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Jérôme Vanderhaeghe Année 2012/2013 Fleur de Lys en medecine de Bernard de Gordon ou l’approche de la pratique médicale à Montpellier au XIV ème siècle Mémoire présenté pour l’obtention du Master II Recherche Sciences Humaines et Sociales Histoire sociale, politique et culturelle de l’Europe de l’antiquité à nos jours Sous la direction de Madame Nicole Brocard, Maître de conférences à l’Université de Franche-Comté

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Jérôme Vanderhaeghe Année 2012/2013

Fleur de Lys en medecine de Bernard de Gordon

ou l’approche de la pratique médicale à Montpellier

au XIVème

siècle

Mémoire présenté pour l’obtention du Master II Recherche

Sciences Humaines et Sociales

Histoire sociale, politique et culturelle de l’Europe de l’antiquité à nos jours

Sous la direction de Madame Nicole Brocard,

Maître de conférences à l’Université de Franche-Comté

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Jérôme Vanderhaeghe Année 2012/2013

Fleur de Lys en medecine de Bernard de Gordon

ou l’approche de la pratique médicale à Montpellier

au XIVème

siècle

Mémoire présenté pour l’obtention du Master II Recherche

Sciences Humaines et Sociales

Histoire sociale, politique et culturelle de l’Europe de l’antiquité à nos jours

Sous la direction de Madame Nicole Brocard,

Maître de conférences à l’Université de Franche-Comté

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Illustration de la page de couverture :

Médecin au chevet d’un malade, extrait de : Avicenne, Canon de la médecine,

XIIIème

siècle, Bibliothèque Municipale de Besançon (ms. 0457 f.036v) / « cliché

IRHT »

Page 4: Fleur de Lys en medecine de Bernard de GordonJe remercie Madame Brocard pour sa présence, son écoute, son soutien et ses ... 3- Le savoir arabe ... « Cy commence la pratique de

Je remercie Madame Brocard pour sa présence, son écoute, son soutien et ses

conseils avisés. Toujours présente et disponible, vous m’avez permis de

réaliser ce mémoire de recherche dans la plus grande sérénité. Je vous

remercie sincèrement pour la confiance que vous m’avez témoignée tout au

long de ces deux années de recherche.

Je remercie ma sœur Florence pour son soutien et ses encouragements. Merci

à toi d’avoir toujours répondu présent quand j’en avais besoin.

Je remercie mon frère Pascal pour sa présence et son positivisme.

Je remercie mes amis, Steven, Thibaud, Aurélien, Kevin, François, David et

Elodie pour leurs conseils, leurs encouragements et leur patience.

Je remercie Madame Sylvie Guy et Madame Claudine Maccioni pour leurs

encouragements et leur soutien.

Je remercie les personnels de la Bibliothèque Municipale de Besançon et de la

Bibliothèque Universitaire de Montpellier I pour leur disponibilité et leur aide.

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Pour ma maman qui m’a toujours soutenu dans mes projets.

Je sais que tu serais fière de mon travail.

A toi, partie trop tôt…

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Table des matières

Introduction ........................................................................................................ p.10

PARTIE I : Bernard de Gordon, un érudit montpelliérain ................................ p.11

I) Un auteur du XIVème siècle ............................................................... p.12

A) Bernard de Gordon .................................................................... p.12

1- L’Homme ............................................................................... p.12

2- Le maître en médecine ......................................................... p.14

3- L’enseignant ........................................................................... p.16

B) L’incunable INC 1010 de la bibliothèque municipale de

Besançon : Fleur de lys en medecine ............................................... p.18

1- L’ouvrage ................................................................................ p.18

2- Description et structure de l’écrit ......................................... p.20

3- Influence et postérité ............................................................. p.22

II) La société du XIVème siècle à travers l’ouvrage .............................. p.24

A) Erudit et scientifique : le médecin .............................................. p.24

1- Discipline et profession ......................................................... p.24

2- Organisation des études ....................................................... p.26

3- Science et astronomie ........................................................... p.27

B) La vision du monde à travers le manuscrit ................................ p.31

1- Du monde à l’univers ............................................................. p.31

2- Le monde animal et ses représentations ............................. p.33

C) La pratique médicale et la religion .............................................. p.36

1- Symboles et allégories .......................................................... p.36

Page 7: Fleur de Lys en medecine de Bernard de GordonJe remercie Madame Brocard pour sa présence, son écoute, son soutien et ses ... 3- Le savoir arabe ... « Cy commence la pratique de

2- Douleur, souffrance et passion ............................................. p.42

PARTIE II : Les conceptions médicales médiévales ......................................... p.46

I) Les origines de la médecine médiévale ............................................ p.47

A) Les fondamentaux : les connaissances antiques et arabes .... p.47

1- Le monde médical antique .................................................... p.47

2- La théorie des humeurs ......................................................... p.49

3- Le savoir arabe ....................................................................... p.52

B) La tradition salernitaine et la diffusion du savoir médical en

occident............................................................................................... p.53

C) Montpellier, ville cosmopolite ..................................................... p.56

1- Une ville au carrefour de la connaissance ........................... p.56

2- L’université de médecine ...................................................... p.57

3- Ces maîtres en médecine ...................................................... p.61

II) Influences et pratique médicale à travers l’ouvrage ........................ p.62

A) Les influences du maître Bernard de Gordon ............................ p.62

B) Observation, examens et pronostication ................................... p.64

C) Le temps et les maladies ............................................................. p.68

D) Fièvre, peste et lèpre : approche de la maladie ......................... p.71

1- Les fièvres ............................................................................. p.71

2- La peste .................................................................................. p.72

3- La lèpre .................................................................................. p.75

PARTIE III : Soigner le corps au Moyen Age ..................................................... p.81

I) Pharmacie et médicaments................................................................ p.82

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A) Historiographie médiévale de la pharmacie et des médicaments

............................................................................................................. p.82

B) Le médicament au Moyen Age .................................................... p.83

C) La pharmacopée ........................................................................... p.87

D) Les drogues et leurs compositions ............................................ p.89

II) La pharmacopée dans l’ouvrage ..................................................... p.107

A) Les simples et les composés ................................................... p.107

1- Les médicaments simples ................................................... p.107

2- Les médicaments composés .............................................. p.107

B) Les apports arabes .................................................................... p.109

C) La practica montpelliéraine ...................................................... p.110

III) Soigner autrement ............................................................................ p.112

A) Les soins techniques ................................................................. p.112

1- Les bains .............................................................................. p.112

2- Evacuation de la matière ..................................................... p.113

3- Les ventouses ...................................................................... p.114

B) Saignées et actes techniques.................................................... p.114

1- La saignée ............................................................................ p.114

2- Médecine manuelle et petite chirurgie ................................ p.115

C) L’hygiène de vie ......................................................................... p.116

Conclusion ........................................................................................................ p.119

Annexes ............................................................................................................. p.122

Lexique .............................................................................................................. p.246

Bibliographie ..................................................................................................... p.256

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« Cy commence la pratique de tres excellent docteur et maitre en medecine,

maistre Bernard de Gordon, qui s’appelle fleur de lys en medecine. ». Le maître au

Moyen Âge est identifié comme étant un homme que l’on considère aujourd’hui

comme un intellectuel. « Ce vocable [identifie] un type d’homme qui pendant le

Moyen Âge « travaillait avec la parole et avec l’esprit », ne vivait pas de la rente du

sol et n’était pas non plus contraint de « travailler avec ses mains », et qui était plus

ou moins conscient de sa « différence » par rapport aux autres catégories

humaines »1 . A travers l’incunable de Bernard de Gordon, Fleur de lys en

médecine, nous avons un angle d’approche particulier et nous pouvons faire un état

des lieux des connaissances médicales au début XIVème siècle. Nous avons la vision

de la société d’un érudit, d’un lettré. L’étude de notre source permet donc d’accéder

à de nombreuses connaissances sur la période contemporaine à Bernard de

Gordon, mais aussi sur l’héritage culturel que les intellectuels ont mobilisé pour

fonder les premières universités d’Europe et donner les premiers cours ; dans le cas

présent l’enseignement de la médecine à Montpellier.

L’étude de cette source dans le cadre de ce travail de recherche nous amène

à proposer des pistes de compréhension de l’ouvrage. Ainsi tout au long du

développement nous cherchons à avancer des clés de compréhension et une

approche thématiser au lecteur pour lui permettre d’envisager son approche de

l’œuvre Fleur de lys en médecine de Bernard de Gordon sous différents aspects.

En quoi l’approche de la médecine médiévale à travers l’étude du "practique"

Fleur de Lys en médecine de Bernard de Gordon permet-elle de mettre en avant la

connaissance globale de la société du début du XIVème siècle ?

L’analyse proposée est divisée en trois grandes parties. Dans un premier

temps nous nous proposons une synthèse des connaissances que nous avons sur

l’auteur et l’ouvrage puis la mise en avant d’éléments permettant d’avoir une lecture

éclairé de la source. La deuxième partie se focalise sur l’héritage culturel et

scientifique que Bernard de Gordon met en exergue. La troisième partie est

consacrée aux médicaments et aux soins préconisés dans l’ouvrage.

11 Le Goff Jacques, l’homme médiéval, coll. histoire, éditions du Seuil, octobre 1989 (p. 201)

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PARTIE I : BERNARD DE GORDON,

UN ERUDIT MONTPELLIERAIN

Portrait de Bernard de Gordon, exposé dans le hall d’honneur de l’université de

Montpellier I (peinture daté du XVIIIème siècle)

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I) Un auteur du XIVème siècle

A) Bernard de Gordon

1- L’Homme

Les historiens ont émis diverses hypothèses sur les origines de Bernard de

Gordon. Certains ont pu évoquer une naissance outre Manche (anglaise ou

écossaise)2, d’autres en Bourgogne. La thèse la plus probable serait une origine

méridionale, dans le village de Gordon (Quercy). Ainsi, d’après l’étude de l’historien

Luke E. Demaitre, les écrits du médecin laissent transparaître une véritable origine

continentale et particulièrement du sud. « Although there is no conclusive evidence

to identify the birthplace of Bernard de Gordon, his writing strongly suggests a

continental and, more specifically, a meridional origin.3 ». La date de sa naissance

nous est inconnue, cependant les historiens s’accordent à dire qu’il a pu naître vers

1260. Ainsi, dans le Lilum medicini, il indique qu’il a mis vingt ans à rédiger son

ouvrage : « Ce present livre fut commencé par la grace de Dieu au noble estude de

Montpellier, apres ce que je eux leu par l’espace de XX ans. Ce fut l’an de Nostre

Seigneur mill.ccc. et trois au mois de juillet.» [Folio 1 verso]

Si nous partons du principe qu’il faut avoir 25 ans pour être médecin, nous

arrivons à une date de naissance aux environ de 1258 (1303 – 20 = 1283 et 1283 –

25 = 1258). Sa mort est datée aux alentours de 1320. Cependant, un document

administratif atteste que Bernard de Gordon a assuré sa fonction d’enseignant tout

au long du premier quart du XIVème siècle.

“The earliest confirmation of his death may be a notarial dated 1330. This document

concerned Gulielmus Gordonius, a physician and canon of Asti (…) and made

mention of “the other Bernard Gordonius, formerly outstanding teacher of medicine in

Montpellier”, who lived “in the area of Provence. Since most of Bernard’s works area

2 Wickersheimer Ernest, Dictionnaire biographique des médecins en France au Moyen Age, Librairie Droz, Genève, 1979 3 Demaitre Luke E., Doctor Bernard de Gordon : professor and practitioner, édition pontifical institut of médiaeval studies, Toronto, 1980 (p.3) / « Il n’est pas aisé d’identifier spécifiquement le lieu de naissance de Bernard de Gordon. Cependant ses écrits laissent à penser à une origine contientale et plus méridonale. »

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identified as having been completed “in preclaro studio Montis Pessulani”, it is safe to

assume that he spent his entire teaching career, witch spanned at least a quarter of a

century, at the same university4.”

Le Quercy au XIIIe siècle (carte extraite de l’Atlas Géographique du Lot, 1996)

Bernard de Gordon, médecin et professeur à l’université de Montpellier, rédige

de nombreux ouvrages de médecine dont l’ouvrage que nous étudions : le lilium

medecine. Ses textes sont diffusés dans tout l’Occident et sont traduits en de

nombreuses langues5 (six ou sept langues différentes d’après Luke E. Demaitre).

Mais il est cependant étonnant de voir que nous ne retrouvons pas de trace de

l’auteur dans les statuts de l’université6.

4 Id. Desmeste Luke E.,…(p. 31-32) / « La première confirmation de sa mort remonte à un acte notarié de 1330.

Ce document concerne Guielmus Gordanius un médecin et chanoine d’Asti (…) et fait mention d’un autre Bernard Gordonius, ‘ancien exeptionnel professeur de médecine à Montpellier’ qui a vécu dans la zone du domaine de Provence. Ces travaux ayant été identifiés comme ayant été accomplis ‘in preclaro studio Montis Pessulani’, il est raissonable de supposer qu’il a passé toute sa carrière d’enseignant, qui a durée au moins un quart de siècle, dans la même université » 5 Le Blevec Daniel, L’université de Médecine de Montpellier et son rayonnement (XIII-XV siècles), actes du colloque international de Montpellier (Université Paul-Valery, Montpellier III), 17-19 mai 2001, Coll. De Diversis Artibus, collection de travaux de l’académie internationale d’histoire des sciences, ed. Brepols, 2004 (p. 106) 6 Id. (p.103)

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2- Le maître en médecine

Ses ouvrages et traités sont considérés par ses pairs comme étant d’une

grande richesse et sont exploités jusqu’au XVIe siècle. Nous retrouvons des

exemplaires de ses écrits dans toute l’Europe. « L’opus magnum de Bernard faisait

partie de collections privées de médecins et d’aristocrates, de la Catalogne à la

Bohême, et de bibliothèques universitaires de Salamanque à Cambridge et d’Oxford

à Erfurt. »7.

Bernard de Gordon est un médecin influent sur les pratiques de son temps, il

donne à travers ses ouvrages un enseignement pratique, permettant d’élaborer des

diagnostics précis. Il est cité et étudié par ses contemporains, tels que Guy de

Chauliac (1298-1368), ou Henri de Mondeville (1260-1320). L’auteur est un

contemporain et un ami8 d’Arnaud de Villeneuve (1238-1311).

Les différentes œuvres que nous pouvons attribuer à Bernard de Gordon sont

les suivantes (d’après Alberto Alonso Guardo)9 :

1. De regimine actuorum morborum (1294)

2. Compendium de regimine acutorum

3. Tractus de crisi et de diebus creticis (1295)

4. Tractus de reduccione geomancie ad orbem (traduction) (1295)

5. De decem ingeniis curandarum morburum (1299)

6. Tractus de gradibus (1303)

7. Practica dicta Lilium medicine (1305)

8. Liber de conservacione vite humane (1308)

7 Id. (p.105) 8 Balaguer i Perigüel Emilio., « Arnau de Vilanova. La médicina, la ciencia y la tecnica en tiempo de Jaime II », in

Revistas - Historia Medieval, Nº 11 (1996-1997) , 1997

9 Alonso Guardo Alberto, Los pronosticos en la medicina medieval : el Tractus de crisis et de diebus creticis de Bernardo de Gordonio, collection Série Lingüistica y filologia, editiones Universidad de Valladolid (Espagne), 2003, (p.21-28)

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D’autres travaux lui sont attribués tel que :

1. Tractus de sterilitate mulierum

2. El arbor egritudinum

3. Opusculum de authenticis urinarum compositum per magistrum Bernardum de

Gordonio

4. De cautelis urinarum, Tractus de modo medendi in egritudinibus presertim

cum medicus nescit causam, Modus medendi extracts de modo Cophonis y

Modus practicandi.

La production scientifique de Bernard de Gordon est le reflet du savoir et de

l’enseignement de la médecine au Moyen Age (aux XIIIème et XIVème siècle). L’auteur

est inspiré d’une part des auteurs classiques grecs et latins (Hippocrate, Galien…). Il

l’est également des travaux de ses pairs (Arnau de Villanova10) et d’autre part de

ses recherches et expériences personnelles. Nous pouvons observer une évolution

entre ses premiers écrits et les plus tardifs. Les premiers travaux sont brefs,

pratiques, et sont le reflet d’une organisation très rigoureuse. Au fur et à mesure que

l’auteur acquiert de l’expérience, il produit des textes plus longs, plus littéraires et

doctrinaux11. Le changement se fait à compter de l’ouvrage que nous étudions, où

l’auteur a su proposer non seulement un ouvrage pratique, mais aussi un travail

scientifique réussi, réunissant savoir antique et observation. « A modo de conclusion

podemos decir que en su obra hay une combinacion de conocimiento tradicional y

punta de vista personales, de manera que su production no es fruto de una simple

recopilacion sino que la mano del autor se refleja en la seleccion de las fuentas

apropidas y en su habilidad dialéctica para reconciliar posturas real o aprentemente

contradictorias. Por otra parte, Bernardo de Gordonio reconoce con humilidad los

limites du propio conocimiento anadas generalmente.12»

10 Paniagua Juan Antonio, Studia Arnaldiane, Trabajos en torno a la obra médica de Arnau de Vilanova, c.1240-1311, Fundation Uriach 1838, Barcelona, 1994 (livre VI, p.65) 11 Alonso Guardo Alberto, Los pronosticos en la medicina medieval : el Tractus de crisis et de diebus creticis de Bernardo de Gordonio, collection Série Lingüistica y filologia, édition Universidad de Valladolid (Espagne), 2003 (p. 27) 12 Id. (p. 28) « En conclusion nous pouvons dire que dans son travail il y’a un mélange de connaissances traditionnelles et de son point de vu personnel. Ainsi sa production n’est pas le fruit d’une simple recomposition mais la main de

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3- L’enseignant

Dans l’ouvrage étudié il s’impose comme étant un enseignant et un

pédagogue. Il n’hésite pas à interpeller les étudiants dans ses écrits. Dans le

chapitre traitant de cure de lepre (chapitre XXI), il illustre ses propos par une histoire

locale et idéfiante expliquant comment un étudiant montpelliérain (bachelier en

médecine) avait contracté la lèpre en ayant eu des rapports sexuels avec une

comtesse (luxure).

« Et chacun se doit bien garder qu’il ne dorme avec femme meselle, et advient a

Montpellier que une contesse y estoit venue laquelle estoit meselle et fut en la fin en

ma cure et ung bachelier en medecine l’abouboit et dormit avec elle et l’engroissa et

il devint parfaitement meseau et celuy est bien eureux qui se chastie par aultruy. »

[Folio 35R/V]

L’auteur interpelle ses lecteurs par un exemple concret. Ainsi, non seulement il

enrichit ses propos médicaux en prouvant ses dires mais il participe également, à

une forme d’éducation et de prévention en santé publique en utilisant une histoire

dans laquelle les étudiants qui lisent (ou écoutent13) les propos peuvent s’identifier

au pauvre bachelier.

Tout au long de l’ouvrage qui s’impose comme un véritable practique de

médecine il donne des conseils pratiques au futur médecin, comme nous pouvons le

voir dans l’extrait suivant du chapitre III du livre I traitant de fievre tierchaine : « il

c’est maladie vient avec terribles accidens et si ne peult souffrir ignorance de

medecin, ne la folie du malade, donc affin que nous puissons plus honnestement

resister contre les perilz qui sont a venir et que l’onneur du medecin soit gardée, c’est

bon de dire toujours les perils qui sont a venir. Donc prenons que le medecin soit

appellé apres la tierce proxime et il luy semble que on doit faire saignée et que le

sirop soit a administrer et soit fait ce que on doit faire selon la voye de rayson et s’il

n’a rien pronostiqué. Donc vient le quarte proxime qui est le plus fort lors les gens

d’entour diroient que la saignée l’auroit occis ou le sirop qu’il auroit prins, et ainsi le

l’auteur se reflète dans la séllection des sources appropriées et grâce à son habileté à se positionner dans la véracité de ses propos. D’autre part Bernard de Gordon reconnait avec humilité les limites de son propre savoir. » 13 Une partie des études médicales était consacrée à l’écoute de textes lu et commenté par les enseignants.

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medecin seroit blasmé, mais s’il dit les périls en chescunes maladie il sera loé et non

pas blasmé. Decy, donc regle generalle que le medecin ne doit point ouvrer en

aulcune maladie s’il n’a devant pronostication. » [Folio 7R] ou encore dans le

chapitre traitant de fièvre quotidienne où Bernard de Gordon prône un comportement

que le jeune médecin doit adopter proche de notre ethique médicale contemporaine :

« Le medecin affin que on aye fiance en luy aulcune foys doibt dire aulcune chose

des choses passées, aulcune foys des choses presentes et aulcunes foys des

choses avenir. » [Folio 13R].

Homme lettré, il s’implique personnellement dans ce qu’il rédige. Il n’hésite

pas à remettre en cause les propos de ses pairs. Dans le chapitre IX du livre IV

traitant de pleuresis, il critique directement le médecin Pseudo Mesué :

« Et dois entendre si comme dist est qui repercutifs ne competent point en pleureis et

selles y competent point en pleuresis et selles y competent en aulcunes manière, si

comme le vouloit Eb Mesué elle competent droit a leniere et s’aulcun estoit present

et que dieu luy eust donné telle grace d’congnoistre tel commencement iniciant et

qu’il eust porté en sa moin ou en sa bource medecine repercutive ce eust este grant

chose, mais telles choses ne peuvent avenir ». Cet exemple montre que Bernard de

Gordon n’hésite pas à donner son point de vue et à commenter les travaux de ses

confrères et prédécesseurs. Ce qui peut être le reflet d’un caractère incisif et fort

mais montre aussi un véritable investissement personnel dans son enseignement.

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B) L’incunable INC 1010 de la bibliothèque municipale de

Besançon : Fleur de lys en medecine

1- L’ouvrage

L’incunable présenté à la bibliothèque de Besançon (sous la cote n° INC

1010) est une version rédigée en français de l’ouvrage de Bernard de Gordon, Lilium

medicine ou Fleur de Lys en médecine.

Cette version imprimée à Lyon fait partie du fonds des œuvres rares et

précieuses de la Bibliothèque Municipale d’Etude et de Conservation de la ville de

Besançon.

Il semble que les éditions de l’ouvrage aient été limitées par le Doyen de la

Faculté de Médecine de Paris qui a obtenu en 1495, l’interdiction de sa mise en

vente, afin de limiter l’accès de sa lecture aux profanes14, mais l’arrêt des

impressions n’a certainement pas été immédiat15.

Le nom de l’imprimeur n’est pas indiqué et l’enquête sur la typologie utilisée

ne permet pas de l’identifier. Un des éléments qui pourrait dans le futur être pris en

compte pour le découvrir est l’utilisation de signes particuliers désignant les poids et

mesures qui sont difficiles à retranscrire objectivement. Il apparait juste que

l’incunable a été imprimé à Lyon le 31 août 1495. La ville de Lyon est la seconde ville

française (après Paris) où se sont installés les imprimeurs à la fin du XVe siècle16. Ce

développement s’explique d’une part grâce à un conseil de surveillance plus restreint

que celui de Paris et une manufacture largement encouragée par les notables locaux

qui y voient un attrait financier pour la ville. De nombreux ateliers apparaissent dans

les registres de taxe de la ville à cette période, mais il reste difficile d’établir des listes

précises vu l’hétérogénéité des ateliers qui se créent. Ce qui explique la difficulté de

14 Petouraud Charles, « Lyon et la medecine, La vie médicale à Lyon au Moyen-Age », numéro spécial de la Revue Lyonnaise de Médecine , 1954 15 Le Blevec Daniel., L’université de Médecine de Montpellier et son rayonnement (XIII-XV siècles), actes du colloque international de Montpellier (Université Paul-Valery, Montpellier III), 17-19 mai 2001, Coll. De Diversis Artibus, collection de travaux de l’académie internationale d’histoire des sciences, ed. Brepols, 2004 (p.106) 16 Grâce aux innovations mises au point en 1450 par Johannes Gutenberg (1400 – 1468), l’imprimerie moderne se développe de façon exponentielle en Europe.

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connaître l’origine exacte de certain ouvrage. En ce qui concerne l’édition de notre

incunable, Fleur de Lys en medecine de Bernard de Gordon est donc une impression

lyonnaise anonyme datée.

D’autres éditions disponibles, sont toutes sont datées entre 1486 et 149817. A

noter que nous retrouvons une majorité d’exemplaires en latin postérieurs à la date

d’édition de l’ouvrage étudié, jusqu’en 1559. Ce qui peut s’expliquer par la volonté

de l’Eglise de limiter l’accès au savoir des profanes et ainsi de réserver la

connaissance aux seuls érudits maîtrisant le latin.

(Incipit du manuscrit n°J 32218 – Bibliothèque inter universitaire de Montpellier –

Montpellier 1 – Fonds ouvrages rares)

Ecrit en 1307 à Montpellier, il a été traduit en Français à Rome en l’an 1377.

Colophon de l’ouvrage Fleur de Lys en medecine, de Bernard de Gordon

(Edition de 1495)

17 D’après les sites de base de données nationaux : www.gallica.fr et www.sudoc.abes.fr 18 « In nomine dei misericordis. Incipit practica exellentissimi medicine monarche oni magistri Bernardi de Gordonio dicta Lilium medicine » : « Au nom de Dieu misericordieux. Incipit de l’exellent roi de la medecine Maitre Bernard de Gordon qui dicta le Lilium medicine ».

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2- Description et structure de l’écrit

Volume de format in-quarto, à deux colonnes de 41 lignes par page, est rédigé

en écriture gothique. Les autres éditions portent le titre suivant : « La pratique de

maistre Bernard de Gordon en François », ce qui n’apparait pas dans l’ouvrage

étudié de la bibliothèque d’étude de la ville de Besançon. Le manuscrit est relié en

veau marbré, doré (dos), gardes marbrées, tranches rouges. Ses dimensions sont

celles d’un livre pratique à manier, à consulter et à transporter (16,5 cm de largeur /

25 cm de hauteur). Il est composé de sept livres comme nous l’annonce l’auteur

dans sa présentation : « Je intitule et appelle ce livre cy Fleur de lis de medicine, en

latin lilium medicine. Car au lis sont plusieurs fleurs et en chascune fleurs sont VII

fueilles blanches et VII grains ainsi comme dorés, et semblablement ce livre contient

sept parties ».

Nous pouvons noter sur la première page de couverture une dédicace (datant

de la fin XVIIIe) du Docteur P C Marchant médecin de Besançon, ancien propriétaire

de l’ouvrage (« Ex Libris »), présentant l’ouvrage comme étant un document médical

de référence sur la médecine du début du XIVe siècle (« Cet ouvrage (…) est un

traité complet de la manière de guérir toutes les maladies alors connues. »). Nous

retrouvons une présentation précise de cette œuvre dans un mensuel de vente et

d’échange de livre19 de 1781.

Le texte est structuré de manière rigoureuse. En effet, dès les premières

pages, l’auteur annonce les différents chapitres qu’il va proposer au lecteur. De plus

chaque chapitre est organisé de manière similaire avec des paragraphes bien

distincts.

Cette logique est retrouvée dans d’autres de ses ouvrages, mais aussi chez

les auteurs qu’il peut citer, comme dans l’ingenio sanitatis de Galien. Cette rigueur

permet de mettre en avant le sens scientifique, rationnel et l’aspect universitaire de la

discipline médicale.

Fleur de Lys en médecine est divisé en sept livres qui ont chacun une

thématique précise. Au début de chaque livre, une table des matières renseigne le

lecteur sur le contenu de chacun des chapitres (Cf. transcription). Les chapitres sont 19 Société des gens de lettre, L’Esprit des journaux, Tome II, février 1781

Page 21: Fleur de Lys en medecine de Bernard de GordonJe remercie Madame Brocard pour sa présence, son écoute, son soutien et ses ... 3- Le savoir arabe ... « Cy commence la pratique de

21

structurés : dans un premier temps l’auteur y présente et définit la maladie étudiée,

puis expose les signes de celle-ci ainsi que les éléments pour établir le diagnostic

(« pronostication »). Par la suite, il indique les traitements à proposer au malade

(« cure ») et parfois termine par un discours éclairé sur le sujet (« clarification »). Les

paragraphes sont hiérarchisés, les chapitres numérotés. Si nous comparons un

extrait de Fleur de lys traitant des menstrues à une autre production qui fait référence

en matière de santé de la femme : De passionibus mulierum attribué à Trotula (1050-

1097)20/21, nous voyons que sur une thématique identique l’auteur spécialiste ne

traite pas le sujet avec la même rigueur que Bernard de Gordon. Par exemple le

chapitre du « menstrus retenus » (du livre VII) est rédigé de manière détaillée et

précise, alternant théorie, observation et pratique alors que dans la traduction du

manuscrit22 De passionibus mulierum, pour un titre identique « de la retencion des

menstrues » le corps de textes est plus simple et se concentre sur l’aspect pratique

de la pathologie. Cette comparaison23 permet de mettre en avant le développement

de la médecine scolastique montpelliéraine et l’engagement que pouvait avoir

Bernard de Gordon dans ce mouvement de réflexion. (Cf. annexe)

20 Marien Guillaume, De passionibus mulierum, attribué à Trotula : un regard médical sur un manuscrit de gynécologie médiévale de la faculté de Médecine de Montpellier, thèse d’exercice présentée et soutenue le 16 décembre 2005 pour l’obtention du grade de docteur en médecine, université de médecine de Montpellier, 2005. 21 D’après différents travaux de recherche nous apprenons dans la thèse de Guillaume Marien que Trotula est une femme médecin de Salerne qui consacra une partie de ses travaux aux maladies des femmes. Cependant plusieurs écrits, dont celui là ne sont certainement pas d’elle, et écrits après sa mort. 22 Pezeu-Gilabert Geneviève, Le « de passionibus mulierum » de Trotula ; édition et traduction du manuscrit de Montpellier, mémoire de Maîtrise d’Histoire, Université de Montpellier III, 1988, 2 vol. (355p.) 23 Présentation des deux extraits de textes en annexe.

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3- Influence et postérité

L’ouvrage Fleur de Lys en médecine est considéré comme étant « une

pratique de médecine, c'est-à-dire un texte qui ne comporte que le savoir théorique

indispensable à l’exercice de l’activité de jeunes praticiens »24, Le Lilium medicine

s’impose comme une véritable référence médicale et représente la base du

programme des études médicales du XIVème siècle25 qui s’inspire de l’Articella de

l’Ecole de Salerne. Il est encore conseillé aux étudiants de l’étudier quelques siècles

après son écriture. « A Vienne, en 1520, la lecture du Lilium était recommandée au

médecin débutant, pour la troisième année après son doctorat »26. Tout au long de

son écrit, le pédagogue interpelle le médecin en lui donnant régulièrement des

conseils. Ainsi, il lui préconise les attitudes à adopter face à ses patients. L’ouvrage

est à destination des praticiens et des étudiants ; l’auteur interpelle et conseille les

médecins sur leur pratique et les réactions qu’ils doivent avoir face aux différentes

pathologies rencontrées. Non seulement, il décrit les différentes maladies et leurs

signes et conseille d’un point de vue thérapeutique en préconisant des remèdes mais

aussi les attitudes relationnelles que doit adopter le professionnel auprès des

malades et de ses proches. Les conseils de Bernard de Gordon sont le reflet d’un

maître universitaire mais aussi d’un médecin aguerri qui souhaite transmettre son

savoir et ses connaissances. Ainsi, au chapitre III traitant de la fièvre Tierchaine, il

interpelle le lecteur en lui précisant qu’il doit informer le malade et ses proches,

« affin que nous puissons plus honnestement resister contre les perilz qui sont a

venir et que l’onneur du medecin soit gardée, c’est bon de dire toujours les perils qui

sont a venir. (…) S’il dit les périls en chescunes maladie il sera loé et non pas

blasmé » [folio 7 R]).

De toute évidence le practic en médecine Fleur de Lys en medecine de

Bernard de Gordon est l’écrit le plus populaire de l’auteur en son temps. Aujourd’hui

24 Faucon J-Claude, Labbé Alain, Quérel Danielle, Miscellanea Mediavalia, mélange offert à Philippe Ménard, éditions Honoré Champion, Paris 1998 (p. 1391) 25 Lorblanchet Hélène, La plume et le bistouri : Etudier la médecine à Montpellier au Moyen Age et à la renaissance, Bibliothèque Interuniversitaire de Montpellier, 2012 26 Durling R., An early manuel for the medical student and newly-flegded practitioner : Martin Stainpeis, “Liber de modo studendi seu lengendi in medicina”, editions Clio medica, 1970

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nous retrouvons l’ouvrage sur le site de plusieurs bibliothèques27. De plus nous

pouvons affirmer que l’ouvrage est encore une véritable référence médicale et

scientifique au XVème siècle. Nous le retrouvons dans des inventaires de

bibliothèques de médecins (Pierre Cardonnel28/29), d’apothicaires30 et de religieux31

(Jean de Courtecuisse, Evêque de Paris et de Genève). Il est également répertorié

par L. Delisle dans les bibliothèques royales et impériales32/33/34. Et nous le

retrouvons dans les inventaires de l’université de médecine de Montpellier au début

du XVIème siècle35. L’ensemble de ces références montre l’importance de l’ouvrage

27 Bibliothèque Universitaire de Montpellier I, Bibliothèque Saint Geneviève (Paris), Bibliothèque Municipale de Besançon, Bibliothèque Numérique Galica 28 Chereau Achille, La bibliothèque d’un médecin au commencement du XVme siècle, librairie Techner, Paris, 1864 29 Pierre Cardonnel : médecin du XVme siècle. (D’après : Wickersheimer Ernest, Dictionnaire biographique des médecins en France au Moyen Age, Librairie Droz, Genève, 1979) 30 Collard F. et Samama E., Pharmacopoles et apothicaires, les « Pharmaciens » de l’Antiquité au Grand siècle, éditions L’Harmattan, 2006 31 Omont Henri, « Inventaire des livres de Jean de Courtecuisse, évêque de Paris et de Genêve (27 octobre 1423) », in : Bibliothèque de l’école des Chartes, 1919, Tome 80, pp 109 - 120 32 Delisle Léopold, « Inventaire des manuscrits latin de la Sorbonne, conservés à la bibliothèque impériale sous les numéros 15176 – 16718 du fonds latin [premier article] », in Bibliothèque de l’école des Chartes, 1870, tome 31, pp. 1 -50 33

Delisle Léopold, « Inventaire des manuscrits latins de la bibliothèque nationale insérés au fond des nouvelles acquisitions du 1er août 1871au 1er mars 1874 », in : Bibliothèque de l’école des Chartes, 1874, tome 35, pp76-92 34 Delisle Léopold, « Inventaire des manuscrits conservés à la Bibliothèque impériale sous les numéros 8823 -11503 du fonds latin [troisième et dernier article] », in : Bibliothèque de l’école des Chartes, 1863, tome 24, pp 185 – 236 35 Jullien de Pommerol M-H, « La bibliothèque de l’université de Montpellier en 1506 », in Bibliothèque de l’Ecole des Chartres, 1983, tome 141, livraison 2, pp. 344-351. « Les ouvrages médicaux comportent les manuels de base de l'enseignement de la médecine avec les deux "grands", Hippocrate (ive siècle avant J.-C.) et Galien(IIe siècle). A côté de la médecine grecque, la médecine arabe est bien représentée par Mesué, Johannitius, Isaac l'Israélite, Rhazes, Avicenne et Constantin l'Africain, qui se situent tous entre le IXe et le XIe siècle. L'école de Salerne, florissante aux xie-xne siècles, est présente avec Platearius (XIe s.) et Mauro (XIIIe s.). Les auteurs et commentateurs modernes sont essentiellement des Italiens du Nord, quatre du xive siècle (Dino del Garbo, Petrus d'Abano, Gentile da Foligno et Silanus de Nigris), cinq autres du xve siècle (Jacopo da Forli, An tonius Guainerius, Michael Savonarola, Hugo de Sienne et Baverius de Baveriis). A ces méditerranéens se joignent quatre Français du Midi, du xive siècle, Guy de Chauliac et les Montpelliérains Bernard de Gordon, Jean de Tournemire (médecin des papes, d'Urbain V à Clément VII) et Gérard de Solo. Seuls Girard de Bourges (xnie s.) et Jacques Despars (xve s.) représentent les Français du Nord ».

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Fleur de Lys, s’étendant sur une large période, du XIVème siècle au XVIème 36, voire

jusqu’ au XVIIIème il est considéré comme étant un riche héritage sur la connaissance

de la médecine médiévale. « Cet ouvrage le plus étendu, le plus clair et le plus

méthodique qui soit sorti de la plume de Gordon, est un traité complet de la manière

de guérir toutes les maladies alors connues. Production supérieure à tout ce qui avait

paru dans le genre, elle fut justement admirée, et plusieurs fois imprimée37

. »

II) La société du XIVème siècle à travers l’ouvrage

A) Erudit et scientifique : le médecin

1) Discipline et profession

Le médecin du Moyen Age a plusieurs visages. Il peut être d’une part, dès le

haut Moyen Age, un homme d’Eglise érudit et d’autre part, et cela dès les XIIème –

XIIIème siècles, un laïc, scientifique formé dans une école ou une Université.

Le médecin est homme de sciences. Lettré, il est la main de Dieu sur la

maladie. Il se doit d’avoir une véritable ligne de conduite, digne de sa place dans la

société. En devenant médecin, il adhère à un savoir-être propre à sa profession. Il

soignera gratuitement les pauvres, dispensera tout son savoir sans négligence,

n’organisera pas de fraude avec la complicité des apothicaires, ne pratiquera pas

d’avortement et ne fournira aucun poison38. Ainsi, le praticien du Moyen Age adhère

aux écrits d’Hippocrate. La médecine est une branche de la physicia, la science du

36 Michaud Hélène, « Les bibliothèques des secrétaires du roi au XVIe siècle », in : Bibliothèque de l’école des Chartes, 1968, tome 126, livraison 2, pp. 333 – 376 37 Dédicace de l’incunable Fleur de Lys en médecine de la Bibliothèque Municipale de Besançon 38 Grmek Mirko D., Histoire de la pensée médicale en Occident, vol. 1 antiquité et Moyen-Âge, éditions Seuil,

1995 (p.160)

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monde39, ce qui explique que le praticien est un homme qui s’intéresse à la

philosophie, la théologie ; il est également un astrologue qui connait les planètes et

analyse leurs mouvements ainsi que ceux du soleil et de la lune. Bernard de Gordon

fait allusion à de nombreuses reprises à l’astrologie. (« La quartaine communement

dure ung an, car ainsi que les maladies agues ensuivement le mouvement de la

lune, ainsi les croniques ensuivent le mouvement du soleil. » [Folio 10 V]).

La médecine est enseignée dans les universités et les écoles européennes

(Salerne ou Bologne par exemple). En France, nous pouvons citer celles de

Montpellier et de Paris. L’enseignement est basé sur la diffusion du savoir antique et

des connaissances orientales40. Cet enseignement permet de donner une valeur

scientifique à cet art et en limite l’accès aux charlatans. Le médecin doit être un

homme érudit qui doit savoir lire, maîtriser le latin, comprendre et commenter les

textes. L’art médical ne fait pas partie des sept arts libéraux ; il est considéré comme

un art mécanique « c'est-à-dire comme une activité humaine orientée vers l’utilité et

la pratique »41. C’est une discipline qui est perçue comme étant très proche de la

philosophie. Pour Isidore de Séville (560 – 636), la médecine est la « philosophie du

corps »42, notamment par les nombreuses interrogations qu’elle peut susciter. A

Montpellier, la médecine et la chirurgie se confondent. Ainsi, des universitaires

comme Guy de Chauliac puis Henri de Mondeville sont deux praticiens font la

promotion de chirurgie. Science de la médecine par les mains, la chirurgie n’a pas

été précédemment considérée comme étant à la hauteur de la noblesse d’exercice

des médecins. . Elle est stigmatisée par l’Eglise car cet art touche au sacré du

corps. Montpellier appartenant à la couronne d’Aragon jusqu’1349 en sera plus

épargnée que la Paris par ces propos.

39 Imbault-Huart Marie-José, La médecine au Moyen Age à travers les manuscrits de la Bibliothèque Nationale, éditions de la Porte Verte, 1983 (p. 10) 40 Voir note 34. 41 Grmek Mirko D., Histoire de la pensée médicale en Occident, vol. 1 antiquité et Moyen-Âge, éditions Seuil, 1995 (p.182) 42 Grmek Mirko D., Histoire de la pensée médicale en Occident, vol. 1 antiquité et Moyen-Âge, éditions Seuil, 1995 (p183)

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2) Organisation des études

Dès le XIIème siècle, le fait d’exercer la médecine implique que l’on fait partie

d’une institution professionnelle. L’exercice de l’art médical s’est mis en place

parallèlement à l’universalisation de ces études. Ainsi il est exigé un niveau

intellectuel et de connaissance avant de pouvoir se prétendre médecin d’université ;

il en va de même pour enseigner. Chaque université va mettre en place son propre

cursus scolaire et ses propres exigences pour délivrer l’autorisation d’exercice de la

médecine. Le cursus scolaire des étudiants est le suivant : baccalauréat (Bernard de

Gordon raconte l’histoire d’un bachelier en médecine dans son chapitre sur la cure

de lepre43), licence, maîtrise, et par la suite doctorat. Les étudiants de l’université de

médecine de Montpellier doivent atteindre le niveau de la licence pour pouvoir être

médecin et la maîtrise pour prétendre à une charge d’enseignement. Chaque

université est autonome dans l’organisation de son programme d’étude. Dès 1220,

l’enseignement est codifié et régularisé, les enseignants doivent prouver leur niveau

de compétence avant d’exercer. Les étudiants doivent avoir acquis un niveau de

culture générale solide (latin, grec, français et philosophie) avant de pouvoir

entreprendre des études de médecine. Admis à l’université de médecine, l’étudiant

suivra des cours théoriques et pratiques pendant trois à quatre ans. L’étudiant choisit

de suivre les enseignements théoriques d’un maître en médecine, assiste aux

séances de lectures où ce dernier lit un ouvrage et le commente. Le programme des

enseignements est basé sur l’étude et la critique des auteurs anciens (antique,

arabe) et contemporains. Pour s’assurer une formation pratique, l’élève doit

également suivre son maître lors de ses visites auprès des malades. L’obtention des

titres universitaires se fait après le passage d’examens rigoureux en fin de cursus et

la délibération des enseignants. Le diplôme de médecine de l’université de

Montpellier (comme ceux d’autres universités de renom) donne accès à la noblesse

personnelle et à la noblesse héréditaire après vingt ans d’enseignement pour ceux

qui sont titulaires d’une chaire. Progressivement, la profession médicale s’organise

et se défini comme une profession spécifique donnant naissance à des

43 [Folio 35R/V] « Et chacun se doit bien garder qu’il ne dorme avec femme meselle, et advient a Montpellier que une contesse y estoit venue laquelle estoit meselle et fut en la fin en ma cure et ung bachelier en medecine l’abouboit et dormit avec elle et l’engroissa et il devint parfaitement meseau et celuy est bien [folio 35 V] eureux qui se chastie par aultruy. »

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regroupements professionnelles. Seuls les étudiants formés dans les universités

peuvent prétendre au titre de médecin.

3) Science et astronomie

L’observation et l’étude du ciel, des astres et des phénomènes

météorologiques est un héritage antique et arabe. Au Moyen Age, l’astronomie

(science) et l’astrologie se confondent44. La scientia astrorum regroupe l’étude des

astres et de leur influence. Cette science est aux frontières du mysticisme, de la

divination, de la magie et de la nigromancie45. L’astronomie est intégrée en dernière

position dans le quadrivium après l’arithmétique, la géométrie et la musique. Les

érudits médiévaux s’intéressent à cette science qu’ils considèrent comme utile, leur

permettant de répondre à de nombreuses questions d’ordre privé, personnel,

religieux, et scientifique. Des astrologues de renoms ont été proche des cours

royales et les conseillers des princes. Nous pouvons citer Thomas de Pizan (1364 –

1432) astrologue et médecin de Charles V (1338 – 1380) ou Simon de Pharès (1440

– 1499) médecin46 et astrologue de Jean II, duc de Bourbon (1462 – 1488) et de

Charles VIII (1470 -1498). Jusqu’au début du XVe siècle, l’astrologue est confondu

avec le médecin. Ainsi nous retrouvons dans Le recueil des plus célèbres

astrologues de Simon de Pharès47 de célèbres médecins répertoriés en tant que

qu’astrologues. Ainsi il cite, entre autre, « Arnault de Villeneufve, exellent philozophe,

grant medicin et astrologien48 ». Ce n’est qu’en 1415 qu’apparaît dans les comptes

de l’Hôtel de France, la charge d’Arnould de La Palu qualifié comme premier «

44 La différence sera faite suite à la découverte du système héliocentrique par Copernic en 1543. 45 Nigromancie : "Art magique et divinatoire, fondé sur l'invocation des morts, des mauvais esprits, des démons, nécromancie" (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales) 46 « il est qualifié du titre de médecin dans les registres de du Parlement de Paris » (d’après Boudet J-P, La bibliothèques de Simon de Pharès…(p.VIII)) 47 Boudet Jean-Patrice, « Simon de Phares et les rapports entre astrologie et prphétie à la fin du Moyen Age », in Mélanges de l’Ecole française de Rome. Moyen Age, Temps modernes. T.102, (pp617-648). Boudet Jean Patrice, Le recueil des plus célèbres astrologues de Simon de Pharès, édité pour la société de l’Histoire de France, Tome 1er édition critique, Librairie Honoré Champion, Paris, 1997 48 Id. (p. 466)

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astrologien »49 à part entière. Il va apparaître entre le XIIe siècle et le XVe siècle une

différence entre les érudits qui s’intéressent à l’astronomie en tant que science

complexe et divinatoire, et les hommes de Dieux, les clercs, qui eux vont se tourner

vers la nigromance, la magie et l’exorcisme.

Au-delà des prédictions, l’astronomie permet de donner un rythme temporel

aux hommes avec les mois lunaires de trente jours et de définir le temps des

maladies. « Les maladies agues ensuivement le mouvement de la lune, ainsi les

croniques ensuivent le mouvement du soleil » [Folio 10V] propos de Bernard de

Gordon dans le chapitre traitant des fièvres quartaine50. L’astronomie médiévale est

donc l’auxiliaire naturelle pour définir les jours de saignée, d’administration des

purgatifs ou encore d’annonce des maladies51. Dans le traité de Galien, de diebus

creticis (traduit par Gérard de Crémone), les humeurs du corps sont en relation

étroite avec les mouvements du soleil et de la lune. Les parties du corps sont mises

en relation selon diverses combinaisons avec le mouvement des planètes

(mélothésie planétaire) ou des constellations du zodiaque (mélothésie zodiacale)52.

La numérologie en rapport avec les mois lunaires est un élément de prédiction des

sphères médico-astrologique. Ainsi en prenant en compte le mois lunaire de la

maladie, et le nombre de lettres du nom du malade le médecin aidé d’une sphère

divinatoire peut donner un pronostic défavorable ou non au malade. Cet étonnant

procédé est répandu dans tous le moyen âge occidental et l’on retrouve une version

d’une sphère de ce type copiée par Pierre Roger (futur pape Clément VI) vers 1315,

alors étudiant à l’université de Paris. Au-delà des études astrologiques et

astronomiques, il faut penser aux météores qui depuis toujours posent de

nombreuses questions aux hommes. Les éclipses sont synonymes de peurs

eschatologiques. Rappelant aux Hommes celles survenues lors de la Crucifixion du

Christ. Les comètes sont considérées comme annonciatrices de calamités ou de

mort de grands personnages.

49 Boudet Jean-Patricen entre sciene et nigromance, astrologie, divintion et magie dans l’Occident médiéval (XIIe

– XVe siècle), Publication de la Sorbonne, 2006 (p. 309) 50 Livre I de l’ouvrage Fleur de Lys en médecine. 51 Boudet Jean-Patrice, La bibliothèque de Simon de Pharès astrologues du XVe siècle, Centre d’Etudes des manuscrits, Bruxelles, 1994, (p. V) 52 Moreau Philippe, Corps Romains, éditions Jérôme Million, 2002 (p. 202)

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Le soleil, le zodiaque et les quatre saisons

Paris, BnF, ms. Lat. 7028, fol. 154, (XIe siècle)

« [Ce] codex italien du XIe siècle a peut-être appartenu, au début du XIIe

siècle, à l’évêque Fulbert de Chartres. Aux angles sont figurées les quatre saisons ;

au centre, le soleil est assimilé au Christ, Soleil de justice. (…) Chaque signe est

caractérisé par l’indication du membre qu’il est censé gouverner, selon le principe de

la mélothésie zodiacale : le bélier domine le front, le Taureau les narines, les

gémeaux les yeux, le Cancer la bouche, le Lion les oreilles, la Vierge la gorge, la

Balance la poitrine, le Scorpion les seins, le Sagittaires les pudenda53, le Capricorne

le nombril, le Verseau les hanches ou les cuisses (coxe), les Poissons les jambes. »,

d’après l’analyse de Jean-Patrice Boudet54.

Bien que n’étant pas répertorié comme étant un astrologue de renom dans

l’ouvrage de Simon de Pharès, Bernard de Gordon, médecin du début du XIVe

siècle, rappelons-le, contemporain d’Arnaud de Villeneuve, s’est évidemment

intéressé à l’astrologie, aux planètes et aux phénomènes météorologiques. Nous

pouvons le confirmer en analysant les écrits que nous étudions où il y fait part de ses 53 Parties génitales des deux sexes. 54 Jean –Patrice Boudet, Entre science et nigromance, Astrologie, divination et magie dans l’Occident médiéval (XIIe siècle – XVe siècle), Publication de la Sorbonne, 2006 (p.40-41)

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observations. Nous savons que Bernard de Gordon a demandé à un auteur sévillan

Jacob ben Makhir55 (connu sous le nom de Profacius Judeus) de lui composer un

traité sur les sphères armillaires56. A travers le texte étudié de Bernard de Gordon fait

référence à la météorologie et à l’astrologie pour prédire les temps ou l’évolution

d’une maladie. Dans le chapitre VIII du livre VII traitant des menstruations, il déclare

que les cycles menstruels sont dépendants de la lune « menstrus fluent selon la age

de la lune, car ils viennent aux pucelles ou premier quarton : et es jeunes ou second

quart et es vieille ou tiers et es anciennes ou quart et pour ce nous pouvons juger

que jeunes gens se doyvent saignier en nouvelle lune et les anciennes en vieille

lune. » [folio 185 R]. Le chapitre traitant de fièvre pestilenciale est composé de

nombreuses références aux planètes, à l’astrologie et la météorologie. « Les vapeurs

sont resolvées par la vertue des estoilles et des planetes et les vens portent leurs

vapeurs entant que une grant pestilence viene en aulcune partie du monde… le

signe de pestilence qui doit avenir, c’est quant appret l’estoille comette comme

chandelle ronde quant maintenant est chaleur maintenant froideur et ung jour ou en

divers jours et que lait est obscur et espes et semble qu’il pleuve et ne pleut point et

que este est chault et moiste et les oyseaul laissent leur nids et leurs œufs sur terre

et plusieurs bestes reptiles apparent ce sont signes de impedimie qui doit advenir. »

[Folio n°16 R / V ]

55 Jacquar Danielle, Micheau Françoise, La médecine arabe et l’Occident médiéval, éditions Maisonneuve et Larose, 1996 (p. 207) 56 Sphères armillaires : en astronomie, une sphère armillaire, aussi connue sous le nom d'astrolabe sphérique, est une modélisation basée sur la sphère céleste utilisée pour montrer le mouvement apparent des étoiles autour de la Terre et du Soleil dans l'écliptique. (source : Wikipédia)

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B) La vision du monde à travers le manuscrit

1- Du monde à l’univers

La vision du monde au Moyen âge découle directement de la théorie

aristolicienne et se rapproche donc de la théorie des humeurs. Ainsi l’univers est

formé des quatre éléments (le feu, l’air, l’eau et la terre), le temps est divisé en

quatre saisons, et comme nous l’avons déjà vu, les individus ont quatre

tempéraments (pour mémoire : sanguin, colérique, mélancolique, phlegmatique).

Dans leurs études, les astrologues (et médecins) font des liens entre l’ensemble de

ces éléments, ce qui démontre l’importance de l’astronomie dans la médecine

médiévale. L’étude et les prédictions astrologiques sont basées sur l’observation du

ciel qui a toujours fasciné et terrifié les hommes57. Dans un monde où l’autorité

suprême est spirituelle, les signes célestes (comme les météores) sont considérés

comme étant des messages envoyés par Dieu aux hommes sur terre, alors que le

ciel représente l’infini et l’inconnu. « Les étoiles ont toujours été censées être

détentrices d’une puissance surhumaine qui influençait non seulement la vie de

l’homme mais également celle du monde »58. Les astrologues font une lecture

attentive du ciel, des étoiles, des planètes grâce notamment à l’astrolabe59 (outil

d’origine grec, perfectionné par les arabes). Ils réalisent des cartes du ciel, des

astres, de la position de la lune (lunaria), du soleil et des horoscopes.

57 Yvanoff Xavier, L’imaginaire du ciel au Moyen Âge, éditions Burillier, Vannes, 2007 (p. 33) 58 Fuhrman Joëlle, « L’influence de l’astrologie dans les écrits médicaux allemands du Moyen Age », dans Ribémon Bernard (sous la direction de), Observer, Lire, Ecrire le ciel au Moyen Age, Actes du colloque d’Orléans, 22-23 Avril 1989, collection Sapience, éditions Klincksieck, 1991, (p.103) 59 « D’une taille variable (entre 10 et 30 cm de diamètre) (…) permet de résoudre les problèmes essentiels relatifs à l’astronomie du premier mobile et de calculer sans peine, pour une ou des latitudes données, les levers des héliaques des étoiles et la position de l’ascendant et des maisons célestes » d’après Jean-Patrice Boudet, Entre science et nigromance, astrologie, divination et magie dans l’Occident médiéval (XIIe – XVe siècle), publication de la Sorbonne, 2006

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« Cliché IRHT » ; droits institution de conservation, CNRS, MESR

Christ tenant l’Univers

Traduction de : « Aristoteles, Physicia » par GUILLELMUS DE

MOERBEKE

Paris bibliothèque Mazarine. Ms 3469 (f.273) / 1280 -1285

Cette enluminure représente le pouvoir et l’influence que le Christ a sur

l’univers. Dans cette représentation le Monde est divisé en différentes strates. Nous

pouvons identifier la terre (la partie la plus basse), l’air (en bleu clair) et le ciel (strate

la plus haute). Viennent s’intercaler entre les parties énumérées 2 autres couches, la

strate verte qui peu probablement représenter une couche décrite comme étant celle

d’éther et d’air humide et la partie rouge représentant le feu60. Au total nous

identifions facilement 5 strates contenues dans une sphère. Le chiffre 5

symboliquement représente l’unité de l’homme (les 4 membres et la tête). D’après

Hildegarde de Bingen, l’homme est « un médiateur entre les êtres spirituels et les

être corporels, un point de jonction entre l’éternité et le temps, le ciel et la terre61 ».

