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fuera de seriearkaia.eu/WEB2/fuera de serie.pdf · prix d’un tronc vieux de plus de 100 ans peut atteindre ... erreka, à savoir une couture réalisée sur la planche à l’aide

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tranquille dans un bois ou plus bouleversée en montagne, d’une maladie voire d’une sécheresse. Il dit l’histoire de sa vie et nous faisons en sorte qu’elle soit reflétée et donne son identité à la table”, explique Diego.Dans l’entrepôt on abrite les bois massifs. Ceux qui procèdent d’un même tronc restent ensemble, bien ordonnés. “Les bois les plus sophistiqués d’antan, à savoir l’ébène ou le palissandre, sont interdits aujourd’hui et par conséquent impossibles à acquérir”, précise Diego. À l’instar de son père, il a un faible pour le noyer d’Europe. Aux yeux de José Patricio, “il s’agit d’un arbre prisé pour son esthétique et sa rareté”. Le prix d’un tronc vieux de plus de 100 ans peut atteindre de 6.000 à 9.000 euros, “mais il nous est arrivé de payer jusqu’à 12.000 euros”, reconnaît Diego. Dans leur recherche de noyers uniques ils trouvent sur leur route un concurrent sérieux: les fabricants de fusils, qui, aussi bien que Arkaia, préservent les troncs plus extraordinaires sur le marché pour façonner les culasses des armes.Dans leur entrepôt, on empile également des bois de pin taeda, un type de pin utilisé pour fabriquer les sols des maisons anciennes. À présent, l’intervention de l’homme a dévasté la plupart des forêts en Amérique du Nord en raison de son utilisation très fréquente dans la construction de maisons. Le seul moyen pour obtenir ce véritable trésor est la démolition de constructions anciennes. “Dans nos tables on leur donne un nouveau rôle et une nouvelle vie”, raconte Diego. Le designer aime aussi utiliser le teck, notamment de Birmanie, “étant donné qu’il peut être utilisé pendant 1000 ans. Avec ce bois, nous est venue l’idée de produire des pièces d’héritage”.Chez Arkaia la perfection n’est pas une aspiration mais une réalité. Leurs mains transforment des troncs bruts en une matière souple et malléable. Lorsqu’une planche de bois arrive à l’atelier, elle est examinée soigneusement. Des yeux experts vont droit à la recherche de toute sorte de défaut, tels que des marques ou des fentes, puis leur expertise les transforme en vertus de la future pièce. Ensuite, le trait puissant et sûr de soi du patriarche entre en scène. Patricio utilise une craie pour faire des indications concernant les procédés à réaliser ainsi que les points où l’on devra réaliser les coupures. Munie de toutes ces observations, la planche passe aux mains des artisans, qui travaillent jusqu’à sa transformation en une table signée et numérotée. Elvira Álvarez Mezquiriz, présidente de Bodegas Vega Sicilia; Anton Iraculis, propriétaire de la chaîne d’hôtels Silken et du groupe immobilier Urvasco; Pablo Laso, entraîneur de l’équipe de basketball du Real Madrid ou les acteurs Antonio Resines et José Sacristán comptent parmi les personnalités qui ont été séduites par le caractère exclusif des tables Arkaia et en ont acheté une.LE LIVRE, LEUR “HIT”. La création d’une table-livre ou table à manger, leur design plus emblématique, est un processus minutieux qui demande entre 40 et 45 heures de travail. Le modèle demande l’utilisation de deux planches venant du même tronc d’arbre “ce qui nous oblige à acheter l’arbre entier pour obtenir deux parties symétriques. Les planches voisines créent une symétrie très esthétique qui apporte beaucoup d’information sur la vie de l’arbre.” Elles sont assemblées à l’aide de tximeletas, une technique artisanale d’union pour le bois qui date du XIIIe siècle av. J.-C. “Sa fonction sur nos plateaux est d’assembler des planches ou les fentes de vieux arbres ayant une histoire et d’éviter qu’elles ne continuent à s’écarter”. Le prix d’un design de 2,65 x 100 cm est de 5.900 euros et celui d’un modèle plus simple tel que la table basse coffee table réalisée en une seule pièce de châtaignier tourne autor de 1.720 euros. Il s’écoule huit semaines entre la demande du client et la livraison de l’exemplaire. Il est livré démonté et muni d’instructions dans une boîte en bois.

Arkaia réalise un chiffre d’affaires annuel de 1,4 million d’euros qui se distribue en trois lignes d’action : les projets avec des panneaux et des meubles sur commande et sur mesure, les travaux en petite série et finalement les pièces uniques, de véritables oeuvres poétiques sur bois. Ces dernières exigent une pleine concentration. “Lorsque nous faisons le choix d’un tronc, cela requiert de la concentration afin de voir ce que l’on pourrait en faire, quelles fonctions il serait en mesure d’accomplir et comment nous pourrions en conserver l’identité”, réfléchit Diego.

