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FRANCISCO CÂNDIDO XAVIER PAR L’ESPRIT ANDRE LUIZ 1

Francisco Candido Xavier Fr Série André Luiz 01 Nosso Lar Yjsp

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DESCRIPTION

Dans les années 1930, le médecin André Luiz décède des suites d'une grave maladie. Il se retrouve alors seul, dans un corps spirituel, au milieu d’un angoissant désert. Souffrant de faim, de soif et de fatigue, il tente de subsister dans ce monde hostile, peuplé de créatures agressives. Arrivé à un état d’épuisement extrême, priant pour son salut, il est secouru par un homme providentiel nommé Clarencio. André est transporté dans une oasis fortifiée, dont les occupants semblent vivre en harmonie. Cette colonie spirituelle s’appelle Nosso Lar et contraste avec le milieu infernal environnant, baptisé le Seuil. Le médecin reçoit soins et réconfort, ainsi que des explications concernant les causes de ses malheurs. Au fil des jours, le nouvel arrivant regagne des forces et s’instruit auprès de Lisias, un résident du lieu. Ce guide apporte un enseignement sur les lois naturelles qui régissent le plan spirituel, l’histoire et l’organisation de Nosso Lar, le système économique, l’alimentation, l’irrigation, et la hiérarchie de la communauté. Le but de cette implantation est précisément la récupération et la régénération des personnes perdues dans le Seuil...

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Ouvrages traduits en franais (liste non exhaustive

francisco cndido xavier

PAR LESPRIT ANDRE LUIZFrancisco Candido Xavier

NOSSO LAR

Srie Andr Luiz

(Collection: La Vie dans le Monde Spirituel)

TOME 1

PAR LESPRIT ANDRE LUIZFrancisco Candido Xavier

NOSSO LAR

Srie Andr Luiz

(Collection: La Vie dans le Monde Spirituel)

TOME 1

Dans les annes 1930, le mdecin Andr Luiz dcde des suites d'une grave maladie. Il se retrouve alors seul, dans un corps spirituel, au milieu dun angoissant dsert. Souffrant de faim, de soif et de fatigue, il tente de subsister dans ce monde hostile, peupl de cratures agressives. Arriv un tat dpuisement extrme, priant pour son salut, il est secouru par un homme providentiel nomm Clarencio. Andr est transport dans une oasis fortifie, dont les occupants semblent vivre en harmonie. Cette colonie spirituelle sappelle Nosso Lar et contraste avec le milieu infernal environnant, baptis le Seuil. Le mdecin reoit soins et rconfort, ainsi que des explications concernant les causes de ses malheurs. Au fil des jours, le nouvel arrivant regagne des forces et sinstruit auprs de Lisias, un rsident du lieu. Ce guide apporte un enseignement sur les lois naturelles qui rgissent le plan spirituel, lhistoire et lorganisation de Nosso Lar, le systme conomique, lalimentation, lirrigation, et la hirarchie de la communaut. Le but de cette implantation est prcisment la rcupration et la rgnration des personnes perdues dans le Seuil.

Une fois pleinement rtabli, Andr cherche se rendre utile et sollicite un travail. loccasion de cette demande, ses capacits et ses expriences terrestres sont analyses. Dans lattente dune affectation, il a le plaisir de recevoir la visite de sa mre. Lors de retrouvailles touchantes elle lui apprend quelle rside dans un monde suprieur, mais galement que dautres membres de la famille (notamment le pre dAndr) se trouvent isols, dans des tats de pense ngatives qui les rendent inaccessibles pour le moment. Sans maison et sans occupation, Andr loge chez Lisias. Il reoit un enseignement sur de multiples sujets tel que la nourriture, lamour, la responsabilit, le systme de rmunration fond sur les heures de service, le dvouement, la rincarnation, et les rgles de la communication avec les personnes incarnes. Pendant ce temps, les habitants de Nosso Lar renforcent leurs liens avec dautres colonies spirituelles, afin de mieux supporter les perturbations causes par la seconde guerre mondiale qui a clat sur Terre.

Finalement, Andr obtient un poste daide soignant et sous lautorit de Tobias, il intervient dans lhpital qui accueille les naufrags du Seuil souffrant de troubles mentaux. Ces malades sont les personnes qui nont vcu sur Terre que pour les biens matriels et qui se retrouvent donc mentalement infirmes dans lau-del. Certains anciens criminels, trop marqus par leurs mfaits, sont maintenus lextrieur de la colonie. Dautres mes perdues sont rcupres par des expditions de secours qui saventurent hors des murs.

Sa nouvelle activit donne Andr loccasion de se rconcilier avec Silveira et avec Elisa, deux personnes dont il avait provoqu la ruine lors de son ancienne vie terrestre. Andr peut prsent rejoindre temporairement sa mre lorsquil dort et que son esprit slve dans les sphres de lunivers. Il complte galement son instruction sur la pratique du bien, le rle de la pense, le mariage sur le plan terrestre et sur le plan spirituel.

Latmosphre de la cit salourdit lorsque des vibrations de haine provoques par la guerre mondiale montent depuis la Terre. Les dfenseurs sactivent pour prserver la vie dans la colonie. Le mdecin dcouvre que tous les mondes sont lis entre eux et que les diffrents niveaux dans lunivers interagissent constamment.

Un jour la mre dAndr vient lui expliquer que son ancien mari (le pre dAndr) va bientt se rincarner et quelle a choisi de sincarner aussi afin dtre nouveau son pouse. Elle espre ainsi venir en aide son poux qui est encore trs en retard spirituellement. Dautres habitants de lau-del acceptent le sacrifice dune nouvelle existence terrestre pour soutenir leurs proches.

Les efforts du mdecin dans lhpital de Nosso Lar lui permettent dobtenir la rcompense dune visite dans son ancien foyer. Andr est fou de joie lide de revoir sa femme et ses enfants encore sur Terre. Cependant, un choc brutal lattend, son pouse est remarie. Aprs un instant de colre, Andr prend conscience de la notion damour et fait tout son possible pour gurir le second mari de sa femme qui tait sur le point de succomber une maladie. Fort de cette exprience, il retourne dans la colonie et reoit le titre de citoyen de Nosso Lar.

Lorsque llve est prt,

le mare apparait.

Edition brsilienne originalefrancisco candido xavierSrie Andr Luiz

(Collection: La Vie dans le Monde Spirituel)

Tome no 11. Nosso Lar, la Vie dans le Monde Spirituel,

2. Les Messagers

3. Missionnaires de la Lumire 4. Ouvriers de la Vie Eternelle 5. Dans le Monde Suprieur 6. Agenda Chrtien 7. Libration, par l'esprit Andr Luiz

8. Entre le Ciel et la Terre 9. Dans les Domaines de la Mdiumnit 10. Action et Raction 11. Evolution entre deux Mondes

12. Mcanismes de la Mdiumnit

13. Et la Vie Continue

Srie Andr Luiz

(Collection: La Vie dans le Monde Spirituel)

Livres complmentaires

14. Conduite spirite 15. Sexe et destin 16. Dsobsession

OUVRAGES DEJA TRADUITS EN FRANAIS

Srie: Andr Luiz (Collection La vie dans le monde Spirituel) 1-16

1. Nosso Lar, la Vie dans le Monde Spirituel,

2. Les Messagers3. Missionnaires de la Lumire

4. Ouvriers de la Vie Eternelle

5. Dans le Monde Suprieur

6. Agenda Chrtien

7. Libration, par l'esprit Andr Luiz 8. Entre le Ciel et la Terre

9. Dans les Domaines de la Mdiumnit

10. Action et Raction 11. Evolution entre deux Mondes

12. Mcanismes de la Mdiumnit

13. Et la Vie Continue

14. Conduite spirite

15. Sexe et destin 16. Dsobsession

Srie: Emmanuel Les Romans de lhistoire

17. Il y a deux mille ans

18. 50 ans plus tard19. Av Christ

20. Paul et Etienne

21. RenoncementSrie: Source Vive

22. Chemin, Vrit et Vie.

23. Notre Pain

24. La Vigne de Lumire

25. Source de Vie

Divers

26. Argent

27. Choses de ce Monde (Rincarnation Loi des Causes et Effets)

28. Chronique de lAu-del

29. Contes Spirituels

30. Directives

31. Idal Spirite

32. Jsus chez Vous

33. Justice Divine

34. Le Consolateur

35. Lettres de lautre monde

36. Lumire Cleste

37. Matriel de construction

38. Moment

39. Nous

40. Religions des Esprits

41. Signal vert

42. Vers la lumire

Table des MatiresAvant-propos

10A propos des nologismes

11Lexique

12Nouvel ami

13Message d'Andr Luiz

141. Dans les zones infrieures

152. Clarencio

193. La prire collective

204. Le mdecin spirituel

255. Recevant assistance

286. Prcieux avis

317. Explications de Lisias

348. Organisation de services

379. Problmes d'alimentation

4010. Dans le bois des eaux

4211. Nouvelles du plan

4512. Le seuil

4813. Dans le cabinet du ministre

5114. Explications de Clarencio

5415. La visite maternelle

5716. Confidences

6017. A la maison de Lisias

6318. Amour, aliment des mes

6619. La jeune dsincarne

6920. Notions de foyer

7321. Continuant la conversation

7622. Le bonus-heure

7923. Savoir couter

8224. L'impressionnant appel

8525. Conseil gnreux

8826. Nouvelles perspectives

9127. Enfin le travail

9428. En service

9829. La vision de Francisco

10130. Hritage et euthanasie

10431. Vampire

10732. Informations sur Vnranda

11333. De curieuses observations

11634. Avec les nouveaux venus du seuil

11935. Rencontre singulire

12236. Le rve

12537. La leon du ministre

12838. Le cas de Tobias

13239. En coutant Laura

13640. Qui a sem rcoltera

13941. Convoqus la lutte

14342. L'intervention du gouverneur

14743. En conversation

15044. Les tnbres

15345. Dans le domaine de la musique

15646. Sacrifice de femme

16047. Le retour de Laura

16348. Culte en famille

16649. Retournant la maison

17050. Citoyen de Nosso Lar

173Colonnie Spirituelle: Nosso Lar: Anciens croquis

177Srie Andr Luiz: Prsentation de chaque livre (1-16)

