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61Construire 47, 23 novembre 1999

ENTRETIEN60Construire 47, 23 novembre 1999

Il y a cent ans exactement, en1899, paraissait L’interpréta-tion des rêves de Sigmund

Freud (une édition postdatée de1900), ouvrage qui contribua lar-gement à populariser la naissancede la psychanalyse. Plusieurs ma-nifestations célèbrent aujourd’huila naissance de cette vieille damecentenaire, y compris à Lausanneoù un colloque «Visions du rêve»se tiendra du 1er au 3 décembre.

Surtout, à Vienne, vient de s’ou-vrir l’exposition Freud: Conflict andCulture, visible jusqu’au 6 février2000 à l’Austrian National Libraryet au Sigmund Freud Museum.Une exposition fort controverséequi fut déjà présentée en 1998 à laLibrary of Congress de Washing-ton, puis à New York jusqu’en sep-tembre dernier.

La psychanalyse a100 ans. Polémiqueautour d’une expo,batailles rangéesentre psys etneurobiologistes... Etsi l’on offrait à cettevieille dame un beaucercueil pour sonanniversaire? Etatdes lieux suivi d’unentretien avecIsabelle Stengers

Faut-il enterrer

FREUD?Sa mise sur pied suscita en effet

moult polémiques: scandalisés parl’absence de perspectives critiquessur une théorie freudienne à leursens dépassée, 48 neurobiologisteset adeptes du comportementalismeet autres thérapies obtinrent de dif-férer et chambouler la présentationde l’expo. Ce qui, il faut l’avouer, enrendait la visite plutôt cocasse, voire franchement rigolote: au-des-sus des vitrines présentant quelque180 pièces, carnets de notes, pre-mières éditions, pipes du Maître,photos, séquences de films muets,sachets de cocaïne (une gourman-dise du jeune Sigmund), on dé-couvre des citations fracassantesde quelques célèbres artistes oupenseurs, comme Nabokov (Lolita)ou Wittgenstein, condamnant et ri-diculisant la théorie freudienne, la

jugeant faite pour «les naïfs et lesimbéciles» (Nabokov).

«Peu m’importe que les idées deFreud soient vraies ou fausses, ob-serve Michael Roth, le maîtred’œuvre de l’exposition, je vois enFreud d’abord un écrivain et unpenseur, plutôt qu’un médecin ouun scientifique, qui a imprégné laculture du XXe siècle.» Sous lapression, la Library of Congress (oùse trouvent les Archives Freud) duttout de même se résoudre à ac-compagner l’exposition d’un livre-catalogue également intitulé Freud:Conflict and Culture, incluant lescontributions de quelques anti-freudiens de choc, tel Adolf Grün-baum, ou encore celle du Dr PeterKramer, auteur du best-seller Pro-zac: le bonheur sur ordonnance.

C’est que les divans des psycha-

nalystes, lentement mais sûre-ment, se dépeuplent, y comprisdans ces derniers bastions que sontla France et la Suisse. Pourquoi?Thérapies comportementales, co-gnitives, développement des neu-rosciences, arrivée sur le marchéd’antidépresseurs très efficaces,exigences de rapidité, nécessitéséconomiques (une psychanalysedure facilement sept ans et, à rai-son de quatre séances non rem-boursables par semaine, coûte unefortune): voilà autant de facteursqui contribuent à réduire la clien-tèle des psychanalystes, lesquelsaujourd’hui ne psychanalysentplus guère que les futurs psys,leurs pairs, ou des thérapeutesd’inspiration psychanalytique.

Le plus étonnant est que la psy-chanalyse ait duré si longtemps,

alors même que Freud, dès 1937,en reconnaissait les limites.

Quelques grands cerveaux, etnon des moindres, du philosopheWittgenstein à Karl Popper, avaientparfaitement mis en évidence lesfailles, les contradictions de ce quine fut jamais une science, maisune discipline qui, fondamentale-ment, repose sur la croyance et lafoi que ses pratiquants ont en elle.Au même titre que les tentativesthérapeutiques des précurseurs deFreud – Mesmer, Puységur, Bern-heim, défendant l’un les vertus dumagnétisme animal, les autres lasuggestion ou l’hypnose – une psy-chanalyse ne peut jamais venir enaide qu’aux gens d’abord convain-cus de son pouvoir.

Bonne stratège, la psychanalysen’a donc jamais cessé de se redéfi-nir. Depuis longtemps, elle ne pré-tend plus guérir (comme Freud l’ad’abord espéré), mais seulementchanger la perception que l’analy-sant (terme consacré pour désignerla personne en analyse) a de sasouffrance et l’aider à lui donner unsens... éventuellement.