Les artisans ont mis au point des techniques jusqu’à l’obtention des solutions nécessaires pour restaurer les planches. C’est ainsi qu’ils ont conçu konikoa, un système développé dans l’atelier pour refermer les imperfections qu’ils retrouvent dans des vieux arbres de teck, des châtaigniers, des noyers ou bien dans des cas comme celui du bois de pin taeda, avec des entailles causées par des clous ou des vis utilisées dans des constructions, à fermer impérativement. Son processus est complexe et laborieux et consiste à créer des cônes de mesures différentes que l’on greffe dans la planche jusqu’au remplissage de l’orifice. Parfois, ils sont obligés de coudre les pièces en appliquant des techniques ébénistes. C’est ainsi qu’ils utilisent erreka (ruisseau en langue basque), autrement dit, “une sorte de couture réalisée avec des bâtonnets venant du propre bois ou d’un autre type de bois qui fera contraste et mettra en valeur la planche en soi” précise Diego.

La technique et le soin dans leurs créations ont attiré l’attention de grands comme Giorgio Armani. Une de leurs pièces uniques a été exposée sur le stand Armani-Dada lors de la Semaine du Design à Milan en 2013. Une présentation à grande échelle suite à laquelle ils ont appris que les catalogues doivent être prêts pour la distribution parmi les visiteurs. “Les commerciaux n’avaient pas de catalogues disponibles. Cela ne se reproduira pas”, affirme Diego.

L’EXPORT EN PLEIN ESSOR. Le secteur du bois a obtenu des résultats positifs en 2013. Selon les données fournies par la Confédération Espagnole des Entreprises du Bois (Confemadera Hábitat), le commerce extérieur des produits en bois et meubles a réalisé un chiffre d’affaires des ventes à l’extérieur de 2,7 milliards, soit une augmentation de 9,5% des exportations par rapport à l’année précédente. De ce chiffre total d’exportations, 1,6 milliard d’euros correspond au secteur du mobilier, en hausse de 12,3% par rapport à 2012. Ces données correspondent à la réalité vécue par cette entreprise familiale qui emploie 40 personnes. Diego déclare dans le bureau de son atelier que les ventes dans le marché espagnol se sont ralenties, leur prochain défi résidant dans le processus d’exportation, qui, pour le moment, se déroule via le site internet suisse Architonic. La vente hors de nos frontières représente 20% d’Arkaia et le pourcentage restant est lié à l’Espagne, par le biais des deux établissements Mosel. Les passionnés du design y accomplissent un pèlerinage. Lors d’une de ses visites dans la ville du Guggenheim, Norman Foster est entré dans le magasin “et il s’est intéressé au travail dans notre atelier”. Le Pritzker de l’architecture n’a pas été le seul pape de l’architecture à être séduit par les créations d’Arkaia. Michele De Lucchi, le père de la lampe Tolomeo s’est également penché pour mieux observer le dessous de nos tables. Son visage était probablement le reflet de son étonnement face à une finition aussi parfaite.

PLANCHES MARQUÉES. Le patriarche se sert d’une craie pour signaler les processus à suivre et où couper.

TABLES NUMÉROTÉESLe travail d’Arkaia comme fabriquant de pièces uniques prends corps dans un produit basé sur les formes, les veines ainsi que les textures de bois de très haute qualité comme le noyer national et américain, le cerisier américain ou le teck de Birmanie. Dans l’atelier on conçoit des designs e x t r ê m e m e n t di�ciles à réaliser de par leur perfection dans les détails. Pour ce faire, les artisans s’appuient sur trois techniques: le procédé tximeleta (papillon), un système d’union utilisé par les égyptiens, qui aide à mettre ensemble des planches en bois ou des fentes dans les bois de vieux arbres. Le système konikoa a été conçu pour remplir les petits ori�ces dans le bois. Ce processus est complexe et laborieux. Consistant à créer des cônes de mesures di�érentes en bois qu’on introduit sous pression dans le bois jusqu’au remplissage de l’ori�ce. Lorsque les écarts à supprimer sont importants, on applique la méthode erreka, à savoir une couture réalisée sur la planche à l’aide de petits bâtonnets en bois.

1.Table 86 en noyer suivant le procédé tximeleta. 123x110x42cm.

2.Table 199 en bois de noyer européen avec deux planches ouvertes en forme

de livre et procédé tximeleta pour fermer les fentes. 265x110x72 cm.

3.Table 165 en châtaignier d’Asturias suivant le procédé erreka pour mettre

ensemble deux planches.

4.Console 190 en noyer recourant aux procédés konikoa et tximeleta.

244x64x75 cm.