183-184Bibliographie de Francisco Candido Xavier

190Listes des ouvrages en brsilien

194AVANT-PROPOS Ce livre fait partie d'une srie de treize ouvrages qui seront traduits en franais au fil du temps. Ils ont tous t psychographis , c'est--dire reu par criture automatique voir ce sujet Allan Kardec, Le Livre des Mdiums sujet 157 , par le plus connu des mdiums brsiliens, Francisco Cndido Xavier galement connu sous le surnom de Chico Xavier.Chico est n au Brsil, dans la ville de Pedro Leopoldo, tat du Minas Grais, en 1910. Trs tt il travailla au dveloppement de sa mdiumnit. Durant toute sa vie, ce n'est pas moins de 437 ouvrages qu'il crira sous la dicte de divers Esprits, dont Emmanuel, son guide spirituel, et Andr Luiz, mdecin de son vivant qui vcut au Brsil o il exerait sa profession.Andr vcut sa vie sans s'inquiter des choses spirituelles jusqu' ce que vienne sa dsincamation. Cette tape est conte dans le premier livre de la srie, le plus vendu ce jour, Nosso Lar : La vie dans une colonie spirituelle . On y dcouvre l'arrive du mdecin dans l'au-del aprs qu'il ait quitt son corps physique. Mdecin sur la Terre, perdu dans l'ternit, on le voit voluer, se questionner, remettre ses croyances en question et grandir spirituellement. Il nous raconte son histoire tel qu'il l'a vcue et ressentie.Cette srie a pour but de montrer aux incarns que nous sommes, que rien ne s'arrte la mort du corps physique, loin de l.Ces lectures pourront certainement surprendre de par l'aspect extraordinaire des rcits. Pourtant, celui qui a lu ou lira Le Livre des Esprits, coordonn par Allan Kardec, avec attention, pourra y voir la concrtisation des prceptes et des fondements de la doctrine dlivre par les Esprits.La vie existe des degrs que nous ne souponnons mme pas, et nos frres de l'invisible sont l pour nous clairer, nous guider, pour nous redonner un peu de confiance et de srnit face aux grands questionnements de la vie et de la mort.Chacun de ces treize ouvrages aborde un thme li au Spiritisme, la vie des Esprits dans leurs relations quotidiennes entre eux mais aussi avec les incarns travers la mdiumnit.Ainsi, c'est une porte que nous voudrions ouvrir, aux lecteurs de langue francophone, sur un univers grandiose, tel qu'il est, dans toute son immensit, toute sa splendeur ; l'Univers qui nous entoure.LE TRADUCTEURA PROPOS DES NEOLOGISMES Allan Kardec, lui-mme, disait dans Introduction l'tude de la doctrine spirite du Livre des Esprits que pour les choses nouvelles il faut des mots nouveaux .Le Spiritisme est une doctrine nouvelle qui explore des domaines nouveaux. Ainsi, afin de pouvoir en parler clairement, nous avons besoin d'un vocabulaire limpide, parlant.De plus, dans le respect des livres originaux, ces traductions ont eu besoin de l'emploi de mots n'existant pas dans la langue franaise pourtant si riche. D'autres termes, d'autres expressions ont, quant eux, un sens un peu diffrent de celui gnralement attribu.Tout cela se trouve expliqu dans le court lexique qui suit.LEXIQUECe petit lexique a pour but d'expliquer les nologismes employs et le sens de certains mots dans leur acception spirite. DSOBSESSION : Travail d'assistance mdiumnique durant lequel une discussion s'tablie entre l'Esprit obsesseur et une personne charge de l'orientation spirituelle. Nologisme. OBSESSEUR: Esprit, incarn ou dsincarn, se livrant l'obsession d'une autre personne, elle-mme incarne ou dsincarne. Nologisme. ORIENTATION SPIRITUELLE : discussion visant aider et clairer un Esprit souffrant sur sa condition et sur les opportunits d'amlioration de son tat. Se pratique lors des sances de dsobsession , par des orienteurs incarns ou dsincarns. OBSESSION : Acte par lequel un Esprit exerce un joug sur un autre Esprit (voir ce sujet Le Livre des Mdiums, ch. 23 - De l'obsession). PSYCHOGRAPHIE : Du grec psufch (me) et graphia (criture) ; fait d'crire sous la dicte d'un Esprit. Type de mdiumnit. Nologisme. psychographier PSYCHOPHONIE : Du grec psufch (me) et phnia (voix) ; fait de parler sous l'influence d'un Esprit. Mdiumnit d'incorporation. Nologisme. PRISPRIT : Enveloppe semi-matrielle de l'Esprit. Chez les incarns, il sert de lien ou d'intermdiaire entre l'Esprit et la matire ; chez les Esprits errants, il constitue le corps fluidique de l'Esprit. (Le Livre des Mdiums, chapitre 32 - Vocabulaire Spirite) prispritique : qui est relatif au prisprit. Nologisme. VAMPIRE : les vampires, dans le Spiritisme, sont des tres qui absorbent l'nergie et les sensations des personnes. Il ne s'agit plus de buveurs de sang mais de buveurs de fluides qui sont, en ralit, des Esprits ignorants, encore trs attachs aux sensations et la matire. VOLITION : Exercice de la volont dans une exprience parapsychologique. (Petit Robert) Acte par lequel les Esprits se dplacent au moyen de leur volont. Ils flottent pour ainsi dire dans l'air, et glissent sur la terre. voliterNOUVEL AMIEn gnral, les prfaces prsentent les auteurs, mettant l'accent sur leur mrite et commentant leur personnalit.Ici, la situation est cependant diffrente.Vous chercheriez en vain, compagnons incarns, le mdecin Andr Luiz dans les catalogues de la convention.Parfois, l'anonymat est fils de la comprhension lgitime et du vritable amour. Pour racheter le pass scabreux, les barmes de la nomenclature usuelle applique la rincarnation changent. L'oubli temporaire fonctionne comme une bndiction de la Divine Misricorde.Andr a eu aussi besoin de tirer le rideau sur lui-mme.C'est pour cela que nous ne pouvons prsenter le mdecin terrestre et auteur humain mais le nouvel ami et frre en ternit.Afin d'apporter de prcieuses impressions aux compagnons du monde, il a eu besoin de se dpouiller de toutes les conventions, y compris de son propre nom, pour ne pas blesser les curs aims encore envelopps dans les vieux manteaux de l'Illusion. Ceux qui cuelent les pis mrs ne doivent pas offenser ceux qui plantent au loin, ni perturber les pousses vertes, encore enjleur.Nous reconnaissons que ce livre n'est pas unique. D'autres entits ont dj comment les conditions de vie outre-tombe. ..Cependant, il y a longtemps que nous dsirons apporter dans notre cercle spirituel quelqu'un qui puisse transmettre d'autres la valeur de son exprience, avec tous les dtails possibles pour la juste comprhension de l'ordre qui prside l'effort des dsincarns travailleurs et bien intentionns, dans les sphres invisibles au regard humain bien qu'intimement lies la plante.De nombreux amis souriront certainement face certains passages des rcits. Cela dit, l'inhabituel cause la surprise toutes les poques. Qui n'a pas souri sur Terre, il y a quelques annes en arrire, quand on nous parlait d'aviation, d'lectricit ou de radiophonie?La surprise, la perplexit et le doute sont de tous les apprentis qui ne sont pas encore passs par la leon. Cela est plus que naturel et hautement justifi. Nous ne commenterons, de cette manire, aucune impression d'autrui. Tout lecteur a besoin d'analyser ce qu'il Ut.Reportons nous donc seulement l'objectif essentiel de ce travail.Le Spiritisme gagne un nombre grandissant d'adeptes. Des milliers de personnes s'intressent ses travaux, modalits et expriences. Cependant, dans ce champ immense de nouveauts, l'homme ne doit pas se ngliger.Il ne suffit pas d'enquter sur des phnomnes, d'adhrer verbalement, d'amliorer l'apparence, d'duquer la conscience d'autrui, dfaire du proslytisme et de conqurir les faveurs de l'opinion, aussi respectable que cela soit, sur le plan physique. R est indispensable de mditer sur la connaissance de nos potentiels infinis, les appliquant, notre tour, au service du bien.L'homme terrestre n'est pas un dshrit. Il est le fils de Dieu en travail constructif, revtant le vtement de chair ; lve de l'cole bnite o il est ncessaire d'apprendre s'lever. La lutte humaine reprsente son opportunit, son outil, son livre.L'change avec l'invisible reprsente un mouvement sacr pour la fonction restauratrice du Christianisme pur ; mais que personne ne nglige ses propres ncessits dans la place qu'il occupe par la volont du SeigneurAndr Luiz vient vous raconter, lecteur ami, que la plus grande surprise de la mort charnelle est de nous placer face notre propre conscience o nous difions le ciel, stationnons dans le purgatoire ou nous prcipitons dans l'abme infernal ; il vient rappeler que la Terre est un atelier sacr, et que personne ne la mprisera sans connatre le prix de la terrible erreur laquelle le cur s'est soumis.Gardez son exprience dans le livre de l'me. Elle dit bien haut qu'il ne suffit pas l'tre de s'attacher l'existence humaine mais qu'il a besoin de savoir en profiter dignement ; que les pas du chrtien, en n'importe quelle cole religieuse, doivent se diriger vritablementvers le Christ, et qu'en notre camp doctrinaire, nous avons besoin, en vrit, du spiritisme et du spiritualisme, mais bien plus encore de spiritualit.EMMANUELPedro Leopoldo, le 3 octobre 1943.MESSAGE DANDRE LUIZLa vie ne s'arrte pas. La vie est une source ternelle et la mort n'est que le jeu obscur des illusions.Le grand fleuve suit son cours avant la mer immense. Copiant cette expression, l'me parcourt aussi des chemins varis et plusieurs tapes, recevant galement des affluents de connaissances, ici et l, s'agrandissant en volume et se purifiant en qualit, avant de rencontrer l'Ocan ternel de la Sagesse.Fermer les yeux de la chair constitue une opration excessivement simple.Changer l'habit physique ne rsout pas le problme fondamental de l'illumination, comme l'change de vtements n'a rien voir avec les profondes solutions du destin et de l'tre.Oh ! chemins des mes, mystrieux chemins du cur ! Vous parcourir est un mystre avant de s'essayer la suprme quation de la Vie ternelle ! Il est indispensable de vivre votre drame, de connatre vos moindres dtails intrieurs, dans le long processus du perfectionnement spirituel 1...Il serait extrmement enfantin de croire que le simple baisser de rideau rsolve les transcendantes questions de l'Infini.Une existence est un acte.Un corps une veste.Un sicle un jour.Un travail une exprience.Un triomphe une acquisition.La mort un souffle rnovateur.De combien d'existences, combien de corps, combien de sicles, combien de travaux, combien de triomphes, combien de morts aurons-nous encore besoin ?Et l'rudit en philosophie religieuse parle de dlibrations finales et de positions dfinitives !Malheur aux docteurs en doctrine et aux analphabtes de l'esprit !Il faut l'homme beaucoup d'effort pour entrer dans l'acadmie de l'vangile du Christ, entre qui s'observe, presque toujours, de bien trange manire seul, en compagnie du Matre, effectuant le cours difficile, recevant les leons sans les chaires apparentes et coutant de vastes dissertations sans mots articuls.Mais trs long est notre laborieux voyage.Notre simple effort ne veut seulement traduire qu'une ide de cette vrit fondamentale.Merci, donc, mes amis !Nous nous manifestons auprs de vous dans l'anonymat qui obit la charit fraternelle. L'existence humaine prsente une grande majorit de vases fragiles qui ne peuvent encore contenir toute la vrit. D'ailleurs, seule nous intresserait, pour le moment, l'exprience profonde avec ses valeurs collectives. Nous ne tourmenterons personne avec l'ide de l'ternit. Qu'en premier lieu les vases se fortifient. Nous ne fournirons que quelques courtes nouvelles l'esprit assoiff de nos frres sur le sentier de la ralisation spirituelle et qu'ils comprennent, avec nous, que l'esprit souffle o il veut .Et maintenant, amis, que se taisent mes remerciements sur le papier, me recueillant dans le grand silence de la sympathie et de la gratitude. Attraction et reconnaissance, amour et jubilation habitent l'me. Sachez que je garderai, votre intention, de telles valeurs avec moi dans le sanctuaire de mon cur.Que le Seigneur nous bnisse.ANDR LUIZ