60 Furhman Joëlle, « L’influence de l’astrologie dans les écrits médicaux », dans Ribémon Bernard (sous la direction de), Observer, Lire, Ecrire le ciel au Moyen Age, Actes du colloque d’Orléans, 22-23 Avril 1989, collection Sapience, éditions Klincksieck, 1991, (p. 104) 61 Id…(p. 104)

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L’univers est contenu dans un cercle, lui-même contenu dans deux autres. Ce qui

nous fait penser à la représentation de la trinité (Un seul Dieu représenté par le Père,

le fils et le Saint Esprit). Le cercle (par extension la sphère) représente la perfection

parfaite inaccessible à l’humain62. Ainsi le pouvoir suprême de Dieu sur l’Homme et

le monde est mis en avant.

2- Le monde animal et ses représentations

La vision du monde qui entoure l’homme du Moyen Âge est représentée

différemment de ce que nous pouvons décrire aujourd’hui, non pas que la nature soit

radicalement changé. Mais juste que nos perceptions contemporaines sont

différentes de celle du XIIIème siècle. La société médiévale est profondément

chrétienne et naturellement, l’homme trouve dans la Bible une réponse à ses

questions sur le monde qui l’entoure. Les représentations et les descriptions de la

nature et ses créatures que nous pouvons retrouver donnent une explication

théologique de la nature, mêlant créatures divines, mystérieuses et diaboliques.

D’après Michel Pastoureau « Les hommes du Moyen Âge savent très bien observer

la faune et la flore. Mais ils n’ont guère idée que l’observation ait un rapport avec le

savoir, ni qu’elle puisse les conduire à la vérité. Cette dernière ne relève pas de la

physique mais de la métaphysique : le réel est une chose, le vrai en est une autre,

différent e»63 . Les représentations que nous trouvons dans les bestiaires ne sont

pas ressemblantes à la vérité, mais ce qui importe est la représentation symbolique

incarnée par l’animal et non pas la représentation réelle. Tout au long de l’ouvrage

étudié, l’auteur fait référence à la nature et à ces animaux. Classiquement les

animaux sont catégorisés en 5 classes :

62 Cazenave, encyclopédie des symboles, coll. La photothèque, éditions le livre de poche, 1996 63 Pastoureau Michel, Bestiaires du Moyen Âge, éditions seuil, 2011 (p.12)

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Quadrupèdes Sauvages ou domestiques « si comme loups, renars, ours,

chevaulx et lievres et toutes

bestes a IIII pies64 » [folio 35R] -

Oiseaux Créatures qui volent « on luy donnera (…) du brouet

de poule jeune cuicte » [folio 5R]

Poissons Toutes les créatures vivant dans

l’eau

« Et peu menger poisson…des

eaues nectes courans » [folio 38

V]

Serpents Serpents, lézards et dragons « venons aux serpens de lieux

bien secs qui on le dos noir et luy

loyez vers les extremitez le chief

et la queue et le bates tres bien

de petites verges et puis

souldainement II hommes luy

copent l’un la teste et l’autre la

queue tout ensemble et le laissez

debatre sur la terre et tant plus se

demenera et plus ystera de sang

et mieulx vouldra. » [Folio 37R]

« tu dois entendre que sang de

dragon est de froide

complexion » [Folio 174V]

Vers Animaux de petite taille, larves,

vermines mais aussi batraciens,

insectes, gastéropodes et aussi

quelques coquillages.

« Decy les medecines qui de leur

proprieté elective et merveilleuse

rompent la pierre, cest assavoir

lapis […] de scorpions et vecy

comment la fait

« …scopriones… »de ceste huil »

[folio 174 V]

(Tableau réalisé d’après les observations de Michel Pastoureau65)

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Un des animaux les plus étonnants de l’époque médiévale est le dragon.

Créature considérée comme réelle, appartenant aux trois mondes (terrestre,

aquatique et céleste) il revêt une apparence polymorphe dans les différentes

descriptions que l’on peut retrouver. Décrit tel un grand serpent, « il est pourvu de

pattes et parfois d’ailes »66 ; animal terrifiant incarnant la force diabolique, c’est aussi

un animal omniprésent dans la société médiévale (nombreuses représentations).

Bernard de Gordon dans son chapitre traitant de la passion des gengives préconise

l’application d’une résine appelée « sang de Dragon » sur les plaies ulcérées « Et

pour ce es ulceres la ou il nous fault rengendrer chair nous y pouvons mettre sang de

dragon ». Ce que certain voyaient comme le sang desséché d’un animal fabuleux

permettant la renaissance de la chair était en réalité une résine rougeâtre aux

pouvoir astringents et hémostatiques, que l’on extrayait de palmier. Elle était utilisée

avec d’autres composants pour embaumer les corps, ainsi par exemple celui du duc

de Berry : « A Jehanni du Pré, espicier et appothicaire demourant à Paris…pour XII

livres de farine de fèves pour mettre avecques autres choses dedanz le corps de feu

mondit seigneur…Pour une livre alibani…une livre mierre fin67…une livre encens

fin…, une livre mastix fin…une livre momie (amone, fruit de la grosseur d’une

noisette, d’une odeur camphrée)…une livre de cyprès…pour pluseurs herbes

odorans par lui livrées pour ladite cause…pour demie once vif argent…une quart eau

rose…une livre canfre…2 livres de musc…2 livres de colofone…2 ivres poix noir…et

pour XII livre coton… »68.

65 Pastoureau Michel, Bestiaires du Moyen Âge, éditions seuil, 2011 (p. 14) 66 Id…(p.207) 67 Myrrhe 68 Lehoux Françoise, « Mort et funérailles du du de Berri (juin 1416) », in Bibliothèque de l’école des chartes, 1956, tome 114, (p.80)

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C) La pratique médicale et la religion

1- Symboles et allégories

Au Moyen Age « tout est sacralisé, non seulement la théologie, la mystique ou

l’art, mais la sociologie et même la politique. Rien n’échappe au sacré69. »

Une lecture attentive des sources étudiées montre l’importance qu’attache l’auteur à

la religion, au sacré et à Dieu. D’une part en citant directement Dieu dès son

introduction, « Nul ne se peult mieulx approcher a Dieu que en estudiant en verité et

pour verité. Donc en l’onneur de l’aignel celeste qui est splendeur et gloire de Dieu le

pere, je intitule et appelle ce livre cy Fleur de lis de medicine, en latin lilium

medicine. » [Folio 1], et d’autre part en introduisant de nombreux symboles et

allégories tout au long de son texte faisant référence à la bible.

En premier lieu, le nom qu’il donne à son ouvrage présente une dualité. Au sens

propre, le lis blanc (lilium candidum) a pour propriété médicinale de calmer la toux et

les affections nerveuses. On peut également l’utiliser comme antiseptique local et

pour soulager les brûlures. Le lis est synonyme de blancheur et en conséquence de

pureté, d’innocence et de virginité. C’est aussi le symbole de la royauté en France70.

L’auteur explique ainsi le choix de son titre « je intitule et appelle ce livre cy Fleur de

lis de medicine, en latin lilium medicine. Car au lis sont plusieurs fleurs et en

chascune fleurs sont VII fueilles blanches et VII grains ainsi comme dorés, et

semblablement ce livre contient sept parties. La premiere est d’or clere et

respendissans, car elle traite des maladies universelles et commence aux maladies

de fievres. Les aultres VI parties seront blanches et transparans par leur grant

demonstrance. » [Folio 1]

Il est étonnant de voir comment Bernard de Gordon s’attache à faire ressortir

le chiffre VII dans sa présentation. D’un point de vue symbolique, ce chiffre est

universellement considéré comme représentant la totalité, mais la totalité en

69 Davy M. M, Essai sur la symbolique romane, coll. « homo sapiens », editions Flammarion, 199 (p.2) 70 Debuigne G., Couplan F. , Petit Larousse des plantes qui guérissent, 500 plantes, éditions Larousse, 2006 (p. 532)

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mouvement ou un dynamisme total. Ce chiffre a une connotation religieuse, les VII

pétales de la roses qui évoqueraient les sept cieux, ou encore la clef de l’Apocalypse

(7 églises, 7 étoiles, 7 esprits de Dieu, 7 sceaux, 7 trompettes, 7 tonnerres, 7 têtes, 7

fléaux, 7 coupes, 7 rois). Avicenne également décrit les VII archanges princes des

sept cieux. Dans sa présentation nous pouvons également penser qu’il fait référence

à l’hexagramme (sceau de Salomon), les pointes représentant les 7 planètes moins

le soleil qui est au milieu (ici le soleil peut être d’or et les 6 autres planètes

« blanches et transparans »). L’être humain est également réputé pour être formé de

sept parties : le corps est constitué de 4 éléments et l’esprit de 3 forces71.

Tout au long de l’ouvrage il apparait deux types d’allégories et de symboles :

les nombres et chiffres des textes étudiés ne donnent pas uniquement une valeur

numéraire. Mais ils font référence à des connaissances anciennes et à des extraits

de la Bible. Le tableau suivant est un récapitulatif des nombres et des significations

retrouvés dans les textes. En complément de la symbolique des nombres, l’ouvrage

recèle de nombreuses images et allégorie. Il n’est pas aisé de les identifier dans une

première lecture pour ceux qui ne sont pas accoutumés aux textes médiévaux. Une

seconde lecture attentive dévoile des secrets inattendus et démontre le lien qui lie

l’homme du moyen âge avec la religion.

71 Fuhrman Joëlle, « l’influence de l’Astrologie dans les écrits médiévaux », dans Ribémont Bernard (sous la direction de), Observer, lire, écrire le ciel au Moyen Age, actes du colloque d’Orléans du 22-23 avril 1989, éditions Klincksieck, 1991 (p. 104)

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Le tableau ci-dessous présente les différentes allégories et images identifiées dans

les transcriptions réalisées de l’ouvrage Fleur de lys en medecine.

Symbole Contexte Représentation

1 Représente l’homme debout pouvant

accéder à la révélation et à la

connaissance.

Homme debout accédant à la

Révélation.

3 La trinité. Dieu est en Un en trois

personnes

Perfection de l’Unité Divine.

4 On retrouve se nombre très souvent :

les 4 évangélistes, les 4 docteurs de

l’Eglise, les 4 grands prophètes, les 4

saisons, les 4 fleuves du paradis, les 4

tempéraments, les 4 humeurs, les 4

points cardinaux. il désigne aussi le

tétragramme JHVH (Yahwé) : nom de

Dieu.

Représente le tétragramme

JHVH, la croix du Christ

5 Les 2 bras, les 2 jambes et la tête. Il

peut aussi représenter la succession

des espèces, dans la Genèse : les

poissons et les volatiles furent créés le

5me jour.

Représente l’homme

6 Création du monde (dieu créa le

monde en 6 jours, il se reposa le 7me),

hexagramme (les 6 pointes = les 7

planètes (moins le soleil qui est au

centre)

Création du monde

7 Nombre symbolique important. Dans

l’Apocalypse selon saint Jean, le sept

représente un élément structurant de

son texte (7 Eglises, 7 cornes, 7

Nombre symbolique important

au moyen âge

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coupes de la colère dans le « livre à

sept sceaux »). On retrouve ce chiffre

dans l’ancien testament. Au moyen

âge chiffre important : les 7 âges de la

vie, les 7 dons du saint Esprit, 7

vertus, 7 arts et sciences, 7

sacrements, 7 prières adressées au

Seigneur dans le Notre-Père.

9 Selon Pseudo-Denys l’Aréopagiste,

les anges sont hiérarchisés en neufs

cœurs.

La perfection de la perfection,

l’ordre dans l’ordre, l’unité dans

l’unité

12 Nombre de l’élection. Représente

l’Eglise, l’Eglise triomphante, au terme

des deux phases militante et

souffrante. Les 12 apôtres, L’arbre de

vie portait 12 fruits, le chiffre même

d’Israël qui est celui de l’ancien et du

nouveau peuple élu.)

Nombre de l’élection.

16 Carré de quatre Accomplissement de la

puissance matérielle.

24 La Bible connaît 24 classes de

prêtres, 24 classes de chantres, 24

classes de vieillards dans

l’Apocalypse. Ces vieillards exercent

un rôle sacerdotal et royal : ils louent

et adorent Dieu.

La double harmonie du ciel et

de la terre

36 Représente la Triade : ciel, terre et les

Hommes

Nombre du Ciel.

40 Dans la bible, Jésus prêche 40 mois

ou encore le ressucité apparait à ses

disciples pendant les quarante jours

Nombre de l’attente, de la

préparation, de l’épreuve ou du

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qui précèdent l’Ascension. Les

hébreux sont condamnés à errer 40

ans dans le désert. Jésus,

représentant l’humanité nouvelle, est

conduit au temple quarante jours

après sa naissance, il sort victorieux

de la tentation subie pendant quarante

jours (St Mathieu) et réssucité après

40h de séjours au sépulcre.

châtiment.

41 40+1 Nombre de l’attente associé au

nombre de l’homme

Chien Symbole de la confiance, de la

vigilance. Mais aussi gardien de l’Au-

delà.

Gardien, accompagnateur dans

l’Au-delà.

Eau Eau du Baptême (nouvelle

naissance), L’eau lave le corps et le

purifie, L’eau est source de vie.

Source de vie, purificatrice,

regénérante.

Lait En raison de sa couleur et de son

goût. .

Pureté, douceur, « offrande

pure »

Lait et

Miel

La terre promise de Cannan est une

terre d’abondance ou le lait et le miel

coulent à flot.

Abondance, douceur

Matrice Fécondité, régénération

spirituelle

Miel Les enseignements de Dieu sont

comparables au miel pour leurs

propriétés de purifier de conserver

Purification, conservation,

douceur.

Mouton /

Agneau

L’agneau de Dieu est un symbole du

Christ. Mais l’agneau Pascal rappelle

la victoire de la vie sur la mort. Il

Résurrection

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symbolise la Résurrection.

Pain

Pain levé

Nourriture de base et nourriture

spirituelle.

Le pain au levain symbolise la

transformation spirituelle.

Pêcheur Celui qui sauvera les hommes de la

perdition

Prédication, apostolat

Pierre La pierre et l’homme présentent un

double mouvement de montée et de

descente. L’homme naît de Dieu et

retourne à Dieu. La pierre brute

descend du ciel.

Relation entre le ciel et la terre

Poisson Le Poisson est une nourriture que le

Christ ressuscité a mangée. Allusion

au baptême.

Il peut aussi être l’image du Christ

(ICTUS)

Symbole du repas

eucharistique.

Représente le baptême.

Peut représenter le Christ.

Semence Puissance de vie

Serpent Serpent d’airain qui permet de rester

en vie

Vision positive, renaissance, ou

péché (péché originel)

Vin Le pain et le vin sont transformés en

chair et en sang de Jésus-Christ lors

de l’Eucharistie

Force germinative

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2- Douleur, Souffrance et Passion

La douleur est une « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable,

associée à un dommage tissulaire présent ou potentiel, ou décrite en termes d’un tel

dommage72 ». L’expression et le vécu de cette sensation sont dépendants des

caractéristiques individuelles, sociales et culturelles. La souffrance est d’une part

similaire à la douleur et parfois complémentaire. La souffrance est d’autre part la

résultante de la douleur sur l’esprit. La passion est proche de la mort, elle représente

la douleur et la souffrance à leur paroxysme.

La religion enseigne aux hommes que la douleur les rapproche de Dieu. Elle les

exhorte à la patience. Ainsi, le mortel fait honneur au Christ mort sur la croix. La

douleur fait référence à la Passion du Christ décrite dans le Nouveau Testament.

Pour saint Augustin73 (354 - 430) « Nul ne souffre inutilement ». D’une part souffrir

est une épreuve de Dieu que l’homme doit subir pour se rapprocher de Lui, de l’autre

la douleur peut être une punition divine. La notion de douleur reste ambigüe, et la

souffrance du corps peut être volontaire comme nous pouvons le voir lors des

séances de flagellations dans les monastères ou encore plus simplement lors des

périodes d’ascèse et de jeûne. Ainsi la violence faite au corps permet de ressentir la

douleur que le Christ a endurée lors de sa crucifixion. « La maladie et la souffrance

sont définies dans le livre d’Isaïe [ancien testament] comme la part que choisit le

Christ lui-même, l’Homme de douleur, méprisé, qui se charge de tous nos maux74

».

Pour Saint Jérôme (347 - 420), cet homme de douleur est le lépreux.

« Apprendre à supporter la douleur comme un don de Dieu est un sacrifice qui

rapproche le fidèle du Christ, comme un moyen de rédemption »75.

A travers les sources historiques étudiées, nous retrouvons de nombreuses

évocations à la Religion. Il y a un véritable parallèle entre la maladie et le péché. Les

72 D’après l’Association Internationale pour l’Etude de la Douleur. (http://www.institut-upsa-douleur.org/fr-FR/id-126/Mecanisme_de_la_douleur.igwsh) 73 Saint Augustin est considéré comme faisant partie des quatre Pères de l’Eglise (avec Saint Jérôme, Saint Ambroise et Saint Grégoire). 74 Gérard Michèle, « Quand la lèpre fleurit », Littérature, N°102, Echos et traces, 1996 (p14-28) 75 Roselyne Rey, Histoire de la douleur, coll. Histoire des sciences, éditions la découverte, Paris 1993, (P.59-60)

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mauvaises pensées ou le mauvais esprit (décrite par Évagre le Pontique (345 -399)

sont d’après Bernard de Gordon source de mal. Ainsi la luxure, la colère et la

tristesse sont des échauffements de l’esprit qui peuvent entraîner une fièvre

« effimere ».

« Concupisible » Désirs « Irascibles » Privations, frustrations

Gastimargia (gourmandise) Orgè (Colère)

Philarguia (avarice) Lupé (tristesse)

Porneia (luxure) Acedia (desespoir)

Kenodoxia (égocentrisme) Uperèphania (orgueil)

Les 8 vices de l’esprit d’après Évagre le Pontique

Les remèdes font aussi appel en partie à la croyance. La diète (ou le jeûne) de

quelques jours proposée par le médecin peut bien sûr être interprétée comme

permettant au corps de se reposer ; mais cette pratique fait également penser à des

pratiques ascétiques des religieux pour purifier le corps et l’esprit et donc permettre

de se rapprocher de Dieu par la privation. L’eau est un des éléments qui rentre dans

la composition des recettes médicales, par le bain purificateur ou par l’absorption.

Ainsi nous pouvons lire dans les remèdes de la lèpre : « l’eau soit necte, clere de

fontaine sans nulle saveur, (et) qui coure vers l’orient » [Folio 38 V]. Nous pouvons

penser que l’auteur préconise une eau qui va en direction de Jérusalem.

Dans sa démonstration sur la lèpre il fait référence au Lévitique. Parmi les

cinq causes pouvant engendrer la lèpre, il insiste sur les relations sexuelles entre

hommes et femmes (chapitre 15 du Lévitique76) (Cf. annexe). La notion d’impureté

est omniprésente : («Lepre (…) est engendré en temps de menstrus ou qu’il est filz

de lepreux ou pour ce que lepreux avait dormi avec la femme grosse et ainsi

s’engendre lepre » [folio 35 R]) Pour illustrer ces propos, Bernard de Gordon nous

76 Le Lévitique est l’un des des cinq livres du Pentateuque dans l'Ancien Testament chez les Chrétiens. Il doit son nom au terme « lévite », prêtre hébreu. Il met l'accent sur la sainteté de Dieu et le code selon lequel son peuple pouvait vivre pour devenir saint. Son but est d'enseigner les préceptes moraux et les vérités religieuses de la loi de Moïse au moyen du rituel. Il livre comprend 27 chapitres, qui relatent l'exposé à Moïse des lois et des rites de Dieu.

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relate une expérience entre un bachelier et une femme « moselle » à Montpellier.

Réelle ou imaginaire, cette histoire permet de mettre en valeur ces affirmations en

lien avec le péché de luxure. Saint Jérôme « conformément à l’esprit d’un passage

de l’Epitre aux Romains (VIII, 3) (…) explique que le fils de Dieu s’est incarné avec

une chair semblable à celle du péché77 ». La maladie, et tout particulièrement la

lèpre est un mal honteux, une faute qui transforme le corps qui devient pourriture ;

aussi paradoxal que cela puisse être, la maladie, la souffrance et la honte sont

considérées comme un don de Dieu (comme le décrit Baude Fastoul et Jean Bodel

dans leurs Congés), une épreuve similaire à la passion du Christ à traverser.

« Lépreux demandant à l’Antéchrist de le guérir »

Mystère du Jour du Jugement, Besançon BM, ms.0579 [f.012v]

« Cliché IRTH »

77 Gérard Michèle, « Quand la lèpre fleurit », Littérature, N°102, Echos et traces, 1996 (p14-28)

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PARTIE II : LES CONCEPTIONS MEDICALES MEDIEVALES

Médecin examinant une fiole d’urine et prenant le pouls d’un malade

Râzî/Galenus (Ps.)/Hippocrates, Recueil de médecine, 1250-1260,

Avignon - BM - ms. 1019 (folio. 86V)

« Cliché IRHT »

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I) Les origines de la médecine médiévale

A) Les fondamentaux : les connaissances antiques et arabes

1- Le monde médical antique

Les Ecrits hippocratiques sont la base de la réflexion des médecins arabes

aux médecins du Moyen Age occidental. Ils raisonnent sur les maladies et leurs

signes cliniques à partir de la théorie des humeurs développée par Hippocrate (-460 -

-370) dans les Ecrits hippocratiques. Il reste encore des points obscurs sur l’origine

de ces écrits. Il est fort probable que « la Collection hippocratique [provient] de la

bibliothèque de l’école de Cos78 ». La compilation des différents traités et écrits est

encore largement discutée. En tout état de cause, nous savons que l’œuvre est

écrite en langue ionienne et que l’ensemble des écrits s’accorde à rejeter « la magie

et la superstition comme moyens thérapeutiques79 ». Les chercheurs s’accordent à

affirmer que l’auteur de ces écrits ne peut pas être unique et donc qu’Hippocrate n’a

pas pu rédiger l’ensemble de l’œuvre. Mais l’ensemble des traités ont pour point

commun de présenter une approche nouvelle, une approche rationnelle de la

maladie et une réflexion sur la médecine et la déontologie. Les traités des Ecrits

Hippocratiques vont constituer les bases solides qui vont permettre l’émergence

d’une pensée et d’une pratique médicale en constante évolution de l’Antiquité à nos

jours. Ils vont être étudiés, interprétés, commentés durant toute l’Antiquité et le

Moyen Age. Ainsi Galien80 (131 – 201) va prolonger la réflexion et commenter,

compléter les travaux d’Hippocrate (et des autres). Il met en avant la rationalisation

de la médecine, l’importance de l’approche systémique. Ses propos vont être traduits

en Arabe puis en Latin (notamment par Constantin l’Africain). Son œuvre est

immense et riche d’enseignement. Ses recherches sont diverses, de la

78 Virgine Tordeux, La maladie sacrée, les perthenoi dans le regard de la médecine grecque, Mémoire de Master, Université de Rennes 2, 2006 79 Id. 80 Galien (131 – 201) : Erudit, scientifique et médecin il va commenter et rédiger de nombreuses œuvres. Ces écrits toujours dominés par les Ecrits Hippocratiques traitent de médecine et de pharmacie. Il met en avant le rationnel et l’approche systémique. Traduit en Arabe, il est l’un des pères fondateurs de la médecine islamique et médiévale.

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pharmacologie à la chirurgie, sans oublier l’anatomie. Les médecins arabes tel que

Abulasis (940-1013), Râzî (865 – 925) ou encore Avicenne81 (pour ne citer que les

plus connus) vont s’inspirer de la pensé de Galien (et donc par interposition des

Ecrits hippocratiques) et enrichir à leur tour la pensée et la connaissance médicale

par leurs recherches et leurs écrits. L’université de Médecine de Montpellier se veut

comme étant le prolongement médiéval de l’école de Cos ; ainsi, à l’entrée de son

école nous pouvons voir un cadrant solaire portant les premières lignes des

Aphorismes d’Hippocrate : H TEXNH MAKPH82. Ce qui traduit aujourd’hui que cette

université est reconnaissante de son passé et de la richesse des enseignements

qui ont fait le renom ce cette université qui rayonne depuis le Moyen Âge.

Cadrant solaire placé à l’entrée de l’université de médecine de Montpellier I

81 Avicenne (980-1037) : né en Perse, est devenu l’un des plus grands médecins-philosophes de son temps. Il rédigea de nombreux (plus d’une centaine) sur la chimie, l’acoustique, la musique, la philosophie…et seize traités de médecine. Le plus célèbre est le Quanum fit’ tibb’ ou Canon de la médecine. Il fut inspiré par Aristote, Rhazès, Diosicorde ou encore par la théorie Hippocratique. 82 « L’art est long »

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2- La théorie des humeurs

Cette vision de la médecine se base sur la médecine galénique, issue de la

théorie aristotélicienne des quatre éléments83 (l’air, le feu, la terre et l’eau), combinée

à la matière (chaude et humide, froide et sèche) et associée aux pensées et à la

réflexion des Ecrits hippocratiques.

D’un point de vue physiologique nous parlons du sang, du flegme (pituite), de

l’atrabile (bile noire) et de la bile (bile jaune). « Avec l’air, le sang est chaud et

humide. Le flegme est humide et froid comme l’eau. L’atrabile est froide et sèche

telle la terre. La bile, enfin, est chaude et sèche à la manière du feu. »84. Le sang et

la bile sont facilement identifiables, le flegme peut s’apparenter à la lymphe. Mais il

n’y a aucune correspondance physiologique avec l’atrabile.

Source : Wikipedia

83 Brelet Claudine, Médecines du monde, collection Bouquins, éditions Robert Laffont, 2002 (p. 438) 84 Bériac Françoise, Histoire des lépreux au Moyen-Age, une société d’exclus, éditions Imago, 1988

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Les quatre éléments

Bartholomaeus Anglicus, livre des propriétés des choses, MS 1029, [Folio 130]

Bibliothèque Sainte Geneviève, vers 1350

« Cliché IRHT »

La santé au Moyen Age est définie comme un parfait équilibre de l’ensemble

de ces humeurs dans le corps. Cet équilibre peut être altéré (« dyscrasie ») par des

agressions externes (l’alimentation par exemple) ou interne (vieillesse). L’altération

des humeurs dans l’organisme entraine la dégradation de l’état général du malade.

Le médecin va s’efforcer de trouver le traitement adapté pour restaurer (ou

conserver) ce délicat équilibre en permettant aux humeurs viciées de se déposer

dans une partie du corps ou en les évacuants85. La médecine du XII – XIIIe siècle est

une médecine des fluides, une médecine purgative, une médecine des semblables

ou des contraires pour permettre au malade de retrouver son équilibre humoral.

85 Grisey Francine, La peste en Franche-Comté du XIVème au XVIIème siècle : traitement et prévention, Thèse pour l’obtention du Diplôme d’Etat de Docteur en Pharmacie, sous la direction de P. Laurent, Université de Franche-Comté, mars 2000 (p.21)

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La théorie des humeurs s’inscrit dans une vision monothéiste de la vie, et permet de

considérer le corps comme une simple enveloppe corporelle86.

Bernard de Gordon s’appuie sur cette théorie, universelle au moyen âge, pour

diagnostiquer et soigner les maladies qu’il a identifiées. Ainsi, tout au long de ses

écrits il met en confrontation les signes cliniques qu’il a pu observer avec le système

humoral de son patient. Cette compétence lui est reconnue pour l’ensemble de ses

travaux87. « Selon le système de la médecine grecque, le système hippocratique en

particulier, il est impossible de déterminer le nombre des maladies »88. Au chapitre

XXVII (livre III) il précise : « purges le corps selon la exigence de l’umeur » [Folio

122V]

L’auteur nous précise dans son IIIème chapitre traitant de la fièvre tierchaine,

que les humeurs sont indépendantes les unes des autres même si elles sont

ensemble. En effet, pour lui, même si une humeur est corrompue les autres ne le

sont pas automatiquement car elles sont différenciées. « on peult demander se quant

une humeur est corrumpue se les aultres le sont, puis que elles sont ensemble. Je dy

que ce n’est pas choses necessaire pour ce que les humeurs sont distinguées par

leurs propres fourmes et par propres sieges et par leur propre mouvemens et a

chacune font regime, sa proprieté et son propre attemprement et ainsy une humeur

peult perdre son attemperance et la tremperance de l’autre ne sera pas perdue et

pour ce ce n’est pas necessite que se une humeur est corrumpue que les aultres le

soient. » [Folio 8 V]

Nous pouvons voir dans ces écrits le médecin et le pédagogue qu’est Bernard de

Gordon. Il a su adopter dans sa pratique d’une part les concepts de la médecine

hippocratique et galénique et d’autre part une réflexion clinique et scientifique

personnelle.

86 Brelet Claudine, Médecines du monde, collection Bouquins, éditions Robert Laffont, 2002 (p.438) 87 Le Blévec Daniel, L’université de médecine de Montpellier et son rayonnement (XIIIe – Xve siècles), Actes du

colloque international de Montpellier (Université Paul-Valéry – Montpellier III), 17 – 19 mai 2001, éditions

Brepols, 2004 (p. 112)

88 Faucon J-Claude, Labbé Alain, Quérel Danielle, Miscellanea Mediavalia, mélange offert à Philippe Ménard, édition Honoré Champion, Paris 1998 (p.1390)

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3- Le savoir arabe

Les connaissances médicales du monde arabe sont fondées sur les socles du

savoir antique, byzantin et oriental (Perse, Inde, Chine).

Les arabes ont su traduire les textes grecs dans leur langue, sauvant le savoir

antique. Les Perses, au IVe siècle, ont accueilli des médecins chrétiens et des

nestoriens condamnés par le concile d'Ephèse. Ces médecins y ont fondé l'Ecole de

Jundishapour, riches en ouvrages médicaux et scientifiques. Cette école va former

des médecins de tout le Moyen-Orient et même des étudiants venus d'Inde ou de

Chine. L'apparition du papier va favoriser la diffusion du savoir scientifique dans

l'ensemble du monde arabe, de la Perse à l'Espagne. Les bibliothèques se

développent à travers l'ensemble de l'Orient (bibliothèque du Caire, de Bagdad, de

Cordoue...).

La prise de Tolède en 1085, lors de la Reconquista, par les troupes du roi

Alphonse VI, a permis de vulgariser les écrits médicaux arabes et antiques contenus

dans la bibliothèque de la ville dans toute l’Europe. La diffusion va se faire du Xe au

XIIe siècle par la communauté juive qui compte parmi elle de nombreux médecins et

apothicaires. Les juifs vont s’installer dans toute l’Europe en devenant médecin

particulier des rois, des princes de l’Eglise ou encore attachés à des municipalités.

Du Portugal à l’Allemagne, en passant par la Moldavie et l’Italie, les praticiens juifs

vont exercer leur art dans tout l’occident et participer à colporter la science arabe et

antique aux Chrétiens.89

Nous pouvons compter sur les nombreuses traductions, notamment de Gérard

de Crémone (1114 – 1187) et de Constantin l’Africain (1015 – 1087). Gérard de

Crémone à l’inverse de Constantin qui vient d’ « Ifriqiya pour « arabiser » le monde

89 Arnaldez R., Beaujeu J., Beaujouan G., Bloch R., Bourgey L., Dupont-Sommer P., Filliozat J., Furon R., Haudricourt A., Itard J., Labat R., Lefebvre G., Massignon L., Michel P-H., Needham J., Simon I, Stresser-Péan G., Taton R., Théodoridès R., Vercoutter J, Virolleaud Ch., La science antique et médiévale (des origines à 1450), éditions PUF, 1957 (p. 512/514)

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latin, [va aller] au devant de la science arabe »90. Il traduit de nombreux ouvrages en

latin dont le plus connu est le Canon d’Avicenne.

B) La tradition salernitaine et la diffusion du savoir médical en

occident

La diffusion de savoir arabe va permettre de construire la médecine

occidentale par l’intermédiaire de deux voies de transmission : la voie italienne et la

voie ibérique. Comme nous pouvons le voir sur la carte91 ci-après, le bassin

méditerranéen joue un rôle d’interface prépondérant entre les deux cultures et le

savoir. Grâce au lieu de traduction de l’Europe méridionale, les connaissances

médicales antiques et leurs apports arabes vont pouvoir être diffusés dans tout

l’occident.

L’Ecole de Salerne premier lieu de traduction et d’étude, a vraisemblablement

été fondée sur les vestiges d’un ancien monastère du IXème siècle, se situe en Italie à

Salerne. Ecole de médecine, en alternance religieuse et laïque92, elle s’impose

comme étant l’un des plus grands lieux de connaissance et de diffusion du savoir

médical occidental à la suite de l’impulsion donnée par Constantin l’Africain venu s’y

installer (en 1077) pour y produire de nombreuses traductions. La Schola Salerni a

un rayonnement sur l’ensemble des lieux d’études et de formations des praticiens

occidentaux. De nombreux manuscrits et ouvrages émanant de Salerne sont

retrouvés dans les bibliothèques européennes. Ce haut lieu de la médecine

occidentale a permis de faire le syncrétisme entre les connaissances arabe, antique

et juive et ainsi d’établir les bases de la médecine scolastique. Si l’Ecole de Salerne

est considérée comme étant la première école de médecine d’Europe, il semble que

90 Jacquart Danielle et Micheau Françoise, La médecine arabe et l’occident médiéval, éditions Maisonneuve et Larose, Paris, 1990 (p. 148) 91 Jacquard Danielle, Micheau François, La médecine arabe et l’Occident médiéval, éditions Maison-neuve et Larose, 1996, p. 97 92 Guitard Eugène-Humbert, « les origines de l’Ecole de Salerne, Adelberto Pazzini, sull’origine e, sulla didactica delle scuola medica di Salerno, in Pagine di Storia della Medicina, 1958 » in : Revue d’histoire de la pharmacie, année 1958, volum 46, n° 157, pp. 308-309

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depuis toujours la ville portuaire qui l’abrite a accueilli et soigné des malades.

Salerne est située en Italie, au sud de la ville actuelle de Naples et à 150 kilomètres

du Mont -Cassin. Sa position géographique est propice aux échanges commerciaux

et intellectuels ; la tradition veut que son école de médecine ait été créée par quatre

médecins d’origine et de cultures différentes : un grec, un arabe, un juif et un

italien93. Dès le Xème siècle, des lieux d’études de la médecine se développent sur ce

territoire et progressivement il se crée une culture médicale spécifique, alliant les

connaissances des uns et des autres. Mais c’est grâce à l’apport de Constantin

l’Africain qui traduit en latin et commente des versions arabes d’ouvrages antiques

que les divers apports médicaux sont diffusés au monde chrétien. Les auteurs tels

qu’Albucassis (la Grande Chirurgie) ou Avicenne sont découverts (ou redécouverts).

Dans sa thèse, Guillaume Marien94 met en avant la Chirurgie de Roger de Parme

ouvrage rédigé en 1170 considérée comme étant la représentation du mariage réussi

entre l’ensemble de ces connaissances. Ainsi l’auteur a rédigé une œuvre en mariant

les connaissances antiques et arabes et son propre savoir pour réaliser un ouvrage

de chirurgie moderne et illustrée. L’Ecole de Salerne devient le point de départ de la

diffusion de la connaissance médicale à l’ensemble de l’occident chrétien au X-

XIIIème siècle. C’est le cas de la ville de Montpellier qui connait un développement

similaire au XIVème en s’appuyant sur les œuvres de l’Ecole de Salerne. Ainsi Arnaud

de Villeneuve traduira l’une de leurs œuvres majeures : Regimen sanitatis

salernitanum dans son écrit du même nom. Une autre production majeure de

Salerne qui traversera le temps est l’Antidotaire Nicolas qui est un formidable recueil

de médicaments, lequel sera édité, corrigé et enrichi jusqu’à la fin du Moyen-Age95.

L’université de Montpellier est considérée comme étant l’héritière de la tradition de

l’école de Salerne ; ainsi au XIIème siècle, sur huit médecins de renom de la ville, six

sont issus d’une formation à la Salerne (Gilles de Corbeil, Benevenutus Grassus,

93 Castiglioni Arturo, Histoire de la médecine, édition Payot, 1931 94 Marien Guillaume, De passionibus mulierum, attribué à Trotula : un regard médical sur un manuscrit de gynécologie médiévale de la faculté de Médecine de Montpellier, thèse d’exercice présentée et soutenue le 16 décembre 2005 pour l’obtention du grade de docteur en médecine, université de médecine de Montpellier, 2005 (p.26) 95 Marien Guillaume, De passionibus mulierum, attribué à Trotula : un regard médical sur un manuscrit de gynécologie médiévale de la faculté de Médecine de Montpellier, thèse d’exercice présentée et soutenue le 16 décembre 2005 pour l’obtention du grade de docteur en médecine, université de médecine de Montpellier, 2005

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Bernardus Provincialis, Johannes de Sancto Paulo, Matthaeus Salomonis et

Ricardus Anglicus)96.

La péninsule Ibérique est un également un lieu de syncrétisme culturel propice à

l’émergence du savoir médical chrétien.

96 Bosc Jean-Louis, Les auteurs andalous dans les œuvre médicales montpellieraines au Moyen Âge, essai de mise en évidence d’une voie de transmission montpellieraine, thèse dirigée par Daniel Le Blevec et Christophe Picard, soutenue le 16 octobre 2010, Université Paul Valéry, Montpellier III

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Pendant leurs études, les auteurs arabes et grecs doivent être connus et

étudiés par les étudiants des universités d’Europe, ce qui se confirme en voyant le

programme de la Licence à Montpellier en 1309. Nous notons que nous y retrouvons

bon nombre des auteurs cités en exemple par Bernard de Gordon dans ses

ouvrages97, et notamment dans l’ouvrage étudié. La médecine arabe a permis

d’apporter à la médecine médiévale occidentale une ouverture clinique et scientifique

dans l’approche et l’étude des maladies. « Si les auteurs arabes, par exemple

Avicenne (980-1000), acceptent comme une sorte de dogme médical la théorie des

quatre humeurs, ils la soumettent à une exégèse logique très stricte et distinguent

entre l’équilibre des humeurs et celui des qualités primaires »98

C) Montpellier, ville cosmopolite

1- Une ville au carrefour de la connaissance

Si on en croit Jean Astruc, au VIIIe siècle, Charles Martel (690-741)

poursuivant ses victoires contre les « sarrasins » détruisit de nombreuses villes de

Septimanie (Nîmes, Agde, Maguelone...), ce qui incita leurs habitants à se

délocaliser et à construire une ville nouvelle : Montpellier aux alentours de 738.

Montpellier va rapidement se développer99. Elle est au carrefour de l’Europe

méridionale, située dès sa construction à proximité des axes de communication (voie

domitienne et route du sel). La position géographique de la ville est propice à

l’instauration du commerce et du savoir : elle est une ville d’échanges entre

l’Espagne et l’Italie, puis plus tard une ville dans l’air d’influence de la cour pontificale

d’Avignon. Montpellier est devenue une interface stratégique du commerce entre le

97 Demaitre Luke E., Doctor Bernard de Gordon : professor and practitioner, éditions Pontifical Institue of Médieval Studies, 1980 98 Grmek Mirko D., Histoire de la pensée médicale en Occident, vol. 1 antiquité et Moyen-Âge, éditions Seuil, 1995 (p.222) 99 Astruc Jean, Mémoire pour servir à l’histoire de la faculté de médecine de Montpellier, éditions P-G Cavalier, 1767 (p.3)

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bassin méditerranéen (grec, latin) et le monde arabe, ce qui favorise les échanges

interculturels100. Parmi les habitants, nous retrouvons non seulement des populations

chrétiennes mais aussi des juifs et des arabes, dont de nombreux médecins vont

activement participer à la création d’écoles de médecine dans la cité.

A l’époque de Bernard de Gordon, la cité de Montpellier appartenait au souverain de

la couronne d’Aragon101. En 1348, elle sera achetée par le roi de France, Philippe VI.

2- L’université de médecine

Dès le XIIe siècle, nous retrouvons de nombreuses écoles de droit, d’art et

surtout de médecine à Montpellier. Les premières furent, créées par des juifs et

certainement des arabes venus s’installer dans la ville. Ce sont eux qui vont

100 Alonso Guardo Alberto, Los pronosticos en la medicina medieval : el Tractus de crisis et de diebus creticis de Bernardo de Gordonio, collection Série Lingüistica y filologia, éditiones de Universidad de Valladolid (Espagne), 2003 (p.16) 101 Le Blévec Daniel, L’université de médecine de Montpellier et son rayonnement (XIIIe – Xve siècles), Actes du

colloque international de Montpellier (Université Paul-Valéry – Montpellier III), 17 – 19 mai 2001, éditions

Brepols, 2004 (p. 274)

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permettre de fonder la glorieuse réputation de la Faculté de médecine de Montpellier.

(« Il faut même avouer que c’est à eux [les juifs] que la Faculté de Montpelier doit

une grande partie de la réputation qu’elle a eue dans son origine, parce qu’ils étaient

aux Xème , XIème et XIIème siècles, presque les seuls dépositaires de cette

science »102). De nombreux témoignages de contemporains attestent de la réputation

du corps de médecins de Montpellier. Pour exemple, une lettre de saint Bernard

(1090-1153) au Cardinal Hugues (Evêque d’Ostie) rapportant que l’archevêque de

Lyon, Heraclius de Montboissier est tombé malade lors de l’un de ses déplacements

à Saint-Gilles et qu’il s’est fait transporter à Montpellier pour y être soigné. « Cùma

infirmaretur, per transiit usque as Montem-pessularum ; ibi aliquandicù ? commoratus

cum medicis »103. Progressivement, l’Ecole de médecine acquiert un rayonnement

en occident.

102 Arnaldez R., Beaujeu J., Beaujouan G., Bloch R., Bourgey L., Dupont-Sommer P., Filliozat J., Furon R., Haudricourt A., Itard J., Labat R., Lefebvre G., Massignon L., Michel P-H., Needham J., Simon I, Stresser-Péan G., Taton R., Théodoridès R., Vercoutter J, Virolleaud Ch., La science antique et médiévale (des origines à 1450), éditions PUF, 1957 (p. 514) 103 Astruc Jean, Mémoire pour servir à l’histoire de la faculté de médecine de Montpellier, édition P-G Cavalier, 1767 (p.8)

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Plaque rendant hommage aux bienfaiteurs de l’université, exposée dans le hall

d’entrée de l’université de médecine de Montpellier I

Montpellier se dote d’une université de médecine dès le début du XIIIe siècle

(une école de médecine est attestée en 1150). Le légat Conrad créa officiellement

cet enseignement en 1220, permettant l’unification des différentes écoles de

médecine déjà en place104. Donnant le monopole de l’enseignement et de l’exercice

de la médecine à l’université. « Cette Bulle du cardinal doit être regardée comme le

véritable établissement de la Faculté de Médecine de Montpellier. C’estoit au

paravant un grand corps à la vérité, et un corps fort ancien (…) mais c’estoit un corps

sans forme et sans ordre, et une Ecole sans règle et sans discipline. Elle commença

alors à prendre une forme réglée et à suivre des statuts établis par une autorité

104 Verger Jacques, Les universités au Moyen Âge, coll. Quadrige Manuels, PUF, 2007 ( p.42)

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légitime105. ». La Bulle de Nicolas IV (26 octobre 1289) confirme la mise en place

d’une université à Montpellier en organisant, régularisant l’ensemble des

enseignements (Droit, Art et Médecine)106 ; les premières dissections apparaissent

au XIVe siècle107. La proximité avec la cour des Papes d’Avignon est comme le

démontre Daniel le Blevec un facteur favorisant l’installation et le développement

d’une médecine universitaire à Montpellier. La curie avignonnaise profitait de

l’expertise des médecins montpelliérains, qui en retour pouvaient fréquenter des lieux

et hommes de renoms leur permettant d’avoir un revenu substantiel et une clientèle

fidèle108. Le rayonnement intellectuel au Moyen Age de l’université de médecine de

Montpellier culmine au XIVme siècle, de par sa position géographique et grâce à ses

enseignants-médecins qui ont su en faire un atout majeur dans le développement de

la connaissance de leur art, et permettant ainsi à l’université de Montpellier de

s’imposer comme étant un centre de connaissance médicale moderne.

105 Astruc Jean, Mémoire pour servir à l’histoire de la faculté de médecine de Montpellier, édition P-G Cavalier, 1767 (p.18) 106 Dulieu Louis, La médecine à Montpellier, tome 1 le Moyen Age, éditions Les Presses Universelles, 1975 (p.35) 107 Verger Jacques, Les universités au Moyen Âge, coll. Quadrige Manuels, PUF, 2007 (p.58) 108 Bosc Jean-Louis, Les auteurs andalous dans les œuvre médicales montpellieraines au Moyen Âge, essai de mise en évidence d’une voie de transmission montpellieraine, thèse dirigée par Daniel Le Blevec et Christophe Picard, soutenue le 16 octobre 2010, Université Paul Valéry, Montpellier III

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D’après cette carte de L. Dulieu109 la ville de Montpellier est un centre culturel qui

grâce à sa position géographie centralise les connaissances et les apports de tout le

bassin méditerranéen.

3- Ces maîtres en médecine

Des praticiens reconnus dans tout l’occident vont couvrir le siècle par leurs

nombreux écrits. Nous pouvons citer Arnaud de Villanova (1238 – 1213), Gérard de

Solo (1335 – 1371), Jean de Tournemir, Guy de Chauliac (1298 – 1368) ou encore

Henri de Mondeville (1260 – 1320). Ce sont les ouvrages de ces médecins et la

diffusion de leurs nombreuses compositions et traductions qui ont donné la

splendeur scientifique à l’école de médecine de Montpellier110. Bernard de Gordon

fait indéniablement partie des grands médecins montpelliérains par ses écrits, mais

nous ne retrouvons pas de document officiel concernant des représentations ou

actions dans la vie publique de la cité ou de l’université

Ces auteurs sont étudiés, lus et critiqués dans toutes les universités de médecine

d’Europe. Leur apport à la recherche a permis d’inscrire dans le temps la réputation

de l’université de médecine de Montpellier.

109 Extraite de : Dulieu Louis, La médecine à Montpellier, Tome 1 : le Moyen Age, éditions Les presses universelles, 1975 (p. 25) 110 Paniagua Juan A., Studia Arnaldiane, Trabajos en torno a la obra médica de Arnaud de Vilanova, c.1240-1311, Fundation Uriach 1838, Barcelona, 1994 (livre VI, p.65)

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Plaque, rendant hommage aux médecins montpelliérains, exposée dans le hall

d’entrée de l’université de médecine de Montpellier I

II) Influence et pratique médicale à travers l’ouvrage

A) Les influences de maître Bernard de Gordon

Dans l’ouvrage Fleur de Lys en medecine de Bernard de Gordon, nous

pouvons voir dès les premières pages que le maître, en savant, fait référence dès les

premières lignes à Socrate pour introduire son écrit. Par la suite, il ne se restreint pas

à citer les auteurs antiques, mais base sa réflexion sur la pensée médicale antique.

Luke Demaitre, a réalisé une étude complète des références utilisées par l’auteur

dans l’ensemble de ses écrits. (Cf. annexe 1)

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Nous reprenons l’étude de cet historien pour compléter notre démonstration.

Pourcentages

Références

Ensemble des œuvres Lilium medicine

Grec 64,8 % 65,2 %

Judéo-Arabe et école de

Salerne

33,7 % 33 %

Contemporain 1,4 % 1 %

Ce tableau récapitulatif, montre explicitement l’importance apportée par l’auteur aux

écrits grecs notamment.

Parmi les auteurs les plus cités (dans l'ensemble des œuvres de Bernard de

Gordon) nous retrouvons en premier lieu Galien, puis Avicenne et Hippocrate. Il le

précise lui-même dès le premier chapitre de Fleur de Lys en médecine. « En ce livre

la, par la grace de Dieu, nous avons mis et assemblé les dits de Avicenne, de G111 et

de Ypocras » [folio 1 V]

Sources

références

Ensemble des œuvres Lilium medicine

Galien 600 226

Avicenne 297 130

Hippocrate 80 140

111 G = Galien

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Bernard de Gordon informe le lecteur du Lilium medicine que son ouvrage est inspiré

d’Avicenne, Galien et Hypocrate (Hippocrate) (« car en ce livre la, par la grace de

Dieu, nous avons mis et assemblé les dits de Avicene, de G et de Ypocras et des

aultres » [folio 2 R]). Il décrit Gallien comme un grand médecin « Gallien prince des

médecins » [folio 2V].

Il est à noter que les références à ses contemporains sont très faibles (moins de 2%

sur l’ensemble de ces écrits).

B) Observation, examen et pronostication

Dans son introduction Bernard de Gordon précise vouloir que son ouvrage

Lilum medicine, soit un texte complet, clair et méthodique, traitant de toutes les

maladies « universelles » [folio 1 R]. Ainsi il traite en sept livre 163 chapitres. Les

maladies y sont définies et décrites. Le médecin montpelliérain s’attache à donner

des notions temporelles dans ses descriptions afin qu’elles soient le plus précises

possible et en adéquation avec les enseignements de ses paires plus anciens.

Le médecin use de ses cinq sens, (voir même d’un sixième : l’entendement d’après

Hippocrate). Il interroge le malade et cherche à définir les circonstances de

l’apparition des maux, puis il mobilise toutes ses capacités pour établir son

pronostique.

Odorat Apprécier les urines,

l’excreta, plaies et haleine

du patient et sa peau.

« espelle livide et puant »

[f.9R]

Vu Examiner l’environnement,

son aspect général, son

faciès, ses yeux son teint.

«« les yeulx sont

concaves et enfossez »

« la face est rubiconde »

[f.2V]

Goût Qualifié la sueur. « Aulcune fois est amere

ey signifie cole, se elle est

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salée elle signifie fleum

salse » [f.17V]

L’ouïe Recueillir les plaintes du

malade, ausculter.

« La cure de la pierre est

triple. L’une est

preferuative, l’autre

mitiative de douleur et

l’autre vraye douleur. La

mitigative de douleur cest

se on ne peut picer et que

on aye gran douleur au

penil et es lieux

prochains » [f. 174R]

Toucher Prendre le pouls et on le

qualifie, on touche la

peau.

« la chaleur n’est pas

pongitive ne mordicative

au taster » [f.2R]

(D’après l’ouvrage de Moulinier-Brogi Laurence112 et complété avec les apports de

l’ouvrage Fleur de lys en médecine de Bernard de Gordon)

Le praticien réalise des observations spécifiques et systématiques telles que

la prise du pouls. Dans son ouvrage sur la médecine médiévale, Laurence Moulinier-

Brogie nous précise que la prise du pouls permet d’apprécier le rôle de la chaleur

dans le corps en fonction de ses caractéristiques. « Se on taste la face le cuir et le

pouls » [Folio 2V]

112 Moulinier-Brogi Laurence, l’uroscopie au Moyen Âge « lire dans un verre la nature de l’homme », éditions Honoré Champion, Paris 2012

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Température Chaud/ froid, sueurs/sec

Urine Hématurie, urine colorée

Couleur de la peau et des

téguments

Ictère, langue noire et sèche, rougeur de la

face, courbures des ongles, aisselles livides

Douleurs Douleur au front, douleur et tourment de tout

le corps, douleur de la bouche

Spasmes abdominaux Flux de ventre

Elimination Rétention de selles

Pouls et vascularisation Faible, mal perçu, petit pouls, trouble du

rythme, réplétion des vaisseaux, pouls occulte

et rapide

Inflammation, œdème Inflammation des épaules, Œdème des

jambes, face enflée

Trouble psychiatrique Perturbation des esprits, frénésie

Sémiologie des fièvres d’après Bernard de Gordon

L’observation des urines est un des actes phares de l’examen paraclinique du

médecin au Moyen Âge. Grâce à cette sécrétion naturelle du corps, il peut identifier

de nombreuses dyscrasies qui déséquilibrent la santé de l’homme. Cette observation

est issue de la tradition hippocratique : « Il arrive aussi que les matières excrétées

par la vessie donnent plus de lumières sur les maladies que les matières excrétées

par les chairs »113, qui perdure au Moyen Âge. Il est évident que Bernard de Gordon

y accorde une grande importance puisqu’il écrira un traité traitant de cette pratique :

De urinis. Inspiré par l’Ars medica de Galien, il montre que les urines sont chargées

de superfluités qui composent le contenta. Par l’analyse de ces éléments, le médecin

voit la santé du corps du patient114. Nous en avons un exemple dans l’argumentaire

sur les signes de la lèpre au chapitre XXI du livre I. « L’orine se trait a couleur

113 Hippocrate, De l’art, XII, p.37 114 Moulinier-Brogi Laurence, l’uroscopie au Moyen Âge « lire dans un verre la nature de l’homme », éditions Honoré Champion, Paris 2012, (p. 57)

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citrine et atenuite aulcune fois il a impetigine et serpigine et se multiplie tost. Et se

c’est de fleume la couleur est blanche et se trait a noirsure, il a la face sur enfleure et

les extremités avec ques aulcunes resolucions et furfures et scames blanches.

L’orine est blanche et se trait aspicitude avec aucune globosité saigneuze. Et se

c’estoit de melancolie la face se trait a noirsure trouble. Et se l’air est trop chault ou il

se esmeut ou il se courousse la couleur sera rouge, trouble, tournant a noirsure. Et

se l’air est froit, la couleur est livide et se trait a noirsure il a plusieurs neux entour le

corps. Les meurs sont melancoliques, il a stupeur et insensibilité, l’orine est tenue et

remisse. » [Folio 36R] Dans cet extrait, l’auteur nous décrit ce que le praticien doit

chercher dans l’observation des urines pour établir un diagnostic de lèpre.

