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Extrait de la publication… · gnée d'une dénonciation virulente de la Révolution ... Mais l'animation ... voir qui des deux sera le plus solide'latête du peuple, ou le Mur de

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Spécialiste de la Chine contemporaine,Victor Sidane

a longtemps vécu à Pékin.Il y a recueilli

les matériaux inédits présentés danscet ouvrage.

Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptationréservés pour tous les pays.

Editions Gallimard/Julliard, 1980.

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« Notre drapeau est le drapeau de la libertéNotre devise: la liberté ou la mort.»

Enquêtes re 5.

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Avant-propos

Wei Jingsheng, Fu Yuehua, Ren Wanding, Chen Lü,Liu Qing, des noms que presque tout le monde ignore.Qui sont-ils? Les principaux animateurs du Printempsde Pékin, actuellement sous les verrous pour avoirréclamé les libertés démocratiques et le respect desdroits de l'homme. Les divers groupes de dissidentssoviétiques ou tchèques commencent à faire entendreleur voix en Occident; ceux de l'immense Chine restentméconnus. Pourtant, ceux-ci comme ceux-là nousparlent de nous. Doit-on continuer à refuser d'écouterleur appel sous prétexte qu'on ne saurait bien compren-dre ce pays énigmatique et sa culture indéchiffrable?

La contestation, en Chine, est récurrente. Elledénonce périodiquement les lacunes et les tares durégime.

Le mouvement des Cent fleurs, en 1957, réclamaitl'abolition de toutes les contraintes idéologiques etpolitiques que faisait peser le parti communiste sur lapopulation. Animé principalement par des intellec-tuels, ce mouvementfut impitoyablement réprimé. Sesparticipants furent marqués d'infamie et déportés enmasse. La plupart ne s'en sont jamais relevés et sontrestés prisonniers de l'étau dans lequel le pouvoir lesavait tenaillés. Libérés au bout de vingt ans, ils ontperdu toute velléité de critique et d'hétérodoxie.

Les gardes rouges des débuts de la Révolutionculturelle (1966) s'en prirent sans ménagement à tousles appareils bureaucratiques et dénoncèrent la corrup-tion des élites dirigeantes. Mais ils étaient d'abord uninstrument entre les mains de la fraction maoïste duParti qui ne les encourageait à se révolter que pourmieux liquider le « quartier général de la bourgeoi-sie ».

111 Avant-propos Extrait de la publication

Quand cette gigantesque lutte pour le pouvoir pritfin, les gardes rouges furent remis au pas et durementchâtiés par ceux-là mêmes qui les avaient incités à serebeller

Les journées d'avril 1976, désignées à l'époquecomme les « incidents contre-révolutionnaires de la

place Tian'anmen », donnèrent naissance à un mouve-ment de jeunes, le mouvement du 5 avril. Profitant dela fête des morts pour rendre hommage à Zhou Enlai,décédé quelques mois plus tôt, de nombreux manifes-tants dénoncèrent la tyrannie de Mao Zedong et de laBande des quatre (Wang Hongwen, Zhang Chunqiao,Jiang Qing épouse de Mao et Yao Wenyuan). Desheurts violents les opposèrent aux milices populaireset les derniers rassemblements finirent dans un bain desang. Deng Xiaoping fut destitué et des milliers dejeunes emprisonnés et torturés 2.

Moins de trois ans après, c'est l'apparition d'unnouveau mouvement de jeunes qui rejettent le maoïsmeet exigent les libertés démocratiquesfondamentales etle respect des droits de l'homme. Ce mouvement decontestation, le Printemps de Pékin par allusion auPrintemps de Prague a duré une année, de novembre1978 à novembre 1979. Pour la première fois, l'opposi-tion s'est dotée de structures autonomes formation degroupes, d'associations et de revues, en marge dusystème officiel. Jamais la contestation ne s'étaitexprimée aussi franchement depuis trente ans et lesinformations et les analyses qu'elle nous a livrées ontenfin permis d'éclairer quelques pans de la sociétéchinoise, parmi les plus obscurs, comme l'universcarcéral ou les rapports difficiles entre le peuple et labureaucratie au niveau local.

