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Hector Berlioz 1803-1869

La Damnation de FaustLégende dramatique en quatre partiesTexte : Almire Gandonnière, Gérard de Nerval et Hector Berliozd’après Johann Wolfgang von Goethe

Marguerite Joyce DiDonato mezzo-sopranoFaust Michael Spyres ténorMéphistophélès Nicolas Courjal basseBrander Alexandre Duhamel barytonUne voix céleste Verónica Silva soprano

Coro GulbenkianChef de chœur : Jorge MattaLes Petits Chanteurs de Strasbourg –Maîtrise de l’Opéra national du RhinChef de chœur : Luciano Bibiloni

Orchestre philharmonique de StrasbourgJohn NelsonChef assistant : Wilson Ng

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Contents

5 Tracklisting

10 Note personnelle de John Nelson11 La Damnation de Faust, l’art de la syncope

Christian Wasselin18 Argument

20 A personal note by John Nelson21 La Damnation de Faust, or the dream of oblivion

Christian Wasselin27 Synopsis

29 Persönliche Anmerkungen von John Nelson30 La Damnation de Faust, zwischen Traum und Albtraum

Christian Wasselin37 Handlung

41 Première Partie43 Deuxième Partie55 Troisième Partie64 Quatrième Partie

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PREMIÈRE PARTIE

Scène iplaines de hongrie

1 Le vieil hiver a fait place au printemps (5:43)Faust

Scène iironde de paysans

2 Les bergers laissent leurs troupeaux (3:32)Chœur de paysans, Faust

Scène iiiune autre partie de la plaine

3 Mais d’un éclat guerrier (0:57)Faust

4 marche hongroise (4:54)

DEUXIÈME PARTIE

Scène iv nord de l’allemagne

5 Sans regrets j’ai quitté les riantes campagnes (4:58)Faust

chant de la fête de pâques6 Christ vient de ressusciter ! (5:46)

Chœur de chrétiens, Faust

7 Hélas ! doux chants du ciel (1:31)Faust

Scène v8 Ô pure émotion ! (2:26)

Méphistophélès, Faust

Scène vila cave d’auerbach à leipzigchœur de buveurs

9 À boire encor ! – Oh ! qu’il fait bon (2:55)Chœur de buveurs, Méphistophélès, Brander

chanson de brander10 Certain rat, dans une cuisine (2:20)

Brander, Chœur de buveurs, Méphistophélès

fugue sur le thème de la chanson de brander11 Amen (1:28)

Brander, Chœur de buveurs

12 Vrai Dieu, messieurs (1:17)Méphistophélès, Chœur de buveurs

chanson de méphistophélès13 Une puce gentille (1:37)

Méphistophélès, Chœur de buveurs

14 Assez ! fuyons ces lieux (2:17)Faust, Méphistophélès

Scène viiair de méphistophélès

15 Voici des roses (2:29)Méphistophélès

chœur de gnomes et de sylphes /songe de faust

16 Dors, dors, heureux Faust (6:10)Chœur de gnomes et de sylphes,Méphistophélès, Faust

17 ballet des sylphes (2:11)

18 Margarita ! (1:18)Faust, Méphistophélès

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Scène viii – finalchœur de soldats

19 Villes entourées (1:27)Chœur de soldats

chanson d’étudiants20 Jam nox stellata velamina pandit (1:07)

Chœur d’étudiants

chœur de soldats etchanson des étudiants ensemble

21 Villes entourées / Jam nox stellata (2:23)Chœur de soldats, Chœur d’étudiants,Faust, Méphistophélès

TROISIÈME PARTIE

Scène ix22 tambours et trompettes

sonnant la retraite (1:07)

air de faust23 Merci, doux crépuscule ! (5:26)

Faust

Scène x24 Je l’entends ! (1:02)

Méphistophélès, Faust

Scène xi25 Que l’air est étouffant ! (2:56)

Marguerite

le roi de thulé26 Autrefois un roi de Thulé (4:58)

Marguerite

Scène xiiévocation

27 Esprits des flammes inconstantes (2:04)Méphistophélès

28 menuet des follets (5:58)

29 Maintenant, chantons à cette belle (0:25)Méphistophélès

sérénade de méphistophélès30 Devant la maison (2:09)

Méphistophélès, Chœur de follets

Scène xiiifinal : duo, trio et chœur

31 Grand Dieu ! (0:46)32 Ange adoré (5:10)

Marguerite, Faust

Scène xivtrio et chœur

33 Allons, il est trop tard ! (2:48)34 Je connais donc enfin (2:16)

Méphistophélès, Marguerite, Faust,Chœur de voisins dans la rue

QUATRIÈME PARTIE

Scène xvromance

35 D’amour l’ardente flamme (8:01)Marguerite

36 Au son des trompettes (2:09)Chœur de soldats, Marguerite, Chœur d’étudiants

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Scène xviinvocation à la nature

37 Nature immense (3:58)Faust

Scène xviirécitatif et chasse

38 À la voûte azurée (3:28)Méphistophélès, Faust

Scène xviiila course à l’abîme

39 Dans mon cœur retentit sa voix désespérée (3:47)Faust, Chœur de paysans, Méphistophélès

Scène xixpandæmonium

40 Ha ! Irimiru Karabrao ! (1:55)41 Tradioun Marexil fir trudinxé burrudixé ! (2:15)

Chœur de damnés et de démons,Les Princes des Ténèbres, Méphistophélès

Épilogue

sur la terre42 Alors l’enfer se tut (1:20)

Quelques voix

dans le ciel43 Laus ! Laus ! Hosanna ! Hosanna ! (1:10)

Chœur d’esprits célestes, Une voix

apothéose de marguerite44 Remonte au ciel, âme naïve (1:03)45 Viens, les vierges divines (2:22)

Chœur d’esprits célestes, Chœur d’enfants,Une voix

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Nous voici parvenus avec cet enregistrement à plus de la moitié de notre projet de graver l’ensemble desœuvres majeures du compositeur pour Erato/WarnerClassics. Celle-ci n’en constitue pas moins le défi le plus grand, et c’est assurément Méphistophélès qu’ilfaut incriminer, lui dont les machinations diaboliquesinspirèrent à Berlioz une musique presque impossiblede difficulté et dont l’infinie diversité n’a jamais étéégalée. Nous y retrouvons le merveilleux Orchestrephilharmonique de Strasbourg, auquel ce genre de défi ne pose aucun problème, ainsi que l’incomparableJoyce DiDonato et Michael Spyres en tête dedistribution.

L’un des facteurs faisant que cette œuvre demeure si singulière – comme d’ailleurs toutes les grandesœuvres de Berlioz – tient à l’immense palette émotion -nelle qu’elle explore. Un composi teur décrivit-il jamaisle fossé entre innocence et mal absolu à travers d’aussipuis sants contrastes que Berlioz ? Un composi teur a-t-il jamais sondé les profondeurs de la tristessecomme il le fait dans l’air de Marguerite « D’amourl’ardente flamme » ? Les chefs d’orchestre ne sont pascensés succomber aux larmes lors d’une exécu tion, de peur que le public ne finisse par pleurer. J’en suispourtant bien proche chaque fois que vient le passage « Ô caresses de flamme ! ». Absolument bouleversant.

Au magnifique Coro Gulbenkian de Lisbonnerevient la mission d’être tour à tour des paysans fêtantle printemps, des fidèles chantant Pâques, des ivrognesdans une taverne de Leipzig, des gnomes et des sylphesau service de Méphistophélès, des étudiants et dessoldats s’en retournant chez eux, des feux folletsdansant autour de la maison de Marguerite, des voisinshorrifiés, des paysans agenouillés devant une croixtandis que passent au galop Méphisto phélès et Faust

sur deux chevaux noirs courant à l’abîme, des démonset des âmes damnées de l’enfer, enfin des anges qui auciel accueillent Marguerite. Quel opéra ou oratoriooffre une plus grande diversité de rôles pour un chœurque celui-ci ?

Un dernier mot sur la curieuse nature de l’ouvrage.Est-ce un opéra ou une œuvre pour le concert ? Onpourrait penser que Berlioz, avec toutes les indicationsscéniques figurant sur la partition, le conçut en tantqu’opéra. Et ces indications ont incité nombre dedirecteurs d’opéra à en proposer une version scénique.Ma ferme conviction est cependant que Berlioz ledestinait aux salles de concert – les indicationsscéniques n’étant là que pour encourager les interprètesà penser en termes de dramaturgie. Une représen tationscénique, après tout, limite le public à une seule vision ;une interprétation en concert permet à deux millepersonnes de visuali ser l’œuvre de deux mille manièresdifférentes.

John NelsonTraduction : Michel Roubinet

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La Damnation de Faustl’art de la syncope

Quand Berlioz arrive à Paris de son Dauphiné natal, en novembre 1821, il se précipite à l’Opéra et découvreSalieri et surtout Gluck, dont Iphigénie en Taurideva le convaincre qu’il lui faut devenir musicien. C’est au théâtre qu’il connaît les révélations suivantes : le Freischütz de Weber (arrangé sous le titre Robin des bois) en 1824 à l’Odéon, Shakespeare en 1827,également à l’Odéon, en attendant les symphonies deBeethoven, révélées au public parisien à partir de 1828dans la salle des concerts du Conservatoire. 1828, c’estaussi l’année où Berlioz découvre le Faust de Goethe,dans la traduction fraîchement publiée de Gérard deNerval, qui suscite en lui une « impression étrange et profonde ». Il raconte dans ses Mémoires : « Lemerveilleux livre me fascina de prime abord ; je ne lequittai plus ; je le lisais sans cesse, à table, au théâtre,dans les rues, partout. » Et il ajoute : « Cette traductionen prose contenait quelques frag ments versifiés,chansons, hymnes, etc. Je cédai à la tentation de lesmettre en musique. » C’est ainsi que voient le jour les Huit Scènes de Faust qui, à l’instar du poème deGoethe, procèdent d’un théâtre rêvé : cette partitionn’est pas destinée à la scène mais à la satisfaction despassions du musicien, qui fait chanter Marguerite etMéphistophélès mais ignore le personnage qui donneson titre à l’ouvrage. Les Huit Scènes de Faust ne seront jamais jouées de son vivant dans leur continuité ;aujourd’hui encore, leur apparent disparate et la variétédes effectifs qu’elles requièrent, fait qu’elles sontrarement exécutées au concert.

S’il s’est déjà frotté à l’opéra avec Estelle et Némorin(dont la partition est aujourd’hui perdue) puis

Les Francs-Juges (dont il reste l’ouverture et quelquesfragments), Berlioz inaugure avec les Huit Scènes deFaust une série d’œuvres qui inventent leur propreforme. Mais le sujet reste à ses yeux inépuisable : il essaye de convaincre l’Opéra de lui commander un ballet inspiré de Faust, projet qui n’aboutira pas. Puis, le 2 février 1829, il annonce à son ami HumbertFerrand qu’il a depuis longtemps dans la tête« une symphonie descriptive de Faust qui fermente »,laquelle deviendra la Symphonie fantastique, créée le 5 décembre de l’année suivante ; partition sansparoles mais riche de bien des souvenirs littéraires du composi teur : Faust y est présent dans le derniermouvement, « Songe d’une nuit de sabbat », titre donné par Nerval dans sa traduction au Walpurgis -nachts traum de Goethe.

Curieusement, Berlioz n’imagine pas à cette époquede composer un opéra inspiré de Faust, peut-être parceque le poème de Goethe lui-même ne lui paraît pasrépondre aux conventions et aux contraintes de lascène. Le genre de l’opéra n’apportera d’ailleurs pas à Berlioz le succès public qu’il attendait : malgré sonentrain dramatique, son savant mélange des genres et sa prodigalité musicale, Benvenuto Cellini, créé en1838, disparaît très vite de l’affiche de l’Opéra de Paris.Berlioz se plonge alors dans la composition d’unenouvelle partition, Roméo et Juliette, qu’il baptise« symphonie dramatique » et qui mêle différents genresdont la symphonie, la mélodie, la cantate et l’opéra :encore une forme nouvelle. Mais Berlioz, malgré lesuccès remporté par Roméo en 1839, comprend qu’iln’y a pas de réussite durable pour lui à Paris et s’en va sur les routes à partir de 1842 : il restera pendant un quart de siècle un musicien errant.

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Berlioz dans les villes1845 : compositeur sans public, sinon dans les villes où il s’arrête au fil de ses longues tournées, Berliozparcourt l’Allemagne et l’Europe cen trale en tous sens.Chemin faisant, il se retourne vers ses passions dejeunesse. Il se souvient en particulier qu’il a composé en 1828 Huit Scènes de Faust dont l’ensemble n’épouseaucune forme préétablie mais qui ont chacune le profild’une scène lyrique et dramatique différente. Il éprouvealors le besoin de les reprendre et de les fondre dans un nouvel ouvrage : une partition d’un type nouveau,encore une fois, qui leur donnerait une tout autreampleur et tiendrait à la fois du concert et du théâtre.C’est ainsi que va naître La Damnation de Faust, queBerlioz baptisera « opéra de concert » puis « légendedramatique ».

Comme la plupart des œuvres de Berlioz, il s’agit là d’un prototype. « Je composai ma partition avec unefacilité que j’ai bien rarement éprouvée pour mes autresouvrages, raconte le musicien dans ses Mémoires. Jel’écrivais quand je pouvais et où je pouvais ; en voiture,en chemin de fer, sur les bateaux à vapeur, et même dansles villes, malgré les soins divers auxquels m’obligeaientles concerts que j’avais à y donner. » Si elle se donne,par les conditions de sa naissance et son propredéroule ment, comme l’œuvre du voyage, la Damnationest aussi une fantaisie en action. C’est à la fois un drameen musique et le rêve d’un théâtre idéal. Sa dimensionest plus vaste que celle des Huit scènes, on l’a dit plushaut, et son découpage moins disparate, mais l’œuvrenouvelle ne se glisse dans aucune forme convenue,même si plus tard, un critique russe de l’époque deBerlioz, Stassov, parlera de « sa symphonie LaDamnation de Faust » et, dans une lettre adressée en1862 au compositeur, citera le « scherzo de Faust ».

Comme l’écrit Hugh Macdonald, « les changementsde tableaux, notamment dans la Deuxième partie, quinous transportent du cabinet de Faust dans le Nord de l’Allemagne à la cave d’Auerbach à Leipzig, de là aux rives de l’Elbe pour aboutir dans une rue, relèventplus de l’onirisme que de la scène dramatique. Dans la Troisième partie, scindant la grande scène classiqued’amour de théâtre, s’interpose le fantastique avec le divertissement des feux follets convoqués parMéphistophélès. Quant aux évocations infernales etcélestes à la fin de l’œuvre, elles dépassent le cadre du plateau et font appel à des horizons intérieursélargis. »1 Dès les Huit scènes de Faust et la Symphoniefantastique, Berlioz a deviné que le rêve est le premieret peut-être le seul possible des moyens de locomotion.Il appartient à la Damnation, quinze ans plus tard,d’exalter cette promesse. Métaphore d’un ailleurs, laDamnation est une œuvre fébrile, celle de la quêted’une perpétuelle mobilité et d’un impossible absolu :celui de la connaissance, celui de l’amour, celui de ladissolution dans l’univers.

Des châteaux et des ruinesParmi la vingtaine de scènes qui composent l’ouvrage,chacune – ou presque – investit un lieu différent.L’inassouvissement douloureux exhalé par l’œuvreprocèdent de cette extrême instabilité : tournant le dos à toute unité de lieu, le déroulement sinueux de lapartition suit la fuite en avant du temps jusqu’à l’affole -ment panique de la Course à l’abîme, et accompagne lecompositeur lui-même dans sa souveraine inspiration.Comme le soulignera Théophile Gautier, Berlioz récuseles « lâches concessions aux Philistins » auxquelsd’autres que lui auraient sans doute cédé.

Conçue dans l’éblouissement de la découverte de12

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Goethe, la Symphonie fantastique s’était placéedélibérément sous le signe d’E.T.A. Hoffmann. Treizeans plus tard, à la faveur de sa première tournée enAllemagne, Berlioz replonge avec extase et nostalgiedans les fièvres de cette rencontre littéraire : « Levoyage sur le Rhin est d’ailleurs une chose admirable, et tous ces vieux châteaux, ces ruines, ces montagnessombres m’ont fait rêver tout éveillé, bercé par les souvenirs des poèmes de Goethe et des contesd’Hoffmann », écrit-il à sa sœur Nanci le 23 octobre1842. En 1845, son imagination est prête : le temps deFaust est revenu. Le souvenir de Weber, de Shakespeareet de Beethoven est lui aussi passé par là. Mais Berliozne prétend pas ici benoîtement illustrer le Faust deGoethe : avec tous les moyens mis à sa disposition, ilentend bien inventer son propre Faust, car cette œuvrerépond à ses questions les plus intimes, ainsi qu’il s’en explique dans l’Avant-propos qu’il rédige à sapartition : « Le titre seul de cet ouvrage indique qu’iln’est pas basé sur l’idée principale du Faust de Goethe,puisque, dans l’illustre poème, Faust est sauvé. L’auteurde La Damnation de Faust a seulement emprunté àGoethe un certain nombre de scènes qui pouvaiententrer dans le plan qu’il s’était tracé, scènes dont laséduction sur son esprit était irrésistible. Mais fût-ilresté fidèle à la pensée de Goethe, il n’en eût pas moinsencouru le reproche, que plusieurs personnes lui ontdéjà adressé (quelques-unes avec amertume), d’avoirmutilé un monument. » Et plus loin : « La légende dudocteur Faust peut être traitée de toutes manières ; elleest du domaine public ; elle avait été dramatisée avantGoethe ; elle circulait depuis longtemps sous diversesformes dans le monde littéraire du nord de l’Europe,quand il s’en empara ; le Faust de Marlowe jouissaitmême, en Angleterre, d’une sorte de célébrité, d’une

gloire réelle que Goethe a fait pâlir et disparaître. » Là où Gounod plus tard traitera un sujet, Berlioz parle de lui-même.

Hoffmannienne, la Damnation l’est par lescirconstances de sa composition et la flexibilité de sa structure, par son écriture en arabesque, par lapriorité qu’elle donne à la fantaisie du voyageur sur les pesanteurs de l’esprit discursif ; capricieuse etimprévue, son architecture est l’expression sensuelle,nerveuse et passionnée, même dans ses moments lesplus doux, d’un appétit de conquête dont il ne reste que la nostalgie. Hoffmannienne, elle l’est aussi parl’enchaînement de ses scènes comme autant defragments, de Stücke, exhortant Berlioz à reconnaître :« Je ne cherchais pas les idées, je les laissais venir, etelles se présentaient dans l’ordre le plus imprévu.Quand enfin l’esquisse entière de la partition fut tracée,je me mis à retravailler le tout, à en polir les diversesparties, à les unir, à les fondre ensemble avec toutl’acharnement et toute la patience dont je suis capable,et à terminer l’instrumen tation qui n’était qu’indiquéeçà et là. » Ainsi Hoffmann, en tête de ses Phantasie -stücke, s’adressant à Jacques Callot : « Lorsque jecontemple longue ment tes inépuisables compositions,où entrent les éléments les plus hétéro gènes, je voiss’animer peu à peu leurs mille et mille figures, et cellesmême que d’abord on distinguait à peine, noyées à l’arrière-plan, s’animent et semblent venir sur le devant, colorées des tons les plus vigoureux et les plusnaturels. » De même qu’il avait emmené Harold enItalie sans en avoir référé à Byron, de même Berliozprend la liberté de faire voyager Faust en Hongrie. Et de même il lui suffira de quelques secondes, à la fin, pour nous faire effectuer un déplacement, verticalcette fois, des enfers vers la terre puis le ciel.13

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Contraction, dilatation, télescopage : cettemanipulation du temps et de l’espace, qui auto rise à la fois l’instantanéité de tous les voyages et les grandseffets d’accélération et de ralentisse ment de la Course à l’abîme, on la retrouve à son plus haut point dans laTroisième partie où la musique brouille toutes les cartesde l’action réelle en faisant se succéder des épisodes qui se déroulent en réalité simultanément. C’est ainsique Marguerite chante sa Ballade du roi de Thulé aumoment même où, dans le jardin, Méphistophélès estallé faire danser ses follets ; de la même manière, celui-ci chante sa Sérénade cependant que Faust, dans lachambre de Marguerite, se découvre à la jeune fille alorsqu’il s’était caché « sous ces rideaux de soie » (souvenirde Polonius dans Hamlet ?), et chante avec elle le duo« Ange adoré », qui deviendra rapidement un trio.

L’illusion dissipéePour donner sens à la construction de son œuvre,Berlioz a choisi de regrouper l’ensemble des scènes enquatre parties, chacune représen tant moins un acte ausens conventionnel du théâtre qu’une phase nouvelledans le fatal égarement de Faust, comme si à chaque foistout était à recommencer. Les trois premières partiescommencent par un monologue méditatif du héros ; laquatrième, aussitôt achevée la Romance de Marguerite,nous révèle à nouveau un Faust éperdu, solitairefondamental, dévasté par l’ennui. David Cairns préciseque « la phrase descendante de trois notes – ut dièse, si, la, dans la tonalité de fa dièse mineur – (...) unit ledébut du premier monologue de Faust, “Le vieil hiver”,à celui du dernier, “Nature immense”. Il existe d’ailleursune relation entre cette phrase et celle du début dutroisième monologue : “Merci, doux crépuscule”. »Méphistophélès intervient auprès de Faust à chaque

fois que celui-ci est sur le point de toucher à la félicité(celle de la religion dans la Deuxième partie, celle del’amour dans la Troisième) ou à la consolation qu’offrela contemplation de la nature (dans la Quatrième).

Ce retour cyclique à la déception la plus béante estl’obsession de toute l’œuvre. Marcel Schneider exprimece même désespoir fait de perte de sens et de circularitélorsqu’il décrit la Damnation comme une « sorte deronde infernale que Berlioz déroule autour du poèmede Goethe ». Et le retour de Faust à la nature (« mèreou tombe », écrit Yves Millet), dans la Quatrièmepartie, ne représente plus que l’expression d’un désird’anéantissement et de dissolution : l’heure de la foin’est plus, ni celle des défis, car Dieu brille par sa seule absence.

Méphistophélès, qui n’est pas plus Lucifer que Faust n’est Prométhée, n’aura plus qu’à venir cueillirson otage, toute résistance abolie, pour mettre fin parl’ironie à l’illusion, seule réponse possible au défautd’absolu. Alors pourra commencer la chevauchée, où les paysans et les oiseaux de la Première partieréapparaît ront dans une lumière noire de cauchemar.On sait que le thème de la jument est familier du mondedes cauchemars, la langue anglaise utilisant deux termesétrangement voisins pour désigner l’une et l’autre :mare et nightmare : le parfum du Cauchemar de Füssliplane sur la Damnation tout entière.

Si Faust, à la fin de l’ouvrage, est précipité dans les flammes, le feu n’en est pas moins présent tout aulong de la Damnation. Dès la Deuxième partie (mais il faudrait parler aussi des « mille feux éclatants » ou du « feu dans leurs yeux » de la Première), la scène dans la taverne d’Auerbach, avec sa glorification du« bol enflammé », ressuscite l’ambiance réjouissante des caves où « le punch de l’amitié » servait à la fois de14

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philtre et de révélateur. (Théophile Gautier reprendcette mythologie sur un mode ironique, sous le titre « Le Bol de punch », dans Les Jeune-France.) MaisFaust, de même que se dérobait à lui « la nuit sansétoiles », refuse cette fois la fantasmagorie exaltée del’alcool et per siste à s’immerger dans ses abandons : cesont les « plantes et (les) eaux » (scène i), les « suavesaccords (qui) rafraîchissent (son) sein » (scène iv), lesbords de l’Elbe avec lacs, flots et ruisseaux (scène vii),les torrents (scène xvi) qui constituent son bain le plusfamilier et, plus idéalement, les grands espaces et l’airpur. Aux instruments à cordes, véhicules des rêveriesenveloppantes et maternantes et du vague des passionsqui submerge Faust, répondent les stri dences descuivres qui cinglent au moment de chaque irruption de Méphistophélès, ou encore les trombones quiaccompagnent sa sournoise berceuse « Voici desroses » ; sans oublier les « Ha ! » cisaillants et les« Hop ! » découpants où éclatent dans la Course à l’abîme les visions du démon. Comme l’analyse Gaston Bachelard : « En particulier, l’eau et le feurestent ennemis jusque dans la rêverie et celui quiécoute le ruis seau ne peut guère comprendre celui qui entend chanter les flammes : ils ne parlent pas lamême langue. »

Marguerite, elle aussi pourvue de ses instru mentsfamiliers (l’alto et le cor anglais, étreig nants et chaleu -reux à l’image de sa voix de mezzo), chante à son tour « l’ardente flamme » de l’amour. À la fin, sonApothéose saisit l’occasion d’une illumination ultimequi trans figure le feu en lumière, réminiscence deNovalis et des mystiques rhénans en écho à la langueinconnue du Pandaemonium empruntée, selon Jacques Barzun, à une autre tradition de l’illumi nisme :celle du théosophe suédois Swedenborg.

