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Le magazine des musiques de Nouvelle-Calédonie 15 SEPT/NOV 2011 Atelemo Envie d’ailleurs Kass’Pa En mode Yagga ! J.L. Leroux Il était une fois la country Tévita Tout en douceur Théo Histoire de famille La voix venue d Irlande -

Endemix

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Le magazine des musiques de Nouvelle-Calédonie

15

SEPT/N

OV 2

011

AtelemoEnvie d’ailleurs

Kass’PaEn mode Yagga !

J.L. LerouxIl était une fois la country

TévitaTout en douceur

ThéoHistoire de famille

La voix venue d Irlande

-

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EditoNous avons encore le souvenir des Jeux plein la tête, surtout grâce aux délégations sportives du Pacifique qui nous ont offert un magnifique avant-goût de leur culture et laisseront sans aucun doute, des traces indélébiles dans nos mémoires. On se souviendra longtemps de la cérémonie d’ouverture où chaque délégation a chanté et dansé autour du stade, pour dire certainement que la culture en Océanie est bien le ciment de nos civilisations, au-delà de toutes les compétitions. La fin de l’année arrive à grand pas et plusieurs départs sont annoncés. NéaCombo Diffuzion en Australie, Ce-lenod en Bretagne, Soul Sindikate en Espagne, Tévita à Melbourne… Preuve que l’export se porte bien et que les musiques de Nouvelle-Calédonie continuent à plaire à l’étranger. Le groupe Cada de Hienghène se produira, lui, en Nouvelle-Zélande à l’occasion de la coupe du Monde de Rugby 2011. Un sacré essai à transformer pour les jeunes du grand Nord ! Et n’oublions pas le 3 décembre 2011, date à laquelle se déroulera, au Centre culturel Tjibaou la 4ème édition des Flèches de la Musique. Cette soirée musicale per-mettra de récompenser les meilleurs albums de l’année

dans 10 catégories. Et - grande nouvelle - le public calédonien ne sera pas oublié ! L’événement sera filmé et diffusé sur Nouvelle-Calédonie 1ère. Les téléspecta-teurs pourront voter pour le prix du public par Internet et SMS. Toutes les infos seront bientôt disponibles sur le blog d’Endemix et le site du Poemart. La musique n’est pas un long fleuve tranquille, mais des hommes et des femmes continuent à faire bouger cette filière. Ils prennent souvent des risques pour programmer ou produire des groupes. Les différents portraits d’artistes dans ce numéro vous diront com-ment et pourquoi ils le font. Pendant ce temps, Ende-mix poursuit son but, à savoir faire le lien entre vous, public, et les artistes du Pays, mais aussi consolider vos relations, en faire naître de nouvelles. Continuez à les soutenir en concert et à acheter leurs productions. Le Pays bouge en ce moment et tout le monde en est conscient. La musique, elle, en est le témoin privilégié.

Je vous souhaite une bonne lecture,

Jean-Marc Ventoume

En couverture :Mike O’Flynn

Endemix est l’espace d’expression des

artistes mais aussi de ses lecteurs.

Pour réagir, proposer, partager, écrivez-nous à [email protected]

ou à l’adresse suivante : Poemart, 27 Bd de Sébastopol

98800 Nouméa • Tel. : 28.20.74 (ligne directe) / 76.39.25 (Publi-cité). Retrouvez Endemix sur son blog endemix.org avec en bonus

des playlists, news et actualités musicales.

Endemix est la revue trimestrielle et gratuite d’actualité des musiques

de Nouvelle-Calédonie éditée par le POEMART.

• Directeur de Publication : Jean-Marc Ventoume

• Rédaction : Gaëlle Perrier (74 27 02

[email protected]) • Corrections :

Marie-Lise Rousselot• Maquette et réalisation :

Piko Studio • Photographies :

Eric Dell’Erba • Impression :

Artypo - Tirage : 20 000 ex.

Le poemart Pôle Export de la Musique et des Arts de Nouvelle-Calédonie - est une association à but non lucratif créée en décembre 2007. Le Poemart a pour

mission de promouvoir la création musicale locale à l’intérieur et à l’extérieur du

territoire en accompagnant collectivement les artistes et en mettant à leur disposition des outils et un réseau-ressources local et

international. Le Poemart est financé par la Nouvelle-Calédonie.

www.poemart.net

SommaireNews 4, 5

Portraits• Mike O’Flynn 8, 9

• Tévita 12• Bagnia/Atelemo 13

• Yenu/Théo Menango 14

• Kass’Pa/Totem 15

Dossier• Le clip 6, 7

Parole de pro• Sylvana Tolmé 16

Zoom Arrière• Jean-Luc Leroux 17

Ca bouge 18

Dans les bacs 18

Agenda 19

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NeWS

ExportQui partira à Melbourne ?Tous les ans, le festival AWME de Melbourne permet de réunir les va-leurs montantes de la musique world internationale. Lors de la prochaine édition, un artiste représentera la Nouvelle-Calédonie : Il s’agira du charismatique Tévita. Gageons que sa musique entraînante saura conquérir le cœur des Australiens.

Soul Sindikate en EuropeAfin de promouvoir son dernier al-bum Human Project, Soul Sindikate & Dup Trooper s’est envolé en Europe pour une série de concerts au mois d’août et septembre. Belfort, Paris, Nancy... Raise and burn va raisonner partout sur le vieux continent.

Cada en NZLe groupe Cada va se produire en octobre en Nouvelle-Zélande, à Wel-lington dans le cadre de la Vitrine Française organisée à l’occasion de la Coupe du monde de rugby. Essai transformé pour Cada !

Celenod au pays du farConnu en Bretagne pour avoir par-ticipé à de nombreux festivals, Ce-lenod retourne en terre celte pour quatre concerts en septembre. Une belle opportunité pour le groupe de Maré qui devrait conquérir le cœur des bretons.

Combo australienLe groupe NéaCombo Diffuzion s’offre une tournée australienne de 8 dates en septembre (Darwin, Melbourne, Cairs, Byron Bay). A Darwin, ils s’ar-rêteront cinq jours pour enregistrer un album avec des groupes de la ville.

ZoomsurUNE RÉUNION COSMOPOLITEC’est une première en Nouvelle-Calédonie : l’ADACA convie à Koné 8 musiciens du Paci-

fique pour travailler en collaboration avec les acteurs de la scène musicale mélanésienne,

et ainsi les inviter à découvrir les techniques de production contemporaines dans le but

d’approfondir un paysage musical unique en son genre. Les sonorités traditionnelles du

kaneka, notamment, et propres au territoire sont en constante mutation. Dans ce tourbillon

de métissage incessant permis par l’essor musical du pays, les artistes locaux profiteront de

ces dix jours pour faire fleurir le legs inestimable dont ils sont les détenteurs. Ecriture et

bœufs musicaux sont au programme pour des rencontres riches en perspective avec les ta-

lentueux David Bridie et Marc Atkins (Australie), Telek, Mogu, Arir et Angiem (Papouasie

Nouvelle-Guinée), avec pour finalité deux concerts où l’imprévu aura toute sa place, mais

aussi de nouveaux sillons à tracer pour tous les participants.

