arides de lrsquoAndroy

Le problegraveme essentiel dans lrsquoAndroy est lrsquoeacuterosion eacuteolienne en plus de lrsquoeacuterosion hydrique Crsquoest ainsi que le pois drsquoAngole a eacuteteacute largement utiliseacute en brise-vent mais aussi en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols tregraves deacutegradeacutes par le systegraveme de forecirct de Cajanus

Parmi les leacutegumineuses la dolique est endeacutemique dans la reacutegion mais le mucuna les nieacutebeacutes rampants le konoke (leacutegumineuse endeacutemique du genre Phaseolus sp) sont reacutepandus et bien adopteacutes

Une approche de diffusion par les blocs agro-eacutecologiques a permis une forte adoption de lrsquoAgro-eacutecologie dans lrsquoAndroy seacutedimentaire

7 Quels systegravemes pour le Boeny

Tous les systegravemes deacutecrits plus hauts sont applicables dans le Boeny Il faut noter toutefois la preacutedominance du Vigna radiata (Antsoroko) et nieacutebeacute rampant type Lojomena et du nieacutebeacute type Black Eyes sur les baiboho A cause de la forte eacuterosion des bassins versants dans cette reacutegion les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal sont agrave privileacutegier Un grand effort de formation des intervenants locaux est indispensable

Photo 15 Vigna radiata

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Conclusions

Cet essai de capitalisation est loin drsquoecirctre parfaite Crsquoest un travail qui demande agrave

ecirctre actualiseacute avec le temps Nous nrsquoavons pas couvert toutes les reacutegions mais globalement les systegravemes reposent tous sur les fondamentaux de lrsquoAgriculture de Conservation et de lrsquoAgro-eacutecologie Par ailleurs en plus des formations des intervenants locaux la production de semences de plantes de couverture pose un problegraveme dans beaucoup de reacutegion Il faut noter que le site drsquoIvory et la commune de Vinany ont eacuteteacute une zone de production de semences de couverture pendant de longues anneacutees

Drsquoautres problegravemes qui ne sont pas eacutevoqueacutes dans cet article sont les feux de brousse en saison segraveche et les divagations drsquoanimaux qui diminuent eacutenormeacutement la biomasse laisseacutee sur les sols agrave la prochaine campagne Une prise de conscience collective des paysans semble donner des reacutesultats comme en teacutemoignent les paysans de la commune de Vinany dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra

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Reacutefeacuterences bibliographiques

1 ANCOS 2016 Reacutegistre des espegraveces et varieacuteteacutes exploiteacute dans le systegraveme laquo Semence de Qualiteacute Deacuteclareacutee raquo dans le Sud de Madagascar ANCOS Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche

2 DURRELL 2020 Lrsquointroduction de lrsquoinnovation Agro eacutecologie pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire des communauteacutes aux alentours des Aires proteacutegeacutees (Baie de Baly et Lac Alaotra) et zone humide de Lac Sofia Lot II Y 49 J Ampasanimalo (101) BP 8511 Antananarivo 101 ndash Madagascar httpswwwdurrellorgwildlife httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

3 GSDM 2020 Rapport annuel anneacutee 3 intervention du GSDM dans le Projet PAPAM composante 2 GSDM lot VA 26 Y Ambatoroka ANTANANARIVO 101

4 HUSSON O SEGUY L CHARPENTIER H RAKOTONDRAMANANA MICHELLON R RAHARISON T et al (2013) Manuel pratique du semis direct de Madagascar GSDMCIRADhttpgsdm-mgorgwp-contentfilesManuel_SCV_Mada_V_IntegraleMedpdf

5 RAKOTONDRAMANANA 2019 Rapport de mission de capitalisation dans le PLAE III BOENY 17 au 23 Feacutevrier 2019 PLAE ANALAMAHITSY ANTANANARIVO 101

6 RAKOTONDRAMANANA et al 2018 La rotation ou lrsquoassociation avec le mucuna reacuteduit consideacuterablement les attaques de chenilles leacutegionnaires sur le maiumls Journal de lrsquoAgro-eacutecologie Ndeg7 httpopen-libraryciradfrfiles62385__JAE_NC2B07pdf

7 RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANJAKA J 2016 Rapport de mission de reconnaissance et de diagnostic du Projet SOHAVELO ASARA programme europeacuteen de seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle dans la reacutegion Sud et Sud Est de Madagascar ASARAAINA AVSF Lot VG 25 Antsahabe BP 3149- Antananarivo 101 ndash Madagascar httpopen-libraryciradfr

files62394__Rapport_de_mission_SOHAVELO_VFpdf

8 RAHARISON T et al 2018 Rapport drsquoeacutetude drsquoimpact des pratiques des blocs agro eacutecologiques diffuseacutees dans le cadre du projet HOBA GRET Antananarivo

9 RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019 Diversiteacute et importance des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols dans les exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar Journal de lAgro-eacutecologie Ndeg8 2019 httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

10 h t t p s w w w s u p a g r o f r r e s s - p e p i t e s PlantesdeCouvertureresStylosanthespdf

11 httpsfrwikipediaorgwikiArachis

12 httpsfrwikipediaorgwikiVicia

13 h t t p s f r w i k t i o n a r y o r g w i k i pois_dE28099Angole

14 httpsfrwiktionaryorgwikicrotalaire

15 httpsfrwikipediaorgwikiPois_mascate

16 httpsfrwikipediaorgwikiVigna_unguiculata

17 httpsfrwikipediaorgwikiHaricot_mungo

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SUCCESS STORIES

La technique du lombricompost se diffuse de paysan agrave paysan

Lrsquoutilisation agrave outrance des produits chimiques en tant que pesticides et fertilisants durant lrsquoegravere

de la reacutevolution verte nrsquoavait fait que renforcer les effets du changement climatique sur lrsquoagriculture Hormis son prix eacuteleveacute les engrais de synthegravese solubles laissent toujours des reacutesidus ayant des impacts preacutejudiciables agrave lrsquoenvironnement Dans le cadre de ses projets de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie le GSDM tend agrave former les paysans sur les proceacutedeacutes de fabrication de diffeacuterents types de compost dont le vermicompostage Cela dans lrsquooptique de rendre la production agricole plus durable et plus respectueuse de lrsquoenvironnement Les suivantes sont les teacutemoignages de paysans sur les inteacuterecircts du lombricompostage

Dans la commune rurale drsquoAnkazomiriotra au niveau du village drsquoAmbohitrinibe Fokontany Belanitra Est Madame RABEBINIRINA Minompamonjy David (Mme Mino) fait partie de ces paysans qui ont su tirer profit de lrsquoutilisation du lombricompost

Nrsquoayant pas de zeacutebu nous eacutetions obligeacutes drsquoacheter drsquoeacutenorme quantiteacute de fumiers et drsquoengrais pour fertiliser nos champs Crsquoeacutetait peacutenible vu que notre revenu couvrait difficilement le montant de nos besoins Vers 2013 nous avons assisteacute aux seacuteances de formations et drsquoanimations prodigueacutees par les techniciens travaillant sur le projet pilote Manitatra 1 Apregraves ces formations

ils nous ont fait don de 250g de vers Aujourdrsquohui nous en disposons drsquoau moins 20Kg Les reacutesultats que nous avons obtenus degraves la premiegravere anneacutee drsquoutilisation du lombricompost a eacuteteacute probant Drsquoabord la charge de travail due au transport de fertilisant vers le champ srsquoeacutetait beaucoup amoindri car nous nrsquoavons plus qursquoagrave transporter tout au plus le dixiegraveme du volume de fumier de parc qursquoon utilisait avant En effet 30 agrave 40 kg de lombricompost peut amplement suppleacuteer agrave 2 charrettes de fumier de parc Le sarclage est aussi devenu plus facile car le preacute-compostage a permis drsquoeacuteliminer les graines drsquoadventices qui dlsquohabitude viennent avec les fumiers organiques Ensuite les cultures reacutesistent mieux agrave la segravecheresse et les plantes parasites Par exemple nous avons constateacute que le riz devient plus vigoureux face aux attaques du striga Le rendement est de plus en plus soutenu et les produits maraicircchers sont moins sujets agrave la deacutegradation

La fabrication de lombricompost demande certes une certaine rigueur mais est tout agrave fait agrave la porteacutee de chaque paysan Il vous faut juste preacuteparer du preacute-compost qui servira de nourriture aux vers En plus il est indispensable drsquoarroser et de veacuterifier peacuteriodiquement la tempeacuterature Lrsquoessentiel des travaux consiste agrave seacuteparer les vers des composts mucircrs Il nous arrive encore drsquoacheter du fumier de parc pour servir drsquoappoint au preacute-compost mais ccedila en vaut la peine

Avec notre unique andain nous arrivons agrave produire 600kg de compost par mois

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Nous nrsquoutilisons que le quart de notre production Le reste est vendu agrave des clients qui viennent drsquoun peu partout agrave Madagascar La plus grosse commande que nous avons eue en 2019 eacutetait de 15tonne La production de lombricompost contribue beaucoup agrave nos ressources peacutecuniaire car il nous arrivons agrave lrsquoeacutecouler jusqursquoagrave 1000Ar le kilo

Madame Mino peut ecirctre joint aux numeacuteros suivants 034 19 777 50033 13 412 10

Un autre paysan en la personne de Monsieur RAZAFINDRAKOTO Emilson (Dadakoto) habitant agrave Antanety 2 Commune Antanifotsy a aussi adopteacute le lombricompostage Les suivants sont ses points de vue quant agrave lrsquoutilisation du lombricompost

Nous avons construit le premier andain suite aux seacuteries drsquoanimation-formation effectueacutees par le paysan leader et le technicien du projet Manitatra 2 travaillant dans notre zone Ce premier andain eacutetait devenu productif agrave partir du mois de juin 2019 Je commence juste agrave produire du lombricompost mais jrsquoai deacutejagrave constateacute les reacutesultats sur la bonne veacutegeacutetation de mes maiumls et de mes riz par rapport agrave ce que jrsquoai eu auparavant Afin drsquoaugmenter la production nous avons construit drsquoautres andains et aujourdrsquohui nous en avons 5

Nous avons commenceacute avec 1kg de vers et maintenant nous en avons autour de 60kg Jusqursquoagrave preacutesent ma production est entiegraverement destineacutee agrave lrsquoautoconsommation Nous les utilisons surtout sur nos cultures de tanety comme le riz et le maiumls associeacute aux leacutegumineuses Je trouve qursquoil est plus inteacuteressant drsquoutiliser du lombricompost que de fumier de parc Actuellement je nrsquoutilise presque plus drsquoengrais chimique

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Produit biologique de lutte contre les Chenilles leacutegionnaires drsquoAutomne (CLA) la menace est maitriseacutee un article du Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la pecircche

(Source publication facebook du MAEP le 14 deacutecembre 2019)

Deacutesormais les producteurs de maiumls Malagasy ne devraient plus ecirctre anxieux et inquiets

face agrave la Chenille Leacutegionnaire drsquoAutomne ou CLA La menace est maicirctriseacutee Gracircce aux efforts du Ministegravere de lAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) agrave travers les techniciens de la DPV et de la FOFIFA des diffeacuterents chercheurs de lUniversiteacute dAntananarivo de lEssagro et dexperts africains appuyeacutes par la FAO une souche biologique appeleacutee BT ou Bacillus Thuringiensis a eacuteteacute deacutecouverte Les tests ont deacutemontreacute que cette bacteacuterie naturelle et endeacutemique agrave Madagascar est capable de tuer la CLA Meacutelangeacute agrave 50g de riz blanc elle peut recouvrir 1ha de champ de maiumls

