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EscaladeMag n°45

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Ceüse, Walter_Bonatti

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Jadis, au Japon, on croyait que les tremblements de terre étaient le fait d’un énorme poisson-chat qui frétillait, facétieux, au plus profond des abysses. Plein de bonne volonté, il secouait le monde pour le métamorphoser ! On a compris depuis, et bien avant Fukushima, que si l’histoire est belle, elle n’a pas grand chose à voir avec la réalité.

Pourtant cette légende a une part de vrai. Elle tire son origine de l’observation des poissons-chats, qui à l’approche des séismes, modifient leur comportement. Au lieu de rester tapis au fond des lacs, ils sont pris d’une activité soudaine et s’agitent, fébriles, en surface. Réceptifs aux très légères vibrations de la vase, ils entament une danse étrange, qui souligne l’imminence de la catastrophe.

Tout ceci n’est pas sans rappeler, en escalade, les mouvements désordonnés dans les instants qui précèdent la chute. Même si à bien des égards, le grimpeur est alors plus proche du poisson volant que du poisson-chat ! Quand il se trémousse au bout de la corde, on dirait un poisson ascendant sagittaire. Mais c’est juste un poisson séché, parti avec une écaille sur l’arête.

Inutile de lui faire des yeux de merlans frits, il prendrait la mouche. En sourdine les sardines, il vous attraperait comme du poisson pourri. Murènes, rascasses et requins fraient dans les parages. Anguilles itou. Tout le menu fretin contemple ses nageoires charnues, son dos rouge, dégoulinant. Il est vidé. Et la tentative se termine en… eau de boudin !

Ce mois-ci, nous vous convions à Céüse, une falaise où l’on observe bien des poissons volants ! D’ailleurs, cette Mecque de l’escalade devrait être dési-gnée capitale mondiale des exocets. Que de belles voies, Tonnerre de Brest ! Que de Beaux mouvements sur fond bleu (7a+), bougre d’amiral de bateau-lavoir ! Loup-garou à la graisse de renoncule de mille sabords, comme dirait le capitaine Haddock…

Alors, ne noyons pas plus longtemps le poisson, extrait d’hydrocarbure ! Comme des phoques (6b), entre terre et lumière (6b+), offrons-nous une Ballade sur la mer salée (6b+), Flibustiers de carnaval ! Faisons taire Montesquieu qui nous voit comme des poissons dans un grand filet, qui se croient libres et qui pourtant sont pris. Car, qu’on soit lune ou pilote, d’avril ou des mers du sud, quand on grimpe, on échappe à la nasse !

Laurence Guyon

est édité par PRESS’EVASION.Imprimé en France – Dépôt légal : octobre 2011

ESCALADEMAG – N°45 octobre 2011SARL Press’Evasion – 184 rue des Candisons Lot. Carrière vieille 30190 St Chaptes

E-mail : [email protected] 483 803 441 00037Code APE : 5814Z ISSN : 1777-3865

Directeur de publication : Philippe [email protected]

Rédactrice en chef : Laurence [email protected]

Graphiste : Benjamin [email protected]

Assistante commerciale : Julie [email protected]

Rédacteurs/Photographes : Chr. Pfanzelt, Th. Vialletet

Ont collaboré à ce numéro : S. Bié, O. Broussouloux, D. Chambre, B. Guyon, A. Lysoe, G. Malfer, M. Ratouis, M. Troussier et l’impétueux Nain Pact !

4 - Expresso Actu en bref

6 - Abécédaire Les mots de la grimpe

8 - Focus livres10 - Crashtest Diablo

12 - Faites le mur Climb Up

14 - Hommage Bonatti

20 - Entrée libre Céüse

30 - Ecogrimpeur Calanques

32 - D’Antan Destivelle

34 - Carnet de voyage City of Rocks

38 - Fashion climbing Collectivités

40 - Vos shops spécialisés Annuaire des magasins

42 - Vos points de chutes Annuaire campings

« Sous les pavés, la plage, c’est ce que promettait un célèbre slogan en Mai 68. L’histoire ne dit pas si ce désir profond de transformation du monde et de la vie est toujours à l’œuvre. Elle ne dit pas non plus ce qu’on peut trouver aujourd’hui Sous les toits : le blocage ? la rage ? le passage ? »

Thibault Saubusse dans Natilik, L3, 6a ©Thomas VialletetGratuit

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On Ze roadEB organise une tournée des salles d’es-calade à travers toute la France. À cette

occasion, la marque vous propose de tes-ter gratuitement ses produits et de béné-ficier d’un échange avec son équipe et les membres de son team. Ce sera éga-lement l’occasion de gagner de nombreux lots et de profiter d’un apéro organisé

en fin de journée. Venez nombreux sur l’une des 6 étapes : Altissimo Marseille et Tou-louse St Martin, Espace Vertical Grenoble, What’s Up Lille, Les Arts de la Grimpe Reims et Block Out Paris Osny. Plus d’infos sur www.eb-escalade.com

Z comme ZanskarL’an passé, les grimpeurs américains Abbey Smith, Jason Kehl, Pete Takeda et le photo-graphe Mick Follari sont partis dans l’Hima-laya indien, pour un trip bloc hors norme. Leur voyage le long de routes pénibles, à

travers les tempêtes de la mousson, les a finalement conduits à une prairie idyllique pleine de rochers de granit doré, entou-rés par les sommets himalayens ennei-gés. Cette histoire que nous vous avions

présentée dans notre n°41 est désormais disponible en DVD. Plus d’infos sur: www.hdclimbingvideos.com

Les sens à blocLa première étape de la Coupe Sensabloc 2011-2012 a eu lieu le samedi 17 septembre, à Car-pentras. 42 blocs ouverts spécialement pour

l’occasion, de nom-breux lots, un snack et un bar attendaient les participants. C’est le club Sen-sabloc qui organise cette coupe dont le

classement s’établit sur la base de 4 contests organisés tout au long de l’année. Il s’agit d’une épreuve amicale, ouverte à tous, du débutant au grimpeur confirmé. Plus d’infos sur http://sen-sabloc.free.fr

Une goutte de vertigeAu mois de juillet, la compagnie Lezartikal s’est

produite en off au festival d’Avignon avec le spec-tacle Une goutte de ver-tige. Une performance de danse escalade où la lo-gique des déplacements s’inverse et où les dan-seurs acrobates défient le vide, en entrant par le sol et en marchant sur les murs. Se jouant des lois de la gravité, ce duo de haut vol transforme un mur d’escalade en une scène de spectacle,

accompagné d’un batteur en live, complice d’un univers poétique et imagé. Plus d’infos sur www.lezartikal.com

Le peuple des falaisesUn DVD sur l’escalade et la biodiversité a été

réalisé par l’asso-ciation Agir pour la Nature en Ariège. Issu d’une collabo-ration entre natura-listes et grimpeurs, le film a pour but de sensibiliser les pratiquants. Pré-senté de façon hu-moristique, il peut

être un bon support pédagogique car il aborde l’environnement de manière simple et ludique. Gratuit, il devrait très prochainement être dis-tribués à tous les clubs d’escalade de l’Ariège ainsi qu’auprès du comité régional de la FFME Midi-Pyrénées. Plus d’infos sur www.ariegenature.fr

Et de deux !Après Osny, une deuxième salle Block’Out devrait ouvrir ses portes en région parisienne, sur la commune de Saint-Ouen (métro Garibaldi).

