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envie de lire les coups de cœur des bibliothécaires hiver 2007/08 25

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Les coups de coeur des bibliothécaires des Bibliothèques municipales de la Ville de Genève

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envie de lireles coups de cœur des bibliothécaires

hiver 2007/08n°25

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Vous tenez entre les mains un recueil éclectique de propositions de lectures concoc-té par vos dévoués bibliothécaires. Vous y trouverez aussi bien des nouveautés quedes classiques, des essais que des bandes dessinées ou des romans, sans oublier lascience-fiction ou les polars, bref, tout ce qui fait la diversité des collections que lesbibliothèques municipales mettent à votre disposition.Nous, bibliothécaires passionnés de lecture, partageons avec vous nos coups decœur dans ces petits textes que nous vous laissons découvrir et dont nous espéronsqu’ils vous donneront envie de lire.

ADAM OlivierA l’abri de rienParis, Olivier, 2007. 218 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • PAQcote R ADAM

Un soir, alors que Marie rentre avec son fils, un des pneus de sa voiture crève. Dansla nuit et sous la pluie surgit un réfugié qui va l’aider. Cet événement sera le dé-clencheur de ce roman et de la quête de Marie, qui va ouvrir les yeux sur tous ceshommes, ces destins brisés qui errent dans les rues et sur la plage, en regardantl’Angleterre, dans l’espoir d’une hypothétique traversée. Ces hommes, complète-ment livrés à eux-mêmes depuis la fermeture du centre de Sangatte, dorment dansdes blockhaus, dans des parcs ou sur la plage et sont régulièrement tabassés par despoliciers qui les abandonnent ensuite à cinquante kilomètres de là, à moitié nus. Elles’engagera comme bénévole, se passionnant pour ces hommes, passant de plus enplus de temps avec eux, oubliant sa famille, son mari et ses deux enfants. Texte fort,comme tous les romans d’Olivier Adam, A l’abri de rien se concentre sur l’humain,sur le destin de ces hommes et sur Marie qui, entraînée par une force irrésistible,s’expose à tous les dangers.

PB

AKSENOV Vasili PavlovitchUne saga moscoviteParis, Gallimard, 1995 (Du monde entier). 1025 p. Disponibilité CIT • EVI • JONcote R AKSE

Cette saga nous convie à un voyage historique dans la Russie de la première moitiédu XXe siècle. A travers les aventures des membres de la famille Gradov, c’est toutela Russie du règne de Staline qui défile devant nos yeux. Au fil des pages, noussommes amenés à partager leur vie, parfois exaltante, d’autres fois triste et émou-vante, mais toujours captivante. Transportés d’un chapitre à l’autre des tréfonds dela vie d’un détenu de la Kolyma, victime anonyme du communisme omnipotent, auquotidien enviable, loin des appartements communautaires et des tickets de ration-nement, des personnes qui composent avec le pouvoir en place. Ce grand roman,rythmé par de nombreuses allusions à des artistes et intellectuels russes (poètes,peintres, écrivains, etc.) et ponctué d’interludes reprenant les principaux titres desjournaux de l’époque, nous tient en haleine du début à la fin.

FDS

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ARNALDUR IndridasonLa cité des jarresParis, Métailié, 2006 (Suites; 115. Noir). 286 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • PAQ • SERcote R ARNA

Existe aussi en grands caractères

Cet auteur de polar islandais a bien des points communs avec le Suédois Mankell au-quel il est souvent comparé. Son «héros» policier, un homme dans la cinquantaine, di-vorcé, a ses torts comme on dit, aux prises avec une fille difficile, droguée, prostituéeà l’occasion et en l’occurrence enceinte dans ce livre. Ce qui est le plus touchant et pre-nant dans les livres de l’Islandais, c’est que les victimes sont à chaque fois de parfaitssalauds impunis jusqu’au jour de leur assassinat. De longues années s’écoulent avantqu’une certaine justice soit rendue, hélas en dehors des lois, puisque lorsque les for-faits étaient accomplis, personne n’a voulu les reconnaître comme tels.

FA

AUSTER PaulDans le scriptoriumArles, Actes Sud, 2007 (Lettres anglo-américaines). 146 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R AUST

Titre original anglais: Travels in the scriptoriumDisponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER cote R2 AUST

Le vieil homme est enfermé dans une chambre. Il ne sait ni qui il est, ni où il setrouve. Un lit, un bureau, une lampe, une chaise, un téléphone, c’est tout. Cependantdes personnages arrivent, ils se nomment Anna Blum, David Zimmer, Peter Stilman,Fanshaw, Samuel Farr, des personnages qui prennent soin de lui, l’habillent, le nour-rissent, mais surtout ces visiteurs lui parlent, lui demandent de leur raconter la suited’un rêve, de continuer une histoire les concernant, et avouent au vieil hommequ’autrefois il les a fait souffrir, aimer, qu’il s’est servi d’eux, même si depuis ils luiont pardonné. Amis, ennemis ? Le vieil homme impotent cherche à se remémorer :qui sont ces gens, que lui veulent-ils ? Pourquoi le jugent-ils responsable de leur des-tin ? Et peu à peu il se souvient : ce sont les créatures qu’il a créées au fil de sonœuvre littéraire… Comme une histoire sans fin, sans cesse recommencée, PaulAuster nous relate ici la trajectoire, le voyage mental accompli par les écrivains quimodèlent, malaxent, animent leurs héros, les confrontant à un destin incroyable et

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souvent douloureux pour mieux les oublier une fois l’œuvre terminée. Les person-nages se vengeront à leur tour, appliquant la loi du talion à leur créateur.

MCM

BARBERY MurielL’élégance du hérissonParis, Gallimard, 2006 (Blanche). 359 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STA cote R BARB

Que l’on ait adoré l’histoire de Renée et de sa double vie - une concierge caricatu-rale pour tous mais véritable esthète dans le secret de sa loge - ou au contraire dé-testé l’accumulation de stéréotypes et la suffisance des emportements philoso-phiques qui émaillent le récit, ce roman ne laisse personne indifférent. Prix deslibraires, caracolant au sommet des meilleures ventes pendant des semaines, en-censé par la critique, un roman qui mérite le détour, ne serait-ce que pour se faireun avis bien à soi sur l’un des phénomènes littéraires de l’année.

JM

BARNES JulianArthur et GeorgeParis, Mercure de France, 2005 (Bibliothèque étrangère). 552 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SERcote BARN

Titre original anglais: Arthur and GeorgeDisponibilité BUS • CITcote R2 BARN

Arthur, c’est Conan Doyle, le père de Sherlock Holmes, célèbre écrivain victorien, aufaîte de sa gloire, patriarche bienveillant, célébrité recherchée.George, c’est George Edalji, obscur avoué, fils d’un pasteur originaire des Indes.Promis à une vie comme tant d’autres si banales, et uniques à la fois, George est vic-time d’une monumentale erreur judiciaire. Accusé, condamné à la prison, il chercheà comprendre et à se faire entendre, à être innocenté.Les deux hommes se rencontrent, Conan Doyle mettra toutes ses forces à découvrir lavérité. Dans une Angleterre figée dans ses préjugés, ses codes, ce récit haletant d’unehistoire véridique nous bouleverse, nous émeut, formidablement servie par l’écritureexceptionnelle de J. Barnes: une œuvre magnifique, un thriller élégant et érudit.

MCM

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BECKETT SamuelMolloyParis, Minuit, 1996. 292 p.Disponibilité EVI • JON • PAQ • SER • STAcote R BECK

Ecrit en 1982, ce récit, composé de deux longs monologues, est celui de Molloy, untraîne-savates, un moitié fou, éclopé majestueux qui cogite, médite, se remémore,manigance, trimballant sa carcasse vers son destin d’errant magnifique. Et puis il ya Monsieur Malone, l’homme strict qui nous narre ses états d’âme, ses certitudes etqui a pour mission de retrouver le fantasque Molloy. Deux visions du monde, deuxcaractères divergents et pourtant, sous l’ironie et la caricature, Beckett nous amèneà découvrir notre propre humanité et surtout l’absurdité de l’existence et son inco-hérence. Beckett le dramaturge unanimement reconnu, utilisa aussi le roman poursa peinture des âmes, ceci pour notre plus grand plaisir.

MCM

BELLO AntoineLes falsificateursParis, Gallimard, 2007 (Blanche). 501 p. Disponibilité BUS • EVIcote R BELLO

Le jeune Sliv est bien content, ses études de géographie terminées, de décrocher unemploi dans un bureau d’études environnementales de Reykjavik. Il va par contredevoir se poser de sérieuses questions lorsque son supérieur le recrute par ce biaisdans une organisation secrète, le CFR – Consortium de falsification du réel – dontles objectifs restent inconnus, mais qui s’emploie à modifier la réalité en manipulantles sources d’information. Roman d’apprentissage, thriller, complot et mystification,le mélange concocté par Bello fonctionne à merveille. Plus que les manœuvres obs-cures de l’organisation secrète, c’est le plaisir que prend l’auteur au jeu de la mani-pulation qui nous tient en haleine. Et il vaut mieux s’en contenter, puisque le livre setermine sur un «A suivre»… sans lever le voile sur le mystère…

FD

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CHAIX NathalieExit AdonisOrbe, Campiche, 2007. 176 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • PAQ • SERcote R CHAI

«La première fois que je le vois. Je tombe en arrêt. Absorbée par ce visage, englou-tie. Arrêtée. Plus de bruit. Seulement ce visage. Cet homme-là. Un éclair. Une brû-lure. Consumation. » Prix Georges-Nicole 2007 et premier roman de Nathalie Chaix,Exit Adonis est l’histoire d’une passion amoureuse. La passion amoureuse, un thèmeque l’on pense éculé mais que l’on redécouvre soudain sous un jour nouveau, portépar une écriture toute en éclats comme autant de coups de cœur… ou de poignard.

JM

CHESSEX JacquesLe vampire de RoprazParis, Grasset, 2007. 107 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STA cote R CHES

L'auteur s'est inspiré d'un fait divers ayant eu lieu en 1903, à Ropraz, dans le Haut-Jorat vaudois: la découverte du cercueil profané et de la dépouille de Rosa Gilliéron,jeune femme atrocement mutilée. Suivront, peu de temps après, deux autres décou-vertes tout aussi macabres. Au début, l'enquête piétine, puis l'on interpelle enfin unsuspect idéal, Charles-Augustin Favez, un garçon de ferme issu d'un misérable milieuoù l'inceste et l'illettrisme sont choses courantes. Un célèbre psychiatre d'alors, AlbertMahaim, disciple de Charcot, l'examine. Il ne croit pas en sa culpabilité et s'est attachéà son patient qu'il considère comme la victime d'une misérable ruralité, magnifique-ment évoquée dans ce sombre récit qui nous captive de bout en bout.

