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EN PRATIQUE SOMMAIRE N°38 - JUIN 2010 Dossier Finance & IT Le cloud computing est-il pour vous? Quelles sont les tendances en matière d’informatique nancière et quels sont les points d’attention pour le CFO? Tour de table avec plusieurs experts et partage d’expériences chez Solvay, Höganäs, MACtac Europe et JCDecaux

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EN PRATIQUESOMMAIREN°38 - JUIN 2010

Dossier Finance & IT

Le cloud computing est-il pour vous?Quelles sont les tendances en matière d’informatique fi nancière et quels sont les points d’attention pour le CFO? Tour de table avec plusieurs experts et partage d’expériences chez Solvay, Höganäs, MACtac Europe et JCDecaux

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Le CFO doit s’intéresser au cloud computing

Où en sont les entreprises en matière d’informatisation de la

fonction fi nance?

Jan Degraef: « Globalement, si on la compare avec l’infor-

matisation des autres fonctions au sein de l’entreprise, la

fi nance s’est fortement développée au cours des dernières

années. Les processus et tâches à effectuer sont, désormais,

assez standardisés. La comptabilité générale ou analytique,

la conciliation, le reporting, ont atteint des niveaux de matu-

rité importants. Néanmoins, la crise a montré clairement que

certaines limites subsistaient. Aujourd’hui, on parle beau-

coup de contrôle des risques, des informations pour évaluer

la performance d’une société. Le profi t à court terme, seul, ne

compte plus. Tous les bilans doivent être gérés au plus près

pour optimaliser la structure fi nancière, sur le long terme. »

Kenneth Stevens: « Historiquement, la fi nance est la fonc-

tionnalité première de SAP, le cœur même de notre système

ERP. Durant 30 ans, nous avons construit autour de la fi nance,

de manière intégrée, car elle est impliquée à chaque étape de

la vie de l’entreprise. Mais au-delà des modules classiques, on

remarque une évolution vers de nouvelles fonctionnalités. »

Jan Degraef: « Je ne dirais pas que la fonction fi nance a at-

teint son niveau de développement informatique optimal.

Pour certaines tâches, les systèmes informatiques ne sont

pas encore à la hauteur des attentes du business: le contrôle

des risques, la communication et la gestion de la crise, les

indicateurs fi nanciers ou non fi nanciers liés à l’opérationnel

nécessaires à l’anticipation de la performance de la société

afi n de mieux gérer son cash, etc. En transactionnel et en

comptabilité, par contre, l’informatisation de la fonction fi -

nancière a presque atteint son but. »

Steve Lambillotte: « Par le passé, l’informatisation de la fonc-

tion couvrait essentiellement la fi nance pure et dure, c’est-à-

dire la comptabilité. Aujourd’hui, les CFO veulent aussi opti-

maliser les autres processus: la trésorerie, le recouvrement de

créances, les clôtures, le reporting, etc. Avec comme fi nalité

l’optimisation des tâches opérationnelles au profi t d’analyses

plus stratégiques. Cette volonté se traduit par une demande

d’outils intégrés dans leur ERP. A titre d’exemple, depuis un

certain moment, la situation du recouvrement de créance est

assez dramatique: faillites, impayés… La fi nance se doit d’op-

FISCALITÉ DOSSIER : OPTIMISATION DES COÛTS

Quelles sont les tendances et les points d’attention pour le CFO en matière d’informatique fi nancière? Tour de table avec Jan Degraef et Yves Schellekens, Director et Business Development Director chez CSC, Michel Vervoort, General Manager d’ABSI, Kenneth Stevens et Steve Lambillotte, Head of Solutions & Presales et Solution Advisor Financials chez SAP, et John Myklebust, directeur du Data Center Services de Belgacom.

FISCALITÉ DOSSIER

TEXTE : LAURENT CORTVRINDT

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timaliser ce secteur, notamment par son informatique, pour

gagner en rapidité et en effi cacité. Les CFO ne peuvent plus se

permettre d’attendre que les contrôleurs de gestion passent

deux à trois jours afi n d’établir leur reporting. Ils doivent dis-

poser des outils disponibles en ligne et qui permettent une

analyse fl exible des résultats de l’entreprise. »

Quels sont les nouveaux développements en matière d’infor-

matique fi nancière ?

Jan Degraef: « La fi nance s’oriente vers les priorités de l’entre-

prise. Aujourd’hui, il s’agit du contrôle des risques, de l’antici-

pation des planifi cations, des exercices budgétaires et de la

gestion du cash. Sur cette base, nous pouvons déduire trois

priorités dans la mise en place des systèmes informatiques.

En priorité absolue, il y a la qualité et la pertinence des infor-

mations des bases de données. Aujourd’hui, rien ne garanti

que toutes les bases de données utilisées dans l’opération-

nel ou dans les fonctions de support sont totalement fi ables

pour gérer les opérations au quotidien. Deuxième priorité: le

développement des outils d’aide à la diffusion. Actuellement,

on parle beaucoup de reporting historique. La troisième prio-

rité concerne, quant à elle, la refonte de l’organisation des

structures de données. La gestion des master data – données

fournisseur, clients, produits, centre de profi ts et de coûts,

etc. – ainsi que leur harmonisation et standardisation sont

cruciales pour la gestion des entreprises. Par ailleurs, ce qui

concerne la ‘business intelligence’ et les outils de reporting,

utile pour faire le lien entre l’opérationnel, dans l’usine, et

le fi nancier, à la maison mère, devrait aussi prochainement

évoluer. Enfi n, le processus de planning & budgeting est un

autre aspect sur lequel toutes les entreprises commencent à

se pencher. L’exercice budgétaire se révèle toujours très lourd

à supporter et sa fi abilité est relativement limitée. Nombre

d’organisations aimeraient entamer une réingénierie de leurs

processus budgétaires et reporting, en utilisant l’IT pour les

standardiser. »

Steve Lambillotte: « Au niveau des processus, les entreprises

sont fortement en demande d’intégration, d’automatisation

et de consolidation, dans un but de minimiser les erreurs

humaines et augmenter le support au niveau décisionnel

grâce à des analyses bien plus détaillées quant aux résul-

tats de l’entreprise. SAP a compris ce besoin et améliore sans

cesse ses produits. Ils concernent la minimisation du temps

de clôture et l’analyse des chiffres en détail; une meilleure

sécurisation du recouvrement de créances et la réduction du

risque d’avoir des provisions pour créances irrécouvrables;

Yves Schellekens: « Le cloud computing est une évolution intéressan-te qui va nous permettre d’atteindre ce que l’on nous promet depuis longtemps: davantage de possibilités informatiques, de fl exibilité, de souplesse… et des coûts réduits. »

« Les mots clés sont: compliance, transparence et stratégie. »

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une vue en ligne des situations de cash pour une meilleure

planification de la liquidité de l’entreprise; l’intégration du

facility management dans la comptabilité, le controling et

la facturation; de nouvelles solutions de shared service cen-

ter pour intégrer directement différentes filiales; l’augmen-

tation de la rapidité et de la qualité de la consolidation; le

reporting online, etc. Enfin, n’oublions pas une autre grande

tendance: le paperless. L’image du bureau du comptable

surchargé de papiers est révolue. Les entreprises s’équipent

désormais de logiciels de facturation électronique, afin de

minimiser les coûts et le temps de recouvrement de créan-

ces. L’informatique financière évolue vraiment beaucoup en

ce moment. »

Kenneth Stevens: « On pourrait avoir tendance à croire

qu’avec les nouvelles versions de SAP, la fonction fi nance évo-

lue peu. C’est tout le contraire. »

Steve Lambillotte: « Les responsables fi nanciers se doivent

de suivre les innovations pour au moins deux raisons. Le bu-

siness: ils doivent tout simplement optimaliser leur manière

de travailler et les processus de l’entreprise afi n de gagner en

rendement et en sécurité. Et les aspects légaux: la législation

change sans cesse et l’entreprise doit pouvoir s’y conformer. »

Kenneth Stevens: « En résumé, les mots clés sont: complian-

ce, transparence et stratégie. »

Vers quoi évoluent les ERP ?

Michel Vervoort: « Très clairement, pour une partie d’entre

eux, vers un ‘ERP dans le cloud’, c’est-à-dire un ERP en mode

Software as a Service (SaaS). Tous les éditeurs classiques de

logiciels ERP en viennent à proposer leurs modules en ligne.