Coup de cœur de la B.O.Fabienne Paouro“J’ai été séduit par son grain de voix et j’adore l’univers dans lequel

elle évolue, un peu soul, R’n’B. Lorsqu’elle est venue présenter en

avant-première son album, j’ai vraiment eu un gros coup de cœur”.

Jessy Deroche

Coup de cœur de la rédactionDynaL’album Work it out est tout simplement sublime. La voix de Dyna

qui joue entre les graves et les aigus ne souffre d’aucun artifice

inutile. Elle est capable de capter l’attention du public dès les pre-

mières notes. Quant aux chansons, elles sont envoûtantes, osées,

belles.

La SACENCen chiffres• 92 millions de Fcfp pour la répar-

tition du mois de juillet 2011.• 570 sociétaires à la SACENC.• 7 millions de F CFP : montant

total des aides accordées par la SACENC en 2011.

• 13 août : la SACENC organisait ce jour-à une rencontre avec la Direction des services fiscaux de Nouvelle-Calédonie et le service du RUAMM de la CAFAT, sur le thème : activité artistique et fiscalité, les droits et les devoirs de l’artiste.

TraditionnelLA FLÛTE NASALE Le bambou, très répandu dans les îles du Pacifique, devient un instrument de musique sur de nombreuses îles. La flûte nasale est d’ailleurs construite à partir de ce bois creux, que ce soit dans les îles Marianne ou à Tahiti. L’air est insufflé par une narine, tandis que l’autre est bouchée par de l’étoffe, du tabac ou la main. Cette technique plutôt originale aurait des origines superstitieuses. En effet, dans certaines régions on attribue des pou-voirs magiques à l’air expiré par les narines. La flûte nasale fut l’un des nombreux objets que rapporta de Tahiti le capitaine James Cook, navigateur et explorateur anglais.

Les coups de coeurinternationaux

Nevermind20e Anniversaire -

Edition Deluxe (2 CD)

Il y a 20 ans, Kurt Cobain

quittait la scène défini-

tivement, emporté par

une overdose. Il laissait

derrière lui le plus grand

album rock que la scène

musicale n’est jamais

connue : Nevermind.

Une nouvelle édition de

ce dernier est désormais

disponible dans les bacs

avec de nombreux

trésors, comme la vidéo

d’un concert capté le

soir d’Halloween 1991 à

Seattle, jamais diffusée.

Let’s rock !

Red Hot Chili PeppersI’m with you

Les fans tremblaient à l’idée de découvrir le dernier album des Red Hot Chili Peppers. 5 ans d’absence, départ du guitariste John Frusciante, Flea qui se retrouve au piano... L’affaire était complexe et pourtant, le groupe a réussi l’incroyable : un disque magnifique avec des chansons très pop mais originales. A écouter en boucle.

Winston McAnuff & the BazBaz OrchestraA bang

Le gang Frano-jama-

caïn va bientôt partir

sur les routes pour

défendre leur second

album A bang, sorti

en mars dernier. Du

soleil, du groove, du

bon reggae sous toutes

les coutures, cet opus

est une petite merveille

inventive avec des

figures rythmiques qui

feront danser n’importe

qui. A déguster durant

tout l’été.

FOCUSLA CENSURE

La musique adoucit les mœurs selon le dicton populaire, mais ce dernier semble ne pas être connu en Chine. En effet, le pays vient de publier une liste de 100 chansons, incluant Judas de Lady Gaga ou encore Last Friday Night de Katy Perry, interdites à l’achat. Même les Backstreet Boys ont été jugés dangereux pour le peuple chinois. Le ministère de la Culture a déclaré que cette mesure était destinée à préserver la « sécurité culturelle natio-nale » de la Chine. Il faut dire que depuis le passage de Björk à Shangaï en 2008, le pays fait très attention à la musique occi-dentale. La chanteuse avait crié « Tibet » juste après avoir interprété la chanson Declare Independance. Un cri du cœur qui n’avait pas du tout plu à l’époque. La censure n’est pas une nouveauté en musique. Aux USA par exemple, le mot « fuck » (et les mots grossiers en général) est remplacé par un bip sur les ondes. En France, les artistes sont aussi surveillés, mais la censure est moindre.

A suivre...RÉSISTANCE ! Ils sont jeunes et motivés ! Le groupe Résistance, formé depuis le début de l’année, commence à se faire connaître à Nouméa. Jason (guitariste/voix), Thomas (batteur), Idris (bassiste) et Charlotte (violoniste) enchaînent les concerts et font de plus en plus d’adeptes de leur son folk, rock, pop, léger et frais. Neuf compositions pour le moment dans leur boîte à musique, mais le groupe ne saurait en rester la. « Dès que le destin nous donne un coup de pouce, on fait l’album, explique, enthousiaste, Thomas. En espérant que ce soit avant la fin de l’année ! » Pour ceux qui n’ont pas encore eu la chance de les écouter, ils seront au Festival Femmes Funk.

is

Chroniquesd’ici• Grande nouvelle pour les fans, Edou sortira son prochain album

d’ici fin septembre. Son nom ? Tilai. Le chanteur aux tubes pro-met un grand moment musical !

• Kasspa sort son deuxième album, Attitude Yaga, en octobre ! En 2009, le titre Espoir tiré de l’album du même nom était devenu le tube de l’été. Connaîtront-ils le même succès cette année ? A vous de le décider.

• Il faut encore un peu de patience pour découvrir le nouvel album de Corenod. Il est prévu dans les bacs début novembre !

• Cadeau de noël ! Nodeak sort son album en décembre. Pas de nom pour l’album, mais parions que le groupe de Maré ne devrait pas décevoir ses fans.

albumumummes pro-

NeWS

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6 7

DOSsIER Bloc note

Clip gagnantIl a gagné le prix du meilleur clip lors du dernier Festival de la Foa avec Cia Na Tonh du groupe Vhirin. VINCENT LÉPINE a du talent à revendre. Ren-contre.

