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RETOUR SUR UN ATTENTAT ANTIFÉMINISTE

École Polytechnique de Montréal, 6 décembre 1989

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Retour sur un attentat antiféministe : École polytechnique de Montréal, 6 décembre 1989 est le premier titre de la collection Observatoire de l’antiféminisme diri-gée par Francis Dupuis-Déri.L’Observatoire de l’antiféminisme est rattaché à l’Institut de recherches et d’études féministes de l’Université du Québec à Montréal.

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RETOUR SUR UN ATTENTAT ANTIFÉMINISTE

École Polytechnique de Montréal, 6 décembre 1989

Observatoire de l’antiféminisme

les éditions du remue-ménage

Sous la direction deMélissa Blais, Francis Dupuis-Déri,

Lyne Kurtzman et Dominique Payette

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Couverture : Annick DésormeauxPhoto : Denis Courville/La PresseInfographie : Claude Bergeron

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Vedette principale au titre : Retour sur un attentat antiféministe : École polytechnique de Montréal, 6 décembre 1989 (Collection Observatoire de l’antiféminisme) Comprend des réf. bibliogr. ISBN 978-2-89091-311-0 1. École polytechnique (Montréal, Québec) – Tuerie, 1989. 2. Violence envers les femmes – Québec (Province) – Montréal. 3. Meurtre multiple – Québec (Province) – Montréal. I. Blais, Mélissa, 1978- .

© Les Éditions du remue-ménageDépôt légal : quatrième trimestre 2010Bibliothèque et Archives CanadaBibliothèque et Archives nationales du Québec

Les Éditions du remue-ménage110, rue Sainte-Thérèse, bureau 501Montréal (Québec) H2Y 1E6Tél. : 514 876-0097/Téléc. : 514 876-7951info@editions-remuemenage.qc.cawww.editions-remuemenage.qc.ca

Distribution en librairie (Québec et Canada) : Diffusion DimediaEurope : La Librairie du Québec à Paris/DNMAilleurs à l’étranger : Exportlivre

Les Éditions du remue-ménage bénéfi cient du soutien de la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) pour leur programme d’édition et du soutien du Conseil des arts et des lettres du Québec. Nous remercions le Conseil des Arts du Canada de l’aide accordée à notre programme de publication. Nous reconnais-sons l’aide fi nancière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.

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Table des matières

La violence contre les femmes et les féministes : Se souvenir pour agir

Mélissa Blais, Francis Dupuis-Déri, Lyne Kurtzman et Dominique Payette ...................................................................... 9

Cent ans d’antiféminismeMicheline Dumont .......................................................................... 19

Les mots qui sauventFlorence Montreynaud .................................................................... 31

Le Canada a changé pour toujoursJudy Rebick ...................................................................................... 39

Polytechnique : des réactions offi cielles entre commémoration et banalisation

Diane Lamoureux ............................................................................ 45

Polytechnique : le point de bascule dans l’histoire contemporaine du Québec

Francine Pelletier ............................................................................ 57

La mésinterprétation médiatique de l’acte terroriste antiféministe et ses conséquences sur le mouvement des femmes au Québec

Dominique Payette .......................................................................... 63

L’attentat contre les femmes de l’École Polytechnique de Montréal : les discours masculinistes de culpabilisation des féministes

Francis Dupuis-Déri ....................................................................... 71

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Misogynie et meurtres de masse : tendances sociales avant et après le drame de Polytechnique

Yanick Dulong et Richard Poulin ................................................... 89

Négocier la représentation de la tuerie du 6 décembre 1989 : une analyse du fi lm Polytechnique

Mélissa Blais ................................................................................... 101

Caméras témoins : trois documentaires sur la tuerie de Polytechnique

Julianne Pidduck ............................................................................. 109

Pur chaos du désir : art et tragédieGilbert Turp ..................................................................................... 123

Les Guerrilla Girls : Troubler le repos / Disturbing the PeaceMélanie Boucher ............................................................................. 127