Notons quelle naffecte ni lenvironnement ni la santeacute humaine Madagascar sest aussi doteacute de sa strateacutegie nationale quinquennale de lutte contre la CLA Telles sont parmi les grandes avanceacutees du PROJET DAPPUI DURGENCE Agrave LA MISE EN PLACE DUN SYSTEME DE SURVEILLANCE DE RIPOSTE ET DE LUTTE INTEGREacuteE CONTRE LA CLA meneacute avec lappui technique et financier de la FAO

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Fenetre sur lAgriculture Biologique agrave MadagascarRakotondramanana GSDM

Un projet de loi sur lrsquoAgriculture biologique a eacuteteacute preacutepareacute sur lrsquoinitiative du Syndicat Malgache de lrsquoAgriculture Biologique (SIMABIO) et du MAEP et sera incessamment soumis agrave lrsquoAssembleacutee

Nationale Suite agrave cela un voyage drsquoeacutetude au Maroc et en Tunisie a eacuteteacute reacutealiseacute en vue des perspectives drsquoeacutelaboration drsquoune Strateacutegie Nationale drsquoAppui agrave lrsquoAgriculture Biologique agrave Madagascar (SNABio)

La mission a vu la participation drsquoune deacuteleacutegation conduite par le Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) accompagneacutee du Preacutesident du SIMABIO du projet Coordonnateur National du projet CASEF de lrsquoassistant technique du projet CASEF du repreacutesentant de la recherche (FOFIFA) et du directeur exeacutecutif du GSDM

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Le secteur de lrsquoAgriculture Biologique (AB) agrave Madagascar est en pleine croissance depuis plusieurs anneacutees Repreacutesentant actuellement un chiffre drsquoaffaire annuel de lrsquoordre de 55 Meuro geacuteneacutereacutes par plus drsquoune centaine drsquoentreprises employant 7000 salarieacutes et srsquoapprovisionnant aupregraves de plus de 20 000 agriculteurs le secteur est quasiment exclusivement orienteacute vers lrsquoexportation drsquoune large gamme de produits agricoles beacuteneacuteficiant drsquoune forte typiciteacute (eacutepices fruits tropicaux huiles essentielles cacao crevettes etc) principalement vers lrsquoEurope

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ACTUALITES

les Etats-Unis le Japon (source CASEF) Les produits bio malgaches sont issues drsquoagriculture bio par des entreprises locales mais aussi de la cueillette Compareacute aux autres pays le coucirct de la certification est trop eacuteleveacute agrave cause du manque de concurrence (un seul organisme certificateur agreacuteeacute ECOCERT)

Au Maroc lrsquoAgriculture biologique repreacutesente de lrsquoordre de 60 Meuro drsquoexportation et en Tunisie 205Meuro mais dans ces deux pays on assiste agrave un marcheacute local en cours de progression Le tableau suivant reacutesume lrsquoagriculture Bio dans les deux pays Globalement les produits exporteacutes sont domineacutes par lrsquohuile drsquoOlive bio dans les deux pays

A lrsquoissue de la mission des perspectives pour Madagascar ont eacuteteacute souleveacutees sous forme drsquoenseignements et reacuteflexions bull Creacuteer un dispositif drsquoappui conseil technique et financier ciblant les producteurs et les entreprises

AB en synergie avec les meacutecanismes existants (FDA Banques IMF etc)bull Subventionner la certification =gt Accroitre la concurrence entre organismes de Controcircle et de Certification (OCC) =gt Agreacutement et controcircle effectif de la part des pouvoirs publicsbull Concevoir une strateacutegie ciblant une diversiteacute de filiegraveres prioritaires de maniegravere inclusive par

exemple Exports Filiegraveres inteacutegreacutees eacutecotourisme Filiegraveres courtes laquo petits producteurs raquo au systegraveme de garantie par Certification de Territoire (CT) et Systegraveme Participatif de Garantie (SPG)

bull Mise en place de centres de recherche technique deacutedieacute agrave lrsquoAB reacutepondant agrave la demande (par ex contrat programme recherche - reacutegions - organisations professionnelles)

bull Conceptionmise en œuvre drsquoun dispositif de formation AB avec obligation de modules dans les cursus agricoles

bull Dynamiser la professionnalisation et la structuration des producteurs et des entreprises malgaches dans lrsquoAB

bull Poursuivre lrsquointeacutegration du secteur priveacute (amont et aval) dans les diffeacuterentes laquo aregravenes raquo institutionnelles deacutefinition des strateacutegies conception et pilotage des dispositifs drsquoappui etc

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AGRO-ECOLOGIE EN PHOTO

La mise en place des parcelles dapplication en Agro-eacutecologie a eacuteteacute effectueacutee au niveau des 8

collegraveges de la reacutegion Boeny Les enseignants et eacutelegraveves ont eacuteteacute accompagneacutes et encadreacutes par les ingeacutenieurs agronomes du GSDM et les techniciens locaux

Une repreacutesentante de la deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo a visiteacute les

reacutealisations du GSDM dans le cadre du projet Manitatra 2 De nombreux points inteacuteressants pouvant ecirctre valoriseacutes dans le cadre dune future coopeacuteration ont eacuteteacute souleveacutes En attendant certaines observations seront agrave partager au cours dun eacuteveacutenement de la Commission europeacuteenne qui se tiendra courant de la 3egraveme semaine du mois de feacutevrier 2020 agrave Bruxelles

Le GSDM maitient lappui technique des 12 eacutetablissements beacuteneacuteficiaires de linteacutegration

de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire dans le Vakinankaratra Il sagit des 6 eacutecoles pilotes PAPAM et des 6 autres extensions reacutealiseacutees dans le cadre du projet MANITATRA 2 Pour lanneacutee scolaire 2019-2020 la mise en place des cultures de grande-saison la mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique ainsi que les suivis reacuteguliers des tehcniciens ont eacuteteacute reacutealiseacutes Quelques enseignants du CEG de Vinany du CEG de Betafo ont mecircme beacuteneacuteficieacutes dune formation de recyclage

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Mise en place de la parcelle dapplication en Agro-eacutecologie au niveau du CEG Mariarano Boeny

Visite des reacutealisations du GSDM projet MANITATRA 2 par une repreacutesentante de la

deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo

Mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique aux 12 eacutetablissements du

Vakinankaratra

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AVRIL 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull RAKOTO HERIMANDIMBY Reneacute - Superviseur de zone du Sud-Est Projet PAPAMbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo AGRISUD- membre du GSDMRubrique laquoDossierraquo GSDMRubrique laquoRechercheraquo Dp SPAD - Partenaire technique du GSDM Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA 2)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth avril 2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

CALENDRIER DIVERS CONTACTS

Site WebFacebook

Teacutel (261 20) 22 200 46 agrave 48Fax (261 20) 22 347 94

afdantananarivoafdfr

23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

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- Mission de suivi du Comesa les 16 et 17 mars 2020- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020 - Formation CSAFRDA Makanara du 25 au 28 mars 2020

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Emission FIVOHY sur la RNM Tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Deuxiegraveme session de formation des enseignants Boeny du 07 au 10 Avril 2020- Formation des parents deacutelegraveves collegravege Boeny preacutevue durant la semaine du 20 Avril 2020- Visite-eacutechange inter-reacutegional des enseignants parents et elegraveves preacutevue en fin du mois dAvril 2020

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ANNEE 2020

Page 18: Edition trimestrielle N° 9 / 2020

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RECHERCHES

Pour les eacutechanges sous forme de troc la fumure organique est eacutechangeacutee contre du travail (travail manuel ou prestation par exemple labour ou transport) contre de la paille de riz ou autres matiegravere organique (certainement pour produire du fumier) des semences (de riz ou maiumls) etc Les dons sont faits aux membres de la famille (le plus souvent des parents vers les enfants) mais aussi au meacutetayer voire agrave des voisins moins bien doteacutes Il y a donc un marcheacute de la fumure organique entre EAF drsquoune zone donneacutee mais aussi avec des EAF ou drsquoautres deacutetenteurs dans des zones plus eacuteloigneacutees Ainsi agrave Arivonimamo quelques EAF ont pu acqueacuterir des deacutechets urbains et beaucoup ont acheteacute du fumier en provenance drsquoeacutelevages speacutecialiseacutes

Tableau 5 Prix moyen en Ariary drsquoune charrette de fumure organique

Mandoto ArivonimamoNbre PU moyen Nbre PU moyen

Fumier de zeacutebu 179 5 809 225 16 158Fumier meacutelangeacute 49 4 837 88 13 286Fumier de porc 5 36 000 115 41 137Fumier de volaille 3 25 000 80 49 283Compost 8 18 333Zezi-pako 29 4 500

Les prix pour une charrette1 sont tregraves diffeacuterents entre les deux zones Et on peut penser qursquoagrave Arivonimamo le marcheacute de la fumure organique est laquo tendu raquo avec une forte demande et peu de fumure localement commercialiseacutee pour y reacutepondre Cette situation a des conseacutequences sur les prix avec comme lrsquoindique le Tableau 5 des prix tregraves eacuteleveacutes agrave Arivonimamo environ 3 fois plus eacuteleveacutes qursquoagrave Mandoto Ces prix ont eacuteteacute calculeacutes agrave partir des deacuteclarations de vente ou drsquoachat par les producteurs Lrsquoeffectif (Nbre) est le nombre de charrettes sur lequel a eacuteteacute calculeacute le prix moyen La part des achats est bien sucircr beaucoup plus eacuteleveacute et le plus souvent ce prix inclut le transport ce qui nrsquoest pas un eacuteleacutement neacutegligeable notamment agrave Arivonimamo ougrave la fumure provient drsquoeacutelevages relativement eacuteloigneacutes La charrette de fumier de porc ou de volaille est nettement plus chegravere que le fumier de zeacutebus ou de fumier meacutelangeacute Mais ce sont ces deux types de fumier qui sont les plus commerceacutes en quantiteacute

On notera que le pourcentage des EAF qui achegravetent est nettement supeacuterieur agrave celui des EAF qui vendent Les eacutechanges pourraient srsquoeacutequilibrer au niveau du territoire (le fokontany) par les quantiteacutes avec des EAF qui vendraient de grandes quantiteacutes et des EAF qui achegraveteraient de petites quantiteacutes En fait dans notre eacutechantillon (tireacute au sort et donc avec autant de chances de tirer un vendeur qursquoun acheteur) les eacutechanges ne srsquoeacutequilibrent pas et les quantiteacutes vendues ne repreacutesentent que 38 des quantiteacutes acheteacutees agrave Mandoto et seulement 22 agrave Arivonimamo Ainsi globalement les EAF achegravetent des fumures organiques agrave des exploitations agricoles drsquoautres fokontany et ceci est particuliegraverement reacutepandu agrave Arivonimamo avec des EAF qui achegravetent aux eacutelevages de poulets de chair de poules pondeuses ou de porcs proches de la ville drsquoImerintsiatosika