Il y a désormais trois modes de déploiement de l’ERP en en-

treprise. Le premier, classique, consiste à l’implanter sur une

DOSSIER

Michel Vervoort: « Pour l’utilisateur, le cloud computing,

ce sont des ressources applicatives dans un réseau, dont la

localisation importe peu, et qui offrent une élasticité des

ressources informatiques matérielles (puissance de calcul

et CPU) et applicatives mises à disposition. La fl exibilité au

sein du cloud est un élément essentiel. Si les machines sa-

turent ou rencontrent une quelconque défaillance, l’appli-

cation sera délocalisée dans le réseau, sur un autre site, de

manière tout à fait transparente pour le client. L’entreprise

ne devra donc plus prendre en charge la gestion de son parc

informatique, de son obsolescence éventuelle, des licences

applicatives et de son disaster recovery center, capable

d’assurer un back up en cas de défaillance de la ressource

interne. En tant qu’ensemble de ressources hardware et

applicatives mises à disposition dans un réseau, le cloud

computing prend la totalité de ces tâches en charge. »

QUAND LES NUAGES SONT FLEXIBLES

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plate-forme IT au sein de l’entreprise. Pour le deuxième, l’ERP

est installé sur la plate-forme d’un prestataire de services: on

parle alors d’ERP outsourcé. Troisième niveau: l’ERP est entiè-

rement en ligne, il tourne sur des machines qui n’appartien-

nent pas à l’entreprise et le prestataire de services facture se-

lon le nombre d’utilisateurs. On peut aussi mentionner qu’à

côté des éditeurs commerciaux, arrivent également dans le

cloud des ERP libres d’utilisation. Un secteur certainement

appelé à un fort développement. »

Kenneth Stevens: « SAP a lancé un ERP complet dans le

cloud, plutôt destiné, pour le moment, aux PME. En matière

de cloud computing, SAP s’engage avant tout à garantir

l’intégration entre tous les systèmes, qu’ils soient ‘devant’

ou ‘derrière’ le firewall, pour parler techniquement. Pour ré-

pondre à la question, je pense qu’il faut faire la distinction

entre les PME et les grandes entreprises. Les premières sou-

haitent utiliser des applications de gestion à grande échelle

sans mettre en place une infrastructure informatique de

grande envergure. Ce type de solution, appelée SaaS, ne ré-

clame aucune mise à niveau, maintenance, ni avance. Ges-

tion, contrôle et maintenance sont assurés par des experts

depuis des centres de données hébergés très performants

partout dans le monde. Ainsi, les entreprises économisent

du temps et de l’argent: SAP s’occupe de la mise en œuvre,

de la prise en charge et de la maintenance du système pour

permettre à ses clients de se consacrer pleinement à leur

croissance. Les grandes entreprises, quant à elles, envisa-

gent le cloud computing davantage au cas par cas. En ef-

fet, leur système informatique ayant généralement atteint

un certain degré de maturité, elles engagent une réflexion

pour déterminer quelles fonctionnalités pourraient complé-

ter leur existant, de manière intégrée, tout en leur appor-

tant davantage de flexibilité. »

Les solutions cloud/SaaS sont-elles vriament dignes d’inté-

rêt pour les CFO?

Kenneth Stevens: « Aujourd’hui, les solutions disponibles sur

le marché sont encore limitées pour la fonction fi nance. En

réalité, la première vague du mouvement SaaS s’est essen-

tiellement dirigée vers les ressources humaines ou le Cus-

tomer Relationship Management. Toutefois, technologique-

ment, la tendance se dessine. La convergence de nouvelles

technologies ouvre des possibilités inédites. Mais dire que les

solutions cloud/SaaS sont déjà des concurrents de l’ERP ‘on-

premise’ reste, à notre avis, encore prématuré. »

Kenneth Stevens: « Le temps de déploiement, d’implémen-tation est devenu très favorable. Ce qui ne signifi e pas pour autant que l’alignement entre le business et l’IT, ainsi que la gestion du changement doivent être négligés. »

« L’approche doit être très pragmatique, les parties prenantes doivent communiquer. »

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John Myklebust: « Du point de vue marketing, l’impact du

cloud computing est sans doute exagéré. Pour nous, il s’agit

d’une forme d’IT gérée par une ou plusieurs entreprises, pri-

vées ou publique. En d’autres mots: soit l’entreprise régit son

propre cloud, soit elle fait appel à des fournisseurs de servi-

ces, comme Belgacom. On distingue trois grandes familles de

cloud. IaaS (infratructure as a Service) est la grande tendance

actuelle. Il s’agit d’un accès vers une plate-forme qui fournit

un service IT presque traditionnel mais dans une forme gérée

et généralement partagée par plusieurs clients. PaaS (Plat-

form as a Service) voit ses outils augmenter les fonctionnali-

tés de la plateforme IaaS. En résumé, on y ajoute une couche

IT. Enfi n, la plus populaire aujourd’hui est SaaS (Software as a

Service). Ce sont des outils distribués en grande échelle, com-

me le mail par exemple ou des fonctionnalités ERP fournies

en cloud. A côté de cela, nous avons encore d’autres services

comme DaaS (Desktop as a Service) où nous fournissons le

desktop à partir du cloud. De manière traditionnelle on achè-

te un pc, on installe un système d’opération et on travaille

grâce aux données hébergées sur le cloud. L’avantage prin-

cipal est lié à la situation économique. Avec le cloud compu-

ting, le CFO peut libérer une grande partie de son capex pour

envisager des investissements liés à son métier/business et

développer son modèle opex. Nous sommes conscients que

chaque entreprise possède sa propre stratégie capex-opex.

D’où notre offre de modèle cloud ‘hybride’, où les sociétés

peuvent bâtir leur propre solution en termes de private cloud.

Pour le CFO, cette fl exibilité, cette possibilité de balancer

entre opex et capex n’existait pas il y a un ou deux ans. Et

n’oublions pas l’empreinte carbone plus favorable que celle

d’un data center interne. »

Les solutions Cloud/SaaS sont-elles des concurrents sérieux?

Yves Schellekens: « Si l’on considère le cloud computing dans

l’ensemble de sa gamme, l’ERP est déjà, aujourd’hui, offert par

certains providers en tant que Software as a Service. Selon une

étude récente de Gartner et du Financial Executives Research

Foundation, dans près d’une entreprise sur deux, le CIO rap-

porte au CFO. Et plus de la moitié des CFO désirent contrôler

l’organisation informatique. Rien que sur base de ces chiffres,

on peut déjà dire qu’un CFO doit s’intéresser au cloud compu-

ting, un phénomène aujourd’hui incontournable en informati-

que. Il devrait s’y intéresser pour deux raisons: par rapport aux

systèmes qu’il utilise lui-même, comme l’ERP, ou, tout simple-

ment, parce qu’il a la responsabilité fi nale de l’organisation

informatique. Le CFO joue le rôle de moteur pour faire avancer

l’informatique. Je crois que le cloud computing est une évolu-

tion intéressante qui va nous permettre d’atteindre ce que l’on

nous promet depuis longtemps: davantage de possibilités in-

formatiques, de fl exibilité, de souplesse… et des coûts réduits.

Gartner prévoit que, d’ici cinq ans, les deux tiers des business

aujourd’hui outsourcés ou managés dans des data centres tra-

ditionnels vont passer dans un cloud privé, public ou commu-

nautaire. Souvenons-nous de l’arrivée de l’e-business. Un hype

rapidement devenu un must. Et aujourd’hui, plus personne

n’oserait contester sa légitimité. »

En quoi les nouveaux développements à l’œuvre sont-ils à

même d’aider le CFO dans ses missions?