Echec ou réussite?Eventuellement, parce que la psy-chanalyse est incapable d’offrir lamoindre garantie de succès: çamarche ou ça ne marche pas. Iln’existe aucune enquête sérieuse,aucune statistique qui définirait letaux de réussite ou d’échec d’unepsychanalyse. Donc, par bonheurpour l’analyste, aucune sanctionpossible de son travail.

Qui définirait d’ailleurs ce qu’estune analyse réussie ou une analyseratée, puisqu’on a évacué le critèrede guérison? L’analysant lui-mê-me? Fort bien en cas de réussite!Mais en cas d’échec? En casd’échec, non seulement l’analysantaura raté son analyse, mais en sus,s’étant montré incapable de sur-monter ses «résistances», il SERACOUPABLE de l’avoir ratée: unepsychanalyse vous rend entière-ment responsable de ce que vousêtes et de ce que vous devenez...

Ces dernières semaines, avecson livre Pourquoi la psychanalyse,Elisabeth Roudinesco, fille de psy-chanalyste et historienne de cettediscipline, est montée au créneau.Interviews dans toute la presse,passage à Bouillon de culture... Aucontraire d’un David Widlöcher, ac-tuel président de l’Association psy-chanalytique internationale, quiplaide pour une complémentaritéentre psychanalyse, neuroscienceset autres formes de thérapies, Eli-

sabeth Roudinesco, quant à elle,continue de prôner «la supérioritéde la psychanalyse par rapport àtoutes les autres thérapies». Et sonlivre cartonne au deuxième rangdes best-sellers, rayon «essais»!

Une discipline privilégiée?C’est donc que la mythologie (au-trement dit la fiction) psychanaly-tique exerce encore toute son em-prise sur les esprits. Pourquoi? Se-lon Roudinesco, la psychanalyse of-frirait, face au tout chimique, unlieu privilégié où se livrer à unequête du sens. Mais encore? Puis-qu’à l’évidence la psychanalyse nesaurait prétendre à être le seul lieud’élaboration du sens.

Livres «pour» la psychanalyse: Elisabeth Roudinesco,«Pourquoi la psycha-nalyse», (Fayard, 1999). Patrick Froté, «Cent ans après», entretiens avec neufpontes de la psychanalyse (Gallimard, 1998). David Widlöcher, «Les nou-velles cartes de la psychanalyse» (Odile Jacob, 1996). Peter Gay, «Freud:une vie», une bonne bio. (Hachette, 1991). Plutôt critiques, voire franchement hostiles: Isabelle Stengers (voir notre en-tretien en pages 62-63): «L’hypnose, blessure narcissique» (1999), «La vo-lonté de faire science: à propos de la psychanalyse» (1992), «Médecins etsorciers» (avec Tobie Nathan, 1995), parus chez Les Empêcheurs de penseren rond. Jacques Bouveresse: «Philosophie, mythologie et pseudo-science:Wittgenstein lecteur de Freud» (Editions de l’Eclat, 1991). Frank Sulloway:«Freud biologiste de l’esprit» (Fayard, 1998). Adolf Grünbaum: «Les fonde-ments de la psychanalyse» (PUF, 1996). Quant à l’exposition «Freud: Conflict and Culture» à Vienne, elle est ouvertetous les jours de 9 h à 18 h (jeudi jusqu’à 20 h ), jusqu’au 6 février 2000.Billets à l’Austrian National Library et au Sigmund Freud Museum. Rensei-gnements: 0043/ 1 319 15 96. En complément, l'ouvrage édité par MichaelRoth: «Freud, Conflict and Culture» (Knopf, 1998).

POUR OU CONTRE LA PSYCHANALYSE

Pour tenter de répondre à cettequestion, Construire s’est rendu àl’Université libre de Bruxelles,pour y rencontrer Isabelle Sten-gers. Brillante philosophe dessciences qui a travaillé avec le PrixNobel de chimie Ilya Prigogine, elle compte au nombre des gens,tels l’ethnopsychiatre Tobie Na-than, le philosophe Jacques Bouve-resse ou le psychanalyste FrançoisRoustang (un franc-tireur auxquestions dérangeantes: «Pour-quoi, dans des cas trop nombreux,la cure ne procure-t-elle aucun ef-fet ?»), qui ont aujourd’hui le plusréfléchi et écrit sur ces questions.

Jean-François Duval

Cent ans ettoujours autantde verdeur?Freud vu parl'illustrateurRalphSteadman.© Ralph Steadman

Le fameuxdivan de Freud,tel qu’exposé àVienne.Photo Keystone

De g. à dr.Devant: Freud,Ferenczi, Sachs.Derrière: Rank,Abraham,Eitingon, Jones.Photo tirée de «Freud,

Conflict and culture»Faut-il enterrer

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Achacun des livres qu’elleécrit, Isabelle Stengers sesent «comme une sorcière

touillant dans un terrible chaudrontout en se disant: personne n’oseraboire le breuvage que je prépare!»Née à Bruxelles, philosophe dessciences, elle a publié en 1979 Lanouvelle alliance, livre qui a fait date, puis Entre le temps et l’éternitéavec Ilya Prigogine, Prix Nobel dechimie. Ont suivi, après sa ren-contre avec Léon Chertok et TobieNathan, des ouvrages brefs maisprécis comme L’hypnose: blessurenarcissique, Médecins et sorciers, ouencore La volonté de faire science: àpropos de la psychanalyse, tous parusdans la merveilleuse petite collec-tion Les Empêcheurs de penser enrond.