1DANS LES ZONES INFERIEURESJ'avais l'impression d'avoir perdu la notion du temps. Celle d'espace s'tait vanouie depuis longtemps.J'tais convaincu de ne plus appartenir au nombre des incarns du monde et, cependant, mes poumons respiraient longues bouffes.Depuis quand tais-je devenu le jouet de forces irrsistibles ? Impossible de le savoir.Je me sentais en ralit comme un esprit follet tourment dans les mailles obscures de l'horreur. Cheveux en bataille, cur palpitant, peur terrible me dominant, bien souvent je criais tel un fou, implorant piti et clamant contre le douloureux abattement qui asservissait mon esprit ; mais, quand le silence n'absorbait pas ma voix de stentor, des lamentations encore plus mouvantes que les miennes rpondaient mes gmissements. d'autres moments, de sinistres clats de rires dchiraient la quitude ambiante. Un compagnon inconnu devait tre, mon avis, prisonnier de la folle. Des formes diaboliques, des visages blmes, des expressions animalesques surgissaient, de temps autre, aggravant ma terreur. Le paysage, quand il n'tait pas totalement obscur, semblait baign d'une lumire blanchtre, comme envelopp d'un brouillard pais que les rayons du Soleil rchauffaient de trs loin.Et l'trange voyage continuait... Avec quelle fin ? Qui pouvait me le dire ? Je savais seulement que je fuyais tout le temps... La peur me poussait malgr moi. O se trouvait le foyer, l'pouse, les enfants ? J'avais perdu toute notion de chemin. La crainte de l'inconnu et la peur des tnbres absorbaient toutes mes facults de raisonnement, ds que je me fus dtach des derniers liens physiques, en pleine tombe !Ma conscience me tourmentait : j'aurais prfr l'absence totale de raison, le non tre.Au dbut, les larmes lavaient incessamment mon visage et, en de rares instants, j'avais la joie de pouvoir goter la bndiction du sommeil. La sensation de soulagement s'interrompait alors brusquement. Des tres monstrueux me rveillaient, ironiques ; il tait indispensable de les fuir.Je reconnaissais, maintenant, que cette sphre qui s'levait de la poussire du monde tait diffrente ; cependant, il tait trop tard. D'angoissantes penses venaient emplir mon cerveau d'attritions. Je parvenais mal baucher des projets de solutions, de nombreux incidents me poussant dans des considrations tourdissantes. En aucun moment le problme religieux n'est ressorti de manire si profonde mes yeux. Les principes purement philosophiques, politiques et scientifiques me paraissaient prsent extrmement secondaires dans la vie humaine. Ils signifiaient, selon moi, un prcieux patrimoine des plans de la Terre, mais il tait urgent de reconnatre que l'humanit rie se constituait pas de gnrations transitoires, mais bien d'Esprits ternels sur le chemin d'une glorieuse destination. Je reconnus que quelque chose reste au-dessus de toute rflexion simplement intellectuelle. Ce quelque chose, c'est la foi, manifestation divine pour l'homme. Cela dit, pareille analyse surgit tardivement. De fait, je connaissais les paroles de l'Ancien Testament et j'avais de nombreuses fois feuillet l'vangile ; mais il m'est forc de reconnatre que je n'ai jamais cherch les paroles sacres avec la lumire du cur. Je les reprais travers la critique d'crivains peu habitus au sentiment et la conscience, ou en plein dsaccord avec les vrits essentielles. En d'autres occasions, je les interprtais selon la hirarchie sacerdotale organise, sans jamais sortir du cercle des contradictions o je demeurais volontairement.En ralit, je ne fus pas un criminel, selon mon propre concept. Mais la philosophie de l'immdiat m'avait absorb. Mon existence terrestre, que la mort transforma, n'avait pas t marque de faits hors du commun.Fils de parents peut-tre excessivement gnreux, je conquis mes titres universitaires sans grand sacrifice, j'avais partag les vices de la jeunesse de mon temps, organis un foyer, eu des enfants, obtenu des situations stables qui garantirent la tranquillit conomique de ma famille mais, en m'examinant attentivement, quelque chose me faisait ressentir la notion de temps perdu, avec la silencieuse accusation de la conscience. J'avais habit la Terre, j'avais joui de biens matriels, j'avais cueilli les bndictions de la vie, mais je ne lui avais pas rembours un centime de l'norme dbit. J'avais eu des parents dont je n'avais su apprcier la gnrosit et les sacrifices ; une pouse et des enfants que j'avais frocement retenus dans les filets rigides de l'gosme destructeur. J'avais un foyer que j'avais ferm tous ceux qui traversaient le dsert de l'angoisse. Je me rgalais des joies de la famille, oubliant d'tendre cette bndiction divine l'immense famille humaine, sourd aux simples devoirs de la fraternit.Enfin, maintenant, comme la fleur de la serre, je ne supportais pas le climat des ralits ternelles. Je n'avais pas dvelopp les germes divins que le Seigneur de la Vie avait placs en mon me. Je les avais touffs, criminellement, dans le dsir non retenu de bien-tre. Je n'avais pas dress mes organes pour la vie nouvelle. Il tait donc juste que Je nie rveille ici la manire de l'estropi qui, rendu au fleuve infini de l'ternit, ne pouvait pas accompagner, sinon de force, le courant incessant des eaux ; ou comme le mendiant malheureux qui, puis en plein dsert, dambule la merci des ouragans imptueux.Oh ! amis de la Terre ! combien d'entre-vous pourraient viter le chemin d'amertume avec la prparation des champs intrieurs du cur ? Allumez votre lumire avant de traverser la grande ombre. Cherchez la vrit avant que la vrit ne vous surprenne. Suez maintenant pour ne pas pleurer aprs.2CLARENCIO Suicid ! Suicid ! Criminel ! Infme! des cris pareils ceux-ci m'entouraient de toute part. O les assassins insensibles se cachaient-ils ? Parfois, je les apercevais fugitivement, glissants dans les tnbres paisses et, quand mon dsespoir atteignait son apoge, je les attaquais, mobilisant d'extrmes nergies. Mais en vain, je battais l'air de mes poings dans les paroxysmes de la colre. Des rires sarcastiques blessaient mes oreilles pendant que des silhouettes noires disparaissaient dans l'ombre.Qui appeler ? La faim me torturait, la soif me brlait. De simples phnomnes de l'exprience matrielle prenaient une toute autre ampleur mes yeux. Ma barbe poussait, mes vtements commenaient se dchirer sous les efforts de la rsistance dans cette rgion inconnue. Cependant, la circonstance la plus douloureuse n'tant pas le terrible abandon auquel je me sentais livr, mais le harclement incessant des forces perverses qui me mettait en colre sur les chemins dserts et obscurs. Ils m'irritaient, dtruisaient la possibilit de rassembler mes ides. Je souhaitais rflchir profondment sur la situation, en analyser les raisons et tablir de nouvelles lignes directrices pour ma pense. Mais ces voix, ces lamentations mlanges d'accusations directes, me dsorientaient irrmdiablement. Que cherches-tu, malheureux ! O vas-tu, suicid ?De telles objurgations, sans cesse rptes, perturbaient mon cur. Malheureux, oui ; mais suicid ? jamais ! Pour moi, ces reproches taient sans fondement. J'avais laiss mon corps physique contrecur. Je me souvenais de mon combat acharn contre la mort. Je pouvais jurer entendre encore les derniers avis mdicaux prononcs la Maison de Sant ; je me souvenais de l'attention affectueuse qui m'avait t prodigue, les soins douloureux que j'avais d subir durant les longs jours qui suivirent la dlicate opration des intestins. Je sentais, au cours de ces rminiscences, le contact du thermomtre, la piqre dsagrable de l'aiguille des injections et. enfin, la dernire scne qui prcda le grand sommeil : mon pouse encore jeune et mes trois enfants, me contemplant dans la terreur de la sparation ternelle. Aprs... le rveil dans le paysage humide et obscur et le grand cheminement qui paraissait sans fin.Pourquoi une accusation de suicide quand je fus oblig d'abandonner la maison, la famille et la douce proximit des miens ? L'homme le plus fort connatra des limites la rsistance motionnelle. Ferme et rsolu au dbut, j'ai commenc me livrer de longues priodes d'abattement et, loin de poursuivre dans la forteresse morale, je sentis que les larmes longuement retenues me visitaient plus souvent, dbordant du cur. qui recourir ? Aussi grande que ft ma culture intellectuelle rapporte du monde, je ne pouvais modifier, maintenant, la ralit de la vie. Mes connaissances, devant l'infini, ressemblaient de petites bulles de savon emportes par le vent imptueux qui transforme les paysages. J'tais quelque chose que la tornade de la vrit charriait trs loin. Cependant, la situation ne modifiait en rien l'autre ralit de mon tre essentiel. Me demandant si je ne devenais pas fou, je rencontrais ma conscience vigilante, me disant que je continuais tre le mme, avec le sentiment et la culture cueillis dans l'exprience matrielle. Les ncessits physiologiques persistaient, sans modification. La faim flagellait toutes mes fibres et, malgr tout, l'abattement progressif ne me faisait pas sombrer dans un complet puisement. De temps autres, je dcouvrais des plantes qui me paraissaient sauvages, prs de filets d'eau sur lesquels je me jetais, assoiff. Je dvorais les feuilles inconnues, collais mes lvres la source du liquide souill autant que me le permettaient les forces irrsistibles qui me poussaient en avant. De nombreuses fois, je dus sucer la boue du chemin me rappelant du pain quotidien, versant des pleurs abondants. Souvent, il m'tait indispensable de me cacher des hardes normes d'tres animalesques qui passaient en groupe, tel des btes insatiables. C'tait des scnes d'pouvant ! Le dcouragement s'accentuait. C'est l que je commenais me souvenir qu'il devait exister, quelque part, un Auteur de la Vie. Cette ide me rconforta. Moi qui avais dtest les religions du monde, je ressentais prsent la ncessit de rconfort mystique. Mdecin extrmement attach au ngativisme de ma gnration, une attitude rnovatrice s'imposait moi. Il devenait indispensable de reconnatre l'chec de lamour-propre auquel je m'tais consacr, orgueilleux.Et, quand l'nergie me manqua, quand je me sentis absolument coll la bourbe de la Terre, sans forces pour me redresser, j'ai demand au Suprme Auteur de la Nature de me tendre ses mains paternelles en cet instant d'urgence si amer.Combien de temps dura ma demande ? Combien d'heures consacrai-je la supplication, les mains jointes, imitant l'enfant afflig ? Je sais seulement que la pluie de mes larmes lava mon visage ; que tous mes sentiments se concentraient dans la prire douloureuse. Serais-je donc compltement oubli ? N'tais-je pas galement fils de Dieu, mme si je n'avais pas cherch connatre cette activit sublimer quand je me trouvais engouffr dans les vanits de l'exprience humaine ? Pourquoi le Pre ternel ne me pardonnerait pas quand il donnait un nid aux oiseaux inconscients et protgeait, bienveillant, la dlicate fleur des champs ?Ah ! il faut avoir beaucoup souffert pour comprendre toutes les mystrieuses beauts de la prire ; il est ncessaire d'avoir connu le remords, l'humiliation et l'extrme infortune pour prendre efficacement le sublime lixir de l'esprance. C'est ce moment que les brouillards pais se dispersrent et que quelqu'un surgit, missaire des Cieux. Un vieillard sympathique me sourit paternellement. Il s'inclina, fixa dans les miens ses grands yeux lucides et dit : Courage mon fils ! Le Seigneur ne t'a pas abandonn.Des pleurs amers baignaient mon me entire. mu, je voulus traduire ma grande joie, commenter la consolation qui me parvenait. Mais runissant toutes les forces qu'il me restait, je pus seulement demander : Qui tes-vous, gnreux missaire de Dieu ?L'inattendu bienfaiteur sourit avec bienveillance et rpondit : Tu peux m'appeler Clarencio, je suis seulement ton frre.Et, percevant mon puisement, il ajouta : Maintenant, sois calme et silencieux. Le repos est ncessaire pour reconstituer ton nergie.Ensuite, il appela deux compagnons qui se maintenaient dans une attitude de serviteurs zls et il leur demanda : Apportez notre ami les secours d'urgence.Un drap blanc fut tendu ici mme, en guise de civire improvise, les deux cooprateurs se disposant me transporter, gnreusement.Quand ils me hissrent, prcautionneux, Clarencio mdita un instant et prcisa, comme qui se souvient d'une obligation ne pouvant tre ajourne : Partons sans attendre. J'ai besoin d'atteindre Nosso Lar* le plus tt possible. *NdT : Nosso Lar signifie, en franais, Notre Demeure .3LA PRIRE COLLECTIVEBien que me transportant tel un bless commun, j'aperus la scne rconfortante qui se droulait sous mes yeux.Clarencio, qui s'appuyait sur un bton d'une substance lumineuse, se tint devant une grande porte encastre dans de hauts murs couverts de plantes grimpantes, fleuries et gracieuses. Ayant manipul avec attention un point de la muraille, une longue ouverture se fit par laquelle nous pntrmes, silencieux.Tout, ici, tait inond d'une douce clart. Au loin, une magnifique source de lumire faisait penser un coucher de soleil des aprs-midi printaniers. mesure que nous avancions, je parvenais observer de prcieuses constructions situes dans d'immenses jardins.Sur un signal de Clarencio, les conducteurs dposrent, tout doucement, la civire improvise. La porte accueillante d'un difice blanc ressemblant un hpital terrestre apparut mon