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5 Les membres du Jury des Enfants du Prix des En- fants du Monde sont experts en droits de l’enfant de par leur vécu. Ils peuvent être membres du jury jusqu’à 18 ans. Chaque enfant du jury représente tous les enfants du monde ayant eu les mêmes expériences. Mais ils représentent aussi les enfants de leur pays ou de leur continent. Dans la mesure du possible, le jury aura des représen- tants de toutes les parties du monde et de toutes les grandes religions. • Les enfants du jury par les récits de leur vie, présen- tent les violations des droits de l’enfant dont eux-mêmes ont été victimes ou pour lesquels ils se battent. En ce faisant, ils apprennent les droits de l’enfant à des millions d’enfants de par le monde. • Le Jury des Enfants désigne chaque année, les trois candidats pour le Prix des Enfants du Monde pour les Droits de l’Enfant parmi tous ceux qui ont été nomi- nés. • Le Jury des Enfants dirige la grande cérémonie de remise des prix, qui clôture chaque année le pro- gramme du Prix des Enfants du Monde. • Les enfants du jury sont les ambassadeurs du Prix des Enfants du Monde dans leur pays et dans le monde. • Pendant la semaine de la cérémonie des prix, le jury des enfants visite les écoles suédoises et parle de son expérience et des droits de l’enfant. Voici les membres du jury. Gabatshwane Gumede, 17, AFRIQUE DU SUD Les parents de Gabatshwane sont morts du sida quand elle était petite. Bien que les tests montraient que Gaba, elle- même n’était pas infectée par le vih et n’avait pas le sida, beau- coup avaient peur d’être conta- minés par elle. Elle n’avait pas d’amis et on se moquait d’elle. La plupart des gens où vit Gaba sont chômeurs. Beaucoup sont infectés par le vih et meurent en laissant des orphelins. Les viola- tions des droits de l’enfant sont fréquentes. Mais aujourd’hui, plus personne ne se moque de Gaba. C’est une chanteuse et un défenseur des droits de l’en- fant et les enfants l’admirent. Quand elle peut, Gaba achète de la nourriture pour les pauvres et donne des paquets de vivres à ses camarades d’école. – J’exige que les responsables politiques travaillent pour les droits de l’enfant. J’en ai parlé avec le ministre de l’éducation d’Afrique du Sud et avec bien d’autres représentants poli- tiques. Gabatshwane représente les enfants que le sida a rendus orphelins et les enfants qui luttent pour les droits des enfants opprimés. Hannah Taylor, 16, CANADA À cinq ans Hannah a vu un SDF qui mangeait dans une poubelle. Depuis elle dit aux écoliers, responsables poli- tiques, directeurs et au Premier Ministre du Canada que personne ne doit être SDF. Elle a créé une fondation qui a recueilli des millions d’euros pour un projet en faveur des SDF et un pro- gramme pour les écoles. – Nous voulons montrer que chacun peut s’engager et faire la différence pour les SDF et pour les droits de l’enfant. Nous devons partager et nous entraider. Quand je suis allée dans un foyer pour adoles- cents SDF, je les ai tous embrassés. Un garçon, très réservé, m’a dit : ’J’ai toujours cru que personne ne m’aimait, maintenant je sais que tu m’aimes’. Hannah représente les enfants qui luttent pour les droits de l’enfant, spéciale- ment pour les droits des enfants SDF. QUE FAIT LE JURY DES ENFANTS ? Membres du Jury des Enfants 2011 et Jury des Enfants 2012.

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Gabatshwane Gumede, 17, AFRIQUE DU SUD •Lesenfantsdujurysont les ambassadeurs du Prix des Enfants du Monde dans leur pays et dans le monde. •Pendantlasemainedela cérémonie des prix, le jury des enfants visite les écoles suédoises et parle de son expérience et des droits de l’enfant. Membres du Jury des Enfants 2011 et Jury des Enfants 2012. 5

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Les membres du Jury des Enfants du Prix des En-fants du Monde sont experts en droits de l’enfant de par leur vécu. Ils peuvent être membres du jury jusqu’à 18 ans. Chaque enfant du jury représente tous les enfants du monde ayant eu les mêmes expériences. Mais ils représentent aussi les enfants de leur pays ou de leur continent. Dans la mesure du possible, le jury aura des représen-tants de toutes les parties du monde et de toutes les grandes religions.

• Lesenfantsdujuryparlesrécits de leur vie, présen-tent les violations des droits de l’enfant dont eux-mêmes ont été victimes ou pour lesquels ils se battent. En ce faisant, ils apprennent les droits de l’enfant à des millions d’enfants de par le monde.

• LeJurydesEnfantsdésigne chaque année, les trois candidats pour le Prix des Enfants du Monde pour les Droits de l’Enfant parmi tous ceux qui ont été nomi-nés.

• LeJurydesEnfantsdirigelagrande cérémonie de remise des prix, qui clôture chaque année le pro-gramme du Prix des Enfants du Monde.

• Lesenfantsdujurysontles ambassadeurs du Prix des Enfants du Monde dans leur pays et dans le monde.

• Pendantlasemainedelacérémonie des prix, le jury des enfants visite les écoles suédoises et parle de son expérience et des droits de l’enfant.

Voici les membres du jury.

Gabatshwane Gumede, 17, AFRIQUE DU SUD Les parents de Gabatshwane sont morts du sida quand elle était petite. Bien que les tests montraient que Gaba, elle-même n’était pas infectée par le vih et n’avait pas le sida, beau-coup avaient peur d’être conta-minés par elle. Elle n’avait pas d’amis et on se moquait d’elle. La plupart des gens où vit Gaba sont chômeurs. Beaucoup sont infectés par le vih et meurent en laissant des orphelins. Les viola-tions des droits de l’enfant sont fréquentes. Mais aujourd’hui, plus personne ne se moque de Gaba. C’est une chanteuse et un défenseur des droits de l’en-fant et les enfants l’admirent. Quand elle peut, Gaba achète de la nourriture pour les pauvres et donne des paquets de vivres à ses camarades d’école.

– J’exige que les responsables politiques travaillent pour les droits de l’enfant. J’en ai parlé avec le ministre de l’éducation d’Afrique du Sud et avec bien d’autres représentants poli-tiques. Gabatshwane représente les enfants que le sida a rendus orphelins et les enfants qui luttent pour les droits des enfants opprimés.

Hannah Taylor, 16, CANADAÀ cinq ans Hannah a vu un SDF qui mangeait dans une poubelle. Depuis elle dit aux écoliers, responsables poli-tiques, directeurs et au Premier Ministre du Canada que personne ne doit être SDF. Elle a créé une fondation qui a recueilli des millions d’euros pour un projet en faveur des SDF et un pro-gramme pour les écoles.

– Nous voulons montrer que chacun peut s’engager et faire la différence pour les SDF et pour les droits de l’enfant. Nous devons partager et nous entraider. Quand je suis allée dans un foyer pour adoles-cents SDF, je les ai tous embrassés. Un garçon, très réservé, m’a dit : ’J’ai toujours cru que personne ne m’aimait, maintenant je sais que tu m’aimes’.Hannah représente les enfants qui luttent pour les droits de l’enfant, spéciale-ment pour les droits des enfants SDF.

QUE FAIT LE JURY DES ENFANTS ?

Membres du Jury des Enfants 2011 et Jury des Enfants 2012.

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Maria Elena Morales Achahui, 16, PÉROUÀ 12 ans, Maria Elena a quitté son village dans la montagne. Sans rien dire à ses parents. Elle a sept frères et sœurs et savait que la famille avait des difficultés. En plus elle trouvait que l’école du village était mauvaise. À Cusco, elle est devenue bonne chez sa tante. Elle n’avait pas de salaire, rien qu’un peu d’argent de poche. Et elle devait travailler tant qu’elle ne pouvait pas aller à l’école. Si elle protestait, la tante menaçait de la battre. Sa famille lui manquait et un jour Maria Elena est allée lui rendre visite. Quand elle est revenue, sa tante l’a mise à la porte. Maintenant, Maria Elena vit chez l’organisation Caith, va à l’école et fait partie d’un groupe qui défend les droits des bonnes. Maria Elena représente les filles qui travaillent comme bonnes, souvent dans des conditions proches de l’esclavage et se bat pour leurs droits.

Hamoodi Mohamad Elsalameen, 14, PALESTINEHamoodi vit dans une famille pauvre au sud de Hebron, en Cisjordanie, une région occu-pée par Israël.

– Une nuit les soldats israé-liens sont entrés dans notre village avec des chars d’as-saut.

Par haut-parleurs, ils ont ordonné à tout le monde d’al-lumer les lampes et ensuite se sont mis à tirer dans tous les sens. Il y a eu trois morts, dit Hamoodi. À cinq ans, Hamoodi a entendu dire qu’un petit garçon avait été tué et a dit : « Je veux un fusil ! » Mais maintenant, il participe aux pourparlers de paix. Il a des amis juifs avec lesquels il joue au foot plusieurs fois par mois en Israël.

– J’aime jouer au foot, mais nous n’avons pas de place au village. On joue sur un terrain loin d’ici, mais quand les sol-dats israéliens viennent arrê-ter quelqu’un, ils nous chassent. Ils gâchent tout, dit Hamoodi.Hamoodi représente les enfants dans les zones de conflit et les enfants qui vivent sous l’occupation.

Lisa Bonongwe, 16, ZIMBABWELisa avait quatre ans. Son père buvait et battait sa mère presque tous les soirs. Parfois jusqu’à la laisser par terre, sans connaissance. Si Lisa pleurait et lui criait d’arrêter, il la chassait, elle et son grand frère de la maison.

– Même en plein hiver, on devait dormir sur la véranda. Il faisait si froid, dit Lisa. Lisa avait sept ans, quand sa mère obligea son père à partir et quand Lisa s’est inscrite au Girl Child Network, un club pour filles à l’école qui les ins-truit sur leurs droits.

– Dans les clubs pour filles, nous parlons de ce qui est important pour nous. Les filles ne sont pas en sécurité au Zimbabwe. On nous maltraite, on nous viole et nous devons faire tout le travail ménager. S’il n’y a pas assez d’argent, c’est toujours les garçons qui vont à l’école. Je participe à l’organisation des manifesta-tions pour les droits des filles » Lisa représente les enfants qui se battent pour les droits des filles.

Brianna Audinett, 15, ÉTATS-UNISBrianna avait onze ans quand sa mère a quitté son père, un homme violent. Brianna et ses trois frères se sont retrouvés SDF à Los Angeles. Ils durent de déplacer souvent et vivre dans des motels, bien qu’il ne fût pas autorisé d’occuper une chambre à cinq. Finalement, ils trouvèrent un abri où ils purent rester six mois dans un dortoir à lits superposés avec d’autres SDF. Ils pouvaient à peine jouer

et devaient se taire. Mais, en face de l’abri se trouvait l’organisation School on Wheels, qui donna à Brianna et à ses frères aussi bien un endroit pour jouer, le matériel scolaire et l’aide pour les devoirs.

– Plus tard, je serai médecin j’aiderai surtout les SDF. Ils n’ont pas d’argent, mais je les aiderai, dit Brianna qui a finale-ment obtenu un logement et vit avec sa famille. Brianna représente les enfants qui sont SDF.

Les enfants du jury dirigent la cérémonie.

La Reine Silvia les assiste dans la remise des prix.

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Mae Segovia, 13, PHILIPPINESMae avaient neuf ans lorsqu’elle fut obligée de quit-ter l’école pour travailler afin d’aider sa famille. Elle dut dan-ser et se déshabiller devant une caméra dans un cyberca-fé. Les photos étaient envoyées dans le monde entier par internet. Il se passa deux ans avant que la police arrête le propriétaire du café qui exploitait Mae. À présent il est en prison, lui et d’autres per-sonnes qui regardaient les photos. Mais Mae ne put continuer à vivre dans sa famille. Elle risquait de nou-veau de se faire exploiter à cause de la misère. Aujourd’hui elle vit dans l’une des maisons sûres pour filles abusées de l’organisation Visayan Forum. Elle va à l’école et se bat pour les autres filles victimes d’abus.

– Ma famille me manque, mais j’aime l’école et je me sens mieux ici, dit Mae.Mae représente les enfants victimes du commerce sexuel et les enfants qui se battent pour les droits de l’enfant.

