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FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°12 - NOVEMBRE 2007 1 EN PRATIQUE > SOMMAIRE N°12 NOVEMBRE 2007 Comment tourner une obligation en source d’opportunités La communication nancière vise à remplir certaines obligations légales et à présenter la valeur nancière de l’entreprise. Mais, intelligemment menée, elle favorise également la transparence et la visibilité de sorte d’établir une relation de conance avec le marché. Alors… information nancière: obligation et opportunité? Dossier Communication nancière

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Communication financière

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EN PRATIQUE> SOMMAIREN°12 NOVEMBRE 2007

Comment tourner une obligation en source d’opportunitésLa communication fi nancière vise à remplir certaines obligations légales et à présenter la valeur fi nancière de l’entreprise. Mais, intelligemment menée, elle favorise également la transparence et la visibilité de sorte d’établir une relation de confi ance avec le marché. Alors… information fi nancière: obligation et opportunité?

Dossier

Communication fi nancière

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La communication fi nancière vise à remplir certaines obligations légales et à présenter la valeur fi nancière de l’entreprise. Mais, intelligemment menée, elle favorise également la transparence et la visibilité de sorte d’établir une relation de confi ance avec le marché. Alors… information fi nancière: obligation ou opportunité?

DOSSIER

TEXTE : JULIE DESSART

Communication financière:comment tourner une obligation

en source d’opportunités

C ommunication fi nancière: obligation ou oppor-

tunité? Voici une question qui passionne Chantal

Scoubeau et Anne Heldenbergh, spécialistes en

marketing, communication et questions fi nan-

cières aux facultés Warocqué de l'Université de Mons-Hainaut.

De leur point de vue, chaque action de l'entreprise conduit à

l'émission de messages vers son environnement ou son person-

nel. « Que ces messages soient volontaires ou non, ils infl uencent

la perception qu'ont, de l'entreprise, les différents publics qui l'en-

tourent, expliquent-elles. Les managers, toujours plus conscients

de ce phénomène, utilisent tous les outils qui leur sont offerts pour

positionner l'organisation de manière favorable au sein de son

environnement national ou international. »

Mais dans quel environnement s'exerce la communication fi nan-

cière? Globalisation des marchés de capitaux, évolution de la

structure de l'actionnariat, manque de visibilité, forte volatilité des

marchés: toutes ces évolutions ont un impact non négligeable sur

les entreprises et leur façon de travailler. En fait, la communication

fi nancière est en quelque sorte un enjeu d'image institutionnelle.

Dans toute démarche de marketing fi nancier et boursier, la com-

munication fi nancière permet d'élaborer une stratégie fi nancière

et la décliner en plans d'action, construire un discours adapté à

chaque type de public, mettre en úuvre des moyens effi caces, dans

des marchés boursiers en pleine évolution et un cadre réglemen-

taire renforcé.

COMMUNICATION D'ENTREPRISELa communication fi nancière, longtemps considérée comme une

obligation légale – on parlait alors uniquement d'information

fi nancière –, fait désormais partie intégrante, à l'heure actuelle, de

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la politique de communication de l'entreprise, soulignent Chantal

Scoubeau et Anne Heldenbergh. « Ses cibles ne sont pas unique-

ment commerciales mais comprennent également les actionnaires,

les fournisseurs, les créanciers, les analystes fi nanciers, les journalistes

et autres partenaires à la fois internes et externes de l'entreprise. »

L'attente de ces différents publics en termes d'information est évi-

demment variable et liée aux connaissances et intérêts particuliers

de chaque cible. « Ainsi, certains seront plus sensibles à des informa-

tions générales sur le développement de l'entreprise, sa stratégie ou

la gouvernance de l'organisation – journalistes généralistes, clients,

fournisseurs, personnel, etc. – alors que d'autres seront davantage at-

tirés par les facteurs de risques liés à la société ou par le couple return/

risque – banques, agences de cotation, analystes fi nanciers, etc. »

DIMENSION STRATÉGIQUE Le tout infl uence l'image globale de la société ou l'atmosphère

de confi ance qui se créera, ou pas, autour d'elle, soulignent-elles.