1 Aucune information nrsquoa eacuteteacute collecteacutee sur le poids des charrettes car le travail aurait eacuteteacute trop lourd agrave reacutealiser Ce poids deacutepend du niveau de remplissage mais aussi et beaucoup de la qualiteacute de la fumure organique Comme deacutejagrave indiqueacute pour faire les conversions nous avons utiliseacute le poids de 250 kg par charrette pour couvrir tous les types de fumure et eacuteviter les surestimations Certains pourront consideacuterer ce poids comme sous-estimeacute

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Figure 2 Evolution de la fumure moyenne produite par EAF

La fumure produite dans une EAF nrsquoest pas la fumure disponible celle-ci eacutevolue en fonction

des eacutechanges La Figure 2 preacutesente la situation moyenne drsquoune EAF selon la zone On constate que la quantiteacute de fumure disponible pour les cultures (apregraves entreacutees et sorties) est en moyenne plus importante que la fumure produite (voir aussi Tableau 6) Ainsi agrave Arivonimamo la fumure disponible passe agrave 29 tonnes par EAF alors que la quantiteacute produite est de lrsquoordre de 22 tonnes A Mandoto lrsquoeacutecart nrsquoest pas si important mais reste significatif avec respectivement 21 et 19 tonnesAinsi on peut deacuteduire de ces donneacutees que la strateacutegie des EAF est drsquoaugmenter la production de fumure organique sur lrsquoEAF (eacutelevage compost) mais aussi drsquoaugmenter la fumure organique disponible pour fertiliser les parcelles en achetant sur le marcheacute ou en srsquoapprovisionnant agrave travers

des eacutechanges non marchands Et cette strateacutegie est particuliegraverement dominante agrave ArivonimamoMais ces tendances geacuteneacuterales cachent de fortes dispariteacutes Ainsi les 3 EAF qui nrsquoavaient pas produit de FO en ont obtenu par achat et troc mais 4 EAF ont ceacutedeacute toute leur fumure organique Ainsi il y a toujours environ 1 de lrsquoeacutechantillon qui nrsquoa pas de FO disponible

32 Quantiteacutes disponibles et variabiliteacute

Ainsi lrsquoEAF moyenne a augmenteacute sa disponibiliteacute en FO dans les deux zones

(Figure 2 et Tableau 6) La composition (Figure 4) a eacutevolueacute par rapport agrave la FO produite (Figure 1) et ceci plus particuliegraverement agrave Arivonimamo Dans cette zone la part du fumier meacutelangeacute a fortement diminueacute (passant de 47 agrave 33) comme mais dans une moindre mesure celle du fumier bovin et ce sont les fumiers agrave base de deacutejections de porcs ou de fiente de volaille qui ont fortement progresseacute passant de 8 agrave 16 On note eacutegalement la progression du type autre FO qui est passeacute de 3 agrave 6 en lien avec lrsquoacquisition de deacutechets ou boues urbaines

Figure 3 Composition de la quantiteacute moyenne de fumure organique disponible par EAF selon les zones

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A Mandoto les changements sont mineurs et concernent la reacutepartition entre fumier meacutelangeacute et fumier bovin ce dernier type progresse au deacutetriment du fumier meacutelangeacute Ceci srsquoexplique par le fait que les eacutechanges et en particulier moneacutetaires concernent le fumier de bovin et peu le fumier meacutelangeacute

Mais mecircme si on enregistre quelques eacutevolutions ce sont toujours le fumier de bovin et le fumier meacutelangeacute qui sont les fumures organiques les plus importantes car ils repreacutesentent plus de 70 des quantiteacutes moyennes disponibles au niveau de lrsquoEAF moyenne

Comme pour la fumure produite la fumure disponible par EAF est tregraves variable La variabiliteacute a mecircme augmenteacute avec des coefficients de variation autour de la moyenne un peu plus eacuteleveacutes pour la FO disponible Mais le recours au marcheacute et les eacutechanges non marchands ont fait fortement eacutevoluer la reacutepartition de la fumure organique entre les EAF La Figure 4 illustre ces eacutevolutions contrasteacutees selon les zones

Figure 4 Evolution de la reacutepartition des EAF et de la FO selon des classes de quantiteacutes de FO produite et disponible en tonnes

A Mandoto lrsquoeacutevolution nrsquoest pas tregraves importante les pourcentages drsquoEAF progressent en mecircme temps que les classes de quantiteacute de FO mais de maniegravere tregraves modeacutereacutee Le recours aux eacutechanges nrsquoentraicircne pas de modification spectaculaire dans le profil des graphiques que cela soit pour la reacutepartition des EAF ou pour la reacutepartition de la FO la part des EAF avec moins 05 tonne diminue de 18 agrave 15 et crsquoest la classe de 05 agrave 15 tonnes qui progresse de 3 la part des EAF les mieux pourvues (plus de 5 tonnes) progresse mais tregraves faiblement aussi

A Arivonimamo les changements sont beaucoup plus importants La part des EAF avec moins de 05 tonne diminue pour passer de 22 avec la fumure produite agrave seulement 9 pour la fumure disponible Ainsi la plus grande partie des EAF les moins pourvues se sont procureacutees de la FO sur le marcheacute ou par le troc car pour les cultures maraichegraveres il est indispensable drsquoavoir de la fumure organique Et ce sont les classes avec de plus grandes quantiteacutes de FO qui ont progresseacute de maniegravere remarquable

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les EAF avec plus de 3 tonnes sont passeacutees de 25 agrave 42 et la fumure que cumulent ces EAF est passeacutee de 58 agrave 73 La progression tregraves forte des EAF les mieux pourvues srsquoest tout de mecircme traduite par une concentration au niveau de ces EAF

33 Quantiteacute de fumure organique et surface

Lrsquoimportance de la fumure organique drsquoune EAF ne peut ecirctre appreacutecieacutee qursquoen fonction de la superficie agrave cultiver qui elle-mecircme deacutepend de la Surface Agricole Utile disponible par EAF Celle-ci varie selon la zone avec environ 15 ha agrave Mandoto et 09 ha agrave Arivonimamo

Tableau 6 Superficie et quantiteacutes moyennes par EAF

Variables par EAF Mandoto Arivonimamo

Moyenne CV Moyenne CVSAU (ha) 148 88 091 82FO produite (tonne) 187 90 218 92

FO disponible (tonne) 213 102 290 78

FO disponible (tonneha) 169 84 367 66

La quantiteacute de fumure disponible est en relation lineacuteaire avec la SAU les coefficients de correacutelation entre ces deux variables sont relativement eacuteleveacutes avec +076 agrave Mandoto et +059 agrave Arivonimamo et significatifs agrave 001 Dans les deux zones ces coefficients sont supeacuterieurs agrave ceux qui lient les variables de cheptel (nombre de bovins et valeur totale du cheptel) et les variables de SAU ainsi on peut en deacuteduire que cette relation entre quantiteacute de FO et surface nrsquoest pas seulement fonction des animaux disponibles mais bien dlsquoune strateacutegie des EAF une laquo strateacutegie de construction de la fertiliteacute raquo des sols (NrsquoDieacutenor et al 2011)

Figure 5 Nuages de points entre SAU et FO disponible pour chaque zone

Quand on ramegravene la quantiteacute de fumure organique disponible par ha de SAU la zone Arivonimamo apparaicirct nettement mieux pourvue avec pregraves de 35 t ha de SAU alors qursquoagrave Mandoto ougrave les EAF ont moins de FO disponible et plus de surface la moyenne est de 21 tonneha

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Les graphiques en nuage de points mettent en eacutevidence cette relation Les coefficients Rsup2 ne sont pas tregraves eacuteleveacutes ce qui signifie que la SAU disponible agrave elle seule nrsquoexplique pas tregraves bien la variabiliteacute observeacutee A Mandoto il y a quelques points atypiques (par exemple un producteur avec une superficie assez faible et beaucoup de fumure parce que le cheptel est important) mais la reacutegression semble repreacutesenter assez bien la situation la FO disponible est eacutegale agrave 125 fois la SAU + 03 tonnes

A Arivonimamo la reacutepartition des points est assez atypique et il semble exister deux groupes de producteurs avec des strateacutegies diffeacuterentes le premier en rouge dans le graphique vise une quantiteacute importante de FO par uniteacute de surface (35 fois la superficie plus 125 tonnes) alors que le second se rapproche de la situation de Mandoto et semble rechercher une quantiteacute de FO qui repreacutesente 15 fois la SAU + 01 tonne

Pour expliquer ces diffeacuterences entre les deux groupes il faut rechercher du cocircteacute des cultures pratiqueacutees avec pour le premier groupe des surfaces en cultures maraichegraveres plus importantes et avec pour le second un assolement beaucoup plus traditionnel (ces aspects seront analyseacutes dans le prochain article)

Ces quantiteacutes moyennes semblent cependant insuffisantes pour renouveler la fertiliteacute des sols cultiveacutes car selon les travaux de P Garin meneacutes il est vrai dans la zone du Lac Alaotra il faudrait 4 tonneshaan en moyenne de fumier pailleux neacutecessaire (Garin 1998 citeacute par Dubois 2004) pour restituer au sol la bonne quantiteacute de matiegravere organique contrebalanccedilant la mineacuteralisation de la matiegravere organique due aux cultures

Mais nombre de producteurs notamment dans la zone dArivonimamo ajoutent agrave la fumure organique des engrais mineacuteraux Ce point sera traiteacute dans le prochain numeacutero de JAE avec un article sur les strateacutegies drsquoutilisation de la fumure organique et mineacuterale

34 La qualiteacute fertilisante des fumiers

Dans le cadre du mecircme projet de recherche Secure des eacutechantillons de fumures

organiques destineacutees agrave la culture de riz pluvial ont eacuteteacute preacuteleveacutes dans 40 fermes de reacutefeacuterence (20 dans chacune des zones) pour la campagne culturale 2018-2019 Une quantiteacute drsquoenviron 700 cm3 a eacuteteacute preacuteleveacutee sur les parcelles au moment de la mise en place de la culture du riz Ces eacutechantillons ont eacuteteacute analyseacutes et les reacutesultats donnent une indication de la qualiteacute moyenne des fumiers produits et utiliseacutes dans les zones

Tableau 3 Qualiteacute des fumiers utiliseacutes (en de la matiegravere segraveche)

Zone pH N P KMandoto 86 11 03 18Arivonimamo 82 10 07 13

Avec des pH supeacuterieurs agrave 8 les fumiers permettent de corriger laciditeacute des sols (qui ont souvent des pH de deacutepart autour de 5) par leur pouvoir alcalinisant et dameacuteliorer dans la dureacutee les sols pour les rendre plus favorables aux cultures exigeantes comme le maiumls le soja le haricot les cultures maraichegraveres etc

La qualiteacute selon les trois principaux eacuteleacutements (N=Azote P=Phosphore et K=Potassium) peut ecirctre ainsi commenteacutee

bull N les teneurs moyennes en azote sont plutocirct faibles dans les 2 zones mettant en lumiegravere la neacutecessiteacute de mieux conserver cet eacuteleacutement tregraves mobile par dallage couverture rajout de pailles de riz ou de fanes de leacutegumineuse pour stockage de lurine Toutes les plantes ont besoin drsquoazote

bull P une teneur en phosphore nettement plus eacuteleveacutee agrave Arivonimamo en raison dassociations de deacutejections agrave base de volaille et de porc (dont une partie est acheteacutee voir infra) Mais ces teneurs sont faibles alors que lrsquoinsuffisance des sols en phosphore est tregraves souvent un des principaux facteurs limitant pour les cultures