20 ans à se souvenir, 20 ans à agir : la participation des groupes de femmes au colloque sur la tuerie de Polytechnique

Sandrine Ricci ................................................................................. 135

Notes biographiques ............................................................................. 165

Remerciements ..................................................................................... 173

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La violence contre les femmes et les féministesSe souvenir pour agir

Mélissa Blais, Francis Dupuis-Déri, Lyne Kurtzman et Dominique Payette

Membres du comité organisateur du colloque La tuerie de l’École Polytechnique 20 ans plus tard

Vingt ans jour pour jour après l’attentat contre les femmes de l’École Polytechnique de Montréal, soit le dimanche 6 décembre 2009, plus de 1 000 personnes ont répondu à l’appel de la Fédération des femmes du Québec (FFQ) et se sont rassemblées place Émilie-Gamelin, au centre-ville de Montréal. Par un froid glacial, la foule a écouté dans un silence recueilli plusieurs allocutions de représentantes de groupes de femmes, dont Ellen Gabriel de Femmes Autochtones du Québec, et quelques hommes invités par la FFQ, qui toutes et tous ont dé-noncé les violences masculines contre les femmes. Dans la foule, des femmes et des hommes anonymes, quelques personnalités politiques, un groupe de lesbiennes portant fi èrement des bannières multico-lores pour rappeler que les violences masculines les ciblent aussi. Les militantes de la FFQ avaient accroché aux arbres entourant la place de grands rubans blancs, symboles de la lutte contre les vio-lences envers les femmes. Le rassemblement s’est terminé par une chaîne humaine.

Quelques centaines de personnes se sont ensuite engouffrées dans l’UQAM pour assister au concert Bleu silence qui mettait en scène le duo piano-fl ûte Lambert-Chan, l’auteure-compositeure interprète Sylvie Tremblay et la dramaturge Pol Pelletier, qui reprenait des ex-traits d’une pièce qu’elle avait créée en souvenir du massacre du 6 dé-cembre 1989. Le concert était présenté par le Centre de musique

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Retour sur un attentat antiféministe

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canadienne au Québec et Maestra, organisme qui fait la promotion de la création musicale des femmes. Le spectacle s’est terminé en fi n d’après-midi, soit quelques minutes avant qu’un homme entre, 20 ans plus tôt, à l’École Polytechnique de Montréal armé d’un fusil semi-automatique, déclare haïr les féministes et assassine Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault, Annie Turcotte et Barbara Klucznik Widajewicz.

Voilà qui marquait la fi n des événements commémoratifs Se sou-venir pour agir, projet lancé deux ans plus tôt lors de la planifi cation d’un colloque international intitulé La tuerie de l’École Polytechnique 20 ans plus tard : Les violences masculines contre les femmes et les fémi nistes, à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) du 4 au 6 décembre 2009. La composition du comité de coordination de l’ensemble de la campagne Se souvenir pour agir était caractérisée par une grande diversité : s’y retrouvaient l’Institut de recherches et d’études fémi-nistes et le Service aux collectivités, les deux instances responsables du colloque, la Galerie de l’UQAM, le collectif Muséografi k, la Fédé-ration des femmes du Québec, le Centre de musique canadienne au Québec et Maestra.

Le comité organisateur du colloque s’était donné pour objectif d’encourager la solidarité féministe par la création d’un espace de réfl exion et de mobilisation ouvert à des formes d’expression variées, soit des conférences et des ateliers, des témoignages, des projections de fi lms, des expositions thématiques et d’art visuel, du théâtre et de la musique, et en provoquant des rencontres entre universitaires, mi-litantes, artistes, intervenants et intervenantes auprès des femmes, provenant autant du Québec et du Canada que de l’Australie, de la Belgique, de la France et de l’Italie. Le colloque a rassemblé environ 400 personnes, réunies pour réfl échir à la signifi cation de la tuerie du 6 décembre 1989 et à ses représentations, et plus largement aux phé-nomènes de l’antiféminisme et des violences masculines contre les femmes. Les textes de cet ouvrage reprennent, parmi la cinquantaine de communications et d’ateliers, plusieurs des interventions présen-tées à ce colloque, et le DVD qui l’accompagne présente les différents éléments de mobilisation de la campagne Se souvenir pour agir.

