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Collaboration VVOB – BTC en RDC FEMMES EN RDC – TÉMOIGNAGES A l’occasion de la journée de la femme 2013, le VVOB et la CTB vous proposent de rencontrer 10 femmes autour de deux questions apparemment simples : 1. Pour vous, qu’est-ce qu’être femme en 2013 ? 2. Pour vous, qu’est-ce qu’être femme en 2013 en RDC ? Les réponses interpellent et suscitent des réflexions diverses ! Dans quels témoignages nous reconnaissons-nous ? Ce modeste reportage vous est offert en terme de partage… Beaucoup de femmes ont été abordées, mais peu ont souhaité rendre public leur témoignage. Celles qui ont osé nous livrent leur quotidien, poignant, interpellant… Que pouvons-nous faire au sein de notre travail, ici en RDC, afin d’améliorer la qualité de vie de ces femmes et comment notre propre expérience peut-elle sensibiliser le public où encore s’enrichir et devenir plus efficace grâce à l’écoute de ces paroles ? Si le monde était dirigé par les femmes, il y aurait moins de guerres ; et si les Généraux d’armées étaient des femmes, il y aurait 0% de cas de viols de femmes parce que la femme que je suis, apporte la paix et aime la paix. Etant la semblable de l’homme, je participe au combat de la femme, pour arriver à un monde où toutes les formes de discriminations liées au genre sont éliminées et où toutes les filles et femmes à travers le monde ont droit à une éducation de qualité pour un développement durable. Etre femme en RDC, c’est faire le bonheur de mon mari et de mes enfants d’abord, puis celui de ma famille.et de ma nation. Je ne fais pas de la politique et cela ne m’empêche pas d’être comptée parmi les femmes performantes et modèles de mon pays. Malgré les guerres et les injustices dont la femme congolaise reste la cible potentielle, je suis toujours fière d’être créée femme congolaise. Nicole Kimbanda, Coordinatrice nationale de FAWE RDC – www.fawe.org – forum des éducatrices africaines

Etre femme au Congo

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FEMMES EN RDC – TÉMOIGNAGES A l’occasion de la journée de la femme 2013, le VVOB et la CTB vous proposent de rencontrer 10 femmes autour de deux questions apparemment simples : 1. Pour vous, qu’est-ce qu’être femme en 2013 ? 2. Pour vous, qu’est-ce qu’être femme en 2013 en RDC ? Les réponses interpellent et suscitent des réflexions diverses ! Dans quels témoignages nous reconnaissons-nous ? Ce modeste reportage vous est offert en terme de partage… Beaucoup de femmes ont été abordées, mais peu ont souhaité rendre public leur témoignage. Celles qui ont osé nous livrent leur quotidien, poignant, interpellant…

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FEMMES EN RDC – TÉMOIGNAGES

A l’occasion de la journée de la femme 2013, le VVOB et la CTB vous proposent de rencontrer 10 femmes autour de deux questions apparemment simples :

1. Pour vous, qu’est-ce qu’être femme en 2013 ? 2. Pour vous, qu’est-ce qu’être femme en 2013 en RDC ?

Les réponses interpellent et suscitent des réflexions diverses ! Dans quels témoignages nous reconnaissons-nous ?

Ce modeste reportage vous est offert en terme de partage… Beaucoup de femmes ont été abordées, mais peu ont souhaité rendre public leur témoignage. Celles qui ont osé nous livrent leur quotidien, poignant, interpellant… Que pouvons-nous faire au sein de notre travail, ici en RDC, afin d’améliorer la qualité de vie de ces femmes et comment notre propre expérience peut-elle sensibiliser le public où encore s’enrichir et devenir plus efficace grâce à l’écoute de ces paroles ?