L’ouverture, initialement prévue en sep-tembre, a été repoussée à février 2012. Ce petit retard à l’allumage lié à une modifica-tion du permis de construire suscite déjà l’impatience des grimpeurs franciliens. Annoncée comme la future plus grande salle de bloc de France, elle devrait com-

porter 47 modules, avec dévers, proues et rétablissements en tout genre. Bref, de quoi jouer ! Plus d’infos sur www.blockout.fr

Sans barrièreÀ l’occasion des Championnats du Monde, une falaise tota-lement pensée pour les mal-voyants a été inaugurée cet été à Baone, tout près d’Arco. Les différentes délégations handis-port présentes lors de l’événe-ment ont pu tester les lieux en présence de l’organisateur, An-gelo Seneci. Chacun s’est féli-cité des aménagements propo-sés : rampes d’accès, voies très faciles et nouvellement rééqui-pées, topo en braille avec noms et cotations inscrites au pied des voies… Une belle avancée ! Plus d’infos sur : www.escalademag.com

GouleyantLe vin bio gagne du terrain en France. L’an passé, les surfaces cultivées ont aug-menté de 52% et les ventes en grande surface se sont envolées. Contrairement à la viticulture dite traditionnelle qui utilise des levures aro-matiques générant des goûts arbitraires, la viticulture en biodynamie entend n’appor-ter aucune modification au cellier afin de revenir au sens profond des AOC. Le vin garde alors son goût d’origine et sa capacité de vieillissement. À consommer avec modération, bien sûr, pour fêter les croix en falaise ! Plus d’infos sur : www.biodynamy.com

• La nouvelle salle El cap a ouvert ses portes à Nantes début septembre : 800 m2, 17 mètres de hauteur et 11 mètres d’avancée

• Les pluies estivales n’ont pas permis d’inverser la tendance à la baisse du niveau des nappes phréatiques françaises

• Pour fêter sa première année, la salle Bloc Trotters (Annecy) a organisé une journée Portes ouvertes le 10 septembre

• Le WWF France a lancé une campagne en faveur du papier recyclé pour l’impression des manuels scolaires

• Le club de l’ASCPA Strasbourg a organisé le 2 octobre un open jeunes d’escalade, ouvert aux catégories microbes à minimes

• Un projet de ligne TGV Paris Orléans Clermont-Fd Lyon, actuellement à l’étude, menace le Gâtinais

• Un pan entier des Drus, un des sommets emblématiques du massif du Mont Blanc, s’est effondré mi-septembre

• La population mondiale pourrait bientôt atteindre le seuil des 7 milliards d’humains

• 10 h 40 min, c’est le nouveau de record de vitesse féminin établi sur le Nose (Yosemite) par Libby Sauter et Chantal Astorga

• 6,4 mètres de long, c’est la taille record d’un crocodile récemment capturé aux Philippines

• Selon une étude scientifique, la Terre abriterait entre 7,4 et 10 millions d’espèces différentes

• Deux montagnes des Alpes autrichiennes, situées à l’est du Tyrol, sont à vendre pour 121 000 euros

Nograd

vous présente l’actu de la grimpe

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On recherche la certitude que procure l’action, on espère ressentir un sur-

croît de bonheur à mouvoir son corps, à le commander, l’escalade, pour nous qui chérissons cette activité inutile est l’anti-dote de la mort… Mais pour un moment seulement ! Se sentir un corps agissant, léger et harmonieux en osmose avec les éléments est l’écho de souvenirs d’en-fance délicieux quand vigoureux, rien ne pouvait nous entraver. On veut prolonger dans une belle escalade cette réminis-cence plus ou moins consciente.

Mort ! Pour une fois, le sujet est grave. Danger et mort sont intimement liés.

Dans son immense sagesse le grimpeur perçoit le danger comme un musicien perçoit une fausse note et quand il doit faire face à un danger réel ou supposé, un danger qu’il a parfois recherché, il sait

aussi très souvent ne pas franchir la ligne blanche fatale. Le grimpeur connaît par-faitement le dicton : « quand les bornes sont franchies il n’y a plus de limites », on pourrait ajouter : et le grimpeur tombe alors dans le vide.

Un rapide survol de l’histoire de l’es-calade nous rappelle que longtemps

la chute fut interdite car synonyme de mort quasi certaine. Atteindre le som-met était un but en soi. La sportivisation de l’escalade qui ne date pas d’hier mais de bien avant, permet à tout un chacun de reculer ses limites et de faire face à cette intensité croissante avec les degrés. Tentatives, échecs, buts nouveaux, cette suite est au coeur même des pratiques sportives. Repousser les limites est pour certains un leitmotiv plus ou moins conscient, un graal.

Repousser les limites, quoi de plus naturel quand on est dans cette recherche permanente. Repousser les limites ?

Oui mais avec quelle conscience des limites à ne pas franchir ? Car elles sont là, ces lignes blanches immatérielles qu’il ne faut frôler sous aucun prétexte sous peine de mourir. Le solo, la très grande chute exposée, le retour au sol, le défaut d’as-surage, la corde qui file dans une main distraite, sont autant de causes de catastrophes et malheureusement l’occasion de raccourcir parfois une vie pleine de promesses qui ne tient qu’à un fil.

Il reste quelques pays anglo-saxons où certains grimpeurs se transforment en gladiateurs modernes. Grandes chutes !

Déboutonnages en série de coinceurs ! Solos plus ou moins organisés pour les besoins de la caméra et jamais rétribués à la hauteur du risque encouru sont les dérives les plus cou-rantes du spectacle obscène de la mort possible.

Un très très fort grimpeur du sud de la France me rapportait une discus-

sion à bâtons rompus avec un homologue américain, soliste exceptionnel, notam-ment sur les grands murs du Yosemite. Ce dernier lui demandait ce qu’il « soloait ». Notre sudiste lui dit « rien ». L’américain fut presque choqué de constater que notre grimpeur hexagonal ne goûtait guère ces jeux de hasard qui finissent forcément dans la frustration et parfois dans la mort. Il y a toujours quelque part une écaille vicieuse qui attend sa victime.

Dans une scène du Septième sceau de Bergman, le chevalier tente une partie

d’échec avec la mort armée de sa faux. Il s’en sort par une pirouette. Il balaie l’échi-quier d’un revers faussement maladroit, espérant ainsi retarder le moment fati-dique. Le grimpeur d’aujourd’hui tente ra-rement le diable. Il faut se réjouir que cette forme particulière de reconnaissance que procure le solo, soit à peu près tombée dans l’oubli en France.

Parfois depuis sa tendre enfance, le grimpeur utilise magni-fiquement ce corps et n’a aucune envie de le mettre en jeu

dans une quelconque « roulette russe ». Bien entendu il reste des escalades exigeantes, parfois dangereuses, mais il faut s’y frotter avec une grande perspicacité et sans croire qu’une main de cartes particulièrement fournie saura sauver la mise. La vie est sans prix.

Bien entendu, on pourrait écrire une fiction sur un grimpeur ressentant la « mort des muscles », le vieillissement du

corps, et qui tenterait dans un ultime pari une escalade par-ticulièrement osée en solo. Ce serait comme un coup de pa-nache improbable qui aurait pour but de repousser les limites de la fin trop prévisible de tous les êtres, grimpeurs ou pas.

Autrefois, le grimpeur qui faisait vœux de reconnaissance médiatique, ne manquait pas de pratiquer l’escalade so-

litaire. Ce pouvait être aussi, l’expression d’un passage diffi-cile dans une vie. Les grimpeurs solitaires sont toujours très habiles pour masquer plus ou moins leurs motivations pro-fondes.

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Parois de légendeQui ne connaît pas Parois de légende, l’incontournable bible des grandes voies compilées par Stéphanie Bodet et Arnaud Petit ? Les deux tomes ont été réunis en un seul volume, plus petit, plus souple et plus fourni. L’ouvrage est sorti fin mai aux éditions Glénat et comprend une vingtaine de voies supplémentaires par rapport aux précé-dentes éditions (Patagonie, Dévoluy, Picos de Europa, Suisse…). Toujours aussi précis au niveau des topos, accès, horaires… et plus éclectique que jamais, Parois de légende réunit 120 voies autour du monde, à parcourir en vrai ou en imagination, juste en tournant les pages !

> 240 pages 25 ! www.glenat.com

Comment poussent les montagnes ?Alpes, Himalaya, Rocheuses… Quels mécanismes, dominant les tréfonds de notre planète, ont fait jaillir ces grandes dames ? Que nous racontent les roches qui les constituent ? Une montagne peut-elle s’user jusqu’à disparaître ? L’auteur, Laurent Jolivet, est géologue, professeur à l’Institut des Sciences de la Terre à Orléans et spécialiste de géodynamique. Il nous transmet sa fascination pour les montagnes qui sont tout sauf figées et im-muables, et dont l’histoire pleine de péripéties a commencé il y a des millions d’années… À lire d’urgence pour ne pas grimper idiot et comprendre la formation des montagnes ou des falaises où l’on évolue !