Les couloirs de l’UQAM accueillaient pour l’occasion des groupes de femmes et divers organismes qui y présentaient leur documen-tation : on y trouvait le Conseil du statut de la femme, l’Association

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La violence contre les femmes et les féministes

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des femmes iraniennes de Montréal, la Fédération des femmes du Québec, le Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS), la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES), le Groupe d’aide et d’information sur le harcèlement sexuel au travail de la province de Québec (GAIHST), S.O.S. Violence conjugale, la Coalition pour le contrôle des armes à feu, la revue québécoise Recherches féministes et le journal d’un collectif féministe radical des États-Unis, Rain and Thunder. Les activités de la campagne Se souvenir pour agir ont débuté au mois de novembre, par l’affi chage dans les rues de la ville de cen-taines de reproductions d’une œuvre inédite des Guerrilla Girls : Troubler le repos/Disturbing the Peace. Réalisée spécifi quement pour l’occasion, cette création représente un mur de brique couvert de graffi tis qui sont des commentaires misogynes d’hommes célèbres, ainsi que des extraits de la lettre du tueur du 6 décembre 1989 (voir le texte de Mélanie Boucher). La Galerie de l’UQAM proposait aussi une rétrospective du travail des Guerrilla Girls. À la soirée d’ouverture du colloque, le vernissage, auquel ont assisté plus de 1 000 personnes, accueillait deux artistes du collectif, qui portaient, comme c’est leur habitude, un masque de gorille1.

Le lendemain soir, une centaine de personnes ont assisté au lan-cement du livre « J’haïs les féministes ! » : Le 6 décembre 1989 et ses suites, de Mélissa Blais, qui analyse les débats médiatiques entourant la s ignifi cation de cet événement depuis 20 ans. Liée au colloque, l’ex-position thématique Parler ou se taire, mise sur pied par le collectif Muséografi k, offrait par ailleurs l’occasion d’un arrêt sur images de la tempête médiatique ayant suivi les événements du 6 décembre 1989 : trois projecteurs diffusaient en boucle des archives du journal La Presse et de la télévision de Radio-Canada, proposant un retour dans l’histoire, sur les lieux mêmes de l’attentat.

La diversité et le dynamisme des forces mobilisées pour organi-ser les événements Se souvenir pour agir ont permis de réaliser – sans doute – une des plus importantes campagnes de commémoration de la tuerie du 6 décembre 1989. En parallèle, l’Université de Montréal proposait une exposition thématique, tandis que la Maison de la culture de Côte-des-Neiges présentait l’exposition Un cri un chant des

1. Mélanie Boucher (dir.), Guerrilla Girls : Troubler le repos/Disturbing the Peace, M ontréal, Galerie de l’UQAM, 2010.

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Retour sur un attentat antiféministe

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voix, de l’artiste Diane Trépanière. Un concert-bénéfi ce pour la Coa-lition pour le contrôle des armes à feu a également eu lieu à l’église Notre-Dame-de-la-Paix de Verdun, tandis que divers rassemblements se déroulaient dans d’autres villes ailleurs au Canada et à Paris.

Discours et rapports de force politiqueDepuis maintenant 20 ans, nombreuses sont les expressions de ce de-voir de mémoire : rassemblements annuels à la Place du 6 décembre, près de l’Université de Montréal, depuis son inauguration en 1999, port du ruban blanc, spectacles, conférences2, etc. Toutefois, à la diffé-rence de ces commémorations, le comité organisateur de Se souvenir pour agir voulait mettre l’accent sur une des caractéristiques fonda-mentales de cette tuerie : les intentions antiféministes du tueur. Tout en se situant dans la foulée des mobilisations féministes contre les violences faites aux femmes, les différents textes de cet ouvrage té-moignent ainsi de la volonté affi rmée de positionner le débat sur cette particularité, soit que le tueur a signifi é à plusieurs reprises que son geste était avant tout un geste politique qui ciblait les féministes.