Nuzhat Tabassum Promi,14, BANGLADESH– Si le niveau de la mer monte d’un mètre, la partie sud du Bangladesh, où j’habite, dis-paraîtra sous l’eau. J’y pense souvent. Le réchauffement planétaire, responsable de la fonte des glaces polaires et dans l’Himalaya, provoque des cyclones et des inondations de plus en plus forts. Sur le chemin de l’école, le jour après le méga cyclone, il y avait des morts et des blessés partout, dit Nuzhat. Elle vit dans la petite ville de Barisal, dans le sud du Bangladesh. Tous les

Mofat Maninga, 15, KENYA– J’aimerais parler avec le président du Kenya et lui dire que les enfants ont des diffi-cultés. Que sa police bat les enfants qui vivent dans la rue et les met en prison. En prison ! Comment peut-on emprison-ner un enfant simplement parce qu’il est obligé de vivre dans la rue ? Comment peut-on voler sa liberté à un enfant ? Je dirais au président qu’il devrait plutôt prendre soin des enfants. Leur donner un endroit où vivre, à manger et la possibilité d’aller à l’école.

Mofat avait huit ans quand sa mère est morte du sida.

– Grand-mère s’était occu-pée d’elle et n’avait pas dit à quel point maman était mala-de. C’était un choc. Je me suis senti si seul.

Quelques années plus tard, Mofat tomba lui-même mala-de. Sa grand-mère s’occupa de lui, mais quand elle mourut, les autres membres de la

matins, elle met son uniforme scolaire, arrête un vélo taxi et se fait conduire à l’école.

– Tous les ans, des cyclones, des tempêtes très fortes, frappent le Bangladesh. Mais le pays est prêt et a un bon système d’alerte cyclonique. Le pire qui me soit arrivé c’est quand j’ai cru que l’école allait être emportée par le cyclone. Nuzhat représente les enfants dont les droits sont violés à la suite de catastrophes naturelles et de la dégradation de l’environnement, ainsi que les enfants qui exigent le respect des droits des filles.

Liv Kjellberg, 13, SUÈDE Au début on se moque de nous à cause de nos vête-ments ou parce qu’on est timide ou pour notre physique. Et puis ça continue avec des bousculades et ce genre de choses et cela dégénère de plus en plus, dit Liv. Déjà la première année d’école elle se retrouva à l’extérieur du cercle des filles. Elle mangeait seule à la cafétéria, on la harcelait, on la bousculait et on lui lan-çait des quolibets.

– Les enseignants ne se rendent pas toujours compte de ce qui se passe entre les élèves et quand on est victime de harcèlement, on n’en parle pas forcément. On se dit que demain ce sera mieux et que les autres m’accepteront.

Liv prit, elle-même la situa-tion en main, recueillit de l’ar-gent pour que l’organisation Friends, qui travaille contre le mobbing puisse venir à son école.

– Maintenant c’est agréable en classe. Plus personne ne me harcèle et je me suis fait sept amis à l’école, dit Liv.Liv représente les enfants qui sont victime de mobbing et les enfants qui se battent contre le mobbing.

Poonam Thapa, 16, NÉPALSe bat pour et représente les filles victimes de trafic de per-sonnes et qui sont vendues comme esclaves à des maisons closes et toutes les filles victimes d’abus. Pages 8–9

David Pullin, 15, GRANDE-BRETAGNE Représente les enfants séparés de leurs parents et pris en charge par la société ainsi que les enfants qui se battent pour les droits de l’enfant. Pages 10–11

Ndale Nyengela, 14, RD CONGO Représente les enfants soldats et les enfants dans les conflits armés. Pages 12–13

Emelda Zamambo, 12, MOZAMBIQUEReprésente les enfants orphelins et les enfants qui se battent pour les droits de l’enfant. Pages 34–39

Représentant des enfants

esclaves et des enfants qui

travaillent, PAKISTAN

Représentant des enfants dans

les zones de conflits et les

enfants engagés dans le dia-

logue de paix, ISRAËL

Représentant des enfants

handicapés

famille, chassèrent Mofat de la maison. Mofat avait 13 ans et dut vivre dans la rue. Mais aujourd’hui, il vit dans un home pour enfants des rues et va de nouveau à l’école. Mofat Maninga représente les enfants séropositifs et les enfants qui vivent dans la rue.

D'autres membres du jury des enfants

Enfants qui seront jurés :

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Poonam  Thapa,  16    (2012)  

 

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Poonama fait arrêter le trafiquant de personnes Poonam Thapa du Népal rencontra un garçon plus âgé qui la trompa et la vendit dans une maison close en Inde. Aujourd´ hui Poonam est libre et membre du jury du Prix des Enfants du Monde. Dernièrement elle put confondre le garçon qui l’avait vendue et le faire arrêter par la police.

disparu. Elle n’osa rien dire avant qu’il soit parti. Mais quand Poonam raconta que c’était bien le jeune homme qui l’avait vendue, on lui ten-dit un piège pour qu’il revienne.

– Je n’ai jamais vu cette fille et je ne suis jamais allé en Inde, dit le jeune homme. Il ne peut en dire plus car l’indi-

– Tu m’as poussée à fuir en me promettant qu’on se marierait, crie Poonam au garçon plus âgé, qu’on a fait asseoir sur un banc de l’orga-nisation Maiti Nepal dans la capitale, Katmandu.

Poonam reconnut l’homme lorsque, il y a une semaine, il vint au centre de Maiti pour chercher sa femme qui avait

gnation de Poonam explose. – Je sais le nom de ton père,

je sais qu’il ne voit pas d’un œil, alors arrête de mentir !

Anuradha Koirala, la fon-datrice de Maiti Nepal appelle la police et prie Poonam, qui aujourd’hui a 16 ans, de tout raconter depuis le début.

Poonam grandit dans le vil-

lage de Ichtko, au Népal, l’un des pays, les plus pauvres du monde. Les jeunes du village rêvaient d’une autre vie. Les trafiquants de personnes venaient souvent au village pour essayer de flouer les jeunes filles en leur promet-tant un travail qui n’existait pas. Les parents ne compre-naient pas toujours le danger, ils croyaient que l’offre était une chance magnifique. Une bouche de moins à nourrir et qui plus est, un revenu.

Poonam n’avait pas de parents et c’est très jeune qu’elle alla à Shimla, une ville indienne pour cueillir des pommes et des champignons et servir dans un restaurant. C’est là qu’elle rencontra le garçon de quelques années son aîné.

Trompée et vendue À 14 ans, Poonam était reve-nue dans son village, au Népal quand son grand amour lui proposa de fuir dans la grande ville de Mumbai, en Inde pour se marier et vivre avec lui.

– Mais tu dois partir un jour avant moi, pour que personne ne soupçonne que nous sommes partis ensemble. Nous nous verrons en Inde, dit le jeune homme à Poonam.

Au terme de plusieurs jours de voyage en voiture et en bus, Poonam arriva dans une sombre ruelle d’une banlieue du Mumbai, une ville de 14 millions d’habitants. Mais il y avait quelque chose d’étrange. La pièce était pleine de filles. Plusieurs plus jeunes qu’elle. Du garçon qui devait la retrouver, aucune trace.

L’homme qui a vendu Poonam est arrêté. Le Népal a une nouvelle loi contre le trafic de personnes et il peut être condamné à 20 ans de prison et un dédommagement à Poonam correspondant à cinq ans de salaire.

– Tu m’as trompée, crie Poonam bouleversée au gars qui l’a vendue à un bordel.

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Encore plus d’esclaves de nos jours 200.000 filles et femmes népalaises sont esclaves dans des bordels en Inde. Chaque année, le nombre croît de 12.000 filles, dont beaucoup n’ont pas 16 ans. Il y a envi-

ron 1,2 millions d’esclaves sexuels au monde. Le gain provenant de l’esclavage sexuel est estimé

entre 9,5 et 32 milliards de USD. Il y a plus de 12,3 millions d’esclaves au monde, à peu près autant que la totalité des esclaves qui furent envoyés d’Europe en Amerique, entre le 15ème et le 19ème siècle. Selons certains il y aurait 27 millions d’esclaves.

L’une des femmes de la maison dit à Poonam de prendre un bain et de mettre un jupe courte. Ensuite on la maquilla. Les hommes qui entraient l’obligèrent à boire de l'alcool et tout le monde parlait de « clients »

– C’est quoi un client ? demanda-t-elle à Mala, une fille plus âgée.

– On t’a vendue, ceci est un bordel, répondit Mala.

En enferLe soir, beaucoup d’hommes vinrent au bordel. Poonam refusa de se laisser toucher. Elle pleura, cria, donna des coups de pied et mordit. On la maîtrisa, fouetta avec des câbles électriques et on la brû-la avec des cigarettes jusqu’à ce qu’elle cède. Chaque jour, entre dix et quinze hommes abusèrent de Poonam. Si elle essayait de se sauver, on l’en-fermait.

Après dix mois, la police indienne, fit un raid dans le bordel. On les avait avertis qu’il y avait des enfants et ils emmenèrent Poonam.

C’est ainsi que Poonam

Le silence se fait dans la pièce. Selon la nouvelle loi du Népal, « Human Trafficking Act » (Loi sur le trafic de per-sonnes) l’homme risque 20 ans de prison et de devoir payer l’équivalent de cinq années de salaires à Poonam.

– Tant qu’il y a des per-sonnes qui sont prêtes à vendre des personnes, il est difficile pour nous policiers d’intervenir, dit le policier. Il pense que Poonam est très courageuse.

– À la moindre hésitation, il est difficile de confondre quelqu’un, dit-il en emme-nant le trafiquant de per-sonnes dans le fourgon de police.

arriva à l’organisation Maiti Nepal, qui reçut le Prix des Enfants du Monde en 2002 pour son travail en faveur des filles victimes de trafic de per-sonnes et de toutes les filles abusées.

La police arrive Le walkie-talkie du commis-saire de police grésille quand il fait irruption dans la pièce chez Maiti Nepal où Poonam et le garçon qui l’a vendue attendent.

– Oui, oui, j’ai vendu Poonam pour 40.000 roupies indiennes (1.000 USD) mais ça a été la première et la der-nière fois que j’ai vendu une fille ! reconnait l’homme que Poonam a désigné.

Poonam reste assise dans la pièce complètement lessivée. Malgré tout cela, son avenir se présente mieux. Chez Maiti Nepal, elle et d’autres resca-pées, reçoivent de l’aide et une formation professionnelle.

Dans le jury du Prix des Enfants du Monde, Poonam représente et se bat pour les filles victimes de trafiquants de personnes et qui sont vendues à des bordels, comme esclaves, et pour toutes les filles victimes d’abus.

Poonam offre des fleurs à la reine Silvia, lors de la cérémonie de remise des prix du Prix des Enfants du Monde, au château de Gripsholm, à Mariefred, en Suède

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David  Pullen,  15    (2012)  

 

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David se bat pour les enfants assistés

« Quand j’étais petit, je vivais avec mon père et ma mère. Ils étaient alcooliques et me lais-saient souvent seul dans l’ap-partement quand ils sortaient pour boire. Parfois j’étais seul toute la journée. Je ne pouvais pas m’en aller parce qu’ils m’enfermaient. Il n’y avait jamais assez à manger, que des chips, biscuits et un peu de pain. Je n’avais pas d’amis et j’allais me coucher tout seul. C’était pénible parce que j’avais peur du noir.

Quand j’ai commencé l’école, les enseignants ont compris que quelque chose n’allait pas. J’étais sous-ali-

menté et mes vêtements étaient toujours sales et trop petits. Et comme je n’avais pas l’habitude des autres, j’étais toujours seul, dans un coin. Maman sentait souvent l’alcool quand elle venait me chercher. Papa a fini en prison et mes enseignants ont contacté les services sociaux et leur ont expliqué que je n’étais pas bien à la maison.

J’avais sept ans quand on a décidé que je serai placé dans une famille d’accueil. Même si ça ne marchait pas bien à la maison, je voulais quand même vivre avec mes parents et je me faisais beaucoup de

soucis. Est-ce que la nouvelle famille serait gentille et m’ai-merait ?