Comment t’es-tu retrouvé dans l’uni-vers du clip ?Cela fait 9 ans que je suis sur le Caillou et 3 ans que je suis complètement dans la vidéo. J’ai rencontré Manuella Ginestre, passionnée de vidéo, en 2003, avec qui j’ai fait de nombreux courts-métrages en tant qu’assistant réalisateur, cadreur, régisseur, etc. Comme je ne pouvais pas en vivre, je travaillais à côté, notamment à la SACENC pendant 2 ans. J’ai fondé ensuite 120PROD’ et j’ai réalisé mon pre-mier clip assez rapidement, en 2005, pour Daddy Max One, à l’époque chez Kes-kiya Production. J’ai enchaîné avec deux clips pour Ybal Khan, en 2007 et 2008, toujours pour les potes de Keskiya Prod’. Mon premier vrai clip, avec un vrai bud-get, est arrivé par hasard. J’ai suivi Dick et Hnatr début 2010 au Mali pour réaliser un documentaire et leur producteur, Alain Lecante de Mangrove, m’a commandé un clip pour Hnatr, à réaliser sur place.

Pourquoi le clip et pas des courts-mé-trages, par exemple ?Mon désir est de réaliser des clips expor-tables, en utilisant du matériel pro et le savoir-faire des techniciens locaux, qui progressent vite. Et puis les clips sont un espace pour innover et je compte bien en profiter pour y tenter plein de nouvelles choses.

Quel est son rôle aujourd’hui ?Le clip est un média super fort, il peut ras-sembler des milliers de personnes devant la petite lucarne et permettre aux artistes locaux de se créer une identité plus mar-quée. Le clip est un espace de création où les auteurs, compositeurs et réalisateurs peuvent travailler en commun et se lâcher.

Quel univers musical préfères-tu ?J’ai réalisé 7 clips de rap, 4 de kaneka, 1 de house, entre autres. J’aime toucher à tous les univers de la musique. Je ne suis pas sectaire.

surtout si l’on veut obtenir un rendu pro et efficace. Manuella Ginestre, réalista-rice connue à La Foa pour ses courts-mé-trages, excelle également dans l’univers du clip. Après le tournage de Le slip, c’est chic, elle s’est attaquée, avec Samuel Breton, à celui d’un titre des Yel-low Press Toy, Indooroolily song : tourné à l’aide d’appareils photos numériques (Canon EOS 7D et 5D) et non d’une caméra ! Un choix qu’elle justifie par « la qualité optimale (Full HD) - même s’il faut faire une conversion pour la diffusion télé - , une question de poids - moins lourd qu’une caméra -, la lumière mieux captée, les objectifs interchangeables, l’image nickel... Et on peut s’amuser avec la profondeur de champ. Bref, c’est super ! ». Pour le reste, c’est généralement propre au réalisateur. « Personnellement, j’ai besoin de quelqu’un à la production, d’un assistant réa (que je ne j’ai jamais, faute de budget), de cadreurs, élec-tros, machinos, d’un budget pour la location de la lumière, de quelqu’un pour le playback, d’une maquilleuse et d’une coiffeuse éventuellement. » Une convention avec le bureau d’accueil

des tournages propose aussi du maté-riel gratuitement (grues, rails…). Ne restent à payer que les deux techniciens capables d’utiliser le matériel et autorisés à le faire.

Du temps et de l’argent En résumé, un clip peut coûter entre 300 000 et un million CFP, tout dépend du budget qu’on désire y mettre. Et pour le temps de tournage, c’est le même principe. « Pour les Yellow Press Toy, il me faut encore 3 jours et demi de tournage car le scénario est ambitieux alors que pour Cilejë (le clip officiel des Jeux), je n’ai fais qu’une longue journée de tournage avec les artistes. 70 % des images qui composent ce clip ont été généreusement offertes, par contre j’ai passé énormément de temps en prépa-ration de tournage et sur le montage. »

Un vrai plus financier

Mais l’avantage qu’il ne faut pas négliger dans l’aventure du clip, c’est que, même s’il coûte cher, il est, selon la SACENC, source de la plus grande rentrée d’argent au niveau des droits d’auteur. Difficile d’avoir des chiffres précis, mais « un pas-sage télé génère plus de droits d’auteur, explique Alexandre Labéribe, juriste à la SACENC, surtout depuis que France Télévisions diffuse des clips locaux, dont certains sur tous les DOM TOM ». Un atout de taille alors que l’industrie du disque est en baisse. « L’an dernier, seulement 20 000 albums locaux ont été vendus. C’est peu vu le nombre de sorties », conclut-il.

Qu’il est loin le temps des “scopitones”, apparus dans les bars français en 1964 : enfant de la vidéo et du judebox, ce système permettait de visionner des vidéos de 3 minutes (une bobine de film 16 mm) pour la modique somme de 1franc. Treize ans plus tard, Queen sort le premier vidéoclip de l’histoire pour son tube Bohemian Rhapsody, dont le succès décisif entérine l’industrie de la promotion des artistes par l’image. Le clip, objet hybride, pas tout à fait une pub ni un film, devient alors un terrain de création débridée.

Une belle vitrine

Et question création, les Calédoniens n’ont, aujourd’hui, plus à avoir honte de leurs clips. L’arrivée de deux émissions locales en 2010 sur Nouvelle-Calédonie 1ère - Storyboard qui filme en live des artistes et Zik Clips qui présente les derniers clips - a été une bonne rampe de lancement. Motivés par ces nouveaux espaces d’expression, chanteurs et musi-ciens se lancent ardemment dans la réa-lisation de clips, tous univers artistiques confondus. Ainsi, des groupes comme

Soul Sindikate ou des producteurs tels que DJSE ont su se faire connaître grâce à leurs vidéos clips avant même la sortie de leurs albums. Le film Gaïa, par exemple, a été vu 15 000 fois sur la chaîne officielle Youtube du groupe Soul Sindikate ! DJSE, avec son titre Le slip, c’est chic, a su capter les esprits avec un humour décalé et osé. Sans oublier Le festival de la Foa qui récompense chaque année pas moins de trois clips. En 2011, Cia Na Tonh (groupe Vhirin, par Vincent Lépine) remportait le prix SACENC du meilleur clip ; Déterminé (Ybal Kahn, par Olivier Thomas et Vincent Lépine) gagnait le prix du jury Compact Mégas-tore ; et Raise and Burne (Soul Sindikate, par Christophe Martin) gagnait les voix du public de Nouvelle-Calédonie 1ère. Reconnus, diffusés, appréciés, les clips se creusent une belle place sous le soleil calédonien.

Une grande logistique

Tourner un clip ne se résume pas à em-prunter la caméra d’un copain, prendre quelques figurants et dire « action ». Cela demande logistique et savoir-faire,

Pourquoi faire un clip ? Combien ça coûte ?

Quel matériel doit-on prévoir ? Réaliser une

vidéo promotionnelle pour un morceau musical n’est pas simple, mais pourtant essentiel : il est temps de

s’y mettre. Action !

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La voix venue d’IrlandeINTERViEW !

Quand as-tu commencé la musique ? A l’âge de 16 ans, j’avais une cousine en Irlande qui jouait de la gratte. J’ai tout de suite été jaloux qu’elle puisse en faire et pas moi. Je me suis donc mis à la guitare (rire).

