Upload
others
View
0
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
Extrait de la publication
BULLETIN D'AVRIL 1958SUPPLÉMENT A LA NOUVELLE N. R. F.
DU I" AVRIL 1958
N° 64
PUBLICATIONS DU 15 FÉVRIER
AU 15 MARS1958
(Renseignements bibliographiques.)
On trouvera ici tous les renseignements bibliographiques sur les ouvrages effec-tivement parus du 15 février au 15 mars 1958.
BIBLIOTHÈQUE DE LA PLÉIADE
VOLTAIRE. Œuvres Historiques Remarques surl'Histoire. Nouvelles considérations sur
COLLECTION « SOLEIL »
Reliure typographique en toile fine, maquette de MASSIN.Décor à froid pour les filets et à l'or pour les titres. Typographie en deux couleurs.
Papier vélin supérieur. Jaquette en matière plastique transparente.
On dira des «Soleil» comme on dit des « Pléiade ».
CAMUS Albert. La Peste. Reliure rouge, papier de gardevert clair 1.400 fr.
GIONO jean Le Hussard sur le Toit. Reliure rouge écar-late, papier de garde bleu de cceruleum.1.500 fr.
Tous les exemplaires de la Collection «SOLEIL»sont numérotés.
nrf
l'Histoire. Histoire de Charles XII.
Histoire de la Russie sous Pierre le
Grand. Le Siècle de Louis XIV: Précis du
Siècle de Louis XV. Histoire de la
Guerre de 1741 (extraits). Texte établi,annoté et présenté par René Pomeau.1.816 p., in-16 double couronne, reliurepleine peau. Couvre-livre illustré d'unereproduction photographique dumarbre de Houdon (Musée du Louvre).Jaquette en matière plastique transpa-rente. Emboîtage. 3.200 fr.
Extrait de la publication
BULLETIN D'AVRIL 1958
POÉSIE
BENS Jacques. Chanson vécue. 104 p., in-16 jésus. Col-lection « Métamorphoses » 400 fr.
ROMANS
OUT-EL-KOULOUB Ramza. Préface d'Henri Guillemin, 256 p.,in-16 double couronne. Collection
blanche 600 fr.
20 ex. num. pur fil Lafuma Navarre.. 1.800 fr.
TRADUCTIONS
CARPENTIER Alejo Chasse à l'Homme. Trad. de l'espagnolpar René L.-F. Durand. 208 p., in-16
> double couronne. Collection « La Croixdu Sud » 590 fr.
15 ex. num. pur fil Lafuma Navarre 2.500 fr.HOWARD Elisabeth Jane.. Ce long Regard. Trad. de l'anglais par
Danièle Clément. 392 p., in-8° soleil.Collection « Du Monde Entier». 990 fr.
35 ex; num. pur fil Lafuma Navarre 3.500 fr..
WEST Anthony Héritage. Trad. de l'anglais par Marie-LiseMarlfère. 296 p., in-8° soleil. Collection« Du Monde Entier» 850 fr.
35 ex. num. pur fil Lafuma Navarre.. 2.900 fr.
RÉCITS
COWBURN Benjamin. Sans Cape, ni Épée. 312 p.. in-16 doublecouronne, sous couverture illustrée encouleurs. Hors Série 750 fr.
REJTO Thomas Aventurier malgré Soi. 328 p., in-16double couronne, sous couverture pho-
tographique. Hors Série. 750 fr.
CONTES
TRADUCTIONS
'•1 Choix de Jâtaka. Extraits des MES ANTÉ-RIEURES DU BOUDDHA. Traduit du pâlipar Ginette Terrai. 208 p., in-8° carré,sous couverture illustrée. Collection
« Connaissance de l'Orient », Série In-dienne. 690 fr.
ESSAIS LITTÉRATURE VOYAGES
CAMUS Albert. L'Envers et l'Endroit. Préface de l'Auteur.
128 p., in-16 double couronne. Collec-tion « Les Essais». 320 fr.
ROY Claude Descriptions Critiques. IV La Mainheureuse. 272 p., in-8Q soleil. Collec-tion blanche 850 fr.
20 ex. num. pur fil Lafuma Navarre. 2.700 fr.
BULLETIN D'AVRIL 1958
TOCQUEVILLE Alexis de.. Œuvres Complètes. Tome V, 2. Voyages
LAWRENCE D. H. Sardaigne et Méditerranée. Trad. de l'an-
CAMUS Albert. Discours de Suède. 76 p., in-16double
CORRESPONDANCES MÉMOIRES
ALAIN Correspondance avec Élie et Florence
JACOB Max Lettres aux Salacrou (Août 1923-Janvier
JOUHANDEAU Marcel Mémorial, VI Les Chemins de l'Adoles-cence. 176 p., in-16 double couronne.
CHOMBART DE LAUWE,
dit FÉLIX. La Genèse de la IVe République. 368 p., in-
DOCUMENTS
MAY Roger. Notre Époque est formidable. 352 p., in-8°
en Angleterre, Irlande, Suisse et Algérie.Texte établi et annoté par J.-P. Mayer etAndré Jardin. Avertissement de J.-P.Mayer. 248 p., in-8° carré. Collection« Œuvres Complètes de Tocqueville ».. 800_fr.