La pronostication est un acte essentiel dévolu au praticien pour soigner son

patient. Dans le texte étudié, l’auteur réserve dans chacun de ses chapitres un

paragraphe au pronostic qu’il peut établir. Le pronostic est le résultat de plusieurs

éléments que le médecin analyse. Il mêle connaissances théoriques sur la maladie,

anamnèse et environnement du patient et les observations cliniques et paracliniques

qu’il a pu faire ainsi que les symptômes que le patient présente. Le pronostic jette

« un pont entre le passé, même récent, du patient, et son futur plus ou moins proche.

Le symptôme érigé en signe apparaît donc comme une singulière trace historique

douée de capacité prophétique »115. Le pronostic d’une maladie fait donc appel à la

connaissance et à l’observation que peut faire le médecin. Cependant, dans son

exercice et ses propos le médecin reste influencé par la religion et ses dires peuvent

s’apparenter à des prophéties116. « Il faut que le médecin soit tel un prophète, afin

qu’il puisse juger non seulement du présent mais aussi du passé et du futur117 ». Le

soignant ne doit pas uniquement se baser sur des signes cliniques physiques, il doit

prendre en compte la vertu du malade pour appliquer le traitement adéquat. Il met

en lien ses observations avec ses connaissances théoriques. Ainsi, la vertu est plus

importante que la maladie. « La maladie commandast a faire evacuation, et la vertu

115 Id. (p.30) 116 Moulinier-Brogi, L’uroscopie au Moyen-Âge « lire dans un verre la nature de l’homme », éditions Honoré Champion, Paris, 2012, (p.33) 117 Folieto (de) Hugo, De medecina animae, PL 176, coll. 1195-1196

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commandast le contraire, en ce cas on doibt plus croire a la vertu que a la maladie »

[folio 10 R]

C) Le temps et les maladies

L’auteur identifie quatre temps pour les maladies : « commencement,

accroissement, estat et declination. » [Folio 1 V] Il suit cette logique pour décrire les

maladies dans son ouvrage.

Les maladies sont inscrites dans un schéma temporel défini par Galien (qui

suit la théorie hippocratique) comme étant le mois médical. Mais les calculs

divergent avec les connaissances des astronomes. Les médecins médiévaux vont

définir d’autre façon de calculer ce temps par rapport aux astres et aux mois lunaires.

Mais il correspondra toujours entre 26 et 27 jours. Le mois étant décliné en semaines

médicales puis en jours (mais pas de 24h). Danielle Jacquart a identifié le schéma de

calcul du temps médical par Bernard de Gordon118 :

1er semaine du 1er au 7e jour (1 semaine médicale + 6h de la semaine 2)

118 Jacquart Danielle, « Le temps médica »l, in Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, Tom 157, janvier-juin 1999, éditions Droz, 1999. (p.165)

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2e semaine du 8e au 14e jour (6 jours et 11 heures)

3e semaine du 14e jour au 20e jour (6 jours et 13 heures)

4e semaine du 21e jour au 27e (4 heures ½ de la semaine 3 plus 6 jours).

Il est important de pouvoir avoir une approche temporelle dans l’étude des

maladies pour pouvoir donner une description précise des temps d’apparition des

symptômes et des états de crisis. Le médecin doit pouvoir définir les accès de crises

(crisis) que le malade va traverser. Période critique définie comme étant l’état le plus

fort de la maladie, où le patient peut passer de la vie à la mort119. Bernard de Gordon

compare dans son liber pronosticorum, la crise à « un jugement criminel où se

trouvent quatre catégories de personnes : le coupable, le plaideur (actor), le juge et

les témoins. Dans la crise, interviennent la nature (actor), le coupable qu’est la

maladie et le médecin qui juge en fonction des témoignages apportés par les

accidents ou symptômes120 ». La crise est un état sur un temps plus ou moins long

de la maladie, ce qui veut dire que la fin de la crise ne correspond pas forcément à la

fin du mal.

119 Jacquart Danielle, Le temps médical, Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, Tom 157, janvier-juin 1999, éditions Droz, 1999. (p.158) 120 Id. (p159)

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Principium circuitis (paroxysme) : douleurs, vertiges, tremblements.

Principium rei : commence l’évacuation de la matière121, par la sueur ou par d’autres

voies.

Consumptio : adoucissement des symptômes, fin de la crise

Dans son exercice et ses propos, le medecin reste influencé par la religion et ses

mots peuvent s’appaenter à des prophéties122.

L’ouvrage présenté est un ouvrage complet sur la médecine au XIVme siècle. Les

sept livres traitent chacun d’une thématique précise.

Premier livre Fièvres, vairolles, vers,

morsure de serpens, arsure,

maladie des ongles et

macules

Fièvres, infections,

parasites, morsures

de serpent, douleur,

maladie de phanères,

brûlures, maladies

dermatologique

Deuxième livre le second livre qui traitcte

de toutes maladies du

cervel jusques a la maladie

des yeulx

neurologie

Troisième livre le tiers livre qui parle de la

maladie des yeulx

Ophtalmologie et

ORL123

Quatrième livre le quart livre qui parle des

membres spirituels et de

leurs passions

Pneumologie et

cardiologie

Cinquième livre le V livre qui parle des

passions des membres

Gastro-entérologie

121 Le matière : terme générique qui correspond au mal au sens figuré. 122 Moulinier-Brogi, L’uroscopie au Moyen-Age, « lire dans un verre la nature de l’homme », éditions Honoré Champion, Paris, 2012 (p. 33) 123 ORL : Oto-Rhino-Laryngologie

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nutritifs

Sixième livre VI livre qui parle des

passions du foye, des reins,

et de la vecie

Hépatologie, uro-

néphrologie

Septième livre le VII livre qui parle des

passions des membres

generatifs, de l’omme et de

la femme

Sexualité, antidotes

D) Fièvre, peste et lèpre : approche de la maladie

1- Les fièvres

Les premiers chapitres de l’ouvrage traitent des fièvres, car l’auteur spécifie

« fievre est plus griesve maladie de toutes » [folio 1 V]. Dix chapitres sont consacrés

uniquement à ces maladies (qui sont en fait qu’un symptôme d’une même maladie)

La fièvre est une augmentation de la température du corps qui peut être due (la

plupart du temps) à une infection (mécanisme de défense du corps) ou à une atteinte

centrale neurologique (trouble de la thermorégulation). La fièvre est accompagnée

de signes cliniques (tachycardie, sueurs, frissons). Bernard de Gordon précise que

toutes les fièvres sont « chauldes » [folio 1 V] mais il fait dès sa présentation de la

maladie la différence entre une fièvre que l’on peut appeler pathologique (« chaleur

non naturelle » [folio 1 V) et la chaleur corporelle normale (« chaleur naturelle » [folio

1 V]) qui varie en fonction de l’activité (« aultre chaleur qui vient ou par yre ou par

labeur ne fait pas fievre » [folio 1 V]). Contrairement à la pratique médicale actuelle

où la fièvre est considérée comme étant un symptôme d’une maladie, nous voyons

que pour l’auteur ce sont des maladies à part entière.

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Les causes de fièvres sont multiples et mixtes : d’une part, elles peuvent être

d’origine organique (par exemple éruption cutanée,…), d’origine externe (fatigue,

chaleur environnementale…) ou dues à l’esprit (passion de l’esprit). Mais dès que le

corps est touché par un déséquilibre c’est l’ensemble qui est déréglé (le corps et

l’esprit).

La fièvre est décrite comme pouvant être positive ou négative. En premier lieu,

lorsqu’elle est naturelle elle permet d’assurer l’équilibre du corps, des humeurs et de

digérer la matière. Mais au contraire, elle peut être source de maladie et de mort si

elle devient non naturelle et corrompt le corps et l’esprit.

Dix types de fièvres différentes sont définis. Il consacre un chapitre à chacune (En

annexe synthèse des différentes fièvres identifiées et traitées).

2- La peste

Au milieu du XIVme siècle, la peste a décimé en partie l’Afrique, l’Asie, et

l’Occident. Elle fut suivie de nombreuses récurrences et la dernière toucha Marseille

en 17720. Celle du Haut Moyen Age (du V me au VII me siècle) sont très peu

documentées, tant dans les textes médicaux qu’historique124.

- L’agent pathogène :

Le germe de la peste (Yersina Pestis) a été découvert en 1884 par Alexandre

Yersin (1863 – 1943). C’est un coccobacille ovoïde, à gram négatif, aérobie qui

appartient à la famille des entérobactéries. Il se multiplie entre 4° et 42° (lorsqu’il fait

froid ou en hiver, la puce va vivre au ralenti et rester contagieuse). C’est une

explication de l’apparition des épidémies au printemps. Il existe encore aujourd’hui

trois variétés de Yersina, dont la variété médievalis qui est aujourd’hui retrouvée

124 Le Goffe Jacques, Biraben Jean-Nöel, « La peste dans le Haut Moyen Age », in Annales. Economies, Sociétés, Civilisation. 24me année, N.6, 1969 (p.1448-1510)

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autour de la Caspienne (et probablement en Sibérie). Cette souche est probablement

très proche (ou similaire) de la variété qui a décimé l’Occident au Moyen-Age125.

- La transmission :

Le mode de transmission de la maladie est connu depuis la fin du XIXe siècle. C’est

en 1898 que Paul-Louis Simond (1858 – 1947) démontre le rôle de la puce et du

rat126. La puce (Xenopsylla Cheopis), hôte du rat s’infecte du sang d’un rongeur

contaminé et peut transmettre l’agent pathogène à l’homme, tout comme une puce

qui vit sur un homme infecté peut en contaminer un autre si elle change d’individu.

La contamination peut être interhumaine (par une contamination "air"

(expectorations…))

- Les signes de la peste127 :

Au-delà des signes généraux d’infection (hyperthermie, frissons, asthénie), nous

pouvons retrouver trois aspects plus spécifiques de la maladie :

- La peste bubonique : se manifeste suite à une pénétration cutanée du

germe. Après une incubation de 1 à 6 jours, naît brutalement une forte

poussée de fièvre. Au point d’inoculation apparait une pustule qui se

nécrose donnant une plaque de gangrène appelée charbon pesteux

("anthrax"). Se développe parallèlement au 3ème jour une adénopathie

généralisée (axillaire, cervicale, inguinale) douloureuse et volumineuse

pouvant suppurer, appelée le bubon (ou "apostème"). Les complications

de cette affection peuvent entraîner une septicémie avec purpura, des

125 Corrion Yves, Les épidémies de peste en Franche-Comté au XVIIème siècle, Thèse pour l’obtention du Diplôme d’Etat de Docteur en médecine, sous la direction de M.Volmat, Université de Franche-Comté, 1980 (p.37) 126 Parreau Sandrine, Les épidémies de peste en Franche-Comté du XIVème au XVII ème siècle, Thèse pour l’obtention du Diplôme d’Etat de Docteur en médecine, sous la direction de P. Mercet, Université de Franche-Comté, juin 2008 (p.78) 127 Grisey Francine, La peste en Franche-Comté du XIVème au XVIIème siècle : traitement et prévention, Thèse pour l’obtention du Diplôme d’Etat de Docteur en Pharmacie, sous la direction de P.Laurent, Université de Franche-Comté, mars 2000 (p.21-22) et Corrion Yves, Les épidémies de peste en Franche-Comté au XVIIème siècle, Thèse pour l’obtention du Diplôme d’Etat de Docteur en médecine, sous la direction de M.Volmat, Université de Franche-Comté, 1980 (p.37-41)

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coagulopathies (hémorragies multiples), des atteintes neurologiques

périphériques et centrales (délires, perte de conscience)

- La peste pulmonaire, est une transmission interhumaine (crachats…)

évoluant vers le tableau d’une pneumonie aigüe avec une toux produisant

des spumes sanguinolents.

- La peste septicémique, est une forme rapidement très virulente, entraînant

une bactériémie évoluant vers un état de choc (Pestis Siderans)

Il existe cependant une forme bénigne de la peste où la guérison est spontanée en 3

à 4 semaines.

- La peste selon Bernard de Gordon :

Il consacre un chapitre dans son premier livre, à la fièvre pestilenciale qui est une

fièvre qui se développe en temps d’épidémie (« quand les blez et lait et les eaues

sont corrumpues » [folio 16 V]). Il décrit l’épidémie comme un état de stupeur, le

monde en est bouleversé, les astres, le climat, le monde animal. «Le signe de

pestilence qui doit avenir, c’est quant appret l’estoille comette comme chandelle

ronde quant maintenant est chaleur maintenant froideur et ung jour ou en divers

jours et que lait est obscur et espes et semble qu’il pleuve et ne pleut point et que

este est chault et moiste et les oyseaul laissent leur nids et leurs œufs sur terre et

plusieurs bestes reptiles apparent ce sont signes de impedimie qui doit advenir »

[folio 17 V]. L’allusion au lait épais et obscure montre l’inquiétude des hommes du

début du XIVe siècle face à une épidémie de peste. Le lait représente la pureté,

l’abondance, la douceur et un mets divin128. Il évoque également à plusieurs reprises

l’astrologie (planètes et étoiles) pour définir l’épidémie. L’arrivée d’un temps « de

pestilence » semble être ressenti comme une véritable malédiction.

L’appellation peste n’est jamais clairement indiquée, l’auteur parle de « temps

de pestilence », « signe de pestilence ». Cependant, nous pouvons affirmer qu’il

parle d’épidémie de peste en prenant d’une part en compte le contexte apocalyptique

128 Cazenave Michel, Encyclopédie des symboles, éditions Le livre de Poche, 1996 (p.350)

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qu’il décrit et les signes cliniques des patients : sécheresse de la langue, douleur,

puanteur du corps (« si comme l’aleyne, l’egestion, la sueur et l’orine » [folio 16 V]). Il

indique cependant que ces signes peuvent être confondus avec d’autres maladies en

phase aigüe ayant une présentation similaire (« veirolles, morbille et maladie

venimeuses »).

Pour soigner le malade victime de la peste, il propose des sirops et électuaires. La

saignée peut être indiquée. De plus il préconise de ne pas faire d’excès alimentaire.

L’écrit sur la peste se situe 40 ans avant l’épidémie de peste qui va ravager le monde

(1348). Les connaissances qu’il a sur la maladie sont probablement héritées des

connaissances et croyances de la grande épidémie qui a ravagé le haut Moyen Age.

Un écrit datant de 1551 intitulé De la manière de preserver de la Pestilence, et d’en

guerir, selon les bons autheurs, reprend de façon presque identique la présentation

du texte de Bernard de Gordon sur ce sujet sans le citer. Il est difficile d’analyser

cette découverte qui est étonnante. Le texte de Bernard de Gordon a-t-il été plagié ?

Y’a-t-il eu un rajout dans l’ouvrage Fleur de Lys postérieur à son écriture ? Il est

difficile d’apporter une réponse à ces questions. (Cf. annexe)

3- La lèpre

La lèpre est une affection qui est contagieuse et se diffuse dans l’ensemble de

l’Occident. C’est une maladie qui connait une brusque expansion dès le début du XII

me siècle. On compte au début du XIV me siècle 600 000 lépreux en Europe (Russie

comprise) sur une population totale de 75 à 80 millions129.

- L’agent pathogène130 :

Découverte en 1873 par Gerhard Armaueur Hansen, la lèpre est un parasite

intracellulaire de grande affinité pour les tissus cutanés et nerveux de l’homme. Le

129 Grmek Mirko D., Histoire de la pensée médicale en Occident, vol. 1 antiquité et Moyen-Âge, éditions Seuil, 1995 (p.307) 130 D’après : N’Bouela Marie-Claire, La lèpre, thèse pour l’obtention du diplôme d’Etat de Docteur en Pharmacie, sous la direction de J. Panouse, Université de Franche-Comté, novembre 1986

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bacille (Bacille de Hansen) est classé dans la famille des mycobactéries

(Mycobacterium leprae).

- Transmission :

La transmission de la maladie se fait par contact ou par aérosolisation. En effet, tant

les ulcérations de peau que les sécrétions (ou flux) sont porteuses de la

mycobactérie. La proximité est l’une des causes principales de contamination.

Maladie d’évolution longue, on distingue trois périodes distinctes :

. Le temps d’incubation : période (de 2 à 5 ans) entre le moment de la pénétration du

bacille et les premiers signes cliniques.

. La période d’invasion : apparition mixte ou non des signes cutanés et ou

neurologiques en fonction du type de lèpre

. La période d’état : le malade présente les signes généraux de l’invasion de la

maladie.

- Les signes de la maladie :

On distingue aujourd’hui trois types de lèpre :

. La lèpre lépromateuse (léonine) : forme contagieuse de la maladie. Atteinte cutanée

générale prédominante sur le visage de type papule avec l’apparition de lépromes

(nodules).

. La lèpre tuberculoïde : forme non contagieuse de la maladie. Le patient présente

une dépigmentation de la peau et des ulcérations. Des troubles neuro-sensitifs

apparaissent progressivement.

. La lèpre borderline : forme mixte de la maladie.

- Présentation de la lèpre dans l’ouvrage de Bernard de Gordon :

Il consacre un chapitre entier du 1er livre de son ouvrage à la lèpre. C’est une

maladie complète qui se diffuse à tout le corps. (« On peut dire que cest maladie de

tout, car finallement elle corrumpt tout » [folio 40 R])

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La description clinique établie est similaire aux descriptions que nous connaissons

aujourd’hui. Elle engendre sclérose (« sclirosim et duresse »), ulcération

(« herpestiomene »), verrues et nodules de la peau (« verruques et neux »). La

maladie touche le corps et la figure (« La lepre c’est maladie (…) corrumpant la

forme et la figure et la composicion des membres » [folio 34 V]), chute des sourcils

(« depilacion des surcils »), nez élargi (« nazilles elargians »), dépigmentation de la

peau (« la couleur de la face est livide et clere »), pustules (« pustulles »), infections

de la peau (« infections du cuir »).

Il identifie quatre causes de contamination :

- L’alimentation

- L’air corrompu

- La proximité avec un lépreux

- Relation intime particulière

Bernard de Gordon met en relation la lèpre et la relation intime entre les hommes et

les femmes (Cf. annexe : Lévitique chap.15). Dans le paragraphe qu’il dédie aux

causes de la maladie [folio 35 R], il insiste à plusieurs reprises sur ces affirmations.

- Enfant engendré en temps de menstruation

- Enfant engendré par un lépreux

- Lépreux qui dort avec une femme enceinte

- Homme qui a un rapport sexuel avec une femme qui a encore de la

semence d’un lépreux dans sa matrice

- Homme qui dort avec une femme lépreuse

La matrice représente la mère et la conception mais aussi le péché de chair, la

naissance et la renaissance spirituelle131. Elle représente la pureté pouvant être

contaminée par l’acte sexuel. Si la matrice est souillée par une semence de ladre, il

préconise de la faire sortir par divers moyens (en sautant, en éternuant, en la

131 Cazenave Michel, Encyclopédie des symboles, éditions Le livre de Poche, 1996 (p. 403)

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baignant, en la lavant). L’association de l’amour à la lèpre et la mort est courante au

Moyen Age. Nous retrouvons cette analogie dans le roman de Béroul, Tristan et

Iseut. La lèpre est vécue comme une faute. « Dans l’Epître aux Ephésiens, Saint

Paul oppose fortement la lèpre (chair) et la virginité (l’esprit) 132». Dans les congés133

de Jean Bodel et Baude Fastoul, avoir contracté la lèpre est une honte134 :

Hontes, ki m’est montee u front (Jean Bodel, v 71, 216)

Fait a savoir tous ceux ki sont

Que des wages sui de Lienart (Baude Fastoul, v 454 -456)

("je fais pénitence pour autrui.")

L’éviction hors du peuple fait partie des mesures prophylactiques de cette maladie.

La désignation des ladres devant quitter la communauté est confiée entre autres au

médecin. Il fera une distinction entre les malades en fonction de l’évolution de la

maladie. (« Et en aulcuns lieux appart scabie et pustulles et morphée et par tout le

corps commence disposicion prudente, toutefois se sa fourme et sa figure ne se

corrumpt on ne le doit pas separer du peuple, mais on doit bien le menacier » [folio

35 V]), mais si le malade présente un état avancé, il sera séparé du peuple.

Concernant les remèdes, il propose des pilules, des décoctions, la saignée, ou

encore un remède à base de serpent. Il rédige un paragraphe complet sur les

modalités de choix et de préparation du serpent. C’est un animal qui mue et qui a la

peau qui change et se modifie (comme le lépreux). Prendre ce remède peut faire

partie du principe de la médecine des semblables. Symboliquement le serpent

représente d’une part la vie (Serpent d’airain) soit le péché (péché originel). Il est

également le synonyme de la renaissance (mue qui représente une nouvelle peau).

La vision de la lèpre lépromateuse comme étant une mue similaire à celle des

132 Gérard Michèle, Quand la lèpre fleurit, « Littérature », N°102, Echos et traces, 1996 (p14-28) 133 Jean Bodel et Baud Fastoul sont deux poètes qui ont été frappé par la lèpre. Au moment de quitter la société ils ont écrit leurs congés afin de faire leurs adieux. 134 Gérard Michèle, Quand la lèpre fleurit, « Littérature », N°102, Echos et traces, 1996 (p14-28)

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animaux est retrouvée dans d’autres textes médiévaux. Baude Fastoul dans ses

congés pronera135 (v. 574, 576) :

Car Dix m’aprent a carier

Les travers pour esbanier136

Et si me fait muier ramage.

La mue est une valeur positive qui permet à l’animal de faire « peau neuve » et de

s’ouvrir à un autre monde.

135 Id. 136 « Car Dieu m’apprend à aller par les chemins de travers pour me divertir »

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81

PARTIE III : SOIGNER LE CORPS AU

MOYEN-AGE

Médecin et plantes médicinales

Avicenne, Canon de la médecine, XIIIème siècle, Besançon BM, ms.0457

« Cliché IRHT »

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I) Pharmacie et médicaments

A) Historiographie médiévale de la pharmacie et des médicaments

L’histoire de la pharmacie et des médicaments s’est construite à travers

l’étude des antidotaires, herbiers et manuscrits traitant de pharmacologie. Quelques

ouvrages fondamentaux semblent se détacher de l’ensemble des sources

disponibles. L’Antidotaire de Nicolas, est connu par tous les pharmaciens, bien que

son origine soit confuse et qu’il y ait eu certainement plusieurs productions de divers

auteurs ayant cette appellation. Ernest Wickersheimer démontre qu’il faut distinguer

un antidotaire de Nicolaus Salernitanus ( XIIème siècle) et un autre Nicolas, Nicolus

Prepositi médecin de la fin du XVème siècle. Cependant malgré le flou concernant

l’origine de cet antidotaire, nous savons qu’un ouvrage dénommé Antidotarius Nicolai

Alexandrini s’est imposé comme étant la référence pharmaceutique du Moyen Age.

Il devient le livre officiel d’enseignement de la Faculté de médecine de Paris (1270)

et tout apothicaire se voit dans l’obligation de le posséder dans son échoppe.

Un deuxième livre d’importance au moyen âge est un grand livre de

prescription : l’Antidotarius magnus de Salerne. Il faut également citer le Grabadin

(ou Antidotarium de Mesué, daté du Xème siècle). Cet ouvrage est une compilation

des compositions inventées par les Alexandrins, les Byzantins et les Arabes.

Les antidotaires sont indispensables aux médecins, car avant le développement la

profession d’apothicaire ce sont les médecins qui préparent eux-mêmes leurs

compositions médicinales137. Dans chaque ouvrage, les recettes sont explicitées,

précisant les différents éléments composant la préparation et les poids et mesures

de chaque ingrédient.

Concernant les herbiers, le Liber de simplici medicina (ou « Circa instans ») est un

traité sur les simples et leur utilisation par un médecin de Salerne, Platearius. Les

ouvrages que nous venons de citer permettent de donner des indications

137 Ausécache Mireille, « Manuscrits d’antidotaires médiévaux : quelques exemples du fonds latin de la Bibliothèque nationale de France », in Médiévales [en ligne] printemps 2007, mis en ligne le 06 septembre 2009.

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homogènes dans la fabrication et la composition des médicaments et sur leurs

indications.

L’ouvrage étudié n’est ni un antidotaire, ni un herbier mais les practices des maîtres

donnent les bases des compositions médicinales en permettant d’y inclure des

observations et des modifications personnelles aux différentes préparations.

B) Le médicament au Moyen-Âge

D’après Hippocrate « Le remède est tout ce qui modifie l’état présent ». La

pharmacologie scientifique s’est construite sur la théorie des humeurs. Ainsi il revient

à dire que le principe naissant d’un remède est de « combattre le mal par son

contraire », mais sans se restreindre aux propriétés élémentaires. Ainsi nous

retrouvons tout un champ lexical spécifique qualifiant les médicaments : astringent,

évacuateur, diurétique, purgatif, humectant, rafraîchissant, émollient, narcotique,

vomitif…Partagée entre allopathie et homéopathie la pharmacologie médiévale du

XIVème siècle enrichie des connaissances antiques et arabes, s’étoffe sur les

connaissances développées auparavant (comme d’après les propos d’Hildegarde de

Bingen par exemple) sur l’art et la pratique médicale mais aussi sur l’observation et

la transcription des connaissances populaires des paysans ou des guérisseurs. Les

médicaments sont composés de plantes, de métaux, d’animaux auxquels peuvent

être rajoutés des excipients. Ceux-ci permettent d’assurer la conservation du

médicament, de lui donner un gout appétant (addition de sucre) ou de favoriser une

propriété salvatrice par rapport à un effet toxique.

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Catégorie de

médicament

Propriétés Indications Remèdes

Maturatifs ou

suppuratifs

Provoquent la

formation de

collection de pue

Doivent apporter

une chaleur

supérieure à celle

du malade

Farine de froment, eau

chaude, poix, résine,

corps gras

Emollients ou

rémollitifs

Résolvent et

dissolvent pour

favoriser

l’élimination

Ils sont destinés

au traitement des

apostèmes

d’origine

lymphatique

Induratifs Durcissent les

tissus

Durcissement par

« congélation »

Pourpier, morelle,

pysllium, lentille d’eau

Agglutinants et

opilatifs

Bouchent les

pores internes

comme cutanés

L’imperméabilité

qu’ils créent au

niveau des tissus

ou du revêtement

cutané freine ou

inhibe les flux

humoraux.

Deux catégories :

- Médicaments

terreux :

amidon, tuthie et

le bol d’Arménie

- Médicaments

visqueux : les

graisses, le lait

caillé et le blanc

d’œuf

Mondicatifs Purifient Agissant tant au

niveau externe

que sur les

organes. Inhibe

les flux humoraux

Miel, lupin, farine de

fèves, câpres, scille et

scolopendre

Résolutifs et

raréfiant

Purifient Inhibe les flux

humoraux en

ayant la capacité

de diviser les

humeurs épaisses

Camomille, mauve,

huile de concombre

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pour favoriser leur

élimination

épaississant Restreignent le

diamètre des

vaisseaux et des

pores

Effets réfrigérants.

Capacité à

refroidir.

Joubarbe, psyllium,

pourpier

Apéritifs Dilatent les

vaisseaux

Propriété chaude,

ils dilatent les

vaisseaux et

facilitent la

circulation des

humeurs, voire

leur évacuation

pain de pourceau, bile

de bœuf

Restrictifs ou

resserrant

Favorisent la

vasoconstriction

Ils sont employés

en cas

d’hémorragie ou

de diarrhées

Noix de galle, sumac,

myrte, rose

Adustifs ou

escarotiques

Provoquent la

destruction et la

liquéfaction des

tissus

Degré élevé de

chaleur

Chaux, cendre

alcaline, acides forts

Putréfactifs Provoquent la

destruction des

tissus

Moins chauds que

les précédents,

leur effet est lié à

une forte humidité

et aux propriétés

corruptrices de

l’eau.

Orpiment, aconit,

gomme de rue

sauvage

Cathérétiques Destruction

superficielle des

tissus

Sont moins

puissant que les

escarotiques

Cicatrisants

(incarnatifs ou

Favorisent la

reconstruction des

alun et oxydes de

cuivre

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consolidatifs) tissus

Répercussifs Repoussent les

humeurs à

l’intérieur du corps

Drogues froides Morelle, plantain

Attractifs Favorisent

l’extériorisation

des humeurs.

Médicaments

chauds. Ils

agissent

directement en

raison de leur

propriété ou

indirectement en

provoquant un

phénomène de

putréfaction

Pouliot, mentastre

Libératifs ou

alixitères

Protègent

l’organisme des

venins

Décomposent ou

favorisent

l’élimination du

venin

Sédatifs,

narcotiques

Antalgiques Deux catégories dont

l’opium

D’après les travaux de Jean-Pierre Bénézet138, nous retrouvons dans cette

synthèse les grandes catégories (bien que non exhaustive) des médicaments et leurs

indication à la fin du Moyen Age.

138 Bénézet Jean-Pierre, Pharmacie et médicament en Méditerranée occidentale (XIIIe-XVIe siècle), éditions Honoré de Champion, Paris, 1999

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C) La pharmacopée

La pharmacopée (arsenal thérapeutique) à disposition au moyen-âge provient

du règne animal, végétal ou minéral. « Ce sont des richesses fournies par la terre

aux hommes »139.

Ces éléments sont adaptés aux maux qu’ils sont censés soigner. « Lors de la

création de l’homme, une terre particulière fut tirée de la terre : c’est l’homme. Et tous

les éléments étaient à son service, car ils sentaient que celui-ci était vivant, et ils

coopéraient avec lui à toutes ses entreprises »140. Les produits de la nature sont

travaillés et préparés pour pouvoir être administrés afin de soigner les maux.

Les formes galéniques disponibles sont diverses et variées mais toujours externes.

Nous ne retrouvons pas de forme injectable dans les écrits.

Avicenne, dans son canon de la médecine, réserve deux des cinq livres à la

pharmacopée. Où il y décrit les médicaments simples (livre II) et dans son livre 5 la

constitution des médicaments composés, de la thériaque et autres électuaires.

L’auteur y décrit précisément les spécificités de chaque médicament, sa formule, sa

forme galénique, et son mode de conservation.141

Application locale Forme per os142

Emplâtre Tisane / infusion

Pulvérisation Juleps

Cataplasme Loochs

Collyres Sirops

Pommades Electuaires

Onguents Pilules et pastilles

confitures

139 De Bingen Hildegarde, Les causes et les remèdes, traduit du latin et présenté par Pierre Monat, ed. J.Millon, 140 Id. 141 Jazi Radhi, Asli Farouk Omar, « La pharmacopée d'Avicenne ». In: Revue d'histoire de la pharmacie, 86e année, N. 317,

1998. 142 Per os : voie d’administration d’un médicament par la bouche.

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Nous retrouvons

- au niveau local : les onguents et emplâtres, les pommades et les collyres. (« Au

commencement, on doibt oster la opilacion en frotant le pis, le ventre et les costes et

les parties qui plus doullent de vin aigre blanc et oly camomille et de eaue rose, en

frotant doulcement et longuement. » [Folio 5R])

- au niveau entéral : les sirops, les décoctions, les confitures, les jus, les pilules143 et

la thériaque. « Et vecy que on luy donnera : milgraine sirop iulep, tizaine d’orge

coulée (…) brouet de ceses » [folio 5R]), « prenes (…) de la confiture » [folio…]

La thériaque, parvenue du monde romain, est considérée comme étant un remède

universel. Les Arabes, à la suite de Galien, en recommandent l’usage. Objet à partir

du XVme siècle, de l’attention des législateurs, elle est censée soigner de nombreux

maux dont la peste. Ce remède est très prisé à la fin du XIVème siècle. Sa

composition change d’un écrit à un autre, mais plus elle est composée de nombreux

éléments plus elle devient efficace aux yeux des malades144.

Les traitements proposés sont des traitements symptomatiques, prescrits pour

apaiser les signes cliniques ressentis et décrits par le patient. Il semble cependant

que la cause caractéristique que traduisent ces signes ne soit pas, ou ne puisse pas

être traitée spécifiquement. Ainsi, Hildegarde de Bingen, dans son ouvrage sur les

causes et les remèdes145 classe dans une nosographie détaillée, ce qu’elle peut

rencontrer contre les maux à soigner et établit une liste de concordance de

traitements adaptés à proposer aux malades. Il est important que le praticien puisse

d’une part, bien identifier les maux du malade et d’autre, maîtriser les éléments de sa

prescription. En effet, les ressources de la nature peuvent s’avérer « diaboliques » si

elles sont mal utilisées et peuvent donc être néfastes pour le malade. Mais les

143 « Dans l’Antidotaire de Nicolas, on retrouve les pilules aurées, les pilules quibus, toutes deux purgatives et à base d’aloès, les pilules stipices ou astringentes conte la diarrhée et les pilules diacostorées », in Dillemann Georges, « La pharmacopée au Moyen Age II. Les médicaments », in Revue d’histoire de la pharmacie, 57me année,n°200, 1969, (p.242) 144 Kassel Dominique, « La thériaques : 20 siècles d’histoire », collection histoire de la Pharmacie, Ordre des Pharmaciens, 1996 145 Id.

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traitements administrés ne traitent pas uniquement des symptômes physiques mais

des causes bien plus subtiles de l’esprit tel que la colère, la mélancolie ou la luxure.

« La terre, avec des plantes utiles, offre un panorama des fonctions spirituelles de

l’homme, mais avec ses plantes inutiles, elle fait apparaître des fonctions mauvaises

et diaboliques »146

Des traitements par inhalation peuvent aussi être proposés. Flore Cano, nous décrit

les fumigations qui peuvent s’apparenter à des brumisations ou aux aérosols de

vapeur chargés de particules thérapeutiques.147

D) Les drogues et leurs compositions

La pharmacopée du XIVème siècle à Montpellier est partagée entre deux

grandes familles de médicaments : les médicaments composés et les médicaments

simples. Le terme drogue (ou « drug ») désigne dans son sens originel un produit

venant du monde végétal, animal ou minéral.

- Le règne végétal est le produit de base des médicaments. De tout temps les

hommes ont appris à reconnaitre les plantes qui pouvaient leur être utile dans le

domaine de la santé. Se sont constitués depuis l’antiquité des herbiers, des

glossaires botaniques et des manuscrits permettant d’identifier les plantes ayant un

effet thérapeutique. Nous retrouvons une triple origine des différentes plantes

médicinales utilisées au Moyen Age. Les plantes indigènes, les plantes cultivées

dans les jardins et les couvents (l’intérêt de ces jardins est de permettre d’acclimater

des plantes et d’avoir une ressource connu) et les plantes orientales (qui doivent leur

popularité aux médecins arabes).

146 De Bingen Hildegarde, le livre des subtilités des créatures divines, traduit du latin par Pierre Monat, ed. J.Millon, Grenoble 1988 147 Cano Alaixandri Fleur, Le livre de santé de Jacques Bonvalot, le savoir médical d’un notable au XVme siècle, Mémoire de Maîtrise d’Histoire médiévale sous la direction de Madame N.Brocard, 1999

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Plantes indigènes Plantes cultivées Plantes orientales

Ache, Aneth, Aurone, Grande

Aunée, Angélique, Bétoine,

Boucages, Cataire, Chélidoine,

Millefeuille, Origan, Orties,

Plantains, Verveines…

Absinthe, Aigremoine, Bardane,

Bétoine, Cataire, Fenouil,

Grenadier, Marrube, Mauve,

Menthe, Pavot, Réglisse, Sarriette,

Scalarée, Thym,

Aloès, Camphre, Cannelle, Casse,

Scille, Séné, Tamarin Grenadier,

Opium, Mandragore, Colchique,

Myrrhe, Ricine, Noix muscade, Noix

vomique148

Exemple de quelques plantes utilisées dans les préparations médicinales149.

Les plantes suivantes sont retrouvées dans les transcriptions faites. Nous donnons d’une part leur origine, dans une deuxième

colonne l’indication thérapeutique actuelle150 , en troisième nous indiquons l’utilité qui en faite dans le Livre des propriétés des

aliments de Yûhannâ ibn Mâsawayh (certainement le premier traité arabe de diététique)151

148 La noix vomiquer est la source principale de strychnine. 149 D’après : Dillemann Georges, « La pharmacopée au Moyen Age. II. Les médicaments ». In revue d’histoire de la Pharmacie, 57e année, N.200, 1969, pp. 235-244 150 Debuigne Gérard, Couplan François, Petit Larousse des plantes qui guérissent, 500 plantes, éditions Larousse, 2006 151

Le Coz Raymond, Les chrétiens dans la médecine arabe, éditions l’Harmattan, 2006

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Plantes aromatique, épices et condiments

Origine Indication thérapeutique Indication spécifique :

Livre des propriétés des

aliments

Utilisation traditionnelle

Amande

(lait d’)

Asie

occidentale et

centrale

Douceur pour la peau et

lutte contre les

démangeaisons

Déterge ce qu’il y’a dans

les membres supérieurs,

comme l’œsophage, la

poitrine et les poumons

Application locale,

gargarisme

Aneth Proche Orient Carminatif, diurétique,

digestif, favorise la

lactation

infusion

Coriandre Moyen Orient Affection gastro-intestinale.

Digestion difficile,

aérophagie et

ballonnement. Favorise le

tonus de l’organisme

Infusion

Girofle pays tropicaux Antiseptique, analgésique,

antispasmodique.

Bain de bouche, application

locale

Page 92: Fleur de Lys en medecine de Bernard de GordonJe remercie Madame Brocard pour sa présence, son écoute, son soutien et ses ... 3- Le savoir arabe ... « Cy commence la pratique de

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Marjolaine Sud ouest de

l’Asie

Antiseptique,

antispasmodique. Utilisé

contre les migraines et les

tics de la face

Infusion, huile

Menthe Europe, Asie,

Afrique

Stimulant de l’appareil

digestif, antispasmodique,

céphalées, gingivites

Procure un sang

abondant et aqueux

Infusion, décoction, bain de

bouche

Pois

chiche

Proche-Orient Diurétique utilisé les

coliques néphrétiques et

les douleurs de l’appareil

urinaire, utilisé en cas de

blennorragie et hépatalgie.

Peut être utilisé en cas de

pleurésie

Déterge ce qu’il y a dans

les reins et la vessie,

désagrège les calculs.

Préparation à boire,

cataplasme

Poivre Asie Adouci la toux, traite les

coliques néphrétiques,

l’épilepsie et un anti

pyrétique, antirhumatismal,

stimule l’appétit et la

Rend l’urine abondante Cataplasme, huile

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digestion,

Persil Sud-est de

l’Europe et

Asie

occidentale

Diurétique, carminatif,

stomachique. Dissipe

l’engorgement des seins et

tarit la lactation.

Décoction, infusion,

cataplasme

Romarin Bassin

méditerranéen

Antirhumatismal, utilisé

dans les attaques de

goutte, améliore la

circulation du sang,

stimulant digestif, stimule

les glandes surrénales,

anti-inflammatoire et

antioxydant

Infusion, vin, teinture, lotion

capillaire

Safran Sud est de

l’Europe et

Asie

occidentale

Gastralgie, emménagogue

dans les dysménorrhées,

insuffisance ovarienne,

localement dans les

embolies pulmonaires

Teint et rend la nourriture

appétissante, sa nocivité

pour le cerveau est

minime.

Infusion, sirop, teinture

Page 94: Fleur de Lys en medecine de Bernard de GordonJe remercie Madame Brocard pour sa présence, son écoute, son soutien et ses ... 3- Le savoir arabe ... « Cy commence la pratique de

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Sauge Ouest du

bassin

méditerranéen

Tonifiant des voies

digestives et du système

nerveux, antiperspirant,

hypoglycémiant, régule le

cycle de menstruation,

antirhumatismal

Infusion, vin, teinture,

décoction, bain

Sésame Participe à des

compositions

aphrodisiaques (médecine

arabe : Ibn al-Jazzar)152

Cause une haleine fétide

152 Jazi Radhi, « Aphrodisiaques et médicaments de la reproducton chez Ibn al-Jazzar, médecin et pharmacien maghrébin du Xme siècle », in Revue d’histoire de la pharmacie, 75

me année, n°273, (pp. 155-170)

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Fruits

Cerise Asie et pays

tempéré

Ecorce : fébrifuge et

contre la goutte, fruit :

comme antirhumatismal,

contre l’hypertension et la

goutte, laxatif

Sirop, décoction,

Poire Asie, Europe Nocive à l’intestin appelé

« colon »

On la surnommait « poire

d’angoisse » et on la

consommait surtout cuite

ou confite dans du miel

Pomme Asie et Europe pour l’estomac ; elle est un

contrepoison. Nocive pour

les nerfs. Propriété

antirhumatismal,

diurétique.

Fruit à croquer, infusion,

sirop.

Prune Asie, Europe Laxatif Fait glisser la bile jaune

qu’il y’a dans l’estomac et

l’intestin, par sa froideur et

sa viscosité

Compote,

Page 96: Fleur de Lys en medecine de Bernard de GordonJe remercie Madame Brocard pour sa présence, son écoute, son soutien et ses ... 3- Le savoir arabe ... « Cy commence la pratique de

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Plantes potagères et légumes

Concombre Asie, Europe

et bassin

méditerranéen

Calme la toux, légèrement

laxatif, utilisé pour adoucir

la peau

Jus, lotion

Coloquinte Afrique du

Nord et Asie

occidental

Purgatif puissant Breuvage, pulpe, décoction

Endive Eteint l’âcreté du sang

Refroidissante et

astringente. Veines et

viscères. Calme les

nausées et la bile,

réconforte l’estomac. Elle

refroidit le corps de

manière admirable, si on

mélange son eau de la

céruse et du vinaigre. Ote

les taches des yeux.

Utilisé en emplâtre sur les

piqures de scorpion et

pour les autres venins

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Epinard Europe,

Moyen Orient

Laxatif et dépuratif,

antianémique

Feuille, vin, infusion

Fenouille Bassin

méditerranéen

Digestif, carminatif,

galactogène

Augmente le lait Décoction, infusion,

cataplasme

Laitue Région

tempérées et

subtropicales

Léger hypnotique,

régularise l’ensemble des

fonctions digestives

Procure un sang tempéré Décoction, lotion,

cataplasme

Raifort Moyen Orient Antiscorbutique, tonifiant,

diurétique, expectorant

Vin, infusion, sirop

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Fleurs

Lupin bassin

méditerranéen

Antiparasitaires,

aphrodisiaque. Utilisé en

dans les maladies

dermatologiques.

Décoction, lavement,

cataplasme

Rose Asie

occidentale

Lutte contre la tuberculose

pulmonaire, tonifiant,

utilisée pour réduire les

écoulements (leucorrhée,

hémorragie et diarrhée),

astringent, calme

l’inflammation oculaire

Infusion, confiture, miel,

vin, pommade

Violette Europe, Asie

occidentale,

Afrique du

nord

favorise l’expectoration

dans les affections

pulmonaires. Expectorant

et sudorifique.

Antirhumatismal.

Infusion, sirop, décoction,

cataplasme

Page 99: Fleur de Lys en medecine de Bernard de GordonJe remercie Madame Brocard pour sa présence, son écoute, son soutien et ses ... 3- Le savoir arabe ... « Cy commence la pratique de

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Plantes et arbres

Bois de

santal

Asie, Fumigation

Cyprès Sud est de

l’Europe, ouest

de l’Asie

Infection du système

veineux (hémorroïdes,

varices, congestion

pelvienne…), lutte contre

l’incontinence urinaire

Suppositoire, décoction

Dyanthus

(œillet153

)

Europe, Asie Connu pour ses vertus

cicatrisantes. Donne de

l’énergie.

Eruca

(Roquette)

Bassin

méditerranéen

Astringente. Mangée seule

elle alourdit la tête, mais

cet effet nocif disparait si

on la mélange avec de la

laitue, des endives, des

bettes, du pourpier. Aide à

la lactation, favorise la

Ses graines peuvent

remplacer les graines de

moutarde en décoction.

153 L’espèce à fleur simple a été introduite par les Arabes en Espagne au XIIIme siècle, en provenance de Tunis et elle est présente dès le XVme siècle dans toutes l’Europe. Une variété àfleur double introduite en provenance de Valence vers 1460. Connu sous le nom d’oeillette en 1470. Son nom Dianthus signifie « fleur du seigneur ». Elle devient après la rose la feur la plus utilisés dans les guirlandes.

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digestion des aliments.

Fumeterre Europe, Asie

tempérée,

Afrique du

nord

Dépurative, médicament

des voies biliaires, lithiase

hépatique biliaire

Dissipe la démangeaison

dans le corps.

Vertus dépuratives sur les

reins, la vésicule biliaire et

le foie

Infusion, vin, sirop

Mandragore Plante vivace

du bassin

méditerranéen.

Propriétés narcotiques et

toxiques.

décoction

Morelle Tous les

continents

Gastralgie, affection

cardiaque, pollution

nocturne, sédatif et

narcotique léger

décoction

Sureau noir Europe et Asie Diurétique, drainant,

adoucissante et anti-

inflammatoire oculaire

Décoction, vin, infusion,

suc, confiture,

Turbith

(racine)

Asie purgatif Décoction

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Feuilles

Feuille de

cane à

sucre

Asie émollient Application locale

Feuille de

saule

Europe Antalgique,

antipyrétique

Décoction

Feuille de

vigne

Régions

chaudes et

tempérées

Antiseptique, anti-

inflammatoire, trouble

de la ménopause,

insuffisance veineuse

Décoction, cataplasme

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« Récolte de la mandragore »

Français14969, [fol.61v]

BnF « cliché IRHT »

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103

- Le règne animal : d’après l’étude de Georges Dillemann154.

Les drogues animales ont peu été utilisées en tant que principe actif. Leur utilisation

se développe surtout à la fin du Moyen Age. Cependant nous retrouvons des

éléments d’animaux comme excipient et additif aux médicaments : graisse (d’ours de

chat, poule…), sécrétions (musc, castoreum…) ou les productions (miel, œufs…)155

Notons une place particulière pour des éléments d’origine animale mais appartenant

au monde minéral (tel que les perles, le corail, l’ivoire, os). Les régimes font partie

intégrante des prescriptions du médecin pour lutter contre la maladie. Bernard de

Gordon décrit de nombreuses « diètes » dans son lilium medicine ayant pour

composition de la matière animale.

« La diete. Il doit user de petits poussins er e oyseaulx champestres et de

poissons scamoux et de eufs moles et de extremités de pourceaux, de moutons, de

cabris, de orgiat d’avenant et de brifuement de toutes ces choses qui sont de legiere

digestion qui ne racroissent point matiere, ne engroissent, ne qui ne concipent, ne

enflent. » [Folio 12R] – exemple d’un régime décrit dans le traitement des fièvres

quartaines (livre I, chapitre VI).

154 Dillemann Georges, La pharmacopée au Moyen Age. II. Les médicaments. In revue d’histoire de la Pharmacie, 57e année, N.200, 1969, pp. 235-244 155 A Montpellier, « parmi les drogues d’origine animale venaient les diverses sortes de musc portées par les caravannes jusqu’aux Echelles du Levant et, de là, amenées à Montpellier, le miel élaboré par les abeilles des Corbières au voisinage de Narbonne, la cire de Barbarie, et enfin la « graine d’écarlate ». Cette « graine » était la cochenille du chêne, Kermès, venant parfois de Valence, en Espagne, mais récoltée surtout dans les « garrigues » langdocienne ; matière tinctoriale faisant la renommée de la « Draperie Rouge » de Montpellier, et aussi médicament très recherché pour la préparation de la célèbre confection Alkermès qui lui devait son nom ». in Irissou Louis, « la pharmacie à Montpelleier avant les status de 1572 », in Revue d’histoire de la pharmacie, 22me année, n°85, 1934 (p. 226-227)

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Animaux à 4 pattes

désignation Indication

Agneau Engendre un sang tempéré,

entre épais et fin

Cabri / Chevreau Engendre un sang épais,

moins chaud que celui

engendré par la viande de

mouton

Mouton Engendre un sang épais,

penchant vers l’atrabile,

(…) ; elle provoque l’atrabile

dans le foie et elle est

nocive à l’estomac

Pourceau (porc) / Porcelle

(truie)

Cerf Provoque une douleur

accompagnée d’un trouble

dans le corps

Oiseaux / Volailles

désignation indication

Poule / poulaille / geline /

poussin

Eteint l’inflammation de

l’estomac

Oyseaulx champestre

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Dérivés des animaux

Ces produits sont souvent des adjuvants aux préparations médicinales. Ils peuvent

favoriser l’appétence du produit ou sa conservation.

Désignation indication

Graisse conservation

Lait d’Amande appétence

Lait appétence

Œuf appétence

Soie de porc conservation

Dans le chapitre IX (livre I) traitant de fievre ethique Bernard de Gordon donne une

graduation sur les laits en fonction de leur provenance et précise que le lait peut se

corrompre (‘tourner’) facilement si il n’est pas bu rapidement. Il précise que le lait est

meilleur si il est écrémé. [Folio 15V et 16R] « lait clere de quoy on osté le beurre.

Donc lait apartient aulx tiziques ou cas que fievre putride n’y seroit meslée, si comme

dit G au XI de Ingenio sanitatis. Et le meilleur lait qui appartient c’est lait de femme,

apres lait de anesse, et apres de chienne, et apres de vache, son peut on le doit

boire de la mamelle de la vache et son ne peut pernes ung vaisseau plain d’eaue

chaulde et le chauffez et luy faites boire tost, car le lait corumpt tantost ainsi que le

lait se corrumpt tantost ainsi que fait semence. »

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106

Serpents, poissons et vers156

désignations indication

Poisson Ramollit le ventre,

surtout son bouillon

Scolopendre / scorpion Lapis de scorpion traite

la pierre des reins157.

L’huile de scorpion est

utilisée en cas de

morsure venimeuse

Serpent Traitement de la lèpre

Les drogues minérales sont peu nombreuses. L’on peut citer :

Les minerais : de fer, d’arsenic, de plomb

Les sels naturels : sel marin, sel gemme, alun, salpêtre, borax

Les gemmes : lapis lazuli, améthyste, saphir, émeraude, rubis

Les argiles ferrugineuses : bol d’Arménie ou Terre sigillée.

156 Cuisine et diététique se trouvent également convoquées pour répondre aux exigences des consommateurs bien particuliers que sont les malades (bouilli avec des aromates). Voir l’article de Nicoud Marylin « L'adaptation du discours diététique aux pratiques alimentaires : l'exemple de Barnabas de Reggio », in Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes t. 107, n°1. 1995. pp. 207-231. Barnabas, médecin àVenise au début du XIVe siècle, « conserve la subdivision classique entre poissons de mer et d'eau douce, mais les critères généraux et théoriques qui permettent de connaître la valeur des différentes variétés sont oblitérés au profit de l'énumération de quelques espèces, sans doute de consommation courante en Italie du Nord. Ces poissons sont en effet péchés, nous dit Barnabas, apud nos, c'est-à-dire dans les lacs et rivières d'Émilie-Romagne et plus largement dans les mers qui bordent l'Italie ». Dans la catégorie des poissons de rivière, Barnabas mentionne les truites, des variétés de grosses carpes, les anguilles, les gardons, les varones désignent les goujons ou les vairons. Parmi les poissons de mer, Barnabas cite les turbots, les rougets mais aussi les soles. 157 Livre IV, chapitre III « Decy les medecines qui de leur proprieté elective et merveilleuse rompent la pierre, cest assavoir lapis […] de scorpions » [folio….]. (lapis signifie pierre)

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107

En plus de l’utilisation des produits de base, la chimie a permis de constituer des

éléments essentiel pour la constitution des drogues, tel que les oxydes, la potasse, la

chaux, le soufre, l’acide Chlorhydrique. Ces préparations sont utilisées dans notre

pharmacopée contemporaine.

On retrouve des composés organiques dans les recettes de Bernard de Gordon, où

ils sont associés à des compositions médicinales : Aluminium, Ambre, Arsenic,

Camphre, Soufre

II) La pharmacopée dans l’ouvrage

A) Les simples et les composés

1- Les médicaments simples

Ils sont composés d’un seul produit actif auquel peut y être ajouté un

excipient. «Les remèdes concernés sont des boissons, des emplâtres, des

injections». Les experimenta sont issus de la tradition des médicaments simples.

Ainsi, Mc Vaugh les définit comme étant « un type nouveau de prescriptions simples,

courtes, peu rigides, utilisant des substances communes, où les doses sont rarement

spécifiées et où la théorie humorale n’apparaît que peu. » Dès que deux simples

sont associées, on parle de recette de santé.

2- Les médicaments composés

Ils sont issus de la polypharmacie arabe. Les remèdes sont des mélanges de

divers principes actifs et d’excipients. Le fait d’associer diverses substances peut être

la traduction d’une incertitude du médecin dans le traitement à prescrire, au patient

mais aussi la traduction du rêve du dogme médical de découvrir la panacée. La

célèbre « thériaque » qui est censée incarner ce rôle, a une composition différente

d’un auteur à un autre et d’un lieu à un autre. Une constante néanmoins : cette

extraordinaire polypharmacie de luxe, de composition assez variable et réunissant

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plus de 60 et parfois plus de 100 constituants158, était composée de quatre groupe

de poudre (à usage purgatif, fortifiant et stimulant et des excitants et des calmants).

Remède universel la thériaque est prescrite pour une multitude de maux159 :

catarrhes, douleurs de jointures, maladies contagieuses, état fébriles (fièvre quarte

en particulier : [folio 11 V] « tu luy donra de aurea alexandrina et de tyriaque »)

troubles digestifs, hydropisie, troubles circulatoires, atteintes du système nerveux,

épilepsie, apoplexie et morsures de bêtes venimeuses. Plusieurs écoles de

médecine vont donner des recettes différentes. Se distinguent particulièrement la

thériaque de Venise et celle de Montpellier. Considérée comme un antipoison (ou

alexipharmaque), les grands (et les riches) se la procurent pour se protéger. La

fabrication des médicaments composés est à l’origine de la connaissance et du

développement de la pharmacodynamie, l’addition de plusieurs substances actives

pouvant modifier l’action voulue du médicament (toxicité, neutralisation du principe

actif…). C’est grâce à cette multitude d’ingrédients que l’organisme pouvait tirer

partie de celui ou de ceux qui lui étaient bénéfiques160. Héritiers de la pharmacie

arabe, les médecins montpelliérains vont user des potentialisateurs pour réduire les

posologies et la toxicité de leurs traitements. Plus il y a d’ingrédients dans une

préparation pharmaceutique, plus elle est chère. La préparation de la thériaque de

Montpellier répond à des règles strictes de préparation dictées par les professeurs de

l’université161. Les composés sont donc plus destinés à un public ayant les moyens

de se les procurer. (cf. annexe exemple de recette de préparation de la thériaque de

Montpellier).

