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ESCALADE L'escalade place d'emblée l'élève dans un rapport émotionnel à l'environne- ment vertical. Le risque, symbolique ou réel, est toujours présent. Pour le maîtriser et s'engager dans une pratique adaptée à ses ressources, l'élève doit apprendre à assurer sa sécurité et celle de l'autre. PAR Y. CHALVIN ENSEIGNER LA SECURITE Le risque fait partie intégrante de l'activité. Le « risque subjectif » (1), tel que l'élève se le représente, peut le stimuler ou au contraire l'inhiber. Si la sensation de vertige constitue en elle-même un puissant facteur de motiva- tion (2), la peur de la chute, de se faire mal, de l'inconnu, de ne pas être capable de gérer la fatigue, sont autant de facteurs, variables selon les élèves, que l'enseignant doit connaître et prendre en compte (3). On dis- tingue le « risque perçu » (4). correspondant à l'évaluation de la dangerosité d'une situation par l'élève, du « risque préférentiel », défini par l'engagement que l'élève est susceptible de consentir par rapport à son état émotionnel. L'enseignant doit proposer des situations offrant à l'élève un niveau optimal du « risque subjectif ». Il peut intervenir en jouant, par exemple, sur la difficulté des objectifs, les modalités d'engagement et sur le climat de confiance qui règne dans la classe. En renfor- çant le dispositif d'assurage ou en donnant des objectifs de hauteur proportionnels à l'appré- hension des élèves, l'enseignant cherche à réduire les « risques perçus » pour ceux fai- sant preuve d'anxiété par rapport à la disci- pline et ainsi favoriser leur investissement. A l'inverse, en proposant une situation corres- pondant à leur niveau de « risque préférentiel », l'enseignant parvient à canali- ser les élèves qui recherchent la sensation de vertige en transgressant les règles imposées (par exemple, l'assureur laisse glisser la corde entre ses doigts pour faire descendre le grim- peur plus rapidement et lui procurer des sen- sations fortes). La gestion du niveau de risque subjectif est donc essentielle pour favoriser l'investissement de tous les élèves tout en assurant leur sécurité. Les « risques objectifs », c'est-à-dire ceux réellement encourus par les élèves au regard de leurs ressources, doivent être quant à eux maîtrisés par des règles, des procédures et des situations adaptées. APPRENDRE LA SÉCURITÉ Les règles sont clairement énoncées en début de cycle et rappelées pendant les premières séances, ce qui permet à nos élèves de les intégrer. Le respect des règles de sécurité est évalué en contrôle continu. Au-delà des règles de base qui régissent la sécurité du cours, nous visons une éduca- tion à la sécurité plus large, constituant un continuum allant du niveau débutant au grimpeur confirmé (en complexifiant les points énoncés pour ce dernier). Connaître le matériel et son utilisation Pour l'élève : • Savoir s'encorder. • Savoir s'équiper de son baudrier. • Vérifier l'équipement de son camarade. Pour l'enseignant : • Gérer le matériel en respectant les normes relatives à son renouvellement (encadré 1 ). • Instaurer le principe de vérification (par un camarade ou par l'enseignant). Le risque de mal fermer son baudrier peut varier en fonc- tion des modèles, ce qui exige une attention renforcée. Connaître et respecter les règles de sécurité • Respecter l'interdiction de grimper sans corde au-delà de 3,10 m (premier point d'as- surage) (5). • Assurer la sécurité passive en plaçant des tapis au sol (en SAE). Les recommandations fédérales (6) précisent que la surface de tapis doit être continue et fermée afin de protéger une zone de 2.50 m dans toutes les directions possibles d'une chute avant le premier point. • Utiliser le vocabulaire spécifique : « départ » lorsque le grimpeur s'engage dans la voie, « descente » lorsqu'il veut informer son assu- 1. Vieillissement et normes du matériel d'escalade L'équipement utilisé en collectivité doit être : - conforme à la législation en vigueur (label UE), - répertorié dans un cahier d'inventaire, - stocké à l'abri de la lumière, de l'humidité ; - mis au rebut, lorsqu'il est détérioré ou jugé douteux. Durée de vie du matériel • 5 ans : harnais, matériel métallique, corde (avant si elle présente des signes d'usure). • 2 ans : sangles et dégaines. PHOTOS : AUTEUR EP.S № 326 - JUILLET-AOÛT 2007 51 Revue EP.S n°326 Juillet-Août 2007 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

ENSEIGNER LA SECURITE - UV2S | Université …uv2s.cerimes.fr/media/revue-eps/media/articles/pdf/70326-51.pdf · tapi s au sol (en SAE). Le recommandations fédérales (6) précisent

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ESCALADE L'escalade place d'emblée

l'élève dans un rapport

émotionnel à l'environne­

ment vertical. Le risque,

symbolique ou réel, est

toujours présent. Pour le

maîtriser et s'engager

dans une pratique adaptée

à ses ressources, l'élève

doit apprendre à assurer sa

sécurité et celle de l'autre.