La lumière de la nuitOn répétera, s’il était nécessaire, combien la joiequ’éprouve Berlioz à concevoir une forme nouvelle est présente au sein son orchestre à la fois lyrique etcrépitant (il suffit d’écouter les pizzicatos de la Séré -nade de Méphistophélès ou les apparitions effrayantesqui accompagnent la Course à l’abîme), toujours trèsciselé (le dialogue on ne peut plus délicat entre les bois et les harpes, dans le Ballet des sylphes, est unemerveille de grâce). On la trouve également dans le luxemélodique dont témoigne sa partition ; mais il est vraique l’invention mélodique est l’une des caractéristiques de toute l’œuvre de Berlioz. La Chanson du rat et laChanson de la puce sont aussi grinçantes, aussi sou -tenues par une instrumentation piquante et instable, que l’Air de Faust, dans la Troisième partie, est gonfléd’un grand souffle qui s’envole puis se résout dans uneétrange phrase sinueuse des cordes qui dépeint l’intérêtpassionné qui pousse le héros à observer la chambre de Marguerite. Dans la scène au bord de l’Elbe,l’accom pagne ment des trombones et du cornet donneune couleur singulièrement funèbre à ce momentd’enchante ment. Plus loin, la Ballade du roi de Thulé,introduite par une phrase des bois d’une infinietendresse que suit un récitatif éperdu, a l’étrangeté desberceuses qui maintiennent en éveil, et son ambiguïtén’est pas moins grande que celle de Méphistophélès.Marguerite la chante « en se déshabillant », indique une dida scalie des Huit scènes de Faust, « en tressant ses cheveux », précise La Damnation. Il s’en dégage une lumière nocturne, comme si la musique s’épanchaitd’une frontière et faisait résonner un ailleurs. La caressepressante de l’alto solo, la consolation apportée par letimbre du cor, les cordes graves qui tissent l’inquiétude(Berlioz a renoncé aux violons dans cette page), tout15

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concourt à en rendre l’étoffe insaisissable. Margueritefredonne avec indifférence, sans se soucier des paroles ?Oui mais il règne dans cette musique un malaise quicaptive, une angoisse qui séduit à la fois Marguerite,celle qui chante, et l’auditeur, celui qui est le témoin de cette hallucination exquise. Il y a quelque chose del’ordre de la syncope dans La Damnation de Faust.

On ne saurait également oublier le rôle joué par lespages instrumentales (le Menuet des follets, avec sesnombreuses reprises, est d’une élégance délicieusementboiteuse), ni la beauté des récitatifs de Berlioz, parexemple celui qui ouvre la Deuxième partie, avec sescordes et ses bois qui disent le temps qui passe, et sonaccord amer sur les mots « Viens, viens, noble cristal ».Récitatifs qui donnent une tension à une partition dontles vertus sont aussi la variété (des formes musicales et des humeurs) et la concision. Œuvre d’une certainematurité (chronologique ment, elle se situe à égaledistance de Benvenuto Cellini et des Troyens), LaDamnation de Faust est le témoignage d’un composi -teur qui pratique son art avec une souveraine liberté,sans songer à autre chose qu’à créer : la Damnation estune réponse fulgurante, unique en son genre, à tous lesdéfis qu’imposent la réunion de la poésie, du théâtre et de la musique. Dès lors, on ne regrette pas que leprojet ultérieur de Berlioz concernant Faust, à savoirtransformer la Damnation en opéra véritable, avec la complicité de Scribe, le célèbre et plat librettiste de Meyerbeer, n’ait pas vu le jour. Certes, cet opéra,rebaptisé Méphisto phélès, aurait étoffé de quelquesscènes le rôle du démon ; mais la Damnation tellequ’elle est, avec son agilité rythmique et ses surprises,transcende toutes les diableries.

Un rêve éveillé« Sa musique, c’est du feu », disait HermannScherchen : alors, faut-il voir en Berlioz un « nouveauFaust » (comme il se nommait lui-même en 1831 dansLe Retour à la vie, version primitive de Lélio) ou unMéphistophélès « brûlé, mais toujours brûlant »(comme il l’écrit au chapitre lix de ses Mémoires) ? Àmoins qu’il soit aussi, à l’instar de Marguerite, quelquehéros incendié par ses élans incoercibles. Damnateur et salvateur, Berlioz a le détachement inspiré de celuiqui met en œuvre son sublime échec. L’ironie est ainsiconstamment présente dans la Damnation, que ce soitdans la note tenue par les violoncelles et contrebassesdans le Ballet des sylphes, ou dans le petit motifdescendant des flûtes et des clarinettes après les mots« ton chevet virginal » dans l’Air de Faust.

Berlioz, sans illusion sur la vie et toujours sedédoublant en commentateur caustique de ses propresdouleurs, ne pouvait que ressentir au plus profond delui-même les tentations de son héros. Méphistophélès,qui emmène Faust de lieu en lieu, figure le destin ducompositeur lui-même, Don Juan malheureux quicherche la Musique et croit la trouver de ville en ville,de concert en concert, comme Napoléon exprimant de bataille en bataille sa volonté de puissance dans unefuite en avant éperdue.

La défaite de Faust, explique David Cairns, c’est aussi le déclin du rêve romantique. La Damnation estune œuvre de la solitude et de l’échec, non plus uneœuvre de conquête ou de défi comme les partitions de la période précé dente. Elle choisit la fuite hors dutemps qui caractérise les œuvres de la dernière manière(à partir de L’Enfance du Christ). Privé de la foi et detout espoir en une quelconque rédemption, Berlioz,pour échapper aux terreurs de l’Histoire et se16

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désemprisonner du réel, n’avait plus qu’à s’abandonnerau temps mythique, celui de l’art, celui de la créationd’un nouveau monde. La Damnation de Faust marquele triomphe de l’âge des fictions, et Berlioz en est lehéros magni fique. Et l’échec public que connaîtra la Damnation lors de sa première exécution, le 6 décembre 1846 à l’Opéra-Comique, le contraindra de repartir sur les routes, musicien errant, compositeurdécidément sans public.

Christian Wasselin, 2019

1. Hugh Macdonald: A Masterpiece of Romantic Music:Berlioz’s La Damnation de Faust

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Argument

Première partie Faust se promène seul, au petit matin, dans les plaines de Hongrie. Les chants et lesdanses de joyeux paysans ne peuvent pas le distraire de sa mélancolie, ni le passage de l’armée au son de laMarche hongroise.

Deuxième partie De retour dans son cabinet, enAllemagne, Faust médite sur l’ennui qui le poursuit. Il songe au suicide quand retentit le Chant de la fête de Pâques, qui lui rappelle son enfance et la douceur de prier. Méphistophélès surgit alors et lui promet le bonheur et le plaisir : Faust accepte de le suivre. Ils se retrouvent dans une taverne à Leipzig : chœur de buveurs, Chanson du rat entonnée par Brander,fugue des ivrognes sur Amen, Chanson de la puce par Méphistophélès. Faust restant insensible à ces joies tapageuses, Méphistophélès l’emmène dans desbosquets au bord de l’Elbe ; il lui chante une berceuse,puis appelle les esprits qui font apparaître Margueritedans le sommeil de Faust. Le Ballet des sylphes précèdele réveil de Faust, qui demande à Méphistophélès de le conduire chez Marguerite. Ils s’y rendent en seglissant dans un cortège de soldats et d’étudiants.

Troisième partie Des fanfares sonnent la retraite. Dans la maison de Marguerite, Faust est ému à l’idée de l’amour qu’il croit éprouver. Méphistophélès accourt pour l’exhorter à se cacher sous des rideaux car Marguerite ne va pas tarder. Elle arrive et chante laBallade du roi de Thulé. Dans le jardin, Méphistophélèsfait venir ses follets, qui dansent un menuet avant quelui-même entonne une Sérénade de parodie. Dans lamaison, Faust se révèle à Marguerite et chante avec

elle un duo d’amour. Méphisto phélès fait irruption et annonce que les voisins, réveillés par leurs chants,vont prévenir la mère de Marguerite. Celle-ci fait fuirFaust et Méphisto phélès par le jardin au moment où les voisins frappent à la porte.

Quatrième partie Restée seule, Marguerite chantel’amour qui la consume. Des soldats et des étudiants se font entendre au loin mais Faust ne vient pas. Il est retombé dans la solitude et l’ennui, et lance sonInvocation à la Nature. Méphistophélès lui annonce,alors que des cors lointains laissent entendre que sedéroule une chasse, que Marguerite a été arrêtée pouravoir empoisonné sa mère. Il exhorte Faust à le suivreafin de sauver la jeune fille. Faust accepte et signe un pacte fatal avec Méphistophélès. Ils montent surdeux chevaux : c’est la Course à l’abîme, au terme delaquelle ils tombent dans un gouffre. Faust est perdu,Méphistophélès est vainqueur et annonce aux princesdes ténèbres que sa mission est accomplie. AuPandaemonium, les démons et les damnés célèbrent son triomphe. Après un bref épilogue sur la terre, desvoix célestes annoncent que Marguerite est sauvée etchantent son Apothéose.

Ch. W.

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With this recording we are more than half way througha project to record all of the composer’s main workswith Erato/Warner Classics. But this one is the mostchallenging, for which we can blame Mephistopheleswhose devilish machinations inspired Berlioz to writealmost impossibly difficult music, the sheer variety of which has never been matched. Again we have thewonderful Orchestre philharmonique de Strasbourg,for whom these challenges pose no problem, as well as the incomparable Joyce DiDonato and MichaelSpyres leading the cast.

One of the factors that make this work, and for that matter all of Berlioz’s major works, so special is the enormous range of emotion he explores. Has anycomposer portrayed the distance between innocenceand devilry with such stark contrasts as Berlioz? Hasany other composer plumbed the depths of sadnessexpressed in Marguerite’s ‘D’amour l’ardente flamme’?Conductors are not supposed to succumb to tearsduring a performance, lest the audience fails to cry. But I am on the verge every time I come to the passage:‘Ô caresses de flamme!’. Absolutely devastating.

The magnificent Coro Gulbenkian from Lisbon has the varied responsibility of being spring-lovingpeasants, Easter worshippers, drunkards in a Leipzigbeer hall, gnomes and sylphs in the service ofMephistopheles, students and soldiers marching home,will-o’-the-wisps dancing around Marguerite’s house,horrified neighbours, peasants kneeling at a cross asMephistopheles and Faust gallop towards hell on twoblack horses, demons and damned souls in hell, andfinally the angels in heaven who welcome Marguerite.What opera or oratorio offers a greater variety ofchorus roles than this one?

One final word about the curious nature of this

piece. Is it an opera or a concert work? One wouldthink with all the stage instructions written into thescore that Berlioz conceived it as an opera. And theseinstructions have given licence to many opera directorsto present it on stage. But my firm belief is that Berlioz meant it for the concert hall – with the stageinstructions designed to encourage the performers tothink dramatically. A stage performance, after all, limitsthe audience to one vision; a concert performanceallows 2,000 people to visualise the work in 2,000different ways.

John Nelson

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La Damnation de Faustor the dream of oblivion

When Berlioz arrived in Paris from his native Dauphinéin November 1821, he rushed to the Opéra anddiscovered Salieri and above all Gluck, whose Iphigénieen Tauride convinced him that he had to become amusician. It was in the theatre that he had his ensuingrevelations – Weber’s Freischütz, in an arrangementcalled Robin des bois (Robin Hood), at the Odéon in1824, Shakespeare in the same venue in 1827 and thenBeethoven’s symphonies, unveiled to the Parisianpublic in the concert hall of the Conservatoire from1828 onwards. In 1828 Berlioz also discovered Goethe’s Faust in Gérard de Nerval’s newly publishedtranslation, and it produced a ‘strange and profoundimpression’ on him. In his Memoirs he relates: ‘Themarvel lous book fascinated me at once; I was neverwithout it; I read it again and again, while eating, at the theatre, in the streets, everywhere.’ He adds: ‘Thisprose translation contained a few fragments in verse,songs, hymns, and so on. I yielded to the temptation of setting them to music.’ This was the origin of theHuit Scènes de Faust, which, like Goethe’s poem, fallinto the category of fantasy theatre. The score wasintended not for staging but as a means of satisfyingBerlioz’s passions; he writes music for Marguerite andMephistopheles to sing, but ignores the title character.The Eight Scenes were never performed as a continuousentity during his lifetime and even today their apparentdisparity and the variety of forces they call for meanthat they are rarely given in concert.

Although he had already tried his hand at opera with Estelle et Némorin (the score of which is now lost)and Les Francs-Juges (of which the overture and a few

fragments survive), with the Huit Scènes de FaustBerlioz inaugu rated a series of works that invent theirown form. To Berlioz the subject remained inexhaust -ible: he tried to convince the Opéra to com mission aFaust ballet, but the project failed to get off the ground.Then on 2 February 1829 he wrote to his friendHumbert Ferrand that he had ‘long had a descriptivesymphony on Faust bubbling away in my head’. Thiswas to become the Symphonie fantastique, premieredon 5 December of the following year, a wordlesscomposition but one full of recollections of Berlioz’sreading. Faust has a place in the last movement, ‘Songed’une nuit de sabbat’, the title Nerval’s translation gives to Goethe’s Walpurgisnachtstraum.

Oddly enough, at this time Berlioz did not envisagewriting an opera inspired by Faust, perhaps becauseGoethe’s drama did not seem to him suited to theconventions and constraints of the stage. Moreover,opera did not bring him the public success he hopedfor: despite its dramatic zest, its skilful blend of genres and its musical profusion, Benvenuto Cellini,premiered in 1838, quickly disappeared from theprogramme of the Paris Opéra. Berlioz then immersedhimself in the composition of a new work, Roméo etJuliette, which he dubbed a ‘symphonie drama tique’and which mixed genres including the symphony, thesolo song, the cantata and the opera. But althoughRoméo was well received in 1839, Berlioz realised therewould be no lasting success for him in Paris and in 1842he set off on his travels: he would remain a wanderingmusician for the next quarter of a century.

Berlioz in the citiesIn 1845, a composer without an audience except inthose cities where he stopped off on his lengthy tours,21

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Berlioz crisscrossed Germany and central Europe. His thoughts returned to his youthful passions and inparticular to the Huit Scènes de Faust, each of whoseconstituent parts has the profile of a different vocal anddramatic scene. He now felt the need to revisit thosescenes and incorporate them into a new work, a scoreof a novel kind, once again, that would greatly expandtheir scale and include elements of both the concertpiece and the theatre. The outcome was La Damnationde Faust, which Berlioz designated ‘opéra de concert’and later ‘légende dramatique’.

‘I composed my score with an ease that I have very rarely experienced in my other works,’ he says in his Memoirs. ‘I wrote it whenever and wherever I could; in carriages, on trains, on steamboats, and even in cities, despite the diverse obligations imposedon me by the concerts I had to give there.’ The notionof travel appears of central importance both to the work’s genesis and to the way the plot unfolds, but La Damnation is also a fantasia, an imagi nation inaction. It is at once a musical drama and the dream ofan ideal theatre. Its dimensions are larger than those of the Huit Scènes and its layout less disparate, but itfits into no conven tional formal mould, though thecontem porary Russian critic Stasov would later speakof Berlioz’s ‘symphony La Damnation de Faust’ andrefer, in a letter of 1862 addressed to the composer, to the ‘scherzo from Faust’.

As Hugh Macdonald has written, ‘The changes ofsetting, such as those in Part II where the action movesfrom Faust’s study to Auer bach’s cellar in Leipzig,thence to the banks of the Elbe and finally to a street-scene, are dream-like rather than theatrical; the inter -polation of Mephistopheles’ Will-o’-the-Wisps in PartIII provides a fantastic divertissement in the middle of

an operatic love scene; the representations of Hell andHeaven at the end of the work are beyond the stage’sresources and require a larger vision.’1 As early as theHuit Scènes de Faust and the Symphonie fantastique,Berlioz had sensed that dream was the foremost and perhaps the only possible means of introducingmove ment in dramatic music. It was the task of LaDamnation de Faust, fifteen years later, to exalt thatpromise. La Damnation is a feverish work dealing withthe quest for perpetual change and for an im possibleabsolute: absolute knowledge, absolute love, absolutedissolution in the universe.

Castles and ruinsVirtually every one of the twenty or so scenes thatmake up the work is set in a different place. The painful lack of fulfilment it exudes stems from thisextreme instability: renouncing all unity of place, the score follows the headlong flight of time until the panic of the Ride to the Abyss, and seems to reflect thesinuous unfold ing of the composer’s own inspiration.As Théophile Gautier observed, Berlioz rejects the‘cowardly concessions to the Philistines’ to whomothers would probably have yielded.

Conceived when Berlioz was still dazzled by hisrecent discovery of Goethe, the Symphonie fantastiquehad deliberately gravitated towards the atmosphere ofE.T.A. Hoffmann. Thirteen years later, during his firsttour of Germany, Berlioz plunged once again, withecstasy and nostalgia, into the feverish mood of thatearlier literary encounter: ‘A voyage on the Rhine isindeed an admirable thing, and all these old castles,ruins and dark mountains induced in me a wakingdream, lulled by the memories of Goethe’s poems andHoffmann’s tales,’ he wrote to his sister Nanci on 22

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23 October 1842. In 1845, his imagination was ready:Faust’s time had come once more. His experience ofWeber, Shakespeare and Beethoven also went into themix. But Berlioz had no intention of com placentlyillustrating Goethe’s Faust. He aimed to use all themeans at his disposal to invent his own Faust, for thiswork addresses his most intimate concerns, as heexplains in the Preface he wrote to the score: ‘The verytitle of this work indicates that it is not based on theprincipal idea of Goethe’s Faust, since, in the illustriouspoem, Faust is saved. The composer of La Damnationde Faust has merely borrowed from Goethe a numberof scenes that could enter into the plan he had mappedout for himself, scenes that exerted an irresistibleattraction on his mind. But even if he had remainedfaithful to Goethe’s conception, he would still haveincurred the reproach, which several people havealready addressed to him (some of them bitterly), ofhaving mutilated a monument.’ Further on, he states:‘The legend of Doctor Faust may be treated in any way;it is in the public domain; it had been dramatised beforeGoethe; it had long circulated in various forms in theliterary world of northern Europe when he seized uponit; Marlowe’s Doctor Faustus even enjoyed, in England,a certain fame, a true glory that Goethe caused to paleand vanish.’ Whereas Gounod, later on, was treating a subject, Berlioz was speaking of himself.

La Damnation is Hoffmannesque in the circum -stances of its composition and the flexi bility of itsstructure, in its arabesque style, in the way it favoursthe fantastic imagination of the traveller over theponderousness of the discursive spirit; its capriciousand unpredictable architecture is the sensual, vigorousand passion ate expression, even in its gentlest moments,of an appetite for conquest of which only a longing

memory remains. Equally Hoffmannesque is itssequence of scenes, which suggest so many frag ments,Stücke, prompting Berlioz to acknow ledge: ‘I did notlook for ideas, I let them come, and they presentedthemselves in the most un expected order. When thesketch of the whole score was finally drawn up, I beganto rework it, to polish the various parts, to unify them,to blend them with all the determination and patienceof which I am capable, and to complete the scoring,which was merely indicated here and there.’ One mightcompare this technique with Hoffmann’s description of the etchings of Jacques Callot, whom he addresses in the first of his Phantasie stücke: ‘When I contemplateat length your lavish compositions, created from themost heterogeneous elements, the myriad figures cometo life, and every one of them steps forward, often fromthe farthest background where it was difficult even tonotice them, bold and gleaming with the most naturalcolours.’ Just as Berlioz had previously taken Harold to Italy without reference to Byron, so here he took the liberty of transporting Faust to Hungary. And, insimilar fashion, it takes him just a few seconds, at theend of the work, to transport us, vertically this time,from hell to earth and then to heaven.

This technique of manipulating time and spacethrough contraction, expansion and telescoping permitsthe journeys in the drama to take place instantaneouslyand facilitates the striking acceleration and slowingeffects in the Ride to the Abyss, reaching its peak inPart Three where the music blurs the true action byshowing in succession episodes that actually take placesimultaneously. Thus Marguerite sings her Ballad of the King of Thule at the very moment when Mephisto -pheles has gone into the garden to make his Will-o’-the-Wisps dance; in the same way, he sings his Serenade23

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while Faust, in Marguerite’s room, emerges from hishiding place to sing with her the duet ‘Ange adoré’,which quickly becomes a trio.

Illusion dissipatedTo structure his work, Berlioz chose to group thescenes into four parts, each representing not so much an act in the conventional theatrical sense as a newphase in Faust’s fatal aberration, as if everything had to begin anew each time. The first three parts open with a meditative monologue for the hero; the fourth,immediately after Marguerite’s Romance, once againreveals Faust as forlorn, fundamentally alone,devastated by boredom. David Cairns points out that‘the descending phrase of three notes – C sharp-B-A inthe key of F sharp minor – (...) links the beginning ofFaust’s first monologue, “Le vieil hiver”, with that ofthe last, “Nature immense”. There is also a relationshipbetween this phrase and the one that opens the thirdmonologue, ‘“Merci, doux crépuscule”.’ Mephisto -pheles intervenes each time Faust is about attain eitherbliss (that of religion in the second part, that of love inthe third) or the consolation offered by contemplationof nature (in the fourth).

This cyclical return to the most abyssal disappoint -ment is the obsession of the whole work. MarcelSchneider refers to the same despair at loss of meaningand circularity when he describes La Damnation as ‘a kind of infernal round dance that Berlioz unfoldsaround Goethe’s poem’. And Faust’s return to nature in Part Four now represents nothing more than theexpression of a desire for annihilation and dissolution:the hour of faith, or of challenges, has long gone, forGod is notable only by his absence. Mephistopheles isno more Lucifer than Faust is Prometheus and he need

only come and snatch his hostage – who offers noresistance – to put an end, through irony, to illusion,the only possible answer to the lack of the absolute.Then the ride can begin, in which the peasants andbirds from Part One will reappear in a dark, night -marish light.

Faust, in the end, is precipitated into the flames, but fire is present throughout La Damnation. After the‘mille feux éclatants’ and the ‘feu dans leurs yeux’ inPart One, the scene in Auerbach’s tavern in Part Two,with its glori fication of the ‘bol enflammé’, recreatesthe joyous atmosphere of student drinking dens. Butjust as ‘the starless night’ evaded him, Faust refuses the exalted phantasmagoria of alcohol and persists inimmersing himself in his abandonments: it is the ‘plantsand streams’ (Scene i), the ‘tender tones [which] refresh[his] heart’ (Scene iv), the banks of the Elbe with theirlakes, waters and streams (Scene vii) and mountaintorrents (Scene xvi) that constitute his most familiarsurroundings and, more ideally, the wide open spacesand fresh air. The strings, the instruments of theenveloping, cosseting reveries and of the indistinctpassions that submerge Faust, are counterpointed bythe strident brass that scorches our ears at each ofMephistopheles’ irruptions, or the trombones thataccompany his devious lullaby ‘Voici des roses’ – andthe lacerating ‘Ha’ and the cutting ‘Hop’ in which thedemon’s visions burst forth in the Ride to the Abyss.As the philosopher Gaston Bachelard points out: ‘Inparticular, water and fire remain mutual foes even indreams, and those who listen to the stream can hardlyunderstand those who hear the flames sing: they do not speak the same language.’

Marguerite, also identified with specific instruments(the viola and the cor anglais, poignant and warm-24

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timbred to mirror her mezzo voice), sings in her turn of the ‘burning flame’ of love. At the end of the work,her Apotheosis provides the opportunity for a con -cluding illumination that transforms fire into light, as in the works of Novalis and the Rhine land mystics,echoing the unknown language of Pandaemonium,borrowed, according to Jacques Barzun, from another tradition of Illuminism: that of the Swedishtheosophist Swedenborg.