regard. Deux jeunes portant des tuniques de lin d'une blancheur de neige accoururent prestement l'appel de mon bienfaiteur et, alors qu'ils m'installaient avec attention dans un lit d'urgence, pour me conduire avec douceur l'intrieur, j'entendis le gnreux ancien leur recommander tendrement : Gardez notre protg dans le pavillon de droite et attendez-moi. Je reviendrai le voir tt demain.Je lui adressai un regard de gratitude quand ils me conduisirent jusqu' la chambre confortable aux grandes dimensions, richement meuble, o ils m'offrirent un lit accueillant.Enveloppant les deux infirmiers dans la vibration de ma reconnaissance, je m'efforai de leur adresser la parole, parvenant dire enfin : Amis, par piti, expliquez-moi dans quel nouveau monde Je me trouve... De quelle toile me vient prsent cette lumire rconfortante et brillante ?L'un d'eux me caressa le front, comme si nous tions des connaissances de longue date et rpondit : Nous sommes dans les sphres spirituelles voisines de la Terre et le Soleil qui nous illumine, en ce moment, est le mme qui vivifiait notre corps physique. Toutefois, ici, notre perception visuelle est bien plus riche. L'toile que le Seigneur a allume pour nos travaux terrestres est plus prcieuse et belle que ce que nous supposons quand nous nous trouvons dans le cercle charnel. Notre Soleil est la source divine de la vie, et la clart qu'il irradie provient de l'Auteur de la Cration.Mon moi , comme absorb par une onde d'infini respect, fixa la douce lumire qui envahissait la chambre en traversant les fentres, et je me perdis dans le cours de profondes rflexions. Je me souvins alors que je n'avais jamais fix le soleil, pendant les jours terrestres, mditant sur l'incommensurable bont de Celui qui nous l'a concd pour le chemin ternel de la vie. Je ressemblais l'heureux aveugle qui ouvre les yeux sur la sublime Nature aprs de longs sicles d'obscurit. ce moment, ils me servirent un bouillon rconfortant suivi d'une eau trs frache qui me sembla porteuse de fluides divins. La petite quantit de liquide me ranima de manire inattendue. Je ne saurais dire de quelle espce de soupe il s'agissait ; alimentation sdative ou remde salutaire. Une nergie nouvelle soutint mon me, de profonds bouleversements vibrrent dans mon esprit.Cependant, ma plus grande motion devait survenir quelques instants plus tard. peine sorti de la consolante surprise, une divine mlodie pntra l'intrieur de la chambre, s'apparentant un doux ensemble de sons s'levant vers les sphres suprieures. Ces notes l'harmonie merveilleuse traversaient mon cur. Face mon regard interrogateur, l'infirmier qui demeurait mes cts, m'claira, bienveillant : C'est le crpuscule Nosso Lar . Dans tous les centres de cette colonie de travail consacre au Christ, il y a une liaison directe avec les prires du Gouvernement.Et alors que la musique magnifiait l'ambiance, il s'excusa, attentionn : Maintenant, restez en paix. Je serai de retour peu aprs la prire.Une anxit soudaine me saisit. Ne pourrai-je pas vous accompagner ? demandai-je, suppliant. Vous tes encore faible, dit-il gentiment, mais si vous vous en sentez la force...La mlodie rnovait mes nergies profondes. Je me suis lev, vainquant les difficults et je me suis accroch au bras fraternel qui m'tait offert. Suivant en vacillant, j'arrivai dans un norme salon o une assemble nombreuse mditait en silence, profondment recueillie. De la vote pleine d'une brillante clart, de dlicates guirlandes de fleurs pendaient du plafond jusqu'au sol, formant de radieuses manifestations de la Spiritualit Suprieure. Personne ne semblait se rendre compte de ma prsence tandis que je ne parvenais dissimuler mon tonnement qu' grand peine. Toutes les personnes prsentes, attentives, paraissaient attendre quelque chose. Contenant, par un grand effort, les nombreuses questions qui envahissaient mon esprit, je remarquai qu'au fond de la salle se dessinait, sur un cran gigantesque, une scne aux lumires feriques. Obissant un processus avanc de tlvision, l'intrieur d'un merveilleux temple surgit. Assis bien en vidence, un majestueux vieillard couronn de lumire et vtu d'une tunique d'un blanc lumineux, fixait l'infini dans une attitude de recueillement. Au second plan, soixante-douze personnes semblaient l'accompagner dans un silence respectueux. Grandement surpris, je remarquai Clarencio au milieu de l'assemble qui entourait ce magnifique patriarche.Pressant son bras, l'infirmier ami se rendit compte que mes questions ne se feraient pas attendre. Il me chuchota alors d'une voix qui s'apparentait plus un souffle lger : Restez tranquille. Toutes les rsidences et institutions de Nosso Lar sont en train de prier avec le Gouverneur par l'intermdiaire de la vision et de l'coute distance. Louons le Cur Invisible du Ciel. peine avait-il termin son explication que les soixante-douze personnes entonnrent un hymne harmonieux empreint d'une indfinissable beaut. La physionomie de Clarencio qui se trouvait parmi les vnrables compagnons, me parut resplendir d'une lumire plus intense. Le cantique cleste se constituait de notes angliques de sublime gratitude. De mystrieuses vibrations de paix et de joie planaient dans l'air, et quand les notes argentines firent de dlicieux staccato, un cur merveilleusement bleu *orn de rayons dors apparut au loin, sur un plan lev. Ensuite, une douce musique rpondit aux louanges, provenant peut-tre de sphres distantes. cet instant, une abondante pluie de fleurs bleues se dversa sur nous ; mais si nous tentions d'attraper les myosotis clestes, nous ne parvenions pas les retenir dans nos mains. Les minuscules corolles se dfaisaient tout en douceur lorsqu'elles touchaient nos fronts, me faisant ressentir une singulire restauration des nergies au contact des ptales fluidiques, rpandant un baume sur mon cur.1 Note de l'auteur spirituel : Image symbolique forme pur les vibration mentales des habitants de la colonie.La sublime prire termine, je retournai tua chambre de malade, soutenu par l'ami qui m'tait dvoue. Cependant, je n'tais plus le grave souffrant de quelques heures auparavant. La premire prire collective Nosso Lar avait opr en moi une transformation complte. Un rconfort inattendu enveloppait mon me. Pour la premire fois depuis de longues annes de souffrance, mon pauvre cur tourment et charg de nostalgie, tel un calice rest vide durant trs longtemps, se remplissait de nouveau des gnreuses gouttes de la liqueur de l'esprance.4LE MDECIN SPIRITUELLe lendemain, aprs un sommeil profond et rparateur, je pus ressentir la bndiction radieuse du Soleil ami pareil un doux message mon cur. Une clart rconfortante traversait la grande fentre, inondant l'intrieur d'une lumire caressante. Je me sentais devenir un autre. Des nergies nouvelles m'envahissaient intrieurement. J'avais l'impression d'absorber la joie de la vie grandes bouffes. Il n'y avait qu'une tche d'ombre dans mon me : la nostalgie de mon foyer, l'attachement ma famille qui demeurait lointaine. Ma pense tait habite de nombreuses interrogations, mais la sensation de soulagement tait si grande que je rassurai mon esprit, loin de toute proccupation.Je voulus me lever, jouir du spectacle de la Nature agite par la brise et baigne de lumire, mais je n'y parvins pas et j'en vins la conclusion que sans la coopration magntique de l'infirmier, il m'tait impossible de quitter le lit.Je n'tais pas encore revenu de toutes ces surprises qui s'enchanaient que la porte s'ouvrit laissant entrer Clarencio accompagn d'un sympathique inconnu. Ils me salurent courtoisement me souhaitant la paix. Mon bienfaiteur de la veille s'enquit de mon tat gnral. Empress, l'infirmier l'en informa.Souriant, le vieillard ami me prsenta son compagnon. Il s'agissait du frre Henrique de Luna, du service d'Assistance Mdicale de la colonie spirituelle. Vtu de blanc, les traits de son visage irradiant une norme sympathie, Henrique m'ausculta longuement, sourit et expliqua : Il est regrettable que vous soyez venu par le suicide.Alors que Clarencio demeurait serein, je sentis qu'un singulier tonnement ml de rvolte bouillonnait en moi.Suicid ? Je me souvins des accusations lances par les tres pervers de l'ombre. Malgr l'infinie gratitude que je commenais ressentir, je ne pus me taire face l'accusation. Je crois qu'il y a erreur, assurai-je, offens, mon retour du monde n'a pas t d cela. J'ai lutt plus de quarante jours l'hpital, tentant de vaincre la mort. J'ai subi deux oprations graves en raison d'une occlusion intestinale... Oui, rpondit le mdecin, dmontrant la mme srnit suprieure, mais l'occlusion avait ses racines dans des causes profondes. Peut-tre n'avez-vous pas assez rflchi. L'organisme spirituel a grav en lui l'histoire complte des actions pratiques dans le monde.Et se penchant, il indiqua des points dtermins de mon corps : Voyons la zone intestinale, s'exclama-t-il. L'occlusion dcoulait d'lments cancreux et ceux-ci provenaient de certaines ngligences de votre part par rapport la syphilis. La maladie n'aurait peut-tre pas revtue des consquences aussi graves si votre comportement mental sur la plante s'tait trouv l'intrieur des principes de la fraternit et de la temprance. Hlas, votre mode de vie bien particulier, souvent irrit et svre, captait les vibrations destructrices de ceux qui vous coutaient. N'avez-vous jamais pens au fait que la colre pourrait tre une source de forces ngatives pour chacun de nous ? L'absence d'auto-contrle, la ngligence dans la manire dont vous traitiez vos semblables, que vous avez souvent offens sans rflchir, vous conduisaient frquemment dans la sphre des tres malades et infrieurs. Une circonstance comme celle-ci a grandement aggrav votre tat physique.Aprs une longue pause pendant laquelle il m'examina attentivement, il continua : Avez-vous dj observ, mon ami, que votre foie a t maltrait par votre propre action ; que vos reins ont t oublis dans un terrible mpris des prsents sacrs ?Un singulier dsappointement envahit mon cur. Ne paraissant pas percevoir l'angoisse qui m'opprimait, le mdecin poursuivit, disant : Les organes du corps somatique possdent d'incalculables rserves selon les desseins du Seigneur. Vous avez, perdu d'excellentes opportunits gaspillant les prcieux patrimoines de l'exprience physique. La longue tche qui vous a t confie par les Grands do la Spiritualit Suprieure: a t rduite de simples tentatives clans le travail qui n'a pas t accompli. Tout l'appareil gastrique a t dtruit par les excs d'alimentation et de boissons alcooliques, apparemment sans importance. La syphilis a dvor vos nergies les plus essentielles et comme vous le voyez, le suicide est incontestable.J'ai alors mdit sur les chemins humains, rflchissant aux opportunits perdues. Durant la vie incarne, j'tais parvenu dissimuler mon visage derrire de nombreux masques adapts aux situations. Je ne pouvais supposer, en ces temps lointains, qu'il me serait demand des comptes concernant de simples pisodes que j'avais pour habitude de considrer comme des faits sans grande importance. J'avais jusque-l conu les erreurs humaines selon les concepts de la criminologie. Tout vnement insignifiant qui n'y entrait pas faisait partie des phnomnes naturels. Mais maintenant, un autre systme de vrification des erreurs commises m'apparaissait. Je n'avais pas affronter les tribunaux de la torture et n'tais pas jet dans les abysses infernaux ; l'inverse, des bienfaiteurs souriants commentaient mes faiblesses comme qui veille sur un enfant dsorient, loin du regard des parents. Cela dit, cet intrt spontan blessait ma fiert d'homme. Peut-tre que si j'avais reu la visite d'tres diaboliques venus me torturer, trident en main, j'aurais trouv la force de rendre la droute moins amre. Toutefois, la bont exubrante de Clarencio, l'inflexion de tendresse du mdecin et le calme fraternel de l'infirmier pntraient profondment mon esprit. Je ne ressentais aucune volont de raction ; la honte me faisait souffrir, et tout cela me fit pleurer. Le visage entre les mains, pareil un enfant contrari, je me mis hoqueter sous l'effet de la douleur qui me paraissait ne jamais devoir cesser. Je ne pouvais que reconnatre les faits. Henrique de Luna parlait avec raison. Finalement, mes lans de vanit s'touffrent et je reconnus l'tendue de mon irrflexion du pass. La fausse notion de dignit personnelle cdait la place la justice. Face ma vision spirituelle, il n'existait maintenant qu'une ralit torturante : j'tais rellement un suicid, j'avais perdu la prcieuse opportunit de l'exprience humaine ; je n'tais rien d'autre qu'un naufrag que l'on avait recueilli par charit. cet instant, le gnreux Clarencio s'assit au bord du lit et, me caressant paternellement les cheveux, dit avec motion : Oh ! mon fils, ne te culpabilises pas de cette manire. Je suis all te chercher en rponse l'intercession de ceux qui t'aiment dans les plans plus levs. Tes larmes attristent leurs curs. Ne veux-tu pas te montrer reconnaissant en tant fort durant l'examen de tes propres fautes ? En ralit, ta position est celle d'un suicid inconscient et il convient de reconnatre que des centaines d'tres s'absentent quotidiennement de la Terre dans les mmes conditions. Calme-toi alors. Profite des trsors du repentir, garde la bndiction du remords sans oublier que l'affliction ne rsout pas