En effet, l’interprétation de l’attentat du 6 décembre 1989 est un véritable objet de lutte politique depuis 20 ans au Québec. Alors que le tueur a déclaré vouloir « envoyer Ad Patres les féministes » qui lui auraient « toujours gaché la vie », des débats d’interprétation se sont engagés dès les premiers instants suivant la tragédie. Si les fémi-nistes y ont tout de suite vu un geste de nature politique, misogyne et antiféministe, d’autres discours ont eu pour effet de neutraliser cette analyse féministe, ou même de la renverser (voir le texte de Diane Lamoureux3). Certains journalistes, psychologues, politiciens, hommes d’Église et intellectuels exigeaient que silence soit fait par respect pour les victimes et leurs proches, d’autres cherchaient à ré-

2. Un colloque avait eu lieu à l’UQAM pour souligner le dixième anniversaire du 6 décembre 1989. Intitulé Comprendre pour agir, et organisé conjointement par la Société de philosophie du Québec et la Fondation des victimes du 6 décembre, toutes les présentations portaient sur la violence, mais n’abordaient pas nécessai-rement les violences masculines contre les femmes. Paul Dumouchel (dir.), Vio-lences, victimes et vengeances : Comprendre pour agir, Sainte-Foy/Paris, Les Presses de l’Université Laval/L’Harmattan, 2000.

3. Voir aussi Mélissa Blais, « J’haïs les féministes ! » : Le 6 décembre 1989 et ses suites, Montréal, Remue-ménage, 2009.

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La violence contre les femmes et les féministes

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duire l’événement à la folie d’un individu isolé et par le fait même à enlever toute signifi cation sociale et politique à son geste. On can-tonnait l’événement à une question de sécurité publique (mode d’in-tervention de la police), au contrôle des armes à feu, à la violence en général (à la télévision, dans la rue, etc.), ou on amalgamait cet évé-nement aux autres tueries de masse dans les écoles ou ailleurs (mal-gré qu’il soit possible de le faire dans une perspective féministe, comme nous le démontrent Yanick Dulong et Richard Poulin dans leur texte). Certains n’ont pas hésité à faire porter la responsabilité de la tuerie aux féministes elles-mêmes, prétendant qu’en boulever-sant les rapports entre les sexes, elles auraient provoqué une crise de la masculinité, d’où le désarroi du tueur (voir le texte de Francis D upuis-Déri).

La place et la crédibilité de tel ou tel discours interprétatif dans les médias et dans l’espace public sont infl uencées, évidemment, par les débats au sein du mouvement féministe, mais surtout par les rap-ports de force entre le mouvement féministe et les forces adverses plus ou moins déclarées. Ainsi, comme nous l’avons souligné, les fé-ministes ont tenu à organiser des cérémonies commémoratives chaque année, pour rappeler la lecture qu’elles font de ce drame historique qui a tant marqué la société québécoise. Des prises de position pu-bliques se sont également inscrites dans des livres (voir l’ouvrage collectif Polytechnique : 6 décembre, dirigé par Louise Malette et Marie Chalouh, publié aux éditions du Remue-ménage en 1990), des lettres aux journaux, des fi lms documentaires ou de fi ction (voir le texte de Julianne Pidduck), des romans, poèmes et pièces de théâtre (voir le texte de Gilbert Turp). Grâce à ces mobilisations féministes, les dis-cours qui composent la mémoire collective du 6 décembre se réarti-culent dans le temps, de sorte que si, 20 ans plus tard, les journaux à grand tirage parlent encore de l’auteur de l’attentat comme d’un « fou » (discours dominant dans les années 1990), suggérant par là que les féministes sont dans l’erreur, on lui accole maintenant presque systématiquement l’étiquette de « misogyne ». Conclusion : au fi l du temps, les féministes et leurs alliés ont réussi à modifi er un tant soit peu les interprétations de l’attentat4. De « fou » à misogyne, la per-ception du tueur – à tout le moins de son intention meurtrière – s’est

4. Voir par exemple l’article d’Odile Tremblay, « Œuvre maîtrisée d’un grand fu-nambule », Le Devoir, 3 février 2009, p. B8.