> 64 pages 4,90 ! www.editions-lepommier.fr

Escalade en FranceUn livre fort utile est sorti au printemps dernier : Escalade en France, morceaux choisis. Depuis la presqu’île de Crozon jusqu’aux blocs de Corse, cet ouvrage vous invite à partir à la découverte des sites de grimpe français qui valent vraiment le détour. Cette sélection vous permettra de choisir la destination la mieux adaptée à votre pratique, en fonction de votre niveau, de la saison, de vos envies... Type de roche, style d’escalade, activités an-nexes, points de vente du topo, accès et plus encore : une mine d’infos sur une centaine de sites à travers toute la France.

> 224 pages 22 ! www.chemindescretes.fr

Il était une fois une fée au pays de la grimpeIl y a un an disparaissait la talentueuse grimpeuse belge Chloé Graftiaux, emportée dans un accident de montagne alors qu’elle n’avait que 23 ans. Ses parents ont édité un livre et un DVD en sa mémoire, réunissant des textes que Chloé avait écrits et des témoignages de ses amis. Les bénéfices de la vente de cet ouvrage seront reversés à l’association Chloé Graftiaux Passion Together, dont le but est de donner un petit coup de pouce aux jeunes qui ont des projets en escalade ou en alpinisme, dans un objectif de partage et de passion.

> 35 ! www.chloegraftiaux.com

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Quelle aubaine cette mission ! 5 mois et carte blanche pour aller au fond des choses et tester cette corde dans toutes les situations.

Pas de quartier : c’est par le travail de voie que j’ai commencé. Rien de tel pour malmener le matériel. Dans des couennes courtes et teigneuses, j’ai saucissonné et pris des vols à l’envi, sur des dégaines aux mousquetons pas toujours très lisses. Ré-sultat ? Un amorti excellent dans les chutes, sans pour autant que l’allongement de la corde soit trop marqué. Très rapidement tou-tefois, la gaine a commencé à s’effilocher près des extrémités, au niveau où les mousquetons frottent lors des chutes. Cela m’a un peu alerté. Mais le phénomène ne s’est pas amplifié et je n’ai pas remarqué de gonflement particulier de la corde à ce niveau durant toute la suite du test.

C’est dans la situation d’escalade en tête que mes perceptions ont été les meilleures : j’avais l’impression de grimper avec une corde fine ! La souplesse est incroyable et, associée avec la dou-ceur du tressage, cela aboutit à des sensations très agréables. La corde glisse sans effort dans les dégaines et se fait oublier dans les hauts de voie.

J’ai ensuite pu évaluer la résistance à l’abrasion dans des longues voies, sur du rocher assez agressif : bonne surprise là aussi ; la corde est restée souple, compacte ; et la gaine bien lisse a su ré-sister aux frottements. Et même quand j’engageais au-dessus du point, mon assureur restait confiant : pas de crainte à avoir pour bloquer la corde en cas de chute, grâce à son diamètre important.

Finalement, les petits défauts ne sont apparus que sur des as-pects secondaires : tout d’abord, le marquage du milieu, marque noire, bien visible, mais qui raidit la corde, ce qui est un peu gê-nant lors de la descente, au passage dans le système d’assurage. Ensuite, le traitement de surface de la gaine, qui noircit passa-blement les mains. Je ne saurais donc trop recommander le port de gants, pour éviter ce petit inconvénient. De toutes façons, c’est toujours mieux pour la sécurité !

>Brice Guyon Chargé de mission à la DREAL Corse Niveau 6c

J’ai utilisé la corde Diablo dans des falaises d’une longueur, pour tenter des à-vue, mais aussi travailler des voies. J’ai donc pris quelques vols dessus, certains carabinés ! Lorsque je l’ai reçue des petites mains du Nain pact, j’ai un peu été surpris par le poids : je m’attendais à plus léger. Sur le plan visuel, j’ai bien aimé le côté un peu rétro du tressage, même si les quelques mois d’utilisation par Pact avaient déjà pas mal altéré les couleurs ; elle me paraissait aussi un peu grosse par rapport à ma corde habituelle.

À l’usage, elle s’est cependant révélée très polyvalente, offrant une souplesse et une fluidité qui rivalise largement avec celles des cordes de plus faible

Durant pas moins de 5 mois, il s’est donc hardiment attelé à la tâche, avalant des centaines de mètres d’escalade, encais-sant sans broncher les chutes les plus pé-rilleuses, poussant le matériel à sa limite. En exclusivité dans EscaladeMag, voici livrées les impressions du Nain Pact et de Brice, son valeureux compagnon.

La corde Diablo, de diamètre 10,2 mm, dis-pose de la technologie Unicore qui consiste à solidariser l’âme et la gaine par collage à chaud ; le résultat est une très forte ré-duction des mouvements entre ces deux parties ; ainsi, la corde est censée garder sa compacité, mais aussi sa souplesse au fil du temps.

Ce qui a été privilégié par le fabriquant, c’est la résistance à l’abrasion ; la gaine est donc plus épaisse que sur la moyenne des cordes, ce qui se répercute inévitablement sur le poids. Afin de contrebalancer ce pe-tit inconvénient, un important travail a été réalisé sur le tressage : très lisse, il doit procurer la sensation de grimper avec une corde plus légère et fine. Voyons à présent ce qu’en disent nos testeurs :

• Fluidité, souplesse• Diamètre rassurant pour l’assureur• Durabilité

• Noircissement de la gaine• Poids

>L’analyse du Nain Pact

diamètre. Très aisée à manipuler pour l’assureur, elle circule parfaitement dans le système d’assurage. Comme grimpeur, j’ai notamment aimé sa souplesse, très agréable lorsqu’on mousquetonne les dégaines. J’ai enfin apprécié le fait qu’elle ne toronne quasiment pas.

Au final, je dirais que les habitués des cordes fines, et de la Joker en particulier, trouveront peut-être son poids un peu élevé. Mais ce petit bémol devrait bien vite être balayé car ses qualités de fluidité et de dynamisme en font une corde très plaisante pour travailler des voies, tant en tête qu’en moulinette, pour les grimpeurs de tout niveau.

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Un Club House accueillant et convivial :Bar détente ouvert sur l’espace de grimpe

Comment est né le projet ?Lors d’une épreuve moto dans l’Aveyron, j’ai découvert, pendant une journée de repos, l’escalade. De retour sur Orléans, je me suis renseigné sur les possibilités de grimper dans la région et je me suis aperçu qu’il n’y avait aucune salle privée en libre accès. Les murs de la région orléanaise se trouvent dans des espaces aménagés pour plusieurs types de sports, sur lesquels les clubs disposent de créneaux précis.

Que faisiez-vous avant de vous lancer dans cette aventure ?Je suis gérant d’une enseigne Laser Game depuis 5 ans sur Saran. Pour pouvoir financer ce nouveau projet, j’ai vendu mon activité principale : un karting indoor dont je m’occupais depuis la fin de ma carrière en sport auto.

Pouvez-vous nous présenter cette nouvelle salle, ClimbUp, en quelques mots ?Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Climb’up, en quelques mots, c’est : 900m2 d’espace dédié à la grimpe dont 100m2 de blocs, des voies de 7m à 15m de haut, des cotations allant de 4a à 8b, pour que chacun puisse s’exprimer selon son niveau. Il y a aussi un espace cardio-fitness, un bar convivial et surtout une équipe sympa !

Pour le mur, quel fabricant avez-vous choisi ?Le fabricant du mur est Kit Grimpe. Pour les prises, nous avons directement fait appel à divers fabricants : bleaustone, core, expression… afin d’offrir au public une offre variée, en terme de grain et de préhensions.

Combien de personnes sont impliquées dans le projet ?J’ai monté le projet et me suis occupé de l’implantation du bâtiment. Nous sommes 4 personnes impliquées dans ClimbUp, dont François Petit, notre conseiller technique, qui apporte son expertise en terme de structures d’escalade. Il est directeur du Mur de Lyon et il m’a conseillé tout au long de l’aventure.

Quels sont vos objectifs en terme de fréquentation ?Nous tablons sur 10 000 entrées par an soit environ 30 entrées par jour. Nous sommes ouverts 7j/7j. Notre clientèle est basée principalement sur des personnes néophytes, des grimpeurs confirmés, ainsi que des collectivités et entreprises. Nous avons recruté un BE, qui sera chargé de développer la section jeune espoir d’Orléans : Loiret’scalade. Nous avons organisé une journée Portes Ouvertes le 10 septembre dernier et cela a été une grande réussite car la salle était déjà pleine ! Toute les lignes de cordes étaient prises.