Kenneth Stevens: « Le temps de déploiement, d’implémen-

tation est devenu très favorable. Ce qui ne signifi e pas pour

autant que l’alignement entre le business et l’IT, ainsi que la

gestion du changement doivent être négligés. Mais l’impact

sur les coûts est intéressant. Soulignons quand même que,

pour le moment, le SaaS ne permet pas encore la même fl exi-

bilité d’adaptation que les solutions ‘on-premise’ où la custo-

misation est toujours possible selon les besoins très spécifi -

« Le CFO joue le rôle de moteur pour faire avancer l’informatique. »

DOSSIER

John Myklebust: « A côté des questions sur les fonction-

nalités ou le TCO, nous conseillons systématiquement

à nos clients de considérer une stratégie de sortie de

contrat. Un utilisateur doit toujours avoir la possibilité

de basculer d’un fournisseur à l’autre. Ce conseil peut

sembler peu commercial. Mais le message de Belgacom

est fort. Car il s’agit d’un vrai piège pour les entreprises si

ce détail n’est pas pris en compte. Parfois, sans le savoir,

un client signe un contrat sans clause de sortie… »

Jan Degraef: « Je conseillerais de se montrer à l’écoute

du business, tout au long du projet. Les besoins du bu-

siness évoluent dans le temps. Aussi, il faut l’impliquer

à chaque étape de développement. Il ne s’agit pas uni-

quement d’un simple partenariat opérationnel IT-busi-

ness. Les besoins spécifi ques doivent être alloués selon

les budgets disponibles. Car souvent, les entreprises ont

tendance à surestimer leurs besoins. Et après quelques

mois, on se rend compte qu’en réalité, à peine 20% des

fonctionnalités sont réellement utilisées par les opéra-

teurs. L’approche doit être très pragmatique, les parties

prenantes doivent communiquer. Ces points clé revien-

nent toujours, dans chaque implémentation. »

Yves Schellekens: « Mon message serait de toujours

penser à investir dans une informatique correctement

structurée. Ensuite, que le cloud computing vous inté-

resse ou non, vous travaillerez de toute façon avec pro-

fessionnalisme et effi cacité. »

QUELS PIÈGES ÉVITER LORS D’UNE IMPLÉMENTATION?

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ques du client. En fait, le CFO peut mettre dans la balance deux

approches ‘licences’ différentes. Pour l’ERP ‘on-premise’, il s’agit

bien souvent d’une licence d’acquisition, accompagnée d’une

maintenance annuelle. Et pour les solutions ‘on-demand’, on

paye généralement une facture mensuelle calculée pour un

certain nombre d’utilisateurs et de fonctionnalités. »

Quels sont les avantages du cloud computing/SaaS?

Michel Vervoort: « Différents éléments peuvent séduire un CFO,

surtout dans une période où la mobilisation des ressources fi -

nancières est diffi cile et où l’on préconise la mobilité. Le cloud

computing/SaaS n’immobilise par le capital de l’entreprise

puisque son utilisation est régie par un coût mensuel par utili-

sateur. Le cloud computing rend l’application accessible où que

l’on soit, sur tout type de terminal, pour autant qu’il ait accès,

via un identifi ant, à une connexion Web. De plus, le TCO sur une

période raisonnable de 3 à 5 ans s’avère être entre 30% à 60%

inférieur au coût d’une utilisation in house. Outre les avantages

fi nanciers, je soulignerais encore la rapidité de développement

des solutions de type SaaS. En effet, les applications SaaS. Elles

sont généralement développées de manière modulaire, généri-

que et utilisables en format standard à 70%-80% des besoins

normaux. La mise à façon de l’application (la customisation)

nécessaire pour ‘tailler’ le produit aux besoins spécifi ques d’un

client fait l’objet de la prestation d’un intégrateur, à l’instar

d’ABSI. Par rapport aux ERP traditionnels, les développements

sont beaucoup plus rapides et donc bien moins chers. Quand on

parle de 4 à 6 mois pour mettre en place un module dans un en-

vironnement ERP, on parle de 6 à 8 semaines pour les solutions

SaaS. Enfi n, puisque l’application customisée va tourner sur un

environnement commun, opéré par le prestataire de service,

l’entreprise ne doit acquérir aucune infrastructure serveurs, de

stockage, ni allouer des ressources humaines complémentaires

pour la maintenance de ladite application SaaS. »

Et quels en seraient les faiblesses?

Michel Vervoort: « Les inconvénients de cette solution sont

essentiellement du domaine du psychologique. Les en-

Steve Lambillotte: « Les CFO se doivent de suivre les innovations pour deux raisons. Le business: ils doivent optimaliser leur manière de travailler et les processus afi n de gagner en rendement et en sécurité. Et les aspects légaux: la législation change sans cesse. »

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treprises hésitent encore parfois à franchir le pas sachant

qu’elles n’auront plus ‘in house’ une partie des ressources

qui font tourner leur activité. La sécurité et la confi dentia-

lité sont parfois également citées. Pourtant, ces systèmes en

ligne sont sans doute les mieux protégés au monde. En tout

cas, certainement bien davantage que ceux de quelconque

entreprise. Vous imaginez aisément qu’une faille dans la sé-

curité des systèmes des acteurs du marché leur ferait per-

dre crédibilité, réputation, et… clients. Non, ces plateformes

sont vraiment ultra protégées. Il est peu contestable que les

quelques inconvénients, perçus par certains, sont largement

contrebalancés par les avantages. »

John Myklebust: « Les Belges sont plutôt traditionnels en IT. Ils

veulent voir les machines où leur IT tourne ou, à tout le moins,

savoir où elles se situent. Nos clients s’interrogent également

sur la fi abilité: quel back-up des données, quelles garanties

d’accès, qui est mon partenaire? En fait, le métier de mana-

ger IT glisse doucement de gestionnaire de l’infrastructure IT

à celui de gestionnaire des relations avec les fournisseurs. Pa-

rallèlement, le cloud computing vous rend fortement dépen-

dant d’un fournisseur. Est-ce que l’entreprise est confortable

face à une cette stratégie? On peut faire un parallèle avec les

fournisseurs d’électricité. Il y a quelques années, le consom-

mateur était lié à un fournisseur unique. Aujourd’hui, il ne se

pose plus de questions et change quand il veut! Comme pour

le cloud computing, c’est une évolution émotionnelle et géné-

rationnelle. En effet, la nouvelle génération vit avec le partage

de l’information, comme par exemple sur les réseaux sociaux.

Or, d’ici quelques années, cette même génération va gérer nos

infrastructures IT. Partager des données ou les héberger sur

un cloud leur semblera tout naturel. Bien entendu, au sein de

Kenneth Stevens: « Que l’on parle d’implémenter un ERP tradi-

tionnel ou une solution SaaS, excepté pour la partie purement

technique qui varie selon le degré de complexité des installa-

tions, l’aspect essentiel ne change pas: quand on repense ses

processus, il faut toujours veiller à gérer le changement. »

Steve Lambillotte: « Quatre autres points me semblent

également incontournables: assurer la communication

financière interne et externe, la communication entre les

dirigeants de l’entreprise et l’opérationnel, la formation

des key users et, enfin, pouvoir compter sur l’expérience

d’utilisateurs internes ou de consultants pour soutenir

l’implémentation. »

Kenneth Stevens: « Chaque implémentation reste, fi nale-

ment, une affaire de personnes et non de machines. »

QUELS SONT LES DÉFIS À RELEVER DANS LE CADRE DES IMPLÉMENTATIONS?

DOSSIER

« Par rapport aux ERP traditionnels, les développements sont beaucoup plus rapides et donc bien moins chers. »

John Myklebust: « C’est une évolution générationnelle. La nouvelle génération vit avec le partage de l’information. D’ici quelques années, cette génération va gérer nos infrastructures IT. Partager des données ou les héberger sur un cloud leur semblera tout naturel. »

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chaque entreprise, le pas vers le cloud computing dépend de

la maturité IT et des ressources humaines qui la gèrent. Les

réalités sont différentes selon les secteurs. Les banques, plus

orientées fi nances, n’ont pas de soucis au niveau des ressour-

ces IT. Elles ne basculeront donc pas forcément en masse vers

le cloud computing. Dans l’industrie, par contre, la demande

se révèle actuellement beaucoup plus importante. »

Le cloud computing est-il déjà mature pour les entreprises?

