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F I C H E À D É T A C H E R Figure 1. MCJ sporadique : EEG périodique (pointes-ondes diffuses à 1 cycle/ seconde). Figure 2. Détection de la protéine 14-3-3 dans le LCR par Western-Blot. Pour établir le diagnostic de probabilité, un résultat douteux est considéré comme négatif et un résultat positif faible est considéré comme positif. Dans ces 2 situations, il est recommandé de demander une nouvelle détection 2 à 3 semaines après la première recherche. 1 2 3 4 5 6 1 Négatif 2 Douteux 3 Positif 4 Positif fort 5 Positif faible 6 Négatif 30 kD Anticorps anti-14-3-3 La Lettre du Neurologue • Vol. XVIII - n o 1 - janvier 2014 | 33 n° 126 fiche technique Sous la responsabilité de son auteur J.P. Brandel* Diagnostic clinique des maladies de Creutzfeldt-Jakob sporadiques * Cellule nationale de référence des maladies de Creutzfeldt-Jakob, hôpital de la Pitié- Salpêtrière, Paris ; Inserm, UMR-S 975, équipe "Maladie d’Alzheimer – Maladies à prions", Paris. L es maladies de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) sporadiques repré- sentent plus de 80 % des maladies à prions. Le diagnostic de probabilité repose sur l’observation de signes cliniques évocateurs associés à des anomalies observées sur l’électroencé- phalogramme (EEG), dans le liquide céphalorachidien (LCR) et sur l’IRM cérébrale (tableau). Il est également important, après recueil du consentement du patient ou de sa famille, de réaliser un prélèvement sanguin pour l’étude du gène PRNP de la protéine prion, afin d’éliminer une forme génétique et de déterminer le polymorphisme du codon 129. L’EEG est caractéristique lorsqu’il révèle des anomalies pério- diques, faites de grapho-éléments simples bi- ou triphasiques paroxystiques, de période brève d’environ 1 seconde (figure 1). Ces anomalies peuvent être initialement localisées, n’exister qu’épisodiquement ou disparaître en phase terminale. Il faut donc répéter les enregistrements. La sensibilité des anomalies pério- diques est faible (60 %), mais la spécificité est élevée (90 %) [1]. L’examen du LCR permet la recherche de la protéine 14-3-3, qui est détectée en routine, par une technique semi-quantitative de Western-Blot (figure 2). Le LCR, dont l’examen standard est par ailleurs normal (protéinorachie en principe inférieure à 1 g/l, glycorachie normale et moins de 10 cellules/mm 3 ), doit être prélevé par ponction lombaire non traumatique pour éviter Tableau. Critères diagnostiques des MCJ sporadiques (critères du réseau européen de surveillance EuroCJD, modifiés en 2010). • Définie Confirmation neuropathologique ou immunocytochimique • Probable I + 2 de II + III ou IV ou MCJ possible + protéine 14-3-3 positive • Possible I + 2 de II + durée inférieure à 2 ans I Démence rapidement progressive II A Myoclonies B Anomalies visuelles ou cérébelleuses C Syndrome pyramidal ou extrapyramidal D Mutisme akinétique III EEG typique IV Hypersignaux dans le noyau caudé ou le putamen sur l’IRM cérébrale

fiche technique - Edimark · L’EEG est caractéristique lorsqu’il révèle des anomalies pério- diques, faites de grapho-éléments simples bi- ou triphasiques paroxystiques,

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Page 1: fiche technique - Edimark · L’EEG est caractéristique lorsqu’il révèle des anomalies pério- diques, faites de grapho-éléments simples bi- ou triphasiques paroxystiques,

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Figure 1. MCJ sporadique : EEG périodique (pointes-ondes diffuses à 1 cycle/seconde).

Figure 2. Détection de la protéine 14-3-3 dans le LCR par Western-Blot.

Pour établir le diagnostic de probabilité, un résultat douteux est considéré comme négatif et un résultat positif faible est considéré comme positif. Dans ces 2 situations, il est recommandé de demander une nouvelle détection 2 à 3 semaines après la première recherche.

1 2 3 4 5 61 Négatif2 Douteux3 Positif4 Positif fort5 Positif faible6 Négatif

30 kD

Anticorps anti-14-3-3

La Lettre du Neurologue • Vol. XVIII - no 1 - janvier 2014 | 33

n° 12

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f i c h e t e c h n i q u e

Sous la responsabilité de son auteurJ.P. Brandel*

Diagnostic clinique des maladies de Creutzfeldt-Jakob sporadiques

* Cellule nationale de référence des maladies de Creutzfeldt-Jakob, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris ; Inserm, UMR-S 975, équipe "Maladie d’Alzheimer – Maladies à prions", Paris.

L es maladies de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) sporadiques repré-sentent plus de 80 % des maladies à prions. Le diagnostic de probabilité repose sur l’observation de signes cliniques

évocateurs associés à des anomalies observées sur l’électroencé-phalogramme (EEG), dans le liquide céphalorachidien (LCR) et sur l’IRM cérébrale (tableau). Il est également important, après recueil du consentement du patient ou de sa famille, de réaliser un prélèvement sanguin pour l’étude du gène PRNP de la protéine prion, afi n d’éliminer une forme génétique et de déterminer le polymorphisme du codon 129.

