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Communications libres 77 CL 7 Dosage du dabigatran etexilate, du rivaroxaban et de l’apixaban à la recherche d’une réponse excessive M.-M. Samama a,b , C. Flaujac a , C. Guinet b , L. Le Flem b , J. Conard a , I. Gouin a , M.-H. Horellou a a Cochin-Broca, Hôtel-Dieu université, Paris, France b Laboratoire Biomnis R&D, Ivry-sur-Seine, France Mots clés : Dabigatran ; Rivaroxaban ; Apixaban Une surveillance biologique régulière de la coagulation chez les sujets traités par dabigatran ou rivaroxaban ou apixaban n’est pas nécessaire. Néanmoins, la crainte d’accidents hémorragiques est légitime d’autant qu’il n’existe pas actuellement d’antidote spécifique. Dans les études de phase 3, les accidents hémorra- giques mortels sont très rares (fréquence voisine de 0,23 pour cent patients-années pour le dabigatran versus 0,33 avec la warfarine). Objectifs.— La réponse des examens de la coagulation a été étudiée en utilisant un pool de plasmas témoins additionné de concentra- tions croissantes de l’anticoagulant concerné et des plasmas de patients traités. Matériel et méthode.— Le temps de Quick, le temps de cépha- line avec activateur, le temps de thrombine dilué et le dosage de l’activité anti-Xa à l’aide de différentes méthodes ont été princi- palement étudiés. Résultats.— Rivaroxaban—Apixaban : le temps de Quick s’allonge proportionnel- lement à la concentration plasmatique du médicament, mais cet allongement varie en fonction du réactif thromboplastine utilisé. Cet allongement est moins marqué avec l’apixaban qu’avec le riva- roxaban. La conversion en INR n’est pas appropriée car elle a été établie avec les antagonistes de la vitamine K. L’allongement du TQ est de l’ordre de 50 % en moyenne pour le rivaroxaban deux à quatre heures après la prise du médicament (10 mg × 1). La préparation de plasmas calibrés à concentrations connues en nouvel anticoagulant permet la mesure de la concentration plas- matique du médicament. Cette mesure peut être appliquée également à la mesure de l’activité anti-Xa déjà utilisée en routine pour les HBPM. Une modi- fication de la technique s’est avérée nécessaire et a été validée dans 23 laboratoires pour le rivaroxaban. Dabigatran : le dosage de la concentration du dabigatran dans le plasma utilise un temps de thrombine dilué (Hemoclot) et des plas- mas calibrés. Le temps de céphaline + activateur est plus sensible au dabigatran que le temps de Quick, mais la relation avec la concentra- tion médicamenteuse n’est plus linéaire en cas de surdosage (> 0,4 g/L). Conclusion.— La recherche d’une réponse inhabituelle ou excessive à ces trois médicaments est donc désormais possible. Les résul- tats doivent être interprétés en tenant compte du délai écoulé entre la dernière prise du médicament et le prélèvement san- guin et des données pharmacocinétiques. Cette recherche paraît très utile en cas d’accident hémorragique ou au cours des trai- tements prolongés chez le sujet âgé à fonction rénale diminuée. Elle pourrait réduire la fréquence des hémorragies graves, voire fatales. Pour en savoir plus Samama MM, Guinet C. Laboratory assessment of new anticoagu- lants. Clin Chem Lab Med 2011;49:761—72. doi:10.1016/j.jmv.2011.12.029 CL 8 Faut-il traiter toutes les thromboses veineuses profondes en chirurgie orthopédique ? M.