Michel Vervoort: « Dans les domaines d’utilisation qui sont

les leurs aujourd’hui, ont peut franchement dire que la ma-

turité est au rendez-vous. Pour preuve, on entend très peu

d’échos – et pourtant, tout le monde est un peu ‘à l’affut’ de

ce genre d’info – annonçant des interruptions de service ou

des pannes majeures liés à la conception ou au dimension-

nement des solutions cloud computing. Les acteurs sont bien

conscients qu’ils doivent proposer des systèmes hautement

disponibles, fi ables et parfaitement sécurisés. Ils ont donc

mis en place les mesures adéquates leur permettant d’at-

teindre ces objectifs. Bien entendu, nul n’est à l’abri d’une in-

terruption temporaire de services. Mais si l’on considère cette

éventuelle interruption et qu’on la rapporte à la disponibilité

des solutions in house, le bulletin du cloud computing se ré-

vèle très favorable. Autre élément positif: la disponibilité du

réseau Web. Le cloud computing et ses applications sont ac-

cessibles par Internet. Et aujourd’hui, le réseau Internet est

devenu extrêmement disponible et fi able. Les soucis de capa-

cité à suivre la demande que l’on pouvait encore rencontrer il

y a quelques années sont désormais oubliés. Au vu du nom-

bre et de la notoriété des sociétés faisant appel aujourd’hui

au SaaS, notamment aux modules CRM de salesforce.com,

le prestataire incontestablement leader sur le marché du

SaaS, il faut conclure que cette offre de service rencontre

les attentes des entreprises, soucieuses de se (re)centrer sur

leur core business, le CRM ou autres modules ERP étant des

ingrédients de leur activité et non pas une fi nalité! »

Yves Schellekens: « Oui, il est mature dans certains domaines,

pour certaines applications. Car j’estime qu’il faut encore pro-

gresser en matière de protection des données. Par exemple,

certains pays refusent de voir les données quitter leurs fron-

tières. Il faut dans ce cas trouver un fournisseur qui propose

un data centre dans le pays en question et qui garantit que

les données n’en sortiront pas. Pour les entreprises intéressées,

CSC Belgique propose un service d’évaluation des projets de

cloud computing afi n d’identifi er les risques et les opportuni-

tés avant de s’engager. Après une évaluation de 3 à 6 semaines,

les entreprises se voient remettre un schéma directeur détaillé

pour la mise en œuvre d’un projet de cloud computing ciblant

les bons processus et garantissant les bénéfi ces les plus avan-

tageux d’une telle initiative. Ce service d’évaluation permet de

comprendre la complexité de l’écosystème du cloud compu-

ting. Il propose une analyse axée sur les processus et les pa-

ramètres technologiques existants en se fondant sur un outil

d’évaluation de l’adaptabilité des systèmes Suitability Score-

card. De quoi prendre les bonnes décisions pour réussir avec

succès le transfert d’activités ‘sur le nuage’. »

Jan Degraef: « Souvent, les entreprises ont tendance à surestimer leurs besoins. Et après quelques mois, on se rend compte qu’en réalité, à peine 20% des fonctionnalités sont réellement utilisées par les opéra-teurs. L’approche doit être très pragmatique. »

« Le pas vers le cloud computing dépend de la

maturité IT et des ressources humaines qui la gèrent. »

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Le cloud computing est tout sauf un hype

Qu’est-ce que le cloud computing?

Peter Van Roy: « Le cloud computing est une forme de client/ser-

veur avec des propriétés nouvelles qui sont une conséquence de

sa grande échelle. Le cloud computing utilise la mémoire et la ca-

pacité de calcul d’un très grand nombre d’ordinateurs rassemblés

en de grandes installations – qui s’appellent des ‘data centres’

– et reliés entre eux à travers des réseaux performants. Les utili-

sateurs du nuage (cloud) peuvent ainsi disposer d’une puissance

informatique considérable et modulable à un prix modique. Par

exemple, beaucoup d’applications Web s’exécutent sur un cloud

au lieu d’être installées sur des postes clients ».

Quelles en sont les applications?

Peter Van Roy: « Actuellement, je distingue deux grands noyaux

d’application pour les clouds: les entreprises et les applications

sur de petits appareils, comme les téléphones mobiles qui, dis-

posant de peu de ressources propres, ont besoin d’un lien vers

un cloud pour stocker les données clients. Néanmoins, je vois

un troisième noyau – énorme – se développer très prochaine-

ment. Et celui-ci va infl uencer tous les utilisateurs d’Internet. En

effet, le cloud possède une propriété jusqu’ici fort peu utilisée

par les clients serveurs: l’élasticité. C’est-à-dire que, ponctuelle-

ment, le cloud peut fournir une énorme ressource si l’utilisateur

en a besoin. Avec comme avantage considérable qu’on paiera

pour cette ressource uniquement durant son utilisation. Aussi,

les applications qui nécessitent de très larges ressources sur de

courtes périodes sont amenées à connaître un déploiement

impressionnant grâce aux clouds. Exemple: la traduction en

temps réel du langage parlé. Lors d’une conférence téléphoni-

que ou vidéo, je parle français avec un interlocuteur chinois. Cet

interlocuteur m’entend en chinois et je l’entends en français.

Pour ce type d’application, tous les éléments techniques exis-

tent à cette heure. Par exemple, l’institut IRCAM à Paris, qui est

un centre d’expertise mondialement reconnu en traitement nu-

mérique du son, en a déjà réalisé la plupart. Mais ces éléments

nécessitent d’énormes ressources en calcul et en mémoire. C’est

notamment le cas des traductions de Google qui utilisent un

gigantesque corpus de traduction. Grâce au cloud, on peut uti-

liser ces ressources pendant un court laps de temps. Le cloud

computing est tout sauf un hype. C’est une révolution. »

D’où vient l’idée?

Peter Van Roy: « Encore peu connu du grand public parce qu’il

est actuellement essentiellement utilisé dans les départements

IT des entreprises pour de l’outsourcing, le cloud computing se

développe sensiblement depuis 2006. Pourtant, l’idée n’est pas

neuve. Loin de là. Elle remonte aux années 60, lorsque le com-

puting utilitaire est né. Mais à cette époque, elle ne s’est pas

réalisée. Il faudra attendre une initiative d’Amazon, l’entreprise

d’e-commerce, qui, en plein développement, connaît un impor-

FISCALITÉ DOSSIER : OPTIMISATION DES COÛTS

Le cloud computing est sans conteste la grande tendance IT du moment. Et les spécialistes semblent s’accorder pour nous prédire une véritable tornade au cours des prochains mois. Eclairage avec Peter Van Roy, professeur ordinaire à l’ICTEAM Institute de l’UCL et spécialiste du cloud computing.

FISCALITÉ DOSSIER

TEXTE : LAURENT CORTVRINDT

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FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°38 - JUIN 2010

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tant besoin de ressources – un ‘pic’ – à Noël. Or, pendant le reste

de l’année ces ressources ne sont pas utilisées. Amazon a alors

l’idée de vendre ces ressources à l’externe. C’est de début du

cloud. Ensuite, certaines entreprises s’aperçoivent qu’acheter ces

ressources leur coûte moins d’argent que si elles s’en dotaient à

l’interne. Depuis, le cloud computing a, notamment, beaucoup

servi aux réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter. »

Quels avantages?

Peter Van Roy: « Les infrastructures et logiciels mutualisés, ven-

dus sous forme de services, évitent de lourds investissements au

départ de nouveaux projets. De plus, la mutualisation permet

une baisse du coût total. En effet, les fournisseurs de nuages

construisent de grands data centre, avec des machines bon mar-

ché. Aussi, leur économie d’échelle est énorme. Pour l’utilisateur,

on parle d’un prix cinq fois moins élevé que s’il devait gérer en

interne des ressources de calcul et de stockage. Les entreprises

n’ont plus besoin de serveurs propres. En outre, l’environnement

élastique du cloud garantit une puissance de calcul et de stoc-

kage à la demande. Immédiatement. Enfi n, avec le cloud compu-

ting, on paie uniquement pour ce que l’on utilise. On peut com-

parer le procédé avec la consommation d’électricité à la maison

ou au bureau. Le cloud computing se paye d’ailleurs via une fac-

ture mensuelle, par anticipation ou après consommation. »

Quels en sont les limites, selon vous?

Peter Van Roy: « Il faut voir le cloud comme une solution parmi

d’autres, souvent la meilleure… mais pas forcément adaptée à

votre réalité, par exemple si vos besoins sont fi xes. Car dans un

cloud, l’application est virtualisée et on paye un coût à la per-

formance. En 2009, la perte de données de clients de T-Mobile

a fait grand bruit. Je pense qu’actuellement les questions tech-

niques sont résolues concernant la sécurité des clouds. Mais sur

le potentiel de fi abilité, il faut encore gagner la confi ance des

entreprises. Bien entendu, les fournisseurs d’accès garantissent

un suivi. Payant, naturellement… Mais le point le plus délicat

concerne sans doute la géo-localisation, relativement fl oue des

données. Problématique corollaire : comment savoir où se trou-

ve, avec précision, la frontière juridique. C’est très important en

cas de litige. Dans quel pays se trouve le data centre? Dans un

hébergement mondialisé, sans délimitations précises, les don-

nées peuvent tomber sous la juridiction du pays hébergeant les

données. Ce problème est loin d’être résolu; des jurisprudences

continuent à s’écrire. Dans un avenir très proche, les fournisseurs

de clouds devront apporter une réponse précise et des garanties

fi ables quant à la localisation des données. »

Qui doit s’intéresser à ce type de solutions?