158

Il existe une thériaque beaucoup plus simple, dite diatessaron qui, elle aussi, a parcouru les siècles, mais de façon très discrète, sans doute parce qu'elle ne contient que quatre drogues : racines de gentiane ; racines d'aristoloche ; baies de laurier ; myrrhe.. Flahaut Jean, « La thériaque diatessaron ou thériaque des pauvres », Revue d'histoire de la pharmacie, 86e année, n° 318, 1998. p. 173-182. 159 D’après : Granel François, « La thériaque de Montpellier », in : Revue d’histoire de la pharmacie, N. 229, 1976, pp 75 - 83 160 Id… 161 Granel François, « La thériaque de Montpellier », in : Revue d’histoire de la pharmacie, N. 229, 1976,( pp 75 – 83)

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109

B) Les apports arabes

Les médecins arabes ont enrichi les connaissances pharmaceutiques

antiques. Issues de leurs connaissances, de leurs recherches et de leurs

expériences leurs des préparations médicamenteuses se sont développées et sont

transmises jusqu’au moyen âge. Pour preuve, nous retrouvons des plantes orientales

dans les compositions des recettes médicamenteuses chez les médecins

montpelliérains et dans les préparations médicamenteuses qu’ils peuvent proposer.

Divers types de préparations médicamenteuses liquides ont été inventées par les

Arabes162 et sont portées à la connaissance par divers traduction, qui ont vu le jour à

Montpellier. Vers 1318, Bernard de Gordon encourage son élève, le Valencien

Bérenger Eimeric, à traduire la partie du Tasrif d’Albucassis qui concerne les diètes

des malades. Il le fait d’abord d’arabe en catalan, puis de catalan en latin. Un autre

Valencien, professeur à l'Université de Montpellier, Arnaud de Villeneuve, dont les

compétences sont éprouvées en arabe, traduit divers écrits médicaux de l'arabe en

latin à la fin du XlIIème siècle. Parmi ces écrits il convient de souligner le traité sur les

médicaments simples du poète, médecin et philosophe Abu-s-Salt, habitant (fin XIème

- début XIIème siècle), connu en latin sous les noms de « Albumesar » et " Albuzale ".

Son Kitab al-adwiya al-mufrada est particulièrement intéressant parce qu'il est basé

sur des sources arabes inconnues dans l'Occident chrétien et qui, en fait, pendant la

période médiévale, n'ont été traduites ni en latin ni en d'autres langues occidentales.

La traduction latine d'Arnaud jouit d'une large diffusion, dont une partie ne fut pas en

latin. En effet, l'on connaît une traduction en hébreu et une autre en catalan, menées

à terme au XIV" siècle, bien que cette dernière, assez correcte, effectuée à partir de

la latine par un inconnu, soit conservée dans un manuscrit du XVe siècle163.

162 Dillemann Georges, « La pharmacopée au Moyen Age. II. Les médicaments ». In revue d’histoire de la Pharmacie, 57e année, N.200, 1969, pp. 235-244 163 Lluis Cifuentes, « L'Université de médecine de Montpellier et son rayonnement (XIIIe-XV e siècles) et la vernacularisation au bas Moyen Âge: Montpellier et les traductions catalanes médiévales de traités de médecine », Actes du colloque international de Montpellier, dir. Daniel Le Blevec, 17 - 19 mai 2001, Turnhout, 2004, p. 51 -61.

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110

Forme galénique Appellation arabe

Juleps Jelâb Potion aqueuse préparée

avec des fruits, du sucre

ou du miel

Loochs Laûgât Potion préparées avec

des émulsions

Oxymels scanjabin Dissolution du miel dans le

vinaigre

Sirops Scharâb Essence de plante

associée à du sucre

C) La practica montpelliéraine

Bernard de Gordon et les maîtres montpelliérains de son temps ont permis de

développer une médecine à leur image, enrichie des connaissances de la médecine

arabe et antique. Grâce à leurs réflexions, à leurs recherches et leurs écrits, les

médecins du début du XIVème siècle de Montpellier ont ouvert la voie à l’émergence

d’une médecine moderne et par conséquent d’une pharmacopée renouvelée.

Nous trouvons au XIIIème

siècle deux types d’ouvrages thérapeutiques. Les

ouvrages théoriques de pharmacie, comme l’Antidotarium Nicolaï qui s’impose

comme la référence pour les médicaments délivrés par les apothicaires, et les

ouvrages pratiques. Fleur de Lys en médecine se classe dans la deuxième catégorie

puisque l’auteur y décrit des formules issues de ses recherches et de ses

expériences et donc se détache des dogmes de prescription théorique. Bernard de

Gordon pratique une médecine pragmatica contrairement à certains de ces confrères

(et notamment Arnaud de Villeneuve) qui eux prônent une via intellectualis. Une

controverse concernant les posologies des traitements médicamenteux s’instaure

entre les médecins de Montpellier. Engagé par Arnaud de Villeneuve dans son

Aphorismi de gradibus164, Gérard de Solo propose par la suite l’Introductorium

164 Guénoun Anne-Sylvie, Le médicament chez Gérard de Solo, médecin montpelliérain du XIVme sièle, in Revue d’histoire de la pharmacie, 87e année, N. 324, pp. 465-474 (p. 466)

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111

juvenum qui est un résumé théorique centré sur les apports pharmaceutiques de l’un

de ses premiers traités Commentaire due le Livre IX d’Almasor de Rhazès165 qui est

un ouvrage célèbre pour ses apports en connaissances pharmacologiques. Cette

discordance concerne la graduation des médicaments et leur degré qui doit se

rapproché du degré de qualité (chaud, humide, froid, sec) de la dyscrasie qui

entraine la maladie. Gérard de Solo se rapprocher de Bernard de Gordon en se fiant

à ses expériences et en adoptant le point de vue d’Averroès et d’Avicenne166. A

travers la thèse d'Anne-Sylvie Guénoud167, nous pouvons comparer la pratique

pharmaceutique de Gérard de Solo et de Bernard de Gordon. Ces deux auteurs sont

des médecins ayant exercés à Montpellier au XIIIème siècle rattaché à l’université de

la ville. Leur différence d’âge permet de montrer une évolution dans la pratique de la

médecine et notamment de la pharmacologie. Bien qu’ayant chacun une pratique

d’experimenta168, Gérard de Solo est beaucoup plus précis dans ses recettes

médicales que Bernard de Gordon. Il ne se contente pas en effet de donner des

listes d'ingrédients, mais fournit le plus grand nombre possible de détails concernant

la préparation des remèdes. La dose des ingrédients est notifiée dès que nécessaire.

165 Rhazès (865-932) médecin d’origine perse mais de culture et de langue arabe. Il rédigea de nombreux traités de médecine et de pharmacologie. Médecin chef de l’hôpital de Bagdad et chercheur il prône l’expérimentation et pose les bases de la pharmacologie moderne « Si le patient peut être traité par le régime, éviter les médicaments, les associations de médicaments; et s'il peut être traité par des médicaments simples, éviter les associations de plusieurs médicaments. ». Landry Yves, Petite histoire des médicaments. De l’Antiquité à nos jours, col. UniverSiences, éditions Dunod. 166 Guénoun Anne-Sylvie, « Le médicament chez Gérard de Solo, médecin montpelliérain du XIVe siècle », in Revue d’histoire de la pharmacie, 87e année, N. 324, pp. 465-474 (p. 471) 167 Guénoud Anne-Sylvie, « Gérard de Dolo, maître de l’Université de Montpellier et praticien du XIVe siècle », Ecole nationale des chartres, Paris, 1982 168 « On désigne du terme d’experimentum un fait pratique, un remède dont les vertus avaient été découvertes par l’expérience, dans le présent ou le passé, et ne pouvaient être déduites purement et simplement par le raisonnement », d’après Guénoun Anne-Sylvie, Le médicament chez Gérard de Solo, médecin montpelliérain du XIVe siecle, in Revue d’histoire de la pharmacie, 87e année, N. 324, pp. 465-474 (p. 467)

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112

III) Soigner autrement

A) Les soins techniques

Fidèle aux concepts de la médecine antique, le médecin du Moyen Âge

pratique une médecine des contraires et des semblables (« c’est par ire on le doit

faire estre doulx et debonnaire. Se c’est par tristesse on luy dit faire joye et lyesse, se

c’est par faim on lui doit donner a menger » [Folio 3 V]).

Il Réchauffe le corps (frictions) ou le refroidit (bains). Il allège l’enveloppe corporelle

en permettant l’évacuation des humeurs viciées (clystère, saignées) ou confronte le

malade à des soins de même complexion. Il a donc tout un arsenal de possibilités

thérapeutiques à sa disposition à proposer au patient.

1- Les bains

Le catalan Arnaud de Villeneuve, auteur d'un Regimen sanitatis très largement

diffusé, tient un discours diététique sur le balneum. Il fait une distinction entre le bain

humide et le bain de vapeur ou étuves : le premier sert à se laver, le second à

provoquer la sudation. Bernard de Gordon, lui aussi, a souvent recours au bain

thérapeutique dans les conseils qu’il peut donner pour soigner. La lecture des

chapitres traitant de la fièvre permettent d’argumenter en cette faveur. Face à une

température élevée, un corps chaud présentant des signes cliniques spécifiques

(chaleur, pouls accéléré, face livide, peau rouge…), il est conseillé de donner un bain

froid au malade, qui d’une part le rafraîchisse et d’autre part permet aux pores de la

peau de s’ouvrir et de facilite l’évacuation de la sueur (phénomène physiologique) et

des humeurs viciées. Il peut être proposé par la médecine des bains thérapeutiques

avec l’adjonction d’éléments dans l’eau ou des bains d’eaux spécifiques169. Il est par

169 A noter que Frédéric II prenait le bain à Pouzzoles et que le pape Innocent III avait redécouvert, une décennie plus tôt, les vertus des eaux chaudes de Viterbe. Selon Matthieu Paris, Grégoire IX s'y rendait régulièrement pour y soigner ses calculs. Plus tard, le souci d'hygiène individuelle et un besoin de cures efficaces dont témoignent entre autres Boccace et Pétrarque n sont assurément à l'origine d'un essor véritable de la pratique thermale, manifeste en Italie, tout particulièrement, à partir du XIVe siècle. Les praticiens, en tant qu'experts des choses de la nature, furent régulièrement convoqués par les autorités pour évaluer les qualités des eaux de leurs territoires. Nicoud Marilyn, « Les médecins italiens et le bain thermal à la fin du Moyen Âge », in Médiévales, n°43, 2002. (pp. 13-40)

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exemple, recommandé aux lépreux de se rendre dans des eaux sulfurisées170. Dans

son exposé sur les fièvres, au chapitre de la fièvre effimere, Bernard de Gordon

préconise de prendre un bain thérapeutique avec adjonction de plantes ( [Folio 2R]

« (…) en declinacion de la fievre on le doivt baignier en eaue doulce en laquelle

soyent roses, camomille, mellilot et nenufar »).

2- Evacuation de la matière

« On doit vomir et apres se le ventre n’est lache, on doit faire suppositoires ou

clysteres. » [Folio 3 V]

Pour soulager le corps le médecin préconise traditionnellement l’évacuation

de la matière en utilisant des suppositoires ou des lavements avec des clystères.

L’évacuation des matières est le premier point abordé pour soigner la pleuresis171 :

« Au commencement on doit considerer s’il est constipé se faites cristere ou

suppositoire selon la convenance des choses particulieres » [folio 145R]

Bernard de Gordon conseille également souvent une autre alternative au

malade qui est de faire vomir afin d’expulser les humeurs mauvaises ou

excédentaires172. Dans les premiers chapitres étudiés traitant des différentes fièvres,

il est préconisé de faire vomir le patient. « Je dy qu’en tiersainne et en toute fievre

interpolée c’est bon vomir au commencement du proxime » [Folio 8 R]. Le médecin

peut conseiller un sirop vomitif. (« Avicenne loue moult vomir devant mengier et

apres mengier » [Folio 12 R]).

170 Brocard Nicole, Soins, Secours et exclusion, annales littéraires de l’Université de Franche-Comté, vol.160, diffusion Les Belles Lettres, Presse Universitaire de Franche-Comté, 1988 171 Chapitre IX du livre IV 172 Il est néanmoins préconisé de ne prendre aucune médecine purgative ou vomitive en juillet. En hiver, le phlegme domine et entraîne les catarrhes, la toux, des troubles oculaires. Soranus recommande alors des aliments chauds et substantiels, la consommation d'ache, de poivre et d'aigremoine. Il conseille d'éviter les bains et de purger la tête pour éliminer le phlegme du cerveau. On voit apparaître les médications.

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3- Les ventouses

Dans le chapitre traitant de la lèpre, l’auteur propose en premier traitement

d’appliquer des ventouses dans le dos du patient pour favoriser la circulation du

sang. « Que on face ventouze avec scarificacion entre les épaules ou sans

scarification es jambes » [folio 36 R]. Cette pratique reléguée aujourd’hui au rang des

médecines traditionnelles existe encore notamment dans le cadre de la médecine

chinoise.

B) Saignée et actes techniques

1- La saignée

La saignée est une pratique courante mais qui demande des précautions. Elle

fait sortir le sang du patient. Physiologiquement, elle permet de réduire le volume

sanguin circulant dans le corps. Au Moyen Age, elle permet de purger un sang trop

riche et de rejeter les humeurs viciées. Bernard de Gordon donne des conseils sur la

façon de pratiquer la phlébotomie dans le chapitre traitant de la fièvre Synoque. Il

précise que cett pratique peut être dangereuse et qu’elle doit être réalisée avec

minutie. (« Et me semble que c’est plus seur de faire la saignié a plusieurs fois, tant

que la matiere defaille et non pas la maladie, car je ayme mieulx que la maladie soit

ung peu alongié que on deist que je l’eusse fait mourir » [Folio 9 V]). Au chapitre IX

du livre IV traitant de pleuresis, il décrit très précisément au médecin comment faire

la saignée dans cette affection. Il donne de nombreux repères anatomiques, ce qui

prouve une très bonne connaissance du corps et de son système vasculaire. « En

pleuresis se le corps est plain et vertu forte faites premier saignée selon Avicenne de

la saphenes dicelluy coste et puis se plenitude y est de la basilique de l’autre coste

et se il ne voulait faire des saphenes faite de la basilique de l’opposite coste et dois

cy entendre que selon la doctrine de G sur celle partie : Quando dolor spatulas etc.

Du foye vient une veine173 et va au cueur et se divise apres174 et monte droittement

173 Veine cave inférieur

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jusques à deux guide gi, mais depuis qu’elle vient du cueur ung ramel yst hors du

troncs droit vers dextre et senestre et font la basilique en la curvature du bras. Ces

deux basiliques tirent du puis et pource ce seroit chose egale quant a ce de saignée

de quelconque que ce fust fait, car la distance est egale, mais aultres choses ya, car

les veines capillaires qui nourrissent les haultes costes elles ont colligance avec les

veines capillaires qui viennent de la basilique et ainsi au commencement saignes le

corps » [folio 145R].

Réseau veineux du bras175 trajet de la veine cave176

2- Médecine manuelle et petite chirurgie

Bernard de Gordon décrit dans son ouvrage Fleur de lys en medecine des

actes de petite chirurgie. Dans le traitement de la lèpre, il explique comment ablater

les bubons pesteux. « Nous venons a oster les bossectes et eminences et y’a

plusieurs manieres de elles elever. Aulcuns les copent en croix et les aultres les

ostent par corosis, les aultres les cauterizent mais vecy la meilleur maniere de elever

c’est que vous pernes le neu ou bossette a ung croc ou unes pincetes et le coppes

tout hors d’un rasoir et faictes ainsi de tous se le patient le peut souffrir. Et

assembles le sang que en ystra et le mesles tres bien avec litargie bien pulverizé et

174 Veine cave supérieur qui se divise pour former les veines brachio-céphalique. 175 www.Soins-Infirmiers.com 176 www.Larousse.fr

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toute la face et tout le lieu en soit emplastré et le laissiés ainsi jusques a trois jours et

puis le lavés d’eaue de bren qui s’appelle « aqua furfu… » [Folio 37V]. Il n’hésite pas

à manipuler lui-même ses malades pour les soulager. Dans le livre IV au chapitre III

traitant de coliques néphrétiques (pierre dans les reins) il indique au médecin

comment évacuer les calculs rénaux en mobilisant le malade : « Or venons a la cure,

se la pierre est ou col de la vecie et qu’il ne puisse picer leves luy les hanches fort en

hault et les hurtes et frotes la verge et le penils et la pierre yra au fons de la vecie et

pourra picer…Item s’il ne peut picer pour ce que la pierre est trio grande et estoupe

le conduit qui est petit faites ainsi qu’il tienne le chief bas et hurtes la vecie et frotes

et comprimes et la pierre se descendra en la vecie et poura picer et sera remede

temporel ou boutes le doit en son cul et comprimes ». Cependant il fait la distinction

entre les actes du médecin et ceux du chirurgien : « La cure de la pierre qui se doit

faire par la main du cirgien quant est de present je le laisse. » Nous pouvons penser

qu’il laisse au chirurgien le soin de faire les gestes invasifs.

C) Hygiène de vie

La notion d’hygiène est ancienne. L’Antiquité a déjà conscience de

l’importance de respecter des notions élémentaires d’hygiène « pure », d’hygiène de

santé mais aussi d’hygiène de vie. Ainsi, nous retrouvons des traités qui décrivent les

règles à respecter pour une vie saine, tel que l’Epitre sur la vie Saine177 de Dioclès

de Caryst ou le traité d’hygiène de Galien (129-216).

Une vie saine dans un corps sain pour accéder à une vie spirituelle épanouie.

Les « régimes de santé » de la fin du moyen – âge sont destinés à des hommes de

haut niveau, pour leur permettre de « garder la santé ». D’après les recettes qui sont

proposées, ces hommes doivent suivre des conseils sur leur mode vie et qui leur

permettent d’éviter d’être malade et d’atteindre une longévité acceptable. L’homme

doit vivre dans un environnement pur (il y a analogie entre environnement et air

respiré). L’air doit être sain car pour le Moyen Age c’est l’un des éléments

environnementaux essentiels. En effet, l’air pénètre le corps pour lui permettre de

vivre en allant directement au cœur. L’air peut être modifié artificiellement par

177 Grmek Mirko, Histoire de la pensée médicale en Occident, Antiquité et Moyen Age, ed. Seuil (p.258)

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l’homme et donc peut être rendu nocif. Traditionnellement l’air des villes est

considéré comme plus pur que celui des campagnes. L’exercice physique est

considéré comme indispensable et les régimes de santé détaillent précisément les

activités à réaliser. C’est la marche à pied qui est le plus préconisée. L’alimentation

est fondamentale pour l’équilibre du corps et son bon fonctionnement. Le sommeil

permet de favoriser la digestion et est également décrit l’importance de l’hygiène

corporelle.

Les régimes sont différents en fonction des personnes auxquelles ils

s’adressent. Il y aura donc des différences entre les traités sur l’hygiène du petit

enfant et ceux concernant le vieillard. Cette médecine préventive est basée sur la

prise en compte des « Six causes » décrites par Galien. Les « choses non

naturelles »178 sont les suivantes : l’air ambiant, l’inanition du corps, la nourriture et la

boisson, le mouvement et le repos, le sommeil et la veille, les émotions ou passions.

Peuvent s’y ajouter le bain et l’activité sexuelle, le vêtement ou le logement, en

fonction du climat ou des saisons179.

Les régimes de santé ont pour objectif de permettre aux hommes d’accéder à

un équilibre du corps, aussi bien entre le corps et son environnement qu’à l’intérieur

du corps. Fidèle au principe de la théorie des humeurs, tout déséquilibre entraine la

maladie. Fleur de Lys en medecine, n’est pas un livre de régime de santé à

proprement parler, mais nous y retrouvons, tout au long des parties traitant de « la

cure » des maladies présentées, des conseils d’hygiène alimentaire. Ainsi lorsqu’il

parle de la fièvre pestilenciale, il préconise une alimentation légère, sans excès en

temps pestilence (« Et si se doit bien generalement garder de trop boyre, de trop

mengier. [Folio 17 R] »). Dans le cadre de la médecine évacuatrice, la diète est

conseillée aux malades : ils doivent se nourrir de viande légère en petite quantité. « Il

doit user de petits poussins et oyseaulx champestres et de poissons scamoux et de

eufs moles et de extremités de pourceaux, de moutons, de cabris, de orgiat

d’avenant et de brifuement de toutes ces choses qui sont de legiere digestion qui ne

racroissent point matiere, ne engroissent, ne qui ne concipent, ne enflent. » [Folio 12

R]. Bernard de Gordon consacre cependant quelques pages à présenter brifement

178 Jacquart Danielle, La médecine au temps des califes, Paris 1996, p.173 179 Le Coz Raymond, Les chrétiens dans la médecine arabe, éditions l’Harmattan, 2006, p. 170

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les principes d’un régime de santé dans le chapitre VIII de fastide (du livre V) dans

un paragraphe qu’il appelle de ce nom. « Cest le traicte de regime de sante. Par la

grace de Dieu nous entendons a faire ung traité long de regime de santé, mais par

grace de matiere nous voulons cy dire briefment sur le regime de santé ».

L’environnement du malade doit également être pris en compte : ainsi il peut

être proposé d’aérer la maison et de l’embaumer de fumées de plantes médicinales

afin de restaurer un air pur non vicié propice au rétablissement de l’équilibre du

corps. « Item note que en effimere [fievre] qui vient par chaleur on doit mettre fleurs

froides au lit, c’est a entendre de present antour le lit pour alterer l’air, non pasque les

flours touchent a la chair nue car ce seroit doubte que les porres se clousissent »

[folio 4V].

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119

« Au Moyen Âge, ce qui est déterminant c’est l’emprise d’une pensée

religieuse. La Bible reste le texte de référence expliquant l’univers et la société et

réglant les comportements culturels, politiques et sociaux »180. La religion est

omniprésente mais n’influence pas particulièrement Bernard de Gordon ; elle a juste

une place naturelle et légitime dans son mécanisme de pensée et de raisonnement.

Son écrit est le reflet de la vision du monde tel que peut le décrie un intellectuel de

son époque. Au delà de la part scientifique de l’ouvrage, nous accédons au

mécanisme de pensée de l’homme du début du XIVème siècle. Bernard de Gordon

nous permet d’appréhender son monde, avec ses peurs, ses croyances et sa vision

de l’univers. Comme nous le montre l’historien Michel Pastoureau181, l’homme du

Moyen Age n’a pas le même ressenti que nous pouvons avoir aujourd’hui par rapport

à l’environnement. Il cherche des réponses concrètes, rassurantes ou effrayantes, à

ses interrogations en puisant dans la Bible et la religion.

L’étude de l’incunable Fleur de lys en medecine de Bernard de Gordon nous

permet de mettre en avant la pensée médicale du début du XIVème siècle. Le

discours médical proposé est issu de l’héritage antique et des connaissances arabes,

enrichi par les observations personnelles de l’auteur, de son expérience et de sa

culture. Lettré et scientifique il propose de nombreuses recettes médicamenteuses

qu’il détaille avec précision et nous fait part de ses commentaires. L’auteur, médecin

et enseignant reconnu de la jeune université de médecine de Montpellier, tient des

propos pouvant être considérés comme étant une des bases de connaissances qui

ont permis le développement de l’école de médecine de la ville. En effet, sa pratique

en médecine traite de l’ensemble des affections du corps et des soins que l’on peut

apporter. Il met en avant à de nombreuses reprises l’art et la place de la profession

médicale dans la société ce qui indique clairement l’émergence de l’identité

professionnelle médicale. Erudit et pédagogue, Bernard de Gordon transmet ses

connaissances simplement et n’hésite pas à donner ses conseils aux étudiants.

L’université de médecine de Montpellier va connaître un rayonnement dans tout

l’Occident devenant un centre d’étude privilégié et réputé. Bernard de Gordon

appartient à la première génération de médecin de l’université de médecine de

180 Le Goff Jacques, Un long Moyen Âge, coll. Pluriel, hachette littératures, éditions Tallandier, 2004 (p. 30) 181 Pastoureau Michel, Bestiaire du Moyen Age, éditions Seuil, octobre 2011

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120

Montpellier. Tout comme son contemporain, Arnaud de Villeneuve, il infleuence la

pensée des futurs gands médecins qui feront le renom de l’école de médecine de

Montpellier, tels que Guy de Chauliac, Jean de Tournemir ou Gérard de Solo qui le

citent dans leurs écrits. Cependant, la place de Bernard de Gordon dans le

développement de l’université de médecine de Montpellier reste à définir. En effet, il

est reconnu comme étant un médecin de qualité et un enseignant de renom à travers

ses ouvrages, mais nous avons peu de traces de son engagement dans l’institution

universitaire montpelliéraine.

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ANNEXES

I)

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Table des annexes

Introduction ...................................................................................................... p.126

Transcriptions d’extraits de Fleur de Lys en medecine ............................... p.127

I) Premier livre ..................................................................................... p.127

1- « Le premier livre partle de fievre en general » ................ p.129

2- « Le second parle de fievre effimere » ............................... p.130

3- « Le tiers parle de fievre causon » ...................................... p.136

4- « Le quart de fievre tierchaine » .......................................... p.141

5- « La V de fievre synoque » .................................................. p.147

6- « Le VI de fievre quartaine » ................................................ p.151

7- « Le VII de fievre cotidienne » ............................................. p.156

8- « Le VIII de fievre composte » ............................................. p.161

9- « Le IX de fievre ethique » ................................................... p.162

10- « Le X de fievre pestillenciale »........................................... p.165

11- « Le XI de sueur »................................................................. p.167

12- « Le XXI de lepre » ............................................................... p.171

13- « Le XXVII de maladie des ongles si comme panarice,

spasme, lepre et ongle blanc et de macule putrifiée et

fendures et des semblables » ............................................. p.188

II) Livre III .............................................................................................. p.189

1- « Le XXVII des passions des gingives » ............................. p.189

III) Livre IV .............................................................................................. p.191

1- « Le IX de pleuresis » .......................................................... p.191

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IV) Livre VI ............................................................................................. p.202

1- « Le XII de la pierre des reins » .......................................... p.202

V) Livre VII ............................................................................................. p.206

1- « Le VIII des menstrus retenus » ........................................ p.206

VI) Présentation des sommaires des six autres livres de Fleur de lys en

medecine ........................................................................................................................ p.210

Références de Bernard de Gordon dans ses écrits ....................................... p.217

Lévitique .......................................................................................................... p.218

Extrait du texte de la traduction française du manuscrit H 317 De passionibus

mulierum ........................................................................................................... p.221

Symboles et allégories dans l’ouvrage Fleur de lys en medecine ................ p.223

Synthèse des chapitres traitant de la fièvre .................................................. p.235

Comparaison entre les textes : la peste .......................................................... p.245

Lexique ............................................................................................................. p.246

Bibliographie .................................................................................................... p.256

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126

Abréviations utilisées par l’auteur :

A = Avi. = Avicenne (ou Avicene)

G = Ga. = Galien

Y = Yppo. = Hippocrate

Ouvrage de Bernard de Gordon

Imprimé l’an 1495

Ex libris P C Marchant

Doctoris medici Biscuntini

« Cet ouvrage le plus étendu, le plus clair et le plus méthodique qui soit sorti

de la plume de Gordon, est un traité complet de la manière de guérir toutes les

maladies alors connues. Production supérieure à tout ce qui avait paru dans le

genre, elle fut justement admirée, et plusieurs fois imprimée.

Cette édition est rare, elle se trouve décrite dans L’esprit des journaux, de

février 1781, page 281 »

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127

Le premier livre

[folio 1R] Cy commence la pratique de tres excellent docteur et maitre en

medecine, maistre Bernard de Gordon, qui s’appelle fleur de lys en medecine.

Socrate fut interrogué et aulcun demandé comment on pourroit tres bien dire.

Et il respondit « Se tu ne dis fors ce que tu scauras tres bien, certainement nous ne

scavons nulle chose, fors ce que nous disons souvent, est ce qui est commun, et ce

que tout homme reçoit. Et pour ce que la povreté ou faiblesse de l’engin ne peult

soustenir choses difficilles et estranges, pour ce j’ay fiance au Seigneur des sciences

a faire et traicter aulcunes choses communes et profitables pour le proffit de ceuls

qui sont humbles, c’est assavoir ung livre pratique. Et pour ce qui je escrips aux

humbles, ceux qui sont orgueilleux en sont déboutés et leur convient separer des

aultres, car ils desprisent les escrips communs, et ont vergoigne de dire une chose

puisqu’elle est dicte une fois. Et toute fois, dit Seneque, que une chose n’est pas trop

dicte quant elle ne fit pas asses dicte. Et Orace dit que une chose peult estre

recordee dix fois. Donc pour ce que la memoire de l’omme est foible, je n’ay point de

vergogne a dire et a repeter aux humbles aulcunes choses communes de pratique,

c’est assavoir de medicine et de cirurigie, car si comme dit Galien au livre qui

s’appelle De ingenio sanitatis. Nul ne se peult mieulx approcher a Dieu que en

estudiant en verité et pour verité. Donc en l’onneur de l’aignel celeste qui est

splendeur et gloire de Dieu le pere, je intitule et appelle ce livre cy Fleur de lis de

medicine, en latin lilium medicine. Car au lis sont plusieurs fleurs et en chascune

fleurs sont VII fueilles blanches et VII grains ainsi comme dorés, et semblablement

ce livre contient sept parties. La premiere est d’or clere et respendissans, car elle

traite des maladies universelles et commence aux maladies de fievres. Les aultres VI

parties seront blanches et transparans par leur grant demonstrance. Ce present livre

fut commencé par la grace de Dieu au noble estude de Montpellier, apres ce que je

eux leu par l’espace de XX ans. Ce fut l’an de Nostre Seigneur mill.ccc. et trois au

mois de juillet. La premiere partie de cestui livre contient XXX chapitres comme il

appert cy apres.

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128

Le premier chapitre parle de fievre en general.182

Le second parle de fievre effimere.

Le tiers de fievre causone.

Le quart de fievre tierchaine.

La V de fievre sanguine.

Le VI de fievre quartaine.

Le VII de fievre cotidiennes.

Le VIII de fievre composte.

Le IX de fievre etique.

Le X de fievre pestillenciale.

[Folio 1V]

Le XI de sueur.

Le XII de vairolles.

Le XIII de vermes et enveninemens.

Le XIIII de morsure de serpens et des aultres bestes venimeuses reptiles.

Le XV de pointure de mouches qui s’appellent veppes especialment de leur

morsure.

Le XVI de morsure de chien enragé et de maladie qui s’appele ydrosorbie.

Le XVII parle de douleur

Le XVIII des apostumes chaulx, engendrés par voye de adustion avec les

dependances.

Le XIX de veruques, de porreaux, de acrocordines et lupins et semblables de

antrac ou charboncle.

182 Ajout à la main : « et des fièvres de Saint François ».

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129

Le XX des apostumes frois

Le XXI de lepre

Le XXII de morphée

Le XXIII de scabie

Le XXIIII de pustulles

Le XXV de playes et de solution de continuité.

Le XXVI de flux de sang qui flue trop abondamment

Le XXVII de maladie des ongles si comme panarice, spasme, lepre et ongle

blanc et de macule putrifiée et de fendures et des semblables.

Le XXVIII de arsure de feu ou d’eau chaulde ou de fer chault

Le XXIX de ragadies et des ulceres des piés et des mains.

Le XXX de messagiers et de ceux qui cheminent par chemin.

Le premier chapitre parle de fievre en general.

Fievre es chaleur innaturelle muée en ardeur. Toutes fievres sont chauldes,

mais non pas de chaleur naturelle, car chaleur naturelle est conservatrice : et chaleur

non naturelle est destructive et corruptive et est ardant et adustive, car aultre chaleur

qui vient ou par yre ou par labeur ne fait pas fievre mais grand mutacion fait fievre et

a donc les operacions naturelles sont blecées sensiblement. Donc comme il fait ainsi

que fievre soit propre passion de cueur : et que le cueur soyt embrasé et enflammé,

les espris de vie qui viennent du cueur et yssent avec sang ils vont par tout le corps

et le eschauffent hault et bas comme en lipie et es semblables. Car fievre est plus

griesve maladie de toutes : si comme G183 le dit au VIIe du livre qui s’appelle De

ingenio sanitatis. Et pour ce, nous voulons commencer a maladie de fievre, et pour

ce, tu dois scavoir que sont trois manières de fievres : c’est assavoir fievre effimere

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qui est es esperis de vie, fievre putride qui est es humeur et fievre etique qui est es

membres fermes et solides.

Item fievre ont quatre temps si comme ont les aultres maladies, c’est

assavoir : commencement, accroissement, estat et declinacion. Et qui vouldra

scavoir les differences et les gendres et les manieres et aussi toutes les especes de

fievres et la congnoissance des temps des maladies [folio 2R] ainsi que elles sont

distinguées et divisées par la digestion et par les peroximes si voyse a nostre livre de

prenostication : car en ce livre la, par la grace de Dieu, nous avons mis et assemblé

les dits de Avicene, de G et de Ypocras et des aultres dont nous voulons commencer

a fievre effimere.

Cy parle de une fievre qui s’appelle effimere. (Cap. II)

Effimere c’est une fievre qui vient par destemprance des esperis et selon la

nature, elle ne s’estent pas oultre le tiers jour. En ceste matiere, tu dois entendre

cincq choses. La premiere est des causes de effimere. La seconde est des signes.

La tierce est de la prenostication. La quarte de la cure. La quinte de la clarification

des dictes maladies, non obstant que de fievre effimere soyent plusieurs causes

comme est fluc de sang, trop rafaiter, ire, gloutonnie, faim, trop veiller, lincopie, et

plusieurs semblables. Toutes fois, toutes ces choses on peult ramener a quatre. La

premiere chose de effimere est choses extrinseques et foraines eschauffans ou

estoupans actuellement ou potentiallement les pores si comme est chaleur de soleil

ou de feu ou de baing ou de estuves avec choses chauldes ou par eaue froide et

briefment pour toutes choses qui cloent porres et retiennent vapeur.

Et pour ce, tu dois scavoir que selon la diversité des vapeurs et des corps sont

engendrées diverses fievres car se le corps est chaults et sec : et que les vapeurs

chauldes et seches sont retenues par ce que les pores sont cloz ou par aultre chose

semblable, a donc legierement s’engendre fievre effimere. Et le corps est chault et

moiste et vapeurs chauldes et moistes soyent retenues : a donc legierment en vient

fievre putride. La seconde cause de fievre effimere ce sont viandes, beuvrages et

medecines chauldes, si comme vin fort, pur et viel aux oignons porrés euforibium et

les semblables mesmement en ceulx qui ne l’ont point acoustumés. La tierce cause

est mouvement et eschauffement de corps et de voulenté, si comme labourer,

couroucer et les semblables. La quarte cause ce sont apostemes des inguignes et

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aisselles et les semblables. Et s’il y a aucunes aultres causes elles pevent estre

ramenées es causes devant dictes.

Les signes de fievre effimere aucuns sont generauls, aucuns sont especiaulx.

Vecy les generaux. Effimere ne vient pas par choses antecedentes, mais choses

primitives et communement elle ne vient pas avec rigour. Le poulx et l’orine ne sont

pas trop bons de chaleur naturelle : ne la chaleur n’est pas pongitive ne mordicative

au taster, ains est ainsi que chaleur de homme couroucé ou qui a trop labouré. Et

communement elle se termine de sueur humide naturelle. Et dit Avicenne que se on

met ung tel malade en ung bain et quil ne luy viegne, aucune horipilation ou hirsure

c’est signe de effimere.

De cy les signes especiaulx se effimere vient par chaleur de soleil ou par

chose semblable, a donc la teste est [folio 2V] chaulde et les yeulx et se on taste la

face le cuir et le pouls, ils se debatent et esmeuvent de plus en plus. Mais se la

fievre vient par trop grant froidure, la beaulté de la face se mue et devient livide et

s’elle est causée par choses stiptiques et opilatives, on sent le cuir sec et ainsi

comme estendu et son sent le cuir, on sent ainsi que chaleur occulte et se on tient

longuement la main sur le cuir on sent chaleur ague. Et se elle vient par viandes ou

par beuvrages a juz, on sent chaleur entour la region du foye et l’orine est tainte. Et

s’elle vient par labeur et par travail, on a foiblesse par tout le corps et douleur es

jointures. Et se c’est par ire ou pas couroux, les yeulx sont apparans et engrossis et

la face est rubiconde, et se c’est par tristesse, les yeulx sont concaves et enfossez et

se c’est par luxure, on sent les choses de dedens chaudes estendu et deficatives. Et

se ces signes si especiaulx ne souffisent nous recourrons au jugement du patient.

Item des choses primitives on ne doit pas faire grant compte car les engins de

curer maladies ne viennent pas des causes primitives, mais viennent de l’essence et

nature de la maladie ou du membre. Si comme le tesmoingne Galien prince des

medecins, au vuitiesme livre de ingenio sanitatis au troisiesme chapitre. Nonobstant

que aulcuns se pensent bien avoir fait une grant philosophie se ils peuvent devenir

es causes primitives par les signes du corps, mais cecy ne fait rien a la cure,

touteffois il fait bien a avoir aulcun congnoissance. Et vecy exemple : prenons que le

cuir du patient effimere soit dur et aspre, et roide et opilée, donc se on congnoisse la

maladie, le medicin doivt eschauffer, subtilier et couvrir par quelconque cause que

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soit ou par sumac, ou par galles, ou par galbanum, ou par baing d’eaue froide, ou de

vive, ou semblables. Donc quant je cognois la maladie, je la puis curer par quelque

cause que ce soit et ainsi les causes primitives ne font riens a la cure, non obstant

que elles vallent a cognoistre car puisque reste que aulcuns sont baigniés en eaues

stiptiques, je scoy que les porres sont espessis.

Pronostication, Fievre effimere, selon Avicenne est de legiere cure et de

difficile congnoissance et celluy qui la congnoist peut dire cest fievre sera bien et tost

terminée, car « effimere » de sa racine « ne dure pas oultre », ung jour naturel et est

dicte de « essimon » en grec qui signifie « ung jour », « poisson » en latin car, le dit

poisson meurt le jour qu’il naist, et ainsy est il de ceste fievre car sa nature elle ne

dure pas oultre XXII n heures. Et a donc elle se termine par sueur vaporative, non

pas trop. Touteffois pour la malice du regime et par la nature du corps, cest fievre

dure jusques au second jour ou jusque au quart et quant elle passe ce n’est pas

effimere.

Item se elle ne pose apres le escay, le poulz est divers et la orine indigeste,

c’est signe qu’elle est passée en fievre putride, meismement quant ce qui y sont du

corps est moult puant. Et le corps est sec et aride au taster cest double de fievre

ethique et non fievre effi [folio 3R] mere donc.

Cure. Donc a curer fievre effimere du commencement, on donne viande de

legiere digestion, si comme est orgiat ou une petite poulle et vin blanc avec plante

d’eau et ne doivent point mengier jusques en la declinacion de la fievre. Touteffois, tu

dois scavoir que ceux qui sont atenuis on doivt aultrement ouvrer, ce dit G au livre

De ingenio sanitatis. Car se le patient collorique, megre et atenues qu’il aye moulte

labouré et aye esté au soleil chault ou en chose semblable et la fievre le preigne en

nulle guise on ne lui doit faire tenir diette ou jeune de troys jours. Ainsi tantost, on luy

doit bailler viande ou il cherroit en ethique ou il mourroit, et s’il est de forte vertu on

ne le doit repaistre devant en declination et ainsi patiens qui ont effimere se

conviennent en plusieurs choses, et aussy se convienent en baing car en declinacion

tous ceulx qui ont fievre se peuvent baigner. Toutes fois ceulx se doibvent garder qui

sont enclins a fievre putride si comme sont opileis remplis et qui ont crapuleis et

ceulx qui ont catarre. Se le catarre n’estoit adjusté si comme le dit Avicenne, car en

tel caterre on peult faire baing en declinacion.

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Item on peut faire cure especial car on fait aultrement en malade chaulx,

aultrement en frois, aultrement en opileis, aultrement en non crapuleis. Donc se

aulcune ont fievre effimere par causes chaudes, il doivt user de choses froides et

speciallement en la teste s’il vient par eschauffement de soleil ou ire et par choses

semblables.

Donc ce, c’est catarre « (…) sandalorum…camomille…IIaque…in

aceti…rosarum... » bulliante l’eviter una undatione et en faictes aulcunement au

patient recepvoir la fumée. Et se la douleur estoit au chief moult grande avec grant

chaleur et qu’il ne peust dormir «(…) seminis papaveris albi…in albi…aceti aque

rosarum…succi latuce patulace…semis ». Et les meslés et mettes au feu ainsi qui

appartient et y boutez des drapeaulx et les mettes au front du patient.

Item l’air de la maison soit aulcunement refroyde part grant plante d’eaue et

par fueilles de saulse et aussi par bon vin aigre et par nenufar et par les semblables.

Le lieu doivt estre sur terre et pas romatique et la porte et les fenestre soient devers

septentrion. Mais en declinacion de la fievre on le doivt baignier en eaue doulce en

laquelle soyent roses, camomille, mellilot et nenufar. Et puis on le doit repaistre

d’orgiat, d’avenat ou de amidon ou d’une jeune poulaille et des semblables et doit

user de vin blanc bien foible avec d’eaue et soit tout refroidie et mis au millieu d’ung

parfont puis d’eaue doulce et puis doivt dormir et reposer. Et se la fievre estoit venue

par froidure et par les porres qui furent cloz, on les doit mettre en maison qui soit

atremprement chaulde et couvrir competamment et le doivt on froter doucement. Et

en declinacion s’il y’a opilation [folio 3V], on le doit froter et faire suer en air chault et

puis le doit on mettre en eaue avec camomille et mellilot et luy doit on faire menger

agnaulx jeunes ou poussins et vin, se on avait doubte de forte opilation et de

repletion de corps. Et doys entendre que ou est forte opilation et repletion se on se

doubte de fievre putride, adonc on doit faire fleubotomie, mais regulierement en

aultre fievre effimere ne compte point evacuation se ce n’est en crapule ou en patient

qui soit fort opile et remply. Et se l’effimere estoit par viandes chauldes, on doit

mettre choses froides sur la region du foye et ce c’estoit par chosesd froide et avec

revme on doit suffumiguer le chief de encens avec ung petit de roses et ce c’est par

ire on le doit faire estre doulx et debonnaire. Se c’est par tristesse on luy dit faire joye

et lyesse, se c’est par faim on lui doit donner a menger attemprement ainsi qu’il

appartient et se c’est par sincopim, on doit conforter les membres principaulx et ainsi

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des aultres par leur contraire, mais pour ce que effimere qui est avec opilation meine

souvent a fievre putride pour ce on doit seigner le patient et froter et puis estuver et

froter avec farine d’orge et de ceses de feves et de mitre. Et, s’il avenait qu’il eust

aucune horipilation, il ne doit pas estre en baing dit Avicenne. Et il avoir crapules il se

doit fort travailler ou estre au soleil chault, et se les veines sont estroites et qu’il face

une reupe fumeuse on se doit doubter de fievre putride, mais il advient peu souvent

en eructuation s’elle n’est aceteuse. Adonc se la viande est en l’estomac, on doit

vomir et apres se le ventre n’est lache, on doit faire suppositoires ou clysteres et en

declination baings et puis donner viandes, car longue abstinence luy appartient en

crapulle nauseative se la matiere est digeste on peult faire fleubotomie et se la fievre

est lache on doit conforter la digestion de l’estomac par dyacrion pipereon et luy doit

on donner poissons de gravelle, mais au patient qui crapulle et vomit la meilleur

medecine, c’est s’il a fluc de ventre voluntairement. Mais se c’estoit par aposteme

des enjunctiones des membres principaulx ou pour furoncles ou pour scabie ou

chose semblable, on luy face tenir abstinence et face fleubotomie et prengne

medecine et soyent cures ainsi qu’il appartient, si comme nous dirons en leurs lieux

et pour ce qu’on appelle pou souvent le medecin pour fievre effimere, je n’en vueil

plus parler di celle.

Pour declairer ce que diste est et plusieurs choses qui sont a dire, tu doys

entendre briefment selon l’entencion de G en son premier livre des differences de

fievres en corps humains ne sont que trois choses : c’est assavoir membres solides

humeurs et espris et selon ce sont diverses fievres, car se les membres solides se

sureschauffent.

Premierement et subjectivement cest fievre ethique et resemble a de baing fait

en paroit ou en estuve selon Avicenne. Mais se les humeurs se eschauffent

premierement et subjectivement, ainsi vient et est fievre putride et ressemble a l’eaue

du baing. Et se les esperis [folio 4R] se eschauffent premierment et principalement

ce sera fievre effimere et ainsi ils ne sont que trois manieres de fievres et ainsi il

s’ensuit que nulle fievre ne peult apres luy laisser effimere, mais effimere laisse bien

après luy autre fievre pour ce que en chascune fievre tout seschauffe, mais non pas

subjectivement et pour ce qui est en chose ferme ce qui est au subtil cessera.

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Et ainsi se l’eschauffement des membres et des humeurs cesse tantost

cessera l’eschauffement des esperis, et ainsi nulle fievre ne laisse apres luy effimere,

mais le contraire peu bien advenir, car se calefaction des esperis cesse

subjectivement non pas pour ce cessera l’eschauffement des choses solides et des

humeurs et ainsi il appert que les autres fievres peuvent ensuivir effimere, mais

effimere ne peut ensuyvir les aultres.

Secondement, tu dois entendre que fievre est appellée chaleur innaturelle

pour ce ne sera pas cause et effec, car elle est causée de chaleur innaturelle, car la

chaleur qui est en la matiere est le cause et chaleur qui est actuellement enflammée

au cueur est l’effect.

Tiercement, tu dois noter que la chaleur naturelle et innaturelle pevent estre

tout ung en espece on en semblance, car c’est toute chaleur et est en ung lieu si

comme au cueur dont fiue chaleur ardant du cueur qui est embrazé, car fievre n’est

pas aultre chose que chaleur naturelle muée en ardeur et ainsi chaleur naturelle et

non naturelle pevent bien estre ensemble en corps mixte et pourtant ils engendrent

nouvelle espece si comme en fievre. Aulcuns vient qu’il y’a difference car l’une vivifie

et l’autre mortifie et ainsi et le peut estre ensemble car elle trait disposition naturelle

elle fait vie et digere la matière de la viande et de la maladie et quant elle traictera

dispositon innaturelle, elle corrumpt et mortifie.

Item suppose que chaleur et esperis se different et par adventure que non

toutesfois pour ce ne sera ce pas aultre fievre en chaleur naturelle et aultres en

esperis.

Item tu dois noter que souvent effimere vient avec apostemes des inguignes

et des aisselles et des semblables plus que a aultres grans apostemes, pour ce que

ce sont evinentoires des nobles membres et pour les esperis sont enflambés

legierement et y vient effimere car celle matiere n’est pas si putrifiée.

Les aultres apostemes, si comme sont feroncles et les semblables et scabie

sont engendrez le plus de matiere corrumpue et putrifié et mesmement quant cest es

parties de dedens et en tel cas s’ensuyt fievre putride et pour ce dit Ypo. en vubes

toute fievre est mauvaise fors effimere, car puis que la matiere est cause efficente

elle peche plus par quantité par sa male qualité.

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Item tu doys entendre comment fievre vient par vomir, par tristesse, par

dormir par sincopim et par les semblables et si refroident. Si te dit que que c’est par

accident et mesmement il advient en nausée ou en vomir, en persone colerique ou

quelles fumés que sont chauldes et seches et agues si sureschauffent [folio 4 V],

mais en aultres personnes et en aultres cas c’est pour les esperis qui sont estrains et

par les porres si sont cloz et par choses semblables. Item note que effimere n’est pas

avec rigueur pourtant qu’elle n’est pas communement en matiere putride infecté et

horrible.

Item note que en effimere qui vient par chaleur on doit mettre fleurs froides au

lit, c’est a entendre de present entour le lit pour alterer l’air, non pasque les flours

touchent a la chair nue car ce seroit doubte que les porres ne se clousissent et de

fievre putride.

Item en cure d’effimere n’est pas bon de rafaiter affin que les esperis ne

senflamment. Et en ceste matiere ycy je ne vueil plus parler, j’ay paour que je ne

soye trop long.

De fievre appellé causon ca. III

Causon est fievre continue, engendrée de colle dedens les vaisseauls en

membre noble ou en lieu prochain du cueur. Fievre causonique ou elle est

engendrée de colle rouge pure ou de fleume salse en telle maniere que la colle

peche aucunes fois par raison de la qualité ou de la quantité ou l’ung ou de l’autre.

Dont elle se enflamme fort et comme colle rouge soit moult enflambée et plus que

autre, car elle est en l’estomac ou au foye, ou en membre prochain du cueur, mais

tiercheine continue est de matiere putrifiée es voynes qui sont loing du cueur et

causon est es voynes prochaines. « Causon » signifie embrasement et vient peu aux

anciens et se ils les ont c’est signe de perdicion et comomunement il vient es jeunes,

et quant les aultres choses particulieres y sont tant est il plus fort. Et aussy est il fait

selon Avicenne de fleume salse putrifié et enflammé en y ceulx lieux. Decy le

souverain signe grant embrasement en tout le corps sans repos et le sueffron a grant

peine avec maul, mais accident si comme est frenezie et mal dormir. Aulcunes fois

fort dormir, noirseure et seicheur de la langue, sincopim, ictericie, tremeur, fluc de

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ventre, aulcunes fois retencion de la fiente, petit poulx hatif, urine rouge et subtille.

Touteffoys ce multiplie et se diversefie l’orine, car au commencement elle est crue

pour multitude de opilacion aucunes fois taincte pour la resolucion de la colle,

aulcune fois elle est livde et trouble par grant putrefaction.

Et se causon est de colle citrine ou de fleume salse toutes les choses seront

plus foibles et la douleur aussi et les aultres choses particulieres sont proporcionées

au fleumes et pour ce qu’il tourmente par XX VIII heures et aulcunes fois il semble

que elle soit interpolée par VI heures pour causes du temps d’yver ou pour ce qu’il a

fait dyette convenable ou chose semsible.

Pronostication. Ceste maladie est de briefve terminacion avec terribles

accidens et se tous bons signes apparessent au commencement de la maladie il

sera guerry au quart jour ou devant. Aulcunes fois, elle se estant jusques au

septiesme jour. Et ceste maladie ne peult souffrir fors accidens longuements. Les

bons signes [folio 5R] ne les maulvais il ne les fault pas mettre cy, car nous les

avons mis en aultre lieu et aussy met Ypo.

La cure. En la cure de ceste maladie y fault considerer les causes de la

maladie et le temps et la nature des accidens et pour ce que putrefaction avec forte

opilacion est cause de ceste maladie. Au commencencement, on doibt oster la

opilacion en frotant le pis, le ventre et les costes et les parties qui plus doullent de vin

aigre blanc et oly camomile et de eaue rose, en frotant doulcement et longuement.

Mais contre la maladie, il convient refroidir et estaindre la flamme de la chaleur et

ramener la grant subtilité de la medecine a aulcun moyen et c’est contre les

malefices et les farcinoux qui cuident que choses ingrossatives ne compettent point

avec chauses subtiliatives.

Decy, ung sirop : « (…) lentignis aque fontis portulace, ungule caballine […] III

(…) rubearum electarum (…) mucacelini spodii florum nenufar (…) I aque lib. (…) se

panis zuccre (…) I vini malorum granatorum (…) II fiat sirupus clarificatur sicut decet

et condiatur lento igni ». La matiere soit digerée et purgée « cassiaf(…) et tamarins et

mirabolans citrins » et les semblables. Et se c’est de fleume salse on y doivt

adjoutster « apium, brucus, speragus » et les semblables. Et est la medicine laxative

on y doit adjouster « mirabolis (…) » et doit on ordonner la cure selon le temps de la

maladie, car se la maladie se termine ou quart jour ou avant on ne luy doivt donner

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nulle viande se la vertu le peult souffrir. Et s’elle se terminoit apres le quart jour et la

vertu fut foible, on luy doit donner viande selon la convenance des choses

particulieres.

Et vecy que on luy donnera : milgraine sirop iulep, tizaine d’orge coulée ou

non coulée, lait d’amande, du brouet de ceses, laitues portulaces, pain baignié en

eaue, du brouet de poule jeune cuicte avec plante de laictues, orgiat, avenat,

amandat, l’ung ou l’autre selon la discretion du medicin.

Et pour ce que aulcuns poulz sont fors lung plus ou moins selon la nature de

la age, de la complection du temps, de la region de la coustume et de l’office que a le

patient. Selon ces choses cy et aultres le sage medicin ordonne la diette et le regime

selon la doctrine de G. au livre du regime en celle partie Duo assumpto etc Et la

viande ne se doivt pas tant seullement ordonner selon le temps de la maladie mais

aussi le remede et la medicine.

Et pour ce que ceste maladie est perilleuse et vient avec terribles et grans

accidens et se doubtons la matiere de sinchonies en l’estat pour ce au

commencement cest bon de purgier : « florum boraginis florum violarum (…)

prunoruz triginta. Fiat decoctio et resolvatur in decoctione cassisa(…). Munda

thamarindotrum (…) » Et soit donnée au matin a l’aube du jour. Mais en l’estat ou

ung petit devant on ne doivt ainsi que rien fere, ne menger aulcune viande, ne boire

abeuvraige, ne medicine ne [folio 5V] aultre chose, mais en la fin de l’estat, se nous

voyons que nature soit endormie en expellant, bon seroit de esmouvoir nature et par

diverses manieres selon ce que nature se esmeut a divers eumentoires, car se

nature mouvoit la matiere en haut, adonc nous devrions ayder nature en boutant

soyes de porcs dedens les nazilles. Soudainement s’elle va a l’estomac fay vomir, se

aux intestins fay suppositoire ou crystere, se c’est aux conduis de l’orine fay

diuertique et frication entour icelle partie. S’elle va en tout le corps, aide nature par

choses attemprement chauldes.