Nocturnal lightBerlioz’s delight in conceiving a new form is felt inorchestral writing that is at once lyrical and sizzling(the pizzicatos of Mephistopheles’ Serenade, or theterrifying apparitions that accompany the Ride to theAbyss) and always highly refined: the delicate dialoguebetween woodwind and harps in the Dance of theSylphs is a wonder of grace. It is also to be found in the melodic profusion of the score, one of the charac -teristics of Berlioz’s whole output. At one extreme, we have the Song of the Rat and Song of the Flea,gratingly ironic, underpinned by pungent, unstableinstrumen tation; at the other, Faust’s Air in Part Threewhich possesses a tremendous sweep that fades away at the end and resolves into a strange, sinuous stringphrase depicting the passionate curiosity that driveshim to examine Marguerite’s room. In the scene on thebanks of the Elbe, the accompaniment on trombonesand cornet lends a singularly doleful colour to thisenchanting moment. The Ballad of the King of Thule,introduced by a woodwind phrase of infinite tender -ness followed by a forlorn recitative, has the strange -ness of an unsettling lullaby, and is no less ambiguousthan its counterpart sung earlier by Mephistopheles.Marguerite sings her ballad ‘while undressing’, says

a stage direction from the Huit Scènes de Faust; ‘while braiding her hair’ in La Damnation. It diffuses a nocturnal light, as if the music were pouring forth at some frontier with another world. The urgent caress of the solo viola, the consolation provided by thetimbre of the horn, the lower strings that weave anunsettling texture (Berlioz scored this number withoutviolins), all contribute to its elusive character. IsMarguerite merely singing distractedly to herself,without paying attention to the words? Yes, but there is a captivating uneasiness in this music, an anguish that seduces both Marguerite, as she sings, and thelistener, who witnesses this exquisite halluci nation.There is something of the dream of oblivion in La Damnation de Faust.

One should not overlook the role played by theinstrumental numbers (the Dance of the Will-o’-the-wisps, with its many repeats, has a deliciously lopsidedelegance), nor the beauty of Berlioz’s recitatives, such as the one that opens Part Two, with the strings andwoodwind telling of the passing of time, and the bitterchord at the words ‘Viens, viens, noble cristal’. Theserecita tives add tension to a score whose virtues alsoembrace variety (of musical forms and moods) andconciseness. La Damnation de Faust is a mature work(chronologically, it lies midway between BenvenutoCellini and Les Troyens), a dazzling response, unique of its kind, to all the challenges imposed by the combi -nation of poetry, theatre and music. That being so, weneed not regret that Berlioz’s later Faust project, totransform La Damnation into a genuine opera with the complicity of Scribe, the famous but banal librettistof Meyerbeer, never saw the light. The opera inquestion, renamed Méphistophélès, would have filledout the role of the demon with a few more scenes; but25

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La Damnation as it is, with its rhythmic agility and its surprises, is devilish enough as it stands.

A waking dream‘His music is fire’, said Hermann Scherchen. Should we therefore view Berlioz as a ‘new Faust’ (as he calledhimself in 1831 in Le Retour à la vie, the early versionof Lélio) or a Mephi stopheles, ‘burnt, but still burning’(as he wrote in chapter 59 of the Memoirs)? Or is hetoo, like Marguerite, a hero set ablaze by his uncontrol -lable impulses? At once saviour and destroyer, Berliozhas the inspired detachment of one who contrives hisown sublime failure. Hence irony is constantly presentin La Damnation, whether in the sustained note in thecellos and double basses in the Dance of the Sylphs, or in the brief descending motif for flutes and clarinetsafter the words ‘ton chevet virginal’ in Faust’s ‘Merci,doux crépuscule’.

Devoid of illusions about life, constantly splittinghis personality in order to act as a caustic commentatoron his own sufferings, Berlioz was bound to feel hishero’s temptations in his innermost self. Mephisto -pheles, who leads Faust from place to place, representsthe fate of the composer himself, an unlucky Don Juanwho was in search of Music and believed he could findit from one city to another, one concert to another, likeNapoleon asserting his will for power in a desperateheadlong flight from battle to battle.

Faust’s defeat, explains David Cairns, is also thedecline of the Romantic dream. La Damnation is awork of loneliness and failure, no longer of conquest orchallenge like the compositions of the preceding period.It opts for the escape from the constraints of time thatcharacterises the works in his late style (from L’Enfancedu Christ onwards). Deprived of faith and of hope in

any sort of redemption, and in order to evade theterrors of history and free himself from the prison ofreality, Berlioz had no choice but to abandon himself to the time of myth, of art, that of the creation of a newworld. La Damnation de Faust marks the triumph ofthe age of fictions, and Berlioz is its magnificent hero.And the public failure of the work at its first perform -ance, at the Opéra-Comique on 6 December 1846,forced him to set off on his travels again, a wanderingmusician, a composer decidedly without an audience.

Christian Wasselin

1. Hugh Macdonald: A Masterpiece of Romantic Music:Berlioz’s La Damnation de Faust

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Synopsis

Part One Early in the morning Faust walks alone in the plains of Hungary. Neither the songs and dances of happy peasants nor the army as it passes by to thestrains of the Hungarian March can distract him fromhis melancholy.

Part Two In his study in Germany Faust meditates onthe ennui that plagues him. He is contemplating suicidewhen an Easter Hymn reminds him of his childhoodand the tenderness of prayer. Mephistopheles appearsand promises him happiness and pleasure; Faust agreesto follow him. They are transported to a tavern inLeipzig: we hear in succession a chorus of drinkers, theSong of the Rat sung by Brander, a drunken ‘Amen’fugue and Mephistopheles’ Song of the Flea. WhenFaust remains unmoved by these raucous delights,Mephistopheles takes him to groves on the banks of the Elbe; he sings him a lullaby, then calls upon thespirits of earth and air, which make Marguerite appearto Faust as he sleeps. After the Dance of the Sylphs,Faust awakens and asks Mephistopheles to lead him to Marguerite’s house. They make their way there byslipping into a procession of soldiers and students.

Part Three Fanfares sound Retreat. In Marguerite’schamber, Faust is moved at the idea of the love hebelieves he is experiencing. Mephistopheles hastens in,urging him to hide behind the curtains as Marguerite ison her way. She enters and sings the Ballad of the Kingof Thule. In the garden, Mephistopheles summons hisWill-o’-the-wisps, who dance a minuet before he him -self sings a parody serenade. Inside the house, Faustreveals his presence to Marguerite and they sing a love

duet. Mephi stopheles interrupts them to announce that the neighbours, roused by their singing, are aboutto warn Marguerite’s mother. Marguerite urges them to escape through the garden as the neigh bours knockat the door.

Part Four Marguerite has been abandoned and sings of the love that consumes her. Soldiers and students are heard in the distance, but Faust does not come. Hehas sunk back into loneliness and ennui, and attemptsto find solace in the majesty of nature. As distant horns evoke a hunt, Mephi stopheles informs him that Marguerite has been arrested for poisoning hermother. Horrified and guilt-stricken, Faust demandsthat Mephi sto pheles help him save the girl, and inreturn signs a fatal pact to serve him. Mephistophelessummons horses and now begins the Ride to the Abyss,at the end of which they plunge into a chasm. Faust islost, while Mephistopheles is victorious and announcesto the princes of darkness that his mission is accom -plished. In their abode, Pandæmonium, the demons and the damned souls celebrate his triumph. After abrief epilogue on earth, heavenly voices announce thatMarguerite is saved and hymn her Apotheosis.

Ch. W.Translation: Charles Johnston

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Mit dieser Einspielung haben wir mehr als die Hälftedes Projekts verwirklicht, alle wichtigen Werke diesesKomponisten bei Erato/Warner Classics aufzunehmen.Das vorliegende Werk ist dabei die größte Heraus -forde rung, und dafür können wir Mephistophelesverant wortlich machen, dessen teuflische Machen -schaften Berlioz inspirierten, unglaublich schwierigeMusik zu komponieren, die in ihrer Vielfalt ihres -gleichen sucht. Erneut spielt das wunder bare Orchestrephilharmo nique de Strasbourg, für das diese Heraus -forderungen kein Problem darstellen, und in denHauptrollen sind die unvergleichliche Joyce DiDonatosowie Michael Spyres zu erleben.

Einer der Faktoren, die dieses Werk – und in der Tat alle großen Werke von Berlioz – so besondersmachen, ist die enorme Bandbreite an Gefühlen, die ererkundet. Es gibt wohl keinen anderen Komponisten,der die Palette zwischen Unschuld und Teufelei sokontra streich darzustellen wusste wie Berlioz. Keinanderer Komponist hat die Tiefen der Traurig keiteindrucks voller ausloten können als Berlioz inMargarethes „D’amour l’ardente flamme“. Ein Dirigentsollte bei einer Auf führung nicht in Tränen ausbrechen,damit nicht auch das Publikum anfängt zu weinen.Aber ich bin jedes Mal nahe dran, wenn die Passage „Ô caresses de flamme!“ kommt. Absolut erschütternd.

Der wunderbare Coro Gulbenkian aus Lissabon hat die große und abwechslungsreiche Aufgabe, früh -lings liebende Bauern, Osterkirch gänger, Betrunkene in einem Leipziger Bier keller, Gnome und Sylphen im Dienst von Mephistopheles, Studenten und Soldaten auf dem Weg nach Hause, Irrlichter, die umMargarethes Haus tanzen, entsetzte Nachbarn, Bauern,die unter einem Kreuz knien, während Mephistophelesund Faust auf zwei schwarzen Pferden zur Hölle

galoppieren, Dämonen und verdammte Seelen in der Hölle und schließlich Engel im Himmel, dieMargarethe willkommen heißen, zu verkörpern. Welche Oper oder welches Oratorium könnte mitdieser Band breite an Chor-Rollen mithalten?

Ein abschließendes Wort zu dem merkwürdi genCharakter dieses Werks. Handelt es sich um eine Oper oder um ein konzertantes Werk? Angesichts dervielen Bühnenanweisungen in der Partitur würde manannehmen, dass Berlioz es als Oper konzipiert hat. Und durch diese Anweisungen haben viele Opern -intendan ten sich legitimiert gefühlt, es auf der Bühne zu präsentieren. Aber ich bin der festen Über zeugung,dass Berlioz es für den Konzertsaal vorgesehen hatte –und dass die Bühnen anweisungen die Ausführenden zu einem dramati schen Denken animieren sollten. Die Aufführung als Bühnenstück beschränkt dieFantasie der Zuschauer auf eine Sichtweise. Einekonzertante Aufführung ermöglicht zweitausendMenschen, sich das Werk auf zweitausenderlei Weise zu vergegenwärtigen.

John Nelson

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La Damnation de Faustzwischen Traum und Albtraum

Als Berlioz im November 1821 aus seiner Heimat, derDauphiné, nach Paris kam, stürzte er sich auf die Operund entdeckte Salieri und vor allem Gluck, dessenIphigénie en Tauride ihn zu der Überzeugung brachte,dass er Musiker werden müsse. Im Theater erlebte erseine großen Offenbarungen: Den Freischütz vonWeber (in einer französischen Fassung mit dem TitelRobin des bois) 1824 im Odéon, Shakespeare im Jahr1827, ebenfalls im Odéon, außerdem die Sinfonien von Beethoven, die dem Pariser Publikum ab 1828 imKonzertsaal des Konservatoriums zu Ohren kamen.1828 war auch das Jahr, in dem Berlioz Goethes Faustfür sich entdeckte, in der noch druckfrischen Über -setzung von Gérard de Nerval. Das Werk hinter ließ bei Berlioz einen „seltsamen und tiefen Eindruck“. Inseinen Memoiren erzählt er: „Das wunderbare Buchfaszinierte mich auf den ersten Blick, ich legte es nichtmehr aus der Hand und las es ohne Unterbrechung, bei Tisch, im Theater, auf der Straße, überall.“ Und erfügte hinzu: „Diese Übersetzung in Prosaform enthielteinige Fragmente in Versform, Lieder, Hymnen etc. Ich konnte der Versuchung nicht widerstehen, sie zuvertonen.“ Auf diese Weise entstanden die Huit Scènesde Faust, die wie Goethes Epos in einem Fantasie -theater ihren Ursprung hatten: Dieses Werk ist nichtfür die Bühne bestimmt, sondern dient der Erfüllungder Leidenschaften des Komponisten, der Margaretheoder Mephistopheles singen lässt, aber jene Personnicht berücksichtigt, die dem Werk seinen Titel gab.Die Huit Scènes de Faust wurden zu Berlioz’ Lebzeitenin ihrer Gesamt heit nie aufgeführt. Noch heute sind sieselten im Konzert zu erleben, was damit zusammen -

hängt, dass sie so bunt zusammengewürfelt sind undeine umfangreiche Orchesterbesetzung erfordern.

Berlioz hatte sich bereits mit dem Schäfer-spielEstelle et Némorin (dessen Partitur heute verloren ist)und mit der unvollendeten Oper Les Francs-Juges (vonder nur die Ouvertüre und einige Fragmente gebliebensind) an der Form der Oper gerieben. Die Huit Scènesde Faust stehen am Anfang einer Reihe von Werken, bei denen eine neue Form zur Anwendung kam. DerFaust-Stoff blieb für ihn unerschöpflich: Er versuchtedie Pariser Oper davon zu über zeugen, ein vonGoethes Faust inspiriertes Ballett bei ihm in Auftrag zu geben, doch das Projekt kam nicht zustande. Dann berichtete er seinem Freund Humbert Ferrandam 2. Februar 1829, dass er seit langer Zeit eine„Symphonie descriptive de Faust“ in seinem Kopf habe, die in ihm „gäre“. Daraus wurde die Symphoniefantastique, die am 5. Dezember des folgenden Jahresuraufgeführt wurde – eine Komposition ohne Text,aber reich an literarischen Reminiszenzen des Kompo -nisten: Faust ist im letzten Satz durch die Überschrift„Songe d’une nuit de sabbat“ präsent, was der Über -setzung entspricht, die Nerval für Goethes Walpurgis -nachts traum wählte.

Erstaunlicherweise dachte Berlioz zu dieser Zeitnoch nicht daran, eine Oper zu komponie ren, die vondem Faust-Stoff inspiriert sein sollte, vielleicht, weilGoethes Epos selbst ihm nicht den Konventionen undBedingungen der Bühne zu entsprechen schien. DieGattung der Oper brachte Berlioz darüber hinaus nichtden erwarteten öffentlichen Erfolg ein: Trotz ihresdramatischen Schwungs, ihrer gelungenen Mischungvon Genres und ihres musikalischen Reichtums ver -schwand seine Oper Benvenuto Cellini, urauf geführt1838, sehr schnell wieder vom Spielplan der Pariser30

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Oper. Berlioz stürzte sich daraufhin in die Arbeit an einem neuen Werk, Roméo et Juliette, das er„Symphonie dramatique“ nannte und bei demunterschied liche Genres vermischt wurden, darunterSinfonie, Lied, Kantate und Oper: So entstand wiedereine neue Form. Doch Berlioz wurde trotz derpositiven Resonanz auf seinen Roméo im Jahr 1839bewusst, dass es für ihn in Paris keinen dauerhaftenErfolg gab, und so ging er ab 1842 auf Wanderschaftund sollte es für ein Vierteljahrhundert bleiben.

Ein Komponist auf WanderschaftIm Jahr 1845 reiste Berlioz kreuz und quer durchDeutschland und Mitteleuropa, ein Kom ponist ohnePublikum, der nur in den Städten, in denen er aufseinen langen Konzert tourneen als Dirigent auftrat,Zuspruch erhielt. Unterwegs kehrte er zurück zu denLeiden schaften seiner Jugend. Insbesondere erinnerte er sich daran, dass er 1828 die Huit Scènes de Faustkompo niert hatte, die als Gesamtheit keine festgelegteForm, aber jeweils das Profil unter schiedlicher lyrischerund dramatischer Szenen hatten. Berlioz verspürte das Bedürfnis, sich ihnen erneut zu widmen und sie in einem neuen Werk aufgehen zu lassen: So entstandwieder ein neuer Werktypus, der ihnen eine ganzandere Bedeu tung verleihen und gleichzeitig Konzertund Musiktheater in sich vereinen sollte. Auf dieseWeise entwickelte sich La Damnation de Faust, Berliozbezeichnete das Werk als „Konzertoper“ und später als „dramatische Legende“.

Wie bei den meisten Werken von Berlioz handelt essich um einen Prototyp. „Ich kompo nierte mein Werkmit einer Leichtigkeit, die ich sehr selten bei meinenanderen Werken empfunden habe“, berichtete derKomponist in seinen Memoiren. „Ich arbeitete daran,

wann und wo immer ich konnte, in der Kutsche, in der Eisenbahn, auf den Dampfschiffen und sogar in den Städten, trotz der vielfältigen Verpflichtungen, zudenen die Konzerte, die ich dort gab, mich nötigten.“Durch die Bedingungen ihrer Entstehung und ihreneige nen Aufbau als Werk, das auf Reisen entstand, istLa Damnation de Faust auch ein Fantasiestück undentfaltet verschiedene Vorstellungsebenen in schnellemWechsel. Dieses Werk ist gleichzeitig ein musikalischesDrama und der Traum von einem idealen Theater. Es ist größer angelegt als die Huit scènes, wie bereitserwähnt, und weni ger lückenhaft, aber das neue Werklässt sich in keine konventionelle Form pressen, auchwenn später ein russischer Kritiker und Zeitgenossevon Berlioz, Wladimir Stassow, von „seiner Sinfonie La Damnation de Faust“ und in einem Brief an denKomponisten vom 24. November 1862 vom „Scherzovon Faust“ sprach.

Der englische Musikwissenschaftler HughMacdonald schrieb dazu: „Die Änderungen derSzenerie, insbesondere im zweiten Teil, in dem dieHandlung von Fausts Studierzimmer zu AuerbachsKeller in Leipzig wechselt, von dort an das Ufer derElbe und schließlich zu einer Straßenszene, vollziehensich eher wie im Traum als konkret auf der Bühne. Der Einschub von Mephistopheles’ Irrlichtern imdritten Teil sorgt für ein fantastisches Entertainment-Element mitten in einer opernhaften Liebesszene. Die Darstellung von Himmel und Hölle am Ende desStücks übersteigt die Möglichkeiten der Bühne underfordert ein komplexeres Medium.“1 Bereits bei denHuit scènes de Faust und der Symphonie fantastiqueerkannte Berlioz, dass der Traum das erste und einzigemögliche Fort bewegungsmittel ist. Fünfzehn Jahrespäter erfuhr diese Erkenntnis bei der Damnation31

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noch eine Steigerung. Als Metapher für ein Anderswo erzählt La Damnation von der fieberhaften Suche nacheiner ewigen Mobilität und von dem Streben nach demunerreichbaren Absoluten: im Bereich des Wissens, inder Liebe und im Einswerden mit dem Universum.

Von Schlössern und RuinenVon den etwa zwanzig Szenen, aus denen sich das Werk zusammensetzt, spielt jede – oder fast jede – an einem anderen Schauplatz. Das schmerzlicheUnerfülltsein, das von dem Werk ausgeht, rührt vondieser extremen Unruhe her. Es gibt keinerlei räumlicheKonstante, der ver schlungene Ablauf des Werks ent -spricht der Flucht nach vorn bis zum kopflosen Rittzum Abgrund und begleitet den Komponisten selbst inseiner uneingeschränkten Inspiration. Wie der französi -sche Schriftsteller Théophile Gautier unterstrich, lehnteBerlioz die „feigen Zuge ständnisse an die Philister“ ab, denen andere wahrscheinlich nachgegeben hätten.

Die Symphonie fantastique, entstanden in der ersten Begeisterung über die Entdeckung von GoethesWerk, steht ganz bewusst unter dem Zeichen E.T.A.Hoffmanns. Dreizehn Jahre später, im Kontext seinerersten Deutschland tournee, wurde Berlioz mit Ver -zückung und Sehnsucht wieder von dem Fieber dieserliterari schen Begegnung ergriffen: „Die Reise auf demRhein ist übrigens eine wunderbare Sache, und allediese alten Schlösser, diese Ruinen, diese finsteren Berge haben mich am hellerlichten Tag träumen lassen,eingelullt von der Erinnerung an die Gedichte Goethesund die Erzählungen Hoffmanns“, schrieb er seinerSchwester Nanci am 23. Oktober 1842. 1845 war seineFantasie bereit: Die Zeit für Faust war gekommen.Auch die Erinnerung an Weber, an Shakespeare und an Beethoven tauchte wieder auf. Aber Berlioz

beabsichtigte nicht, scheinheilig Goethes Faust zuillustrieren: Mit allen Mitteln, die ihm zu Gebotestanden, wollte er seinen eigenen Faust erfinden, denndieses Werk entsprach seinen innersten Fragen, wie er in der Vorbemerkung zu seinem Werk erläuterte:„Bereits der Titel dieses Werks weist darauf hin, dass es nicht auf dem Grundgedanken von Goethes Faustbasiert, denn in dem illustren Epos wird Faust gerettet.Der Verfasser von La Damnation de Faust hat beiGoethe nur eine gewisse Anzahl an Szenen entliehen,die in den Entwurf passten, den er angelegt hatte,Szenen, die unwiderstehlich für seinen Geist waren.Aber wäre er den Gedenken Goethes treu geblieben,hätte er sich gleichwohl dem Vorwurf aussetzenmüssen, den ihm mehrere Personen bereits gemachthaben (einige davon mit einer gewissen Bitterkeit), ein Denkmal verstümmelt zu haben. Und er fuhr fort:„Die Legende des Doktor Faust kann auf unterschied -lichste Weise behandelt werden, sie ist öffentlichesEigentum, sie ist bereits vor Goethe verarbeitetworden, sie zirkulierte seit langer Zeit unter diversenFormen in der literarische Welt Nordeuropas, als ersich dieses Stoffs annahm, Marlowes Doctor Faustusgenoss in England sogar eine Art Berühmtheit, einenechten Ruhm, der Goethe hat verblassen und ver -schwinden lassen.“ Wo Gounod später einen Stoffbehandeln sollte, sprach Berlioz von sich selbst.

Die Damnation steht von den Umständen ihrerKomposition, der Flexibilität ihrer Struktur und derSchreibweise in Arabesken her E.T.A. Hoffmann nahe.Sie ist weniger von einem diskursiven Geist als von der Fantasie des Reisenden geprägt. Kapriziös undunvorher sehbar ist ihre Architektur von sinnlichem,nervösem und leidenschaftlichem Ausdruck, selbst in ihren sanftesten Momenten, mit einer Lust an der32

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Eroberung, von der nur die Sehn sucht bleibt. Sie stehtHoffmann auch durch die Abfolge der Szenen nahe,eine Vielzahl von Fragmenten, Stücken, die Berlioz zuder Erkenntnis brachten: „Ich habe nicht nach Ideengesucht, ich ließ sie kommen, und sie tauchten in völligunvorhersehbarer Reihenfolge auf. Als schließlich der gesamte Entwurf des Werks angelegt war, begannich alles zu überarbeiten, zahlreiche Abschnitte zupolieren, sie zu verbinden, sie mit aller Hartnäckigkeitund aller Leidenschaft, derer ich fähig bin, zusammen -zuschmelzen und die Instrumentierung abzuschließen,die nur hier und da angegeben war.“ Hoffman wandtesich zu Beginn seiner Fantasiestücke in Callots Manieran Jacques Callot: „Schaue ich deine überreichen ausden heterogensten Elementen geschaffenen Compo -sitionen lange an, so beleben sich die tausend undtausend Figuren, und jede schreitet, oft aus dem tiefstenHintergrunde, wo es erst schwer hielt sie nur zuentdecken, kräftig und in den natürlichsten Farbenglänzend hervor.“ Ebenso wie Berlioz Harold nachItalien gebracht hatte, ohne dabei mit Byron überein -zustimmen, nahm er sich auch die Freiheit, Faust nachUngarn reisen zu lassen. Und ebenso reichten ihmeinige Sekunden am Ende, um eine dieses Mal vertikaleVerlagerung durchzuführen, von der Hölle auf die Erde und dann in den Himmel.