PAR Y. CHALVIN

ENSEIGNER LA SECURITE Le risque fait partie intégrante de l'activité. Le « risque subjectif » (1) , tel que l'élève se le représente, peut le stimuler ou au contraire l'inhiber. Si la sensation de vertige constitue en elle-même un puissant facteur de motiva­tion (2), la peur de la chute, de se faire mal, de l'inconnu, de ne pas être capable de gérer la fatigue, sont autant de facteurs, variables se lon les é l è v e s , que l ' ense ignan t doit connaître et prendre en compte (3). On dis­tingue le « risque perçu » (4). correspondant à l'évaluation de la dangerosité d'une situation par l'élève, du « risque préférentiel », défini par l'engagement que l'élève est susceptible de consentir par rapport à son état émotionnel. L'enseignant doit proposer des situations offrant à l'élève un niveau optimal du « risque subjectif ». Il peut intervenir en jouant, par exemple, sur la difficulté des objectifs, les modalités d'engagement et sur le climat de confiance qui règne dans la classe. En renfor­çant le dispositif d'assurage ou en donnant des objectifs de hauteur proportionnels à l'appré­hension des élèves, l 'enseignant cherche à réduire les « risques perçus » pour ceux fai­sant preuve d'anxiété par rapport à la disci­pline et ainsi favoriser leur investissement. A l'inverse, en proposant une situation corres­pondan t à leur niveau de « r i sque préférentiel », l'enseignant parvient à canali­ser les élèves qui recherchent la sensation de vertige en transgressant les règles imposées (par exemple, l'assureur laisse glisser la corde

entre ses doigts pour faire descendre le grim­peur plus rapidement et lui procurer des sen­sations fortes). La gestion du niveau de risque subjectif est donc essentielle pour favoriser l ' investissement de tous les élèves tout en assurant leur sécurité. Les « risques objectifs », c'est-à-dire ceux réellement encourus par les élèves au regard de leurs ressources, doivent être quant à eux maîtrisés par des règles, des procédures et des situations adaptées.

APPRENDRE LA SÉCURITÉ

Les règles sont clairement énoncées en début de cycle et rappelées pendant les premières séances, ce qui permet à nos élèves de les intégrer. Le respect des règles de sécurité est évalué en contrôle continu. Au-delà des règles de base qui régissent la sécurité du cours, nous visons une éduca­tion à la sécur i té plus large, cons t i tuant un continuum allant du niveau débutant au gr impeur confirmé (en complexif iant les points énoncés pour ce dernier).

Connaître le matériel et son utilisation

Pour l'élève : • Savoir s'encorder. • Savoir s'équiper de son baudrier. • Vérifier l'équipement de son camarade. Pour l'enseignant : • Gérer le matériel en respectant les normes relatives à son renouvellement (encadré 1 ).

• Instaurer le principe de vérification (par un camarade ou par l'enseignant). Le risque de mal fermer son baudrier peut varier en fonc­tion des modèles, ce qui exige une attention renforcée.

Connaître et respecter les règles de sécurité

• Respecter l ' interdiction de grimper sans corde au-delà de 3,10 m (premier point d'as­surage) (5). • Assurer la sécurité passive en plaçant des tapis au sol (en SAE). Les recommandations fédérales (6) précisent que la surface de tapis doit être continue et fermée afin de protéger une zone de 2.50 m dans toutes les directions possibles d'une chute avant le premier point. • Utiliser le vocabulaire spécifique : « départ » lorsque le grimpeur s'engage dans la voie, « descente » lorsqu'il veut informer son assu-

1. Vieillissement et normes du matériel d'escalade

L'équipement utilisé en collectivité doit être : - conforme à la législation en vigueur (label UE), - répertorié dans un cahier d'inventaire, - stocké à l'abri de la lumière, de l'humidité ; - mis au rebut, lorsqu'il est détérioré ou jugé douteux. Durée de vie du matériel • 5 ans : harnais, matériel métallique, corde (avant si elle présente des signes d'usure). • 2 ans : sangles et dégaines.