les problmes. Aie confiance dans le Seigneur et en notre dvouement fraternel. Tranquillise ton me perturbe car un grand nombre d'entre-nous a dj dambul sur tes chemins.Face la gnrosit qui ressortait de ces paroles, je me jetai dans les bras paternels de Clarencio et pleurai longuement.5RECEVANT ASSISTANCE Est-ce toi qui es sous la protection de Clarencio ?La question m'tait pose par un jeune l'expression singulire et douce qui avait la main un grand sac semblant contenir du matriel d'assistance. Il m'adressa un sourire bienveillant et voyant mon signe affirmt If. il se mit son aise, me disant fraternellement : Je suis Lisias, ton frre. Mon directeur, l'assistant Henrique de Luna, m'a dsign pour tre ton service pendant la priode o un traitement te sera ncessaire. Tu es infirmier ? demandai-Je. Je suis un visiteur des services de sant cooprant l'infirmerie et signalant galement les besoins d'aide on les mesures ncessaires concernant les malades rcemment, arrivs.Remarquant ma surprise, il expliqua : Il y a de nombreux serviteurs ayant les mmes attributions que moi Nosso Lar. Tu viens d'tre amen la colonie et, naturellement, tu ignores l'tendue de nos travaux. Afin de te donner une ide, il suffit de savoir que rien qu'ici, il existe plus de mille malades spirituels alors que cet difice est un des plus petits de notre complexe hospitalier. Tout cela est merveilleux ! m'exclamai-je.Devinant que j'allais me rpandre en loges, Lisias se leva du fauteuil o il tait assis et commena m'ausculter, m'interdisant tout remerciement verbal. La zone de tes intestins prsente de srieuses lsions avec d'videntes traces de cancer ; la rgion du foie revoir des dchirures alors que celle des reins affiche les caractristiques de l'puisement prmatur.Souriant avec bienveillance, il ajouta : Tu sais ce que cela signifie ? Oui, rpliquai-je, le mdecin m'en a inform hier, m'expliquant que je ne devais ces perturbations qu' moi-mme...Percevant l'embarras dans lequel cette timide confession me mettait, il s'empressa de me consoler: Dans le groupe de quatre-vingts malades qui je prodigue une assistance quotidienne, cinquante-sept se trouvent dans tes conditions. Et peut-tre ignores-tu qu'ici se trouvent les mutils ? Avais-tu dj pens cela ? Sais-tu que l'homme imprvoyant qui a employ ses yeux pour le mal se prsente ici avec des orbites vides, que le malfaiteur qui se servit du don de la locomotion saine dans des actes criminels est victime de la dsolation de la paralysie quand il n'est pas recueilli dpourvu de jambes, que les pauvres obsds par les aberrations sexuelles arrivent en gnral plongs dans une profonde folie ?Ma perplexit, au demeurant naturelle, tant perceptible, il poursuivit : Nosso Lar n'est pas le sjour des esprits proprement parler victorieux, si nous attribuons ce mot son acception habituelle. Nous sommes heureux parce que nous avons du travail ; et la joie habite chaque recoin de la colonie parce que le Seigneur ne nous a pas retir le pain bni du service.Profitant d'une pause plus longue dans la conversation, je m'exclamai, touch : Continue, mon ami, claire-moi. Je me sens soulag et tranquille. Cette rgion n'est-elle pas un dpartement cleste rserv aux lus ?Lisias sourit et expliqua : Souvenons-nous de l'ancien enseignement qui se rfre beaucoup d'appels et peu d'lus sur la Terre.Et le regard perdu dans l'horizon, comme contemplant certaines de ses expriences sur l'cran des souvenirs les plus intimes, il prcisa : Les religions terrestres invitent les tres au banquet cleste. Quiconque s'est approch un jour de la notion de Dieu, en toute bonne foi, ne peut allguer l'ignorance sur ce point. Innombrables sont les appels, mon ami ; mais o sont ceux qui ont rpondu cet appel? de rares exceptions, la masse humaine prfre rpondre un autre genre d'invitations. L'opportunit est perdue dans les dviations du bien, la fantaisie de chacun s'aggrave, le corps physique s'limine grands coups d'irrflexion. Rsultat : des milliers de personnes se retirent journellement de la sphre de la chair en un douloureux tat d'incomprhension. Des multitudes sans nombre errent dans toutes les directions parmi les cercles proches de la surface plantaire, constitues de fous, de malades et d'ignorants.Observant mon admiration, il me demanda : Croirais-tu, par hasard, que la mort du corps nous conduirait sur des plans miraculeux ? Nous sommes contraints un rude travail, de lourds services et cela n'est pas tout. Si nous avons des dbits sur la plante, aussi haut que nous nous levions, il est indispensable de revenir pour rectifier ce qui doit l'tre, lavant notre visage dans la sueur du monde, dfaisant les menottes de haine, les remplaant par les liens sacrs de l'amour. Il serait injuste d'imposer d'autres la tche de sarcler le champ que nous avons sem d'pines avec nos propres mains.Remuant la tte, il ajouta : C'est le cas des nombreux appels, mon cher. Le Seigneur n'oublie aucun homme ; mais rares sont ceux qui s'en souviennent.Accabl par le souvenir de mes propres erreurs face de si importantes notions de responsabilit individuelle, je m'exclamai : Comme j'ai t pervers !Mais avant que je ne puisse m'exclamer nouveau, le visiteur posa sa main amicale sur mes lvres en murmurant : Tais-toi et mditons sur le travail effectuer. Dans le vritable repentir, il est ncessaire de savoir parler pour construire nouveau. Ensuite, il m'appliqua des passes magntiques avec attention. Tout en faisant les pansements dans la zone intestinale, il dit : N'as-tu pas observ le traitement spcial de la zone cancreuse ? Alors regarde bien: toute mdecine honnte est un service d'amour, activit de juste secours ; mais le travail de gurison est particulier chaque esprit. Tu seras trait avec tendresse, tu te sentiras fort comme aux jours anciens de ta jeunesse terrestre, tu travailleras beaucoup et, je crois, tu seras un des meilleurs collaborateurs de Nosso Lar ; cependant, la cause de tes maux perdurera en toi jus qu' ce que tu te dfasses des germes qui pervertissent la sant divine, germes que tu as associ ton corps subtil par la ngligence morale et le dsir de jouir de la vie plus que les autres. La chair terrestre dont nous abusons est aussi un champ bni o nous parvenons raliser de fructueux labeurs de gurison totale quand nous demeurons attentifs au devoir juste.Je mditai sur ces conseils, pensant la bont divine et, dans l'exaltation de ma sensibilit, je me mis pleurer abondamment.Malgr cela, Lisias termina le traitement quotidien avec srnit et dit : Quand les larmes ne prennent pas leur source dans la rvolte, elles constituent toujours un remde dpuratif. Pleure, mon ami. Laisse s'pancher ton cur et bnissons les bienfaisantes organisations microscopiques que sont les cellules de la chair sur la Terre. Si humbles et si prcieuses, si dtestes et si sublimes pour l'esprit de service. Sans elles qui nous offrent l'opportunit de rectification, combien de millnaires gcherions-nous dans l'ignorance ?Parlant ainsi, il caressa tendrement mon front abattu et prit cong en m'embrassant, plein de cet amour fraternel.6PRECIEUX AVISLe lendemain, aprs la prire du crpuscule, Clarencio vint ma rencontre en compagnie du visiteur attentionn. Sa physionomie irradiait la gnrosit et il me demanda tout en m'embrassant : Comment allez-vous ? Un peu mieux ?J'esquissai le geste du malade qui, sur la Terre, se voit entour d'attention, ses fibres motionnelles se ramollissant. De temps autre, sur le Monde, la tendresse fraternelle est mal interprte. Obissant aux vices anciens, je me mis parler pendant que les deux bienfaiteurs s'asseyaient mon ct : Je ne peux nier que je vais mieux. Mais par ailleurs, je souffre intensment. De grandes douleurs dans la zone intestinale, d'tranges sensations d'angoisse dans le cur. Je n'avais jamais imagin tre capable d'une telle rsistance, mon ami. Ah ! comme elle a t lourde ma croix !... Maintenant que je peux rassembler mes ides, je crois que la douleur a annihil toutes les forces disponibles...Clarencio coutait, attentif, dmontrant un grand intrt pour mes lamentations, sans le moindre geste qui pt dnoncer l'intention d'intervenir sur le sujet. Encourag par cette attitude, je continuai : Qui plus est, mes souffrances morales sont normes et inexprimables. La tourmente extrieure calme par les secours reus, ce sont prsent les temptes intrieures qui reviennent. Qu'est-il advenu de ma femme, de mes enfants ? L'an aurait-il russi progresser selon mon ancien idal? Et mes petites filles ? Ma malheureuse Zlia qui avait dit de nombreuses reprises qu'elle mourrait de chagrin si un jour je lui tais retir. pouse admirable ! Je sens encore ses larmes dans les derniers instants. Je ne sais pas depuis combien de temps je vis le cauchemar de l'loignement... Des souffrances continuelles m'ont vol la notion du temps. O se trouvera ma pauvre compagne ? Pleurant auprs des cendres de mon corps, ou en un coin obscur dos rgions de la mort ? Oh ! ma douleur est horriblement amre! Combien le destin de l'homme ddi au dvouement familial est terrible ! Il me semble que ceux qui auront souffert autant que moi sont bien peu nombreux !... Sur la plante, vicissitudes, dsillusions, maladies, incomprhension et amertumes, touffant les trop rares notes de joie ; aprs, les souffrances de la mort du corps... Ensuite, les martyres d'outre-tombe ! Alors qu'est-ce qu'est la vie ? Une succession de misres et de larmes ? N'y a-t-il aucun recours pour la semence de paix ? J'ai beau vouloir m'accrocher l'optimisme, je sens que la sensation de malheur bloque mon esprit avec les terribles prisons du cur. Quel tragique destin, gnreux bienfaiteur !Arriv ce point, le vent des lamentations conduisait mon esquif mental vers le grand ocan des larmes.Malgr tout cela, Clarencio, se leva, serein, et dit avec simplicit : Mon ami, dsirez-vous rellement la gurison spirituelle ?Ayant acquiesc d'un geste, il poursuivit : Apprenez alors ne pas parler excessivement de vous-mme ni commenter votre douleur. Les lamentations indiquent une infirmit mentale et une infirmit au parcours tortueux et au traitement difficile. Il est indispensable de crer des penses nouvelles et de discipliner les lvres. Nous atteindrons l'quilibre seulement en ouvrant notre cur au Soleil de la Divinit. Considrer l'effort ncessaire comme une chose impose qui crase, voir les souffrances o se trouve la lutte difiante, laisse seulement percevoir l'indsirable aveuglement de l'me. Plus vous utiliserez la parole pour vous adonner de douloureuses considrations, dans le cerce de la personnalit, plus lourds deviendront les liens qui vous retiennent aux souvenirs mesquins. Le mme Pre qui veille sur votre personne, vous offrant un toit gnreux dans cette maison, s'occupera de vos parents terrestres. Nous devons voir notre groupe familial comme une construction sacre sans oublier que nos familles sont des parties de la Famille universelle, sous la Direction Divine. Nous serons vos cts pour rsoudre les difficults prsentes el structurer les projets du futur. Mais nous ne disposons pas de temps pour revenir la zone strile des lamentations. Qui plus est, nous nous engageons, dans cette colonie, accepter le travail le plus pre comme une opportunit de ralisation bnite, prenant en compte le fait que la Providence dborde d'amour alors que nous vivons, croulant sous les dettes. Si vous souhaitez rester dans cette maison d'assistance, vous apprendrez penser avec justesse.Durant cet intervalle, mes larmes schrent et, encourag par mon gnreux instructeur, je pris une toute autre attitude bien que me sentant gn par ma faiblesse. Quand incarn, n'avez-vous jamais couru aprs les avantages naturels qui dcoulent des bonnes situations, poursuivit Clarencio, bienveillant ? Ne souhaitiez-vous pas obtenir les aides auxquelles vous aviez droit dans le dsir d'en faire bnficier ceux que vous aimez ? Ne recherchiez-vous pas les justes rmunrations afin de rpondre vos dsirs de confort et les possibilits de l'tendre votre famille ? Ici, le programme n'est pas diffrent II n'y a que les dtails qui changent. Dans les cercles de la chair, les accords et la garantie montaire ; ici, le travail et les acquisitions dfinitives de l'esprit immortel. Douleur signifie, pour nous, possibilit d'enrichissement de l'me ; la lutte constitue le chemin vers la divine ralisation. Comprenez-vous la diffrence? Face au service, les mes faibles se couchent pour se plaindre ceux qui passent, mais les fortes reoivent le service comme un patrimoine sacr, dans la ralisation duquel elles se prparent, sur le chemin de la perfection. Personne ne condamne votre nostalgie, qui est si normale, ni ne veut faire tarir votre source de sentiments sublimes. Il vous faut noter que les larmes du dsespoir n'difieront jamais le bien. Si vous aimez rellement votre famille terrestre, il est ncessaire de faire preuve de courage afin de leur tre utile. Il fit une longue pause. Les paroles de Clarencio m'emportrent dans des rflexions bien plus saines.Pendant que je mditais sur la sagesse de ces prcieuses remarques, mon bienfaiteur, tel le pre qui oublie l'insouciance de ses enfants pour recommencer sereinement la leon, me demanda avec un grand sourire : Alors, comment allez-vous ? Mieux ?Heureux de me sentir pardonn, la manire de l'enfant qui dsire apprendre, je