Peter Van Roy: « Le système convient à tout type d’activité. Pas

besoin, non plus, de taille critique puisqu’on paye uniquement

pour les services utilisés. On peut déjà utiliser du cloud compu-

ting pour une poignée d’euros. D’ici un an ou deux, je m’attends

à ce que le cloud computing ait touché le grand public. Je pense

que les gammes d’applications disponibles sur les clouds vont

considérablement se développer et, peu à peu, elles devraient

remplacer celles des ordinateurs personnels. Google a déjà lancé

la tendance avec ses Google Apps, Earth, Translate, etc. »

Quel intérêt pour le CFO?

Peter Van Roy: « Selon la complexité d’un calcul à effectuer, un

besoin de modélisation ou de projection, selon la durée d’uti-

lisation, le cloud computing permettra de petites économies

jusqu’à des gains considérables. Dans une entreprise, il peut

concrètement participer à la réduction des coûts de l’infrastruc-

ture informatique. »

Peter Van Roy: « Il faut voir le cloud comme une solution parmi d’autres, souvent la meilleure… mais pas forcé-ment adaptée à votre réalité, par exemple si vos besoins sont fi xes. Car dans un cloud, l’application est virtualisée et on paye un coût à la performance. »

Dans une récente étude réalisée pour la Commission

Européenne, le cabinet Pierre Audoin Consultants sou-

ligne la forte croissance des offres IaaS, PaaS et SaaS (In-

frastructure, Platform et Software as a Service). Aussi,

les offres de type « cloud computing » devraient forte-

ment croître dans les années à venir. En 2009, malgré

la crise, le marché a ainsi atteint 4 milliards en Europe,

avec une croissance de 20% et une part de 1,5% dans

le marché des logiciels et services. D’ici 2015, cette part

devrait passer à 13%. La croissance du cloud computing

semble donc notamment bien dopée par la crise. Tou-

jours selon PAC, avec le cloud computing, une partie de

l’informatique devrait progressivement se transformer

en une industrie « lourde », basée sur des centres de pro-

duction fortement automatisés.

HAUSSE EN EUROPE…

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FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°38 - JUIN 2010

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Comparer les offres n’est pas une mince affaire

C e tour de marché, Solvay l’a mené auprès d’un en-

semble de fournisseurs informatiques proposant

un environnement cloud computing dans leur

catalogue. Au sein des entreprises, l’informatique

veille en permanence à augmenter sa productivité et à réduire

ses coûts. Aussi, pour Pierre Godelaine, les environnements de

type cloud computing ne peuvent plus être ignorés. « Le temps

était venu pour Solvay de se familiariser avec le cloud computing,

nous explique-t-il. On ne passe pas, du jour au lendemain, d’un

environnement de serveurs dédiés à un environnement cloud. Car

il faut désormais respecter de nouvelles contraintes: on ne fait

plus ce que l’on veut avec les serveurs, l’environnement cloud très

automatisé exige de rentrer dans un certain moule, etc. Aussi, il

faut faire preuve de volonté pour mener à bien cet apprentissage

informatique. Mais je pense qu’à terme, on se dirige vers un gain

en fl exibilité et en coût… bienvenu pour le CFO. »

La demande de Solvay concerne la partie IaaS (Infrastructure as

a Service) du cloud computing. En d’autres termes, se montrer

capable de placer de l’infrastructure dans un environnement

cloud computing. Pourquoi? « Parce que nous avons souvent

besoin d’infrastructures pour faire tourner des applications. Ac-

tuellement, nous travaillons essentiellement avec des serveurs

dédiés, soit gérés en interne dans notre propre data centre, soit

gérés par des partenaires. Mais nous ne bénéfi cions pas toujours

de toute la fl exibilité voulue pour répondre aux demandes de

nos clients, et parfois ces demandent génèrent des investisse-

ments supplémentaires».

OUTIL FLEXIBLE Solvay a souhaité chercher un partenaire pour pouvoir

mieux répondre à ces demandes. Comme, par exemple,

réaliser un test qui nécessite d’installer des machines dont

la période d’utilisation sera plus courte que celle de l’amor-

tissement. « Il s’agit en fait d’une sorte d’extension de notre

offre interne. Nous voulons pouvoir choisir entre répondre à

une demande d’un client, soit par le biais de notre infrastruc-

FISCALITÉ DOSSIER : OPTIMISATION DES COÛTS

En ce début d’année 2010, Solvay a procédé à un tour de marché cloud computing afi n d’étudier la compatibilité et l’adaptabilité de cette nouvelle technologie aux besoins de l’entreprise. Pierre Godelaine, IT Enterprise Architect, en tire un premier bilan.

FISCALITÉ DOSSIER

TEXTE : LAURENT CORTVRINDT

En interne, Solvay consolide depuis quelques temps ses

activités informatiques dans des data centres. Que ceux-

ci se trouvent dans ses murs ou chez un partenaire, la

connectique reste donc identique. L’impact d’un passage

en cloud computing est, dès lors, marginal pour le réseau.

Par contre, si l’informatique d’une entreprise est entière-

ment distribuée et que l’on décide ensuite de la centraliser

dans un data centre, l’impact réseau sera plus important.

IMPACT SUR LE RÉSEAU

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FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°38 - JUIN 2010

27ture dédiée actuelle, soit via l’infrastructure cloud computing,

partagée, d’un partenaire. »

Sachant, premièrement, que dans un environnement cloud com-

puting, une demande hardware peut être rencontrée endéans les

24h. De quoi gagner un temps précieux pour le démarrage d’un

projet. Et deuxièmement, rajouter du CPU, de la mémoire, peut se

faire à n’importe quel moment. La « surconfi guration » d’une ma-

chine pour qu’elle puisse encore rendre service quelques années

plus tard n’est donc absolument plus nécessaire. « C’est pourquoi

nous voyons actuellement le cloud computing comme un outil très

fl exible qui complète notre offre, afi n de réagir plus vite. »

Toutefois, pour Pierre Godelaine, le cloud computing ne peut en-

core répondre à tous les besoins. « Les fournisseurs de services ont

beau vous garantir la plus grande sécurité, le travail s’exécute quand

même sur des environnements partagés. Et, pour le moment, tous

n’offrent pas, de manière intégrée, un cryptage des données sensibles

sur le cloud. Aussi, du moins dans un premier temps, nous conserve-

rons certaines données sensibles dans un environnement dédié. Autre

point à vérifi er: comment ‘sortir’ les applications et données en fi n de

contrat. Ou, quand on vend une activité et qu’il faut la transmettre à

son acheteur, comment récupérer l’environnement mis dans le cloud?

Actuellement, les réponses ne sont pas encore très standardisées. »

EVOLUTION INTERNEPour son tour de marché, Solvay a posé un ensemble de ques-

tions aux fournisseurs potentiels, selon ses besoins: est-ce que

l’environnement cloud supporte des bases de données? Quels

sont les niveaux de service? Etc. « Nous avons également de-

mandé à ces fournisseurs de nous décrire comment leur environ-

nement pourrait satisfaire des confi gurations utilisées en interne

par Solvay. Si ces applications venaient à être mises dans un cloud,

comment les organiser, à quel prix, etc. Sur cette base, nous avons

reçu un ensemble de réponses. Constat principal: les offres ne se

ressemblent pas vraiment… Nous avons alors sélectionné un par-

tenaire répondant à nos principaux besoins et nous permettant

de démarrer à petite échelle... avant de poursuivre l’expérience si

les premiers résultats se révèlent concluants. »

Au rayon des différences, Pierre Godelaine souligne, par exem-

ple, que tous les fournisseurs n’offraient pas la possibilité de bé-

néfi cier simultanément de serveurs virtuels et de serveurs phy-

siques; dans le package de base, gérer une base de données était

parfois impossible; l’état d’avancement/développement du por-

tail cloud computing sur lequel se connecter n’était pas du tout

le même… « Aussi, pour comparer, il faut vraiment se focaliser sur

les besoins recherchés. Je suis cependant convaincu que pour la

même demande, dans quelques mois, les offres auront évolué. »

Parmi les points positifs, Pierre Godelaine retient la fl exibilité mais

aussi des coûts d’opérations intéressants. Certes, notre interlocu-

teur ne se dit pas encore convaincu que le cloud computing per-

mette d’importantes économies. « Quand une entreprise possède

déjà un data center optimisé, je pense que le gain se révèle plus faible.