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reur de son dés i r de d e s c e n d r e , e t c . Ce vocabulaire s'enrichit lorsque l'on pratique en milieu naturel. • Effectuer sa progression dans l'axe de sa voie en moulinette pour éviter de balancer. • Ne pas mettre les doigts dans les ancrages. • Attacher les cheveux longs.

Rester vigilant

• Être attentif aux informations visuelles et audi t ives (arr ivée du gr impeur au re la i s , demande du grimpeur d'être assuré « sec », etc.). • Être capable d'interpréter des informations pour anticiper (tremblement de la voix du grimpeur avant une chute nécessitant une plus grande vigilance, etc.).

Connaître son niveau de pratique ainsi que celui de ses équipiers

Cet aspect est indispensable dans les APPN. L'engagement dans une modalité de pratique que l'on ne maîtrise pas ou dans un niveau supé r i eu r au sien i m p l i q u e en effet des contraintes du milieu que l'on ne peut gérer si on n 'a pas le niveau ou si un membre de la

cordée ne l'a pas (exemple : un élève de club demande à son copain de l'assurer en tête alors que ce dernier débute l'activité).

Contrôler ses émotions

Le cognitif est subordonné à l'affectif dans une situation de stress. Ainsi, si le grimpeur se laisse envahir par la peur, il n'est plus en mesure de réfléchir et de prendre des déci­sions adaptées. Il s'agit donc de faire prendre conscience de ce phénomène aux élèves pour qu'ils apprennent à se maîtriser.

DES SITUATIONS POUR APPRENDRE DES TECHNIQUES DE SÉCURITÉ

LE BLOC

Organisation

L'enseignant aménage un parcours horizontal ou vertical jusqu'à une hauteur de 3,10 m. Les intérêts de ce mode de pratique sont multiples. • Pédagogique : l'enseignant peut facilement aménager un parcours en signalant les prises à la craie pour induire un comportement moteur particulier.

• Pratique : les manipulations de corde sont absentes, ce qui permet de rentrer rapidement dans l'activité sans exiger de prérequis ou de gagner du temps. • Ludique et convivia l : les ac teurs sont proches les uns des autres et communiquent sur l'action réalisée ou à réaliser.

Sécurité mise en place

Sécurité passive Installer les tapis de réception et matérialiser la zone de pratique (ligne à 3,10 m tracée en permanence sur le mur, marquage d'une prise-cible, etc.). Sécurité active • Mettre en place l'apprentissage de la parade (photo 1). On demande à l'élève pareur de se placer en-dessous du grimpeur pour agir au niveau de ses omoplates (s'il progresse près du sol) ou de son bassin (s'il progresse sur une ligne plus haute), afin de l'aider à retomber sur les pieds en cas de chute. • Veiller à ce que deux grimpeurs évoluant sur un bloc ne soient pas susceptibles de tomber sur une même zone de réception.

1. Parade 2. Demi-moulinette

Assurage en 5 temps

52 POUR VOUS ABONNER AUX REVUES EP.S ET EPS 1 TEL 01 55 56 71 28 EMAIL [email protected]

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LA MOULINETTE

L'apprentissage de l'escalade en moulinette nécessite l'automatisation de l'assurage en 5 temps (dessin 1) et une vigilance permanente. C'est pourquoi, il est important d'aménager des situations pour laisser le temps à l'assureur d 'acquér i r l ' expér ience nécessa i re à une pratique en toute sécurité.

La demi-moulinette

Organisation Il s'agit de réduire la hauteur d'escalade en pas san t la co rde du g r i m p e u r dans la deuxième dégaine pour l'empêcher d'aller plus haut (photo 2). Celui-ci se trouve alors en situation de bloc, les tapis assurant sa sécurité en cas de chute, ce qui laisse la possibilité à l'assureur d'automatiser l'assurage en 5 temps. Consignes de sécurité • Respecter la routine de vérification avant le départ : le nœud de huit vérifié par le profes­seur, le huit correctement placé (sur la main la plus forte ), le mousqueton à vis bien fermé, la corde non vrillée près du relais. • S'encorder avec un nœud de huit suivi par un nœud d'arrêt. Ce dispositif vise non pas à ren­forcer l'encordement mais à matérialiser le fait que suffisamment de corde sorte du nœud, empêchant tout risque de glissement de celui-ci (photo 3). • Ne pas placer ses doigts dans les points de sécurité. • Ne pas sortir de l'axe de progression : ne pas utiliser les prises situées sur la voie mitoyenne pour ne pas balancer. • Utiliser le vocabulaire approprié pour véri­fier l'attention de l'assureur : « départ » avant de s'engager ; « sec » en cas de besoin de se reposer sur la corde pendant la progression ; et enfin « je descends » avant de se lâcher pour descendre la voie.