La Voix des Enfants Mais je me suis senti tout de suite en sécurité. Ils m’ont embrassé et m’ont souhaité la bienvenue. Très vite c’était comme ma vraie famille. Et, à l’école, je me suis fait des amis. Mais je me sentais mal-gré tout un peu seul, car per-sonne n’avait vécu ce que j’avais vécu. Alors mon assis-tant social m’a parlé de la Voix des Enfants, où les enfants que la société a pris en charge, peuvent se rencontrer et parler de ce qu’ils ont vécu et se soutenir. Je fais partie des la Voix des Enfants depuis trois ans. Au début c’était sur-tout moi qui avais besoin de soutien, maintenant je m’oc-

cupe de ceux qui ont besoin de mon aide. Car, même si c’était très dur pour moi quand j’étais petit, j’ai quand même eu beaucoup de chance. J’ai une nouvelle famille fan-tastique et je suis heureux. Mais je sais que tous les enfants qui ont été pris en charge par la société n’ont pas eu la même chance et je veux me battre pour leurs droits.

J’ai participé à la rédaction d’un prospectus d’informa-tion en faveur des enfants que chaque enfant placé devrait avoir. Il y a des informations sur les droits de l’enfant, le harcèlement et des numéros de téléphone importants

Le père et la mère de David étaient alcoo-liques et quand il était petit on le laissait seul toute la journée. Aujourd’hui, il vit dans une famille d’accueil et se bat pour les enfants dans la même situation. David Pullin, 15 ans, de Grande Bretagne est membre du jury du Prix des Enfants du Monde, où il représente les enfants séparés de leurs parents et pris en charge par la société.

– Mon rêve est que tous les enfants dont s'occupe la société vivent bien et aient des droits, comme tous les autres enfants.

– Tous les membres du Conseil communal de la commune de Staffordshire ont signé un engagement, The Pledge, dans lequel ils promettent de faire respecter nos droits, dit David.

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se bat pour les enfants assistés projet la Voix des Enfants et le Conseil des enfants, ce qui augmente notre influence à propos des questions qui nous concernent. Dernièrement, tous les membres du Conseil communal ont signé un enga-gement - The Pledge – pré-senté par notre Conseil des enfants, où ils promettent de reconnaître nos droits. Entre autre, le droit à des assistants sociaux bien formés, qui s’in-téressent à nous. J’en suis très content, car c’est justement pur cela que je me bats. Pour

d’hôpitaux, services sociaux et responsables des droits de l’enfant au sein du gouverne-ment. Il est important que tous les enfants assistés connaissent leurs droits et sachent vers qui se tourner pour exiger qu’ils soient res-pectés.

Conseil des enfants Dans le Staffordshire où je vis, il y un Conseil des enfants où les douze membres sont des enfants assistés. Les autres enfants du projet la Voix des Enfants ont voulu que je fasse partie du Conseil des enfants, ce qui est le cas depuis deux ans. J’ai entre autre contribué à ce que les enfants placés aient plus d’ar-gent de poche. Avec les membres adultes du Conseil communal, je visite des orphelinats pour m’assurer que les enfants y sont bien traités. Si les portes ou les meubles ne sont pas en bon état, si les fenêtres sont sales et si le ménage n’est pas fait, je

fais un rapport au Conseil communal qui fait le néces-saire. Un garçon d’un orphe-linat ne recevait que la moitié de l’argent de poche dont il avait droit. Je m’en suis plaint au directeur et au Conseil communal et le jour suivant tout était réparé !

Une autre tâche très impor-tante que j’ai au sein du Conseil des enfants ce sont les interviews que je fais des adultes qui veulent travailler dans la commune avec les enfants assistés. Je cherche des adultes qui mettent tou-jours le bien des enfants avant tout, qui sont comprehensifs et amusants ! Jusqu’à présent, les adultes ont engagé les personnes que nous avons recommandées !

Les adultes écoutent Je sens que les autorités ici dans le Staffordshire nous écoutent, nous les enfants qui sommes pris en charge par la société. Ce sont les autorités qui ont été les initiateurs du

que l’on nous respecte et pour que nous ayons une voix. Mon rêve est que tous les enfants dont s’occupe la société vivent bien et aient des droits, comme tous les autres enfants.

Ma mère ne boit plus et nous nous voyons régulière-ment, mais nous avons décidé que je resterai dans ma nou-velle famille jusqu’à ma majo-rité » David représente les enfants qui ont été séparés de leurs parents et qui sont pris en charge par la société.

Vélo pour tous ! – Les enfants assistés n’ont souvent pas de vélo et ce n’est pas bien, nous voulons nous amuser comme les autres. J’en ai parlé aux autorités et je leur ai dit que tous les enfants qui n’ont pas les moyens d’acheter un vélo ou qui ont une famille d’accueil qui n’a pas les moyens, devraient en recevoir un de la commune. Ils étaient d’accord ! Mais ils ont dit que c’était au Conseil des enfants de lancer le projet. En ce moment, il y a déjà douze enfants qui circulent avec le vélo qu’ils ont reçu de nous !

– Je fais partie de la Voix des Enfants depuis trois ans. Au début c’était surtout moi qui avais besoin de soutien, maintenant je m’occupe de ceux qui ont besoin de mon aide, dit David.

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Ndale  Nyengela,  14    (2012)  

 

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Ndalea dû échanger la plume contre le fusil

– C’est ça ta plume, maintenant, dit le sol-dat en tendant un fusil à Ndale Nyengela, qui à onze ans, a été en-levé sur le chemin de l’école par un groupe armé en RD Congo.

Aujourd’hui Ndale a 14 ans, il est libre et membre du jury du Prix des Enfants du Monde.

« C’était un jour comme les autres. Je me suis réveillé au lever du soleil, je me suis lavé et ai mis mon uniforme sco-laire. J’ai pris mon cartable avec plume, cahier et règle et

je suis allé à la rencontre de mes camarades de classe. Nous étions six, nous cou-rions par moments, car nous étions en retard.

Nous avons pris un rac-courci à travers la forêt. Soudain, nous avons vu deux soldats armés entre les arbres. Quand ils nous ont appelés, il était trop tard pour rebrous-ser chemin.

– Où allez-vous, les garçons ? a demandé un soldat.

Il a pris nos cartables et les as vidés sur le sol. Ils ont aussi trouvé l’argent que j’avais avec moi pour payer les taxes scolaires et pour acheter des haricots. C’était jour de mar-ché et ma mère m’avait demandé d’acheter deux kilos de haricots bruns.

– Vous comprenez, les gar-çons que dans ce pays, il n’y a pas assez de soldats, alors il est temps que vous nous aidiez, dit l’autre soldat.

– Mais, nous devons aller à l’école, j’ai dit.

– Écoute bien, toi ! Si tu dis-cutes, on vous tue sur-le-champ. Compris !!? dit-il en

nous frappant la tête avec une canne.

J’avais si peur que j’ai pensé que Dieu m’avait abandonné. Sinon pourquoi est-ce qu’une telle chose me serait arrivée ? J’ai pensé à maman et à papa et à mes frères et sœurs.

Le cauchemar était réalitéOn a marché trois jours sans manger, ni dormir. On n’avait pas le droit de se parler. Si on marchait trop lentement, ils nous donnaient des coups de pieds en nous injuriant. J’étais fatigué. Un soir, ils ont mis le feu à nos uniformes scolaires. Tout avait l’air d’un cauche-mar. Mais tout était réel.

Au bout de trois jours, nous sommes arrivés à leur camp. Quand j’ai vu tous les soldats et comment ils vivaient dans des maisons faites de branches et de morceaux de

plastiques, j’ai pensé : – C’en est fini de moi. Je

suis un écolier, qu’est-ce que je fais parmi toutes ces armes ?

Un soldat nous a donné des uniformes et des armes.

– Voici ta plume, a-t-il dit, en me tendant un fusil.

L’uniforme était trop grand pour moi, mais une femme a coupé les manches et les jambes des pantalons.

Il y avait d’autres enfants soldats dans le camp. Ils nous ont demandé si nous avions de l’argent. Mais nous n’en avions pas. Le jour suivant on a commencé à s’entraîner à tirer avec le fusil. Je n’arrêtais pas de penser :

– Je ne veux pas apprendre à tirer, je suis un écolier.

Quand nous avons pu manipuler le fusil, ils nous ont dit que nous allions apprendre à tuer.

Ndale était sur le chemin de l’école quand il a été enlevé et contraint à devenir soldat. Aprés trois ans, il a pu s’enfuir.

– Maintenant ma vie a repris son cours, dit-il.

« Oui à l’école et plus jamais de camps militaires », disent les banderoles. À l’organisation BVES, Ndale et les autres enfants soldats libérés reçoivent l’assistance nécessaire pour dépasser les choses horribles qu’ils ont vécues et pour reprendre l’école. Mais d’abord, ils vont enlever leur uniforme.

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– Cet arbre est une personne. Essaie de viser droit au cœur !

Participe à la guerre Cela faisait deux mois que nous étions dans le camp, quand un matin on a entendu des cris :

– Les ennemis arrivent pour se venger ! Tous les hommes prêts au combat !

Quelques jours plus tôt, des soldats de notre camp avaient attaqué une autre armée et volé une vache et d’autres choses. L’armée venait pour reprendre ce qui avait été volé.

Nous les enfants, devions aller en première ligne. C’était toujours ainsi. Nous nous sommes cachés dans la forêt près d’un chemin. Quelqu’un s’est mis à tirer. Je ne peux pas décrire à quel point j’avais peur. C’était mom premier combat et il fai-sait presque nuit. Je n’avais aucune idée de ce qui se pas-sait. Des gens qui tombaient, morts à côté de moi. Des gens qui criaient. Tous ces coups de feux. J’étais submergé par la peur. Si j’essayais de me reti-rer, les autres soldats me pous-saient en avant en me disant :

– Si ton ami meurt, ne t’en occupe pas, enjambe-le ! C’est ton devoir !

Deux de mes camarades ont été tués dès les premiers jours. Les combats ont duré douze jours. Tout ça pour une vache.

Quand je suis revenu au camp, cela faisait des jours que je n’avais ni dormi, ni mangé. Mais quand il aurait été possible de dormir, je ne le pouvais plus à cause de toutes les pensées et des cauchemars à cause de ce que j’avais vécu.

La fuite Je suis resté trois ans dans cette armée. Un jour, un de mes amis, un soldat adulte m’a dit :

– Fuyons ensemble ! J’ai entendu à la radio que les troupes de l’ONU et des gens du BVES sont ici pour aider les enfants soldats à se libérer.

Son plan était de se procu-

rer des vêtements civils d’un vendeur ambulant qui venait au camp. De mettre les vête-ments sous les uniformes et de partir pendant la nuit.

Et une nuit, nous sommes partis. Arrivés dans la forêt, nous avons jeté nos armes et enlevé notre uniforme. Nous avons dormi dans la forêt et avons ensuite pu aller dans nos vêtements civils à l’en-droit où se trouvaient les libé-rateurs des enfants soldats. Nous n’avons pas perdu de temps.

– Nous avons fui une armée et vous voyez bien que c’est un enfant. Pouvez-vous vous occuper de lui ? dit mon ami à un homme du BVES qui se tenait près d’une grande voi-ture blanche de l’ONU.

– N’aie pas peur, nous nous occuperons de toit, me dit l’homme.

J’étais si heureux et ma vie a repris son cours. Ici au BVES, je suis tranquille. Je peux aller à l’école. Ce que j’aime le mieux c’est la musique, l’anglais, la géographie et l’histoire.

Quand j’aurai terminé mes études, je veux composer de la musique qui parlera de l’ar-mée et des droits de l’enfant, pour que tout le monde com-

prenne les droits de l’enfant. Je veux faire en sorte qu’on ne transforme pas les enfants en soldats. Les adultes doivent se souvenir qu’ils ont été des enfants. Beaucoup l’oublient. Mais je veux aussi m’occuper de mes parents » Ndale représente les enfants soldats et les enfants dans les conflits armés.

« Oui à l’uniforme scolaire » et « Plus jamais ces tenues pour les enfants » disent les banderoles. Les enfants soldats ont enlevé leur uniforme militaire pour le brûler.