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La FO avec ses faibles teneurs en P est de maniegravere geacuteneacuterale insuffisante pour lever ce facteur limitant

bull K les teneurs en potassium sont relativement eacuteleveacutees dans les deux zones par concentration des pailles par lrsquoajout de cendres de balles de riz ou de balles de riz en lrsquoeacutetat Le potassium est important notamment pour les cultures fruitiegraveres et maraicircchegraveres

Pour appreacutecier la qualiteacute en terme de nutrition des plantes on peut comparer les apports du fumier agrave ceux drsquoun engrais NPK 112216 (utiliseacute couramment dans la reacutegion) Le fumier moyen entre les deux reacutegions agrave des teneurs que lrsquoon peut arrondir agrave 1N 05P 15K en matiegravere segraveche (MS) ainsi en faisant simplement le rapport avec les des analyses 1 kilogramme drsquoengrais eacutequivaut pour N agrave 11 kgfumier MS pour P agrave 44 kgfumier MS et pour K agrave 11 kgfumier MS

Pour se rapprocher des pratiques paysannes il faut faire la comparaison avec des matiegraveres fraicircches et en uniteacute traditionnelle Les eacutequivalences utiliseacutees sont les suivantes le poids en MS eacutequivaut agrave 50 du poids en matiegravere fraiche une charrette de fumure organique pegravese1 250 kg Ainsi une charrette de fumier de faible qualiteacute eacutequivaut pour N agrave 11 kg pour P agrave 3 kg et pour K agrave 12 kg de lrsquoengrais NPK (112216) utiliseacute pour la comparaison

Si on fait la comparaison en termes de prix avec le kilogramme drsquoengrais agrave 2 200 Arkg (prix de 2019) et une charrette agrave 10 000 Ar lrsquouniteacute fertilisante coucircte avec lrsquoengrais environ 4 500 Ar et 2 700 Ar avec la charrette de fumier Ainsi lrsquoapport de FO est nettement plus inteacuteressant sur le plan eacuteconomique et ceci drsquoautant plus que la fumure est autoproduit valorisant ainsi lrsquoeacutelevage

1 Comme deacutejagrave indiqueacute le poids de la charrette varie for-tement selon le volume de remplissage et la qualiteacute du fumier Avec du fumier de bonne qualiteacute une charrette peut peser 400 kg voire plus mais avec du fumier de mauvaise qualiteacute ou du zezi-pako le poids peut descendre nettement en dessous des 250 kg Pour prendre en compte lrsquoensemble des types de fumure or-ganique nous avons adopteacute le poids moyen de 250 kgcharrette (notamment en reacutefeacuterence agrave Saint-Andreacute et al 2016)

etou le travail familial Cet amendement a aussi de nombreuses autres qualiteacutes que nrsquoa pas lrsquoapport drsquoengrais mineacuteraux avec des effets sur la structure et la faune du sol lrsquoapport drsquoeacuteleacutements fertilisants secondaires et des utilisations agronomiques inteacuteressantes (par exemple pour ameacuteliorer la leveacutee des cultures)

Ces calculs ont eacuteteacute faits avec des reacutefeacuterences moyennes plutocirct deacutefavorables agrave la FO (notamment le poids de la charrette) or les possibiliteacutes drsquoameacutelioration de la qualiteacute et de la quantiteacute du fumier produit sont nombreuses (Salgado et Tillard 2012) avec des effets positifs sur la productiviteacute de la terre et du travail (Marline 20152) Dans le cadre des fermes de reacutefeacuterence sur les deux zones des agriculteurs appuyeacutes par les ONG faisant la promotion de lrsquoagroeacutecologie se sont engageacutes dans un processus dameacutelioration des fumures organiques et peuvent ecirctre des reacutefeacuterents pour la diffusion des techniques

4 Conclusions et implications pour le deacuteveloppement

La fumure organique disponible dans une EAF est fonction des quantiteacutes produites (en

moyenne 217 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 187 tonnes dans le MO du Vakinankaratra) en lien avec les animaux drsquoeacutelevage et les pratiques de compostage Mais pas seulement car le recours au marcheacute ou au eacutechanges non marchands font eacutevoluer de maniegravere significative agrave la fois les quantiteacutes disponibles par EAF mais aussi la qualiteacute et la reacutepartition entre les EAF La FO moyenne disponible est de 29 tonnes par EAF agrave Arivonimamo et 21 tonnes dans le MO du Vakinankaratra Rameneacutee agrave la SAU la quantiteacute de FO disponible est 367 tonnes par ha agrave Arivonimamo et 169 tha agrave Mandoto

2 Apregraves avoir enquecircteacute trente exploitations agricoles de la reacutegion Vakinankaratra Marline conclut que laquo lrsquoadoption des pra-tiques drsquoameacutelioration de la qualiteacute du fumier ne se traduit pas par une augmentation significative du coucirct de production du fumier notamment en raison des eacuteconomies drsquoeacutechelle dans la fabrication du fumier de qualiteacute En utilisant les reacutesultats des expeacuterimenta-tions de BIOVA lrsquoeacutepandage du fumier ameacutelioreacute sur les parcelles augmenterait la productiviteacute agricole de la terre de 27 et la pro-ductiviteacute globale du travail de 23 raquo (Marline 2015)

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Les produits ajouteacutes au fumier sont nombreux et la production de compost traditionnel ou laquo moderne raquo est reacutepandue

Ainsi que cela soit en termes de pourcentage drsquoEAF inteacuteresseacutees ou en termes de motivation il y a dans ces deux zones une base solide de pratiques et de connaissances paysannes sur laquelle peut srsquoappuyer la vulgarisation de lrsquoameacutelioration de la quantiteacute et de la qualiteacute du fumier et la production de compost

La recherche a commenceacute agrave analyser la diversiteacute de ces pratiques et leurs effets sur la production Un grand nombre de matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et animales sont recycleacutees et les premiers reacutesultats montrent drsquoimportantes synergies entre elles avec des associations courantes avec les engrais

La theacutematique de la fertilisation organique est importante pour les agriculteurs de ces zones Parmi diffeacuterentes pratiques agroeacutecologiques lrsquoutilisation des FO est assez geacuteneacuteraliseacutee et les agriculteurs adoptent via ces pratiques des strateacutegies de gestion de la fertiliteacute (cf paragraphe 33) Dans cette optique les accompagnements et renforcements de la part des acteurs du deacuteveloppement rural nous semblent tregraves pertinents en matiegravere drsquoaugmentation en quantiteacute et en qualiteacute Les reacutefeacuterences drsquoameacutelioration existent deacutejagrave (Salgado et Tillard 2012 Rasolofo et al 2018) Des plantes ameacuteliorantes peuvent ecirctre eacutegalement utiliseacutees agrave lrsquoeacutechelle des EAF ou du territoire On peut citer les plantes reacutepulsives qui ameacuteliorent les FO dans la lutte contre les insectes (cf reacutefeacuterences du GSDM) les Tithonia qui apportent une quantiteacute significativement importante de K compareacutes agrave diffeacuterents types de fumiers (Olabode et al 2007) etc

Lrsquoeacutetude reacutevegravele eacutegalement que lrsquoutilisation des fumiers meacutelangeacutes provenant de plusieurs espegraveces drsquoanimaux drsquoeacutelevage est une pratique courante des agriculteurs dans les deux zones Lrsquoameacutelioration des conduites drsquoeacutelevage dont lrsquoalimentation la santeacute ou lrsquohabitat pourrait ainsi ecirctre une autre faccedilon de rehausser la qualiteacute fertilisante des FO encore consideacutereacutee comme faible Lrsquoameacutelioration

dans ce cas devrait concerner de plus en plus les animaux agrave cycle court tels que les volailles etou les porcs En fait crsquoest parce que lrsquoeacutelevage bovin est menaceacute par les vols alors que les EAF ont toutes au moins des volailles au sein de leur exploitation

Les agriculteurs savent que la fumure organique est la base pour une bonne gestion de la fertiliteacute des sols qursquoelle permet drsquoameacuteliorer lrsquoefficience des engrais apporteacutes et qursquoelle peut aussi jouer un rocircle de leveacutee de certaines deacuteficiences De nouveaux enjeux apparaissent comme pour le compost avec la disponibiliteacute en matiegraveres premiegraveres veacutegeacutetales et un besoin de reacutefeacuterentiel technico-eacuteconomique pour faire eacutevoluer la production de zezi-pako vers un compost avec plus de qualiteacutes fertilisantes

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Les plantes de services en Agro-eacutecologie les rotations et successions des cultures leccedilons apprises du GSDM

Rakotondramanana Raharison T Randriamitantsoa M Moussa N Razanamparany C Tokiherinionja TF Sandratriniaina R R

Randriamiarana V Razaka M

Introduction

Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale les paysans pratiquent toujours des associations de cultures mais

pour la plupart il srsquoagit drsquoassociation laquo gramineacutee ndash gramineacutee raquo qui ne contribue pas du tout agrave la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols Dans le district de Mandoto par exemple lrsquoassociation maiumls + riz pluvial (41 des surfaces) manioc + maiumls (19 des surfaces) maiumls + arachide (10 des surfaces) sont les plus dominantes (RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019) A part lrsquoassociation avec lrsquoarachide ces associations nrsquoont pas beaucoup drsquointeacuterecirct dans la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et devraient changer en association gramineacutees - leacutegumineuses en utilisant les plantes de couverture agrave forte capaciteacute de reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols en plus de leurs proprieacuteteacutes eacuteprouveacutees en tant que plantes de services Lrsquoassociation du maiumls avec le haricot est tregraves courante aussi bien sur les Hautes Terres que dans le Moyen Ouest crsquoest une association ougrave lrsquoon a deux cultures alimentaires en mecircme temps mais la biomasse de la leacutegumineuse le haricot se mineacuteralise tregraves vite et nrsquoest plus visible apregraves la saison segraveche De mecircme lrsquoassociation du maiumls avec le soja est aussi tregraves freacutequent sur les Hautes Terres et surtout sur les sols volcaniques drsquoAntsirabe et de Betafo mais comme le haricot le soja se mineacuteralise tregraves vite et ne contribue pas beaucoup agrave la biomasse

Le but principal de cet article est de rappeler les principales plantes de couvertures en compleacutetant avec les acquis du GSDM dans les principales reacutegions de Madagascar ceci par rapport aux donneacutees du Manuel pratique du semis direct de Madagascar (HUSSON O et al 2013) un travail collectif sous la houlette drsquoOlivier HUSSON ougrave nous avons largement contribueacute et dont les principales informations ont eacuteteacute soit actualiseacutees soit compleacuteteacutees

Brefs aperccedilus des principales plantes de couvertures ou drsquoembocagement des parcelles

11 Le mucuna

Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos pruriens) est une plante annuelle quon retrouve dans les reacutegions tropicales de lInde et de lAfrique Le mucuna est surtout connu pour ses vertus en meacutedecine (plante revitalisante et aphrodisiaque action sur la production de testosteacuterone de dopamine etc) mais ses proprieacuteteacutes en agronomie nrsquoont eacuteteacute que tregraves peu documenteacutees ou sont resteacutees inconnues Pourtant cette leacutegumineuse a un tregraves grand inteacuterecirct en agronomie