TRADUCTIONS
glais par André Belamich. 288 p., in-16double couronne. Collection « Du
Monde Entiér». 750 fr.
DISCOURS
v couronne. Collection blanche. 200 fr.
50 ex. num. Hollande 1.500 fr. (épuisé)200 ex. num. pur fil Lafuma Na-varre. 600 fr. (épuisé)
Halévy. Préface, Notes et Index deJeanne Michel-Alexandre. 464, p., in-8°carré. Collection blanche. 1.500 fr.50 ex. num. pur fil Lafuma Navarre.. 4.500 fr.
1926). 152 p., in-8° soleil, avec un por-trait de Max Jacob par André Beaudin enfrontispice. Tirage limité à
15 ex. num. Hollande 3.600 fr.
•50 ex. num. pur fil Lafuma Navarre.. 1.800 fr.1.500 ex. num. Alfa. 750 fr.
Collection blanche 550 fr.
25 ex. num. Hollande. 4.000 fr.
100 ex. num. pur fil Lafuma Navarre. 1.500 fr.
HISTOIRE
80 soleil, sous couverture en couleurs.Hors Série 980 fr.
soleil, sous couverture illustrée en cou-leurs. Hors Série 990 fr.
Extrait de la publication
BULLETIN D'AVRIL 1958
« AUX FRONTIÈRES DE LA SCIENCE »Collection dirigée par MARCELLE DE JOUVENEL et RÉMY CHAUVIN
DESTREM Hugues A la Conquête du Troisième Age ou LesSecrets de la Longévité. Préface duDr J.-A. Huet. 264 p., in-8° soleil. 800 fr.
L'AIR DU TEMPSCollection dirigée par PIERRE LAZAREFF
CRESPELLE J.-P. Vlaminck, fauve de la peinture. 256 p.,in-80 soleil, avec un portrait de l'auteurpar lui-même sur la couverture. 700 fr.
FALK André Visa pour l'Arabie. 264 p., in-8° soleil,avec une carte. 700 fr.
SÉRIE NOIRE
McALLISTER Robert On est comme on est. Traduit de l'améri-cain par Serge Lenègre.
DOMINIQUE Antoine Le Gorille Tatoué.
CHASE J. H. A tenir au frais, traduit de l'anglais parPierre Verrier.
HIMES Chester. La Reine des Pommes, traduit de l'améri-
cain par Minnie Danzas.
LE CHAPS Marcel Pas de Vacances pour les Perdreaux.
Chacun de ces 5 volumes, noe 4 I6à 420, de la « Série Noire» 220 fr.v
COLLECTION "SOLEIL"On dira des« SOLEIL» comme on dit des « Pléiade »
Publication de Mars 1958 v
ROGER VAILLAND
Prix Goncourt 1957
La Loi (2e tirage). Reliure jaune, papier de garde rouge orangé. 1.350 fr.
Publications d'Avril 1958
PHILIPPE HÉRIAT
LES BOUSSARDEL
1. Famille Boussardel. 1.850 fr.1 Il. Les Enfants Gâtés. 1.400 fr.Chacun de ces deux volumes sous reliure vert olive,
papier de garde ocre jaune clair.
Tous les exemplaires de la Collection « SOLEILsont numérotés.
Extrait de la publication
BULLETIN D'AVRIL 1958
BIBLIOTHÈQUE DE LA PLÉIADE
Publication de Mars 1958
ALAI N
LES ARTSET
LES DIEUX
HISTOIRE DE MES PENSÉES SYSTÈME DES BEAUX-ARTS
VINGT LEÇONS SUR LES BEAUX-ARTS
ENTRETIENS CHEZ LE SCULPTEUR LA VISITE AU MUSICIEN.LETTRES AU DOCTEUR MONDOR
STENDHAL EN LISANT DICKENS AVEC BALZAC
DÉFINITIONS PRÉLIMINAIRES A LA MYTHOLOGIE
LES DIEUX
Texte établi et présenté parGEORGES BÉNÉZÉ
PRÉFACE D'ANDRÉ BRIDOUX
Un volume 1.488 pages in-16double couronne, sur papier bible. Reliure pleinepeau. Couvre-livre illustré d'une photographie d'Alain, prise en 1929 (StudioPetit). Jaquette en matière plastique transparente. Emboîtage. 3.200 fr.
Rappel
ALAIN Propos.- Préface d'André Maurois 3.200 fr.
Extrait de la publication
BULLETIN D'AVRIL 1958
ÉCHOS PROJETS,• Le 22 février, le Prix Paul Valéry a été attribué à Raymond Lafaye, dont le recueilde poèmes Pour Monia, a été l'un des premiers ouvrages publiés dans la Collection«Jeune Poésie N. R. F. ».
Le 17 mars, Pierre Oster a obtenu le Prix Max Jacob pour son second recueilde poèmes Solitude de la Lumière le premier Le Champ de Mai, avait euun Prix- Fénéon enI 955.
Le 18 mars, le Prix de l'Unanimité a été attribué à Francis Carco pourl'ensemble de son œuvre.