TLa

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DARRIEUSSECQ MarieTom est mortParis, POL, 2007. 246 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • SER • STAcote R DARR

Dix ans après la mort de son fils, la narratrice sent le besoin de revenir sur cet évé-nement tragique et écrit, jour après jour, phrase après phrase, sur un cahier, pourtenter d’apaiser la douleur provoquée par la mort de son fils Tom, âgé de quatre anset demi. Avec son mari Stuart et leurs trois enfants, Vince, Tom et Stella, ils ont vécuà Vancouver avant de déménager à Sydney pour des raisons professionnelles. C’estdans cette ville que la tragédie se produira quelques semaines après leur arrivée.Après avoir quitté Sydney pour les «Blues Mountains», elle retrace, avec sincérité etémotion, ces années de souffrances, l’annonce du décès, les préparatifs de la cré-mation, les relations dans leur couple, leur manière à tous d’affronter cette tragédie,sa perte du langage et les groupes de discussion dans lesquels elle s’est rendue pouressayer de survivre.Un livre fort, dense et poignant.

PB

DAWESAR AbhaBabyjiParis, Ormesson, 2007. 445 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQcote R DAWE

Babyji raconte la vie d’une lycéenne des années 90: sa famille, ses trois flirts simul-tanés, la découverte de la sexualité, ses études, ses amitiés. Tout cela pourrait sem-bler banal si ses amours n’étaient pas des femmes, si l’homme qui la désirait n’étaitpas le père de son meilleur copain, et si l’histoire ne se passait pas en Inde. Dans ceroman, Abha Dawesar évoque aussi la nouvelle loi des quotas qui ouvre les portesdes universités à toutes les castes. Cette décision politique a poussé certains jeunesbrahmanes (caste privilégiée jusque-là) à partir étudier à l’étranger ou, beaucoupplus grave, à s’immoler en guise de protestation. C’est avec authenticité, simplicitéet surtout avec énormément d’humour que cette jeune auteure de New Delhi nousrévèle une Inde surprenante.

RL

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DESPENTES VirginieKing Kong théorieParis, Grasset, 2006. 158 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote 305.42 DES

King Kong théorie est comme son auteur: brut de décoffrage, ni mignon ni gentil, sanschichis, dérangeant, pas comme il faut mais d’une sincérité déconcertante. Il s’agit nonseulement d’un récit intime mais surtout d’un cri de rage, une claque, un manifeste aunom de tous ceux qui voudraient se libérer de leur sexe, ces femmes qui ne sont ni sé-duisantes ni fragiles mais aussi ces hommes vulnérables qui ne sont ni tout-puissantsni même ambitieux. Sur son bulldozer, Virginie Despentes, auteur du déjà controverséBaise-moi, ratisse les frontières des genres imposées par la société, et ça, ça fait dubien! Sous sa plume ne coulent pas de mots qui caressent, ni même qui ménagent, cesont des mots durs, crus, parfois violents mais justes. Des mots qui, au fil des pages, ré-concilient les exclus de leur genre et, finalement, réconcilient les deux sexes.

JB

DESPROGES PierreChroniques de la haine ordinaireParis, Seuil, 1987. 2 vol. (Points. Point-Virgule; 50 et Points; 1684. Humour). 188 p. et 201 p.Disponibilité CIT • EVI • PAQ • STAcote 808.87 DES

Si vous ne craignez pas de rire jaune, je vous conseille ces chroniques qui ne sont ni hai-neuses ni ordinaires. Une cure quotidienne ou hebdomadaire vous fera le plus grandbien. A consommer avec modération cependant, car il serait dommage de les lire ou re-lire en une seule soirée. Les plus âgés se souviennent peut-être de les avoir entenduessur la radio publique de France Inter en l’an 1986. La plupart se terminaient par l’adage«Quant au mois de mars, je le dis sans arrière pensée politique, ça m’étonnerait qu’ilpasse l’hiver». Du foot aux enfants, en passant par Marguerite Duras, Dieu, la démocra-tie et le cancer, Desproges nous passe joyeusement à la moulinette. Pour finir, voici laconstatation imparable à laquelle il parvient: «Après les enquêtes scientifiques les pluspoussées, les sociologues sont parvenus à cette incroyable conclusion: si les hommesfont moins de conneries en février, c’est parce qu’ils n’ont que 28 jours»

FA

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DESSALLES CatherineCyclope ou Le livre de la mort et de la merdeSaint-Julien Molin Molette, Huguet, 2006 (Les sœurs océanes). 111 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote 848.03 DES

Pendant une année, Catherine Dessalles tient un journal intime, suite à la maladieet à la mort de son ami, construit en deux parties : Le livre de la mort et Le livre dela merde. Dans le premier, elle essaie de répondre à la question qui ouvre le livre,« comment survivre à toi disparu?» Dans la deuxième partie, elle parle plus précisé-ment de la maladie, de la déchéance du corps, de ce corps qui ne répond plus, qui serépand. Du cancer qui ronge la chair, inlassablement et de la fin, inéluctable. Travailde deuil, mais aussi véritable travail d’écriture, ce livre est un hymne à l’amour, à cethomme disparu, emporté par les souffrances et la maladie. Ses mots, d’une grandelucidité, parfois crus, sont des armes contre l’agonie et la souffrance et résonnentcomme une incantation.

PB

DICKNER NicolasNikolskiParis, Denoël, 2007. 302 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • PAQ • STAcote R DICK

Trois personnages à l’aube de leurs vingt ans quittent leurs différents lieux de nais-sance au Canada et débarquent à Montréal. Joyce Doucet rêve de perpétuer la tradi-tion ancestrale en devenant pirate. Bizarrement, c’est en récupérant de vieux PC dansles décharges de la ville qu’elle commencera à réaliser cette ambition… Après avoirsillonné 18 ans les routes avec sa mère, Noah s’inscrit à l’université en archéologie etse passionne pour l’étude des déchets urbains… Le narrateur qui n’a pas de nom estlibraire et voyage dans les livres; il porte à son cou une boussole qui n’indique pas leNord mais l’îlot Nikolski, dans le Pacifique Nord, un lieu perdu où son père s’est défi-nitivement absenté. Ce roman a reçu le prix des libraires du Québec en 2006.

RL

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DOYON StephanieLes tondeuses à gazonParis, Rivages, 2006 (Littérature étrangère). 486 p.Disponibilité CITcote R DOYO

A Cedar Hole, petite ville des Etats-Unis, tout est prévisible : les habitants sont deslosers, les élèves sont nuls et personne ne sait ce qu’est la culture, à part celle dela terre. Aucun intérêt, aucune ambition... si ce n’est gagner la course de tondeusesà gazon annuelle. Et puis, contre attente, une génération va connaître deuxhommes remarquables pour des raisons différentes : Robert Cutler, un jeune intel-lectuel passionné par l’histoire de sa ville et ardent défenseur de la bibliothèquemunicipale, et Francis Pinkham, le cadet d’une fratrie composée de neuf sœursbrutales qui lui mènent la vie dure, élevé comme un jeune sauvage. Mort préma-turément, Robert deviendra un héros pour toute la ville, non sans s’être attiré lahaine de sa propre femme, sacrifiée sur l’hôtel de sa passion pour la bibliothèque.Francis fera des tours pendables avec ses potes avant d’engrosser une jeune fille etde l’épouser. Il élèvera sa famille à la débrouille avant de découvrir dans son jardinune source d’eau minérale qui lui assurera la richesse… Pas de manichéisme dansce roman, car les rôles du bon et de la brute peuvent être interchangeables.

DM

DUGAIN MarcUne exécution ordinaireParis, Gallimard, 2007 (Blanche). 349 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • STAcote R DUGA

Dans tous ses livres, Marc Dugain saisit l’Histoire pour en faire son histoire. Celle-cise passe en Russie. Hiver 1952, Staline fait chercher Olga, la mère du narrateur, poursoulager ses douleurs. En effet, elle est urologue mais parfois elle est aussi magné-tiseuse. C’est dans un secret absolu qu’elle devra opérer. Pour éviter les fuites, leDirigeant soviétique va lui demander de quitter son mari qu’elle adore. Dans ladeuxième partie du roman, on va suivre un personnage qui ressemble beaucoup àPoutine et décortiquer avec l’auteur les mécanismes de l’accession au pouvoir danscette terrible Union Soviétique. Pour terminer, c’est la tragédie du Koursk queDugain va disséquer. Vania, le fils du narrateur, est à bord du sous-marin nucléaireet on va vivre avec lui ses dernières heures après l’explosion. Le thème du silence estalors encore revisité puisque Poutine exigera de chacun des protagonistes de se taireet offrira en contrepartie des dédommagements aux familles des victimes. L’imaged’une Russie forte et puissante sera préservée, pour le meilleur et pour le pire…

RL

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DU MAURIER DaphnéLe bouc émissaireParis, Phébus, 1996 (D’aujourd’hui étranger). 375 p.Disponibilité CIT • EVI cote R DUMA

John, Anglais trentenaire, enseigne l’histoire de France à Londres et vient passerquelques jours de vacances au Mans. Déprimé par sa vie qu’il juge morne et sansintérêt, il rencontre dans un bar, Jean, son parfait sosie. Les deux hommes sesaoulent toute la soirée et le matin John se réveille dans la chambre d’hôtel deJean avec les vêtements de celui-ci… Piégé, John se voit contraint de vivre la viede Jean, de s’intégrer à une famille en pleine déliquescence. Récit d’angoisse,hanté par les thèmes du bien et du mal et de l’identité, décrivant à merveille laFrance « aristo-catho » des années cinquante, Le bouc émissaire se lit d’une traite.Alfred Hitchcock s’est inspiré plusieurs fois de l’œuvre de Daphné Du Maurier àl’écran (Rebecca, Les oiseaux , c’est elle !) et l’on jurerait Le bouc émissaire écritpour lui.

CLR

EVERETT PercivalBlessésArles, Actes sud, 2007 (Lettres anglo-américaines). 270 p.Disponibilité BUS • CEN • EVI • PAQ • STA cote R EVER

A travers John Hunt, le héros noir américain de ce livre, Percival Everett nousbrosse le portrait d’une Amérique violente et intolérante, que John a fui pourvivre dans une ferme isolée avec son vieil oncle. Eleveurs de chevaux, les deuxhommes trouvent la paix dans une nature magnifique et des paysages gran-dioses. Ce fragile équilibre, rythmé par les soins aux bêtes, sera bousculé par ladécouverte d’un jeune homosexuel battu à mort dans le désert. Bientôt desvaches sont retrouvées sauvagement tuées, des slogans racistes sont écrits enlettres de sang dans la neige… Ce beau livre écrit dans un style qui révèle peu àpeu une subtile tension dénonce les plaies qui gangrènent l’Amérique d’aujour-d’hui. Son auteur, Percival Everett, est l’une des voix prometteuses de la littéra-ture noire américaine contemporaine.