Les aspirations populaires, manifestées surtout parla jeunesse, nous ont surpris, nous Occidentaux, parleur convergence avec nos propres préoccupations. LesChinois seraient-ils si proches de nous? Oui et non.Non, car ils vivent dans un des pays les plus pauvres dumonde où les conditions sociales, politiques et cultu-relles sont radicalement différentes de celles qui pré-

Ils ne furent remis en liberté qu'après la mort de Mao(9 septembre 1976), la chute de la Bande des quatre (6-8 octobre1976) et le rappel au pouvoir de Deng Xiaoping (juillet 1977).

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valent chez nous. Oui, car dans leur combat contre la

misère et contre les pesanteurs d'une société féodalesocialiste, ils ont redécouvert ces notions fondamen-tales que beaucoup d'intellectuels occidentaux avaientun peu vite abandonnées démocratie, droits del'homme, libertés. Certains trouveront peut-être queces concepts qui resurgissent, en Chine comme enFrance, sont désormais puérils et dépassés, mais noussavons, nous qui les connaissons, combien les jeunesChinois de 1980 sont plus mûrs que les collégiens

fanatisés de laRévolutionculturelle.Leur mouvementen est certes à ses débuts et nul ne sait quand il sortirade la phase d'hibernation où l'a plongé la brutalerépression du pouvoir; ce qui est certain, toutefois,c'est que les idées qu'il a véhiculées referont surface,car elles sont le fruit d'une riche et amère expérience etnon le fait d'un engouement éphémère et passager.

C'est l'histoire de ce mouvement que nous allonstenter ici de retracer en présentant les principauxtextes qu'il a produits et qui révèlent ses diversestendances et ses contradictions.

Ces textes proviennent de deux sources 1) dazi-baos affichés pour l'essentiel au Mur démocratique deXidan, à Pékin, ou dans d'autres villes de province,notamment Shanghai; 2) articles extraits des journauxparallèles qu'ont édités les organisations de jeunescontestataires. La plupart des dazibaos ont été reco-piés ou photographiés par nous et sont inédits. Lestextes de journaux ont été choisis sur l'ensemble de lapresse parallèle pékinoise. Un certain nombre de cesmatériaux ont été repris en chinois dans des revues deHong Kong et quelques-uns ont déjà été publiés dansla presse française. Lorsque aucune référence n'estindiquée, les documents qui figurent dans ce volumeont été traduits par nos soins et sont présentés pour lapremière fois au public français

Au moment où nous mettons sous presse, nous apprenons laparution prochaine d'un autre ouvrage consacré au Printemps dePékin Un bol de nids d'hirondelles ne fait pas le Printemps dePékin, Paris, Ed. C. Bourgois.

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La contestation

en Chine

Si le combat des dissidents soviétiques contre leurpropre oligarchie et la campagne de l'administrationCarter en faveur des droits de l'homme ne sont pasétrangers à la naissance du mouvement démocratiqueen Chine et surtout à la forme qu'il a prise dès le moisde janvier, c'est essentiellement la politique intérieurechinoise qui a déterminé son apparition. En effet, cesont les crises politiques internes du régime quinourrissent la contestation; celle-ci dépend toujoursétroitement des occasions que lui offre la division dupouvoir central.

Le Printemps de Pékin n'a pas échappé à ce schéma.Il est né à la mi-novembre, alors que se tenait à Pékinune importante conférence de travail, destinée àpréparer la III'session plénière du Comité central issudu XI' congrès. Cette conférence, commencée le9 novembre, s'est prolongée jusqu'au4 décembre: elledevait initialement durer trois jours! Les conflits ausein de la direction n'étaient plus un secret pourpersonne, les divergences les plus graves portant sur ladémaoïsation et sur l'appréciation qui devait être faitede la Révolution culturelle.