« Cette atmosphère de confi ance est fondamentale en situation

de crise ou en période de transition – entre le moment de la prise

de décision et l'opération effective –, notamment dans le cas de

fusions et acquisitions. » On peut même avancer que les fusions

et acquisitions sont le moment clé où la communication fi nan-

cière démontre toute sa puissance... si elle est bien menée.

Dans de tels contextes, les acteurs de l'environnement de

l'entreprise peuvent, en effet, craindre un impact négatif sur

les résultats, la mission, la qualité des produits,... et donc ré-

duire la confiance qu'ils accordent à l'entreprise. En interne,

le personnel peut, quant à lui, développer un sentiment

d'insécurité risquant de conduire à l'émission de messages

négatifs (par exemple une grève) vers l'extérieur, ce qui ne

fait qu'aggraver la situation. C'est pourquoi, une communi-

cation particulière s'impose, relèvent Chantal Scoubeau et

Anne Heldenbergh.

« Elle peut se structurer en deux étapes, expliquent-elles. La

première consiste en une communication interne et à destina-

tion des actionnaires quant à la situation économique, fi nan-

cière et sociale de l'entreprise afi n de réduire au maximum

le sentiment d'insécurité sur le futur de l'entreprise. Dans un

second temps, il importe de communiquer en externe de ma-

nière à renforcer l'image de l'entreprise et informer les clients,

fournisseurs, créditeurs, journalistes, analystes et autres sur la

santé fi nancière de l'organisation. »

Selon nos spécialistes, on ne se contente plus, dès lors, des

informations financières objectives liées aux obligations

légales mais on incorpore des éléments plus subjectifs

transformant la communication financière en une véri-

table démarche marketing de manière à conférer aux don-

nées financières un éclairage propre à l'entreprise et son

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environnement. « On parle alors de promotion de l'image

financière de l'entreprise ce qui lui confère une dimension

davantage stratégique. »

Mettre en place des outils d'évaluation et de contrôle de qua-

lité spécifi ques, défi nir une stratégie de relation presse la plus

adaptée pour que les médias accompagnent les orientations

stratégiques en période de changement, mettre en place des

cellules de crise sont autant de conseils que tout CFO devrait

suivre. Pour Charles Bricman de G&MC Communication, il n'y

a pas de recette toute prête. Chaque entreprise doit trouver

la sienne, en fonction de ses priorités et de ses spécifi cités.

INTÉRÊTS DIVERGENTS « C'est pour cela qu'une réglementation ne suffi ra jamais à régler

tous les problèmes, cadre-t-il. Aux Etats-Unis, un Warren Buffet

communique très peu sur sa gestion concrète, mais il est très pro-

lixe sur ses principes stratégiques. D'autres adopteront l'attitude

exactement inverse. Il y a un ëstyle' qui est à trouver, pour tout ce

qui va au-delà du simple respect de la réglementation. »

Le rôle de la communication fi nancière en phase de transition

est donc non seulement de communiquer au mieux vers tous

les partenaires en ce qui concerne les tenants et aboutissants de

l'opération mais aussi de pouvoir réagir adéquatement à toute

fuite non contrôlée d'information. Ce qui conduit à la mise en

place d'une stratégie proche de la communication de crise. En

effet, les fuites d'informations non contrôlées peuvent susciter

des rumeurs dont les conséquences peuvent être néfastes.

Afi n de développer cette communication, Chantal Scoubeau

et Anne Heldenbergh ont identifi é sept acteurs principaux à

cibler: le personnel de l'entreprise, les investisseurs, les clients,

les fournisseurs, les communautés locales, les médias et l'Etat.