9 Catalogues.Notre catalogue annuel de « Sélection d'Ouvrages pour Distributions de
Prix » vient de paraître, et sa diffusion a été assurée largement chez lesv libraires et auprès de MM. les proviseurs, directeurs de Cours complémentaires et
de Collèges techniques. Ceux de nos lecteurs qui en ont besoin et qui ne l'auraientpas reçu peuvent le trouver chez leur libraire ou, à défaut, en demander l'envoi ànotre « Service Catalogues ».
• Anthologie.L'Anthologie des Poètes de la N. R. F., actuellement en préparation, constitue
une nouvelle édition revue, remaniée et augmentée, de celle qui avait paru en1936. Elle comprend tous les poètes publiés à la N. R. F., soit 132 auteurs, plus unepréface de Paul Valéry (existant déjà lors de la première édition).
• Le Livre et la Scène.
La tournée des Galas Karsenty, avec le Requiem pour une Nonne, de Camus,d'après Faulkner, se termine, du 15 avril au 15 mai, par l'Afrique du Nord (Tunisie,Algérie et Maroc).
La Terre est ronde, de Salacrou, a été montée dans la traduction de James H.
Clancy, au Théâtre de San Jose State College, en Californie. Une Femme trophonnête vient d'être créée dans la traduction d'Elmar Tophoven, avec un grandsuccès, à Mayence, et sera jouée en avril à Vienne, au Théâtre Courage.
Histoire de Vasco, de Georges Schehadé, sera représentée fin avril au DeutschesSchauspielhaus de Hambourg.
Tandis que Les Chaises et La Leçon, d'Eugène Ionesco, remportent un immensesuccès à New-York, Les Chaises sont entrées en répétition à l'Atelier 212, àBelgrade.
La Compagnie Serge Erik donne, chaque mardi, au Théâtre du Ranelagh à Paris,des représentations des Sonderling, de Robert Merle. D'autre part, le Festival duThéâtre des Nations débute par les spectacles donnés par le Théâtre Grec, qui ainscrit à son programme L'Assemblée des Femmes, d'Aristophane il est intéres-sant d'y confronter l'adaptation qu'en a faite Robert Merle.
La Compagnie du Grenier de Toulouse donnera, dans tout le Sud-Ouest, du12 avril au 15 mai, un spectacle composé de Comment s'en débarrasser, de Ionesco,et du Gardien du Tombeau, de Kafka.
• Le Livre et l'Écran.Les Productions Zodiaque ont acquis les droits de cinéma pour Les Grands
Chemins, de Jean Giono.»Le roman de la « Série Noirede James Hadley Chase Ça n'arrive qu'aux Vivants
va être porté à l'écran par les Productions Socipex mise en scène de Toni Saitor,principaux rôles confiés à Raymond Pellegrin et Gisèle Pascal.
Le tournage du Caporal épinglé va commencer sous la direction de Guy Lefranc.Le Gorille vous salue bien est mis en scène par Bernard Borderie, et joué par
Lino Ventura, Charles Vanel, Pierre Dux, René Lefèvre, Jean Mercure, RobertManuel et Marie Sabouret (de la Comédie-Française), et Bella Darvy (ProductionsRaoul Ploquin).
Les Frères Karamazov, de Dostoïevski, vont être réalisés par Richard Brooks,avec Yul Brynner, Maria Schell, Claire Bloom, Lee J. Cobb, Richard Basehart etAlbert Salmi (Productions Metro-Goldwyn-Mayer).
BULLETIN D'AVRIL 1958
• Le Livre et le Disque.
Au moment où se multiplient les enregistrements des succès de Henry de Mon-therlant La Reine morte, Port Royal. La Ville dont le Prince est un Enfant,chez Pathé-Marconi, et bientôt deux autres pièces aux Disques Festival, il siedde rappeler que le premier enregistrement intégral d'une pièce de Montherlanta été fait l'an dernier par ies Estudios C. A. B. de Buenos-Ayres, avec Port-Royal,en espagnol, traduit par Ortiz Echague et Maurice Rémy.
Le Livre et l'Université.
C'est au titre de « professeur d'échange » que le grand savant J. RobertOppenheimer, dont nous avons publié La Science et le Bon Sens et L'Espritlibéral, fera un cours en Sorbonne à l'Amphithéâtre de Physique, du 23 avrilà fin juin. Question traitée « La Description des Porticules et Interactions élémen-taires.»
• Traductions.
Le Chiffre de nos jours, d'André Chamson, vient de paraître en traduction an-glaise, chez Faber and Faber. La traduction littérale du titre, excellente en anglais,n'était plus possible du fait qu'entre temps un roman américain avait paru sous cetitre. L'éditeur et le traducteur anglais ont adopté A Time to keep (Un Temps dont ilfaut garder la Mémoire). On se souvient qu'il s'agit de souvenirs, à peine trans-posés. Et La Neige et la Fleur, du même auteur, paraît à Buenos-Ayres sous letitre Todo commiensa de nuove (Tout commence à nouveau).
Portrait d'un Inconnu, de Nathalie Sarraute, paraît simultanément en traductionaux États-Unis et en Angleterre, et les droits viennent d'être acquis par un éditeurpolonais.
L'Archipel Lenoir, de Salacrou, traduit en roumain, est publié à Bucarest.