Isabelle Stengers, quel rôle lapsychanalyse a-t-elle joué dansnotre siècle?Freud s’est lui-même placé dans lalignée des grands innovateurs, telsCopernic et Darwin, qui ont boule-versé l’image que l’homme avait delui-même. Copernic prouvait quela Terre n’était pas le centre de l’uni-vers, Darwin que l’homme résultaitd’une évolution animale. »Et depuis Freud, nous savons queles belles idées que nous entrete-nons sur nous-mêmes et quetoutes nos assurances peuvent sou-dain s’écrouler en vertu d’une vérité nouvelle... Pourtant Freudme paraît loin de Darwin ou Co-pernic...

Pour vous, la psychanalyse n’a pasjoué un rôle révolutionnaire?Non, je pense que si elle a si pro-fondément marqué notre penséeau cours des cent dernières années,c’est qu’elle répondait à toute unesérie d’éléments qui préexistaientdans notre culture. En particuliernotre rapport à la vérité. »Vous connaissez le mythe de la ca-verne chez Platon: nous sommes

Lourdes vaut bienune psychanalyseRencontre àBruxelles avecIsabelleStengers,philosophe dessciences etauteur de livresdécapants sur lapsychanalyse,l’hypnose, lasorcellerie...

tous dans une caverne où nous nevoyons que des illusions et des re-flets trompeurs. Pour voir la réalitételle qu’elle est, il faut sortir de lacaverne, sous le droit soleil de la Vé-rité... Eh bien, la psychanalyse estvenue parfaitement s’inscrire danscet amour de la vérité que, depuisPlaton, nous nous plaisons à entre-tenir. Même si cette vérité est enmême temps une blessure, qu’ellefait mal, puisqu’elle tient toujours– c’est Platon qui le dit – dans unedésillusion. Tel est le but de la psy-chanalyse: nous détacher des illu-sions, avec cette idée que la véritélibère...

Pourtant la psychanalyse n’estpas véritablement une science...En effet. Et justement, je ne lacondamne pas à la façon d’un Vol-taire s’écriant «tout cela n’est quesuperstition!» Loin de moi l’idée dediscréditer par exemple la prière,qui n’a rien non plus de scienti-fique. Qu’importe si on ne guérit

pas au nom de la vérité, mais parun autre chemin? J’ai donc le plusgrand respect pour des techniquesque des siècles de savoirs et de pra-tique ont stabilisées, et qui permet-tent d'intervenir dans les troublesd’âme.

A quoi pensez-vous?Eh bien, au pèlerinage de Lourdespar exemple.

Le pèlerinage de Lourdes!Oui. Ce type d’entreprise collectivepeut transformer le rapport de cha-cun avec ce dont il souffre: le regardde la Vierge devenant un ingré-dient d’un chemin de transforma-tion. De même, je respecte le rôledes ancêtres dans les traditionsafricaines, constitutif lui aussi duchemin de guérison.

Cent ans de psychanalyse pouren revenir à Lourdes! Vous allezmettre les psychanalystes encolère... ou les déprimer...C’est encore une chose qui m’en-nuie avec la psychanalyse: elle serattache si fortement à notre tradi-tion de vérité qu’elle manque tota-lement d’humour.

Je vous arrête. Aujourd’hui, lapsychanalyse ne nourrit plus cetidéal de vérité. Elle insiste plutôtsur la création d’un sens que lepatient doit donner à sa vie...En effet, elle a renoncé à toutes sesprétentions à la preuve, que Freudnourrissait encore. Hélas, elleconserve toute la dureté de juge-ment d’une science pour se dire su-périeure aux autres techniques decréation de sens... Pour moi, lespsychanalystes qui pensent quel’arsenal théorique de la psychana-lyse leur permet d’EXPLIQUER leseffets qu’ils produisent en curesont des charlatans.

