Emmanuel Mounier

Texte de Bernard Comte

Histoire d’homme révélée dans l’histoire,

mais transcendante à l’histoire.

Né à Grenoble le 1er avril 1905, Emmanuel Mounier, est fils d'un pharmacien modeste.

Sa mère ou son père n'eut jamais assez d'argent pour acheter sa pharmacie.

Il parle avec fierté de ses "grands-parents paysans, des vrais, avec de la terre à leurs souliers : Il écrira : « je suis un montagnard ».

Ses parents le pousse vers les études de médecine, mais il n'y est pas heureux.

Il trouve sa voie dans la philosophie. Son premier professeur fut le philosophe catholique Jacques Chevalier. Celui-ci le marque profondément. Puis, il monte à Paris pour préparer l'agrégation à la Sorbonne. Il est reçu en 1928. Il a 23 ans.

Professeur jusqu’à 34 ans

De 1930 à 1939 il enseigne dans plusieurs collèges et lycées. C'est un travail alimentaire car il ne veut pas s'investir dans l'enseignement académique ni faire carrière dans l'université. Cette « sale machine ».Il cherche encore le chemin de sa vocation : être, au cœur des soubresauts d'un monde en crise, témoin de la foi qui l'anime.

Il épouse en 1935 Paulette Leclerq, conservatrice de musée en Belgique, qui saura partager cette vocation. Sa sœur aînée, Madeleine, avait été la confidente de sa jeunesse. Les Mounier auront trois filles. Ils seront durement éprouvés par l'infirmité de l'aînée ; son développement cérébral a été bloqué à la suite d'une encéphalite, et elle est morte jeune.

Anne née en 1941

Il rencontre le Père Pouget, mais aussi Jacques Maritain, Nicolas Berdiaeff

Charles Péguy

A Paris, il rencontre ces hommes avec qui il réfléchit sur l'action des catholiques dans la société, l'impact de la révolution russe de 1917, la nécessité d'être un penseur combattant. Il découvre la pensée de Charles Péguy en qui il admire le rayonnement spirituel dans la pauvreté matérielle.

Congrès de Font-Romeu, 1932, Georges Izard parle.

Il suit cette voie lorsqu'il décide, avec un groupe de jeunes intellectuels, chrétiens ou non, de créer un mouvement révolutionnaire capable de changer la société et la civilisation.

En Octobre 1932, dans cette ligne, sort « ESPRIT ». Emmanuel Mounier en assure la direction jusqu'en 1950.

Fragile physiquement, sourd d'une oreille avec un oeil mal-voyant depuis l'adolescence, méditatif, il est aussi animateur à l'activité débordante. Réunions, articles, conférences, livres, visites se succèdent à un rythme élevé pendant ses vingt années de vie active. Abusant de sa robustesse, il mourut à 45 ans d'une crise cardiaque.

Avec Marroux

avec Goguel et Leenhart

Congrès Esprit 1936

Donc, travailleur infatigable, mais aussi homme de rayonnement qui sait écouter, il attire par l'impression de fraîcheur et de pureté qu'on ressent auprès de lui. Il renonce à une grande œuvre philosophique pour se consacrer à une pensée engagée qui combat pour l'homme au cœur des événements.

La société bourgeoise des année 30 ne tourne pas rond, Elle est injuste et inhumaine. Contre ce « désordre établi », il faut, au nom de la PERSONNE, une révolution globale à la foi politique et morale, Ceux qui se réclament des valeurs spirituelles doivent lutter contre leur confiscation par les conservateurs et les réactionnaires. Ils doivent se tourner vers les pauvres qui sont plein d'une espérance révolutionnaire.

Profondément chrétien et fidèle à l'Eglise catholique, Mounier pense qu'il doit être présent au milieu des non-chrétiens, C'est là qu'il fait progresser la vérité et la justice. C'est là qu'il prépare la construction d'une cité plus humaine où les hommes seront plus libres.

1940, chasseur alpin

« Mon Evangile, c’est l’Evangile des pauvres ». « On ne possède que ce qu’on donne ou ce à quoi on se donne ».

Devant la « fin de la chrétienté » le Christ, avec ses disciples du XXe siècle, est le garant d'une nouvelle naissance pour le christianisme,

Marx

Et le Marxisme?

Manifeste au service

du personnalisme

Mounier dénonce les erreurs de l'idéologie marxiste. Il critique la politique du parti communiste ; mais il refuse de faire bloc avec les adversaires du communisme qui défendent des intérêts ou des préjugés.

Aussi reste-t-il engagé dans un dialogue avec les membres du parti communiste. Il aidera ainsi beaucoup de jeunes intellectuels tentés par l'espérance communiste à se situer dans une relation critique avec ce parti. « Il n'est qu'une seule manière de vaincre l’humanisme marxiste, c'est de le dépasser en puissance d’humanité ».

Mounier a dialogué avec tous les mouvements et groupes de son temps. Il a écouté, discuté, chercher à comprendre. Il a voulu faire œuvre de discernement sans condamner à priori ni se laisser séduire. Sous Vichy, il a demandé au gouvernement l'autorisation de faire reparaître sa revue, en rusant avec la censure. Mais, Esprit est bientôt interdit. Un peu plus tard, Mounier est arrêté et jugé comme résistant.

En En 1941, avec Max-Paul Fouchet Lourmarin

La vie d'Emmanuel Mounier fut courte. Vingt année d'activité publique seulement ! Jusqu'à sa mort en 1950.

Il n'a connu ni l'évolution de la CFDT, ni le Concile Vatican Il, ni le mouvement polonais : Solidarité, ni les communautés de base d'Amérique Latine…Le monde a changé.

Avec Jean Lacroix et Jean-Marie Domenach

Comme il l'écrivait à la veille de sa mort subite : « Il arrive que l’histoire récompense ceux qui s’obstinent, et qu’un rocher bien placé corrige le cours du fleuve ».

Avec Vercors

Avec Henri Bergson

Vals, grève de la faim, 1942

Comme il l'écrivait à la veille de sa mort subite : « Il arrive que l’histoire récompense ceux qui s’obstinent, et qu’un rocher bien placé corrige le cours du fleuve ».

Confluences, 1991 - 2007