• Georges Friedmann a été récemment élu président de la Faculté latino-améri-caine de Sciences sociales, groupant tous les pays de l'Amérique latine, et dont lesiège est à Santiago du Chili, où il s'est engagéà revenir en septembre prochain.
C'est Jean Cassou qui succède à Valery Larbaud comme président d'honneur dela Société des Amis'de Charles-Louis Philippe.
• Le 26 mars, il y a eu quarante ans que Debussy est mort. On relira à cette occa-sion les pages que lui a consacrées Paul Landormy dans ses ouvrages sur La Musiquefrançaise, le Claude Debussy de René Peter dans la Collection « Leurs Figures »,et de Claude Debussy lui-même Monsieur Croche Antidilettante.
• Voyages et Conférences.
Coïncidant avec la publication de la Correspondance d'Alain avec Élie et FlorenceHalévy, et celle d'un deuxième tome d'Œuvres d'Alain dans la Bibliothèque de laPléiade Les Arts et les Dieux, André Maurois, pour la conférence de clôture del'année scolaire 1957-1958, qu'il donnera le 30 avril au Centre Universitaire Médi-terranéen, à Nice, a choisi pour sujet Un grand professeur, Alain.
C'est Armand Lunel, auteur de Jérusalem à Carpentras, qui parlera au nom dujudaïsme comtadin, au cours du service solennel qui sera célébré le 17 avril, à lasynagogue de Carpentras, en présence de S. E. M. Tsur, ambassadeur d'Israël enFrance, en l'honneur du Xe anniversaire de l'État d'Israël.
• Étiemble, qui vient de publier au Centre de Documentation Universitaire lesvingt-quatre premières leçons de son cours sur L'Orient philosophique auXVIIIe siècle, nous a remis, en même temps que son journal de Chine Tong Yeou Kiou Le Nouveau Singe Pèlerin, le tome III d'Hygiène des Lettres Savoir et Goût.Il prépare le tome IV, Poètes ou faiseurs ?et termine le premier récit qu'il aitécrit depuis dix ans Blason d'un Corps.
• Dans la collection « Le Manteau d'Arlequin » va paraître Le Cavalier d'Or d'YvesFlorenne, dont Charles Dullin, à la veille de sa mort, disait « C'est mon meilleur
manuscrit.» En attendant de pouvoir être représentée à Paris, la pièce a été crééepar Raymond Hermantier au Festival de Nîmes. Sur un thème illustre (celui
Extrait de la publication
BULLETIN D'AVRIL 1958
du Cid), et qui pouvait paraître une fois pour toutes illustré, Yves Florenne aécrit un drame neuf, jailli directement de la source légendaire et populaire espa-gnole, mais qui est d'abord le drame actuel d'un temps et d'une jeunesse déchirés.• Ce fut une singulière époque que 1950 les souvenirs d'une guerre étaientpartout présents alors que certains croyaient lire dans les événements l'annonced'une autre guerre. A Saint-Germain-des-Prés, centre de l'intelligentzia française,des jeunes gens étaient coincés entre un passé et un avenir qu'ils refusaient toutensemble. C'est de ces fils d'une après-guerre et qui étaient persuadés de vivreune avant-guerre que Jean Cau nous parle dans Les Paroissiens, livre d'une lucidité `extraordinaire qui est le roman d'une génération intermédiaire entre les aînés de1945 et « la nouvelle vague » de 1958. Le livre est sous presse.
• L'Équipage au complet, de Robert Mallet, paraîtra en avril. La pièce, créée l'andernier à la Comédie de Paris, va être reprise, le 14 avril prochain, au NouveauThéâtre de Paris; à la création, Georges Neveux en donnait cette définition« Une pièce qu'on reçoit d'abord comme un coup de poing, mais qui laisse le sou-venir d'une poignée de main fraternelle.» La pièce a déjà été traduite en plusieurslangues et jouée sur de nombreuses scènes étrangères. Les télévisions française,canadienne et suisse l'ont montée, les télévisions britannique et américaine seproposent de le faire. Le Prix Pelman de Théâtre a été attribué à L'Équipage aucomplet en mai 1957, et le Prix U, en janvier 1958.
• Jean Bobet voulait être professeur. Lecteur dans une université anglaise, ilpréparait une thèse sur Shakespeare. C'est alors que son amitié pour son frèreaîné, Louison Bobet, l'entraîna sur ces machines à deux roues, que nous nommonsbicyclettes sur le continent. Il est vrai que, dans sa jeunesse, Jean Bobet avait étéun coureur amateur réputé, alors que Louison ne dépassait pas la moyenne.
Entre temps, le frère aîné était devenu le plus célèbre des coureurs français, leseul qui ait jamais gagné trois Tours de France (et qui s'apprête peut-être à engagner un quatrième).
Excellent coureur lui-même, Jean Bobet (qui fut le grand animateur du dernierTour) a écrit, pour notre collection« L'Air du Temps », à la fois la vie de son frèreet une thèse sur le cyclisme. C'est pourquoi son livre, qui paraîtra fin avril, s'inti-tule Louison Bobet, Une Vélobiogrophie.