Par contre, il sera certainement bien plus substantiel pour une petite

société qui ne possède qu’un petit nombre de serveurs. Mais le cloud

computing ne peut certainement pas être plus onéreux. En résumé, si

nous ne sommes pas encore disposés à faire totalement basculer no-

tre informatique dans les nuages, l’intérêt est bien réel. Nous pourrons

être plus fl exibles pour démarrer un projet et moduler les ressources

en adéquation avec les besoins de nos clients; nous bénéfi cierons en

permanence de serveurs disponibles pour des tests, sans devoir nous

préoccuper de l’investissement en matériel et de son amortissement…

et l’avenir nous en dira certainement davantage! »

Pierre Godelaine: « Si nous ne sommes pas encore disposés à faire totalement basculer notre informatique dans les nuages, l’intérêt est réel. Pour comparer, il faut se focaliser sur les besoins recherchés. Pour la même demande, dans quelques mois, les offres auront évolué. »

En 2009, la ville de Los Angeles a décidé de transférer le

service d’e-mail de ses 30.000 employés, hébergé chez

Novell GroupWise, vers des serveurs cloud de Google.

D’une durée de cinq ans, le contrat de 7,5 millions de

dollars table sur des services de courrier électronique

pour les employés de la ville à un coût moyen de 50$

par employé par an. Pour répondre aux questions sur

la sécurité et la fi abilité, Google a promis de stocker

les données de la ville sur ses plates-formes sécurisées

« Gov Cloud », maintenues dans la zone continentale

des États-Unis et exploités par des personnes disposant

des plus hautes habilitations du FBI. Google a égale-

ment accepté de fournir des crédits fi nanciers à la ville

si les services venaient à anormalement baisser en qua-

lité par rapport à ce qui est convenu dans le contrat.

Une analyse effectuée par l’administration de la ville a

constaté que les coûts d’exploitation du système Google

seraient inférieurs de 23,6% à ceux de Novell GroupWise

au cours de la même période.

CLOUDS OVER CALIFORNIA

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Il arrive que le CFO ait la responsabilité fi nale sur l’IT. Est-ce un avantage et quelles sont les tendances que décodent ces directeurs fi nanciers qui « cumulent »? Rencontre avec Thierry Sabaux, Vice-President Finance & IT chez MACtac Europe, Jérôme Blanchevoye, directeur fi nancier et informatique de JCDecaux Belgium, et Marco Tessaro, Vice-President Finance & IT de Höganäs.

Quand la finance pilote l’IT

Marco Tessaro: « Préparer les collaborateurs est essen-tiel. L’implémentation de l’ERP, jusque-là vue comme un projet embêtant, consommateur de temps et aux faibles implications, s’est ainsi transformée en sujet essentiel. »

G roupe industriel suédois, Höganäs est le leader

mondial de la production de poudre métallique,

dont les applications sont nombreuses: pour le

revêtement de surfaces afi n d’en augmenter les

propriétés de résistance à la déformation ou à l’usure, pour des

fi ltres destinés à l’industrie textile, pour des applications de frit-

tage, etc. Créée en 1797, Höganäs n’est ni plus ni moins que la

deuxième plus vieille entreprise de Suède. A travers le monde, le

groupe compte aujourd’hui 1500 collaborateurs, pour un chif-

fre d’affaires de 600 millions d’euros. Au cours des 30 dernières

années, le groupe s’est internationalisé en ouvrant des sites de

production et en décentralisant la gestion de la production et de

la commercialisation de ses produits. Höganäs est ainsi passé

du statut de grande multinationale suédoise à celui de petite

multinationale internationale.

En Belgique, Höganäs compte une unité de production qui

héberge également le siège de la division des poudres hau-

tement alliées. Cette antenne belge réalise 16% du chiffre

d’affaires du groupe. Pour Marco Tessaro, VP Finance & IT,

un CFO a besoin de qualité et de timing en matière de re-

porting. Idéalement en ligne et avec un scope le plus large

possible, du point de vue business mais aussi des processus

industriels. « Le Graal ultime en termes de disponibilité de

l’information, serait de bénéfi cier d’un tableau de bord en li-

gne permettant, sur un seul écran, de surveiller le carnet de

commandes, la production, le carnet d’achat et toutes sortes

de paramètres spécifi ques aux processus industriels. L’IT doit

être au service du CFO. »

ERP ET MRPCeci, c’est pour la théorie. Dans la pratique, cela nécessite un

ERP et même un MRP (Materials Requirements Planning) pour

planifi er les fl ux et stocks de matières. Plus largement, pour les

managers, Marco Tessaro nous rappelle que l’IT apporte uni-

quement ce qu’on lui demande. « Aussi, nous avons besoin que

les utilisateurs défi nissent leurs besoins. Nous pourrons alors

veiller à leur fournir un outil informatique capable de les aider.

Malheureusement, au quotidien, on travaille le nez dans le gui-

don et on s’habitue à une palette limitée d’informations. Il faut

remettre ces processus en question, identifi er les problèmes et

les soumettre en interne. Nous essayons de pousser chaque utili-

sateur, dans son domaine, à mieux défi nir ce dont il a besoin. »

Et c’est exactement ce qu’Höganäs vient d’effectuer. L’implé-

mentation de son ERP datant de 1995, le groupe a décidé de se

FISCALITÉ DOSSIER

TEXTE : LAURENT CORTVRINDT

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FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°38 - JUIN 2010

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lancer dans une importante mise à jour. Un travail considérable

que l’on pourrait comparer, techniquement et culturellement, à

un bond qui va transporter l’IT de l’entreprise de l’âge de la pierre

aux temps modernes. Jusqu’ici, en Belgique, l’ERP prenait uni-

quement en compte la comptabilité et la logistique. Les autres

tâches, comme la gestion de la production et du stock, étant as-

surées par des modules indépendants, « greffés » à l’ERP.

« Toute l’application va être remplacée par un ERP moderne,

Movex, qui vise les entreprises industrielles de taille moyenne

comme la nôtre ». Objectif de la manœuvre: répondre aux

besoins énormes qui se font de plus en plus ressentir depuis

l’ouverture de l’entreprise à l’international. « Nous allons quit-

ter nos modules stand alone et fi chiers Excel pour passer à un

ERP complètement intégré, qui comprend également un MRP

pour contrôler au plus près les transactions de comptabilité

interne. Par exemple, la fabrication d’un lot en production gé-

nérera automatiquement les transactions comptables corres-

pondantes. Nous aurons dès lors, en permanence et en temps

réel, une vue globale sur notre stock. Ce que nous n’était pas

possible jusqu’ici ».

Pour Marco Tessaro, il s’agit d’une véritable révolution. Dé-

sormais, tous les aspects business, en termes de production

de ventes, d’achats, de maintenance ou encore de suivi des

projets d’investissements seront accessibles au travers d’un

point d’entrée unique, mettant les informations à disposition

des managers en ligne et en temps réel. Alors qu’aujourd’hui,

les données étaient suivies plus ou moins manuellement.

« J’espère donc voir auprès de mes collaborateurs le ratio com-

pilation/construction/vérifi cation de l’information par rapport

à l’analyse de cette information passer de 80/20 à 20/80, très

rapidement. Bien entendu, comme dans chaque implémenta-

tion d’ERP où l’on change radicalement et en une fois l’environ-

nement informatique et informationnel, les débuts vont être

délicats. Il faudra s’habituer au nouvel outil pour en tirer la

quintessence et s’assurer de la fi abilité des données. J’espère li-

miter cette période à 6 mois ou 1 an tout au plus. Ensuite, nous

pourrons travailler de manière totalement différente et nous

consacrer pleinement à de l’analyse et à d’autres projets. »

BRANCHES MORTESPréparer les collaborateurs à ce changement est un grand défi

à relever. L’implication des responsables des différents domai-

nes ne se fait pas en un jour. Faute de temps, au début, ils ne

se sont que très peu consacrés au design, à la confi guration et

aux premiers trainings. Jusqu’au jour où ils ont réalisé que leur

avenir et la défi nition de leur outil de travail quotidien était

en réalité en jeu. « Un outil qui va leur permettre d’obtenir de

nouvelles informations. Dans leur esprit, l’implémentation de

l’ERP, jusque là vue comme un projet embêtant, consommateur

de temps et aux faibles implications, s’est transformée en sujet

essentiel. Un revirement de position s’est opéré face à la prise

de conscience de l’enjeu. »

Dans la phase de réfl exion de la mise à jour de l’ERP, Marco

Tessaro souligne tout l’intérêt de la description des problè-

mes. « Un passage vivement conseillé, utile à tous les utilisa-

teurs pour défi nir les besoins qu’ils pensent connaître intui-

tivement dans leur quotidien, pour structurer leur façon de

travailler et en identifi er les faiblesses. Il conviendra d’évaluer

l’outil informatique envisagé par rapport à ces résultats. C’est

en fait un grand classique des ERP. Ce sont ses projets business,

destinés à revoir les processus en éliminant les ‘branches mor-

tes’ et autres activités inutiles, en allant droit au but ».