En chiffresSurface grimpable : 900m2Hauteurs des murs : de 7 à 15 mEspace pan : 100m2Hauteur max du pan : 4mNiveaux proposés : du 4 au 8b

Sur le plan pratiqueHoraires : lundi au vendredi 11h30-22h / we 10h-19hTarifs : 12! la séance / abonnement annuel 37,50! par moisAdresse : Parc de Saran, Allée de l’orée de la forêt, 45770 SaranTel : 02 38 54 22 22E-mail : [email protected] web : www.climbup.fr

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Walter Bonatti vient de nous quitter le 13 septembre dernier, à l’âge de 81 ans. Pour beaucoup d’alpinistes, il était une des références incontournables du domaine, peut-être le dernier des Mohicans ! Une chose est sûre, il occupe une place à part dans l’histoire de l’alpinisme d’abord parce que le génie de ses réalisations est incontestable.

On ne peut plus envisager d’escalader son célèbre pilier aux Drus qu’il avait réussi après 6 jours d’une escalade solitaire aux limites des possibilités humaines. Il a malheureusement disparu suite aux éboulements successifs de ces 10 dernières années. Mais on peut encore gravir par exemple la voie qui porte son nom dans la Face est du Grand Capucin. On constatera alors à quel point son tracé est à la fois astucieux, esthétique et audacieux pour l’époque.

Cette voie mythique, il l’a ouverte 3 ans seulement après ses débuts en escalade. Il est vrai que moins d’un an après avoir gravi sa première paroi, on le vit déjà partir pour l’ascension de l’éperon Walker en face nord des grandes Jorasses. C’est tout simplement hallucinant et ça lui valut certainement sa place lors de l’expédition nationale italienne qui fut victorieuse 3 ans plus tard au K2, deuxième sommet de la planète. À 23 ans, il était alors le plus jeune membre de l’aventure.

Place à part dans l’histoire de l’alpinisme, parce qu’en matière d’engagement, il était un maître, ayant particulièrement donné dans l’escalade solitaire de haut vol. Et si l’alpinisme de haut niveau peut se caractériser en quelques mots, celui d’« engagement » ne peut qu’en faire partie. Aussi parce qu’il s’est toujours refusé à toute forme de compromis, que la vie l’a conduit à côtoyer de nombreuses tragédies dont il s’est toujours bien mieux sorti que les autres, enfin sans doute parce qu’il a su réussir son départ du monde de la haute montagne à l’âge de 35 ans alors qu’il était en pleine possession de ses moyens et en pleine

gloire. Il est alors devenu grand reporter pour un journal italien de premier plan.

Avec des figures hautes en couleur comme celles de Yannick Seigneur ou de René Desmaison, Walter Bonatti appartient à une génération d’alpinistes révolue. Des gaillards prêts à avaler des centaines de kilomètres de bicyclette, à dormir dans des frigidaires ou des congélateurs pour s’endurcir en vue d’une partie d’escalade fine, en reste-t-il aujourd’hui ? Au retour de l’épopée tragique du pilier du Freney, alors que 4 de ses camarades d’ascension furent retrouvés morts de froid et d’épuisement, les secouristes furent les premiers surpris de le découvrir en aussi bonne forme. Après une série d’examens réalisés à l’hôpital, les médecins constatèrent qu’il avait dans le sang un taux de gaz carbonique mortel pour toute personne normalement constituée. Bonatti, un surhomme ?

Oui incontestablement. Car en 1954, lors de l’expédition italienne au K2, pourtant très en forme, il sera sacrifié au profit des 2 alpinistes italiens choisis dès le départ par le chef d’expédition pour planter le drapeau au sommet de la montagne.

« Des gaillards prêts à avaler des centaines de kilomètres de bicyclette, à dormir dans des frigidaires ou des congélateurs pour s’endurcir en vue d’une partie d’escalade fine, en reste-t-il aujourd’hui ?»

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Montagne AlpinismeSac à dos

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BACKDOOR :L’accès V.I.P.

QR code

Sa mission : avec un sherpa, leur apporter au dernier camp les bouteilles d’oxygène vitales pour le succès. Ils y parviendront, mais abandonnés par les deux futurs héros de l’Italie, ils devront bivouaquer dans la neige à plus de 8000 mètres, une première bien plus impressionnante que le sommet lui-même réalisé le lendemain avec l’aide de l’oxygène.

Contre toute attente et malgré la désinvolture coupable de leurs « concurrents », les deux compagnons survivront à l’expérience, Bonatti avec des gelures bien moins graves que celles de son sherpa. Calomnié dès son retour en Italie par la version officielle : il aurait voulu monter au sommet en profitant des bouteilles, projet que son épuisement prématuré aurait fait capoter, l’obligeant à un bivouac improvisé !

Ce n’est que 50 ans plus tard, en 2004, que son honneur sera définitivement lavé, les instances officielles reconnaissant enfin sa version comme étant la vérité !

« L’aventure est un engagement de l’être tout entier et sait aller chercher dans les profondeurs ce qui est resté de meilleur et d’humain en nous. Quand le paquet de cartes n’a pas été truqué pour gagner à tous les coups, existent encore le jeu, la surprise, l’imagination, l’enthousiasme de la réussite et le doute de l’échec. L’aventure. » Walter BonattiDe cette blessure liée aux enjeux d’ego, de rebond national au détriment de la pureté de l’esprit de cordée, Bonatti ne se remettra jamais totalement. Il gardera une profonde rancœur contre le Club Alpin Italien. Et c’est indubitablement ce qui le conduisit vers les ascensions solitaires, de sa première au Pilier ouest des Drus jusqu’à sa « dernière première » dans la face nord du Cervin en 1965.

À propos des expéditions nationales, il déclara : « il ne peut y avoir de bonne expédition nationale… Parce que les intérêts en jeu veulent se placer au-dessus de l’individu et celui-ci finit toujours par perdre ! ». À ce sujet,

le décalage entre la version officielle et la véritable histoire de notre fameuse expédition nationale à l’Annapurna ne fait que confirmer le propos de Bonatti (NB : lire à ce sujet le très bon livre de David Roberts paru chez Guérin, Annapurna, une affaire de cordée). Quand il s’agissait de porter à tout prix au sommet d’une montagne le drapeau d’une nation pour en redorer le blason, la fin justifiait vraiment tous les moyens !

Fait inédit à notre connaissance, parvenu au sommet de son art, de sa gloire, à l’âge de 35 ans, par un beau matin de l’année 1965, Bonatti décida après avoir bataillé tout seul

dans la face nord du Cervin durant 3 jours de mettre un terme à sa carrière alpine. Cela signifiait en substance : « Que pourrais-je faire de mieux qu’ouvrir cette ligne tout seul en plein hiver au centre de la face nord de la plus célèbre montagne du monde ? ». Au-delà du côté prétentieux de l’attitude, ne faut-il pas voir là la décision d’un homme qui ayant eu conscience d’avoir frôlé le précipice à maintes reprises, d’avoir œuvré même pour avancer nettement l’heure de ses obsèques, avait fini par accorder une valeur si précieuse à la vie que l’idée de gâcher son temps à se répéter lui était devenue tout simplement insupportable.

Le reste de sa vie fut en grande partie consacré à l’exploration du monde, à l’écriture de ses aventures alpines (À mes montagnes, notamment) ainsi qu’au combat pour le rétablissement de la vérité sur la sordide affaire de la première ascension du K2.

L’Affaire du K2La version officielle contredite par une his-toire de masque à oxygène ! Dans son livre relatant l’expédition, Compagnoni déclare qu’avec Lacedelli, ils ont progressé durant deux heures sans oxygène avant d’atteindre le sommet du K2. La raison : l’oxygène était venue à manquer car Bonatti et Mahdi, son sherpa, auraient projeté la veille de gravir le sommet pour être les premiers. N’y étant pas parvenus et contraints à un bivouac de fortune, ils avaient fini par puiser dans les réserves du précieux gaz.