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Mofat  Maninga,  14    (2010)  

 

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Mofat

Nkosi

Mofat

Le garçon qui dit les célèbres mots de Nkosi, s’appelle Mofat Maninga, il a 14 ans et vient du Kenya. Les enfants des rues dans la ville de Kisumu fêtent la Décennie du Vote Mondial et Mofat y représente le candidat Nkosi.

– Mais je n’ai pas à me forcer beaucoup. La vie de Nkosi et la mienne se ressemblent sur bien des points, dit Mofat, qui est un nouveau membre du Jury des Enfants au Prix des Enfants du Monde. Il représente les enfants atteints du vih/sida et les enfants qui vivent dans la rue.

Mofat a grandi dans la famille de sa mère. Avec des cousins plus

âgés, il gardait les vaches et les chèvres de son grand-père. Sa mère était infirmière et ils avaient toujours de quoi man-ger. Ils vivaient bien. Mais, quand Mofat avait quatre ans, tout a commencé à changer. Ce fut d’abord la mort de grand-père et quelques années plus tard celle de sa petite sœur.

– Et quand j’avais huit ans, c’est maman qui est morte. C’est grand-mère qui l’avait soignée et pour me protéger, elle ne m’avait pas dit à quel point maman était malade. C’était un choc. Je me suis

senti si seul. Dans mon som-meil, j’entendais souvent maman m’appeler et j’étais si heureux d’entendre sa voix ! Quand je me réveillais, la vie me paraissait si injuste.

Peur de mourir Quelques années plus tard, ce fut Mofat lui-même qui tom-ba malade.

– J’ai attrapé une sorte de toux et un rhume qui ne pas-saient pas. A la fin, grand-mère était si inquiète qu’elle m’a amené à l’hôpital. Elle a dit au médecin que maman avait eu la même toux avant de mourir et qu’elle était morte du sida. Je ne savais pas ce que c’était, mais j’étais

inquiet. Le médecin m’a fait passer des tests et il s’est avéré que moi aussi j’étais porteur du vih. Un psychologue m’a expliqué que le vih pouvait donner le sida et que je devais commencer à prendre des médicaments immédiate-ment. J’avais très peur. Peur de mourir.

Grand-mère s’occupa de Mofat et fit de son mieux, mais elle était âgée et malade. Mofat devait faire presque tout à la maison. Il lavait les vêtements, faisait la cuisine et gardait les vaches tout en devant suivre l’école et se sou-venir de prendre ses médica-ments vitaux à heures fixes.

– À la fin, j’étais si épuisé

Ne volez pas aux enfants leur liberté ! – Comme Nkosi l’a fait, quand il a parlé avec le président de l’Afrique du Sud, je veux aussi parler avec le président du Kenya pour lui dire que la vie est dure pour les enfants. Que sa police bat les enfants qui vivent dans la rue et les met en prison. En prison ! Comment peut-on enfermer un enfant parce qu’il est obligé de vivre dans la rue ? Comment peut-on voler sa liberté à un enfant?! Je dirais au président qu’il devrait plutôt prendre soin des enfants. Qu’il leur donne un endroit pour vivre, quelque chose à manger et la possibilité d’aller à l’école.

courageux comme Nkosi

Informe-toi sur le héros de Mofat, Nkosi Johnson, qui en 2002, à titre posthume – après sa mort – a été honoré par le Prix des Enfants du Monde pour son combat en faveur des enfants frappés par le vih/sida, sur www.worlds-childrensprize.org

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– Bonjour, je m’appelle Nkosi Johnson. J’ai onze ans et j’ai le sida…

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Mofat Maninga, 14

devaient arrêter, mais ils ne m’écoutaient pas. Ils ne m’ont lâché que quand je me suis mis à tousser si fort qu’ils ont dû avoir peur que je meure. Cela est arrivé plusieurs fois. Une fois, ils ont appelé mon oncle, mais il a dit qu’il ne savait pas qui j’étais.

Devient enfant des rues – À la fin, les gens m’ont menacé en me disant que si je n’arrêtais pas de voler, ils me mettraient dans un pneu imbibé d’essence et qu’ils y mettraient le feu. Alors j’ai eu vraiment peur. J’ai décidé d’aller à Kisumu pour repren-dre l’école.

Cela ne se passa pas comme Mofat avait espéré. À la ville, les seules personnes qui l’ac-cueillirent comme un ami, ce furent les enfants qui vivaient dans la rue.

– La journée, nous cher-chions de la nourriture dans les poubelles des restaurants et le soir nous mendions aux arrêts de bus. La nuit, nous dormions les uns contre les autres avec des sacs en papier comme couvertures. Dans mon groupe, nous étions sept et nous essayions de nous pro-téger les uns les autres. Ce qui était vraiment nécessaire, parce que, presque chaque nuit, la police venait nous

que j’ai perdu connaissance et j’ai été hospitalisé plusieurs jours. J’aurais dû y rester plus longtemps, mais nous n’en avions pas les moyens. Quand je suis retourné à la maison, j’ai appris que grand-mère aussi était à l’hôpital. Mes tantes venaient parfois me

te et que personne dans la famille ne voulait plus s’occu-per de moi. Ils avaient peur d’être infectés. Je ne savais pas comment faire et je leur ai demandé de l’aide, mais elles ont refusé. Au lieu de cela, elles m’ont obligé à quitter la maison de grand-mère. J’avais alors treize ans.

Mofat quitta le village et se retrouva dans la rue d’une petite ville voisine. La seule chose qu’il put prendre, c’étaient les vêtements qu’il

réveiller. Ils nous battaient et nous devions nous enfuir. Ceux qu’on prenait, étaient emmenés au poste de police où ils étaient malmenés et étaient ensuite enfermés dans la prison pour mineurs. Mofat allait de plus en plus mal à vivre dans la rue. Il ne prenait plus de médicaments, il avait des irruptions cuta-nées sur tout le corps et tous-sait pratiquement tout le temps.

Vit dans un centreUn jour il suivit quelques copains dans un centre de jour pour enfants des rues qui s’appelle HOVIC. On lui donna à manger et il com-mença l’école.

– J’avais confiance dans les dirigeants, alors une semaine plus tard, j’ai dit que j’avais le vih. Ils m’ont amené aussitôt à l’hôpital pour que j’aie de

voir avec un peu de nourritu-re, mais repartaient toujours aussi vite qu’elles le pou-vaient.

La police a frappé – Une après-midi elles m’ont dit que grand-mère était mor- portait : ses shorts, un t-shirt et

une paire de sandales. Il n’avait pas un centime. Pour survivre, il se mit à voler des poules et des poulets qu’il vendait au marché. Mais on l’arrêta.

– Trois policiers m’ont emmené au poste de police. Ils m’ont lié pieds et mains et m’ont battu. Ils me fouet-taient en criant qu’ils m’ap-prendraient ce qui arrive à ceux qui volent. J’essayais de leur dire que c’était ma seule chance de me nourrir et qu’ils

Nous sommes une famille – Les autres garçons sont mes amis, mes frères. Nous sommes une famille. Il arrive parfois que certains ne veuillent pas que je m’assoie sur leur lit quand nous nous racontons des histoires, le soir. Ils voudraient que je m’assoie par terre. Ils ont peur d’être infectés et cela fait toujours très mal, dit Mofat.

Avec ses vêtements préférés…

…et avec l’uniforme scolaire.

– Mes préférées, ce sont des sandales faites avec un vieux pneu. Le bout retourné vers le haut, c’est ce qu’il y a de plus chic en ce moment. Ce type de sandales s’appelle Akala, dit Daniel Owino, 14 ans.

Les chaussures préférées des amis ! …et celles de son ami Daniel.

Celles de Mofat…

Nous adorons le foot – Nous jouons souvent au foot et j’adore ça, mais je n’en ai pas toujours la force. Je tousse et la tête me tourne quand je cours trop vite, dit Mofat. – Le ballon, c’est moi qui

l’ai fait !

Pas de colle !Mofat à l’arrêt de bus où il dor-mait. Il vient voir ses copains qui y vivent encore.

– Beaucoup sniffent de la colle pour oublier les problè-mes et se réchauffer, mais je n’ai jamais commencé. La col-le les rend tous violents et bizarres, ce qui fait que je n’ai jamais eu envie, dit Mofat.

Aime : Jouer avec la Playstation ! Quelques-uns de mes amis l’ont ! Déteste : Qu’on maltraite des gens. Le meiLLeur : Quand je suis allé au parc des impalas avec l’école. Les antilopes impalas sont si belles. J’adore les animaux sauvages ! Le pire : Chaque fois que je suis si malade que je dois retourner à l’hôpital. J’ai peur et je ne veux pas mourir. Veut être : Médecin et sauver des vies. rêVe : Que tous les enfants au monde vivent bien.

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nouveaux médicaments. Le médecin a expliqué que c’était très dangereux de continuer à vivre dans la rue, puisqu’il ne pensait pas que je pourrais me nourrir assez bien et régulière-ment pour profiter des médica-ments que je devais prendre à heures fixes. Alors les diri-geants du HOVIC ont dit que, si je voulais, je pouvais aller habiter dans leur foyer pour garçons, ex enfants des rues. J’y suis depuis bientôt une année. Je m’y sens chez moi.

Tous les soirs, à 19h30 les garçons se rassemblent. Ensemble, ils lisent Le Globe.

– Ce sont des réunions très importantes et nous qui savons l’anglais, nous traduisons en swahili pour les autres. Avant le Vote Mondial, nous tra-vaillons beaucoup avec Le Globe aussi pendant la jour-née, hors du centre, avec tous les enfants des rues de la ville. C’est ainsi que nous avons été instruits sur nos droits, la démocratie et comment se déroule un vote.

Nkosi est son héros ! – J’adore lire Le Globe. À pré-sent, je sais que même moi j’ai des droits, que tous les enfants ont droit à vivre bien. Ce qui m’inspire le plus c’est le récit sur Nkosi Johnson d’Afrique du Sud. Il est mon héros ! Nous avons la même histoire. Les membres de notre famille sont morts autour de nous, les gens avaient peur et nous ont laissés tomber. Mais Nkosi était fort et courageux d’oser parler ouvertement qu’il avait le sida et d’exiger que tous les enfants malades du vih/sida soient aus-si bien traités que les autres enfants. Qu’ils avaient droit aux médicaments, à aller à l’école et droit à l’amour et à l’amitié. C’est exactement comme ça que je veux être ! Et Nkosi m’a donné la force de devenir cette personne. Je veux me battre pour tous les enfants qui sont atteints du hiv/sida et pour les enfants qui vivent dans la rue.

Mofat lit Le Globe.

07h00 Sept comprimés

13h00 Trois comprimés

19h00 Onze comprimés

Beaucoup de médicaments – Maintenant je peux aller chez le médecin quand j’en ai besoin et ici je peux prendre mes médicaments et manger régulièrement. Je suis en bien meilleure santé que dans la rue. J’ai même pu reprendre l’école. Le problème est qu’il s’agit d’un internat et dès que je suis un tant soit peut malade, on me renvoie au centre. Ils ne veulent pas que je meure à l’école. Alors, je manque une grande partie des cours, raconte Mofat.

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Nuzhat  Tabassum,  13    (2010)  

   

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Nuzhat a peur de se noyer – Si le niveau de la mer monte d’un mètre, le sud du Bangladesh, où je vis, sera inondé. J’y pense souvent, raconte Nuzhat, 13 ans. Le réchauffement global qui fait fondre les glaces autour des pôles et au sommet de l’Himalaya provoque plus de cyclones et d’inondations. Sur le chemin de l’école, le jour après l’énorme cyclone Sidr, j’ai vu partout des morts et des blessés.

Nuzhat est un nouveau membre du Jury des Enfants au Prix des Enfants du Monde. Elle y représente les enfants dont les droits sont violés à la suite de catastrophes naturelles et de pollution, mais aussi les enfants qui exigent que l’on respecte les droits de filles.

Nuzhat habite dans la petite ville de Barisal, dans le sud du

Bangladesh. Tous les matins, elle met l’uniforme scolaire, arrête un cyclo pousse et se fait conduire à l’école.

– J’adore aller à l’école et apprendre. Le pire qui me soit arrivé c’est quand j’ai cru que l’école avait été emportée par le cyclone Sidr.

Les cyclones, de très fortes tempêtes, frappent chaque année le Bangladesh. Le pays est bien préparé et possède un bon système d’alarme cyclo-nique.