« Il ne faut cependant pas négliger les acteurs plus traditionnels

tels que les analystes fi nanciers, les journalistes, les banques et

les agences de notation qui font partie des cibles classiques de

communication fi nancière », ajoutent-elles. Le ciblage de la

communication réalisé, vient le moment diffi cile de la création

du message qui doit être unique, clair, précis, sans ambiguïtés

et développé pour des publics pourtant d'intérêts divergents.

« La communication de crise est souvent mal préparée par les entre-

prises, constate Bruno Colmant, président d'Euronext. Il faut aller

vite, respecter les embargos et surtout conserver une crédibilité.

C'est en préparant différents scénarii et des jeux de questions-ré-

ponses que le tout reste cohérent. » Elaborer une matrice d'argu-

ments et un ensemble de messages adéquats pour optimiser

l'effi cacité des relations presse semble donc être la clé du succès.

Dans la pratique, la fusion ou l'acquisition est annoncée

quelques semaines, voire quelques mois, avant sa réalisation

effective. « Dès l'annonce – parfois même avant, lorsque le

Bruno Colmant: « Tout CFO devrait avoir connaissance de l’ensemble des informations relayées par la presse sur son entreprise. La transparence et le communication fi nancière passent largement par la connaissance de la perception du marché sur leurs actions. »

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ESHOP Si certains n’ont pas d’horaires, ce sont bien les indépendants et les professions libérales. S’il existe un magasin ouvert 24h/24 et 7j/7, c’est bien Internet. Sur l’eShop, la boutique en ligne de La Poste, vous pouvez, quand vous le voulez, vous procurer une large gamme de timbres, créer les vôtres, commander toutes sortes de produits prêts à l’envoi… Votre facteur se feraun plaisir de vous les déposer dans votre boîte en 2 jours maximum.Achetez dès maintenant vos timbres et autres produits postauxsur www.laposte.be/eshop.

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DOSSIER

rapprochement était pressenti par la communauté fi nancière

–, commencent à se manifester les préoccupations des ac-

tionnaires, du personnel et autres partenaires des entreprises

concernées par cette opération de rapprochement, notent

Chantal Scoubeau et Anne Heldenbergh. Il est, dès lors, im-

portant que l'entreprise informe ses différents publics sur les

conditions techniques, les conséquences ainsi que les potentiels

bénéfi ces attendus de cette opération de rapprochement. »

MESSAGE UNIQUE ET ADAPTÉCe type d'information au caractère relativement technique

doit toutefois faire l'objet d'une adaptation en fonction des

divers publics cibles tout en conservant le même message de

base. « Par exemple, l'information pourrait conserver sa tech-

nicité – analyse de marché, bilan, compte de résultats, analyse

boursière,... – si elle est destinée aux investisseurs institution-

nels, aux analystes fi nanciers, aux professionnels de la fi nance

mais elle devrait être vulgarisée afi n d'être accessible au per-

sonnel de l'entreprise touchée par cette opération de rappro-

chement, aux clients, aux fournisseurs et autres publics cibles

de la communication fi nancière ».

Notons également qu'à la diffi culté de développer un mes-

sage à la fois unique et adapté au public ciblé, s'ajoute, dans

le cas des opérations telles les fusions et acquisitions, la dif-

fi culté de gérer la communication fi nancière durant la phase

de fusion proprement dite et la phase d'instauration du nou-

veau groupe de manière à faciliter l'intégration des parte-

naires respectifs des entreprises soumises au processus.

Selon elles, les outils retenus par les entreprises pour com-

muniquer dans ces situations sont souvent les moyens clas-

« Il faut permettre une valorisation du groupe qui ne soit pas pénalisée par un manque d'information »

Voici bientôt deux ans, Mittal partait à la conquête d’Arcelor,

début d’une saga des plus rocambolesques aux rebondisse-

ments dignes des meilleures séries télévisées. Dans le cas du

nouveau groupe qui est constitué, la directive transparence

n’a pas eu d’incidence sur la fréquence et la qualité des publi-

cations. « ArcelorMittal communiquait déjà des comptes tri-

mestriels détaillés, indique Laurent Beauloye, Head of Private

Investors and Institutional Investors Europe ArcelorMittal.