Kontraktion, Ausdehnung, Teleskopaufnah men:Diese Manipulation von Zeit und Raum – dieGleichzeitigkeit aller Reisen, die großen Effekte derBeschleunigung und Verlangsamung beim Ritt zumAbgrund – erlebt ihren Höhe punkt im dritten Teil, wodie Musik die reale Handlung durcheinanderbringt,indem sie Episoden aufeinander folgen lässt, die sich in der Wirklichkeit gleichzeitig abspielen. So singtMargarethe ihre Ballade vom König in Thule in dem

Moment, in dem Mephistopheles im Garten dieIrrlichter tanzen lässt. Ebenso singt Letzterer seineSerenade, während Faust sich in Margarethes Zimmerdem jungen Mädchen offenbart, nachdem er sich„hinter diesen Seidenvorhängen“ versteckt hatte(Erinnerung an Polonius in Shakespeares Hamlet?) und mit ihr das Duett „Angebeteter Engel“ singt, dasbald zum Trio wird.

Die verschwundenen TrugbilderUm den Aufbau seines Werks klarer zu gestalten,entschied sich Berlioz, die verschiede nen Szenen in vier Teilen zusammenzufassen. Diese einzelnen Teilerepräsentieren weniger Akte im konventionellen Sinneder Theater tradition als vielmehr neue Phasen in derver hängnisvollen Verirrung Fausts, als ob jedes Malalles von vorne anfinge. Die drei ersten Teile beginnenjeweils mit einem nachdenklichen Monolog des Helden,der vierte Teil beginnt unmittelbar, nachdem dieRomanze mit Margarethe beendet ist, und führt unserneut einen verzweifelten Faust vor Augen, unendlicheinsam, zerfressen von Langeweile. Der britischeBerlioz-Spezialist David Cairns erläutert, dass „dasabsteigende Motiv aus drei Noten – cis, h, a in derTonart fis-Moll – (…) den Anfang des ersten Monologsvon Faust ‚Der alte Winter‘ mit dem Monolog desletzten Teils ‚Unermessliche Natur‘ verbindet. Es gibtauch eine Verbindung zwischen diesem Motiv und dem Motiv zu Beginn des dritten Monologs: ‚Hab‘Dank, süße Dämmerung‘. Mephistopheles interveniertbei Faust jedes Mal, wenn dieser kurz davor ist, dem Glück nahezukommen (der Religion im zweiten Teil,dem Liebesglück im dritten Teil) oder dem Trost durchdie Betrachtung der Natur (im vierten Teil).

Diese zyklische Rückkehr zur größt möglichen33

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Enttäuschung ist das Grundmotiv des Werks. Derfranzösische Schriftsteller Marcel Schneider bringt diese Verzweiflung, die aus dem Sinnverlust und demewigen Kreislauf resultiert, zum Ausdruck, indem er La Damnation als eine „Art höllischen Reigen“beschreibt, „den Berlioz um Goethes Epos heruminszeniert“. Und die Rückkehr Fausts zur Natur imvierten Teil steht nur noch für den Wunsch nachAuslöschung und Auflösung: Die Stunde des Glaubensist vorüber, auch die der Herausforderungen, denn Gott glänzt nur durch seine Abwesenheit.

Mephistopheles, der ebenso wenig Luzifer ist wieFaust Prometheus, muss nichts anderes tun als seineGeisel zu schnappen – jeglicher Widerstand wurdeaufgegeben –, um der Illusion durch die Ironie ein Ende zu setzen, die einzig mögliche Antwort auf dasFehlen des Absoluten. Nun kann der Ritt beginnen, bei dem die Bauern und die Vögel aus dem ersten Teilim dunklen Licht des Albtraums wieder auftauchen – in der Tat wohnt Berlioz’ Werk als Ganzem etwas von der Düsterkeit des Gemäldes „Der Nachtmahr“von Füssli inne.

Faust wird am Ende des Werks den Flammenüberliefert, doch das Feuer ist während der ganzenDamnation gegenwärtig. Bereits im zweiten Teil(allerdings müsste man auch von den „mille feuxéclatants“ [tausend strahlenden Feuern] oder von dem„feu dans leurs yeux [Feuer in ihren Augen] im erstenTeil sprechen), lässt die Szene in Auerbachs Keller mit der Lobpreisung des „brennenden Punsches“ die heitere Stimmung der Tavernen aufleben, wo „der Punsch der Freundschaft“ als Zaubertrank undgleichzeitig als Offenbarung diente. Aber ebenso wie„die Nacht ohne Sterne“ sich Faust entzog, lehnt erdieses Mal die fiebrigen Trug bilder des Alkohols ab

und bleibt dabei, sich in seinen Verzicht zu versenken:Es sind die „Pflanzen und Wasserläufe“ (1. Szene), die „lieblichen Klänge, die sein Herz erquicken“ (4. Szene), die Wäldchen und Wiesen am Ufer der Elbe(7. Szene), die Ströme (16. Szene), die ihm das Gefühlvon Vertrautheit geben und im Idealfall die freie Natur und das reine Wasser. Die Streichinstrumentetransportieren die Träume von der Geborgenheit unddie Welle der Gefühle, von der Faust ergriffen wird,darauf antworten die scharfen Blechblasinstrumente,die bei jedem Auftauchen von Mephistopheles ins Ohr dringen, oder auch die Posaunen, die sein heim -tückisches Wiegenlied „Rosen sind hier“ begleiten.Nicht zu vergessen die schnei denden Ausrufe „Ha!“und „Hopp!“, mit denen beim Ritt zum Abgrund die Visionen des Teufels in Erscheinung treten. Derfranzösische Philosoph Gaston Bachelard analysiertedas folgendermaßen: „Insbesondere bleiben Wasser und Feuer Feinde bis zu Fausts Traum, und derjenige,der dem Bach lauscht, kann kaum denjenigen verstehen,der die Flammen singen hört: Sie sprechen nicht diegleiche Sprache.“

Auch Margarethe ist mit eigenen Instrumen tenausgestattet (Bratsche und Englischhorn, zärtlich undwarm, ihrer Mezzosopranstimme entsprechend) undsingt ihrerseits von „L’ardente flamme“ [der loderndenFlamme] der Liebe. Am Ende wird in ihrer Apotheosedie Chance zu einer ultimativen Erleuchtung genutzt,bei der das Feuer in Licht umgewandelt wird, eineReminiszenz an Novalis und die Rheinromantik alsEcho auf die unbekannte Sprache des Pandämoniums,die nach Ansicht des amerikanischen HistorikersJacques Barzun wiederum einer anderen Tradition derIlluminationsphilosophie entstammt, nämlich jener des schwedischen Theosophen Emanuel Swedenborg.34

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Das Licht der NachtMan stellt immer wieder fest, mit welcher FreudeBerlioz neue Formen gestaltet und wie präsent dieseFreude in seinem gleichzeitig lyrischen und auf -brausenden Orchester ist (man muss sich nur dasPizzicato von Mephistopheles’ Serenade anhören oderdie entsetzenerregenden Erscheinungen, die den Rittzum Abgrund begleiten), alles wirkt sehr ausgefeilt (der Dialog zwischen den Holzbläsern und den Harfenim Tanz der Sylphen könnte nicht feinsinniger sein, ein Wunder der Anmut). Berlioz‘ Werk zeugt auch voneiner großen melodischen Erfindungs gabe, aber dermelodische Reichtum ist ein Charakteristikum, das man in allen seinen Werken findet. Das Lied der Ratteund das Lied des Flohs sind ebenfalls sehr eindringlich,unterstützt durch eine stechende und unruhige Instru -mentierung. Fausts Arie im dritten Teil wird von einemgroßen Atem getragen, der aufsteigt und sich dann in einer seltsamen, gewundenen Phrase der Streicherauflöst. Diese Phrase steht für die Leiden schaft, die den Helden treibt, das Zimmer von Margarethe zubeobachten. In der Szene am Ufer der Elbe steuert die Begleitung der Posaunen und Hörner in diesemMoment der Verzauberung eine düstere Farbe bei. Die Ballade des Königs von Thule mit einer Einleitungder Holzbläser von unendlicher Zartheit, auf die einverlorenes Rezitativ folgt, ist ein Wiegenliedern, daseher verstörend als beruhigend wirkt, sie ist genausomehrdeutig wie Mephistopheles‘ Wiegenlied.Margarethe singt die Ballade, „während sie sich ent -kleidet“, kann man der Regieanweisung der Huit scènesde Faust entnehmen, „während sie ihr Haar flicht“,heißt es in La Damnation. Ein nächtliches Licht wirdfreigesetzt, als ob die Musik aus einer anderen Weltkäme. Die inständige Liebkosung des Bratschensolos,

der Trost, der von der Klangfarbe des Horns ausgeht,die ernsten Streicher, die Unruhe einbringen (Berliozhat bei dieser Passage die Violinen weggelassen) – alles das trägt dazu bei, dass der Stoff nicht greifbarwird. Margarethe trällert gleichgültig, ohne sichGedanken über die Worte zu machen. Dabei herrscht in dieser Musik ein faszinierendes Unbehagen, eineBeklemmung, die gleichzeitig Margarethe verzaubert,die singt, und den Zuhörer, der Zeuge dieser reizendenHalluzination wird. Der Damnation de Faust wohnenTraum und Albtraum zugleich inne.

Man darf auch die Rolle der Instrumental stückenicht vergessen (das Menuett der Irr lichter mit seinenzahlreichen Wiederholungen ist von einer herrlichhinkenden Eleganz) und auch nicht die Schönheit derRezitative bei Berlioz, zum Beispiel jenes Rezitativs,das den zweiten Teil eröffnet, mit den Streichern undHolzbläsern, die für das Verstreichen der Zeit stehen,mit dem bitteren Akkord auf den Worten „Komm,edles Kristall“. Die Rezitative verleihen dem Werk,dessen Qualitäten auch in der Vielfalt (der musikali -schen Formen und Stimmungen) und der Kürzebestehen, eine enorme Spannung. La Damnation deFaust ist gewissermaßen ein reifes Werk (chronologischliegt es genau zwischen Benvenuto Cellini und LesTroyens und zeugt von einem Komponisten, der seineKunst mit einer souveränen Freiheit ausübt, ohne an irgendetwas anderes zu denken als an sein Werk: La Damnation ist eine leuchtende Antwort, einzigartigin der Gattung, trotz aller Schwierigkeiten, die sichdurch die Verbindung von Poesie, Theater und Musikergeben. Man bedauert in keinster Weise, dass dasspätere Faust-Projekt von Berlioz, nämlich aus LaDamnation eine echte Oper zu machen, unter Mithilfevon Eugène Scribe, dem berühmten und einfallslosen35

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Librettisten von Meyerbeer, nicht zustande kam.Sicherlich hätte diese Oper mit dem neuen TitelMéphistophélès die Rolle des Teufels um einige Szenenerweitert, aber La Damnation in der Form, wie sievorliegt, mit ihrer rhythmischen Agilität und ihrenÜberraschungen, transzendiert alle Teufeleien.

Ein Tagtraum„Seine Musik ist wie Feuer“, sagte der DirigentHermann Scherchen: Muss man in Berlioz einen„neuen Faust“ sehen (wie er sich selbst 1831 in Le Retour à la vie, der einfachen Form von Lélio,nannte) oder einen „ausgebrannten, aber immer nochbrennenden“ Mephistopheles (wie er im 59. Kapitelseiner Memoiren schrieb)? Sofern er kein Held ist, der wie Margarethe von seinen unstillbaren Impulsenverbrannt wird. Berlioz ist Verurteiler und Heilbringerund hat die Gleichgültigkeit dessen, der grandiosscheitert. Die Ironie ist immer präsent in La Damnation,im Liegeton der Celli und Kontra bässe im Tanz derSylphen oder in dem kleinen absteigenden Motiv derFlöten und Klarinetten nach den Worten „ton chevetvirginal“ [deine jungfräuliche Bettstatt] in Fausts Arie.

Berlioz machte sich keine Illusionen über das Lebenund war innerlich gespalten als bissiger Kommentatorseiner eigenen Schmerzen, er konnte nicht anders, alsdie Versuchungen seines Helden in seinem tiefstenInneren nach zuempfinden. Mephistopheles, der Faustvon Ort zu Ort mitnimmt, steht für das Schicksal desKomponisten selbst, unglücklicher Don Juan, der dieMusik sucht und glaubt, sie von Stadt zu Stadt, vonKonzert zu Konzert finden zu kön nen, wie Napoleon,der von Schlacht zu Schlacht seinen Machtwillen zumAusdruck brachte, auf einer verzweifelten Flucht nach vorn.

Fausts Niederlage, erklärt David Cairns, ist auch eine Absage an den romantischen Traum. La Damnation ist ein Werk der Einsamkeit und desScheiterns, keines der Eroberung oder Herausforde -rung wie die Werke der vorherigen Phase. Berliozwählte die Flucht aus der Zeit heraus, die auch seineletzten Werke (ab L’Enfance du Christ) charakterisierte.Ohne Glauben, ohne Hoffnung auf eine wie auchimmer geartete Erlösung konnte Berlioz nur dermythischen Zeit frönen, der Kunst, der Schaffung einerneuen Welt, um den Schrecken der Geschichte zuentgehen und sich von der Wirklichkeit zu befreien. La Damnation de Faust markiert den Triumph derFiktion, und Berlioz ist ihr Held par excellence. DerMisser folg der Damnation bei ihrer Uraufführung am6. Dezember 1846 an der Opéra-Comique zwang ihn,sich wieder auf den Weg zu machen, als umherzie -hender Musiker und Komponist ohne Publikum.

Christian Wasselin

1. Hugh Macdonald: A Masterpiece of Romantic Music:Berlioz’s La Damnation de Faust

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Handlung

Erster Teil Faust geht am frühen Morgen alleine in derUngarischen Ebene spazieren. Das Singen und Tanzenfröhlicher Bauern kann ihn von seiner Melancholienicht ablenken, auch nicht das Vorüberziehen derArmee zu den Klängen des „Ungarischen Marsches“.

Zweiter Teil Zurück in seinem Studierzimmer inDeutschland meditiert Faust über die Lange weile, dieihn verfolgt. Er denkt an Selbstmord, doch es erklingendie Ostergesänge, die ihm seine Kindheit und die Süßedes Gebets ins Gedächtnis rufen. Dann erscheintMephisto pheles und verspricht ihm Glück undVergnügen: Faust willigt ein, ihm zu folgen. Sie findensich in einer Schenke in Leipzig wieder: Chor derZecher, Branders Lied über die Ratte, Fuge über dasThema von Branders Lied, Mephistopheles’ Lied überden Floh. Faust zeigt sich unbeeindruckt von diesengrölenden Freuden und Mephistopheles nimmt ihn mitzu den Wäldchen am Ufer der Elbe. Er singt ihm einWiegenlied, dann ruft er die Geister, die Margarethe inFausts Traum erscheinen lassen. Der Tanz der Sylphengeht Fausts Erwachen voraus, Faust bittet Mephisto -pheles, ihn zu Margarethe zu bringen. Sie begeben sich dorthin und mischen sich unter einen Zug vonSoldaten und Studenten.

Dritter Teil Fanfaren erklingen zum Zapfen streich. Im Zimmer von Margarethe ist Faust bewegt von derLiebe, die er zu empfinden glaubt. Mephistopheles eilt herbei und hält ihn an, sich hinter Vorhängen zuverbergen, da Margarethe naht. Sie tritt ein und singtdie Ballade vom König von Thule. Im Garten lässtMephistopheles seine Irrlichter kommen, die ein

Menuett tanzen, bevor Mephistopheles eine parodisti -sche Serenade anstimmt. Im Zimmer von Margarethegibt Faust sich ihr zu erkennen und singt mit ihr einLiebesduett. Mephisto pheles platzt herein und kündigtan, dass die Nachbarn, aufgewacht von ihrem Gesang,Margarethes Mutter warnen. Diese lässt Faust undMephistopheles durch den Garten fliehen, in demMoment, in dem die Nachbarn an die Tür klopfen.

Vierter Teil Alleine zurückgeblieben, besingtMargarethe die Liebe, von der sie verzehrt wird.Soldaten und Studenten sind aus der Ferne zu hören,aber Faust kommt nicht. Einsamkeit und Langeweilehaben sich seiner wieder bemächtigt und er versuchtTrost in der Natur zu finden. Mephistopheles berichtetihm, während ent fernter Hörnerklang von einer Jagdkündigt, dass Margarethe im Gefängnis gelandet ist,weil sie ihre Mutter vergiftet hat. Er redet Faust zu, ihm zu folgen, um das junge Mädchen zu retten. Faustwilligt ein und unterschreibt einen fatalen Pakt mitMephistopheles. Sie steigen auf zwei Rösser: Der Rittzum Abgrund beginnt, an dessen Ende sie in einenSchlund fallen. Faust ist verloren, Mephistopheles ist Sieger und verkündet den Fürsten der Finsternis,dass seine Mission erfüllt ist. Im Pandämonium feierndie Dämonen und Verdammten seinen Triumph. Nach einem kurzen Epilog auf der Erde ver kündenhimm lische Stimmen, dass Margarethe gerettet ist undbesingen ihre Apotheose.

Ch. W.Übersetzung: Dorle Ellmers

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PREMIÈRE PARTIE

Scène iplaines de hongrieFaust seul, dans les champs au lever du soleil.

Faust1 Le vieil hiver a fait place au printemps ;

La nature s’est rajeunie ;Des cieux la coupole infinieLaisse pleuvoir mille feux éclatants.Je sens glisser dans l’air la brise matinale ;De ma poitrine ardente un souffle pur s’exhale.J’entends autour de moi le réveil des oiseaux,Le long bruissement des plantes et des eaux…Oh ! qu’il est doux de vivre au fond des solitudes,Loin de la lutte humaine et loin des multitudes !

De lointaines rumeurs agrestes et guerrièrescommencent à troubler le calme de la scène pastorale.

Scène iironde de paysans

Chœur de paysans2 Les bergers laissent leurs troupeaux ;

Pour la fête ils se rendent beaux ;Fleurs des champs et rubans sont leur parure ;Sous les tilleuls, les voilà tous,Dansant, sautant comme des fous.Ha ! ha ! ha ! Landerira !Suivez donc la mesure !Ha ! ha ! ha ! Landerira !Tra la la ! Ha ! ha !

FaustQuels sont ces cris ? quel est ce bruit lointain ?

ChœurTra la la ! Ha ! ha !

FIRST PART

Scene ithe plains of hungaryFaust alone in the fields at sunrise.

FaustOld winter has made way for spring;Nature has grown young again.The immense dome of Heaven pours downA glittering rain of light.I feel the morning breeze stir the air.From my ardent breast a pure breath breaks.All around me I hear birds waking,The steady rustle of plants and streams.Oh, how sweet it is to live in utter solitude,Far from human strife and the multitudes of men!

Distant sounds of rustic life and of war begin to disturb the calm of the landscape.

Scene iipeasants’ round dance

Chorus of PeasantsThe shepherds leave their flocks;They’re dressing up for the feast;Ribbons and wild flowers are their attire.See them all, under the lime trees,Dancing, leaping like madmen.Ha! ha! ha! Landerira!Follow the beat of the dance!Ha! ha! ha! Landerira!Tra la la! Ha! ha!

FaustWhat are those cries? What is that distant sound?

ChorusTra la la! Ha! ha!

ERSTER TEIL

1. Szeneungarische ebeneFaust bei Sonnenaufgang allein in den Feldern.

FaustDer alte Winter ist dem Frühling gewichen,Jung ist wieder die Natur. Vom unendlichen HimmelsdomErgießen sich Ströme von glänzendem Licht.Die Morgenbrise fühle ich die Luft bewegen;Ein reiner Atemzug löst sich aus meiner brennenden Brust.Um mich her höre ich das Erwachen der Vögel,Das stetige Rauschen der Pflanzen und Wasserläufe.O, wie schön ist das Leben in völliger Einsamkeit,Weit weg vom Streit und der Menge der Menschen!

Entfernte Klänge von Landleben und kriegerischem Treiben trüben allmählich die Ruhe der ländlichen Szene.

2. Szenereigen der bauern

Chor der BauernDer Schäfer putzte sich zum Tanz,Mit bunter Jacke, Band und Kranz,Schmuck war er angezogen.Schon um die Linde war es voll;Und alles tanzte schon wie toll.Juchhe! Juchhe!Juchheisa! Heisa! He!So ging der Fiedelbogen.(Goethe)

FaustWas ist das für ein Geschrei, was für ein ferner Lärm?

ChorTralalala! Ho! Ho! Ho!

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FaustCe sont des villageois, au lever du matin,Qui dansent en chantant sur la verte pelouse.De leurs plaisirs ma misère est jalouse.

ChœurIls passaient tous comme l’éclair,Et les robes volaient en l’air ;Mais bientôt on fut moins agile ;Le rouge leur montait au front ;Et l’un sur l’autre dans le rond,Ha ! ha ! ha ! Landerira !Tous tombaient à la file.Ha ! ha ! ha ! Landerira !

« Ne me touchez donc pas ainsi !– Paix! ma femme n’est point ici ;Profitons de la circonstance ! »Dehors il l’emmena soudain,Et tout pourtant allait son train,Ha ! ha ! ha ! Landerira !La musique et la danse.Ha ! ha ! ha ! Landerira !Tra la la ! Ha ! ha !

Scène iiiune autre partie de la plaineUne armée qui s’avance.

Faust3 Mais d’un éclat guerrier les campagnes se parent.

Ah ! les fils du Danube aux combats se préparent !Avec quel air fier et joyeuxIls portent leur armure ! et quel feu dans leurs yeux !Tout cœur frémit à leur chant de victoire ;Le mien seul reste froid, insensible à la gloire.

4 marche hongroise

Les troupes passent. Faust s’éloigne.

FaustIt is villagers, who have risen at daybreakTo dance and sing on the green sward.My wretchedness grudges them their delights.

ChorusThey all went by like lightningAnd their dresses flew in the air;But presently they grew clumsy,Their faces were on fire.And one by one in the ring,Ha! ha! ha! Landerira!They all fell down in a row.Ha! ha! ha! Landerira!

‘Don’t touch me like that!’‘Don’t worry, my wife’s not here,Let’s take our chance.’He snatched her from the circle,And everything took its course.Ha! ha! ha! Landerira!Music and dancing.Ha! ha! ha! Landerira!Tra la la! Ha! ha!

Scene iiianother part of the plainAn army advancing.

FaustBut the plains flash with a warlike gleam.Ah, the sons of the Danube prepare for combat.With what joy and prideThey wear their armour.With what fire their eyes blaze.All hearts throb to their victory song;Mine alone remains cold, indifferent to glory.

hungarian march

The troops pass; Faust moves off.

FaustEs sind die Dorfbewohner,Die bei Tagesanbruch aufgebrochen sind,Um auf dem frischen Rasen zu singen und zu tanzen.Mein Elend neidet ihnen ihre Freude.

ChorDoch hurtig in dem Kreise ging’s,Sie tanzten rechts, sie tanzten links,Und alle Röcke flogen.Sie wurden rot, sie wurden warmUnd ruhten atmend Arm in Arm,Juchhe! Juchhe!Juchheisa! Heisa! He!Und Hüft’ an Ellenbogen.

Und tu mir doch nicht so vertraut!Wie mancher hat nicht seine BrautBelogen und betrogen!Er schmeichelte sie doch bei Seit’,Und von der Linde scholl es weit:Juchhe! Juchhe!Juchheisa! Heisa! He!Geschrei und Fiedelbogen.(Goethe)

3. Szeneein anderer teil der ebeneEine Armee rückt vor.

FaustAber die Ebenen blitzen in kriegerischem Glanz.Ha, die Söhne der Donau bereiten sichZum Kampfe vor. Mit welcher Freude, Welchem Stolz tragen sie ihre Rüstung! Welches Feuer leuchtet in ihren Augen!Alle Herzen schlagen zu ihrem Siegeslied:Nur das meine bleibt kalt, Ruhm berührt es nicht.

ungarischer marsch

Die Truppen ziehen vorüber. Faust entfernt sich.42

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DEUXIÈME PARTIE

Scène ivnord de l’allemagneFaust seul dans son cabinet de travail.