Manque de chance pour les deux mystifi-cateurs, en 1993, le docteur Marshall, un chirurgien australien passionné par cette histoire, apportera la preuve de leur men-songe en analysant certaines photos du sommet. Voici un extrait de son témoignage paru dans l’Affaire du K2 chez Guérin édi-tions : « Sur la deuxième photo, le masque et le tuyau de Compagnoni sont jetés sur les bouteilles d’oxygène aux pieds de Lacedelli… Sa moustache et sa barbe sont entourées d’un cercle de givre. Il a respiré profondé-ment dans un espace limité et la vapeur d’eau émise par ses poumons s’est conden-sée sur son visage et a gelé. Mais il vient à peine de monter sur le sommet du K2 par le versant est, face au soleil éblouissant de l’après-midi : s’il avait eu le visage décou-vert, pendant les deux dernières heures, la glace sur sa barbe aurait fondu. Autrement dit, Lacedelli vient tout juste d’enlever son masque ! » Ils n’ont donc aucunement man-qué d’oxygène pour gagner la cime du K2.

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Texte et photos Thomas Vialletet

Céüse... Quelle falaise ! Quel lieu emblématique et incontournable ! La plus belle des falaises au monde ? « Assurément », vous répondront les locaux... Visible à des kilomètres à la ronde, cette barre de calcaire se déploie telle une couronne, haute de ses 2016 mètres d’altitude, fière de ses 4 km de long, surplombant tout le bassin gapençais et le Val de Durance.C’est après une bonne heure de marche qu’on accède au pied de la reine. Une fois là-haut, retournez-vous, admirez le spectacle, toutes les montagnes environnantes sont vos sujets et vous êtes le roi du monde ! Puis levez la tête... Et là, vous êtes tout petit, écrasé par l’ampleur de la falaise, par sa beauté, la pureté de son calcaire à trous compact...

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Rolland Marie Guide de haute montagne vivant à Gap, mais originaire du Dévoluy, Rolland fait partie de ceux qui œuvrent dans l’ombre pour l’évolution de l’escalade à Céüse. Il est également co-auteur du topo de Céüse. Plusieurs générations de grimpeurs gapençais ont débuté sous son aile avant de prendre leur propre envol.

L’exploration de Céüse a commencé timidement dans les années 75, par les montagnards, dans les lignes de faiblesse évidentes. Ce n’est que dans les années 80, avec la radicalisation de l’usage du spit que l’explosion de lignes sportives va voir le jour. La fréquentation du Verdon ou de Buoux donne de l’inspiration aux ouvreurs, souvent locaux. Le plus médiatique d’entre eux fut sont doute Patrick Edlinger, auteur de lignes comme Blocage violent 7b+ ou Harley Davidson 6b+.

Les Gapençais ne sont pas en reste : le local Jean-Christophe Lafaille ouvre de nombreuses lignes, dont la plus connue est Biographie, premier 9a+. Mais ce sont d’autres grimpeurs/alpinistes plus discrets comme Eric Fossard, Pierre Isoard, Philippe Macle, Pierre Borel ou encore David Badaroux à qui nous devons la majorité des classiques de la falaise.

« L’escalade dans les trous et alvéoles de Céüse est exigeante, mais tellement belle ! »

La liste des ouvreurs est longue. La dernière décennie a livré son lot de nouveautés, avec l’explosion du haut niveau et le rééquipement des voies sur broches scellées, opéré par le Comité FFME 05. Parallèlement à cet engouement frénétique pour l’extrême, de nouvelles voies abordables sont apparues, entre autres grâce à Laurent Girousse ou Joël Brochier.

Ici tous les styles se croisent pour offrir au grimpeur de quoi enrichir sa gestuelle. Cela va des belles voies à pieds des Dalles du Capeps, au gros devers à biceps de la Cascade en passant par les envolées sur murs raides des secteurs Berlin ou Demi-lune…

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Sylvain Millet Le grimpeur de Céüse par excellence ! On lui doit entre autres la première française de Biographie, 9a+ et de nombreuses réalisations de voies dures à la falaise. Également équipeur, des lignes nouvelles portent sa signature. Aujourd’hui président du club d’escalade de Gap, c’est avec plaisir qu’il transmet aux plus jeunes, sa passion intacte pour l’escalade. Mais il est et restera toujours un des maîtres des lieux !

« Les grimpeurs locaux semblent un peu bourrus au premier abord, mais ce sont de vrais nounours à l’intérieur !»

La large représentation de trous et d’alvéoles dans le calcaire fait de la grimpe un exercice technique et exigeant. Néanmoins il faut tordre le coup à la rumeur selon laquelle, pour savourer l’escalade à Céüse, il faudrait être un grimpeur évoluant dans un niveau proche du septième ou huitième degré. Car ce n’est pas le cas !

Beaucoup de secteurs comme les Dalles du Capeps, Golots à Gogos ou Thorgal sont tombés dans l’oubli, au profit des murs plus médiatiques de la Cascade, Berlin ou Biographie. Pourtant la majorité des lignes de ces secteurs ne dépassent pas le sixième degré. Ainsi le grimpeur de 5c/6a pourra rendre visite aux voies telles que : Chute de tension 5c, L’Australie 5c ou Qui s’y frotte s’y pique 6a+. Au total une quarantaine de lignes comprises entre 5b et 6c...

Il y a même des grandes voies, comme La rue Carnot, qui ne dépassent pas le 5c/6a pour des longueurs d’anthologie sur un calcaire gris superbe. Mention spéciale pour Des trous, plein gaz au-dessus des dévers de la Cascade...

Récemment, à gauche de l’impressionnant dévers lisse de Face de Rat, un secteur abordable a vu le jour. On y retrouve une vingtaine de voies comprises entre 5c et 6c, aux doux noms de FF MEUH 5c, Lawlove 5c, ou encore Le doudou de Loulou 6b.

Tous ces secteurs sont situés sur le versant le plus sud/sud-ouest, ainsi disposent-ils d’un ensoleillement à toute épreuve, même en plein hiver... Du coup par fortes chaleurs estivales, cela peut vite devenir une fournaise l’après-midi, alors il faut se lever tôt pour en profiter ! Orientés plus sud/sud-est, et par conséquent à l’ombre en milieu d’après-midi, les murs de Berlin et de Demi-lune ne sont heureusement pas en reste de lignes abordables.

Ici, la promiscuité avec le haut niveau sera un appel à la conquête de lignes un peu plus dures comme les classiques Petite illusion 7a+, Angel

dust 7a+ ou encore La Javanaise 7a. En effet, souvent lors d’une journée passée à Céüse, il n’est pas rare de grimper à côté des plus forts qui font des essais dans des projets non réalisés. Ceci est bénéfique pour la motivation et créé au pied de cette falaise une sacrée émulation, ressentie à tout niveau de pratique !

Quelque peu à l’écart de cette foule, le secteur Un pont sur l’infini offre quelques belles envolées sur un beau mur raide à trous. Ici les voies d’un niveau 7a/7b sont légion, une visite dans Pourquoi pas 7a+, Beau mouvement sur fond bleu 7a+ (30m dans une coulée bleue rectiligne...) ou Retour d’Afrique 7a+ est obligatoire ! Heureusement pour faire un peu plus facile, il y a les majestueux Vol d’Icare 6b+, Requiem pour un con 6c ou Bunnie and clyde 6b+.

Visible de loin mais finalement peu fréquentée par les grimpeurs, lieu des grandes voies, du vide et du vent, la Grande Face propose elle aussi des lignes majeures et abordables. Au pied de ce big wall, se cachent quelques lignes bien souvent physiques comme Trou line 6b+ ou Un jour sur terre 6a. Pour ceux ou celles qui en redemandent et qui se sentent l’âme d’un alpiniste, les grandes voies ouvrent les bras à l’aventurier de passage !

Inespérance 7a max est sous doute l’une des plus belles ! Mais c’est encore plus loin que se terre une perle, un des plus beaux joyaux de la Reine : Natilik, une voie de 5 longueurs ne dépassant pas le 6a/b (équipement à compléter avec friends et coinceurs). Au programme : bataille dans une fissure offwidth (plus large que le poing) qui n’a rien à envier à ces cousines américaines, puis ramping intégral, un pied dans le vide au-dessus d’un toit, plein gaz à 100 m de haut... Aventure et sensations garanties !

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AccésDe Gap, rejoindre Sigoyer, à 20 km au sud ouest. Prendre la D994 jusqu’à La Freissinouse, puis la D247, la D47, la D19 et la D219 jusqu’au Col des Guérins.