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Retour sur un attentat antiféministe

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modifi ée dans une société québécoise qui, par ailleurs, refuse tou-jours de se voir comme sexiste et sur laquelle règnent encore bon nombre de misogynes... Cela dit, force est de constater qu’il reste un énorme pas à franchir (ou plusieurs commémorations à organiser) avant que ne soit largement véhiculée l’interprétation féministe vou-lant que le tueur était au moins aussi antiféministe que misogyne et que son geste s’inscrit dans un continuum d’actions antiféministes qui ne sont pas sans impacts sur le mouvement des femmes et sur ses militantes.

Toujours au sujet du rapport de force entre le mouvement fémi-niste et l’antiféminisme, il importe de mentionner que ce dernier s’adapte aux percées des féministes dans la mémoire collective. Par exemple, il arrive parfois que le « tueur-fou-misogyne » soit présenté comme le seul misogyne québécois, un peu comme le dernier des di-nosaures ; par conséquent, les féministes auraient tort de parler d’iné-galité entre les hommes et les femmes, puisque la dernière « bête » d’une espèce en voie d’extinction s’est éteinte5. De plus, à la fi n des années 2000, apparaît dans les médias de masse un procédé de négo-ciation entre le discours féministe et celui du mouvement masculi-niste, qui porte l’idée que les hommes au Québec souffrent d’une crise d’identité en raison de la prétendue domination sur la société des femmes en général et des féministes en particulier6. Cette négo-ciation est notamment à l’œuvre dans les réactions au fi lm Polytech-nique, lancé en février 2009, et qui montrait à la fois que le geste du tueur visait explicitement les femmes, mais atteignait les hommes, qui seraient victimes de cet attentat antiféministe (voir le texte de Mélissa Blais).

Le mouvement masculiniste discute régulièrement du 6 dé-cembre 1989, au point où un site Internet a été mis en ligne en l’hon-neur du tueur, demandant s’il faut le considérer comme un « martyr ou un héros populaire ». Dans les jours précédant le colloque, le ré-dacteur du site a été interpellé par la police, et il a été accusé de me-naces de mort contre des femmes. Cette affaire a reçu une certaine

5. Voir par exemple l’article de Marie-Claude Lortie, « Souvenirs d’un cauchemar », La Presse, 6 février 2009, p. A10.

6. Mélissa Blais et Francis Dupuis-Déri (dir.), Le mouvement masculiniste au Québec : L’antiféminisme démasqué, Montréal, Remue-ménage, 2008.

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La violence contre les femmes et les féministes

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couverture médiatique7. Il semble que plusieurs femmes aient porté plainte à la police au sujet de ce site, mais aussi le groupe masculi-niste L’Après-rupture, qui a ainsi voulu se donner une image plus respectable. Par ailleurs, des masculinistes ont réagi de diverses fa-çons aux événements Se souvenir pour agir : un antiféministe notoire s’est présenté au rassemblement de la FFQ pour y prendre des pho-tos de féministes ; des étudiants en arts de l’UQAM ont créé (en réac-tion à l’exposition des Guerrilla Girls) les Buffalo Boys, un collectif anonyme qui a collé sur les murs de l’université des affi ches expri-mant leur frustration du fait que les femmes étaient majoritaires dans l’exposition annuelle des étudiantes et des étudiants en arts8 ; le site Internet Homme d’aujourd’hui a publié un texte au titre évocateur, « Colloque international sur la Tuerie de Polytechnique 20 ans après ou comment on persiste à répandre la misandrie », alors que le groupe L’Après-rupture écrivait le 5 décembre 2009, à propos de la parti cipation du Conseil du statut de la femme au colloque, « que la dictature féministe étatique est aux aguets », et que le tueur de l’École Polytechnique est « un monstre créé par le mouvement féministe ra-dical, monstre que ce mouvement a récupéré pour mieux s’enrichir avec l’argent des citoyens9 ».