CLR

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GIBERT BrunoRéussir sa vieParis, Stock, 2006. 156 p.Disponibilités STAcote R GIBE

C’est par l’entremise d’un panel de personnages variés, décrivant leurs parcours, quel’auteur s’adresse à nous. Avec une touche de chronologie autour de l’assemblage quidonne l’intuition que l’ensemble ne pourrait faire qu’une vie, de la naissance à la mort.Ces êtres qui s’expriment ont des cheminements éprouvants et semblent vouloir en ti-rer des leçons de vie. En parallèle l’auteur nous assène de grandes vérités sur lameilleure façon de gérer son trajet sur terre. Le ton sobre et sérieux dissimule un tra-vail d’ironie. Ce roman apparaît alors comme un contrepoids aux nombreux ouvragesprofessant le bien-être et de fumeux points clés du succès. Surtout que ce livre, par larichesse des témoignages, nous rappelle forcément à un moment de lecture notre ap-préhension de l’existence. Cette rédaction, mélangeant la gravité d’expériences diffi-ciles et le trait forcé d’un pseudo manuel de mieux-vivre, nous renvoie à une vraie ré-flexion loin du devoir d’épanouissement et d’une vie impérativement réussie.

PC

GRANGE Jean-ChristopheLe serment des limbesParis, Albin Michel, 2007. 652 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R GRAN

Enfants, Mathieu et Luc se sont rencontrés dans un internat catholique et sont de-puis restés soudés par leur amitié comme par leur foi. Tout deux marqués par la vieet les expériences qu’ils ont connues, ils ont décidé de s’engager dans la police pourcombattre le mal, s’approchant souvent des limites autorisées par la loi. C’est parceque Mathieu connaît la force de la foi de Luc qu’il ne peut accepter la tentative desuicide de son ami qui se retrouve plongé dans le coma après avoir voulu se noyer.Or, en reprenant l’enquête que menait Luc, Mathieu va découvrir une série demeurtres monstrueux, commis aux quatre coins de l’Europe selon le même modusoperandi. Il ressort que tous ces meurtres ont été perpétrés par des personnes quiont vécu une expérience de mort imminente lors de laquelle ils auraient étéconfrontés à autre chose qu’une bienveillante lumière blanche et dont ils seraientrevenus transformés. Mais transformés par qui ou par quoi?

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GUELFENBEIN CarlaMa femme de ta vieArles, Actes sud, 2007 (Lettres latino-américaines). 299 p.Disponibilité CIT • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R GUEL

Entre Théo, le narrateur, Antonio, l’exilé chilien, et sa compatriote Clara, tous trois étu-diants à Londres, des relations d’amitié et d’amour se sont tissées, perdurant par-delàles années. Mais tout n’est pas lisse et au-delà des apparences, qu’en est-il vraimentde l’amitié indestructible de Théo et Antonio? De l’amour de Clara pour Théo? De lasoi-disant amitié des deux Chiliens, qui ressemble à s’y méprendre à de l’amour?Quand, après quinze ans de silence, une trahison, beaucoup de questionnements, ilsse retrouvent tous face à face au Chili, Clara est devenue la femme d’Antonio, etThéo a passé ses dernières années à parcourir le monde en une fuite éperdue.

DM

GUNZIG Thomas10 000 Litres d’horreur pure, modeste contribution à une sous-cultureVauvert, Au Diable Vauvert, 2007. 247 p.Disponibilité CIT • STAcote R GUNZ

Thomas Gunzig nous jette à la figure tous les ingrédients du pur nanar horrifique, à com-mencer par ses personnages, cinq étudiants qui décident de partir décompresser (sexe etbeuverie, s’entend) dans un chalet à l’écart de tout, un lieu inquiétant qui cache un grandsecret... Le fils à papa prétentieux, la bimbo blonde, le loser puceau, la jolie fille intelli-gente et, pour clore ce parfait casting, le mec bien prendront tous des décisions stupidesqui les conduiront à un véritable bain d’hémoglobine, massacrés par des monstres im-probables (tels que des bébés carnivores ou encore des pieuvres à visage humain). Uneatmosphère ridiculement gore que renforcent les illustrations visqueuses de StéphaneBlanquet. L’auteur belge, plusieurs fois primé, nous livre donc sans complexe un romand’un mauvais goût délirant, revendiqué comme étant une «modeste contribution à unesous-culture», comprenez le cinéma d’horreur, dont il est fervent amateur comme il nousle confie dans son introduction empreinte de nostalgie. Un livre qui se dévore!

JB

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HALDER BabyUne vie moins ordinaireArles, Picquier, 2007. 228 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQcote 305.420.954 HAL

«Son enfance a été si brève qu’assise contre ce mur, il lui suffirait de quelques mi-nutes à peine pour en faire le tour»Effectivement Baby, mariée à 12 ans, mère à 14, a toujours travaillé dur d’abord pouraider son père et sa belle-mère, puis pour tenir la maison de son mari qui avait plusdu double de son âge. Lorsqu’elle se retrouve avec ce mari violent et indifférent à sespeines (Baby souffre six jours le martyr avant d’accoucher de son premier fils, elleest aux portes de la mort et personne ne vient), Baby qui a pu aller à l’école jusqu’àla fin de la primaire, se met à donner des cours aux enfants de son quartier, en se di-sant que comme cela, son fils pourra aussi bénéficier de l’école. Puis la vie de coupledevient de plus en plus insupportable. Battue, humiliée, Baby s’enfuit à Delhi et sefait exploiter comme domestique jusqu’au jour où elle « tombe» sur un patron hu-main qui l’encourage à écrire sa vie. C’est ce récit que les éditions Picquier nous li-vrent aujourd’hui. A ma connaissance, c’est un des rares témoignages directs quinous parviennent, sans intervention de journaliste ou d’écrivain.

FA

HAWES JamesPour le meilleur et pour l’EmpireParis, Olivier, 2007. 353 p.Disponibilité CIT • MIN • SER • STAcote R HAWE

Amateurs d’humour anglais, vous serez servis avec ce deuxième roman du britan-nique James Hawes, dans lequel vous ferez la connaissance de Brian Marley, citoyenlambda de sa Majesté, moyen en tout avec une légère tendance à la « lose». Le voicipropulsé dans une jungle hostile de Papouasie-Nouvelle-Guinée pour les besoinsd’une émission de télé-réalité avec deux millions de livres à la clé. Le roman s’ouvresur le crash de l’hélicoptère de la production qui devait emmener Brian, dernier can-didat, vers la richesse et un avenir meilleur. Alors que personne ne pourra jamais lelocaliser, il tombe d’un ravin et se retrouve au milieu d’une étrange colonie d’Anglais,des survivants d’un accident d’avion qui a eu lieu cinquante ans plus tôt, et leursdescendants. Ainsi l’Angleterre de la guerre froide est confrontée à celle d’aujour-d’hui, faisant de ce roman drôle et bien emmené une satire de notre société, des mé-dias et du monde politique.

DM

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JAMES Phyllis DorothyLes fils de l’hommeParis, Fayard, 1993. 366 p.Disponibilité CIT • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R JAME

Le cinéaste Alfonso Cuarón avait donné en 2006 sa version filmique du livre de P.D.James, ce qui avait mis en lumière ce roman singulier dans l’oeuvre cette « reine ducrime». L’idée développée est simple. Nous sommes dans les années 2020, et depuisplus de 20 ans, l’humanité est totalement stérile. L’action se déroule en Grande-Bretagne, devenue, suite au traumatisme, une dictature totalement repliée sur elle-même. Soudain l’espoir renaît, une jeune femme est enceinte. Un groupe d’oppo-sants tentera de l’utiliser au profit de son combat. Là où le film choisissait une actionparticulièrement musclée pour décrire la société sombre imaginée par P.D. James,cette dernière mène son propos assez lentement, ce qui correspond particulièrementbien à la société vieillissante et désabusée qu’elle décrit.

FD

KASISCHKE LauraA moi pour toujoursParis, Bourgois, 2007. 401 p.Disponibilité CIT • EVI • PAQ • STAcote R KASI

«Sois à moi pour toujours», tel est le message que Sherry Seymour reçoit le jour dela Saint-Valentin dans son casier de l’université où elle enseigne. Ce petit mot tombeà point nommé pour pimenter une vie un peu tristounette : son fils vient de quitterla maison pour étudier dans une lointaine université, son couple englué dans unecertaine routine doit trouver un nouvel équilibre... Les messages se multipliant, et ledouble jeu du mari, qui la pousse dans les bras du mystérieux inconnu pour pimen-ter leur vie sexuelle, auront raison de sa fidélité. Ce qui a débuté comme un jeu vase noircir au cours du roman et, comme on est chez Laura Kasischke, la tension de-vient de plus en plus palpable jusqu’à l’horreur finale...

DM

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KASISCHKE LauraRêves de garçonsParis, Bourgois, 2007. 245 p.Disponibilité CIT • EVI • PAQ • STAcote R KASI

Kristy et sa meilleure amie Desiree sont les fleurons de leur lycée. Belles, rayonnanteset intelligentes, elles remportent auprès des garçons un succès digne de leur per-fection. Lors d’un camp de pom-pom girls, qui ressemble un peu trop à un camp mi-litaire, elles prennent la petite Mustang rouge de Kristy et embarquent une autrejeune fille pour une petite escapade innocente mais interdite. Rien de très grave, ce-pendant. Sauf qu’en chemin, elles croisent deux garçons au volant d’un break blanc,à qui elles sourient. Elles réalisent tout à coup qu’elles sont suivies par les garçons,mais parviennent à les semer. Une espèce de légende s’ébauche: les deux garçonssont-ils vraiment cachés dans la forêt, à les observer? La tension devient palpable,et on sait que cet été va marquer à jamais la narratrice et ses amies…

DM

KASISCHKE LauraA suspicious riverParis, Bourgois, 1999. 403 p.Disponibilité CEN • EVI • JON • MIN • PAQcote R KASI

A 24 ans, Leila est réceptionniste dans un motel sinistre de Suspicious river, petitebourgade perdue du Michigan qui suinte la grisaille et l’ennui. La jeune femme com-mence à se prostituer apparemment sans aucun état d’âme avec les clients du mo-tel, subissant de plus en plus passivement la violence des hommes. Le lecteur suit àla fois fasciné et horrifié la descente aux enfers de Leila. Comment peut-on tombersi bas? La réponse est à trouver dans un affreux traumatisme d’enfance. Romansombre et dérangeant A suspicious river prend aux tripes et nous interroge sur la fi-liation et la loyauté.