• Le nouveau roman de Robert Margerit La Terre aux Loups, à paraître en avril,aurait pu s'intituler « Le Squelette dans le Grenier ». On y voit, en effet, les restesd'un homme sans sépulture, réunis dans une vieille caisse d'emballage, sous les..combles d'une gentilhommière nontronnaise. Ce n'est pas invention de romancier.L'auteur, à ses débuts de journaliste, a vu lui-même ces ossements. Leur souvenirl'a incité, par la suite, à remonter aux sources d'une tragédie qui déchira deuxgénérations, et dont la reconstitution s'étend sur cent années. Les lecteurs deRobert Margerit retrouveront ici sa puissance d'évocation, appliquée à un vastesujet qui associe les destins individuels aux événements historiques.
• Dans Lumière noire qu'il va publier bientôt, Michel Planchon nous raconte lestentatives d'un homme blanc pour créer entre lui et les êtres primitifs de l'Afriqueéquatoriale cette intimité sensorielle qui était le thème de son premier ouvrage,Compagnons de Silence, dans un cadre européen. Au long de ces visionsd'un monde que son extrême simplicité nous rend étranger, il nous montre ledéroulement des existences perdues dans une nature implacable en proie à deviolentes convulsions, à un sommeil proche de la mort, avec de brefs répits dedouceur rêveuse. Le cycle se clôt sur l'appel du néant paré du prestige de la légende,celle de l'Afrique immuable.
• A paraître également en avril, entre autres un Schubert, d'Alfred Einstein,traduit par Delalande, dans la Collection « Leurs Figures »; deux nouveauxrecueils dans la Collection « Jeune Poésie N. R. F. )i Hibernales, par Alain Bou-heret, et A Toi, par Alain Jouffroy et, dans la Collection « Du Monde Entier »,la traduction par R.-N. Raimbault du récent roman de Faulkner « A Fable », sousle titre français Parabole.
• Joseph Kessel vient de nous remettre le manuscrit de son roman Le Lion.
Extrait de la publication
Z.~ MOU~E~~ELA NOUVELLE
NOUVELLE
Revue Française
IvE CLAIR ET L'OBSCUR
Il m'est arrivé, en temps de guerre, un incident
baroque, que j'ai d'abord mis sur le compte de lafatigue ou de la peur mais qui s'est répété, à l'occasiond'une aventure nocturne dont j'ai cru m'apercevoirplus tard qu'il était commun; ce serait peu que, sans yperdre pour autant sa bizarrerie, il servait couramment
d'appui et de raison à toute sorte de pensées claires
bref, qu'obscur lui-même il leur permettait de briller.De là gagnant de proche en proche, il ne se trouvait
enfin pas un événement de l'esprit dont il ne consti-tuât le fondement et la part principale principale,
encore qu'inaperçue.
Cependant je pensais voir à mesure que cet incident
comblait un vide singulier. Pour ingénieuses ou puis-
santes et même exactes dans leur ordre que soient
les tentatives d'explication et de libération de l'homme
qui ont été poursuivies de nos jours (je songe d'abord,est-il besoin de le dire, à Marx et à Freud mais ce
serait aussi bien à n'importe quel système philoso-
phique), chacun peut voir qu'ayant d'abord dissipé pasT
Extrait de la publication
LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
mal d'idéologies et de mythes elles butent à certainmoment, au cœur de l'homme même, sur un obstacle
qui ne se laisse analyser, ni peut-être même examinerirréductible.
Mais l'incident dont il s'agit me paraissait offrir leplein qui répondît à ce vide le tenon, à cette mortaise.
I. UN INCIDENT GUERRIER
La glace cassée.
Je me suis trouvé en Quatorze, un jour d'avances et
de reculs, coincé, entre quelques morts ou mourants,dans une maison à demi démolie, sur laquelle s'obsti-
nait pourtant le tir de l'artillerie de plus d'une
artillerie, car la maison, se trouvant à égale distance
des deux lignes et bien en vue, ne servait pas moins de
cible à nos canons qu'aux canons adverses. Personne, de
vrai, ne savait au juste qui se trouvait dedans, en sorte
que, par l'effet d'une modestie commune aux hommes de
guerre, chacun pensait y voir l'ennemi. Non pas tout à
fait à tort, car nous n'occupions qu'une partie de laruine. Mais, il faut l'avouer, nous ne songions guère,pour le moment, à détruire nos voisins si tant est
qu'il y eût des voisins ni même à les chasser.
Au fait, à quoi songions-nous ? Imaginez là-dessus
une lumière d'éclipse, des éclats ronflant à droite et
à gauche, le bruit d'orgue que fait un obus en plein vol,un cadavre qui vous regarde sans vous voir, un cheval
éclaté comme un poisson de grands fonds et, dans une
poussière de pierres et de fumée que traversaient desfusées éclatantes, de tous côtés le désordre et la dislo-
cation.
Tout cela était étrange, mais à certains égards merveil-
leux. Et je dois avouer qu'il m'arriva un instant de m'en
LE CLAIR ET i/OBSCUR
réjouir que de feux d'artifice Que de châtaignes et degirandoles, de crapauds et d'acrobaties, de clownerieset de parades D'aimables figurants faisaient le mortà la perfection. Quel spectacle Est-ce donc pour moiqu'on a monté tout cela ?