Pourquoi as-tu quitté l’Irlande et comment t’es-tu retrouvé en Nouvelle-Calédonie ? J’en avais marre du temps. Il y a tout de même moins de brouillard ici qu’en Irlande (rire). Plus sérieusement, je suis allé dans de nombreux pays et fin des années 1980, j’étais en Australie, mais je n’ai pas obtenu de visa. Il a donc fallu que je parte. Deux choix s’offraient à moi : Port Moresby ou Nouméa. Dans les deux cas, l’am-biance n’était pas au beau fixe, mais Nouméa me paraissait moins dangereuse malgré tout, même si l’île se situait pendant des Évènements. Dès mon arrivée, je suis parti à l’Ile des Pins où je suis resté six mois, le temps d’apprendre un peu le français. J’ai ensuite rencontre Dédé Gaspard et Charlie et nous avons monté le groupe Do Dat Jump.

Tu étais un vrai globe trotter, pourquoi avoir choisi de t’installer sur le Caillou ? Je suis resté en Nouvelle-Calédonie car, en matière de musique, il y avait encore tout à faire à l’époque. Il existait peu de groupes, peu d’en-droits où jouer. J’ai été content de débroussailler tout ça avec des mecs comme Théo ou Yata....

Tu as roulé ta bosse, comme on dit dans le jargon. Quels sont tes meilleurs souvenirs en musique ? J’ai des supers souvenirs dans la musique, même s’ils ne sont pas tous liés à la Nouvelle-Calédonie. J’ai été chauffeur pour les Wailers et traducteur par la même occasion. J’ai fait un boeuf avec les Red Hot Chili Peppers, j’ai rencontré Led Zeppelin... J’ai profité de chaque minute avec ces grands musiciens.

Penses-tu qu’il est possible de vivre de la musique en Nouvelle-Calédonie ? Pendant 10 ans, j’ai vécu de la musique mais aujourd’hui, je suis graphiste à temps plein. J’ai une passion pour le dessin et notamment pour la BD. D’ailleurs la couv’ de mon album vient d’une BD que j’ai créée.

Ton premier album solo sort en septembre.Peux-tu nous raconter un peu son histoire ? Il s’intitule SHIPWRECKED (Bâteau naufragé, NDLR) et j’y raconte ma vie. Je suis un naufragé. Qui a échoué sur la bonne île, c’est vrai, mais

naufragé quand même. Mes amis ont tous percé dans le milieu du show biz. L’un fait les chapeaux de la royauté anglaise, un autre réalise des clips pour les plus grandes stars américaines et je ne parle même pas de Karl Lagarfeld qui a la carrière que tout le monde connaît. Moi, je n’ai pas réussi, mais attention, je ne regrette rien de mon par-cours. J’ai été gâté par tout le monde, mes amis, mon environnement... D’ailleurs, mes potes qui roulent en Porsche envie ma vie sur le Caillou. Je ne sais pas pourquoi en 1988, l’immigration a bien voulu que je reste en Nouvelle-Calédonie, peut être parce que j’avais chanté en Lifou. Je ne sais pas, mais j’en suis ravi.

Cet album, c’est donc un peu ta vie ? Sur les 14 tracks, 13 d’entre eux racontent une expérience très particulière dans ma vie. Par exemple, le morceau Heart Angel est dédié au combat de ma mère pour faire sortir son frère des prisons de Cuba après que ce dernier ait été trahi par la CIA pour laquelle il travaillait. Avec cet album, je raconte des parties de ma vie, c’est un témoignage qui relate comment j’ai vécu et comment je continuerai à vivre.

Tu es sur scène depuis des années et pourtant c’est ton premier album solo. Tu en as mis du temps !Je suis le petit dernier de la bande, tout le monde a déjà son album dans les bacs. Mais du coup, je me suis beaucoup inspiré des copains avant de faire le mien. Pour l’instant, je n’ai pas de concert prévu en solo et je ne compte pas faire de grosses tournées, genre dans tous les bars de la ville. J’ai déjà donné, aujourd’hui, ça m’intéresse de moins en moins.

Il paraît que c’est toi qui réalise tes clips... Tu es multitâche ! La plupart du temps, c’est en effet moi qui réalise mes clips, sauf une fois où j’étais à Toronto chez un ami réalisateur, Chris Soos, qui m’a proposé de le faire. Pour la petite anecdote, Prince a appelé au même moment pour que Chris réalise son clip. Il lui a dit : la semaine prochaine, je suis occupé en ce moment. Je suis passé avant Prince, même s’il l’ignore (rire).

8

Un style vestimentaire marqué, un petit accent irlandais chantant, une bouille de baroudeur...

Mike O’Flynn est un sacré char-meur, surtout quand il se met derrière une gratte et un micro. Après des années de concert avec les Do Dat Jump et d’autres groupes, l’irlandais s’accorde enfin une pause pour se consacrer à son 1er album solo, SHIPWRECKED. Rencontre avec un naufragé au Paradis.

GraNd pOrtrait Bio expressLieu de naissance : Canada

Etudes : IrlandeInstruments joués : guitare, clavier, basse

et batterie (son instrument préféré)Une date importante : 1988, année de

création du groupe Do Dat JumpTournée : les Do Dat Jump ont fait les

premières parties de Steel Puls, Torre Junda, Eddy Mitchel, MC Solaar...

Clips : 10 clips tournés à Nouméa,5 au Canada

Villes où Mike a joué : Nouméa, New York, San Francisco, Paris, Londres,

Toronto, Perth, Brisbane, Vanuatuet partout en Irlande.

Discographie de Do Dat Jump :Bat Jump, DDJ live New Caledonia, Pump

for the Future, Lost in the South Pacific, Tropical Annals et un nouvel album

est en préparation.

« Je suis un naufragé qui a échoué sur la

bonne île »

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Photo Eric Dell’Erba • Piko Studio

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Aussi loin qu’il se souvienne, Tévita, qui signifie David en Fidjien, a toujours écouté de la musique aux sons très variés. « Quand j’étais petit, j’entendais de tout, mais surtout de la variété française. Je me rappelle de mes voisins qui mettaient à fond Frédéric François. Je me suis donc imprégné de tous ces sons pour créer mes propres goûts. » Avant d’être un chanteur reconnu, Tévita est donc un mélomane, avide de découvrir de nouveaux artistes. Il s’investit très vite dans le monde musical, mais derrière la scène, chez les techniciens. « C’était une chance de commencer dans les coulisses, car j’ai pu voir la différence entre la per-sonne dans la vie et l’artiste sur scène. Il existe très peu de personnes capables de se donner entièrement, sans fioriture, à leur public. Être sur scène, c’est cepen-dant s’exposer, c’est un peu comme lire son journal intime. »

A force de vagabonder entre les enceintes, et grâce à sa voix grave et profonde, l’envie de chanter commence à prendre de l’ampleur pour Tévita. Il s’inscrit trois fois au concours 9 semaines et 1 jour (2006, 2007 et 2008) et même s’il échoue, il gagne un public de fans qui vont dès lors alimenter ses concerts de cris amicaux.