Pour accéder aux différents secteurs de la falaise, il faut compter entre 50min et 1h15 de marche à partir du parking du Col des Guérins. Rajoutez 10 min depuis le camping.

Période idéaleLes grimpeurs locaux diront « toute l’année ! », idéalement d’avril à octobre-novembre.

Carte

Souviens-toi, Jonathan…À Céüse, le célébrissime secteur de la Cascade n’est certainement pas celui qui recèle le plus de lignes accessibles. En moyenne, on se situe plutôt dans le 7c, voire le 7c+ ! On me pardonnera cette incursion au royaume de l’acide lactique mais c’est pour la bonne cause : une escapade reposante au pays des livres pour un Entre les lignes, consacré, une fois n’est pas coutume, à la bande dessinée !

Trois des voies du secteur de la Cascade - L’espace bleu entre les nuages (8a), Pieds nus sous les Rhododendrons (7c+) et Le Privilège du serpent (7c+) - tirent en effet leur nom d’une série de BD qui a fait le bonheur des amoureux de l’Himalaya et de paysages de montagne dans les années 80 : Jonathan. Parue aux Éditions du Lombard dès 1977, elle relate les aventures d’un jeune occidental amnésique, parti aux confins de l’Inde et du Népal. Dessins sobres, aventures multiples, dimension spirituelle : Jonathan avait tout pour séduire les lecteurs !

Une des originalités de la série était que leur auteur, Cosey, conseillait systématiquement des musiques d’ambiance pour accompagner la lecture des albums. Par exemple, pour L’espace bleu entre les nuages, le Concerto N°2 en Fa mineur op.21 de Chopin et le Concerto N°3 en Ut mineur op.37 de Beethoven, probablement plus indiqués d’ailleurs pour feuilleter la BD que pour enchaîner le 8a du même nom !

Par L. GuyonDans les bras de MorphéeCamping des Guérins, douches chaudes, parc arboré et petite épicerie, de là on part généralement à pied à la falaise. Possibilité de gîte rural. 04 92 57 83 91 ou 04 92 57 90 04 [email protected]

Situé au col même des Guérins, le gîte La grange aux loups vous accueillera volontiers. 04 92 43 05 24 / [email protected]

RecommandationsLe camping sauvage est interdit au niveau du col des Guérins et au pied de la falaise, ainsi que le feu. Le massif de Céüse est une zone Natura 2000, merci de respecter l’environne-ment en ramenant vos déchets avec vous, et ceux abandon-nés par les autres...

Autres plaisirs minusculesVTT, Randonnées, Via-ferrata, alpinisme dans les Ecrins, Grandes voies dans le Dévoluy...

ProfessionnelsPour vous guider dans toutes ces aventures :Bureau des Guides Gap, Champsaur, Valgaudemar, compagnie Oisans Ecrins, http://www.alacime.com Bureau des Guides de Gap Esprit-montagne04.92.53.48.97 http://www.guide-espritmontagne.com

MatosCorde de 80 m vivement recommandée + 14 dégaines

TopoTopo Ceüse, Champsaur, Dévoluy, Ventavon, Valgaudemar, 23!Dispo dans toutes les bonnes librairies et au magasin Vertige montagne, à Gap.04 92 51 91 78 / [email protected]

Les amis de GargantuaAu village Sigoyer, l’hôtel-restaurant Muret sera l’occasion de fêter ses croix en falaise ! 04 92 57 83 02 / [email protected]

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Le Parc National des Calanques pourrait voir le jour en avril 2012. Le groupement d’inté-rêt public (GIP) du futur Parc National des Calanques a en effet voté le 27 juin dernier la troisième version de la charte du parc. Suite aux recommandations prononcées par le Comité Interministériel des Parcs Nationaux (CIPN) et le Conseil National de la Protec-tion de la Nature (CNPN), un certain nombre d’évolutions entre la version 2 (approuvé le 11 février 2011) et la version 3 ont été apportées.

Les périmètres maritime et terrestre du parc ont notamment été modifiés une nouvelle fois : ils s’établiraient respectivement à 141 500 hec-tares et 16 500 hectares. Ainsi une partie de l’entrée de la Calanque de Port-Miou jusqu’à la limite de la zone dite d’escale est réinté-grée en coeur marin. L’archipel du Frioul est également réintégré mais uniquement en Aire optimale d’adhésion (AOA). Au final, le cœur du parc s’étendra sur 43 500 hectares en mer et 8 300 hectares sur terre.

Concernant l’escalade, La Muraille de Chine à Vaufrèges et la Réserve naturelle de Riou sont déjà interdites à notre pratique. S’y adjoignent deux espaces qui n’ont quasiment jamais été incendiés et qui sont donc considérées comme des zones refuges à haut intérêt écologique : > une zone autour du cap de Devenson depuis

la crête jusqu’à la mer (en raison de la pré-sence de faucons pèlerins notamment)> une partie des falaises Soubeyranes, où survit une végétation exceptionnelle (certains genévriers très rares par exemple).

Une enquête publique est en cours. Elle devrait être déterminante. Car le conseil scientifique met la pression pour augmenter les zones de réserve intégrale. La ratification de ces zones reste donc au cœur des préoccu-pations des grimpeurs. Ceux-ci préféreraient bien évidemment que l’on s’en tienne à La muraille de Chine et Riou, au niveau des inter-dictions, et que l’on définisse ensuite pour le Cap Canaille une zone d’étude en concertation avec les environnementalistes.Les grimpeurs ont avant le projet de création du Parc, travaillé avec le GIP et l’ONF, mais aussi le CG 13 et ce depuis 10 ans. Il y a eu un grand nombre de dossiers menés : ob-servations des espèces, limitation des zones d’ouverture avec perceuse, moratoire des ou-vertures de voies, conventionnement et réé-quipement des secteurs sportifs, report du Topo N°2 FFME sur les sites hors calanques…

Or ce travail considérable, mené bien souvent par des bénévoles, ne semble pas avoir tota-lement été pris en compte. Il a fallu se battre d’arrache pied pour la délimitation des zones de réserve et rien n’est vraiment acquis. Ceci explique l’inquiétude légitime des grimpeurs et plus largement des sportifs qui pratiquent les activités de pleine nature dans cet environ-nement.

Le projet final (version 4) pour le Parc national des Calanques sera soumis à un ultime vote des membres du GIP début 2012. Puis après un nouveau passage devant le CNPN, le CIPN puis le Conseil d’Etat, le Premier Ministre sera amené à signer le Décret de création. Rien n’est donc encore joué pour les grimpeurs, qui vont continuer à suivre de près le dossier, pour que les zones d’escalade restent accessibles, dans le respect de la nature environnante !

Par ailleurs, et pour limiter l’impact des grim-peurs sur l’environnement, les voies d’ac-cès au secteur du Dièdre du Renard ont été redéfinies par plusieurs associations et pro-fessionnels de l’escalade (CD13, FFME, CAF), en partenariat avec l’Office national des forêts (ONF) et le GIP des Calanques. L’objectif est de stopper les piétinements hors sentier, créant une forte érosion du terrain, et de protéger la Sabline de Marseille, se développant dans les éboulis. Ces sentiers, qui existaient déjà, ont ainsi été consolidés. Un logo de grimpeur bleu matérialise l’entrée du sentier vers tous les secteurs.

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Association Des Calanques et des hommeshttp://les-calanques.org/

Groupement d’intérêt public des Calanqueshttp://www.gipcalanques.fr/

La chaîne de toutes les montagnes

L’ESCALADE EST À L’HONNEUR SUR MONTAGNE TV !Retrouvez le documentaire Mountain of storms .

Un “road movie” poignant, menant à l ’ascension du Cerro Fitz Roy, trois hommes de renom : Yvon Chouinard, grimpeur-surfeur, Doug Tompkins, grimpeur et skieur,

et Dick Dorwarth champion skieur.

Suivez toute l’actualité sur www.facebook.com/montagnetvet sur www.montagnetv.com

RETROUVEZ-NOUS DÉSORMAIS

CANAL 79 SUR CANALSAT

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Qu’est qu’une icône ? Une image sacrée de référence. N’est-ce pas ce que Catherine est devenue ? Au-jourd’hui, le grand public l’a couronnée ambassadrice de la montagne, plus que de l’escalade d’ailleurs, une sorte de Gaston Rebuffat des temps modernes, capable de transmettre simplement les beautés des hauts sommets et la passion de l’alpinisme. Mais c’est bien par l’escalade que son étoile a commencé de briller.