Au niveau de la diffusion de l'information, le groupe a tou-

jours veillé à ce que tous les acteurs du marché soient infor-

més de leurs droits afi n de garantir un traitement équitable

de ses actionnaires. La directive transparence a cependant

encore plus renforcé l'aspect lié la diffusion de l'information

qui doit se faire de manière à ce que la totalité des investis-

seurs la reçoivent en même temps, cette diffusion allant au-

delà des pays où les émetteurs sont cotés. »

Leader mondial de son secteur avec plus de 100 mil-

liards de capitalisation boursière, un large fl ottant et

une cotation sur six marchés, la communication fi nan-

cière apparaît naturellement primordiale pour Arcelor-

Mittal. « Nous nous devons de permettre une valorisa-

tion du groupe qui ne soit pas pénalisée par un manque

d'information, explique-t-il. En appliquant des standards

élevés en matière de communication de ses informations

fi nancières, et en fournissant des informations claires,

régulières, transparentes et impartiales à tous ses action-

naires, ArcelorMittal veut se positionner comme un inves-

tissement de premier choix dans son secteur. »

Laurent Beauloye: « En appliquant des standards élevés en matière de communication fi nancière et en fournis-sant des informations claires, régulières, transparentes et impartiales, ArcelorMittal vise à se positionner comme un investissement de premier choix dans son secteur. »

Tant le CFO que les autres membres de la direction générale

attachent une grande importance à rencontrer les investis-

seurs existants et potentiels lors de roadshows, des présen-

tations des résultats, de conférences sectorielles ou encore

de rencontres avec les actionnaires individuels. « Des jour-

nées investisseurs sont organisées deux fois par an, permet-

tant aux investisseurs de rencontrer la direction générale et

de visiter les installation du groupe. La presse fi nancière est

ciblée directement par le département de la communication

qui organise des évènements spécifi ques lors des résultats

fi nanciers ou encore d'annonces stratégiques. »

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siques de communication. Ainsi, « si l'on observe, a posteriori,

les outils utilisés récemment lors des grandes fusions notam-

ment bancaires, on retrouve les documents légaux, les lettres

aux actionnaires, l'organisation des rencontres avec les jour-

nalistes, les analystes fi nanciers, la constitution d'assemblées

générales, le courrier interne, les réunions avec le personnel ou

les représentants syndicaux, la publication d'exemplaires spé-

ciaux du journal d'entreprise ou l'intranet. »

UN OBJECTIF QUOTIDIENOn insiste également sur la participation active des ma-

nagers principaux de l'entreprise dans la communication,

leur présence renforçant la valeur du message fourni et

crédibilisant davantage l'image financière et institution-

nelle de l'entreprise, ce qui permet de garder la confiance

des partenaires directs et indirects. « Il est en effet conseil-

lé que les hauts responsables de l'entreprise soient présents

lors des road shows, des conférences de presse, des réunions

avec le personnel,... »

« Pour des sociétés cotées en Bourse, toute communication qui

augmente l'effi cience du marché est bonne, explique encore

Bruno Colmant. L'important, c'est d'avoir une communication

objective sur le marché des affaires. Le rapport au temps est

différent si la communication concerne des actionnaires ou si

elle concerne des créanciers, des travailleurs ou les autorités fi s-

cales. Pour les premiers, la communication doit être extrême-

ment rapide et a une valeur prospective. Pour les seconds, c'est

l'information passée qui est la plus objective. »

A l'heure actuelle, l'information fi nancière est de plus en

plus séquencée. Annuelle, elle est devenue semestrielle et

aujourd'hui trimestrielle. « Pour des actions fort négociées,

cette communication séquencée sur de courtes périodes est pri-

mordiale. Elle l'est nettement moins pour le marché libre, dit-

il. J'estime que, plus la base actionnariale est mouvante, plus

la communication doit être fréquente. Au-delà de cela, chaque

communication est différente car chaque situation est unique. »