Du live au digitalTévita enchaîne les scènes, les lives, les concerts. Sa voix, tout le monde la reconnaît, pourtant, il manque quelque chose à cet artiste : un album. C’est chose faite depuis juillet, avec son premier CD en vente sur tout le territoire. Ses influences sont diverses car certains morceaux ont été écrits des années auparavant et toutes les chansons qu’il a pu écouter pendant des années ont finalement donné quelque chose de très particulier. « Je ne suis pas un imitateur, je suis plutôt un synthétiseur. Je synthétise les sons du Pacifique, la musique française, le rock, le reggae... » Et s’il est vrai que certains morceaux font “ginguette”, d’autres ont une évidente influence reggae. Côté collaboration, il demande immé-diatement à Paul Wamo de faire partie de son aventure et de partager quelques titres avec lui. « C’est le premier qui m’a fait confiance en m’invitant sur les Mots, il était hors de question qu’il ne soit pas avec moi sur ce premier album ». Il ren-contre Robin Martin lors d’un spectacle, Paroles de femme, et craque sur sa voix à l’exact opposé de la sienne. L’album mettra neuf mois à voir le jour, comme un enfant. Neuf mois de travail pour offrir à son public 11 titres magnifiques.

PorTrait

Tévita, c’est la douceur incarnée, une voix grave

qui envoûte, un swing qui emballe. Après de nombreux concerts, le chanteur a sorti

son premier album, Dans ma tête. En un mois, plus

de 300 CD ont été vendus. Instantané de cet artiste

hors du commun.

Tévitatout en douceur

Portraits

Quand Audet Hnaweongo quitte OK RIOS !, il s’associe avec Emile Waia pour former le groupe Bagnia avec sept autres musiciens. 13 ans après le début de leur aventure, les voilà de retour avec un troisième album.

A l’origine de Bagnia, il y a OK RIOS ! Un groupe d’une vingtaine de mu-siciens originaires de Maré, de la tribu de Wakuarory, dans le district de Guahma. De ce groupe, formé en 1994, deux vont poursuivre leur chemin et ainsi éclater la formation. Il y aura tout d’abord Gulaan, guitariste interprète en pleine ascension sur la scène internatio-nale. Il a poursuivi avec OK RIOS ! pen-dant quelques années et a confectionné plusieurs albums avant de continuer sa route en solo en 2004. Quant au second, il s’agit d’Audet Hnaweongo.

Avec son comparse Emile Waia, qui deviendra le leader actuel du groupe, ils ont formé Bagnia. Neuf musiciens de kanéka reggae, dont la plupart ont grandi et commencé à jouer ensemble. Deux d’entre eux, originaires de Tiga et Lifou, les ont rejoints.

Après leurs deux premiers albums, Mahoe sorti en 98 et Ikuga en 2000, le groupe a lancé son troisième opus le 29 août dernier. Le résultat d’un travail long d’une décennie. Tuno, du nom de la sœur d’Audet, récemment décédée, est un double album composé d’une compil et de neuf nouveaux titres. Orientés soul, les morceaux transpirent leur style bien à eux et font entendre des textes engagés. « Ici, on vit dans un pays où on est plutôt gâté. Il faut penser aux autres », insiste Audet, sensible à ce qui se passe hors frontières. De la famine

qui sévit en Somalie aux conflits arabes, l’album bouscule, invite à la réflexion sur un Monde qui change. Tant de haine, Nengone mon île ou bien encore Tuno, autant de titres qu’Audet a écrit lui-même, avec sa guitare. Sur les 9 titres, 5 sont de lui. « Dans Tuno, je ne parle pas uniquement de ma sœur mais surtout des femmes en général. De celles qui partent trop vite et qui laissent des petits… », témoigne Audet, encore ému. Interrogé sur le style de l’album, Audet répond avec le sourire : « Il faut l’écouter…et l’apprécier ! ».

A l’Atoll en septembre et sur Maré en novembre, Bagnia attend avec impa-tience de rencontrer son public dans les mois à venir. Et nous, de les rencontrer !

Amélie Rigollet

Le 11 juillet 2009, Atelemo Laualiki représentait Wallis-et Futuna-aux Francofolies de la Rochelle. Sa prestation devant 15 000 personnes l’a envoyé au septième ciel. Depuis, il ne pense qu’à une chose : lancer un album capable de traverser les océans pour conquérir tout le monde.

Sa première « K7 », Atelemo l’a sortie en 1992. Dès lors, chaque année, il sortira un nouvel album jusqu’en 2000. Une prolification musicale qui le fait très vite connaître à Wallis-et-Futuna mais aussi en Nouvelle-Calédonie où il réside. Mais comme il le dit « on n’est pas en Amérique, c’est dur de vivre de sa musique ». Du coup, pendant quelques temps, sans abandonner son groupe, Atelemo prend un peu de recul avant de finalement décider de participer à 9 semaines et 1 jour. Lauréat de Wallis-et-Futuna, il se retrouve à La Rochelle en

2009. Ce 11 juillet restera gravé à tout jamais dans sa mémoire. « Il y avait l’or-chestre, les danseurs et les chansons traditionnelles de Wallis, des choses que les Métropolitains ne rencontrent pas souvent. Tout le monde dansait, j’ai été grisé par cet enthousiasme. » Pour le chanteur, c’était un moyen de faire découvrir sa culture mais ce fut aussi une révélation, l’envie de viser plus haut. « On a donc eu l’idée de sortir un album, doublé avec le DVD d’un concert fait au centre culturel du Mont-Dore », explique, ravi, le chanteur. Il s’agira d’ailleurs du pre-mier DVD wallisien jamais vendu. Le nom de l’album, Talahaulogi Atelemo, signifie le messager. Mes-sager de sa culture ? De la musique en général ? Une chose est sûre, Atelemo proposera d’ici peu un beau produit avec pour toile de fond, une grande envie : celle de conquérir le monde.

ATeLEMOenvie d’ailleursAussi loin qu’il se souvienne, Tévita, qui signifie David en Fidjien a toujours

AAAeell’ll’aa22ggaa

DDDTTllerreccffavvvssoéélleddccuJJJemEE““iinCddTévita c’est la douceur

Coupé au montage !« Pour moi la musique représente l’amour, le dessin, la colère et le théâtre permet d’être quelqu’un d’autre. Je pratique ces arts car je me suis rendu compte, depuis quelques temps, que j’avais be-soin de faire sortir toutes ces émotions. Je ne pourrais pas me contenter d’un seul. »

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PorTrait

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Après un an de break suite au décès de l’épouse du leader du groupe, Honoré Bearune, Yenu revient dans les bacs avec 11 titres en hommageà leur ami.