-T. Barrellier a,, C.-M. Samama b a Explorations fonctionnelles, CHU Côte de Nacre, 14033 Caen cedex, France b Service d’anesthésie réanimation, CHU Cochin-Hôtel-Dieu, AP—HP, Paris, France Mots clés : Thrombose veineuse profonde ; Chirurgie orthopédique Objectifs.— À partir d’une revue de la littérature, l’objectif a été d’évaluer le risque hémorragique qu’ajouterait un éventuel traite- ment anticoagulant curatif des thromboses veineuses profondes qui seraient identifiées au décours des trois chirurgies orthopédiques majeures : prothèses totales de hanche, fracture de hanche et pro- thèses totales de genou. Matériel.— Les risques thromboemboliques et hémorragiques respectifs de la prophylaxie recommandée et du traitement anti- coagulant curatif, ont été relevés dans divers types d’études : — essais cliniques randomisés ; — codages des pathologies, effectués en sortie d’hospitalisation et de réhospitalisation chaînés entre eux (cohortes danoise de Guijarro 2011 et nord américaine de White 2003) ; — registres (Dahl 2005, Munoz-Torrero 2011); — enquêtes observationnelles (Samama 2007, Rosencher 2005). Méthodes.— Les taux d’événements, thromboemboliques ou hémor- ragiques ont été moyennés pour chaque chirurgie. L’incidence des évènements mortels a été calculée en appliquant le coeffi- cient de mortalité correspondant à chaque type d’événement et à chaque circonstance clinique. Le nombre de décès attendus dans chaque situation, a été objectivé sur une cohorte théorique de 10 000 patients dans les trois chirurgies. Résultats.— Sur 10 000 prothèses de hanche ou de genou, sur- viennent, avec la prophylaxie recommandée, cinq embolies fatales et deux hémorragies fatales. Le traitement curatif des throm- boses asymptomatiques sous-jacentes, ajouterait neuf hémorragies fatales, dont huit liées au seul traitement des distales et un à celui des proximales. Sur 10 000 fractures de hanche soumises à une prophylaxie prolon- gée, surviennent six embolies fatales et au moins 18 hémorragies fatales. Le traitement curatif des thromboses asymptomatiques sous-jacentes, ajouterait 13 hémorragies fatales dont 12 liées au traitement des distales. Conclusion.— Le nombre d’hémorragies fatales qu’induirait le trai- tement curatif des thromboses distales en orthopédie dépasserait très nettement le gain potentiel sur les embolies fatales persis- tant malgré la prophylaxie recommandée. Les thromboses distales identifiées en orthopédie ne doivent pas être traitées par anticoa- gulation curative. Cela renforce la recommandation forte (1A) de ne pas les dépister (Geerts 2008). doi:10.1016/j.jmv.2011.12.030 Jeudi 15 mars 2012 — 14h00 — 15h30 (petit amphithéâtre) CL 9 État carentiel en vitamine C et survenue de phénomènes hémorragiques cliniquement significatifs chez des patients hospitalisés : étude VASCORB II W. Mokaddem , G. Lacaze, J.-P. Cambou, A. Bura-Rivière Pôle cardiovasculaire et métabolique, service de médecine vasculaire, CHU Rangueil, 31000 Toulouse, France Auteur correspondant. Mots clés : Hémorragie ; Anticoagulants oraux ; Antiagrégants plaquettaires ; Vitamine C