On peut distinguer, grosso modo, deux clans au seinde la direction chinoise les « intégristesou « incondi-tionnels(du maoïsme) qui préconisent Quelles quesoient les décisions qu'a prises le président Mao, nousdevons les soutenir; quels que soient les enseignementsqu'il nous a légués, nous les respecterons rigoureuse-ment et les « réalistesou « pragmatistes » quiprennent le contre-pied de la politique suivie par laChine au cours des dix dernières années et veulent enrevenir à la tendance du début des années soixante.

Si le Printemps de Pékin a été largement inspiré et

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encouragé à ses débuts par les « réalistes » et leur chefde file, Deng Xiaoping, il a échappé très vite aucontrôle de ses initiateurs et s'est développé de façonindépendante. L'ampleur du mouvement et l'audace deses revendications ont fini par apeurer ceux-là mêmequi l'avaient suscité.

Dès le début de 1979, on pouvait distinguer dans lemouvement trois thèmes majeurs, qui sont restés, à desdegrés divers, permanents jusqu'à la fin de l'année:l)critique de Mao et des intégristes et remise en causedu bien-fondé de la Révolution culturelle; 2) revendi-cation des libertés démocratiques et des droits del'homme; 3) plaintes et doléances des différentesvictimes du régime depuis son installation (1949).

C'est la critique de Mao et des intégristes, accompa-gnée d'une dénonciation virulente de la Révolutionculturelle, qui a lancé le mouvement. Dès la mi-novem-bre, apparaissent les premiers dazibaos s'en prenant àMao, jusque-là « dirigeant grandiose » incontesté.Mais, assurément freinées par une partie importantede l'appareil d'Etat, les tentatives d'une réelle démaoï-sation n'ont jamais abouti. De nombreuses victimes dela Révolution culturelle ont cependant été, au fil desjours, réhabilitées Peng Dehuai, Peng Zhen, TaoZhu, Liu Shaoqi, pour ne citer que les plus renommées.

La quête des libertés démocratiques et des droits del'homme fondamentaux ne tarde pas à relayer efficace-ment les condamnations de Mao et de la Révolution

culturelle. Il s'agit d'un approfondissement indiscuta-ble du mouvement, avec l'apparition de discussionsd'ordre plus théorique, inspirées notamment par desréflexions sur la « bureaucratie céleste » de la Chineancienne, mais aussi sur les expériences des démocra-ties occidentales ou sur le socialisme yougoslave. Cesrevendications vont devenir la base du mouvement, surlaquelle vont s'articuler les autres composantes. Lemouvement se définira d'ailleurs « Mouvement pourles libertés démocratiques et les droits de l'homme » etles murs du carrefour de Xidan, où seront affichés laplupart des dazibaos produits par la contestation,deviendront le « Mur démocratique ».

L'afflux à Pékin de toutes sortes de plaignants etpétitionnaires, venus réclamer réparation des torts quileur ont été causés par le régime et des sévices qui leuront été infligés, semblait bien n'avoir aucun rapportavec le mouvement démocratique proprement dit. Lorsdes premières manifestations de rue, début janvier1979, on découvrit toutefois que ces victimes ne secontentaient pas de lancer des slogans contre la faim etl'oppression mais réclamaient aussi les libertés démo-cratiques et le respect des droits de l'homme. Phéno-mène social autonome, donc, mais non sans lien avec

les autres manifestations du Printemps de Pékin. Les« jeunes éduqués », envoyés obligatoirement dans lescampagnes dès la fin du premier ou du deuxième cycledes études secondaires, pour plusieurs années, voirepour toute leur vie, joignent leurs protestations à cellesdes plaignants et se rendent aussi à Pékin, ou dans lesautres grandes villes pour dénoncer leurs conditionsd'existence. Ils en profitent pour militer dans desorganisations démocratiques et établir des contactsavec les jeunes contestataires des villes.

Le Mur

de la démocratie

Le principal support de la revendication démocrati-que en Chine, son symbole, et bientôt son dernierbastion, le Mur de la démocratie, n'est qu'un mur debriques grisâtres, long de deux cents mètres environ. Ilborde l'avenue Chang'an, principale artère de Pékin,entre le carrefour de Xidan et le centre de télécommuni-cations, un peu à l'ouest du centre ville.