On ne doit point faire saignée et s’elle doit estre faite, il n’avient pas souvent

pour cause de opilacion ou des aultes choses particulieres.

Dist est de la cause et de la maladie et du temps. Nous voulons dire des

accidens et premierement de frenesie selon G en toute maniere est mortelle. Dont au

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commencement, on doit mettre sur le chief despuis la grant commisere du chief

jusques aux yeuls et aux oreilles estoupés de chesvene baignées en suc de lettues,

de morelle, d’eaue rose et de vin aigre et soit tiede. Et quant XXIIII heures seront

passées, on luy doit mettre sur le chief ung chiennet chault vif fendu parmi l’espine

du dos ou on y doit mettre le polmon chault d’ung mouton coullu et se vous n’en aves

assez si le reschauffez en eaue chauldes.

Et se la fievre cessoit et que l’alienation demourast pour la matiere qui y va :

on doit fomenter souvent le chief et laisser cheor de haults eaue de decoction de

camo184., de mellilot, d’orge, et de violette et des semblables. Et s’il y’avoit stupeur

pour habundance de vapeurs montans au chief, on luy doit fort froter les extremitez

et les doyt on fort loyer. Et s’il avoit fort veillé qu’il ne peust dormir, prennez farine de

poyure blanc et le destrempez d’eufz en eaue rose et boutez de drapeles dedens et

les mettez sur le front et sur les temples.

Contre soif et secheur de langue « (…)psilii et seminis citomo run cen. Fiant

sacculi parui » et soyent mis en eaue froide et les tenez sur la langue ou feuille de

bortoulages baignées en eaue froide : ou une piesse de pomme tenune baignée en

eaue froide et soit la langue baignée souvent d’eaue froide meslé avec vin aigre fort

et ainsi nettoier la langue et la bouche d’une cane ou d’une touaille et soit lavée au

miel mesle avec plante d’eaue et ung petit de vin aigre.

Item a la soif et a la fievre vault moult attraire air froit et doyes l’air refroider et

amoistir ainsi preng plante d’eaue froide meslée avec vin aigre et en arousez bien la

chambre et y mettez feuilles de vigne blanche et feuille de canes et de sauge et de

nenufar et des semblables. Et fait une forme pour cheoir l’eaue de hault toujours en

ung bacin et soit le buhot long et graille a ung chief comme une petite plume et gros

a l’autre et sera grant melodie au patient.

Et se icterici venoit devant le VII jour, si le commandes a Dieu et s’elle venoit

après le VII, elle soit curée ainsi que nous dirons cy après et luy doit on laver la face

de vin aigre blanc tiede et soit distillé aux [folio 6R] yeuls vin de pomme grenate

tiede.

184 Camo. pour camomille ?

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Et se sincopin venait on le doit arouser de eaue rose et faire adorer camphore,

sandalz et plantage d’eaue rose et en doit on mettre sur la poitrine et luy doit on

donner pain baigné en vin avec plente d’eaue rose au acetosite citri. Ou prenés une

gelline et le lardés et rotissés, et getté par-dessus eau rose en laquelle soit ambre et

girofle et luy faites ung petit odorer et le faites estre ung petit au souleil et garder qu’il

ne si eschauffe trop et luy faites odorer sandalz, mutascelinos et luy frotes les

extremités et lui faites plusieurs aultres choses semblables. Et se le ventre estoit trop

lache, on luy doit donner de sirop mirtin ou sirop de citoniis. Et s’il estoit constipé, si

lui faites ung suppositoire ou cristere ou vous luy donnée sirops violatz ou les

semblables.

Declaration. Et vecy merveille comment en maladie de causon ou est

inflacion dernierement peult estre matiere crue. Je dy que ce peult estre pour

aulcune de ces quatre manieres ou c’est par colere citrine ou par fleume salse ou

crapule nouvelle peut estre matiere crue entour les premieres veines en telle

maniere que ceste matiere n’a point de subject de fievre mais colere rouge est

premiere putrifiée es lieux prochains au cueur et crudité est entour le foye.

De Fleume salse et de colere citrine, je dy que peut este grande putrefaction

et aussi forte chaleur et aussi opilacion grande ou pour ce que es veines du polmon

ou de l’estomac ou du foye ou es lieux pres du cueur et aussi grande inflacion, mais

crudité est par cause de matiere.

Secondement, aulcuns pourroient doubter des vues ou resine d’yver comme

ils peuvent appartenir car il y’a doulceur et si sont de dure digestion. Je dy que ils y

peuvent bien appartenir et competer ou pour cause de la soif pour ce que ils

refroident ou pour cause de fort appetit, si comme il est escrit : « parum deterior

cibus et potus etc. »

Tiercement, tu dois noter par maniere de question se colere se peult

enflammer en fievre sans putrefaction, ainsi que fait le sang en sinoque et sont

plusieurs opinions de medecins et la meilleur opinion est que non, car la colere est

moult loing de attemprance et quant elle surmonte, elle est detruite legierment et

putrifiée, mais le sang quant il surmonte, il peult faire fievre sans putrefaction, car il

n’est pas tant loing de attemprance comme est de colere.

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Quartement, tu dois entendre que causon est maladie plus perilleuse es

anciens car feu est fort qui ne s’estaint en l’eaue. Mais en jeunes gens, causon est

plus perilleuse que aux anciens et plus perilleuse que aux enfans, selon Avicenne,

car j’assoit ce que es jeunes, il soit selon la convenance des choses particulieres et

de la cause et des choses particulieres antecedentes, toutes fois quant est des

choses particulieres et aussi subjequentes et communicantes la vertu de dissolve et

le corps aussi, et ainsi la matiere est moulte perilleuse es jeunes et es enfans a moult

de humidité qui resiste a grant chaleur dissolvant, mais il n’est pas ainsi es jeunes

gens.

Quintement, [folio 6V] tu dois entendre que bolisme peult estre en causon

pour cause de faiblesse de l’estomac de dissolucion du corps.

Item, tu dois noter que eaue froide peult moult valoir en causon ou cas que la

vertu soir forte et la matiere digeste et que la maladie soit en declinacion et que la

patient ne soit point opile et que la matiere ne soit crue et qu’il ne soit apostume, et

qu’il aye grant soif, et que l’eaue froide soit doulce, et qu’il aye acoustumes a boire et

que il boyve a une fois tant comme il pourra tirer sans reprendre son alaine et c’est

ce dist Ga. au livre du regiment.

Item, tu dois entendre que fleubotomie en ce cas selon mon advis ne se doit

point faire, car son ostoit le frain a la colere, la matiere se eschaufferoit et enflameroit

et ainsi elle seroit plus cursible de par aventure le corps n’estoit pletonique ou que il

fust souvent opile et les semblables.

Et ainsi recevons le conseil de Avicenne qui dit au chapitre fleubotomie que on

doit retarder tant que on peult.

Le IIII chapitre « de fievre tierchaine »

Terchaine, c’est fievre putride de engendre de colere incessivement.

Tu dois scavoir que colere est double, c’est assavoir colere rouge pure et

l’autre non pure par commixtion de fleume et l’appelle on colera nota.

Item, colere ou elle se putrifie dedens les veines et arteres et engendre

continue, ou elle se putrifie hors et engendre fievre interpolée. Donc tierchaine est

engendrée de colere rouge pure es veines et es arteres du corps, mais causon vient

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de colere pure qui estes veines de l’estomac ou du foye ou es lieux prochains du

cueur et ainsi tout est par dedens en causon et en tierchaine continue et ainsi elles

sont curée par une maniere.

Tierchaine interpollée est causée de colere putrifié hors des veines et pour ce

elle a periodes et interpollations, car la matiere se putrifie quant elle est entassée et

qu’elle ne se peult eventer et qu’elle se destruit et eschauffe le cueur ou par la fumée

putride qui va au cueur et que l’une partie eschauffe l’autre, tant qu’il vient au cueur

et engendre la fievre, donc, fievre tierchaine continue est remise soubz causon, car

cy nous n’entendons plus a parler de la interpollée.

Signe, Les signes du tierchaine sont prins de choses naturelles pour ce que le

patient est jeune colorique et ainsi des aultres ou ils sont prins des choses non

naturelles et pour ce qu’il est en este ou que le patient a couru ou menge chose

chauldes et ainsi des aultres. Du ils sont prins des choses hors nature car elle

commence en rigueur ainsi que se on poignoit d’aguilles et adonc le poulz est

occulte et après hatif et tousjours égal, l’orine est citrie et tenue et se termine avec

plente de sueur. Les signes de tierchaine note sont aultres selon l’administracion du

fleume et la convenance des choses particulieres.

Pronostication, Tierchaine vraye est terminée en sept periodes audedens et

ainsi tierchaine terminée au XXIII jour ou dedens quatorze jours et se tourmente en

douze heures ou dedens et se interpolle XXXVI heures. Le premier periode est

faible. [folio 7R]. Le second plus fort. Le ters tres fort et la quart passe tout car la est

l’estat et sont a donc les accidens tres mauvais. Le quint commence a affaiblir et le

VI affaiblit plus et le VII est moult petit ou nul, au commencement du peroxime et

aussi en la fin est sueur.

Et pour ce que cest maladie vient avec terribles accidens et si ne peult souffrir

ignorance de medecin, ne la folie du malade, donc affin que nous puissons plus

honnestement resister contre les perilz qui sont a venir et que l’onneur du medecin

soit gardée, c’est bon de dire toujours les perils qui sont a venir. Donc prenons que le

medecin soit appellé apres la tierce proxime et il luy semble que on doit faire saignée

et que le sirop soit a administrer et soit fait ce que on doit faire selon la voye de

rayson et s’il n’a rien pronostiqué. Donc vient le quarte proxime qui est le plus fort

lors les gens d’entour diroient que la saignée l’auroit occis ou le sirop qu’il auroit

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prins, et ainsi le medecin seroit blasmé, mais s’il dit les périls en chescunes maladie

il sera loé et non pas blasmé. Decy, donc regle generalle que le medecin ne doit

point ouvrer en aulcune maladie s’il n’a devant pronostication.

Cure. Donc a faire cure on doit considerer la maladie et la cause de la

maladie et la nature des accidens et le temps de la maladie et la nature des

medecins et des viandes.

On doit avoir plusieurs entencions, car en curant, on doit bien considerer la

cause et la nature de la maladie et distrasié donc, par cause de putrefaction ou de

corruption, on doit subtiler et donner medecine subtilatives et aperitives ; pour cause

de la matiere appartiennent medecines moyennement ingrossatives, mais pour

cause de la distrasie qui est froide et humide appartiennent medecines calfactives et

dissicatives. Et pour ce que les accidens sont plusieurs, si comme quant on repose

mal ou quant on veille trop et grant malice de souffrir la maladie.

Et pour ce a tels maladies appartiennent en aulcune maniere medecines

stupefactives et pour ce une seule medecine ne peult pas accomplit toutes ces

choses et pour ce il fault mettre plusieurs choses ou sirop pour les causes cy devant

dictés et aussi au chapitre de la tierchaine vrayes.

Decy le sirop : « (…) endivie (…) papaveris albi. (…). Fiat siurpus clarificatus

(…) » et quant la matiere sera digeste, on la purgera par telle maniere : « florum (…)

florum violarum, (…) fiat decoctio et in decoctione resolvatur cassia (…) mundata

tamarindorum, (...) » et soit donnée devers le matin. Mais pour cause des accidens

commencons aux plus legieres est assavoir quant est des veillés. « Olei rosarum,

olei nenufaris, aque rosarum, aceti albi, albuminis ovorum. Lactis mulierum quantum

de omnibus misceantur » et puis cecy bien chault. [folio 7V] boutés de drapeaulx et

les mettre au front et aux temples pour faire dormir. Et ce ces choses cy n’y valent on

doit montrer petit a petit a plus fortes choses, si pouvons mettre avec ung petit de

papaver car pour cause de son anarcosité et il est domestique, ce dit Avicenne et

puis pouvons aller au suc de laitues, de mourelle, de mandragore et de juscquiame

et semblables, et aussi y peult on mettre opium avec saffran et se repose et « rubea

trociscata ». Et s’il avait veille avec douleur de chief, il doit odorer camphore, vin

aigre, eaue rose, sandalz, camomille, meillilot et les semblables qui dessechent

matiere humide et se le patient avais stupeur, on doit froter les extremités fort et s’il

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vomissait et qu’il eust mal reposé et clameur resonant avec malice de souffrir, on le

doit suffumiguer de narcotiques et pour cause de opilacion et de putrefaction, on luy

doit froter ventre de vin blanc et de vin aigre blanc et de huile de camomille et de

eaue rose. Mais des aultres accidens, on doit faire ainsi que dist est causon. Les

electuaires peuvent estre succre, « ros.viol.diagragantum frigidium.triasandali.diapa

paver » et les semblables.

Et se ce estait tierchaine, noté que on doit mettre avec les choses devant

dictes « apium, bruscus, speragus », et les semblables, selon la convenance ou

concordances des choses particulieres. Et c’estait femme ou fleumatique ou s’il estait

temps d’iver ou grant opilacion on y pourroit adjouster « radicem, feniali, petro,

lactuce, spicenardi, scolopendrie, lupulus » et les semblables.

Et en la medecine evacutive nous y pouvons ajuster « (…) reubarb, diagredi »

et les semblables selon la convenance des choses particulieres. Je n’en vueil pas

plus nommer, ne traicter pour cause de briefveté. Et de, nous parlons de la cure pour

cause du temps de la maladie. A donc, tu dois entendre que quant est de de la

nature des medecine que au commencement on doit donner aulcunes medecines

legieres et laxatives, si comme « cassia fistula tamarindorum » avec decoction de

prunes, de viollettes. Et apres le tiers acces, on peult faire saignée et se il y avait

aulcunes choses particulieres qui se concordassent si comme est force vertue :

replecion de corps en estat on ne doit rien faire, ne donner viande, ne aultre chose

medicinale se aulcune chose n’y contredis, si comme chose sinchorace et plente de

resolucion et les semblables.

Item des viandes, on en donne plus ou moins selon ce que l’estat se eslonge

plus ou moins, mais par comparacion au peroxime qui est devant l’acces par trois

heures, par devant on ne luy doit donner nulle viande : ne en l’acces aussi jusques a

tant qu’il vienne a manifesté declinacion. Se affaiblissement ou liquefaction du corps

ne l’empesche ou deffende et lui doit on deffendre le dormir au commencement de

l’acces se la douleur des accides ne l’empechait. La viande que luy appartient est si

comme dit est en causon. « Orgi, avena, amidon, .artemasia. Spinar… lavées en

eau froide, lactues portula...cucu, cocombre » : cahourde de prunes meu. poires,

pommes cuites, brouet de cezes, broet de poucins [folio 8R] ou de poulles, lait

d’amandes, poissons de gravelles et les semblables.

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Item tu dois scavoir que huilles et fruis on humeurs aquatiques et putrefactives

et pour ce est bon a luy obstenir, mais peu souvent, on voit obeissans pour ce il

convient plusieurs choses considerer a ouvrer de diverses choses selon la diversité

des choses particulieres, donc venons es choses qui font de l’art le mieux que nous

pouvons, car la maniere du regime vient selon la venue des choses particulieres. On

pourroit dire en quelle fievre est plus grant putrefaction, je di que se nous parlons de

grant putrefaction quant es accides qui sont fors et furieux, plus grant putrefaction est

en fievre colique et se nous parlons de grandesse quant a continuation sans

interpolation.

Je dy que plus grant est en fievre sanguines. Et se nous parlons de grandesse

quant a continuation, et a force de esrachet plus grant est en fievre fleumatique en

melencolique.

Item on peut demander se vomir est bon en tiersainne. Je dy qu’en tiersainne

et en toute fievre interpolée c’est bon vomir au commencement du proxime, car

sensibleté touche proxime en en alegé et mesmement, quant on vomit de volenté ou

par manière legiere et qu’on purge aulcune chose de la matiere antecedente, car

nature pourra mieulx ouvrer sur la matiere, conjoinctement selon l’entencion

d’Avicene, au chapitre de fievre quartaine, et aussi le dit Ypocras qui dit : « ubi

chotidie rigores fiunt etc » c'est-à-dire sont rigoures, chacum jour la s’aperceut fievre

chacum jour car apres rigour vient sueur et egestion et les semblables. Et ainsy le

corps est mundiffiés et celle la fievre et verrons sensiblement que quant aulchun a

fievre interpolée et que ou proxime n’a nulle evacuation et a donc au temps de

l’interpolation, le patient est tout pesant et petit alegiés. Et s’il avait esté au proxime

mundifié au jour de l’interpolation il luy semble qu’il soit du tout sane.

Donc, c’est bon qu’au commencement de la rigour, on le face vomir

atemprement et ainsi est ce en la fin du proxime de souffrir la sueur.

Item on puet faire doubte se oxizacra et sirop acetoux sont profitables en

tiersainne, car il assubtillent et la matiere est subtile, nous avons cette matiere

determinée.

A nostre entention, faire amphorisme «quibuscum que in causon etc ».

Toutefois, je dy en matiere subtile n’appartiennent pas medecines, ne choses

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subtilles, ne subtiliatives, quant est a leur digestion selon ce que le determine

Avicene au chapitre de cure de fievre putrie en general, ainsy appartiennent choses

ingrossatives. Et, dit Avicene que ceulx qui dient le contraire ne doibvent pas esté

oys. Et aussi, se dit G. au XII chapitre du livre d’Inge.sanitatis, mais en tiersaine

quant est la reduction de la matiere et de la discrazie n’appartiennent pas choses

froides et seches, mais froides et moistes, et pour cause de l’opilation et de la

putrefaction y peut apartenir oxizarca et sirupus acetosus. Et pour ce avec eulx, on

peut rozes et spodium et les semblables, si comme dit est au chapitre de causon et

pour ce ma constume si est ce que en telz cas je y ajouste siropum violarum. Donc

pour cause de la age du sexe ou du temps [folio 8V] ou de la complexion ou de la

duresse des entrailles et opilation et des choses semblables, les acteurs y font

mettre oxizacra et sirupum acetosum. Mais quant est pour la matiere et discrazie, il

n’y appartient point de ceste matiere. Sont diverses oppinion et je m’en rapporte aux

maistres qui scavent ouvrer.

Item, on peult doubter se l’eschile se peult putrifier de la fievre car les acteurs

ne font point mention de fievre putride, si non des humeurs. Et je dy quant a present

que l’eschile et les humidités tiersses se pevent bien putrifier, car putrefaction est es

humeurs et en choses liquides qui ne se dissolvent pas et passent en nature

d’aulcune humeur non naturelle par maniere d’aulcune ebulition de calefaction et de

adustion et ainsy fievre putrides sont fievres hummorales.

Item on peult demander se quant une humeur est corrumpue se les aultres le

sont, puis que elles sont ensemble. Je dy que ce n’est pas choses necessaire pour

ce que les humeurs sont distinguées par leurs propres fourmes et par propres sieges

et par leur propre mouvemens et a chacune font regime, sa proprieté et son propre

attemprement et ainsy une humeur peult perdre son attemperance et la tremperance

de l’autre ne sera pas perdue et pour ce ce n’est pas necessite que se une humeur

est corrumpue que les aultres le soient. Item on peult doubter se melencolie ou

matiere est corrumpue que les aultres le soyent car il y’a fort (…). Je dy si comme dit

est que se (…) est corrumpue pour ce ne le (…) pas les aultres car les choses

particulieres qui font avec l’un ne sont pas avec les aultres.

Item tu doibs noter, que quant une humeur est corrumpue et putrifié en chair

en l’estomac ou foye ou au poulmon et briefment en quelcunque convavité quant ce

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n’est pas de nature se il n’y a point de eventation ne de regime, elle se corrumpt la et

y’a manière de putrefaction. Et doibs scavoir que tiersaine vraye engendrée de cole

naturelle vien plus en regions froides. Mais tiersaine note qui est causée de cole

innaturelle vient plus en region chauldes, car elle est causée de chose qui sont sans

nature. Et pour ce tu dois scavoir qu’en tiersaine sanguine peult bien apartenir apres

le tiers ou le quart perihoime, car aultrement jamais la matiere ne devendrait curable

et seroit faicte de fievre simple double et double continue, si comme nous le veons

souvent, et ja soit ce que la sanignée ne evacue la matiere conjoincte toutes foys,

elle evacue la matiere antecdente.

Cy parle de fievre nommée synoque.

Synoque est fievre continue causée de sanc putrifié dedens les vaisseaux.

Mais sinoqua est fievre continue qu’est proportionée a fievre effimere causée par

habundance de sanc. Tu doibs scavoir que quant aulcune est accoustumé de

esbastre et il le laisse soubdainement et il use de plante, de viande mesmement qui

engendre sanc bon ou sanc aquatique, qui est engendré de fruys. Se de tel chose

ou de semblable habunde [folio 9R] le sang, s’il habunde trop, il engendre fievre

continue qu’est semblable a effimere, causée de sang non putrifié er se dont tel sang

on fait sangnié, il ne cherra point en putrefaction sicomme G le dit au IV livre de

Ingenio sanitatis.

Mais si le sang habunde, il peche par cause de la quantité et don sa male

qualité, il engendre continue de sang putrifié qui s’apelle synochué. Et a III espaces

la premiere est s’appelle a numentifica qui va toujours en croissant et en montant car

la dissolution est plus grande que la resolution est la pire de toutes la seconde

espece est appellée permastica. Va toujours en devisant et est la meilleur de toutes

car la resolution et consumption est grande que la dissolution.

La tierce espece est appellée homotena et la, toutes les choses sont egales

toujours est en l’estat, car autant grande est la resolution que la dissolution et pour

ce dit G au second chapitre de Cresi que il ne peult faire seullement fievre singuliere

simple toujours est elle composte, car quant le sang se putrifie l’une partie se puertit

en cole, l’autre en melencolie et pour ce il ne met que VI especes de fievres simples

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singulieres. C’est assavoir fievres qui est proportionnée de cole et fievre qui est

proportionnée de fleUme, et fievre qui est proportionnée de melancolie.

Signes des signes, aulchuns sont antecedens, aulchuns presens, et

aulchuns subsequens.

Les signes antecedens, c’est gravité de Ceste inflation ou enfleure des

espaules, repletion de veynes, rougeur de face, douleur et tourment de tout le corps

et les semblables.

Les signes present c’est douleur du front, aparence de lampes ardans, petite

frenesie, turbation de pensée tenebreux, les yeux, le poulz plain ou rempli.

Unctuosité et diversité et douleur de la bouche, orine rouge, espelle livide et puant.

Les signes subsequens est face enflée, moleste de tout le corps, aulchune

fois viennent morbille et vairoles, et carbonde et sont moulte mauvais signe qui

souloyent venir en temps de ces signes demonstrant que le sang est putrifié et sont

affaiblies en sang non putrifié, car ils sont proportionés a effimeres.

Pronostication. Ses pustules livides y aparent ou noires signifient mort.

Item se ou ventre on oit son comme tonnoirre, si comme di Avicenne, se

larmes apparaissent pour la grande et mauvaise malaise de la maladie et repreignent

fort a malaise son alayne et qu’il oye prefocacion et apostemes grandes aux veynes

de la canne : et s’il se sent aulcunement grevé apres dormir tous ces signes en

quelque manière que ce soit signifient mort.

Aparence de tardive ou de legiere digestion ou ingestion signifient maladie qui

est appelée crysie brief ou long incontinent, salut ou mort en raportant a la vertu.

Et pour ce en toutes maladies quelcunques quelle soyent, on doyt bien ces

choses diligamment considerer et mediter car selon ce on saura prenostiquer et

bailler diette ainsi qu’il appartient.

Cure, toute la cure et le regime de cest maladie est bien presques en donnant

la saignée. Et est ainsi l’entencion [folio 9V] de G au IX. Livre de Ingenio sanitatis

que on face saignié jusques a sincopim et reprent les hommes qui ont paour de cela.

Et me semble que c’est plus seur de faire la saignié a plusieurs fois, tant que la

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matiere defaille et non pas le malade, car je ayme mieulx que la maladie soit ung peu

alongié, que on deist que je l’eusse fait mourir, car les signes de forte vertu decoivent

aulcuneffois. Donc, se la vertu est forte et que les aultres choses particulieres si

accordent faictes saingnié au matin et au soir par plusieurs fois et se on ne le faisoit

et fust au VI jour ou en quelconque heure que ce fust selon G au IX de Ingenio

sanitatis, on face ventouze entre les espaules, se les choses particulieres ne se

accordent. Et s’il y avait crapule, on face fricacions vers les extermités et forte

astinence et faictes suppositoires et cristeres, et ces choses sont bonnes en ce cas.

Et quant la crapule sera digeste faictes saignié, donc faictes lui verser de sirop « (…)

scara… nenufar, florum, violarum…granatorum panis zuccri…fiat sirupus. Et s’il ne

povoit dormir, si mettes au sirop « Paveris albi ». Et s’il a tous ostés le vin de pomme

grenates et y mettre une passe « mundate ab arillis (…) sebesten ». Et il avait

passion cardyaque, si y mettes roses (…) spodium coriandrum. Et s’il avait

constipacion, si y mettés de prunes avec cassis. Et aussi on y doit mettre plusieurs

choses diverses selon la diversité des accides. En veille, sil ne peult dormir, faictes

ainsi que dit est devant et en stupour ainsi que dit est. Et s’il a grant soif, faictes

sachés de persilium ou faites telle pillules (…) et en mettres dessoubz la langue et

desus. Et tenes le ventre lache de « cassiaf, manna, amarindarum et prunis » ou par

ocristi laxatif dya prunis tres sarracoita. Et la maison soit appareilliée, et l’air si dit est.

Item, donnés viande pou ou assés selon la languesse ou briefveté de la maladie.

Donc on luy donnera orgiat avenant et mie de pain lavée trois fois en eaue lait

d’amandes avec mie de pain et pommes grenates et meslées ensemble et si luy

peult on donner asizaccra sirupus, acetosus iulie Sirupus Violaceus. Sirupus

nenufare et aussi ydromel, si comme aulcune le vient supposé que ce feust ydromel

aquatique.

Mais maintenant on treuve hommes et femmes tant delicats, qu’ils ne

vouldriont riens prendre des choses devant dictés. Et ainsi que en peril, on leur otroie

a prendre brouet de petite poule et soit cuite en plante d’eaue avec une lectue ou

avec semence froide. Et se on leur octroye a prendre vin, si prennés. II. ampoules

l’une pleune de vin et l’autre d’eaue et mettes mes bouches l’une contre l’autre que

l’eaue soir taincte. Et quant elle sera taincte si en bonnes au patient et l’apellelon vin

franc ou mettes grant plante d’eaue bouillant ou vin ou vous luy donné ce breuvage.

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[folio 10R] « aque font lib.aceti albi. lib. se. panis zuccri pulverizati. III.

Misceantur » et semblera estre vin francoys ainsy que vert, et garde qu’il ne soit trop

aigre, ne trop petit a l’espreuve beoir le pourras.

Clarification, se on demandait que l’engin de curer maladies est plus fort ou

celuy de la maladie ou celuy de la vertu. Je dy que le plus fort c’est l’engin qui est

prins de la maladie. Touteffois aulcune fois est plus fort l’engin qui est prins de la

vertu selon diver ses ententions. Pour ce, tu dois scavoir que ils sont plusieurs

engins de curer : aulcuns sont a digerer, aulcuns a conserver, aulcuns a evacuer,

aulcuns a donner choses semblables, aulcuns a donner choses contraires. Donc

aprenons que pour cause de l’age et de la vertu et de la coustume, on doye donner

choses semblables en fievre.

Et la fievre seulement commande a donner choses particulieres. Je dy en ce

cas que l’engin qui est prins de la maladie est le plus fort, car nonobstant toutes les

aultres choses particulieres on donra chose contraires, et pour ce dit G. au VIII de

Ingenio sanitatis que la consideration qui est prins de la maladie destruit et anienti

toutes les aultres considerations. Mais, se nous parlons de l’engin prins de par la

evacuation si que la maladie commandast a faire evacuation, et la vertu commandast

le contraire, en ce cas on doibt plus croire a la vertu que a la maladie, et c’est ce que

G. disait au Regiment que la plus subtile consideration est prinse de la vertu.

Exemple : fievre sanguine est toujours avec plante de sang et pour ce, quant est de

la nature de la maladie on doit faire saignié. Mais la vertu est faible et ne pourrait

souffrir la saignée. Et pour ce, en ce cas on doit plus croire a la vertu que a la

maladie. Nous avons ordonné la table des engins laquelle on doit bien estudier. Item

on peult doubter se le sang sue se putrifie. Je dy que oy pour II causes, car il a

humidité qui est matiere et si a chaleur qui est cause de putrefaction. Item on peult

demander se fievre interpolée se peult engendrer de sang et de ce, sont oppinions.

Toutes fois je treuve G au IX de Ingenio qui met fievre interpolée de sang et vyatique

aussy et asses rayson car il peult estre que le sang se putrifie loing du cueur, si qui la

chaleur ne peut venir au cueur et ainsy elle ne sera pas continue. Et aulcune foys, il

ne sera pas si loing que la chaleur ne puisse bien venir au cueur, et ainsy elle sera

interpolée.

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Item on peult demander comment sont distingués les temps de la maladie

pour la diversité de leurs manieres. Je dy que nonobstant qu’ils ne soient pas

distingués quant a leur accident, touteffois ils sont distingués quant a la digestion.

Item se la saingnié n’a esté faite au commencement, s’il la faites apres, se la

vertu le peult souffrir, nonobstant l’oppinion de Serapion185 car G. le vuelt.

C’est le VI chapitre qui parle de quartaine.

Quartaine est fievre putride, engendré de matiere melencolique. La cause de

la quartaine c’est que elle multiplie matiere melencolique et la putrifié ce dyt Avicene.

Et dois scavoir qu’il est aulcune quartaine [folio 10V] continu et aulcune interpolé,

aulcune vraye et aulcune non vraye. Vraye quartaine est engendrée de melancolie

naturelle avec convenance en concordance des autres choses particulieres qui soit

melancoliers en temps de autom et qu’il aye mengié viande multiplians melancolie et

les semblables.

Non vraye quartaine est engendrée par melancolie par voye de adustion et

aussi peult estre adusté melancolie naturelle et fleume et cole et sang par trop grans

labeurs et par mengier viandes trops chauldes et par fortes maladies et par choses

semblables.

Signes. Elle commence avec froidure congelant et par horripilation et

confraction du dos, le poulz est occulte et petit et apres est plus hatif et se termine

avec plante de sueur, car la maladie est seche et ainsy ne demeure chose fumeuse,

ne adusté apres proxime, ains est du tout extirpée, selon G. au livre des fievres.

L’orine est remise et tenue au commencement, mais despuis le peroxime elle est

moult coulourée, pour ce que les vaines sont moult estroites et la façon est atenuée

et le temps qui est autom et les aultres choses semblables qui ont est esté devant et

dure l’acces XLVIII heures et se interpole XIV heures, mais les signes en quartaine

remisse sont bien congnus et varrient selon la variacion des humeurs, car se la

quartaine est de sang adustée une pleuce de poulz et une undée et l’orine se tire a

rougeur et spissitude, et le temps est de ver que on appelle printemps et devant

185 Sérapion : Ibn Sérapion, médecin arabe du IX me siècle, qui rédigea le « Kunnas », livre de médecine traduit par Gérard de Crémone au XII me siècle.

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furent maladies sanguines et les semblables. Et mesmement en fievre colorique sont

signes qui appartiennent a cole, c’est assavoir que on a eu maladie colorique, et le

poulz est hatif et l’orine est coulourée et tenue, et est le temps de esté, et amengier

chose chaudes et labourer au soleil et les semblables.

La quartaine de fleume a orine espelle et remisse et a molesse au poulz et

long a peroxime et petitesse de sueur. El selon la diversité des especes de fleume et

de cole, se diversefient les signes et ainsi de melancolie. Donc on doit considerer les

signes selon la diversité des humeurs et des especes.

Prenostication. La quartaine de sang c’est la meilleur et la plus briefve de

toutes puis celle de cole et puis celle de fleume et puis celle de melancolie. La

quartaine communement dure ung an, car ainsi que les maladies agues ensuivement

le mouvement de la lune, ainsi les croniques ensuivent le mouvement du soleil.

Aulcune fois elle dure par XXII ans, si comme le dit Avicenne. Toutes maladies es

quartenaires sont saluables et le quartenaires a moult de dignités car a peine est il

inaniaque ne melencolieux, ne ladre, ne spasmat de replecion, car toutes la matiere

melancolique est avec duresse de esplain ou de foye ou empostumes d’aultres

semblables et est tres maulvaise et maine ydrosipizie et est bon regime. Et si il tient

mal regime ce sera tres longue maladie ou mortelle.

Decy la cure, de cetste maladie on doit plusieurs choses considerer premier

que on ne donne point chose chaulde, car elle adurcit le sang et ainsi font mal ceulx

qui donnent [folio 11R] prassium ou poivre ou gingembre s’ils ne estoient represses.

Secondement, on ne doit pas donner choses trop froides, car elles congellent

la matiere et ainsi font mal ceux qui donnent suc de leictue et narcotiques.

Tiercement, on ne doit pas donner choses trop seches car la matiere est trop

seche d’elle mesmes, et ainsi elle s’endurciroit plus et ainsi font mal ceux qui

donnent choses dures et rosties et frictes, acetouses et stitiques, c’est a entendre se

elles ne sont bien proporcionnées avec aultres choses.

Quartement, on ne doit pas au commencement trop evacuer, car la matiere

ne peult etre digeste et pour ce en digestion de quartaine nous sommes souvent de

ceulx car gens qui usent au commencement boivent petit et manguent petit et bien

dorment, ils ont au commencement de la quartaine l’orine assez bien coulourée et la

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ypostasie aussi, et semble que ce soit de la matiere de la maladie et non est ainsi est

de la viande. Donc nous congnoissons la digestion de la matiere de la maladie par la

mitigacion des proximes et pat leur aligence.

Quintement, on doit considerer que on ne donne point viande trop subtille ne

en trop petite quantité, car l’estat est moult loué du commencement.

Et pour ceulx errent se semble qui ostent toutes chairs et vin jusques a XX

jours ou XL car la vertu se affoiblit trop et ne peut resister a la maladie.

Sextement, tu dois scavoir qu’on ne doit donner chose qu’agroisse ou

engroisse la matiere, si comme sont huilles, chaulx crus, fruis et chairs grosses et

choses qui sont de dure digestion ou prin ses en trop grant quantité et les

semblables.

Item tu dois noter diligemment qu’au jour de l’acces, on le doit faire mengier et

petit par trois heures ou par quatre ou par V devant le proxime et aussi apres en la

fin du proxime quant il sera arradicat en tout le proxime ou on ne luy donne riens.

Item nous devons considerer que devant le proxime et au commencement du

peroxime on le doit faire vomir legierment et en le la fin suer.

Item du commencement, on ne doit point administrer fors digestis, ne fors

evacuatis, mais on doit aler de gré en degré, du faible au fort.

Adonc au commencement on doit digerer la matiere par oximel simple et puis

on le doit purgier par evacuatif pareil et proporcionnel. Et puis apres, on la doit

digerer par oximel siquillitique et evacuer par fort evacuation. Adonc, au

commencement on doit evacuer par dyacene dyaboriginiaco. Et en apres, avec

yceulx, on doit mettre aulcune porcion de yerarufini tant seullement.

Item, on ne doit donner nulle oppyacé et se le corps n’est bien mundifiés et en

declination.

Item tu dois digemment entendre a la duresse et aux oppilucion et apostemes

de l’esplain et du foye car en ce est la plus grant partie de la cure. Dist est des

choses universelles que on doit tres bien garder, nous voulons dire des choses

particulieres. Fievre quartaine qui est seule simple et singuliere avec convenance ou

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concordance de ces choses particulieres doit estre ainsy traicté pour la matiere ainsy

digerée : « (…) endivie feniculi (…) speragi graminis (…) [folio 11V] (…) Conterantur

fortiter et temperatur (…) ». Ce sirop soit prins avec decotion de bourrage et de

fumiterre au matin et au soir trois petites cuilleres avec IX cuillieres de la dicte

decoction. Ce sirop cy oste souverainement opilacion de l’esplain et pour ce il vault

en plusieurs choses.

La matiere soit evacuée par ceste maniere (en latin dans le texte) et soit

donné au matin devant l’acces par ung jours ou environ. Et quant le digest sera

donné a plusieurs fois et petit a petit et en petite quantité.

Adonc on pourra evacuer par plus fortes dyacene, dyabore (…) ces pillules

soyent données quant le patient va dormir et que l’estomac soit vuide et soit de nuit

apres l’acces. Et quant nous luy verrons la teste enclinée, on le doit estuver et en

l’estuve on doit mettre les choses qui sont au sirop avec plante d’eaue sans le sucre

et le miel soit en plus grant quantité et a chacune fois, tu luy donra de aurea

alexandrina et de tyriaque (...) et misceantur Et pour ce qu’il se complaint moult de

froit et horipilacion, pour ce au commencement on luy doit mettre les piés et les

mains en eaue chaulde ou mettres y tuilles chauldes ou luy frotés et eschauffés les

extremités de drapeaulx chaulx, ou mettes ces choses cy ou col des piés et des

mains (…) salis communis (…) et distemperentur fortiter cum aceto. Et quant le corps

sera eschauffé, ung petit si le ostes ou le mettes en ung baing d’eaue chaulde et ne

soit pas trop chaults et n’y soit pas tant longuement qu’il sue ou oignes luy d’espine

du dos de arogon. Et les extremités de marciacon on preingne une, de mirre

pulverisée avec vin blanc chault ou une de teriaque avec suc de mente, suc de

calamenti prins devant l’acces avec vin cure la quartaine.

Donc repos et toutes choses humettatives valent en toute quartaine, mais les

choses eschauffans et refroidans se diversefient selon la diversité des especes de

fievre. Donc parlons de quartaine sanguine.

En cest quartaine, on doit faire saigné de la veine basilique et soit la matiere

digerée par sirop de boriginco et de fumoterre. Et soit mundifiée cuz decoction

borragis et polipodici aussi cassiafi et tamarindorum. Ceste quartaine et est legiere a

curée. La quartaine de cole soit ainsi curée « oxizacre sirupi violacer sire de

fumoterre (…) misceantur ». Et puis soit ainsi purgié « florum borragis, florum

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violarum [folio 12R] liquirici mundate liquiricie mundate vue mandate epi thimi (…)

decotio cum cero caprino et in decoctione temperentur cortice mirabolarum

citrinorum indorum bene gommosorum (…) frixentur lento igni et colentur » et soient

donnés au matin.

Se la quartaine est de fleume la matiere soit ainsi digerée « oxizacre

commposita eximellis diuretice sirupi de fumoterre (…)». Et puis soit ainsi purgier

« florum boraginis florum violarum polipum turbith aussi liquire mundate (…)

passarum mundaturum ab arillis abscinicii diagranati lacte (…)» et soit donnée au

matin. Decy pillules qui valent en toute quartaine « corticem oim (…) fiant pillule ».

On en peult donner III ou IIII selon la concordance des choses particulieres.

La diete. Il doit user de petits poussins er e oyseaulx champestres et de

poissons scamoux et de eufs moles et de extremités de pourceaux, de moutons, de

cabris, de orgiat d’avenant et de brifuement de toutes ces choses qui sont de legiere

digestion qui ne racroissent point matiere, ne engroissent, ne qui ne concipent, ne

enflent. Ains doivent subtiliser et lachier et ouvrir. Toutes fois et ces choses cy soyent

diversifiées selon le temps de la maladie en quantité et en qualité en en ordonnance.

A ce appartienent bourrages, fenoil, percin, brouet de cezes, prunes, cerises doulces

et matures, spinarches, vectes, safrain et les semblables. Et Avicenne loue moult

vomir devant mengier et apres mengier.

Clarification. Tu dois entendre que a forte maladie convient forte medecine et

selon ce en quartaine medidicine fortes y appartiennent, pour ce tu dois scavoir que

aulcune medicine est forte pour cause de sa quantité et non pas de sa qualité si

comme est oximel, diuretique et miraboleus. Aulcune medicine est forte par cause de

sa qualité, si comme oximel, squilliticum, yeratuf. Et pour ce en quartaine au

commencement ne competent ponit fortes medicienes qui sont fortes par quantité et

par qualité, car le subtil se resolveroit et le gros de mourroit mais d’une partie elle y

peut bien appartenir, si comme se la medicine est faible en qualité on en peult bien

en donner en bonne quantité et se elle est forte en qualité, on en donne en petite

quantité et soit au commencement ou en la fin. On peult demander se melencolie se

peult putrifier, car elle resiste a putrefaction par ces II qualités. Je respons que

nonobstant que melencolie soit froid et seche en vertu toutes fois accidentellement

elle est clere et fluante et avec ce elle se eschauffe et amoistit pour les vapeurs

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retenues qui la blessent et pour ce quant elle se putrifie elle demoure moult, et pour

ce sont passées XL ung heures avant que les [folio 12V] deux qualités soient

vaincues pour ce que la matiere est hors des veisseaux.

Item on peult demander se la fleume se peult adurcir car il resiste contre

adustion par ces II qualités. Je respons qu’il se peult bien adurcir car sa froidure et

son humidité ne sont pas seules, ne seches ou elle s’adurcit par mixtion d’aulcune

parties chauldes adustés si comme est cole.

Item on peult demander de la affliction ou interpolation briefve ou longues de

ces fievres. Je dy que la affliction est briefve ou longue selon ce que la matire est

convenable a este resolvée ou non resolvée et la interpolation et la interpretation est

longue ou brief selon ce que la matiere resiste a putrefaction pou ou asses. Donc

melencolie tourmente longuement car la matiere est grosse et si n’est pas

convenable pour resolver et se interpolé moult car ces II qualités resistent a

putrefaction. Fleume toumente fort car la matiere est moulte visqueuse et pour ce

elle se resolve legierement et interpole petit car l’umeur est moult apre et l’est a

putrefaction pour cause d’umidité. Et pour ce ou elle ne interpole point ou elle est en

repos dedens les vaisseaux. Cole torment petit car tantost elle est resolve et son

interpolation est entre quartaine et cotidienne pour ce quelle se putrifie tard pour

cause de sa secheur.

Item, tu dois scavoir que baing compete en quartaine en la fin quant est pour

cause de la maladie. Mais il compete au commencement pour cause des acidens.

Le VII chapitre est de fievre cotidienne

Cotidienne est fievre de fleume putride. Et se la matiere est putrifiée dedens

les vaisseaux elle engendre continue selle, est dehors elle engendre interpolée et

se elie est de fleume froit, elle commence avec froidure congelative mesmement se

le fleume est vitré et se c'est par chaleur a donc on a grant soif et est causée de

fleume salse. Mais en fleume naturel est I petit de froit et de soif. La cause de cest

fievre c'est oizeuze et replection vomitive et pour ce elle vient voulontiers en yver et

en ancien homme et en enfant et en personnes moistes et fleumatiques et en

pescheurs et en femmes qui ont eruebrations actouzes et qui ont catharre qui

descent a l'estomac et virent toutes les choses qui engendrent humeur fleumatique.

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Et si comme y font plusieurs especes qui sont en engendrées des aultres fievres

ansy sont il de ceste fievre. Cotidienne ne vraye commence avec ung petit de

froidure des extremités avec petit poulz et occulte et quant elle vient a estat la

chaleur n'est pas forte. Ansi est lente et occulte et le poulz est toujours divers et se

termine avec ung petit de sueur l'orine au commencement est remisse ou foible et

des signes nous n'en parlons plus par cause de briefte.

Prenostication. Fievre fleuniatique est forte a esrachier pour la multitude de

la matiere et pour la groisseur et pour la viscosité et si comme on treuve pour fievre

colorique continue aussi treuve on peu fievre cotiddienne. [folio 13R] qui soit

interpolée car la clausure des porres est forte et la humidité est grande et pour ce la

putrefaction est communement continuee. Et se au commencement du peroxime

nous voyons vomir voluntairement et en la fin plante de sueur c'est tres bon signe,

car il signifie maladie briefve et saluable car c’est signe que la matiere n'est pas

moult grosse, ne unctueuse et que les porres ne sont pas estrains trop.

Cest fievre vient voulontier avec plante baaillier et alegance et avec stupeur et

petit soif et aux tumeurs de la face et couleur livide et legierement il cherroit en une

maladie qui s'appelle subech et a continuelle douleur de estomac, donc le medecin

affin que on aye fiance en luy aulcune foys doibt dire aulcune chose des choses

passées, aulcune foys des choses presentes et aulcune foys des choses avenir.

Cure. La cure est selon la diversité des especes. Mais la simple

congnoissance est assés legierement congneur et par ce on peult congnoistre la

composte et la vraye maladie est curée, tantoust on peult curer l'aultre maladie pour

ce nous voulons commencer la cure de vraye cotidienne.

Donc en cotidienne de fleume vitre et moult bonne tizanie avec (…) petit de

poivre et pour ce que la matiere est froide nous demonstrerons aultres choses selon

la proportion de la matierre. Donc en cotidienne de fleume salse veult

merveilleusment boire eaue doulce, tant chaulde que on la peult boire pour fleume

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salse si comme nous dizons au chapitre de soif, car oncques n'en peus avoir remede

de fleume se ce n'a est par beuvrage d'eaue doulce tres chaulde. Adonc on face les

aultres choses selon la portion de la chaleur, car il n'apartient pas a dire toutes les

choses particulieres. Et se la cotidienne est de fleume naturel, tu feras ainsy. Au

comment cy et en chacune maladie on doit entendre a la cause et se tu ne congnoys

la cause tu ne peus curer la maladie.

Secondement, tu doibs entendre a la maladie pour ce dit G au quint de

Ingenio sanitatis sempante aciem etc.

Tiercement, tu doys entendre es accidens car ils ont douleur, donc ostons la

cause de la cotidienne et en toute fievre putride par medecines de opilatives et

subtiliantes les porres par le dedens. Mais par dehors vous feres frications entour le

ventre et les costes aulcunes foys fort, aulcunes foys doulcement puis de la main,

puis des drapeaulx asprès selon la diversité des choses particulieres « aque dulcis

(…) vini albi (...) aceti albi (…) radicis apii (…) I olei camomile (…) ». Et de ce vous

en froteres le ventre, les costes et le dos, c'est merveille pour destouper les porres et

le faites souvent et longuement et soit la medicine chaulde.

Secondement, or veons a la maladie donc au commencement la matiere soit

digeste de ysope bouillie en sirop actous et puis soit purgier par ceste decoction « ()

florum borraginis et spolipodie turbith (...) [folio 13V] (…) fiat decoctio. Et in

decoctioue temperentur (…) » soit donnée bien matin.

Secondement, la matiere composte soit digeste par oximel diuretique et soit

purgier par ierapigra.

Tiercement. Elle soit ainsy digere « (…) fiat sirupus » et quant la matiere sera

digeste on les purgera par ces pill. cy a qui sont de si grant vertu que nulle fievre

cronique n'oze estre devant « (…) fiant pill. » On peult user de ces pill. Depuis dei

jusques (…) et les peult on aguiser des ezula ou des dy agredium ou des II ensemble

et les donné en ung mois apres leur confection. L'ordonnance di celle soit appetissée

ou agreuse selon la convenance des choses particulieres.

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Et quant la purgation, sera faite en la declination de la maladie, on peult

estuver le patient et en l'estuvr on peut mettre les choses qui sont mises ou sirop

mais en plus grant quantité exepté le sucre et le miel avec une plante d'eaue et a

lissue de l'estuve on luy donnera de cyriaca parbata a chascune fois (…) et en la fin il

se peult baignier.

Item en cotidienne quant on voit orine moult coulorée et espesse se on fait

saingnié et la vertue est forte ce n'est pas mal fait. Dit est de la cause et de la

maladie : nous voulons dire des accidens, donc au commencement du proxime on

luy doit mettre ses extremités en eaue chaulde et quoy soit bouilli camomille et

mellilo et le doit on faire bouillir legierement par decoction de raphanum en eaue ou

par ydromel ou par sirop acetoux ou par oximel diuretique et luy donnés demi (…) de

zucre. Et la fin du proxime faites le suer et luy mete une vecie darain pleine d'eaue

chaulde aux plantes des pies et soit l'air attrempé. Et s'il vomissoit trop si confortes

l'estomac de mente et de choses semblables et s'il avait stupeur, si luy faites odorer

storacen calamute et frotés fort les extremités. Et pour ce que la douleur de

l'estomac est continuelle si l'emplastres ainsi « mente absincii panis assi madesti in

aqua rosarum et cuz rosis simultricis fiat emplast » Et s'il estoit constipé si luy faites

suppositoires ou cristere. Et au cistere avec les choses communes que on y met si y

mettes suc de bletes et de yerapigra. Et vecy la dyecte mais pour ce que elle

interpolle pou ne povons parfaitement ordonner la viande, donc on ne luy donnera

nulle viande par IIII heures devant l’acces, on le doit faire mengier quant la fievre

largue le moins. Et vecy la viande [folio 14R] qu'il leur appartient, cest assavoir le

brouet de cezes, la mie de pain, III fois baignié en eaue, orgiat aduenat, lait

d'amandes et poussins cuitz avec laictue et avec portulace et les semblables. Et puis

petit a petit la universalle declinacion aux plus fortes viandes doit monter tant que on

viengne aux viandes accoustumées et ainsi doit on faire en toute maladie.

De declaracion. Tu dois scavoir que le legierement vomir en fievre cotdienne

au commencement peult signifier digestion et est a bien, mais la digestion est occulte

et non pas complete pour ce que la matiere n’est pas moult grosse, ne viscouze, ne

froide que les conduis, ne sont estrais et la matiere est asses appareillée a digestion,

aultrement une ventroit elle pas au commencement du proxime avec vomissement

legier et voluntaire, et en la fin n’y seroit pas sueur et avec ce c’est moult bon quant

l’orine antecedente est appeticée, car tout le peroxime en est alegié et peult estre

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ansi que une maniere de crisis particuliere, car la matiere est ainsi que digeste autant

que elle est obeidient a vertu expulsive. Donc on doit faire vomir legierment, en toute

fievre interpolée au commencement du peroxime. Item tu dois noter que comme en

fievre fleumatique voyue estre plante de sueur puis que la matiere est humide,

touteffois en la fin est peu de sueur du peroxime, ains est difference constitutive

selon l’entencion de G., la cause si est car la fleume naturelle est froit gros et

visqueux et pour cela matiere est a perte a luy convertir en sueur et donc celle si

convertis cest signe de remission ou apetissement des choses qui sont dictes et est

bon signe.

Tiercement. On doit considerer que au commencment l’orine est tenue, non

obstant que la matiere soir humide et plantureuse pour ce que la matiere est

indigeste est les conduis sont estoupés et la matiere grosse et n’est pas convenable

a expulsion, mais quant elle se commence a digerer et nature cominence a ouvrer

adonc elle s’espessit et pour ce c’est signe de commencement de digestion occulte.

Quartement, tu dois scavoir que en cotidienne de fleume salse ou dons on a

soifes aultres non. Item saches quant est de present, que en toute quotidienne

appartient vin quel qu’il soit, pour ce que la matiere est grosse et visqueuse ou plus

ou moins, touteffois il convient que le vin soit foible et qu’il aye moult d’eaue et que

on luy donne puis viande et soit en lieu de beuvrage pour adrecer, subtiler et

conforter, et ne se peut estaindre et avec ce le vin est foible et y’a plante d’eaue. Et

j’asoit ce quelle digere, touteffois ne le doit on point administrer devant mengier, car il

est penetratif et pour ce doit on doubter qu’il ne blesse les nerfs ou la pensée.

Item note que comme la matiere soit grosse et par consequent preste a

expellir et a evacuer par bas et la matiere est en l’estomac, et ce qui est en l’estomac

legierement se purge par vomir, pour ce je dist que au commecement du peroxime

cest meilleur vomir que aller a selle.

Item tu dois noter que pain levé avec une petite [folio 14V] quantité de sel

selon G est meilleur que aultre, car le vin est moult visqueulx et se tel pain estait

bouilli en eaue tant vauldrait il mieulx et luy doit on faire prendre l’eaue non par

maniere de beuvrage et le sel qui y est ne retient pas la nature de sel, car il est en la

composicion ainsi comme l’eaue et ay de l’eaue a penetrer et si n’a point de accuite

de quoy on doye fere compte.

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Item tu dois scavoir que baignier en eaue doulce en vraye declinacion e toute

la maladie pour mondifier, mais non pas en aultre temps, car il amoistirait trop et la

matiere est moiste, et toutes fois elle est si visqueuse et ne peut dissolver par

baignier. Et pour ce, on dit veoir que eaue bouillie donnée en manière de beuvrage

est meilleur, car en bouillant les parties de l’eaue se rerefient et ainsi les parties vont

au fons et puis sont coulée et ainsi elle est meilleur en quelcunque fievre que n’est

autre eau.

Item tu dois scavoir que les humeurs s’esmeuvent en diverses heures pour

cause de la racine de hault et de bas. Donc le sang se mue du matin et ensuit le

mouvement du soleil car il si conforme pour ce que le soleil est en orient, et aussi

pour cause de la racine bas, car nature de nuit a engendré le sang a plante et pour

ce nature qui est sage le esmeut en ycelle heure apres sa generacion affin qu’il se

nectoye des fumosités. La cole se mue a heure de tierce qui ensuit le quadre chault

et aussi par cause de conformité et par cause des choses basses, elle s’esemeut

affin que elle ne blesse le sang.

Melancolie se meut appres a heure de nonne qui ensuit l’autre quadre en

l’autre quartier qui est plus froit affin que par son mouvement le sang soit enventes et

purgiés de ses super fluites melancolique, le flevme est esmeus a vespres qui ensuit

le quadre froit et moiste. Et par cause des choses basses nature qui est sage sans

fin selon G. au livre des cretiques, elle esmeut pour purgier ses super fluites affin que

le sang demeure pur et net et ainsi dois tu entendre de toutes les altres choses qui

s’ensuivent.

Item tu dois scavoir que les humeurs grosses se meuvent plus de nuit pour la

forte chaleur, et pour ce que elles ont mestiers de fort moteur pour ce se meuvent,

elles adonc mais le subtil se assiet de jour pour cause de conformité.

Le VIII c. parle de fievre composte.