Photo 1 Une bonne biomasse de mucuna

111 Une leacutegumineuse pour la reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols et la lutte contre le striga

Dans le site drsquoIvory sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements du riz pluvial sur reacutesidus de maiumls + Mucuna varient de 468 agrave 485 tha en F1 et de 5 agrave 536tha en F2 et les rendements de maiumls en association avec le Mucuna varient de 44 agrave 487 tha en F1

1 et de 53 agrave 56tha en F2

2 Ces rendements repreacutesentent 3 agrave 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert veacutegeacutetal) avec les mecircmes doses de fertilisation (GSDM 2020)

1 F1 5 tha de fumier de ferme

2 F2 F1 + 80 kgha de NPK 11- 22 ndash 16 et 25 kg ha drsquoureacutee

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Ce systegraveme bisannuel en agriculture de conservation permet drsquoobtenir des rendements stables de la production de riz et de maiumls associeacute Cette capaciteacute des systegravemes agrave base de mucuna sur le rendement en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes observeacutee sur plusieurs anneacutees justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans et dans les eacutecoles (CEG) appuyeacutees par le GSDM

112 Une leacutegumineuse pour lutter contre les mauvaises herbes

Photo 2 Apregraves une biomasse de mucuna (jachegravere de mucuna en haut et biomasse de mucuna associeacute avec du maiumls en bas) pas de

mauvaises herbes pour la culture suivante

113 Un reacutepulsif contre les insectes et mecircme contre drsquoautres ravageurs des cultures

Contrairement aux autres leacutegumineuses comme le nieacutebeacute (Vigna unguculata) le haricot le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa) le mucuna nrsquoest pas attaqueacute par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles leacutegionnaires drsquoautomne (Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al 2018) LrsquoONG DURRELL qui a introduit des

associations agrave base de mucuna dans les aires proteacutegeacutees a pu observer que le mucuna limite aussi les attaques de sangliers (DURRELL 2020) Les varieacuteteacutes noires type Garadake du CTAS ou marbreacute existent mais il semble que la varieacuteteacute noire est la plus appreacutecieacutee

12 Le nieacutebeacute eacuterigeacute

Le nieacutebeacute (Vigna unguiculata subsp unguiculata) est une sous-espegravece veacutegeacutetale du Vigna unguiculata originaire drsquoAfrique Probablement introduit en Ameacuterique tropicale au XVIIegraveme siegravecle par les Espagnols le nieacutebeacute est aujourdhui largement cultiveacute dans le Sud des Eacutetats-Unis aux Caraiumlbes et au Breacutesil et bien sucircr en Afrique Les observations faites sur de longues anneacutees montrent que le nieacutebeacute eacuterigeacute David est adapteacute agrave tous les types de sols dans tous les milieux agrave Madagascar Sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute proposeacutee dans les zones humides de la Cocircte Est uniquement agrave cause de problegraveme de production de semences Comme le haricot crsquoest une leacutegumineuse alimentaire agrave cycle court mais qui exige des traitements insecticides freacutequents

Photo 3 Nieacutebeacute eacuterigeacute cv David CEG Antokofoana

Sa biomasse peu lignifieacutee se deacutegrade tregraves vite et demande agrave ecirctre associeacutee avec une biomasse lignifieacutee comme celle du maiumls ou du sorgho

Madagascar est connu pour sa production de nieacutebeacute type laquo Black eyes raquo exporteacute vers plusieurs pays mais surtout vers lrsquoinde Crsquoest la reacutegion drsquoAmbato Boeny sur les baiboho du Betsiboka qui est la reacutegion de production la plus importante

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13 Les nieacutebeacutes rampants

Les nieacutebeacutes rampants sont des varieacuteteacutes locales seacutelectionneacutes par les paysans sur de longues anneacutees en geacuteneacuteral dans les zones segraveches comme le Sud Malgache La varieacuteteacute SPLF2 seacutelectionneacutee par lrsquoONG TAFA dans la reacutegion du Sud-Ouest renommeacute actuellement FARIMASO par le CTAS ou la varieacuteteacute BABOKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy sont des exemples de nieacutebeacute rampant (ANCOS 2016) Les nieacutebeacutes rampants existent en nombre important dans les zones segraveches mais ne sont pas toutes exploiteacutees Leur gros avantage dans le couvert veacutegeacutetal reacuteside dans leur biomasse tregraves lignifieacutee donc ne se mineacuteralise pas trop vite En plus ils sont tregraves adapteacutes dans tous types de sols en zones segraveches comme ici sur la photo que nous avons prise agrave Tsihombe sur sol tregraves sableux en 2016 une anneacutee tregraves segraveche dans le Sud (RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANAJAKA J 2016

Photo 4 Nieacutebeacute rampant sur sable roux Imongy Tsihombe 2016 peacuteriode tregraves segraveche

dans le Sud

14 Le Vigna radiata

Le Vigna radiata ou Antsoroko est une leacutegumineuse comestible par lrsquohomme au mecircme titre que les nieacutebeacutes Un exemple de ce type de leacutegumineuse est la varieacuteteacute MORAMASAKE seacutelectionneacutee par le CTAS dans lrsquoAndroy (ANCOS 2016) Les Antsoroko sont cultiveacutes par les paysans ou sont endeacutemiques dans les reacutegions de lrsquoAndroyAnosy dans le Sud-Ouest dans les bassins seacutedimentaires du Menabe du Boeny et du Nord-Ouest donc il y a une grande possibiliteacute de seacutelection de varieacuteteacutes dans les populations existantes Dans le Boeny nous

avons pu identifier une varieacuteteacute drsquoAntsoroko agrave forte biomasse qui srsquoassocie bien avec le maiumls (RAKOTONDRAMANANA 2019)

Photo 5 Antsoroko Bongomena Commune Rurale Marovoay

15 La dolique

Le lablab (Lablab purpureus syn Dolichos lablab L Dolichos purpureus L) eacutegalement appeleacute pois antaque (ou Antaka en Malgache) ou dolique dEacutegypte est une espegravece de leacutegumineuse de la famille des Fabaceae qui est largement reacutepandu comme plante alimentaire dans les reacutegions tropicales notamment en Afrique Plante alimentaire traditionnelle en Afrique ce leacutegume peu connu preacutesente un potentiel inteacuteressant pour ameacuteliorer la nutrition renforcer la seacutecuriteacute alimentaire favoriser le deacuteveloppement rural et soutenir lameacutenagement durable du territoire Dans lrsquoAndroy la dolique est torreacutefieacutee pileacutee au

Photo 6 Dolique photo sur internet

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mortier avec le maiumls et sert de repas riche pour beaucoup de communauteacute

A Madagascar la dolique est geacuteneacuteralement cultiveacutee dans les reacutegions infeacuterieures agrave 1200 m drsquoaltitude (HUSSON O et al 2013) mais pas partout A part lrsquoAndroy et les bassins seacutedimentaires de lrsquoOuest et du Nord-Ouest la dolique se cultive sur les baiboho de la rive Est du Lac Alaotra La dolique donne une biomasse lignifieacutee qui associeacutee avec celle du maiumls creacutee un excellent lit de semis du riz pluvial agrave la prochaine campagne sur la base des reacutesultats sur la rive Est du Lac Alaotra en particulier

Diffeacuterentes varieacuteteacutes ont eacuteteacute seacutelectionneacutees par le CTAS dans lrsquoAndroy Vorompotsy (CTAS D1) Manja (CTAS D2) Ondragne (CTAS D3) Lohapitse (CTAS D4) Les varieacuteteacutes agrave cycle long sont appreacutecieacutees dans le Sud

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Seasea Antake ambahe Antake salazagne) marron port rampant originaire de Tsihombe (ougrave elle est appreacutecieacutee) peu inteacuteressante pour le district drsquoAmbovombe (sensible aux insectes)

bull Varieacuteteacute agrave cycle long (Anta-drazagne Antake mena) rouge ou blanc port rampant tregraves appreacutecieacutee dans le district drsquoAmbovombe pour sa reacutesistance aux insectes

16 Le Stylosanthes guianensis

Crsquoest le systegraveme phare en semis sous couvert veacutegeacutetal dans le Moyen Ouest Le laquo Stylo raquo comme on lrsquoappelle localement ressemble un peu agrave Medicago sativa la luzerne cultiveacutee en France Le stylo a eacuteteacute introduit agrave Madagascar dans le Moyen Ouest pour la production de fourrages Mais cette vieille varieacuteteacute est actuellement sensible agrave lrsquoanthracnose si bien que le GSDM avec le projet Bassin Versant et Peacuterimegravetre Irrigueacute du Lac Alaotra (BV Lac) a introduit en 2004 la varieacuteteacute CIAT 184

bull Crsquoest une leacutegumineuse peacuterenne aux feuilles trifolieacutees on la cultive en moyenne sur un cycle de 3 ans mais qui peut se reconstituer facilement avec les graines tombeacutees dans le sol mecircme apregraves un labour

bull Elle produit une forte biomasse (5 agrave 10 T de matiegravere segraveche sur sol deacutegradeacute et jusqursquoagrave 20 T sur sol riche)

bull Elle fixe entre 70 et 200 kg drsquoazote agrave lrsquohectare bull Son puissant systegraveme racinaire pivotant

restructure les sols bull Son port buissonnant jusqursquoagrave 1m80 de haut

la rend agressive vis agrave vis de la plupart des adventices comme le Striga plante parasite du riz et du maiumls agrave Madagascar

bull Crsquoest un excellent fourrage et elle peut ecirctre pacirctureacutee

bull Ses fleurs sont mellifegraveres il fleurit agrave une peacuteriode ougrave lrsquoabsence de fleurs affaiblit les abeilles creacuteant une continuiteacute juste avant la floraison du litchi

Photo 7 Une bonne biomasse de Stylosanthes Coopeacuterative FANILO

Amparihy commune Vinany

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Ces caracteacuteristiques expliquent qursquoon la surnomme aussi laquo luzerne tropicale raquo et cela en fait un excellent preacuteceacutedent pour de nombreuses cultures et en particulier les plantes qui fournissent les produits de base agrave Madagascar riz et maiumls

Le Stylosanthes guianensis srsquoadapte agrave un large spectre de sols et en particulier les sols acides (elle est capable de produire des nodules agrave pH 4 ) ainsi qursquoagrave de nombreux climats jusqursquoagrave 10001

megravetres drsquoaltitude et une pluviomeacutetrie de 600 agrave 3000 mm par an

17 Les arachis

Arachis est un genre de plantes dicotyleacutedones de la famille des Fabaceae sous-famille des Faboideae originaire dAmeacuterique du Sud qui compte 70 espegraveces annuelles ou vivaces LrsquoArachis apporte beaucoup drsquoazote au sol et en plus crsquoest une plante largement utiliseacutee comme plante mellifegravere

Deux espegraveces ont eacuteteacute essayeacutees agrave Madagascar lrsquoArachis pintoiuml et lrsquoArachis peacuterenne Cette leacutegumineuse a eacuteteacute largement diffuseacutee dans le Pays dans les cultures de rente (cafeacuteier poivrier vanillier giroflier) et dans les cultures fruitiegraveres

Photo 8 Arachis pintoiuml

1 1000 m Corrigeacute par lrsquoauteur le texte initial eacutetait 1600 m drsquoaltitude agrave Madagascar le Stylo nrsquoest plus cultiveacute au-dessus de 1000 m drsquoaltitude