CLR

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KAUFFMANN Jean-PaulLa maison du retourParis, Nil, 2007. 295 p.Disponibilité CIT • EVIcote R KAUF

De retour après trois ans de captivité au Liban, l’ex-otage Jean-Paul Kauffmann semet à la recherche d’une maison en province. C’est dans les Landes, ce désert de pins,qu’il trouve un havre. Il s’installe dans une magnifique demeure au centre d’une clai-rière dont les derniers occupants furent des prostituées et leurs clients, des officiersallemands. Les travaux commencent, Jean-Paul s’y installe, se love dans ces murs,entre les pins, autres habitants du lieu. Deux ouvriers quasi-muets rénovent, restau-rent sous les yeux du narrateur qui se perd dans la contemplation des arbres, de lafaune, du ciel. Jubilation de l’ex-prisonnier qui savoure entre deux bouteilles de bor-deaux le temps qui passe lentement, la nuit lourde de senteurs, l’aurore perlée de ro-sée, observant ces deux curieux ouvriers, durs et prompts à la tâche. Douceur desmots, évocation de cette terre chaude, embaumée de ce parfum unique des pinssous le soleil, tout cela nous charme et nous rassure: J.-P. Kauffmann est libre, vi-vant et sûrement heureux.

MCM

KHADRA YasminaLes sirènes de BagdadParis, Julliard, 2007. 337 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R KHAD

Il est jeune, il a 20 ans, il fait des études, il a un avenir brillant devant lui, sauf quenous sommes en Irak au début de la guerre. L’invasion des troupes américainesl’oblige à retourner vivre dans son village perdu dans les sables. Au rythme des at-taques des uns, des représailles des autres, les gens palabrent mais se sentent peuconcernés jusqu’au jour où des GI débarquent dans le bled, armes aux poings: un at-tentat a eu lieu à quelques encablures. D’un coup la peur s’installe lorsque les sol-dats débarquent à l’aube. Le père de notre jeune garçon est tiré violemment de sonlit. Un soldat le pousse, il culbute, dévoilant alors sa nudité. L’humiliation n’est passupportable pour son fils qui va partir à Bagdad assoiffé de vengeance. YasminaKhadra nous montre comment des gens pacifiques vont développer, au fil de cetteguerre, une haine profonde contre l’Amérique et tout l’Occident. L’intégrisme en ré-ponse à l’injustice et au mépris. L’auteur veut nous montrer que ce conflit en Irak a(et aura) des conséquences sur une population innocente. Des pages qui hurlentavec les sirènes que les guerres ne sont jamais propres…

RL

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KRAMER PascaleFracasParis, Mercure de France, 2007. 157 p.Disponibilité EVI • JON • MIN • PAQ • SERcote R KRAM

Un énorme rocher vient de s’écraser dans le jardin d’une famille française installéeen Californie. Le bloc s’est arrêté à deux pas de la baie vitrée de la maison familiale.Valérie, la fille aînée et narratrice, arrive pour aider et réconforter sa mère, femmedistante, droite comme un i, qui s’affaire déjà à réparer les dégâts dûs au déluge. Sonpère, médecin à la retraite, est resté dans son bureau, stature imposante, mais sem-blant toujours absent, toujours à mille lieues des contingences matérielles. Cyril, lefrère de Valérie, arrive à son tour, accompagné de sa famille et porteur d’une autremauvaise nouvelle : la jeune fille chargée de garder les enfants est dans le coma,après avoir été renversée par une voiture. Ces deux événements se croisent, s’entre-choquent et les membres de la famille s’observent, essaient de comprendre, se dé-chirent, se provoquent. Trop de non-dits, de mensonges, de questions enfouies res-tées sans réponses, mais surtout, chacun veut savoir : pourquoi le père reste-t-il prèsdu téléphone, quêtant des nouvelles de la jeune blessée, allant même jusqu’à luirendre visite à la clinique, et sa propre voiture ne ressemble-t-elle pas étrangementà celle impliquée dans l’accident? Comment la mère, si fière et effacée à la fois, a-t-elle pu toute sa vie fermer les yeux sur les aventures de son mari, impénitent cou-reur de femmes? Acceptera-t-elle encore une fois le déshonneur?

MCM

LE LindaIn memoriamParis Bourgois, 2007, 189 p.Disponibilité CIT • EVI • STAcote R LE

Le suicide de Sola plonge le narrateur et son frère Thomas, qui ont été tous deuxses amants, dans un vide peuplé par son absence, dans un gouffre rempli d’in-terrogations. Le narrateur, le plus fragile des deux, revient sur cette femme, surleur rencontre, sur les relations avec son frère, fouillant dans sa mémoire à la re-cherche d’une explication, pour essayer de comprendre son geste. Avec desphrases sèches, chargées d’une colère refoulée, il décrit Sola, une femme libre, enperpétuelle recherche de la vérité, une écrivaine sans compromis, blessée par unehistoire familiale funeste, la mort de son père dans des circonstances étranges.En elle, le narrateur trouve un double, qui deviendra une obsession. Il retraceaussi l’ambiguïté des relations avec son frère, devenu un avocat réputé, qui se

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moquait de lui, qui l’a humilié publiquement et qui est devenu, sans même se ca-cher, l’amant de Sola.Un récit en reflets qui prend vite des allures de labyrinthe. Linda Le confirme, une foisde plus, la qualité de son écriture, fouillée, foisonnante, d’une force incomparable.

PB

LITTEL JonathanLes bienveillantesParis, Gallimard, 2006 (Blanche). 903 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R LITT

Il aura fallu 900 pages à J. Littel pour nous détailler la vie de Max Aue durant les an-nées 1939-45. Officier et bourreau SS, bureaucrate pédant de l'énorme administrationde guerre nazie, il participe activement à la campagne de l'Est puis à la déroute deBerlin. Partout il prendra part avec zèle à la politique de destruction systématique desennemis de la politique nazie. Mais Aue est un être complexe: allemand mais aussifrançais, extrêmement cultivé et fin mais capable des pires horreurs (génocide, parri-cide, etc.), amoureux éconduit de sa soeur jumelle depuis son enfance, il n'arrive pasà avoir une vie sexuelle assumée. Pour finir, on apprendra qu'il deviendra pratique-ment fou à la fin de la guerre avant de réussir à s'échapper en France, d'avoir des en-fants et un métier respectable.Les bienveillantes est un roman hypnotique, l'absence de paragraphes et de phrasescourtes, les interpellations provocatrices du narrateur rendent sa lecture fascinante.Grâce à Littel on peut espérer avoir une vision plus exacte de ce qu'a pu être la vieen Allemagne et des Allemands de l'époque. Les tensions entre la Wehrmacht et lesSS sont bien mis en évidence et parfois même brillamment lorsque dans un passageun linguiste de la Wehrmacht décrit le concept de la race développé par les naziscomme n'ayant pas plus de valeur qu'une théorie de vétérinaire... Malgré ses actesAue ne veut pas se justifier ou s'excuser, simplement décrire dans les détails des faitsprécis afin de nous démontrer qu'à sa place nous aurions agi de la même manière etqu'il faut donc le juger de manière bienveillante.

TLe

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LOUKIANENKO SergueïLes sentinelles de la nuitParis, Albin Michel, 2006. 473 p.Disponibilité EVI • JON • PAQcote R LOUK

Depuis plus de 1000 ans, les Autres, terme générique pour qualifier les loup-garous,vampires, sorciers et autres monstres de tout genre, vivent dans une trêve fragileétablie sur des contrats de réciprocité qui veulent que les coups soient rendus de fa-çon équitable afin de ne pas basculer dans une terrible guerre. Les deux camps, lalumière et l’obscurité, ont donc chacun leur organe de surveillance qui s’efforce decontrôler les agissements de l’autre bord pour faire respecter cette trêve.Or, aujourd’hui, tous les indicateurs sont au rouge car il semble que certains Autrescherchent à reprendre la guerre. Anton, sentinelle de la nuit qui contrôle les agisse-ments des ténèbres, se retrouve plongé au cœur de ces manœuvres et devra essayerde sauver la trêve, quel que soit l’ennemi qu’il retrouvera face à lui.

FG

MacDONALD GregoryRafael, derniers joursParis, 10-18, 2006 (10/18; 3791. Domaine étranger). 190 p.Disponibilité EVIcote R MACD

Rafael vit avec sa femme et ses trois enfants dans une décharge publique, quelquepart dans le sud-ouest des Etats-Unis. Illettré, sans travail, il passe son temps à boire.Le roman débute le jour où il rencontre un gars qui aurait un job pour lui. Ce « tra-vail » pourrait lui rapporter 30'000 dollars. Il s’agit de tourner dans un snuff film. Onlui explique qu’il sera attaché, battu, torturé à mort par deux malabars. Lors de cesordide «entretien d'embauche», on l’oblige à se déshabiller pour juger de son phy-sique, de sa résistance car il devra au moins tenir une heure... Il sera filmé par plu-sieurs caméras et plus il criera, plus il se débattra sans cacher sa souffrance, plus lefilm aura du succès. Nous lecteurs voudrions intervenir pour crier à ce naïf Rafael derenoncer. Et pourtant, il va accepter de tourner ce premier et dernier rôle pour l’ar-gent, pour sa famille. L’écriture est efficace, rapide et elle nous installe (très incon-fortablement) au cœur d’un drame humain.

RL

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MacINERNEY JayLa belle vieParis, Olivier, 2007. 424 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R MACI

Le 11 septembre 2001 a marqué la fin d’un monde. Pour Corrine et Luke, c’est aussile début d’une nouvelle vie. Leur rencontre à Ground Zero où ils sont tous les deuxbénévoles, est le début d’une grande passion qui va faire voler en éclats leur mariagerespectif. Tout à coup, leurs vies, bien qu’elles puissent être socialement et financiè-rement qualifiées de réussites éclatantes, leur paraissent ternes et sans joie. L’un nefermera plus les yeux sur les infidélités de sa femme, l’autre s’avouera enfin qu’avecson mari ce n’est plus ça… Ensemble, ils redécouvrent le bonheur d’aimer et d’êtreaimé…

DM

MacINERNEY JayTrente ans et des poussièresParis, Olivier, 1993. 553 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • SERcote R MACI

Ils sont jeunes, ils sont beaux, intelligents, brillants, tout le monde les adore. Ils nesont pas encore riches, mais dans le New York de la fin des années 80, tout semblepossible pour le jeune couple composé de Corrine et Russel. Elle est courtière enbourse, lui est éditeur. Curieusement, c’est le littéraire qui va se laisser prendre dansla frénésie boursière qui précède le krach du 19 octobre 1987. Déçu par les choix dela vénérable maison d’édition pour laquelle il travaille, Russel va en effet tenter d’enprendre le contrôle en lançant une OPA… Au milieu de l’agitation provoquée par sesnouvelles ambitions, le couple commence à battre de l’aile… Un portrait mordant del’Amérique des années 80 servi par une galerie de personnages hauts en couleurs.