Faust5 Sans regrets j’ai quitté les riantes campagnes

Où m’a suivi l’ennui ;Sans plaisirs je revois nos altières montagnes ;Dans ma vieille cité je reviens avec lui.Oh ! je souffre ! je souffre ! et la nuit sans étoiles,Qui vient d’étendre au loin son silence et ses voiles,Ajoute encor à mes sombres douleurs.Ô terre ! pour moi seul tu n’as donc pas de fleurs !Par le monde, où trouver ce qui manque à ma vie ?Je chercherais en vain, tout fuit mon âpre envie !Allons, il faut finir !… Mais je tremble… PourquoiTrembler devant l’abîme entr’ouvert devant moi ?…Ô coupe trop longtemps à mes désirs ravie,Viens, viens, noble cristal, verse-moi le poisonQui doit illuminerOu tuer ma raison !

Il porte la coupe à ses lèvres. Sons des cloches.Chants religieux dans l’église voisine.

chant de la fête de pâques

Chœur de chrétiens6 Christ vient de ressusciter !

FaustQu’entends-je ?

ChœurQuittant du tombeauLe séjour funeste,Au parvis célesteIl monte plus beau.Vers les gloires immortellesTandis qu’il s’élance à grands pas,

SECOND PART

Scene ivnorth germanyFaust alone in his study.

FaustWithout regret I left the smiling countryside;There too my ennui pursued me.Without pleasure I see again our proud mountains;I return to my ancient city with my burden still.Oh how I suffer, how I suffer – and the starless nightWhich has just spread its veil of silence over the worldIntensifies my brooding melancholy.Earth, for me alone do you bear no flowers?Where in all the world can I find what my life lacks?Vainly would I search:Everything flies my yearning grasp.Come, it’s time to end… Yet I tremble… WhyTremble before the abyss that yawns before me?Oh cup too long denied to my desires,Come, noble crystal, give me the poisonThat must illuminate my reason, or destroy it!

He lifts the cup to his lips. Bells sound. There isreligious singing in the neighbouring church.

easter hymn

Chorus of ChristiansChrist has risen!

FaustWhat do I hear?

ChorusLeaving the dark confinesOf the tomb,He rises transfiguredTo the courts of heaven.While he stridesTowards eternal glory,

ZWEITER TEIL

4. SzenenorddeutschlandFaust allein in seinem Studierzimmer.

FaustOhne Bedauern verließ ich die lachenden Auen;Auch dorthin verfolgte mich mein Überdruss.Freudlos sehe ich unsere stolzen Berge wieder;Mit meiner Bürde kehre ich in meine alte Stadt zurück.Oh, ich leide, leide – und die sternlose Nacht,Die gerade ihren Mantel des SchweigensÜber die Welt gebreitet hatVerstärkt meine gärende Melancholie.Erde, bringst du nur für mich keine Blumen hervor?Wo in der ganzen Welt finde ich,Was meinem Leben fehlt? Vergeblich forsche ich:Alles entzieht sich meinem gierigen Verlangen.Nun, Zeit ist’s, ein Ende zu machen!… Doch, ich zittre… WarumVor dem Abgrund zittern, der schon vor mir gähnt?O Schale, zu lange meinem Verlangen entzogen,Komm, edles Kristall, gib mir das Gift,Das meinen Verstand erleuchten oder vernichten muss.

Er setzt die Schale an den Mund. Glockengeläut.Liturgische Gesänge in der benachbarten Kirche.

osterhymnus

Chor der ChristenChrist ist erstanden!

FaustWas höre ich?

ChorVerlassend des GrabesFinstere Wohnung,Steigt er zum himmlischen HofVerklärt empor.Während zu ewiger HerrlichkeitEr mit weiten Schritten eilt,

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Ses disciples fidèlesLanguissent ici-bas.Hélas ! c’est ici qu’il nous laisseSous les traits brûlants du malheur.Ô divin maître ! ton bonheurEst cause de notre tristesse.Ô divin maître ! tu nous laissesSous les traits brûlants du malheur.

FaustÔ souvenirs !

ChœurChrist vient de ressusciter !Hosanna !

FaustÔ mon âme tremblante !Sur l’aile de ces chants vas-tu voler aux cieux ?La foi chancelanteRevient, me ramenant la paix des jours pieux,Mon heureuse enfance,La douceur de prier,La pure jouissanceD’errer et de rêverPar les vertes prairies,Aux clartés infiniesD’un soleil de printemps !Ô baiser de l’amour célesteQui remplissais mon cœur de doux pressentimentsEt chassais tout désir funeste !

ChœurQuittant du tombeauLe séjour funeste,Au parvis célesteIl monte plus beau.Vers les gloires immortellesTandis qu’il s’élance à grands pas,Ses disciples fidèlesLanguissent ici-bas.

His faithful disciplesLanguish here below.Alas, he leaves us hereUnder the burning arrows of adversity.Oh, divine Master! Your blissIs cause of our sorrow.Oh, divine Master! You leave usUnder the burning arrows of adversity.

FaustOh memories!

ChorusChrist has risen!Hosanna!

FaustOh my fluttering soul,Will you soar to heaven on the wings of this song?My wavering beliefs, renewed,Return, bringing me the peace of my days of faith.My happy childhood,The tenderness of prayer,The pure delightOf wandering, dreamlike,Through the green meadowsIn the infinite lightOf a springtime sun.Oh kiss of divine loveThat filled my heart with sweet presentimentsAnd banished all fatal desires!

ChorusLeaving the dark confinesOf the tomb,He rises transfiguredTo the courts of heaven.While he stridesTowards eternal glory,His faithful disciplesLanguish here below.

Verschmachten seine treuen JüngerHier unten.Ach, er lässt uns hierUnter den brennenden Pfeilen des Unglücks zurück.O göttlicher Meister, dein GlückIst die Ursache unserer Trauer.O göttlicher Meister, du lässt unsUnter den brennenden Pfeilen des Unglücks zurück.

FaustO Erinnerung!

ChorChrist ist erstanden!Hosanna!

FaustO meine zitternde Seele,Willst du dich zum Himmel erhebenAuf den Schwingen dieses Gesanges?Mein schwankender Glaube kehrtErstarkt zurück, bringt mir den FriedenDer Tage wieder, in denen ich glaubte,Meine glückliche Kindheit,Die Innigkeit des Gebets, die reine FreudeDes träumerischen UmherschweifensDurch die grünen WiesenIm unendlichen Licht der Frühlingssonne.O Kuss der göttlichen Liebe,Die mein Herz mit süßen Vorahnungen erfülltUnd alle unheilvollen Begierden bannt!

ChorVerlassend des GrabesFinstere Wohnung,Steigt er zum himmlischen HofVerklärt empor.Während zu ewiger HerrlichkeitEr mit weiten Schritten eilt,Verschmachten seine treuen JüngerHier unten.

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Mais croyons en sa parole éternelle,Nous le suivrons un jourAu céleste séjourOù sa voix nous appelle.Hosanna ! Hosanna ! Hosanna !

Faust7 Hélas ! doux chants du ciel, pourquoi dans sa poussière

Réveiller le maudit ! Hymnes de la prière,Pourquoi soudain venir ébranler mon dessein ?Vos suaves accords rafraîchissent mon sein.Chants plus doux que l’auroreRetentissez encore,Mes larmes ont coulé, le ciel m’a reconquis.

Scène v

Méphistophélès (apparaissant brusquement)8 Ô pure émotion ! Enfant du saint parvis !

Je t’admire, docteur ! Les pieuses voléesDes ces cloches d’argentOnt charmé grandementTes oreilles troublées !

FaustQui donc es-tu, toi dont l’ardent regardPénètre ainsi que l’éclat d’un poignard,Et qui, comme la flamme,Brûle et dévore l’âme ?

MéphistophélèsVraiment pour un docteur, la demande est frivole !Je suis l’esprit de vie, et c’est moi qui console.Je te donnerai tout, le bonheur, le plaisir,Tout ce que peut rêver le plus ardent désir !

FaustEh bien ! pauvre démon, fais-moi voir tes merveilles !

MéphistophélèsCertes ! j’enchanterai tes yeux et tes oreilles.Au lieu de t’enfermer, triste comme le verQui ronge tes bouquins,Viens, suis-moi, change d’air !

But let us believe his eternal word:One day we shall follow himTo the heavenly homeWhere his voice summons us.Hosanna! Hosanna! Hosanna!

FaustAlas, gentle hymns of heaven, why awakeThe cursed wretch in his dust? Songs of prayer,Why have you come to shake my purpose?Your tender tones refresh my heart.Songs sweeter than the dawn,Play on!My tears have flowed, heaven has won me back.

Scene v

Mephistopheles (suddenly appearing)Oh innocent emotion! Child of the precincts!My congratulations, doctor: the pious pealingOf those silver bellsHas marvellously charmedYour troubled ears.

FaustWho are you, whose fierce glancePierces like the point of a daggerAnd like a flameBurns and consumes the soul?

MephistophelesReally, for a learned man the question is not serious.I am the spirit of life, the consoler of men.I’ll give you everything: happiness, pleasure,All that the wildest desire can dream of.

FaustVery well, my poor demon, show me your tricks.

MephistophelesDone! I’ll delight your eyes and ears.Instead of shutting yourself up, dreary as the wormsThat gnaw your old books,Come, follow me – a change of air.

Aber wir wollen seinem ewigen Wort glauben.Eines Tages werden wir ihm folgenIn die himmlische Heimat,Wohin uns seine Stimme ruft.Hosanna! Hosanna! Hosanna!

FaustAch, holde Gesänge des Himmels, warum denVerfluchten Elenden in seinem Staube wecken? Fromme Lieder, warum kamt ihr so unvermittelt, Meinen Vorsatz zu erschüttern? Eure lieblichen Klänge erquicken mein Herz.Gesänge, süßer als die Morgenröte, ertönt noch einmal!Tränen habe ich vergossen, der Himmel hat mich wieder.

5. Szene

Mephistopheles (plötzlich erscheinend)O reine Rührung! Kind des Himmels!Meine Bewunderung, Doktor! Das fromme LäutenDieser SilberglockenHat deine gequälten OhrenJa wundersam entzückt.

FaustWer bist du, dessen FeuerblickDurchdringt wie die Spitze des DolchesUnd die Seele verbrenntUnd verzehrt wie eine Flamme?

MephistophelesWahrhaftig, für einen Doktor ist die Frage zu einfältig!Ich bin der Geist des Lebens, der Tröster der Menschen:Ich werde dir alles geben, Glück, Freude, alles,Wovon das brennendste Verlangen nur träumen kann.

FaustWohlan, armseliger Teufel, lass mich deine Wunder sehen!

MephistophelesAbgemacht! Ich werde deine Augen und Ohren ergötzen.Statt dich hier einzuschließen, traurig wie der Wurm,Der an deinen alten Büchern nagt,Komm, folge mir, wechsle die Luft!45

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FaustJ’y consens.

MéphistophélèsPartons donc pour connaître la vie,Et laisse le fatras de ta philosophie !Ils partent.

Scène vila cave d’auerbach à leipzig

Chœur de buveurs9 À boire encor ! du vin

Du Rhin !

MéphistophélèsVoici, Faust, un séjour de folle compagnie.Ici vins et chansons réjouissent la vie.

chœur de buveurs

ChœurOh ! qu’il fait bon, quand le ciel tonne,Rester près d’un bol enflammé,Et se remplir comme une tonneDans un cabaret enfumé !

J’aime le vin et cette eau blondeQui fait oublier le chagrin.Quand ma mère me mit au monde,J’eus un ivrogne pour parrain.Oh ! qu’il fait bon, etc.

Une partie du chœurQui sait quelque plaisante histoire ?En riant le vin est meilleur.

Une partie du chœurÀ toi, Brander !

Une partie du chœurIl n’a plus de mémoire !

Brander (ivre)J’en sais une, et j’en suis l’auteur.

FaustI consent.

MephistophelesCome, we’ll get to know lifeAnd leave behind your useless philosophy.They leave.

Scene viauerbach’s cellar in leipzig

Chorus of drinkersMore drink! Some wine!Some Rhenish!

MephistophelesHere, Faust, a den of mad companions;Here life is gladdened with wine and song.

chorus of drinkers

ChorusOh, it’s good when the skies thunderTo sit by a bowl of fiery drinkAnd fill yourself like a barrelIn a smoky tavern.

I love wine and that pale spiritThat makes you forget your troubles.When my mother brought me into the worldShe gave me a drunkard for godfather.Oh, it’s good, etc.

Part of the ChorusWho knows a good story?Wine is better when you laugh.

Part of the ChorusBrander, it’s your turn.

Part of the ChorusHe’s past remembering anything.

Brander (he is drunk)I know one, I wrote it myself.

FaustIch stimme zu.

MephistophelesKomm, wir wollen das Leben kennenlernenUnd deinen philosophischen Plunder hinter uns lassen.Sie gehen ab.

6. Szeneauerbachs keller in leipzig

Chor der ZecherNoch zu trinken! Wein!Rheinwein!

MephistophelesHier, Faust, ein Raum für tolle Gesellen;Hier machen Wein und Gesang das Leben zur Freude.

chor der zecher

ChorOh, wenn’s am Himmel donnert,Ist’s gut, bei einem brennenden Punsch zu sitzenUnd sich wie ein FassIn einer rauchigen Schenke volllaufen zu lassen.

Ich liebe den Wein und jenes helle Wasser,Das einen seine Sorgen vergessen macht.Als meine Mutter mich zur Welt brachte,Gab sie mir einen Trunkenbold zum Paten.Oh, wenn’s am Himmel donnert, etc.

Ein Teil des ChoresWer kennt eine lustige Geschichte?Der Wein schmeckt besser, wenn man lacht.

Ein Teil des ChoresBrander, du bist an der Reihe!

Ein Teil des ChoresEr erinnert sich an nichts.

Brander (betrunken)Ich weiß was, ich hab’ es selbst verfasst.46

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ChœurEh bien donc ! vite !

BranderPuisqu’on m’invite,Je vais vous chanter du nouveau.

ChœurBravo ! bravo !

chanson de brander

Brander10 Certain rat, dans une cuisine

Établi, comme un vrai frater,S’y traitait si bien que sa mineEût fait envie au gros Luther.Mais un beau jour le pauvre diable,Empoisonné, sauta dehorsAussi triste, aussi misérableQue s’il eût eu l’amour au corps !

ChœurQue s’il eût eu l’amour au corps !

BranderIl courait devant et derrière ;Il grattait, reniflait, mordait,Parcourait la maison entière ;La rage à ses maux ajoutait,Au point qu’à l’aspect du délireQui consumait ses vains efforts,Les mauvais plaisants pouvaient dire :Ce rat a bien l’amour au corps !

ChœurCe rat a bien l’amour au corps !

BranderDans le fourneau le pauvre sireCrut pourtant se cacher très bien ;Mais il se trompait, et le pire,C’est qu’on l’y fit rôtir enfin.La servante, méchante fille,De son malheur rit bien alors !

ChorusWell, out with it.

BranderSince you press me,I’ll sing you a new one.

ChorusBravo, bravo!

brander’s song

BranderA rat once in a kitchenHad set itself up like a real monk.It did itself so well that the sight of itWould have moved the fat Luther to envy.But one fine day the poor devilAte poison, and leaped outJust as wretched and franticAs if it had been on heat.

ChorusAs if it had been on heat!

BranderIt ran up and down,Scratched, snuffed, gnawed,And rushed all over the house.Its rage only made it suffer worse,Until at the sight of the frenzyWhich exhausted its useless efforts,The cruel wits could say:‘That rat’s really on heat.’

Chorus‘That rat’s really on heat!’

BranderThe poor brute thought that the ovenWould make a good refuge,But it was wrong; and the worst of it wasThat it was quite roasted in the end.The nasty kitchen maidLaughed at its fate.

ChorGut, heraus damit.

BranderWeil ihr mich drängt,Singe ich euch was Neues.

ChorBravo, bravo!

branders lied

BranderEs war eine Ratt’ im Kellernest,Lebte nur von Fett und Butter,Hatte sich ein Ränzlein angemäst’t,Als wie der Doktor Luther.Die Köchin hatt’ ihr Gift gestellt;Da ward’s so eng ihr in der Welt,Als hätte sie Lieb’ im Leibe.

ChorAls hätte sie Lieb’ im Leibe.

BranderSie fuhr herum, sie fuhr heraus,Und soff aus allen Pfützen,Zernagt’, zerkratzt’ das ganze Haus,Wollte nichts ihr Wüten nützen;Sie tät gar manchen Ängstesprung,Bald hatte das arme Tier genung,Als hätt’ es Lieb’ im Leibe.

ChorAls hätt’ es Lieb’ im Leibe.

BranderSie kam für Angst am hellen TagDer Küche zugelaufen,Fiel an den Herd und zuckt’ und lag,Und tat erbärmlich schnaufen.Da lachte die Vergifterin noch:47

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Ah ! disait-elle, comme il grille !Il a vraiment l’amour au corps !

ChœurIl a vraiment l’amour au corps !Requiescat in pace. Amen.

BranderPour l’Amen une fugue ! une fugue, un choral !Improvisons un morceau magistral !

Méphistophélès (bas à Faust)Écoute bien ceci ! nous allons voir, docteur,La bestialité dans toute sa candeur.

fugue sur le thème de la chanson de brander

Brander, Chœur11 Amen.

Méphistophélès12 Vrai Dieu, messieurs, votre fugue est fort belle,

Et telleQu’à l’entendre on se croit aux saints lieux.Souffrez qu’on vous le dise :Le style en est savant, vraiment religieux ;On ne saurait exprimer mieuxLes sentiments pieuxQu’en terminant ses prières l’ÉgliseEn un seul mot résume. Maintenant,Puis-je à mon tour riposter par un chantSur un sujet non moins touchantQue le vôtre ?

ChœurAh ça ! mais se moque-t-il de nous ?Quel est cet homme ?Oh ! qu’il est pâle, et commeSon poil est roux !N’importe ! Volontiers ! Autre chanson ! À vous !

‘Ah-ha’, she said, ‘look how it’s singed!It’s on heat all right!’

Chorus‘It’s on heat all right!’Requiescat in pace. Amen.

BranderFor the amen a fugue, a fugue, a chorale!Let’s improvise a first-rate number.

Mephistopheles (in a low voice to Faust)Attend carefully, professor! We’ll seeBrutality in all its innocence.

fugue on the theme of brander’s song

Brander, ChorusAmen.

MephistophelesBy heaven, gentlemen, your fugue is very fine;To hear itOne would suppose one were in some holy place.If you’ll allow me to say so,Its style is learned, truly religious;One could not express betterThose pious sentimentsWhich the Church, to conclude its prayers,Sums up in a single word. Now,May I cap it with another,On a subject no less touchingThan yours?

ChorusWhat’s this, is he making fun of us?Who is this man?Ah, how pale he is,What red hair he’s got!No matter! All right – another song! Your turn!

Ha! sie pfeift aus dem letzten Loch,Als hätte sie Lieb’ im Leibe.

ChorAls hätte sie Lieb’ im Leibe,Requiescat in pace. Amen.

BranderFür das Amen eine Fuge, eine Fuge, einen Choral!Lasst uns ein Meisterstück improvisieren.

Mephistopheles (leise zu Faust)Pass gut auf, Doktor! Gleich werden wirBestialität in reinster Form erleben.

fuge über das thema von branders lied

Brander, ChorAmen.

MephistophelesBeim Himmel, Herrschaften, eure Fuge ist sehr schön.Wenn man sie hört,Möchte man annehmen, man sei an geheiligtem Ort.Falls es mir zu sagen erlaubt ist:Ihr Stil ist kunstvoll, wahrhaft religiös;Man könnte nicht treffenderDie frommen Empfindungen ausdrücken,Die die Kirche am Schluss ihrer GebeteIn einem Wort zusammenfasst. Nun,Darf ich mit einem Lied parierenÜber ein Thema,Nicht weniger ergreifend als eures?

ChorWas ist das? Treibt er seinen Spaß mit uns?Wer ist dieser Mensch? Wer ist dieser Mensch?Ha, wie bleich er ist,Welch rotes Haar er hat!Egal! ’s ist recht! Ein andres Lied! Nur zu, nur zu!

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chanson de méphistophélès

Méphistophélès13 Une puce gentille

Chez un prince logeait.Comme sa propre fille,Le brave homme l’aimait,Et, l’histoire l’assure,À son tailleur un jourLui fit prendre mesurePour un habit de cour.

L’insecte, plein de joieDès qu’il se vit paréD’or, de velours, de soie,Et de croix décoré,Fit venir de provinceSes frères et ses sœursQui, par ordre du prince,Devinrent grands seigneurs.

Mais ce qui fut bien pire,C’est que les gens de cour,Sans en oser rien dire,Se grattaient tout le jour.Cruelle politique !Ah ! plaignons leur destin,Et, dès qu’une nous pique,Écrasons-la soudain !

Chœur (éclats de rire)Bravo ! Ha ! ha ! bravo ! bravissimo !Écrasons-la, oui, écrasons-la soudain !

Faust14 Assez ! fuyons ces lieux, où la parole est vile,

La joie ignoble et le geste brutal !N’as-tu d’autres plaisirs, un séjour plus tranquilleÀ me donner, toi, mon guide infernal ?

mephistopheles’ song

MephistophelesA delightful fleaOnce lodged with a prince;The good man loved itAs his own daughter,And, so history assures us,One day had itMeasured by his tailorFor a court dress.

The insect, overjoyedAt the sight of itselfDressed in gold, velvet and silkAnd decorated with a cross,Sent for its brothers and sistersFrom the country,And by order of the princeThey became grandees.

But the tragedy of it wasThat the courtiersDared not say anything,But scratched all day long.Cruel politics!Ah, let us bewail their fate,And as soon as one bites us,Squash it on the spot!

Chorus (with a roar of laughter)Bravo, ha! ha! Bravo! bravissimo!Squash it, yes, squash it on the spot!

FaustEnough, let’s leave this place where speech is vile,Joy base and action brutal.Have you no other pastimes, a gentler placeTo give me, my satanic guide?

mephistopheles’ lied

MephistophelesEs war einmal ein König,Der hatt’ einen großen Floh,Den liebt’ er gar nicht wenig,Als wie seinen eig’nen Sohn.Da rief er seinen Schneider,Der Schneider kam heran:Da, miss dem Junker KleiderUnd miss ihm Hosen an!

In Sammet und in SeideWar er nun angetan,Hatte Bänder auf dem Kleide,Hatt’ auch ein Kreuz daran,Und war sogleich Minister,Und hatt’ einen großen Stern.Da wurden seine GeschwisterBei Hof’ auch große Herrn.

Und Herrn und Frau’n am Hofe,Die waren sehr geplagt,Die Königin und die ZofeGestochen und genagt,Und durften sie nicht knicken,Und weg sie jucken nicht.Wir knicken und erstickenDoch gleich, wenn einer sticht.

Chor (Lachsalven)Bravo, ha, ha! Bravo, bravissimo!Wir knicken und erstickenDoch gleich, wenn einer sticht.

FaustGenug! Lasst uns diesen Ort verlassen, Wo die Sprache ordinär,Die Freude niedrig und die Gebärde roh ist.Hast du keine anderen Freuden,Keinen angenehmeren OrtMir zu bieten, teuflischer Führer?

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MéphistophélèsAh, ceci te déplaît ? suis-moi !

Ils partent.

Scène viiBosquets et prairies du bord de l’Elbe.

air de méphistophélès

Méphistophélès15 Voici des roses,

De cette nuit écloses.Sur ce lit embaumé,Ô mon Faust bien-aimé,Repose !Dans un voluptueux sommeilOù glissera sur toi plus d’un baiser vermeil,Où des fleurs pour ta couche ouvriront leurs corolles,Ton oreille entendra de divines paroles.Écoute ! Écoute ! Les esprits de la terre et de l’airCommencent pour ton rêve un suave concert.

chœur de gnomes et de sylphes /songe de faust

Chœur de gnomes et de sylphes16 Dors, dors, heureux Faust ;

Bientôt, oui, bientôt, sous un voileD’or et d’azur, heureux Faust,Tes yeux vont se fermer ;Au front des cieux va briller ton étoile,Songes d’amour vont enfin te charmer.

MéphistophélèsHeureux Faust, bientôt, sous un voileD’or et d’azur, tes yeux vont se fermer.

ChœurDe sites ravissantsLa campagne se couvre,Et notre œil y découvreDes fleurs, des bois, des champs,

MephistophelesOh, don’t you like it? Then follow me!

They leave.