Consignes pour l'assureur

• Se placer debout, à 2 m maximum du mur.

• Réaliser les 5 temps de l'assurage.

Indicateurs de fin d'étape Les élèves ont acquis l 'automatisation du geste d'assurage.

La moulinette à 3

Organisation Le dispositif d'assurage est renforcé par un troisième assureur (photo 4) dont la cordelette est reliée à la corde par un nœud autobloquant, le nœud français ou machard (dessin 2). Ce système agit comme une ceinture de sécurité : si tout se passe bien, il ne freine pas la pro­gression. Si en revanche la corde glisse trop rapidement, le nœud se bloque et les deux élèves assureurs forment un contrepoids . Ce procédé se justifie à cette étape car les élèves ont acquis les mécanismes d'assurage mais sont susceptibles de commettre une faute d'inattention. Consignes de sécurité Identiques à la situation précédente. Indicateurs de fin d'étape L'inconvénient de ce système est la réduction du temps de travail sur la voie car les élèves sont regroupés par trois au lieu de deux. La mise en place progressive d'une organisation en doublettes est fonction du niveau des élèves et de leur sérieux.

L'ESCALADE EN TÊTE

Grimper en tête constitue l'essence de cette activité (7). Il s'agit pour l'élève d'escalader la paroi en se protégeant progressivement par la mise en place de dégaines aux points d'assu­rage. L'engagement est important car il doit systématiquement passer au-delà du point d'assurage pour progresser dans la voie. Le risque de chute, très présent, impressionne beaucoup les élèves. Néanmoins, ce risque est seulement subjectif si les précautions prises sont suffisantes et si les élèves disposent des p r é r equ i s n é c e s s a i r e s . I ls do iven t ê t re capables de :

- se placer par rapport à la corde,

- placer les dégaines ; - assurer en tête (ce n'est pas parce que l'on sait assurer quelqu'un en moulinette que l'on sait l'assurer en tête), - bloquer une chute.

La « queue de souris »

Organisation Le grimpeur escalade la voie en étant assuré en moul inet te (photo 5). Pendant sa p ro­gression, il mousquetonne une seconde corde attachée au pontet de son baudrier dans les dégaines. Cette situation lui permet d'automa­tiser le mousquetonnage.

Consignes de sécurité • Mousquetonner lorsque le point se situe entre ses épaules et son bassin. • Vérifier que la corde est correctement placée dans la dégaine (dessin 3) en utilisant les deux techniques : le crochet ou le pistolet (dessin 4, p. 54).

3. Nœud d'arrêt

4. Dispositif d'assurage renforcé

Nœud machard

5. « Queue de souris »

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• Placer la dégaine dans le bon sens sur le point d'assurage : doigt tendu dans l'anneau, doigt arrondi pour la corde. • Choisir une « prise-but » en fonction de ses ressources, c'est-à-dire une prise considérée par le grimpeur comme étant facile à tenir et à partir de laquelle il peut mousquetonner en toute sécurité. • Mousquetonner avec le bras tendu pour évi­ter une dépense énergétique trop importante. Remarque : l'utilisation d'un nœud magique ou d'un élastique (« chouquette »), en pinçant la corde juste après le nœud du grimpeur,

pe rmet de vér i f ier que le gr impeur n'a j ama i s été en appui sur la corde lors de sa progression.

Indicateur de fin d'étape L'élève a automatisé le mous-q u e t o n n a g e et in tégré les règles de sécurité

Le « yoyo»

Organisation En situation de moulinette à 3 (pour renforcer la sécuri té dans la mesure ou l'on pro­pose une modalité d'assurage nouvelle pour l'élève) le grim­peur monte pour placer son bassin au niveau du 3 e point, redescend au 1 e r, remonte au 4 e , puis redescend au 2 e.

Critères de réalisation • Pour le grimpeur : escalader et désescalader sans jamais être en appui sur la corde. • Pour l'assureur : avaler ou donner du mou au grimpeur en faisant glisser la main forte sur le brin sortant du huit et la main faible sur le brin entrant dans le huit.

Consignes de sécurité Iden t iques à la s i tua t ion précédente.