FD

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MANGUEL AlbertoLa bibliothèque, la nuitArles, Actes Sud, 2006 (Lettres anglo-américaines). 335 p.Disponibilité EVI • SER • STAcote 021 MAN

Choisir, collecter, classer, conserver, agencer, prêter, mettre à disposition, lire enfin.Sans les bibliothèques et leur organisation, qu’elles soient privées ou publiques, leslecteurs évolueraient dans un chaos sans nom, un dédale, une accumulation laby-rinthique. La bibliothèque est d’abord un lieu, une architecture. On y lit, apprend,étudie, recherche, on consulte, on se remémore; un livre en appelle un autre, un ro-man évoque un tableau, un paysage, un film, des souvenirs. Des esprits s’y croisent,s’interpellent, partagent une pensée, un territoire, s’éloignent et la lecture nousplonge dans un monde de mots, de paroles, de concepts, d’histoires, de savoir, deplaisir. Organiser, gérer, donner forme, tel est l’apanage de tout possesseur de livres.Manguel, essayiste, traducteur et critique nous emmène, par-delà le temps et les ci-vilisations, découvrir à travers un voyage empirique des bibliothèques antiques oucontemporaines, modèles ou singulières, réfléchies ou anarchiques. Servi par unelangue riche et fluide, ce périple entre la pensée et la matière nous enveloppe, nousirradie, nous transporte d’aise dans ces temples du savoir, temples du plaisir.

MCM

MUZET DenisLa mal info: enquête sur des consommateurs de médiasLa Tour d’Aigues, Aube, 2006. 140 p.Disponibilités PAQ • STAcote 302.23 MUZ

Cet ouvrage relate une étude effectuée en France, qui peut très bien se comprendredans notre région connectée aux mêmes masses médiatiques. Les gens sont deve-nus boulimiques d’informations sous toutes ses formes (internet, radio, télévision etpresse papier) et ne digèrent plus le flux continu. La saturation, plus que le résultatd’un excès, témoigne d’une mauvaise démarche de départ. Le besoin d’être au cou-rant des événements au niveau global amène à un besoin trop quantitatif de nou-velles. Une optique moins ambitieuse consistant à ne pas s’intéresser à tout mais àapprofondir certains sujets semble caduque. La consommation tend à être rapide eten surface sans chercher à comprendre les enjeux de ce qui est absorbé. Ce besoincompulsif d’être connecté au monde n’est pas définitif et une partie des consom-mateurs tend à réguler ce comportement. C’est la touche d’espoir qui se profile à lafin de ce livre, sachant que chacun peut y remédier.

PC

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O’DELL TawniLe ciel n’attend pasParis, Belfond, 2007 (Littérature étrangère). 446 p.Disponibilités BUS • CIT • EVI • MINcote R ODEL

Shae-Lynn, 40 ans, grande gueule au cœur tendre, est une ex-fliquette reconvertieen chauffeur de taxi dans sa ville natale de Jolly-Mount, Pennsylvanie. Son quoti-dien est bousculé le jour où un mafieux russe, un avocat new-yorkais et une femmehystérique viennent lui demander des comptes sur sa jeune sœur qui les aurait soi-disant escroqués… Pour Shae-Lynn c’est un choc : voilà plus de vingt ans qu’ellecroyait sa sœur morte. Ce sera l’occasion de déterrer certains douloureux secrets defamille qu’elle croyait enfouis à jamais. Tawni O’Dell dépeint une fois encore le quo-tidien souvent violent d’une petite cité minière de sa Pennsylvanie natale avec réa-lisme et tendresse. Ses personnages même s’ils ne sont pas tous des anges sont dé-peints avec beaucoup d’humanité et de vérité.

CLR

ORMESSON Jean d’ Odeur du tempsParis, Ormesson, 2007. 475 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote 848 ORM

D’Ormesson, l’espiègle, l’érudit, plonge dans sa mémoire et ses écrits passés pour sesouvenir, pour ne pas oublier. Chroniqueur au Nouvel Observateur et au Figaro, dontil fut un temps le directeur, son travail de pioche dans ses propres écrits nous emplitd’aise. Il nous confie là son carnet de lectures personnel, et nous déambulons, mu-nis de ce sésame inestimable, dans les recoins et les lumières de sa magnifique in-telligence littéraire. De Bernard Franck à Gabriel Matzneff, de Sollers à Balzac, nousgravissons, légers ou perplexes, les chemins allant à Rome, du côté de Guermantes,ou dans l’Amérique de Borges et les communautés juives de l’Est de l’Europe de I.B.Singer. Ce périple littéraire, amical ou arbitral, est pavé de bonnes intentions, denombreuses références et citations truculentes, et nous retrouvons notred’Ormesson, l’unique et merveilleux écrivain qui nous fit tant de fois aimer la vie,l’amour et les belles lettres.

MCM

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PAGE MartinDe la pluieParis, Ramsay, 2007. 105 p.Disponibilité JON • PAQcote R PAGE

«On apprend à aimer la pluie comme on apprend à aimer le vin : en grimaçant, pourse distinguer de ses pairs et au prix de l’évidence de ses goûts. Comme tout véritableamour, il exige invention, réflexion et une certaine expérience de la vie»En quelques chroniques, Martin Page nous fait partager sa passion inconditionnelle:la pluie favorise l’amour, l’écriture, et se révèle la meilleure ennemie de toutes lesguerres. Elle mériterait selon lui le prix Nobel de la paix…

FA

PARENT GailSheila Levine est morte et vit à New YorkParis, Rivages, 2007. 220 p.Disponibilité CIT • JON • PAQcote R PARE

Bien avant Bridget Jones (ce livre a paru originalement en 1972!), il y avait SheilaLevine... Jeune juive boulotte d’une trentaine d’années, à qui sa mère a répété de-puis toujours ces deux leitmotiv : « Trouve un mari à la fac, après ce sera plus dur »et «Deviens enseignante», elle n’aspire qu’à vivre une jeunesse pleine d’aventuressexuelles et de bons moments avec sa colocataire à New York. Une fois les illusionsenfuies, Sheila Levine décide de se suicider parce qu’elle n’a décidément pas trouvéde mari, et écrit la longue lettre d’adieu qui constitue ce roman... Elle y raconte avecbeaucoup de vivacité et d’humour comment elle a fini par devenir enseignante,quelle fut sa vie de jeune fille indépendante et libre, et comment elle en est arrivéeà payer une concession dans un cimetière juif... Elle est très attachante, cette jeunefemme qui ose assumer ses faiblesses, et quel humour ! Entre Bridget et Sheila, y apas photo: votez Sheila !

DM

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PASTOUREAU MichelL’ours: histoire d’un roi déchuParis, Seuil, 2007 (La librairie du 21e siècle). 419 p.Disponibilité CIT • MIN • PAQ • SER • STA cote 398.3 PAS

Depuis le 9ème siècle, l’Eglise catholique n’a eu de cesse de détrôner l’ours brun deson statut de roi des animaux pour y instaurer à sa place le lion, tellement plus exo-tique, moins ressemblant à l’homme, donc moins dangereux. L’ours est en effet avecle porc l’animal le plus proche de l’homme. Comme lui, il peut se mettre debout. Poilsmis à part, il peut jouer à l’homme, tout comme l’homme peut « faire l’ours». On lesoupçonne de convoiter les femmes et d’attirer leurs ardeurs. Pour asseoir leur pou-voir, les rois du Danemark se vantent de descendre d’une lignée urcine, Le préfixe«Art», «ours», aurait donné son nom à Artio la déesse celte et à Artémis la grecque,et même au légendaire roi Arthur. Suite aux écrits de Pline l’ancien et des Pères del’Eglise, Charlemagne et d’autres traquèrent physiquement et moralement cet ani-mal réputé si dangereux. L’ours déchu devint la risée de tous, il ne fut plus qu’un pi-toyable glouton. Mis à part les exceptions notables du duc de Berry au 14ème siècleet de la ville de Berne, tous, nobles et villes de quelque importance, s’empressèrentde le renier. Mais comme le dit Pastoureau «En tuant l’ours, son parent, son sem-blable, son premier dieu, l’homme a depuis longtemps tué sa propre mémoire et s’estplus ou moins symboliquement tué lui-même». Les nombreux «Teddy bears» ne ren-dront pas à l’ours son ancien statut. Pourtant, grâce à eux, le lien indéfectible entrehumains et ours perdure un peu…

FA

PELT Jean-MarieC’est vert et ça marche!Paris, Fayard, 2007. 314 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER cote 304.2 PEL

Il est tard, mais pas trop tard. Tempêtes, cyclones, canicules, les changements clima-tiques nous menacent. Beaucoup d’entre nous en sont conscients et les sociétés setournent de plus en plus vers le développement durable afin d’inverser l’engrenageirréversible et irréparable.Jean-Marie Pelt, célèbre professeur de biologie et de pharmacologie, nous in-vite à découvrir une vingtaine de projets « verts » dans les domaines industriels,agricoles, du transport ou du recyclage des déchets. A travers les présentationsde ces programmes innovants, nous comprenons que tout est encore possible,ces concepts nouveaux nous exhortent à une prise de conscience individuelle,

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étatique et mondiale. La créativité, la volonté, l’amour de notre environne-ment et le bon sens doivent et peuvent nous sauver, sauver notre planète duDéluge.

MCM

PESTONJI MeherDans les rues de BombayParis, Mercure de France, 2007 (Bibliothèque étrangère). 265 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQcote R PEST

Ce livre n’apporte pas de réponse à l’éternelle question de savoir si l’on peut sauver lesgens malgré eux. Il contribue pourtant à sa manière à se reposer la question du pour-quoi de l’aide humanitaire et de l’aide tout court. Rahul, 10 ans, vit dans la rue àBombay. Comme beaucoup d’autres, il a quitté son village pour la grande ville et vit duramassage de déchets. Un jour, il découvre sur un banc un bébé abandonné. Pour lui,c’est le coup de foudre, il a une fille, il est devenu papa. La petite est mal en point, ill’emmène à une association qui s’occupe des enfants des rues. Il joue avec elle, la faitrire et lorsque la petite guérit, elle est adoptée par un couple d’Américains et quitteBombay malgré les tentatives dérisoires de Rahul pour la garder. Dès lors, il refuse touteaide, ingérence de ses amis et se lance dans la prostitution malgré tous les dangers…

FA

PLATONOV Andréi PlatonovitchDjann; Makar pris d’un douteParis, UGE, 1983 (10/18; 1567. Domaine étranger). 173 p.Disponibilité PAQ cote R PLAT

Djann, peuple imaginaire, erre quelque part à l’est dans la Russie, dans les vastesplaines d’Asie centrale. Tchagataiev, homme juste et bon communiste, tente en vainde lui faire redécouvrir les vertus et la joie de vivre. Son peuple s’y refuse avecconstance, et lui parvient à grand-peine à sauver la petite Aïdym. Une telle mélan-colie ne parvient pas à chasser l’image lumineuse de cet homme honnête quicherche obstinément à faire le bonheur de son peuple.