rpondis, rconfort : Je vais bien mieux car je comprends mieux la Volont Divine.7EXPLICATIONS DE LISIASLes visites priodiques de Clarencio se poursuivirent tout comme l'attention journalire de Lisias.Au fur et mesure que je cherchais m'habituer mes nouveaux devoirs, des sensations de soulagement soulageaient mon cur. Les douleurs diminuaient et ma locomotion redevenait de plus en plus facile. Mais je remarquais que les souvenirs plus forts des phnomnes physiques me plongeaient dans l'angoisse, la crainte de l'inconnu et la tristesse de l'inadaptation. Malgr tout, je gagnais intrieurement en assurance.Je me rjouissais, prsent, dans la contemplation des vastes horizons, pench aux larges fentres. C'est avant tout l'aspect de la Nature qui m'impressionnait. Presque tout tait une copie amliore de la Terre. Les couleurs plus harmonieuses, les substances plus dlicates. Le sol tait recouvert de vgtation ; grands arbres, vergers croulants sous les fruits et jardins agrables. Au loin se dessinaient des montagnes couronnes de lumire continuant la plaine o tait situe la colonie. Tout semblait tre cultiv avec soin. courte distance, de gracieux difices se dressaient, s'alignant espaces rguliers, affichant les plus diverses formes. Tous avaient leur entre fleurie et quelques petites maisons se dtachaient des autres btisses, entoures de murs couverts de lierre o des roses diffrentes avaient clos, ici et l, embellissant le vert aux multiples chatoiements. Des oiseaux au plumage color planaient dans les airs et, de temps autres, venaient se poser en groupes sur des tours d'un blanc clatant qui se dressaient de manire rectiligne, faisant penser de gigantesques lys s'levant vers les cieux.Depuis les grandes fentres, j'observais, curieux, le mouvement du parc-. Hautement surpris, je voyais des animaux domestiques au milieu des longues ranges d'arbres feuillus qui s'tendaient jusqu' ses limites.Durant mes luttes intrieures, je me perdais en questions de toutes sortes. Je ne parvenais pas raliser le nombre incroyable des formes analogues celle de la plante, compte tenu du fait que je me trouvais dans une sphre proprement parler spirituelle.Lisias, l'aimable compagnon de tous les jours ne rechignait pas donner des explications.La mort du corps ne conduit pas l'homme des situations miraculeuses, avait-il dit. Tout processus volutif implique une gradation. Il y a de multiples rgions pour les dsincarns comme il existe d'innombrables et surprenants plans pour les tres envelopps dans la chair terrestre. Ames et sentiments, formes et choses, obissent des principes de dveloppement naturel et une hirarchie juste. J'tais toutefois proccup car depuis les nombreuses semaines que je demeurais ici, dans ce centre hospitalier, je n'avais reu la visite d'aucune personne que j'avais connue sur la Terre. Finalement, je n'avais pas t la seule personne devoir dchiffrer l'nigme de la tombe. Mes parents avaient entrepris avant moi le grand voyage. Plusieurs amis d'une autre poque m'avaient prcd. Alors pourquoi ne venaient-ils pas dans cette chambre de malade spirituel, apporter un peu de rconfort mon cur douloureux ? Quelques instants de consolation seraient suffisants.Un jour, ne pouvant plus me contenir, je demandai mon ami si attentionn : Mon cher Lisias, penses-tu qu'une rencontre soit possible, ici, avec ceux qui nous ont devancs dans la mort du corps physique ? Pourquoi ne le serait-ce pas ? Te crois tu oubli? !... Oui. Pourquoi ne me rendent-ils pas visite ? Sur Terre, j'ai toujours compt avec l'abngation maternelle. Mais jusqu' prsent, ma mre n'a pas donn signe de vie. Mon pre aussi a fait le grand voyage, trois ans avant mon trpas. Je te ferais remarqu, dit Lisias, que ta mre t'a aid jour et nuit, depuis la crise qui a prcd ta venue. Quand tu tais alit afin d'abandonner le cocon terrestre, l'attention maternelle ton gard a redoubl. Tu ne sais peut-tre pas que tu es demeur plus de huit ans dans les sphres infrieures. Elle n'a jamais baiss les bras, intercdant de nombreuses fois Nosso Lar en ta faveur. Elle a fait appel aux bonnes grces de Clarencio qui commena te rendre visite frquemment, jusqu' ce que le vaniteux mdecin de la Terre s'carte un peu afin que surgisse le fils du Ciel. Comprends-tu ?J'en avais les larmes aux yeux. J'ignorais le nombre d'annes qui me sparaient de la glbe terrestre. Je souhaitais connatre les mesures de protection imperceptible, mais je n'y parvins pas, mes cordes vocales ayant t engourdies par le nud des larmes retenues dans le cur. Le jour o tu as pri du fond de ton me, poursuivit mon visiteur, quand tu as compris que tout l'Univers appartient au Pre Sublime, tes pleures taient diffrents. Ne sais-tu pas qu'il y a les pluies qui dtruisent et les pluies qui crent ? Il en va de mme des larmes. Il est logique que le Seigneur n'attende pas nos prires pour nous aimer ; cependant, il est indispensable que nous nous placions en situation de recevoir afin de comprendre son infinie bont. Un miroir noirci ne rflchit pas la lumire. De la mme manire, le Pre n'a pas besoin de nos pnitences, mais reconnaissons que les pnitences nous rendent un trs grand service. Tu comprends ? Clarencio n'eut aucune difficult te localiser, rpondant aux appels de ta douce mre de la Terre ; pourtant, tu as pris beaucoup de temps pour rencontrer Clarencio. Et quand elle a su que tu avais dchir les voiles obscurs l'aide de la prire, elle a pleur de joie, selon ce que l'on m'a racont... Et o se trouve ma mre ? m'exclamai-je, finalement. Si cela m'est permis, j'aimerais la voir, l'embrasser, m'agenouiller ses pieds ! Elle ne vit pas Nosso Lar , m'informa Lisias, elle habite des sphres plus leves o elle ne travaille pas que pour toi.Observant mon dsappointement, il ajouta fraternellement : Elle viendra te voir, c'est sr, bien avant que tu ne le penses. Quand quelqu'un dsire quelque chose ardemment, il se trouve dj sur le chemin de la ralisation. Tu as sur ce point la leon de ton propre cas. Pendant des annes, lentement, tu as hberg la peur, les tristesses et les dsillusions ; mais quand tu as mentalis fermement la ncessit de recevoir l'aide divine, tu as tendu le niveau vibratoire de ton esprit et tu as trouv la vision et le secours.Les yeux brillants, encourag par les prcisions reues, je m'exclamai, rsolu : Alors je souhaite, de toutes mes forces, qu'elle vienne... qu'elle vienne...Lisias sourit avec intelligence et, comme celui qui veut mettre en garde, gnreux, il dit au moment de prendre cong : Il convient malgr tout de ne pas oublier que la ralisation noble exige trois conditions fondamentales, savoir : premirement, dsirer ; deuximement, savoir dsirer ; troisimement, mriter ou, en d'autres mots, volont active, travail persistant et mrite.Le visiteur gagna la porte de sortie, souriant, pendant que je restais silencieux, mditant sur l'immense programme formul en si peu de mots.8ORGANISATION DE SERVICESAprs plusieurs semaines de traitement actif, je sortis pour la premire fois en compagnie de Lisias.Le spectacle des rues m'impressionna : vastes avenues dcores d'arbres feuillus, air pur, atmosphre de profonde tranquillit spirituelle. Et malgr cela, il n'y avait pas le moindre signe d'inertie ou d'oisivet car les voies publiques taient bondes. De nombreuses entits allaient et venaient. Quelques-unes semblaient avoir l'esprit en des lieux lointains, mais d'autres m'adressaient des regards accueillants. Mon compagnon s'tait charg de m'orienter face aux surprises qui surgissaient sans interruption. Percevant mes conjectures intrieures, il me dit, serviable : Nous nous trouvons dans le secteur du Ministre de l'Aide. Tout ce que nous voyons, difices, maisons rsidentielles, reprsente des institutions et abris adquats pour le travail de notre juridiction. Orienteurs, ouvriers et autres fonctionnaires du Ministre rsident ici. Dans cette zone, on s'occupe de malades, on coute les demandes, slectionne les prires, on prpare les rincarnations terrestres, on organise des quipes de secours destines aux habitants du Seuil ou ceux qui pleurent sur Terre, on tudie des solutions pour tous les processus qui sont lis la souffrance. Alors il y a, Nosso Lar , un Ministre de l'Aide ? demandai-je. Qu'y a-t-il d'tonnant ? Nos services sont rpartis dans une organisation qui se perfectionne de jour en jour sous l'orientation de ceux qui prsident nos destins.Fixant sur moi des yeux lucides, il poursuivit : N'as-tu pas vu, dans la pratique de la prire, notre Gouverneur Spirituel entour de soixante-douze collaborateurs ? Eh bien, ce sont les Ministres de Nosso Lar . La colonie, qui est essentiellement de travail et de ralisation, se divise en six Ministres, chacun dirig par douze Ministres. Nous avons le Ministre de la Rgnration, de l'Aide, de la Communication, de l'claircissement, de l'lvation et de l'Union Divine. Les quatre premiers nous rapprochent des sphres terrestres, les deux derniers nous relient au plan suprieur, tant donn que notre ville spirituelle est une zone de transition. Les services les plus lourds se trouvent dans le Ministre de la Rgnration, les plus subtils dans celui de l'Union Divine. Clarencio, notre chef et ami, est un des Ministres de l'Aide.Profitant d'une pause dans la conversation, je me suis exclam, mu : Oh ! je n'avais jamais imagin la possibilit d'organisations aussi compltes aprs la mort du corps physique !... Oui, rpondit Lisias, le voile de l'illusion est trs dense dans les cercles de la chair. L'homme vulgaire ignore que toute manifestation d'ordre, dans le monde, vient du plan suprieur. La nature sauvage se transforme en jardin quand elle est oriente par l'esprit de l'homme, et la pense humaine, sauvage chez l'tre primitif, se transforme en potentiel crateur quand elle est inspire par les esprits qui fonctionnent dans les sphres les plus hautes. Aucune organisation utile ne se matrialise la surface terrestre sans que les ides initiales ne partent d'en haut. Mais Nosso Lar aurait donc une histoire comme les grandes villes de la plante? Bien entendu. Les plans voisins de la sphre terrestre possdent galement une nature spcifique. Nosso Lar est une ancienne colonie de portugais qui se sont dsincarns au Brsil durant le XVIe sicle. La lutte fut grande et puisante selon ce qui est rapport dans nos archives du Ministre de l'claircissement. Il y a des substances lourdes dans les zones invisibles de la Terre, tout comme dans les rgions caractrises par la matire grossire. Ici aussi, le potentiel infrieur possde des tendues normes, comme il y a, sur la plante, de grandes rgions de nature rude et sauvage. Les travaux initiaux furent dcourageants, mme pour les esprits forts. O s'assemblent aujourd'hui des vibrations dlicates et nobles, des difices finement ouvrags, se mlangeaient les notes primitives des tres sylvicoles du pays et les constructions enfantines de leurs esprits rudimentaires. Mais les fondateurs ne perdirent pas espoir. Ils poursuivirent l'ouvrage, recopiant l'effort des europens qui arrivaient la sphre matrielle, la seule diffrence que de leur ct, on employait la violence, la guerre, l'esclavagisme, alors qu'ici, on employait le travail persvrant, la solidarit fraternelle, l'amour spirituel. cet instant, nous atteignmes une place entoure de jardins merveilleux et grands. En son centre se dressait un palais l'blouissante beaut o s'imbriquaient d'imposantes tours qui se perdaient dans les cieux. Les fondateurs de la colonie commencrent leur effort en partant d'ici, o se trouve le sige du gouvernement, m'informa mon guide.Indiquant le palais, il continua : Nous avons sur cette place le point de convergence des six Ministres auxquels je me suis rfr. Tous partent du sige du gouvernement et s'tendent en forme triangulaire.Respectueux, il dit : C'est ici que vit notre dvou orienteur. Dans les travaux administratifs, il emploie la collaboration de trois mille fonctionnaires ; cela dit, il est le plus infatigable et le plus fidle de tous les travailleurs. Nous tous runis, nous ne pourrions rivaliser avec lui. Les Ministres ont l'habitude de voyager en d'autres sphres, rnovant leurs nergies et valorisant leurs connaissances ; nous, nous jouissons de nos divertissements habituels, mais le Gouverneur ne dispose jamais de temps pour ce genre d'activit. Il tient ce que nous nous reposions, nous oblige prendre des vacances pendant que lui ne se repose jamais, mme pendant le temps consacr aux heures de sommeil. Il me semble que sa gloire se trouve dans le service continuel. Il suffit de rappeler que je suis ici depuis quarante ans et, l'exception des assembles lies aux prires collectives, je l'ai rarement vu prendre part des festivits publiques. Sa pense englobe pourtant tous les cercles de travail, toute chose et toute personne bnficie de sa tendre assistance.Aprs une longue pause, mon ami infirmier ajouta : Il y a peu, nous commmorions le 114me anniversaire de sa brillante direction.Lisias se tut et s'inclina, pris d'motion, pendant qu' ses cts je contemplais, respectueux et extasi, les tours merveilleuses qui semblaient fendre le firmament...9PROBLEMES D'ALIMENTATIONTransport par la vision de ces jardins fantastiques, je fis part l'infirmier dvou de ma volont de me reposer quelques instants sur un banc, tout prs. Lisias accepta de bon cur.