Crée au sein même de l’école pastorale de Lifou, Yenu s’est formé en 2003, l’année de la sortie de son premier opus, Fao Qatr Durekazegu. Composé de 7 musiciens et interprètes, le groupe produit son deuxième album We !

Cicango Niagu Komelei 3 ans plus tard. Après un an de « break », il revient en force depuis juillet dernier avec l’album Wecene inu, littéralement Ma Wecene, en hommage à l’épouse défunte d’Ho-noré Bearune, leader du groupe. Un an après sa disparition, le groupe Yenu offre des textes profonds à travers ses 11 nouveaux titres. Parler de la société et du chemin que l’on prend, là est leur crédo. « On essaie de plus responsabili-ser les gens dans leur choix de vie. Les bonnes décisions contribuent à s’édi-fier soi-même et les gens qui sont au-tour de nous », tient à rappeler Honoré. Le 5 juin dernier, date de l’anniversaire de Wecene, le groupe a levé le deuil sur l’île de Maré avec la formation Wawan durant une semaine de résidence. Projet dirigé par Honoré Bearune, Wawan est composée de musiciens de Yenu et du conservatoire de musique de Nouméa. Un mélange de chants polyphoniques

mêlés à la musique classique. Après leur participation à l’ouverture des XIVèmes

Jeux du Pacifique, Yenu fait un tour en brousse pour ses prochaines dates. A noter alors : le 24 septembre à Pouébo, le 15 octobre à Poum (avec l’association Chapitô) et le 18 novembre à Koné.

rend hommage

Kass’Pa en mode YAGGA !

Portraits

Après un premier album plein d’Espoir, Kass’Pa revient dans les bacs courant octobre avec Attitude Yaga. Petit aperçu de ce qui nous attend.

Constitué de membres tous originaires du Nord de la Grande Terre, le groupe Kass’Pa, apocope de la fameuse expression « Casse pas la tête », s’est formé en 2005. Mais c’est sur les bancs du lycée que les cinq musiciens

se rencontrent et décident de se lancer. De leur amitié et de leur passion pour la musique naîtra un premier album, empreint de reggae ska ragga, Espoir, sorti en novembre 2009. L’un de leurs titres, Kass’Pa, deviendra même le tube de l’été. Leur message ? S’adresser aux jeunes en évoquant des thèmes comme l’environnement ou bien la maladie, avec le titre Ton ami Sida. Kass’Pa aime à rappeler « qu’il est toujours temps de changer le cours des choses, et de recentrer sur des valeurs fortes comme l’amitié, l’harmonie, le respect ». Peu après cet album, ils enchaînent

les live, pour le plaisir de leurs fans, de plus en plus nombreux. Fort de ce succès, arrivé par surprise pour tous les membres du groupe, Kass’Pa récidive avec son deuxième opus Attitude Yagga. En continuité avec le premier, cet album promet d’être plus rock, tout en gar-dant ses notes ska reggae. « On a essayé d’y faire passer notre feeling Yagga, un mot qu’on a inventé nous-mêmes et qui symbolise notre musique. C’est aussi notre état d’esprit », évoque Ludovic, le leader du groupe. 11 titres qui soulèvent des thèmes contemporains comme l’environnement, mais aussi la femme « dans tous ses états », comme un « clin d’œil ». Parce-que Kass’Pa sait s’enrichir de talents, le groupe a travaillé de nouvelles structures avec les salomonais DMP, lors de leur dernière venue sur le territoire. « Notre collaboration a abouti à un featuring avec eux sur le morceau phare « Yagga Attitude », pré-cise le leader. Autre influence extérieure, celle de Beeman, le claviste vanuatais du groupe Ainos Groove, qui a aidé Kass’Pa à concocter cet album. Que les fans prennent patience, Attitude Yagga devrait arriver dans les bacs d’ici début octobre.En attendant, Yagga à tout le monde !!!

Amélie Rigollet

On pensait qu’ils avaient raccroché leurs instruments, il n’en ait rien. Le groupe Totem revient avec un quatrième album, après sept ans loin des studios : « Pwârâ to Kâbë ».

Deux K7 (1994/96), un CD (2004), la dis-cographie du groupe Totem de Ponérihouen n’était certes pas immense, mais de qualité. Pourtant pendant 7 ans, les 10 membres n’ont pas retouché au micro des studios. « Entre les concerts et quelques brouilles qui nous ont un peu éloigné », explique Irënë, le leader, « nous n’avons pas eu le temps d’écrire un nouvel album jusqu’à aujourd’hui. Tout le monde pensait que Totem était fini. » Avec Pwârâ to Kâbë, le groupe prouve qu’ils avaient tort. Cet album a réuni tout le monde dans la bonne humeur. Il faut dire que le titre signifie « On vous appelle ». « Nous voulons rassem-

bler les gens. Aujourd’hui, nous sommes des adultes et nous devons montrer l’exemple à la jeunesse. Cet album, c’est une manière de montrer le chemin à ceux qui sont derrière nous. » Petite surprise également : deux duos ont été réalisés, l’un avec le groupe Kanakee et l’autre avec Ashka. « Ce sont deux groupes

de Hiengène et on avait envie de partager un morceau avec eux », raconte Irënë. 11 titres sont à découvrir dans Pwârâ to Kâbë, un al-bum dont « tout le groupe est très fier. On l’a attendu longtemps, mais ça valait le coup. »Il ne reste plus qu’à le découvrir !

C’est une figure de la scène locale, un artiste ouvert au monde, aux autres. Théo Menango sort un nouveau single en duo avec sa fille, Karrye.

En trente ans, Théo Menango a offert aux Calédoniens des chansons magni-fiques aux textes empreints de poésie. Et la musique, c’est une histoire de famille pour lui. Il joue régulièrement avec ses enfants avec lesquels il a sorti deux albums : Big Bang et Fin d’un monde. « Il y a un côté pratique évident. Les musiciens sont toujours disponibles, puisqu’on habite au même endroit. Nous faisons de la musique n’importe quand, souvent sans instrument : avec la main, la bouche…Tous les instants sont mis en musique. » Mais sa fille, Karrye, est

partie en septembre pour suivre des études en métropole. Afin de lui offrir un souvenir du pays, et quelques sous aussi pour s’installer, Théo a enregistré un duo avec elle, sorti sur un single avec une chanson de Karrye seule. « Elle aura ainsi un support pour les radios où faire sa promo en France », explique Théo. Mais c’est avant tout un magnifique duo qui est offert ici aux Calédoniens. La voix cristalline de Karrye transporte, enivre, libère.Suivra très bientôt un album, Me-nango Family, courant septembre. Il s’agira d’un préambule à un autre al-bum plus important, portant sur la vie musicale - la « visicale », néologisme de Théo - depuis 42 ans. Ce projet de-vrait voir le jour vers décembre 2011 et conquérir le cœur du public.