18 La vesce

Vicia sativa la vesce cultiveacutee ou vesce commune est une plante annuelle appartenant agrave la famille des Fabaceacutees du mecircme genre que la fegraveve ou le haricot La vesce commune est cultiveacutee en tant que fourrage mais crsquoest aussi un excellent engrais vert Elle est de plus une plante inteacuteressante pour lrsquoeacutelevage des abeilles et peut eacuteventuellement ecirctre consommeacutee par lrsquohomme De plus la vesce a des difficulteacutes agrave se deacutevelopper dans les sols tregraves argileux

La vesce a eacuteteacute essayeacutee un peu partout agrave Madagascar mais crsquoest surtout au Lac Alaotra sur baiboho et sur colluvions de bas de pente riche qursquoelle a connu un succegraves Au Lac Alaotra la vesce rentre dans un systegraveme Rizcultures maraicircchegraveresvesce Dans ce systegraveme le riz beacuteneacuteficie de la biomasse de la vesce et de lrsquoarriegravere effet de la fertilisation des cultures maraicircchegraveres En plus de sa biomasse on reacutecolte les semences avant de la rouler pour le semis du riz Essayeacute dans les autres reacutegions de Madagascar la vesce a rencontreacute des problegravemes de rotation avec le riz irrigueacute sur les Hauts Plateaux en raison de son cycle qui srsquoallonge et retarde ainsi le repiquage du riz Par ailleurs la production de semences a eacuteteacute un problegraveme

Photo 9 Riz sur biomasse de vesce en Riziegravere agrave Mauvaise Maicirctrise dEau (RMME) M Charles Mahatsinjo CR Ambohitsilaozana Rive Est Lac

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19 Le Pois drsquoAngole

Le pois dAngole (Cajanus cajan syn Cajanus indicus) est une espegravece de plante vivace de la famille des Fabaceae Le pois dAngole est agrave la fois une culture vivriegravere (pois secs farine pois frais ou leacutegumes verts et une culture fourragegravere de couverture) Les pois contiennent des niveaux eacuteleveacutes de proteacuteines et dimportants acides amineacutes (meacutethionine lysine et tryptophane) En combinaison avec des ceacutereacuteales le pois dAngole constitue une alimentation humaine eacutequilibreacutee Aussi sous le nom de pois cajan pois-congo ambrevade ou pwa di bwa en creacuteole Guadeloupeacuteen le pois dAngole est une leacutegumineuse vivace agrave graine cultiveacutee en agriculture pluviale dans les reacutegions tropicales semi-arides httpsfrwikipediaorgwikiPois_d27Angole)

Photo 10 Pois drsquoAngole agrave la maturiteacute des gousses

Les expeacuteriences avec le Pois drsquo Angole ont eacuteteacute surtout obtenues dans lrsquoAndroy ougrave il a eacuteteacute utiliseacute en brise-vent en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute (forecirct de Cajanus) mais surtout a beaucoup contribueacute agrave la seacutecuriteacute alimentaire de cette zone segraveche (RAHARISON T et al 2018) en effet la consommation du pois drsquoAngole est rentreacute dans les habitudes alimentaires de certaines tribus de lrsquoAndroy et se trouve mecircme consommeacute agrave la place du haricot dans les funeacuterailles

Le Pois drsquoAngole est connu pour sa capaciteacute agrave aller chercher lrsquohumiditeacute en profondeur Etant une plante lignifieacutee il aide agrave renforcer la biomasse des autres espegraveces

110 Les crotalaires

Les crotalaires ont eacuteteacute associeacutes au riz pluvial mais sa diffusion nrsquoa pas eacuteteacute un succegraves Cependant les crotalaires ont lrsquoavantage drsquoavoir une biomasse lignifieacutee et qui nrsquoest pas appeacuteteacutee par les animaux Par ailleurs les crotalaires ont des racines profondes qui cherchent lrsquoeau en profondeur

Photo 11 Crotalaria gramihana endeacutemique sur les Hauts Plateaux

2 Les reacutesultats de la recherche

Nous rappelons ici les reacutesultats du site drsquoIvory pour deacutemontrer les capaciteacutes des plantes de

couverture agrave reacutegeacuteneacuterer un sol pauvre infesteacute de striga En effet le sol de ce site un sol ferralitique agrave pH 4 eacutetait abandonneacute par le proprieacutetaire agrave cause de lrsquoimpossibiliteacute drsquoy planter du maiumls et du riz agrave cause du striga

Le site drsquoIvory est situeacute agrave 100 km agrave lrsquoouest drsquoAntsirabe (pregraves de la RN 34 vers Miandrivazo) sur les plateaux de la zone centrale du Moyen Ouest dans le district de Mandoto Commune rurale de Vinany (localisation agrave la fig1) Les systegravemes mis en place ont eacuteteacute baseacutes sur les 3 dispositifs agrave savoir la lutte contre le Striga la diversification des cultures et la collection varieacutetale Les systegravemes de cultures proposeacutees ont eacuteteacute baseacutes sur la mise en place de maiumls en association avec des leacutegumineuses annuelles (vivriegraveres nieacutebeacute soja arachide Vigna umbellata) ou de plantes de couverture (mucuna et Stylosanthes) drsquoune part et la mise en place de plante de couverture fourragegravere (Arachis pintoiuml et Arachis peacuterenne)

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Sur les dispositifs des systegravemes en Agriculture de Conservation sont compareacutes au teacutemoin traditionnel laboureacute avec un minimum drsquointrants F1 (fumier seul agrave 5tha) ou F2 (F1 + 80 kgha de NPK + 25 kgha drsquoureacutee) soit des doses faibles se rapprochant des pratiques paysannes Le traitement en culture pure sans couvert veacutegeacutetal sur labour constitue un teacutemoin commun aux diffeacuterents essais conduits en Agriculture de Conservation (AC) sur reacutesidus ou sur couverture vivante

Figure 1 localisation du site drsquoIvory dans le Moyen Ouest commune de Vinany district de Mandoto

Figure 2 Pluviomeacutetrie par deacutecade sur le site drsquoIvory

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Figure 3 Rendements de riz sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Figure 4 Rendements de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses (F1 + F2)

Sur un sol initialement infesteacute par le striga apregraves plusieurs anneacutees (19 ans) de forte biomasse et drsquoabsence de travail du sol les rendements des systegravemes en Agriculture de Conservation sont nettement plus eacuteleveacutes que ceux obtenus en pratiques traditionnelles Le laquo riz pluvial sur reacutesidus de maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses vivriegraveres raquo est de 37 agrave 47 THa (fertilisation F2) contre seulement 07 agrave 10 tHa sur labour Les systegravemes agrave base de mucuna sont les plus performants Malgreacute une faible pluviomeacutetrie agrave la 3egraveme deacutecade de feacutevrier et agrave la 2egraveme de mars en 2019 les rendements de cette anneacutee nrsquoont pas eacuteteacute affecteacutes ce qui montre bien la reacutesilience des systegravemes en agriculture de conservation sur le changement climatique Les mecircmes observations sont faites sur les rendements du maiumls associeacute

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Ces observations sont reacuteguliegraveres sur de nombreuses anneacutees et montrent qursquoune fois la fertiliteacute restaureacutee avec de fortes biomasses sans labour du sol et avec de faible dose drsquoengrais on aboutit agrave de tregraves bons rendements Lrsquoautre observation importante est la tregraves grande diffeacuterence entre les parcelles laboureacutees et les parcelles non laboureacutees avec les mecircmes doses de fertilisations Ceci srsquoexplique sur le fait que le labour mineacuteralise la matiegravere organique et entraine une perte eacutenorme par lessivage

3 Quels systegravemes pour les Hautes terres

Les systegravemes suivants sont proposeacutes pour large diffusion sur les Hautes Terres Dans le cadre de la diffusion du Projet MANITATRA II on note un fort engouement des paysans pour les systegravemes agrave base de mucuna au vue des premiers reacutesultats obtenus dans les Champs Ecoles Paysans (CEP) et dans les parcelles drsquoapplication des Collegraveges drsquoEnseignement Geacuteneacuteral (CEG) en effet pour la campagne 2019 - 2020 le systegraveme agrave base de mucuna en association avec le maiumls deacuterobeacute dans lrsquoassociation laquo maiumls + haricot raquo ou mecircme en jachegravere de mucuna a connu une adoption importante sur les Hauts terres

31 Le maiumls associeacute au haricot deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la campagne suivante

Le maiumls associeacute au haricot est tregraves courant sur les hautes terres donc agrave la maturiteacute du haricot et mecircme avant la reacutecolte on segraveme le mucuna sur la ligne du haricot La biomasse de maiumls va srsquoassocier agrave celle du mucuna pour constituer un lit de semis pour le riz pluvial sans labour agrave la prochaine campagne Normalement le lit de semis est tregraves peu infesteacute de mauvaises herbes si la biomasse du mucuna arrive agrave couvrir le sol

32 Le maiumls associeacute au soja deacuterobeacute de mucuna et suivi de riz pluvial agrave la saison suivante

Comme avec le systegraveme preacuteceacutedent avant la maturiteacute du soja on segraveme le mucuna dans la ligne du soja On peut mecircme le semer agrave la voleacutee

33 Les associations avec lrsquoavoine en vue de production de fourrages

Dans le systegraveme preacuteceacutedent (maiumls + soja) au lieu de semer du mucuna on peut semer de lrsquoavoine qui servira par la suite de fourrage Comme avec le mucuna la parcelle est propre dans un couvert drsquoavoine Le paysan peut preacutelever une partie de la biomasse de lrsquoavoine pour le fourrage

34 Habiller le riz pluvial avec drsquoautres leacutegumineuses

Sur les Hautes Terres une parcelle de riz pluvial qui existe deacutejagrave peut ecirctre habilleacute avec du Pois drsquoAngole ou avec du crotalaire ce qui eacutevitera drsquoavoir une faible biomasse de riz agrave la prochaine campagne Cette pratique a eacuteteacute reacutealiseacutee dans le cadre du projet MANITATRA II

35 Les embocagements des cultures

Les embocagements de parcelles se feront avec du Tephrosia vogellii une leacutegumineuse tregraves adapteacutee aux reacutegions drsquoaltitude jusqursquoagrave 2000 m Crsquoest aussi un reacutepulsif contre les insectes Cette leacutegumineuse peut pousser tregraves haut jusqursquoagrave 150 m mais on peut aussi la tailler en fin de saison de pluie et les produits de la taille (feuille et rameaux) peuvent ecirctre ajouteacutes agrave la biomasse de la parcelle

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4 Quels systegravemes pour le Moyen Ouest

Le systegraveme phare dans le Moyen Ouest est le systegraveme agrave base de Stylosanthes mais les

systegravemes agrave base de leacutegumineuses annuelles sont aussi deacuteveloppeacutes en parallegravele avec le stylo car les petits paysans avec moins de 1 ha nrsquoont pas envie de srsquoinvestir dans une jachegravere de stylo