FA

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POL Andri, SIGNER DavidGrüezi! Zürich, Kontrast, 2006. 352 p.Disponibilité CIT • EVI • STAcote 779 POL

Vivrions-nous dans un pays exotique sans le savoir? Tel semble être le postulat avancépar le photographe Andri Pol et l’ethnologue David Signer dans ce surprenant ouvragede photographie qui présente sous un jour étonnant, drôle et souvent décalé, une sé-lection de clichés pris aux quatre coins de notre pays. En y regardant de plus près, onconstate que le folklore toujours bien vivant fusionne habilement avec la modernitédu monde en marche et colore par touches discrètes, imperceptibles ou franchementgrossières, ce qui semble être notre quotidien. Il s’en dégage une spécificité purementhelvétique qui, à la regarder à travers le filtre d’un objectif, nous paraît pourtant si éloi-gnée et si improbable. Notre identité nationale ne naîtrait-elle pas d’un certain regardétranger que nous saurions porter sur nous-même?

CL

PYE MichaelL’antiquaire de ZurichParis, Mercure de France, 2006 (Bibliothèque étrangère). 426 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R PYE

Saura-t-on vraiment qui est l’antiquaire de Zurich? Tour à tour, son fils, sa petite-fille,et elle-même s’expliquent. Le fils, Nicholas, raconte son enfance à Berlin pendant laseconde guerre mondiale. Son père est parti bravement faire son devoir de soldatsuisse pendant que lui se retrouve seul sous les bombardements alors que sa mèreLucia se fait raccompagner par de beaux messieurs tard le soir, et accumule meubles,tapis et autres objets précieux… Que pouvait-il avoir compris à l’époque? Rien sansdoute, mais après, une fois devenu adulte? Sa fille Helen, est terriblement choquéelorsqu’elle fait la connaissance de Sarah à Zurich. Celle-ci vient de reconnaître dansla vitrine de la boutique de Lucia une table qu’elle lui avait confiée à Berlin pendantla guerre. Sarah est juive, Lucia italienne, fille de banquier, épouse reniée d’un Suisse.Helen voudrait réparer, mais y-a-t-il encore une possible réparation?

FA

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REYMOND WilliamCoca-Cola, l’enquête interditeParis, Flammarion, 2006 (Enquête). 429 p.Disponibilités BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote 338.88 REY

Vrai travail de journaliste fouineur, cette enquête nous retrace l’historique d’uneboisson que nul n’est censé ignorer. Bien sûr, personne n’est totalement dupe surl’aspect mercantile d’un breuvage connu dans le monde entier et dont l’action ca-racole au sommet de la bourse. Mais cette lecture nous rafraîchit tout de même lesidées, les bulles en moins. C’est tout un mécanisme, fruit du capitalisme à son pa-roxysme, qui est mis en exergue. La seule volonté de cette entreprise est de conqué-rir et fidéliser toujours plus d’adeptes. C’est un but qui est incrusté dans son parcoursdepuis le démarrage. Cette démarche de base s’adapte à l’histoire américaine, puismondiale. Elle se mêle à la politique et à l’évolution de nos sociétés. Un bel exempleexplicitant ce fait est la deuxième guerre mondiale : Coca-Cola étant implanté aussibien dans l’Allemagne nazie que dans l’armée américaine, loin de tout scrupule.Ce documentaire est une bonne référence pour qui veut saisir l’impact de la réussitefinancière absolue.

PC

RIEL JornLa vierge froide et autres racontarsParis, 1998 (10/18; 2861. Domaine étranger). 157 p.Disponibilité EVI • SER • STAcote R RIEL

Imaginez-vous au Nord-Est du Groenland, terré dans une «station» toute une an-née, à chasser le renard, l’ours blanc et autres petites bêtes arctiques. Pendant delongs mois d’hiver, il n’y aura que la nuit, le froid intense, l’entêtant vent du nord etla banquise immense, aride, grandiose. Même si vous partagez la cabane avec uncompagnon, il vous faudra bien passer le temps. Alors, entre des soirées passées àdistiller du tord-boyau, à taper le carton avec l’autre que vous ne supportez plus, àrêver tout haut des plus belles femmes du monde, vous vous mettrez à gamberger,à imaginer, à délirer. C’est ce qu’a fait l’écrivain danois Jorn Riel, pour notre plusgrand plaisir : entre histoires loufoques, récits extraordinaires et compagnonnagesimprobables, nous partageons pleinement la vie rustique et solitaire de ces chasseursdu Grand Nord, entre folie douce et vie intrépide: un régal.

MCM

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ROBERTS Gregory DavidShantaramParis, Flammarion, 2007. 871 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • MIN • PAQ • SERcote R ROBE

Dans les années 80, l’auteur s’évade d’une prison australienne. Le «roman» commenceà son arrivée à Bombay. Celui qui se fait appeler Lin va de suite éprouver un véritablecoup de foudre pour cette métropole. «C’est la pire bonne odeur du monde», unephrase qui résume les contrastes que le touriste peut ressentir en Inde. D’emblée lesIndiens qu’il rencontre s’attachent à lui; on aime cet homme pour son authenticité etsa volonté de s’immerger totalement dans la culture du lieu. Tous les gens qui le cô-toient sont impressionnés par ce gora (blanc) qui apprend si facilement le marathi, cedialecte de Bombay que généralement aucun étranger ne parle. L’admiration est to-tale lorsqu’il décide de suivre son nouvel ami, le charismatique guide Prabaker, pouraller vivre dans un bidonville. Au fil des 900 pages (qui s’avalent comme un succulentcurry) la ville se révèle avec sa mafia, son cinéma, sa cuisine, sa mousson, ses religions,sa politique, son multiculturalisme, ses épidémies de choléra, sa police et sa prisondans laquelle Lin va devoir malheureusement séjourner…

RL

ROMER KnudCochon d'AllemandMontréal, Allusifs, 2007. 186 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • STAcote R ROME

Récit d'enfance, l'auteur évoque sa jeunesse dans la petite ville danoise deNykobing Falster «une ville si petite qu'elle se termine avant même d'avoir com-mencé». «Cochon d'Allemand», c'est ce qu'il entendra à son sujet durant toute sascolarité, car sa mère, une femme issue de la haute bourgeoisie prussienne, bien querésistante antinazie, n'a jamais été acceptée par la population. Knud Romer ne secontente pas d'être le témoin de l'ostracisme permanent à l'égard de sa mère. Il re-constitue l'histoire de sa famille, côté danois et côté allemand, dramatique, maissouvent extravagante. Cette autobiographie poignante nous promène à traversl'histoire européenne du 20ème siècle.

TLa

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SHAFAK ElifLa bâtarde d'IstanbulParis, Phébus, 2007. 321 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R SHAF

La «bâtarde» d'Istanbul, s'appelle Asya. C'est la plus jeune fille de la famille Kazanci,famille presque exclusivement composée de femmes. Elle fume, elle boit, écoute duJohnny Cash et passe son temps à rédiger son manifeste nihiliste au café Kundera àIstanbul. Armanoush, vague parente, d'origine arménienne, vit en Arizona. Désireusede retrouver ses racines, elle s'envole pour la Turquie. Hébergées par la familleKazanci, Asya et Armanoush deviendront amies. L'auteur a été amenée devant lajustice turque pour «avoir insulté l'identité nationale», car c'est bien l'évocation dugénocide arménien qui est au coeur de ce formidable roman turco-arménien épous-touflant de rythme et d'originalité.

TLa

SIMMONS DanL’échiquier du malParis, Denoël, 2004. 1003 p.Disponibilité BUS • CIT • MIN • PAQ • SER • STAcote R SIMM

Camp d’extermination de Chelmno, 1942. Saul Laski, alors condamné comme tantd’autres, survit grâce à une épreuve terrible qui le poursuivra sa vie durant : une par-tie d’échecs grandeur nature dans laquelle il a joué un rôle déterminant. Un êtredoté d’un pouvoir lui permettant de prendre possession des facultés d’autrui, leTalent, a pénétré son esprit. « Il » l’a contraint à se déplacer sur les cases d’un échi-quier improvisé et à massacrer les autres pions, pauvres corps décharnés mais bienvivants, jusqu’à ce qu’il ne reste que lui… 40 ans plus tard, ce même Saul Laski, quis’est exilé aux Etats-Unis, est encore hanté par cette expérience. Il mène avec mé-thode la traque de l’homme qui l’a mené à la victoire des années auparavant.Ecumant les journaux à la recherche du moindre indice, Saul fait une effroyable dé-couverte. « Il » n’est pas seul. Le monde entier est peuplé de personnes qui, comme« lui », n’ont de limites que leur imagination sanglante et leur capacité à mener lapartie. Ils s’affrontent sans répit et la terre est leur terrain de jeu favori…

FDS

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SINGER ChristianeDerniers fragments d’un long voyageParis Albin Michel, 2007, 135 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote 848.03 SIN

En septembre 2006, un jeune médecin lui annonce sans détour qu’il ne lui reste quesix mois à vivre. Atteinte d’un cancer, jour après jour, ou selon ses forces, elle tientce carnet, ce journal intime, ces derniers fragments d’un long voyage. Malgré lessouffrances, malgré son hospitalisation, elle aborde sa maladie comme une nouvelleexpérience, une nouvelle étape vers quelque chose de plus grand et de plus beau.Plus que le combat contre la maladie, elle retranscrit la lutte pour accepter son nou-vel état, dans un émerveillement et une allégresse incroyables.Elle nous livre un récit digne, poignant, positif, vivant. Dans l’enfer de cette maladie,au plus profond de la souffrance, elle parvient à accepter totalement ce qui lui estdonné de vivre, réussit à transmettre son énergie folle et à témoigner de la valeur del’existence.

PB

SWAMINATHAN KalpanaSaveurs assassines: les enquêtes de Miss LalliParis, Cherche midi, 2007 (Ailleurs. Domaine indien). 334 p.