C'était là sans doute une réflexion égoïste. Ce fut, en
tout cas, une réflexion imprudente. Car elle déclencha
presque aussitôt le sentiment irrésistible (avec l'angoissequi s'ensuit) que je me trouvais pris dans quelque
farce gigantesque. Non, rien là-dedans ne pouvait être
vrai. De toute évidence, il ne s'agissait que d'un cauche-
mar, dont je tentai de me tirer en donnant de grands
coups de soulier dans une glace demeurée, par quel
hasard ? intacte, et même brillante. La glace se fendilla,
s'écailla, puis s'écroula dans un grand bruit, et je connus
très bien que je ne rêvais pas. Je le connus, et me trou-vai, chose curieuse, satisfait en tout cas comblé.
Il faut bien que la vérité fût-elle atroce nous soit
d'un grand prix.
D'une lézarde sacrée.
Que s'était-il passé au juste ? Une guerre est un
événement infiniment divers et riche, qui agite desmillions et des millions d'hommes dans leur âme, mais
aussi dans leur corps dans leur intelligence et leurs
passions, mais dans leurs bras et leurs jambes une
admirable une effarante organisation en profon-
deur avec recherches savantes, études techniques,
discours. Jusqu'à la science y voit son propos trans-
formé, et sa démarche se hâte. Jusqu'aux Présidents,
Dictateurs et Ministres, jusqu'aux Dieux, jusqu'à Dieu
tant de grands personnages, mystérieux parfois etparfois pas assez mystérieux y interviennent, s'y
rendent efficaces, donnent de la voix et du geste. Car
enfin, ces obus, ces fusées ou ces bombes qui nous
LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
accablaient, par delà quelques capitaines ou générauxqui faisaient sans doute de leur mieux, mais au fondn'étaient guère responsables et parfois semblaient même
sans génie, c'était tout un peuple avec ses dirigeantsqui nous les envoyait. J'avais dérangé, moi pauvre,
jusqu'à l'empereur ennemi.Cependant, faute de me trouver ce jour-là au niveau
de toute cette guerre, qu'est-ce que j'opposais à un telramas ? Et d'abord je convenais de l'ignorer. Je me
privais d'un spectacle aussi sombre et chatoyant, aussi
propre à m'enchanter, à m'intéresser tout au moins.J'oubliais capitaines et généraux, obus et fusées. Je
leur substituais quoi ? Une petite chose glace brisée,
lézarde, déchirure. Une petite chose, mais à mes yeux
sacrée puisqu'elle servait à tout le reste de support,
puisque tout le reste, à sa faveur, d'un seul élan
allait m'être rendu. Par cette petite mystérieuse glace,par cette précieuse fissure, se glissèrent d'un coupobus et cadavres, lumière d'éclipse, empereurs, géné-raux, savants. Tout s'était passé j'en eus du moins
l'impression comme si notre monde se trouvait
accolé à quelque autre monde, invisible à l'ordinaire,
mais dont l'intervention, en des périodes décisives, pûtseule le sauver de l'effondrement.
Quelque autre monde aux réactions imprévues. Car ilnous arrive dans notre monde habituel de casser une
glace. Mais c'est en général sans l'avoir voulu et, de toutemanière, les cris, reproches ou inquiétudes qui s'en-
suivent n'ont rien que de banal.
A la f aveur de l'anomalie, la norme.
Ici l'on va me dire qu'il s'agit d'un incident plutôtanormal et maladif, dont il n'y aurait pas lieu de tirerla moindre conséquence. Maladif il se peut, mais en tout
cas fréquent et comme légal, où chacun de nous peut
Extrait de la publication
LE CLAIR ET L'OBSCUR
se reconnaître dont il a tout au moins entendu
.parler à qui n'est-il pas arrivé, devant un événementtrop inattendu, de se pincer ou de se frapper, de se dire
« Mais enfin, je ne rêve pas Fréquent et comme
populaire, s'il en est question dans plus d'une légende.Ainsi la jeune mendiante que le roi a enlevée à sa
famille pour en faire une princesse, à chaque réveils'étonne de son sort, et se pince le gras des bras et
les hanches jusqu'à se faire mal. Et le berger du conte
arabe lui aussi, lorsqu'un messager vient lui apprendre
que la reine est amoureuse de lui, se plante un couteau
dans la cuisse pour s'assurer qu'il est bien éveillé. Faut-il
dire que le coup de couteau, le pincement, le coup de
poing sont anormaux ? Bien plutôt sont-ils le moyen
héroïque que nous prenons pour nous retrouver dans
la vérité, et dans la norme, que nous avions perdues.C'est un moyen héroïque peut-être, mais absurde.
Quel rapport y a-t-il entre une guerre et la glace brisée ?
Entre une reine amoureuse et le coup de couteau ?
C'est bien simple, il n'y en a pas. Notre vieille confiancedans l'enchaînement des effets et des causes se trouve ici
en défaut. Plutôt faudrait-il songer à quelque relationsurnaturelle, comme il s'en trouve dans les contes de
fées « Si tu sonnes de la trompe, les murailles du châ-
teau s'effondreront. Si tu te piques avec un fuseau, tutomberas dans un sommeil de cent ans. Si tu demeures
au bal après minuit, ton carrosse se changera encitrouille. »
Reste que le moyen, si absurde soit-il, est efficace
à la faveur de l'anomalie, c'est la norme qui nous estrendue à la faveur de l'absurdité, la raison. Reste encore
que nous le prenons d'instinct, dirait-on, et sponta-
nément comme si nous avions su de tout temps,quoi ? Qu'il n'est peut-être pas de vue claire qui nesuppose à sa base une obscurité, ni de pensée cohérente
qui ne se fonde sur un événement absurde ou surna-
Extrait de la publication
>,A NOUVEIXE REVUE FRANÇAISE
turel quitte, là où cette pensée cohérente nous faitdéfaut et notre vue se trouble, à rappeler l'obscurité,l'incohérence avec d'autant plus de force que nousavions davantage cru les perdre.