Si le monde était dirigé par les femmes, il y aurait moins de guerres ; et si les Généraux d’armées étaient des femmes, il y aurait 0% de cas de viols de femmes parce que la femme que je suis, apporte la paix et aime la paix. Etant la semblable de l’homme, je participe au combat de la femme, pour arriver à un monde où toutes les formes de discriminations liées au genre sont éliminées et où toutes les filles et femmes à travers le monde ont droit à une éducation de qualité pour un développement durable. Etre femme en RDC, c’est faire le bonheur de mon mari et de mes enfants d’abord, puis celui de ma famille.et de ma nation. Je ne fais pas de la politique et cela ne m’empêche pas d’être comptée parmi les femmes performantes et modèles de mon pays. Malgré les guerres et les injustices dont la femme congolaise reste la cible potentielle, je suis toujours fière d’être créée femme congolaise. Nicole Kimbanda, Coordinatrice nationale de FAWE RDC – www.fawe.org – forum

des éducatrices africaines

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Etre femme en 2013, c’est être posée, vivant chez mes propres parents, à la recherche d’un travail pour élever seule mes 4 enfants et leur offrir une éducation. C’est affronter ma vie de femme divorcée d’un mari qui a fait un enfant avec ma cousine. C’est accepter une vie extrêmement difficile avec tellement peu de moyens que je ne dispose pas d’un logement personnel. Etre femme en 2013 EN RDC, c’est affronter un quotidien trop difficile en étant seule avec trop peu d’aide des membres de ma famille, dans une pauvreté grinçante. La vie communautaire africaine n’existe plus ni dans la ville de Kinshasa, ni dans les cités et je dois faire face toute seule aux défis de la vie. J’accorde une importance primordiale à l’éducation de mes enfants ( 28, 17, 8 ans ) qui sont dans les écoles privées professionnelles du quartier Jamaïque. Maman Chistine Mayiku – marchande ambulante – mère de 4 enfants

Être femme en 2013, c’est être une ressource et la partenaire indispensable de l'homme dans l'entreprise de développement car tout développement passe par la reconnaissance de l'effort de la femme et de son intégration dans la société. D'une manière générale, elle travaille un plus grand nombre d'heures que l'homme et parfois jusqu'à 16 heures par jour. Être femme en 2013 en RDC : la femme rurale (congolaise) s'occupe de l'économie domestique, de la propreté de la maison, des alentours et de l'éducation des enfants, de puiser de l'eau à la source, de collecter le bois de chauffage, de faire le marché, de s'occuper de son mari …

Bernadette Lolekonda, femme au foyer, mère de 4 enfants

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Etre femme en 2013 c’est une vocation, c‘ est être mère, une référence. Une femme éduque ses propres enfants mais aussi les enfants de la communauté. C’est lutter ensemble avec les hommes en tant que capital humain pour le développement et l’éducation du pays.

Etre femme en 2013 en RDC, c’est vivre ma féminité et ma maternité devant les jeunes. Dans le cadre de mes fonctions, tout faire pour relever le niveau intellectuel de l’enfant. Vivre dignement afin d’offrir cette dignité en exemple à mes sœurs. Mener un combat pour ne pas être obligée de mendier. Lutter pour l’autosuffisance alimentaire. Lutter contre les coutumes avilissantes qui nous rabaissent.

Maman Ayake Anastasie, Inspectrice Générale Adjointe ( IGA) du SERNAFOR primaire (service de formation du Ministère de l’éducation de l’EPSP)

Etre femme en 2013 : La femme que je suis aujourd’hui n’est ni la femme que j'ai été il y a quelques années, ni celle que je serai demain. C’est comme décrire le ciel en saison sèche, le ciel par temps de pluie, le ciel lorsqu'il fait jour, le ciel en pleine nuit. C’est le même ciel, et pourtant… il est toujours changeant. Etre une femelle plutôt qu’un mâle?... Cela m’est presque égal. L'important, c’est notre manière d’être au monde, à chaque instant. Etre une femme au Congo en 2013, c’est se faire Fleuve. Sentir la vie qui coule en soi. Ne pas résister au courant trop puissant, en faire son allié, traverser les rapides, se jouer des tourbillons, nager à pleines brasses, construire quelques barrages, franchir des bacs incertains. Le travail est dur et passionnant. Il y a des éclats de rire, et des jours sans courant. Dans ce bruyant désordre, se dessinent parfois des berges paisibles et des instants de grâce. Bien qu'étrangère ici, je me sens à ma place. Clarisse Sroussi Manager Administratif et Financier à la CTB – www.btcctb.org (Agence belge de développement-)

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Être femme en 2013, c’est faire miens les défis et les joies des femmes au niveau mondial, surtout des pays en voie de développement. C’est comprendre et bien cerner les défis auxquels sont confrontées les femmes, surtout celles qui sont rurales et pauvres ; apporter ma modeste contribution à la résolution de ces défis pour que soit prise en compte l’opinion des femmes et de l’environnement dans lequel elles interagissent avec les hommes. Ceci afin d’éviter des blocages. C’est aussi créer une solidarité entre les femmes et les hommes qui se trouvent dans les structures et instances de prise de décisions. J’ai un sentiment de devoir vis-à-vis d’autres femmes qui n’ont pas eu les mêmes opportunités que moi pour étudier et occuper la position de leadership que j’occupe en ce moment.