Une agrable sensation de paix m'envahi! l'esprit. De raffins jets d'eau colors zigzaguaient dans les airs, formant des figures enchanteresses.

Quiconque observe celte immense ruche cl travail, dis-je, est amen se poser de nombreuses questions. Et l'approvisionnement ? Je n'ai pas eu d'informations sur un ventuel Ministre de l'conomie...

Autrefois, expliqua mon patient interlocuteur, les services de cette nature occupaient une place plus importante. Mais le Gouverneur actuel exprima la volont de rduire (oues les manifestations qui nous rappelaient les phnomnes purement matriels. Les activits de ravitaillement lurent ainsi rduites un simple travail de distribution sous le contrle directe du Gouvernement. D'ailleurs, cette dcision a constitu une mesure des plus bnfiques. Les anales racontent que la colonie, il y a un sicle, luttait avec d'extrmes difficults pour adapter les habitants aux lois de la simplicit. De nombreux nouveaux venus Nosso Lar multipliaient les exigences, voulant des tables abondantes et des boissons excitantes, stimulant les anciens vices terrestres. Seul le Ministre de l'Union Divine resta immunis face de tels abus, grce aux caractristiques qui lui sont propres alors que les autres taient surchargs de problmes angoissants. Cependant, le Gouverneur actuel n'conomisa pas ses efforts. Ds qu'il assuma ses obligations administratives, il adopta des mesures justes. D'anciens missionnaires d'ici me mirent au fait de curieux vnements. Ils me dirent qu' la demande du Gouvernement, deux cents Instructeurs vinrent d'une sphre trs leve afin de diffuser de nouvelles connaissances concernant la science de la respiration et de l'absorption des principes vitaux de l'atmosphre. De nombreuses assembles furent organises. Quelques-uns des collaborateurs de Nosso Lar se dclarrent opposs tout cela, allguant que la ville est de transition et qu'il ne serait ni juste, ni possible de dshabituer immdiatement les hommes dsincarns selon de telles exigences, sans un grave danger pour leurs organisations spirituelles. Mais malgr tout, le Gouverneur ne se dcouragea pas. Ils procdrent des runions, des activits et prirent des mesures durant trente ans. Quelques entits minentes en vinrent formuler des protestations publiquement, se plaignant. plus de dix reprises, le Ministre de l'Aide s'est vu dbord par le nombre des malades, victimes du nouveau systme d'alimentation dficient. Pendant ces priodes, les opposants la rduction alimentaire multiplirent les accusations. Mais le Gouverneur n'a jamais puni qui que ce soit. Il convoquait les adversaires de sa politique au palace et leur exposait, paternellement, les projets et finalits du rgime ; il mettait en relief la supriorit des mthodes de spiritualisation, permettait la ralisation, pour les plus rebelles des adversaires du nouveau processus, d'excursions d'tude dans les plans plus levs que le ntre, gagnant ainsi un nombre croissant d'adeptes.