Le « téléphérique »

Organisation

En bloc : 2 grimpeurs sont reliés par une corde de 10 m, une dégaine pour 2 (photo 6). Un premier grimpeur monte mettre la dégaine sur le 1 e r point et place la corde. Il utilise la prise-cible désignée à l'avance. Après vérification, il enlève la dégaine et la laisse glisser sur la corde jusqu'à son équipier (« téléphérique »). Il redescend en désescaladant. C'est ensuite au tour du second et cela pendant 2 min (2 ou 3 mousquetonnages environ). On fait varier la situation en travail sur tous les premiers points de la SAE.

Critères de réalisation

• Se fixer une « prise-but » pour se maintenir à la paroi pendant le mousquetonnage. • Trouver un équilibre (parmi l'ensemble des postures) pour lâcher une main pendant le mousquetonnage.

Consignes de sécurité

Identiques aux situations précédentes.

L'assurage de sécurité axé

Organisation Le grimpeur escalade la voie en étant double­ment assuré : par un camarade en moulinette et par un autre qui l'assurera en tête (photo 7). Cette situation permet à l'élève d'automatiser le mousquetonnage. Il apprend à placer ses jambes par rapport à la corde pour ne pas risquer de se retourner en cas de chute et à assurer en tête.

Consignes de sécurité • Se référer aux cons ignes concernant le mousquetonnage. • Pour le couple grimpeur-assureur en tête : veiller à ce que le grimpeur ne place jamais sa jambe entre le mur et la corde. De même, l'as­sureur doit se placer de telle sorte, qu'en cas de chute, le grimpeur ne tombe pas sur la corde au risque de se brûler. • Pour l'assureur : être près du mur pour assu­rer et respecter la consigne suivante : « avoir la corde tendue mais sans retenir le grimpeur ». • Effectuer un nœud au bout de la corde pour éviter que celle-ci sorte du système d'assu­rage, dans le cas où la corde serait trop courte par rapport à la longueur de la voie (si cela ne se produit pas en SAE, c'est un réflexe à acquérir pour une pratique future en milieu extérieur).

Remarque : pour assurer en tête, l'élève doit être capable de « donner du mou » sans jamais lâcher le brin de sortie du huit. Il s'agit en quelque sorte d'enchaîner deux mouvements de directions opposés : donner de la corde au grimpeur quand celui-ci évolue au-dessus de sa dernière dégaine et avaler de la corde lorsque celui-ci est en-dessous Indicateurs de fin d'étape : pour passer de cette situation aménagée à la suivante, l'élève doit avoir compris comment se placer par rap­port à la corde pour ne pas se retourner en cas de chute et avoir automatisé l'assurage d'un équipier en tête. Il faut également prendre en compte le niveau d'appréhension de l'élève dans ce con t ex t e pour ne pas le me t t r e en situation de blocage dans une situation plus engagée.

L'école de vol Organisation Cet atelier est indispensable pour l'apprentis­sage de l'escalade en tête (dessin 5).

3. Placement de la corde dans la dégaine

4 a : crochet - 4 b : pistolet

6. Téléphérique

7. Assurage de sécurité axé

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• Il permet de faire vivre à l'assureur l'expé­rience du blocage d'une chute en tête dans un contexte sécurisé. • Il peut libérer le grimpeur de sa peur. Selon Roche, on ne dépasse le stade affectif que lo r sque l 'on acquie r t des p rocédu re s de réchappe : savoir chuter en tête dans le cas présent.

Dispositif de sécurité mis en place • Choix du profil du mur : il est plus facile pour le gr impeur de tomber dans le vide depuis un dévers que depuis une dalle mais les débutants ont souvent du mal à y accéder. Nous choisissons donc une voie en dalle com­prenant peu de prises volumineuses.

• Nous choisissons comme point de chute (c'est-à-dire l'ancrage qui va subir la force de choc) le relais, ce qui représente deux points d'ancrage reliés par une chaîne. Nous renforçons celui-ci par un mousqueton à vis pour plus de sécurité. • Le grimpeur doit monter son bassin au niveau du relais et l'assureur laisser un peu de mou pour reproduire les conditions de la chute. Ce travail s'effectue au sommet de la voie pour réduire le facteur de chute (encadré 2). • Nous renforçons le dispositif par un contre-assurage du professeur à l'aide d'une seconde corde qui assure le grimpeur en moulinette depuis un autre relais.

Consignes de sécurité

Pour le grimpeur

• Monter jusqu'au relais en moulinette puis le dépasser pour placer son bassin à son niveau. • Se laisser tomber en donnant une légère impulsion en arrière. • Se mettre en pont (pieds et mains en avant) pour que les pieds puis les mains viennent amortir le choc sur le mur.