Titre original anglais (Inde): The page 3 murdersDisponibilité BUS • EVI • JON • MIN • PAQcote R SWAM

Voici un roman que ne renierait pas la chère Agatha. Un lieu clos : une magnifiquevilla des faubourgs de Bombay avec vue sur la mer. Des personnages typés : héritièreinattendue, écrivain à succès, danseur célèbre, mannequin, femme du monde in-supportable… Tout ce beau monde se trouve réuni pour un merveilleux festin ré-unissant toutes les saveurs de l’Inde au fil du temps et des régions. Le cuisinier estparfait, presque trop, dans sa manière de deviner les goûts de chacun. Lorsque sur-vient le premier meurtre, Miss Lalli, en digne héritière de Miss Marple, réunit toutson monde dans la salle de séjour et confie à sa nièce le soin de ne laisser personnesortir de la maison.L’éditeur annonce d’autres enquêtes de Miss Lalli, je ne peux que m’en réjouir!D’autant que le fameux menu historique met en appétit !

FA

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SWANN LeonieQui a tué Glenn? Paris. Nil éditions, 2005. 383 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • SER • STA cote R SWAN

Titre original allemand: GlennkillDisponibilité BUS • JON • MIN • SERcote R3 SWAN

Glenn, le berger est mort, assassiné. Son troupeau hébété, hagard s’interroge: «Etqui va s’occuper de nous désormais? Qui nous dira de rentrer le soir tombé? Notreberger, celui qui s’occupait si bien de nous, qui va le remplacer?» Miss Maple, la bre-bis la plus intelligente du troupeau ne se lamente pas, elle. Elle cherche, enquête,réfléchit et motive la troupe. De simples moutons ruminants et rêveurs, ils vont serévéler de fins limiers, fouineurs. Eux si passifs et nonchalants, gigots potentiels,osent même affronter l’inconnu, ils iront jusqu’au village chercher révélations etdénicher les secrets des hommes, ces êtres aux mœurs bien étranges.Ce texte tendre et espiègle nous emporte dans une intrigue échevelée, servie admi-rablement par une écriture attachante, sans mièvrerie. Un très bon moment de lec-ture vous attend.

MCM

SWARUP VikasLes fabuleuses aventures d’un Indien malchanceux qui devint milliardaireParis, Belfond, 2006. 363 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • MIN • PAQ • SER • STAcote R SWAR

Ram Mohammad Thomas, jeune serveur indien ignorant vient d’empocher un milliardde roupies lors d’un jeu télévisé. Accusé d’avoir triché, Ram est jeté en prison et somméde s’expliquer: connaissait-il les questions à l’avance? A-t-il été aidé par des specta-teurs? Une jeune avocate le prend sous son aile et peu à peu il lui dévoile la vérité. Jeuneorphelin ballotté de-ci de-là, il a beaucoup appris des spécimens humains qu’il a côtoyés.De la pauvreté à la richesse, cette fresque bigarrée et loufoque nous entraîne pour notreplus grand plaisir dans les méandres d’une Inde surprenante et déconcertante.

MCM

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TABUCCHI AntonioPetits malentendus sans importanceParis, Bourgois, 1987 (10/18). 190 p.Disponibilité CIT • EVI • PAQcote R TABU

Titre original italien: Piccoli equivoci senza importanzaDisponibilité CIT • SERcote R5 TABU

Voici des nouvelles à lire et à relire plusieurs fois tant Tabucchi a l’art de nous trans-porter dans des univers très différents sans jamais fermer la porte derrière lui.Nous sommes ce petit garçon en vacances chez sa cousine comme tous les étés etqui sait très bien que cette fois-là ne se passe pas comme d’habitude. L’oncle Tullioserait-il vraiment maléfique? L’instant d’après, féru d’automobile, nous embarquonspour un rallye à Biarritz avec une mystérieuse Myriam qui fuit son mari. La page sui-vante, nous devenons une vieille fille austère qui revient de l’église pour retrouverson frère malade qui a pesé toute sa vie sur elle.Puis, dans le train de Bombay à Madras, nous rencontrons un étrange voyageur quiporte le nom d’un personnage de Chamisso. Ce monsieur Peter nous parle d’une sta-tue de Shiva qui le hante depuis 40 ans.

FA

THURLER Anne-LiseLa fille au balconGenève, Zoé, 2007. 118 p.Disponibilité CIT • EVI • MIN • SER • STAcote 848.03 CH THU

A la mort de sa mère, décédée d’une étrange maladie qui la paralysait peu à peu,Anne-Lise Thurler revient sur cette femme qui lui avait répondu, alors qu’elle lui po-sait le jour de ses vingt ans des questions sur leur relation houleuse, « tu sais bienque je ne t’ai jamais aimée». Elle a pardonné, mais elle veut comprendre qui étaitcette femme avant d’être sa mère. Pour retracer son histoire, mais aussi celle de safamille, elle se livre à un véritable travail d’archiviste, se basant sur des photos, deslettres ou des témoignages, comprenant que sa mère n’était assurément pas douéepour le bonheur et qui, face aux déceptions, s’est peu à peu isolée. Avec lucidité, sansamertume, elle cherche à comprendre le mépris, les silences et les coups qui ont ja-lonné sa jeunesse. En alternant le récit et des passages en italiques, directementadressés à sa mère, elle signe un livre fort, intime, magnifiquement écrit.

PB

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TOLSTOI LéonLe père SergeCognac, Le temps qu'il fait, 1992. 100 p.Disponibilité CIT • MINcote R TOLS

Un brillant jeune prince apprend que sa fiancée a été la maîtresse du tsar. A la stu-péfaction de tous, il rompt ses fiançailles et entre dans un monastère. Hanté par laperfection, il n'arrive pas à faire taire son ambition et son désir d'obtenir ainsi l'ad-miration de tous. Il s'inflige les plus rudes épreuves, puis devient ermite. Ayant ac-quis une extraordinaire renommée, il devient un saint homme auprès duquel denombreux pèlerins cherchent guérison et réconfort. A la suite d'un rêve, il part à larencontre d'une femme qui va enfin éclairer sa voie...Ce conte renferme la quintessence de la pensée de Tolstoi, qui voit dans le don desoi et l'amour de l'autre la route menant à la sagesse.

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TSUJI HitonariLa promesse du lendemainParis, Phébus, 2007, 171 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • STAcote R TSUJ

La promesse du lendemain est un recueil composé de six nouvelles. Elles décriventun univers étrange et inquiétant, un monde imaginaire, clos et claustrophobe peu-plé de personnages irrémédiablement seuls qui semblent chercher un sens à la viequi leur échappe. Ce sont souvent des couples séparés par l’ennui et l’habitude quin’arrivent plus à communiquer et qui s’enferment dans une solitude désespérée.Dans La poste, une femme se rend tous les jours dans un bureau de poste et épie lepostier du guichet n°3, un homme divorcé. Sans lui adresser la parole, mais complè-tement obsédé par cette inconnue, il en fera sa compagne imaginaire. Dans Le pi-geon, c’est un homme d’un certain âge qui passe ses journées à s’occuper de pi-geons, retardant ainsi le plus possible son retour à la maison, auprès de sa femmequ’il n’a plus vue depuis des années.Malgré une écriture limpide, pure et lumineuse, ces six nouvelles sont teintées de té-nèbres et d’étrangeté.

PB

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TYREWALA AltafAucun dieu en vueArles, Actes Sud, 2007. 202 p. (Lettres indiennes)Disponibilité CIT • EVI • MIN • STAcote R TYRE

Bombay (aujourd’hui Mumbai) s’agite, s’enfle s’étire, foisonne… D’emblée l’auteurnous brosse de brefs portraits, des touches lacunaires nous donnent envie d’en sa-voir plus sur la jeune fille enceinte qui se fait avorter, sur le médecin avorteur, sur lepère du médecin vieillissant qui péniblement grimpe l’échelle où se situe la mezza-nine dans laquelle on l’a relégué pour confectionner des chaussures ; il y a aussiSuleiman qui a dû fuir son village à cause de sa religion et qui reproche à son grand-père d’être devenu musulman lui léguant ainsi un lourd fardeau… Un personnage enappelle un autre, et telle une guirlande qui se déploie, une Inde d’ombre et de lu-mière prend forme.

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UDALL BradyLe destin miraculeux d'Edgar MintParis, 10/18, 2001 (Domaine étranger; 3527), 544 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STA cote R UDAL

Edgar est un petit gars qui vit aux Etats-Unis dans une réserve indienne, sa mère est uneApache, alcoolique et malade, son père est un blanc, qui a disparu. Lorsqu'on est métisblanc-apache aux Etats-Unis, on est forcément rejeté à la fois par les blancs et les Indiensmais aussi, souvent, on vit dans une pauvreté extrême. Un jour, alors qu'Edgar a sept anset qu'il joue devant la maison, il va se faire aplatir la tête par la camionnette du facteur.Tout le monde le croit mort, il est dans le coma mais un jeune docteur va s'acharner pourle ramener à la vie. Et, miracle, il survit sans trop de séquelles. Il apprend à lire, rencontredes gens et à l'hôpital on l'appelle le Petit Miracle. Il devient très populaire tout en étantincapable d'écrire à la main. Malgré cet handicap, et grâce à une machine à écrire il écrirades tonnes et des tonnes de feuilles qu'il gardera et emmènera partout avec lui dans uneénorme malle. Il sera envoyé dans un orphelinat réservé aux enfants indiens où règnentles bizutages, les bandes et la violence. Dans cet orphelinat, il sera rejeté à cause de sonmétissage et de son handicap. ll sera ensuite envoyé dans une famille de mormons oùl'hypocrisie et les fausses apparences sont omniprésents. Mais tout ça n'est rien face augrand rêve de sa vie: retrouver le facteur qui lui a écrasé la tête et qu'il imagine remplide culpabilité, pour lui dire qu' il s'en est quand même sorti.

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UDALL BradyLâchons les chiens: nouvellesParis, Albin-Michel, 1998 (Terres d’Amérique). 247 p.Disponibilité CENcote R UDAL

Dans ces onze nouvelles, Brady Udall dépeint (pour le plus grand bonheur du lec-teur) onze tranches de vie, pas franchement folichonnes, dans des petites villesd’Utah ou d’Arizona. C’est dans les situations les plus désespérées que le sens del’humour de Brady Udall surgit souvent là où on l’attend le moins. Une lecture vivi-fiante pour les amateurs de losers et d’humour noir.