Profitant d'une pause plus longue, je lui demandai, intress :

Continue, mon cher Lisias, s'il te plat. Comment cette lutte difiante s'est-elle termine?

Aprs vingt-et-un ans de persvrantes dmonstrations l'initiative du Gouvernement, le Ministre de l'lvation adhra au projet et se mit ne faire venir que l'indispensable. Il n'en fut pas de mme avec le Ministre de l'claircissement qui mit beaucoup de temps remplir ses engagements en raison des nombreux esprits ddis aux sciences mathmatiques qui y travaillaient. Il s'agissait des adversaires les plus entts. Habitus aux protines et aux carbohydrates, indispensables pour les vhicules physiques, ils ne cdaient pas un pouce de terrain dans les conceptions correspondantes d'ici. Hebdomadairement, ils faisaient parvenir au Gouverneur de longues observations et mises en garde, pleines d'analyses et de chiffres, atteignant, parfois, l'imprudence. Le vieux gouverneur, malgr tout cela, n'a jamais agi de manire isole. Il a requis l'assistance des nobles mentors qui nous orientaient travers le Ministre de l'Union Divine, et ne laissa jamais le moindre bulletin d'information sans un examen minutieux. Pendant que les scientifiques argumentaient et que le Gouvernement temporisait, de dangereuses perturbations se formrent dans l'ancien Dpartement de la Rgnration, aujourd'hui transform en Ministre. Encourags par la rbellion des coopra leurs de l'claircissement, les esprits les moins levs qui avaient t recueillis ici se livrrent de condamnables manifestations. Tout cela provoqua d'normes scissions au sein des organismes collectifs de Nosso Lar , rendant possible un prilleux assaut des multitudes obscures du Seuil qui tentrent d'envahir la ville, profitant de brches dans le service de Rgnration o un grand nombre de collaborateurs entretenait un certain change clandestin, en raison des vices de l'alimentation. L'alarme donne, le Gouverneur ne se dpartit pas de son calme. De terribles menaces planaient sur tout le monde, mais lui alla demander audience au Ministre de l'Union Divine et, aprs avoir cout notre plus haut Conseil, il ft fermer, provisoirement, le Ministre de la Communication, dcida de la mise en service de toutes les prisons souterraines de la Rgnration afin d'isoler les lments rcalcitrants, il adressa un avertissement au Ministre de l'claircissement, dont il avait support les impertinences pendant plus de trente ans, il interdit temporairement les aides dans les rgions infrieures et, pour la premire fois de son administration, il fit mettre sous tension les batteries lectriques des murailles de la cit pour procder des tirs magntiques au profit de la dfense gnrale. Il n'y eut pas de combat, ni offensive de la colonie mais une rsistance soutenue. Durant plus de six mois, les services d'alimentation Nosso Lar se rduisirent des inhalations de principes vitaux contenus dans l'atmosphre, au travers de la respiration, et de l'eau mlange des lments solaires, lectriques et magntiques. La colonie sut alors ce qu'tait l'indignation de l'esprit bienveillant et juste. La priode la plus critique passe, le Gouvernement tait victorieux. Le Ministre de l'claircissement lui-mme reconnut son erreur et coopra aux travaux de rajustement. Il y eut, sur ces entrefaites, des rjouissances publiques et on dit qu'au milieu de l'allgresse gnrale, le Gouverneur pleura d'motion, dclarant que la comprhension gnrale constituait la vritable rcompense son cur. La ville reprit son mouvement normal. L'ancien Dpartement de la Rgnration fut converti en Ministre. Ds lors, il a seulement exist un supplment de substances alimentaires rappelant la Terre, dans les Ministres de la Rgnration et de l'Aide, o il y a toujours un grand nombre de ncessiteux. Cela dit, il y a seulement l'indispensable, c'est--dire que tout le service d'alimentation obit la plus grande sobrit. prsent, tous reconnaissent que la suppose impertinence du Gouverneur a reprsent la mesure la porte leve pour notre libration spirituelle. L'expression physique se rduisit et un merveilleux coefficient de spiritualit.

Lisias resta silencieux et je m'abandonnai de profondes penses sur la grande leon.10DANS LE BOIS DES EAUXEtant donn mon intrt croissant pour les processus d'alimentation, Lisias m'invita : Allons au grand rservoir de la colonie. Tu y observeras des choses intressantes. Tu verras que l'eau reprsente presque tout dans notre sjour de transition.Anim d'une vive curiosit, j'accompagnai l'infirmier sans hsiter. Arrivs un grand angle de la place, le gnreux ami ajouta : Nous allons attendre l'arobus *.* Vhicule arien qui serait sur Terre un grand tlphrique.J'eus du mal me remettre de ma surprise quand surgit un grand vhicule suspendu au-dessus du sol une distance d'environ cinq mtres et rempli de passagers. Alors qu'il descendait jusqu' nous, tel un ascenseur terrestre, je l'examinai avec attention. Il ne s'agissait pas d'une machine connue sur la Terre. Elle tait constitue d'un matriau trs flexible affichait une longueur impressionnante. Elle semblait relie des fils invisibles compte tenu du grand nombre d'antennes sur son toit. Plus tard, mes suppositions furent confirmes quand je visitai les grands ateliers du Service de Circulation et Transport.Lisias ne me laissa pas le temps de le questionner. Installs dans l'habitacle confortable, nous partmes, silencieux. Je ressentais la timidit naturelle de l'homme perdu au milieu d'inconnus. La vitesse tait telle qu'elle ne permettait pas de fixer les dtails des constructions chelonnes tout au long du vaste parcours. La distance tait importante car c'est seulement au bout de quarante minutes, incluant de courts arrts tous les trois kilomtres, que Lisias m'invita descendre, souriant et calme.Un panorama d'une beaut sublime m'blouit. Le bois, en pleine floraison merveilleuse, embaumait le vent frais d'un enivrant parfum. Tout n'tait qu'un prodige de couleurs et de lumires caressantes. Entre des berges couvertes d'une herbe verdoyante, toute parseme de fleurs bleutes, s'coulait une rivire aux dimensions imposantes. Son courant tait tranquille et l'eau si cristalline qu'elle semblait tre teinte de nuances clestes cause des reflets du firmament. De larges routes coupaient la verdure du paysage. Plants espaces rguliers, des arbres feuillus offraient une ombre agrable, la manire de gtes accueillants, dans la clart du Soleil rconfortant. Des bancs finement ouvrags invitaient au repos.Notant mon merveillement, Lisias m'expliqua : Nous sommes au Bois des Eaux. Ici se trouve l'une des plus belles rgions de Nosso Lar . Il s'agit d'un des endroits de prdilection pour les promenades des amoureux qui viennent ici se faire les plus belles promesses d'amour et de fidlit pour leurs expriences sur la Terre.L'observation suscita en moi d'intressantes considrations, mais Lisias ne me donna pas le loisir de lui poser des questions sur ce point. Indiquant un btiment aux dimensions normes, il dit : Ici se trouve le grand rservoir de la colonie. Tout le volume d'eau de la Rivire Bleue que nous avons sous les yeux se trouve capt dans d'immenses cuves de distribution. Les eaux qui servent toutes les activits de la colonie partent d'ici. Ensuite, elle se runissent nouveau aprs les services de la Rgnration, et reforment la rivire qui poursuit son cours normal, en direction du grand ocan de substances invisibles pour la Terre.Percevant mes interrogations intrieures, il ajouta : En effet, l'eau ici a une autre densit, bien plus tnue, pure, presque fluidique.Remarquant les magnifiques constructions qui se trouvaient en face de moi, je demandai : quel Ministre est affecte la distribution de l'eau ? Imagine qu'il s'agit l d'un des rares services matriels du Ministre de l'Union Divine ! m'apprit Lisias. Que dis-tu ? demandai-je, ignorant comment concilier ces deux ides ensemble.Mon guide sourit et rpondit avec plaisir : Sur Terre, bien peu de personnes cherchent rflchir srieusement sur l'importance de l'eau. Cela dit, les connaissances sont tout autre Nosso Lar . Dans les milieux religieux de la plante, on enseigne que le Seigneur cra les eaux. Or, il est logique que tout service cr ait besoin d'nergies et de bras pour tre maintenu convenablement. Dans cette ville spirituelle, nous apprenons remercier le Pre et ses divins collaborateurs pour un tel prsent. La connaissant plus en profondeur, nous savons que l'eau est un des plus puissants vhicules pour les fluides de toute nature. Ici, elle est surtout employe comme aliment et comme remde. Il y a des secteurs dans le Ministre de l'Aide qui sont consacrs exclusivement la manipulation de l'eau pure, avec certains principes susceptibles d'tre capts dans la lumire du Soleil et dans le magntisme spirituel. Dans la plupart des rgions de cette grande colonie, le systme d'alimentation a ses bases ici. Mais du fait que parmi nous, seuls les Ministres de l'Union Divine soient les dtenteurs du plus Important niveau de Spiritualit Suprieure, la magntisation gnrale des eaux de la Rivire Bleue leur revient, afin que tons les habitants de Nosso Lar puissent s'en servir avec la puret Indispensable. Ils effectuent la tche initiale fie nettoyage et les instituts ralisent les travaux spcifiques avec l'ajout de substances alimentaires et curatives. Quand les divers bras des flots se runissent nouveau, en un point loign, oppos ce bois, la rivire sort de notre zone emportant en son sein nos qualits spirituelles.J'tais extasi devant les explications. Sur la plante, dis-je, je n'avais jamais reu de tels claircissements. Il y a de nombreux sicles que l'homme est inattentif, rpondit Lisias ; la mer quilibre son habitat plantaire, l'lment aqueux lui fournit un corps physique, la pluie lui donne le pain, la rivire organise la ville, la prsence de l'eau lui offre la bndiction du foyer et du service ; cependant, il se prend toujours pour le dominateur du monde, oubliant qu'il est avant toute chose fils du Trs Haut. Malgr tout, un temps viendra o il reproduira nos travaux, louant l'importance de ce don du Seigneur. Il comprendra alors que l'eau, en tant que fluide crateur, absorbe en chaque foyer les caractristiques mentales de ses habitants. L'eau dans le monde, mon ami, ne charrie pas seulement les rsidus des corps. Elle charrie galement les expressions de notre vie mentale. Elle sera nocive dans des mains perverses, utile dans des mains gnreuses et, quand elle se trouve en mouvement, son courant ne rpand pas seulement la bndiction de la vie, mais galement un moyen de Recours Divin, absorbant les amertumes, les haines et les anxits des hommes, lavant leur habitation matrielle et purifiant leur atmosphre intrieure.Mon interlocuteur demeura silencieux et se tint dans une attitude respectueuse pendant que mes yeux fixaient le courant tranquille, rveillant de sublimes penses.11NOUVELLES DU PLANMon gnreux compagnon dsirait me faire visiter les divers quartiers de la colonie, mais des obligations imprieuses l'appelaient ailleurs. Tu auras l'occasion de connatre les autres rgions de nos services, s'exclama-t-il avec bienveillance, car, comme tu peux le voir, les Ministres de Nosso Lar sont d'normes cellules de travail actif. Plusieurs jours d'tude ne permettraient pas d'avoir une vision dtaille d'un seul d'entre eux. Mais les occasions ne te manqueront pas. Bien qu'il ne me soit pas possible de t'accompagner, Clarencio a l'influence ncessaire pour te permettre d'entrer facilement dans n'importe quel secteur.Nous revnmes au point de passage de l'arobus qui ne se fit pas attendre. prsent, je me sentais presque l'aise. La prsence des nombreux passagers ne me gnait plus. L'exprience prcdente m'avait fait un bien norme. Mon cerveau fourmillait de questionnements utiles. Dcid leur trouver une rponse, je profilai de ces quelques instants pour profiter de mon compagnon pendant que cela tait encore possible. Lisias, mon ami, demandai-je, pourrais-tu me dire si toutes les colonies spirituelles sont identiques celle-ci ? Les mmes procds, les mmes caractristiques ? D'aucune manire. Si dans les sphres matrielles chaque rgion et chaque tablissement rvlent des traits particuliers, imagine la multiplicit des conditions en nos plans. Ici, comme sur la Terre, les tres s'identifient par leurs sources d'origine communes et par la grandeur des fins qu'ils doivent atteindre ; mais il est important de considrer que chaque colonie, comme chaque entit, se trouve des degrs diffrents dans la grande ascension. Toutes les expriences de groupe se diversifient entre elles et Nosso Lar constitue une exprience collective de cette nature. Selon nos archives, bien souvent, ceux qui nous ont prcds puisrent leur inspiration dans les travaux de travailleurs dvous d'autres sphres ; en compensation, d'autres groupements font appel notre concours pour d'autres colonies en formation. Toutefois, chaque organisation prsente des particularits essentielles.Observant que la pause se faisait plus longue, je demandai : L'intressante ide de la formation des Ministres est-elle partie de cela ? Oui, les missionnaires de la cration de Nosso Lar