Pour l'assureur • Tenir la corde sous le huit avec les 2 mains. • Prendre appui sur le mur pour effectuer une légère impulsion et dynamiser ainsi la chute du grimpeur.

L'assurage de sécurité désaxé Organisation Le grimpeur escalade la voie en étant double­ment assuré : par un camarade en moulinette et par un autre qui l 'assure en tête (photo 8). Il automatise le mousquetonnage et apprend à placer ses jambes par rapport à la corde pour ne pas risquer de se retourner en cas de chute. Outre l'apprentissage de l'assurage en tête, cette situation demande au grimpeur un engagement plus important. L'assurage de sécurité pare le retour au sol mais n'empêche pas le vol.

Consignes de sécurité

Identiques à celles données pour l'assurage de sécurité axé.

Indicateurs de fin d'étape

Le couple grimpeur-assureur peut s'engager dans une prat ique complè te et au tonome lorsque : - l'assureur a déjà testé l'arrêt d'un vol et il a automatisé la manipulation de la corde pour un grimpeur en tête ; - le g r impeur a au toma t i sé le m o u s q u e ­tonnage ; - le grimpeur connaît les risques de cette pra­tique : placement des jambes par rapport à la corde, risque de retour au sol, etc.

*

** Les é t a p e s é n o n c é e s c o n s t i t u e n t une approche sécuritaire qui peut paraître fasti­dieuse. Il appartient à chaque enseignant de l'adapter en fonction de ses élèves : l'accélé­rer voire sauter des étapes, s'ils sont attentifs et respectueux des consignes ; la ralentir ou l'interrompre dans le cas contraire. Les situa­tions pour apprendre aux élèves à grimper en tête (8) exigent un grand nombre de prére­quis et un temps suffisant. Il s'agit donc de tout mettre en œuvre pour éviter de placer les élèves (et soi-même) en trop grande diffi­culté : aménager les si tuat ions, varier les formes de groupement, renoncer si les condi­tions ne sont pas optimales, prévoir des éva­luations selon les différentes modalités d'en­gagement, etc.

Ces précautions étant prises, se « risquer » à e n s e i g n e r l ' e sca lade en t ê te , rev ien t à « prendre le risque » d'offrir aux élèves un apprentissage fort au travers duquel ils gagne­ront fierté et confiance en eux. Un objectif à investir pour tous les élèves !

Yohann Chalvin Professeur d'EPS,

TZR, Académie de Besançon Initiateur escalade

[email protected]

Notes

( 1 ) Chambet S, « Parachutisme : Représentations du risque chez le lycéen », Revue EP.S n° 320. juillet-août 2006.

(2) Caillois R. Des jeux et des hommes, Gallimard. 1967. rééd. 1991.

(3) Testevuide S., L'escalade en situation, Coll. L'EPS en poche. Ed. Revue EP.S, 2003.

(4) Lefort B., L'escalade sur SAE, son utilisation en EP.S collège et lycée, CDDP de l'Indre et Loire, 1995.

(5) Normes EN 12572, mars 1999.

(6) Norme AFNOR expérimentale XP P90-312, publiée en février 2005.

(7) Moreau H., « Escalade : Grimper en tête », Revue EP.S n° 322, novembre-décembre 2006.

(8) Document d'accompagnement des programmes de 6 e , 5 e et 4 e , CNDP, 1997.

École de vol

8. Assurage de sécurité désaxé

2. La notion de facteur de chute

La force de choc résulte de la combinaison de 3 é léments principaux : le facteur de chute, la nature de la corde et le poids du grimpeur. • Le facteur de chute (R) est le rapport entre la hauteur de chute et la longueur de corde déployée sur laquelle s'exerce la force de choc. • La hauteur de chute ne doit pas excéder un facteur 2 c'est-à-dire une hauteur de chute éga l e à 2 fois à la longueur de corde déployée. • Plus le grimpeur est haut, plus il est en sécurité (peu de risque de retour au sol) et plus la chute est « confortable » (facteur de chute faible). Il faut donc redoubler de vigi­lance dans les premiers mètres d'escalade. • Conclusion : l'école de vol doit se faire le plus haut possible !

Exemples Avec un R de 4/2 = 2 le grimpeur réalisait une chute très traumatisante Avec un R de 4,4/7,5 = 0,58, le grimpeur ne sentirait pas la chute, qui est amortie par la corde.

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