CRÉDIBILITÉ ET PERTINENCE Selon Bruno Colmant, meilleure est la communication, encore

meilleur est le rendement boursier. « C'est ce que nous consta-

tons également avec la gouvernance. Plus le marché est rassuré,

moins il y a de scepticisme. Des actionnaires rassurés réduisent

les risques de décote et accroissent la valeur de l'entreprise. » La

communication fi nancière se cristallise également comme un

arbitrage fi n entre une information de qualité vers des inves-

tisseurs et, bien entendu, la communication à ses concurrents

d'informations qui peuvent s'avérer sensibles, en particulier en

ce qui concerne les choix stratégiques de l'entreprise.

Pour Charles Bricman de G&MC Communication, la commu-

nication fi nancière ne diffère pas fondamentalement de la

communication en général. « Ce qui compte avant tout, c'est

la crédibilité, la pertinence et l'accessibilité du message. La cré-

dibilité est d'abord celle du messager, qui se construit pas à pas,

l'essentiel étant sa fi abilité: qui a déjà menti, mentira encore.

Qui n'a pas encore menti peut ne jamais mentir... »

La pertinence consiste à transmettre les bons messages

aux bonnes personnes, et donc de répondre aux questions

que celles-ci se posent. « On ne communique pas avec un

analyste blanchi sous le harnais comme on doit le faire avec

un épargnant individuel. C'est très important pour nous qui

« Plus la base actionnariale de l’entreprise est mouvante,

plus la communication doit être fréquente. »

Quel est le fond de la volonté européenne en ma-

tière de transparence? Pour Chantal Scoubeau et

Anne Heldenbergh, le souci du cadre européen est

de renforcer la transparence concernant les infor-

mations fi nancières des sociétés cotées pour, d’une

part, améliorer et uniformiser la qualité des infor-

mations fi nancières diffusées par les entreprises

cotées et, d’autre part, favoriser un accès égal à

l’information pour tous les investisseurs.

« Les entreprises devront donc, comme dans les cas

des anciennes obligations de publication d’infor-

mations fi nancières, intégrer ces éléments dans

l’approche marketing générale de communication,

expliquent-elles. Une fois encore, l’implication des

managers de l’entreprise peut sembler intéressante

mais ne doit cependant pas se banaliser afi n de gar-

der tout son impact lors des situations de crise ou lors

des opérations de fusion ou acquisition. »

« L’usage d’internet, et les possibilités d’adaptation

que cet outil offre en fonction des profi ls des visiteurs

du site – personnel, actionnaires petits porteurs, gros

investisseurs,… – peuvent permettre la transforma-

tion des nouvelles obligations de diffusion d’informa-

tions en véritables outils de marketing intégrant non

seulement des éléments purement fi nanciers mais

également des éléments explicatifs de la stratégie ou

du système de gouvernance de l’entreprise. »

« L’enjeu consiste à transformer les obligations en véritables outils de marketing »

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sommes actifs sur les marchés non réglementés. L'accessibi-

lité, enfin, vise à la fois la mise à disposition et le stockage

de l'information, ainsi que sa formulation dans un langage

compréhensible par le public visé. »

OUTILS MULTI-CIBLES Quelles sont les pistes pour optimiser cette communication?

Selon Charles Bricman, au lieu d'appliquer des recettes toutes

faites – communiqués, site internet, rapport annuel, etc. –

sans trop réfl échir, il convient avant tout d'établir un plan de

communication fi nancière s'insérant en s'y ajustant dans le

plan de communication global de l'entreprise. Ce qui impose

de répondre à trois questions préalables, bien connues: qui

parle? A qui? Pour dire quoi et comment?