– Nous savions qu’un fort cyclone allait frapper. Heureusement, nous n’habi-tions plus au village où se trouve toute la famille et où nous avions une maison. Mes parents avaient loué un appartement en ville pour que ma sœur et moi puissions

fréquenter une bonne école. Quand nous sommes nées, mon père a planté beaucoup d’arbres autour de notre mai-son au village. Il pensait les abattre et les vendre petit à petit pour payer nos études. Pendant toute mon enfance, je me sentais en sécurité à la pensée de ces arbres qui pous-saient tout autour de notre maison.

– Mais voilà qu’un horrible

cyclone arrivait. Nous étions préparés et avions de la nour-riture et de l’eau dans l’appar-tement. Le soir, où le cyclone s’est jeté sur nous, je lisais à la lumière d’une bougie. Le toit en tôle du voisin s’est détaché et est venu s’abattre contre la fenêtre où je me trouvais. Je n’ai pas été blessée mais une fille du voisinage a été tuée par la chute d’un arbre. J’ai eu très peur. Je croyais qu’en

– Si le niveau de la mer monte, cette partie du Bangladesh sera inon-dée, explique Nuzhat.

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Nuzhat Tabassum Promi, 13

les jours. Je parle avec maman et papa de ce que je lis. À l’école on a aussi parlé de l’ef-fet de serre qui fait que la ter-re se réchauffe. Cela fait fon-dre les glaces des pôles et de l’Himalaya. Si le niveau de la mer s’élève d’un mètre, tout le sud du Bangladesh disparaî-tra sous l’eau. Où iront alors les survivants, dans un pays qui a déjà une des plus fortes densités de population du monde ? Je me fais du souci. Nous devons arrêter le

montant, l’eau du fleuve nous aurait tous emportés. Au cours de toute cette horrible nuit, j’ai prié Allah pour qu’il arrête le cyclone. Heureusement, dans notre ville, l’eau n’est jamais mon-tée, mais le cyclone Sidr a fait des milliers de victimes.

Un vrai cauchemar Le matin la tempête s’était apaisée. La seule chose qui

Le fait que la terre se réchauffe suite à l’activité

humaine, constitue une gran-de menace pour nous tous. Le réchauffement global, qui fait fondre les glaces de l’Hi-malaya, du Groenland et du

Le Bangladesh se noie quand la terre se réchauffe Les droits de l’enfant et l’environnement

réchauffement de la planète. Mais, tous les pays devront y contribuer.

Les filles ont la même valeur Ce qui irrite le plus Nuzhat ce sont les gens qui prennent ses parents en pitié parce qu’ils n’ont eu « que » deux filles et pas de garçons.

– Les filles valent autant que les garçons. L’autre jour, j’ai lu qu’un homme est sorti

occupait les pensées de Nuzhat était de savoir ce qui était advenu de son école. En sortant de chez elle, elle fut frappée par des vues effroya-bles. Maisons rasées, arbres arrachés et fatras dans toutes les rues.

– J’ai vu des centaines de morts et beaucoup de blessés. C’était un vrai cauchemar, mais je me suis frayée un che-min, je voulais savoir si l’école était toujours là. Elle y était.

Plus tard, Nuzhat apprit que leur maison au village avait était rasée au sol par le cyclone et que tous les arbres

Pôle Sud, fera monter le niveau de la mer dans le mon-de entier, peut-être de quel-ques mètres. Selon les cher-cheurs, un quart du Bangladesh disparaîtra sous l’eau d’ici cent ans. Ce qui

Par les inondations et les grandes sécheresses qu’il cause, le réchauffement planétaire viole les droits de l’enfant, ceci parce que : • Les enfants ne sont pas scolarisés puisque les écoles ferment. • Les enfants perdent leur maison et leur famille. • Les enfants sont obligés de fuir. • Les enfants tombent malades. • Les enfants meurent.

avec sa petite fille. Plus tard on a trouvé la fille noyée dans le fleuve. Il a dit à sa femme : Pourquoi tu m’as donné une fille ? Ce genre de choses me rendent folle de rage. Mais je sens que mes parents sont heureux et fiers de ma sœur et moi.

Nuzhat va dans une école avec 2.600 filles.

– Dans ma classe il y a 98 élèves, mais un seul

que son père avait plantés avaient été déracinés.

Ce fut alors que commença l’engagement de Nuzhat pour l’environnement, le climat et l’avenir. Avec son père, elle rendit visite aux victimes. Elle n’oubliera jamais leur désespoir. Ils n’avaient plus de domicile, de nourriture, d’eau potable, de vêtements. Après le cyclone Sidr et après le cyclone suivant, elle et sa meilleure amie, recueillirent de l’argent pour les plus démunis.

– Depuis, j’essaie de com-prendre ce qui se passe avec le climat. Je lis le journal tous

accélérera la déforestation On pense que, sur 150 mil-lions de Bangladais, 35 mil-lions seront réfugiés climati-ques déjà au cours des 30 prochaines années. Le Bangladesh fait partie de ces

niveau actuel, le réchauffe-ment global augmentera de plus en plus. Ce qui peut provoquer une augmentation de la température de la pla-nète de deux à six degrés. Chaque degré aura de gra-ves conséquences pour les gens, les animaux et l’envi-ronnement. Il se pourrait que

plusieurs pays insulaires dis-paraissent complètement. Ailleurs, ce sera la sécheres-se et le désert qui augmente-ront.

Le buisson à fard près de la maison Quand Nuzhat voit la plante à henné devant la maison, elle est heureuse.

– C’est mon buisson à maquillage. On hache les feuilles afin d’obtenir une pâte avec laquelle on se dessine des motifs sur les mains. Hier je me suis peint les ongles et le bout des doigts. Et j’ai des-siné un grand point dans la paume de la main. C’est le soleil qui se trouve sur le dra-peau du Bangladesh. Je trouve que les motifs au henné sur les mains c’est plus beau que la laque sur les ongles. Dans mon école, on ne se met pas de rouge à lèvres. C’est inter-dit. Mais on peut se faire de belles mains avec le henné.

La loi sur l’école pour tous ne suffit pas Il y a une loi qui dit que tous les enfants doivent aller à l’école jusqu’à l’âge de 15 ans. Aujourd’hui, presque autant de filles que de garçons vont à l’école. Mais il y a un manque d’établissements et de professeurs. Les classes sont surchargées. La norme est de 100 élèves par classe. Dans la classe de Nuzhat il y a 98 filles. Dans le pays qui compte 155 millions d’habitants, 4 millions d’enfants, entre 5 et 15 ans, travaillent au lieu d’aller à l’école.

Aime : Lire. Lecture préférée: Sherlock Holmes.N’Aime pAs : Que les filles ne soient pas appréciées. Admire : Mère Theresa. déteste: Les garçons qui taqui-nent et jettent de l’acide Adore : Ma famille. Veut être : Médecin.

pays qui seront le plus frap-pés, bien que qu’il produise moins d’un millième d’émis-sions de gaz à effet de serre du monde.

Si l’émission de gaz à effet de serre se poursuit au

Sur www.worldschildrensprize.org

tu peux te renseigner sur le réchauffement

planétaire.

Nuzhat lit le journal chaque jour pour comprendre comment évolue le climat.

Nuzhat prend toujours le cyclo pousse pour aller à l’école pour ne pas être importu-née sur le chemin.

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professeur. C’est pourquoi, il faut prendre des leçons extra-ordinaires. Je fais partie d’un groupe de filles qui prennent des leçons extraordinaires, l’après-midi avec trois profes-seurs différents. C’est impor-tant que les filles aillent à l’école. C’est la meilleure façon de changer le pays. À présent, il y a presque autant de filles que de garçons qui vont à l’école. Et les filles ont de meilleures notes que les garçons. Si une fille a une bonne formation, elle peut faire ce qu’elle veut. Au Bangladesh il y a beaucoup de femmes qui occupent des pos-tes importants, notre Premier ministre et trois ministres sont des femmes. Et le chef de l’opposition est une femme. C’est bien. Mais celle que j’admire le plus c’est Mère Theresa. J’ai appris qui elle était à l’école. Elle travaillait

humide et il pleut sans inter-ruption. La pluie c’est roman-tique. J’aime le bruit de la pluie sur le plâtre du toit. On est à l’abri et on écoute la pluie. Alors, ma sœur et moi on récite des poèmes à haute voix. Mais j’ai aussi peur de la pluie. J’ai peur des inonda-tions.

Quand ils arrivent au villa-ge, ils doivent patauger dans le décimètre d’eau qui recou-vre le sol. Elle regarde la peti-te colline où se dressait leur maison. Il n’en reste absolu-ment plus rien. Ils s’abritent de la pluie dans une petite maison où habitent des mem-bres de la famille.

– Les tempêtes, les cyclones et les inondations ont empiré. Une des causes en est la des-truction de la forêt. Les grands fleuves qui coulent au Bangladesh ont leur source dans l’Himalaya, parcourent l’Inde et mon pays et se jet-

– C’est cher de prendre le cyclo pousse, mais je me sens plus en sécurité. Et il s’agit du moyen de transport le plus écologique. Un cycliste ne produit pas de dioxyde de car-bone et donc pas de réchauf-fement climatique.

De retour de l’école, il se met à pleuvoir et elle s’enve-loppe dans un tissu plastifié pour ne pas se mouiller. La période de la mousson a com-mencé.

parmi les plus pauvres. C’est ce que je veux faire aussi. Mon but est de devenir médecin.

Nuzhat prend toujours un cyclo pousse pour aller et revenir de l’école. Ce n’est pas seulement parce que c’est loin. C’est aussi parce qu’elle a un peu peur des garçons. Elle déteste les garçons qui taquinent les filles et leur crient des choses. Ce qu’elle déteste le plus ce sont les hommes et les garçons qui jet-tent de l’acide sur les filles.

tent là où je vis. Sur tout leur passage on a détruit la forêt, ce qui fait que l’eau n’est plus absorbée et les fleuves ont de plus en plus d’eau. C’est tragi-que. Surtout pour mon pays qui est bas. Mais il ne faut pas

De retour au village C’est vendredi, jour de congé. Nuzhat et son père se rendent dans leur village. Un ami les y conduit. Pendant le voyage, la pluie se remet à tomber à verses. Le chemin est vite imbibé et l’eau ruisselle de chaque maison. C’est difficile de distinguer quoi que ce soit à travers le pare-brise.

– J’adore la pluie et en même temps j’en ai très peur. En juin, commence la période de la mousson, c’est très

attendre que ça empire. Il faut faire quelque chose, par exemple planter des arbres. Les arbres absorbent le dioxy-de de carbone de l’air. Ils empêchent que la terre soit emportée par l’eau et protè-gent contre les grands vents.

Dès que la pluie cesse un instant, Nuzhat marche dans la boue glissante et plante de jeunes arbres que son père et elle ont achetés en route. Le tout premier arbre qu’elle plante est un jacquier. C’est l’arbre national du Bangladesh.

– Il donne des fruits très gros qui peuvent peser jusqu’à 50 kilos. Avant qu’ils mûris-sent, on peut les utiliser com-me légumes, quand ils sont mûrs, comme fruits. On mange aussi les graines. Avec le tronc on fabrique des meu-bles et des portes.

Rêves d’avenir Le plus grand rêve d’avenir de Nuzhat est de mettre fin au réchauffement climatique pour que son pays ne soit pas recouvert par les masses d’eau.

– Et devenir médecin. Alors, je travaillerai parmi les femmes les plus pauvres du Bangladesh. Et quand je gagnerai de l’argent, je reconstruirai notre maison au village, qui a été détruite par l’énorme cyclone Sidr.

Pouce en haut, pas bienAu Bangladesh, on ne montre pas le pouce en haut. Cela veut dire: Va te faire voir ! et c’est très impoli.

Miracle au BangladeshNuzhat avec sa petite sœur, sa mère et son père. Avant, la moyenne d’enfants par femme était de 7. Aujourd’hui c’est 2,7. C’est ce qu’on a appelé ‘miracle au Bangladesh’. Comme cela s’est-il fait ? Par le planning familial, une bonne protection maternelle, les vaccinations et la prise de conscience que les enfants doivent aller à l’école. Aujourd’hui les parents sont fiers de n’avoir que deux enfants et de les envoyer à l’école.