Dès la mi-novembre 1978, le mur est presqueentièrement recouvert de feuilles de tous formats et detoutes couleurs. De la feuille de cahier maladroite-ment écrite à la grande affiche élégamment calligra-phiée en passant par les pages polycopiées des revues,la diversité de la forme répond à la variété du contenu.On y trouve aussi bien des textes politiques que despoèmes, des chansons, des nouvelles.

Beaucoup de dazibaos sont précédés d'une inscrip-tion demandant de ne pas les recouvrir avant une

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semaine, quinze jours ou un mois. Car la placemanque deux cents mètres de démocratie, c'est peupour la Chine.

La nuit, quelques dizaines de personnes continuent àlire; le jour, les couches de gens agglutinés devant lesdazibaos récents forment un mur humain beaucoupplus épais que l'autre. Il faut s'infiltrer petit à petit, aufur et à mesure du départ de ceux qui ont fini de lirela foule est très variée mais comprend une majorité dejeunes. Elle frappe par son silence et sa concentrationquasi religieuse. Avec les étrangers, pas d'hostilité,mais on recherche rarement la discussion. Ils peuventphotographier les dazibaos, le problème étant de faireécarter la foule de lecteurs absorbés qui n'ont pasenvie de perdre leur place; toutefois certains les yaident et la mauvaise volonté est rare.

Pendant les quinze derniers jours de novembre 1978,le spectacle était bien différent; le Mur était devenu unvéritable Hyde Park socialiste meetings réunissantplusieurs milliers de personnes, nombreuses discus-sions entre groupes et, pour l'étranger, un flot inhabi-tuel de questions. Ce miracle inouï, un printemps enplein hiver, n'a pas duré longtemps. Mais l'animationne demande qu'à renaître au cours de certainesoccasions meetings, ventes de journaux et nom-breuses expositions sauvages de peintures et de photos.Accrochées à des ficelles tendues entre les arbres quijalonnent le Mur, les œuvres exposées suscitent desdiscussions entre le public et les artistes. Les « chiensau poil bleu » (policiers) mettent également de l'anima-tion quand ils arrêtent quatre membres de l'Alliancepour les droits de l'homme en train d'afficher undazibao ou qu'ils embarquent, sous les huées de lafoule, un « plaignant » qui chantait ses malheurs ens'accompagnant de claquettes de bambou.

Même les arrestations faisaient partie de la vie duMur et tant que celui-ci vivait, il y avait de l'espoir. Ilest mort le 6 décembre 1979, mais comme le disait unlecteurde la revue Fruit d'automne même si on abat le

Mur de la démocratie, ce n'est pas grave; celui qui estdans la tête du peuple a déjà des bases solides. Reste àvoir qui des deux sera le plus solide'la tête du peuple,ou le Mur de la bureaucratie.

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De jeunescitadins

Quels sont les acteurs du mouvement démocratique?Qui sont ces contestataires qui entendent réformer lasociété chinoise? En bonne logique marxiste, on devraits'attendre à trouver parmi eux, comme chez les« droitiers » de 1957, une forte proportion de « nostal-giques du Guomindang », ex-capitalistes et intellec-tuels formés à l'ancienne, ou du moins de leurs enfantsetpetits-enfants. La réalité est tout autre les démocra-tes de 1979 sont toujours jeunes, souvent ouvriers etissus pour la plupart des couches dirigeantes du Parti.