BONNE ALCHIMIEParallèlement à la mise à jour de son ERP, Höganäs a d’autres

besoins IT spécifi ques. On le sait, le marché et le prix des

métaux sont extrêmement volatiles, et ce sur de très cour-

tes périodes. Gérer l’achat et la vente des métaux se révèle

donc capital pour l’entreprise, afi n de s’assurer que le client

payera, au moins et en moyenne, le prix du marché. « C’est

pourquoi nous avons mis en place un environnement informa-

tique qui permet de collecter, via Internet, les prix des métaux

sur les marchés, d’y associer des données internes – produits,

stock, fl ux, etc. – et de les injecter dans le costing des produits.

De la sorte, nos vendeurs possèdent en temps réel les bonnes

informations pour remettre un prix pour chaque produit. Le

système a fait ses preuves et il sera incorporé au nouvel ERP. »

Entreprise américaine et division du groupe Bemis, MACtac

confectionne des autocollants depuis quatre décennies. Son

métier: créer de la colle et enduire différents types de fi lms

(papiers, plastiques, pvc, etc.). MACtac, qui travaille unique-

ment en B2B, compte trois business unit: une première, « Roll

label », prend en charge des étiquettes à prédécouper et

imprimer, destinées à des produits de chaîne; la deuxième,

« Technical », s’occupe d’autocollants, généralement double

face, qui serviront de support d’adhésion; enfi n, la troisième

se consacre au support promotionnel et publicitaire. En Bel-

gique, MACtac compte deux sites de production, à Soignies et

à Genk, employant 650 collaborateurs.

Le marché de MACtac Europe est mondial, à l’exception des

Etats-Unis et du Canada, dont s’occupe MACtac US. Pour

Thierry Sabaux, Vice-President Finance & IT de MACtac Euro-

pe, l’informatique fi nancière est essentielle. Au moins à deux

titres. Outre ses deux sites de production sur le territoire bel-

ge, MACtac a accès à un large réseau de fi liales et d’agences.

Aussi, l’entreprise a mis sur pied un système de consolidation,

pour faire remonter l’information. Elle travaille sous ERP.

« Nous militons de temps en temps en interne pour qu’un projet plus mutualisé soit développé afi n de rencontrer nos besoins. »

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FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°38 - JUIN 2010

« Comment voulez-vous (bien) gérer une entreprise sans don-

nées fi nancières?, interroge-t-il. C’est impossible. Au cours des

cinq dernières années, nous avons mis l’accent sur la fi abilisa-

tion des données, fi nancières et opérationnelles, avec un ensem-

ble de kpi’s, d’informations qui remontent directement de l’en-

vironnement de production, la création d’un data warehouse,

etc. C’est tout à fait clé en matière de working capital, afi n de

prendre les bonnes décisions. » Ce travail a permis de trouver la

bonne alchimie entre les visions fi nancière et opérationnelle

de l’entreprise. « Grâce à ces indicateurs fi nanciers et opération-

nels communs, nous utilisons et partageons le même langage.

Nous ne travaillons pas chacun dans notre sphère. »

UN OUTIL, PAS UNE FINL’ERP actuellement utilisé par MACtac arrive néanmoins en fi n

de cycle de vie. Il va donc être mis à jour. Technologiquement,

car son principe de fonctionnement ne sera pas fondamen-

talement modifi é, mais mis en adéquation avec notre vision

future. « Nous allons avant tout veiller à affi ner les besoins.

Jusqu’ici, la relation avec les Etats-Unis existait déjà. Mais elle

n’était pas intégrée. La volonté du groupe, au terme de ce pro-

jet, consiste à arriver à intégrer l’ensemble des données du bu-

siness, toutes divisions, unités et usines confondues. Exemple

fi nancier concret: nous allons désormais tous travailler sur le

même plan comptable. C’est-à-dire utiliser les mêmes langue,

référents et contenus. »

Le site de MACtac Soignies est à la fois centre de production,

fi liale de vente directe et quartier général. « Nous faisons donc

tout au même endroit. Ce qui veut dire qu’en termes de struc-

ture fi nancière, nous allons centraliser, consolider et reporter

l’information à Soignies. Le besoin en informatique fi nancière

se révèle donc important: je dois pouvoir faire remonter l’infor-

mation provenant des fi liales, pour la centraliser, la consolider

et la rapporter aux Etats-Unis. »

Pour Thierry Sabaux, l’informatique est un outil nécessaire.

Mais elle ne représente pas une fi n en soi. « Nous la voulons

intégrée, mais pas centralisée. Dans ma structure, je veux des

répondants fi nanciers de fi liales suffi samment autonomes

pour gérer leur environnement mais qui partageront les don-

nées. Notre business est industriel, nous produisons de l’auto-

collant, pas de l’IT. Bien sûr, l’IT constitue un support clé car

nous avons besoin de données fi ables. Mais si une donnée ar-

rive erronée à l’entrée de l’ERP, toute la chaîne sera faussée et

votre ERP ne servira à rien. L’intervention humaine reste donc

capitale. L’update de notre ERP est d’ailleurs un projet de l’opé-

rationnel, et non de l’ IT. »

LE MÊME TRAINParmi les leçons qu’il retire de son expérience, le Vice-Presi-

dent Finance & IT de MACtac Europe conseille à ses collègues

en passe d’implémenter un ERP de s’assurer d’avoir obtenu

l’adhésion du Comité de direction au grand complet. Car si

un seul de ses membres n’est pas convaincu de la nécessité

et de l’intérêt du projet, une partie de l’entreprise ne suivra

pas le mouvement. « Or, de la mobilisation humaine au sein

de l’entreprise dépend la réussite de l’implémentation. » Que

l’on implémente un ERP ou, plus simplement, qu’on le met-

te à jour, le change management n’est pas mince. Et selon

DOSSIER

Thierry Sabaux: « L’informatique et les utilisateurs n’ont pas toujours eu une bonne perception du travail accompli par l’autre partie. Nous avons donc mis en place une plate-forme d’échange pour objectiver des indicateurs réels. »

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Thierry Sabaux, bien souvent, il se voit négligé. Quand un

ERP intègre l’entièreté des processus, ne pas sensibiliser ses

collaborateurs au bien fondé de l’opération peut engendrer

des difficultés majeures.

« Parfois, le pas à franchir vers cette nouvelle technologie

n’est pas très grand. Mais tous les collaborateurs doivent faire

ce pas, simultanément. Tout le monde doit prendre le même

train. » Et quand il parle de gagner le buy-in de l’interne,

Thierry Sabaux sait de quoi il en retourne. « Chez MACtac,

l’informatique et les utilisateurs n’ont pas toujours eu une

bonne perception du travail accompli par l’autre partie. L’in-

formatique, par exemple, était parfois considérée par les uti-

lisateurs comme un service support réfractaire. Nous avons

donc mis en place une plate-forme d’échange pour objectiver

des indicateurs réels. Nous voulions rationnaliser la relation

et laisser moins de place à l’émotionnel. »

Pour obtenir ce buy-in interne, MACtac travaille dans une

structure de « key user », (à voir un peu comme des process

owners) qui possèdent la connaissance des processus comme

celle des technologies informatiques permettant de les gérer.