Etre femme en RDC, c’est continuer à se battre à tous les niveaux (familial, communautaire, national) pour assurer un monde meilleur, pour soi, ses enfants et sa famille. La RDC doit être un pays où les filles ne sont pas victimes de violences liées à leur sexe, où elles peuvent jouir de leurs droits à l’éducation, à la santé. Un monde où leurs fils sont solidaires des problèmes de leurs sœurs et sont activement

engagés à résoudre ces défis à leurs côtés. Les changements sont toujours possibles dans les crises armées, mais nécessitent l’engagement solidaire et la contribution pacifique de la femme et de l’homme. C’est être capable de participer activement au développement du pays à tous les niveaux (village, provincial et national), c’est continuer encore et encore à faire entendre sa voix pour obtenir un partenariat équitable avec les hommes pour un épanouissement commun.

Aissatou.Balde, education advisor, IRC RDC

Etre femme en 2013, c’est apporter une autre vision des femmes, partager, donner et recevoir, sentir la connivence, le partage lors d’un apprentissage, c’est apporter ma pierre et savoir que j’ai été utile, c’est de croire que la revalorisation de la femme passe par les références à la culture initiale. Evoquer le temps où les sociétés se géraient collectivement, en harmonie avec la nature, le temps de la complémentarité entre hommes et femmes. Souligner la beauté plastique des objets. Rappeler que l’art congolais figure en bonne place dans les livres d’histoire de l’art.

Etre femme n'est pas facile, accepter de vieillir, de changer, se révolter face à des paroles blessantes, à des actes sanguinaires, avoir peur pour ceux que l'on aime et qui grandissent.

Etre une femme, c'est aussi être proche des hommes, ne pas les rejeter au nom du féminisme mais essayer de se rejoindre, pour construire.

Aujourd’hui, mon rôle de mère et de femme, c’est de continuer à sensibiliser mes enfants et mes élèves, ainsi que les professeurs congolais lors de formations aux patrimoines culturels, naturels et aux valeurs de la démocratie.

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Etre femme en 2013 en RDC, c’est régresser, être privée de droits élémentaires, être réduite à un utérus et une casserole ; être un martyr, une victime du génocide qui se déroule au Kivu.

C’est constater les volontés de diminuer la femme congolaise : dans le couple où l’homme exploite sa femme, lui imposant ses infidélités, ne lui permettant pas une autonomie financière, la réduisant à la mendicité. Au niveau de la loi, la femme a trop peu de poids et la loi coutumière ne lui est pas favorable. Dans certains lieux de culte, il y a interdiction de porter le pantalon, obligation de se coiffer d’un foulard…Régression, domination, superstition…

Dans l’enseignement, dans la politique et à l’Université, il y a trop peu de femmes. Les femmes privées d’une éducation correcte ne peuvent pas enseigner les bases à leurs enfants, et c’est ainsi qu’une nation entière périclite.

C’est aussi ressentir l’espoir dans le monde agricole, rural. Les femmes accèdent à l’indépendance financière, elles ont le courage de monter leur entreprise, quel qu’en soit la taille- deviennent des leaders et prennent alors la parole. Les femmes assument les positions de leadership de ces organisations paysannes, et même la parité hommes-femmes s’impose.

Etre femme en RDC, c’est s’inspirer des femmes, de leur indépendance, de leur leadership, à la manière de Lydie Masika, leader du syndicat des paysans dans le Nord Kivu, Espérance Nzuzi et Gratitude dans le Bas Congo, Sœur Josée à Muanda, Nicole Sapato au Katanga…à la manière de Wangari Maathaï, qui nous a quitté. J’aimerais participer, par l’image, les mots, au mouvement de libération des femmes.