Origine sociale impeccable au pied du Mur deXidan, on côtoie un bon nombre de fils de vice-minis-tres, de directeurs de départements ministériels oud'intellectuels communistes de renom. Qu'est-ce qui adonc décidé ces jeunes à renoncer aux privilèges qui lesattendent? Sans doute le maoïsme. Mao a joué unmauvais tour à ses héritiers ces contestataires trans-

fuges de la classe dirigeante sont un legs de laRévolution culturelle, des.jeunes qui, pour éviter qu'ilsne dégénèrent en « intellectuels puants », ont étéenvoyés dans les campagnes se faire « rééduquer ». Lerésultat est connu le spectacle de la misère paysannea réformé à ce point ces jeunes citadins qu'ils ont perduleurs illusions sur les bienfaits du régime. De retourdans les villes, ils sont allés grossir les rangs de laclasse ouvrière. Quelques années plus tard, ils sonttoujours ouvriers, alors qu'on revalorise désormais lesconnaissances scientifiques et techniques dont ils sontdépourvus. Certains entrent à l'université à la faveurdes examens de « rattrapage » organisés pour cettegénération sacrifiée. Mais tous ont une conscienceaiguë de l'immense gaspillage dont ils ont été lespremières victimes. Quand ils sont fils de cadres, leurnaissance privilégiée leur a permis de bénéficier d'unemeilleure éducation ou, du moins, de la possibilité des'auto-éduquer dans un environnement favorable etleur a facilité l'accès à toutes les sources d'informa-tion, y compris étrangères.

Génération de la Révolution culturelle, ou plutôtdeux demi-générations. On retrouve souvent d'anciens

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gardes rouges à la tête des groupuscules démocrati-ques, mais le gros de la troupe est plus jeune; lespremiers ont la trentaine, les seconds entre vingt etvingt-cinq ans. Dans bien des cas, ces derniers sonttentés d'adopter des positions plus radicales que leursaînés, élevés dans le giron du marxisme. Du socia-lisme, les jeunes qui ont moins de vingt-cinq ans en1979 n'ont connu que les dix années de chaos qui ontmarqué et suivi la Révolution culturelle. Ils sont toutdisposés à une démaoïsation complète et à rejeter, parla même occasion, le communisme lui-même.

Qui le mouvement touche-t-il? La population quiaccueille favorablement les thèmes défendus par lanouvelle contestation est beaucoup plus hétérogène etdiversifiée une majorité, sans aucun doute, parmi lescouches urbaines, du moins pour ce qui est des idées lesmoins audacieuses produites par les acteurs du mouve-ment démocratique. La paysannerie (77 de Chi-nois), comme à l'ordinaire, semble peu concernée. Pourle reste, il est faux d'assurer, comme le fait la pressechinoise officielle, que les idéaux des jeunes réclamantles libertés démocratiques et le respect des droits del'homme se heurtent à l'indifférence, voire à l'hostilitéde la masse. Un sondage, réalisé à Pékin en décembre1978 et publié par la revue procommuniste de HongKong Dongxiang (Tendances) révèle que 76 dePékinois considèrent que les droits constitutionnels nesont pas respectés en Chine et s'en indignent

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Chronologie

I

Naissance

du mouvement

A. Jusqu'aux forums de discussion(15 novembre-29 novembre 1978).

15 novembre La nouvelle municipalité pékinoisedécide de qualifier de totalement révolutionnaires lesémeutes d'avril 1976.

Tous les «droitiers»de 1957 (victimes de larépression des Cent fleurs) perdent leur « étiquette»selon une décision du Comité central rapportée par LeQuotidien du peuple dans un commentaire intitulé:« Toute erreur doit être corrigée. »

16 novembre Première à Pékin d'une virulente piècede théâtre sur les événements de Tian'anmen Le

Grondement du Silence.

18 novembre Hua Guofeng calligraphie le titred'un Recueil de poèmes de Tian'anmen c'est lapremière édition de ces poèmes du5 avril à sortir despresses officielles.

19novembre Apparition au carrefour de Xidan dupremier dazibao mettant en cause nommément Mao.Sans le soutien de Mao, dit en substance le dazibao,jamais les Quatre n'auraient pu destituer Deng Xiao-ping Après les incidents de Tian'anmen, les Quatre

Recueil de poèmes affichés sur la place Tian'anmen lors desjournées d'avril 1976.