Malgré ces réactions antiféministes, rappelons que les mobilisa-tions féministes – dont, nous l’espérons, la campagne Se souvenir pour agir – ont, depuis 20 ans, contribué à construire la mémoire collective du 6 décembre 1989 et à assigner à l’événement une signifi cation po-litique. Néanmoins, cela ne veut pas dire que toutes les féministes s’accordent sur la signifi cation de la tuerie du 6 décembre 1989, ce qui peut provoquer des débats d’interprétation fort enrichissants pour la recherche et l’action.

Attentat terroriste antiféministe ou violence contre les femmes ?Le mouvement des femmes au Québec a toujours considéré que l’attaque du 6 décembre 1989 s’inscrivait dans la problématique plus

7. Barbara Debays, « Tragédie de Polytechnique : Marc Lépine, un tueur transformé en héros », site de Radio-Canada, 30 novembre 2009, http://www.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2009/11/27/001-polytech-lepine-masculinistes.shtml.

8. Marie-Josette Tchoum, « Guérilla Girls vs Buffalo boys », Journal (I) média, 10 dé-cembre 2009, http://www.journalimedia.uqam.ca/guerilla-girls-vs-buffalo-boys/.

9. http://www.lapresrupture.qc.ca/ArchivesLettresOuvertes.html#fraudesfeministes.

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Retour sur un attentat antiféministe

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générale des violences masculines contre les femmes. Le geste du tueur de l’École Polytechnique et celui du conjoint ou de l’ex-conjoint qui frappe « sa » femme dans l’intimité participent du même conti-nuum de la violence masculine contre les femmes et répondent à la même logique patriarcale : remettre les femmes à leur place, les dis-cipliner ou les punir de ne pas obéir aux hommes, de ne pas s’en constituer les auxiliaires. Il s’agit d’une violence sexiste et misogyne, car « cette violence frappe les femmes parce qu’elles sont des femmes », comme l’expliquaient les participantes de Femmes du monde, dans le cadre de l’exposition de Diane Trépanière, Un cri un chant des voix. C’est aussi ce qu’affi rmaient des femmes descendues dans les rues de Montréal, quelques jours après l’attaque de l’École Polytechnique, en portant des bannières frappées de ces mots : « Sexisme, harcèle-ment, meurtre, violence physique et psychologie, inceste, viol, porno-graphie – tous les jours10 ».

Vingt ans plus tard, plusieurs participantes au colloque ont lancé le débat, proposant de distinguer les violences ordinaires et quoti-diennes contre les femmes et la tuerie du 6 décembre 1989, qui était certes une attaque contre les femmes, mais qui visait surtout et avant tout les féministes (voir les textes de Micheline Dumont et de Francine Pelletier). Cherchant à bien saisir le sens de l’attaque du 6 décembre, des participantes ont démontré que la tuerie de l’École Polytech-nique était sans conteste un « attentat terroriste » contre des femmes qui représentaient des avancées du mouvement féministe, en tant que futures ingénieures.

Est-ce le recul historique qui permet de nommer ainsi l’innom-mable ? Ou le contexte politique post-11 septembre 2001, si marqué par le terrorisme ? Cela dit, depuis quelques années, des analyses de la violence conjugale ont aussi utilisé le terme « terrorisme » pour dé-signer les violences masculines contre les femmes. Marie-Claire C ardinal parle de « terrorisme amoureux11 », Catharine MacKinnon de « terrorisme contre les femmes12 », Rhonda Hammer de « terro-

10. Tel que documenté dans l’exposition Un cri un chant des voix.11. Marie-Claire Cardinal, Le terrorisme amoureux : Quand l’amour tue, Bruxelles, édi-

tions de l’Arbre, 2010. Voir la présentation du livre par l’auteure, http://www.fi ligranes.tv/tv/2009/10/marieclaire-cardinal.