Pouce en haut, bien Le pouce en haut, on le montre dans beaucoup d’autres pays. Cela veut dire: OK ! ou que quel-que chose est très bien. Alors que le pouce en bas signifie que quelque chose est mauvais.

Pour les USA il faut 5,5 planètes Pour le monde il faut 1,25 planètes Pour l’EU il faut

3 planètes

Chaque personne laisse une empreinte dans le monde. Plus une personne utilise les ressources de la terre et plus elle

rejette de déchets, plus elle a un impact sur l’environnement. Ton impact et celui de chaque personne sur terre s’appelle empreinte écologique.

Pour la plupart des gens sur terre il suffit d’une planète, mais aux États-Unis, la moyenne par habitant est de 5,5 planètes, de 3 planètes pour l’UE et de 3,4 planètes pour la Suède. Plus il faut de planètes, plus grand est l’impact sur le réchauffement global et le changement climatique.

Ici tu peux trouver ton empreinte écologique personnelle et calculer combien de planètes il faudrait sitout le monde vivait comme toi :www.myfootprint.orgwww. footprint.wwf.org.uk www.earthday.net/Footprint

Combien de planètes te faut-il ? Calcule ton empreinte écologique !

Sachets en plastique défendus Ripon, 12 ans, a terminé sa jour-née de travail dans un magasin qui vend des CD. Avant de rentrer, il achète des fruits pour sa mère. Les fruits sont emballés dans des sacs en papier. Avant, on produi-sait 129 millions de sacs en plas-tique par jour au Banglades. On en utilisait 100 millions par jour. Ce n’était pas bon pour l’environ-nement, les sacs bouchaient les égouts et provoquaient des inon-dations. C’est pourquoi la pro-duction de sacs en plastique a été interdite.

– Avant, il y avait des sacs en plastique partout. A présent on n’en voit presque plus, dit Ripon.

Le cyclone a emporté tous les arbres et la maison familiale. Ici, Nuzhat plante son premier arbre après le cyclone. Il s’agit de l’arbre national du Bangladesh, le jacquier.

Pluie torrentielle à Barisal, la ville natale de Nuzhat, mais cette fois, il n’y a pas eu d’alerte au cyclone.Les fruits du jacquier peuvent

peser jusqu’à 50 kilos.

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Brianna  Audinett,  11    (2005)  

 

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BriannaIl est tard le soir quand Brianna, 11 ans, va avec sa mère et son grand frère Adrian, réserver une chambre dans un motel miteux. Les deux frères aînés se cachent au coin de la rue. Cinq personnes n’ont pas le droit d’occuper une seule chambre mais leur mère n’a pas les moyens d’en louer deux. Si on les découvre, c’est la rue, de nouveau.

Quand la voie est libre, maman fait entrer Ryan, 12 ans et Daniel,

14 ans. Une fois dans la chambre, ils sont tous soula-gés, ils sont à l’abri un soir de plus. Depuis que Melissa, leur mère a quitté le père des enfants à cause de sa violen-ce, il y a quelques semaines, ils ont passé d’un motel à l’autre de la zone la plus pau-

vre et la plus dangereuse du sud de Los Angeles. La famille ne peut rester trop longtemps au même endroit, car le personnel du motel fi nirait par remarquer qu’ils sont trop dans la même chambre et les jetterait dehors. Mais maman n’a presque plus d’argent. Où

vont-ils aller ensuite ? Maman cherche de l’aide

dans l’annuaire du téléphone et trouve le numéro de divers refuges pour SDF. Elle et les enfants ont de la peine à s’accepter comme SDF. Un SDF c’est un homme sale en haillons qui dort dans des cartons, non ? Maman com-mence quand même à télé-phoner et les enfants écou-tent. Il se trouve qu’une par-tie des refuges accueillent les familles.

– Combien d’enfants avez-vous, demande l’homme du refuge. Ils ont quel âge ?

Quand il entend que

Daniel, l’aîné des garçons de Melissa, a 14 ans, c’est un non sans appel.

– Il doit vivre seul dans la section des hommes adultes.

– Mais il n’a que 14 ans, c’est un enfant, dit Melissa.

– Ce sont les règles, dit l’homme au refuge. Nous ne laissons jamais les garçons adolescents avec les familles. Ça peut être dangereux.

Maman raccroche et continue de téléphoner, mais c’est désespérant. À Los Angeles beaucoup d’adoles-cents font, déjà à 12 ans,

Rosemary Oliva, le prof supplémentaire de Brianna l’aide à comprendre un problème épineux.

veut aider les SDF quand elle sera grande

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Brianna Audinett, 11

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partie de gangs violents. Dans les refuges on a peur que ces jeunes garçons usent de violence envers les autres enfants. Mais maman ne renonce pas. Elle insiste, prie et supplie et fi nalement elle trouve un refuge qui accepte toute la famille.

Tais-toi ! Le jour suivant, ils prennent le bus pour le quartier des SDF dans le Downtown Los Angeles. Le refuge ressemble à une prison, une grande bâtisse grise en béton. Brianna trouve que le quar-tier est horrible. C’est sale et plein d’ordures. Les gens crient, agitent les bras, boi-vent et sont étendus comme morts sur les trottoirs. Brianna remarque soudain qu’un vieil homme la regar-de bizarrement. Sa mère le

voit aussi. À la fi n elle lui dit d’arrêter. Il s’éloigne un peu mais continue de la fi xer.

– Ne t’en fais pas, maman dit Brianna plus tard. Je sais me défendre.

Brianna et sa famille res-tent six mois dans le refuge. On leur a donné une place dans un dortoir avec lits superposés dans la section famille. Il y a beaucoup d’autres mères avec leurs enfants et Brianna se fait vite des copains. Ce qu’il y a de bien avec le refuge c’est de savoir qu’on a un endroit pour dormir, pense Brianna. Les désavantages, ce sont les rues à l’extérieur et toutes ces bousculades et le brou-haha du dortoir. Les enfants crient, pleurent et les sirènes des ambulances et des voitu-res de police hurlent à inter-valles réguliers. Ryan qui est

Vit : Dans le sud de Los Angeles.Aime : Les chaussures, faire du théâtre, lire, écrire des histoires. N’aime pas : S’ennuyer. Heureuse : Quand je suis à la School on Wheels.Admire : Maman. Veut être : Médecin ou star de cinéma.

Brianna n’aime pas le quartier des SDF, c’est sale, plein d’ordures et parfois dangereux. veut aider les SDF quand elle sera grande

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Brianna

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Brianna avec sa famille : Daniel, Ryan, Adrian, Brianna et Melissa, leur mère.

asthmatique se sent plus mal au refuge et tousse presque continuellement. Ce n’est pas possible non plus de jouer comme d’habitude.

– Tais-toi, tiens-toi tran-quille, voilà ce que les enfants entendent tout le temps.

– Ils agissent comme s’ils ne savaient pas ce que le mot « amusant » signifi e, se plaint Brianna à sa mère.

– On ne va pas rester ici pour toujours, promet-elle.

La School on Wheels est le salut En face du refuge, Brianna trouve son salut; la salle pour enfants de la School on Wheels. Brianna y va tous les jours après l’école.

– J’adore la School on Wheels. Ils s’occupent de nous et nous protègent, explique-t-elle à sa mère. Si un importun dans la rue nous fait des histoires, on nous aide. On nous a donné un numéro gratuit que l’on peut appeler n’importe quand si l’on a besoin d’aide.

Brianna et ses frères et sœurs reçoivent un cartable

neuf et un prof supplémen-taire chacun pour l’aide aux devoirs. De plus on aide leur mère quand les enfants doi-vent changer d’école. Beaucoup de papiers et de documents importants ont disparu quand ils étaient SDF mais la School on Wheels leur en fournit de nouveaux. Le plus impor-tant c’est que maman sait que ses enfants sont en sécu-rité pendant qu’elle est au travail.

– Sans vous, nous ne nous en serions pas sortis, dit sou-vent maman à la School on Wheels.

Un jour on annonce à la famille qu’on va les aider à emménager dans un appar-tement à eux. C’est irréel, mais fantastique. Brianna est hyper heureuse de quitter le refuge, mais elle pense revenir dans le quartier des SDF plus tard.

– Je serai médecin quand je serai grande et j’aiderai les malades, surtout les SDF. Ils n’ont ni argent ni assurance maladie mais je vais quand même les aider.

Un jour une équipe de cinéma arrive à la School on Wheels. Ils vont tourner un fi lm. Brianna et ses amis écriront le scénario et joueront dans le fi lm.

Dans le fi lm, je vais jouer le rôle de Ruby, une des héroïnes, explique

Brianna. Elle et son amie Janine, qui

interprète la grande héroïne Pink Ice, forment un team.

– Nous sauvons des gens et nous battons contre des bri-gands, dit Janine, qui à la fi n du fi lm essaie de transformer tout chose sur terre en une mer de diamants roses. Elles ont écrit le scénario elles-mêmes avec leurs amis SDF de la School on Wheels.

L’équipe du fi lm vient de l’organisation Hollywood Heart. La journée, ils tra-vaillent sur des productions réelles à Hollywood, mais pendant leur temps libre, ils veulent faire quelque chose pour aider les enfants en situation diffi cile. Pendant trois jours, la School on Wheels se transforme en lieu de tournage. Les enfants écri-vent le scénario, construisent les coulisses, confectionnent les accessoires et les costumes. En dernier, ils tournent le fi lm et quand il est monté, ils assis-tent au gala de la première.

– C’est parmi ce que j’ai fait de plus amusant, dit Brianna. Si je ne peux pas devenir médecin je serai peut-être étoile de cinéma.

Silence ! Caméra ! On tourne!

Brianna en plein rôle, dans le costume de Ruby.

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Brianna

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devient star de cinéma Un jour une équipe de cinéma arrive à la School on Wheels. Ils vont tourner un fi lm. Brianna et ses amis écriront le scénario et joueront dans le fi lm.

Les super héroïnes Pink Ice (Janine) et Ruby (Brianna) se préparent pour leur scène suivante.

Derrière le masque de Red Devis se cache Ryan McNeil, 9 ans.

Ryan Wilson, 13 ans, montre sa meilleure pose de star avec une mitraillette en plastique.

Ryan Audinett, 13 ans, joue le rôle du détective, avec les menottes toutes prêtes.

Khadidjah, 16 ans, fait une pause dans sa demande d’inscription au lycée pour jouer dans le fi lm.

Adrian Audinett, 12 ans, aime réaliser un fi lm mais au fond il veut être architecte.

Avant le tournage tous les enfants doivent se faire maquiller et mettre leur costume.

Salmai, 7 ans, a les cheveux argentés et le symbole du dollar autour du cou.

Los Angeles est appelée la capitale du cinéma et le quartier de Hollywood est célèbre dans le

monde entier. Déjà en 1910 on y a fait le premier fi lm hollywoodien. Il s’appelait ‘In Old California’ et c’était un fi lm

muet, un fi lm sans son. Le premier fi lm parlant s’appelait ’The Jazz Singer’ et est sorti en 1927. Au début les compagnies

de ciné faisaient des versions étrangères des fi lms parlants américains pour que même les personnes qui ne parlaient pas anglais puissent les voir. On tournait une autre version du fi lm avec par exemple des acteurs français ou espagnols. Un peu plus tard on s’est rendu compte que c’était plus économique et plus facile de doubler ou de sous-titrer les fi lms dans les

différentes langues. Quand de plus en plus de gens ont eu la télé, dans les années 50, beaucoup ont cru que le cinéma

mourrait. Mais ça n’a pas été le cas. De nos jours, les grandes maisons de productions à Los Angeles

sortent environ 60 fi lms par année et l’industrie du cinéma fait des milliards de

dollars de chiffre d’affaires.

D ONNÉES SUR LE CINÉMA

Hollywood Heart vient tourner à la School on Wheels. Les enfants SDF sont les stars du jour.

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Liza  Bonogwe,  12    (2007)  

 

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Lisa

– Avoir des droits c’est devenir ce que tu veux sans qu’on t’oppresse, dit Lisa.

Et Lisa sait ce qu’elle veut devenir. – Je veux être comme Betty Makoni.

Elle est mon héroïne ! Moi aussi je veux être quelqu’un qui aide les filles à exiger leurs droits.