Chronologie

utilisèrent les erreurs de jugement de Mao concernantla lutte des classes. Le président Mao avait une penséemétaphysique au couchant de sa vie. C'est pourcette raison et pour d'autres encore qu'il aida lesQuatre à frapper le camarade Deng Xiaoping et àréprimer les manifestations de Tian'anmen, ce mouve-ment du peuple chinois pour le progrès, la libération etla révolution qui étonna le monde entier. Ce dazibaoqui se présente sous la forme d'une lettre ouverte àl'auteur de la pièce Le Grondement du silence est signéd'un pseudonyme que l'on retrouvera souvent sur leMur de la démocratie le porteur du permis de travail«° 0538 du garage de Wangfujing.

20 novembre Un dazibao signé Wu Wen (« Sansculture ») et intitulé La Démocratie juge la dictaturelaisse entendre que Mao n'était qu'un «fascistepatriarcal » pendant dix longues années, Zhou Enlaiétait seul à défendre le peuple contre la « dictaturefasciste ».

Le président Hua Guofeng lui-même est égratignépar un poète vindicatif j'exige que le titre des Poèmesde Tian'anmen soit calligraphié par Deng Xiaoping etnon par Hua Guofeng; sinon je vous interdis d'incluremon poème dans ce recueil.

21 novembre Un dazibao signé Gongnianzhou (avecun jeu de mots « Nous pensons tous à Zhou Enlai »)de /'Institut du théâtre de Chine propose treize actionsspécifiques pour développer l'esprit du 5 avril, et enparticulier l'annulation de la résolution du 7 avril1976 purgeant Deng.

Nouveau dazibao signé Wu Wen Les parents del'empereur devraient être jugés pour violation des loisde l'Etat comme le seraient les gens ordinaires etcomme ils le seraient dans un Etat capitaliste. De telsappels à un procès public de la veuve de Mao Zedongse multiplieront les jours suivants.

22 novembre Sur six petites affichettes, un« ouvrier des chemins de fer de Pékin » met en causel'infaillibilité de Mao et invite à libérer la pensée et

distinguer le vrai du faux (tel est le titre de sondazibao). (Cf. traduction p. 107 sq.)

23 novembre Les deux grands rivaux sont à nou-veau face à face; pour la première fois, une affichedemandejustice pour Liu Shaoqi, l'ancien président dela République, limogé pendant la Révolution culturelle.Le même jour, Mao trouve un défenseur en la personned'un certain Yao Hanwei pour qui la démocratieprolétarienne et la dictature du prolétariat sont indisso-ciables. Entre les deux, le cœur des lecteurs ne balance

pas sur le second dazibao sont immédiatementgribouillés des commentaires désobligeants.

24 novembre La campagne anti-maoïste franchit unnouveau pas lorsque le soir elle gagne la placeTian'anmen, et que, face au mausolée où repose leGrand Timonier sous une chape de cristal, s'étalent enénormes caractères ces slogans sacrilèges Il fautréévaluer la Révolution culturelle. Mao Zedong a fait30 d'erreurs (c'est le jugement que Mao lui-mêmeportait sur Staline). Ces slogans concluent un dazibaofleuve de soixante-six pages qui annonce la créationd'une « Société des lumières»à l'initiative de huit

jeunes ouvriers de la province du Guizhou. Pour laSociété des lumières l'heure est venue pour le peuplechinois d'en finir avec tous les despotes et tous lesdictateurs.

Du 25 au 29 novembre Les rassemblements popu-laires. Après le mur, la rue prend la parole. Desmeetings improvisés regroupent tous les soirs au pieddu Mur de la démocratie et sur la place Tian'anmendes milliers et des milliers de jeunes. Pas d'organisa-tion sinon un collectif de quelques étudiants quispontanément se chargent de mettre un peu d'ordredans ces folles soirées. Toutes les barrières tombent,l'invisible qui interdit à tout Chinois de dire la vérité àson voisin, la trop visible qui met un rideau de bambouen Chine même entre Chinois et étrangers.

Ceux-ci sont bientôt assaillis de questions quitémoignent à la fois d'une insatiable curiosité etd'abîmes d'ignorance Les denrées alimentaires sont-

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