Scene viiGroves and meadows by the Elbe.

mephistopheles’ aria

MephistophelesHere are rosesNew-blown tonight.Here on this embalmed bed,Oh my beloved Faust,Rest yourself.In a voluptuous sleep,While crimson kisses steal upon you,And flowers bloom for your couch,Your ear will hear divine utterance.Listen! The spirits of earth and airBegin soft music for your dream.

chorus of gnomes and sylphs /faust’s dream

Chorus of Gnomes and SylphsSleep, sleep, happy Faust;Soon beneath a veilOf gold and azure, happy Faust,Your eyes will close;Your star will burn brightly in the heavens.Dreams of love will at last enchant you.

MephistophelesHappy Faust! Soon beneath a veilOf gold and azure your eyes will close.

ChorusThe countryside is coveredWith exquisite places;Our vision discoversFlowers, woods, fields,

MephistophelesOh, gefällt’s dir nicht, so folge mir.

Sie gehen ab.

7. SzeneWäldchen und Wiesen am Ufer der Elbe.

arie des mephistopheles

MephistophelesRosen sind hier,Erblüht über Nacht.Auf diesem duftenden Bett,Vielgeliebter Faust,Ruhe aus.In einem wollüstigen Schlaf,In dem rote Küsse dich heimlich berührenUnd Blumen ihre Kelche für dein Lager öffnen,Wird dein Ohr göttliche Worte vernehmen.Höre! Die Geister der Erde und der LuftBeginnen für deinen Traum Mit einem lieblichen Konzert.

chor der gnomen und sylphen /fausts traum

Chor der Gnomen und SylphenSchlafe, schlafe, glücklicher Faust!Bald werden sich unter einemGoldenen und azurnen Schleier, glücklicher Faust,Deine Augen schließen;Am Himmel wird dein Stern erstrahlen.Träume der Liebe werden dich endlich bezaubern.

MephistophelesGlücklicher Faust! Bald werden sich unter einemGoldenen und azurnen Schleier deine Augen schließen.

ChorMit entzückenden PlätzenIst die Landschaft bedeckt;Unser Auge entdecktBlumen, Gehölze, Felder

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Et d’épaisses feuillées,Où de tendres amantsPromènent leurs pensées.De sites ravissants, etc.

FaustAh ! sur mes yeux déjà s’étend un voile.

Méphistophélès, ChœurAu front des cieux va briller ton étoile.

ChœurMais plus loin sont couvertsLes longs rameaux des treillesDe bourgeons, pampres vertsEt de grappes vermeilles.Vois ces jeunes amantsLe long de la vallée,Oublier les instantsSous la fraîche feuillée !Une beauté les suitIngénue et pensive ;À sa paupière luitUne larme furtive.

Méphistophélès, ChœurUne beauté les suit.Faust, elle t’aimera.

Faust (endormi)Margarita !

Méphistophélès, ChœurLe lac étend ses flotsÀ l’entour des montagnes ;Dans les vertes campagnesIl serpente en ruisseaux.

ChœurLà, de chants d’allégresseLa rive retentit. Ha ! Ha ! Ha !D’autres chœurs là sans cesseLa danse nous ravit.Les uns gaiement s’avancentAutour des coteaux verts. Ha ! Ha ! Ha !

And secret grovesWhere gentle loversWalk with their thoughts.The countryside is covered, etc.

FaustAh! a veil is falling over my eyes.

Mephistopheles, ChorusYour star will burn brightly in the heavens.

ChorusFarther off, the long boughsAre thick with vines,Green clustersAnd purple grapes.See those young loversAlong the valley,Forgetting timeUnder the green arches.A lovely girl follows them,Artless and melancholy;On her eyelid glistensA shy tear.

Mephistopheles, ChorusA lovely girl follows them.Faust, she will love you.

Faust (asleep)Margarita!

Mephistopheles, ChorusThe lake spreads its watersAround the mountains;In the green countrysideIt winds in streams.

ChorusThere, songs for joyEcho from the bank. Ha! Ha! Ha!There the dancing of other troupesEndlessly delights us.Some gaily advanceOver the green slopes. Ha! Ha! Ha!

Und dicht belaubte Stellen,Wo zärtlich Liebende,In Gedanken versunken, spazieren gehen.Mit entzückenden Plätzen, etc.

FaustAh! Über meine Augen fällt schon ein Schleier.

Mephistopheles, ChorAm Himmel wird dein Stern erstrahlen.

ChorAber weiter entfernt sind die langen RebenDer Weinspaliere mit Schösslingen bedeckt,Grünem WeinlaubUnd hochroten Trauben.Sich diese jungen LiebendenLängs des Tales,Wie sie die Zeit vergessenUnter dem grünen Laub.Ein schönes Mädchen folgt ihnen,Arglos und in Gedanken verloren.An ihrem AugenlidGlänzt eine heimliche Träne.

Mephistopheles, ChorEin schönes Mädchen folgt ihnen,Faust, sie wird dich lieben.

Faust (im Schlafe)Margarita!

Mephistopheles, ChorDie Fluten des SeesUmspielen die Hügel;Durch die grüne LandschaftSchlängeln sich die Bäche.

ChorDort hallen FreudenliederVom Ufer wider. Ha! Ha! Ha!Dort erfreut uns ohne EndeDas Tanzen anderer Gruppen.Einige gehen lustigUm die grünen Hügel herum. Ha! Ha! Ha!

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De plus hardis s’élancentAu sein des flots amers.

Faust (rêvant)Margarita ! Ô Margarita !

Méphistophélès, ChœurLe lac étend ses flotsÀ l’entour des montagnes ;Dans les vertes campagnesIl serpente en ruisseaux.

ChœurPartout l’oiseau timide,Cherchant l’ombre et le frais,S’enfuit d’un vol rapideAu milieu des marais.

MéphistophélèsLe charme opère ; il est à nous !

FaustMargarita !

ChœurTous, pour goûter la vie,Tous cherchent dans les cieuxUne étoile chérieQui s’alluma pour eux.C’est elle, si belle,Qu’amour te destina.Dors, dors, heureux Faust, dors, dors !

MéphistophélèsC’est bien, jeunes esprits, je suis content de vous.Bercez, bercez son sommeil enchanté !

17 ballet des sylphes

Les esprits de l’air se balancent quelque temps autour de Faust endormi et disparaissent peu à peu.

The boldest plungeInto the chilly stream.

Faust (dreaming)Margarita! Oh! Margarita!

Mephistopheles, ChorusThe lake spreads its watersAround the mountains;In the green countrysideIt winds in streams.

ChorusEverywhere timid birdsSeek the cool shadeAnd flee with rapid wingsTo the midst of the marshes.

MephistophelesThe charm’s working, he’s ours.

FaustMargarita!

ChorusEveryone, in search of life,Everyone seeks in the skiesA cherished starWhich shines for him.It is she, so fair,That love destined for you.Sleep, happy Faust, sleep! sleep!

MephistophelesIt is well, my young elves; I am pleased with you.Rock gently his enchanted sleep.

dance of the sylphs

The spirits of the air hover awhile around the sleeping Faust then vanish one by one.

Verwegenere stürzen sichIn den kalten Strom.

Faust (im Traum)Margarita, o Margarita !

Mephistopheles, ChorDie Fluten des SeesUmspielen die Hügel;Durch die grüne LandschaftSchlängeln sich die Bäche.

ChorÜberall suchen scheue VögelSchatten und Kühle aufUnd entfliehen mit raschem FlügelschlagIn die Mitte der Sümpfe.

MephistophelesDer Zauber wirkt, er ist unser.

FaustMargarita!

ChorJeder, das Leben zu genießen.Jeder sucht am HimmelEinen geliebten Stern,Der für ihn scheint.Sie ist es, so schön,Die die Liebe dir bestimmt hat.Schlafe, glücklicher Faust, schlafe, schlafe!

MephistophelesEs ist gut, meine jungen Elfen,Ich bin mit euch zufrieden.Wieget, wieget seinen bezauberten Schlaf.

tanz der sylphen

Die Geister der Luft umschweben eine Weile denschlafenden Faust und entschwinden nach und nach.

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Faust (s’éveillant en sursaut)18 Margarita ! Qu’ai-je vu !

Quelle céleste image ! quel angeAu front mortel !Où le trouver ? Vers quel autelTraîner à ses pieds ma louange ?

MéphistophélèsEh bien ! il faut me suivre encorJusqu’à cette alcôve embauméeOù repose ta bien-aimée.À toi seul ce divin trésor !Des étudiants voici la joyeuse cohorteQui va passer devant sa porte ;Parmi ces jeunes fous, au bruit de leurs chansons,Vers ta beauté nous parviendrons.Mais contiens tes transports et suis bien mes leçons.

Scène viii – FinalChœur d’étudiants et de soldats marchant vers la ville

chœur de soldats

Chœur de soldats19 Villes entourées

De murs et remparts,Fillettes sucrées,Aux malins regards,Victoire certainePrès de vous m’attend ;Si grande est la peine,Le prix est plus grand.Au son des trompettes,Les braves soldatsS’élancent aux fêtesOu bien aux combats ;

Faust (waking with a start)Margarita! What have I seen?What heavenly vision, what angelWith mortal countenance!Where can I find her? At what altarLay my homage at her feet?

MephistophelesAll right, then, you must follow me once more,To that perfumed bowerWhere lies your beloved.This heavenly treasure is for you alone.Here’s a jovial crowd of studentsWhich will be passing by her door.Among these young fools,To the sound of their songs,We’ll make our way to your beauty.But contain your rapturesAnd follow my instructions carefully.

Scene viii – FinaleA chorus of students and soldiers march towards the town.

chorus of soldiers

SoldiersTowns girdledWith walls and ramparts,Demure girlsWith sly looks,Certain victoryOver you will be mine.The effort is greatBut the prize is greater.At the trumpets’ soundBrave soldiersHurl themselvesInto pleasure or battle.

Faust (mit einem Ruck aufwachend)Margarita! Was habe ich gesehn?Welch himmlisches Bild, welchen EngelMit dem Gesicht eines Sterblichen!Wo find’ ich sie? Auf welchem AltarLege ich ihr meine Verehrung zu Füßen?

MephistophelesSchon gut! Du musst mir nochmals folgenZu jenem lieblich duftenden GemachWo deine Geliebte ruht.Dieser himmlische Schatz ist allein für dich.Hier ist ein fröhlicher Haufen von Studenten,Der gerade an ihrer Tür vorbeizieht.Mitten unter diesen jungen NarrenUnd beim Klang ihrer LiederWollen wir zu deiner Schönen gehn.Halte dich aber mit deiner Begeisterung zurück,Und folge meinen Anweisungen genau.

8. Szene – FinalChor der Studenten und Soldaten, die Richtung Stadtmarschieren

soldatenchor

SoldatenchorBurgen mit hohenMauern und Zinnen,Mädchen mit stolzenHöhnenden SinnenMöcht’ ich gewinnen!Kühn ist das Mühen,Herrlich der Lohn!

Und die TrompeteLassen wir werben,Wie zu der Freude,So zum Verderben.Das ist ein Stürmen!Das ist ein Leben!

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Fillettes et villesFont les difficiles ;Bientôt tout se rend.Si grande est la peine,Le prix est plus grand.Villes entourées, etc.

chanson d’étudiants

Chœur d’étudiants20 Jam nox stellata velamina pandit ;

Nunc bibendum et amandum est !Vita brevis fugaxque voluptas,Gaudeamus igitur, gaudeamus !Nobis subridente luna,Per urbem quærentes puellas eamus,Ut cras, fortunati Cæsares, dicamus :Veni, vidi, vici !Gaudeamus igitur !

chœur de soldats et chanson des étudiants ensemble

Soldats21 Villes entourées, etc.

Étudiants, Faust, MéphistophélèsJam nox stellata, etc.

Young girls and townsPut up resistance;But soon they all surrender.The effort is greatBut the prize is greater.Towns girdled, etc.

students’ song

StudentsAlready night draws its starry veil;Now’s the time to drink and make love.Life is short, pleasure fleeting,So let’s enjoy ourselves.While the moon winks down at us,Let’s roam the town looking for girls,So that tomorrow, happy Caesars, we can say:I came, I saw, I conquered!So let’s enjoy ourselves.

soldiers’ chorus and students’ song

SoldiersTowns girdled, etc.

Students, Faust, MephistophelesAlready night draws its starry veil, etc.

Mädchen und BurgenMüssen sich geben.Kühn ist das Mühen,Herrlich der Lohn!(Goethe)

studentenlied

StudentenchorSchon breitet die Nacht ihren bestirnten Schleier aus.Nun ist’s Zeit zu trinken und zu lieben!Kurz ist das Leben, flüchtig die Freude,Drum lasst uns fröhlich sein!Unter dem lächelnden MondeDurchstreifen wir die Stadt,Nach Mädchen Ausschau haltend,Damit wir morgen dem glücklichen Cäsar gleich Sagenkönnen: Ich kam, ich sah, ich siegte!Also lasst uns fröhlich sein!

soldatenchor und studentenliedzusammen

SoldatenchorBurgen mit hohen Mauern und Zinnen, etc.

Studentenchor, Faust, MephistophelesSchon breitet die Nacht, etc.

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TROISIÈME PARTIE

Scène ix22 tambours et trompettes

sonnant la retraite

air de faustFaust le soir dans la chambre de Marguerite.

Faust23 Merci, doux crépuscule ! Oh ! sois le bienvenu !

Éclaire enfin ces lieux, sanctuaire inconnu,Où je sens à mon front glisser comme un beau rêve,Comme le frais baiser d’un matin qui se lève.C’est de l’amour, c’est de l’amour j’espère…Oh ! comme on sent iciS’envoler le souci !Que j’aime ce silence, et comme je respireUn air pur !…Ô jeune fille ! ô ma charmante !Ô ma trop idéale amante !Quel sentiment j’éprouve en ce moment fatal !Que j’aime à contempler ton chevet virginal !Quel air pur je respire !Seigneur ! Seigneur !Après ce long martyre,Que de bonheur !

Faust, marchant lentement, examine avec unecuriosité passionnée l’intérieur de la chambre de Marguerite.

Scène x

Méphistophélès (accourant)24 Je l’entends !

Sous ces rideaux de soie, cache-toi.

FaustDieu ! mon cœur se brise dans la joie !

MéphistophélèsProfite des instants. Adieu, modère-toiOu tu la perds.

THIRD PART

Scene ixdrums and trumpets sounding retreat

faust’s ariaFaust in Marguerite’s room, evening.

FaustThanks, gentle twilight, you are welcome.Reveal to me at last this secret sanctuaryWhere I feel peace steal over me like a dream,Like the caress of the fresh morning air:It is of love, of love, I hope…Oh, how one feelsCares vanish in this place.How I adore this silence and breatheA pure serenity!Oh sweet girl, my enchanting one,My too longed-for lover!What feelings possess me in this moment of destiny!What delight to look upon your maiden bed!What pure tranquillity I breathe!God! God!After my long martyrdomWhat happiness!

Faust walks slowly about Marguerite’s room,examining it with passionate curiosity.

Scene x

Mephistopheles (rushing in)I can hear her!Hide behind these silk curtains!

FaustGod, my heart is bursting for joy!

MephistophelesTake your chance. Farewell, and keep calmOr you will lose her.

DRITTER TEIL

9. Szenetrommeln und trompeten erklingen zum zapfenstreich

fausts liedFaust am Abend im Zimmer von Margarethe.

FaustHab’ Dank, süße Dämmerung, du bist willkommen.Schließe mir endlich dieses unbekannte Heiligtum auf,Wo ich den Frieden wie einen schönen Traum fühle,Wie den frischen Kuss des frühen Morgens!Das rührt von der Liebe, der Liebe her;Ich hoffe… O wie man fühlt,Dass einen hier die Sorge verlässt!Wie ich diese Ruhe liebe undDie reine Luft atme!O süßes, bezauberndes Mädchen,O du, unerreichbar dem Liebhaber!Welch ein Gefühl spüre ichIn diesem entscheidenden Augenblick!Welch Entzücken, dein Kissen anzuschauen!Welch reine Luft atme ich!Gott! Gott! Nach meiner langen Qual,Welche Glückseligkeit!

Faust geht langsam durch Margarethes Zimmer und betrachtet es mit leidenschaftlicher Neugierde.

10. Szene

Mephistopheles (hereineilend)Ich höre sie.Versteck dich hinter diesen Seidenvorhängen.

FaustGott, die Freude sprengt mir das Herz!

MephistophelesNutze den Augenblick! Gehab’ dich wohl, halt’ an dich –Oder du wirst sie verlieren.

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Il cache Faust sous les rideaux.

Bien. Mes follets et moi,Nous allons vous chanter un bel épithalame.Il sort.

FaustOh ! calme-toi, mon âme !

Scène xiEntre Marguerite, une lampe à la main.Faust caché.

Marguerite25 Que l’air est étouffant !

J’ai peur comme une enfant.C’est mon rêve d’hier qui m’a toute troublée…En songe je l’ai vu… lui… mon futur amant.Qu’il était beau ! Dieu ! j’étais tant aimée !Et combien je l’aimais !Nous verrons-nous jamaisDans cette vie ?…Folie !…

le roi de thuléChanson gothique

Marguerite (elle chante en tressant ses cheveux)26 Autrefois un roi de Thulé,

Qui jusqu’au tombeau fut fidèle,Reçut, à la mort de sa belle,Une coupe d’or ciselé.Comme elle ne le quittait guère,Dans les festins les plus joyeux,Toujours une larme légèreÀ sa vue humectait ses yeux.

Ce prince, à la fin de sa vie,Lègue ses villes et son or,Excepté la coupe chérieQu’à la main il conserve encor.

He conceals Faust behind the arras.

Good. Now my will-o’-the-wisps and IWill sing you both a fine nuptial song.Mephistopheles goes out.

FaustBe still, my soul!

Scene xiMarguerite enters, a lamp in her hand. Faust remains hidden.

MargueriteHow heavy the air is;I’m frightened as a child.The dream I had last night has quite upset me…While I slept I saw him, my future lover.How handsome he was! God, how I was loved,And how I loved him!Shall we ever see one anotherIn this life?What madness!

the king of thuleBallad

Marguerite (she sings as she braids her hair)Once a king of ThuleWho kept faith until the graveReceived, at his fair one’s death,A cup of carved gold.At the most joyful feastsIt hardly ever left his hand,And ever at the sight of itA tear moistened his eye.

This prince, at the end of his life,Bequeaths his cities and his gold,But not the cherished cupWhich he still keeps in his hand.

Er verbirgt Faust hinter den Vorhängen.

Gut! Meine Irrlichter und ichWerden dir nun ein schönes Hochzeitslied singen.Mephistopheles geht hinaus.

FaustSei ruhig, meine Seele!

11. SzeneMargarethe tritt ein, eine Lampe in der Hand; Faust ist verborgen.

MargaretheWie schwül die Luft ist!Ich bin ängstlich wie ein Kind!Der Traum der letzten Nacht hat mich ganz verwirrt…Als ich schlief, sah ich ihn, meinen künftigen Geliebten.Wie nobel er war! Gott, wie wurde ich geliebt,Und wie liebte ich ihn!Werden wir uns jeIn diesem Leben sehen?Welche Torheit!

der könig von thuleBallade

Margarethe (sie singt, während sie ihr Haar flicht)Es war ein König in ThuleGar treu bis an das Grab,Dem sterbend seine BuhleEinen goldnen Becher gab.Es ging ihm nichts darüber,Er leert’ ihn jeden Schmaus;Die Augen gingen ihm über,So oft er trank daraus.

Und als er kam zu sterben,Zählt’ er seine Städt’ im Reich,Gönnt’ alles seinen Erben,Den Becher nicht zugleich.

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Il fait, à sa table royale,Asseoir ses barons et ses pairs,Au milieu de l’antique salleD’un château que baignaient les mers.

Le buveur se lève et s’avanceAuprès d’un vieux balcon doré ;Il boit, et soudain sa main lanceDans les flots le vase sacré.Le vase tombe ; l’eau bouillonne,Puis se calme aussitôt après.Le vieillard pâlit et frissonne :Il ne boira plus désormais.

Autrefois un roi… de Thulé…Jusqu’au tombeau… fut fidèle…Ah !… (profond soupir)

Scène xiiUne rue devant la maison de Marguerite

évocation

Méphistophélès27 Esprits des flammes inconstantes,

Accourez ! j’ai besoin de vous.Accourez ! accourez !Follets capricieux, vos lueurs malfaisantesVont charmer une enfant et l’amener à nous.Au nom du Diable, en danse !Et vous, marquez bien la cadence,Ménétriers d’enfer, ou je vous éteins tous !

menuet des follets28 Les follets exécutent des évolutions et des danses

bizarres autour de la maison de Marguerite.

Méphistophélès (Il fait le mouvement d’un hommequi joue de la vielle.)

29 Maintenant,Chantons à cette belle une chanson morale,Pour la perdre plus sûrement.

He seats his barons and his peersAt the royal tableIn the middle of the antique hallOf a castle washed by the sea.

The drinker rises and goesTo an ancient gilded balcony,He drinks, then suddenly his hand flingsThe holy goblet into the waves.The goblet sinks, the water seethes,Then is calm a moment later.The old man grows pale and shivers.He will never drink again.

Once a king… of Thule…Kept faith… until the grave…Ah! (deep sigh)

Scene xiiA street in front of Marguerite’s house

evocation

MephistophelesSpirits of fickle flame,Come quickly, I have need of you.Come quickly!Wayward will-o’-the-wisps, your dubious gleamIs going to bewitch a young girl and lead her to us.Dance in the Devil’s name!And you, fiddlers of hell,Keep time, or I’ll put out all your lights!

dance of the will-o’-the-wispsThe will-o’-the-wisps dance in bizarre formationsaround Marguerite’s house.

Mephistopheles(He mimes playing a hurdy-gurdy.)NowLet’s sing the fair one a moral song,To damn her the more surely.

Er saß beim Königsmahle,Die Ritter um ihn her,Auf hohem Vätersaale,Dort auf dem Schloss am Meer.

Dort stand der alte Zecher,Trank letzte Lebensglut,Und warf den heiligen BecherHinunter in die Flut.Er sah ihn stürzen, trinkenUnd sinken tief ins Meer,Die Augen täten ihm sinken,Trank nie einen Tropfen mehr.

Es war ein König… in Thule…Gar treu… bis an das Grab…Ah! (tiefer Seufzer)

12. SzeneDer Hof von Margarethes Haus

beschwörung

MephistophelesGeister der flackernden FlammenEilt herbei, ich brauche euch!Eilt herbei, eilt herbei!Launische Irrlichter, euer tückischer ScheinSoll eine junge Dirne bezaubern und sie zu uns führen.In des Teufels Namen, tanzt!Und ihr, haltet gut den Takt, Spielleute der Hölle,Oder ich werde euch alle auslöschen.

menuett der irrlichterDie Irrlichter führen seltsame Bewegungen und Tänze um das Haus von Margarethe aus.

Mephistopheles (Die Bewegungen eines Mannesvollführend, der eine Drehleier spielt.)Lasst uns dieser SchönenEin moralisches Lied singen,Um sie desto sicherer zu verderben.

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sérénade de méphistophélèsavec chœur de follets

Méphistophélès30 Devant la maison

De celui qui t’adore,Petite Louison,Que fais-tu dès l’aurore ?Au signal du plaisir,Dans la chambre du drille,Tu peux bien entrer fille,Mais non fille en sortir.Devant la maison, etc.

Chœur de folletsQue fais-tu ?

Méphistophélès et Chœur(éclat de rire sec et strident)Ha !

MéphistophélèsIl te tend les bras :Près de lui tu cours vite.Bonne nuit, hélas !Ma petite, bonne nuit !

ChœurBonne nuit, bonne nuit !

Méphistophélès et ChœurPrès du moment fatalFais grande résistance,S’il ne t’offre d’avanceUn anneau conjugal.Il te tend les bras, etc.Ha !

MéphistophélèsChut ! disparaissez !

Les follets s’abîment.

Silence ! Allons voir roucouler nos tourtereaux.

mephistopheles’ serenadewith chorus of will-o’-the-wisps

MephistophelesBefore the houseOf him who adores you,Little Louisa,What have you been doing since dawn?When pleasure calls,Into this fine fellow’s roomYou may enter a maidBut you’ll not come out one.Before the house, etc.

Chorus of will-o’-the-wispsWhat have you been doing?

Mephistopheles, Chorus(with a burst of harsh laughter)Ha!

MephistophelesHe welcomes you with open arms,And you rush to him.Good night, alas,Good night, little one, good night!

ChorusGood night, good night!