Dis que nous avons dist de fievre simple nous voulons dire de fievre

compostes, et quant a present ils sont V manieres de fievres compostes, des quelles

la premiere est appellée sextene, septene et ainsi des aultres. La seconde est

appellée fievre erradicaté. La tierce epialia. La quarte causonides. La quinte

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emytriceus. Vrayement en somme tu dois scavoir que melancolie et fleume se

meslent et font fievre et ceste composition est aulcunes fois faicte de fleume vitré,

aulcunes fois de fleume acetoux et ainsi des aultres selon la diversité des

compositcions. Aulcunes fois elle interpolle plus ou moins et se tourmentent auclunes

fois [folio 15 R] de six heures en six heures ou de sept en sept, ou de neuf en neuf.

Aulcunes fois elle se esmeut de mois en mois ou d’an en an et pour ce qu’elles sont

curées ainsi que leurs relatives a qui elles sont raportées, pour ce je n’en parle plus.

Item, fievre erratique est causée de plusieurs humeurs putrifiés en divers lieux

et adustes, c’est quant elles viennent ensemble de la vient fievre quartaine

mesmement selon Ypo. vers le temps des de automne, mais telles fievres ne errent

point car chascune fuit le mouvement de la matiere, mais il nous semble que elles

errent pour la diversité de leur peroximes selon le mouvement des planettes. Les

compostes sont curée selon la natnre de leur simple. Fievre officilia est causée de

fleume vitrey que quoy une partie se putrifie dedens les vaisseaulx et eschauffe les

parties dedens, et l’aultre part qui n’est pas putrifiée se dissolve et refroide les parties

dehors. Fievre liparia est au contraire, toutes fois aulcuns vient que c’est

composicion est faicte de cole, on la cure ainsi que que on fait les simples.

Causonides, est fievre composte de sang et de cole putrifiés dedens les vaisseaulx

et se la mixtion est egalle, on l’appelle causon synochons et s’il y’a plus de cole on

l’appelle causon. Sinochides et s’il y’a plus de sang synochus causonides et sont

curées ainsi que les relatives.

Enutlice, c’est une fievre composte de continue et interpolée et sont plusieurs

compostes toutes fois on les peult ramener a trois especes plus congneues de

cotidienne continue et tiersienne interpolée. La seconde espece est causée de

tiersiene continue et cotidienne interpolée. La tierce espece est cansée de quartaine

continue et tiersaine interpolée. Etpour ce que toutes les especes viennent peu

souvent et quant elle viennnent on les cure ainsi que les simples, pour ce je n’en

vueil plus parler

Le IX chapitre parle de fievre ethique

Ethique est fievre continue d’une forme dans vice des humeurs et le subget

c’est le cueur et les membres solides et dois scavoir qu’ils sont deux ethiques

aulcune est avec fievre et l’autre sans fievre et l’appelons ethique vieille en telle

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manière que la chaleur est moult estendu et la chaluer est egale ou ainis que egale

et froideur tellement que ces deux ne surmontent pas moult.

Toutesfois aulcune fois elles excedent, si comme en vieillars tellement que

aulcunes fois celle ethique vieille est en jeunes enfans de VII ans ou de XIIII ans.

Ethique qui a fievre a trois especes. La premier est quant la humidité du cueur et des

memebres cordials est consumée et est semblable de l’uylle et de la lampe. La

seconde espece est quant la humidité est consumée et est semblable de l’uyle qui

est dedens le brhin. La tierce espece est quant le glutinun est consumé et est

semblable de l’humidité substancielle et du lichin.

Cause. La cause de fievre ethique ce sont toutes choses qui eschauffent et

enflament le cueur et les membres solides et pour ce aulcunes fois vient ethiques

que des fievres precedentes de effimere et se de causon des semblables

mesmement quant ont leur commande comme de ebstinence non raisonnable et

quant on oste boire eaue froide on leur l’a [folio 15V] bevroit a doner tieulx malades

sont legierement consumés, mesmement ceulx qui sont chaulx et secs et qui sont

amaigris car ceulx qui sont gras et charnuz ne viennent pas legierment a celle

consumption. Fievre ethique vient sans fievre precedente si comme de grant

tristesse et angoisse et de yre et de fatigation de l’ame et du corps et prison et

briefment par toutes choses qui ataine le corps et vient aussy pour le vice du foye et

du cuer, du poulmon et du pis si comme en ptisique en enpyma et en apostumes.

Les signes de fievre ethique c’est quant il a plus grant chaleur en l’artere que es

aultres lieux prochains donc quant la fievre est egale d’une forme et qui n’a en luy

nulle diversité quant est de luy ne au premier jour, ne au second, ne au tiers et que le

cuir se turne a une secheur, c’est signe quel est la en la premiere espece de ethique.

La premiere espece d’ethique dit Avicenne est moult forte a pargnoistre et

legiere a curer, la cause si est car la premiere espece peult estre sans secheur, si

comme G. le declaire au livre des differences de fievre. En la seconde espece de

ethique apart secheur notable et avec ce en quelque heure que le patient mengue, il

est plus enflammé et le poulz se haste plus, exemple de chaulx vive on leur met

eaue froide. En la tierce espece les yeulx sont concaves et le cuir est tendu et le

ventre se tire au dos et le poulz est chaulx et vide et dur en manière dit corde tendu,

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et l’orine est ainsy que oly et se elle chiet sure. Une pierre elle sonne rauque. Le

signe de ethique vieille c’est le poulz petit et tardif et orine tanué et remissé.

Pronostication. La premiere espece est de legiere cure, la seconde de forte

cure et la tierce ne se peult curer se Dieu ne la cure, si comme du chien quant la

propre substance et humidité est parfumée pour huille, que on y mette on ne la peult

rectifier ainsy est il quant les humidités semblables du cueur et des aultres membres

sont de gastes ou assez pres consumés. Mais la moyenne fievre n’a moyennement,

car s’elle est curée c’est a grant paine, et quant les ungles se courbe adonc elle est

en estat et quant les cheveux cheent la mort aprocheet le fluc de ventre y vient, il est

pres, quant les jambes commencent d’enfler il ne peult plus vivre ains mourent

communement dedens III jours et ceuls qui ont ethique ne congnoissent pas bien

chaleur, car le male complexion diverse est faicte egale et ne congnoit on pas

sensiblement et quant fievre fievre ethique est compostes avec putride elle est forte a

cognoiste.

De cy la cure. Se ethique vient par eschauffement du foye ou par apostumes

ou par choses semblables, on les doit premierement curer. En ethique competent

choses froides et humides et non pas seullement froides ou tropt froides, car elles

desechent si comme dit Avicenne ne choses moistes avec chauldes, car elles

eschaufferient et decherient plus et Avicene met exemple du vin, donc choses froid

es humides ensemebles y competent si comme est tizaine succré et lait aussy, et lait

clere de quoy on osté le beurre. Donc lait apartient aulx tiziques ou cas que fievre

putride n’y seroit meslée [folio 16R], si comme dit G au XI de Ingenio sanitatis. Et le

meilleur lait qui appartient c’est lait de femme, apres lait de anesse, et apres de

chienne, et apres de vache, son peut on le doit boire de la mamelle de la vache et

son ne peut pernes ung vaisseau plain d’eaue chaulde et le chauffez et luy faites

boire tost, car le lait corumpt tantost ainsi que le lait se corrumpt tantost ainsi que fait

semence. Et se nous doubtons que le lait se corrumpe en l’estomac si le faites

bouillir une unde et y mettez ung petit d’eaue et de sel et de miel ou mettez y cailloux

durs et chaulx ou une piece de fer chaulde ou dit lait et le prenez tost et saignement

qu’il ne se corrumpe. Item baigner y est bon ou en estuve et y soit mis II fois le jour et

que la viande soit digestes en l’estomac et ne soit pas l’eaue chaulde, mais ung petit

plus que tiede et n’y doit pas suer et ne estre longuement et lissue on le doit mouiller

soudainement d’eau ainsi que froide car baing d’eaue chaulde sans ung petit de froid

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apres ne vault apres riens ce dit G, ne eaue froide, ne vault riens, se la chaulde ne

va devant et que administrera le lait et le baing diligement il y trouvera grant remede,

et les bestes doivent estre nourries en bonnes pastures qui se tirent a secheur, si

comme nous dirons au chapitre de tysique. Cancres d’eaue doulce y sont bonnes,

mais on en doit oster les extremitez et le remanant, on doit fort laver de lessive faite

de cendre et de vigne tant que la mal oudeur en soit oster, apres on le doit cuie en

eaue d’orge, et lui donnez orgiat avenat et amidon, car il luy sont bons quant ils sont

cuitz avec lai de vache eburré et mye de pain baignée en plusieurs eaues froides

doulces, et puis meslée avec le lait, poissons qui ont escame qui sont d’eaue nettes

et oeufz molets et brouet de cezes y sont bons et aussi sont chairs de vollile excepté

ceulx qui vivent de rapine es eaues et les doit on cuire en plante d’eaue avec d’orge

et avec coriandre nouvelle ou laictue ou avec fruitz frois, si comme sont melons et les

semblables, vin cler subtile avec plantes d’eaue leur est bon.

Item on leur doit oindre le pis de c’est onguent «(…) sufficit fiat ungentum ».

Item il usera de cest electuaire « (…)cum aqua fontis juxeta ignem lentissime ». Et se

fievre putride y estoit meslée on peut adjouster avec les choses centissim en [folio

16V] « divia lectuca cicorea scariola » et les semblables et le peut devant dit. Mais en

ethique vieille compete lait et miel et brouet de chaire toutesfois miel en en fievre

ethique est moult nuysable. Et se en fievre ethique on avait flux de ventre, on doit

donner lait cuit de cailloux d’eaue qui soit bien chault et mis au lait avec muliostic ou

sumac ou mirtilz ou lentilles escorcées et cuites en eaue.

De plus dire je m’en excuse car nous en avons assez dit sur le livre de G. des

differences de fievres et sur le XI chapitre de Ingenio sanitatis.

Le X chapitre de fievre pestilenciale

Fievre pestilentiales sont celles qui viennent en temps pestilence et de

corrumption, quant les blez et lait et les eaues sont corrumpues.

Tu dois scavoir qu’ils sont aulcunes fievres que nous appellons diverses

maladies qui vient par miction de desconvenable de VI choses non naturelles et elles

sont communes a tous. Aulcunes sont maladies de regions, si comme ptisis et

empivia qui sont de montagnes et flux de ventre et ydropisie en valée. Et en

aulcunes regions sont aulcuns arbres et son mengue du fruit, ils engendrent de ler

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proprieté vocium et ungle. Et sont aulcunes eaues qui de leur proprieté engendre

opilacion de esplain et du foye et male couleur. Et sont aulcunes maladies que ont

appelle pestilentiales ou epaticales, et enfendrent en temps de pestillence

corrumpues et toutes ces maladies sont mauvaises et de male terminacion pour ce

que les membres principaux en leur racines sont blessés en ce temps ou par effect

des planetes, mais materiellement ils sont corrumpus par les choses de bas car ia,

soit ce que l’air et la age et les corps simples ne se corrumpent pas en leur nature,

toutes fois par cause de leurs vapeurs corrumpues qui se meslent elles sont

corrumpues et se corrumpent, les bestes et les blez et les fruits et ainsi les corps des

aultres. Et corrumpent ainsi les corps humains car l’air corrumpu environne tout le

corps et va au cueur et le corps nourry de viandes et de beuvrages corrumpus.

Donc les vapeurs sont resolvées par la vertue des estoilles et des planetes et

les vens portent leurs vapeurs entant que une grant pestilence viene en aulcune

partie du monde, et selon la diversité des corps sont engendrées diverses maladies

et fievres, en aulcuns sanguines, en aulcuns fievres coloriques et ainsi des aultres

selon la diversité des dispositions et aulcuns n’en sont pas blecés, aulcuns en

escapent et aulcuns meurent, car l’action se fait selon la disposition de la matière.

Signe. Aucluns sont communs, aulcuns sont propres, le signe de pestilence

qui doit avenir, c’est quant appret l’estoille comette comme chandelle ronde quant

maintenant est chaleur maintenant froideur et ung jour ou en divers jours et que lait

est obscur et espes et semble qu’il pleuve et ne pleut point et que este est chault et

moiste et les oyseaul laissent leur nids et leurs œufs sur terre et plusieurs bestes

reptiles apparent ce sont signes de impedimie qui doit advenir. Decy les propres

signes de fieuvre pestillencielle, c’est que la chaleur [folio 17R] de dehors est lente

et dedens forte avec soif et secheur de langue, et ne peut on pas sonstenir la maldie

ne vient reprendre son alayne et douleur des entrilles, et tout ce qui y est du corps

est puant, si comme l’aleyne, l’egestion, la sueur et l’orine.

Prenosticacion. Toutes sont de male determinacion avec terribles accidens

et s’ensuyvent souvent veirolles morbiles, et maladies venimeuses et communement

decoivent les medecins, car l’orine appert a la fois bonne et lipostasie aussi, mais

non pas de la matiere de la maladie, mais de la viande, car nature n’ose envait la

maladie pour la malice. Et quant on atent bon crisis a donc vient la mort, donc

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saches que des maladies agues on n’en peut pas certainement jugier, ne de mort, ne

de vie.

C’est la cure. On peut preserver se le temps est froit en odorant « muscum

lignum, aloes garifolum, scoracem calamitam, ambra » et les semblables

aromatiques ou en mengant. Et se le temps est chault, on le face par choses

aromatiques froides, si comme sont « rose sandali, camphora et acetositas citri ».

Donc la cure en fievre peut estre telle que on rectifie l’air selon la nature du temps,

car en este en refroidant de fueilles de saulx et de canes et de vignes blanche et

coucombre avec plante d’eaue froide et de vin aigre et eaue de rose et les

semblables . Et doit odorer roses « sandal camphore » et nenufar et toutes choses

acetouses luy sont bonnes, si comme lait aigre et herbe acetouse et mygraines et sur

de rezins aigres et acetosite de cytrons et de lymons et citrangles et vin aigre. Et si

se doit bien generalement garder de trop boyre, de trop mengier et de rafaiter en

temps de pestillence et se la maladie estoit sanguine faites saigniée avec les autres

choses particuluieres qui y appartiennent. Et se elle est colorique on le doit purger

ainsi qu’il appartient et ainsi des autres. Donc on peut faire un tel syrop « (…) scci

boraginis, succi buglose, succi mellisse, succi (…) dulcium, succi acetose, succi

endivie, succi scariole (…) se rosarum (…) sandali muscali (…) II camphore (…) I

Aceti albi, III conficiant cum aqua rosa optima panis zuccri lib I fiat sirupi (…) ». Item,

il doit user de cest electuaire « zuccri rosa, triasandali (…) auri puri XX (…) iacintoruz

(…) misceant»

Et se le malade a les extremitées froides, on luy doit froter et commencer par

dedens et tirer par dehors, et s’il a l’apetit foible, on le doit conforter par choses

aromatiques et ecetouses. Ce cy est de clerici sur le premier livre qui d’appelle Liber

regimanis acutoris.

Le XI chapitre parle de sueur

Sueur est vapeur humide resolvée de dedens le corps et est espece pres de

la superficie du cuir. La cause de fieuvre est toute choses qui resolve en matiere en

sueur vapeur. Et doy scavoir que aulchune vapeur est seche et de ce viennent les

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cheveulx, si comme nous dirons ycy apres. L’autre est moiste et de la vient sueur.

Aulcunes fois sueur vient par cause estrange, si comme par chaleur.

[folio 17V] du soleil ou du feu, du vent meridiona ou par trop fort laborer ou

par trop de couverte ou par baignier et les semblalbes, mais aulcunes fois sueur

vient par dedens par cause de chaleur dissoluent, et pour ce je dy qu’aulcune sueur

est naturelle et celle qui est faicte par bonne vertue regitive, elle elegit tousjours et

est bonne a souffrir et c’est aulcune sueur non naturelle, qui est faicte de chose

innaturelle et fait mal et gravance a souffrir.

Signe. Des signes aulcuns sont prins de la quantié, aulcuns de la qualité,

aulcunes fois y a grant quantité, aulcunes fois petite. Plante de sueur vient par nature

qui resolve fort ou pour ce que la matiere est aquatique subtille chaude, vapoureuse

et humide, ou pour les porres qui sont clers ou pour ce que la contentives est foible

et le expulsive et forte. Petite sueur vient ou pour ce que le resovlent est foible, ou

que le matiere est grosse et petite et les porres sont espes et condempses et la

contentive est forte et le expulsive foible, et ainsi avons-nous congnoissance de sa

quantité. Et vecy de la qualité, car se on prent drapeaul et ils soient bagnies en la

sueur et qu’ils se traient a rougeur c’est signe de sang, se a couleur citrine c’est cole,

se a blancheur c’est signe de fleume, se noirsure ou liveur c’est melencolie. Item on

prent signe par l’odeur greve et fetide signifie corrumption. Et aulcune fois une goutte

chiet en la bouche du patient et est doulce et singifie sang. Aulcune fois est amere et

signifie cole, se elle est salée elle signifie fleum salse et ainsi des aultres humeurs.

Prenosticacion. Toute sueur qui vient apres le signe de digestion se c’est en

jour cretique et que elle soit par tout le corps avec aligance c’est bon signe. Et se

aulcune de ses condicions de fault c’est mal signe, et pour ce sueur au

commencement de maladie signifie ades mal, car la matiere n’est pas digest, car elle

vient par force du sinchomach et non par force de nature, et pour ce au

commencment selon nature, nulle evacuation n’est bonne.

Donc sueur doit apparoir apres les signes de digestion complete en la fin de

l’estat. Et pour ce en nul temps de la maladie elle n’est bonne, se ce n’est en la fin de

l’etat, car en declinacion elle degette vertu, car crisine se fait point en declinacion,

mais en la pire euvre se c’est vraye crisis avec que toutes ses condicions, c’est

assavoir qu’elle soit certaine complete et demonstrée.

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Item la saconde condicion est necessaire que elle soit en jour cretique, car en

tout bon crisis selon G. concourt et euvre la racine de bas et des corps souverains, et

pour ce y convient que ce soit en jour cretique se nature n’atendoit les benefices du

monde, car toujours crisis est faicte en la fin du quadre ou du demi quadre, et s’il

n’est ainsi quant a la lune, toutes fois c’est il ainsy quant aus signes du zodiaque la

tierce condicion y est necessaire, c’est que la sueur sort en tout le corps, car c’est

signe que la vertu est fate qui la peut expeller par toutes pars. Et se elle est une par

tant seulement c’est signe que la vertu est foible, soit chaude ou froide [folio 18R] ou

continue ou non. Et pour ce sueur chaulde ou chief tant seulement en fieuvre

continue ou cotidienne signifie mal et la froide signifie mort, se la fieve est ague et se

elle est lente c’est longue maladie. Item sueur vient plus du lieu ou est la maldie,

sueur qui vient maintenant et maintenant non, elle maulvaise. La quart consideration

y est necessaire, c’est qu’elle soit avec alegance sueur qui est avec foiblesse de

poulz est male, car supposé que les choses particulieres se concordent se le patient

ne le peult souffrir, c’est maulvaise sueur et ainsi generalement sueur qui vient avec

foiblesse de vertu et est male et ainsi peut on prenostiquer de sueur.

C’est la cur. Du nous voulons esmouvoir la sueur ou oster, se nous le

voulons oster tu dois entendre que nulle evacuacion naturelle et non naturelle ne doit

estre ostée jusques vers le tiers jour, se la vertu le peult souffrir, car ce seroit doubt

qu’elle ne alast au cueur et aux aultres membres nobles. Donc on doit remouvoir les

draps et eventer petit a petit de eventoires, ou on luy doit arouser la face d’eaue

froide ou d’eaue rose ou de vin aigr, on luy doit oindre le pis de huilles frois, si

comme huylle rosat, huylle de saulx et de nenufar et des semblables et emplastrez le

pis de sandal et de camphore et me semble que c’est chose legiere a oster sueur

sulement par es mouchoirs, se par adventure le patient n’avoit sincopis a donc le doit

on eviter. Se nous voulons prenostiquer ou c’est fievre ou non, on se non le doit

oindre de « aragon, de marciatous agrippa dyaltear » et faire estuve et couverte et

feu et les semblables. Et se fievre y est prenés camomille, mellilot et semence froide

en les mettes en ung sachet et puis en eaue chaulde puis les espreignes et luy

mettes au coste ou aux piedz ou aux mains ou vous en faites suffumigaion ou prenés

ung vaisseau d’araing pleine d’eaue chauldes et luy mettés aux extremiés.

Clarificacion. Tu dois entendre puis que nous avons parlé en brief de fievre

et fievre communment se termine par sueur pour ce avons mis ce chapire cy pour

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scavoir quelle sueur est profitable et quelle non, pour ce tu doys scavoir si comme dit

l’acteur Ga. sur c’est amphorisme. D’entres yeme et vere etc, que toute sueur est

oultre nature ou par la cause efficiente, ou par matiere ou d’aulcune chose

particuliere. Car se la vertue estoit forte et la matiere obediente et les porres et l’air et

les choses particulieres fussent en comvenable proporcion, la matiere evaporeroit

insensiblement et se aulcune sueur appert c’est que elle repugne et resiste a

resolucion insensible et ainsi toute sueur en aulcune manière est contraire. Toutes

fois en faisant comparacion a la maladie, car la vertu est plus forte et purge la

matiere de la maladie, le patient en est allegé et celle sueur est dite naturelle, toutes

les aultres sont innaturelles et sinthomaiques et maulvaises et les aultres bonnes.

Secondement, tu dois entendre que sueur materiellement vient de la seconde

[folio 18 V] digestive, toutes fois elle vient effectivement de la tierce, car les vapeurs

qui sont dedens les porres des membres sont boutées hors et ainsi sueur peut estre

la super fluite de la seconde et de la tierce digestion selon diverse manière et

d’entendre.

Tiercement, tu doibz scavoir que se sueur vient des causes de dedens

communement elle vient plus de nuit que de jour, et plus en yver et en dormant. Mais

s’elle vient par causes de dehors, elle vient plus en veillant et de jour et d’esté. Item,

grasse gens suent plus que les maigres, se la grosseur des humeurs et les porres

qui sont especis ne l’empechent et vient plus devant que derriere, car la partie de

devant est plus chaulde et plus clere et est plus en mouvement que en repos.

Quartement, note que se le médecin vers la fin de l’estat voit que nature soit

negligente et endormie tant qu’elle ne puisse expeller sueur, a donc il la doibt

esmouvoir attemprement car le medecin c’est le ministre de nature.

Quintement, tu doibs noter que en continue sueur est plus grande que en

fievre interpolée en considerant tant seulement une sueur. Mais se nous considerons

la sueur de tous les periodes, la sueur est plus grande en interpollée et moindre en

continues. Item, se nous voulons esmouvoir sueur, nous la devons torchier, ainsi le

nous commande G. car quant quant sueur demeur et on ne la torche, elle clot et

estoupe les porres et ainsi torchier la sueur sans esventer le esmeut, on doibt

toujours trochier l’ordure, car elle corrumpt le membre ou elle est.

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Le douziesme chapitre parle de vairolles morbiles.

[folio 34V]

Le XXI chapitre parle de cure de lepre.

La lepre c’est maladie consimile corrumpant la forme et la figure et la

composicion des membres et blessé et vient de matiere melancolique esparse par

tout le corps.

Tu dois entendre que matiere melancolique ou elle se espant par tout le coprs

ou a partie. S’elle va par tout le corps ou elle se putrifie ou non, s’elle se putrifie de la

vient fievre melancolique, s’elle ne se putrifie point ou elle va a la chair ou au cuir.

S’elle va au cuir elle fait morphée. S’elle va a une partie ou elle s’assemble ainsi que

au cuir dehors et ne se adurist et engendre a donc ques veruques et neux et s’elle va

dessoubz le cuir plus et qu’elle ne s’adurisse, elle engendre sclirosim et duresse, et

se elle se endurist ou la matiere est grosse ou fort subtille, se elle est grosse elle

engendre le [folio 35R] chancre, s’elle est subtille elle engendre herpestiomene, et

ainsi herpestiomene se engendrer de melancolie aduste et d’adustion d’humeurs

chauldes si comme dit est. Donc il appert que lepre est maladie consimile ou c’est

accident de maladie consimile et ainsi y sont III maladies en lepre, c’est assavoir

consimile, officiale et commune.

Consimile est pour la maladie complexion froide et seche qui est propre cause

et erreur de la vertu assimilative et pour ce dit G au VI de morbo. que lepre en grant

erreur de vertu assimilative en chair. Encore dit G. des vertus naturelles, qui quant

vertu digestive erre en disseminant a donc s’engendre ethique et quant elle erre en

assimilant c’est lepre et quant elle erre en unissant c’est ydropisie.

Donc male complexion chauldes et seche qui est en chair pour matiere

melancolique ne peut celle matiere corrumpue faire resembler a bonne chair rouge et

vray, elle engendre chair fleumatique ainsi que s’eparée ains et graveleuse et ainsi

s’engendre lepre.

Donc il appert que lepre c’est maladie consimie et c’est maladie officiale par

complexion est tant male qu’elle corrumpt la forme et la figure. Et c’est maladie

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commune car finablement elle dissolve continuité se la mort n’y survient et pour ce

estoit ce bien dit lepre est maladie corrumpant forme et figure et composition des

membres et finablement dissolve continuité qui vient de matiere melancoliqe esparce

par tout le corps, donc lepre c’est tres grant erreur de vertu assimilative en chair.

Cause. Lepre ou elle est introduite du ventre ou de après. S’elle est de ventre

c’est pour ce qu’il est engendré en temps de menstrus ou qu’il est filz de lepreux ou

pour ce que lepreux avait dormi avec la femme grosse et ainsi s’engendre lepre.

Mais se c’est après l’enfantement ce peut estre pour ce que l’air en mauvais et

corumpu et pestilencieux ou pour ce qu’il continu viande melancolique, si comme

lentilles et aultres legums et chaires melancoliques, si comme loups, renars, ours,

chevaulx et lievres et toutes bestes a IIII pies, si comme asnes et les semblables, car

en aulcunes regions on mengue toute sauvagine. Item lepre vient par trop converser

avec mesaux ou par rafait une mesele ou par gesir avec femme qui a dormi avec ung

mesel se la semence est encores en la matrice, car la femme n’est pas meselle pour

dormir avec un ladre s’elle ne le continuoit trop car la matrice est trop espesse, mais

se ung homme sain y dormoit et que la semence fut encores en la matrice il

conviendroit qu’il fust meseau, car les porres du membres sont petis ou mascle et la

infection va tantost par tout le corps et pour ce on se doit garder et s’il le convenoit

faire on doibt estudier pour faire yssir hors la semence de la matrice en alterant, en

sautant, en estant, en esternuant, en baignant et en nettoyant la matrice d’eaue nete

et qu’on attende longtemps et en plusieurs autres manieres qu’il ne convient pas

racompter pour bouter hors de la matrice semence corrumpue.

Et chacun se doit bien garder qu’il ne dorme avec femme meselle, et advient a

Montpellier que une contesse y estoit venue laquelle estoit meselle et fut en la fin en

ma cure et ung bachelier en medecine l’abouboit et dormit avec elle et l’engroissa et

il devint parfaitement meseau et celuy est bien [folio 35 V] eureux qui se chastie par

aultruy.

Item mengier lait et poisson ensemble engendrent lepre.

Item trop mengier viandes chauldes qui eschauffent le sang ou trop mengier

viandes froides et seches et melancoliques come dit est engendrent mezelerie. Donc

tous colleriques extenuent qu’ils sont moult chaulx et adustés qui ont le foye chault

se doivent garder, car ils sont emmy chemin. Et non obstant que la cause prochaine

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de lepre c’est matiere melancolique et male complexion froide et seche et ainsi ne

n’est il que une espece, toutesfois en considerant les causes antecedentes il y’a

quatre maniere de lepre. Car se la cole se adurit et que elle passe en melancolie de

la vient une lepre qui s’appelle leonine qui tantost croist. Et quant le sang se adurist

de la vient allopicie et est le moins male de tous. Et en apres se endurit melencolie et

de la vient elephancia et croist le plus tard et se guerrist le plus longuement et la

fleumese adurist aussi et de la vient lepre tyria et est moyennement entre les autres.

Signe. Decy vrais signes sans faulte, c’est assavoir depilacion de surcils gros.

Les surcilz, rondesse des yeulx, nazilles elargians par dehors et estroictes par

dedens et respire en malaise, et parle du nez, la couleur de la face est livide et clere

et reluisant et est sur couleur fusque et morte et terrible, la face en regardant

fermement petites et retraictes les oreilles. Mais par un signe nous ne devons pas

juger, car ils sont souvent equinoques, mais par plusieurs car a donc ques est plus

certain. Et si a plusieurs aultres signes, si comme pustulles croissances et

consumpcion des membres et des muscules et mesmement de ceux qui sont entre le

poulz et l’autre doit en suivant et insensibilité des extremités et fendures et infections

du cuir.

Item le sang se on lave ainsi qu’il appartient tu trouveras au fons choses

noires terrestres aspres et espandues et graveleuse et plusieurs aultres qui mettent

les acteurs, mais il me souffit ceulx que on peut veoir, si comme nous le

demonstrerons cy apres et telz signes sont manifestes par les quelz le malade peut

estre separé du peuple.

Et vecy les signes occultes qui signifient lepre commencée. C’est assavoir

couleur rouge de la face qui se trait a noirsure et l’aleine se commence muer et la

vois devient rauque et les cheveux comencent a agrelir et apetisser et la sueur et

leur aleine devienent puans et apparessent mors, melancoliques et s’est on pesant

et grave le corps. Et en aulcuns lieux appart scabie et pustulles et morphée et par

tout le corps commence disposicion prudent, touteffois se sa fourme et sa figure ne

se corrumpt on ne le doit pas separer du peuple, mais on le doit bien menacier.

Decy les signes qui signifient peril et aprochance a lepre, c’est assavoir

corrosion qui est du cartilage qui est entre les trous des nazilles et quant il chiet es

fendures des mains et des piés et quant paresse en chient et leurs grosses et

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disposicions de couleur glanduleuse respirer a grant peine, la voix rauque comme de

chat, terrible regard, couleur noire, le poulz occulte et petit. Decy les signes de

l’umeur qui peche.

Se la lepre est causée de sang, la couleur se trait a rougeur obscurcie, la face

subrubiconde avec plusieurs ulceres rouges. Les [folio 36R] yeulx sont rouges et les

paupierres enversées et de chose legiere, le sang yst des nazilles, l’oudeur est

griefue et puanteur en tout le corps, l’orine est ainsi que rouge et respesse. Et se

c’est de cole, la couleur se trait a couleur citrine et noire, pointive et mordicacion en

la face et es paupueres, il se courousse legierement. La maladie est tirannie. L’orine

se trait a couleur citrine et atenuite aulcune fois il a impetigine et serpigine et se

multiplie tost.

Et se c’est de fleume la couleur est blanche et se trait a noirsure, il a la face

sur enfleure et les extremités avec ques aulcunes resolucions et furfures et scames

blanches. L’orine est blanche et se trait aspicitude avec aucune globosité saigneuze.

Et se c’estoit de melancolie la face se trait a noirsure trouble. Et se l’air est

trop chault ou il se esmeut ou il se courousse la couleur sera rouge, trouble, tournant

a noirsure. Et se l’air est froit, la couleur est livide et se trait a noirsure il a plusieurs

neux entour le corps. Les meurs sont melancoliques, il a stupeur et insensibilité,

l’orine est tenue et remisse. Et se c’est de sang, on l’appelle allopicia. Se de cole

leonine, se de melancolie, elephancia, se de fleume tyria.

Prenosticacion. Nous pouvons certainement prenostiquer que jamais puis

que la lepre est apparente corrupcion de fourme et de signée il ne sera cure, mais on

luy peut prolongier la vie et ce peut on empescher par medicine que la matiere

venimeuse ne voise au cueur, ne aux membres principaulx. Car tu dois scavoir que

lepre commence premierement par dedens et puis se demonstre en la face et es

extremités et puis se rentre de dens et adonc c’est la mort, car les membres nobles

ne pevent soutenir tant grant mistere pour la matiere qui est tant horrible et pour la

mal complexion froide et seche qui est contraire au commencemens de vie. Et pour

ce disait A. comme se pourra curer lepre qui est chancre universel quant on ne peut

curer chancre particulier.

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Allopicie qui est moins perilleuse est plus legiere a curer au commencement la

leonine vient plustost en augmentacion. Elephancie vient plus tard a augmentacion

comme dit est, et est plus tard curée, mais tyrie se tient moyennement.

Cure

Premierement, on doit faire saignié et sache que puisque la maladie est

confermée que l’on le congnoist par corrumpcion de la fourme et de la figure, la

saignié ne proffite pas moult ne forte medicine, car elles esmeuvent et ne evacuent

point et se refroident et dessechent et ostent la vertu et purgent pou ou nyant de la

matiere de la maladie, car elle n’est pas es vaines adonc mais es membres.

Et se saignié compete en lepre confermée, c’est quant la lepre est de sang et

que le sang habunde moult. Du car c’est en femme pour ce qu’elle retient ses

menstrues ou ses emoroydes, ou que le patient ne peut pas bien respirer et se

doubton de suffocacion, aultrement n’y appartient point saignié et vauldrait mieulx

des petites veines que des grandes. Du que on face ventouze avec scarificacion

entre les espaules ou sans scarificacion es jambes, mais au commencement

appartient mieulx saignié, car la matiere est es vaines, donc on la doit faire quant il

appartient et ainsi qu’il appartient.

Toutesfois nous [folio 36V] voyons les ouvriers errer, car ilz le font

indifferemment, si devons bien regarder.

Secondement, on doit considerer des medicines et de la digestion de la

matiere au commencement quant elle est curable car quant elle est confermée on n’y

doit riens fere pour curer, mais pour prolongier, et le doit on dire devant. Et se le

medecin en estoit fort requis. Premierement on doit digerer la matiere ainsi « (…)

succi fumiterre, succi scamonee et scabiose, succi lapaci acuti (…) boraginis (…)

floruz scrie, epithimi, cuscute, polipodii aneti liquiricie mundate (…) mellis rosatis et

panis zuccri (…) III fiat sirupus clarifictus ». Et se humeurs chauldes dominent si

mettes avec « sirupus endivie, scariole, letuce a acetum ». Et se matieres froides

dominent, si mettes avec le dit sirop « origanum et calamentu anthos sticados anissi

maratri ». Et se estoit en femme par retencion de mensrrus si y mettes « arthemizia

samua et serpilus » selon la diversité des temps de l’an et des aultres choses

particulieres on y doit mettre ou ajouster. Car s’il est poure et la matiere est chaulde

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on la doit digerer de oxizacra avec sirop de fumoterre et se la cause est froide de

oximel diuretique et squillitique et sirop de fumoterre. Et s’il estoit riche et delicat on

doit digerer la matiere par ces ellectuaires « (… ) dyamber, dyacameron, dyarodon,

juli dyamar gariton». Et s’il est poure par dyanthos et dyarison. Et se la cause est

chaulde de si y mettes avec « zuccri rosarum et triasandali». Et quant la matiere sera

digeste au tiers lieu il fault venir aux medicines. Medicines fortes ellectives ne

doibvent estre données que une fois emmy printemps et emmy auton une fois. Mais

medicines legieres on les peut donner plusieurs fois ou par adventure chacun jour

jusques a une bonne selle ou deux ou petit plus selon la convenance des choses

particulieres « (…) sene epithimi polipodii aneti (…) mundum datarum ab arillis

liquiricie mundum (…) fiat decoctio cum cero caprino et in decotio temperatur cortices

mirabolanorum (…) emblicorum bene (…) frixeni lento ingni et (…) ». Et en donnés

jusques a demi livre au matin. C’este decoction est moult proffitable si la doit on

diligemment garder. Et se humeur chauldes dominoit en la matiere, si mettes avec

« (…) citrinorum (…) cum mastice et bulliant in saculo ».

Et se la matiere estoit fleumatique si y mettes encore « mirabolam cerbuli (…)

turbith cum esula (…) et masticis bullitis in saculo et in decoctione ». Decy les

medicines fortes c’est assavoir « theodoricon, (…) emperisticon acuatiz cum pulpa

colloquintidum in parua (…). ». Et se la cole domine si y mettes avec ce ellectuaire

donc « succo rosarum » et se le fleume domine yerapigra. En matiere chaulde

donnés ces pillules « (…) ellectuariuz de succo rosaruz oxizacra (…) interiorum

colloquntidum (…) fiant » pillule. Et se c’est fleume froide « (…) yerapigra (…) III

espule (…) fiant » pillule. Et se melancolie domine [folio 37R] « dyacene (…) pulpe

colloquintidum (…) fiant » pillule. Ces doses cy se varient selon la concordance des

choses particulieres, car aulcunes sont fors, aulcuns sont froibles, aulcunes

demeurrent en climat chault, aulcuns en froit, si le lesse a la discrecion du medicin,

car toutes medicines de electuaires sont perilieuses et toutes colloquintides car

entre les fortes elles y conviennent seullement.

Donc affin que vous puissiés eschever le peril de ces dictes medicines. Alés

vous en I jardin ou il y aye plante de rafanum, de percil, de fenouil et en ostés les

racines mais non pas du tout et les pertuises d’une aleyne ou de une grosse aguille

et soyent lardées de elle boro nigro et soyent couvertes ainsi qu’il appartient et les

laisse desoubz terre XL jours ou plus. Et quant vous en vouldrés user ostes tous les

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lardes et de remenant faictes oximel. C’est ung merveilleux digestif et evacuatif. Du

vous le evacuerés ainsi par tout l’an et par aventure il souffiroit « (…) puluerem

epichimi » preng de c’este pouldre checun jour une cuilliere avec cler lait de chievre il

est de si grant vertu que se aulcun est disposé a lepre et il acoustume c’est medicine

il ne sera point meseau. De la maniere du laxatif, nous en parlerons quant nous

parlerons des serpens laxatifz, et si parlerons des caparu purges et des cauteres.

Donc se le corps est mundifie purge le chief « (…) celidonie tanisie nasturcii

auripigmenti agni casti pulegii origani (…) se macropiper (…) muscate (…) et III

bulliant in vino albo et addanture olei sizammini (…) et bulliant simul et colentur ». Et

puis prenes laine succide ou coton estoupés de chanue et les baigniés en la dicte

caladure et puis en degoutte une goutte ou II es nazilles du patient et faictes cecy au

matin devant mengier, cecy le fera estarnuer ou pissier et purgera les superfluites du

cervel et aquosites et les semblables. Du vous y mettes suc de marjoraine et suc de

la moyenne escorce de sambuc. Du faictes ung esternutoire de ceste pouldre « (…)

pulverus castozei et (…) et ellectuarii ». Du faictes ung tel masticatoire « (…) euforbii

piretri piperis castorei sinapi (…) cum oximelle squillitico et modico cere fiat

cerotum » et en prenés le gros d’une feve et machiés douclement ente vos dens.

Donc purgiés le chief par aulcunes de ces manieres devant dictes et puis faictes

cauterés deux jambes d’essoubz le genouil en la concavité qui est sus le nuiscle et

faictes ainsi es bras et faictes fecions ou col et ventouzes entre les espaules avec

scarificacion et faictez cauterés au chief en quatre parties sur les commissures se le

patient le peut souffrir et tenés ces choses cy au moins XIIII jours.

Quintement, venons au baing le patient doit estuvé et en l’estuve mettés ces

choses cy « fumusterre scabina lapacium acutum anthos (…) sitcados camomille et

melliloti » et en mettés largement et faictes reré le chief et les surcils. Et l’aues tout le

chief de cest decoction « (…) piretri stafigrazi euforbi macrpiper nucus muscate

sulphurus vini auripigmenti ruberi sinaper oloe pulverizentur et bulliant in aceto imulto

et pernes » ung drapel aspre et le boutes [folio 37V] en ladite decoction et en frotez

fort le corps du chief jusques au piés devant et derriere et puis le lavés d’eaue

chaude doulce et puis luy donnés .I.(…). de triaques avec vin de decotion de

fumoterre. La maniere de toutes ces choses cy est telle, quant il sera levé au matin il

yra esbatre attrempement et si s’efforcera de bouter hors toutes fuperfluitez et puis il

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entrera es estuves et la il sera froté par tout le corps et puis le lavera on ainsi

souvent par plusieurs jours et par plusieurs mois continuelement ou interpolement

ainsi que le patient le poura soufrir.

Et quant il y sera hors du baing et que tout sera fait ainsi que dit est, avant que

on luy baille la triaque on luy oidra le corps de cest unguent pour conserver les

humidités du corps « (…) gallarus et mirabolanorum et oleum sisaninum et bulliant in

aceto » et les oignes. Apres toutes ces choses cy faites encores estuvés des

d’herbes et oignes tout le corps de ceste eaue « (…) lilii iari draguntee (…) et

distillent par allembicum et addatur aqua de (…) fabarul aqua rosa ultramarin optiba

et gariofil et (…) muscate » Et de ceste eaue lavé chun jour la face et le chief et tout

le corps. Ces choses cy embellissent et palient et aussi fait sang de lievre chault se

la face et tout le coprs en est oing.

Sixiesmement, or venons aux serpens de lieux bien secs qui on le dos noir et

luy loyez vers les extremitez le chief et la queue et le bates tres bien de petites

verges et puis souldainement II hommes luy copent l’un la teste et l’autre la queue

tout ensemble et le laissez debatre sur la terre et tant plus se demenera et plus

ystera de sang et mieulx vouldra.

Et pius vous l’eschorcerez et le lavrés d’eaue doulce ou salée chaulde et puis

de vin pur et de telz serpens vous luy enferez menger en toutes manieres que vous

pourés secretement, car briefment a parler pour meseaux après mundification du

corps nous n’avons autre voye. Donc prenés la dit chair du serpens et la cuisés en

eaue jusques a la separacion des os avec la teste, de fenoil et de anet et pain bien

cuit et avec sel et puis lui faites menger la chair et humer le broet ou autrement la

chair soit appareillée ou broyée avec une alle de geline et .I. petit de gingembre et de

pain de sucre et en faites .I. blanc menger. Du aultrement la dite chair du serpens

soit appareillé avec pouldre de coriande et gingembre et soit mis en orthocrée que

on appelle ruissolle. Du ladite chair ainsi appareillée soit broyée fort avec pouldre de

gingembre et noix muscade et pain de sucre et en soit fait ellectuaire. Du perne

serpens vifz et le mettes en tres bon vin avec « epitimius » et avec sernr et

« polipodiu et anisium » et les semblables et avec « summitates feniculi et aneti » et

luy faites boire et le vin avec ung petit d’eaue. Du que toutes ces choses en temps

de vendenges soyent mises en moust et le vaisseau ne soit pas tout plein. Et quant

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le vin sera esclacy vous le mettres en ung aultre vaisseau pour le garder. Ce vin cy

lasche le ventre chescun jour deux foys ou troys et est viande et beuvrage et

medicine et tout le corps soit lavé de la decoction du serpens et quant il aura asses

usé de serpens et que nous le verrons fort escumer et avoir scothomie et aussi

sincopim et grant tumeur en tout son corps, c’est [folio 38R] tres bon signe, car

serpens sont bons en toutes manieres aultrement nul n’est cure ne perserve et si y

vault moult triaque. Tontes ces choses cy doibvent estre faictes et que le corps soit

premierement mundifié.

Septiesmement, nous venons a oster les bossectes et eminences et y’a

plusieurs manieres de elles elever. Aulcuns les copent en croix et les aultres les

ostent par corosis, les aultres les cauterizent mais vecy la meilleur maniere de elever

c’est que vous pernes le neu ou bossette a ung croc ou unes pincetes et le coppes

tout hors d’un rasoir et faictes ainsi de tous se le patient le peut souffrir. Et

assembles le sang que en ystra et le mesles tres bien avec litargie bien pulverizé et

toute la face et tout le lieu en soit emplastré et le laissiés ainsi jusques a trois jours et

puis le lavés d’eaue de bren qui s’appelle « aqua furfu… ».

Et faictes ainsi de toutes les aultres eminences et puis les oignes de cest

oignement « (…) virgini citrini lib .se. ungenti fusti, ungenti ad scabien litargiri .III.

misceant » et en oignes toute la face ou les aultres lieux et soit ainsi ung jour ou une

nuit. Et quant il vouldra mengier on le lavera d’eaue de decotion de bren. Et s’il estoit

delicat on le doit premierement suffumiguer la face d’eaue d’une decoction de ces

herbes « (…) malue bismalue la pacci acuti fumiterre ». Et puis doit on oindre le lieu

de l’art et puis coper. Et s’il doubte la incision on doit corroder le lieu et cauaterizer

par ceste pouldre « (…) tartari viride eris salis armoniaci calcis vive (…) pulverizent ».

ceste pouldre soit meslée avec vin aigre et soit mise en une cassette de cire et soit

mise sur le lieu que vous vouldrés corroder ou cicatrizer ou cauterizer affin que les

lieux voisins ne se corrumpent.

Huictiesmement, nous voulons venir a la opilacion des nazilles, faictes une

tete et soint ointe de oingnement citrin et sur la tente mettes de ceste pouldre « (…)

litargiri aristologie rotonde tartari fiat pulvis ».

Du faictes ung tuel de aurea alexandrina, et lavés les nazilles chescun jour de

vin tiede en demenant et en trayant par les nazilles. Item note de le regeneracion des

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pelz et des surcilz, donc les surcilz soyent scarifiés et y mettes sansues et puis les

oignes de cest oingnement « (…) capilli veneris recentis, laudani (…) bulliant in oleo

laurino ». Du faictes cest oignement «(…) talpaz combustant corticis avellanarum

nucum astanearum et cum hoc apes muscas omina comburantur et tunc accipe

capilli veneris recentis spicenardi, et laudani, bulliant omnia in oleo laurino et addatur

cera et fiat unguentum ». Et quant la scarification sera faicte si en oingnes les surcilz.

Item note de celluy qui dormy avec femme que ung mezel avait rafaitie. Il sent

pointures et mordicacions entre cuir et chair et puis sent chaleur par tout le corps et

puis froidure et insompnites, tantost on le doit saignier en plusieurs parties et par

plusieurs fois. Et puis doit on faire toutes les choses devant dictes. On doit digerer la

matiere et evacuer et puis estuver et puis faictes ls cauteres et le gouvernes comme

dit est devant par tout. De la diete premierement il ne doit point raffaitier soit

atrempre ou non ne par quelque [folio 38V] cause qu’il soye mesel ne mengier

choses chauldes si comme aux : cives, vin fort, poivres, pourreaux. Il doit fuir toutes

choses froides melancoliques, si come tous leguns excepté le broet des cezes, il ne

doit mengier chair de lievre, ne chair sauvage, ne salure, ne saulces, ne chose

putrefactible, si comme lait, poissons, chair de porc, chair de lart. Il ne doit suer ne

grant sollicitude et labeur et grant chaleur et froidure et air pestillencieux et lieux

puans, et briefment toutes choses qui atenuent le corps et ostent humeurs et

refroident et beffechent le corps, et tous fruis, et fritures, et rostissures et cuites en

pastés. Il doit estre en air cler et net arriere de fleume et superfluites et doit toujours

contrester a la maladie. Item en leonine et en allopucie on doit eslire air froit. Tyria et

en Elefancia on doit elire air qui se traye a chaleur.

Le pain doit estre de deux parties de fourment net qui soit venu en terre haulte

et legiere non pas fumée et l’autre partie d’orge necte et soit d’un jour a l’autre. Il doit

boire vin cler net et bien odorant citrin, l’eaue soit necte, clere de fontaine sans nulle

saveur, et qui coure vers orient. Il doit mengier le plus chair de volatilles domestiques

ou sauvaiges qui sont en usage excepté ceulx qui habitent en eaues et en mares.

Des bestes privées a quatre piés il mengera les extremités, de chevreau et de agnelz

alaitans et de porcelles qui habitent en montagnes mais non pas des sauvages. Il

peut user de jeunes congnilz et tendres non pas oultre six moys, et des caprilz et

serfs aussi jeunes. Item mengusse espinars, fenoils, percin, spinarus, bletes, laictues

et herbes froides et cerfueil en chose chaulde, mais en chose froide il mengera eufz

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moles de gelines. Et peu menger poisson escaumes de eaues nectes courans et lait

et non pas froumage, se quant il respire en malaise mais qu’il ne soit corrumpu en

l’estomac et ne mengusse que le lait s’il luy peut souffrir. Il se doit esbattre

attremprement devant mengier et aler en air attrempe ou qu’il se frote et galonne. Du

baing et des accidens de lame et des aultres choses face ainsi que dit est devant.

Declaracion. Ceste matiere est sourdre et orde et a mestier de grant

declaration et se nous la faisons l’ongue nulz ne le doit avoir pour mal. Et

premierement vecy une doubte pour ce que je le vueil scavoir s’il peut estre que

aulcuns soit parfaictement mezeaux sans avoir nul signe en la face et semble que

oy, car il peust estre que les membres de la face sont fors et les extremités sont

foibles et quant la matiere vient a la face nature les enuoye aux extremités et ainsi

les signes apparessent es extremités et non pas en la face et des signes signifians

mort, aulcuns apparessent es extremités et rien en la face. Et veons une partie

spasmés et l’autre non et si veons la digestive estre corrumpue en une partie et en

l’autre non. Donc il peut estre que les extremités seront mezellezs et le corps non et

touteffois riens ne apparra en la face. Et vecy qu’il advint, il fut ung homme qui eust

corrumpu les dois des piés, et des mains qu’il n’y avoyt ne fourme ne figure avec

solucion de continuité [folio 39R] que des trois jointures n’en appressoyent que une

tant estoyent ors et puans et riens n’apparessoit en la face. Et je escrivain vis le

pareil pour certain. Donc il semble par cest exemple que aulcuns soient mezeaux

confermés puisque les ongles cheent et que les piés et les mains sont deffigurée, du

tous sans ce que nul signe de lepre apparesse en la face. Au contrait dit G. et

Avicenne, et tous les aultres acteurs, car quant ils mettent les signes de lepre ils

commencent aux signes de la face. De ceste question je respons : Dieu scait comme

il en est, mais sans prejudice je dy qu’il ne peut estre que aulcun soit mezeau que les

signes de lepre n’apparessent manifestement en la face, toutes fois il pourroit estre

plus foible en la face en comparacion que es aultres lieux, mais il ne peut este que

aulcun signe ne apparesse en la face. Decy la rayson car les memebres nobles

dedens en noyent la matiere melancolique aux membres de dehors, et les legiere

elle est recente en membre rare et tenne et comcave et en la face sont telz membres

et concaves pour telle matiere recepvoir mesmement pres de lueil. Et pour ce on

prent fors signes selon les yeulx soyt de mort ou de vie, soyt en meurs ou

phisonomie. Et pour ce dit G. au livre de crisis, que lueil demonstre la disposicion de

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lame en temps de sanité et en temps de maladie. Et quant la matiere melancolique

corrumpue est receue en la concauité du nerf obtique elle trouce et rode la matiere

de quoy s’engendrent les surcils et pour ce ils tombent. Et pour ce que la matiere est

grosse et terrestre nature ne la peut assimiler et ainsi les surcils engroissent et

viennent neux et pustulles tout en tour. Et puis par la malice qui est la malice et en la

matiere corrumpue les lacertes qui vienent aux yeulx se retrayent, et ainsi

s’engendre spasme et lueil se arrondist. Et ainsi nous avons quatre choses, c’est

assavoir comment les cheveux des surcilz cheent, et comment les surcils

s’engroissent, et des neux et excrescences qui y viennent tout entour et des yeulx

qui s’arondissent. Et puis quant la matiere va au nerf de l’ouye par les temples de

dehors elle le trayt a luy et le affoiblit, et ainsi il appert en plusieurs que les aureilles

soyent retraictés et maigres et froides. Et quant celle matiere est receue es

concavités des mains et du pulmon elle les ratrayt, et cure la fourme et la figure et les

estraint par dedens. Et pour ce que la matiere se espant par dehors elle eslargit les

nazilles et a le regart horrible, et la voix appetisse et devient rauque et respire fort et

les membres ou est ceste maladie se fendent et tombent. Donc les signes de lepre le

plus apparessent en la face que en aultre partie du corps. Pour la disposicions du

lieu qui n’est pas telle que les aultres parties, si comme concavité, rarice subtilité et

tendresse.

Donc se ne peut estre que lepre soit confermée et que riens n’en apparesse

en la face, mais ils apparessent plus en la face que ailleurs. Item tu dois scavoir si

comme dit est dessus que en lepre a trois maladies. C’est assavoir : Consimile,

Officiale et Commune.

La consimile c’est maladie par luy, car lepre est erreur de vertu assimilative en

chair et par ce nous nou congnoissons, ne jugon point lepre.

Officialle, c’est ainsi que corruption de forme et de figure et jugons que c’est

lepre.

Et aussi en apostumes sont trois maladies, consimile, officiale et commune.

Consimile c’est maladie a par luy, tumeur c’est maladie officiale car s’il ne y’a

tumeur dehors, nous ne disons par qu’il y aye apostume. Donc par les officiales nous

venons en congnoissance des maladies et pour ce G au II de mordo et accidenti, il

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prenoit les signes sur la corruption de forme et de figure. Et vecy les parolles de G.

au malades : le nez devient large, l’ayne grosses et les aureilles subtilles, encores dit

G. que male digestion n’engendre point maigresse, mais elle mue l’espece de

maladie, si comme on le voyt en morphée et en lepre. Et par ces parolles on peut

conclure que nul ne doit estre juge meseau s’il n’a pas manifestement corruption de

forme et de figure. Et vous diray pourquoy je recorde tant souvent corruption de

forme et de figure pour ce qu’il poura qu’il me semble au jour duy on juge

meschamment les meseaulx qui le peut entendre s’il entende. Donc je respons aux

argumens au premier je dy qu’il peut bien estre que les signes de lepre aulcunes fois

sont plus apparens en aulcunes parties que en la face pour la force des membres de

la face, mais il ne peut este que aulcuns signes ne soyent aparans en la face. Et a

l’exemple de l’omme devant dit je respons que ce n’estoit pas lepre, ains estoit une

maniere que archetique et de scabie et ulcere des ungles corrumpt la forme et la

figure des mains. Et de ce nous dirons plus au chapitre des maladies des ungles et

se vous dy que je demanday souvent se nul signe n’apparoit en la face du dit homme

et ves qui ainsi XII ans a tout celle punaisie et ordure des piés et des mains et me

sembles que ce n’estoit pas lepre, car il neust peu viure si longuement en ceste estat

que la face n’eust este corrumpue. Dieu en scait la verité. Decy la seconde

dubitacion se le lepre est maladie de tout le corps ou de partie et semble que non

premierement pour cause de la matiere melancolique qui aduste et corrumpue

contraire a nature et pour cause de male complexion froide et seche contraire aux

principes de vie et pour cause de la corrumption de l’ordenance et disposition des

membres consimiles et officialz donc comment se pourroit faire que tant grant

corruption fust par tout le corps et que la persone peust vivre. Au contraire dit Avi. qui

dit que lepre est ung chancre de tout le corps et c’est maladie de partie. Je respons

que lepre peut estre appellée maladie cmmune et maladie de partie car se par lepre

nous entendons male complexion froide et seche assimilative en chair corrumpant,

ainsi lepre peult estre dite maladie, mais se par lepre nous entendons ce qui s’enfuit

apres celle male complexion, ainsi lepre est accident. Et ainsi nous pouvons dire

diversement que lepre c’est maladie, accident selon divers regars et diverses

consideracion et ainsi peut on dire de spame que cest maladie et accident.