CLR

VIAN BorisL’écume des joursParis, Bourgois, 1994. 317 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R VIAN

Existe aussi en livre lu

Ils sont jeunes, riches, beaux et vivent dans une joyeuse oisiveté grâce à leurs nom-breux doublezons. Colin est fou de son pianocktail. Selon la musique jouée, et sur-tout si c’est un morceau de jazz, l’instrument lui concocte une divine boisson. Il a undomestique expert en recettes de tous genres et une souris bien intentionnée. Sonami Chick est accro à Jean-Sol Partre et collectionne avec ferveur toutes les œuvresdu maître, y compris ses costumes, au grand désespoir de son amoureuse Alise. BorisVian se moque affectueusement de Jean-Paul Sartre et de Simone de Beauvoir, re-baptisée «Duchesse de Bovouard». Colin tombe amoureux de Chloé et l’épouse. Toutest bien qui finit bien? Evidemment non: Chloé est malade, un nénuphar lui poussedans la poitrine. Colin a beau se ruiner en fleurs pour sauver sa femme, les murs del’appartement rétrécissent et Chloé va de plus en plus mal. De cette trame affreuse-ment mélo, Boris Vian, trompettiste, chansonnier, écrivain pressé par la vie car se sa-chant condamné à mourir jeune, en a tiré un roman désabusé et enchanteur qui dé-fie le temps. Et le mot de la fin revient à la souris… comme de bien entendu!

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WESLEY MarySucré, salé, poivréParis, Flammarion, 1993. 305 p.Disponibilité BUS • CIT • PAQ • SERcote R WESL

Titre original anglais: Harnessing peacocksDisponibilité CITcote R2 WESL

Chassée par ses grands-parents alors qu’elle était enceinte, Hébé aurait pu se re-trouver anéantie et sans ressource. Elle choisit de monnayer avec adresse ses deuxtalents, la cuisine et l’amour, en prenant un soin extrême à ne pas mélanger les deux.Mais, un été, son enfant est invité en vacances par un camarade de collège beau-coup plus fortuné, et la mécanique bien rôdée de notre héroïne, risquerait deconnaître quelques ratés si Hébé n’était pas ce qu’elle est…Mary Wesley a l’art de disséquer avec humour et férocité les travers de ses contem-porains britanniques. A déguster sans modération aucune!

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WILLLIAMS Walter JonPlasmaParis, J’ai lu, 2001 (J’ai lu; 7557. Science-fiction). 382 p. Disponibilité PAQcote R WILL

Ayah, fonctionnaire à l’Office du plasma, est aux abois. Son fiancé a été muté pourde longs mois hors du territoire de Jaspeer et elle n’arrive plus à payer l’appartementqu’ils ont loué tous les deux. Pas question pourtant de retourner tête basse vivreavec sa caste des Barzakis, elle n’a pas marné toutes ces années pour en arriver là.Mais un jour, lors d’un contrôle d’une station Pneuma désaffectée, elle découvre ungisement de plasma non répertorié. Avec qui négocier cette fabuleuse découverte ? le plasma, formidable régénéra-teur, est réservé à l’élite, et son exploitation strictement réglementée par le gou-vernement…

FA

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WYND OswaldUne odeur de gingembreParis, Gallimard, 2007 (Folio;4406). 473 p.Disponibilité CIT • EVI • PAQcote R WYND

Titre original : The ginger treeDisponibilité JON • SERcote R2 WYND

En 1903 la jeune Mary Mackenzie embarque pour la Chine rejoindre son futur mari,alors attaché militaire à l’ambassade de Pékin. Curieuse et intelligente Mary essaiede s’acclimater le mieux possible à cette nouvelle culture, malgré les difficultés queconnaît rapidement son mariage. Une liaison avec un officier japonais dont elle at-tendra un enfant la mettra au ban de la société. Mary s’enfuira au Japon où elle es-saiera à nouveau avec un grand courage de comprendre et s’adapter à la culture dece pays en pleine mutation. Le lecteur découvre sur près de 40 ans le quotidien sou-vent difficile de Mary à travers son journal intime et les lettres qu’elle envoie à samère et à sa meilleure amie. Une odeur de gingembre est un roman passionnant etoriginal dont je ne peux que vous recommander la lecture.

CLR

YOSHINAGA MasayukiGothic & LolitaLondres, Phaidon, 2007Disponibilité STAcote 391 YOS

La scène Gothic Lolita (ou Visual-Kei) qui se développe auprès de la jeunesse japo-naise depuis une dizaine d’années constitue sans doute le phénomène de mode leplus créatif, le plus surprenant et le plus avant-gardiste du moment. Initiée par lesgroupes pop-rock costumés du Japon au milieu des années 90, elle s’inspire de lavague punk et new wave anglaise à laquelle elle mêle des références liées au néo-ro-mantisme, au sado-masochisme, au satanisme, à la culture japonaise et aux mangas.D’abord confidentielle et underground, elle se limite aux sorties du week-end en clubsou dans les concerts puis gagne la rue pour s’afficher ostensiblement au regard despassants amusés dans certains quartiers branchés des grandes métropoles nippones.Intriguant, extrême, parfois mal compris, le phénomène n’en constitue pas moinsl’expression d’une jeunesse urbaine en quête d’identité et d’affirmation qui ne va passans rappeler les provocations de la vague punk de la fin des années 70.

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BANDES DESSINÉES

BANERJEE SarnathCalcuttaParis, Denoël, 2007 (Denoël graphic)DisponibilitéBUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote BD BANE

Pablo, le personnage principal de ce roman graphique, est un Indien vivant àLondres. Apprenant la mort de son grand-père, il se rend à Calcutta pour hériterd’une paire de jumelles, d’un vieux poste de radio, d’une moto et d’un livre anciendatant de plus de deux siècles et de grande valeur. Celui-ci, qui a été écrit par unvoyageur juif, est intitulé Les tribulations du Chat-Huant et est un journal intimequi relate les scandales financiers et sexuels survenus dans le Calcutta du 18ème

siècle. C’est alors une véritable plongée dans la ville, une course poursuite à la re-cherche de ces objets qui devient passionnante et riche en rencontres de person-nages étranges ou impossibles, comme Digital Dutta, un voyageur immobile, quilui servira de guide. Dans cette course-poursuite se mêlent les époques et les évé-nements, dans une narration originale et décousue, entrecoupée de récits diverset d’extraits du fameux livre.Proche du documentaire ou du témoignage, mais aussi du roman initiatique, l’au-teur crée une bande dessinée centrée sur la ville, sur son aura magique, ses fantômesadditionnés d’une dimension mystique voire fantastique.

PB

BURNS CharlesBlack holeParis, Delcourt, 2006Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • STAcote BD BURN

L'histoire de déroule dans la banlieue de Seattle au milieu des années 70. Unebande d'adolescents quelque peu désoeuvrés est frappée par une étrange épi-démie, sorte de MST appelée « la crève », provocant d'ignobles mutations etautres éruptions cutanées. Rapidement, les victimes de ce mal étrange secachent et se marginalisent, survivant tant bien que mal. C'est dans une forêtque Chris et Rob vont établir leur campement. De nouvelles menaces sur-viennent... Longtemps collaborateur d'Art Spiegelman, auteur de l'indispensable

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Maus, Charles Burns évoque avec un immense talent le mal-être et l'ennui del'adolescence.Un chef d'œuvre de la bande dessinée indépendante américaine.

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KEKO Plein les yeuxAngoulême, Editions de l’an 2, 2006Disponibilité STAcote BD KEKO

Cette bande dessinée espagnole est un polar qui ne laisse pas un instant de répit aulecteur.Un homme, chargé de communication chez un éditeur, se retrouve au commissariatde police pour un interrogatoire. Un de ses collègues vient d’être retrouvé mort dansdes circonstances mystérieuses. Et tout plaide en sa défaveur car il vient de perdreson travail, a des problèmes d’argent et surtout ne parvient pas à restituer son em-ploi du temps, l’esprit encore confus par la quantité d’alcool absorbé. Est-il, commeil le prétend, au centre d’un complot? Le récit de l’accusé est entrecoupé d’imagesdes années 50, tirées de romans populaires, de publicité, de bandes dessinées ou defilms, plongeant le lecteur dans un étrange bain visuel déroutant et fascinant.

PB

LONG GuillaumeAnatomie de l’épongeParis, Vertige graphic, 2006Disponibilité CIT • PAQ • STAcote BD LONG

Cet album est composé de scènes autobiographiques déployées en plusieurs pages.L’obsession de son enfance pour les jupes, ses embarras d’adolescent, ses aventuresde dessinateur et de fan de Luis Troën sont racontées par Guillaume Long avec beau-coup d’auto-dérision, de tendresse et d’humour. Le dessin se plie à la narration, pas-sant parfois, le temps d’une case ou d’une histoire, d’un style à l’autre. On passe unmoment savoureux à déguster ces tranches de vie.

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PRALONG IsabelleL’éléphantParis, Vertige graphic, 2007Disponibilité CIT • EVI • PAQ • STAcote BD PRAL

Claire reçoit un coup de téléphone de l’hôpital qui l’informe que son père s’y trouve,plongé dans le coma. Pourtant dit-elle, « je n’ai jamais eu de père»… Dès lors, elle vadevoir faire connaissance avec cet homme inconscient qu’elle n’avait jamais vu au-paravant. Le dessin d’Isabelle Pralong, centré sur les personnages, leur humanité, dé-peint magnifiquement le quotidien bouleversé de cette jeune femme, prise entre safamille, son travail et cette relation père fille nouvelle et singulière. Sensible, drôle,bouleversant… on pourrait continuer cette suite d’adjectifs à l’infini tant son traitparvient à nous faire passer par tous les sentiments.

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Ces résumés vous ont été proposés par

Françoise Aellen • Philippe Bonvin • Jennifer Bretault • Philippe Cosandey •

Florence Dos Santos • Florent Dufaux • François Gerber • Caroline LangendorfRichard • Tony Larsen • Roane Leschot • Thierry Leu • Christian Liechti •

Marie-Claude Martin • Dominique Monnot • Joëlle Muster

CIT • bibliothèque de la Cité5 place des Trois-Perdrix1204 Genèvetél. 022 418 32 22

EVI • bibliothèque des Eaux-Vives2 rue Sillem1207 Genèvetél. 022 786 93 00

JON • bibliothèque de la Jonction22 bd Carl-Vogt1205 Genèvetél. 022 800 13 61

MIN • bibliothèque des Minoteries3-5 rue des Minoteries1205 Genèvetél. 022 800 01 31

PAQ • bibliothèque des Pâquis15-17 rue du Môle1201 Genèvetél. 022 900 05 81

SER • bibliothèque de la Servette 9 rue Veyrassat1202 Genèvetél. 022 733 79 20

STA • bibliothèque de Saint-Jean19 av. des Tilleuls (entrée rue Miléant)

1203 Genèvetél. 022 418 92 01

BUS • service du Bibliobus40 points de stationnement dans tout le canton, renseignements auprès de votre commune ou au 022 418 92 70

SPO • bibliothèque des sports4 ch. du Plonjon parc des Eaux-Vives 1207 Genève

VOS BIBLIOTHÈQUES MUNICIPALES:

Il en est des livres comme

du feu dans le foyer.

On va le prendre chez le voisin,

on l’allume chez soi,

on le communique à d’autres

et il appartient à tous.

Voltaire