Mephistopheles, ChorusAs the fatal moment approachesPut up a strong resistanceIf he doesn’t first offer youA wedding ring.He welcomes you with open arms, etc.Ha!

MephistophelesShh! Vanish!

The will-o’-the-wisps sink into the ground.

Silence! Let’s go and see our turtle doves cooing.

mephistopheles’ ständchenmit dem Chor der Irrlichter

MephistophelesVor dem HausWas machst du mirVor Liebchens Tür,Kathrinchen, hierBei frühem Tagesblicke?Lass, lass es sein!Er lässt dich ein,Als Mädchen ein,Als Mädchen nicht zurücke. (Goethe)

Chor der IrrlichterWas machst du?

Mephistopheles, Chor(ausbrechend in ein trockenes und gellendes Lachen)Ha!

MephistophelesNehmt euch in Acht!Ist es vollbracht,Dann gute Nacht,Ihr armen, armen Dinger! (Goethe)

ChorGute Nacht, gute Nacht!

Mephistopheles, ChorHabt ihr euch lieb,Tut keinem DiebNur nichts zu Lieb’,Als mit dem Ring am Finger.Nehmt euch in acht! etc.Ha!

MephistophelesPst! Verschwindet!

Die Irrlichter versinken.

Ruhe! Wir wollen gehen und sehen,Wie unsre Turteltauben girren.58

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Scène xiiiChambre de Marguerite

final : duo, trio et chœur

Marguerite (apercevant Faust)31 Grand Dieu ! Que vois-je ! est-ce bien lui ?

Dois-je en croire mes yeux ?…

Faust32 Ange adoré, dont la céleste image,

Avant de te connaître, illuminait mon cœur,Enfin je t’aperçois, et du jaloux nuageQui te cachait encor mon amour est vainqueur.Marguerite, je t’aime !

MargueriteTu sais mon nom ? Moi-mêmeJ’ai souvent dit le tien :(timidement) Faust !…

FaustCe nom est le mien ;Un autre le sera, s’il te plaît davantage.

MargueriteEn songe, je t’ai vu…

FaustEn songe !…

MargueriteTel que je te revois.

FaustTu m’as vu ?

MargueriteJe reconnais ta voix,Tes traits, ton doux langage…

FaustEt tu m’aimais ?

MargueriteJe… t’attendais.

Scene xiiiMarguerite’s room

finale: duet, trio and chorus

Marguerite (catching sight of Faust)Good God! What do I see! Is it really he?Can I believe my eyes?

FaustBeloved angel, whose divine image Lit up my heart before I ever knew you,I behold you at last; my love has driven awayThe jealous mists that still hid you from me.Marguerite, I love you.

MargueriteYou know my name? I tooHave often spoken yours:(timidly) Faust!

FaustThat name is mine, but it will beAny other that pleases you more.

MargueriteIn dreams I saw you…

FaustIn dreams…

MargueriteJust as I see you now.

FaustYou saw me?

MargueriteI recognise your voice,Your features, your gentle words!

FaustAnd you loved me?

MargueriteI… was waiting for you.

13. SzeneMargarethes Zimmer

finale: duett, terzett und chor

Margarethe (Faust bemerkend)Großer Gott! Was sehe ich? Ist er es wirklich?Kann ich meinen Augen trauen?

FaustAngebeteter Engel, dessen himmlisches BildMein Herz erleuchtete, bevor ich dich je kannte.Endlich erblicke ich dich; meine Liebe hatDie Wolken der Eifersucht vertrieben,Die dich noch vor mir verbargen.Margarethe, ich liebe dich!

MargaretheDu kennst meinen Namen? Auch ichHabe oft den deinen ausgesprochen:(schüchtern) Faust!

FaustDas ist mein Name; aber es darf auchJeder andere sein, der dir besser gefällt.

MargaretheIm Traume sah ich dich…

FaustIm Traume…

MargaretheGerade so, wie ich dich jetzt sehe.

FaustDu sahst mich?

MargaretheIch erkenne deine Stimme wieder,Deine Züge, deine süßen Worte!

FaustUnd du liebtest mich?

MargaretheIch… wartete auf dich.

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FaustMarguerite adorée !

MargueriteMa tendresse inspiréeÉtait d’avance à toi.

FaustMarguerite est à moi !Ah !

MargueriteMon bien-aimé, ta noble et douce image,Avant de te connaître, illuminait mon cœur,Enfin je t’aperçois, et du jaloux nuageQui te cachait encor ton amour est vainqueur.

FaustAnge adoré, dont la céleste image,Avant de te connaître, illuminait mon cœur,Enfin je t’aperçois, et du jaloux nuageQui te cachait encor mon amour est vainqueur.

Faust (avec élan)Marguerite, ô tendresse !Cède à l’ardente ivresseQui vers toi m’a conduit.

MargueriteJe ne sais quelle ivresse,Brûlante, enchanteresse,Dans ses bras me conduit.Quelle langueur s’empare de mon être !

FaustAu vrai bonheur dans mes bras tu vas naître !Viens ! viens ! viens ! viens !

MargueriteDans mes yeux des pleurs…Tout s’efface… je meurs…Tout s’efface… ah ! je meurs !

FaustBeloved Marguerite!

MargueriteMy love divined youAnd was already yours.

FaustMarguerite is mine!Ah!

MargueriteMy beloved, your sweet and noble imageLit up my heart before I ever knew you;I behold you at last; your love has driven awayThe jealous mists that still hid you from me.

FaustBeloved angel, whose divine imageLit up my heart before I ever knew you,I behold you at last; my love has driven awayThe jealous mists that still hid you from me.

Faust (rapturously)Marguerite, my love,Yield to the burning passionThat has led me to you!

MargueriteI know not what passion,Devouring, bewitching,Leads me to your arms.What languor seizes my whole being!

FaustIn my arms you will be born again to true happiness!Come! Come! Come! Come!

MargueriteTears are in my eyes…Everything’s growing faint… I’m dying…Everything’s growing faint… Ah, I’m dying!

FaustGeliebte Margarethe!

MargaretheMeine begeisterte LiebeGehörte dir im voraus.

FaustMargarethe ist mein!Ah!

MargaretheMein Geliebter, dein edles und anmutiges BildErleuchtete mein Herz, bevor ich dich je kannte.Endlich erblicke ich dich; deine Liebe hatDie Wolken der Eifersucht vertrieben,Die dich noch vor mir verbargen.

FaustAngebeteter Engel, dessen himmlisches BildMein Herz erleuchtete, bevor ich dich je kannte.Endlich erblicke ich dich; meine Liebe hatDie Wolken der Eifersucht vertrieben,Die dich noch vor mir verbargen.

Faust (leidenschaftlich)Margarethe, du meine Liebe!Gib der brennenden Leidenschaft nach,Die mich zu dir geführt hat!

MargaretheIch weiß nicht, welche Leidenschaft,Verzehrend, bezaubernd,Mich in deine Arme führt.Welche Sehnsucht ergreift mein ganzes Sein!

FaustIn meinen Armen wirst du zu wahrem Glück Geboren werden. Komm! Komm! Komm! Komm!

MargaretheIn meinen Augen sind Tränen…Alles schwindet mir… Ich vergehe…Alles schwindet mir… Ah! Ich vergehe!60

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Scène xivtrio et chœur

Méphistophélès (entrant brusquement)33 Allons, il est trop tard !

MargueriteQuel est cet homme ?

FaustUn sot !

MéphistophélèsUn ami !

MargueriteSon regardMe déchire le cœur !

MéphistophélèsSans doute je dérange…

FaustQui t’a permis d’entrer ?

MéphistophélèsIl faut sauver cet ange !Déjà tous les voisins, éveillés par nos chants,Accourent, désignant la maison aux passants ;En raillant Marguerite, ils appellent sa mère.La vieille va venir…

FaustQue faire ?

MéphistophélèsIl faut partir.

FaustDamnation !

MéphistophélèsVous vous verrez demain ; la consolationEst bien près de la peine.

Scene xivtrio and chorus

Mephistopheles (bursting in)Quick! It’s too late.

MargueriteWho is this?

FaustA fool!

MephistophelesA friend!

MargueriteHis glanceTears my heart!

MephistophelesForgive me if I intrude…

FaustWho said you could come in?

MephistophelesWe must save this angel!Already all the neighbours, roused by our songs,Are hurrying here,Pointing out the house to passers-by.They’re jeering at Marguerite and callingTo her mother. The old woman will be here…

FaustWhat shall we do?

MephistophelesWe must leave.

FaustDamnation!

MephistophelesYou’ll meet again tomorrow; after painSoon comes consolation.

14. Szeneterzett und chor

Mephistopheles (überraschend hereintretend)Fort! Es ist zu spät!

MargaretheWer ist dieser Mensch?

FaustEin Narr!

MephistophelesEin Freund!

MargaretheSein BlickZerreißt mir das Herz!

MephistophelesVerzeih’ mir, falls ich störe…

FaustWer hat dir erlaubt einzutreten?

MephistophelesWir müssen diesen Engel retten!Alle Nachbarn, durch unsere Lieder aufgeweckt,Eilen schon hierher und machen die VorübergehendenAuf das Haus aufmerksam.Sie verhöhnen Margarethe und rufen ihre Mutter.Die Alte wird kommen…

FaustWas sollen wir tun?

MephistophelesWir müssen fliehen.

FaustVerdammt!

MephistophelesMorgen werdet ihr euch wieder treffen;Nach dem SchmerzLässt der Trost nicht lange auf sich warten.61

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MargueriteOui, demain, bien-aimé !Dans la chambre prochaineDéjà j’entends du bruit.

FaustAdieu donc, belle nuitÀ peine commencée ! Adieu, festin d’amourQue je m’étais promis !

MéphistophélèsPartons, voilà le jour !

FaustTe reverrai-je encor, heure trop fugitive,Où mon âme au bonheurAllait enfin s’ouvrir ?

Chœur de voisins dans la rueHolà ! mère Oppenheim,Vois ce que fait ta fille !

MéphistophélèsLa foule arrive.

ChœurL’avis n’est pas hors de saison :Un galant est dans ta maison,…

MéphistophélèsHâtons-nous de partir !

ChœurEt tu verras dans peu s’accroître ta famille.Holà !

MargueriteCiel ! entends-tu ces cris ?Devant Dieu, je suis morteSi l’on te trouve ici !

MéphistophélèsViens ! on frappe à la porte !

FaustOh fureur !

MargueriteYes, tomorrow, beloved!I can already hear a noiseIn the next room.

FaustFarewell then, sweet nightSo lately begun; farewell, feast of loveThat I had promised myself!

MephistophelesLet’s be off, daylight is here!

FaustShall I see you again, brief hourWhen my soul at last was about to openTo happiness?

Chorus of neighbours in the streetHey there, Mother Oppenheim,Look what your daughter’s up to!

MephistophelesThe crowd’s arriving.

ChorusThe advice is timely;A gallant’s in your house…

MephistophelesMake haste to be gone!

ChorusYou’ll soon see an addition to the family.Hey there!

MargueriteHeavens! Do you hear those shouts?Before God, I’m lostIf they find you here.

MephistophelesCome! They’re knocking at the door.

FaustFury!

MargaretheJa, morgen, Geliebter!Ich höre schon ein GeräuschIm Nebenraum.

FaustLeb’ wohl, schöne Nacht,Kaum begonnen! Leb’ wohl, Fest der Liebe,Das ich mir versprochen hatte.

MephistophelesWir müssen fort, es tagt schon!

FaustWerde ich dich wiedersehen, allzu flüchtige Stunde,Da meine Seele sich endlich dem GlückZu öffnen begann?

Chor der Nachbarn auf der StraßeHeda! Mutter Oppenheim!Sieh’, was deine Tochter macht!

MephistophelesDer Haufen kommt an.

ChorDer gute Rat kommt gerade rechtzeitig:Ein Liebhaber ist in deinem Haus –

MephistophelesWir müssen uns beeilen wegzukommen!

Chor– und bald wirst du Zuwachs in deiner Familie sehen.Heda!

MargaretheHimmel! Hörst du diese Schreie?Bei Gott, ich bin verloren,Wenn sie dich hier finden.

MephistophelesKomm! Man klopft an die Tür.

FaustRaserei!

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MéphistophélèsOh sottise !

MargueriteAdieu, adieu, par le jardinVous pouvez échapper.

FaustÔ mon ange ! à demain !

MéphistophélèsÀ demain ! à demain !

Faust34 Je connais donc enfin tout le prix de la vie,

Le bonheur m’apparaît,Il m’appelle et je vais le saisir.L’amour s’est emparé de mon âme ravie,Il comblera bientôt mon dévorant désir.

MéphistophélèsJe puis donc à mon gré te traîner dans la vie,Fier esprit !Sans combler ton dévorant désir,L’amour en t’enivrant doublera ta folie,Et le moment approche où je vais te saisir.

MargueriteÔ mon Faust ! Ô mon Faust, je te donne ma vie !L’amour s’est emparé de mon âme ravie,Il m’entraîne vers toi, te perdre, c’est mourir !Ô mon Faust bien-aimé, je te donne ma vie !

ChœurUn galant est dans ta maison,Et tu verras dans peu s’accroître ta famille.Holà ! holà ! mère Oppenheim,Vois ce que fait ta fille !Ah ! ah ! ah ! ah !

MephistophelesNonsense!

MargueriteFarewell! Farewell! You can escapeBy the garden.

FaustTill tomorrow, my angel!

MephistophelesTomorrow, tomorrow!

FaustSo, at last I know life’s prize and value.Happiness is revealed to me;It calls me, and I shall seize it.Love has taken possession of my ecstatic soul;Soon it will gratify my consuming desire.

MephistophelesSo I have you in my graspAnd can do what I want with you, proud spirit!Without gratifying your consuming desire,Love, by infatuating you,Will redouble your madness,And the time is near when I shall seize you.

MargueriteOh my Faust, my Faust! I give my life to you!Love has taken possession of my ecstatic soul.It draws me to you; to lose you is to die!Oh my beloved Faust, I give my life to you!

ChorusA gallant’s in your house;You’ll soon see an addition to the family.Hey there, Mother Oppenheim,Look what your daughter’s up to!Ha! ha! ha! ha!

MephistophelesDummheit!

MargaretheLeb’ wohl! Leb’ wohl! Durch den GartenKönnt ihr entfliehen.

FaustBis morgen, mein Engel!

MephistophelesMorgen, morgen!

FaustSo kenne ich denn endlich des Lebens ganzen Wert.Das Glück hat sich mir offenbart,Es ruft mich, und ich werde es ergreifen.Die Liebe hat sich meiner entzückten Seele bemächtigt;Bald werde ich mein verzehrendes Verlangen befriedigen.

MephistophelesSo kann ich dich also nach meinem BeliebenIn das Leben schleppen, stolzer Geist.Ohne dein verzehrendes Verlangen zu befriedigen,Wird die Liebe, dich betörend, deine Tollheit verdoppeln,Und der Augenblick nähert sich,In dem ich mich deiner bemächtigen werde.

MargaretheO mein Faust! Ich schenke dir mein Leben!Die Liebe hat sich meiner entzückten Seele bemächtigt.Es zieht mich zu dir. Dich zu verlieren heißt sterben!O mein geliebter Faust, ich schenke dir mein Leben!

ChorEin Liebhaber ist in deinem Haus,Und bald wirst du Zuwachs in deiner Familie sehen.Heda! Heda! Mutter Oppenheim,Sieh’, was deine Tochter macht!Ha! ha! ha! ha!

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QUATRIÈME PARTIE

Scène xvChambre de Marguerite

romanceMarguerite seule.

Marguerite35 D’amour l’ardente flamme

Consume mes beaux jours.Ah ! la paix de mon âmeA donc fui pour toujours !

Son départ, son absence,Sont pour moi le cercueil,Et, loin de sa présence,Tout me paraît en deuil.

Alors ma pauvre têteSe dérange bientôt ;Mon faible cœur s’arrête,Puis se glace aussitôt.

Sa marche que j’admire,Son port si gracieux,Sa bouche au doux sourire,Le charme de ses yeux,

Sa voix enchanteresseDont il sait m’embraser,De sa main la caresse,Hélas ! et son baiser,

D’une amoureuse flamme,Consument mes beaux jours.Ah ! la paix de mon âmeA donc fui pour toujours !

Je suis à ma fenêtre,Ou dehors, tout le jour ;C’est pour le voir paraître,Ou hâter son retour.

FOURTH PART

Scene xvMarguerite’s room

romanceMarguerite alone.

MargueriteThe burning flame of loveConsumes my youth away,Ah, peace has fledFrom my soul for ever.

His departure, his absenceAre like the grave for me,And far away from himAll life seems in mourning.

So my poor headSoon loses its senses;My feeble heart stops beatingAnd turns to ice.

His walk I marvel at,His graceful bearing,His mouth with its gentle smile,The charm of his eyes.

His bewitching voiceWith which he can set me on fire,The caress of his hand,And, alas, his kiss,

Consume my life awayIn amorous fires.Ah, peace has fledFor ever from my soul.

All day I’m at my windowOr outside,In case I may see him appear,Or hasten his return.

VIERTER TEIL

15. SzeneMargarethes Zimmer

romanzeMargarethe allein.

MargaretheMeine Ruh’ ist hin,Mein Herz ist schwer;Ich finde sie nimmerUnd nimmermehr.

Wo ich ihn nicht hab’,Ist mir das Grab,Die ganze WeltIst mir vergällt.

Mein armer KopfIst mir verrückt,Mein armer SinnIst mir zerstückt.

Sein hoher Gang,Sein’ edle Gestalt,Seines Mundes Lächeln,Seiner Augen Gewalt,

Und seiner RedeZauberfluss,Sein Händedruck,Und ach sein Kuss!

Meine Ruh’ ist hin,Mein Herz ist schwer;Ich finde sie nimmerUnd nimmermehr.

Nach ihm nur schau’ ichZum Fenster hinaus,Nach ihm nur geh’ ichAus dem Haus.

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Mon cœur bat et se presseDès qu’il le sent venir ;Au gré de ma tendressePuis-je le retenir !

Ô caresses de flamme !Que je voudrais un jourVoir s’exhaler mon âmeDans ses baisers d’amour !

Chœur de soldats (dans le lointain)36 Au son des trompettes

Les braves soldatsS’élancent aux fêtesOu bien aux combats.

MargueriteBientôt la ville entière au repos va se rendre.

ChœurSi grande est la peine,Le prix est plus grand.

MargueriteClairons, tambours du soir déjà se font entendreAvec des chants joyeux,Comme au soir où l’amour offrit Faust à mes yeux.

Chœur d’étudiants (encore plus loin)Jam nox stellata velamina pandit.

MargueriteIl ne vient pas.

ChœurPer urbem quaerentes puellas eamus !

MargueriteIl ne vient pas,Hélas ! Hélas !

My heart beats fasterWhen it feels him near.Would that I could keep him hereJust by the power of my love.

Oh caress of fire!If only one dayI could see my very soul sigh outIn the flame of his kisses!

Chorus of Soldiers (in the distance)At the trumpets’ soundBrave soldiersHurl themselvesInto pleasure or battle.

MargueriteSoon all the town will be going to its rest.

ChorusThe effort is greatBut the prize is greater.

MargueriteAlready the sound of the evening trumpetsAnd drums is heard,With cheerful songs,As on the evening when love brought Faust to me.

Chorus of Students (further away)Already night draws its starry veil.

MargueriteHe doesn’t come.

ChorusLet’s roam the town looking for girls!

MargueriteHe doesn’t come.Alas!

Mein Busen drängtSich nach ihm hin.Ach dürft’ ich fassenUnd halten ihn,

Und küssen ihn,So wie ich wollt’,An seinen KüssenVergehen sollt’! (Goethe)

Soldatenchor (in der Ferne)Und die TrompeteLassen wir werben,Wie zu der Freude,So zum Verderben.

MargaretheBald wird die ganze Stadt sich zur Ruhe begeben.

ChorKühn ist das Mühen,Herrlich der Lohn!

MargaretheSchon hört man den Klang der TrompetenUnd Trommeln des Abends, und der fröhlichen LiederWie an dem Abend, als die LiebeMir Faust vor meine Augen führte.

Studentenchor (weiter entfernt)Schon breitet die Nacht ihren bestirnten Schleier aus.

MargaretheEr kommt nicht.

ChorDurchstreifen wir die Stadt,Nach Mädchen Ausschau haltend.

MargaretheEr kommt nicht.Ach!

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Scène xviForêts et cavernes

invocation à la natureFaust seul.

Faust37 Nature immense, impénétrable et fière,

Toi seule donnes trêve à mon ennui sans fin ;Sur ton sein tout-puissant je sens moins ma misère,Je retrouve ma force, et je crois vivre enfin.Oui, soufflez, ouragans ! Criez, forêts profondes !Croulez, rochers ! Torrents, précipitez vos ondes !À vos bruits souverains ma voix aime à s’unir.Forêts, rochers, torrents, je vous adore ! MondesQui scintillez, vers vous s’élance le désirD’un cœur trop vaste et d’une âme altéréeD’un bonheur qui la fuit.

Scène xviirécitatif et chasse

Méphistophélès (gravissant les rochers)38 À la voûte azurée

Aperçois-tu, dis-moi, l’astre d’amour constant ?Son influence, ami, serait fort nécessaire,Car tu rêves ici, quand cette pauvre enfant,Marguerite…

FaustTais-toi !

MéphistophélèsSans doute il faut me taire,Tu n’aimes plus !Pourtant en un cachot traînée,Et pour un parricide à la mort condamnée…

FaustQuoi !

Scene xviForests and caves

invocation to natureFaust alone.

FaustNature, vast, unfathomable, proud,You alone give pause to my unending ennui:On your omnipotent breastI feel my misery less keenly,I regain my strength and believe in life at last.Yes, blow, hurricanes! Roar, you mighty forests,Crash down, you rocks, and torrents, Hurl headlong your waters!My voice delights to mingleWith your majestic sounds.Forest, rocks, torrents, I worship you!Glittering worlds above, to you the longingOf a heart too vast and a soul insatiableCries out for the happiness it cannot seize.

Scene xviirecitative and hunt

Mephistopheles (climbing up the rocks)Tell me, do you perceive in the azure vaultLove’s steadfast star? My friend,You should need its influence badly;While you dream here, that poor child,Marguerite…

FaustHold your tongue!

MephistophelesNo doubt I should hold my tongue,You no longer love her.But dragged off to a dungeonAnd condemned to death as a parricide…

FaustWhat!

16. SzeneWald- und Höhlenlandschaft

anrufung der naturFaust allein.

FaustUnermessliche, unerforschliche, stolze Natur, Du allein gewährst meinem endlosen Überdruss Rast. An deinem allmächtigen BusenSpüre ich mein Elend weniger, Ich finde meine Kraft wiederUnd glaube endlich zu leben. Ja, toset, Orkane, brauset, tiefe Wälder, Berstet, Felsen, Ströme, stürzt eure Wogen hernieder! Sich mit eurem erhabenen Getöse zu vereinen, Liebt meine Stimme.Wälder, Felsen, Ströme, ich bete euch an!Funkelnde Sterne, zu euch schwingt sich das Sehnen Eines zu weiten HerzensUnd einer dürstenden Seele empor Nach dem Glück, das sie meidet.

17. Szenerezitativ und jagd

Mephistopheles (die Felsen ersteigend)Sage mir, entdeckst du am azurnen FirmamentDen Stern der treuen Liebe?Seinen Einfluss, Freund, brauchst du dringend;Weil du hier träumst, während dieses arme Kind,Margarethe –

FaustSchweige!

MephistophelesZweifellos sollte ich schweigen,Denn du liebst sie nicht mehr.Doch, in den Kerker geschlepptUnd zum Tode verurteilt als Mörderin der Mutter –

FaustWie?66

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MéphistophélèsJ’entends des chasseurs qui parcourent les bois.

FaustAchève, qu’as-tu dit ?Marguerite en prison ?

Méphistophélès (posément)Certaine liqueur brune, un innocent poison,Qu’elle tenait de toi, pour endormir sa mèrePendant vos nocturnes amours,A causé tout le mal. Caressant sa chimère,T’attendant chaque soir, elle en usait toujours.Elle en a tant usé que la vieille en est morte.Tu comprends maintenant ?

FaustFeux et tonnerre !

MéphistophélèsEn sorteQue son amour pour toi la conduit…

Faust (avec fureur)Sauve-la !Sauve-la, misérable !