41 Le Stylosanthes comme systegraveme phare

Comme deacutecrit plus haut le stylo est la plante de couverture drsquoexcellence pour reacutegeacuteneacuterer les sols deacutegradeacutes Mais contrairement agrave ce qursquoon a veacutehiculeacute comme message auparavant on propose de labourer quand le paysan a envie de revenir aux leacutegumineuses annuelles Cette recommandation est valable notamment pour les petits producteurs ne pouvant pas supporter la jachegravere drsquoune anneacutee Il est important de souligner qursquoune jachegravere de Stylo peut ecirctre planteacutee en maiumls ou en manioc agrave faible densiteacute Par ailleurs la jachegravere de stylo permet aussi de reacutecolter des semences qui sont tregraves demandeacutees actuellement drsquoougrave un compleacutement de revenus important pour le paysan

42 Le maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial

Tous les systegravemes agrave base de maiumls associeacute en rotation avec le riz pluvial ont eacuteteacute testeacutes dans les sites drsquoIvory et peuvent ecirctre diffuseacutes dans le Moyen Ouest ce qui offre un large choix par rapport aux autres reacutegions Il est important de deacuterober du mucuna avec les leacutegumineuses agrave faible biomasse (nieacutebeacute tsiasisa haricot soja)

5 Quels systegravemes au Lac Alaotra

Le Lac Alaotra est connu pour ses grandes surfaces de baiboho et de Riziegraveres agrave Mauvaise Maicirctrise drsquoEau (RMME) ceci agrave cause des fortes eacuterosions des bassins versants reacutesultant drsquoune pluviomeacutetrie violente et de la fragiliteacute du sol drsquoorigine tectonique Dans ces conditions le maiumls associeacute agrave des leacutegumineuses en rotation avec le riz pluvial est le systegraveme phare sur baiboho et le systegraveme rotation laquo Rizcultures maraichegraveresVesce raquo sur RMME Parmi les leacutegumineuses la

dolique associeacutee au maiumls est agrave privileacutegier car cette plante de couverture est bien adapteacutee dans cette reacutegion

6 Quels systegravemes pour les zones semi-arides de lrsquoAndroy

Le problegraveme essentiel dans lrsquoAndroy est lrsquoeacuterosion eacuteolienne en plus de lrsquoeacuterosion hydrique Crsquoest ainsi que le pois drsquoAngole a eacuteteacute largement utiliseacute en brise-vent mais aussi en reacutegeacuteneacuteration de la fertiliteacute des sols tregraves deacutegradeacutes par le systegraveme de forecirct de Cajanus

Parmi les leacutegumineuses la dolique est endeacutemique dans la reacutegion mais le mucuna les nieacutebeacutes rampants le konoke (leacutegumineuse endeacutemique du genre Phaseolus sp) sont reacutepandus et bien adopteacutes

Une approche de diffusion par les blocs agro-eacutecologiques a permis une forte adoption de lrsquoAgro-eacutecologie dans lrsquoAndroy seacutedimentaire

7 Quels systegravemes pour le Boeny

Tous les systegravemes deacutecrits plus hauts sont applicables dans le Boeny Il faut noter toutefois la preacutedominance du Vigna radiata (Antsoroko) et nieacutebeacute rampant type Lojomena et du nieacutebeacute type Black Eyes sur les baiboho A cause de la forte eacuterosion des bassins versants dans cette reacutegion les systegravemes sous couvert veacutegeacutetal sont agrave privileacutegier Un grand effort de formation des intervenants locaux est indispensable

Photo 15 Vigna radiata

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Conclusions

Cet essai de capitalisation est loin drsquoecirctre parfaite Crsquoest un travail qui demande agrave

ecirctre actualiseacute avec le temps Nous nrsquoavons pas couvert toutes les reacutegions mais globalement les systegravemes reposent tous sur les fondamentaux de lrsquoAgriculture de Conservation et de lrsquoAgro-eacutecologie Par ailleurs en plus des formations des intervenants locaux la production de semences de plantes de couverture pose un problegraveme dans beaucoup de reacutegion Il faut noter que le site drsquoIvory et la commune de Vinany ont eacuteteacute une zone de production de semences de couverture pendant de longues anneacutees

Drsquoautres problegravemes qui ne sont pas eacutevoqueacutes dans cet article sont les feux de brousse en saison segraveche et les divagations drsquoanimaux qui diminuent eacutenormeacutement la biomasse laisseacutee sur les sols agrave la prochaine campagne Une prise de conscience collective des paysans semble donner des reacutesultats comme en teacutemoignent les paysans de la commune de Vinany dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra

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Reacutefeacuterences bibliographiques

1 ANCOS 2016 Reacutegistre des espegraveces et varieacuteteacutes exploiteacute dans le systegraveme laquo Semence de Qualiteacute Deacuteclareacutee raquo dans le Sud de Madagascar ANCOS Ministegravere de lAgriculture de lElevage et de la Pecircche

2 DURRELL 2020 Lrsquointroduction de lrsquoinnovation Agro eacutecologie pour ameacuteliorer la seacutecuriteacute alimentaire des communauteacutes aux alentours des Aires proteacutegeacutees (Baie de Baly et Lac Alaotra) et zone humide de Lac Sofia Lot II Y 49 J Ampasanimalo (101) BP 8511 Antananarivo 101 ndash Madagascar httpswwwdurrellorgwildlife httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

3 GSDM 2020 Rapport annuel anneacutee 3 intervention du GSDM dans le Projet PAPAM composante 2 GSDM lot VA 26 Y Ambatoroka ANTANANARIVO 101

4 HUSSON O SEGUY L CHARPENTIER H RAKOTONDRAMANANA MICHELLON R RAHARISON T et al (2013) Manuel pratique du semis direct de Madagascar GSDMCIRADhttpgsdm-mgorgwp-contentfilesManuel_SCV_Mada_V_IntegraleMedpdf

5 RAKOTONDRAMANANA 2019 Rapport de mission de capitalisation dans le PLAE III BOENY 17 au 23 Feacutevrier 2019 PLAE ANALAMAHITSY ANTANANARIVO 101

6 RAKOTONDRAMANANA et al 2018 La rotation ou lrsquoassociation avec le mucuna reacuteduit consideacuterablement les attaques de chenilles leacutegionnaires sur le maiumls Journal de lrsquoAgro-eacutecologie Ndeg7 httpopen-libraryciradfrfiles62385__JAE_NC2B07pdf

7 RAKOTONDRAMANANA RASOLOMANJAKA J 2016 Rapport de mission de reconnaissance et de diagnostic du Projet SOHAVELO ASARA programme europeacuteen de seacutecuriteacute alimentaire et nutritionnelle dans la reacutegion Sud et Sud Est de Madagascar ASARAAINA AVSF Lot VG 25 Antsahabe BP 3149- Antananarivo 101 ndash Madagascar httpopen-libraryciradfr

files62394__Rapport_de_mission_SOHAVELO_VFpdf

8 RAHARISON T et al 2018 Rapport drsquoeacutetude drsquoimpact des pratiques des blocs agro eacutecologiques diffuseacutees dans le cadre du projet HOBA GRET Antananarivo

9 RAZAFIMAHATRATRA H M et al 2019 Diversiteacute et importance des pratiques de gestion de la fertiliteacute des sols dans les exploitations agricoles familiales du Moyen-Ouest de la reacutegion Vakinankaratra et de la zone Est de la reacutegion drsquoItasy Madagascar Journal de lAgro-eacutecologie Ndeg8 2019 httpopen-libraryciradfrfiles62388__JAE_8_VF_sur_sitepdf

10 h t t p s w w w s u p a g r o f r r e s s - p e p i t e s PlantesdeCouvertureresStylosanthespdf

11 httpsfrwikipediaorgwikiArachis

12 httpsfrwikipediaorgwikiVicia

13 h t t p s f r w i k t i o n a r y o r g w i k i pois_dE28099Angole

14 httpsfrwiktionaryorgwikicrotalaire

15 httpsfrwikipediaorgwikiPois_mascate

16 httpsfrwikipediaorgwikiVigna_unguiculata

17 httpsfrwikipediaorgwikiHaricot_mungo

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SUCCESS STORIES

La technique du lombricompost se diffuse de paysan agrave paysan

Lrsquoutilisation agrave outrance des produits chimiques en tant que pesticides et fertilisants durant lrsquoegravere

de la reacutevolution verte nrsquoavait fait que renforcer les effets du changement climatique sur lrsquoagriculture Hormis son prix eacuteleveacute les engrais de synthegravese solubles laissent toujours des reacutesidus ayant des impacts preacutejudiciables agrave lrsquoenvironnement Dans le cadre de ses projets de diffusion de lrsquoagro-eacutecologie le GSDM tend agrave former les paysans sur les proceacutedeacutes de fabrication de diffeacuterents types de compost dont le vermicompostage Cela dans lrsquooptique de rendre la production agricole plus durable et plus respectueuse de lrsquoenvironnement Les suivantes sont les teacutemoignages de paysans sur les inteacuterecircts du lombricompostage

Dans la commune rurale drsquoAnkazomiriotra au niveau du village drsquoAmbohitrinibe Fokontany Belanitra Est Madame RABEBINIRINA Minompamonjy David (Mme Mino) fait partie de ces paysans qui ont su tirer profit de lrsquoutilisation du lombricompost

Nrsquoayant pas de zeacutebu nous eacutetions obligeacutes drsquoacheter drsquoeacutenorme quantiteacute de fumiers et drsquoengrais pour fertiliser nos champs Crsquoeacutetait peacutenible vu que notre revenu couvrait difficilement le montant de nos besoins Vers 2013 nous avons assisteacute aux seacuteances de formations et drsquoanimations prodigueacutees par les techniciens travaillant sur le projet pilote Manitatra 1 Apregraves ces formations

ils nous ont fait don de 250g de vers Aujourdrsquohui nous en disposons drsquoau moins 20Kg Les reacutesultats que nous avons obtenus degraves la premiegravere anneacutee drsquoutilisation du lombricompost a eacuteteacute probant Drsquoabord la charge de travail due au transport de fertilisant vers le champ srsquoeacutetait beaucoup amoindri car nous nrsquoavons plus qursquoagrave transporter tout au plus le dixiegraveme du volume de fumier de parc qursquoon utilisait avant En effet 30 agrave 40 kg de lombricompost peut amplement suppleacuteer agrave 2 charrettes de fumier de parc Le sarclage est aussi devenu plus facile car le preacute-compostage a permis drsquoeacuteliminer les graines drsquoadventices qui dlsquohabitude viennent avec les fumiers organiques Ensuite les cultures reacutesistent mieux agrave la segravecheresse et les plantes parasites Par exemple nous avons constateacute que le riz devient plus vigoureux face aux attaques du striga Le rendement est de plus en plus soutenu et les produits maraicircchers sont moins sujets agrave la deacutegradation

La fabrication de lombricompost demande certes une certaine rigueur mais est tout agrave fait agrave la porteacutee de chaque paysan Il vous faut juste preacuteparer du preacute-compost qui servira de nourriture aux vers En plus il est indispensable drsquoarroser et de veacuterifier peacuteriodiquement la tempeacuterature Lrsquoessentiel des travaux consiste agrave seacuteparer les vers des composts mucircrs Il nous arrive encore drsquoacheter du fumier de parc pour servir drsquoappoint au preacute-compost mais ccedila en vaut la peine

Avec notre unique andain nous arrivons agrave produire 600kg de compost par mois

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Nous nrsquoutilisons que le quart de notre production Le reste est vendu agrave des clients qui viennent drsquoun peu partout agrave Madagascar La plus grosse commande que nous avons eue en 2019 eacutetait de 15tonne La production de lombricompost contribue beaucoup agrave nos ressources peacutecuniaire car il nous arrivons agrave lrsquoeacutecouler jusqursquoagrave 1000Ar le kilo