Faut-il traiter toutes les thromboses veineuses profondes en chirurgie orthopédique ?

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CL 7Dosage du dabigatran etexilate, du rivaroxaban etde l’apixaban à la recherche d’une réponseexcessiveM.-M. Samama a,b, C. Flaujac a, C. Guinet b, L. Le Flem b,J. Conard a, I. Gouin a, M.-H. Horellou a

a Cochin-Broca, Hôtel-Dieu université, Paris, Franceb Laboratoire Biomnis R&D, Ivry-sur-Seine, France

Mots clés : Dabigatran ; Rivaroxaban ; Apixaban

Une surveillance biologique régulière de la coagulation chez lessujets traités par dabigatran ou rivaroxaban ou apixaban n’estpas nécessaire. Néanmoins, la crainte d’accidents hémorragiquesest légitime d’autant qu’il n’existe pas actuellement d’antidotespécifique. Dans les études de phase 3, les accidents hémorra-giques mortels sont très rares (fréquence voisine de 0,23 pour centpatients-années pour le dabigatran versus 0,33 avec la warfarine).Objectifs.— La réponse des examens de la coagulation a été étudiéeen utilisant un pool de plasmas témoins additionné de concentra-tions croissantes de l’anticoagulant concerné et des plasmas depatients traités.Matériel et méthode.— Le temps de Quick, le temps de cépha-line avec activateur, le temps de thrombine dilué et le dosage del’activité anti-Xa à l’aide de différentes méthodes ont été princi-palement étudiés.Résultats.—Rivaroxaban—Apixaban : le temps de Quick s’allonge proportionnel-lement à la concentration plasmatique du médicament, mais cetallongement varie en fonction du réactif thromboplastine utilisé.Cet allongement est moins marqué avec l’apixaban qu’avec le riva-roxaban. La conversion en INR n’est pas appropriée car elle a étéétablie avec les antagonistes de la vitamine K. L’allongement duTQ est de l’ordre de 50 % en moyenne pour le rivaroxaban deux àquatre heures après la prise du médicament (10 mg × 1).La préparation de plasmas calibrés à concentrations connues ennouvel anticoagulant permet la mesure de la concentration plas-matique du médicament.Cette mesure peut être appliquée également à la mesure del’activité anti-Xa déjà utilisée en routine pour les HBPM. Une modi-fication de la technique s’est avérée nécessaire et a été validéedans 23 laboratoires pour le rivaroxaban.Dabigatran : le dosage de la concentration du dabigatran dans leplasma utilise un temps de thrombine dilué (Hemoclot) et des plas-mas calibrés.Le temps de céphaline + activateur est plus sensible au dabigatranque le temps de Quick, mais la relation avec la concentra-tion médicamenteuse n’est plus linéaire en cas de surdosage(> 0,4 �g/L).Conclusion.— La recherche d’une réponse inhabituelle ou excessiveà ces trois médicaments est donc désormais possible. Les résul-tats doivent être interprétés en tenant compte du délai écouléentre la dernière prise du médicament et le prélèvement san-guin et des données pharmacocinétiques. Cette recherche paraîttrès utile en cas d’accident hémorragique ou au cours des trai-tements prolongés chez le sujet âgé à fonction rénale diminuée.Elle pourrait réduire la fréquence des hémorragies graves, voirefatales.Pour en savoir plusSamama MM, Guinet C. Laboratory assessment of new anticoagu-lants. Clin Chem Lab Med 2011;49:761—72.

doi:10.1016/j.jmv.2011.12.029

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bjectifs.— À partir d’une revue de la littérature, l’objectif a été’évaluer le risque hémorragique qu’ajouterait un éventuel traite-ent anticoagulant curatif des thromboses veineuses profondes qui

eraient identifiées au décours des trois chirurgies orthopédiquesajeures : prothèses totales de hanche, fracture de hanche et pro-

hèses totales de genou.atériel.— Les risques thromboemboliques et hémorragiques

espectifs de la prophylaxie recommandée et du traitement anti-oagulant curatif, ont été relevés dans divers types d’études :essais cliniques randomisés ;codages des pathologies, effectués en sortie d’hospitalisation et

e réhospitalisation chaînés entre eux (cohortes danoise de Guijarro011 et nord américaine de White 2003) ;registres (Dahl 2005, Munoz-Torrero 2011) ;enquêtes observationnelles (Samama 2007, Rosencher 2005).éthodes.— Les taux d’événements, thromboemboliques ou hémor-

agiques ont été moyennés pour chaque chirurgie. L’incidencees évènements mortels a été calculée en appliquant le coeffi-ient de mortalité correspondant à chaque type d’événement et àhaque circonstance clinique. Le nombre de décès attendus danshaque situation, a été objectivé sur une cohorte théorique de0 000 patients dans les trois chirurgies.ésultats.— Sur 10 000 prothèses de hanche ou de genou, sur-iennent, avec la prophylaxie recommandée, cinq embolies fatalest deux hémorragies fatales. Le traitement curatif des throm-oses asymptomatiques sous-jacentes, ajouterait neuf hémorragiesatales, dont huit liées au seul traitement des distales et un à celuies proximales.ur 10 000 fractures de hanche soumises à une prophylaxie prolon-ée, surviennent six embolies fatales et au moins 18 hémorragiesatales. Le traitement curatif des thromboses asymptomatiquesous-jacentes, ajouterait 13 hémorragies fatales dont 12 liées auraitement des distales.onclusion.— Le nombre d’hémorragies fatales qu’induirait le trai-ement curatif des thromboses distales en orthopédie dépasseraitrès nettement le gain potentiel sur les embolies fatales persis-ant malgré la prophylaxie recommandée. Les thromboses distalesdentifiées en orthopédie ne doivent pas être traitées par anticoa-ulation curative. Cela renforce la recommandation forte (1A) dee pas les dépister (Geerts 2008).

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Pôle cardiovasculaire et métabolique, service de médecineasculaire, CHU Rangueil, 31000 Toulouse, France

Auteur correspondant.

ots clés : Hémorragie ; Anticoagulants oraux ; Antiagrégantslaquettaires ; Vitamine C