Aînée de quatre filles, elle découvre la forêt de Fontainebleau dès son

enfance grâce à ses parents, d’abord pour crapahuter entre les rochers, comme tous les gamins de son âge. Puis à l’adolescence, grâce au CAF et au légendaire 8h23 gare de Lyon – Bois le Roi, elle s’initie réellement aux subtilités du grès. On ne dira jamais assez combien l’escalade doit à cette ligne SNCF qui a permis l’éclosion de tant de vocations !

Rapidement, ses capacités physiques, son enthousiasme et son audace la

font sortir du lot. Avec son compagnon de l’époque et à l’insu de ses parents, elle écume dans des temps très rapides les faces nord de l’Oisans. Pourtant, à 20 ans, elle subit une période de doute et de démotivation. Catherine est alors une grimpeuse forte mais aussi une joueuse de poker invétérée… Elle grossit, se met à fumer comme un pompier, un comble pour une asthmatique ! Heureusement, cette transition ne dure pas et son amour des grands espaces reprend le dessus.

C’est encore une rencontre qui va bouleverser le cours de sa vie : elle se

lie avec Lothar Mauch. Deus ex-machina et habitué des médias, Lothar perçoit vite le potentiel de Catherine, une jolie fille doublée d’une championne dans une activité qui manque encore de glamour. Comme c’est arrivé à Patrick Edlinger, un film va lui permettre de toucher l’imaginaire du plus grand nombre.

Réalisé en 1985 dans les gorges du Verdon par Robert Nicod, E Pericoloso

Sporgersi alterne performances pures (le

mythique Bombé de Pichenibule en libre) et séquences de « charme » : il faut revoir la kitschissime séquence où Catherine et Monique Dalmasso, vêtues d’un simple maillot ultra échancré, déambulent dans un champ de coquelicots poursuivies par un berger lubrique !

Désormais Catherine est une vedette et une professionnelle du vide.

Les années qui suivent sont les plus riches en terme de réussites rocheuses : elle confirme son niveau de falaise en étant officiellement la première femme à accéder au huitième degré et devient conjointement la première star des compétitions (Bardonecchia, Arco…), bientôt rejointe par Lynn Hill et Isabelle Patissier.

À partir de 1990, lassée de l’univers étriqué des compétitions, Catherine

s’investit de plus en plus dans l’alpinisme et notamment dans le solo des grandes faces nord où de nombreuses premières féminines restent à faire. Grâce à sa rencontre avec l’américain Jeff Lowe, pionnier de la glace moderne et du dry-tooling, elle élargit son horizon : Tour de Trango et tentative au Latok dans le Karakoram. Dans les Alpes, solo du pilier Bonatti aux Drus, puis ouverture d’une nouvelle voie dans la face ouest.

Comme tous les grands mâles montagnards de cette fin de siècle,

elle va accomplir sa trilogie : en deux ans, elle boucle les faces nord de l’Eiger, des Grandes Jorasses et du Cervin en hiver et en solo, probablement son achèvement le plus significatif. Notamment au Cervin

où elle suit les traces de Bonatti en choisissant sa voie directe de 1965 qui marqua son adieu au grand alpinisme.

L’étape suivante est logiquement l’Himalaya qu’elle a déjà touché

de la pointe des crampons. Avec son nouveau compagnon Erik Decamp, déjà très expérimenté, elle fait une audacieuse tentative au pilier ouest du Makalu, puis un succès sur un huit mille au ShishaPangma et une nouvelle tentative d’ouverture sur la très dangereuse face sud de l’Annapurna. Peu de réussites donc mais sur des objectifs très ambitieux.

La naissance de son fils, précédée d’un malheureux accident en Antarctique

en 1996, stoppe son élan et l’amène à réfléchir sur les dangers exponentiels de ces grands massifs extra européens. Elle clôt néanmoins cette décennie 90 par un ultime solo d’envergure dans les Dolomites : la directe Brandler-Hasse de la face nord de la Cima Grande de Lavaredo.

Depuis, elle s’emploie, notamment à travers ses films, à transmettre

son amour de la verticalité et des grands espaces. En 2007, le long-métrage Au-delà des cimes qui bénéficie d’un budget et d’une diffusion inhabituels pour un film de montagne, sonne ainsi comme le bilan, parfois nostalgique, et le couronnement de sa carrière d’alpiniste. Elle symbolise désormais aux yeux du grand public le versant féminin et plus joyeux de cette glace, cette neige et ce roc si chers au grand Gaston.

Catherine Destivelle, La madone des parois

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Une chose est sûre : les colons qui sont allés vers l’ouest au milieu du 18e siècle n’ont pas construit cette City of Rocks, cette ville de rochers. Ils ont traversé des plaines arides et poussiéreuses pendant des semaines, toujours à la recherche du prochain point d’eau. Voyage rude et plein de privations dans des wagons couverts.

Pour nous, c’est plus simple : nous volons, détendus, jusqu’à Salt Lake City. Une fois là-bas, ramasser la voiture de location n’est qu’une formalité et nous quittons la ville, en direction du nord-ouest. Mais pas sans provisions de nourriture pour la semaine à venir, car sur le chemin vers la terre promise, il n’y a plus de ravitaillement pendant 160 miles.

Après 4 heures de route rectiligne, nous arrivons à Almo, dans l’état de l’Idaho, la dernière colonie avant City of Rocks. Sur les 5 derniers miles, nous suivons un chemin de

terre. On pourrait aussi dire que nous sommes au milieu de nulle part. Un paysage typique de wildwest. Des plaines à perte de vue. Pas de montagnes et de rochers visibles. Où diable sommes-nous tombés ?

Il y a quelques années encore, on trouvait à Almo presque tout, depuis la robe de mariée année 1890 jusqu’au pain de magnésie... Le General Store Tracy a fait une cure de jouvence et un autre magasin appelé Rock City a ouvert. Mais l’ambiance du Westernsaloon vous fait toujours sentir l’âme d’un pionnier. Pas de doute, ça flaire quand même l’ouest sauvage.

Page 19: EscaladeMag n°45

« Qui donc est responsable de cette variété de formes et de structures, Dieu ? Le Diable ? »

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La géologie n’a rien à voir avec ça, même si elle semble prouver l’opposé : il y a longtemps le rêve était fluide et venus du plus profond de la terre, refroidis à la surface, les blocs sont remontés et nous les trouvons aujourd’hui, prêts à être grimpés.

Diantre ! Qui donc est responsable de cette variété de formes et de structures, Dieu ? Le Diable ? Combinaisons d’écailles et de trous, fissures fines (comme dans Lesbian knife fight) ou encore énormes prises ovales en dévers (comme dans The drilling fields 6c) : vous trouverez tout cela à City of Rocks et bien d’autres choses surprenantes. Le nombre de voies est impressionnant et les lignes logiques qui rayent le granit sont tellement belles que vous en désirerez davantage encore.

Des voies comme Cairo (6c), She’s the bosh (6c +, 40 mètres, 18 points) ou Strategic defense (7a) sont démentes et vraiment fun, pour qui aime le style à l’américaine. Strategic defense, par exemple, offre presque tout : beaucoup d’engagement (vous atteignez le premier point après 8 mètres de grimpe technique…), des équilibres précaires sur dalle verticale, puis des runs out dans des zones plus raides où vous devez placer vos protections. Bref, un beau combat, sur le meilleur granit qui soit, avec écailles et arêtes en prime. Un vrai bijou !

Il y a 150 ans, les premiers colons sont allés vers l’ouest, dans des terres aux possibilités infinies. Aujourd’hui, ce sont les grimpeurs qui explorent et laissent des traces blanches, un plaisir visible et différent. Grimpeurs, bienvenue...!

Quelques secondes plus tard, les premiers rochers apparaissent. Incroyable, où viennent-ils si soudainement ? Nous sommes presque dépassés par cette oasis de beauté, qui est devant nous aujourd’hui et fait battre plus vite et plus fort notre cœur de grimpeur. Puis nous arrivons à notre domicile pour les prochains jours. Notre camping.