12. Catharine A. MacKinnon, « State of emergency », dans Susan Hawthorne et Bronwyn Winter (dir.), After Shock : September 11, 2001 – Global Feminist Perspec-tives, Vancouver, Raincoast Books, 2003, p. 467 et p. 472, note 3.

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La violence contre les femmes et les féministes

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risme familial13 » et Carole J. Sheffi eld de « terrorisme sexuel14 ». Elles identifi ent, par cette expression, un répertoire d’attaques masculines contre les femmes, soit « le viol, les violences contre les conjointes, l’inceste, la pornographie, le harcèlement, et toutes les formes de vio-lence sexuelle15 », y compris l’exhibitionnisme, le siffl ement dans la rue, les coups de téléphone obscènes. Ces attaques ciblent les femmes parce qu’elles sont des femmes, et peuvent survenir en tout temps. Ces violences plus ou moins diffuses et la menace constante de vio-lence ont pour effet de terroriser les femmes qui sont cons cientes d’être potentiellement toujours en danger. De ce fait, elles modifi ent leurs comportements, évitant tel emploi, ou tel lieu de résidence, telle destination de voyage ou telle heure de sortie dans leur quartier.

Ces violences peuvent être meurtrières. Au Canada, les données statistiques indiquent clairement, année après année, que les femmes plus que les hommes sont victimes de violence conjugale. En 2008, 45 femmes et 17 hommes ont perdu la vie en contexte de violence conjugale, soit presque trois fois plus de femmes que d’hommes16. Certaines années, l’écart est encore plus marqué. En 2004 au Québec, sur 23 homicides conjugaux, 22 ont été perpétrés par des hommes et un seul par une femme17. Entre 1975 et 2004, il y a eu en moyenne annuellement cinq fois plus de femmes que d’hommes qui ont perdu la vie en contexte de violence conjugale18. Qu’une vingtaine de femmes soient tuées par des hommes au Québec chaque année ne semble pas suffi sant pour dire clairement qu’il s’agit d’une violence masculine sexiste et misogyne ; parlerait-on de « faits divers » si une vingtaine de Juifs ou d’Afro-Canadiens étaient tués au Québec, chaque année, en raison de leur identité ?

13. Rhonda Hammer, Antifeminism and Family Terrorism : A Critical Feminist Perspec-tive, Lanham (Maryland), Rowman and Littlefi eld, 2002.

14. Carole J. Sheffi eld, « Sexual terrorism », dans L.L. O’Toole, J.R. Schiffman et M.L. Kiter Edwards (dir.), Gender Violence : Interdisciplinary Perspectives, New York, New York University Press, 2007 (2e éd.), p. 111-130.

15. Ibid., p. 111. Notre traduction.16. Institut national de santé publique du Québec, http://www.inspq.qc.ca/violence

conjugale/statistiques/statshomicide.asp?id=32.17. Christine Drouin, « Élaboration d’un guide d’intervention préventive de l’homi-

cide conjugal en maison d’hébergement », dans Suzanne Arcand et coll. (dir.), Vio-lences faites aux femmes, Québec, PUQ, 2008, p. 475.

18. Institut national de santé publique du Québec, op. cit.

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Retour sur un attentat antiféministe