MéphistophélèsAh ! je suis le coupable !On vous reconnaît là,Ridicules humains ! N’importe !Je suis le maître encor de t’ouvrir cette porte ;Mais qu’as-tu fait pour moiDepuis que je te sers ?

FaustQu’exiges-tu ?

MéphistophélèsDe toi ?Rien qu’une signatureSur ce vieux parchemin.Je sauve Marguerite à l’instant, si tu juresEt signes ton serment de me servir demain.

MephistophelesI hear huntsmen moving through the woods.

FaustGo on! What did you say?Marguerite in prison?

Mephistopheles (calmly)A certain brown liquid, a harmless poisonWhich she had from you to keep her mother quietDuring your nights of loveHas caused all the trouble! Caressing her idle dream,Waiting for you each night, she used the drugConstantly, to such an extentThat the old woman died of it.Now do you understand?

FaustThunder and lightning!

MephistophelesSo her love for youIs taking her…

Faust (frantically)Save her,Save her, you wretch!

MephistophelesAh, so I am to blame!How like you,Ludicrous humans. No matter:I still have power to open this door for you.But what have you done for meSince I served you?

FaustWhat do you require?

MephistophelesFrom you?Merely a signatureOn this old parchment.I’ll save Marguerite at once if you swearAnd seal your oath to serve me tomorrow.

MephistophelesIch höre Jäger den Wald durchstreifen.

FaustFahre fort! Was hast du gesagt?Margarethe im Gefängnis?

Mephistopheles (gelassen)Eine gewisse braune Flüssigkeit, ein harmloses Gift,Das sie von dir erhielt, um die MutterWährend eurer Liebesnächte in Schlaf zu versetzen,Hat das ganze Übel verursacht!Ihr Hirngespinst hätschelnd,Auf dich jeden Abend wartend, gebrauchte sie es ständig,Und zwar in solchem Maße, dass die Alte daran starb.Verstehst du jetzt?

FaustDonner und Blitz!

MephistophelesSo weit hat sieIhre Liebe zu dir gebracht –

Faust (rasend)Rette sie,Rette sie, Schuft!

MephistophelesAch, ich bin also schuld!Daran erkennt man euch,Lächerliche Menschen! Gleichviel!Noch habe ich die Macht, dieses Tor dir zu öffnen!Was aber hast du für mich getan,Seit ich dir diene?

FaustWas forderst du?

MephistophelesVon dir?Nichts als eine UnterschriftAuf dieses alte Pergament.Ich rette Margarethe augenblicklich, wenn du schwörstUnd deinen Eid, mir zu dienen, besiegelst.

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FaustEh, que me fait demain, quand je souffre à cette heure ?Donne !

Il signe.

Voilà mon nom ! Vers sa sombre demeureVolons donc, maintenant ! Oh douleur insensée !Marguerite, j’accours !

MéphistophélèsÀ moi, Vortex ! Giaour !Sur ces deux noirs chevaux, prompts comme la pensée,Montons, et au galop… La justice est pressée.

Ils partent.

Scène xviiiPlaines, montagnes et vallées

la course à l’abîmeFaust et Méphistophélès galopant sur deux chevaux noirs.

Faust39 Dans mon cœur retentit sa voix désespérée…

Ô pauvre abandonnée !

Chœur de paysans(agenouillés devant une croix champêtre)Sancta Maria, ora pro nobis.Sancta Magdalena, ora pro nobis.

FaustPrends garde à ces enfants, à ces femmes priantAu pied de cette croix.

MéphistophélèsEh ! qu’importe ! en avant !

ChœurSancta Margarita – Ah !!! (cri d’effroi)

Les femmes et les enfants se dispersent épouvantés.

FaustWhat is tomorrow to me when I suffer now?Give it to me!

He signs.

There is my name. Let’s fly nowTo her gloomy dwelling! Oh grief past bearing!Marguerite, I’m coming!

MephistophelesHere, Vortex, Giaour!On these two black steeds, swift as thought,Let’s mount and be off at a gallop:Justice will not wait.

They leave.

Scene xviiiPlains, mountains and valleys

the ride to the abyssFaust and Mephistopheles galloping on two black horses.

FaustHer despairing voice rings in my heart.Oh poor abandoned girl!

Chorus of Peasants(kneeling at a wayside cross)Sancta Maria, ora pro nobis.Sancta Magdalena, ora pro nobis.

FaustBe careful of those children, those women prayingAt the foot of that cross!

MephistophelesWhat? What of it? Ride on!

ChorusSancta Margarita – Ah! (with a scream of fear)

The women and children scatter in terror.

FaustWas kümmert mich das Morgen, wenn ich heute leide?Gib her!

Er unterschreibt.

Da ist meine Unterschrift. Jetzt also wollen wirZu ihrer dunklen Wohnung fliegen!O wahnsinnige Qual! Margarethe, ich komme!

MephistophelesZu mir, Vortex, Giaour!Auf diese beiden schwarzen Rosse, Schnell wie der Gedanke, lasst uns aufsteigen –Und fort im Galopp: Die Gerechtigkeit wartet nicht.

Sie gehen ab.

18. SzeneBerge, Täler und Ebenen

der ritt zum abgrundFaust und Mephistopheles galoppieren auf schwarzen Rossen.

FaustIhre verzweifelte Stimme hallt in meinem Herzen wider.O armes, verlassenes Mädchen!

Chor der Landleute(an einem Wegekreuz kniend)Sancta Maria, ora pro nobis.Sancta Magdalena, ora pro nobis.

FaustGib acht auf diese Kinder, diese Frauen,Die am Fuße dieses Kreuzes knien!

MephistophelesWas geht uns das an? Vorwärts!

ChorSancta Margarita – Ah! (mit einem Schreckensruf)

Die Frauen und Kinder laufen entsetzt auseinander.68

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FaustDieux ! un monstre hideuxEn hurlant nous poursuit !

MéphistophélèsTu rêves !

FaustQuel essaim de grands oiseaux de nuit !Quels cris affreux !…Ils me frappent de l’aile !

Méphistophélès (retenant son cheval)Le glas des trépassés sonne déjà pour elle.As-tu peur ? Retournons !

Ils s’arrêtent.

FaustNon, je l’entends, courons !

Les chevaux redoublent de vitesse.

Méphistophélès (excitant son cheval)Hop ! Hop ! Hop !

FaustRegarde, autour de nous, cette ligne infinieDe squelettes dansant !Avec quel rire horrible ils saluent en passant !

MéphistophélèsHop ! Hop ! pense à sauver sa vie,Et ris-toi des morts ! Hop ! hop !

Faust (de plus en plus épouvanté et haletant)Nos chevaux frémissent,Leurs crins se hérissent,Ils brisent leurs mors !Je vois ondulerDevant nous la terre ;J’entends le tonnerreSous nos pieds rouler !

MéphistophélèsHop ! Hop ! Hop !

FaustGods! A hideous, baying beastIs pursuing us.

MephistophelesYou’re dreaming.

FaustHuge night birds swarm round me,Uttering terrible shrieks,Beating me with their wings!

Mephistopheles (reining his horse)The death-knell is already sounding for her.Are you afraid? Turn back, then.

They stop.

FaustNo! I can hear it! Hurry!

The horses redouble their pace.

Mephistopheles (urging on his horse)Hup! hup! hup!

FaustAbout us see that endless lineOf skeletons dancing!With what horrid laughter they greet us as they pass!

MephistophelesHup! hup! Think about saving her life,And scorn the dead! Hup! hup!

Faust (more and more horror-struck and breathless)The horses are shuddering,Their manes are bristling,They are breaking their bridles.I can see the earthWrithe before us;I hear the thunderRoll under our feet.

MephistophelesHup! hup! hup!

FaustGott! Ein scheußliches UngeheuerVerfolgt uns mit Geheul.

MephistophelesDu träumst.

FaustEin riesiger Schwarm von Nachtvögeln fliegt um Michherum, stößt schreckliche Schreie ausUnd schlägt mich mit den Flügeln!

Mephistopheles (sein Ross zügelnd)Die Totenglocke läutet schon für sie.Hast du Angst, so kehren wir um!

Sie halten an.

FaustNein! Ich höre sie! Beeilen wir uns!

Die Rosse verdoppeln ihr Tempo.

Mephistopheles (sein Ross antreibend)Hopp! Hopp! Hopp!

FaustSieh’, um uns herum diese tanzende endlose ReiheVon Skeletten! Mit welch abscheulichem GelächterGrüßen sie uns im Vorüberreiten!

MephistophelesHopp! Hopp! Denk’ daran, ihr Leben zu retten,Und spotte der Toten! Hopp! Hopp!

Faust (immer erschreckter und keuchender)Die Rosse schaudern,Ihre Mähnen sträuben sich,Sie zerreißen ihre Zügel.Ich sehe vor unsDie Erde sich krümmen,Ich höre den DonnerUnter unseren Füßen rollen.

MephistophelesHopp! Hopp! Hopp!

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FaustIl pleut du sang !

Méphistophélès (d’une voix tonnante)Cohortes infernales !Sonnez vos trompes triomphales,Il est à nous !

FaustHorreur ! Ah !

MéphistophélèsJe suis vainqueur !

Ils tombent dans un gouffre.

Scène xixpandæmoniumChœur en langue infernale

Chœur de damnés et de démons30 Ha ! Irimiru Karabrao !

Has ! Has ! Has !

Les Princes des TénèbresDe cette âme si fièreÀ jamais es-tu maître et vainqueur, Méphisto ?

MéphistophélèsJ’en suis maître à jamais.

Les Princes des TénèbresFaust a donc librementSigné l’acte fatal qui le livre à nos flammes ?

MéphistophélèsIl signa librement.

ChœurHas ! Has !

Les démons portent Méphistophélès en triomphe.

FaustIt’s raining blood!

Mephistopheles (with a voice of thunder)Cohorts of hell,Sound your triumphal trumpets:He is ours!

FaustHorror! Ah! –

MephistophelesI am victorious!

They fall into a chasm.

Scene xixpandemoniumChorus in infernal language

Chorus of demons and the damnedHa! Irimiru Karabrao!Has! Has! Has!

The Princes of DarknessMephisto, are you masterAnd lord over this proud soul for ever and ever?

MephistophelesI am master for ever and ever.

The Princes of DarknessThen Faust freely signedThe fatal deed which consigns him to our flames?

MephistophelesHe freely signed.

ChorusHas! has!

The demons bear Mephistopheles in triumph.

FaustEs regnet Blut!

Mephistopheles (mit Donnerstimme)Kohorten der Hölle,Lasst eure Siegesfanfaren erschallen!Er gehört uns!

FaustEntsetzlich! Ah! –

MephistophelesIch bin Sieger!

Sie fallen in einen Schlund.

19. SzenepandämoniumChor in einer infernalischen Sprache

Chor der Teufel und der VerdammtenHa! Irimiru Karabrao!Has! Has! Has!

Die Fürsten der FinsternisMephisto, bist du GebieterUnd Sieger über diese so stolze Seele für immer?

MephistophelesIch bin ihr Gebieter für immer!

Die Fürsten der FinsternisFaust hat also freiwillig die entscheidende UrkundeUnterzeichnet, die ihn dem Feuer überliefert?

MephistophelesEr unterschrieb freiwillig.

ChorHas! Has!

Die Teufel tragen Mephistopheles im Triumphzug.

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41 Tradioun MarexilFir trudinxé burrudixé !Fory my Dinkorlitz,O merikariu OmévixéMerikariba!O merikariu O midaraCaraibo lakinda,Merondor Dinkorlitz merondor.Tradioun marexil, tradioun burrudixéTrudinxé Caraibo.Fir omévixé merondor.Mit aysko, merondor, mit aysko !Oh ! Oh !

Les démons dansent autour de Méphistophélès.

Diff ! Diff ! Merondor aysko !Has ! Has ! Satan,Has ! Has ! Belphégor,Has ! Has ! Méphisto,Has ! Has ! Kroïx,Diff ! Diff ! Astaroth,Diff ! Diff ! Belzébuth,Belphégor, Astaroth, Méphisto !Sat, sat rayk Irkimour.Has ! Has ! Méphisto,Has ! Has ! Has ! Has !Irimiru Karabrao !

Épilogue

sur la terre

Quelques voix42 Alors l’enfer se tut.

L’affreux bouillonnementDe ces grands lacs de flammes,Les grincements de dentsDe ses tourmenteurs d’âmes,Se firent seuls entendre ; et, dans ses profondeurs,Un mystère d’horreur s’accomplit.Oh terreurs !

Tradioun MarexilFir trudinxé burrudixé!Fory my Dinkorlitz,O merikariu OmévixéMerikariba!O merikariu O midaraCaraibo lakinda,Merondor Dinkorlitz merondor.Tradioun marexil, tradioun burrudixéTrudinxé Caraibo.Fir omévixé merondor.Mit aysko, merondor, mit aysko!Oh! Oh!

The demons dance round Mephistopheles.

Diff! Diff! Merondor aysko!Has! Has! Satan,Has! Has! Belphegor,Has! Has! Mephisto,Has! Has! Kroïx,Diff! Diff! Astaroth,Diff! Diff! Beelzebub,Belphegor, Astaroth, Mephisto!Sat, sat rayk Irkimour.Has! Has! Mephisto,Has! Has! Has! Has!Irimiru Karabrao!

Epilogue

on earth

VoicesThen Hell fell silent.Only the dreadful bubblingOf its great lakes of fireAnd the gnashing of teethOf those who tortured soulsCould then be heard; and in its depthsA frightful mystery was performed.Oh dread!

Tradioun MarexilFir trudinxé burrudixé!Fory my Dinkorlitz,O merikariu OmévixéMerikariba!O merikariu O midaraCaraibo lakinda,Merondor Dinkorlitz merondor.Tradioun marexil, tradioun burrudixéTrudinxé Caraibo.Fir omévixé merondor.Mit aysko, merondor, mit aysko!Oh! Oh!

Die Teufel tanzen um Mephistopheles.

Diff! Diff! Merondor aysko!Has! Has! Satan!Has! Has! Belphegor!Has! Has! Mephisto!Has! Has! Kroix!Diff! Diff! Astaroth!Diff! Diff! Beelzebub!Belphegor! Astaroth! Mephisto!Sat, sat rayk Irkimour.Has! Has! Mephisto!Has! Has! Has! Has!Irimiru Karabrao!

Epilog

auf der erde

Einige StimmenAlso schwieg die Hölle.Nur das schreckliche BrodelnIhrer großen Flammenmeere.Und das Zähneknirschen derer,Die die Seelen martern,War noch zu hören, und in ihren TiefenVollzog sich ein schauderhaftes Geheimnis.Wehe, wehe!71

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dans le ciel

Chœur d’esprits célestes(Séraphins inclinés devant le Très-Haut)

43 Laus ! Laus ! Hosanna ! Hosanna !Elle a beaucoup aimé, Seigneur !

Une voixMargarita !

apothéose de marguerite

Chœur44 Remonte au ciel, âme naïve

Que l’amour égara ;Viens revêtir ta beauté primitiveQu’une erreur altéra.Viens, les vierges divines,

Chœur d’esprits célestes et chœur d’enfants45 Viens, les vierges divines,

Tes sœurs, les Séraphines,Sauront tarir les pleursQue t’arrachent encor les terrestres douleurs.Conserve l’espéranceEt souris au bonheur. Viens, Margarita !

Une voixMargarita !Margarita ! Viens !

ChœurViens, Margarita !Viens, viens, viens, viens !

Fin

in heaven

Chorus of Celestial Spirits(Seraphim bowing before the Most High)Praise! Praise! Hosanna! Hosanna!Lord, she greatly loved.

A VoiceMarguerite!

marguerite’s apotheosis

ChorusRise up again to Heaven, artless soulThat love led astray;Put on again your first beautyWhich a fault corrupted.Come, the heavenly virgins,

Chorus of Celestial Spirits and Children’s ChorusCome, the heavenly virgins,Your sisters, the Seraphim,Will dry the tearsThat earthly sorrows still exact.Hope on,And smile on your blessings. Come, Marguerite!

A VoiceMarguerite!Marguerite, come!

ChorusCome, Marguerite!Come! Come! Come! Come!

im himmel

Chor der Himmlischen Geister(Seraphim, sich vor dem Allerhöchsten beugend)Laus! Laus! Hosanna! Hosanna!Herr, sie hat sehr geliebt.

Eine StimmeMargarethe!

margarethes apotheose

ChorSteig’ auf zum Himmel, kindliche Seele,Die die Liebe in die Irre leitete;Nimm deine frühere Schönheit wieder an,Die ein Irrtum entstellte.Komm, die himmlischen Jungfrauen,

Chor der Himmlischen Geister und Chor der KinderKomm, die himmlischen Jungfrauen,Deine Schwestern, die Seraphim,Werden deine Tränen trocknen,Die die Erdensorgen dir noch hervorquellen lassen.Bewahre die Hoffnung,Und lächle dem Glück zu. Komm, Margarethe!

Eine StimmeMargarethe!Margarethe! Komm!

ChorKomm, Margarethe!Komm! Komm! Komm! Komm!

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Violons ICharlotte Juillardsuper solistePhilippe LindeckerSamika HondasolistesHedy KerpitchianThomas GautierPatricia SchaeferMarc MullerSerge NansenetTania SakharovClaire BoissonFabienne DemignéSylvie BrennerChristine LarceletMuriel DolivetGabriel HenrietClaire RigauxYukari KurosakaGuillaume RogerSi Li

Violons IIAnne WernerSerge SakharovEthica OgawaFlorence KunzerOdile ObserÉric RigoulotAgnès ValletteEmmanuelle Antony-AccardoMalgorzata CalvayracAlexandre PavlovicKatarina RichelEvelina AntchevaTiphanie TrémureauAriane LebigreÉtienne Kreisel

AltosBenjamin BourasolisteNicole MignotAngèle PateauJean HaasFlorence JemainFrançoise MondésertIngrid La RoccaBernard BarotteOdile SiméonAgnès MaisonBoris TonkovAnne-Sophie Pascal

VioloncellesAlexander SomovOlivier RothTanguy RiocheChristophe CalibreJuliette FaragoNicolas HugonOlivier GarbanThibaut VatelPaul-Édouard SenentzMarie Viard

ContrebassesStephan WernerGilles VenotThomas KaufmanClaire BidaultIsabelle Kuss-BildsteinThomas CornutTung KeZoltan Kovac

HarpePierre-Michel Vigneau

FlûtesSandrine FrançoisAnne ClayetteIng-Li ChouSandrine Poncet-RetaillaudAurélie Bécuwe

HautboisSébastien GiotSamuel RetaillaudGuillaume LucasPierre CaretteJean-Michel Crétetsoliste, cor anglais

ClarinettesSébastien KoebelJérémy OberdorfJérôme SalierStéphanie CorreAlain Acabo

BassonsJean-Christophe DassonvilleRafael AngsterPhilippe BertrandGérald PorrettiAlain Deleurence

CorsJérôme HanarAlban BeunacheRenaud LeippPatrick CaillieretRémy AbrahamSébastien LentzJean-Marc Perrouault

TrompettesVincent GilligJean-Christophe MentzerJulien WurtzDaniel StollAngela Anderlini

TrombonesNicolas MoutierLaurent LarceletRenaud BernadBrian Damide

TubaMicaël Cortone d’Amore

Timbales-PercussionsDenis RiedingerNorbert JensenStephan FougerouxOlivier PelegriGrégory Massat

Musiciens supplémentairesMatthias Tranchant violonJean-Christophe Garzia altoCécile Le Divenah altoVlorent Xhafaj violoncellePeter Pudil contrebasseLorentz Réty hautbois/cor anglaisThibault Fortin tubaHenri Gillig harpeJean-Baptiste Haye harpeSalomé Mokdad harpeDiane Segard harpeMaureen Thiebaut harpe

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Orchestre philharmoniquede Strasbourg

Directeur musical et artistique : Marko LetonjaDirectrice générale : Marie Linden

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SopranosAna Bela CovãoAna Raquel SousaAriana RussoBeatriz VenturaCarla FriasCecília RodriguesClaire SantosClara CoelhoFilipa PassosInês LopesJoana SiqueiraLucília de Jesus Maria José ConceiçãoMariana MoldãoMariana RodriguesMarisa FigueiraMónica SantosNatasa SibalicRosa CaldeiraSara AfonsoTânia ViegasVerónica Silva

AltosAna UrbanoBeatriz CebolaCarmo CoutinhoCatarina SaraivaElsa GomesFátima NunesInês MartinsJoana EstevesJoana NascimentoLiliana SilvaLucinda GerhardtMafalda Borges CoelhoMargarida SimasMarta QueirósMarta Ribeiro

Michelle RollinPatrícia MendesRita TavaresVerónica SantosTânia Valente

TénorsAníbal CoutinhoAntónio GonçalvesArtur AfonsoBruno SalesDiogo PomboFrancisco CortesFrederico ProjectoGerson CoelhoHugo MartinsJaime BacharelJoão Pedro AfonsoJoão BarrosJoão BrancoJoão CustódioJorge LeiriaManuel GamitoMiguel SilvaNuno RaimundoPedro MiguelPedro RodriguesRodrigo CarretoRui AleixoRui MirandaSérgio FontãoTiago Sousa

BassesAfonso MoreiraFernando GomesFilipe LealFrancisco ReisHugo WeverJoão Costa

João Luís FerreiraJorge RamosJosé Bruto da CostaLuís NeivaLuís PereiraMário AlmeidaMiguel CarvalhoMiguel JesusMiguel Maduro-DiasNuno Gonçalo FonsecaNuno RodriguesPedro CasanovaRui BorrasRui GonçaloSérgio SilvaTiago BatistaTiago Navarro

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Coro Gulbenkian

Jorge Matta chef de chœurCoordination : António GonçalvesProduction /Archives musicales : Fátima Pinho

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Ascanio’s Purse is a non-profit corporation based in Denver, Colorado

Our mission:To provide funding for select concerts and recordingsof the great French composer Hector Berlioz. A previous sponsored event was the first completerecording of Berlioz’s opera Benvenuto Cellini on theoccasion of the 200th anniversary of the composer’sbirth. In 2017 we recorded Les Troyens, taken from two live concerts in Strasbourg, France, and in 2019we recorded a concert performance of the Requiem(Grande Messe des morts) in St Paul’s Cathedral,London, on the 150th anniversary of Berlioz’s death.We will record Roméo et Juliette, also in Strasbourg, in April 2020. To date we have won eight inter nationalawards, among them Opera Recording of the Year and Recording of the Year from Gramophone.

Ascanio’s Purse DonorsLa Damnation de Faust 2019, Strasbourg

Dirk BambeckCortlandt S. and Annette S. BenderC&D PrintingThe Enstrom FamilyJean-Marie and Elizabeth EveillardJack and Marsha FirestoneFirestone Family FoundationIsabelle and David FullerIMAGE AudiovisualsFloyd and Ellen LarsonSteve and Marcia LarsonElisabeth and François MayerDave and Diane MuellerDavid Sherman and Beverly BuckRobert E. Sobel and Betty J. WytiasMatthew WassermanWill L. Wytias-Sobel and Alyssa LubowBarry Bingham, Jr., Founding Sponsor

With deepest gratitude to our Anonymous Donors

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Presented by the Orchestre philharmonique de StrasbourgIn association with Wright Music ManagementWith the generous support of Ascanio’s Purse

For the Orchestre philharmonique de Strasbourg: Marie Linden and Marion RaimbeauxFor Wright Music Management: Stephen Wright and Claire DacamFor Ascanio’s Purse: Robert Sobel

Recorded live on 25 and 26 April 2019 at the Salle Érasme, Strasbourg, and on 27 April 2019Executive producer, Erato/Warner Classics: Alain LanceronRecording producer; editing: Daniel ZalayRecording engineers; mixing and mastering: Hugues Deschaux & Olivier RossetRetouching, mastering: Allan RamsayEdition: New Berlioz Edition, Bärenreiter Verlag, KasselVocal coach: Jeff CohenRehearsal pianist: Thibaud Epp

Packaging design: Paul Marc Mitchell for WLP LtdBooklet photography: Grégory MassatEnglish libretto C 1973 by David CairnsGerman libretto reprinted by kind permission of Deutsche Grammophon GmbH

P 2019 Ascanio’s Purse, a Colorado non-profit corporation, under exclusive licence to Parlophone Records Limited, a Warner Music Group CompanyC 2019 Parlophone Records Limited, a Warner Music Group Company77

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