« Cela a l'air tout simple, voire un peu ëbébête' mais, dans

la pratique, c'est un exercice qui demande beaucoup d'atten-

tion, insiste-t-il. Quand il est bien mené, les façons d'optimi-

ser la communication avec les différents types de publics s'im-

posent d'elles-mêmes. Les investisseurs particuliers forment le

gros des intervenants sur les marchés non réglementés. Pour

ce type de clients, nous privilégions dès lors les outils de com-

munication interactive, principalement par internet. »

Si le rapport annuel est le premier outil de communication,

Internet permet de renforcer les relations aux actionnaires.

Mais, comme pour toute publication financière, il existe

des risques et des règles. Pour Chantal Scoubeau et Anne

Heldenbergh, le site internet de la société est un outil inté-

ressant pouvant permettre une adaptation du contenu en

fonction du profil du visiteur. Approche classique pour les

visiteurs extérieurs, approche spécifique pour les parte-

DOSSIER

« La publication de résultats trimestriels serait de nature à favoriser le ‘court-termisme’ et la volatilité des titres. »

Charles Bricman: « La vraie question est de savoir s’il est légitime d’alourdir les obligations faites aux entreprises en renforçant une réglementation qui reste quand même plus formelle – voire formaliste – que vraiment efficace. »

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naires directs, les investisseurs,...

L'adaptation au profil peut permettre une adaptation du

vocabulaire utilisé et donc la vulgarisation, par exemple,

des données financière pour les cibles moins habituées au

langage financier technique. L'éthique reste enfin l'un des

paramètres discriminants pour les grands investisseurs. Le

développement durable, la corporate governance sont des

outils majeurs de communication avec les acteurs du mar-

ché financier et le grand public en renforçant l'exigence de

cohérence et de crédibilité.

DIRECTIVE « TRANSPARENCE » Quelle que soit la situation, on se rend compte que la trans-

parence et la clarté de l'information restent des moyens

d'attirer ou de garder la confiance des partenaires de l'entre-

prise. Cette transparence est d'ailleurs favorisée au niveau

européen puisque, depuis peu, toute entreprise dont les

valeurs mobilières sont cotées sur un marché réglementé

en Europe doit se soumettre à de nouvelles obligations en

matière d'information.

L'Union européenne a élaboré une directive dite « transpa-

rence » (directive 2004/109/CE - JO L390/38 du 31.12.04)

pour préciser ces obligations. Chaque Etat-membre a dû

récemment la transposer en droit national. « Concrètement,

la directive transparence a des effets importants en termes de

communication financière, expliquent Chantal Scoubeau et

Anne Heldenbergh. En effet elle impose d'intégrer au plan de

communication des éléments obligatoires. »

Tout d'abord, les rapports financiers annuels (à publier au

plus tard quatre mois après la fin de chaque exercice) qui

comprennent les états financiers ayant fait l'objet d'un au-

dit, le rapport de gestion et les déclarations des personnes

responsables de la société certifiant que les rapports finan-

ciers reflètent fidèlement et honnêtement la situation de

l'entreprise. Une description des risques et incertitudes de

l'activité concernée doit être jointe.

Ensuite, les rapports financiers semestriels (à publier dans

les deux mois de la fin du semestre) comprennent les mêmes

éléments que les rapports annuels mais dans une version

allégée. Enfin, les déclarations intermédiaires de la direction

décrivant les événements marquants et les opérations im-

portantes dans la vie de l'entreprise et qui pourraient avoir

une incidence sur la situation financière de l'entreprise et

ses résultats. Ces déclarations sont à faire deux fois par an

et doivent être rendues publiques dans un délai débutant

dix semaines après le commencement du semestre et se

terminant six semaines avant la fin du même semestre.

« COURT-TERMISME » FAVORISÉ?Toutes ces informations doivent être conservées publiées

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pendant cinq ans (via le site internet de l'entreprise par

exemple en attendant qu'un système d'archivage com-

mun soit mis en place). La directive transparence de

l'Union européenne a été complétée par des mesures

complémentaires adoptées par la Commission en matière

de transparence des entreprises. Il s'agit de mesures

d'exécution qui n'accroissent pas les exigences de la di-

rective transparence mais qui précisent la divulgation des

informations financières.