II. PETITE AVENTURE NOCTURNE
Courageuse décision.
Dans le grand atelier qui nous sert à tous deux de
chambre, de salle à manger, de bureau (et même decuisine et d'antichambre), le divan se trouve assez
loin de la porte exactement dans le coin opposé. Ce
divan (qui se transforme en lit, vers onze heures du
soir) reçoit la lumière d'une lampe de chevet. Assez
pâle, la lampe de chevet. L'avantage est qu'on l'allume
dès l'entrée mais justement, cette nuit-là, l'ampoule
était cassée. Il ne me restait que la ressource de la
lampe de plafond, dont la lumière est vive et cruelle.Or ma femme dormait. Il était deux heures du matin,
et je rentrais d'une soirée, passée chez des amis.
Je jure que je n'avais guère bu. Je disposais de tout
mon sang-froid. La preuve en est dans la décision à
la fois énergique et ingénieuse que je pris de donner,
à peine entré, un coup de lumière d'une extrême rapi-
dité, trop bref pour importuner ma femme ou la réveiller,mais suffisant néanmoins à m'entrer dans les yeux
les obstacles de toute espèce de la table à la commode,
de la commode à la cheminée (avec sa pendule), de la
seconde table au paravent qu'il me fallait éviter oucontourner délicatement (ma femme ayant le sommeilléger) avant de parvenir à l'endroit-chambre de la
pièce. Bien. Ces obstacles étaient, de vrai, nombreux
et différents. Mais je les embrassai courageusement
d'un seul coup d'œil, et, les ayant jaugés, je me lançai
Extrait de la publication
LE CLAIR ET L'OBSCUR
en pleine nuit, d'abord très vite, puis de plus en pluslentement à mesure que j'avançais, dans un espacesingulier.
Singulier en ceci c'est qu'il n'avait rien de communavec l'espace que l'on découvre d'une fenêtre, avec cetespace vaguement étoilé, par exemple, que j'auraispu distinguer (mais je m'en fichais pas mal!) aux vitresde l'atelier un espace à demi vrai, à demi faux, et quidonne, comme on dit, à rêver qui se prête si bien à
l'imagination, à nos vagues projets, aux idées qu'on sefait. Non, c'était même tout le contraire. Point de ces
places lointaines et de ces places voisines Ici, toutm'était voisin. De ces parties indifférentes, et de ces
parties curieuses. Ici, tout me concernait, tout m'étaitpassionnant, tout m'était diablement vrai. Ni de cesplans aimablement étagés, en fuite douce. Ici, toutétait imminent, hérissé de pointes, creusé de vides
Ah non, ça ne faisait pas un paysage de tout reposEt ma femme qui continuait à dormir paisiblemententre ces tables pointues, cette pierre ou plutôt cette
brique (vaguement gravée) qu'un frôlement jetteraitpar terre, ce lierre traînant à terre où je vais me prendreles pieds (drôle d'idée, d'avoir du lierre dans un appar-tement), cette armoire dont la porte est quelque peudéglinguée, et bâille, cette pendule sous son globe deverre, ces piles fragiles de livres que j'élève le plus haut
possible pour échapper à la poussière (qui entraîne,sitôt reconnue, de la part de ma femme une inter-vention brutale sous forme de nettoyage général de
l'atelier, avec le désordre qui s'ensuit et les papiers
perdus), cette bibliothèque tournante (qui n'attendque le moment de grincer).
Révélation d'un atelier.
Cependant, je persistais à avancer des mains, despieds, des genoux. Ma tête même, que je craignais de
LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
cogner aux livres, portait son danger particulier. Deux
heures sonnèrent à la pendule comme je reconnaissaisde la hanche un coin de table. Mais je tournai adroite-ment la table, et je parvins enfin à l'endroit creux, à
l'espèce de grotte je commençai par en tâter du coude
les parois où je n'avais plus qu'à me déshabiller ensilence. Il me vint alors une curieuse révélation.