Comme presque partout aux Etats-Unis, chaque camping est équipé d’une table, de bancs et d’un barbecue pour assurer un feu de camp le soir. Romantique ? Hum… On se fait griller des steaks sur le feu et on se sent comme dans l’ouest sauvage. C’est déjà ça !

Décalage horaire oblige, le lendemain matin à 5 h 30, Peter nous réveille en jouant la moitié de son répertoire musical à la guitare. Voilà voilà, merci le jetlag ! Mais lui a sans doute été éveillé par le chœur des anges chantant l’Alléluia dans cet éden de la grimpe et lui expliquant la présence de ces géants de granit, tombés du ciel dans la plaine poussiéreuse.

Alors que Julia et moi grimpons les 45 mètres de Red tail (6c, 16 points), Peter et Stefan se font plaisir dans Morning Glory, un 6b+ qui suit un long pilier. On pourrait philosopher longtemps sur les itinéraires plus agréables et on pourrait grimper ici plus longtemps encore. Mais après une semaine dans cette zone de rêve, nous devons nous résoudre à partir.

Nous aurions souhaité rester plus longtemps, mais il nous faut bien admettre aussi que pour nous grimpeurs, les États Unis offrent des possibilités infinies. Nous roulons déjà en direction nord-ouest et vers un autre spot qui fait partie de la légende américaine, Smith Rock, dans l’Oregon. Mais ceci est une autre histoire ... Go West.

Page 20: EscaladeMag n°45

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Tube d’assurage, utilisable sur corde à simple ou corde à double, évite le vrillage de la corde lors de l’assurage.

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Série de 30 prises très crochetantes, idéales pourl’initiation, même dans les parties les plus déversantes des murs d’escalade. Visserie inclue.

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Tee-shirt homme technique, en textile transpirant. S à XL. Coloris pistache, rouge ou chocolat.

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Longe en corde dynamique avec terminaisons cousues pour se vacher au relais, en toute sécurité. Légère, dynamique, compacte. 2 longueurs : 40 cm/75 cm

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Corde 10 mm offrant une bonne souplesse. Fabricationtriaxiale pour une meilleure longévité, une bonne résistance en usage intensif et une stabilité du diamètre dans le temps.

Le prix ? 169 en 70m Où ? www.millet.fr

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Page 21: EscaladeMag n°45

04 Alpes de Haute Provence

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05 Hautes Alpes

ALPIMAT16 avenue Maurice Petsche - 05100 BriançonTel : 04 92 20 59 55 - www.approach-outdoor.com/

VERTIGE MONTAGNE5 place Jean Marcellin - 05000 GapTel : 04 92 51 91 78 - www.approach-outdoor.com/

06 Alpes-Maritimes

EXPE Nice12, boulevard Pierre-Sola - 06300 NiceTel : 04 93 55 25 84 - www.expe.fr

13 Bouches-du-Rhône

EXPE Marseille51, cours Lieutaud - 13006 MarseilleTel : 04 91 48 78 18 - www.expe.fr

25 Doubs

INTERSPORT LOISIRS SA23 rue Jouchoux - Espace Trepillot25000 Besançon - Tel : 03 81 47 43 00

26 Drôme

GRAVI’CIMES Place Charles Tellier - ZA Les Couleures 26000 Valence - Tel : 04 75 42 40 94www.approach-outdoor.com/

30 Gard

SOESCALADE6 Impasse du Rouvre30133 Les AnglesTel : 04 90 25 22 51 - www.soescalade.com

33 Gironde

SPORTS AVENTURE4-6-14 rue de Cursol - 33000 BordeauxTel : 05 56 92 92 99

34 Hérault

EXPE Montpellier3, cours Gambetta - 34000 MontpellierTel : 04 67 58 47 69 - www.expe.fr

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04 Alpes de Haute Provence

LE PERROQUET VERTGrande Rue, 04120 La Palud Sur Verdon Tel : 04 92 77 33 39

05 Hautes-Alpes

VERTIGE SPORTLe Village - 05700 OrpierreTel : 04 92 66 28 50

2A Corse

ALTI MONTI46, avenue Noël Franchini Espace rocade 20090 Ajaccio Tel : 04 95 10 04 37

37 Indre et Loire

TOURAINE ESCALADE31 rue des Grands Mortiers37700 Saint-Pierre-des-CorpsTel : 02 47 32 72 45www.touraineescalade.fr

77 Seine et Marne

BOULDERSHOPParking du Bas Cuvier77300 FONTAINEBLEAU

Tel : 06 48 26 54 09

SPORT OUTDOOR27 rue de France - 77300 FontainebleauTel : 01 60 70 15 99

83 Var

ROC À PIC15 rue Pierre Sémard - 83000 Toulon Tel : 04 94 29 98 72

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30 Gard

SO ESCALADE6 Impasse du Rouvre 30133 Les Angles Tel : 04 90 25 22 51 - www.soescalade.com

54 Meurthe et Moselle

CASABLOC44 rue du Lion d’or54220 MalzevilleTel : 03 83 21 44 86

62 Pas de Calais

ESCATECHCentre d’affaire de la Porte des FlandresRue Simone de Beauvoir 62138 Auchy Les Mines Tel : 03 91 82 67 08

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ASCENSIONSZone d’ActivitésRN6 - 5, rue des Saulcies89290 Escolives - Tel : 03 86 53 64 77

93 Seine St Denis

ESCALADE & CO93 000 BOBIGNYTel : 06 50 44 30 04 - www.escaladeandco.fr

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GRIMPISMEwww.grimpisme.com

SOESCALADEwww.soescalade.com

LES ARTS DE LA GRIMPEwww.lesartsdelagrimpe.com

GRIMPOMANIAwww.jegrimpe.com

SPORTS AVENTUREwww.sports-aventure.fr

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SK’ALP361 rue des sources – 38920 CrollesTel : 04 76 08 11 54

42 Loire

EXPE Saint Etienne19, place Chavanelle - 42000 Saint-EtienneTel : 04 77 49 03 14 - www.expe.fr

44 Loire Atlantique

MONT BLANC EXPÉDITIONS1 rue Prémion - 44000 NantesTel : 02 40 35 22 24www.montblancexpeditions.com

51 Marne

LES ARTS DE LA GRIMPE58 boulevard Wilson BP 19 – 51100 ReimsTel : 03 26 86 05 06 - www.lesartsdelagrimpe.com

54 Meurthe-et-Moselle

CASABLOC44 rue du Lion d’or - 54220 MalzevilleTel : 03 83 21 44 86

69 Rhône

EXPE Lyon102, rue Boileau - 69006 LyonTel : 04 37 24 22 23 - www.expe.fr

75 Paris

LES ARTS DE LA GRIMPE24 rue J-B Pigalle - 75009 ParisTel : 01 40 16 59 42 - www.lesartsdelagrimpe.com

77 Seine et Marne

SOESCALADEParking des 3 Pignons77123 Le Vaudoué - Tel : 06 73 49 73 98

83 Var

L’AVENTURE194 ancien chemin de Toulon83110 Sanary sur mer - Tel : 04 98 00 03 40

L’AVENTURE375 Avenue Saint Just 83330 La Garde - Tel : 04 94 28 01 59

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Page 22: EscaladeMag n°45

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l e s s i s m r e .

-Crédit

photo:S

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AP TAIJITU ESCALADE MAG:Mise en page 1 7/09/11 16:21 Page 1

Camping Le Parc du Gué12 Route de Montigny 77690 La Genevraye Tel : 01 64 45 87 79 Email : [email protected] Site: www.camping-parcdugue.com

Camping Caravaning Les Courtilles du Lido Chemin du Passeur 77250 Veneux les Sablons Tel : 01 60 70 46 05Email : [email protected] : www.les-courtilles-du-lido.fr

Camping les Prés 1 Chemin rural des Prés 77880 Grez sur Loing Tel : 01 64 45 72 75 Email : [email protected] Site: www.camping-grez-fontainebleau.info

Camping la Vallée heureuse impasse Lavau 13660 Orgon Tel : 04 90 44 17 13 Email : [email protected] : www.camping-lavalleeheureuse.com

Camping les Princes d’OrangeChemin Flonsaine 05700 Orpierre Tel : 04 92 66 22 53 Email : [email protected] : www.campingorpierre.com

SITE DE LA FORÊT DE FONTAINEBLEAU

SITE D’ORGON - LA VALLÉE HEUREUSE

SITE D’ORPIERRE

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