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Cela dit, ces violences meurtrières dans un contexte conjugal (ou de rupture) sont le fait d’hommes que leur victime connaît bien. Le 6 décembre 1989, le tueur ne connaissait pas ses victimes ; il les a choisies parce qu’elles représentaient des femmes s’aventurant en territoire masculin (voir le texte de Dominique Payette). L’événement peut alors être saisi comme un attentat terroriste antiféministe, à la fois dans sa forme, son intention et ses effets sur les féministes : identifi -cation aux victimes, peur, culpabilisation, etc. La thèse de l’attaque terroriste est d’ailleurs confi rmée par les images des médias proje-tées dans l’exposition de Muséografi k, qui offrent des scènes qui res-semblent à celles diffusées après des explosions en Irak, en I sraël ou ailleurs : chaos, évacuation des victimes, course des ambulanciers, fébrilité des équipes de télévision, discours vide des jour nalistes et affolement des reporters d’émissions spéciales, choc et traumatisme inscrits dans le corps et les visages des passants. Bien plus que les bombes du Front de libération du Québec, la tuerie du 6 décembre 1989 est non seulement l’attentat terroriste le plus meurtrier, mais aussi le seul cas connu d’attentat kamikaze perpétré au Québec. C’est notamment ce dont les féministes ont discuté lors du colloque, et c’est peut-être ce dont la société québécoise prendra peu à peu cons-cience au cours des prochaines années.

Par souci de cohérence éditoriale, nous avons retenu pour consti-tuer cet ouvrage collectif les analyses qui portent précisément sur la tuerie, dont son impact sur les féministes au Canada (voir le texte de Judy Rebick) et en France (voir le texte de Florence Montreynaud), réservant les textes d’analyse sur les violences contre les femmes en général pour un dossier spécial qui paraîtra dans Les ateliers de l’éthi-que, la revue du Centre de recherche en éthique de l’Université de Montréal (un des partenaires du colloque). Le colloque a également été l’occasion pour des dizaines d’intervenantes de groupes de femmes d’animer des ateliers où elles ont présenté leurs réfl exions sur les violences contre les femmes, ainsi que leurs méthodes d’interven-tion. Afi n de bien représenter un des objectifs du colloque, soit celui du décloisonnement des savoirs, nous avons inclus une synthèse des présentations de certains des groupes de femmes présents (voir le texte de Sandrine Ricci). Dans tous les cas, il s’agit de s’inspirer de la mémoire de cette tuerie pour agir contre toutes les formes de vio-lences masculines contre les femmes et les féministes.

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Cent ans d’antiféminisme

Micheline Dumont

Le 2 décembre 2004, je participais à une brève cérémonie organisée par l’AFEAS1 de Sherbrooke, sur la place centrale d’un centre com-mercial, en commémoration de la tuerie de Polytechnique. La cé-rémonie se nommait Tendre la main et mon intervention s’intitulait « Appel aux hommes ». Elle se terminait par ces mots :

Aujourd’hui, je voudrais inviter les hommes et surtout les jeunes hommes, à ouvrir leur cœur devant le drame permanent de la violence faite aux femmes, de la folie des armes, de la haine en-vers celles qui, justement, veulent changer le monde. Et nous souhaitons que la colère des hommes gronde pour protester contre le recours habituel à la violence de certains hommes, de-puis que les femmes ont tenté d’ébranler l’édifi ce patriarcal. Le silence des hommes inquiète. Ne soyez pas complices de cette violence en vous taisant. Ce ne sont pas celles qui dénoncent la violence qui sont à craindre : ce sont ceux qui refusent, par le meurtre ou les blessures, que leurs compagnes, leurs épouses, leurs amantes, leurs amies échappent à une domination millé-naire. Les femmes ont besoin de l’appui des hommes pour vaincre la violence2.

Un homme présent a commenté à voix haute : « Si les femmes se fermaient la trappe, il y en aurait moins de violence. »

1. Association féminine d’éducation et d’action sociale.2. Micheline Dumont, « Appel aux hommes », 2004. Texte inédit.

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Remerciements

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Des mercis particuliers à Stéphanie Mayer, à Lucille Panet- Raymond et à toutes les bénévoles qui ont donné de leur temps lors du colloque, de même qu’aux marraines, aux commanditaires (no-tamment l’UQAM et le Gouvernement du Québec) et aux contri-butrices individuelles qui ont rendu possible la réalisation de ces événements commémoratifs, ainsi qu’à Thomas Déri pour la révision linguistique de ce manuscrit.

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