Dans l’école de Lisa, nichée entre les mon-tagnes dans l’ouest du Zimbabwe, c’est

la pause déjeuner. Les filles du club de filles commencent à s’assembler sur le terrain de foot. Comme tous les lundis et mercredis. En quel-ques minutes, il y a plus de cent filles réparties en petits groupes qui bavardent. Un instant après, Lisa se met debout. Elle lève un bras au ciel et crie :

– Enfant Fille! Les autres se lèvent et

répondent :

se bat pour les droits des filles

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avons vendu des livres et des plumes ces derniers temps et je voulais vous dire que nous avons recueilli assez d’argent pour payer les taxes scolai-res pour douze de nos cama-rades. Maintenant, elles peuvent continuer à aller à l’école un certain temps. C’est bien, non ?

Les douze filles se lèvent et la jubilation des autres ne semble pas vouloir s’arrêter !

Se débrouillent Quand les applaudissements s’arrêtent, Lisa demande si quelqu’un a des problèmes ou si elles connaissent quel-qu’un qui a besoin d’aide.

– Pour nous, il n’y a pas de limites !

– Le ciel est la limite !Elles crient si fort que les

garçons qui jouent au foot un peu plus loin, s’arrêtent, curieux et viennent se mettre sur le côté du terrain.

– Filles ! crie à nouveau Lisa. – Pour nous il n’y a pas de

frontières !!! répondent tou-tes, cette fois encore plus fort.

Quand elles sont assises, Lisa ouvre la réunion en leur souhaitant la bienvenue. Elle commence avec une bonne nouvelle.

– Vous savez que nous

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Lisa, 12

se bat pour les droits des fi lles

Habite : Dans le village Makoni, près de Chitsotso, la montagne sacrée des fi lles. Aime : Maman. Déteste : Quand je suis mala-de et que je ne peux pas aller à l’école. Le pire : Papa qui bat maman. Le meilleur : Quand on m’a choisie pour être l’un des chefs pour tous les clubs de fi lles du Zimbabwe.Admire : Mon héroïne, Betty Makoni !Veut être : Médecin. Rêve : Que toutes les fi lles du monde soient fortes et connais-sent leurs droits.

L’une des fi lles se lève : – Une fi lle qui s’appelle

Grace ne vient plus à l’école et je ne sais pas pourquoi. Il faut nous assurer qu’il ne lui est rien arrivé. On devrait peut-être écrire une lettre à sa mère ?

Elles parlent un instant de comment elles vont s’y pren-dre et décident que le mieux c’est bien d’écrire une lettre.

– Une fi lle qui s’appelle Evelyn a été obligée d’aller travailler en ville comme

bonne. Je pense que nous devons l’aider et lui trouver de l’argent pour qu’elle puis-se revenir et reprendre l’éco-le, ajoute une autre fi lle.

– Je n’ai pas de chaussures, dit une petite fi lle timide-ment en se rasseyant vite.

Quelqu’un suggère de demander un peu plus d’ar-gent à Betty, ainsi les problè-mes seront résolus. Mais Lisa se lève de nouveau :

– Non, nous ne pouvons pas demander tout le temps

de l’aide. Nous devons gagner de l’argent par nos propres moyens. Nous allons travailler plus et ven-dre encore plus de plumes, de livres et de légumes, com-me ça nous pourrons aider encore plus de monde !

Toutes hochent la tête en signe d’accord.

Maman a été battue Quand Lisa rentre de l’école, Fortunate, sa mère a déjà préparé le repas, une bouillie

La tâche de Lisa c’est d’aller chercher l’eau.

CD pour les droits des fi lles Lisa et douze autres fi lles de son club de fi lles ont pu aller à Harare, la capitale pour enregistrer l’une des chansons sur un CD consacré aux droits des fi lles. Le CD s’appelle Wake Up Girls (Réveillez-vous, les fi lles), car les fi lles doivent se réveiller et connaître leurs droits. La chanson que Lisa chante s’appelle Rega Kuchema (Arrête de pleurer)

– Mon rêve c’est d’être médecin, mais je peux aussi m’imaginer en vedette pop. C’était super d’être dans un studio, dit Lisa.

Écoute la chanson de Lisa sur

www.childrensworld.org

de maïs et des haricots. Après manger, Lisa fait la vaisselle avant de sortir arro-ser le potager.

– J’essaie d’aider maman autant que je peux. Je l’aime. Et puis elle est seule mainte-nant, dit Lisa en baissant les yeux.

Quelques années ont passé depuis, mais elle trouve que c’est pénible de repenser à ce qui est arrivé à maman. Lisa en a encore des cauchemars et se réveille souvent la nuit.

– Je n’avais que quatre ans quand cela a commencé. Papa buvait et battait maman presque tous les soirs. Parfois maman était inconsciente sur le plan-cher mais il continuait à taper. Quand je pleurais et lui criais d’arrêter, ça le

rendait furieux. Il nous

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chassait de la maison moi et mon grand frère. Et on n’avait pas le droit de revenir. Même s’il faisait froid et que c’était en plein hiver, on devait dormir sur la véranda, hors de la maison. Nous nous serrions fort l’un contre l’autre pour nous tenir chaud, mais c’était impossible de dormir. On avait froid, on tremblait et on entendait maman crier à l’intérieur. Le pire c’était que je ne pouvais rien faire pour l’aider.

Club de fi lles Toute cette horreur a duré trois ans. Mais un jour la

mère de Lisa a décidé qu’on ne la battrait plus.

- J’aime et j’admi-re maman d’avoir été si forte et d’avoir osé se relever et dire que ça suf-fi sait. Qu’il n’avait plus le droit de la battre et qu’il a été obligé de s’en aller et de nous laisser en paix.

La même année où le père de Lisa est parti, elle est entrée dans le club de fi lles du Girl Child Network à l’école. Elle n’avait alors que sept ans.

– Je voulais faire quelque chose pour qu’aucune fi lle

La poupée, une affaire de fi lles ? « Ce que j’ai de plus beau c’est ma poupée Jennifer. Je l’ai eue de maman quand j’avais six ans. Le dimanche après l’église, maman et moi cousons souvent des vête-ments pour Jennifer.

J’adore ma poupée, mais je trouve que cela devrait être tout à fait normal pour nous les fi lles de jouer avec des voi-tures. Et pour les garçons de jouer avec des poupées. Mais ce n’est pas du tout l’avis des parents d’ici.

Je crois qu’on nous donne des poupées, à nous les fi lles, pour nous habituer à nous occuper des enfants et à devenir mères. Les garçons sont formés pour réussir dans les métiers hautement techni-ques. Je ne comprends pas du tout cela. C’est si nul ! Les fi lles peuvent aussi résoudre les problèmes techniques. Mon rêve c’est que les fi lles dans le monde entier se forment dans les métiers que presque seuls les garçons ont aujourd’hui. Mon avis est que nous soyons méde-cins, pilotes, ingénieurs et même prési-dentes ! »

42 n’ont pas de chaussures 41 n’ont pas d’uniforme scolaire 32 n’ont pas de sous-vête-ments 46 n’ont pas de livres d’écoles 22 seront renvoyées de l’école parce qu’elles n’ont pas payé les dernières taxes scolaires

n’ait à subir ce que maman avait subi. Je savais que le GCN luttait pour les droits des fi lles, alors le club de fi lles me convenait parfai-tement. Le club est un endroit où on peut parler de ce qui est important pour nous. Nous nous occupons les unes des autres et nous nous entrai-

Comment se portent les fi lles ?

Lisa et sa mère cousent des vêtements pour les poupées.

Le Girl Child Network essaie d’aider les fi lles les plus pauvres, surtout à la campagne. 120 fi lles font partie du club de fi lles de Lisa. Quand Betty Makoni vient à l’une de leurs réu-nions, elle demande quels sont les problèmes les plus grands et où elles ont le plus besoin d’aide. Voici leurs réponses :

11 ont perdu père et mère 33 ont perdu leur père 8 ont perdu leur mère 11 ont une mère gravement malade 1 a un père gravement malade 1 a le père et la mère grave-ment malades 62 sont eux-mêmes malades

–C’est triste que vous, qui trimez tellement pour pou-voir aller à l’école, vous veniez ici à la réunion pieds nus et le ventre vide. Je suis si fi ère de vous, que vous continuiez à vous voir et à vous battre pour vos droits, dit Betty.

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La voiture, une affaire de garçons ? La poussière tourbillonne autour des roues de la voiture en fi l de fer quand Award, 12 ans, arrive fi èrement en courant.

« C’est moi qui fais les voitures. Il faut trois jours pour faire une voiture. D’abord je recueille le fi l de fer qu’on utilise pour construire les maisons. Puis, je le plie. Les roues vien-nent du plastique de vieux bouchons de bouteilles. Pour les roues arrières qui sont plus larges, j’assemble quatre bou-chons en les brûlant doucement aux jointures. Quand la direction et terminée, la voiture est prête à rouler. Je prends bien soin de ma voiture qui est mon seul jouet »

dons à devenir fortes. Dans le club de fi lles on est en sécurité. En dehors des clubs, les fi lles ne sont pas du tout en sécurité au Zimbabwe. Nous sommes violées, maltraitées et nous devons faire tout le travail à la maison pendant que les garçons jouent et s’amusent. S’il n’y a pas assez d’argent à la maison c’est toujours les garçons qui vont à l’école. Les fi lles doivent commencer

à travailler ou sont données en mariage à un homme âgé. L’homme paye la lobola (dot) à la famille de la fi lle, argent que les parents utili-sent ensuite pour les frais scolaires des garçons. C’est si injuste ! Quand j’y pense, ça me fait enrager !

Aime le Zimbabwe– Les garçons et les fi lles sont égaux et tous les deux aspirent à un bon avenir.

Nous, les fi lles devons expli-quer cela à nos parents et à tous les autres. Mais ici, c’est encore inhabituel que les fi lles osent dire ouvertement ce qu’elles pensent.

Heureusement, on nous aide. Betty Makoni nous aide à trouver l’assurance en nous-mêmes et à exiger nos droits. Elle est mon héroïne !

Malgré tous les problèmes

Le club de Lisa aide les fi lles « Parfois Betty nous donne de l’argent. Alors nous ache-tons des cahiers et des plu-mes que nous revendons. Mais nous vendons aussi les légumes de notre potager. Pendant les récréations nous travaillons dans le potager. En aidant les autres nous apprenons à cultiver les légumes. Ce qui fait que nous nous débrouillerons mieux quand nous aurons terminé l’école,

même si nous ne trouvons pas de travail. Nous vendons les légumes et les livres aux parents et aux professeurs. Avec l’argent nous achetons des cahiers et des plumes pour les fi lles qui n’ont pas

les moyens. Parfois on paye aussi les taxes scolaires. Avec l’argent de la vente, notre club aide douze fi lles à payer leurs taxes scolaires et 30 fi lles à payer les cahiers et les plumes »

Dans un bon jour Lisa et les autres fi lles vendent pour 5 000 de Zim dollars (20 USD) Voici ce qu’elles peuvent faire avec cet argent :

Payer les frais de trimestre pour5 fi lles…

…ou acheter 27 cahiers ou 94 crayons ou 31 plumes à encre !

Qu’est-ce que le club de Lisa peut faire avec l’argent ?

Les fi lles du club vendent les légumes de leur terre.

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que nous avons, j’aime le Zimbabwe. C’est magnifi -que ici et je ne voudrais vivre nulle part ailleurs. Je veux rester et me battre pour que les fi lles y soient mieux trai-tées. Et je crois en fait que l’avenir sera meilleur, même si ça prend du temps. J’organise et je participe aux réunions et aux manifesta-tions où nous parlons des droits des fi lles, mais nous devons travailler encore plus dur. Chaque fi lle doit aussi

oser parler des problèmes avec ses amis garçons. Car si les garçons savaient ce que nous endurons, je crois qu’ils changeraient. Ils deviendraient plus tard des hommes biens qui s’occu-pent de leurs fi lles et de leur femme!