L’EEG est caractéristique lorsqu’il révèle des anomalies pério-diques, faites de grapho-éléments simples bi- ou triphasiques paroxystiques, de période brève d’environ 1 seconde (fi gure 1). Ces anomalies peuvent être initialement localisées, n’exister qu’épisodiquement ou disparaître en phase terminale. Il faut donc

répéter les enregistrements. La sensibilité des anomalies pério-diques est faible (60 %), mais la spécifi cité est élevée (90 %) [1].L’examen du LCR permet la recherche de la protéine 14-3-3, qui est détectée en routine, par une technique semi-quantitative de Western-Blot (fi gure 2). Le LCR, dont l’examen standard est par ailleurs normal (protéinorachie en principe inférieure à 1 g/l, glycorachie normale et moins de 10 cellules/mm3), doit être prélevé par ponction lombaire non traumatique pour éviter

Tableau. Critères diagnostiques des MCJ sporadiques (critères du réseau européen de surveillance EuroCJD, modifi és en 2010).

• Défi nieConfi rmation neuropathologique ou immunocytochimique

• ProbableI + 2 de II + III ou IVou MCJ possible + protéine 14-3-3 positive

• PossibleI + 2 de II + durée inférieure à 2 ans

I Démence rapidement progressive

II A Myoclonies

B Anomalies visuelles ou cérébelleuses

C Syndrome pyramidal ou extrapyramidal

D Mutisme akinétique

III EEG typique

IV Hypersignaux dans le noyau caudé ou le putamen sur l’IRM cérébrale

Page 2: fiche technique - Edimark · L’EEG est caractéristique lorsqu’il révèle des anomalies pério- diques, faites de grapho-éléments simples bi- ou triphasiques paroxystiques,

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Figure 3. MCJ sporadique : hypersignaux caractéristiques.A. Séquence FLAIR : hypersignaux des noyaux caudés et putamen bilatéraux.B. Séquence de diffusion : hypersignaux des noyaux caudés et putamen bi latéraux. Noter les hypersignaux moins intenses des thalami, qui ne remettent pas en cause le diagnostic de MCJ sporadique.C. Séquence de diffusion : hypersignaux corticaux à prédominance gauche (l’observation de ces hypersignaux ne constitue pas un critère de probabilité, par manque de spécifi cité).

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34 | La Lettre du Neurologue • Vol. XVIII - no 1 - janvier 2014

une élévation non spécifi que de la protéine 14-3-3. Les valeurs de sensibilité et de spécifi cité sont élevées et égales, respec-tivement à 89 % et 91 %, dans les laboratoires français, avec une valeur prédictive négative de 98 %. Une méta-analyse de l’American Academy of Neurology, reprenant 9 études totalisant 1 849 patients, a permis d’évaluer la sensibilité à 92 % et la spécifi cité à 80 % (2). Les marqueurs utilisés pour le diagnostic de la maladie d’Alzheimer peuvent aussi aider au diagnostic de MCJ sporadique lorsque la protéine Tau est élevée, la phospho-Tau est normale, le rapport phospho-Tau/Tau est abaissé et la protéine β-amyloïde est normale ou augmentée (3).L’IRM encéphalique tient une place de plus en plus importante dans le diagnostic des MCJ sporadiques. Les anomalies les plus évocatrices sont les hypersignaux visibles sur les séquences T2, FLAIR et de diffusion (avec diminution du coeffi cient apparent de diffusion de l’eau libre). En cas de MCJ sporadique, les hypersignaux striataux (noyau caudé et putamen) constituent l’anomalie la plus caractéristique ; ils sont le plus souvent bilatéraux, plus ou moins symétriques, et peuvent coexister avec des hypersignaux des cortex cérébraux ou cérébelleux (fi gure 3) [4]. La sensibilité et la spécifi cité globales de ces anomalies sont égales à 83 % (5). Dans certains cas, des

hypersignaux de la partie postérieure des thalami peuvent être observés. Mais, à la différence de ce qui est noté en cas de variante de la MCJ, l’intensité de l’hypersignal est alors plus élevée dans le striatum que dans le thalamus (6). ■

1. Steinhoff BJ, Zerr I, Glatting M et al. Diagnostic value of periodic complexes in Creutzfeldt-Jakob disease. Ann Neurol 2004;56(5):702-8.2. Muayqil T, Gronseth G, Camicioli R. Evidence-based guideline: diagnostic accuracy of CSF 14-3-3 protein in sporadic Creutzfeldt-Jakob disease: report of the guideline development subcommittee of the American Academy of Neurology. Neurology 2012;79(14):1499-506.3. Zanusso G, Fiorini M, Ferrari S et al. Cerebrospinal fl uid markers in sporadic Creutzfeldt-Jakob Disease. Int J Mol Sci 2011;12(9):6281-92.

4. Schröter A, Zerr I, Henkel K et al. Magnetic resonance imaging in the clinical diagnosis of Creutzfeldt-Jakob disease. Arch Neurol 2000;57(12):1751-7.

5. Zerr I, Kallenberg K, Summers DM et al. Updated clinical diagnostic criteria for sporadic Creutzfeldt-Jakob disease. Brain 2009; 132(Pt10): 2659-68.

6. Haïk S, Brandel JP, Oppenheim C et al. Sporadic CJD clinically mimicking variant CJD with bilateral increased signal in the pulvinar. Neurology 2002;58(1):148-9.

Références bibliographiques

L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.

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