Une étude réalisée par l'Observatoire de la Communication

Financière (OCF) a tenté de mesurer les enjeux de la direc-

tive transparence en matière de publication et de traite-

ment des informations trimestrielles. L'OCF a pu mettre en

évidence que la publication de résultats trimestriels serait

de nature à favoriser le « court-termisme » et la volatilité

des titres. Du point de vue des analystes, les informations

trimestrielles les plus utiles concernent l'analyse détaillée

de la croissance organique, la description des facteurs-

clése xtérieurs, l'analyse détaillée de l'activité par secteur/

zone et le récapitulatif des faits majeurs.

Une étude menée auprès de membres du CLIFF (Association

Française des Investor Relations) et de la SFAF (Société Fran-

çaise des Analystes Financiers) s'est informée sur les pra-

tiques des émetteurs en matière de reporting interne/arrêté

comptable. En moyenne, 50% des sociétés de l'échantillon

établissent un bilan, un compte de résultat et un tableau

de fl ux de trésorerie complet dans le cadre de leur reporting

trimestriel. Moins de 40% effectuent un arrêté des comptes

trimestriels, pour la plupart sous un délai inférieur à 45 jours.

Pour les sociétés de l'échantillon qui n'effectuent pas d'arrêté

trimestriel, les principales diffi cultés citées liées au passage à

un arrêté trimestriel concernent le délai de remontée des infor-

mations des fi liales, la gestion de retraitements de consolida-

tion et le délai de validation externe. Quant à l'impact réel de

la Directive transparence sur les relations émetteurs-marché,

les analystes fi nanciers restent encore relativement partagés

sur la manière d'adapter leurs méthodes de travail à la forte

réduction des délais de publication des résultats semestriels.

INTÉRESSANT LABORATOIRE Dans ses activités de communication fi nancière de sociétés

cotées, G&MC Communication s'est principalement inté-

ressée, jusqu'ici, aux marchés non réglementés d'Euronext

Bruxelles (Alternext et Marché Libre). La directive « transpa-

rence » ne s'y applique toutefois pas. « A nos yeux, cela fait des

marchés non réglementés un intéressant laboratoire d'obser-

vation et d'expérimentation de stratégies de communication »,

explique Charles Bricman.

« En ce qui concerne la directive proprement dite, il semble

que l'attention se focalise surtout sur la publication d'infor-

mations trimestrielles, dit-il. A notre avis, la vraie question

n'est pas de savoir si cela va augmenter la volatilité des cota-

tions ou si les investisseurs vont se focaliser sur des préoccu-

pations à court terme. Elle est plutôt de savoir s'il est légitime

d'alourdir les obligations faites aux entreprises en renforçant

une réglementation qui reste quand même plus formelle –

voire formaliste – que vraiment efficace. »

Aux yeux de Bruno Colmant, la transparence est d'abord

et surtout une tendance américaine qui devient fort heu-

reusement de plus en plus prégnante sur nos marchés.

Si une communication financière transparente semble

d'abord passer par une bonne communication interne

et externe, l'écho et la perception des informations de

l'entreprise sur le marché sont aussi un baromètre effi-

cace. « Tout CFO devrait avoir connaissance de l'ensemble

des informations relayées par la presse sur son entreprise,

conclut-il. La transparence et le communication financière

passent largement par la connaissance de la perception du

marché sur leurs actions. »

Anne Heldenbergh: « Au delà du respect des obli-gations légales, on parle de promotion de l’image financière de l’entreprise ce qui lui confère une dimension davantage stratégique. »

« Ingrédient important: l’accessibilité, tant la mise à disposition de l’information que sa formulation dans un langage compréhensible par le public visé. »