THÉOMENANGOHistoire de famille

Les membresdu Groupe :

• Jean Haegene(guitariste solo et arpège)• Luc Hnaia (claviste)

• WarawiWakoea (vocal) • Alphonse Sipa (vocal) • GiseleNgaioni (vocal)

• Nale Cipre(guitare accompagnement) • Honoré Bearune

(chanteur et leader, guitariste)

Totemils sont de retour !

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ParOle de pro

Arrivé en Nouvelle- Calédonie très jeune, Jean-Luc Leroux quitte l’île en seconde et retourne en Métropole en pleine période de mouvance musicale : 1968. Epoque dorée dont il a bien profité et qui l’a beaucoup inspiré, jusqu’à aujourd’hui.Jean-Luc Leroux, c’est un fan de country, de folk, de la musique américaine du terroir. Quand il vivait en Nouvelle-Calédonie, la passion de la musique l’avait déjà atteint. « Je me souviens que je commandais des vinyles à mon cousin pour qu’il me les envoie. J’étais une vraie star auprès des filles, » raconte-t-il en riant. Avec pour seconde grande passion la natation, il devait concourir dans de prestigieuses compétitions mais un accident de moto le cloue au lit et sa carrière sportive s’arrête brutalement. Ayant pris du retard à l’école en raison de ses entraînements, il repart en France pour faire sa seconde. « Je suis arrivé à un moment où le folk gagnait ses lettres de noblesses avec des mythes comme Bob Dylan. Même les français s’y étaient mis comme Hugues Auffrey. Bref, c’était une belle époque. » Très vite, le folk devient indispensable dans la vie de Jean-Luc. Au lycée, il découvre en Françoise une voix d’or. Ils feront ensemble leur premier concert au sein même de l’établissement et écriront par la suite une comédie musicale pour le prof d’art dramatique.

Du folk à la countryPar la suite, le chanteur prend en main un album des New Lost City et décide que c’est ce style de musique qu’il

veut désormais reproduire. Il continue ses recherches et petit à petit arrive à la country en découvrant, via son ami Gérard, le banjo, puis la mandoline, son instrument fétiche appris en auto-didacte. Durant les années 1970/80, le folk cartonnait, permettant ainsi à Jean-Luc Leroux d’engager des tour-nées, de faire des concerts, de créer des festivals, dont le premier festival country de France. En clair, une pé-riode dorée qu’il a adoré vivre et dont il a profité jusqu’à son mariage dans les années 1990. Dès lors, il se pose en Nouvelle-Calédonie et laisse de côté ses chansons pour se consacrer à un métier plus stable. Il reprend les rênes d’une grande enseigne du bricolage sur le Territoire.

Une pause musicaleIl faudra attendre 2007 et une rencontre fortuite pour le voir reprendre le micro. Il retrouve Gérard et Françoise, ses deux compagnons de route de ses premières années de troubadours, et tous les trois décident de faire l’album qu’ils auraient du réaliser 35 ans plus tôt. Ainsi naît Interdeps, diffusé en Calédonie, mais aussi en Métropole, aux USA et même en Allemagne. « Nous avions changé, nous avions perdu l’insouciance de notre jeunesse, mais cet album fut très sympa à réaliser ». Qu’il regarde en arrière ou qu’il tende vers le futur, pour Jean-Luc Leroux, la musique « a toujours été un moyen de compenser le manque de liberté que j’ai eu dans ma vie civile. Je suis un peu comme Dr Jeckyll et Mr Hyde. La musique est la face cachée de mon caractère, mais elle m’apporte force et lumière. »

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DISCOGRAPHIE : 1982 - Banjo 1982

avec Jean Marie Redon, instrumentaux de Bluegrass

1984 - Album avec Gerard Vandestoke sur des chansons de routiers en Francais.

2007 - Interdeps

2009 - De Nashville a Nouméa enregistré a nashvillecountry en Francais

2010 - Single de deux titres La Lune NOire

2011 - Country Lagoonenregistré a Nashvillecountry en Francais

“Mon plus grand bonheur, c’est lorsqu’un client repart heureux”

Sylvana TolméDisquaire, un métier de passion

Pourquoi avez-vous quitté votre métier de comptable pour vous lancer dans l’industrie musicale ? D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé la musique, profondément, avec passion. J’aime tous les styles avec un pincement particulier pour le jazz et le smooth jazz, mais aussi le classique. On peut dire que je suis une vraie mélomane. Je connaissais bien le magasin Pacodisc, je n’ai donc pas hésité longtemps avant de racheter l’affaire, il y a sept ans.

Comment choisit-on les artistes que l’on va vendre dans son maga-sin ? On ne choisit pas tout, on fait aussi beaucoup avec la demande du client. Pacodisc est rapidement de-venu une référence en reggae, non pas parce qu’on l’avait décidé, mais parce que les clients étaient en demande. Par contre, on a amené d’autres choses que des albums de Bob Marley ou Lucky Dube, on a voulu faire découvrir le reggae par d’autres artistes.

Quel est votre rôle dans le magasin ?Honnêtement je fais tout dans mon magasin. C’est une petite entre-prise, il faut donc mettre la main à la pâte. Mais ça ne me dérange pas du tout, bien au contraire. Je pense que, quand on est gérant de société, il faut tout savoir faire. Dé-léguer, c’est important, mais savoir faire, c’est essentiel.

Mais qu’est-ce que vous préférez faire ?Sans hésitation, le comptoir. J’aime être au contact des clients, les conseiller et voir même de les diriger vers des nouveautés qu’ils n’auraient peut être pas découverts autrement. Je leur dis toujours : « dites moi ce que vous aimez comme style et je vous présenterai des artistes. » Mon plus grand bon-heur, c’est lorsqu’un client repart heureux avec un nouvel album dans les mains parce qu’il a eu un grand coup de coeur.

Le MP3 a mis à mal l’industrie du disque compact. Disquaire serait-il un métier en voie de disparition ?Le MP3 a fait du mal au CD mais il reste trois points importants qui maintiennent en vie les albums. Tout d’abord, beaucoup de per-sonnes ont le goût de l’objet, ils aiment avoir une pochette, les paroles, le CD... Ensuite, il n’y a pas encore de grande différence de prix entre le MP3 et le CD. Enfin, pour les puristes comme moi, le son est totalement différent entre les deux supports. Le MP3, c’est très bien pour écouter la musique quand on fait ses courses ou du sport. Mais vous ne me verrez jamais mettre un MP3 chez moi. Le son d’un CD est beaucoup plus pur, on entend chaque instrument et il n’y a que comme ça qu’on devrait écouter la musique. Mais pour répondre à votre question, oui, la fin des disquaires est proche. Il va falloir diversifier nos produits pour pouvoir continuer d’exister.