C'est que je venais de retrouver mon atelier un
atelier perdu, il faut croire, depuis pas mal de temps
oublié, usé. Ah! c'était pourtant un atelier plaisant,
trop plaisant peut-être (je veux dire trop fait pour
plaire, et rien ne cesse de plaire comme ce qui a plu
pendant quelque temps). Avec ses tableaux pendus aumur, son lierre dans un pot et cette brique, ramassée
dans la rue, où Jean Dubuffet a gravé l'image de Lili
sous son parapluie. Avec sa vieille armoire paysanne,qui a été fabriquée pour les noces de ma grand-mèremais elle a très bien tenu le coup jusqu'à moi, et même
les deux pigeons sculptés n'ont pas trop souffert des
déménagements, sauf que le mâle a perdu son bec, et lapigeonne une de ses ailes. C'est encore une chanceque je l'aie gardée à vrai dire, elle ne relève d'aucun
style classé et n'intéresse pas les antiquaires, à qui
j'ai parfois tâché de la refiler, dans les moments un peu
durs. Et la grande pendule sous globe que m'a donnée
André Lhote (en échange d'une boîte à musique).C'est pourtant une belle pendule transparente, quimontre sa lyre, et tous ses rouages. Même, il y en a
trop. On dirait le chef-d'oeuvre d'un compagnon duTour de France, de quelque Armand-les-doigts-fins.Ahlelle a été longue à faire marcher. Tous les horlogerss'avouaient battus. Tous Jusqu'à Jean Arabia, qui l'a
prise par la douceur, lui a forgé de nouvelles roues, l'aabritée cinq mois chez lui. Sans compter le jardin qui serépand sous ma fenêtre, c'est un jardin de couventoù je vois parfois une sœur aller et venir. Pour mieux
Extrait de la publication
LE CLAIR ET L'OBSCUR
le voir, la fenêtre étant trop haute, j'ai fabriqué, avecl'aide d'Albert Uriet, une sorte d'étagère, où deuxpersonnes c'est d'ordinaire ma femme et moi
peuvent très bien tenir debout, en se serrant un peu.Ou bien une seule, sur une chaise. Mais ne nous laissons
pas distraire. Tout de même, tant de petits objets jedis petits par amitié qui m'ont enchanté un jour(parfois même une année) et je n'en finissais pas de lesregarder et puis ils sont entrés dans l'habitude, comme le
jardin (qui nous semblait d'abord inépuisable). Jusqu'àl'amitié qui s'en est allée. Que de morts sur nos murs
Que de momies qui ont été jadis des personnages actifs,agités, inquiétants, et qui se sont fanés comme des
fleurs, comme une côtelette froide. Oui, mais quivenaient tout d'un coup de se rafraîchir, de retrouver
(si je puis dire) leur vérité. Et peut-être qu'un voisin
s'il m'avait vu se serait demandé quel était ce drôle de
fantôme. Mais moi, il me semblait que j'avais étéfantôme jusqu'à ce moment-là. Que j'avais existé, sanstout à fait vivre. Que je venais seulement de devenirréel.
Pourtant, que s'était-il passé ? Est-ce que j'avais
mieux connu mon atelier ? Est-ce que j'y avais distinguéde nouveaux détails ?
Le contraire d'un rêve.
Non. C'était le contraire. Il serait excessif de dire
que je ne le voyais pas. Mais en tout cas je le
voyais beaucoup moins. Que peut-on saisir en un coupd'œil ? Une suite d'ébauches. En fait, je n'avais
guère retenu de l'armoire, de la brique ou de la
pendule tout entière qu'une pointe, un angle, un petit
coin, celui qui m'intéressait celui que je risquais deheurter moi-même tout épluché, réduit à quelquesystème de ressorts. Or ces ébauches se trouvaient
Extrait de la publication
LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
singulièrement reliées entre elles, car l'angle du dossier,par exemple, tenait à la première pile de livres, où jeposai la main. (Ici s'éleva un nuage de poussière, quimanqua me faire tousser.) Il y a plus ces ébauchesavaient des vertus singulières. Ce n'étaient pas là desimples pointes, des cubes et des sphères. Non. Chaquepersonnage de mon aventure se trouvait avoir sa vertu
propre, irréductible à toute autre. La brique étaitcomplaisante, mais fallacieuse l'armoire' hargneuse,mais loyale le paravent, compatissant (quoique peusûr). Au demeurant n'en était-il pas un qui ne se présen-tât sous une forme inquiétante défenses d'éléphants,museaux de renards, replis de serpents, bref, autant demonstres. Moi, j'étais entre eux comme un primitifqui a pour la première fois affaire à un autobus, à unesonnette électrique, à une machine à laver. Il se sent(je suppose et moi en tout cas je me sentais) intriguémais joyeux, inquiet mais excité. Je ne contemplaispas l'espace de mon atelier. Il ne me suffisait pas dutout d'en avoir l'idée. J'y étais tombé. Je m'y trouvais
pris. Je le réalisais, comme on dit (comme on a peut-
être tort de dire). J'y adhérais (avec une sorte d'enthou-siasme ou d'ivresse sacrée). C'était le contraire d'unrêve, c'était à l'opposé d'une pensée non pas l'un de cesespaces fluides et qui s'approfondissent à mesure non,parfaitement opaque et volumineux et moi, non moinsvolumineux que lui, ni moins opaque. Exactement demême race. Car mes espaces intérieurs à leur tours'étaient transformés comme s'il m'était poussé dans
la nuque des yeux, dans le dos des antennes, toutes
prêtes à me guider s'il me fallait faire un bond enarrière.
Ainsi les objets de mon atelier se trouvaient-ils à monniveau. Ainsi m'étaient-ils rendus et je m'apercevais
du même coup que j'en avais depuis longtemps été privé,que je n'avais conservé d'eux qu'une idée, que l'habitude
Extrait de la publication
Extrait de la publication
Extrait de la publication