« Ces collaborateurs vont centraliser un ensemble de données

ou de demandes émises par les utilisateurs. Au travers de cette

toile de key users, nous allons partager et étudier les remar-

ques, modéliser le business model de l’entreprise tel qu’il est

aujourd’hui et tel qu’on le voudrait demain. Nous partageons

ensuite les résultats avec les utilisateurs avant de prendre une

décision. De la sorte, les utilisateurs sont réellement impliqués

dans les projets. »

DÉPLOIEMENT SÉCURISÉ 1,9 milliard d’euros de chiffre d’affaires, près de 10.000 colla-

borateurs et plus d’un million d’espaces publicitaires exploi-

tés dans 55 pays et plus particulièrement dans 30.500 villes

de plus de 10.000 habitants, voilà comment décrire, en quel-

ques chiffres, le groupe JCDecaux, né en 1964 avec le place-

ment du premier abribus publicitaire, à Lyon. Sa fi liale belge,

JCDecaux Belgium, avance, de son côté, un chiffre d’affaires

de plus de 50 millions d’euros et quelque 200 collaborateurs.

Le modèle économique du groupe consiste à développer des

services à valeur ajoutée, attractifs pour les villes et qui lui

permettront de remporter des contrats d’exploitation de mo-

bilier publicitaire. Le projet Villo!, bien connu à Bruxelles, en

est un exemple. Outre ce volet historique de gestion de mo-

bilier urbain, JCDecaux est également actif dans le transport

et l’affi chage grand format.

Au niveau informatique, le groupe connaît une expertise

mondiale. Pour l’implémentation d’outils SAP, d’une part, et,

d’autre part, pour le développement d’outils spécifi ques liés

à ses activités business et auxquelles le marché « tradition-

nel » ne peut répondre. « En outre, nous possédons également

un ensemble de lignes de conduite qui permettent de piloter

au mieux et selon des normes de sécurité très strictes, notre

propre réseau informatique interne, précise Jérôme Blanche-

voye, directeur fi nancier et informatique JCDecaux Belgium.

Les grands projets IT connotés métiers verront généralement

le groupe proposer son savoir-faire aux fi liales. Tandis qu’au

niveau des infrastructures, plus localement, nous sommes re-

lativement autonomes. Même si nous entretenons des échan-

ges réguliers de best practices avec le groupe. C’est une grande

force, parce que dès que nous implantons une nouvelle fonc-

tionnalité Excel, Windows ou tout outil bureautique, le test a

déjà été réalisé par nos spécialistes. Il s’agit donc d’un déploie-

ment très sécurisé de l’ensemble des systèmes. Mais c’est aussi

un frein, parce que l’implémentation se fait parfois avec un

certain délai. Sauf en cas d’urgence, bien entendu. »

ERP MONDIALEn matière d’informatique fi nancière, JCDecaux Belgium uti-

lise SAP. Développé dans un premier temps au sein de la fi lia-

le la plus importante du groupe, la France, l’ERP a ensuite été

essaimé dans d’autres pays. « SAP est un très bel outil, parfai-

tement performant. Mais, de mon point de vue, il est trop gros

pour une fi liale de notre taille. Lors de développements ou de

déploiements, il nécessite de ‘bouger’ tout le système. C’est un

peu cher par rapport à ce que nous pouvons supporter. Aussi,

nous militons de temps en temps en interne pour qu’un projet

plus mutualisé soit développé afi n de rencontrer nos besoins…

et faire baisser les coûts ».

Si partager le modèle SAP pousse le groupe JCDecaux et sa

fi liale belge vers un haut niveau d’expertise et de sécurisa-

tion des serveurs, avec le recul, Jérôme Blanchevoye – qui ne

faisait pas encore partie des effectifs de l’entreprise lors de

l’acquisition de l’ERP – se poserait néanmoins aujourd’hui la

question d’une telle implémentation. Pour obtenir un repor-

ting interne plus fl uide et moins cher, JCDecaux Belgium a en

effet dû développer des outils annexes – autour de Business

Objects et Access – pour constituer, entre autres, son propre

data warehouse parallèle. De quoi permettre à chaque direc-

tion un suivi et un pilotage des budgets.

VIRTUALITÉ RECOMMANDÉE« Nous avons également recours à un outil de reporting, conçu

et maintenu par le groupe mais alimenté via SAP, en auto-

matique, depuis la fi liale », dit-il. En matière d’informatique

fi nancière, pour Jérôme Blanchevoye, le CFO a besoin de visi-

bilité. Mais d’une visibilité aisément accessible. Fondamen-

talement, le CFO doit savoir comment structurer son niveau

de reporting ainsi que les données et informations qu’il sou-

haite remonter. « Un facteur clé du succès. Car si les données

ne sont pas correctement structurées dès le départ, même avec

le meilleur outil du monde, vous n’obtiendrez pas ce dont vous

avez besoin. Il faut trouver le juste équilibre entre une infor-

mation bien structurée, accessible et que l’on peut croiser, et

un niveau de complexité trop élevé où l’on risque de ne jamais

descendre au day to day. Il faut de la fl uidité, de la cohérence

dans les informations et une rapidité d’accès. »

Pour l’informatique fi nancière, Jérôme Blanchevoye recher-

che avant tout la stabilité et la cohérence d’un système. « On

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FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°38 - JUIN 2010

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FISCALITÉ DOSSIER

peut éventuellement s’interroger sur le traitement automatisé,

comme, par exemple, la facturation dématérialisée. Le marché

en la matière commence à bouger. Mais les solutions formatées

semblent encore lointaines, surtout pour une fi liale de notre

taille. Aussi, nous allons attendre que les gros acteurs lancent

la démarche pour y aller à notre tour. Notre ERP date de 2005

et reçoit les évolutions SAP. Il est loin d’être dépassé ». Parmi les

intérêts d’un ERP pour le CFO, Jérôme Blanchevoye souligne

la facilité qu’il peut permettre pour obtenir des états, à les

construire ou à les paramétrer soi-même si la structure des

données a été correctement élaborée au départ.

« Quand on implémente un ERP, il faut également songer à

vérifi er les potentiels changements engendrés au niveau de

l’organisation. Ne va-t-on pas déporter des champs de compé-

tences des personnes responsables, vers ceux d’autres person-

nes qui n’étaient pas concernées auparavant? Il conviendra de

vérifi er l’équilibre des charges de travail et les profi ls de compé-

tences et de formation des collaborateurs concernés. Par exem-

ple, avec SAP, des bons de commande peuvent être générés. Si

les travailleurs n’y sont pas formés, de fâcheuses conséquences

peuvent exercer un impact sur toute la chaîne… et donc, in fi ne,

sur la comptabilité ».

Jérôme Blanchevoye recommande par contre la virtualisation

à toutes les PME de la taille de JCDecaux Belgium. Notam-

ment grâce à VMware, l’apport en souplesse, en fi abilité et

en sécurité fut important. Ensuite, le directeur fi nancier et

informatique conseille d’ouvrir de façon très sécurisée son

réseau vers l’extérieur, avec des connexions VPN. Par contre,

à cette heure, notre interlocuteur reste très frileux par rap-

port à la révolution cloud computing annoncée à renfort de

slogans depuis deux ans. « Les risques sont déjà suffi samment

nombreux, nul besoin d’en rajouter une couche. Les problèmes

de disponibilité du réseau ne sont pas encore réglés. Si vous uti-

lisez du cloud computing, une panne réseau – un désagrément

fi nalement encore relativement fréquent – signifi era que tous

vos accès seront coupés, au moins durant l’interruption. Vous

devrez donc vous assurer de la fi abilité de votre fournisseur ré-

seau, en plus de celle de vos serveurs externalisées. Sans parler

que, comme avec les logiciels ERP, vous serez désormais liés à

un fournisseur, avec ses propres règles de gouvernance impo-

sées aux clients – mises à jour non désirées, plages de mainte-

nance imposées, etc. »

Sans compter aussi qu’une société de la taille JCDecaux Belgium

aura certainement peu de poids pour faire valoir ses demandes

d’évolution ou d’aménagement, estime-t-il. « Je reste convaincu

qu’un des facteurs clés de succès d’une bonne IT est une équipe

compétente, intégrée, motivée, souple, proche et attentive aux

besoins des utilisateurs. Qu’en sera-t-il quand toute l’informati-

que sera externalisée et que vous serez dépendant d’un interlo-

cuteur peut-être à l’autre bout du monde, un numéro au milieu

d’autres centaines de numéros, changeant d’interlocuteur au grès

des plages de travail de ces derniers. Certes, aujourd’hui, le cloud

computing semble promettre des prix intéressants. Mais qu’en

est-il réellement et que fera-t-il demain? »

Jérôme Blanchevoye: « Je reste convaincu qu’un des facteurs clés de succès d’une bonne IT est une équipe compétente, intégrée, mo-tivée, souple, proche et attentive aux besoins des utilisateurs. »