Sylvana Tolmé était comptable lorsqu’elle décide, il y a sept ans, de reprendre Pacodisc et de devenir ainsi disquaire. La musique était une vraie passion, elle en a fait son métier.

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ZoOm arrière

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ça bOuge

AgeNda

daNs les Bacs

LeevyLien d’amour

TebutaaneHnamus Ezikikie

Kaa Yii Kaa Homme de la terre

DjaswydAngyzak

BrèvesDumbéa en studioDurant le mois de septembre, les groupes de musique de Dumbéa iront en studio afin de découvrir l’univers d’une salle d’enregistrement. Une belle initiative de la mairie de Dum-béa qui propose d’ailleurs aux forma-tions musicales, et cela toute l’année, d’utiliser la salle de musique du centre culturel, du lundi au vendredi, de 16h à 22 h. Intéressés ? Contactez Franck Doulcet, coordinateur musique, tél. 41 23 07.

Aide à la créationLa province Sud a mis en place un dis-positif d’aide à la création artistique afin d’aider les musiciens calédoniens de tous les âges à réaliser un album. Pour en bénéficier, il est indispensable de dé-poser un dossier de candidature avant le 30 septembre 16 h à la direction de la culture de la province Sud au 16, rue Gal-liéni. Pour plus d’infos : tél. 24 60 90 ou www.province-sud.nc.

Koohnê en musiqueLe 6 août dernier, les villageois de Koné ont pu découvrir un concert Ile de lu-mière au complexe culturel. Mis en place par le Département des Musiques Traditionnelles et les “Petits violons” du Conservatoire de Musique de Nouvelle-Calédonie, Airs de partage est un évène-ment novateur qui propose une rencontre originale : celle de la musique classique et du kaneka acoustique. Le concert fut un vrai succès !

Com’muziquons !Site (poemart.net), blog (endemix.org), Facebook et revue Endémix : le Poémart met en œuvre de nombreux moyens de communication pour vous tenir infor-més de l’actu musicale. Mais à l’heure des nouvelles technologies, ces outils se doivent d’évoluer. Ainsi, le groupe EN-DEMIX de Facebook deviendra bientôt une page à part entière ouverte à tous (devenez nos « amis » et postez vos in-fos !) et un lifting du site poemart.net est prévu : nouveau look, davantage d’actus et de clips, et plus d’infos sur les groupes locaux. Vos contributions sont les bien-venues : biographies, photos, pochettes de CD, etc. sont attendues par email à [email protected]

JEU ENDEMIX, 15 TEE-SHIRTS A GAGNER !

Jeu gratuit, sans obligation d’achat, organisé par le POEMART – Pôle Export de la Musique et des Arts, tél. 28 20 74, [email protected]

Réponds à la question suivante, découpe

le coupon-réponse et dépose-le chez Paco

Disc (galerie commerciale de l’Alma)

ou envoie-le par courrier au POEMART,

27 rue de Sébastopol - 98 800 Nouméa.

Trois tirages au sort, parmi les bonnes ré-

ponses, auront lieu dans le magasin Paco

Disc, les samedis 1er octobre, 29 octobre et

26 novembre, à 11 heures.

5 tee-shirts à gagner, à chaque tirage

au sort !

Question :Quel est le titre du premier album solo de Mike O’Flynn ?

O Shipwrecked

O Tropical Annals

O Heart Angel

Prénom : Nom :

Tél. : Email :

Septembre

Festival Femmes Funk

17 Danakil à Lifou.

22 Simangavole à La Foa.

23 NeaCombo Diffuzion, Da-

nakil et Kass pa au Centre culturel

du Mont-Dore.

24 Sacha, Ykson, Ben l’Oncle

Soul et Ybal Khan au Centre cultu-

rel du Mont-Dore.

25 Simangavole, Dyna,

Ngaiire et Susheela Raman

au Centre culturel du Mont-Dore.

20/27 festival des Mai-

sons de musique aux Art’péritifs

du Centre d’art

Octobre7 Tiken Jah Fakoly au Centre culturel Tjibaou.

22 Oazik’s & Kultur’Box avec

trois groupes locaux en pays Iaai au

Centre culturel Tjibaou.

22 Requiem allemand de Brahms

au Centre culturel du Mont-Dore.

29 Battle : Breaker super crew

au Centre culturel du Mont-Dore.

29 Yannick Noah au Centre

culturel Tjibaou.

Novembre15 au 19 Gypsy Jazz festival.

25 Soprano aux Arènes du sud.

21 novembre au 1er décembre

les ateliers en scène au centre

culturel du Mont-Dore.

Décembre3 les Flèches de la Musique

2011 au Centre culturel Tjibaou.

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Ecrire la musiqueLa Maison du Livre, en collaboration avec le Centre d’Art, a or-ganisé en août des rencontres entre mu-siciens et paroliers. L’idée de ces ateliers est venue d’un constat : beaucoup de groupes ou de chanteurs parviennent à créer des mélodies, un rythme, mais inventer des paroles semblent plus compliquées. C’est pour cette raison que beaucoup d’artistes se contentent de reprises, tandis que des ébauches de morceaux attendent patiemment dans les besaces. Le Centre d’Art de Nouméa, la Maison du Livre de la Nouvelle-Calé-donie, l’association Rock Connection NC et la SACENC ont donc uni leurs forces pour lancer des rencontres entre musiciens et écrivains. Les chansons qui découleront de ces ateliers, et composées unique-ment en français, seront jouées lors d’un grand concert gratuit au Quartier Latin, dans le cadre des Francosoniques, le plus important évènement musical du 4e forum Francophone du Pacifique en no-vembre. Chaque session est menée par Patrice Guirao (parolier de Johnny Hallyday, Florent Pagny...), qui a quitté récemment Tahiti pour s’installer en Nouvelle-Calédonie. On lui doit notamment de grandes comédies musicales comme Le Roi Soleil, Les Dix comman-dements ou encore Mozart l’Opéra Rock qui a connu un énorme succès public. Quant aux participants, on retrouve du côté des groupes Alain Akil, Corenod, Ricobob, Sacha, Speed Boris, Stéphane Fernandez, Sumaele et We are Resistance et du côté écrivains, Catherine C. Laurent, Claudine Jacques, Diego Jorquera, Frédéric Ohlen, Roland Rossero, Stéphane Camille et les slameurs Boukman Thonon et Lau-rent Ottogalli. Rendez-vous est pris en novembre pour découvrir le fruit de leur collaboration !

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