Si dois entendre que a chunne action surviennent trois accidens et maladie en

est cause. Assimiler nourrissement c’est [folio 40R] une action. Ceste action aulcune

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fois est appetisse, aulcune fois est corrumpue. Donc quant la action de assimiler

nourrissement en chair est corrumpue, ou que elle corrumpt le nourrissement c’est

figure de lepre, car la chair recoit la matiere melancolique froide et seche et pour ce

elle ne peut assimiler a luy le nourrissement ne convertir en chair rouge chaulde et

moiste. Ains engendre chair rouge fleumatique graveleuse et separée qui n’est pas

vraye chair et ainsi s’engendre maaldie horrible si comme lepre, si comme G. le dit

au VI de morbo. Donc lepre c’est erreur de vertu assimilative en chair. Donc lepre

peut estre dicte maladie de tout car la matiere est envoyée a tout le corps, selon ce

que dit Avicenne.

Secondement, car elle se demonstre en toutes parties integrales, comme

sont les membres consimiles et les membres officiaux avec convenable unité qui

sont le tout et pour ce elle peut estre appellée maladie de tout.

Tiercement, cest maladie de tout car elle commence par dedens et se

demonstre par dehors et se retourne dedens adonc c’est la mort et pour ce qu’elle

occupe dehors et dedens on peut dire que c’est maladie de tout.

Quartement, on peut dire que c’est maladie de tout, car elle corrumpt toutes

les vertus et de vertu animale il appert car les lepreux ont ymaginacions et songes

terribles et insensibilité es extremités, de vertu vitale il appert en la voix et en ce

qu’ilz respirent mal, de vertu naturelle il appert orde couleur et de regard terrible, de

vertu universelle il appert en la destruction de tous les membres.

Quintement, on peut dire que cest maladie de tout, car finallement elle

corrumpt tout. Item on peut dire que c’est maladie de partie car les membres sont

fors l’un plus que l’autre, aulcun recoivent matiere, aulcuns non, et pour ce elle se

demonstre premier en aulcuns, si comme es yeux et es nazilles et aulcune fois es

yeux et non pas es nazilles et pour ce on le peut appeler maladie de partie. Et ne

dois pas entendre que c’este vertu assimilative soit corrumpue au foye, ne au cueur,

ne es membres principaulx, ne aux membres fermes et radicals, si comme sont les

nerf, arteres et les os, car avant qu’ils peussent souffrir celle corrumpcion vendroit la

mort pour ce qu’ils sont nobles et fors et enuoyent les superfluites aux membres

foibles et pour ce dit on qu’elle commence dedens le corps, car la vertu des

membres de dedens enuoye la matiere aux membres de dehors. Et pour ce les

vaines et les nerfs et les arteres et les os pour ce qu’ilz sont fermes ilz ne recoivent

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point matiere grosse. Item yceulx membres sont naturellement frois et secs et portent

tant longuement misere, car ilz seroyent trop loing de leur atrempance aincois

vendroit la mort mais la chair qui flue et reflue et qui est membre chault et moiste elle

peut recevoir plusieurs corrumpcions et alteracions et mutacions sans mort. Et pour

ce que la lepre voit que nul membre du corps ne la veult soustenir fors la chair tant

seullement pour ce demeure elle en la chair. Donc lepre est maladie de chair et non

pas du cueur, ne des os, de des nerfs etc.

La tierce dubitacion est se lepre male complexion est egale ou diverse, G. dit

que elle est diverse, c’est [folio 40V] complexion naturelle et le mal complexion qui

survient, car se elle estoit egale tantots viendroit la mort.

Quartement, on peut doubter se saignié appartient point en lepre puis que la

figure appartient corrumpue car la matiere est adonc en voye des membres de

dedens a ceulx de dehors et ce on faisoit saignié on feroit rentrer la matiere dedens

et mieulx vaulx que que la matiere corrumpue soit dehors que dedens pres des

memebres nobles tantost on mouroit, car apprement saignié n’apartient point en

lepre se ce n’est par accident comme dit est se le sang domine et habunde trop ou

qu’il fust cause de la maladie ou qu’il fust trop remply ou que on se doubtast de

suffocacion ou que on doubte de putrefacion es vaines et aultres causes devant

dictés. Touteffois je vous dy que je ay veu les medicins errer lainteffoiz en la saignié

des meseauxn car ilz ne tendoyent a aultre mes ques a tirer tout le sang.

Quintement, on peult doubter se le baing d’eaue doulce appartient point en

lepre. Et se aulcun acteur disoit que non, je dy que c’est verité de baing simple, car

tiel baing ne mondifie fors ce que est pres du cuir et pour ce il vault en serpigine et

en impetigine. Mais en lepre la matiere est parfonde et le baing d’eaue doulce y

seroit trop peu. Et pour ce nous y avons mestier de plus fors, si comme estuves avec

herbes et aultres choses, si comme dit est. Et puis il soit lavé d’eaue doulce ainsi le

baing y compete bien.

Sextement, tu dois entendre que la cause prochaine de le lepre, c’est

humidité causée de humeur melancolique qui retient proprieté et disposicion de

humeur qui habunde. Du c’est humeur horrible que nature de chair ne le peut

perfaitement assimiler a luy. Et ainsi la vertu assimilative est corrumpue et engendre

lepre. Et chacune humeur peut estre cause de lepre, mais non pas la plus prochaine,

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car la nulle humeur n’a tant grant contrarieté a nature humaine, si comme a

melancolie. Et pour ce il fault que les aultres humeurs se adurissent, et que elles

soyent transmuées en melancolie et celle melancolie passe outre en humidité que

n’est pas parfaictement digeste, ne blanchie, ne n’ectoye, ains est humidité pudente

terrestre et horrible en telle manière que nature la ne peut parfaictement assimiler.

Septiesmement, tu dois noter que putrefaction de matiere que est cause de

lepre ce n’est pas putrefaction de choses liquides et fluentes, si comme en fievre ne

ce n’est pas putrefaction de quoy est causée saignié, ni virulence comme en

apostumes. Et se aulcun disait qu’il y eust putrefaction c’est a entendre adustion et

incineracion et ainsi la matiere de lepre est putrefiée.

Huitiesmement, tu dois noter que entour de la tierce digestion qui est au foye

peut estre cause lontaigne de lepre, mais erreur vertu immutantive en chair est cause

prochaine.

Neufyesmement, tu dois entendre que matiere de lepre c’est humeur

melencolique adusté et engendrée comme cendre, et pour ce elle fait divers

sinthomes et pour ce que une partie va esconduis de l’orine, pour ce y trouve on

gravelle, l’autre partie va es muscules et les degastes et mesmement la muscule qui

est entre le poulz de la main [folio 41R] et l’antre doit en suyvant par causé de

subtilité et l’autre partie va au pulmon et a la canne et es lacertes des voyes qui

respireut et des yeulx, pour ce on spasme et retrait et mue toutes parties, si comme

dit est devant. Toutes fois cette vapeur va aux surcilz es nazilles et a la face et les

engrocist et enfler et ainsi par divers tormens elle enfle le corps humain.

Dixiesmement, note que matiere de lepre non obstant que elle ne soit pas es

membres principaulx toutesfois elle est tant male que en la matrice on ne la peut

corriger et pour ce c’est maladie hereditaire qui va boir en boir et podagre aussi, car

toute matiere incorruptible et insensible engendre maladie hereditaire et infixie et

corrumpt luy et son voisin, si comme sont fievre ague, et peoulz ou poillerie et

scabie, feu de saint et atrait et lippe ou cassir et lepre.

Item XI, vecy une doubte merveilleuse comme se peult estre que ung mezel

engendre et s’il en engendre comment il engendre masle pour ce que le sperme et

corrumpus et distempere en sustance et en complexion et ces choses empeschent

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generacion et mesmement de masle. Je respons que no obstant que ces ces choses

empechent toutes fois generacion est plus empeche par la defaute de conception

que par le peché du sperme, et pour ce non obstant que le sperme du mezeau soit

corrumpu en sustance, toutes fois la complexion se peut bien alterer et muer car il

peut estre que le mezeau est de bon regime et que le temps est atrempe et la

matrice aussi et la complexion est corrigée, ainsi peult il engendrer comme nous le

veons. Du on peult dire que tous lepreux n’engendre pas mais celluy qui n’a pas

encore grande corrupcion en luy et qui a les membres de dedens sains, non obstant

que ceulx de dehors soyent non sains, et car le sperme descent des membres

principaulx, pour ce il peut engendrer et masle et femelle, mais non pas sains

simplement, car la semence est inficie non obstant qu’elle ne soit pas corrumpue, et

pour ce il engendre semblable a luy, ainsi comme fait le podagrique, suppose que la

matiere ne veniste ne du pié, ne de la chair. Item note que en nulle manière ne par

nulle voye que le meseau aye participacion a femme n’y est bon se ce n’est en

matiere sanguine devant sa confirmatcion, car elle refroide ainsi que fait saignié et

pour ce saignié en lepre confermée ne y compete point, car il seroit trop refrody et il

a mestier de chaleur, et de moisteur de quantité atrempée quant est de sa nature. Et

se on argue que avoir participacion a femme compete en manie. Je dis que en ceste

maniere de maladie qui s’appelle manié, n’a pas si grant corrupcion, ne incineracion

comme il y’en a en lepre, et pour ce en manié, peut competer habitacion a femme, et

en lepre la matiere est corrumpue et venineuse aussi. Et quant on esmeulst matiere

venimeuse se elle infectionne et envenime les parties voisines. Et avoir habitacion a

femme esmeut les humeurs et la matiere venimeuse, et le mesle avec les humeurs,

et aussi car elle refroide et seche, et tous lepreux sont fois et secs en racine quant

est de la matiere de la maladie. Pour ce je dy [folio 41V] que en lepre rafaiter n’y

compete poin non obstant l’opinion et l’erreur commune des gens qui dient que

rafaiter vault conte lepre et si la cure.

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[ folio 49R] De panarice et vertigine XXVII

Panarice c’est ung apostume chault douloureux en la racine de l’ongle

aulcunes fois avec ulcere, aulcunes fois sans ulcere et fait saigniée virulente et

adonc le voit n’est pas sans peril, la diete soit donnée subtille devant et puis

medicine. Donc quant le corps sera mundifié au commencement faites une emplastre

« (…) fait in aqua (...) Et opponaci et camfora et farina oredei et aceto. ». Et en

l’augmentant oignes le lieu de bordure de l’aureille et en l’estat oignes l’apostume de

« musillago psilii facta cum lacte » et la fin de l’estat ouvres le d’une aguille et en

declination vous y mettrés farine de lupin et miel et s’il y avait ulcere on le doyt curer

par aloé et par encens et par arcenic Et se fendure estoit en ongles on le doyt oindre

de mastic dissolu en huyle de zizanine. Et se il y avait spasme et corbelle aux ungles

et mezelerie mindifié le coprs et purge melancolie et le oigne de graisse de gelline et

hyle de zizannine et puis soit raclé de voirre et puis soit emplastre de semence de lin

et gomme de cypres. Et se nous voulons que les ongles cheent oignées les de huile

daux ou soufre et de arsenic et de vin aigre et se par froissure sang noir mort estoit

desoubs l’ongle on doit forcer l’ongle doulcement et laisser fluer le sang et puis le

fomentés de vin blanc et camomille. Et se aux ongles estoit blancheur layde on le

doit oindre de noix de cyprés et de farine de lupin avec vin aigre et s’il y avait couleur

citrine on le doibt oindre de vin aigre et huyle de eruca.

Clarification. Tu dois entendre que les ongles sont la superflute du cueur et

pour ce ils sont ainsi que les emonctoires du cueur et toutes fois apanarice

competent reparcutifs, si comme es autres apostumes et plus, car ils sont moult

sensibles et pour ce c’est grant doleur et pour ce choses froides y competent et aussi

font narcotiques, ne la matiere n’est pas tant venimeuse non obstant qu’elles soit

chaude que on n’y doye mettre reparcutifz car j’assoit ce qu’il se tourne a couleur

verde et livide et noire toutes fois cecy en fait plusieurs par la disposicion du lieu que

par la maladie de la matiere. Et quant est de la nature de panarice la matiere n’est

pas tant adusté que on n’y puisse mettre reparcutifz et aussi de c’est emonctoire qui

a tant longue voye au cueur que la matiere peut bien estre consumée et evaporé

avant qu’elle vienne au cueur. Donc on ne doit point doubter le malice de la matiere

que on ne face saignée de la partie contraire que on y mette repercutifs. Vray est

que quant on le gouverne mal il y vient virulence et adonc se devroit on bien doubter

que le doit ne soyt perdu.

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Secondement, note que les dens et les ongles et le os sont des superfluites

[folio 49V] dessus les os non pas quant a la premiere matiere radicale mais par

semblance, car ils sont engendrés de matiere grosse et terrestre. Et dois noter que

les ongles sont engendrés des superfluites des mains et des piés, car la se terminent

les veynes et les arteres et sont es extremités en lieu de darmures et pour grater et

pour prendre les choses menues et pour les dois estre plus fors. Et pour ce quant les

ungles sont gros et rudes ils signifient l’omme rude et indigne car humeur grosses

habundent en leur corps et se les ungles sont subtils ils signifient le contraire.

[folio 122R] Livre III, Le XXVII chap. des passions des gingives.

Passions de gingives sont plusieurs, si comme molificacion car elles

saignent legierement et sont humies et pleines d’umeurs et ont croissance de chair et

diminucions, corrozion, pourriture, chancre et fistule, apostumes et par consequent

feteur pour cause de putrefacion des gingives.

Cause : La cause de ce peut estre ainsi que dist est des aultres passions des

dens et de la bouche, car de l’estomac montent humeurs corrompues aceteuses ou

fumeuses et corrompent [folio 122V] les gingives ou les aultres parties corrompues

de la bouche ou cest du chief et flue aux gingive ou ce peut estre pour male

complexion de gingives. Les signes sont souvent ditz car se cest de l’estomac il y’a

douleur agravative et se cest du chief semblablement se le canest chaulde il y’a

chaleur, rougeur et pointure. Se la cause est froide on sent froidure de coloracion

mendre douleur et les semblables.

Prenostication : dlce racions et corrozions de gingives s’il dure longuement

ce devient chancre se la matiere est seche et melancolique ou en fistule s’elle est

humide fleumatique les adustes et chauldes sont moult males.

Cure : En passion des gingives se les particularités si accordent, faites

saignée de la cephalique et puis venteuses ou col avec scarification. Et puis des

veynes des lesstres et puis des veines qui sont dessoubz la langue et puis scarifies

les gingives mesmemement quant elles se augmentent en enflent ou putrifient ou

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corrompent et puent et puis purges le corps selon la exigence de l’umeur pechant et

de la partie patiente or venons aux choses particulieres donc en petite mollificacion

et au commencement d’apostume on doit gargariser diamoron avec saffran ou faites

bouillier en vin et en « aceta galla sumac balaustia olibanuz ou aubun » et faites

gargarismes ou melsles les avec miel et oines au faites fricacions et ointures et

choses semblable et de sel rosty et alun rosty et de galle rostie et frite mises en vin

aigre. Mais se il y avait corozion putride, chance ou fistule faisons ainsi : gargarizes

les et les fomentes des choes diuretiques et puis de oximel squilitique et puis il usera

de ceste medecine « …alluminis, sallis communis et assent psidia..copularum

glandium…radicis aristologie rotonde : piperis longi cinamomi spicentardi …gommi

arabici dragraganti pulverisentur ista et bulliant in aceto et addatur mel et

conservetur » et de ce vous en oinderés les gingives corrozés et chancreuses en

chescun jour, mais premierement vous devez laver la bouche de vin de decoction de

fueilles de olyves et oximel quilitique. Et faites ces choses cy deux fois ou trois le jour

tant qu’il soit parfitemet cure et guery. Cecy cure sans nulle doubte gingive mollifiée

et corozée putrifiée, fetide et chancreuse, toutes fois vecy moult especialles a chance

« …aristologie rotonde tartar…alluminis assis stercorum…feris ferri combusti

gallarum balaustic pulverisentur et cul succe foliorum olivarum conficiatur » et en

oindre les gingives chancreuse et se la ulceration estoit profonde et que le lieu fust

ensistule il usera de ceste medecine qui s’ensuyt « …arcenici…vitrioli…gallarum

psidie…se pulverisentur et conficientur…cum aceto squilitici ». Et quant tu en

vouldras user tu en destemperas ung de vin aromatique et en metteras entout la

tente et le boutteras en la fistule. Vrayement ceste medecine est de si grant vertu

[folio 123R] que elle mortifie fistulle en quelconque lieu que elle soit ou cas que le

patient tiendra diette subtile et que le corps sera bien mundifié et la medecine puisse

aller jusques au fons de la fistule. Et pour ce quant fistule est encharnée at

aparfondie en l’os de la mandible adonc il convient descouvrir et regarder bien le lieu

et que on y mette eaue de arcenic distillé et puis la medecine des os et peult on

cauteriser le lieu d’une aiguille de cuyure et pour ce que par ces medecines vient

plus grant douleur et chaleur il le connvient mitiguer par huylle rosat et eaue rose et

vin aigre et aubuns d’œufs et sumac et pour e maintenant y doit on mettre mitigatifz

maintenant aultres choses. Et quant nous veons que l’os est sain et la chair saine ne

faison plus ceste operacion, mais lavons la bouche chescun jour de vin de decoction

d’encens et de mirre et puis rengendrons la chair par telle manière « …aloe mirre

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sarcole masticis thuris sanguinis… » vous en oindrés chescun jour le dit lieu. Et s’il y

avait apsotume chault gargarisés de decoction de plantage : « portulace rosaruz

psidi balaustie gallarum » et les peut on confire par telle manière que on en face

ointure, ou emplastre ou gargarisme. Et se l’apostume estoit froit adjoustes avec les

choses devant dictes et ce que s’ensuyt ycy « alllumine… » et mel et le meurisseies

ainsi par telle manière « … farine…farine volatilis molendini succi yris portantis

colorem purpureum…galline recentis et…porcine et oleo…et fiat

emplastrum…unguentnum ». Et se l’apostume est froid si adjoustes « olibanum… ».

Et se feteur venoit des gingives nous le pouvons bien congnoiste ainsi. Frotes les

gingives du doit et tastes se le doit put, car il pue c’est des gingives. Item laves la

bouche de vin se le vin put c’est des gingives. Donc faites se que dist est et se les

scarifies et laisses moult de sang fluer et gargarises vin de decoction de

« olivani…corticis citri cinamomi…spicenardi » et puis tenes en la bouche pillules

faite de alipta muscata. Etse la can estoit moult chaulde gargarises eaue de

decoction par sirop portulace : « violarum sandal et camphora » et puis tenes

toujours en la bouche pillues faites de triasand avec eaue rose et « acetosite de citri

et sand et muscatet. »

Declaration : tu dois entendre que sang de dragon est de froide complexion

et a une vertu de conglutiner et deffent humeurs de venir au lieu et attrempe moult

bien les medeciurs chauldes et beaucoup d’autres choses aussi. Et par ainsi il peult

engendrer chair non pas de pure entencion, car telles choses sont chauldes et

seches et si comme aloes « thus mirra sarcola…aristologie » et les semblables. Mais

il engendre chair en dessechant et en conglutinant la humeur et en deffendant que la

humeur n’y vienne en reprimant la chaleur des autres. Et pour ce es ulceres la ou

[folio 123V] il nous fault rengendrer chair nous y pouvons mettre sang de dragon.

[folio 142R] Livre IV chapitre IX

Le IX chapitre de pleuresis

Pleuresis c’est ung apostume chault des lacertes, ou des pannicles, ou des

couvertes des costes de dedens du four du pis. [folio 143V] Tu dois entendre que

pleuresis est double : vraye et non vraye. La non vraye est es lacertes ou en la chair

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des coustes de dehors ou es costes faulces qui sont sont dessoubz le diaframe

soyent dedens ou dehors comme se c’estoit fait de ventosite, mais pleuresis vraye

est faite es couvertures des coustes par dedens, mesmement ou les couvertes sont

conjoinctes aux coustes, car il y a une pannicle qui euvre les coustes par dedens et

ung aultre qui divise les membres nutritifs et l’appelle on dyaframe et ung aultre qui

divise le pis du long en II parties. Or est il ainsi qu’en iceulx coUvertures es parties

loing des costes ne se peut engendrer apostume, mais il vient bien es parties la ou

ils se conjungent aux costes, car il y a veines et arteres et aucunes carnosites et

humeurs et la se peut engendrer apostume. Donc pleuresis vraye c’est une

apostume des couvertes des costes par dedens et est chault ou pour ce que la

matiere en chaulde ou pour ce qu’il aquis chaleur et putrefaction et s’engendre

pleuresis en chescun coste ou dextre et ou senestre mais ou senestre c’est le plus

perilleux, mais il se termine plus legierment. Et celle du couste dextre est moins

parilleuse mais elle se termine plus longuement et en plusieurs manière aulcunes

fois insensiblement par evaporation et est la meilleur terminacion aulcunes fois par

resudacion et va au polmon et le boute on hors par toussir. Aulcunes fois se termine

par sanie et va par la canne du polmon, aulcunes fois il va a la concavité du pis et

est mundifié en XL jours car quant le polmon se dilat il tort, icelie matiere de pleuresis

s’endurcit et va aulcunes fois aux voyes de l’orine par veine grande, aulcunes fois va

aux intestins ou aux aultres memebres si comme nous verrons au chapitre des

signes.

Cause : Pleuresi est causée de causes extrinseques ou de cause

intrinseques. Les causes extrinseques si comme par trop grant chaleur ou froideur et

mesmement quant trop grant mouvement et survient et vient de boire trop de vin pur

ou par trop boyre eaue froide ou quant le vent de bize vente et puis auster. Ou il

vient selon la disposicion et la proprieté des temps de l’an et pour ce il vient plus

souvent en printemps, mais de sa proprieté il vient plus en yver quant est de fleume

es anciens il vient peu et se il vient c’est grant peril et vient peu de rompure. Se c’est

de cause intrinseques adonc la cause antecedente est replecion du chief et de tout le

corps et mesmement quant grant froidure vient soudainement en l’air la cause

prochaine c’est communement colere. Secondement sang, tiercement fleume,

quartement melancolie.Dentosite peut estre cause non pas pleuresis.

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Signe : Aulcuns sont qui signifient pleuresis aucuns signifient humeurs

pechant, aulcuns temps de maladie, aulcun temps de translacions de matiere a

aultre partie, aulcuns signifient salut, aulcuns morts, aulcuns sont qui sont distingués,

prenostiques sont compris en iceulx et n’en fault point faire de rubrice. Et par ceulx

cy nous congnoistrerons quant la maladie sera longue ou petite et la longueur de

l’estat depuis le commencement et en ce se despent tout la cure [folio 144R] donc

les signes qui signifies pleuresis sont III selon G186 au livre de crisi. Le premier c’est

douleur du couste avec pointure, car il y a quatre causes de douleur. Male

complexion, solucion de continuité et mal matiere qui est hors des orifices des

veines. Le second signe c’est fievre continu, car la matiere est putrifiée es lieux

prochains au cueur. Le tiers c’est difficulté de trespirer par compression du polmon.

Le quart c’est tousse communicant pour ce qu’il resude au cannals. Le quint ce peut

estre poulz serin, car la matiere est fleumatique. Decy les signes de l’umeur pechant,

se la matiere est colere l’orine citrine et intense et retenue et le pouls dur hatif et

souvent et douleur ague pongitive moult intens et le sput citrin. Et les aultres signes

de colere enalant par les choses naturelles et non naturelles et contre nature. Se

c’est par cause de sang l’orine sera rouge et espesse et le pouls plein et le sput sur

rouge. Et doit entendre que sput vermeil est moult mal signe, car il signifie veine

rompue et adonc doit on faire cure contraire, si comme en ydropizie ave fievre, car

pleuresis a mestier de mundificatifs et veyne ouverte de constrictifs. Sput subrouge

c’est bon signe au commencement car il demonstre dnnacion de sang qui se digere

legierement et vient du pannicule par voye de resudacion, non pas par voye de

rempure. Donc on congnoit sang pas ces signes et par las aultres qui demonstrent

dominacion de sang. Du congnoit fleume car l’orine est remisse et espesse et le

poulz desordonné et plente de salive et son crachement est fleumatique et son

dormir et grave. Matiere melancolique on le congnoit par ce que douleur n’est pas

moult intense, ne ague. Le sput est petit et livide. Urine remisse et les aultres signes

qui signifient melancolie et ne vient pas souvent de melancolie. La tierce espece est

prinse des significacions des temps de maladie selon Ga en son livre de crisis. Donc

tout le temps auquel on ne crache riens ou on crache indigest, ou liquide, ou

aquatique ou gros et viscoux et globeux, ou a moult grant peine et labeur de tousse

c’est commencement de maladie. Quant on commence a cracher aultrement digest

186 Gallien

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avec aulcune allegance et au moins de travail c’est augmentacion, quant le sput est

blanc et legier et egal avec legiere tousse et allegane c’est estat. Et quand ces

choses cy commencement de la maladie est loing toute la maladie sera longue et

quant le commencement est brief toute la maladie est brifefve. Pleuresis de colere en

estre en jeune homme et fort est de briefve terminacion et se toutes les choses

particulieres ne si accordent, il se terminent communement en quatorze jour. Et

quant la matiere est moult froide et le temps et le temps moult froit adonc il prolongue

et se estent jusyes a XX jours, aulcunes fois a XXXIIII et aulcunes fois plus. Et de ce

dit Ypocras de pleuresis non vraye ou de pleuresie de matiere froide que tels

apo[folio 144V]stumes attendent a eulx ouvrir aulcuns jusques a XX jours, aulcuns a

XL, aulcuns a LX par necessité et ainsi je dy par aulcune conjecture prochaine a

verité, on congnoit l’estat par les longacion du commencement. Donc si comme on

congnoit les temps de maladie par l’orine en maladie du foye et des veines et es

maladies de l’estomac et des intestins par egestion, ainsi congnoit on les temps de

maladie en passions du pis et du polmon par le sput. Donc en maladie du pis et du

polmon on doit le sput considerer dilligamment, aultrement nous ne scaurions

prenostiquer, ne bailler, ne cure. Donc vecy regle en pleuresis et en periplemonie qui

plus crache, plus se allegit. Et pour ce que plus approche estat plus allegit car en

pleuresis saluable estat n’est pas pire des humeurs, pourtant qui si comme la matiere

en resudant yst du pannicle ainsi elle est boutée hors et va ainsi tousjours en

allegant, car il n’y a point cy d’estat quant aux accidens, mais quant a digestion. La

quart espece des signes est prinse des choses qui signifie en translacion. Donc la

matiere de pleuresis sinthomatique est transmise au cueur et le signe c’est sincopin,

aulunes fois va au polmon et le signe c’est douleur ague, mais douleur ou difficulté

de respirer est encore plus grande, aulcunes fois se teansmue a ptisique dequoy le

signe c’est callefaction plus grande apres menger que devant. Aulcunes fois va es

nerfs, le signe c’est spasme, toutes ces delegacions sont tres mauvaises, aulcunes

elle est envoée derriere les aureilles a donc ce pouroit estre bon signe avec plusieur

aultres bons signes. Le quint espece des signes est prins des choses qui distinguent

les signes distinctifs entre apostume du foye, le pouls va par undées et douleurs est

dessoubz le diaframe, en la dextre partie et la tousse est seche, la douleur n’est pas

ague. Et se cestoit en cime legestion est ainsi que laveur de chair et c’est ou gilbns

l’orine est espesse et confuse, et la tumeur est en manière d’une glance. Et vecy les

signes qui distinguent entre pleuresis et periplemonie, car periplemonie le pouls va

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par undées, la douleur n’est pas ague et respire a plus grant peine et a on douleur

entre les espaules et les mandibles sont rouges. Et veci les signes qui signifient

frenesis, noirsure de la langue et secheur et grine remisse et paravant on n’a pas eu

douleur es costes. Le VI signes est prins de choses qui sihnifient salut c’est sput

legier et egal avec petite tousse avec alienacion du patient et qu’elle se contivue et

qu’elle appare tost au commencement sans doubte c’est signe de saluts mesmement

quant les aultres signes si accordent si comme bien dormir, bon appetit , bonne

patience et que les medecines que on y appareille y valent et que l’egestion ne soit

point trop clere, mais soit joincte et egale et a heure acoustumée et que l’orine se tire

a aulcune rougeur et commence a faire resudance. Vecy une bonne regle pour

l’orine selon Ysaac. Orine est maladie de foye et de veine a certaine significacion soit

bonne ou male en maladie qui sont hors des veines, [folio 145R] si comme en

pleuresis et es semblables. Se l’orine est louable c’est bon se ce n’est certain signe

de salut des aultres il pourra mourir. Se l’orine est m()le et indigeste et ainsi des

aultres males condicions c’est certain signe de mort, car puis que digestion deffault

en la racine elle deffault bien es rames. Le VII signe est prins de prenosticacion de

mort. Se tous les III signes de pleuresis sont moult intenses ou apparans ils signifient

mort, si comme douleur forte en jeunes hommes quant la vertu du tout est

tresbuchée par force de douleur et aussy forte difficulté de respirer et souvent, car

frequentacion eschauffe et chaleur fait frequentacion. Et aussi tousse de grand

labeur qui empesche dormir et aussi fievre tres forte qui est plus agravant de toutes

maladies, si comme il est escrit ou livre d’ingenio et aussi de sput on prent signes

mortels, si comme quant le sput est livide, noir, viscoux avec tousse de grant labour

et aussi quant on ne le peult expeller par foiblesse de vertu et des lacertes et est

signe de viscosité et de grosseur de mtiere. Et tu dois entendre que en en toute

maladie materielle du pis se on le peult expeller ou se on l’expelle soudainement et

la gravelle demeure c’est signe mortel suppose que la matiere fust digeste car elle

estouffe. Egestion clere et souvent est male l’orine ussi trop tenue ou espesse livide

moult noir ce sont signes mortels et aussi pouls foiblesse et entens que en pleuresis

et en quelconque maladie son euvre droitement sans faire erreur se le patint ne se

alegit par les medecins devement appliquées avec les choses universelles et

particulieres et il va en agravant c’est tres mal signe et mortel et en telles maladies

on ne y doit pas arester.

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Cure : Au commencement on doit considerer s’il est constipé se faites cristere

ou suppositoire selon la convenance des choses particulieres et puis faites

calefactoires sur le lieu, car ou ils curent ou ils digerent, se le corps n’est pas plain il

curent et se le corps est plain ils augmentent la douleur et se digerent quant

universelle purgacion precede, se la douleur descent la matiere esr grave et pesante,

adonc la doit on purger par violets et cassiaf(…) et mannat, toutes fois G vouloit que

plusieure chose seroit en toute dolour montant ou descendant faire saignée, donc en

pleuresis se le corps est plain et vertu forte faites premier saignée selon Avicenne de

la saphenes dicelluy coste et puis se plenitude y est de la basilique de l’autre coste

et se il ne voulait faire des saphenes faite de la basilique de l’opposite coste et dois

cy entendre que selon la doctrine de G sur celle partie : Quando dolor spatulas etc.

Du foye vient une veine et va au cueur et se divise apres et monte droittement

jusques à deux guide gi, mais depuis qu’elle vient du cueur ung ramel yst hors du

troncs droit vers dextre et senestre et font la basilique en la curvature du bras. Ces

deux basiliques tirent du puis et pource ce seroit chose egale quant a ce de saignée

de quelconque que ce fust fait, car la distance est egale, mais aultres choses ya, car

les veines capillaires qui nourrissent les haultes costes elles ont colligance avec les

veines capillaires qui viennent de la basilique et ainsi au commencement saignes le

corps. [folio 145V] Mundifies le corps plein faites d’ung mesmes coste et attrairoit on

ou lieu par les veines capillaires et feroit on augmenter le lieu et se en maladie

confermée en corps qui ne fut pas plein, ne pletoriques on le faisoit de la partie

contraire. Adonc on attrairoit la matiere corrumpue aux memebres nobles. Donc je

conclus que au commencement se le corps est pletorique on doit faire saignée de la

basilique de la partie contraire ou de la saphène di celle partie et puis et puis de la

basilique di celluy coste. Et di G que se on ne peut trouver la basilique que on le face

de la veine moyene et se on ne la trouve que on face de ca cephalique car de

quelconques partie que on la face, on fait evacuacion de tout le corps. Et note que

on doit bien regarder a a saignée et a la medecine que la veru du patient ne soit

foible, car vertu cure les maladies. Apres faites calefactoires et se la matiere est

melancolique faites calefactoires d’une esponge ou d’ung vaisseau d’arain ou de

voirre ou de terre et ainsi des aultres et mettes un drapeau. Se la matiere est grosse

et viscouse faites calefactoires de o(…) fenugrec et bran e soyent broyés et mettes

en ung sachet et faites bouillir en eaue avec ung petit de vin aigre puis les exprimes

fort et les mettes sur le coste. Et quant il commence a refroider mettes ung aultre

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chaults. Et se la matiere estoit sanguine aquatique faites calefactoires de sel et de

mil rosty et puis le mettes en ung sac et mettes tout chault sur le coste et puis il

usera de cestuy beuvrage en gargarisant et humant et tenant longuement en la

bouche « radicis brusti, spangi graminis (…) endivi, scariole (…) I capelli veneris

recentis ordei (…) quattuorse (…) minorum et mariorum, semis papaveris albi,

liquiricie munda (…) bebarum (…) mellis (…) panis sucre (…) fiat sirupus (…) et

semis » et se la matiere estoit froide et le temps froit et la matiere fust difficile a yssir

nous y pourons adjuster de melle « alias (…) et parum de aceto et ysopi et apii (…)

et parum de aceto » et se la tousse estoit foible et nous ne doubtons les choses qui

distinguent le pis on y pouroit ces choses devant dictes ne aidassent ainsi que elles

devroient faisons ung tel emplastre maturatif et mitigatif puis que nous veons que la

maladie convient prolonguer « radicis malue, orobit, (…) conquassantur et bulliant in

aqua et fiat emplastrum cuz oleo zizannini ». Et se la matiere estoit moult chaulde

faites unguent de pulveum et beur sans sel ou de gresse de cane et huille violat et

cire blanche et ces huiles et unguens peuvent estre mis en laine succide et soit mis

sur le pis et luy laisses une heure ou deux et mettes puis ung puis aultre.

Diette. La diette se doit diversifier selon la elongacion de l’estat ou regart du

commencement, quant il crache petit on luy doit donner petit et quant il crache asses

on luy doit donner largement, quant la maladie est de tarde ter[folio 146R]minacion

on lui doit plus donner car la vertu ne la pouroit souffrir et quant la maladie est brifve

il peut estre content de petit viande, car la vertu le pourra bie souffrir, quant il crache

petit on lui doit donner petit en comparacion a ce que on luy a donné devant a une

fois car la vertu est foible et ne la pouroit digerer a une fois et se il crache moult il

semble que la vertu soit forte et ainsi luy doit on donner largement de viande en

comparacion a ce que on luy a donné devant a une fois et j’assoit ce que nous luy en

donnons petit en comparacion on a tout la maladie, c’est pour ce que la maladie est

de briefve terminacion, donc on ne peut ordonner diette son ne congnoit les

longacion de l’estat du commencement. Le pleuretique soit content d’eaue d’orge

coulée ou se non donnés lui eau d’orge sans rien oster, c’est a dire tisane espesse et

se la maladie est prolonguée il mengera .I. petit d’orgeat au matin et moins le soir. Le

pleuretique peut user de .VIII. beuvrages. Premierement de eaue d’orge quant nous

voulons nourrir et refroider et mundifier. Secondement y peut user de ydromel

aquatique c’assavoir : (…) .I. mel. et lib.I. d’eaue de fontaine se nous voulons plu fort

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mundifier. Tiercement il peut user de vin blanc foible aquatique creu en montaigne

avec plente d’eaue quant nous voulons plusieurs conforter vertu on se doit garder de

ces deux beuvrages au commeucement quant la matiere est chaude. Le .IIII.

beuvrge est sirop julep, c’est eaue de fontaine avec pain de succre quant il est

delicat et nous voulons refroider. Le .V. beuvrage peut estre suc de milgrain doulce

avec plente d’eau de fontaine quand nous voulons amoistir et conforter. Le .VI. peut

estre tel « (…) mellis aceti (…) se panis zuccre (…) misceantur ». C’estuy beuvraige

vault moult pour les delicatz quant nous voulons refroider et mundifier. Le .VII.

beuvrage peult estre brouet de jeune poulle quant la personne est delicate et foible

et plein de fastide. Preng une poulle blanche et la cuys avec plente d’eaue de

fontaine et avec laictues et semences froides sans sel et sans chair salée et sans

aultre chose et le faites tant cuire que la chair se separe des os et luy faites user de

cestuy brouet par intervalles et ostes la gresse se il en y avoit. Le .VIII. beuvrage

peut estre s’il avoit soif et insomnite qu’il ne peust dormir et secheur de langue, c’est

assavoir sirop violat ou sirop de nenufar ou sirop de papaver avec plente de sirop

julep ou avec eaue d’orge ou avec eaue de fontaine et les semblables. Et dit

Avicenne que on ne doit pas despriser le miel en passions des memebres spirituels

ou des medecins avec miel, mesmemment quant la matiere est grosse et compacte

et le temps est froit et ainsi des aultres et soit appareillée et represses ainsi qu’il

appartient au pleuretique. Et se ces choses ne souffisent il poura bien user de avenat

de farine de froument cuite au four appareillée avec du lait de amande et puis apres

poura user de la couleur de bran et aussi en son cas il pourra bien user de poissons

a escames de eaues moult nettes fort courans et puis soyent cuyts avec sel et [folio

146V] percil et eaue. Donc on doit engrossit le regime selon la elongacion de l’estat.

Et toutes ces choses cy et les semblables soyent laissées a la discrecion du

medecin. Il peut aussi user d’eaue de malues, de bourages, de violettes et de buglos

et peut user de spinars et de laictues et peut user de passules mundées et de

amandes et de jujube et de cucurbitus et vio. et se la matiere estoit chaulde usera

de jus de caules de ysope avec miel et suc de citrons pain s’il est sans levain il n’y

compete point, car il opile, mais pain levé vault a rompre l’apostume et pour ce on ne

lui doit donner que pain levé après rompure et declinacion se l’apostume n’attendoit

trop. Donc en declinacion on luy donner mie de pain trois fois foye baignée en eaue

et peult on donner aussi œufs molets et decocion de chair de chevreau et de

aigneau et pommes cuites et milgraine doulces, toutes fois tu dois entendre aulcunes

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regles que vecy et sont X. Ne faites jamais saigniée, ne ne donne viande engrant

douleur ou en grant torment se la vertu ne choit par voye e inanicion, jamais ne faites

saigniée ne medecine, se ce n’est en temps de tres grant necessité et ce ces choses

cy ne si accordent, c’est assavoir que la maladie soit en declinacion et la matiere

grosse et viscouse et la vertu soit forte et la tousse et difficulté de alaine soit grande

et que on en donne en petite quantité avec plente de ptisane, aultrement pour sa

force en la voye pluieurs en sont mors.

Item aulcuns mettent repercutis au commencement de pleuresis et je ne suis

point dicelle opinion, car son les applique par dedens ils engrocissent et estraident et

acruissent et font putrifier ou on les met dehors et adonc ils ne peuvent epercuter,

car les veines dempsite des costes. Itez ce ne seroit pas repercuter, mais se seroit

plus faire venir matiere au lieu, car on reparte la matiere derrier et non pas devant.

Item aulcuns se efforcent de curer pleuresis par attractifz le corps mundifient

et metent ventosites sur le lieu et emplastre de sinapis et les semblables. Mais je ne

suis pas bien de leur condicion, ne opinon pour ce que que la matiere n’est pas

traictable pour la nature du lieu et pour ce que toujours se doit on doubter de

augmentacion de l’apostume pour la violence tractation. Item plusieurs se efforcent a

mitiguer les accidens, si comme alienacions, infomités, soif, constipaion, laxacion et

les semblables et a ceulx ci je me accorde fors entant que se au comencement se

pleuretique et la maladie est curable. Tel malice de sinthomes n’y vient point mais

prenons qu’il soit cure certainement c’est persit de y mettre conseil et les remedes.

Vous les trouverez en leurs lieux ne pour ce ne fault point prolonguer. Et se nous

prolongons et il nous faille meurir fait ung tel sirop « … » [folio 147R] Et preng les

choses devant dictes et ce qu’il s’en suit c’est orobi « …columbini oppoponcis… » et

en faites emplastre et le mettes sur le coste. Et se on fait sort que (…) de rompure de

sanie et de tousse et de telle choses alons au chapitre de tousse et de asma et

empima187 et de ptisi et vous trouveres plente de mundificatif et pour ces choses il ne

fault point plonguer levure. Donc nous voulons dire de ptisane, preng orge gros plain

et peseant bien meur, non pas trop ancien ne trop nouvel sans nulle male odeur ou

saveur et sans mixtion d’aultre chose et soit coueilly en année plentureuse non pas

corrompue ne pestillencialle et soit creu en terre haulte et venteuse non fumée, ne

187 Probablement de empysème

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pres de mares, ne pres de lieux corrompues et soit le grain garde lieu evaporable. Et

de tel orge tu en prendras une livre et le casseras avec son ecorche et le mettras en

une oulle de terre vitrée avec xX livres d’eaue de fontaine et fay bouillir petit feu fait

de boys sec non corrompue et soit le feu sans fumiere et cler et net et arbre de

genevrier ou chasne et le fay boullir tant que la moytié soit consumée et puis le

laisses refroider puis le coules doulcement et soit gardée nettement. Ceste eaue a

toutes bontés en abstergant, en mundifiant, en penetrant, en refroidant et ainsi des

aultres. Et dois entendre que orge a tout son esorche absterge et mundifie mais sans

escorche elle nourit plus et conforte et se nous voulons quelle nourisse plus si la

passion tant bouillir que les deux parties de l’eaue en soient confumées et soit ainsi

que espesse et la beuves ainsi. Et l’appelle Ypocras ptisana cum toto et la premiere

en l’appelie ptisane coulée. Et se nous voulons faire orgeat osts l’escorches de l’orge

et laves en plusieurs eaues doulces pui la cuyres autant que chair de vache puis le

broyes tres tout en ung mortier et puis le destempes de lait d’ainelle et le coules et le

cuises a petit feu tant qu’il commence a especir. Aulcun sont ptisane ainsi. Ils mettent

orge froisse en une ammolle ou en une buyre et l’emplissent de eaue et la metten en

une chaudiere pleine d’eaue qui boult sur le feu et font la bouillir, l’ammoulle sans

fumée elle est bonne pour les delicats. Et note que decoctions se font de plusieurs

grains si comme d’espiaultre, avoine, froument cezez, orobus et fenugrec et

plusieurs aultres. Mais selon Ypocras et tous les saiges la decoction de l’orge passe

tout et requiert pardon quant je mensuis si brief des peche comme la matiere soit

difficille et perillieuse, mais je lay autrement traicté sur les regimes si comme vous

scauses. Et quant il sera en convallescence vous le baignerés et la partie du patient

mundifieres et conforterés.

Declaracion : Tu dois entendre que pleuresis n’est pas seullement apostume

ou dyaframe, mais aussi pannicles de dedens les costes, si comme Ga. Le dit en

cest amphorimse « Accibe eructationes ect… ». Item se pleuresis est engendrée de

plenitude et habundance cest plus de sang et selle est engendrée par voye de

penetracion elle est plus de colere et penetre plus et elle est engendré par voye de

treume degoutant elle engendrée de fleume et [folio 147V] selle est engendrée par

voye de congestion elle est engendrée plus de melancolie absoluement et plus

souvent elle est engendrée de colere. Et selon ceste raison et le plus souvent elle est

engndrée en printemps quant est de dnnacion de sang et plus este quant est de

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dominacion de colere fors tant qu’elle se evapore legierment est plus en authon

quant est de dominacion de melancolie, mais accidentellement plus quant cest de

colere engendrée en esté et plus en yver de fleume par luy mais accidentellement

plus quant cest de colere engendrée en esté et conservée par authon et par yver et

adonc penetre aux pannicles et selon ceste raison pleuresis est petit causée es

anciens et selle y est causée ce sera le plus de fleume et est moult perilleuse pour

cause de foiblesse et de vertu e se c’est de jeunes gens elle est moult perilleuse

pour trop grant sentement, car en jeunesse cest plus de colere et en adolescence

ceste plus de sang. Tiercement nous devons entendre que sput rouge par luy et seul

est mal signe, car il signifie veine rompue a donc y competent medeinces contraires

comme dist est et s’il est melse avec blancheur cest bon adonc y est subrouge.

Quartement note que en coprs plein au commencement on doit faire saignée de

partie opposite et s’il n’est pas tant plein et la maladie soit confermée faites de

dicelles partie et se les humeurs sont froides avec multitude encores y peut competer

saigner et en douloureux descendant qui est la plus seure voie selon G. Et doit on

faire en corps plein selon Avic. Premierement de la saphene dicel luy coste et se il en

mestier plus se le faites de la basiliques dicel luy coste. Item note que on ne doit

donner ulle forte medecine en pleuresis quoy que les anciens en dient et aulcunes

de maintenenant se baignent et delittent en tenant ceste voye. Mais disputacions ce

ne semble pas chose raisonnable donc donnes « …jujube…buglosa viol. prunes »

et les semblables et par ces medecines cy ne sera jamais peril et en fait aussi

suppositoires et cristeres lenitif. Et dois entendre si comme dist est qui repercutifs ne

competent point en pleureis et selles y competent point en pleuresis et selles y

competent en aulcunes manière, si comme le vouloit Eb Mesué elle competent droit

a leniere et s’aulcun estoit present et que dieu luy eust donné telle grace

d’congnoistre tel commencement iniciant et qu’il eust porté en sa moin ou en sa

bource medecine repercutive ce eust este grant chose, mais telles choses ne

peuvent avenir. Si mes merveilles du bon cheme sue comment il s’endormit ainsi tout

seul. Item note que maturatifs ne competent point en pleuresis, se ce n’est qie la

maladie se plongue et novons point d’aultre voie. Donc mundifie parfaitement le

corps et y mettes evaporatifs car la sanie est moult perilleuse. Item note que vapeurs

montant au chief se refroident et tombent sur les panicles et les foulent et putrifies et

eschauffent et ainsi engendre pleuresis.

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[folio 173R] Livre VI, Le XII chapitre de la pierre des reins

La pierre est une maladie officiale adjoustée en membre oultre nature et

s’engendre aulcunes fois en la vecie, aulcunes fois es reins et en maintes

concavités selon G. Les causes aulcunes sont prochaines, aulcunes lontaignes. Les

causes prochaines sont trois. La premiere c’est matiere grosse visqueuse, si comme

est sanie ou fleume ou melancolie ou sang gros. La seconde est chaleur excedent.

La tierce ce sont les conduis estrois vecy comme elle s’engendre quant aulcune

matiere grosse et visqueuse se tient en aulcune conduit et chaleur est forte elle

embrase icelle matiere et la veult digerer et esmouvoir et assimiler et elle ne peut et

elle ne peut l’empeschement de la matiere. Addonc elle resolve le subtil et le gros

demeur et s’endurcit et devient pierre. Les causes lointaignes aulcunes sont

extrinseques, si comme toute viande qui engendre sans gros, si comme pain a lis et

opire et mal adoube, vin nouvel et qui est gros : eau trouble , froumage ancien faves

frites et aultres legumes oyseaux qui habitent en eaues chair de bestes sauvages

poissons sans escames [folio 173V] et les semblables. Causes instrinseques ce

sont indigestions crues d’umeurs et crapule et foiblesse de vertue expulsive et quant

ces choses s’acordent la pierre se forge.

Signe : Les signes que pierre s’engendre c’est quant l’orine est trouble,

espesse avec plusieurs gravelles et se fait soudamement tenue avec douleur dicelle

parties sans soubt la pierre est engendrée et se la pierre estoit engendrée et il vient

en l’orine pulseur gravelles avec urine espesse elle signifie dissolucion de la pierre.

Et note que ceulx qui ont plente gravelle et urine espesses ils n’ont pas souvent la

pierre, toutes fois s’il avenoit elle seroit moult dure entre les aultres. Item la pierre de

la vecie setrait a rougeur et est pus mole et plus petite. On congnoit que la pierre est

en la vecie par douleur du penil et du cul et veult tousjours picer et pice a grant peine

et quant il pice il veult chier et le cul sault hors. Se c’est en enfance il a prurite en la

racine de la verge et luy tent la verge et luy fault tousjours froter en la racine. Tu dois

entendre que douleur est aulcunes fois plus interpolée, aulcunes fois moins selon ce

que la pierre est grande ou grosse, car la grande fait plus grant douleur uant elle est

la voye de l’orine. Et quanr la pierre est es reins adonc on a grant douleur en l’espine

du dos etes hanches et luy semble que on les paingne tousjours aulcunes foiselle

descent bas. Item note que la pierre des reins s’engendre plus souvent es grasses

gens et aux anciens pour foiblesse de vertu exoulsive a si grant distance, mais en

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gent maigres et en enfance jeunes elle vient plus souvent en la vecie car vertu

expulsive l’expelle plus loings.

Prenosticacion : La pierre de vecie et des reins cest maladie qui va d’voir en

voir ce dit Avic.

Cure : premier il fera diette contraire a cause qu’il engendre pierre il tiendra

diette subtile et de le legiere digestion en toutes les VI choses non naturelles et

usera de suppositioites et cristeres grand et lenitifs et puis usera de vomir qui moult y

vault s’il prent laxatif il doit estre foible et lenitif et n’en prengne pas souvent car il

attrait la matiere au lieu contre douleur et sinthomes et faites le porter fort sur une

charrette ou sur ung cheval trotant et mal portant et le faites descendre degrés et

valées et puis le faites baignier jusques a la couroie en un baing ou soit mis ceci

« … ». Et quant il saillira du baing vous l’emplastrées de fenu grec, de semence de

lin et d’uille zizannine et puis luy donnes tiriaque nouvellle. Or venons a la cure, se la

pierre est ou col de la vecie et qu’il ne puisse picer leves luy les hanches fort en hault

et les hurtes et frotes la verge et le penils et la pierre yra au fons de la vecie et pourra

picer. Et puis devons entendre a rompre la pierre, se en l’orine sont gravelles nous

coulerons l’orine et feront secher la gravelle se elle est molle et traictable cest moult

grant esperance de romprela pierre. Se elle est ferme dure et aspre cest doubte.

Decy les medecines qui de leur proprieté elective et merveilleuse rompent la pierre,

cest assavoir lapis [folio 174R] judaicus lapis spongie cinis scorpiona cinis

scorpionum cinis leporis combusti cini (…) ovorum a quibus exiverumt pulli cinis

avicule qui vocatur cauda tremula cinis yrcia qua raphani distillata lingua serpentis

sczilla que valet contra venenum. Et pour ce que ceste cure est difficile nul ne le doit

avoir mal se nous la poursuivons tres diligement plus particulierement.

Cure : La cure de la pierre est triple. L’une est preferuative, l’autre mitiative

de douleur et l’autre vraye douleur. La mitigative de douleur cest se on ne peut picer

et que on aye gran douleur au penil et es lieux prochains et en ce cas il usera de

bain « … » et e embroque souvent eaue sur le penil et quant il faudra du baing a

chescunes fois il usera de tiriaque jusques (…) avec brouet de cezes et se on trouve

tiriaque nouvelle tant vaut mieulx. Item faites ceste emplastre et le mettes sur le penil

«…fiat emplastrum ». Ceste cure on l’appelle mitigative ou blanditive et se ainsi la

douleur ne estoit mitiguée on doit faire vomir par semence de raphanum et par

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attriplices ou par suc de moyenne num et par attriplices ou par suc de moyenne

escorche de sambuc ou par noix vomite cecy vault aux trois manieres devant

dictees. Item « …viol.mercuri….olei olivarum… » et de cecy vous y mettres

souffisamment selon la discrecion du medecin et faites cristeres. Se nous voulons

faire cure perseruative il fera telle diete s’il peut il ne mengera de nulle chair fors de

volille commune qui n’abitent en eaues n’en mares. Il usera de cezes noirs et de

huille de cartamon et de vin blanc trempe avec eaue de cezes noir, raphanum et son

eaues distillées perserue d’avoir la pierre et aussi fait vomir souverainement et aussi

fait cristere et dormir sur le dos et I petit oyselet qui s’appelle hoce cul nouvel ou sale

cuit en eaue ou rostu ou seche puis pulverisé en tout ou en partie et aussi fait I bouc

ancien son le nourit derbes diuretique, si comme fenoil percil orge saxifrage milim

solis bethonica et puis en esté on le doit decouler et recueillit le sang et secher pr

pieces et puis pulveriser ceste poulde perferue et cure. Item baing naturel et y valent

et s’ils ne font pres pennes soufre et le faite bouillir en eaues et puis boutes une

esponge et la mette si le penil. La cure vraye de pierre qui est en rompure suppose

les choses devant dictes avec bon regime et bonne diette et que le corps ne soit pas

pletorique, ne reumatique, ne trop extenué. On fait ainsi la cure « …cinis

scorpionum… » il usera de cecy a la quantité de II ave l’anes au matin et au soit avec

eaue de decoction de psilin de tribuli marin. Item pinde le penil [folio 174V] d’uille de

de scorpions et vecy comment la fait « …scopriones… »de ceste huil, vous oindrée

le penil chacun jour II fois ou III ou panes laine lavée et la boutes et la dicte huille et

la mettes continuellement toute tiede sur le penil. Item s’il ne peut picer pour ce que

la pierre est trio grande et estoupe le conduit qui est petit faites ainsi qu’il tienne le

chief bas et hurtes la vecie et frotes et comprimes et la pierre se descendra en la

vecie et poura picer et sera remede temporel ou boutes le doit en son cul et

comprimes la pierre ou prennes l’esprove et la boutes par la verge du vit et boutes

arrier la pierre ou prenes (…) de la confiture devant (…) et la destempes en eaue de

raphanum avec lait et le coules et gettes souvent de celle couleure a la ciringue item

il usera de cest electuaire « …diaprunis…misceant ». Item bolille roste et crevices de

fleuves rostis luy sont bonnes viandes en ce cas. Vomir apres menger luy vault moult

il doit fuit grant replecion de viandes et de beuvrage il se doit deporter

attempreement de mant menger il doit fuit toutes viandes grosses come chair de porc

fresche char de beuf fromage dur œufs durs caules leguns excepté brouet de cezes,

il doit fuir poissons que nost escame. Il usera de bourage de « fenoil spangi cala…»

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et mal il ne prendra point de medecine laxative, mais il usera de vomir devant

menger et apres par aulcuns intervalles, car il conforte merveilleusement toute

lopacion. La cure de la pierre qui se doit faire par la main du cirgien quant est de

present je le laisse.