– Nous écrivons beaucoup de poèmes dans les clubs de fi lles, dit Lisa. C’est une bonne façon pour celles qui ont eu des ennuis d’expliquer ce qui s’est passé. Toutes les nouvelles dans les clubs de fi lles reçoivent aussi un journal. Nous y écrivons tout ce qui nous arrive, les bonnes et les mauvaises choses. Nous écrivons nos rêves, mais aussi si, nous-mêmes ou une copine, avons été victimes de violences ou de sévices »

Écrit des poèmes

Le club de Lisa cultive des légumes et vend des livres. Dans d’autres clubs les fi lles tressent de belles corbeilles pour les vendre.

– Beaucoup de fi lles de mon club habitent dans le village sûr de Betty, qui se trouve tout près.

Les fi lles n’y apprennent pas seulement à cultiver les légumes, elles s’occupent aussi des chèvres et des poulets. Elles acquièrent des connaissances et de la nourriture par la même occa-sion, dit Lisa.

Les chèvres du village sûr

Lisa m’a sauvée ! Tous les jours sur le chemin de l’école, Lisa voyait Christine se faire battre chez elle. Elle se sentait obligée de faire quelque chose et une après-midi, le club de fi lles a frappé chez Christine…

« Lisa et cinq autres fi lles se tenaient devant la porte. J’étais battue tous les jours depuis l’âge de dix ans. Je ne savais pas pourquoi maman faisait cela et j’allais très mal. Quand Lisa a deman-dé à ma mère pour-quoi elle me battait, elle n’a pas répondu. Comme elle ne répon-dait pas, Lisa a menacé d’appeler la police. Elle lui a dit qu’ils pouvaient la mettre en prison. Maman s’est fâchée, mais encore plus, je crois qu’elle a eu peur, car elle a accepté d’arrêter. Depuis, elle ne m’a plus jamais battue. Maintenant nous som-mes amies et j’aime ma mère.

Je trouve que Lisa a été très courageuse d’oser

venir chez nous et dire à maman d’arrêter. Si Lisa ne m’avait pas sauvée, j’aurais continué à être bat-

tue. Lisa et moi sommes inséparables à l’école. Nous nous disons tout car nous avons confi ance l’une dans l’autre » Christine, 12 ans

De belles corbeilles

Lisa fait ses devoirs.

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Gabatshwane  Gumede,  11  (2004)  

 

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Un matin, la mère deGabatshwane ne s’estpas réveillée.

Gabatshwane l’a secouéemais rien n’y a fait. Gabatsh-wane a pensé que mamanétait particulièrement fati-guée. Mais son père et songrand frère Vusi ont comprisqu’elle était morte dans sonsommeil. Elle avait le sida.

Une année après, c’est papaqui est mort du sida et Gabat-shwane, sa sœur Zodwa etson grand frère Vusi se sont

retrouvés orphelins. Personnene pouvait s’occuper d’eux etils ont dû se débrouiller seulsdans la petite maison fami-liale dans le village deLetabong dans le nord- ouestde l’Afrique du Sud.

– Je levais les yeux au cielet je priais maman de revenir.Elle ne répondait pas et celame rendait très triste. Maisj’ai fini par comprendrequ’elle était toujours là, etqu’elle ne pouvait tout sim-plement pas me parler

– Merci de ta magie, chante Gabatshwane dansson chant de gratitude à Nelson Mandela.

Elle le remercie de tout ce qu’il a fait en faveurdes enfants d’Afrique du Sud. Elle le remerciepour la liberté, pour la possibilité d’aller à l’écoleet pour son respect des droits de l’enfant. Maisdavantage encore parce qu’il l’aide, elle et lesautres que le sida a rendus orphelins ou qui eux-mêmes ont le sida.

Gabatshwane aide les pauvres du village et lescamarades de classe orphelins. Elle leur achètede quoi manger avec l’argent qu’elle gagne avecson groupe.

Gabatshwanes chant

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comme d’habitude, expliqueGabatshwane.

Après la mort de sesparents beaucoup au villagecraignaient qu’elle aussi soitmalade et qu’elle soit conta-gieuse. Un test a démontréqu’elle n’avait pas le sida.Mais Gabatshwane ne trou-vait toujours pas d’amis.Quand elle était petite elleétait tombée dans une seilled’eau bouillante et elle en agardé des brûlures à la jambeet au bras droits.

C’est le refrain de la chanson deGabatshwane sur Mandela, ou « Madiba » comme on l’appelle enAfrique du Sud. « Salut Madiba, tum’as sauvée. Salut Madiba, tu nousas donné l’école, tu respectes nosdroits. Salut Madiba, tu me donnesla fierté. Merci pour ta magie ! »

Ecoute la chansons de Gabatshwanedédiée à Mandela sur : www.childrensworld.org

Nkosi son autre hérosNelson Mandela est le grand héros de Gabatsh-wane, mais elle en a un autre : Nkosi Johnson, le garçon qui s’est battu pour que les enfantsmalades du sida en Afrique du Sud, soient traitésavec respect. Nkosi est mort du sida à 12 ans, le1er juin 2001, le jour même où l’Afrique du Sudcélébrait la Journée Internationale de l’Enfant.En avril 2002, des enfants répartis sur les cinqcontinents, ont choisi d’attribuer par un vote auniveau mondial, le Prix des AmisUniversels, à Nkosi, à titre posthu-me (après sa mort) Il partageaégalement, avec Maiti, Nepal, lePrix des Enfants du Monde,attribué par le jury des enfants.Lis l’histoire de Nkosi sur :www.childrensworld.org

Merci pourta magie,Madiba !

nte pour MandelaPHOTO: AP

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– A l’école on se moquaitde moi et j’étais toujoursseule, dit Gabatshwane.

Quand les autres enfantssortaient et s’amusaient, ellerestait à la maison et écoutaitla radio. Très vite, elle aappris les textes de toutes leschansons populaires et unjour son frère s’est aperçuqu’elle chantait très bien.

Mandela l’embrasse Le grand frère Vusi a forméun groupe et l’a appelé

Gabatshwane, avec Gabatsh-wane comme chanteuse. Lapremière chanson étaitdédiée à Nelson Mandela.

– Je voulais le remercier detout ce qu’il avait fait pournotre pays. Sous l’apartheidc’était horrible ici en Afriquedu Sud et les gens mouraientla rage au cœur, ditGabatshwane.

Quand Nelson entenditparler de Gabatshwane, ill’invita à chanter au coursd’un concert dans la ville du

Cap. Il trouva très belle lachanson qui parlait de lui etil embrassa Gabatshwane ensigne de remerciement.Depuis, il a aidé le groupe àse faire connaître et plusieurschansons ont été enregistrées.A présent Gabatshwane seproduit presque chaqueweek-end.

– J’aimerais me réveillerun matin avec un coeur aussigénéreux que celui deMandela, dit Gabatshwane.

Exactement comme78

Maintenant que les parentssont morts, c’est Vusi, legrand frère de Gabatshwane,qui s'occupe de la famille.

Gabatshwane et Vusi son grandfrère, n’achètent pas seulementles provisions pour eux-mêmes...

Avec l'argent qu'elle gagne en chantant, Gabatshwane achète des provisions pour lespauvres du village et pour ses camarades orphelins. Une femme qui reçoit tout un sac deprovisions ce jour-là est très heureuse.

Le numéro de prison-nier pour la campagnecontre le sida

Mandela soutient les enfantsatteints du sida et leursfamilles au moyen de sonFond pour les enfants NMCFet le nom de sa campagne46664. Les chiffres viennentdu temps de son emprison-nement à Robben Island où il était le prisonnier 466-64.

Beaucoup de célébritéssoutiennent le travail deMandela contre le sida, parexemple la chanteuseBeyonce et l’acteur Brad Pitt.Le but de Mandela est d’aidertous les enfants que le sida arendus orphelins. Il ne veutpas qu’on oublie les maladesdu sida et les orphelins.C’est pourquoi il a demandéaux artistes qui soutiennentla campagne d’enregistrer ledisque 46664.

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Nelson Mandela elle essaied’aider les autres enfants endifficulté. Avec l’argentqu’elle gagne, elle achète dela nourriture pour les pauvresdu village. Elle apporte aussides paquets de provisionsaux camarades de classe quisont orphelins.

– Quand maman est morte,je me suis sentie seule aumonde. Je ne veux pas qued’autres se sentent ainsi, ditGabatshwane.

Des chansons sur le sidaAvant, Gabatshwane essayaitde cacher ses brûlures sousde longues jupes et des pullsà manches longues.Maintenant ça lui est égal.

– Il fait si chaud qu’on

peut mourir d'une attaque et après tout, c’est de moncorps qu’il s’agit, ditGabatshwane.

Mais elle n’accepte pasqu’on se moque des autresenfants. Surtout s’il s’agit dusida. Gabatshwane dit qu’ilfaut être gentil avec lesenfants atteints du sida. A l’école, elle explique à sescamarades qu’on ne peutpas être contaminé en jouantavec des enfants qui ont lesida.

Gabatshwane pense que lesida est le plus grand problè-me de l’Afrique du Sud, sur-tout parce que tous lesmalades n’ont pas accès auxmédicaments. Ses parentsn’avaient pas les moyens

d’acheter les médicamentscontre le sida et quand ilssont tombés malades, ils sontmorts presque tout de suite.

– Si ça continue, tellementde gens mourront que lemonde perdra la moitié deses habitants. Quand j’ypense, ça me rend folle, dit Gabatshwane, qui a écritune chanson sur le sida. Elle chante surtout de l’afropop, mais sa chanson sur lesenfants irakiens a un rythmerap.

– J’ai vu des enfants pleu-rer à la télé. Ils avaient perduleurs parents à la guerre.Alors je me dis que vraimentc’est dommage qu’il n’y aitpas plus de gens aussi géné-reux que Mandela. �

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Gabatshwane Gumede, 11 Habite : dans le village deLetabong en Afrique du Sudavec mes frères et sœurs. Nous sommes orphelins. Chante : ses propres chansonssur le sida et sur Mandela avecle groupe Gabatshwane, afropop et rap.L’argent gagné : Elle l’utilisepour des provisions pour sescamarades de classe orphelins.Héros : Mandela et son grandcœur. Nkosi Johnson, le garçonqui s’est battu pour les enfantsatteints du sida.

Grand-père Mandela aide Unathi

Unathi, 12 ans, habitedans un orphelinat deSoweto qui s’appelle

Bethanie Children’s Home.Beaucoup de ceux qui yvivent ont été battus et sesont sauvés de la maison,d’autres sont orphelins.Unathi ne sait pas qui sontses parents. On l’a trouvéemmailloté dans un sac enplastique sur le trottoir alorsqu’il venait de naître.

– Je crois que ma mèreétait malade et très pauvre.Elle n’aurait pas pu s’occu-per de moi, mais elle savaitque quelqu’un allait me trou-ver sur le trottoir, dit Unathi.

Depuis, Bethanie a été lamaison d’Unathi. NelsonMandela soutient le centre,mais il préférerait que lesenfants n’aient pas à y vivreet qu’ils aient une famille.

Avec le soutien du Fondpour l’enfance de Mandela,les employés de Bethanie

cherchent de nouveauxparents ou ils aident àrésoudre les problèmes dansleur famille d’origine pourque l’enfant puisse y retour-ner. Mais jusqu’ici personnen’a adopté Unathi. Peut-êtreparce qu’il a le sida. Mêmes’il n’est pas souvent maladeces temps-ci. Il y a quatreans, lui et d’autres enfantsont commencé à prendre lesmédicaments contre le sida.Avant ils étaient trop chers.

Ira en colonie Unathi et ses copains ontplanté un arbre à la mémoiredes camarades morts dusida. Après avoir commencéà prendre les médicaments,plus aucun enfant n’est mortà l’orphelinat. Unathi trouveça formidable, et il dit quec’est Nelson Mandela qui aagi pour que les médica-ments soient moins chers.

– Des fois je ne comprends

pas pourquoi tata Mandelaest si gentil, mais c’est tantmieux pour nous. Sinon onne serait pas si bien, ditUnathi en expliquant que « tata » veut dire grand-père.

Après l’école, il fait dupatin à roulettes et joue aufoot ou au cricket. Ensuite il regarde la télé et fait sesdevoirs. Dans deux semaines,pour les vacances scolaires,lui et ses camardes pourrontaller en colonie de vacances,grâce à Mandela. C’est vrai-ment une chance que grand-père Mandela soit si gentil. �

(Unathi s’appelle en fait autrement)

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