Chantal Tombu, professeur d’art et d’histoire, écrivaine, spécialiste en art africain.

Etre femme en 2013, c’est faire la différence. La femme doit exceller dans ce qu’elle entreprend, mériter ce qu’elle gagne, être digne pour garder la tête haute. C’est en gardant sa particularité qu’elle apportera au monde ce que l’homme ne peut apporter et non en voulant devenir homme.

Etre femme en 2013 en RDC, c’est être forte. La femme congolaise doit oser et braver les obstacles tout en gardant sa féminité, sa dignité, sa place spéciale dans la société et les valeurs qui sont siennes pour se faire accepter des autres et même des hommes.

Annick Mavar, comptable adjointe à la VVOB RDC (Coopération Technique Flamande, spécialisée dans l’éducation)

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Etre femme en 2013 : Femme d'ici et femme d'ailleurs, femme d'aujourd'hui et femme d'hier, notre rôle évolue au fil du temps, au rythme des échanges entre nos sociétés. Ce rôle de femme n'est pas figé. Il est pour chacune d'entre nous ce que nous voulons qu'il soit là où nous sommes. C'est une question d'affirmation de soi. Encore faut-il avoir la possibilité de s'affirmer. Là, c'est un autre débat qui s'ouvre. Etre femme, c'est être humainement vivante et pouvoir exprimer librement qui l'on est tant au point de vue familial que professionnel. C'est jouir pleinement du droit de s'épanouir dans les sphères de la vie dans lesquelles nous sommes amenées à évoluer. Non pas cumuler une série de rôles, mais assumer ceux auxquels nous sommes appelées. Moi en tant que mère de quatre enfants, je revendique cette place de mère qui éduque et qui donne de sa vie, de son temps. Pour rien au monde, je ne voudrais abandonner ce rôle. Mes enfants sont pour moi un moteur, ceux pour qui je vis dans le but de leur transmettre un maximum de choses en termes de valeurs humaines et de savoirs. Aussi la sphère familiale est pour moi le lieu de l'épanouissement de cette facette de ma personnalité. Mère je suis et je resterai. Etre une femme en 2013 en RDC, c’est être issue d’une société plurielle et métissée. Mes aspirations ne peuvent que refléter mes origines et je désire, sur le plan professionnel, me faire une place significative. De par mon éducation, j'ai été poussée à étudier pour parvenir à tenir un rôle dans la vie active. Aussi, ne pas travailler est pour moi source de frustration. Le lieu de travail est aussi un espace de rencontres, de nombreux échanges d'idées. C'est dans ces espaces publics que nous pouvons faire avancer nos sociétés. Comme enseignante et sociologue, mon travail me permet de m'impliquer activement dans l'environnement dans lequel j'évolue. Tout cela contribue à mon évolution personnelle. Je ne pourrais pas concevoir l'idée de pousser les jeunes filles à étudier et puis de leur couper l'herbe sous les pieds en les réduisant uniquement au rôle de maman qui est certes très important, mais pour ma part insuffisant et réducteur en terme d'épanouissement personnel. Oui, c'est un choix d'avoir plusieurs casquettes et je l’assume : mère et femme. Véronique Kasongo, professeur de religion à l’école belge, sociologue

Etre femme en 2013, c’est avoir de l’estime et de la confiance pour soi et en soi. Ne pas se laisser dévaloriser ; faire fi des brimades quotidiennes. Donner beaucoup d’affection aux enfants.

Etre femme en 2013 en RDC, c’est comme dans les autres pays, continuer à se battre pour les droits des femmes sans relâche. La Congolaise doit s’imposer.

Cécile Mutombo

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Générique

témoignages de

Bernadette Lolekonda

Chantal Tombu

Nicole Kimbanda

Chistine Mayiku

Anastasie Ayake

Assiatou Balde

Clarisse Sroussi

Cécile Mutombo

Véronique Kasongo

Annick Mavar

Idées et réalisation : Cathy Van Even

Photos:

Alain Huart, Cathy Van Even, Frank Smit

avec les sincères remerciements à Clarisse Sroussi,

Chantal Tombu, Alain Huart et l’équipe VVOB

RDC pour leurs riches conseils

et à la CTB RD Congo de partager les visions

d'empowerment et de revalorisation de la femme congolaise.