Comment se fait-il que lapsychanalyse ait survécu àtoutes les attaques? Alors qu’en

1937, Freud lui-même enreconnaissait les limites?Oh, mais cent ans d’existence, cen’est pas bien long. Songez que lessavoirs thérapeutiques africainsont survécu à l’esclavage, sont par-venus à se recréer de l’autre côté del’Atlantique, au Brésil, à Haïti!Quant à la psychanalyse, comme jel’ai dit, elle a pour meilleure alliéecette idée que nous nous faisons dela vérité depuis Platon. »Nous cultivons de nombreux sensdu mot vérité. Mais toutes sesformes ont comme dénominateurcommun de se croire dresséescontre l’illusion. En psychanalyse,il y a cette idée que trouver le vrai,c’est se faire mal, que la vérité estune blessure et que si ça ne blessepas, ça n’est pas digne de ce quenous appelons vérité. La psychana-lyse estime être un chemin de véri-té: c’est aussi un chemin de croix.

Pour vous, d’autres traditionsseraient plus sages?Oui. Par exemple, pour un Magh-rébin qui va mal, c’est toujoursqu’il y a un djinn dans l’air. Mais ilexiste beaucoup de djinns! Etchaque thérapeute a les siens. Lemalade va donc aller de thérapeuteen thérapeute, sans les disqualifier,jusqu’à ce qu’il trouve le bon. C’est-à-dire celui qui va pouvoir entrer enrelation avec son djinn. Cela mesemble d’une très grande sagesse.Les patients restent en mouve-ment. Chez nous, ils peuvent res-ter bloqués des années...

En Occident, on recourt de plusen plus aux antidépresseurs,Prozac, etc.Cela ne rend pas plus facile de com-prendre pourquoi ce type de médi-caments (et bien d’autres) exercentun effet positif: le fait de savoirqu’ils agissent sur la sérotonine –un neurotransmetteur dans le cer-veau – ne rend pas la guérison plustransparente... La personne «gué-rit», mais vous ne pouvez pas par-ler en termes de guérison commeavec les antibiotiques. Les antibio-tiques, nous en comprenons l’ac-tion! Ils tuent les bactéries, c’est-à-dire l’envahisseur; c’est une formede guérison par la mort, fort simple– au même titre qu’une opérationchirurgicale ou de dentisterie.

Vous-même, si vous vous sentiezpsychiquement mal, que feriez-vous?(Rires) Si je souffrais de troublesd’âme?... Je ne crois pas que j’iraischez un psychanalyste. D’ailleurs,

j’ai essayé, autrefois. Ça a duré sixmois. Et je suis partie quand j’ai dé-couvert que j’étais en train de leprotéger de mon propre mépris.

De votre propre mépris?Je trouvais qu’il y avait pendant lesséances un beau silence, mais quece n’était pas du refoulement ausens habituel. Que tout tournait au-tour de quelque chose que je nepouvais pas dire. J’avais l’impres-sion qu’il faisait mal son métier; deplus, il était doublement payé: rem-boursé par la sécurité sociale au ta-rif de neuropsychiatre et réglé cashpar moi-même... Au début, j’ai ac-cepté que cela se passe comme ça,puisque c’était le contrat qu’ilm’avait proposé, puis peu à peu...ça a fait son chemin... Mon beau silence, c’était «vous êtes un for-ban!»

Vous êtes en train de ruiner cetteinterview! Tous les psys dirontque vous réglez vos comptes...(Rires) Eh oui, ils ont réponse àtout: «Elle a résisté et elle est partieen croyant que...» Non, si j’allaismal, je me dirigerais plutôt vers desrituels qui s’affirmeraient claire-ment comme techniques.

Du rituel à la secte, il n’y asouvent qu’un pas...Oui, mais attention ! Là encore, onpeut regarder du côté des Africains:ils savent très bien que tout guéris-seur peut aussi être un sorcier. Lesthérapies sont donc publiques: siun thérapeute veut voir son patienten colloque singulier, l’affaire estfaite: c’est un sorcier! Un voleurd’âme! La maladie intéresse tout lemonde, c’est un phénomène col-lectif et pas du tout privé; celui quisouffre est simplement au carre-four entre le visible et l’invisible.

N’est-ce pas avant tout lapersonnalité du thérapeute quicompte?Les personnalités ne naissent pasdans les choux. Telle ou telle tradi-tion permet de donner toute sonampleur à des traits qui font dequelqu’un un véritable thérapeute.Cela dit, quand je rencontre desguérisseurs d’autres traditions, jepeux comprendre qu’on s’adresse àeux. Il y a une densité... En re-vanche, bien des psychanalystes –mais pas tous – quand on les ren-contre, puent l’angoisse. L’idéequ’on puisse s’adresser à eux en casde besoin me remplit de terreur!

Propos recueillis parJean-François Duval

IsabelleStengers. Une«sorcière» née

à Bruxelles,curieuse de

tout depuis saplus petite

enfance. Elleadore Alexandre

Dumas, lesplats au four et

les alcoolsforts.

Photo Michel Vanden Eeckoudt/

agence VU

Succès de lapsychanalysedans les années50: plusieursnuméros dumagazine d’«ECComic» utilisentsa dramaturgie.Illustration DR