Madame Mino peut ecirctre joint aux numeacuteros suivants 034 19 777 50033 13 412 10

Un autre paysan en la personne de Monsieur RAZAFINDRAKOTO Emilson (Dadakoto) habitant agrave Antanety 2 Commune Antanifotsy a aussi adopteacute le lombricompostage Les suivants sont ses points de vue quant agrave lrsquoutilisation du lombricompost

Nous avons construit le premier andain suite aux seacuteries drsquoanimation-formation effectueacutees par le paysan leader et le technicien du projet Manitatra 2 travaillant dans notre zone Ce premier andain eacutetait devenu productif agrave partir du mois de juin 2019 Je commence juste agrave produire du lombricompost mais jrsquoai deacutejagrave constateacute les reacutesultats sur la bonne veacutegeacutetation de mes maiumls et de mes riz par rapport agrave ce que jrsquoai eu auparavant Afin drsquoaugmenter la production nous avons construit drsquoautres andains et aujourdrsquohui nous en avons 5

Nous avons commenceacute avec 1kg de vers et maintenant nous en avons autour de 60kg Jusqursquoagrave preacutesent ma production est entiegraverement destineacutee agrave lrsquoautoconsommation Nous les utilisons surtout sur nos cultures de tanety comme le riz et le maiumls associeacute aux leacutegumineuses Je trouve qursquoil est plus inteacuteressant drsquoutiliser du lombricompost que de fumier de parc Actuellement je nrsquoutilise presque plus drsquoengrais chimique

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Produit biologique de lutte contre les Chenilles leacutegionnaires drsquoAutomne (CLA) la menace est maitriseacutee un article du Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la pecircche

(Source publication facebook du MAEP le 14 deacutecembre 2019)

Deacutesormais les producteurs de maiumls Malagasy ne devraient plus ecirctre anxieux et inquiets

face agrave la Chenille Leacutegionnaire drsquoAutomne ou CLA La menace est maicirctriseacutee Gracircce aux efforts du Ministegravere de lAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) agrave travers les techniciens de la DPV et de la FOFIFA des diffeacuterents chercheurs de lUniversiteacute dAntananarivo de lEssagro et dexperts africains appuyeacutes par la FAO une souche biologique appeleacutee BT ou Bacillus Thuringiensis a eacuteteacute deacutecouverte Les tests ont deacutemontreacute que cette bacteacuterie naturelle et endeacutemique agrave Madagascar est capable de tuer la CLA Meacutelangeacute agrave 50g de riz blanc elle peut recouvrir 1ha de champ de maiumls

Notons quelle naffecte ni lenvironnement ni la santeacute humaine Madagascar sest aussi doteacute de sa strateacutegie nationale quinquennale de lutte contre la CLA Telles sont parmi les grandes avanceacutees du PROJET DAPPUI DURGENCE Agrave LA MISE EN PLACE DUN SYSTEME DE SURVEILLANCE DE RIPOSTE ET DE LUTTE INTEGREacuteE CONTRE LA CLA meneacute avec lappui technique et financier de la FAO

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Fenetre sur lAgriculture Biologique agrave MadagascarRakotondramanana GSDM

Un projet de loi sur lrsquoAgriculture biologique a eacuteteacute preacutepareacute sur lrsquoinitiative du Syndicat Malgache de lrsquoAgriculture Biologique (SIMABIO) et du MAEP et sera incessamment soumis agrave lrsquoAssembleacutee

Nationale Suite agrave cela un voyage drsquoeacutetude au Maroc et en Tunisie a eacuteteacute reacutealiseacute en vue des perspectives drsquoeacutelaboration drsquoune Strateacutegie Nationale drsquoAppui agrave lrsquoAgriculture Biologique agrave Madagascar (SNABio)

La mission a vu la participation drsquoune deacuteleacutegation conduite par le Ministegravere de lrsquoAgriculture de lrsquoElevage et de la Pecircche (MAEP) accompagneacutee du Preacutesident du SIMABIO du projet Coordonnateur National du projet CASEF de lrsquoassistant technique du projet CASEF du repreacutesentant de la recherche (FOFIFA) et du directeur exeacutecutif du GSDM

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Le secteur de lrsquoAgriculture Biologique (AB) agrave Madagascar est en pleine croissance depuis plusieurs anneacutees Repreacutesentant actuellement un chiffre drsquoaffaire annuel de lrsquoordre de 55 Meuro geacuteneacutereacutes par plus drsquoune centaine drsquoentreprises employant 7000 salarieacutes et srsquoapprovisionnant aupregraves de plus de 20 000 agriculteurs le secteur est quasiment exclusivement orienteacute vers lrsquoexportation drsquoune large gamme de produits agricoles beacuteneacuteficiant drsquoune forte typiciteacute (eacutepices fruits tropicaux huiles essentielles cacao crevettes etc) principalement vers lrsquoEurope

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les Etats-Unis le Japon (source CASEF) Les produits bio malgaches sont issues drsquoagriculture bio par des entreprises locales mais aussi de la cueillette Compareacute aux autres pays le coucirct de la certification est trop eacuteleveacute agrave cause du manque de concurrence (un seul organisme certificateur agreacuteeacute ECOCERT)

Au Maroc lrsquoAgriculture biologique repreacutesente de lrsquoordre de 60 Meuro drsquoexportation et en Tunisie 205Meuro mais dans ces deux pays on assiste agrave un marcheacute local en cours de progression Le tableau suivant reacutesume lrsquoagriculture Bio dans les deux pays Globalement les produits exporteacutes sont domineacutes par lrsquohuile drsquoOlive bio dans les deux pays

A lrsquoissue de la mission des perspectives pour Madagascar ont eacuteteacute souleveacutees sous forme drsquoenseignements et reacuteflexions bull Creacuteer un dispositif drsquoappui conseil technique et financier ciblant les producteurs et les entreprises

AB en synergie avec les meacutecanismes existants (FDA Banques IMF etc)bull Subventionner la certification =gt Accroitre la concurrence entre organismes de Controcircle et de Certification (OCC) =gt Agreacutement et controcircle effectif de la part des pouvoirs publicsbull Concevoir une strateacutegie ciblant une diversiteacute de filiegraveres prioritaires de maniegravere inclusive par

exemple Exports Filiegraveres inteacutegreacutees eacutecotourisme Filiegraveres courtes laquo petits producteurs raquo au systegraveme de garantie par Certification de Territoire (CT) et Systegraveme Participatif de Garantie (SPG)

bull Mise en place de centres de recherche technique deacutedieacute agrave lrsquoAB reacutepondant agrave la demande (par ex contrat programme recherche - reacutegions - organisations professionnelles)

bull Conceptionmise en œuvre drsquoun dispositif de formation AB avec obligation de modules dans les cursus agricoles

bull Dynamiser la professionnalisation et la structuration des producteurs et des entreprises malgaches dans lrsquoAB

bull Poursuivre lrsquointeacutegration du secteur priveacute (amont et aval) dans les diffeacuterentes laquo aregravenes raquo institutionnelles deacutefinition des strateacutegies conception et pilotage des dispositifs drsquoappui etc

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AGRO-ECOLOGIE EN PHOTO

La mise en place des parcelles dapplication en Agro-eacutecologie a eacuteteacute effectueacutee au niveau des 8

collegraveges de la reacutegion Boeny Les enseignants et eacutelegraveves ont eacuteteacute accompagneacutes et encadreacutes par les ingeacutenieurs agronomes du GSDM et les techniciens locaux

Une repreacutesentante de la deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo a visiteacute les

reacutealisations du GSDM dans le cadre du projet Manitatra 2 De nombreux points inteacuteressants pouvant ecirctre valoriseacutes dans le cadre dune future coopeacuteration ont eacuteteacute souleveacutes En attendant certaines observations seront agrave partager au cours dun eacuteveacutenement de la Commission europeacuteenne qui se tiendra courant de la 3egraveme semaine du mois de feacutevrier 2020 agrave Bruxelles

Le GSDM maitient lappui technique des 12 eacutetablissements beacuteneacuteficiaires de linteacutegration

de lAgro-eacutecologie en milieu scolaire dans le Vakinankaratra Il sagit des 6 eacutecoles pilotes PAPAM et des 6 autres extensions reacutealiseacutees dans le cadre du projet MANITATRA 2 Pour lanneacutee scolaire 2019-2020 la mise en place des cultures de grande-saison la mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique ainsi que les suivis reacuteguliers des tehcniciens ont eacuteteacute reacutealiseacutes Quelques enseignants du CEG de Vinany du CEG de Betafo ont mecircme beacuteneacuteficieacutes dune formation de recyclage

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Mise en place de la parcelle dapplication en Agro-eacutecologie au niveau du CEG Mariarano Boeny

Visite des reacutealisations du GSDM projet MANITATRA 2 par une repreacutesentante de la

deacuteleacutegation de lUnion Europeacuteeacutenne agrave Antananarivo

Mise agrave disposition des outils peacutedagogiques et du livret ludique aux 12 eacutetablissements du

Vakinankaratra

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AVRIL 2020

Ont participeacute agrave ce numeacutero bull Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDMbull Vololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDMbull Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDMbull Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-eacuteconomiste du GSDMbull RAKOTO HERIMANDIMBY Reneacute - Superviseur de zone du Sud-Est Projet PAPAMbull RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exeacutecutif du GSDM

Rubrique laquoLAgro-eacutecologie au niveau nationalraquo AGRISUD- membre du GSDMRubrique laquoDossierraquo GSDMRubrique laquoRechercheraquo Dp SPAD - Partenaire technique du GSDM Rubrique laquoSuccess Storiesraquo GSDM Vakinankaratra (MANITATRA 2)Entiteacute de validation Comiteacute de lecture les membres du GSDM GSDM Copyrigth avril 2020

Site WebFacebook YoutubeRoute drsquoAmbohipo

Lot VA 26 Y AmbatorokaBP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar

Teacutel (+261) 20 22 276 27

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23 rue RazanakombanaAmbohijatovo BP 557

AntananarivoMADAGASCAR

Pour de plus amples informations etou pour toutes ameacuteliorations contacter nous au

Ce journal a eacuteteacute financeacute au deacutepart par lrsquoAFD (projet PAPAM) et par le COMESAUE (projet MANITATRA 2) agrave partir de leacutedition Ndeg8

Les membres du GSDM

Direacutecteur Exeacutecutif gsdmdemoovmgResponsable communication razakamireilleyahoofr

Evegravenements

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- Mission de suivi du Comesa les 16 et 17 mars 2020- Journeacutees Agro-eacutecologiques du Vakinankaratra les 19 et 20 mars 2020 - Formation CSAFRDA Makanara du 25 au 28 mars 2020

Directeur de publication RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur Ndeg - Editeacute en 140 exemplaires

Facebook Site Web

- Emission FIVOHY sur la RNM Tous les 3egraveme samedis du mois de 08h15 agrave 08h30 du matin

- Deuxiegraveme session de formation des enseignants Boeny du 07 au 10 Avril 2020- Formation des parents deacutelegraveves collegravege Boeny preacutevue durant la semaine du 20 Avril 2020- Visite-eacutechange inter-reacutegional des enseignants parents et elegraveves preacutevue en fin du mois dAvril 2020

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