Declaracion : Tu dois entendre que pierre s’engendre de matiere cuite non

pas parfaitement et est visqueuse. Se elle estoit toute crue elle ne se pouroit

coaguler pour l’umidité superflue et se elle estoit seche elle ne se pouroit espessir

mais se pulveriseroit et pour ce il convient quelles soit visqueuse. Et quant chaleur

naturelle fait action en matiere crue et visqueuse elle la cuyt et oste le subtil et le

gros demeure et s’endurcit donc il se cuit mails il ne se digere point pour la matiere

qui est inobedient. Se condement note que pierre peut estre engendrée de sanie se

la froidure est ostée, mais non pas souvent et pour ce ne s’engendre pas souvent es

femmel pour leur froidure et les conduis qui sont larges et les voyes sont briefves.

Tiercement note que pour engendrer pierre III choses sont necessaires come dit est

premier chaleur forte qui exale le subtil et consume et parconsequent le remanant

s’endurcist et devient pierre, mais froit en congelant ne le pouroit faire en corps

humain ains bien droit la mort qui tat grande froidure fust en corps humain a ce fait

aussi le lieu qui est estroit et pour ce il appartient que pierre ne peut estre engendrée

seulement de melancolie jassoit ce que le contraire soit dit mais cest a entendre de

melancolie seule et non pas souvent et vecy la cause pour quoy elle ne se peut

engendrer car elle n’a point de viscosité ainsi comme a fleume si se peut meulx

pulveriser qui assemble. Et se la pierre est engendrée de [Folio 175 R] de viande

chaudes ce n’est pas pour ce quelles soyent melancolique, ains pour ce quelles sont

indigestibles et fleumes crue s’engendre de toute viande soit sanguine colorique ou

melancolique selle n’est bien digerée, en l’estomac et ou foye s’engendre humeur

crue qui appartient a fleume et telle matiere est convenanble a engendrer pierre. Et

note que en l’estomac peut estre moult de te tele matiere et chaleur forte et que les

conduis sont larges et en tels trop peu s’engendre la pierre. Item note que la pierre

en anciens se s’engendre pas ainsi tost que es enfans car les enfans abundent plus

en matiere fleumatique et en chaleur pour cause de la age et aussi pour le mal

regime di ceux ils abundent plus en fleume et ont le col de la vecie estroit et la

s’assemble la matiere et de la pierre et quant ils sont parcrus les conduis

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sellargissent et yssent hors les superfluites et pour ce es aultres a ages en suivant

comme es anciens la pierre sengendre plus es reins

Transcription livre VII

[folio 185R ] Le VIII chapitre des menstrus retenus :

Menstrus fluent naturellement depuis leXIII an jusques XLV ou LX ans

aulcunes fois plus tost ou plustart selon la diversité des membres et des autres

choses particulieres aucunes fois ils sont retenu naturellement aulcunes fois oultre

nature : comme jusques a XII ans ou XIIII et outre XXXV ou XL ou LX ans et entre

deux selons diversités des choses particulieres. Et sont retenus naturellement

comme en concepcion : et ils fluent ce n’est pas souvent pas souvent. Item menstrus

fluent selon la age de la lune, car ils viennent aux pucelles ou premier quarton : et es

jeunes ou second quart et es vieille ou tiers et es anciennes ou quart et pour ce nous

pouvons juger que jeunes gens se doyvent saignier en nouvelle lune et les

anciennes en vieille lune.

Cause : Menstrus sont retenus ou par cause extrinsque comme par trop

deporter par trop de de fain ou par trop de gresse par fievre ptisique ydropizie par

playes et les semblables. Se c’est par cause intrinseque c’est ou pour cause du vertu

ou du membre ou d’umeurs, se c’est par cause de vertu c’est par aulcune

complexion qui affoiblit vertu, si comme male complexion chaude quant elle excede

ou froide ou seche ou moiste. Elle affoiblit vertu et n’expelle point la superfluite ou

elle expelle en lieu non convenable et aucune fois les menstrues retenu, sont envoyé

aux nazilles aulcunes fois aux emouroydes et ainsi des aultres, aulcunes fois ils dont

retenus pour le membre ou pour le conduit estroit ou estoupe, si comme la matrice et

l’orifice des veines se c’est pour humeurs c’est pour quantité pour ce qu’il y a trop

petit de sang au corps en qu’il est trop gros, ou trop visqueux, ou trop froit et ainsi

des aultres qualités.

Signe : Se menstrus sont retenu pour cause froide la femme est moult [folio

185V] descoulourée et sompnolente avec ung petit de soif le poulz est tardif et l’orine

remisse : aulcunes fois elle met hors superfluites musillagineuses par les intestins.

Se c’est par cause chauld elle est coulourée et soif et le poulz hatif et l’orine itense

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avec les aultres signes chaulx ou on peut faire par ceste manière qui n’est pas moult

honneste. Panes ung drapel net et delie et la baignes es menstrus puis le mettes

secher et puis le laves et s’il se tire a couleur citrine c’est colere. S’il est blanc c’est

fleume, ce c’est a liveur c’est melancolie. Et par ce on congnoit l’umeur pechant et la

cuse de la retenue et la cause de sterilité et des semblables. Et aussi on le congnois

par la manière du corps qui est retenu ou gras ou par ire et playes ou trop labourer et

fievre et les aultres causes primitives sont congneues par les causes devant dites.

Prenosticacion : Se menstrus sont retenus oultre naturel le medecin peut

pronistiquer quant aux membres d’amont de inanie epilence. Et quant est des

membres spirituels comme tousse ptisique et suffocacion et quant aux membres

nutritifs de nausee et ydropisie et quant est membres bas on a podagre. Donc c’est

profit de esmouvoir menstrus qui sont retenus oultre nature.

Cure : Au commencement se les choses particulieres si accordent faites

saignee des II basiliques pour la cause antecedente et puis de II saphenes pour la

cause conjoinctes et quand on atraye la matiere vers le parties basses et puis

mondifies la matiere selon l’exigence de l’umeur pechant et quant le corps sera altere

mondifie il usera de diuretiques et de apperitifs et les medecines qui esmeuvent

l’orine esmeuvent menstrus. Decy les choses materielles qui esmeuvent menstrus :

« … ». Et prenes une de ces choses cy ou plusieurs et en peut on faire pessaire ou

emplastre ou unguent ou beuvrage ou electuaire ou qui on gette en la matrice

aulcune decoction de ces choses cy. Se la femme estoit corrumpues et s’elle n’estoit

corruompu on luy fera baing emplastre unguens et les semblables et luy laves bien

fort les pies, les jambes et les cuysses c’est bon pour esmouvoir menstrus et quand

on luy tienne longuement. Dentoses mises es cuisses y valent moult medecine

composte si comme je « … ». Et dois entendre que stomaticum lacativum quant on le

cuit on le doit mettre en concavité de cannes ou sambuc et quant il est refroide on

doit oster la fuste et ce la demoura dur commeune chandelle et en fera on ung

pessaire. Cecy esmeut merveilleusement menstrus se le corps est mondifie et aussi

fait mirre se on le pulverise et on le met ung sachet et on le boute en la matrice et

aussi fait celle quntida et fiels de bestes. Et note que s’ils estoyent de forte vertu si

comme est nigella et les semblables on les doit mettre en petite quantité et y doyvent

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demourer I petit et non pas quant on dort car aulcunes fois il fait fievre ou la matrice

se ulcere. Et quant nous voulons [folio 185R] ouvrer des choses fortes on doit faire

cauteleusement mesmemmt en parsonner delicates. Et se la retenue estoit par cane

chaulde vecy les choses materielles : (…) Et se la retencion estoit par causes

primitives manifestes on les doit ramener a attemprance par leur contraires. S’elles

sont attenues on le doit faire tenir oyseuse et menger viandes moistes et se elles

sont grasses faites contraires se c’est pour ire se luy faites joye. Se c’est pour

maladie du corps on le doit curer premier.

Declaracion : Tu dois entendre que femmes jeunes qui sont oyseuses et qui

sont remplies de viandes elles habondent plus en menstrus pour ce qu’elles ont plus

super fluites et femmes qui labourent fort et menguent petit on peits menstrus pour

ce qu’elles ont peines ou elles n’en ont nuls. Et s’elles estoyent tellement oyseuses

qu’elles engroicissent et les veines se restraindissent et se opilassent, elles auroyent

moins de menstrus, mais ce seroit par acident. Item note que quant nous faisons

saignée en retencion de menstrus nous la devons faire parmie rement petit, car

vertue est oppressée et puis apres on la doit faire grande et forte, car vertu est

fortefie, mais en pleuresis non car la maladie est de legier mouvement et ne pouroit

soustenir. Item note que menstrus descendent de la seconde digestive. Et son disoit

que la semence est de la tierce digestion et que le corps est mundifié par l’un et par

l’autre. Je dy que ce n’est pas chose semblable en tout mais bien partie, car la

semence est superfluite de la tierce digestion, mais non pas menstrus car ils

seroyent blans donc menstrus viennent de la seconde digestive ou l’umeur

s’engendre et menstrus resemblent humeur. Item note que jassoit ce que le foye

resemble a sang et semble qu’il soit engendré de sang. Pour ce dient les aucteurs

que le foye c’est sang coagulé, toutes fois il est engendré des premieres semences

et est blanc en raine ainsi que sont les aultres membres radicals se le sang en est

oster purge du tout et appert aussi qu’il est cuit. Item note que les femmes ont

sperme car elles ont la tierce digestive et ont dydont et caillons et les aultres

membres principaulx. Et se Arist.188 dit qu’elles n’ont point de sperme c’est a

entendre par comparacion aux hommes car sperme de femme est indigest et

aquatique. Sperme de femme d’omme est glanduleux et blanc, mais sperme de

femme est trop loing de ceste nature. Pour ce disoir il que les femmes n’ont point de

188 Aristote

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semences et appert, car elles se corrompent par elles et ont delectacion en leur

propre semence. Item note que femmes ont plustost menstrus que les hommes ne

ont spermes par foiblesse de vertu qui default, mais i n’est pas ainsi es hommes.

Item note que menstrus viennent en temps determiné, car nature enten en aulcune

manière soy aider et pour ce il ne est pas impur les aultres superfluites ne sont pas

ainsi aidées et sont impure et aidés et pour ce elles ne gardent ne ordre, ne periode.

Item note que en retencion de menstrus femmes desirent plus pour le gatillement

ainsi que prurite que sont les menstrus, mais non pas en flux, ne apres le flux. Item

note que retenion de menstrus appetice l’appetit [folio 185V] de viande, car il remplit

et resmeut habiter, car il pointille. Item note que comme les aultres bestes ayent

menstrues, toutes fois ils apparent pas manifestement pour cause de petite quantité

ou pour ce qu’ils se meuvent en poils et en cornes. Et j’assois ce que semence de

bestes brustes habonde de plus en superfluite, toutes fois le males ont plus grans

cornes et plus grans veaures c’est par la force de vertu qui l’expelle plus loing et plus

fort.

Item note que au chapitre des mammelles dis est se les hommes ont menstru

ou lait et les semblables. Ites note que femmes grasses charnues ont moult de

menstrus, mais les grasses froides et moistes habondent plus ou second quartier se

ce n’estoit fantastiquement par cause de rarificacion comme dit est. Item note que

menstrus aviennent plus en printemps par cause de force et de vertu et a ce baing

stiptique y peut bien bien competer car le sang ne passe point les veines intraseques

et ainsi il ne va pas aux membres nobles ainsi il passe dehors par le mediastines.

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210

Présentation des sommaires des six autres livres de Fleur de lys en

medecine

Cy commence le second livre qui traitcte de toutes maladies du cervel jusques

a la maladie des yeulx et contient trente chapitres.

Le premier chapitre parle de allopicie

Le second des cheveulx qui cheent

Le tiers de l’asprete des cheveulx

Le IIII de canicie et orner les cheveulx

Le V de furfures de cheveulx

Le VI de pustules de la teste

Le VII de fane qui est fenge ou chief

Le VIII parle des tignes du chief

Le IX des poils ou pouls du chief

Le X de la douleur du chief

Le XI de vertigne et scotomie

Le XII de liatrgie et de mygraine

Le XIII de mémoire corrumpue

Le XIIII de congelacion

Le XV de de dormir et somme innaturel

Le XVI de parler de stupeur

Le XVII de veille et de veiller

Le XVIII de manie et de melancolie

Le XIX d’amour qui s’appelle hereos

Le XX est de yvrongnie

Page 211: Fleur de Lys en medecine de Bernard de GordonJe remercie Madame Brocard pour sa présence, son écoute, son soutien et ses ... 3- Le savoir arabe ... « Cy commence la pratique de

211

Le XXI parle de frenesie

Le XXII de sternutation ou esternuer

Le XXIII parle de incurvés

Le XXIIII de epilence

Le XXV de appoplexie

Le XXVI de paralisie

Le XXVII de spasme

Le XXVIII parle de tremeur

Le XXIX parle de jectigacion

Le XXX de torture ou torsure

Cy comme me tiers livre qui parle de la maladie des yeulx

Le premier chapitre est de la nothomie des yeulx

Le second parle des passions er maladies de la conjuctive et sont XIII c’est

assavoir obtalmier, ongle, macule, rouget, pannicule : pouldre qui chiet es yeulx

duresse, pruritr, apostume, graveleux, ulcere et sanie, excressence de chair et

diminuition et fistulle ou lacrime

Le tiers de la corné et de ses maladies

Le quart de passion de tuver come de dilatacion et constriction de la pupille

Le V de faiblesse de la veuve

Le VI de passions qui appartiennent a l’oeul. Et premier de borgne ou

strabosite

Le VII des passions des pauperes et sont XVI maladies

Le VIII des passions des aureilles

Le IX des aureilles qui cornent et sonnent

Page 212: Fleur de Lys en medecine de Bernard de GordonJe remercie Madame Brocard pour sa présence, son écoute, son soutien et ses ... 3- Le savoir arabe ... « Cy commence la pratique de

212

Le X de douleur d’aureilles et des apostumes de dedens

Le XI de ulcere et sanie d’aureilles

Le XII de sang qui est es aureilles et de laquosite qui y demeure

Le XIII de chose qui chiet en l’aureille et de l’opilacion d’aureille

Le XIIII d’apostume qui vient en la racine des aureilles par dehors

Le XV des passions du nas

Le XVI de reume et corize

Le XVII de flux de sang des nazilles

Le XVIII de sternutacion

Le XIX des maladies de la bouche et premierement de fendure de la leste

Le XX des passions de la langue

Le XXI de flux de salive et default de odeur

Le XXII de pueur de bouche

Le XXIII des passions de la bouche

Le XXIIII des lentignes de la face

Le XXV des passions des dens

Le XXVI des dens qui sont perforés

Le XXVII des passions des gingives

Cy commence le quart livre qui parle des membres spirituels et de leurs passions

contient XIIII chapitres comme il appert cy apres

Le premier chapitre de Squinance

Le second parle des passions de la bule

La tierce des raucedine et mutation de voix

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213

Le quart de la tous

Le V de ptisique

Le VI de cracher du sang

Le VII parle de epimate c’est des putanieux

Le VIII de difficulté de respirer et asmat

Le IX de pleuresis

Le X de periplemonie

Le XI de tremeur de cueur

Le XII de sincopin

Le XIII des passions des mammelles

Le XIIII de trop grant habundance de sang

Cy commence le V livre qui parle des passions des membres nutritifs

Le premier chapitre parle de difficulté de transgloutir

Le second de faiblesse d’appetit

Le tierce de faiblesse et indigestion, de douleur et de male complexion

d’estomac

Le quart de appetit canin

Le V de soif

Le VI de reupeur et eructacion

Le VII de s’engloutir

Le VIII de fastidie et regime de santé de corps

Le IX de de abhominacion et de nauzée

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214

Le X de de vomir et des appendences

Le XI de inflacion de l’estomac

Le XII de torture des intestins

Le XIII de lieuteré

Le XIIII de dessinteré

Le XV de tenasmon

Le XVI de recapitulacion de tous flux de ventre et contient XXII chapitres

Le XVII de passion iliaque

Le XVIII de passion colique

Le XIX de mitachin

Le XX de vermes

Le XXI des passions du cul de condilomata

Cy commence VI livre qui parle des passions du foye, des reins, et de la vecie

et contient XVI chapitres

Le premier chapitre parle de male complexion du foye

Le second de opilacion

Le III de apostume du foye

Le IIII de flux de sang du foye

Le V de Hydropisie

Le VI de ictericie

Le VII de passion de l’esplain

Le VIII de passion de reins

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215

Le IX de apostume de reins

Le X de ulceres de reins

Le XI de picer du sang

Le XII de pieres de reins

Le XIII de la vecie et commence a la passion diabetique

Le XIIII de strangure

Le XV de ceulx qui picent au lit

Le XVI de dissurie

Decy le VII livre qui parle des passions des membres generatifs, de l’omme et

de la femme

Le premier chap. est de petit habiter

Le second de satiriazie et priapisme

Le tiers de gomorrée

Le quart de pollucion de nuit

Le V des passions du vit

Le VI d’apostume et playe des coillons

Le VII de creveure

Le VIII des maladies des femmes

Le IX de trop grant flux de menstrus

Le X de retencion de la matrice

Le XI de d’apostume de la matrice

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216

Le XII de playe du con

Le XIII de precipitation de matrice

Le XIIII de sterilité de femmes

Le XV du regime de femme grosse

Le XVI de difficulter d’enfanter

Le XVII de retencion de secondine

Le XVIII de male de matrice

Le XIX de passion sciatique

Le XX du nombrile et de gilbosite et de varuques et de douleur au dos

Le XXI des antidotes et remedes pour passions depuis le chief jusques au

piés

Le XXII des remedes et medecines qui valent contre passions des membres

spumels

Le XXIII des antidotes qui valent contre passion des membres nutritifs, si

comme est l’estomac, l’esplain et le foye et les aultres semblables

Le XXIIII des antidotes et medecines qui valent contre passion de reins et de

la vecie et des jonctures

Le XXV des medecines pour faire femme bellle

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217

REFERENCES DE BERNARD DE GORDON DANS SES ECRITS

Source : Demaitre Luke E., Doctor Bernard de Gordon : professor and

practitioner, éditions Pontifical Institue of Médieval Studies, 1980

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LEVITIQUE

Extrait du Lévitique, chapitre 15 :

1. L'Éternel parla à Moïse et à Aaron, et dit :

2. Parlez aux enfants d'Israël, et dites-leur : Tout homme qui a une gonorrhée

est par là même impur.

3. C'est à cause de sa gonorrhée qu'il est impur : que sa chair laisse couler

son flux, ou qu'elle le retienne, il est impur.

4. Tout lit sur lequel il couchera sera impur, et tout objet sur lequel il s'assiéra

sera impur.

5. Celui qui touchera son lit lavera ses vêtements, se lavera dans l'eau, et sera

impur jusqu'au soir.

6. Celui qui s'assiéra sur l'objet sur lequel il s'est assis lavera ses vêtements,

se lavera dans l'eau, et sera impur jusqu'au soir.

7. Celui qui touchera sa chair lavera ses vêtements, se lavera dans l'eau, et

sera impur jusqu'au soir.

8. S'il crache sur un homme pur, cet homme lavera ses vêtements, se lavera

dans l'eau, et sera impur jusqu'au soir.

9. Toute monture sur laquelle il s'assiéra sera impure.

10. Celui qui touchera une chose quelconque qui a été sous lui sera impur

jusqu'au soir ; et celui qui la portera lavera ses vêtements, se lavera dans l'eau, et

sera impur jusqu'au soir.

11. Celui qui sera touché par lui, et qui ne se sera pas lavé les mains dans

l'eau, lavera ses vêtements, se lavera dans l'eau, et sera impur jusqu'au soir.

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219

12. Tout vase de terre qui sera touché par lui sera brisé, et tout vase de bois

sera lavé dans l'eau.

13. Lorsqu'il sera purifié de son flux, il comptera sept jours pour sa purification

; il lavera ses vêtements, il lavera sa chair avec de l'eau vive, et il sera pur.

14. Le huitième jour, il prendra deux tourterelles ou deux jeunes pigeons, il ira

devant l'Éternel, à l'entrée de la tente d'assignation, et il les donnera au sacrificateur.

15. Le sacrificateur les offrira, l'un en sacrifice d'expiation, et l'autre en

holocauste ; et le sacrificateur fera pour lui l'expiation devant l'Éternel, à cause de

son flux.

16. L'homme qui aura une pollution lavera tout son corps dans l'eau, et sera

impur jusqu'au soir.

17. Tout vêtement et toute peau qui en seront atteints seront lavés dans l'eau,

et seront impurs jusqu'au soir.

18. Si une femme a couché avec un tel homme, ils se laveront l'un et l'autre, et

seront impurs jusqu'au soir.

19. La femme qui aura un flux, un flux de sang en sa chair, restera sept jours

dans son impureté. Quiconque la touchera sera impur jusqu'au soir.

20. Tout lit sur lequel elle couchera pendant son impureté sera impur, et tout

objet sur lequel elle s'assiéra sera impur.

21. Quiconque touchera son lit lavera ses vêtements, se lavera dans l'eau, et

sera impur jusqu'au soir.

22. Quiconque touchera un objet sur lequel elle s'est assise lavera ses

vêtements, se lavera dans l'eau, et sera impur jusqu'au soir.

23. S'il y a quelque chose sur le lit ou sur l'objet sur lequel elle s'est assise,

celui qui la touchera sera impur jusqu'au soir.

24. Si un homme couche avec elle et que l'impureté de cette femme vienne

sur lui, il sera impur pendant sept jours, et tout lit sur lequel il couchera sera impur.

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220

25. La femme qui aura un flux de sang pendant plusieurs jours hors de ses

époques régulières, ou dont le flux durera plus qu'à l'ordinaire, sera impure tout le

temps de son flux, comme au temps de son indisposition menstruelle.

26. Tout lit sur lequel elle couchera pendant la durée de ce flux sera comme le

lit de son flux menstruel, et tout objet sur lequel elle s'assiéra sera impur comme lors

de son flux menstruel.

27. Quiconque les touchera sera souillé ; il lavera ses vêtements, se lavera

dans l'eau, et sera impur jusqu'au soir.

28. Lorsqu'elle sera purifiée de son flux, elle comptera sept jours, après

lesquels elle sera pure.

29. Le huitième jour, elle prendra deux tourterelles ou deux jeunes pigeons, et

elle les apportera au sacrificateur, à l'entrée de la tente d'assignation.

30. Le sacrificateur offrira l'un en sacrifice d'expiation, et l'autre en holocauste

; et le sacrificateur fera pour elle l'expiation devant l'Éternel, à cause du flux qui la

rendait impure.

31. Vous éloignerez les enfants d'Israël de leurs impuretés, de peur qu'ils ne

meurent à cause de leurs impuretés, s'ils souillent mon tabernacle qui est au milieu

d'eux.

32. Telle est la loi pour celui qui a une gonorrhée ou qui est souillé par une

pollution,

33. pour celle qui a son flux menstruel, pour l'homme ou la femme qui a un

flux, et pour l'homme qui couche avec une femme impure.

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Extrait du texte de la traduction française du manuscrit H 317 De passionibus

mulierum,

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222

Traduction réalisée par Genevièe Pezeu-Gilabert en 1998.

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223

SYMBOLES ET ALLEGORIES DANS L’OUVRAGE FLEUR DE LYS EN MEDECINE

Folio Contexte Symboles Signification189

LES CHIFFRES

10 V

« la quartaine commune dure

ung an »

Prenostication de la

fièvre quartaine

1 Symbole de l’homme debout. Symbole de l’être mais aussi

la Révélation.

2 R

« elle ne sestent pas oultre le

tiers jour »

11 R

« on le doit faire mengier et

petit par trois heures… »

35 R

« Y sont III maladies en

lepre »

Définition de la fièvre

Effimere

Cure la fièvre quartaine

Définition de la lepre

3 Représente la trinité. La perfection de l’unité divine.

35 R

« viande melancolique…toutes

bestes a IIII pies »

Cause de lèpre

4 On retrouve se nombre très souvent : les 4 évangélistes, les

4 docteurs de l’Eglise, les 4 grands prophètes, les 4

saisons, les 4 fleuves du paradis, les ‘ tempéraments, les 4

189 D’après : Cazenave Michel, Encyclopédie des Symboles, éditions le livre de Poche, 1989 Chevalier Jean, Gheerbrant Alain, Dictionnaire des Symboles, éditions Rober Laffont, 1982 Cocagnac Maurice, Les symboles bibliques, lexique théologique, éditions cerf, 2009

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224

4 V

« Il sera guerry au quatre

jour »

11 R

« On le doit faire mengier et

petit par trois heures ou par

quatre… »

Pronostication de la

fièvre causon

Cure de la fièvre

quartaine

humeurs, les 4 points cardinaux. il désigne aussi le

tétragramme JHVH (Yahwé) : nom de Dieu.

11 R

« On le doit faire mengier et

petit par trois heures ou par

quatre ou par V devant la

proxime »

14 V

« ils sont V manieres de

fievres compostes »

Cure de la fièvre

quartaine

Définition de la fièvre

composte

5 Selon Sainte Hildegarde de Birgen le cinq représente

l’homme. Représente la structure de l’homme (2 bras, 2

jambes et la tête)

16 V

« VI choses non naturelles »

4 V

« Elle soit interpolée par VI

heures »

Définition de la peste

Présentation fièvre

causon

6 Création du monde, hexagramme (les 6 pointes = les 7

planètes (moins le soleil qui est au centre)

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225

9 R

« Il ne met que que VI

especes de fievres simple

singulière »

9 V

« Faictes saignié au matin et

au soir par plusieurs fois et se

on ne le faisoit et fust au VI

jour »

Cause de la fièvre

synoque

Cure de la fièvre synoque

1 R

« Car au lis sont plusieurs

fleurs et en chascune fleurs

sont VII fueilles blanches et VII

grains ainsi comme dorés, et

semblablement ce livre

contient sept parties. »

4 V

« Aulcunes fois, elle se estant

jusques au septiesme jour »

Présentation du titre de

l’ouvrage

Pronostication de la

fièvre causon

7

Nombre symbolique important. Dans l’Apocalypse de Saint

Jean, le sept représente un élément structurant de son

texte (7 Eglises, 7 cornes, 7 coupes de la colère dans le

« livre à sept sceaux ». On retrouve ce chiffre dans l’ancien

testament. Au moyen âge chiffre important : les 7 âges de

la vie, les 7 dons du saint Esprit, 7 vertus, 7 arts et

sciences, 7 sacrements, 7 prières adressées au Seigneur

dans le Notre-Père.

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226

5 V

« Et se icterici venoit devant le

VII jour, si le commandes a

Dieu et s’elle venoit après le

VII »

6 V

« Tierchaine vroye est

terminée en sept periodes »

15 R

« jeunes enfans de VII ans »

Pronostication de la

fièvre tierchaine

définition de la fièvre

ethique

6 V

« Tierchaine terminée au VIIII

jours »

Pronositication de la

fièvre tierchaine

9 Selon Pseudo-Denys l’Aréopagiste, les anges sont

hiérarchisés en neuf cœurs ce qui représente la perfection

de la perfection, l’ordre dans l’ordre, l’unité dans l’unité.

39 V

« Et ce nous dirons plus au

chapitre des maladies des

ungles et de vous dy que je

demanday souvent se nul

signe n’apparoit en la face du

Diagnostic de la lèpre 12 Nombre de l’élection. Représente l’Eglise, l’Eglise

triomphante, au terme des deux phases militante et

souffrante. Les 12 apôtres, L’arbre de vie portait 12 fruits…)

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227

dit homme et ves que ainsi XII

ans a tout celle punaisie et

ordure des piés et des mains

et me semble que n’estoit pas

lepre »

6 V

« Tierchaine terminée au VIIII

jour ou dedens quatorze jours

et se tourmente en douze

heures »

10 V

« Se interpole XIV heures »

15 V

« jeunes enfans de VII ans ou

de XIIII ans »

Plan du 4 me

Pronostication de la

fièvre tierchaine

Signes de fièvre

quartaine

Définition de la fièvre

ethique

14 Deux fois 7

Plan du 6 me livre 16 Carré de quatre, ce nombre indique l’accomplissement de

la puissance matériel

11 R

« Qui ostent toutes chairs et

Cure de la fièvre

quartaine

20 Symbole d’unité

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228

vin jusques a XX jours »

Plan du 5me

Livre / chapitre traitant de

la lèpre dans le 1er livre.

21 Symbole de la maturité / chiffre de la perfection dans la

bible / sagesse divine

2 V

« car sa nature elle ne dure

pas oultre XXII heures »

10 V

« Ainsi les cronique ensuivent

le mouvement du soleil.

Aulcune fois elle dure par XXII

ans.

Pronostication de fièvre

effimere

Prenostication de la

fièvre quartaine.

22 Représente l’homme dans l’espace et dans le temps

5 V

« Et quant XXIII heures seront

passées, on luy doit mettre sur

le chief un g chiennet chault vif

fendu parmis l’espine du dos »

10 V

« dure l’acces XXIIII heures »

Cure de la fièvre causon

Signes de la fièvre

quartaine

24 La Bible connaît 24 2’ classes de prêtres, 24 classes de

chantres, 24 classes de vieillards dans l’Apocalypse. Ce

nombre représente la double harmonie du ciel et de la terre.

Plan du 7me 25 (Représente la loi, selon St Augustin)

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229

Plan du 3me livre 27

4 V

« Il tourmente pas XX VIII

heures »

Présentation fièvre

causon

28

Folio 1 V / Plan du 1er et 2me livre 30

6 V

« se interpolle en XXXVI

heures »

Pronostication de la

fièvre tierchaine

36 Nombre du ciel. C’est le nombre des solidarités cosmique. Il

représente la triade entre le ciel, la terre et les hommes.

37 R

« Alé vous en I jardin ou il

y’aye plante de rafanum (…)

et en osté les racines (…) et

les pertuisse d’une aleyne ou

de une grosse aiguille (…) et

les laisse desoubz terre XL

jours ou plus »

11 R

« Qui ostent toutes chairs et

vin jusques a XX jours ou XL »

Remède pour la lèpre

Cure de la fièvre

quartaine

40 Nombre de l’attente, de la préparation, de l’épreuve ou du

châtiment.

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230

12 R

« Ce sont passées XL ung

heures avant que les deux

qualités soient vaincues »

Clarification de la fièvre

quartaine

41 Nombre de l’attente associé au nombre de vie

LES SYMBOLES

Titre de l’ouvrage Fleurs de

lys

Symbole de l’amour pur et virginal.

2

« « effiemere » de sa racine

« ne dure pas oultre », ung

jour naturel et est dicte de

« essimon » en grec « un

jour », « poissone en latin car,

le dit poisson meurt le jour

qu’il naist »

Définition de la fièvre

« effimere »

Poisson Figure du repas eucharistique. Du baptême ou du Christ.

3 R

« Le lieu doivt estre sur terre

et pas romantique et la porte

Orientation de la maison

quand un patient souffre

de fièvre effimere

Septentrion

= nord

Selon le livre Bahir190, le mal se tient au nord. Le nord est

le lieu de l’infortune

190 Texte complexe de la tradition juive appartenant à la tradition du Kabbale juif. Le livre du Bahir ou « livre de la clarté » a été diffusé depuis les centres juifs du Languedoc par des érudits comme Rabad de Posquières (1120 - 1197) et Isaac l'Aveugle (1160 -1235).

Page 231: Fleur de Lys en medecine de Bernard de GordonJe remercie Madame Brocard pour sa présence, son écoute, son soutien et ses ... 3- Le savoir arabe ... « Cy commence la pratique de

231

et les fenestres soient devers

septentrion »

37 R

« De la manière du laxatif,

nous en parlerons quant nous

parlerons des serpens

laxatifz »

Remède contre la lepre Serpent Ici serpent vision positive, peut faire penser au serpepent

d’airains qui permet de rester en vie.

Péché originel.

Renaissance (mue)

16 V

« Mais en ethique vieille

compete lait et miel et brouet

de chair toutes fois miel en

fievre ethique est moult

nuysable. »

Remède contre la fièvre

ethique vieille. Néfaste

dans la fievre ethique

naissante

Miel Les enseignements de Dieu sont comparables au miel

pour leur propriété de purifier et de conserver (Pseudo-

Deny l’aréopagiste) – symbole de douceur.

16 V

« Et de en fievre ethique on

avait flux de ventre, on doit

donner lait cuit de cailloux

d’eaue qui soit bien chaud »

Remède contre la fievre

ethique avec flux de

ventre

Cailloux Cailloux = pierre. La pierre et l’homme présentent un

double mouvement de montée et de descente. La pierre

symbolise la relation entre le ciel et la terre

Composition dans

différents remèdes contre

les fièvres.

Lait Le lait est considéré comme un met divin, il symbolise une

offrande pure. Mis en relation avec les forces lunaires on

lui attribue le pouvoir d’éteindre le feu.

Page 232: Fleur de Lys en medecine de Bernard de GordonJe remercie Madame Brocard pour sa présence, son écoute, son soutien et ses ... 3- Le savoir arabe ... « Cy commence la pratique de

232

16 V

« Fièvre pestilentiales sont

celles qui viennent en temps

de pestilence et de

corrumption, quand les blez et

lait et les eaues sont

corrumpues »

« le signe de pestilence

(…) et que lait est obscur et

espes. »

Mauvais lait en temps de

pestilence

Dans la bible nombreuses allusions bibliques au lait pur et

doux.

5 V

« on luy doit mettre sur le chief

ung chiennet chault vif »

Cure de fièvre causon Chien Il représente la confiance et la vigilance. Mais il est aussi

considéré comme le gardien de l’Au-delà. On sacrifiait un

chien aux morts pour qu’il lui serve de guide.

5 V

« parmis l’espine du dos (…)

on y doit mettre le polmon

chault d’ung mouton »

Cure de fièvre causon Mouton L’agneau est l’animal du sacrifice, qui rappelle la victoire

sur la mort. Il représente la résurrection.

6 V

« l aye grant soif, et que l’eaue

froide soit doulce, et qu’il aye

acoustumes a boire et que il

Clarification de la fièvre

causon

Eau Trois thématiques symboliques : 1-Eau source de vie 2)

eau purificatrice 3) eau régénératrice.

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233

boyve a une fois tant comme il

pourra tirer sans reprendre

son alaine »

12 V

« vient volontiers en yver et en

ancien homme et enfant et en

personne moistes et

fleumatiques et en

pescheurs »

Définition de la fièvre

cotidienne

Pêcheur Le pêcheur d’hommes, titre donné à Saint Pierre dans

l’Evangile, désigne celui qui sauvera les hommes de la

perdition.

14 R

« Tu dois noter que pain levé

avec une petite quantité de sel

selon G est meilleur que

aultre »

Cure de la fièvre

cotidienne

Pain Nourriture essentielle et nourriture spirituelle. Pain levé

représente le symbole de la transformation spirituelle

14 V

« le sang se mue du matin et

ensuit le mouvement du soleil

car il si conforme pour ce que

le soleil est en orient »

Cure de la fievre

cotidienne

Soleil

Matrice Fécondité, régénération spirituelle

Semence Puissance de vie

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Remède Vin Le pain et le vin sont transformés lors de l’Eucharistie en

chair et en sabs de Jesus-Christ – force, sève nouvelle.

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SYNTHESE DES CHAPITRES TRAITANT DE LA FIEVRE191

Fièvre effimere

Définition : Fièvre qui ne dure pas plus de trois jours. (« ne reste pas oultre le

tiers jours » [folio 2 R]).

Causes :

Obstruction des pores de la peau

Viandes, boissons et « medecines chauldes ».

Efforts physiques intenses

Grosseurs sous les aisselles

Signes :

- Généraux : modification de l’urine et du pouls, chaleur modérée du corps,

présence de sueur.

- Spécifiques :

Fièvre dû au soleil : tête et yeux sont chaud au touché, le pouls

s’accélère.

Fièvre dû au froid : lividité de la face

Fièvre dû à une obstruction des tissus : peau sèche, chaleur aigüe

Fièvre dû à l’alimentation : chaleur au tour de la région du foie, urine

teintée.

Fièvre suite à un effort physique : faiblesse du corps, douleur des

articulations.

Fièvre dû à la colère, au chagrin : face rubiconde, yeux apparents.

Fièvre dû à la tristesse : les yeux sont concaves et enfoncés.

191 Le chapitre X traitant de « fièvre pestillenciale » n’est pas traité dans cette synthèse se reporter au chapitre traitant de la peste dans ce mémoire.

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236

Fièvre dûe à la luxure : le corps est chaud et tendu.

Prénostication : fièvre qui par définition ne dure pas plus de trois jours (plus ou

moins un jour).

Cure :

Régime alimentaire (viande légère, vin blanc)

Si patient affaiblit : jeune de trois jours

Bain froid

Sufumation

Refroidir le patient aves des linges sur le front

Aérer la maison avec des fumées de plantes

Phlébotomie, clystère, suppositoire

Clarification : C’est l’apaisement des humeurs et des membres qui entrainent

l’apaisement de l’esprit. Si l’esprit ne s’apaise pas alors la fièvre peut se transformer

en un autre type de fièvre.

Fièvre causonique

Définition : fièvre continue. « Causon » signifie embrasement. Fièvre qui

touche le sujet jeune et moins les anciens.

Causes : colle dans les vaisseaux, dans les membres et proche du cœur et

foie. Mauvaise qualité ou quantité de la colle.

Signes :

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Langue noire et sèche

Ictère

Tumeur

Fluc de ventre

Rétention des selles

Pouls faible et mal perçu

Hématurie

Prénostication : terrible maladie mais de durée brève. Mais si de bons signes

apparaissent au début de la maladie, elle sera terminée le quatrième jour ou avant.

Elle peut durer jusqu’au septième jours.

Cure :

Frotter le pis, le ventre et les côtes et les parties douloureuses avec

du vin blanc, de l’huile de camomille et de l’eau de rose.

Sirop

Sirop laxatif

Jeûne de quatre jours, puis alimentation légère

Application locale d’un chien jeune vif chaud et fendu sur la tête

Application d’un poumon de mouton sur l’épine dorsale

Phlébotomie en dernier recours.

Clarification : il peut boire beaucoup d’eau

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Fièvre Tierchaine

Définition : fièvre putride engendrée par la colère intense. Il y’a la colère pure,

la colère rouge et la colère par amalgame des humeurs, la colère non pure. C’est

une fièvre terrible.

Causes : fièvre dû à la colère dans toutes les veines du corps. Les raisons de

l’autre tierchaine sont dues à la mauvaise élimination de la matière.

Signes :

Le pouls est occulte puis rapide

L’urine est de couleur citrin

Pronostication : dure 7 périodes. La première est faible, la seconde plus forte,

la troisième très forte, la quatrième est dangereuse, la cinquième faiblit, la sixième

affaiblit plus, la septième termine la fièvre. Présence de sueur au paroxysme de la

crise et en sa fin. C’est une grave maladie qui est souvent mortelle.

Cure :

Faire odorer

Sirop

Respirer des plantes et de l’opium, si il a mal

Si le patient est stuporeux on doit lui frotter les extrémités

Frotter le ventre de vin blanc et de vin aigre blanc et d’huile de

camomille et d’eau de rose

Faire saigniée après la troisième période de la maladie.

Clarification : on peut faire vomir le patient.

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Fièvre Synoque

Définition : fièvre continue causée de sang putréfiée dedans les vaisseaux.

Cause : sang putréfié abondant.

Signes :

Inflammation des épaules

Réplétion des vaisseaux

Rougeur de la face

Douleur et tourment de tout le corps et des semblables

Douleur du front

Perturbation des esprits

Frénésie

Douleur de la bouche

Hématurie

Aisselles livides et puantes

Face enflée

Asthénie du corps

Apparition de tuméfaction (mauvais pronostic)

Pronostication : Les pustules livides ou noirs signifient la mort.

Cure:

Saignée

Suppositoires et clystères

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Régime alimentaire léger

Clarification : La vertu est supérieure à la maladie. Si la vertu commande un

traitement contraire à celui de la maladie. C’est celui-ci qui doit être appliqué.

Fièvre quartaine

Définition : fièvre putride engendrée de matière mélancolique

Cause : multiple matières mélancoliques putréfiées. Il existe deux types de

fièvre quartaine : la fièvre quartaine vraie (engendré de mélancolie naturelle, la

plupart du temps apparait en automne et après avoir ingéré de la viande), la fièvre

quartaine non vraie (engendrée par mélancolie et par adustion de « fleume », de

« cole » et de sang, suite à un épuisement ou après avoir mangé de la viande trop

chaude et aussi après de fortes maladies.)

Signes :

Froidure congelant

Horripilation

Contraction du dos

Trouble du rythme du pouls

Sueur

Urine colorée

Pronostication : La fièvre quartaine aigüe dure 1 an car elle suit les

mouvements de la lune. La fièvre quartaine chronique dure 22 ans car elle suit les

mouvements du soleil. C’est une très longue maladie qui peut devenir mortelle.

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Cure :

Ne pas donner de choses chaudes

Ne pas donner de choses trop froides

Ne pas donner de choses trop sèches

Ne pas trop évacuer la matière

Ne pas donner trop de viande subtile

Ne pas donner d’huile

Faire vomir légèrement

Ne pas donner de trop fort laxatif

Ne pas donner d’opiacé

Faire saignée si quartaine sanguine

Repas léger

Clarification : La mélancolie a deux qualités : elle est froide et sèche et quant

elle d’échauffe et devient putréfiée et elle devient molle. La mélancolie est vaincue

lorsqu’elle est hors des vaisseaux.

Fièvre cotidienne

Définition : Fièvre de fleume putride. La matière est putréfiée dedans les

vaisseaux.

Cause : vient par paresse, vient plus en hiver et aux anciens hommes et

enfants et aux pêcheurs et au femmes qui ont écoulements qui descendent à

l’estomac.

Signes :

Froidures des extrémités

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Petit pouls

Sueurs

Pronostications : les pores sont clos mais l’humidité est grande, c’est pourquoi

la putréfaction y est continue. Si le patient vomit volontairement, c’est bon signe, cela

signifie qu’il la matière n’est pas trop grosse et que les pores ne sont pas trop

fermés.

Cure :

Tisane

Frotter doucement le ventre et les côtes

Purge

Diurétique

Faire vomir légèrement

Faire prendre un bain chaud

Suppositoire

Faire prendre du pain

Clarification : Les humeurs se modifient en fonction des heures.

Fièvre composte

Définition : fièvres simples. Il y’a plusieurs types de fièvres compostes.

Cause : causée de plusieurs humeurs putrifiées en divers lieux.

Cure : « on les cure ainsi que les simples, pour ce je n’en vueil plus parler »

Fièvre ethique

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Définition : touche le cœur et les membres solides.

Il y’a trois types de fièvres ethiques :

« La premier est quant la humidité du cueur et des memebres

cordials est consumée et est semblable de l’uylle et de la lampe »

« La seconde espece est quant la humidité est consumée et est

semblable de l’uyle qui dedens »

« La tierce espece est quant le glutinun est consumé et est

semblable de l’humidité substancielle et du lichin »

Cause : Toute chose qui chauffe et enflamme le cœur et les membres solides.

Pronostication : Trois espèces de fièvre ethique : une légère, une moyenne

une forte. La guérison de la fièvre ethique forte ne peut exister que par l’intervention

de Dieu.

Signe : courbure des ongles, œdème des jambes, fluc de ventre

Cure :

Vin

Tisane

Lait de femme, d’annesse, de chienne ou de vache

Onguent

Lait et miel

Brouet

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245

Comparaison entre le texte de Bernard de Gordon (1305) et le texte de Benoit Textor (1551) sur la description de la peste.

Extrait des transcriptions sur la fièvre

pestilenciale d’après l’ouvrage Fleur de Lys

en medecinede Bernard de Gordon

(Besancon, inc 1010)

Extrait du chapitre des Febres

pestilentiales de Bernard de Gordon,

Practica Gordoni dicta lilium, Venise

1498. (Montpellier, inc J322)

Benoit Textor, De la manière de

preserver de la Pestilence, et d’en guerir,

selon les bons autheurs, Jean de Tournes

et Guil Gazeau, Lyon, M D LI

Le X chapitre de fievre pestilenciale

Fievre pestilentiales sont celles qui viennent en temps

pestilence et de corrumption, quant les blez et lait et

les eaues sont corrumpues.

Signe. Aucluns sont communs, aulcuns sont propres,

le signe de pestilence qui doit avenir, c’est quant

appret l’estoille comette comme chandelle ronde quant

maintenant est chaleur maintenant froideur et ung jour

ou en divers jours et que lait est obscur et espes et

semble qu’il pleuve et ne pleut point et que este est

chault et moiste et les oyseaul laissent leur nids et

leurs œufs sur terre et plusieurs bestes reptiles

apparent ce sont signes de impedimie qui doit advenir.

Decy les propres signes de fieuvre pestillencielle, c’est

que la chaleur [folio 17 R] de dehors est lente et

dedens forte avec soif et secheur de langue, et ne

peut on pas sonstenir la maldie ne vient reprendre son

alayne et douleur des entrilles, et tout ce qui y est du

corps est puant, si comme l’aleyne, l’egestion, la sueur

et l’orine.

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LEXIQUE

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247

Les définitions suivies d’une étoile sont tirées du dictionnaire en ligne de

Moyen Français du Centre Nationale de Ressources Textuelles et Lexicales

(CNRTL), les autres du dictionnaire Godefroy.

Absterger* : nettoyer une plaie, un organe, un ulcère

Accoustumer* : habituer

Acrocordine* : sorte verrue

Acteuse* : acide

Actoux : vinaigre

Adustif* : brûlant

Adustion* : altération des humeurs due à l’échauffement, l’inflammation

Agelir* : diminuer de volume, devenir mince, devenir maigre

Agroisse* : fait grossir

Ains* : auparavant, avant

Alligence* : atténuation (d’un mal physique ou moral), soulagement

Alterer* : changer

Amole* : recipient, grande fiole renflée servant à contenir, chauffer, faire

macérer divers ingrédients.

Amouiller* : mouiller, impregner

Aperitif* : qui ouvre, qui facilite le mouvment des humeurs, de la matière

Apostume* : tumeur, abcès

Arogon* : onguent actif contre les maux de reins et les rhumatismes

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248

Arsure : brûlure

Aspicer* : considérer

Attemprance* : avec modération ou en langage médical « mixture normale des

humeurs »

Attemprement * : avec modération

Avenat : avoine

Baillir* : donner

Bief* : petit cours d’eau

Bolisme* : appétit intense de courte durée, fringale

Bossette* : petite excroissance, bouton, enflure

Bran* : partie grossière du son ou froment

Brouet* : bouillon

Bube* : bouton sur la peau, pustules

Buhot* : tuyau

Buyre : cruche

Cahourde* : citrouille

Calefaction* : échauffement (dû à une cause externe ou interne)

Canet* : blanc

Canicie* : blanchissement des cheveux

Catarre* : flux d’humeur, rhume

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249

Causon : fièvre brûlante et dangereuse

Chenu* : blanc

Chief : tête

Chier : s’en feliciter

Chyle* : produit de la digestion

Clarification* : éclaircissement

Clausure* : séparation, cloison

Clystere* : lavement

Cole* : bile

Colloquintide* : colloquinte

Commixtion* : mélange, amalgame

Complexion* : mélange des qualités premières

Consimile* : semblable

Con* : sexe feminin

Confraction* : cassure (d’un os par exemple)

Connil* : lapin

Consimile* : semblable

Corroder* : ronger

Couillu* : qui n’est pas châtré

Courroux* : chagrin, colère

Crapule* : excès d’alcool, ivrogne

Crisin* : crise

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250

Crisis* : phase d’une maladie caractérisée par un changement décisif dans un

sens favorable ou funeste

Crudité* : état de ce qui est cru

Cuir* : peau

Denteux* : qui a de grosses dents

Destemprance* : déséquilibre

Discrasie* : mauvais équilibre de la complexion

Dyanthos* : électuaire à base de fleurs de romarin

Dyarodon* : électuaire à base de roses rouge

Elephancia* : sorte de lèpre donnant la peau rugueuse comme celle des

éléphants

Eminence* : protubérance, proéminence

Emmi* : « au milieu de… »

Emonctoire* : toute partie du corps servant à évacuer les humeurs superflues

provenant d’une autre partie du corps

Empysme* : empyème, affection pulmonaire purulente

Engroisse* : fait devenir gros

Enmi* : « dans, à l’intérieur de…, au milieu de… »

Esbattre* : pratiquer des loisirs qui implique un effort physique, se divertir

Escay : échéance

Eschile* : = chyle

Escorcher : mettre à nu (une veine, un organe…)

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251

Esparce* : éclaire, étincelle, lueur

Esplain* : rate

Esquinance* : angine, inflammation de la gorge

Estouper : boucher

Estuver* : faire prendre un bain chaud

Etique : maigre

Eumentoire : attaché

Fumeterre* : plante à fleurs roses, utilisée comme dépuratif (fumeria

officinalis)

Furfure* : écailles provenant d’une excoriation

Fusque* : brun sombre, noir

Galonner : frotter fort

Geline* : poule

Glutiner : cicatriser, coller

Graveleux* : véhiculant des corpuscules semblables à du sable

Habiter* : séjourner, avoir un rapport sexuel

Herpestiomene* : ulcération gangréneuse

Homotone* : (d’une fièvre) qui conserve dans tous son cours le même degré

d’intensité

Impedimie : épidémie

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252

Impetigine : impétigo. Maladie cutanée caractérisée par de petites éruptions et

un prurit

Inaniaque : affaibli

Inanier* : vider, épuiser

Inguine* : aisselle

Interpolation* : interruption périodique faisant partie d’un cycle

Issir* : sortir

Lacerte* : muscle

Lenitif* : qui adoucit, doux

Lichen* : espèce de dermatose

Lienterie* : diarhée dans laquelle subiste des aliments non digérés

Lipie : chassie (humeur sécrétée sur le bord de la paupière)

Lupin* : petite excroissance

Mesel* : Lépreux

Mesmement : de là même façon

Miraboleus* : Petit fruit de l’inde de la grosseur d’une petite prune, utilisé dans

les préparations médicinales

Mordicatif* : brûlant, piquant

Morphée * : Affection cutanée caractérisée par des taches ou des plaques de

couleur blanche auréolées de mauve

Muscule* : Muscle

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Nitre* : Nitrate de potassium, salpêtre

Oiseuse* : paresse

Opile* : obstruer, empêcher les fonctions naturelles, anesthésié

Orobe* : plante légumineuse

Oximel* : préparation médicinale à base de vinaire et de miel

Oxizacra : oxicrat : mélange d’eau avec du vinaigre

Pane* : paroi abdominale, portion d’un organe

Pannicle* : membranes

Peroxime* : accès d’une maladie

Pertuise* : pratiquer un trou dans quelque chose

Pessaire : tampon

Podagre* : qui souffre de la goutte

Poindre * : piquer

Pongitif* : piquant

Pouaillerie* : infecté par les poux

Prenostication* : Ce qui permet de porter un jugement sur la durée, le

déroulement et l'issue d'une maladie à partir des premiers symptômes, pronostic

Ptisi (Phtisis) : maladie pulmonaire, infection pulmonaire

Rafaiter* : Avoir des rapports sexuels avec une femme, satisfaire

sexuellement une femme, réparer

Rafanum* : raifort

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254

Ragadies * : fissure en particulier de l’anus

Rarité* : absence de densité, d’épaisseur, maigreur

Raucedine* : raucité

Repaistre* : nourrir, rassasier quelqu’un

Repure* : eructation

Reupe* : éructation

Rissole* : pate cuite à la grande friture contenant une farce de viande ou de

poisson

Sambuc* : sureau

Sandal* : substance aromatique qui se fabrique à partir du bois du santal

blanc, citrin ou rouge, et utilisée dans des préparations médicinales

Saner* : guérir

Sanie* : pus

Scabie : Galle

Scamoux* : A écailles – poissons scamoux –

Sclerose* : Sclérose, endurcissement pathologique d'une partie du corps

Scothomie* : vertige, étourdissement

Secondine* : membrane entourant le foetus

Septentrion : nord

Serpigine : maladie cutanée évoluant en rampant, dartres.

Spissitude* : Consistance épaisse

Stiptique* : Astringent

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Suffumiguer, suffumigation* : Fumigation pénétrant dans le corps par un de

ses orifices, autres que les narines

Sumac* : plante de la famille du térébinthe, utilisée en médecine

Sur* : qui a un gout aigre, légèrement acide

Synoché* : fièvre continue

Temprement* : rapidement

Tenasme* : envie d’excréter sans effet

Tierchaine* : Fièvre tierce, avec crise le troisième jour, laissant un intervalle

d'un jour

Ventosité* : flatulence, vapeur caausée par les humeurs et qui n’est pas

évacuée

Vermes * : vers

Viatique* : ce qui est nécessaire au voyage

Vit* : pénis

Vule* : louette

Yre (ou ire) : colère

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BIBLIOGRAPHIE

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